La Chambre reprend l'étude, interrompue le 7 février, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
:
Monsieur le Président, je suis heureux d'intervenir aujourd'hui pour conclure mes remarques sur le projet de loi . Que ce soit bien clair: le Parti libéral reconnaît la grande valeur du projet de loi.
À chaque occasion au Comité des anciens combattants, nous avons fait allusion au projet de loi . C'est, en grande partie, parce que nous voulons nous assurer que nous faisons tout notre possible pour que le projet de loi soit étudié en comité. J'ai l'impression qu'il y a une volonté à la Chambre de voir ce projet de loi franchir les étapes du processus législatif. Les membres du comité, moi y compris, ont hâte de mettre la main à la pâte. À mon avis, ce n'est qu'une question de temps avant que nous en soyons saisis.
Le projet de loi réglerait des questions comme la perte de revenu, les salaires de base et les paiements forfaitaires. Il s'agit là d'importants enjeux pour les anciens combattants, et nous leur devons de faire notre travail aussi rapidement et diligemment que possible.
Certains intervenants ont donné un petit coup de coude à d'autres députés pour aller de l'avant avec l'étude de cette mesure législative. Je me contenterai de dire à la Chambre que le Parti libéral n'a pas besoin d'un coup de coude pour appuyer ce projet de loi. Nous reconnaissons sa valeur. Nous vouons un immense respect aux anciens combattants et nous voulons que ce projet de loi finisse par être adopté.
J’ai eu l’occasion dans le passé, comme beaucoup de mes collègues, j’en suis sûr, de m’occuper d’anciens combattants. Il y a quelques années, des anciens combattants étaient assis juste derrière nous, à l’Assemblée législative du Manitoba. Je trouvais que c’était une bonne chose. Je me souviens qu’il m’était possible de me tourner pour toucher l’un d’eux, en me disant que c’était à cause d’eux que nous avions un débat.
Nous reconnaissons la précieuse contribution de nos anciens combattants à ce que nous sommes aujourd’hui: un pays libre. Nous devons faire tout notre possible pour les indemniser adéquatement des sacrifices qu’ils ont consentis.
Comme je siège au Comité des anciens combattants, je me rends compte qu’il est important pour nous d’aller encore plus loin que le projet de loi. L’indemnisation est essentielle, et je ne saurais trop insister sur l’importance d’indemniser nos anciens combattants. Toutefois, le gouvernement devrait sérieusement envisager un certain nombre d’autres choses.
Je ne savais pas — pas plus, je suppose, qu’un bon nombre des députés — que nous avions plus de 750 000 anciens combattants au Canada. C’est un nombre extraordinaire. Ils participent à notre société de tant de façons différentes. Nous devons envisager des choses allant au-delà de ce que nous adopterons aujourd’hui.
Le projet de loi prévoit de tenir compte des pertes de revenu et d’autres formes d’indemnisation pour qu’il soit possible d’assurer à nos anciens combattants une compensation adéquate, ce qui est très bien. Toutefois, comme dans d’autres cas, nous devons en faire davantage pour prévenir certaines maladies et blessures.
L’autre jour, nous avons écouté par vidéoconférence le témoignage d’un psychiatre, qui est colonel en Australie. J’ai été vraiment impressionné par ce que ce pays a mis en place afin d’aider les futurs anciens combattants à réduire leur dépendance de l’indemnisation et de l’invalidité, surtout en cas de maladie mentale.
Je voudrais mettre en évidence quelques faits.
L’Australie est disposée à affecter les ressources nécessaires pour assurer une indemnisation minimale lorsque les militaires quittent le service. C’est une orientation que nous devrions adopter. Nous devrions y penser davantage dans notre Parlement.
Pour donner une idée de ce que fait l’Australie, je dirai aux députés qu’elle considère les complications et le stress psychologique que subissent les militaires d’aujourd’hui. Elle a une unité de formation psychologique qui est intégrée dans le camp d’entraînement par lequel passent tous ceux qui entrent dans les forces.
Reconnaissant que, même dans un camp d’entraînement, les militaires n’auront pas tous à vivre des situations comme celle de l’Afghanistan et d’autres pays où il y a des troubles, l’Australie a conçu une sorte de cours de pré-déploiement. Une fois qu’un militaire est affecté en Afghanistan, par exemple, une autre session d’entraînement ayant une composante psychologique a lieu. Encore une fois, c’est une orientation que nous devrions adopter.
Allant encore plus loin, l’Australie a une formation après le désengagement. Après avoir servi dans un pays comme l’Afghanistan, les militaires qui rentrent au pays suivent un cours qui les aide à affronter les problèmes qu’ils ont pu connaître pendant qu’ils étaient dans le pays étranger en cause.
L’Australie a aussi un cours de transition, qui revêt une importance égale. Lorsque les militaires quittent les forces, ils ont l’occasion de suivre ce cours qui les aide essentiellement à se réadapter à la vie civile.
Voilà le genre de réflexion positive qui est nécessaire pour répondre aux besoins des futurs Canadiens qui prendront la décision de servir leur pays. Je voudrais encourager le gouvernement à examiner sérieusement ces éléments de formation.
J'ai soulevé la question du coût. En effet, il n'y a aucun doute que nous devrons assumer des coûts initiaux additionnels pour former suffisamment de psychiatres et d'autres professionnels dans les Forces régulières, afin d'être en mesure d'offrir ces cours et de prouver leur bien-fondé.
Or, en investissant dans ce genre de service, nous faisons de la prévention, de sorte que les personnes qui décident d'apposer leur signature au bas de la page, qui s'enrôlent dans nos forces armées et qui seront peut-être appelées à servir dans un pays comme l'Afghanistan ou ailleurs seront mieux outillées pour s'adapter lorsqu'elles reviendront au pays et retourneront à la vie civile.
Je crois qu'avec une bonne gestion ou avec un solide plan d'investissement, nous serons en mesure de prévenir l'occurrence de bon nombre de maladies ou de limiter les répercussions psychologiques sur nos militaires qui sont déployés dans un pays déchiré par la guerre et des soulèvements civils et souvent confrontés à toutes sortes d'horreurs.
En fin de compte, nos forces armées seraient mieux équipées et c'est pourquoi il existe un lien pertinent entre ces services et le projet de loi que nous adoptons aujourd'hui. En effet, de tels services permettraient de réduire les demandes d'indemnisation présentées à l'avenir. Cela devrait être le but à atteindre. Réduire le montant que nous aurions à débourser ne serait pas la raison principale, mais la raison secondaire.
La raison principale serait l'incidence de tels services sur nos soldats, à leur retour dans les forces armées et à leur pleine retraite. C'est le grand avantage de cette démarche et la principale raison pour laquelle nous devons nous engager dans cette voie.
La raison secondaire serait liée aux finances. Selon moi, les coûts initiaux augmenteraient, mais les indemnisations finiraient par nous coûter moins cher, en ce qui a trait aux allocations de pertes de revenus potentielles qui augmenteront de beaucoup si le projet de loi est adopté — à juste titre — et en ce qui concerne des questions comme les salaires de base et les paiements forfaitaires. C'est là une évidence.
Les gouvernements — non seulement le fédéral, mais aussi les gouvernements provinciaux — doivent assumer beaucoup d'autres dépenses pour soutenir directement les personnes qui se retirent des forces armées et qui deviennent des anciens combattants. Après tout, ce sont les provinces qui dispensent les soins de santé, et les services de santé mentale comptent parmi les services dont elles doivent se charger. Chaque année, le gouvernement fédéral investit à lui seul des milliards de dollars dans la santé publique.
Le type d'indemnisation dont il est question dans le projet de loi est assez précis, mais il en existe aussi beaucoup d'autres. Nous ne pouvons pas tout simplement dire qu'en adoptant le projet de loi , nous résoudrons toutes les difficultés que les anciens combattants affrontent sur le plan de l'indemnisation.
J'espère qu'aucun député n'oserait suggérer une telle chose. Le projet de loi, à mon sens et à celui, je crois, du Parti libéral, n'est qu'une première étape qui vise à reconnaître la valeur des anciens combattants et l'importance du devoir de la Chambre des communes d'indemniser de manière adéquate les hommes et les femmes qui sacrifient une partie de leur vie pour veiller à ce que nous ayons ce dont nous jouissons aujourd'hui.
Nous pouvons en faire plus. J'encourage le gouvernement, le , le , le et tous les députés, ceux du gouvernement comme ceux de l'opposition, à en faire plus pour appuyer nos anciens combattants. Ce projet de loi ne suffit pas. C'est une très bonne première étape et nous avons hâte que le comité l'étudie, mais ce n'est que cela: une première étape.
:
Monsieur le Président, j'aimerais vous aviser que je partagerai mon temps avec la députée de .
Je prends aujourd'hui la parole dans le cadre du débat entourant l'adoption du projet de loi . D'entrée de jeu, j'aimerais informer la Chambre que le Bloc québécois est favorable au grand principe de la loi, mais, comme vous pourrez le constater, il y a place à amélioration.
J'espère que cette loi va permettre de sensibiliser la population à la nouvelle réalité de la notion des anciens combattants. On dénombre maintenant, parmi les anciens combattants, ce que l'on appelle ceux de l'ère moderne, soit ceux et celles qui reviennent de la mission en Afghanistan et qui sont âgés de 20 à 40 ans. Des hommes et des femmes, qui se sont engagés dans une mission pour libérer le peuple afghan des talibans, reviennent de ce pays blessés physiquement, mais souvent profondément marqués psychologiquement par ce qu'ils ont vu.
Depuis que cette mission existe, soit depuis 2002, 154 militaires canadiens ont perdu la vie. Des chiffres fournis par le ministère de la Défense nationale montrent qu'un total de 1 580 soldats canadiens ont été blessés ou tués en Afghanistan en 2008. En 2009, il y a eu 505 soldats blessés de plus que les 1 075 soldats blessés en 2008.
De plus, en tant que membre du Comité permanent des anciens combattants, j'ai vu défiler sous mes yeux des anciens combattants ou des membres de la famille de ces militaires qui sont venus raconter les cauchemars qu'ils vivaient quotidiennement, ce que l'on désigne comme des troubles de stress post-traumatique. Souvent, ces gens doivent se soumettre à une très forte médication et à un suivi médical rigoureux pour vivre et s'intégrer dans notre société.
Bref, je voulais prendre quelques instants pour vous démontrer que je suis informé et sensibilisé à ce genre de situation. Il est également à noter que le ministère de la Défense nationale refuse de divulguer la nature et la gravité des blessures. Pour ce qui est des statistiques de 2010, il faudra attendre la fin de la présente année pour en prendre connaissance. La mission actuelle aura pris fin, mais d'autres militaires qui occupent d'autres fonctions d'encadrement devront encore faire face aux dangers que comporte leur présence dans ce pays. J'invoque la mission en Afghanistan pour rappeler que la mission des militaires canadiens a profondément changé au cours de la dernière décennie.
Je tiens à mentionner que nous avons toujours eu un souci particulier pour le bien-être des vétérans. Nous, les parlementaires, pouvons avoir de sérieux désaccords à propos de choix politiques ou de missions militaires qui soulèvent la controverse dans la population. Toutefois, avant tout, les anciens combattants ne doivent pas payer le prix politique de ce débat. Ils ont sacrifié une grande partie de leur sécurité, de leur bien-être et de leur santé. Lorsqu'il est question d'anciens combattants blessés et invalides, nous sommes dans l'obligation de leur exprimer toute notre gratitude et notre reconnaissance en leur offrant tout le soutien et l'appui dont ils ont besoin, cela va de loi.
À la lecture du projet de loi , nous constatons qu'il contient des mesures qui, nous l'espérons, viendront en aide aux vétérans. Il propose des modifications importantes: au moins 58 000 $ par année pour les anciens combattants gravement malades ou blessés, c'est-à-dire ceux qui ont des blessures trop graves pour pouvoir retourner sur le marché du travail; au minimum 40 000 $ par année pour les bénéficiaires d'allocations mensuelles pour perte de revenus, peu importe quel était leur salaire lorsqu'ils servaient dans les forces armées; une prestation mensuelle supplémentaire de 1 000 $ à vie pour aider les anciens combattants les plus gravement blessés qui ne sont plus en mesure de travailler et un meilleur accès à l'allocation pour déficience permanente et à l'allocation d'incapacité exceptionnelle afin d'inclure 3 500 bénéficiaires supplémentaires.
Un salaire minimum de 40 000 $, ça ne représente pas beaucoup d'argent. Pour avoir les 58 000 $ et les 1 000 $ à vie supplémentaires, il faut que cette personne soit vraiment dans un lit et ne bouge plus; elle doit souffrir d'une incapacité totale. C'est encore très peu; c'est cher payé de sa santé pour avoir ce montant.
Le Bloc québécois est cependant très déçu que le gouvernement conservateur ait omis d'y inclure des mesures pour payer les indemnités mensuelles. Le annonce à grands renforts que son ministère va investir 2 milliards de dollars pour aider les anciens combattants. C'est un chiffre impressionnant, mais il est mal administré et mal réparti, à notre avis.
Je vous disais précédemment que tous les intervenants à ce sujet sont unanimes: il faudrait laisser tomber la notion des montants forfaitaires et revenir à une pension mensuelle à vie pour ceux et celles qui y ont droit.
À défaut de convaincre le gouvernement conservateur ici, en cette Chambre, nous aimerions, lors de l'étude du projet de loi en comité, entendre les anciens combattants pour connaître leurs points de vue sur cette façon de faire du présent gouvernement. Après tout, ce sont eux qui sont visés par cette mesure législative.
Je réitère que le Bloc québécois est conscient et sensible au sort réservé aux anciens combattants. Beaucoup de ces gens ont dû faire d'importants sacrifices pour défendre la liberté et la justice. De nombreux vétérans ont des séquelles et doivent vivre avec les dommages physiques et mentaux découlant de leurs années de service. Le Bloc québécois a le plus grand respect pour les militaires qui remplissent des missions hautement dangereuses au péril de leur vie.
Ce grand respect signifie que, comme leur vie est en danger, nous avons la responsabilité de ne pas leur imposer des risques supplémentaires. Une fois leur mission terminée, nous avons la responsabilité collective de leur offrir tout le soutien nécessaire lorsqu'ils reviennent chez eux.
Dans son travail parlementaire, notre formation politique s'est toujours souciée de l'appui qui était donné aux anciens combattants et à ceux qui ont porté fièrement l'uniforme. Par exemple, nous avons toujours exigé que le gouvernement alloue toutes les ressources possibles pour venir en aide aux militaires et anciens combattants et répondre à leurs besoins en matière de santé, notamment ceux qui souffrent du syndrome de stress post-traumatique.
Le gouvernement allouera un supplément de 1 000 $ imposable aux vétérans atteints d'invalidité permanente et qui ne peuvent plus retourner sur le marché du travail. À ce sujet, il est prévu que 500 vétérans profiteront de cette mesure au cours des cinq premières années après l'entrée en vigueur de ce projet de loi.
Nous jugeons que ce supplément de 1 000 $ devrait être exempt d'impôt, compte tenu de la nature de la situation. On offre ce montant à ces anciens combattants qui se sont battus et ont sacrifié leur bien-être à la demande de leur gouvernement. Ce supplément mensuel sera versé aux vétérans qui seront incapables d'occuper un emploi lucratif en raison de leurs blessures. Non seulement vivront-ils avec une blessure pour le reste de leurs jours, mais ils ne pourront jamais retourner à une vie financière normale en raison de leurs blessures. Pourquoi les pénaliser davantage en rendant le supplément imposable?
Lors de son passage devant le Comité permanent des anciens combattants, l'ombudsman des anciens combattants avait invité les parlementaires à rejeter un système qui donnerait le choix aux vétérans, comme le fait le projet de loi . Pour lui, cette option reviendrait à ne rien faire puisque la grande majorité des vétérans opterait pour un montant forfaitaire. Dans cette optique, l'ombudsman invitait les parlementaires à faire preuve d'une fermeté affectueuse envers les anciens combattants.
À cela s'ajoute une autre déception quant au montant en question. Le Bloc québécois aurait aimé que le gouvernement hausse le plafond de ces indemnités. Pour l'instant, le montant forfaitaire maximal pour une indemnité d'invalidité est de 276 000 $. Or, il faut savoir que si l'on retournait à la formule d'une pension mensuelle à vie, le vétéran pourrait recevoir entre 15 et 35 p. 100 de plus que ce qu'il reçoit présentement. Ainsi, les 2 milliards de dollars que le gouvernement veut injecter, ce sont des paiements qu'il n'a pas faits et qu'il doit à des anciens combattants. Cet argent est là pour ça. Les nouvelles fonctions, le nouveau montant et l'argent frais qui sont prévus dans ce projet de loi ne serviront, pour le gouvernement, qu'à payer des petits montants et à mettre de l'argent dans ses poches.
Au nom des anciens combattants, je me dois de demander pourquoi le gouvernement n'a pas répondu aux préoccupations des anciens combattants concernant le paiement forfaitaire. Une étude réalisée par le ministère des Anciens Combattants montre pourtant que 31 p. 100 des anciens combattants sont satisfaits du montant qu'ils ont reçu, alors que le ministre a promis d'apporter des améliorations au paiement forfaitaire.
Le gouvernement s'est contenté de modifier le versement des paiements. En effet, le bénéficiaire a le choix entre un paiement forfaitaire partiel, des paiements annuels partiels répartis sur un nombre d'années prédéterminé ou un paiement forfaitaire unique.
À ce sujet, mentionnons que la Légion canadienne aimerait que le ministère règle la question du paiement forfaitaire, qui ne dépasse pas 276 000 $ dans l'état actuel des choses. Au Canada, les travailleurs handicapés touchent en moyenne 329 000 $. Les militaires australiens touchent environ 325 000 $ et les militaires britanniques, près de 1 million de dollars. On essaie de faire des économies sur le dos des anciens combattants, comme je le disais plus tôt. Partout ailleurs dans le monde, les montants sont beaucoup plus élevés et mieux gérés qu'au Canada. Ici, on essaie toujours d'économiser des bouts de chandelle pour mettre de l'argent ailleurs. Le gouvernement a investi 1,2 milliard de dollars dans les sommets du G8 et du G20, et ces trois jours n'ont servi à rien. On aurait pu prendre cet argent pour aider nos anciens combattants.
:
Monsieur le Président, en tant qu'enfant d'un ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale, c'est avec beaucoup d'intérêt que je prends la parole aujourd'hui sur le projet de loi . Cette loi veut aussi modifier la Nouvelle Charte des anciens combattants qui a été déposée en novembre dernier par le . J'ai été très active dans ce dossier étant donné que je suis la députée de Québec et que la base militaire de Valcartier se trouve dans cette région.
Je fais un bref rappel des mesures que met de l'avant le projet de loi . Le montant du paiement forfaitaire demeure le même, comme le disait mon collègue tout à l'heure, mais les soldats blessés pourront maintenant étaler le versement sur l'année ou opter pour un seul versement. Ils auront le choix entre un seul versement, un paiement mensuel ou une combinaison des deux. Toutefois, le montant maximal de ce montant forfaitaire n'est pas augmenté, et c'est là que ça ne répond pas vraiment aux attentes des anciens combattants venus témoigner au comité. On établit aussi un revenu de 40 000 $ avant impôt pour les anciens combattants qui ne peuvent plus travailler et des allocations mensuelles pouvant aller de 536 $ à 1 609 $ par mois. Comme le disait mon collègue tout à l'heure, 40 000 $ est un montant minimal, et on ne tient pas compte du salaire que l'individu touchait avait d'être blessé ou d'avoir été, dans plusieurs cas, mutilé à plusieurs endroits.
Bien que le ministre ait décidé de ne pas bonifier le montant forfaitaire versé aux anciens combattants lorsque ceux-ci sont gravement blessés au combat, le Bloc québécois est d'accord pour étudier plus en profondeur le projet de loi en comité. On a d'ailleurs demandé à ce que la famille des témoins et les anciens combattants eux-mêmes viennent témoigner pour nous éclairer sur l'ensemble des nouvelles mesures déposées par le .
Pour plusieurs des acteurs qui s'intéressent à la question, notamment la Légion royale canadienne, ce projet ne va pas assez loin. Dans un contexte où la mission en Afghanistan a pris une ampleur considérable — on sait que le degré de dangerosité est très élevé, tout comme le nombre de blessés, qui augmente —, le gouvernement fédéral aurait pu hausser son investissement. On souhaite que les anciens combattants puissent venir donner leur point de vue sur ce projet de loi et témoigner de leur situation.
En lien avec la volonté de plusieurs acteurs de voir leur établissement de la pension mensuelle à vie aux militaires blessés comme mode d'indemnisation, le 5 octobre dernier, j'ai déposé à la Chambre des communes une pétition dans laquelle 6 000 signataires demandaient au gouvernement fédéral de revenir à un montant forfaitaire. C'est pourquoi je dis que j'y portais beaucoup d'intérêt et que j'avais travaillé à ce dossier. Cela dit, il faudra sonder l'impact des nouvelles mesures.
J'ai aussi décidé d'entreprendre une action concrète à ce sujet après avoir rencontré Mme Matteau, une concitoyenne de Québec. Son fils a été blessé aux jambes en 2007 alors qu'il était en mission en Afghanistan. Il a dû subir neuf chirurgies, il a des douleurs constantes aux chevilles et une jambe plus courte que l'autre, et ses chevilles sont pratiquement fixes. Il a donc une perte de contrôle, de mobilité et de force dans ses deux jambes. Il peut difficilement occuper un autre emploi et ne peut plus répondre aux standards de l'armée. Je sais qu'au retour de l'Afghanistan, il rêvait d'une carrière autre que militaire.
S'il avait été blessé avant l'adoption de la Nouvelle Charte, il aurait reçu 5 400 $ par mois. Or il a reçu un montant forfaitaire de 100 000 $. Il est certain que 100 000 $ est un montant important, mais une fois étalé, pour un gars de 20, 21 ou 22 ans qui revient du front gravement blessé et qui ne peut plus travailler, c'est carrément insuffisant. C'est donc la famille qui doit prendre le relais, et il en devient dépendant.
D'autres exemples vont en ce sens.
Elphège Renaud, président de l'Association des anciens combattants du Royal 22e Régiment de Valcartier, a rencontré 19 soldats lourdement handicapés. La majorité d'entre eux est déjà sans le sou en dépit des indemnités qu'ils ont reçues.
L'ex-ombudsman des anciens combattants, M. Stogran, a lui aussi dénoncé cette situation. Pour éviter que des combattants blessés et leur famille ne vivent sous le seuil de la pauvreté, il a demandé le rétablissement de la prestation mensuelle.
Le passage au montant forfaitaire fait en sorte que le Canada refuse de reconnaître comme vétérans à part entière les soldats qui reviennent d'Afghanistan avec des blessures de guerre. Cela a été relaté dans un média, La Presse, le 13 septembre 2010. Toujours selon M. Stogran, avec l'adoption de la Nouvelle Charte des anciens combattants, on a créé deux classes de vétérans: ceux qui sont allés à la Seconde Guerre mondiale et la guerre de Corée, et tous les autres. Ce qu'on ne dit pas non plus, c'est que ceux qui avaient été blessés lors de la Seconde Guerre mondiale devaient prouver que leurs blessures étaient bien reliées aux combats qui avaient sévi à cette époque.
Aux yeux de M. Stogran, le gouvernement manque clairement à ses obligations à l'égard de toute une génération de vétérans et la Nouvelle Charte des anciens combattants ne permet qu'une seule chose, soit économiser au détriment de cette nouvelle génération.
Le 30 août dernier, une étude indépendante commandée par l'ombudsman des anciens combattants et remise au ministère des Anciens Combattants a été rendue publique. Elle compare le système de montants forfaitaires uniques au système de versements garantis à vie. Elle conclut que les soldats blessés au combat, les anciens combattants et les familles des militaires lourdement handicapés sont les perdants dans l'instauration de la Nouvelle Charte des anciens combattants.
Comme on l'a dit tout à l'heure, pour avoir droit à une indemnité juste, il faut être très lourdement handicapé, et cette indemnisation est insuffisante compte tenu aussi du fait que quand on est lourdement handicapé, on doit avoir des services de santé plus personnalisés. C'est pourquoi nous demandons s'il ne serait pas possible, en comité, d'amender ce projet de loi pour qu'il réponde mieux aux attentes des gens blessés au cours des combats.
Le nous répond toujours que des changements ont été apportés à la charte le 19 septembre, de façon à bonifier l'aide aux anciens combattants. Cet après-midi, je lui dis que ce n'est pas suffisant. Le ministre devrait regarder avec beaucoup plus de sensibilité la situation réelle que vivent ces jeunes combattants quand ils reviennent chez eux. Souvent ils ont des troubles psychologiques assez graves. Le ministre a lui-même admis, en conférence de presse, que ces nouvelles mesures qu'il annonçait ne feraient pas en sorte de revenir au paiement d'une pension mensuelle plutôt qu'un montant forfaitaire.
Ce projet de loi n'impose plus de facto un montant forfaitaire, ce qui constitue un pas dans la bonne direction. Quant à une seule option de versement d'un montant forfaitaire, comme je le disais tout à l'heure, il s'agit d'une solution qui est mitoyenne, qui n'assurera pas davantage de stabilité ou le bien-être de nos jeunes vétérans à long terme, comparativement à ce que pourrait faire le versement mensuel d'une pension à vie.
On peut faire un parallèle avec un autre dossier, celui de la contamination de Shannon. Tout à l'heure, une collègue du NPD a soulevé toute la question de l'agent Orange et du besoin de faire une étude beaucoup plus approfondie. Car les militaires ont été contaminés par certains produits chimiques et, dans certains cas, ils ont développé des cancers. Je veux vous rappeler toute la question de l'eau contaminée à Shannon. Pendant des années, les gens ont bu de l'eau contaminée provenant de la nappe phréatique qui avait été contaminée par la Défense nationale. Beaucoup d'anciens vétérans, de militaires et de citoyens vivaient dans cet arrondissement de Valcartier. Ils ont été contaminés et ont développé des cancers, plus que la normale. Je peux vous dire qu'il y a présentement un recours collectif intenté contre le ministère de la Défense nationale et SNC-Lavalin. Il a fallu mettre beaucoup d'argent pour se faire entendre, car aucun des deux gouvernements n'a été un bon père de famille, que ce soit le gouvernement libéral ou, maintenant, le gouvernement conservateur.
Être un bon père de famille, cela aurait voulu dire, par exemple, d'agir comme l'ont fait les États-Unis. Ils ont essayé de retracer l'ensemble des militaires qui ont travaillé, qui ont oeuvré et qui ont bu de cette eau. Il est arrivé la même chose au Camp Lejeune. L'armée avait contaminé la nappe phréatique et la population, tout comme les jeunes cadets, avait bu de l'eau contaminée.
On aurait donc souhaité que le gouvernement fédéral fasse plus pour démontrer son intérêt. On dit toujours qu'on est fiers quand nos militaires s'en vont défendre la démocratie à l'étranger et porter le nom de la nation canadienne. Cependant, quand ils reviennent, c'est une honte et c'est une gêne de voir comment le gouvernement prend soin de ses militaires.
:
Monsieur le Président, je prends la parole pour appuyer le renvoi de ce projet de loi au comité. Les libéraux croient qu’il est important d’adopter cette mesure législative.
Les anciens combattants nous ont très souvent dit qu’ils veulent voir avancer ce projet de loi. Ce n’est certainement pas parce qu’il est parfait, loin de là, c’est plutôt parce que c’est au moins un pas dans la bonne direction. Je voudrais d’ailleurs savoir pourquoi il a fallu attendre si longtemps. Pourquoi a-t-il fallu que des incidents tragiques se produisent, comme ce qui est arrivé à l’ombudsman, M. Stogran, dont la réputation a été salie lorsqu’il a commencé à montrer du doigt les défauts de la nouvelle Charte des anciens combattants?
C’est vraiment dommage que nous ayons laissé cela se produire et que nous ayons eu à attendre aussi longtemps avant que la charte soit modifiée. Quatre ans se sont écoulés, pendant lesquels de nombreux anciens combattants ont eu beaucoup de difficultés à accéder aux avantages qu’ils s’attendaient à obtenir. C’est dommage que cela ait pris si longtemps, mais mieux vaut tard que jamais.
Le projet de loi est un pas dans la bonne direction. Nous avons entendu le ministre lui-même dire que c’est une deuxième étape, ce qui nous incite à espérer qu’il y en aura une troisième et une quatrième, et que celles-ci permettront d’examiner petit à petit tout le problème des anciens combattants et de leurs besoins, après qu’ils ont servi leur pays avec courage et abnégation. Les ayant encouragés et applaudis quand ils sont partis se battre pour nous, nous devons, à leur retour, garantir leur sécurité et prendre soin d’eux tant qu’ils en auront besoin, quels que soient les préjudices qu’ils ont subis pendant qu’ils étaient à la guerre.
Le projet de loi présente quelques lacunes que nous pourrons, je l’espère, examiner au comité. Les députés l’ont entendu dire par tous ceux qui ont pris la parole.
J’ai beaucoup d’anciens combattants dans ma circonscription. Parmi les plus récents, il y en a qui sont revenus d’Afghanistan. Je veux parler d’eux parce que je les rencontre régulièrement. J’assiste à toutes les réunions qu’ils organisent. J’ai entendu certaines choses que je veux exposer, dans l’espoir que nous pourrons y remédier.
Monsieur le Président, je compte partager mon temps de parole avec la députée de .
J’ai entendu parler de trois questions que nous devrons examiner au comité. L’une d’elles concerne le paiement forfaitaire et le fait qu’il est plafonné à 275 000 $, comme l’a mentionné ma collègue du Bloc québécois. Pour obtenir ce montant, un ancien combattant doit être gravement handicapé.
On peut dire qu’une incapacité physique va durer tant de temps et que la personne en cause aura besoin d’aide pour prévoir des mesures d'adaptation aux fauteuils roulants, rénover sa maison, etc. Toutefois, les troubles neurologiques se prêtent extrêmement mal à des prédictions et à des pronostics. On a mentionné l’agent Orange un peu plus tôt à la Chambre. Il existe de nombreuses armes chimiques. Des dommages neurologiques peuvent se produire en cas d’incapacité physique. Nous ne savons pas comment ces dommages évolueront.
Compte tenu du nombre de jeunes qui rentrent d’Afghanistan, comment pouvons-nous les limiter à ce montant? S’ils vivent jusqu’à 70 ans, quels seront leurs besoins? Leur état s’aggravera-t-il ou s’améliorera-t-il progressivement? Il est impossible de le prédire. Nous ne devrions pas trop parler de limites. Nous ne devrions en fixer aucune: nous devons subvenir aux besoins de nos anciens combattants aussi longtemps qu’il le faudra, que ce soit pour six mois, six ans ou toute leur vie. Fixer des limites est parfaitement injuste envers eux.
Je voulais aborder la question du paiement forfaitaire en tant que médecin, ainsi que le caractère imprévisible de l'invalidité, surtout quand elle est d'ordre neurologique.
Cela m'amène à parler d'un autre genre d'invalidité qui ne date pas d'hier, mais dont on ne parle jamais. Je me souviens d'avoir rencontré un ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale qui m'a dit que lorsqu'il était dans l'armée, on lui disait de serrer les dents parce que c'est comme ça qu'agit un soldat. Un soldat ne se plaint pas. Il m'a dit qu'à leur retour, ses compagnons d'armes et lui n'étaient plus les mêmes. Leurs conjointes ne les reconnaissaient plus. Ces anciens combattants savent maintenant qu'ils souffraient du trouble de stress post-traumatique. Ils avaient changé et bien souvent, ils n'étaient plus en mesure d'interagir avec leur famille comme auparavant. L'isolement, la colère et la dépression caractérisent ce trouble qui touche toute la famille.
Maintenant que nous savons que le trouble de stress post-traumatique existe et que nous en connaissons la nature, il m'apparaît déplorable que le projet de loi n'en traite pas expressément. Par exemple, à l'heure actuelle, aucun programme ne porte sur les mesures de réadaptation et les soins psychiatriques nécessaires pour aider les personnes qui souffrent de ce trouble.
Il y en a un à l'Université de la Colombie-Britannique, mais il est financé par cette université et par le Fonds du coquelicot. Le gouvernement n'a pas investi un sou dans la question du trouble de stress post-traumatique alors que plusieurs programmes et de nombreux centres devraient exister. Le gouvernement devrait investir afin d'agir sur ces questions.
J'ai vu un film sur le programme offert par l'Université de la Colombie-Britannique. J'ai été émue aux larmes, tout comme les anciens combattants qui étaient présents dans la salle. Bon nombre de ceux qui ont fait la Seconde Guerre mondiale disaient qu'ils auraient souhaité avoir accès à un programme du genre, à l'époque. Certains participants à cet atelier sur le traitement du trouble de stress post-traumatique ont dit: « Je vais avoir l'air d'une mauviette, mais mon compagnon a été déchiqueté juste à côté de moi, et j'ai été éclaboussé par son sang et sa cervelle. J'ai l'impression que, si je me plains ou si je montre que tout ça m'a affecté psychologiquement, je vais avoir l'air d'une mauviette, que je ne serai pas un homme. »
Voilà la barrière psychologique qu'il faut faire tomber afin que ces gens puissent parler de ce qu'ils ont vécu. Il faut des programmes à toute épreuve pour les anciens combattants. J'espère que le comité se penchera sur la question et que nous allons discuter de cet important problème.
La troisième chose qui devrait retenir l'attention du comité, selon moi, est l'éventail de programmes et la prestation actuelle des services. Selon ce que m'ont dit les anciens combattants, la qualité des services est très inégale selon la région du pays où on se trouve. À certains endroits, les services sont d'excellente qualité et très faciles à obtenir, mais c'est loin d'être le cas partout. Nous devons trouver le moyen d'uniformiser la prestation des services d'un océan à l'autre.
Par exemple, certains anciens combattants ont dit qu'ils devaient attendre six, huit ou neuf mois avant que leur dossier soit traité, alors qu'ils souffrent et qu'ils ont besoin de toutes sortes d'interventions précoces. Nous savons tous, lorsqu'il est question d'invalidité, que plus on intervient tôt, plus le patient a de chances de s'en remettre. Au contraire, plus on attend, plus le patient risque d'avoir du mal à se rétablir, peu importe que les blessures soient d'ordre physique ou psychologique.
D'autre ont dit qu'en plus d'avoir à attendre tout ce temps, ils se heurtent parfois à de l'hostilité. Ils ont l'impression de quémander. Ils ont l'impression qu'on les accuse de mentir ou d'exagérer leur problème. Ils doivent prouver qu'il y a bel et bien quelque chose qui ne va pas. Beaucoup ont dit que même si leur médecin leur avait donné une note décrivant la nature exacte de leur problème et les mesures à prendre pour y remédier, ils se font dire que ce praticien a carrément menti pour leur rendre service.
Nous traumatisons les gens qui sont allés se battre pour nous. À leur retour, ils doivent faire face à cette nouvelle victimisation. C’est vraiment très difficile pour eux.
J'ai eu l’occasion de discuter avec un grand nombre d’anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale. Ils ont maintenant plus de 80 ans et ils sont incapables de réagir. Ils sont tellement angoissés et bouleversés qu’ils vivent tout simplement avec leur handicap. Ils n’arrivent pas à demander l’aide dont ils ont besoin.
Je vais prendre une minute pour parler d’une ancienne combattante. Elle en a long à dire sur son dossier de service. Elle a notamment été déployée en Afghanistan. Elle a mentionné le fait qu’en Colombie-Britannique, sa province de résidence, il n’y a aucun centre de réadaptation, aucun guichet unique. Elle doit aller rencontrer le travailleur social A, puis, pour autre chose, elle doit aussi aller rencontrer le travailleur social B. Elle doit littéralement se promener d’un bout à l’autre de la province. Lorsqu’elle a un problème, elle doit s’adresser au régime provincial de soins de santé. Elle doit faire la queue, avec d’autres patients, pour recevoir des soins de physiothérapie, pour obtenir un fauteuil roulant, pour se procurer les différents articles dont elle a besoin. Il n’y a aucun centre de services aux anciens combattants, aucun centre de réadaptation dans la province.
Il y en avait un à Vancouver, mais il n’existe plus. Lorsqu’elle a besoin de quelque chose, il arrive qu’elle doive passer un coup de fil dans l’Est du pays pour l’obtenir. Par mauvais temps ou lorsque le service téléphonique est en panne, il arrive qu’elle soit incapable de communiquer avec un intervenant dans l’Est. Le décalage horaire lui complique également la vie.
Elle suggère que nous nous penchions sur la prestation de services, que nous la rendions homogène, à l’échelle nationale, que nous fassions en sorte qu’il y ait trois centres de services d'un bout à l’autre du pays, un dans l’Est, un dans le Centre et un dans l’Ouest, de façon à ce que les anciens combattants n’aient pas à dépenser autant de temps et d’énergie pour obtenir l’aide dont ils ont besoin.
Je pense que nous allons appuyer cette mesure législative, bien sûr. C’est un pas dans la bonne direction. Cependant, j’espère que nous examinerons les trois problèmes mentionnés au comité.
:
Monsieur le Président, je suis heureuse d’ajouter mes 10 minutes à ce débat très important, aujourd’hui, sur le projet de loi . C’est un très long titre pour un projet de loi important.
Avant de continuer, je veux prendre le temps de rendre hommage aux milliers de militaires et d’ex-militaires, à leurs familles et, plus particulièrement, à tous ceux qui ont payé de leur vie les libertés dont nous jouissons aujourd’hui.
Pour citer mon collègue d’, le récit de leurs expériences:
[…] nous touche profondément, moi et l'ensemble des Canadiens, et nous rappelle que jamais nous ne réussirons à exprimer à nos anciens combattants toute la gratitude que nous leur devons. Car au lieu de tenter d'honorer nos obligations, nous les laissons trop souvent à leur sort. Par exemple, trop d'anciens combattants blessés ne reçoivent pas les soins dont ils auraient besoin, ni le soutien qu'ils mériteraient. Trop d'anciens combattants n'ont pas d'endroit sûr où dormir la nuit.
Cela doit changer et nous avons le pouvoir de changer les choses. Le projet de loi est un pas dans la bonne direction.
À titre de vice-présidente du Comité des anciens combattants et de députée, chaque fois que je suis appelée à m’exprimer ou à voter sur ces questions, je me rappelle la fougue qui a amené ces femmes et ces hommes courageux à servir notre pays et j’essaie de me conduire en suivant leur exemple.
Ayant grandi sur la côte Est du Canada, j’ai vu de mes yeux cette fougue, comment elle animait les gens de nos collectivités et quelle était l'atmosphère chaque fois qu’un navire partait en mer, emportant un équipage composé de la fleur de nos jeunes hommes et femmes.
J’ai aussi constaté les difficultés auxquelles sont trop souvent confrontées ces mêmes personnes à leur retour, après avoir vécu les horreurs des combats. La nécessité d’une réadaptation, de services et d’une indemnisation efficaces sont au cœur de ce qui fait que nous sommes ici aujourd’hui et, durant le débat, j’espère bien que tous les députés se souviendront de cet idéal fondamental vers lequel nous devons tendre.
Redressons les torts du passé. Faisons en sorte que le projet de loi serve les gens qui en ont le plus besoin.
Nous avons tous entendu des histoires d’anciens combattants âgés qui ne peuvent plus joindre les deux bouts. Ils sont forcés de se départir de leurs biens, de renoncer à leur autonomie et, ironiquement, ils sont forcés de renoncer à leur liberté personnelle, tout cela parce qu’ils ne peuvent pas obtenir les services nécessaires et l’aide dont ils pourraient avoir besoin pour un retour réussi dans leur pays.
Nous avons tous entendu les histoires terribles de jeunes hommes et de jeunes femmes aux prises avec la rupture de leur relation conjugale, la ruine, voire l'implication dans des actes criminels par suite du trouble de stress post-traumatique causé par le combat. Or, nous admettons rarement que ces tragédies peuvent en fait être évitées.
De grands titres tels « Anciens combattants recherchés, morts plutôt que vifs, selon l'ombudsman » et « Le traitement que le Canada réserve aux anciens combattants est une honte nationale » publiés dans les médias nationaux révèlent toutefois un triste échec de la part du gouvernement.
Pas plus tard qu'en juillet dernier, le Toronto Star a rapporté l'histoire de John Sheardown, un ancien pilote de bombardier de 85 ans qui souffre d'Alzheimer et se remet d'une fracture à une hanche.
Malgré son service distingué pour le Canada, M. Sheardown était gardé à l'hôpital où il risquait d'attendre jusqu'à 18 mois une place dans un foyer de long séjour pour anciens combattants, à Ottawa. Comment peut-on trouver cela acceptable? En quoi est-ce une façon convenable de traiter un héros canadien?
Nos anciens combattants méritent qu'on les aide. Ils ont défendu héroïquement le Canada et les Canadiens. Nous devons maintenant les défendre à notre tour, sans exception.
Comment en sommes-nous parvenus là? Comment se fait-il que, en dépit de la mise en oeuvre de la nouvelle Charte des anciens combattants en 2006, des anciens combattants sont encore laissés pour compte?
Le a déposé le projet de loi le 17 novembre. La mesure législative vient consolider plusieurs petites annonces effectuées par le ministre l'automne dernier et apporterait à la Nouvelle Charte des anciens combattants les légères modifications réclamées par plusieurs organisations d'anciens combattants, notamment la Légion royale canadienne.
Le projet de loi propose également des modifications à l'administration de l'indemnité forfaitaire de l'allocation d'invalidité, dont nous avons amplement entendu parler au comité. Précisément, le projet de loi C-55 modifierait les parties 1 à 3 de la Nouvelle Charte des anciens combattants ainsi que la partie IV de la Loi sur les pensions.
En dépit de tout cela, au nom des anciens combattants et de concert avec beaucoup de mes collègues de ce côté-ci de la Chambre, je dois demander pourquoi le gouvernement a attendu quatre ans avant de proposer des modifications à la nouvelle Charte des anciens combattants.
Les conservateurs ont donné à entendre que cette charte était un document vivant ou, comme ils appellent cela, un ouvrage inachevé qui serait continuellement adapté aux besoins changeants des anciens combattants, mais je ne vois rien qui le laisse croire. Comment les conservateurs peuvent-ils affirmer cela sans rire quand tant de nos anciens combattants ont été laissés à l'écart du plan du gouvernement?
Certains, en face, pourraient affirmer que mes critiques sont injustes, mais je leur demanderai pourquoi le ministère des Anciens Combattants n'a pas respecté l'engagement pris en 2006 de faire avant deux ans une évaluation comparative des paiements forfaitaires et des pensions d'invalidité. Si cela avait déjà été fait, comme l'exigeait la charte initiale, on aurait pu épargner une grande angoisse à énormément de gens. Je ne crois pas que ma question soit injuste. Elle est raisonnable et mérite une réponse.
L'ancien ombudsman des vétérans a expliqué au Sous-comité sénatorial des anciens combattants que de tels exemples de mesures qui ne sont pas prises en temps opportun font sérieusement douter les anciens combattants de la sincérité de toutes les affirmations de loyauté envers eux. Ayant cela à l'esprit, les libéraux n'ont pas l'intention de retarder l'adoption du projet de loi. Nous travaillerons dans l'intérêt des anciens combattants et des membres des Forces canadiennes et, ce qui est le plus important, nous nous assurerons que le projet de loi correspond comme il se doit à leurs besoins.
Cependant, pour faire cela efficacement, nous devrons agir rapidement. Le Canada, malheureusement, pourrait bien être à la veille d'élections. Quand le gouvernement voudra-t-il sérieusement faire adopter le projet de loi et le soutien additionnel qu'il apporte aux anciens combattants? Cela ne se fera pas s'il y a d'autres élections.
La nécessité des changements ne soulève aucun doute sérieux. Une étude réalisée par le ministère des Anciens Combattants a révélé que 31 p. 100 des anciens combattants sont insatisfaits de ce qu'ils reçoivent actuellement. Pourtant, plutôt que de faire les changements qui s'imposent immédiatement, le gouvernement a opté pour l'approche la moins contraignante: il s'est contenté de diviser les paiements différemment.
Plutôt que de régler le problème de fond, le gouvernement propose de permettre au bénéficiaire de toucher un paiement forfaitaire partiel et des paiements annuels partiels répartis sur un certain nombre d'années, ou de toucher un seul paiement forfaitaire. Ce n'est rien d'autre que de petits calculs et cela fait très peu pour régler les problèmes déjà mentionnés par les anciens combattants canadiens.
Je dois souligner que la Légion royale canadienne aimerait toujours que le ministère règle la question du montant global du paiement forfaitaire, qui s'élève actuellement à 276 000 $. Au Canada, les travailleurs handicapés touchent en moyenne 329 000 $. En Australie, les militaires reçoivent environ 325 000 $, et ceux du Royaume-Uni ont droit à près de 1 million de dollars.
Sur une note personnelle, je suis d'accord avec la légion lorsqu'elle déclare que les anciens combattants canadiens ont tout à fait le droit de s'attendre à recevoir au moins la même chose que leurs homologues civils. J'irais même un peu plus loin: les anciens combattants devraient peut-être s'attendre à plus compte tenu de ce qu'ils ont fait pour nous.
Ce n'est là qu'un exemple des lacunes du gouvernement. Qu'il soit question du dossier de l'agent Orange, de celui des anciens combattants exposés à des radiations ou encore de celui du TSPT, soulevé récemment par le comité, le gouvernement a toujours fait preuve d'inaction et n'a jamais adopté une approche proactive pour venir en aide aux anciens combattants.
Comme je l'ai déjà souligné, le gouvernement a fermé les yeux sur les changements démographiques liés à nos anciens combattants. Les premiers contingents de soldats canadiens sont arrivés en Afghanistan en janvier 2002. Depuis, des milliers de nos jeunes hommes et jeunes femmes ont servi dans des situations de combat qui comptent parmi les plus horribles et les plus éprouvantes qu'on ait vues depuis des années.
En plus de risquer leur vie, les nouveaux héros du Canada sont confrontés à leur retour à une foule de difficultés médicales et psychologiques: le TSPT, des taux plus élevés de suicide, la rupture avec leur conjoint, l'itinérance et même, selon certaines études, des taux plus élevés de maladies comme la SLA.
C'est là la nouvelle réalité à laquelle sont confrontés les anciens combattants canadiens. En tant qu'ancienne porte-parole pour les questions relatives aux anciens combattants, actuelle vice-présidente du Comité des anciens combattants et députée qui pense que nos héros de guerre méritent un meilleur traitement, je tiens à dire que selon moi, le gouvernement n'en fait tout simplement pas assez. Il n'a pas hésité à déployer des soldats et à leur fournir des armes, mais il a été très lent et léthargique quand il s'est agi de se préparer aux conséquences humaines découlant de ses actions et de ses politiques.
Les libéraux appuieront le projet de loi . Nous avons hâte qu'il soit renvoyé au comité, où l'on pourra tenter d'améliorer cette mesure qui accomplit certaines choses, mais qui doit manifestement en faire plus.
:
Monsieur le Président, j’apprécie grandement de pouvoir participer à ce débat sur les femmes et les hommes courageux qui ont servi ou servent encore notre pays au sein des forces armées.
Quand notre pays était en danger, au cours de la Première Guerre mondiale, de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre de Corée, ou quand notre pays leur a demandé d’agir au sein de forces de maintien de la paix dans des contrées éloignées comme la Somalie, la Bosnie, le Liban, Chypre, le Timor-Oriental, le canal de Suez et maintenant l’Afghanistan, quand ils ont été envoyés en mission au sein de l’OTAN ou quand notre pays leur a demandé d’aider des collectivités affligées par des inondations, des séismes, des tempêtes de verglas ou des feux de forêt, ces femmes et ces hommes courageux n’ont pas hésité. Ils ont fait ce qu’on leur demandait. Ils ont accompli leur devoir durant la Première Guerre mondiale, la Seconde Guerre mondiale, en Corée et lors d’une multitude d’autres déploiements.
En échange, notre pays a fait un pacte avec eux. Le Canada a promis que les hommes et les femmes des forces armées ne seraient pas oubliés. Nos gouvernements ont fait et continuent de faire des promesses assurant à ces gens qu’une nation reconnaissante les honorera et se souviendra d’eux. C'est un sentiment qui nous honore.
Je sais sans l’ombre d’un doute que les Canadiens sont reconnaissants, qu’ils se souviennent vraiment d’eux et qu’ils honorent les membres des Forces canadiennes et de la GRC. Je le constate chaque jour de la part de mes électeurs, dans .
Malheureusement, il est devenu tristement évident que le gouvernement ne rend pas honneur aux anciens combattants, à ceux qui ont servi au sein de missions de la paix ou à ceux qui font toujours partie des forces. Il n’est pas non plus disposé à leur assurer inconditionnellement les services, la pension, les programmes et les soins particuliers auxquels ces gens et leur famille ont droit.
Je suis extrêmement déçue de voir que, après quatre années, le gouvernement n’a pas réussi à apporter des changements plus importants à la Charte des anciens combattants. Les modifications proposées dans le projet de loi sont superficiels et insuffisants.
Le projet de loi prévoit que le ministre peut fournir des services de réorientation professionnelle, qu’il peut fournir des services de réadaptation et de l’assistance professionnelle au survivant et qu’il peut, sur demande, verser une allocation pour déficience permanente à un vétéran. Le mot « peut » ne convient pas. Il devrait être remplacé par le mot « doit ».
Les anciens combattants ont attendu assez longtemps. Le gouvernement du Canada a l’obligation de veiller à ce qu’une personne qui a accompli son devoir au péril de sa vie soit traitée avec dignité, honneur et respect.
Malheureusement, le projet de loi est une occasion ratée. Il est truffé d’ambiguïtés. De nombreux rapports révèlent l’inefficacité des programmes d’Anciens Combattants Canada, qui sont trop complexes et inopérants.
Le gouvernement fait fi de la grande majorité des recommandations concernant les modifications à apporter à la Charte des anciens combattants, dont une majeure partie venaient du Conseil consultatif de gérontologie ainsi que de l’ancien ombudsman des vétérans et du Comité permanent des anciens combattants, qui ont tous réalisé des études importantes sur la Charte des anciens combattants.
J'aimerais souligner certains des problèmes dont la nouvelle mesure législative ne tient pas compte.
Je suis certaine que les députés savent que, lorsque les membres retraités des Forces canadiennes atteignent l'âge de 65 ans, ils sont assujettis à une disposition de récupération de leurs pensions. En 1966, quand le Régime de pensions du Canada a été créé, il a été intégré à la Loi sur la pension de retraite des Forces canadiennes et à la Loi sur la pension de retraite de la Gendarmerie royale du Canada. À l'époque, les membres des Forces canadiennes ne savaient pas que cela entraînerait une réduction de leurs pensions.
Durant leurs années de service, les membres des FC mettent leur santé à risque, et ils doivent passer de longues périodes loin de leur famille et déménager souvent. Les effets de ces facteurs de stress se font surtout sentir à un stade plus avancé de leur vie. L'annulation de la disposition de récupération est la meilleure façon de reconnaître l'engagement et les années de service des anciens combattants. Cependant, le gouvernement ne semble pas être de cet avis.
Quand un ancien combattant meurt, son conjoint peut seulement recevoir la moitié de sa pension, ce qui cause de réelles difficultés à un grand nombre de conjoints. Par conséquent, les filiales de la Légion de l'ensemble du pays ont tenté de compenser ce que le gouvernement leur enlève. Elles ont mis en place des fonds pour tenter d'aider le plus possible les veufs et les veuves des anciens combattants ainsi que leurs familles. Elles recueillent des fonds en faisant des tirages au sort, en vendant des coquelicots, en organisant des repas et en louant des salles. Cependant, les filiales de la Légion vivent elles aussi des moments difficiles. Leurs membres vieillissent et sont de moins en moins nombreux, et elles ont de la difficulté à joindre les deux bouts.
Les filiales de la Légion ont recommandé que les pensions de survivant soient équivalentes aux deux tiers de la pension initiale. Ce serait extrêmement utile pour les conjoints, dont bon nombre sont des femmes âgées.
Malheureusement, le gouvernement ne s'intéresse pas à un tel changement. Pire encore, si un ancien combattant se marie après avoir atteint l'âge de 60 ans, sa conjointe ou son conjoint n'aura droit à rien après son décès. La Loi sur la pension de retraite des Forces canadiennes précise qu'il s'agit d'un mariage intéressé et ne tient pas compte de l'importance de l'amour et du réconfort donnés au partenaire. C'est une loi qui véhicule un manque de respect.
Ce manque de respect est frappant au plus haut point lorsque se présente la situation vécue par de nombreux ex-membres des forces armées où des blessures subies dans l'exercice de leurs fonctions ne se manifestent qu'après leur départ à la retraite.
Pas plus tard que cet automne, j'ai pu m'entretenir pendant longtemps avec un sergent quartier-maître. Alors qu'il servait les Forces canadiennes à l'étranger, il a été victime d'une chute importante au cours d'un exercice. Souffrant d'une fracture à la colonne vertébrale, il a dû être hospitalisé et, après s'être rétabli, a repris le service actif. Cependant, 30 ans plus tard, il éprouve des douleurs au cou causées par la fracture. Pour pouvoir supporter ces douleurs, il doit prendre des médicaments coûteux, qui ne sont pas remboursés par le régime d'assurance des anciens combattants. Lorsqu'il a demandé de l'aide au ministère des Anciens combattants, on la lui a refusée et on a justifié ce refus en lui disant qu'il n'avait pas été blessé au combat. Autrement dit, malgré les dossiers médicaux montrant que ses blessures ont été causées par un accident grave subi au cours de sa carrière, dans l'exercice de ses fonctions, on remet en question la véracité de son histoire ainsi que la valeur de sa contribution de militaire et on refuse de lui rembourser les médicaments.
Le projet de loi ne prévoit rien pour remédier à cette injustice. La mentalité de société d'assurance privée qui règne parmi les administrateurs du programme, au sein du ministère des Anciens Combattants, fait du tort à des personnes qui ont servi leur pays ainsi qu'à leur famille. C'est une mentalité qui doit disparaître.
Les députés savent-ils qu'il existe à Calgary un refuge pour sans-abri et une banque alimentaire qui ont été mis sur pied spécialement pour les anciens combattants?
En avril dernier, le a visité la banque alimentaire, y a tenu une séance de photos et s'est dit enchanté de voir que la population locale aidait les anciens combattants. Bien sûr que c'est merveilleux, mais une étude réalisée par des chercheurs de London, Susan Ray et Cheryl Forchuk, nous montre que, dans le Sud-Ouest de l'Ontario seulement, des dizaines d'anciens combattants vivent dans la rue. Le a-t-il déjà songé au scandale que constitue cette façon de laisser des gens errer sans logis et se nourrir dans les banques alimentaires, alors que nous avons juré de les honorer et de nous souvenir de leurs sacrifices?
Même avec le projet de loi , les anciens combattants et le personnel à la retraite des Forces canadiennes subiront encore des réductions de pension, se verront refuser des avantages normalement offerts aux retraités et ne recevront aucune aide pour les blessures qu'ils n'auront pas subies dans l'exercice de leurs fonctions. L'itinérance et la faim sont des problèmes courants parmi les anciens combattants.
La gratitude n'est certainement pas la marque de commerce du gouvernement, et le ministère des Anciens combattants ne se distingue pas par son empressement à prendre ses responsabilités.
Enfin, je veux parler de la situation à l'hôpital Parkwood, dans ma circonscription. Il fut une époque où Parkwood était l'hôpital régional pour les anciens combattants. Je me souviens d'y être allée pour rendre visite à mes oncles, deux anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale, lorsqu'ils y étaient hospitalisés. L'hôpital Parkwood servait également d'établissement de soins de longue durée pour les anciens combattants qui avaient été si grièvement blessés qu'ils ne pouvaient plus vivre de façon autonome ou avec leur famille.
À partir de 1979, Parkwood et les hôpitaux pour anciens combattants de part et d'autre du pays sont passés sous la responsabilité des provinces, et le ministère des Anciens combattants a confié en sous-traitance les lits et les soins des anciens combattants des Première et Seconde Guerres mondiales ainsi que de la guerre de Corée. L'entente conclue avec les provinces ne prévoyait aucune disposition pour les anciens combattants d'aujourd'hui ni pour les Casques bleus, estimés à 200 000, qui ont participé à diverses missions depuis la guerre de Corée. Bon nombre de ces membres des Forces canadiennes maintenant à la retraite ou sur le point de l'être ont le sentiment d'avoir été oubliés par leur pays. En effet, même si les anciens combattants peuvent se faire soigner dans des établissements privés, bon nombre d'entre eux estiment qu'ils devraient recevoir le même niveau de soins et avoir accès à des hôpitaux tels que Parkwood à l'instar des générations précédentes. Malheureusement, les lits disponibles dans ce genre d'établissements fermeront à mesure que les anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre de Corée disparaîtront. Une fois fermés, ces lits ne seront pas rouverts.
Le gouvernement du Canada devrait revoir le mandat des hôpitaux pour anciens combattants et donner accès à des lits financés par le fédéral aux militaires qui reviennent d'Afghanistan et aux militaires vieillissants qui ont combattu après la guerre de Corée. Il incombe gouvernement fédéral de s'occuper des anciens combattants; cela fait partie du pacte dont j'ai parlé au début de mon intervention.
Les anciens combattants méritent la pension, les avantages ainsi que les services et les programmes que nous leur offrons et ils ont le droit de s'attendre à ce que leur gouvernement tienne ses promesses. Il est temps que le gouvernement se remette au travail. Le projet de loi ne règle pas les problèmes liés à la charte des anciens combattants. Il doit faire l'objet de vastes amendements.
Nos anciens combattants méritent beaucoup plus que ce qu'ils reçoivent actuellement. Rendons leur hommage avec toute la dignité et le respect auxquels ils ont droit.
:
Madame la Présidente, je suis ravi de participer au débat sur le projet de loi .
D'entrée de jeu, je tiens à souligner que j'appuie le projet de loi , mon propre père ayant servi lors de la Seconde Guerre mondiale; il était là, le jour J, et il a pris part à la bataille de la poche de Falaise et de Caen. Quand il est rentré, des éclats d'obus s'étaient logés dans sa jambe; ils y sont restés jusqu'au jour de sa mort. Il a également perdu l'ouïe d'un côté. Je sais ce que c'est que de vivre avec un ancien combattant qui cherche à obtenir des services de la part du ministère des Anciens Combattants. Je sais comment ils se sentent, ceux qui, sans qu'ils soient le moindrement à blâmer, reviennent de la guerre transformés. Or, s'il était ici aujourd'hui, mon père vous dirait sans doute que, si c'était à refaire, il le referait sans hésiter.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, aucun pays ne traitait mieux ses anciens combattants que le Canada, point à la ligne.
En ma qualité de vice-président du Comité de la défense nationale et du Comité sur l'Afghanistan, je me suis rendu sur le terrain à trois reprises pour rencontrer nos soldats en mission en Afghanistan. Comme je fais moi-même partie de la filiale 375 de la Légion royale canadienne, à Richmond Hill, j'ai pu parler aux anciens combattants. Tout ce qu'ils veulent, je dirais même tout ce qu'ils méritent, ce sont des services qui répondent efficacement à leurs besoins.
C'est inacceptable qu'un ancien combattant octogénaire qui a besoin de nouvelles lunettes ou d'une nouvelle aide auditive doive attendre des mois avant de recevoir une réponse.
Que les modifications soient apportées ou non, la charte ne règle toujours pas la question du service à la clientèle. Nous devons répondre plus efficacement aux besoins de nos anciens combattants. Au fur et à mesure que les gens rentreront d'Afghanistan, le nombre d'anciens combattants augmentera. L'an dernier, le Comité de la défense a mené une étude sur le trouble de stress post-traumatique. Il a constaté des différences entre les services offerts aux anciens combattants dans l'Est et l'Ouest du pays.
Le 25 octobre, j'ai écrit au au sujet de la somme de 4 100 $ qu'on verse actuellement pour les funérailles. C'est environ 70 p. 100 de moins que ce qu'il en coûte pour des funérailles normales au Canada, et si la personne était morte au combat en Afghanistan, cette somme représenterait environ le tiers du coût des funérailles. C'est inacceptable. Certaines familles n'ont pas les moyens de payer la totalité du coût des funérailles, et le gouvernement leur donne seulement 4 100 $. J'espère que la réponse du ministre à ce sujet ne sera pas vaine.
Il ne fait aucun doute que le projet de loi dont la Chambre est saisie tente de régler certains problèmes. Nous savons que la Légion royale canadienne, par exemple, appuie les changements proposés. Notre parti n'a nullement l'intention de bloquer le projet de loi. Au contraire, nous voulons faire en sorte d'aller de l'avant le plus rapidement possible.
La charte a été adoptée en 2005, et il s'agit d'un document évolutif. C'est dommage qu'il ait fallu quatre ans pour que nous en arrivions là. Nous devons agir rapidement pour régler les questions dont la Chambre est saisie.
L'un des problèmes que le gouvernement n'a pas résolu est celui du paiement forfaitaire. Cela me surprend, étant donné que l'étude menée par le ministère a montré que 31 p. 100 des anciens combattants n'étaient pas satisfaits du paiement forfaitaire. Le ministre a dit qu'il améliorerait le système, mais tout ce que le projet de loi prévoit, c'est de diviser différemment la somme forfaitaire. Cette mesure ne répond pas aux demandes des anciens combattants et ne correspond pas aux résultats de l'étude.
Verser la somme forfaitaire sur un certain nombre d'années ou offrir un seul paiement — ces solutions ne répondent manifestement pas aux préoccupations soulevées par de nombreux anciens combattants. La mesure législative devrait régler cette question. Je le répète, le ministre a eu quatre ans pour agir et il n'a toujours pas résolu le problème.
De fait, si on regarde ce qui se passe ailleurs, les anciens combattants australiens reçoivent en moyenne 329 000 $ et les anciens combattants britanniques, jusqu'à un million de dollars. Nous devons régler ce genre de problème pour nos anciens combattants.
Certaines parties de la mesure législative répondent aux préoccupations d'un certain nombre de personnes et d'associations. Ainsi, il est prévu que les anciens combattants gravement malades ou blessés, soit ceux qui sont trop gravement blessés pour réintégrer le marché du travail, reçoivent 58 000 $ par an, ce qui est une amélioration, et que les bénéficiaires de l'allocation mensuelle pour pertes de revenu reçoivent un minimum 40 000 $ par an, peu importe le salaire qu'ils touchaient quand ils servaient dans les Forces canadiennes. Encore une fois, c'est un changement important.
Ces changements sont nécessaires, mais il faut que les anciens combattants aient la possibilité de profiter de ces changements. Il faut qu'ils aient la possibilité d'obtenir ces services rapidement et efficacement.
Il faut accorder une indemnité d'invalidité plus importante, du même ordre que celle dont bénéficient les anciens combattants australiens et les anciens combattants civils handicapés qui reçoivent aussi de l'aide. Je réitère que ce sont des mesures que nous pourrions prendre. J'ai parlé des frais liés aux funérailles, un autre besoin sur lequel nous pourrions nous pencher.
Nous ne cessons de répéter à la Chambre à quel point les anciens combattants sont importants, mais quand vient le temps d'agir, on est moins pressé. Nous avons attendu quatre ans pour qu'on apporte des changements, presque à la dernière minute, et ce, je le répète, surtout à cause des pressions exercées par les partis d'opposition.
Le Groupe consultatif sur la nouvelle Charte des anciens combattants et le Comité permanent des anciens combattants ont répété à maintes occasions que ces changements devaient être apportés le plus vite possible. Encore une fois, il est décevant d'avoir dû attendre.
En ce qui concerne le problème des anciens combattants sans-abri, il est absolument scandaleux de penser qu’au Canada des anciens combattants puissent être des sans-abri, vivre dans la rue, de penser qu’à leur retour au pays, ils se heurtent à un soutien insuffisant. Je le répète, c’est une honte nationale de penser que des anciens combattants puissent être des sans-abri.
Les médias, les députés et d’autres intervenants commencent tout juste à voir dans cette situation un problème non seulement social, mais aussi moral. Nous avons la responsabilité de nous occuper de ces personnes. Encore une fois, je pense qu’il est vraiment triste de voir ces héros sans-abri dans la rue, privés des ressources nécessaires pour trouver du travail, obtenir des prestations de maladie et ainsi de suite. Nous devons régler ce problème.
Il est encourageant de voir que de nombreuses organisations nationales d’anciens combattants appuient cette initiative. Il est aussi encourageant de noter que nous allons de l’avant avec ce projet de loi. Certains parlent d’élections. Ce sera au gouvernement de décider. Il ne gouverne que grâce à la volonté du Parlement et il est à espérer qu’il conservera sa confiance. Si le gouvernement est vraiment sérieux, nous pouvons espérer être en mesure de régler ces problèmes maintenant et grâce au prochain budget qui, selon le , sera présenté le 22 mars.
Il est important de réagir ainsi, mais aussi de déployer davantage d’intervenants sur le terrain, notamment des travailleurs sociaux chargés de s’occuper de nos anciens combattants. En raison des déploiements en Afghanistan, nous verrons bientôt augmenter substantiellement le nombre d’anciens combattants rapatriés. Cela aura un impact.
En ce moment, il y a très peu de psychologues et de psychiatres dans les Forces canadiennes. En outre, les services sont plus limités et moins efficaces dans l’Est du Canada, du fait que la plupart des bases sont éloignées des grands centres, ce qui n’est pas le cas dans l’Ouest. Nous devons régler ce problème.
Le trouble de stress post-traumatique n’est pas toujours diagnostiqué au moment où l’ancien combattant rentre au pays, ni trois mois ou deux ans plus tard. Cette maladie peut se manifester jusqu’à cinq ans plus tard. Encore une fois, sommes-nous prêts à réagir?
Selon les études que nous avons menées au Comité de la défense, la réponse est non. Nous ne sommes pas prêts à réagir. À cet égard, je demande au gouvernement de fournir les ressources nécessaires pour attirer les professionnels dont nous avons besoin pour aider les anciens combattants et leurs familles.
Il y a environ 10 ans, le Comité de la défense a mené une étude sur la qualité de vie, qui a permis de trouver des réponses à bon nombre des questions clés sur les salaires, les conditions de logement et les prestations. Il est grand temps que nous entreprenions un autre examen et que nous mettions à jour les données sur la qualité de vie. Nous demandons à des gens d'aller à l'étranger, loin de leurs familles, et de mettre leur vie en danger. Pendant ce temps, les familles ont-elles l'appui nécessaire? Et à leur retour, ces militaires reçoivent-ils un soutien approprié?
La réponse, c'est non. Nous accusons un grand retard depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, lorsque nous accordions les meilleures prestations aux anciens combattants qui rentraient chez eux.
Je siégeais déjà ici lorsque la Chambre s'est attaquée à ces questions pour les générations futures. Même si nous parlons beaucoup de notre responsabilité envers les anciens combattants, j'ose espérer que nous joindrons l'acte à la parole, non seulement sur le plan financier, mais aussi de bien d'autres façons, comme je viens de l'expliquer.
Je suis convaincu que nous pouvons adopter ce projet de loi très rapidement. Même si certaines personnes ont des réserves, le moins que nous puissions faire est de donner suite aux changements qui ont été apportés, mais aussi d'insister sur les autres changements à adopter. Sinon, il faudra attendre encore quatre ans avant de voir les choses bouger.
C'est ce que notre parti a pris l'engagement de faire. C'est à notre parti qu'on doit la charte. C'est notre parti qui a dit qu'il s'agissait d'un document évolutif. Dommage que la charte soit restée sur les tablettes pendant quatre ans. Au bout du compte, il nous incombe à tous de veiller à ce que les anciens combattants reçoivent ce qu'il y a de mieux.