Que la Chambre s'ajourne maintenant.
-- Monsieur le Président, je suis heureux de participer au débat. Il ne fait aucun doute que nous sommes confrontés à une situation urgente en Égypte. Tous les Canadiens qui écouteront les nouvelles ce soir vont prendre conscience du degré de violence dans les rues. En effet, il semblerait que des combats ont lieu entre les forces proches du président Moubarak et les manifestants qui veulent des changements importants en Égypte.
Je vais partager mon temps de parole avec la députée de , mais il se passe des choses en ce moment même.
[Français]
Nous venons d'apprendre que des employés de Radio-Canada ont été attaqués dans la rue et que, sans l'intervention de l'armée égyptienne, ils auraient pu être gravement blessés par les attaques physiques qu'ils ont subies.
Je veux concentrer mes commentaires sur deux choses, surtout: d'abord sur la protection de l'activité consulaire du gouvernement canadien, soit la politique du gouvernement face au problème et à la situation, ensuite sur la crise, qui ne se limite pas au Caire ou à l'Égypte et qui reste toujours un grand défi pour toute la région.
[Traduction]
Je vais mentionner quelques points et nous pourrons ensuite répondre aux questions. Nous aurons aussi la possibilité de poser des questions au gouvernement relativement aux mesures prises par les autorités canadiennes et à ce qui s'est passé.
Je tiens à dire très clairement que notre parti est conscient de l'excellent travail des gens qui oeuvrent pour les citoyens du Canada et des circonstances très difficiles auxquelles notre personnel à l'ambassade du Caire doit faire face depuis plusieurs jours.
Le défi, et nous l'avons constaté lors de la crise au Liban, est lié au fait que le Canada manque toujours de ressources, qu'il n'a pas suffisamment d'employés sur place et que le gouvernement à Ottawa ne réagit pas assez rapidement. Notre réaction face à la situation au Liban a été trop tardive.
Un rapport utile provenant de l'autre endroit fait état de certains problèmes et défis que nous constatons dans ce cas-ci. Un grand nombre de Canadiens ont eu beaucoup de difficulté à obtenir des informations sur une situation qui touche leurs proches, leurs enfants, leurs cousins et d'autres membres de leur famille. De même, ceux qui se trouvaient en Égypte ont, eux aussi, eu de la difficulté à obtenir des renseignements sur la façon dont ils pourraient quitter le pays.
Hier, le ministre s'est grandement offusqué lorsque j'ai posé une question simple, fondée sur des faits. La réalité c'est que le Canada est aux prises avec un problème. Un trop grand nombre de nos employés sont en poste ici à Ottawa, tandis qu'il n'y en a pas suffisamment qui travaillent à l'étranger, au nom du Canada. C'est un problème et un défi auxquels nous devons faire face. Par ailleurs, nous n'utilisons pas toujours la technologie la plus récente pour communiquer avec les Canadiens ou pour prendre les arrangements nécessaires.
Ce qui est sûr c'est que ce n'est pas un dossier où il nous faut regarder en arrière et essayer de jeter le blâme sur quelqu'un. Ce qui est sûr aussi c'est que, à l'avenir, de telles situations vont se produire plus souvent. C'est le monde dans lequel nous vivons. Notre monde est caractérisé par des problèmes créés par l'homme, par des difficultés et des défis à caractère politique, et par des désastres naturels. Il faut tout simplement améliorer notre capacité, à titre de gouvernement, de réagir aux situations critiques. C'est là le premier point que je tenais à faire valoir.
Deuxièmement, je veux signaler qu'aucun de nous n'a anticipé l'ampleur et la vitesse des changements qui se sont opérés au Moyen-Orient. Des pays qui, de l'extérieur, semblaient être très stables sont maintenant extrêmement instables. Ils sont en effet très réprimés, oppressifs, hiérarchiques et quasi dictatoriaux. Ils sont très instables parce que leurs peuples expriment une réalité bien simple: ils en ont assez.
Plus de la moitié de la population d'Égypte est âgée de moins de 30 ans. C'est un jeune pays. C'est une civilisation de 5 000 ans, mais c'est un jeune pays où les gens sont de plus en plus instruits, où les gens découvrent de plus en plus tous les défis de la mondialisation. C'est un jeune pays où toutes les possibilités sont en place. Son peuple voit un système économique et social dont il peut tirer parti. Grâce à la révolution et la technologie de Twitter et de Facebook et aux médias sociaux, les jeunes peuvent communiquer entre eux, des personnes à Tunis peuvent communiquer avec des personnes au Caire, les gens dans la rue au Caire peuvent inviter leurs concitoyens à prendre part à une manifestation et des dizaines de milliers de personnes répondent à l'appel.
On ne peut pas imputer ce qui s'est passé et ce qui continue de se passer au radicalisme politique ou à une idéologie particulière, bien que cela ait de toute évidence un rôle à jouer et nous pose un défi. Nous devons comprendre qu'il s'agit d'une région du monde où toutes les théories au sujet des changements sociaux et politiques s'opèrent dans les rues.
Notre parti, le gouvernement et d'autres ont fait valoir le même argument: il ne nous appartient pas, en tant que Canadiens, de déterminer ce qui ressortira de ce qui se passe actuellement en Égypte.
Cependant, il est important pour nous aujourd'hui de déclarer que, de toute évidence, les mesures annoncées par le président Moubarak concernant son avenir politique et concernant les réformes politiques qu'il dit mettre en oeuvre ne sont tout simplement pas suffisantes pour apaiser l'inquiétude et la colère populaire face au régime.
Il ne s'agit pas d'une tentative d'ingérence extérieure. J'énonce simplement les faits. Je dis simplement que ce qui a été fait jusqu'à maintenant n'a de toute évidence pas donné les résultats que nous escomptions tous.
Il est légitime de se préoccuper de la stabilité comme il est légitime de se préoccuper des principes démocratiques. Nous savons tous, de par notre propre expérience de vie que, sans une certaine stabilité et en l'absence de sécurité, il est impossible que des démocraties en devenir puissent vraiment progresser. Cependant, nous ne voulons pas que des gouvernements utilisent le prétexte de la sécurité et de la stabilité pour justifier un renforcement de la répression.
Au nom du Parlement, nous déclarons catégoriquement que nous reconnaissons la dignité de tous les êtres humains dans le monde. Nous reconnaissons leur dignité, leurs droits fondamentaux, leur droit à la primauté de la loi, leur droit de réunion pacifique, leur droit de professer la religion de leur choix et leur droit de s'exprimer librement. Nous ne pensons pas que ces valeurs sont l'apanage d'un seul pays. Nous pensons que ces valeurs sont en fait universelles et qu'elles sont énoncées dans les déclarations des Nations Unies concernant les droits de tous les êtres humains dans le monde.
Il existe actuellement au Moyen-Orient un profond mouvement en faveur de la démocratie. C'est extrêmement encourageant. Il est important que le Parlement fasse très clairement savoir à la population égyptienne qu'il la soutient dans sa lutte, dans sa quête de démocratie et de stabilité. Nous disons à tous les habitants du Moyen-Orient, et je tiens à inclure les Israéliens, que nous accordons beaucoup d'importance à la paix et à la stabilité acquises de haute lutte. Le Canada continuera de jouer un rôle dans le processus de paix afin que le changement démocratique, ou plutôt la révolution démocratique, qui est en cours en Égypte, en Tunisie et ailleurs au Moyen-Orient ne s'opère pas au prix d'une coexistence pacifique entre Israël et tous ses voisins.
Je suis heureux de pouvoir intervenir dans le débat et faire part aux députés de l'opposition de quelques-unes de mes réflexions. Je suis d'avis que ce débat ne doit pas servir à lancer des attaques partisanes. C'est l'occasion pour nous, députés, d'échanger sur la situation actuelle, telle que nous la comprenons, et sur ce qu'il serait utile que le Canada fasse pour être un partenaire constructif dans l'établissement de la paix, de la justice et de la démocratie.
Voilà le genre de politique étrangère que nous souhaitons. Le Canada doit jouer un rôle très actif dans le monde, car, comme je le dis souvent, nous portons le monde en nous et nous sommes des citoyens du monde.
:
Madame la Présidente, je suis ravie de participer à l’important débat de ce soir sur les événements qui se déroulent actuellement en Égypte. Le porte-parole libéral en matière d’affaires étrangères est difficile à égaler.
Je vais parler de l’Égypte d’un point de vue personnel. J'ai toujours eu un lien avec l’Égypte, par mes ancêtres notamment. La situation actuelle me cause une vive inquiétude.
L’Égypte a été le berceau de la civilisation, de même que celui de trois des grandes religions abrahamiques monothéistes. Les événements qui se déroulent actuellement en Égypte ne représentent pas une nouvelle tendance, car depuis le début de la civilisation, l’Égypte a connu des hauts et des bas. Cependant, ce qui se produit aujourd’hui est la réaction d’une population qui a été assujettie pendant 30 ans, privée de la liberté à laquelle elle aspirait.
Les révolutions et les soulèvements populaires sont naturellement indécis et imprévisibles, car ils visent davantage à se débarrasser d’un vieux régime qu’à en définir un nouveau. Nous en avons vu de nombreux exemples. On se rappelle notamment ce qui s’est produit en Iran en 1979 et la transition subséquente dans ce pays. Les soulèvements promettent le changement, mais sans pouvoir garantir que ce changement sera pacifique à court terme ou qu’il aboutira à long terme à une société démocratique pluraliste.
Une transition pacifique en Égypte dépendra surtout de ceux qui détiennent vraiment le pouvoir, notamment l’armée et ses partenaires politiques du Caire. Il est important que le Canada joue le rôle de chef de file, de façon à ce que lorsque nous aiderons ces politiciens à prendre des décisions, nos positions seront claires. Nous préconisons le pluralisme et la démocratie. Nous n’imposons aucune de nos valeurs aux autres. Cependant, nous leur montrons la voie conduisant à des élections démocratiques libres.
Comme je l’ai mentionné, le peuple égyptien en a ras-le-bol. La vitesse avec laquelle le mouvement populaire, la société civile, s’est organisé est stupéfiante. Pendant six jours, il n’y a eu aucune violence, jusqu’au moment où la population a constaté que rien ne changeait.
Pour que les politiciens participent et qu’ils fassent en sorte qu’il y ait une transition négociée et pacifique, il est important que la population soit consultée et que l’opposition prenne part aux consultations. Il est important que, lors des élections, le respect de la règle de la majorité soit assuré. Il est important que la démocratie ait préséance. Il est important que le président Moubarak comprenne que le peuple ne tolérera plus la pression à laquelle il était soumis.
Il est intéressant de noter que le peuple égyptien respecte l’armée, qui n’a pas agi jusqu’ici contre les manifestants. Il est à espérer que cela ne changera pas. Nous devons cependant comprendre qu’il y a beaucoup trop de facteurs en jeu. La police égyptienne n’est pas aimée par le peuple, contrairement à l’armée qui est placée sous le commandement du président. Voici quelques-uns des enjeux à prendre en compte avant d’exprimer un point de vue sur la situation.
L’Égypte est à la croisée des chemins. Si elle choisit de maintenir au pouvoir une administration dominée par l’armée et appuyée par l’élite du monde des affaires, les troubles persisteront. Les forces populaires et l’opposition ne peuvent pas continuer à être exclues de toute participation réelle. Il faut espérer que le gouvernement provisoire saura faire ce qu’il faut pour ouvrir l’arène politique à une pleine participation et organiser rapidement des élections libres.
Le Yémen, la Jordanie et la Tunisie ont récemment été le théâtre de grandes manifestations. Nous espérons que ces troubles régionaux n’attiseront pas les tensions au Moyen-Orient.
Le président Moubarak a déclaré qu’il ne serait pas candidat aux prochaines élections, mais a refusé de céder la présidence. C’est un facteur que nous devons considérer au moment de donner notre avis à ce pays. Le président Moubarak, ancien commandant de l’armée de l’air âgé de 82 ans, veut aller jusqu’au bout de son mandat présidentiel qui prend fin en septembre.
L’un des facteurs dont il faut tenir compte quand nous parlons aux Égyptiens est le suivant: quelles sont les combinaisons et les permutations que le peuple égyptien peut accepter? Plus de 400 personnes ont été blessées et une personne a été tuée dans les affrontements entre les manifestants favorables au gouvernement et ceux qui s’y opposent dans les rues du Caire. La communauté copte d’Égypte croit que le président Moubarak est probablement son meilleur atout pour le moment. Il est essentiel de tenir compte de ces facteurs.
Le président Obama a dit qu’il a parlé au président Moubarak, qui aurait reconnu que le statu quo n’est pas acceptable et que des changements sont nécessaires. Le président Obama a également dit qu’une transition ordonnée doit être sérieuse et pacifique et doit commencer tout de suite.
Le chef du Parti libéral a souligné que les Canadiens suivent les événements. Les Égyptiens aspirent à la démocratie et à la transparence, et ont des doléances auxquelles il importe de donner suite.
Nous espérons que le président Moubarak réagira à ces demandes légitimes d’une façon constructive. Personne ne souhaite une intensification de la violence. Nous espérons qu’en Égypte, le gouvernement, la police, l’armée et les manifestants feront preuve d’un attachement égal à la paix et au respect mutuel.
La sécurité et la stabilité sont également des aspirations humaines légitimes. Nous avons entendu notre porte-parole des affaires étrangères. J’espère que le gouvernement tirera parti de ce débat d’urgence pour adopter une approche équilibrée et intelligente destinée à aider le peuple égyptien à réaliser ses aspirations.
:
Madame la Présidente, depuis plusieurs jours, les yeux du monde sont tournés vers la Place de la Libération dans la capitale de l'Égypte. Ce qui s'y déroule pourrait avoir des conséquences profondes sur le Moyen-Orient et sur le monde entier.
La priorité de notre gouvernement, naturellement, est la sécurité des Canadiens et des Canadiennes qui se trouvent en Égypte. C'est pourquoi nous avons réagi rapidement pour organiser l'évacuation aérienne de ceux et celles qui voulaient quitter la région. Ces mesures seront déployées aussi longtemps qu'elles seront nécessaires. Ma collègue décrira plus précisément les mesures que nous avons mises à la disposition de nos concitoyens.
Nous sommes ce soir particulièrement déçus et inquiets de voir que les manifestations commencées dans l'espoir, l'ordre et l'enthousiasme sont maintenant troublées par la violence, le désordre et la crainte.
[Traduction]
Il y a quelques heures, on a tiré de vraies balles sur des citoyens égyptiens. Au moins une personne a été tuée et des centaines d'autres ont été blessées, parfois grièvement.
L'Égypte, pays de 80 millions d'habitants, vieille civilisation, est depuis longtemps un leader modéré des mondes arabe, africain et musulman et un important partenaire du processus de paix au Moyen-Orient dans le respect du traité de paix signé il y a longtemps et grâce à une coopération avec Israël sur les questions de sécurité. Elle est traversée par le canal de Suez, un axe maritime vital. Les événements en Égypte ont donc des répercussions importantes sur les autres pays de la région, surtout Israël, sur l'économie mondiale et sur la sécurité internationale y compris celle des Canadiens.
Ce matin, j'ai parlé à mon homologue égyptien, le ministre des Affaires étrangères Aboul Gheit. La relation profonde et solide que nous entretenons avec l'Égypte nous permet de nous parler en toute franchise comme des amis. Lors de notre conversation, je lui ai parlé de l'inquiétude du Canada face à ce qui se passe en Égypte et de notre souhait de voir une transition pacifique et sérieuse vers la démocratie. Je lui ai aussi répété à quel point le Canada et le monde sont attachés à la stabilité de l'Égypte et de sa région.
Dans les entretiens avec mon collègue, maintenant comme dans le passé, je n'ai pas hésité à lui faire part des préoccupations constantes du Canada concernant la situation des droits de la personne en Égypte. Nous avons exhorté l'Égypte à améliorer le respect des droits de la personne, notamment la liberté d'expression et la liberté d'association. Nous avons dit nos objections au maintien de l'état d'urgence en Égypte depuis 30 ans, ainsi qu'à la torture et aux détentions arbitraires que pratiquent les forces de sécurité égyptiennes. Nous avons aussi recommandé l'adoption de réformes politiques pour promouvoir le développement démocratique et le respect de la primauté du droit en Égypte, avec notamment la tenue d'élections libres et justes, en présence d'observateurs internationaux.
Après l'ouverture politique de 2005, et la décision d'organiser des élections présidentielles et parlementaires ouvertes à plusieurs candidats, il y a eu dans les années suivantes un recul marqué des droits de la personne et du développement démocratique. Le Canada a exprimé à plusieurs reprises ses préoccupations à cet égard. Nous avons notamment exprimé notre déception face aux élections parlementaires de novembre et décembre 2010 où le Parti national démocratique au pouvoir a obtenu plus de 80 p. 100 des sièges et l'opposition a perdu la grande majorité des siens, alors qu'on parlait de fraudes massives et de très faible participation de l'électorat. L'absence d'observateurs internationaux a certes contribué à ôter toute crédibilité au résultat de ces élections.
Ces élections ont été un recul pour la réforme démocratique et la modernisation en Égypte et ont montré que le gouvernement était incapable de répondre aux aspirations légitimes du peuple égyptien, qui souhaite être plus présent dans le fonctionnement de l'État. Ces décisions du gouvernement égyptien ont certainement aggravé les frustrations du peuple égyptien.
[Français]
Le résultat des dernières élections parlementaires, l'absence de réforme politique et la lenteur du progrès économique, l'augmentation du prix des aliments et l'avenir bouché pour les jeunes ont causé le déclenchement des manifestations du 25 janvier. Il ne fait pas de doute que l'exemple de la Tunisie, où la population fait face aux mêmes frustrations, a aussi inspiré l'opposition égyptienne. Mais la priorité doit maintenant être de mettre fin à la violence, et j'exhorte les autorités égyptiennes à réagir avec modération durant cette période délicate.
[Traduction]
Nous demandons avec insistance à l’Égypte de respecter la liberté d’association et la liberté de circulation de tous les acteurs politiques. On a cependant signalé des cas inquiétants de pillage et d’évasions de prisons et nous prions les autorités égyptiennes de réagir à ces incidents pour protéger la sécurité et la propriété de toutes les personnes en Égypte.
Les vastes mouvements de protestation dans de nombreuses parties de l’Égypte montrent le désir du peuple égyptien d’une plus grande liberté politique et d’une réforme économique. Le peuple égyptien réclame ce que tous les habitants du monde veulent et que nous, les Canadiens, tenons pour acquis: la liberté, la démocratie, le respect des droits de la personne et de la primauté du droit ainsi que la possibilité d’une vie meilleure.
Les manifestants ont également montré leur détermination à amener une réforme politique et économique au moyen de protestations pacifiques et non en recourant aux armes ou au terrorisme. Ils méritent nos éloges pour la façon dont ils expriment leurs opinions et se font entendre pacifiquement.
D’autres forces invisibles, toutefois, sont à l’œuvre sur la place de la Libération et c’est la raison pour laquelle le calme et l’ordre doivent être rétablis le plus rapidement possible. Nous savons tous que les nouveaux médias de réseautage social, qui sont au cœur des mouvements populaires dans le monde, sont en train de transformer la façon dont les sociétés, partout, communiquent et échangent de l’information.
Il est de plus en plus important que partout les gens soient connectés à Internet et que les gouvernements en permettent l’accès. Nous sommes donc troublés par les interruptions des services Internet en Égypte et le blocage des sites web de réseaux sociaux, qui non seulement limitent la possibilité des Égyptiens d’accéder à de l’information et de communiquer, mais aussi entravent la prestation rapide de services consulaires aux ressortissants étrangers qui se trouvent en Égypte.
[Français]
Nous sommes aussi troublés par la fermeture forcée de certains médias d'information. Nous demandons au gouvernement égyptien d'assurer la liberté d'expression, notamment en débloquant les sites Internet et en n'intervenant pas dans la libre diffusion de l'information.
Nous avons pris note de l'engagement du président Moubarak à quitter son poste en septembre prochain et de la nomination d'un vice-président, d'un nouveau premier ministre et d'un nouveau conseil des ministres, à qui on a demandé d'opérer une réforme économique. Cette nouvelle équipe politique sera jugée d'après la façon dont elle saura répondre aux demandes légitimes de la population égyptienne.
[Traduction]
Toutefois, il faut manifestement faire plus pour répondre au besoin de longue date d’une réforme politique et économique réelle et profonde en Égypte. Il ne suffira pas de faire quelques changements superficiels pour satisfaire aux exigences de changement du peuple égyptien.
Le gouvernement du Canada tente depuis longtemps de persuader le gouvernement égyptien et d’autres gouvernements dans la région d’opérer une réforme. L’avancement de la démocratie est une priorité de la politique étrangère du Canada. L'avancement de la démocratie est dans l’intérêt du Canada parce que c’est la démocratie qui offre les meilleures possibilités de stabilité, de prospérité et de protection des droits de la personne à long terme.
[Français]
Le Canada se consacre partout dans le monde au renforcement de la société civile, des institutions et processus démocratiques, dont les partis politiques et les médias indépendants, pour que les citoyens puissent maîtriser les décisions qui affectent leur vie quotidienne. Avec la même détermination et le même espoir, nous demandons aujourd'hui au président Moubarak et au nouveau gouvernement égyptien d'asseoir plus solidement les fondements de la démocratie, du dialogue et de la coopération.
Il n'appartient pas au Canada de décider qui devra gouverner l'Égypte de demain. La population égyptienne nous dit en effet aujourd'hui, de la façon la plus énergique et la plus courageuse possible, qu'elle veut choisir enfin les dirigeants qui lui assureront la prospérité, la justice et la sécurité. Mais nous n'avons aucune hésitation à souhaiter haut et fort, ici dans cette Chambre, que les prochains dirigeants de l'Égypte devront se consacrer énergiquement à l'application des réformes qui répondent aux besoins et aux aspirations du peuple égyptien.
[Traduction]
Le Canada souhaite voir une transition vers une Égypte plus démocratique et plus libre qui respecte les droits de la personne et la primauté du droit. Il faut un échéancier clair pour la tenue de nouvelles élections législatives en présence d'observateurs internationaux.
Les élections législatives de 2010 étaient peu crédibles puisqu'elles ont privé le peuple égyptien d'une opposition élue et démocratique comme moyen d'expression politique et de participation pacifique à l'administration de leur pays. La situation actuelle découle directement, du moins en partie, de ce non-respect du processus démocratique.
Une véritable transition vers la démocratie en Égypte nécessitera des réformes institutionnelles. Par exemple, il faudra établir une commission électorale crédible et impartiale, comme celle que nous avons ici au Canada, pour organiser les élections. Une telle commission surveillerait les préparatifs des élections, conformément aux normes internationales en matière de transparence et d'intégrité.
La communauté internationale ne manquera certainement pas d'offrir son aide, en envoyant des observateurs et en s'occupant des questions techniques.
L'Égypte doit également entreprendre des réformes constitutionnelles. Elle pourrait notamment donner des garanties plus solides quant à la protection des droits de la personne, en particulier, la liberté d'expression et la liberté d'association, tout en renforçant l'indépendance de la magistrature.
[Français]
L'état d'urgence qui dure maintenant depuis 30 ans en Égypte et qui a donné lieu à tant d'injustices et d'inégalités doit être levé bientôt. Les règles d'enregistrement des candidats présidentiels doivent être révisées de façon à permettre la candidature du plus grand nombre possible dès les élections de septembre, comme me l'a assuré le ministre des Affaires étrangères d'Égypte ce matin.
Il serait aussi souhaitable que l'on fixe des limites de temps aux mandats présidentiel et vice-présidentiel.
Toutefois, il ne faut pas confondre élections et démocratie. Un processus électoral juste et équitable est une condition essentielle à l'instauration d'une véritable démocratie, bien sûr, mais seul un gouvernement stable et intègre peut donner une vie durable aux principes démocratiques.
Et pour que nous, au Canada, puissions le reconnaître et l'appuyer, le gouvernement égyptien qui verra éventuellement le jour devra respecter quatre conditions fondamentales: premièrement, le respect de la liberté, de la démocratie et des droits de la personne, en particulier ceux des femmes; deuxièmement, la reconnaissance de l'État d'Israël; troisièmement, l'adhésion aux accords de paix existants; et enfin, le respect du droit international.
[Traduction]
Le Canada exhorte le gouvernement égyptien à écouter la voix courageuse du peuple égyptien, à saisir l'occasion et à transformer cette épreuve en possibilité de procéder à la réforme démocratique et économique tant attendue qui permettra à l'Égypte de maintenir sa position de chef de file parmi les États arabes, africains et musulmans.
:
Monsieur le Président, ma pensée va d'abord à nos concitoyens d'origine égyptienne et aux immigrants, aux citoyens naturalisés et aux descendants d'Égyptiens qui vivent parmi nous au Québec et au Canada. Ils vivent présentement des jours d'angoisse parce que, depuis le début des événements que connaît l'Égypte, on a assisté à un certain niveau de violence. Celle-ci s'est aujourd'hui accentuée considérablement, alors que des partisans du régime d'Hosni Moubarak ont commencé à s'attaquer systématiquement aux manifestants.
Par ailleurs, nous ne devons pas oublier que les malheurs du peuple égyptien, qui entraînent le soulèvement auquel nous assistons depuis un peu plus d'une semaine, ne datent pas des dernières semaines. Depuis plusieurs décennies, le peuple égyptien vit sous des régimes qui se consacrent en premier lieu à l'enrichissement du petit nombre et qui sont connus pour leur autoritarisme et leur violation générale des droits élémentaires de la personne. C'est tout particulièrement le cas de l'actuel régime, celui du président Hosni Moubarak.
Le pouvoir du régime Moubarak est un pouvoir usurpé. Tout le monde sait que les élections en Égypte sont truquées, à tel point d'ailleurs qu'aux dernières élections, la plupart des opposants un peu crédibles ont décidé de ne pas se présenter, dans certains cas dès le premier tour, et dans beaucoup d'autres cas, au deuxième tour parce qu'ils voyaient que les élections avaient été complètement truquées.
Le régime Moubarak se caractérise aussi par des violations continuelles des droits élémentaires des gens: les détentions arbitraires, la torture et la censure. Évidemment, tout cela ne pouvait pas durer indéfiniment. Après le soulèvement tunisien qui a entraîné la chute du président Ben Ali, l'Égypte s'est embrasée à son tour. Les manifestants s'opposent au régime du dictateur Moubarak, en place depuis 1981 et aujourd'hui vieillissant et malade. Hosni Moubarak a d'ailleurs dû s'absenter plusieurs semaines en 2010 pour une opération à l'étranger, et avec l'approche des élections présidentielles de 2011, la question de sa succession était clairement posée. Bien sûr, le clan au pouvoir n'acceptait pas la possibilité de perdre ce pouvoir et on songeait à présenter au peuple égyptien, dans les faits à imposer, le fils du président Moubarak. Mais désormais, la colère égyptienne ne se tourne plus uniquement vers des questions de niveau de vie. On se tourne aussi vers le pouvoir parce qu'on sait que les abus de pouvoir sont largement responsables des problèmes que connaît le pays, que ce soit dans l'ordre économique ou dans divers autres domaines.
Ces derniers mois, des tensions étaient apparues dans ce pays de 83 millions d'habitants, provoquées notamment par des hausses de prix et des restrictions sur les produits de base. Quarante pour cent de la population égyptienne vivent avec moins de 2 $ par jour. Le taux de chômage chez les jeunes est particulièrement massif, comme c'est encore le cas en Tunisie. Il faut chercher l'explication du sous-développement relatif de l'Égypte du côté d'un système éducatif largement insuffisant. Selon la Banque mondiale, en 2003, seulement 32 p. 100 des jeunes égyptiens dépassaient le niveau du baccalauréat.
Ces prochaines années, l'institut national de la statistique égyptien a calculé qu'il faudra créer chaque année durant 15 ans 73 000 places supplémentaires en université, et ce, seulement pour stabiliser le taux de diplômés.
La moitié de la population égyptienne a moins de 24 ans, et cette situation démographique explosive a des conséquences lourdes pour l'économie du pays. Avec, en plus, 94,5 p. 100 de son territoire couvert par le désert, on peut comprendre que la densité de la population dans les zones peuplées de l'Égypte est à peu près la plus forte au monde.
Il n'y a pas lieu de reprendre ici la chronologie des événements des derniers jours au complet, mais je voudrais partir du premier février dernier, alors qu'après une série de manifestations ininterrompues, les forces armées disaient, par la bouche de leur porte-parole, juger légitimes les revendications du peuple égyptien, et elles annonçaient qu'elles n'utiliseraient pas la force contre les manifestants. Ce fut certainement un point tournant. Au moins 250 000 Égyptiens, nous disent les médias, ont marché vers la place de la Libération, au Caire, dans la plus grosse manifestation depuis le début de la révolution contre le régime du président Moubarak.
Hier, Moubarak annonçait qu'il ne se représentera pas, mais qu'il restera en poste jusqu'à l'élection présidentielle de septembre prochain. Pourtant, un porte-parole de l'armée égyptienne avait demandé aux Égyptiens, en particulier aux jeunes, de cesser de manifester. Il leur a dit que leur message était passé et que leurs revendications étaient connues.
Mais au cours de la journée, on a vu que le peuple ne se laissait pas démonter par ce genre d'admonestation. Malheureusement, le clan Moubarak a réagi violemment aujourd'hui. Les manifestants anti-Moubarak ont commis des violences énormes, et cette nouvelle situation fait craindre une radicalisation des positions alors que l'armée a appelé à la fin des manifestations. Des reporters et des caméramans — on sait qu'il y en a même de médias québécois — qui couvraient les heurts violents au centre de la capitale ont eux-mêmes été menacés et ont fait état, bien sûr, d'un climat très tendu. L'Agence France-Presse parlait au cours de la journée de plus de 500 blessés dans les manifestations, et il est à craindre que ce soir, le bilan soit encore plus élevé.
La position du Bloc québécois sur la situation actuelle en Égypte peut se résumer dans les points suivants. Premièrement, le peuple égyptien s'est levé contre la présidence d'Hosni Moubarak. Les Égyptiens réclament le départ de leur président. La confiance n'existe plus, si elle a jamais existé, entre l'État égyptien et le peuple égyptien. Le président Moubarak n'est plus l'homme de la situation. Face à cela, on ne peut pas se contenter de dire, comme le faisait le ministre des Affaires étrangères tout à l'heure, qu'il ne nous appartient pas de choisir qui doit diriger l'Égypte. On ne peut pas se contenter de se dire que ce qui se passe en Égypte est la seule affaire des Égyptiens. De nos jours, on ne peut plus raisonner de cette façon.
À quelques reprises, dans les dernières décennies, nous le savons en quelque sorte, le gouvernement canadien a finalement mis de côté ce tabou. On se souvient du rôle très positif joué par le gouvernement Mulroney, en particulier dans la lutte contre le régime d'apartheid en Afrique du Sud. On ne peut pas se contenter de dire que ça ne nous regarde pas et que c'est à eux de décider.
La rue égyptienne s'est exprimée: elle ne veut plus du statu quo. La rue a soif de liberté.
Nous avons vu des milliers d'Égyptiens braver l'autoritarisme de leur régime ces dernières semaines pour réclamer la liberté et les droits qui leur sont dus.
Le Bloc québécois sera toujours derrière ceux qui se battent pour la liberté. La liberté est un droit universel et inaliénable. La démocratie et l'État de droit ne sont que l'expression naturelle d'une société libre.
Nous condamnons le plus fortement possible la répression à l'égard des manifestations pacifiques. De plus, nous dénonçons la censure dont sont victimes les Égyptiens à l'égard de sites Internet que le gouvernement ne tolère pas. La libre circulation de l'information est une condition fondamentale à la démocratie et à la liberté dans un pays. Le gouvernement égyptien doit lever la censure sur les sites Internet qu'il a récemment proscrits. La liberté d'information n'est pas une valeur négociable.
Finalement, nous estimons qu'une transition rapide et pacifique vers un régime démocratique et libre doit être entamée rapidement et pacifiquement.
Pour cette même raison, nous estimons qu'Hosni Moubarak doit partir, et pour qu'il parte, les pays démocratiques doivent se liguer pour faire pression sur le gouvernement égyptien. Après qu'il ait été soutenu pendant tant de décennies, nous sommes d'avis qu'un président et un gouvernement intérimaires devraient être nommés avec le consentement des principales parties intéressées. Par la suite, des élections libres, multipartites, justes et transparentes doivent être tenues dans les plus brefs délais.
Si le Bloc québécois défend l'idée de liberté pour les peuples, il défend également les responsabilités qui découlent de ces libertés. En ce sens, l'issue de la lutte politique ne doit pas être la victoire d'extrémistes qui nieraient à leur tour la liberté et la démocratie auxquelles le peuple égyptien a droit. Nous souhaitons un gouvernement égyptien qui restaure la confiance du peuple à l'égard de son État en répondant aux aspirations des Égyptiens.
En clair, cela veut dire que tout nouveau gouvernement devra assurer les libertés des Égyptiens, et je mentionnerai en particulier la liberté religieuse puisque les chrétiens, ces dernières décennies, ont été victimes de toutes sortes de vexations et d'injustices en Égypte.
Il faudra aussi qu'un tel gouvernement assure la stabilité régionale en maintenant des relations diplomatiques avec ses voisins, et qu'il reconnaisse le droit à l'existence de l'État d'Israël. Mais on ne peut rien obtenir de tout cela tant que le peuple égyptien a le sentiment justifié que toutes ses libertés sont confisquées.
En conclusion, donc, Hosni Moubarak doit partir. Nous nous rallions très facilement au message que le gouvernement américain lui-même a donné aujourd'hui à l'effet que la transition doit être amorcée maintenant.
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Monsieur le Président, je prends aujourd'hui la parole pour débattre de la situation en Égypte. Comme nous le savons tous, le 25 janvier dernier, un vent de changement a soufflé sur l'Égypte, et nous tentons encore d'en comprendre toutes les répercussions. Comme on peut le voir, la situation évolue de minute en minute.
Le 24 janvier, le président Moubarak avait la destinée de l'Égypte bien en main. Le 25 janvier, c'est le peuple égyptien qui a pris la destinée de l'Égypte en main. C'est encore le cas aujourd'hui. C'est le peuple égyptien qui décide désormais de la direction que prendra le pays.
Il est donc de notre devoir, à nous qui appuyons les aspirations démocratiques du peuple égyptien, de dire haut et fort que nous appuyons ceux et celles qui ont pris leur courage à deux mains et qui ont décidé de renverser pacifiquement le régime en place, et avec lui le président qui règne en tyran depuis plus de 30 ans. Par contre, il faut se demander si c'est fait de manière à respecter les intérêts du peuple égyptien, et si le reste du monde va respecter la volonté du peuple, qui a décidé de changer la structure de gouvernance de son pays.
Il est important que nous prenions position et que nous fassions clairement connaître la position que nous prendrons. Dès le départ, la position de notre parti a été très claire. Nous avons déclaré une série de choses, que voici: nous avons déclaré que les élections de novembre 2010 devaient être annulées. Nous avons déclaré que les lois d'urgence devaient être levées. Nous avons déclaré qu'il fallait que tous les partis politiques légitimes soient reconnus, tout comme les candidats à l'élection présidentielle de septembre. Nous avons également déclaré qu'il fallait que le gouvernement prenne position.
Malheureusement, à l'époque, le gouvernement a d'abord affirmé qu'il souhaitait surtout que les deux côtés gardent leur calme. De toute évidence, il ne comprenait rien à ce qui se passait là-bas, car la violence ne provenait que d'un seul côté, celui des forces de sécurité égyptiennes, qui utilisaient des canons à eau et des gaz lacrymogènes contre la population. Franchement, nous avons tous craint que la situation ne dégénère.
Pour tout dire, on aurait dit que le gouvernement sortait de nulle part quand il a affirmé que les deux côtés devaient garder leur calme, alors qu'un seul des deux avait recours à la violence. Fort heureusement, les choses ont fini par se calmer. Nous avons vu les gens s'entasser sur ce qu'il convient maintenant d'appeler la place de la Libération, avec l'appui tacite des forces de sécurité. Quant aux militaires, ils ne sont pas intervenus et n'ont pas cherché à intimider les manifestants, malgré les décrets du régime et le couvre-feu imposé par ce dernier.
C'est avec espoir et une certaine inquiétude que nous observons ce qui se passe. Ce qui s'est passé en Égypte aujourd'hui a aggravé nos inquiétudes, y compris pour la sécurité des manifestants. Soyons clairs. L'insistance du président Moubarak de retarder son départ du pouvoir, comme nous l'avons entendu hier, a contribué à l'augmentation de la violence et de la déstabilisation, comme nous l'avons vu aujourd'hui. Il est clair qu'il doit céder aux demandes du peuple égyptien et quitter immédiatement ses fonctions de président pour le bien du pays et la stabilité de la région.
C'est pourquoi nous condamnons sans équivoque l'usage de violence pour contrer les demandes démocratiques et pacifiques du peuple égyptien. La participation présumée du régime dans l'organisation de la répression est complètement inacceptable.
Qu'est-ce que les manifestants égyptiens veulent? Qu'est ce que la population veut? Il semble que tous les manifestants veulent la même chose, à savoir la fin du régime du président Hosni Moubarak. Nous avons entendu les gens demander qu'on mette fin à la corruption et aux lois d'urgence qui existent en Égypte depuis trois décennies. Nous les avons entendus réclamer l'équité économique, un gouvernement représentatif et transparent et la protection de leurs droits et libertés. Il est temps que des réformes politiques se fassent en Égypte et, comme les Égyptiens l'ont fait savoir clairement, il serait inacceptable de retarder le processus.
C'est avec grande fierté que je note qu'il y a eu non seulement des manifestations au Caire, mais aussi au Canada. Je tiens à parler notamment de quelques jeunes Canadiens qui, comme les jeunes Égyptiens, ont organisé des manifestations dans la capitale nationale vendredi dernier et, hier, devant l'ambassade égyptienne. Il y avait un certain nombre de participants, mais trois personnes en particulier étaient responsables de l'organisation des manifestations à Ottawa. Ce sont Iman Ibrahim, Mahmoud Al-Riffai et Yasmine Faoud. Comme les jeunes en Égypte, ces trois jeunes personnes ont décidé de prendre le temps nécessaire pour organiser des manifestations et demander des réformes démocratiques en Égypte. Nous devrions les en féliciter.
Il faut bien le comprendre. Il ne s'agit pas uniquement de jeunes qui commencent à s'intéresser à la politique, mais de jeunes qui dirigent un mouvement. Si nous n'avions pas de jeunes qui décident qu'ils en ont assez, qu'ils veulent du vrai changement, nous ne verrions pas les changements auxquels nous avons assisté.
Oui, la technologie a aidé au mouvement et des outils comme Facebook et Twitter ont joué un rôle important, mais ce n'est pas ce qui compte. Ce qui compte, c'est que des jeunes ont décidé qu'ils affronteraient le pouvoir en place et décideraient de l'avenir de leur pays. Ils méritent d'être applaudis et félicités, pas d'être traités avec paternalisme. Ils méritent notre respect pour ce qu'ils ont fait. Ils sont un modèle de leadership, pas uniquement pour les Égyptiens, mais pour les Canadiens et d'autres, ailleurs dans le monde.
Il est important de comprendre cela parce qu'il y a eu beaucoup de conjectures au sujet de ceux qui sont derrière les manifestations.
Cependant, j'ai reçu des comptes rendus quotidiens provenant du terrain, en Égypte, et tous confirment que les manifestants représentent tous les segments de la société égyptienne. Ce sont de vrais Égyptiens. Il y a eu une époustouflante explosion de créativité politique et sociale, d'expériences organisationnelles et de débats entre gens ordinaires sur la manière d'organiser leur vie.
Certains craignent que la démocratie en Égypte enhardisse les extrémistes. Ils prétendent que les Frères musulmans sont le groupe d'opposition le plus fort en Égypte. C'est faux. Les Frères musulmans ne dirigent pas les manifestations et ils y sont à peine représentés. Sur une population de 83 millions de personnes, ils comptent à peine quelques centaines de milliers de membres. En fait, certains soutiennent que la crainte d'un ressac extrémiste orchestré par le régime actuel est à l'origine du mouvement des Frères musulmans et que celui-ci sert au régime à détourner l'attention de ses actions.
Cependant, l'Égypte est un pays important dans la région et dans le monde. Il ne fait aucun doute que nous voulons la stabilité dans la région. Cependant, la situation qui prévaut présentement sous le régime actuel n'est ni stable ni durable. Craindre ces manifestations pacifiques c'est insulter ces gens qui risquent leur vie pour leurs droits et leurs libertés. Ce ne sont pas les gouvernements représentatifs et ouverts qui conduisent à l'extrémisme; c'est tout le contraire.
Quels sont les intervenants politiques? Qui forme l'opposition en Égypte? Comment se préparent-ils à la transition du pouvoir?
Malgré 30 années de répression, l'Égypte compte une opposition politique diversifiée qui se compose de partis traditionnels et de nouveaux partis. Bien que l'on ne sache pas exactement ce qui va se produire, d'après l'information que j'ai reçue de personnes sur place, les partis d'opposition se parlent. Ils tentent ensemble de parvenir à un consensus.
À un moment donné, ils ont même mis sur pied ce que l'on a appelé le Parlement du peuple, qui a formé un comité en vue de négocier certaines modalités. Ces partis ont demandé d'une seule voix le départ de M. Moubarak.
Toutefois, ces partis ne représentent pas toute la population. L'un des points qui est débattu en ce moment même, c'est la notion de qui devrait assurer l'intérim. Nombreux sont ceux qui ont mentionné ces intervenants politiques qui n'ont aucun intérêt direct dans la présidence à combler. J'espère que c'est l'orientation qui sera prise, mais, évidemment, il reviendra au peuple égyptien d'en décider.
Il est important d'examiner notre rôle en tant que communauté internationale. Il ne faut pas oublier que nous avons joué un rôle en Égypte au cours des 30 dernières années. Ce régime ne s'est pas suffi à lui-même. Il a reçu l'appui de pays occidentaux. Pendant des décennies, nous avons soutenu les Égyptiens et un grand nombre d'entre nous ont appuyé ceux dont les droits ont été lésés, les droits fondamentaux légitimes comme la liberté d'expression et la participation à la vie politique.
En effet, c'est l'Occident qui a joué un rôle important dans le maintien de ce régime au pouvoir. Il est vraiment important que nous comprenions cela, pas pour faire honte à qui que ce soit, mais pour rendre des comptes. Par exemple, en 2008, la dernière fois que le gouvernement a fait rapport sur les exportations d'armes du Canada, l'Égypte venait au 23e rang de nos clients, avec 1,8 million de dollars. À l'époque, certaines des exportations d'armes en Égypte comprenaient des armes à âme lisse de 20 millimètres de calibre et des armes automatiques de 12,7 millimètres. Il y avait aussi d'appareils sans pilote, des moteurs d'aéronef et de l'équipement de bord.
Nous avons donc joué un rôle, mais comparativement aux États-Unis, nous sommes de petits joueurs. Toutefois, il est important de souligner que nous avons participé à la création de ce régime et que nous l'avons appuyé.
Que devrait faire le Canada maintenant? Ce que de nombreuses personnes sur place ont dit, de façon générale, et plus particulièrement ce que des Canadiens d'origine égyptienne ont dit, c'est que la réponse de notre gouvernement devait être plus claire, plus forte et moins tiède.
Je me souviens d'un moment qui nous a remplis de fierté, il y a quelques années, lorsque le Mouvement vert d’Iran s’est élevé contre le dictateur de ce pays. À ce moment, tous les partis représentés à la Chambre ont débattu et adopté une motion d’appui au Mouvement vert. Nous avions alors dit très énergiquement que nous voulions que ses droits soient reconnus et que le régime en place renonce au pouvoir.
Je crois que nous devons situer cela en contexte parce que nous semblons être plutôt prudents en parlant de ce qui devrait arriver à M. Moubarak. Je crois que nous devrions exprimer plus clairement notre point de vue à ce sujet: il faudrait lui demander de s’en aller.
Nous devrions exiger que notre gouvernement intervienne d’une manière positive. Nous devrions nous joindre aux autres qui ont condamné le recours à la violence contre les manifestants et user de toute notre influence diplomatique auprès des autorités égyptiennes en faveur de l'établissement d'une direction provisoire pouvant organiser des élections et reconstruire les institutions démocratiques égyptiennes.
Il va sans dire que ce que nous faisons et notre façon d’agir ont leur importance. Ce que des jeunes du Canada et du Caire nous ont appris, c’est que des gens ont été privés de leurs droits pendant plus de 30 ans et que ces gens n’ont pas besoin qu’un homme fort les dirige. Ils ne veulent pas que le reste du monde leur dicte ce qu’ils ont à faire.
Ce qu’il faut comprendre, c’est que l’ancienne façon de faire ne marche plus. Il faut rejeter l’ancienne manière qui consistait à appuyer un homme fort et à veiller à soutenir les gens auxquels nous nous intéressons. La décision de faire les choses différemment doit nous amener à appuyer une approche pluraliste de notre politique étrangère en soutenant un cadre pluraliste dans d’autres pays, car cela se produit ailleurs dans la région. Cela signifie que notre gouvernement ne doit pas hésiter à énoncer ouvertement sa position.
Nous ne savons pas ce qui arrivera au cours des prochains jours et des prochaines semaines. Les Canadiens veulent savoir quelles sont les intentions du gouvernement quant à l’avenir de l’Égypte. Nous espérons non seulement que nous pourrons aider les Égyptiens à décider de leur propre sort, mais aussi que nous pourrons nous tenir à leurs côtés aussi bien maintenant qu’après qu’ils auront choisi leurs dirigeants. Nous espérons qu’ils pourront compter sur notre appui. Nous espérons qu’à l’avenir, nous rejetterons le principe du soutien de l’homme fort et appuierons l’approche pluraliste qui s'est manifestée en Égypte dans les rues du Caire, d’Alexandrie et partout dans le pays.
J’espère enfin que notre Parlement et notre gouvernement se montreront plus fermes lorsqu’ils exprimeront leur appui et n’auront pas honte de faire preuve de fierté en appuyant le peuple égyptien.
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Monsieur le président, je remercie mon collègue, le député de , porte-parole des libéraux en matière d'affaires étrangères, qui a initié cet important débat à la Chambre ce soir, parce la situation en Égypte a captivé l'attention de bon nombre de Canadiens. Ces derniers suivent de près le déroulement des événements et il est utile que nous, à la Chambre, leur donnions une certaine perspective ainsi qu'une indication de la position des Canadiens et des législateurs canadiens sur les événements qui changeront à jamais le visage d'au moins un pays important.
J'aimerais aborder cette question d'une autre façon puisque je viens d'être nommée responsable, notamment, des services consulaires. Il pourrait intéresser nos auditeurs d'entendre parler des services consulaires. À mesure que la situation est devenue de plus en plus instable en Égypte, notre gouvernement, par le truchement des services consulaires en Égypte et avec l'aide précieuse d'employés d'autres missions dans la région, est immédiatement venu à la rescousse des Canadiens qui voulaient se rendre en lieu sûr.
Je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Avant de commencer, je rappelle aux Canadiens que des milliers d'autres Canadiens sont à l'étranger à tout moment. Des Canadiens vivent, travaillent et étudient dans d'autres pays. Des Canadiens voyagent souvent à l'étranger.
Que doivent savoir les Canadiens à l'étranger lorsqu'ils sont emportés par des événements inattendus? Premièrement, nous leur recommandons de consulter le site Web. Le ministère des Affaires étrangères exploite un site Web à l'adresse voyage.gc.ca. On peut y trouver des conseils sur les situations inattendues dans lesquelles les Canadiens risquent de se retrouver dans un pays donné.
Il permet également aux Canadiens à l'étranger de s'inscrire sur la page intitulée « Inscription des Canadiens à l'étranger ». Quel est l'intérêt de s'inscrire? Si quelqu'un est porté disparu ou devient mêlé à un conflit et personne ne sait où il se trouve, il est très difficile pour les employés consulaires d'établir un contact et d'offrir de l'aide. En Égypte, malgré le fait que les communications ont été coupées, nous avons pu appeler, ou au moins essayé d'appeler, ceux qui s'étaient enregistrés pour les aider à se rendre en lieu sûr.
En l'occurrence, environ 6 500 Canadiens vivaient, travaillaient ou étaient en voyage en Égypte. Moins de 1 400 d'entre eux s'étaient enregistrés, cependant. Seulement une fraction des gens s'étaient enregistrés, mais l'enregistrement peut être très utile. Toutes les minutes, tous les jours, le ministère des Affaires étrangères reçoit deux demandes d'aide à un niveau ou un autre du système consulaire.
En 2010, plus d'un million de Canadiens ont bénéficié d'une forme quelconque d'aide et depuis cinq ans, les demandes d'assistance consulaire ont en fait progressé de 32 p. 100. Dans le budget de 2008, nous avons prévu des ressources accrues pour ces services afin de mieux aider les Canadiens.
Ces fonds ont notamment servi à la construction d'un nouveau centre de surveillance et d'intervention d'urgence. C'était une nouvelle initiative. De plus, ma nomination et l'ajout de fonctions consulaires à mon portefeuille sont l'expression d'une volonté nouvelle et accrue de fournir de bons services consulaires
Il y a deux grandes catégories de services consulaires. Il y a la prévention et l'éducation et il y a l'assistance. Évidemment, on espère que savoir, c'est pouvoir et que si les gens savent ce qu'ils doivent savoir ils n'ont pas besoin d'assistance. Nous essayons donc de leur communiquer des informations et des conseils pour qu'ils puissent faire face à des urgences éventuelles lors de leur voyage.
Naturellement, les gens qui voyagent assument un certain risque. Il y a des choses qu'on peut faire pour se préparer, notamment noter le numéro de la ligne consulaire d'urgence. Elle fonctionne sept jours par semaine, 24 heures par jour. Ce numéro, c'est le 613-996-8885. En raison du grand nombre d'appels en provenance de l'Égypte, cette ligne est actuellement saturée. Nous avons ainsi constaté qu'il fallait prévoir un dispositif de renfort. Nous allons nous préparer à ce genre d'éventualité.
Ces derniers jours, nos services d'urgence ont reçu près de 14 000 appels de personnes à l'étranger qui voulaient obtenir une assistance ou peut-être se réfugier en lieu sûr, ainsi que de membres de la famille ou d'amis au Canada qui voulaient se renseigner sur ce qui était disponible.
Le site Web dont j'ai parlé, voyage.gc.ca, reçoit plus de 12 000 visites par jour. Nous savons que certains Canadiens commencent à s'en servir. Il donne des informations sur plus de 200 pays dans lesquels des Canadiens peuvent vouloir voyager. Il parle de la sécurité dans ces pays, il présente des mises en garde quand les voyages sont déconseillés et il explique comment contacter la mission la plus proche. C'est un site Web qu'il est bon de consulter et sur lequel il est bon de s'inscrire pour que le gouvernement ait des personnes à contacter en cas d'urgence. Nous avons aussi d'autres éléments d'information pour les Canadiens, à Service Canada et ailleurs.
Nous sommes fiers de nos services consulaires. Je suis allé voir une de nos représentations consulaires à l'étranger en janvier. L'un de ses agents m'a dit quelque chose de très intéressant. Il m'a dit: « Pour nous, ce que nous faisons, c'est-à-dire aider les Canadiens, ce n'est pas un travail, c'est une vocation. » Cette aide qu'ils apportent aux Canadiens les passionne, et cela fait chaud au coeur.
Nous avons tout un réseau de ces services. Ils sont là pour aider les Canadiens 24 heures par jour et sept jours par semaine. Nous essayons toujours d'en faire plus pour aider les Canadiens qui se trouvent parfois dans des situations bouleversantes et complètement imprévues.
Le séisme en Haïti et l'actualité en Égypte sont deux exemples récents de ce qui peut se passer quand des gens sont en voyage et doivent soudain demander de l'aide aux services du gouvernement canadien. Nous encourageons les Canadiens à s'informer, à se préparer du mieux possible et à rester vigilants quand ils voyagent. Cela dit, tout le monde doit savoir que lorsque des Canadiens ont besoin d'assistance à l'étranger, comme cela a été le cas récemment en Égypte, notre gouvernement leur vient en aide.
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Monsieur le Président, je remercie la députée de de me laisser une partie du temps dont elle disposait.
Au cours de la dernière semaine, le Canada et le monde ont assisté à un niveau sans précédent de changement politique et de trouble en Égypte. Aujourd'hui, à notre grande tristesse, nous avons appris que les manifestations jusqu'ici pacifiques étaient devenues violentes et qu'il y avait eu plus de 400 blessés, certains grièvement, et au moins un décès. Nous regrettons profondément la perte d'une vie et nous adressons nos sympathies à la famille et aux amis des personnes blessées lors de ces violents affrontements. La violence survenue est inacceptable.
La population d'Égypte s'est exprimée et a réclamé des changements politiques profonds. Tout en comprenant les changements demandés par le peuple égyptien, le monde a intérêt à ce que l'Égypte reste stable et sûre.
L'Égypte est un important partenaire du Canada, pas uniquement en raison de nos relations bilatérales, mais également en raison de nos intérêts communs pour la paix, la stabilité et la sécurité du Moyen-Orient et du reste du monde.
Comme le l'a déclaré hier:
[L]e Canada réitère son appui au peuple égyptien dans sa transition vers un nouveau gouvernement et un avenir prometteur. [...] Au moment où l’Égypte s’apprête à changer de gouvernement, nous encourageons toutes les parties à travailler ensemble pour assurer une transition harmonieuse vers une société libre et dynamique dans laquelle tous les Égyptiens pourront jouir de leurs droits et libertés – et non une transition menant à la violence, à l’instabilité et à l’extrémisme.
L'Égypte est à un autre tournant de sa longue et passionnante histoire. Les choix que les Égyptiens et leur gouvernement feront au cours des prochains jours seront importants pour le pays, la région et le monde. L'Égypte compte et le Canada préconise des réformes politiques et économiques qui lui permettront de continuer à jouer un rôle de plus en plus positif et constructif dans le monde. Ce rôle signifie que toute la communauté internationale a intérêt à ce que l'Égypte demeure un acteur stable et pacifique sur la scène mondiale, particulièrement dans le monde arabe, où l'influence positive de ce pays s'est peut-être fait le plus sentir.
Dès le début de nos rapports bilatéraux, lorsque le Canada a ouvert une ambassade au Caire et que l'Égypte en a ouvert une à Ottawa, nos deux pays ont travaillé ensemble pour assurer la stabilité et la prospérité au Moyen-Orient. L'Égypte, qui est un partenaire africain et arabe de premier plan, a été un facteur clé de la stabilité du Moyen-Orient. Un engagement commun envers une paix juste et complète dans la région est un des éléments centraux des relations bilatérales avec l'Égypte.
C'est dans ses relations avec Israël que l'Égypte s'est avérée une force modérée du monde arabe. Là où d'autres pays ont évité de prendre une décision difficile au plan politique, un leader visionnaire de l'Égypte, Anouar El- Sadate, a adopté une position de principe favorisant la paix et la stabilité. Il est devenu le premier président de l'Égypte à se rendre en Israël et, en 1979, il a signé un accord de paix historique reposant sur les accords de Camp David. Cette décision de normaliser les relations avec Israël et de préconiser la paix dans la région, l'Égypte continue de l'appliquer aujourd'hui.
La recherche de cet idéal a coûté extrêmement cher à l'Égypte, qui a perdu Sadate, assassiné par des extrémistes haineux. Il revient à la communauté internationale de s'assurer qu'un tel engagement visionnaire vis-à-vis de la paix et de la stabilité continue de prévaloir en Égypte et l'emporte sur l'extrémisme et une idéologie haineuse.
Il est également important de se rendre compte que le rôle de l'Égypte dans la région a eu des retombées économiques bénéfiques pour sa population. Le partenariat avec Israël a donné lieu à des échanges bilatéraux d'une valeur de 500 millions entre les deux pays. L'accord de paix a été un facteur favorable pour les deux pays du fait que, par exemple, l'absence d'une menace militaire importante venant de l'Égypte a permis à Israël de réduire ses dépenses de défense, qui représentaient environ le quart de son produit intérieur brut dans les années 1970, et de les ramener à moins de 10 p. 100 aujourd'hui. Depuis plus de 30 ans, les deux pays n'ont pas eu à subir la menace économique et sociale dévastatrice d'une guerre, ni ses coûts connexes.
Aujourd'hui, l'Égypte vend aussi une quantité importante de gaz naturel à Israël. En 2005, ces deux voisins ont signé une entente visant à assurer que l'arrangement continue de s'appliquer pendant encore 20 ans. Le gazoduc est exploité par East Mediterranean Gas, une coentreprise égypto-israélienne. L'existence d'un accord a également favorisé beaucoup d'investissements étrangers dans les deux pays. De toute évidence, il s'agit d'un exemple à suivre pour d'autres pays de la région, d'un mode de fonctionnement qui peut aider une région perturbée à réaliser son potentiel, une région constamment menacée par des éléments extrémistes.
L'Égypte joue également un rôle dans le maintien d'une stabilité le long de sa frontière sud-ouest, qui la sépare de Gaza, malgré les efforts inlassables déployés par des groupes extrémistes pour la déstabiliser. La collaboration permanente de l'Égypte pour limiter la contrebande d'armes dans la bande de Gaza est essentielle à la sécurité de la région.
Il est évident que le peuple égyptien a pris une décision profonde. Les Égyptiens insistent sur le choix de leurs règles, la définition de leur système de gouvernement, et la définition des valeurs à la base des politiques du gouvernement, tant au pays qu'à l'étranger. Nous espérons sincèrement qu'en cette période de changement politique, aussi bien le peuple que le gouvernement restent fidèles à ces valeurs et gestes qui ont fait de l'Égypte une force positive dans la région, une force qui a respecté son engagement vis-à-vis de la paix, de la stabilité et de la sécurité.
Le terrorisme ne peut pas vaincre. L'extrémisme ne peut pas vaincre. La haine ne peut pas vaincre.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps avec la députée de .
J'ai le plaisir de participer ce soir au débat sur la situation en Égypte, et ce, à la demande de mon collègue le député de .
J'ai d'autant plus de plaisir à participer à ce débat que ma circonscription de est le lieu de résidence de beaucoup de citoyens canadiens d'origine égyptienne, et il s'agit d'une communauté très impliquée et très active.
De plus, le Canada a des relations privilégiées avec l'Égypte, et ce, depuis le dénouement de la crise de Suez en 1956. Depuis ce temps, les secteurs d'intérêts communs sont légions, et je n'en citerai que quelques-uns: les relations commerciales, la Francophonie et surtout la recherche d'une solution équitable au Moyen-Orient.
Mais que s'est-il passé en un laps de temps si court pour que toute l'Égypte s'enflamme? Pour comprendre la situation actuelle, il faut se remémorer l'histoire. Il y a plusieurs causes bien connues, comme le chômage des jeunes, la pénurie d'aliments, une domination sans partage du Parti national démocrate, parti du président Moubarak, et le fait qu'aux prochaines élections, un des fils du président, Gamal, serait possiblement candidat à la présidence.
Mais la réussite de la contestation tunisienne fût certainement l'élément déclencheur. Devant l'ampleur de ces constatations, le président Moubarak a réagi en modifiant la composition de son gouvernement. Cependant, les forces de l'opposition ont rejeté ce changement et appelé au départ du président. Il est bon de noter que, par la suite, et pour la première fois depuis 30 ans, le président a nommé un vice-président, M. Omar Souleiman, qui selon la Constitution égyptienne deviendrait président en cas de départ du président, et ce, jusqu'aux prochaines élections.
Entretemps, l'alliance de tous les partis de l'opposition ont chargé M. Mohamed El Baradei, ancien directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique, de négocier une transition avec le régime du président. M. El Baradei bénéficie d'une importante couverture à l'étranger, mais est encore inconnu dans son propre pays. M. Jean-Noël Ferrié, directeur de recherche au CNRS, estime qu'il n'est pas l'homme providentiel attendu, car il est « trop seul et trop absent ».
Mais que veut l'opposition? Une seule réponse: le départ du président. Que signifierait ce départ? Le nouveau président M. Souleiman assurerait une présidence intérimaire, une transition, laquelle aurait pour effet de dissoudre les deux Chambres du Parlement et de réviser la Constitution en vue d'élections législatives et présidentielles.
Mais ce scénario est-il acceptable pour la coalition? Il faut se rappeler que cette coalition est très divisée et avec des buts et des visées à l'opposé. Il faut se rappeler que ce mouvement de contestation fut initié par le parti du Mouvement du 6 Avril, dirigé par M. Ahmad Maher, parti issu d'une révolte ouvrière dans le delta du Nil en 2008. M. Maher réclame des réformes non seulement politiques, mais aussi sociales et économiques.
Un autre parti est très présent avec des députés indépendants — car il est interdit par le pouvoir —, et c'est celui des Frères Musulmans. Il s'agit d'un gros point d'interrogation et d'une inquiétude très forte pour Israël. De plus, une vingtaine de partis politiques forment l'opposition légale, dont le Parti nationaliste, le Nouveau Wafd et le Parti d’El-Ghadd, créé par M. Ayman Nour, candidat défait à la présidentielle de 2005.
Aujourd'hui, où en sommes-nous? La coalition continue d'exercer une pression très forte sur le gouvernement actuel, et ce, au moyen de démonstrations monstres très importantes. Des voix se manifestent partout au monde. La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a appelé le président Moubarak à agir le plus vite possible pour réaliser la transition politique demandée. Le premier ministre britannique a estimé, devant le Parlement britannique, que cette transition devait être rapide, crédible et démarrer maintenant.
De ce côté de l'Atlantique, le président Obama a déclaré qu'une transition bien ordonnée devait être significative, pacifique et devait commencer maintenant. Du côté du Canada on suit la situation de près. Enfin, il ne faut pas oublier le rôle crucial de l'armée, car depuis 1952, tous les présidents de l'Égypte ont été issus des rangs de l'armée. De plus, l'armée est la seule à disposer d'un droit de veto sur la succession de la présidence. L'armée est-elle prête à laisser tomber ce droit de veto lors de futures négociations sur les amendements de la Constitution?
Selon moi, il n'y aura pas de retour, mais le Canada, par sa diplomatie, doit s'impliquer beaucoup plus qu'il ne le fait actuellement dans la recherche d'une solution équitable. Après 30 ans d'un régime sans partage, les futures négociations seront ardues, longues et très difficiles, et c'est là que le Canada doit apporter sa contribution.
Tout doit être fait pour que les droits de la personne, la liberté d'association, de mouvement et de religion soient non seulement garantis par la Constitution, mais surtout dans les faits.
La violence doit cesser et le Canada doit s'impliquer dès maintenant, non seulement dans la recherche d'un dialogue fructueux, mais aussi dans la reconstruction de ce si beau pays.
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Monsieur le Président, à l'instar de nombreux Canadiens et d'autres personnes aux quatre coins du monde, je regarde et j'écoute en direct ce qui se passe en Égypte. Cela me rappelle des conflits antérieurs, plus particulièrement la guerre du Golfe, lorsque, pour la première fois, les gens partout dans le monde étaient rivés à leur téléviseur pour suivre le déroulement de la guerre.
Aujourd'hui, c'est au tour des médias sociaux, comme Twitter et Facebook, de changer le paysage médiatique. Non seulement ils permettent au monde entier d'être informé de ce qui se passe actuellement en Égypte, mais c'est grâce à eux que les manifestations ont pu être coordonnées dans cette région, à commencer par la Tunisie. Comme de nombreux Canadiens, je suis interpellée par ce qui se passe, je me tiens au courant et je pense qu'il en sera ainsi dans les jours et les semaines à venir.
Comme l'a dit mon collègue de , il n'est pas de notre ressort de décider de l'issue des événements en Égypte. Par contre, nous assistons, indubitablement, à un mouvement puissant, mû par le désir de changement. Ces événements montrent à quel point la paix, la stabilité et les valeurs universelles que sont les élections libres et justes, la liberté d'assemblée, la liberté de la presse, l'égalité entre les hommes et les femmes, la liberté des groupes minoritaires et, de fait, la non-violence, sont importantes.
Après la transition pacifique vers la démocratie en Tunisie, le monde a regardé, avec beaucoup d'inquiétude, d'attentes et d'espoir l'évolution des manifestations pacifiques en Égypte. Jusqu'à aujourd'hui, les grands rassemblements étaient pacifiques et nous étions soulagés de voir que la violence se limitait à quelques actes isolés.
Comme nous le savons tous, ce qui s’est passé aujourd’hui a fait ressortir de nouveau l’importance d’une transition ordonnée et pacifique vers la démocratie, dans le respect de la volonté des Égyptiens et de façon à réaffirmer les libertés et les droits universels du peuple égyptien et de tous les voisins de l’Égypte.
Selon certaines informations, dont certaines nous sont parvenues par Twitter, trois personnes ont perdu la vie aujourd’hui et plus de 600 ont été blessées. Et nous avons appris que certaines cliniques accueillent 20 nouveaux patients aux cinq minutes. Il semblerait aussi qu’on s’en soit pris à des journalistes étrangers, dont un caméraman de Radio-Canada, qui aurait été roué de coups par une foule en colère au Caire. Ce sont des faits troublants, et ils ne font que souligner la nécessité d’une transition pacifique et ordonnée vers la démocratie, ce qui est le vœu du peuple égyptien.
Tous les députés partagent les sincères préoccupations des Canadiens au sujet de membres de leur famille qui vivent en Égypte ainsi que des parents et amis qui étaient parmi les 6 000 Canadiens et plus qui se trouvaient en Égypte lorsque les manifestations ont débuté, le 25 janvier. Il y a aussi une profonde inquiétude pour l’avenir de l’Égypte et l’ensemble de la région. Nous nous inquiétons pour le bien-être des Égyptiens qui ont participé aux manifestations pacifiques. Je le répète, il faut que cesse la violence dont nous avons été témoins aujourd’hui et une transition pacifique et ordonnée doit se poursuivre.
Quant aux Canadiens qui ont été coincés en Égypte lorsque la situation s’est aggravée, j’ai été heureuse d’apprendre que des avions quittaient l’Égypte et que le ministère des Affaires étrangères avait déployé des services consulaires additionnels. Il était toutefois préoccupant, et la chose reste préoccupante, que le gouvernement du Canada n’ait pas réagi plus rapidement lorsque la crise a éclaté, de façon que tous les citoyens canadiens puissent obtenir les services consulaires dont ils avaient besoin. J’ai entendu parler de nombreux Canadiens qui ont été incapables de communiquer avec un représentant des Affaires étrangères: leurs appels restaient sans réponse, tout comme leurs courriels, et les inquiétudes étaient vives au sujet des parents qui se trouvaient en Égypte.
J’espère que le problème n’est pas attribuable à un sous-investissement du gouvernement dans les services consulaires. Mon collègue de a soulevé la question plus d’une fois. Si tel est le cas, il faut y mettre bon ordre, et vite. Nous ne pouvons pas laisser les Canadiens en péril.
Dans les prochains jours, tandis que le peuple égyptien poursuit ses manifestations, nous devons insister sur le fait que des élections démocratiques ne suffiront pas. Il faut aussi assurer les libertés de tous les Égyptiens. Il faut protéger les droits fondamentaux universels pour les minorités et les femmes, et il faut faire respecter les libertés des voisins de l’Égypte au moyen de relations constructives et en sauvegardant le traité de paix avec Israël.
Tous les députés comprennent le rôle crucial que joue l'Égypte dans la stabilité de la région, grâce en particulier au traité de paix conclu il y a 30 ans entre l'Égypte et Israël. Cette stabilité importe non seulement pour ces deux pays, mais pour l'ensemble de la région. C'est pourquoi ce ne sont pas seulement les Égyptiens, mais également leurs voisins qui espèrent et des élections démocratiques, et un avenir où régneront la stabilité, le respect du processus de paix et la promotion des droits de la personne et des valeurs humaines.
Ce n'est pas le temps de faire de la politique ou des discours partisans dans ce pays. Les problèmes et les enjeux sont trop importants. Nous devons respecter la volonté du peuple égyptien et nous montrer favorables à une véritable transformation politique. Nous devons afficher notre désir profond de voir l'avenir de l'Égypte et de la région se construire sur le même respect des accords de paix entre Israël et l'Égypte et la même reconnaissance de l'État d'Israël.
Je suis heureuse de ce que le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a dit devant la Knesset aujourd'hui:
Tous ceux qui attachent de l'importance à la liberté se sentent inspirés par les appels à des changements démocratiques en Égypte. Si l'Égypte adopte de tels changements, elle deviendra une source d'espoir pour le monde. Plus la démocratie reposera sur des bases solides, plus la paix sera solide.
Nous voyons d'un bon oeil la volonté du peuple égyptien d'entreprendre une transition vers la démocratie, mais nous ne devons pas perdre de vue l'importance cruciale de la stabilité ainsi que du respect des accords de paix et des valeurs universelles qui nous sont chères. Tout gouvernement doit renoncer à la violence. Il doit respecter et adopter les valeurs et les normes démocratiques.
J'ai eu l'occasion il y a quelques minutes de parler avec un homme qui est né en Égypte et qui vit au Canada. Je lui ai demandé ce qui se passait et ce qu'il espérait. Il m'a répondu que les membres de sa famille appelaient de tous leurs voeux la démocratie, des élections libres et équitables et une presse libre. Selon lui, le Canada a un rôle important à jouer pour qu'adviennent ces changements. Notre pays peut agir par la voie diplomatique. Il peut également fournir de l'aide humanitaire ou de l'aide axée sur les institutions démocratiques. Le Canada devrait aider le peuple égyptien à traverser la période de transformations historiques qui commence tout en garantissant les libertés civiles de tous les Égyptiens et des voisins de l'Égypte.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec mon collègue d'.
Il va sans dire que le débat de ce soir est de nature plutôt délicate. La situation en Égypte est au mieux fluide, pourrait-on dire, même si elle demeure extrêmement risquée. Selon les renseignements qui nous proviennent de là-bas, les gens au pouvoir procèdent actuellement à toutes sortes de manoeuvres. Maintenant plus que jamais, les risques qu'un grand nombre de gens soient blessés si les choses devaient dégénérer sont bien réels.
J'aimerais donner un éclairage tout personnel au débat de ce soir en faisant part à la Chambre des échos que la crise actuelle a eue parmi la population de Windsor, d'où je viens. La ville de Windsor elle-même compte un nombre appréciable de coptes, tandis qu'un grand nombre de membres de la diaspora égyptienne et de la communauté musulmane vivent dans le comté de Windsor-Essex. Même s'ils ont chacun leurs inquiétudes propres, ils craignent tous pour la sécurité de leurs proches et de leurs amis encore en Égypte, notamment à Alexandrie ou au Caire. Le désir de changement est particulièrement fort chez les coptes, car c'est le seul espoir qu'ils ont de se libérer un jour du joug sous lequel ils vivent et de la discrimination systémique dont ils sont victimes de la part du gouvernement actuel, une situation qui peut parfois aller, comme nous l'avons vu, surtout ces derniers mois, jusqu'au meurtre de membres de la communauté chrétienne.
Leur espoir, c'est qu'une fois renversé, le régime Moubarak soit remplacé par un gouvernement démocratique qui respecte les normes internationales en matière de droits de la personne, notamment le droit pour ces gens de pratiquer leur religion sans être l'objet des violences dont ils sont l'objet depuis des mois et des années, et surtout sans craindre de se faire tuer.
Les citoyens de ma région m'ont aussi dit très clairement qu'ils craignaient que les choses ne se passent pas ainsi. C'est là que le Canada et les autres démocraties du monde entrent en scène. Nous devons faire clairement comprendre au prochain gouvernement — quel qu'il soit — que les normes internationales en matière de droits de la personne doivent être respectées.
De toute évidence, nous voulons qu'une démocratie soit établie, une démocratie véritable, réfléchie et vigoureuse qui reconnaît ces normes internationales. On éprouve un mélange de crainte et d'espoir quand on songe au présent et à l'avenir de la communauté copte.
Quant à la communauté musulmane, de nombreuses personnes de la région de Windsor, comme je l'ai dit tout à l'heure, ont des amis et des proches parents qui vivent en Égypte. Elles sont très inquiètes car bon nombre d'entre elles sont toujours sans nouvelles.
Il y a une jeune femme qui était une amie proche de ma fille à l'école primaire et secondaire. Je crois qu'elle est de retour. Sachant à quel point elle s'intéressait à la politique au Canada, je parierais qu'elle est parmi les instigateurs de cette campagne de lutte pour la démocratie en Égypte. Si elle est toujours là-bas, je suis certain que son père est très inquiet, tout comme d'autres membres de la communauté de Windsor s'inquiètent pour leurs enfants, frères, soeurs, parents et amis.
Ils partagent avec la communauté copte la même préoccupation, l'espoir que Moubarak quitte ses fonctions, l'aspiration que les citoyens pourront espérer que la démocratie sera instaurée, qu'il y aura une réelle liberté, une démocratie vraie et vigoureuse, où les jeunes auront véritablement leur mot à dire. Je ne parle pas des adolescents, mais plutôt des jeunes dans la vingtaine et la trentaine qui ont clairement ouvert la voie à ces manifestations pour contraindre le président à annoncer son intention de ne pas se représenter aux prochaines élections.
Les deux communautés sont très inquiètes de ce qui va se produire dans les 24, 48 ou 72 prochaines heures car elles entendent les mêmes choses que nous. D'autres groupes s'en mêlent et tentent de prendre le contrôle de la situation, des groupes qui ont un programme bien différent de celui des jeunes qui ont créé ce mouvement en très peu de temps. Si cela se produit, on assistera à une tragédie monumentale.
Au cours des 8 à 10 derniers jours, une très grande partie de la population, les jeunes, a commencé à nourrir l'espoir d'enfin pouvoir vivre dans une société libre gouvernée par un gouvernement auquel elle pourrait participer pleinement et efficacement. Ce serait tragique qu'un autre groupe réussisse maintenant à usurper le pouvoir.
Ce qui me ramène au rôle que, selon moi, le Canada devrait jouer plus énergiquement, et pas seulement à titre individuel. Il faut certainement reconnaître la souveraineté de ce pays mais, à l'échelle internationale, il faut se demander si nous ne serions pas mieux placés si nous avions obtenu un siège au Conseil de sécurité l'année dernière, ce qui nous aurait permis d'exercer une plus grande autorité. Ce qui est fait est fait, mais nous avons toujours un rôle à jouer.
Notre rôle consiste à dire au reste des pays démocratiques que nous devons exercer toutes les pressions possibles pour éjecter Moubarak et son gouvernement et pour aider les forces démocratiques, qui représentent l'ensemble de la communauté égyptienne, à établir d'abord un gouvernement provisoire, puis à organiser des élections libres et éclairées autant pour élire le président que les membres du Parlement.
Voilà le rôle que nous pouvons jouer, mais tâchons de le faire notoirement. C'est d'ailleurs pourquoi le porte-parole du NPD en matière d'affaires étrangères, le député d', a critiqué le gouvernement pour ne pas avoir pris une position plus ferme dans le dossier. Il faut que nous soyons en mesure de le faire, sinon la violence risque de s'intensifier, ce qui serait tragique, ou encore le mouvement démocratique risque de s'essouffler, même sans violence.
J'encourage donc instamment le gouvernement à envisager l'adoption d'une position plus ferme que celle qu'il a prise jusqu'ici et à faire preuve de leadership à l'échelle internationale.
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Monsieur le Président, je suis très heureux de participer au débat d'urgence découlant de la motion présentée par le député de . J'ai entendu des exposés très intéressants ce soir.
La situation semble vraiment s'être détériorée en Égypte et, en fait, dans toute la région, depuis quelques semaines. Nous avons peut-être agi de façon un peu prématurée en donnant suite à la motion et en tenant ce débat aujourd'hui, parce que la situation là-bas semble changer à chaque jour. Quoi qu'il en soit, nous sommes en plein débat et il convient de formuler quelques observations relativement à la situation actuelle.
Comme l'a souligné le député de , il ne s'agit pas de blâmer le gouvernement. Nous formulons tout simplement des observations. Nous sommes conscients que nous le faisons en assumant un rôle différent. Nous siégeons dans l'opposition et notre travail consiste à souligner les incohérences que nous relevons. Le gouvernement, quant à lui, doit prendre des décisions qui, on le souhaite, sont appropriées face à une situation donnée.
Le député de a parlé des services consulaires. C'est là un élément important qui, selon lui, n'a pas été exploité adéquatement. C'est bien possible. Toutefois, je répète que le gouvernement a un rôle à assumer. Il doit être en mesure de déterminer à quels endroits ces services doivent être déployés. Il y a beaucoup de pays instables dans le monde et les choses peuvent changer rapidement.
Personnellement, il y a plusieurs années, soit à l'été de 1983, je me trouvais à Grenade, juste avant l'invasion américaine. J'y avais rencontré des représentants du gouvernement, y compris le ministre des Finances et le premier ministre, au cours d'une période de trois semaines. Je n'avais absolument aucune idée de ce qui allait se passer. En l'espace d'un mois, la situation avait changé de façon dramatique, avec le résultat que Ronald Reagan avait ordonné l'invasion de l'île de la Grenade.
Je me suis aussi trouvé au Chili comme observateur lors des élections de 1989 puis de 1990.
Je signale à mes collègues que le député d' s'est trouvé dans des situations analogues pas plus tard que l'an dernier je crois, à l'occasion de ses voyages à l'étranger. Il sait que la situation peut déraper très rapidement et prendre très vite une tournure imprévue quand il y a des foules importantes.
Je me souviens d'avoir été aspergé de gaz lacrymogènes lors d'une énorme manifestation à Santiago parce que je me trouvais au mauvais endroit au mauvais moment. J'étais avec un contingent d'observateurs électoraux, notamment des sénateurs américains et des politiciens de l'Union européenne et d'ailleurs, donc j'étais très bien encadré et guidé, mais j'ai quand même reçu des gaz lacrymogènes.
Dans ce genre de situation, il est très difficile de tirer des conclusions, qu'il s'agisse du gouvernement ou de l'opposition, surtout dans un pays aussi lointain. Nous tirons nos informations des gens sur le terrain. Le gouvernement est en position très forte puisqu'il a une ambassade là-bas, il a des gens sur place qui sont probablement mieux renseignés à maints égards que nous.
Certains députés ont aussi souligné que l'Égypte, où je suis moi-même allé il y a un certain nombre d'années, était un pays assez pauvre. On m'a dit que 40 p. 100 des Égyptiens se débrouillaient avec moins de 2 $ par jour, que le taux de chômage était élevé, que l'éducation n'était pas à la hauteur.
C'est comme cela depuis qu'Anouar El-Sadate a été assassiné, plusieurs d'entre nous s'en souviennent, et qu'Hosni Moubarak l'a remplacé. On a du mal à croire que c'était il y a 30 ans. Qu'un dirigeant ait duré 30 ans dans ce genre de contexte, c'est remarquable.
Néanmoins, quand on examine la situation de plus près, on s'aperçoit que ce n'était pas un dirigeant de type démocratique. Le gouvernement qu'il dirigeait était loin d'être un exemple de démocratie à l'oeuvre. Or, c'est ce que réclament maintenant les Égyptiens. Les jeunes sont descendus pour la rue pour dire qu'ils veulent un changement de gouvernement.
On remarque que les États-Unis, qui ne sont pas en général les premiers à exiger un changement de régime, vont plus loin que nous au Canada. Le Canada a une position plus conservatrice que les États-Unis. On sait que les Américains ont d'énormes investissements en Égypte pour diverses raisons. Ils ont des investissements sous forme d'aide militaire à l'Égypte. Ils ont des intérêts importants dans le canal, dans les champs pétrolifères etc., donc c'est un énorme enjeu pour eux.
Normalement, les Américains sont très proactifs, mais ils disent clairement que Moubarak a fait son temps, que le moment est venu de tourner la page et de remplacer son régime par un régime plus démocratique. Le gouvernement canadien semble toutefois hésiter à tirer la même conclusion. On se demande pourquoi.
Au final, leur stratégie pourrait se révéler la bonne parce que, comme je l’ai dit, c’est une situation changeante. Nous nous inquiétons pour un certain nombre de minorités en Égypte. Le député de a mentionné les coptes. Il en compte dans sa circonscription, comme d’autres députés à la Chambre. Les Canadiens d’origine égyptienne plus particulièrement s’inquiètent beaucoup pour les membres de leur famille qui habitent toujours dans leur pays, et pour cause.
On a mentionné que le gouvernement avait nolisé des vols. Notre député a demandé plus tôt pour quelle raison les Canadiens d’origine égyptienne n’étaient pas traités de la même façon que les Canadiens d’origine libanaise il y a quatre ans. Je connais une personne qui s’est retrouvée au Liban lors des troubles là-bas, et le gouvernement canadien a payé son billet d’avion. Le gouvernement a répondu à cette question en disant qu’il y avait déjà eu plusieurs vols pour les Canadiens. Des Canadiens ont été évacués du pays. Ils l’ont fait à leurs frais. Bien entendu, comme ils étaient conscients de ce qu’ils faisaient et ont accepté de payer les 400 $, on considère que l’affaire est réglée.
Nous devrons peut-être noliser un plus grand nombre d’avions. Le gouvernement ne devrait donc pas simplement rejeter la suggestion du député de par souci de cohérence. Nous avons eu un cas d’incohérence, dont j’ai parlé plus tôt cette année, lorsqu’il y a eu un tremblement de terre en Haïti et que le gouvernement n’a pas hésité à verser une somme égale aux dons faits par les Canadiens. Peu après, il y a eu un tremblement de terre au Chili, et le gouvernement a refusé d’en faire autant. Bien des gens de la communauté chilienne et des personnes qui les appuient parlent de deux poids deux mesures. Cela n’aurait pas coûté si cher au gouvernement étant donné qu’il y avait beaucoup moins de donateurs. Bien que le gouvernement ait versé plusieurs millions de dollars en fonds de contrepartie pour Haïti, parce que l’aide affluait, dans le cas du Chili, la somme était nettement plus modeste parce qu’il n’y avait pas beaucoup de donateurs.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Je ne vais pas m'attarder à répéter les souhaits sincères et bien fondés qui ont été exprimés par mes collègues ce soir. Je suis tout à fait d'accord avec eux. Il est important de formuler ces bons souhaits.
Je ne vais pas mentionner de nouveau les nombreux efforts qui ont déjà été déployés par le gouvernement du Canada en vue d'aider nos concitoyens qui se trouvent en Égypte. Je félicite tous les agents consulaires de tout ce qu'ils font là-bas. Je me joins à mes collègues pour condamner les actes de violence qui ont été commis et qui pourraient être perpétrés à l'avenir.
J'aimerais toutefois faire une mise en garde. En regardant à la télévision et sur Internet ce qui se passe en Égypte, on perçoit presque de l'enthousiasme et un sentiment d'euphorie tacite, ce qui est inévitable à la suite de ce genre de manifestations de très grande envergure. La majorité de ces gens — qu'il s'agisse de jeunes ou de personnes animées par l'espoir d'un avenir meilleur — ont l'impression que l'on passera presque automatiquement à une forme de gouvernement démocratique.
J'aimerais toutefois faire une mise en garde à cet égard et apporter quelques nuances. En tant que Canadiens, nous sommes pleinement conscients du fait que, comme d'autres pays, notre capacité d'intervenir directement est limitée et qu'il y a lieu d'être prudent à cet égard. Il existe même un droit international à ce sujet. Toutefois, nous pouvons leur envoyer des mots d'encouragement. Nous pouvons leur offrir ce que nous savons à propos de la démocratie et des façons de la mettre en place. Cependant, à ce moment-ci, nous devrions accompagner notre aide d'une certaine mise en garde.
Les événements dont nous sommes témoins ne sont pas les mêmes qu'à Berlin-Est, alors que la population avait déjà pris le chemin de la liberté, destination que nous savions tous inévitable une fois que le mur serait finalement tombé. Ces événements ne sont même pas semblables à ceux survenus lors de la Révolution orange. Lors de ces deux moments marquants, un mouvement avait à tout le moins déjà été enclenché vers une plateforme menant à la démocratie. Or, il n'existe pas de plateforme de ce genre en Égypte et il n'y en a jamais eu par le passé.
L'histoire nous l'a montré: voici la précaution à prendre. En Iran, en 1979, une fois le Shah détrôné, l'euphorie régnait. J'ai entendu des commentaires semblables ici: « Mettons Moubarak dehors. Mettons-le juste dehors et tout ira bien dans le meilleur des mondes. » Cela ne sera peut-être pas le cas. Le Shah, une fois parti, a laissé la place à un modéré, M. Bakhtiar. Celui-ci était aux commandes du pouvoir depuis à peine six semaines que tous les espoirs de démocratie s'envolaient avec l'arrivée des ayatollahs. Nous savons ce qui s'en est suivi.
L'Iran l'a montré: dans ce pays, les sondages prouvent que la majorité de la population aspire à la démocratie et à la liberté. Cependant, s'il y a à la tête du pays une force suffisamment vicieuse et prête à tout pour réprimer la population, même des millions de personnes rêvant d'une vie meilleure peuvent en fait se sentir intimidées et être muselées.
Je suis préoccupé par des commentaires que j'ai entendus, pas nécessairement à la Chambre d'ailleurs, à savoir que les Frères musulmans ont renoncé à la violence et qu'on peut leur faire confiance. S'il y a quelque chose de plus à transmettre en dehors de notre message d'encouragement, c'est notre connaissance de l'histoire. On ne peut pas faire confiance aux Frères musulmans. Des informations sortent déjà au grand jour, des rapports des services de renseignement selon lesquels ils seraient plus ou moins mêlés à ce mouvement. Ils n'ont pas renoncé à la violence. Ils s'étaient engagés dans cette voie cependant. Il y a des décennies, ils avaient renoncé à la violence. Mais quand Anouar El-Sadate s'est détourné d'eux, il a été assassiné.
Le mouvement des Frères musulmans a donné naissance au Mouvement de résistance islamique, aussi connu sous le nom de Hamas. Dans sa charte, le Hamas en appelle toujours à la destruction d'Israël. Au Moyen-Orient, il y a des proverbes qui disent qu'on peut parfois juger une personne d'après ses amis. L'amitié qui lie les Frères musulmans au Hamas, ou une charte qui prône la destruction d'un autre pays, ce sont des choses que j'encouragerais mes amis à considérer avec beaucoup de précautions.
Le chef des Frères musulmans, Hassan al-Banna, s'est exprimé oralement et par écrit d'une façon très structurée et très éloquente sur la nécessité de recourir au terrorisme, au moment opportun. Il a dit qu'il fallait se servir de moyens politiques et aussi recourir à la propagande.
Le président Nasser a essayé de travailler avec les Frères musulmans, ou Al-Ikhwan, comme ils s'appelaient à l'époque, jusqu'au jour où ceux-ci ont tenté de l'assassiner. Par la suite, il a eu recours à des mesures très répressives, qui en ont incité un grand nombre à fuir en Arabie saoudite. Après leur fuite en Arabie saoudite, les Saudi-Wahhabi et le groupe Salafi des Frères musulmans se sont unis, ce qui a mené à la création du mouvement terroriste islamiste moderne. Je ne parle pas de l'Islam. Je parle du mouvement terroriste islamiste actuel.
Telle est la situation en Égypte en ce moment. De temps en temps, les Frères musulmans dénoncent la violence, comme ils l'ont fait en 1998 lorsque des attentats à la bombe ont été perpétrés contre des ambassades. Toutefois, lorsqu'on examine de plus près cette condamnation, on constate que celle-ci était uniquement attribuable au fait que des musulmans étaient au nombre des victimes.
Encore tout récemment, en 2008, leur guide suprême, Mahdi Akif, a félicité Ben Laden d'être un moujahid. Il a demandé le djihad en Égypte. Cela se passait tout récemment, en 2008. Leur credo continue d'être: « Le djihad est notre voie. Mourir pour Allah est notre plus noble espoir. »
C'est cela les Frères musulmans. J'invite nos amis égyptiens à ne pas se laisser berner, à ne pas se laisser entraîner dans cette voie par certains membres érudits de cette confrérie. Leurs objectifs n'ont jamais changé.
Il est dans notre nature d'Occidentaux de prôner une politique d'apaisement, parfois même face aux forces les plus maléfiques. Ce trait de caractère est perçu comme une faiblesse, mais en fait il repose sur l'espoir. Nous tentons de calmer les autres, dans l'espoir que le bon sens va prévaloir. Selon moi, cet espoir est une vertu de la civilisation occidentale.
Des espoirs non justifiés peuvent mener à de grandes catastrophes. Cela me préoccupe. J'espère que nos amis égyptiens vont faire passer quelques tests à ceux qui veulent jouer un rôle. Je les encourage à le faire. Nous avons déjà entendu dire que des progrès semblent avoir été accomplis.
M. Moubarak a dit qu'une nouvelle constitution serait adoptée et que des élections se tiendraient afin d'élire un premier ministre et un président. Ces propos suscitent de l'espoir.
Comme d'autres l'ont mentionné, il faut avoir confiance, mais il faut aussi faire des vérifications. Si les Frères musulmans jouent un rôle au sein d'un nouveau gouvernement ou d'une nouvelle constitution, je souhaiterais qu'ils renoncent complètement à toute forme de violence, y compris la violence dirigée contre Israël. Seraient-ils prêts à prendre un tel engagement?
Parlons maintenant de la liberté de religion et de son expression. Je ne pense pas seulement aux coptes, qui se sentent grandement menacés par ceux qui pourraient maintenant diriger l'Égypte, mais aussi aux chrétiens et aux personnes d'autres confessions. Nous savons que, bien souvent, ils ont été martyrisés et assassinés en Égypte.
Une société qui favorise réellement les libertés de la personne souscrit également à la liberté de religion. Or, nous savons que de la liberté de religion découle la liberté de parole. Nous avons également tous entendu parler de l'importance de la liberté d'association. Les gens auront la liberté d'association. Même les médias jouiront de la liberté de presse.
J'invite nos amis égyptiens à mettre à l'épreuve ceux qui veulent participer à ce qui, nous l'espérons, sera un réel mouvement démocratique qui favorisera le respect des droits de la personne.
Il s'agit d'un moment historique. Nous observons la situation, qui ne cesse d'évoluer, mais il ne faut pas se leurrer et croire qu'il y aura une transition immédiate à une démocratie semblable à la nôtre, qu'il a fallu 150 ans, voire 200 ans, pour bâtir et qui, avouons-le, a ses faiblesses, même à la Chambre.
Nous sommes prêts à communiquer nos connaissances. Nous sommes prêts à envoyer des diplomates. Nous sommes prêts à envoyer des universitaires. Nous sommes prêts à envoyer des parlementaires pour aider les Égyptiens. Nous leur enverrons aussi nos prières et nous leur donnerons de l'espoir. Nous leur recommandons néanmoins de procéder avec prudence, de ne pas prendre de décisions précipitées qui risqueraient d'engendrer d'amers regrets, et surtout, de mettre à l'épreuve ceux qui voudront participer à ce qui sera, nous le souhaitons, un nouveau mouvement démocratique remarquable en Égypte.
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Monsieur le Président, dans son excellent discours, mon collègue a été peut-être le premier, au cours du débat de ce soir, à souligner aux députés l'urgence et les dangers qui pourraient exister. Je lui suis très reconnaissant de nous l'avoir expliqué si clairement.
J'aimerais revenir à la question des services consulaires fournis par notre gouvernement en réaction à la crise égyptienne. Notre gouvernement et la population canadienne s'inquiètent sérieusement des développements récents en Égypte. Quoique la volonté de changement politique soit une bonne chose, la sécurité s'est grandement détériorée après les premières grandes manifestations. Des boutiques et des entreprises sont fermées depuis plusieurs jours, ce qui rend la situation difficile pour les habitants et les visiteurs en Égypte. Nous regrettons profondément la violence et les pertes de vie qui ont eu lieu et nous continuons de demander à toutes les parties d'employer des moyens pacifiques pour trouver une solution constructive, tout en respectant la liberté, la démocratie, les droits de la personne et la primauté du droit.
Le mardi 1er février, le président Moubarak a annoncé son intention de ne pas se présenter à la prochaine élection, mais il reste à voir si le peuple égyptien acceptera son offre de diriger la transition.
Comme la situation demeure imprévisible en Égypte, la sécurité des Canadiens est notre priorité. Nous avons agi rapidement. Le dimanche 30 janvier, le nous a annoncé que le gouvernement du Canada offrait des vols nolisés aux Canadiens qui souhaitaient quitter l'Égypte. Ces vols les emmènent vers des destinations sûres, comme Francfort, Paris et d'autres villes européennes. Par la suite, ils peuvent choisir eux-mêmes leur destination. Des représentants consulaires seront sur place, dans les villes européennes, pour aider les Canadiens.
Le premier avion destiné à évacuer les Canadiens est arrivé au Caire moins de 24 heures après que notre gouvernement eut offert aux Canadiens qui le voulaient de les aider à quitter l'Égypte. Au cours des trois derniers jours, cinq vols ont quitté l'Égypte. Le premier avion transportait 175 Canadiens et le second en transportait 43. Le troisième avion est parti du Caire hier avec 131 Canadiens à bord. Le quatrième avion est parti d'Alexandrie aujourd'hui avec 29 Canadiens et le cinquième, qui est parti tout récemment du Caire, transportait 81 Canadiens.
Nous avons coopéré avec d'autres pays et avons permis à leurs citoyens de prendre nos avions. Il s'agit notamment des États-Unis, du Royaume-Uni, de la Nouvelle-Zélande et de l'Australie. En retour, ces pays nous ont offert d'évacuer des Canadiens à bord de leurs avions, ce dont ont profité 21 citoyens canadiens.
Nous avons collaboré étroitement avec ces pays qui partagent notre point de vue et dont les plans d'évacuation de leurs citoyens sont similaires aux nôtres. De cette façon, nous multiplions les possibilités pour les ressortissants canadiens désireux de quitter l'Égypte. Cette collaboration se révèle précieuse, et nous sommes reconnaissants envers nos partenaires.
À l'heure actuelle, le Canada, de concert avec ses partenaires aux vues similaires, examine des options pour évacuer les Canadiens à partir d'autres villes que Le Caire. Le vol d'aujourd'hui en partance d'Alexandrie à bord duquel ont été évacués 29 Canadiens en est un exemple. La sécurité des Canadiens est notre priorité, et nous conseillons aux Canadiens qui se trouvent hors du Caire de rester là où ils sont plutôt que de se diriger vers la capitale, où les protestations pourraient mettre leur vie en danger.
Le gouvernement est déterminé à faire en sorte que les Canadiens désireux de quitter l'Égypte puissent le faire avec leur famille. Par conséquent, les personnes détenant un passeport canadien et leur famille immédiate, c'est-à-dire leur conjoint et leurs enfants, ont la priorité pour les vols nolisés organisés par le gouvernement. Les passagers sont tenus de signer une entente avec le gouvernement du Canada dans laquelle ils acceptent de rembourser le coût de l'évacuation, qui est d'environ 400 $.
Afin que les Canadiens et leurs familles puissent quitter le pays le plus rapidement et le plus facilement possible, du personnel de Citoyenneté et Immigration Canada est déployé à l'aéroport du Caire pour émettre les documents nécessaires aux conjoints et aux enfants à charge des citoyens canadiens évacués. Les membres de la famille qui n'ont pas la citoyenneté canadienne ont dû présenter tous les actes civils et documents attestant du lien familial pour faciliter le processus. Comme je l'ai déjà dit, le niveau de service et la façon dont nous faisons face à la situation en Égypte sont remarquables.
Afin de répondre au grand nombre d'appels et de courriels que nous recevons de la part de Canadiens actuellement en Égypte ainsi que de leurs amis, de leurs familles et de leurs proches ici au Canada, le a demandé l'affectation de personnel additionnel au centre des opérations d'urgence, situé ici à Ottawa, de même que l'envoi par avion de personnel additionnel au Caire, pour offrir une assistance accrue aux Canadiens.
L'accroissement considérable de l'effectif au centre des opérations d'urgence permet de répondre et de donner suite dans les meilleurs délais à un plus grand nombre d'appels de Canadiens et de familles préoccupés. De même, nous avons renforcé nos équipes consulaires au Caire et à Francfort en vue d'aider les évacués.
Les missions canadiennes de partout dans le monde ont offert leur soutien pour répondre aux appels et résoudre des questions d'ordre logistique. Nous avons créé une ligne téléphonique spécialement pour cette crise. Il s'agit du 1-613-996-8885. Nous invitons fortement les Canadiens à composer ce numéro plutôt que celui de l'ambassade canadienne au Caire. Une équipe de fonctionnaires consulaires est prête à aider. Le gouvernement est fier du professionnalisme du personnel consulaire canadien et des services que les diverses équipes assurent aux Canadiens.
Je répète que les Canadiens sont les mieux placés pour gérer leur propre sécurité. Nous conseillons aux Canadiens de prendre toutes les précautions qui s'imposent avant de voyager à l'étranger, de se tenir informés de l'actualité qui touche le pays de destination et d'être vigilants lorsqu'ils voyagent. Je peux assurer à mes collègues que lorsque des Canadiens ont besoin d'aide à l'étranger, le gouvernement répond à leur appel.
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Monsieur le Président, comme tous les Canadiens, je suis la situation en Égypte avec grand intérêt. La sécurité et le bien-être des citoyens canadiens sont la plus haute priorité de notre gouvernement. Je suis donc certainement fier que nous ayons agi aussi rapidement et efficacement pour les protéger. Près de 350 personnes ont été évacuées et, comme mon collègue l'a dit, plus de 2 300 personnes ont reçu de l'aide et des conseils de la part des services consulaires.
Je pense que tous s'entendraient pour dire que l'Égypte connaît actuellement une période de changements sans précédent et de grande incertitude.
Aujourd'hui, nous avons appris que les manifestations pacifiques ont tourné à l'émeute. Malheureusement, au moins une personne a été tuée et jusqu'à 600 personnes ont reçu des blessures légères ou graves. En outre, nombre de journalistes et même des Canadiens se sont fait attaquer. Nous déplorons certainement ces brutalités, ainsi que les morts et les blessures essuyées des deux côtés. Nous exhortons le gouvernement égyptien et les manifestants à ne rien faire pour empirer la situation.
La stabilité en Égypte est importante pour le Canada et le monde. En raison de son emplacement stratégique, l'Égypte sert depuis longtemps de pont entre le Moyen-Orient et l'Afrique. De plus, l'Égypte joue un rôle régional important en Afrique, notamment en sa qualité de médiatrice dans les pourparlers de paix au Soudan. Elle fournit également le plus important contingent de forces de maintien de la paix à la mission africaine des Nations Unies au Darfour. Elle offre aussi de l'aide humanitaire, en particulier au Soudan et en Somalie.
L'Égypte compte parmi les cinq pays qui apportent les contributions financières les plus importantes à l'Union africaine, ce qui fait d'elle un pilier de cette organisation.
En plus de fournir des troupes aux missions de l'Union africaine, elle occupe le cinquième rang des pays qui mettent des policiers et des soldats au service des Nations Unies. On y trouve également le Centre régional du Caire pour la formation sur la résolution des conflits et le maintien de la paix en Afrique. Aussi, les soldats égyptiens et canadiens ont servi côte à côte dans le cadre de nombreuses missions, et les officiers des deux pays fréquentent régulièrement les collèges d'état-major de l'autre.
Il y a deux ans, l'Égypte a tenu le sommet de l'Union africaine; on y a discuté de diverses questions importantes pour l'Afrique.
L'Égypte contribue également à la stabilité régionale au Soudan. L'Égypte se considère comme le leader naturel arabe et régional sur le Soudan et a appuyé les efforts visant à régler le conflit au Darfour. Pour l'Égypte, le Soudan représente un pays de transit important pour presque 95 p. 100 de son eau et la plupart de ses migrants illégaux. L'Égypte s'inquiète de l'accès aux eaux du Nil qui traverse le Sud-Soudan. Par conséquent, à l'instar du Canada, l'Égypte est tout particulièrement intéressée au maintien de la stabilité de la région.
L'Égypte a appuyé l'Accord de paix global au Soudan et a entrepris des projets de développement dans le Sud. Même si elle préférait un Soudan unifié, l'Égypte a dit tôt lors du vote qu'elle respecterait les résultats du référendum de janvier sur l'indépendance. Il s'agissait d'un geste important et positif.
L'Égypte a investi dans la construction de centrales électriques, de cliniques médicales et d'une université au Sud-Soudan. Elle a également fortement contribué à deux missions de maintien de la paix au Soudan en y envoyant plus de 2 000 militaires.
L'Égypte a été un carrefour du commerce et de la culture du monde arabe. Ses institutions et son patrimoine intellectuel ont laissé de profondes empreintes et une forte influence dans le développement culturel et social de la région. À l'ère moderne, l'Égypte a permis d'établir un rapprochement entre l'Afrique du Nord et l'Afrique subsaharienne, tout en participant activement à l'établissement d'un partenariat euro-méditerranéen. Les dirigeants égyptiens ont continué de déployer d'importants efforts pour promouvoir l'unité et créer des relations économiques et politiques plus fortes avec les pays de l'Union arabe.
L'Égypte exerce un rôle de premier plan dans le monde islamique. Elle occupe actuellement la présidence de l'Organisation de la Conférence islamique et elle est le siège de la Ligue des États arabes. Elle est également un membre important de l'Union africaine. Elle continue de jouer un rôle prépondérant en faisant entendre la voix et sentir l'influence d'une grande partie du Tiers-Monde au sein du Mouvement des pays non alignés, dont elle assume actuellement la présidence.
L'Égypte se distingue depuis longtemps et avec fierté par son engagement dans la sécurité et la paix à l'échelle mondiale. Il est important que le Canada et le monde encouragent tous les partis en Égypte à travailler ensemble pour mettre en place des réformes qui permettront à l'Égypte de continuer à contribuer de façon positive à la stabilité de la région.
L'Égypte a été un élément culturel et politique important de la communauté internationale. La contribution de ses civilisations anciennes à ce qui est désormais notre patrimoine commun a été remarquable. Elle est le dépositaire d'un grand nombre des trésors communs de l'humanité. Son histoire et sa culture continuent d'inspirer, d'étonner et de faire naître dans chacun de nous éblouissement et émerveillement. L'histoire, la culture, l'éducation et les caractéristiques religieuses de l'Égypte ont eu une incidence profonde non seulement sur la région, mais sur le monde entier.
Il y a au Canada une importante communauté de Canadiens d'origine égyptienne qui apportent chaque jour une contribution majeure à notre société et à son avancement. Notre pays est culturellement plus riche en raison du dévouement et de l'engagement des Égyptiens envers le Canada et envers l'Égypte. Nous souhaitons le maintien des liens forts qui existent entre nos deux pays.
Comme l'a dit le hier, le Canada « réitère son appui au peuple égyptien dans sa transition vers un nouveau gouvernement et un avenir prometteur ». Il est clair que nous voulons continuer de soutenir le travail et les efforts de ceux qui prennent le parti de la paix et des réformes en Égypte puisque si les aspirations, les espoirs et les rêves du peuple égyptien se réalisent, nous en serons tous enrichis.
Je tiens à faire une petite mise en garde. J'ai suivi le débat avec beaucoup d'intérêt et, comme le président du Conseil du Trésor l'a mentionné plus tôt, il faut qu'il y ait une réforme politique. Le défi c'est de trouver comment elle se fera. Comme le porte-parole du Parti libéral l'a déclaré, le processus repose en partie sur les choses sur lesquelles nous devons travailler et celles auxquelles il nous faut nous intéresser. Le seul fait qu'un dictateur soit renversé ne signifie pas nécessairement que la démocratie sera instaurée.
On l'a dit, l'Égypte joue un très important rôle dans la région par les accords de paix qu'elle a signés. Nous devons être à ses côtés au cours des prochains jours si l'Égypte demande notre aide pour procéder à ses réformes politiques et tenter d'élaborer un système qui n'existe plus depuis de nombreuses années.
Des élections ne suffiront probablement pas. Il y a des institutions dont l'Égypte est privée depuis des années par une dictature et il importe de comprendre qu'il faudra du temps avant que les nouvelles institutions soient mises en place. J'encourage le monde à trouver des moyens d'aider le peuple égyptien à faire ses réformes et à mettre en place son processus démocratique. Nous devons comprendre que l'aider à participer à nouveau à des élections ne changera pas nécessairement les choses. Nous devons aider les Égyptiens à réformer leur gouvernance, et cela peut prendre du temps.
Nous voulons également être sûrs que les Égyptiens continueront d'assumer leur rôle de leadership, pas uniquement en signant des traités de paix, mais en faisant les autres choses qu'ils faisaient déjà.
Nous sommes prêts à intervenir au besoin et nous devons être conscients que le processus amorcé prendra probablement du temps.
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Monsieur le Président, cette dernière semaine, j'ai suivi, comme mes concitoyens, les événements qui se sont déroulés en Égypte. Je suis profondément attristé par les pertes de vie qui sont survenues durant les manifestations. Nous condamnons avec vigueur tous les actes de violence qui ont transformé des manifestations pacifiques en des flambées de violence dans les rues. Il faut mettre un terme à cette situation. Toutes les parties doivent adopter la non-violence.
Plus tôt ce soir, j'ai parlé au téléphone avec un ami qui est récemment rentré d'un voyage en Égypte. Il a parlé en termes très chaleureux de son expérience là-bas: la chaleur, l'hospitalité et la cordialité des Égyptiens, la priorité accordée à la famille, malgré les temps durs qu'ils connaissent, non seulement en ce qui concerne l'agitation actuelle, mais aussi la période économique difficile qu'ils traversent. Il a ajouté qu'un pourcentage important du PNB de l'Égypte repose sur l'industrie touristique. Évidemment, ces événements auront un impact très négatif sur cette industrie, ce qui sera une lourde perte pour l'Égypte. Il faudra bien des mois, voire des années, avant de pouvoir récupérer cette perte.
Comme le savent les députés, la sécurité des Canadiens est la priorité numéro un de notre gouvernement. En fait, plus tôt au cours de la soirée, la a donné de très bons conseils qui méritent d'être répétés et dont les Canadiens doivent être au courant, avant et pendant leur voyage, pour que nous puissions réduire au minimum tout impact négatif.
Chaque jour, le ministère des Affaires étrangères reçoit deux demandes d'aide par minute à l'un des nombreux points de service. En 2010, plus de 1,1 million de Canadiens à l'étranger ont reçu une certaine forme d'aide. Ces cinq dernières années, la demande pour les services consulaires a augmenté de 32 p. 100, chose que notre gouvernement a d'ailleurs reconnue dans le budget de 2008. Nous avons accordé un financement accru pour répondre à la demande et sensibiliser un plus grand nombre de Canadiens, veillant ainsi à ce qu'ils soient bien préparés avant de quitter le Canada.
Ces fonds ont permis de renforcer la fonction consulaire à l'administration centrale afin d'appuyer les agents sur le terrain, de mettre sur pied un nouveau centre de surveillance et d'intervention d'urgence, ainsi que de procéder à la récente nomination de la . Voilà autant de mesures qui montrent que le gouvernement est déterminé à étendre ce service d'importance cruciale.
Les services consulaires prennent diverses formes, mais il y en a essentiellement deux catégories: d'une part, bien sûr, les services de prévention et d'information et, d'autre part, les services d'aide. Le ministère des Affaires étrangères s'efforce de donner des renseignements et des conseils aux citoyens pour qu'ils soient bien préparés à leur séjour à l'étranger et qu'ils y soient en sécurité. De plus, il aide les Canadiens à l'étranger à faire face aux difficultés et aux situations d'urgence auxquelles ils sont confrontés.
Les conseils du gouvernement du Canada et les renseignements qu'il donne sur les voyages à l'étranger se trouvent sur le site voyage.gc.ca. La première chose que devraient faire les Canadiens avant de préparer leur séjour à l'étranger, c'est de consulter ce site. On le consulte d'ailleurs plus de 12 000 fois par jour. Il offre entre autres des conseils aux voyageurs sur plus de 200 pays; il fait le point sur la sécurité dans les pays étrangers; on y publie les avertissements officiels quant aux pays ou aux régions à éviter; on y trouve également les coordonnées des bureaux du gouvernement du Canada à l'étranger.
Dans ce site, les Canadiens peuvent également signaler leur présence à l'étranger en se servant du système Inscription des Canadiens à l'étranger. Les données fournies permettent au gouvernement du Canada de communiquer avec les Canadiens à l'étranger lorsque survient une situation d'urgence. Le ministère des Affaires étrangères offre également des outils et des fiches d'information sur la façon de voyager de façon responsable et sécuritaire.
Le gouvernement a réagi promptement à la situation instable qui sévit en Égypte. Jusqu'à présent, il a aidé plus de 375 Canadiens à quitter l'Égypte. Moins de 24 heures après que le gouvernement du Canada ait recommandé d'évacuer le pays, un premier avion rempli de Canadiens est atterri en Europe. Nous continuerons de faciliter l'évacuation jusqu'à ce que tous les Canadiens qui souhaitent quitter l'Égypte puissent le faire. Le ministre des Affaires étrangères de l'Égypte, Ahmed Gheit, a confirmé à son homologue du Canada, le , qu'on nous permettra de prendre ces mesures.
Pour l'heure, nous avons déployé cinq avions nolisés pour évacuer les Canadiens qui souhaitent quitter l'Égypte. Nous en affréterons d'autres. En outre, nous avons travaillé étroitement avec nos amis et alliés pour coopérer et mettre nos efforts en commun. Nous continuerons à collaborer avec eux pour rapatrier nos ressortissants.
Bien que la situation sur le terrain pose des difficultés d'ordre logistique, notre gouvernement intervient rapidement pour veiller à ce que des ressources suffisantes soient en place pour venir en aide aux Canadiens. Le a déployé du personnel additionnel au Caire et à Francfort pour appuyer les efforts du personnel déjà sur place.
Par ailleurs, notre gouvernement comprend les difficultés auxquelles sont confrontés les amis et les familles des Canadiens qui sont actuellement en Égypte. Nous comprenons leurs préoccupations et leur désir d'avoir accès aux renseignements et aux avis les plus récents. Nous avons affecté des ressources supplémentaires à notre centre des opérations d'urgence 24 heures sur 24 pour recevoir plus d'appels de Canadiens qui cherchent à obtenir de l'aide.
Le centre des opérations d'urgence a déjà répondu à plus de 14 000 appels. Il a également tenté de joindre ceux qui s'étaient inscrits au registre des Canadiens à l'étranger. Nous surveillons constamment le volume des opérations et affecterons les ressources nécessaires pour répondre à la demande. J'ajouterai que nous ne pourrons jamais insister suffisamment auprès des Canadiens pour qu'ils s'inscrivent à nos ambassades lorsqu'ils se rendent à l'étranger, surtout dans le cas des gens qui vont au Caire ces temps-ci.
Les missions canadiennes de partout dans le monde ont offert leur soutien pour répondre aux appels et résoudre des questions d'ordre logistique. Nous avons prévu des lignes téléphoniques supplémentaires. Une équipe dévouée de fonctionnaires consulaires se tient prête à aider, 24 heures sur 24, 7 jours par semaine.
Les Canadiens sont les mieux placés pour gérer leur propre sécurité lorsqu'ils se retrouvent dans le pétrin, mais nous sommes là pour les aider. Nous conseillons aux Canadiens de prendre toutes les précautions qui s'imposent avant de voyager à l'étranger, de se tenir informés de l'actualité qui touche le pays de destination et d'être vigilants lorsqu'ils voyagent. Je peux assurer à mes collègues que, lorsque des Canadiens ont besoin d'aide à l'étranger, le gouvernement répond à leur appel.
Je veux prendre un peu du temps qui me reste pour préciser que, pendant la crise qui a secoué Haïti, j'ai pu garder le contact avec mon personnel et les agents consulaires. J'ai été très heureux, en tant que député, de constater la diligence et le dévouement de ces fonctionnaires, de même que le travail inlassable qu'ils ont abattu et la compassion qu'ils manifestaient aux Canadiens qui se trouvaient en Haïti et qui avaient besoin d'aide. Les députés se rappelleront que la toute première victime canadienne du tremblement de terre en Haïti venait de ma région. J'ai donc été directement interpellé par cette tragédie.
Je profite de l'occasion pour souligner les excellents services que les fonctionnaires consulaires offrent aux Canadiens qui voyagent ou travaillent à l'étranger.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd’hui pour participer à ce débat d’urgence sur la crise actuelle en Égypte.
Je condamne également les récentes flambées de violence et j’offre mes condoléances aux familles des victimes. Je prie également pour la paix et la stabilité. Je vais partager mon temps de parole avec le député d’.
Voici une bonne occasion, non seulement pour un pays, mais aussi pour une région entière, une occasion sans précédent. En même temps, dans les circonstances, le risque est énorme et l’incertitude est grande. La paix doit être prioritaire pour tous. L’Égypte doit continuer de jouer son rôle de chef de file dans le processus de paix au Moyen-Orient.
Depuis que le président Moubarak a annoncé qu’il ne se représenterait pas aux élections, le Canada a réitéré son appui au peuple égyptien au moment où il va se ranger derrière un nouveau gouvernement et s’engager vers un avenir prometteur.
Au moment où l’Égypte entreprend sa transition vers un nouveau gouvernement et un nouveau régime, nous encourageons toutes les parties à unir leurs efforts pour assurer son passage harmonieux vers une société libre et dynamique au sein de laquelle les Égyptiens pourront jouir des droits et des libertés dont nous jouissons au Canada, à l’abri de la violence, de l’instabilité et de l’extrémisme.
Le Canada doit appuyer de tout son poids une transition ouverte vers des valeurs et une gouvernance démocratiques en Égypte. Le gouvernement égyptien doit se plier immédiatement aux exigences de la population. La liberté d’expression et de réunion, des élections libres et justes et la fin de la persécution des minorités religieuses sont essentielles en l’occurrence. Il ne s’agit pas seulement de changements économiques et sociaux. Il doit y avoir un changement fondamental dans la façon de gouverner, il doit y avoir des élections qui se déroulent selon les règles et de nouvelles mesures doivent être prises pour promouvoir les valeurs démocratiques et le respect des droits humains.
Le Canada doit également promouvoir avec fermeté le droit de la population à manifester pacifiquement. Nous demandons donc au gouvernement égyptien de renverser ses mesures de répression des manifestations. Il doit notamment rétablir les médias sociaux et les services de téléphonie cellulaire.
Nous respectons le soutien de longue date manifesté par le gouvernement égyptien au processus de paix au Moyen-Orient, son soutien à la lutte contre le terrorisme et son opposition à la menace iranienne. Cependant, nous n’appuierons pas l’usage de la force contre l'expression légitime de la dissidence ni le recours aux moyens extrajudiciaires contre la population.
Nous sommes encouragés par le fait que l’armée se soit engagée à ne pas faire usage de la force contre la population.
À l’heure actuelle, nous n’avons pas tous les détails, mais certains sont préoccupés par la possibilité que le gouvernement contribue à attiser les affrontements. Si cela est vrai, il doit immédiatement mettre fin à ces agissements et commencer à faire sa part pour contrôler la violence.
Les Égyptiens détermineront eux-mêmes la tournure que prendront ces événements historiques. Toutefois, comme l'ensemble des partis, des gouvernements et des acteurs, nous craignons que ces changements donnent naissance à un gouvernement qui, en tout ou en partie, ne serait pas favorable au maintien de la paix dans la région ou qui pourrait souhaiter abroger l'accord de paix historique qui existe depuis longtemps entre l'Égypte et Israël.
L'Égypte est la clé de voûte de la paix au Moyen-Orient, et tous les gouvernements et partis devraient accorder la priorité absolue au maintien de la paix afin d'assurer le bien-être de tous les citoyens de cette région.
J'aimerais maintenant parler des droits et des libertés des membres de ma communauté, droits qui ont été abolis en Égypte, et de la vigilance que nous, en tant que Canadiens, devons faire preuve pour faire respecter les droits des minorités. J'ai l'honneur de compter dans ma circonscription, Mississauga—Streetsville, l'une des plus importantes — en fait, la troisième en importance — communautés égyptiennes du Canada. Il s'agit surtout de chrétiens coptes, qui représentent le plus important groupe religieux minoritaire d'Égypte. Les coptes sont les habitants chrétiens d'Égypte, un groupe ethno-religieux important dans ce pays.
Du IVe au VIe siècle, le christianisme fut la religion de la majorité en Égypte romaine jusqu'à la conquête musulmane et, à ce jour, c'est toujours la religion d'une minorité appréciable de la population. En Égypte, les coptes représentent la communauté chrétienne la plus importante du Moyen-Orient, ainsi que la minorité religieuse la plus importante de la région, comptant pour quelque 10 p. 100 de la population égyptienne. Certains responsables estiment que ces chrétiens représentent de 5 à 10 p. 100 d'une population qui s'élève à plus de 83 millions d'Égyptiens.
Selon les membres de la diaspora canadienne, il y aurait de 250 000 à 400 000 chrétiens coptes au Canada.
La plupart des coptes adhèrent à l'Église orthodoxe copte d'Alexandrie.
J'ai eu le plaisir d'assister à une messe à l'église de la Vierge Marie et de Saint-Athanase et d'être bénie par Sa Sainteté le Pape Shenouda, ce qui fut l'une des expériences les plus émouvantes de ma vie.
En tant que minorité religieuse, les coptes font l'objet d'une intense discrimination dans la société égyptienne moderne et sont la cible d'attaques de la part de groupes de militants islamistes extrémistes.
Un grand nombre de membres de la communauté copte ont exprimé de la frustration, de la colère, de la stupéfaction et de l’horreur devant la persécution croissante exercée contre les coptes pour des motifs religieux. La communauté copte a été la cible de crimes haineux et d’agressions physiques. Des membres du Congrès américain ont exprimé leurs préoccupations concernant la traite de femmes et de filles coptes, qui sont victimes d’enlèvements et d’exploitation sexuelle, ou forcées de se convertir à l’Islam et d’épouser des musulmans.
À Noël dernier, nous avons vu un massacre à Nag Hammadi, lors duquel sept personnes ont été tuées et un grand nombre ont été blessées. Il y a à peine quelques semaines, la nuit de Noël, à Alexandrie, 21 coptes ont été tués et 79 blessés. Compte tenu de cette intolérance religieuse grandissante et de la violence sectaire flagrante à l’endroit des coptes, au cours des dernières années, nous sommes inquiets pour les coptes et nous trouvons préoccupante l’incapacité du gouvernement égyptien de mener des enquêtes efficaces et de poursuivre les responsables.
La liberté de religion et la protection des minorités sont des droits importants dans une société démocratique. Ce sont des valeurs qui sont chères aux Canadiens. Pourtant, ces droits sont refusés aux coptes.
Dans une déclaration de la communauté copte publiée récemment, les coptes ont dit préférer l’autorité du président Moubarak à celle d’un inconnu. Ils craignent que les Frères musulmans, un groupe de fondamentalistes musulmans, comblent le vide qui serait laissé, ce qui représenterait une option très inquiétante et beaucoup moins stable. Il est important, comme l’a déclaré Hillary Clinton, que la transition vers une Égypte politiquement ouverte se fasse dans l’ordre.
Le président Obama a déclaré que le programme d’aide à l’Égypte de 1,5 milliard de dollars serait revu si les protestataires pacifiques étaient traités sévèrement et il a conseillé vivement au président Moubarak de prendre des mesures concrètes pour instaurer les réformes politique et économique nécessaires. Jusqu’à maintenant, le président Moubarak a promis de ne pas se présenter aux prochaines élections, prévues pour septembre prochain.
Les priorités des Canadiens doivent être claires. D’abord, nous devons veiller à la sécurité de nos citoyens qui se trouvent en Égypte et qui demeurent confrontés à une situation instable et dangereuse. Le gouvernement doit offrir plus de services consulaires pour leur venir en aide et évacuer ceux qui désirent revenir au Canada. La sécurité de tous les Égyptiens doit également être une priorité absolue.
Le peuple égyptien vit un moment important. Le pays traverse une crise inquiétante, mais l’heure est aussi à l’espoir et aux possibilités. Nous prions pour le retour de la paix, de la stabilité et de la sécurité ainsi que pour une transition ouverte vers la démocratie et une réforme.
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Monsieur le Président, j'aimerais aborder la question du point de vue de l'Association parlementaire Canada-Afrique. À titre de coprésident de l'association, j'ai eu l'occasion, au cours des dernières années, d'apprendre beaucoup de choses sur l'Afrique, notamment sur le pays dont il est question ce soir, l'Égypte, et sur le rôle qu'il joue actuellement dans le Nord-Est de l'Afrique ainsi que celui qu'il a joué par exemple en appuyant le Parlement panafricain et le NEPAD.
Voilà essentiellement ce qui se passe en Égypte et dans d'autres pays africains, que ce soit la Tunisie, l'Algérie et même la Côte d'Ivoire. Il est essentiellement question de la démocratie et de la volonté du peuple. Les changements que rapportent les médias découlent en partie du prix des aliments, comme on l'a vu en Algérie et en Tunisie, du fait que des millions de gens se rendent compte que leur niveau de vie n'est pas celui qu'il devrait être, et des intolérables inégalités qui sont présentes, que ce soit entre les pays africains et les pays d'Europe et d'Amérique du Nord, ou encore à l'intérieur même des pays. Comme nous l'avons appris ce soir, le niveau de vie n'est pas le même pour tous les Égyptiens. La majorité des gens ne vivent hélas qu'avec quelques dollars par jour.
Nous voyons cela se produire maintenant. Comme je l'ai dit, les médias traditionnels, soit la télévision, la presse écrite et la radio, en ont parlé, mais l'information a circulé en bonne partie grâce aux médias sociaux, en raison de la soif de gens de savoir et d'être informés. Les gens veulent être au courant de ce qui se passe et veulent pouvoir agir sur leur environnement de manière à améliorer leurs conditions de vie. C'est en somme l'essence même de la démocratie.
L'Association parlementaire Canada-Afrique a eu l'occasion de visiter l'Égypte en mars 2007, en particulier Le Caire. Malgré l'odeur de fin de régime qui y régnait, puisque le président, qui est encore en fonction aujourd'hui, était malade à l'époque. On se demandait s'il allait se représenter ou non. Des élections venaient d'avoir lieu au mois de novembre précédent, et 88 membres des Frères musulmans y avaient été élus. Certains étaient d'avis que ce nombre aurait dû être encore plus élevé, et il y avait beaucoup de questionnements à propos de la méthode électorale. On n'autorisa pas la présence d'observateurs étrangers. Comme nous le savons, aux élections de l'automne dernier, seuls quelques représentants des Frères musulmans ont été élus. Encore une fois, il y a eu beaucoup de questionnements quant au déroulement des élections. Nous voyons qu'un certain nombre de facteurs entrent en ligne de compte. Et, de surcroît, les événements qui se passent dans les pays voisins agissent comme catalyseurs.
J'aimerais en outre vous parler d'une discussion que nous avons eue à l'époque avec M. Hisham Kassem. Pendant sept ans, il a écrit dans le Cairo Times et il a fondé le premier quotidien vraiment indépendant d'Égypte. Notre délégation a pu s'entretenir pendant une heure avec lui, mais nous n'avons pu raconter par la suite tout ce qui s'était dit au cours de cette rencontre, de peur de le mettre dans l'embarras. Ce fut une discussion vraiment éclairante en ce qui a trait à l'évolution de la démocratie dans ce pays. Il nous fut possible de voir comment le régime fonctionnait et comment on lui permettait essentiellement de diffuser de l'information de façon indépendante. Cet entretien nous a grandement ouvert les yeux sur la situation. C'est pourquoi je ne suis pas tellement surpris de ce qui se passe actuellement.
Je voudrais que nous revenions quelques jours en arrière, toutefois, pour parler de certains événements qui se sont produits ailleurs et qui, selon moi, ont eu une incidence.
[Français]
Je parle naturellement des événements en Tunisie. En quelques jours seulement, on a vu la fin du régime de Ben Ali, qui a été là pendant 27 ans. Sa population, qui est probablement un peu plus à l'aise que celle de l'Égypte, a néanmoins voulu un changement. Cette société s'est imposée et a effectivement réussi à faire fuir M. Ben Ali et s'assure maintenant d'un changement de régime. Espérons que cela se fera dans le respect et dans la paix, et qu'il en résultera un régime qui sera à la satisfaction de la majorité des gens.
N'oublions pas non plus les événements en Algérie. Là aussi, il y a eu des émeutes à cause du prix des denrées, à tel point que le gouvernement a dû agir rapidement et réduire ce prix. On peut donc voir la sensibilité qui existe un peu partout dans le nord du continent africain.
J'aimerais aussi mentionner un autre pays: la Côte d'Ivoire. En tant qu'association, nous venons tout juste de visiter des pays de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest, la CEDEAO, qui inclut la Côte d'Ivoire, pays que nous n'avons pas visité. En novembre dernier, il y a eu des élections en Côte d'Ivoire, et M. Ouattara a été déclaré élu par tous les observateurs, que ce soit la Mission d'observation électorale de l'Union européenne, les Nations Unies ou l'Union africaine de l'ouest de l'Afrique elle-même. Tous se sont entendus pour dire que M. Ouattara avait bel et bien été élu et que M. Gbagbo devait quitter son poste. Par contre, M. Gbagbo s'accroche au pouvoir. Pendant notre visite au Nigeria, au Ghana et au Togo, il y a une dizaine de jours, c'était vraiment la discussion d'actualité, même si des choses se passaient au même moment en Tunisie, comme je l'ai mentionné.
Je suis très fier du fait que 13 des 15 pays de la CEDEAO se soient réunis et qu'ils aient appuyé unanimement la nécessité de respecter les résultats électoraux, que M. Ouattara soit déclaré président et qu'il prenne le contrôle. Ils sont allés jusqu'à dire qu'en dernière instance, s'il le fallait, on utiliserait la force pour faire respecter les résultats électoraux. C'est très important parce que cette année, en Afrique, il y aura 17 élections. Si la démocratie devait reculer incroyablement, comme on pourrait le voir en Côte d'Ivoire si M. Ouattara n'était pas assermenté en tant que président, on pourrait imaginer que la démocratie en prendrait pour son rhume ailleurs en Afrique également.
Compte tenu de tout cela, je crois qu'on assiste à une situation très intéressante partout en Afrique. La démocratie tend à s'y enraciner et à vouloir y faire de grandes avancées. De notre côté, comme parlementaires, comme Canadiens et comme membres de la grande famille internationale, nous avons un rôle à jouer. Premièrement, nous serons obligés d'envisager sérieusement d'accepter les résultats d'élections libres et équitables, free and fair elections, comme on le dit si bien. Lorsqu'il y aura des élections libres et équitables, même si les résultats ne sont peut-être pas ceux qu'on veut, il faudra apprendre à les accepter quand même, parce que c'est cela la démocratie. On a vu d'autres instances où on a hésité à accepter des résultats, et même où on ne les a pas acceptés, et cela nous place présentement dans une situation assez délicate.
Il faudra aussi apprendre à soutenir ces pays par notre parler franc, par une présence active, soit en maintien de la paix, soit en développement international, et certainement en participant aux élections ou aux missions d'observation électorale. C'est une expertise du Canada. Élections Canada est un organisme très bien coté, très respecté et très bien vu de par le monde. Si on fait appel à notre aide, j'ose espérer que nous serons aptes à répondre à l'appel.
Si on faisait cela, si on participait à l'évolution démocratique positive de l'Égypte, de la Tunisie, de l'Algérie, de la Côte d'Ivoire et de tout autre pays qui bougerait dans cette direction, selon la volonté de leur population clairement exprimée, de façon équitable et libre, tous en bénéficieraient. La grande famille internationale des pays libres et démocratiques ne pourrait que s'en porter mieux, tout comme la race humaine également.
C'est le message que je voulais porter ce soir. Tout comme mes collègues, je souhaite que tous ceux et celles qui demeurent dans nos circonscriptions respectives et qui sont d'origine égyptienne s'assurent que les leurs qui sont toujours en Égypte sont bien traités et en sécurité. Nous devons faire tout ce que nous pouvons pour les aider, cela va de soi.
Je remercie la présidence d'avoir accordé aux parlementaires ce soir l'occasion d'exprimer ces voeux et ces pensées.
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Madame la Présidente, je suis heureux de me joindre à mes collègues pour participer au débat sur cette question d'une grande importance. Je suis content de voir le député de , qui a prononcé le discours d'ouverture de ce débat, et je le remercie de son assiduité.
Plusieurs députés ont parlé de la crise en Égypte et des ouvertures qui pourraient en résulter. En mai 2009, j'ai fait une visite officielle en Égypte. J'ai rencontré des ministres de premier plan du gouvernement Moubarak, des dirigeants de la société civile et des dirigeants religieux, notamment feu le cheikh Tantawi, le plus important dirigeant religieux sunnite en Égypte, et Sa Sainteté le pape Shenouda III. Mon voyage m'a d'ailleurs amené dans plusieurs régions du Moyen-Orient.
À titre de ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration, je puis affirmer que de nombreux Égyptiens continuent à immigrer au Canada, comme ils le font depuis plus d'un siècle. Nous sommes chanceux d'avoir plus de 100 000 Canadiens d'origine égyptienne, lesquels reflètent la diversité de leur pays d'origine.
Je sais que certains Canadiens d'origine égyptienne regardent ce débat qui a lieu ce soir au Canada et, plus particulièrement, l'évolution de la situation dans leur pays d'origine, avec beaucoup d'intérêt, certains avec beaucoup d'optimisme et d'autres avec beaucoup d'inquiétude.
Nous aimerions assurer à ces Canadiens, en fait à tous les Canadiens, que tous les ministères concernés du gouvernement du Canada prennent toutes les mesures nécessaires pour fournir les services appropriés aux citoyens canadiens ou aux résidents permanents qui se trouvent actuellement en Égypte. Mes collègues du ministère des Affaires étrangères ont déjà parlé des efforts que nous conjuguons pour faciliter l'évacuation d'Égypte des Canadiens qui cherchent à quitter le pays durant cette période d'instabilité relative.
Mon ministère a joué un rôle important dans ces efforts continus d'évacuation et dans l'organisation des affaires consulaires. En effet, il nous importe d'établir si les personnes qui cherchent à revenir au Canada, avec notre aide ou par leurs propres moyens, sont réellement des citoyens canadiens ou des résidents permanents. C'est pourquoi nous avons relocalisé au Caire plusieurs employés des bureaux de Citoyenneté et Immigration Canada qui sont déployés dans des pays voisins au Moyen-Orient.
Parallèlement, à cause de l'instabilité qui règne au Caire même, notamment dans le centre du secteur gouvernemental, où est située la chancellerie canadienne, où mon bon ami de s'est très certainement rendu lors de son récent passage en Égypte, nous avons dû suspendre un certain nombre d'activités consulaires depuis le 27 janvier afin d'exposer le moins possible les employés recrutés sur place. Environ 80 p. 100 des employés qui travaillent au bureau de CIC ont été recrutés sur place, et j'ai tous pu les rencontrer quand j'y suis allé, il y a 18 mois. Ils servent tous le Canada de manière très loyale, et nous espérons sincèrement que tout ira pour le mieux pour eux. Par contre, pour le moment, nous ne prévoyons pas réussir à offrir les services habituels liés aux visas et aux demandes de résidence permanente.
Dès que la situation se sera stabilisée et que nous pourrons reprendre le travail, nous ferons tout ce que nous pourrons pour répondre aux demandes urgentes qui découleront de la situation actuelle.
Nous espérons tous que l'instabilité relative que nous connaissons ne dégénérera pas en violence ou en conflit plus graves. Nous espérons tous que les aspirations démocratiques légitimes du peuple égyptien, qui, comme tous les peuples de la planète, rêve d'autonomie gouvernementale, de respect de la dignité humaine et de liberté de conscience et de religion, serviront d'assises à la formation d'un gouvernement égyptien stable et respectueux des grandes valeurs humaines.
Je tiens à souligner l'importance que revêt la situation des minorités d'Égypte et l'inquiétude toute particulière que je me fais pour elles.
[Français]
Nous savons que l'Égypte n'est pas un pays homogène. C'est un pays de diversité, avec des traditions religieuses et ethniques qui datent de plusieurs siècles et même davantage. Par exemple, la communauté chrétienne d'Égypte remonte au début du premier siècle.
Récemment, on a vu des crimes et des attentats terroristes ciblant particulièrement la communauté copte orthodoxe, qui sont motivés et inspirés par un certain extrémisme, un extrémisme soi-disant salafiste ou par une forme d'islamisme qui s'appelle le wahhabisme.
Cela nous inquiète évidemment parce que, dans une situation d'instabilité et de manque de sécurité, nous voulons nous assurer que les droits et la sécurité des gens vulnérables, particulièrement ceux des minorités vulnérables, sont protégés.
[Traduction]
Je tiens en fait à exprimer l'espoir que nous avons — et qu'ont aussi, j'en suis convaincu, la vaste majorité des Égyptiens — que ces minorités vulnérables ne soient pas victimes de violence, de harcèlement ni de persécution. Car soyons honnêtes: certaines minorités d'Égypte, dont les coptes orthodoxes, ont déjà fait l'objet de pressions avant aujourd'hui. Ils ont été considérés comme des citoyens de deuxième ordre. Ils ont, au quotidien, fait l'objet d'une certaine discrimination, plus ou moins intense, de la part de la société civile, notamment — j'aurais tendance à le croire — à cause de politiques que l'on pourrait associer à de la persécution de la part de certains organes du pouvoir.
Car derrière tout ça, nous sentons la présence d'un mouvement somme toute peu répandu mais potentiellement dangereux. Je veux parler des islamistes salafistes, qui détestent ceux qu'ils condamnent pour leurs convictions religieuses au point de vouloir leur mort, comme nous l'avons vu le 31 décembre à Alexandrie, où 23 civils innocents, si ma mémoire est bonne, ont été tués dans un attentat suicide. Même chose l'année précédente, lorsque six civils innocents de Nag Hammadi ont péri la veille de la Noël copte. Ces deux incidents ont été précédés, dix ans plus tôt, par le terrible massacre d'El-Kosheh.
Une des choses qui m'inquiètent, c'est que, dans aucun de ces incidents, on n'a réussi à faire condamner les responsables. À cause de cela, les communautés vulnérables en viennent à penser que, dans ce pays, le système de justice manque de fermeté à l'endroit des extrémistes, peut-être parce que certains d'entre eux jouissent d'un appui politique à grande échelle. À mon avis, les Frères musulmans sont l'incarnation de cet appui politique.
Je sais que la couverture médiatique et certains débats tenus dans des pays démocratiques libéraux de l'Occident sont empreints de beaucoup d'enthousiasme et d'un sentiment presque euphorique face à l'esprit démocratique qui se manifeste dans les rues d'Égypte. Dans une certaine mesure, je partage ces sentiments. Nous espérons tous que cette énergie sera canalisée vers des objectifs très positifs; toutefois, ne soyons pas naïfs. N'oublions pas que certains de ces acteurs sont associés à l'organisation politique des Frères musulmans, dont l'un des fondateurs, Ayman Al-Zawahiri, est le lieutenant du cheik Oussama ben Laden, le chef du réseau international Al-Qaïda. C'est un enjeu très sérieux pour notre propre sécurité, ainsi que pour celle du Moyen-Orient. C'est une question qui touche tout particulièrement les gens des minorités religieuses qui, aux yeux de ces extrémistes islamistes salafistes, sont des mécréants et des infidèles, qui ne jouissent pas du caractère sacré de la vie humaine. Ils sont plutôt perçus comme des gens contre qui l'on peut, en toute légitimité, commettre des actes de violence et, en fait, que l'on peut assassiner.
C'est une mise en garde que je fais. Je crois que c'est pour cette raison que nous avons entendu le dire que le gouvernement espère que la situation évoluera vers l'instauration d'une forme de gouvernement démocratique qui reflète pleinement les aspirations du peuple égyptien et que cela se fera dans le respect des droits de ces minorités. Soyons clairs. Peut-être est-ce si évident qu'il est inutile de le souligner, mais il faut quand même le dire: la démocratie ne se résume pas à un système soumis à la règle de la majorité. La tyrannie exercée par la majorité sur les minorités vulnérables ne constitue pas du tout un régime démocratique. La démocratie est plutôt un régime de gouvernement fondé sur le principe de la dignité inviolable de l'être humain. Et c'est de cette dignité que découle le droit d'un peuple de se gouverner par des moyens démocratiques.
Dès lors qu'une majorité bafoue des droits fondamentaux tels que la liberté de conscience, la liberté de religion ou, bien entendu, le droit inaliénable qu'est le droit à la vie, comme ce fut le cas pour certaines minorités religieuses en Égypte, on peut dire que la loi de la majorité n'est plus la démocratie, ou du moins, que c'est une démocratie bafouée.
Soyons prudents. Soyons prudents afin de nous assurer que nous utilisons les bons offices du Canada, de l'Occident démocratique de façon plus générale, pour travailler de concert avec quelque institution issue de la société civile que ce soit en Égypte et avec les partis d'opposition légitimes dans ce pays dans le but d'établir un ordre constitutionnel démocratique dans lequel la violation des droits des minorités religieuses en général et, je dirais, de la plus vulnérable en Égypte en particulier, la communauté copte orthodoxe, ne serait pas tolérée.
J'ai rencontré le pape Shenouda au Canada et au Caire. J'ai discuté de ces questions avec lui et d'autres dirigeants, à la fois laïques et cléricaux, de sa communauté. Ils ressentent naturellement beaucoup d'anxiété et de pression à cause de certaines choses qui se produisent actuellement en Égypte, par exemple les activités des Frères musulmans. Soyons bien clairs. Les Frères musulmans ont affirmé qu'ils avaient renoncé à la violence et qu'ils étaient prêts à participer à la vie démocratique. Nous savons cependant que ces affirmations ne reflètent pas les racines historiques, idéologiques ou théologiques de ce mouvement. Nous ne pouvons pas nier qu'il y existe un lien entre les idées fondamentales des Frères musulmans et l'inspiration qu'en tirent certaines personnes pour commettre des actes de violence. C'est une grande source d'inquiétude.
Le Canada ou les Canadiens ne peuvent évidemment pas dicter les choix des Égyptiens lorsqu'ils, nous l'espérons, exercent leur droit à l'autonomie gouvernementale. Toutefois, nous avons un rôle à jouer, et nous avons joué un rôle. Le Canada a appuyé beaucoup de projets en Égypte visant à bâtir des institutions de la société civile qui sont stables.
Quand j'étais en Égypte, j'ai annoncé au nom de la un certain nombre de projets visant à aider certains jeunes entrepreneurs, hommes et femmes, à développer des marchés extérieurs. C'est un exemple parmi tant d'autres.
De la même façon, nous avons tenté de promouvoir le dialogue respectueux entre les communautés musulmane et copte et différentes factions de ces deux communautés au sein de la société civile. Nous n'avons en outre pas cessé de demander au gouvernement égyptien de respecter et de protéger les droits des communautés vulnérables, et notamment des communautés religieuses. Nous continuerons à le faire, quelle que soit la personne qui sera élue à la présidence de l'Égypte. En tant que gouvernement, nous continuerons d'accorder la priorité à la protection des droits des minorités vulnérables, et pas seulement en Égypte, mais dans toute la région.
N'ayons pas peur de le reconnaître: ceux qui ont fait sauté une bombe dans l'église des Saints à Alexandrie, la veille du jour de l'An 2010, ceux qui ont abattu des civils innocents qui sortaient d'une église à Nag Hammadi la veille de Noël 2010, ceux qui ont pris pour cibles des civils à El-Kosheh et ceux qui commettent isolément des actes similaires en Égypte ont en commun une idéologie haineuse, extrême, dangereuse, violente et déstabilisante qu'on observe dans d'autres pays de cette région. Il s'agit d'un des défis les plus formidables que nous ayons à relever dans le monde aujourd'hui. Que faire, en tant que pays, pour mieux représenter les sans voix et les vulnérables?
La semaine prochaine, par exemple, j'accueillerai à Ottawa M. Shahbaz Bhatti, le ministre pour les communautés minoritaires du gouvernement pakistanais: c'est le premier chrétien à faire partie du gouvernement au Pakistan.
Il a été témoin de l'agression, du meurtre, de la torture et de la persécution de membres de communautés vulnérables dans son pays, qu'il s'agisse de musulmans ahmadis, de sikhs, d'hindous, de chrétiens, de catholiques ou de protestants. Ceux-ci ont été attaqués par des gens nourris par la même haine que ceux qui ont commis des actes semblables en Égypte.
Je me soucie du fait que ces gens-là rôdent dans les rues du Caire et d'Alexandrie en ce moment même. Il est à espérer que les forces démocratiques émergentes, avant toute autre chose, empêcheront les gens qui toléreraient ou justifieraient de telles attitudes de participer au gouvernement.
De façon plus générale, à la lumière de la situation stratégique globale dans la région, je dirais que j'espère qu'un futur gouvernement égyptien comprendrait qu'il a tout intérêt à cohabiter pacifiquement avec l'État juif d'Israël. Il n'est pas dans l'intérêt du peuple égyptien, quel que soit son gouvernement, de repartir en guerre et de plonger une fois de plus l'Égypte dans l'incertitude, l'instabilité et la violence qui a caractérisé sa relation avec Israël de 1949 à 1976.
J'ai bien peur que la présence des Frères musulmans dans un futur gouvernent égyptien aurait un effet déstabilisant. Il ne fait aucun doute que cette organisation partage certains des mêmes idéaux que d'autres organisations comme le Parti de Dieu, le Hezbollah au Liban, qui fait maintenant partie intégrante, malheureusement, du gouvernement de ce pays, et comme le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, qui borde l'Égypte.
Étant donné l'influence croissance de la politique du rejet et de l'extrémisme du Hamas sur le Hezbollah, étant donné l'instabilité de la République islamique d'Iran, nous espérons bien que les Égyptiens feront le bon choix dans les jours et les mois à venir, qu'ils choisiront la dignité d'une grande civilisation ancienne et qu'ils repousseront ceux qui attireraient le pays dans le gouffre de la violence et de l'extrémisme.
Je me joins à tous mes collègues qui espèrent que cette situation se soldera de la meilleure façon possible, et je m'engage à faire tout ce que je peux au Parlement et au gouvernement pour offrir l'aide du Canada en ce sens.
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Madame la Présidente, comme toujours, l'intervention du ministre était réfléchie et animée, et elle exprimait très clairement un point de vue profond qui, à bien des égards, est très largement partagé par les députés et l'ensemble de nos concitoyens.
Ma question s'inscrira dans la continuité de celles que j'ai déjà posées à d'autres députés ministériels.
Je trouve intéressant que le gouvernement ait défini une priorité claire en matière de politique étrangère canadienne. Le a déclaré très clairement que la promotion de la démocratie et des droits de la personne était une priorité pour le Canada, et ce, dans le monde entier et, plus particulièrement, à l'heure actuelle, au Moyen-Orient. C'est aussi ce qu'ont affirmé le et le président du Comité des affaires étrangères.
Je plaide ma cause auprès du ministre. Je connais un peu ce dossier. Quand on examine la façon dont les investissements sont faits par l'entremise du MAECI et de l'ACDI, on se rend compte que la plus grande lacune se situe actuellement dans le domaine de la gouvernance et de la promotion de la démocratie.
Je vais donner un exemple on ne peut plus concret au ministre. Dans mon ancienne vie, j'ai pris part à une série d'initiatives en Irak, où le Forum des fédérations aidait l'assemblée nationale irakienne à s'occuper de sa constitution, à comprendre les rouages du fédéralisme et, plus généralement, à améliorer le système de gouvernance irakien.
Le financement destiné à tous les projets sur la gouvernance en Irak a été coupé. Pas nécessairement pour des raisons idéologiques, mais il a été coupé quand même. Je ne parle pas non plus d'ingérence politique. Le financement a été coupé parce qu'une décision bureaucratique a été prise, et que cette décision faisait que la gouvernance n'était plus une priorité. L'ACDI ne s'occupait plus de gouvernance.
Mon collègue de London pourrait vous raconter qu'il a vécu la même chose au Soudan. Là-bas, ceux qui travaillent dans le Sud du pays nous supplient de les aider à améliorer la gouvernance du pays. C'est loin d'être évident. Et c'est le même scénario qui se reproduit aujourd'hui. Nous allons parler à des gens du Pakistan. Eux aussi, ils veulent qu'on les aide à améliorer la gouvernance de leur pays, où l'on parle de structures fédérales, de pluralisme, de diversité. Le gouvernement appuie sans réserve la Fondation Aga Khan et l'établissement du Centre du pluralisme, et il a bien raison de le faire.
Par contre, j'aimerais bien qu'avec ses collègues, le ministre, en toute impartialité, se penche de nouveau sur la manière dont le Canada mène ses interventions démocratiques. Je le remercie des commentaires qu'il a faits aujourd'hui. Ils étaient réfléchis, captivants et dignes de Burke, comme d'habitude. Pour ce qui est des commentaires du , même si je dois admettre que je n'adhère pas à l'ensemble de ses conclusions, force est de constater que nos positions se rejoignent tout à fait quand il dit que notre passion pour la liberté ne doit pas faire abstraction des enseignements de l'histoire, car j'ai moi-même consacré plusieurs années de ma vie à rédiger un ouvrage qui porte précisément sur ce sujet.
Je tends sincèrement la main au ministre quand je dis que je souhaite désespérément que nous trouvions un terrain d'entente qui nous permette de faire une déclaration commune en matière de gouvernance démocratique.