propose que le projet de loi , soit lu pour la troisième fois et adopté.
— Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui pour amorcer le débat à l'étape de la troisième lecture du projet de loi , la Loi sur des mesures de réforme équitables concernant les réfugiés, qui prévoit réformer le système d'asile au Canada afin d'instaurer un processus plus rapide et plus équitable. J'incite tous les députés à appuyer le projet de loi.
Je suis ravi de signaler que les changements proposés dans la version originale du projet de loi ont bénéficié d'un large appui. Toutefois, les parlementaires et d'autres personnes, en toute bonne foi, ont exprimé de nombreuses inquiétudes au sujet du système canadien d'asile. Nous avons accepté de bonne foi d'apporter des amendements importants qui tiennent compte de leurs commentaires. La solide mesure législative qui en résulte constitue un exploit remarquable pour toutes les personnes qui ont participé à son élaboration.
Les changements qui ont été apportés, je suis heureux de le dire, instaurent un processus plus rapide et plus équitable que ce que prévoyait la version originale du document.
[Français]
L'esprit de coopération entourant ce projet de loi est remarquable. Il est extraordinaire qu'un consensus sur une question aussi délicate puisse être atteint par tous les partis de la Chambre ayant des vues diverses.
[Traduction]
J'ajouterai seulement que je siège à la Chambre depuis environ 14 ans et que je fais partie d'un gouvernement minoritaire depuis plusieurs années. Il est très peu courant de voir tous les partis collaborer ensemble sur un sujet. Il est absolument remarquable que tous les partis aient pu travailler conjointement dans le cadre d'un débat sérieux et minutieux sur une politique très complexe, dont les enjeux sont des vies humaines. C'est tout à l'honneur des Canadiens que, de temps à autre, ce gouvernement minoritaire puisse fonctionner, et ce, en dépit des divergences politiques. Cela n'a pu se produire que grâce à la diligence et à la bonne foi des parlementaires qui ont travaillé étroitement à l'élaboration de ce projet de loi. Je félicite en particulier mon secrétaire parlementaire, le député de .
[Français]
J'aimerais reconnaître les efforts remarquables du porte-parole du Bloc en matière d'immigration, le député de , qui a démontré une connaissance incroyable de ces réformes et de cet aspect de notre loi. Il était ouvert à un accord qui était vraiment imprévu au début du processus.
Il est plutôt rare qu'un député, soit disant ordinaire, ait l'occasion de mettre en vigueur une idée venant d'un projet de loi émanant d'un député. Le député de a proposé un projet de loi pour mettre en vigueur la section d'appel de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié. Cela n'a pas été accepté à la Chambre parce que cela ne faisait pas partie d'une réforme plus large du système d'octroi de l'asile.
Grâce à sa ténacité et à son dévouement, le projet de loi offre un accès universel à une nouvelle section d'appel à tous les demandeurs d'asile déboutés. Cette réalisation est le fruit de ses efforts. J'aimerais le saluer et le remercier de ses efforts remarquables.
[Traduction]
Je tiens à souligner les efforts acharnés, l'enthousiasme et la diligence de ma collègue de , qui se fait depuis longtemps la porte-parole des réfugiés et des gens qui ont besoin de notre protection. Elle a fait preuve dans ce débat d'une grande compassion, mais aussi d'une connaissance extraordinaire des détails complexes de la politique concernant les réfugiés. Pour citer mon nouveau journal favori, le Star de Toronto, le fait que la députée de Trinity—Spadina et moi-même nous entendions sur une question aussi délicate que la réforme du statut de réfugié tient tout bonnement du miracle. Les miracles existent.
Je tiens aussi à souligner les efforts du député de , porte-parole de l'opposition officielle pour l'immigration, qui a été le premier à soulever la question au printemps dernier, en mars 2009. Il a collaboré de bonne foi avec nous à la mise en place d'un régime d'asile rapide et équitable. Dommage qu'il se soit heurté à des problèmes de politique interne au sein de son caucus.
Sans vouloir ternir ce constat, il y a eu au moins un député ici, le député de , qui n'adhérait pas au consensus auquel ce projet de loi a donné lieu. En fait, il s'est livré à des basses oeuvres démagogiques qui n'ont pas leur place dans un débat sur l'immigration en laissant entendre que cette réforme positive « érigerait des murs autour du Canada ». Il n'y a rien de plus éloigné de la vérité.
En réalité, les réformes que nous pourrons appliquer grâce à ce projet de loi nous permettront d'augmenter de 20 p. 100 le nombre de réfugiés des Nations Unies réétablis que nous accueillerons sur nos rivages, des victimes de nettoyage ethnique, de guerre ou de persécution. Il y en aura quelque 2 500 par an, année après année, qui découvriront la certitude de la protection du Canada et à qui nous accorderons notre protection, grâce à ces réformes, grâce à l'ouverture d'esprit, à la compassion mais aussi à la ténacité des députés de tous les partis.
Nous avons réussi à concrétiser ces réformes qui nous permettront de sauver 2 500 vies supplémentaires chaque année en accueillant un plus grand nombre de réfugiés et en les aidant à mieux réussir leur intégration. Ce projet de loi ne signifie pas la construction de murs autour du Canada, comme le député l'a dit dans un élan de démagogie. Il abat au contraire des murailles pour permettre au Canada d'être fidèle à sa vocation de terre de protection et d'accueil pour ceux qui en ont le plus besoin.
[Français]
Nous pouvons tous être fiers du système d'octroi de l'asile canadien, mais tous les partis reconnaissent qu'il est caractérisé par de lourds arriérés et de longs délais de traitement. Il ne s'agit pas d'une situation temporaire qui dure depuis peu, au contraire, elle caractérise un système brisé, et ce, depuis longtemps.
[Traduction]
Inutile d'insister lourdement. Nous savons tous que le régime est en panne à bien des égards, qu'il y a un arriéré de 60 000 personnes, qu'il faut 20 mois pour une décision initiale de protection, que près de 60 p. 100 des demandes sont rejetées, et que dans notre pays source numéro un, une démocratie de l'Union européenne, 97 p. 100 des demandeurs finissent par abandonner ou retirer leur demande. Il faut donc absolument trouver un moyen d'écarter les tricheurs pour que les gens qui ont vraiment besoin de protection l'obtiennent plus rapidement et que ceux qui abusent de la générosité du Canada soient expulsés beaucoup plus vite.
C'est ce que nous pourrions faire avec le projet de loi et les réformes de la réglementation et du fonctionnement du système qui l'accompagnent. Il créerait une entrevue de collecte de renseignements à la Commission indépendante de l'immigration et du statut de réfugié dès le début du processus de demande. Il établirait des décideurs indépendants, dont la nomination n'est pas politique, à la Section de la protection des réfugiés de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié. En fait, ils seraient nommés en vertu d'un processus transparent. Le projet de loi établirait aussi une nouvelle section d'appel des réfugiés s'appuyant sur des faits.
[Français]
C'est quelque chose que les avocats des réfugiés, et plus particulièrement le député de , exigent depuis longtemps.
[Traduction]
Cette mesure législative permettrait aux vrais réfugiés d'obtenir la protection du Canada en à peine 4 mois au lieu de devoir attendre 19 mois, comme c'est le cas actuellement. Elle permettrait d'écarter les faux demandeurs dans un délai d'environ un an, au lieu de devoir attendre plusieurs années, ce qui permettrait de faire économiser environ 1,8 milliard de dollars aux contribuables canadiens.
En vertu des dispositions du projet de loi, il serait possible de traiter rapidement les demandes présentées par des résidants de pays désignés, ainsi que d'identifier et de traiter rapidement les demandes manifestement infondées ou frauduleuses. Le projet de loi créerait un nouveau programme pilote de retrait volontaire pour les demandeurs déboutés. Il investirait 540 millions de dollars dans de nouvelles ressources destinées au système de détermination du statut de réfugié, notamment les améliorations que j'ai mentionnées relativement à la réinstallation de réfugiés.
[Français]
Comme je le mentionne depuis le début, le gouvernement était ouvert à l'idée d'apporter des améliorations réfléchies qui permettent d'atteindre ce que je crois être notre but commun, un système d'octroi de l'asile rapide et équitable.
Lors de la deuxième lecture du projet de loi à la Chambre des communes, j'ai écouté tous les discours qui ont été présentés, et pendant les débats et les consultations, le gouvernement a pris en compte les critiques constructives formulées et il a pris acte de la nécessité de collaborer avec l'opposition pour concevoir un projet de loi qui tienne compte des consensus parlementaires.
Les mesures de réforme que nous proposons auraient dû être mises en oeuvre il y a longtemps. Elles permettraient que nos ressources servent à accorder la protection aux personnes qui en ont besoin.
[Traduction]
Le projet de loi établirait l'autorité de dresser une liste de pays d'origine désignés. Sur cette liste, on trouverait des pays qui affichent un bilan reluisant au chapitre des droits de la personne et de la protection de leurs citoyens, et qui d'ordinaire ne produisent pas de réfugiés. Au bout du compte, cette liste se résumera probablement à une poignée de pays.
Nous avons besoin d'un tel outil pour gérer les pics de demandes infondées provenant de citoyens de pays démocratiques qui ont la réputation d'être sûrs. Souvent, ces demandes sont ensuite abandonnées ou retirées, ce qui nous fait penser que les demandeurs n'ont en fait jamais eu besoin de notre protection. Je suis convaincu que nous saisirons l'occasion qui nous est donnée de mettre en oeuvre ces réformes.
Puisque la Section de la protection des réfugiés de la CISR réalise actuellement la majorité des examens des risques, et puisque le projet de loi instaure la Section d'appel des réfugiés, laquelle relèvera de la CISR, il est tout à fait logique de centraliser la fonction d'examen des risques à la CISR. C'est ce que nous avons fait en amendant le projet de loi original, afin de confier l'examen des risques avant renvoi relatif aux demandeurs d'asile déboutés à la CISR.
[Français]
Le gouvernement a également entendu les préoccupations d'une vaste gamme d'intervenants en ce qui a trait aux échéanciers proposés. Pour donner suite à ces préoccupations, nous avons accepté d'établir des échéanciers plus longs, de 8 à 15 jours pour l'entrevue initiale du collecteur d'informations qui est maintenant ajoutée à la loi, et de 60 à 90 jours pour l'audience initiale, qui sera ajoutée au règlement dans la section portant sur les délais de traitement de la Section d'appel des réfugiés.
Les échéanciers proposés pour l'entrevue et l'audience subséquente sont raisonnables, réalistes et équitables, et pour quelques exceptions, en particulier dans les cas où il y des preuves des traumatismes ou de la vulnérabilité, les agents responsables des entrevues auraient le pouvoir d'ajourner une entrevue.
Les décideurs aux audiences de première instance seront formés en fonction des mêmes normes qui sont utilisées dans le système actuel et embauchés conformément aux valeurs de la fonction publique que sont le mérite, la transparence, l'accès, la représentativité et l'équité.
[Traduction]
Le gouvernement a travaillé avec nos collègues des autres partis pour apporter d’autres modifications à notre orientation politique en ce qui concerne les pays désignés. Ces changements sont reflétés dans les amendements que le comité permanent a adoptés avec l’appui de tous les partis. Nous avons accepté un amendement de nos collègues du Bloc qui donne accès à la Section d’appel des réfugiés aux demandeurs des pays désignés, tout en assurant un traitement de leurs demandes encore plus rapide que le projet de loi ne le proposait au départ.
Les dispositions modifiées à l’égard des pays désignés ne s’écartent pas de l’intention de notre politique, qui est d’accélérer le traitement des demandes et le renvoi des ressortissants des pays désignés. Les critères aux fins de la désignation ont également été inclus dans le projet de loi. Cela comprend le volume de demandes d’asile émanant du pays en cause, le taux d’acceptation par la CISR des demandes d’asile présentées par les ressortissants de ce pays, le respect des droits de la personne par le pays en question et la possibilité, dans ce pays, de recourir à des mécanismes de protection et de réparation.
L’examen sera fait en fonction de ces quatre critères, mais les amendements font en sorte que les seuils quantitatifs établis dans le règlement déclencheront un réexamen. Autrement dit, la désignation sera réexaminée uniquement si certains seuils quantitatifs établis dans le règlement sont atteints. Les pays qui n’atteignent pas ce seuil ne feront pas l’objet d’une révision. Les demandes manifestement infondées seront également un facteur pris en compte pour la désignation des pays et cela se reflétera dans le règlement.
[Français]
J'aimerais ajouter un mot de remerciement pour le député de , parce que c'est lui qui a entendu les experts et les autres personnes qui ont effectivement donné l'idée d'une vraie considération et acceptation par le comité permanent. C'est un outil très flexible pour aborder les fraudes quand elles arrivent dans notre système d'octroi de l'asile.
[Traduction]
Comme je l’ai dit, les demandes manifestement infondées seront aussi un facteur. La notion de demande manifestement infondée est bien établie au sein de l’UNHCR et se rapporte aux cas qui sont clairement frauduleux.
Ces amendements assurent une plus grande transparence quant aux critères en fonction desquels un pays sera désigné et ils limitent clairement les pouvoirs du ministre.
Le règlement prévoira aussi qu’une désignation sera faite uniquement si un comité consultatif comprenant au moins deux experts indépendants des droits de la personne la recommande.
Ces amendements contribuent largement à apporter davantage de clarté et de transparence au processus de désignation.
Les amendements proposent également un délai plus court pour l’audition des ressortissants de pays désignés que pour les autres demandeurs, soit 60 jours après l’entrevue initiale plutôt que 90 jours.
D’autre part, le projet de loi propose que la Section d’appel des réfugiés entende un appel d’un ressortissant d’un pays désigné dont la demande a été rejetée dans les 30 jours suivant la demande au lieu de 120 jours pour les demandeurs des autres pays.
Ces amendements permettront d’atteindre les mêmes objectifs politiques, mais en accélérant les délais de traitement au lieu de refuser l’accès à la nouvelle SAR de la CISR comme le projet de loi le proposait au départ.
Également, un traitement plus rapide, y compris la priorité accordée au renvoi des ressortissants des pays désignés dont la demande a été rejetée, fera en sorte que ces demandeurs ne pourront pas rester au Canada pendant de longues périodes.
Le gouvernement a également proposé un amendement pour permettre à la Section d’appel des réfugiés d’accélérer l’appel au sujet d’une demande jugée manifestement infondée, c’est-à-dire, essentiellement, les demandes frauduleuses. Ainsi, ces appels pourront se dérouler dans les mêmes délais rapides qui s’appliquent aux demandeurs déboutés provenant de pays désignés.
Dans le cas des demandes manifestement infondées, il y aurait 15 jours pour interjeter appel au près de la Section d’appel des réfugiés, et les appels seraient entendus dans les 30 jours suivant leur dépôt. La période normale de traitement des demandes, au départ, serait cependant identique à celle qui est prévue pour les demandeurs provenant d’autres pays, soit 15 jours pour l’entrevue de collecte de renseignements et 90 jours pour l’audition qui suit cette entrevue.
La nouvelle disposition permet de réagir plus rapidement que la désignation de pays aux brusques augmentations du nombre des demandes frauduleuses.
En outre, aux termes des amendements proposés, si des demandeurs déboutés ou de pays désignés décident de demander une révision judiciaire, leur renvoi ne ferait pas l’objet d’un sursis, et ils seraient soumis à des mesures prioritaires de renvoi.
Ces amendements nous permettraient toujours d’accorder rapidement une protection à ceux qui en ont besoin au moyen de décisions de qualité prises au premier niveau par une instance quasi judiciaire indépendante. Nous continuerions d’offrir un traitement accéléré des demandes de personnes provenant de pays désignés, sans leur refuser l’accès à un appel.
En réalité, les réformes et amendements proposés permettent de faire un peu mieux que le projet de loi déposé au départ. Les demandes de personnes provenant de pays désignés seraient traitées dans un délai estimatif de 120 jours, soit environ la moitié du temps nécessaire au traitement de la plupart des demandes et environ 10 fois plus rapide que ce qui se fait en ce moment.
Les demandes jugées manifestement infondées seraient soumises aux mêmes dispositions que celles des personnes provenant de pays désignés.
[Français]
Nous avons également accepté d'autres modifications, lesquelles permettent de clarifier la politique actuelle et de donner suite à certaines préoccupations qui ont été soulevées, y compris le fait que les considérations liées à une contrainte excessive continueraient d'être examinées dans le cadre des demandes pour considérations d'ordre humanitaire.
L'examen des risques en vertu des articles 96 et 97 de la loi serait éliminé de ce processus, tel qu'il a été proposé à l'origine, et ce, pour éviter les redondances dans le système d'octroi de l'asile.
À l'exception de la décision du comité d'éliminer la limite d'un an en ce qui a trait à l'accès aux demandes pour considérations d'ordre humanitaire, je serai heureux d'affirmer que j'approuve entièrement les modifications approuvées par le comité.
En ce qui concerne la limite relative aux demandes pour considérations d'ordre humanitaire, le gouvernement continue de croire qu'il s'agit de mesures qui contribueraient à l'efficacité globale du système et qui décourageraient les abus.
En général, toutefois, les modifications proposées continueraient de nous permettre d'atteindre nos objectifs consistant à accélérer le traitement, à décourager les abus et à accorder aux demandeurs l'accès à la Section d'appel des réfugiés.
[Traduction]
Comme je l’ai déjà dit, les modifications sont bonifiées par rapport à la proposition initiale, et il s’agit d’une situation authentique et exceptionnelle qui ne fait que des gagnants parmi tous ceux qui sont parties prenantes et pour les demandeurs de bonne foi, sans oublier les contribuables canadiens. C’est parce que le processus accéléré sera encore plus rapide que ce que nous prévoyions au départ.
J’ai hâte de répondre aux questions sur les aspects détaillés du projet de loi et les dispositions réglementaires qui y sont associées.
Permettez-moi de conclure en remerciant tous les parlementaires et les membres du comité qui ont joué avec diligence leur vrai rôle de législateurs. Je les remercie d’avoir fait la preuve, donnant ainsi de l’espoir aux Canadiens, que nous pouvons travailler ensemble à l’élaboration de politiques d’intérêt public solides.
Je remercie tous les fonctionnaires de Citoyenneté et Immigration Canada qui sont des bourreaux de travail. Bien franchement, ils travaillent à ce dossier depuis des années et avec une diligence particulière depuis quelques mois. Merci également à mes propres collaborateurs politiques et plus particulièrement à mon directeur des politiques, M. James Yousif, qui a accompli un travail remarquable en nous conseillant, le gouvernement et moi, et qui a rendu possible cette réalisation.
:
Monsieur le Président, je souhaite tout d'abord exprimer ma profonde gratitude au pour les qualités de leadership qu'il a manifestées tout au long de cette entreprise où nous nous sommes acharnés à concrétiser la réforme du statut de réfugié. Il faut saluer son ouverture au changement, son aptitude à saisir cette occasion qui s'offre une fois dans une génération d'affronter un domaine de politique publique délicat et souvent complexe. Cela prouve que quand nous avons la vocation et que nous répondons à l'appel du public, nous pouvons atteindre de grands objectifs et démontrer tout simplement que nous ne sommes pas ici par pure vanité ou par simple souci de profit personnel. Nous y sommes au contraire pour faire évoluer de façon positive la vie des gens dans le souci profond d'améliorer la société et pour exprimer notre respect pour notre institution démocratique et la démocratie dans notre pays.
Tout au long de ce cheminement, le ministre a fait preuve d'une grande ardeur et d'une grande éthique au travail ainsi que de savoir-faire et de leadership politique. La négociation n'est pas toujours facile. Parfois elle est très difficile. Les gens ont leur point de vue sur certaines questions qu'ils expriment ouvertement et parfois vigoureusement, parce que c'est l'essence même de la démocratie.
Je tiens à souligner que le fait que le ministre accepte de partager son mérite avec ses collègues de part et d'autre de la Chambre et de tous horizons politiques atteste de sa grandeur d'esprit et de sa dignité de parlementaire. Je tiens donc à lui exprimer ma gratitude pour tout ce qu'il a accompli.
Tout a débuté en fait il y a plus d'un an, en mars, quand j'ai posé au une question sur les sérieuses difficultés que connaissait depuis assez longtemps le régime du statut de réfugié au Canada. La question de l'arriéré, parmi bien d'autres, avait été soulevée dans un rapport de la vérificatrice générale, qui était profondément préoccupée par ce régime au Canada, et il fallait donc intervenir très vite pour rectifier le tir.
Tout au long de ce processus, nous avons discuté avec mes collègues du caucus pour voir comment on pouvait améliorer la loi. Le ministre a répondu en substance qu'il était ouvert à la discussion sur le régime et il a vraiment entamé un dialogue sincère entre les députés de l'opposition, y compris moi-même, et son ministère. Il a d'ailleurs pris bien soin d'aborder, dans nos conversations sur les moyens de rectifier ce qui n'allait pas, les préoccupations qui avaient été soulevées par mon caucus. Dans son discours, il a vraiment fait le tour de toutes les questions auxquelles nous devons nous attaquer et il a clairement énoncé les problèmes.
Au moment où nous examinons le projet de loi C-11, je m'attarde sur le processus, parce qu'il est très évident pour moi et, j'en suis certain, pour les membres du comité qui ont travaillé avec diligence sur cette question ainsi que pour les Canadiens qui s'intéressent au système canadien de détermination du statut de réfugié, que si le Parlement doit se pencher sur certaines questions de façon très ouverte et que, à titre de parlementaires, nous avons la volonté politique de faire des modifications positives, il est possible d'y arriver.
J'ai lu avec intérêt un éditorial du Toronto Star, dont le titre retiendra certainement l'attention du ministre pendant un moment:
Entente miracle sur la Colline du Parlement
Les miracles politiques sont encore possibles à Ottawa.
L'éditorialiste termine en disant ceci:
Le véritable miracle serait de transformer cet incident isolé en pratique courante.
J'estime que nous devons réfléchir à cela. Nous devons également réfléchir au fait que les gouvernements minoritaires peuvent adopter des mesures législatives fort judicieuses. Toutefois, cela exige de l'ouverture. Il faut notamment être ouvert au dialogue. La solution ne réside pas dans des échanges acrimonieux mais plutôt dans la mise sur papier des idées, la discussion et l'ouverture aux changements; elle peut même exiger de renoncer à certaines choses auxquelles on tient.
Quand on examine ce qui j'espère deviendra une étude de cas du projet de loi , j'ose espérer, avec tout le respect que je dois aux autres ministres, qu'ils s'inspireront du pour voir comment favoriser un meilleur rendement au Parlement.
Je pourrais parler longuement des changements, des amendements substantiels qui ont été apportés, mais je mets l'accent sur la coopération parce j'estime que c'est ce que les Canadiens souhaitent vraiment. Les Canadiens veulent un nouveau style de Parlement, une nouvelle façon de faire les choses. Ils comptent sur nous et ils veulent avoir l'assurance que lorsque nous intervenons à la Chambre, nous ne pensons pas uniquement à nos intérêts personnels. Ce n'est pas une question de personnalité. Il s'agit plutôt de se demander en quoi consiste vraiment une représentation adéquate à la Chambre. En tant que représentants parlementaires à la Chambre, nous pouvons nous lever chaque matin en ayant à l'esprit l'objectif idéal qui est d'élaborer les meilleures politiques possibles pour permettre aux Canadiens de relever les défis auxquels ils sont confrontés.
Quand je passe en revue certains des amendements importants au projet de loi qui ont déjà été mentionnés par le ministre, qu’ils aient été proposés par le Parti libéral qui a beaucoup insisté sur l’application du motif d’ordre humanitaire, par le NPD et le Bloc au sujet des pays désignés, par le député de , si je peux me citer moi-même, pour ce qui est des délais s’appliquant aux demandes pour motifs d’ordre humanitaire ou mes échanges avec le ministre, car je dois dire que j’ai souvent reçu des courriels à 2 heures ou 4 heures du matin au cours de ces négociations, tout cela témoigne du désir d’accomplir cette réforme.
Si vous prenez la liste des changements concernant les motifs d’ordre humanitaire et les délais, l’engagement financier de plus de 540 millions de dollars qu’a pris le gouvernement, nous pouvons voir que c’est sérieux. Nous avons répondu à l’appel des Canadiens. Nous avons répondu à l’appel des personnes et des organismes qui s’occupent des réfugiés. Nous avons répondu à l’appel des citoyens qui estimaient que notre système de détermination du statut de réfugié ouvrait la porte aux abus. Ils voulaient que les parlementaires de la Chambre défendent les intérêts de notre pays, la dignité de notre système et l’intégrité de notre système. C’est un projet de loi qui va dans la bonne direction. C’est un projet de loi sensé. Dans sa forme initiale, il présentait quelques défauts. Néanmoins, grâce au travail des parlementaires des deux côtés de la Chambre, nous avons pu y apporter des changements positifs.
Quand nous nous sommes penchés sur la question du comité consultatif, quand nous nous sommes penchés sur les critères de désignation des pays, qui étaient un sujet important pour mon caucus, comme certains députés s’en souviendront, nous avons fini par trouver des solutions.
Quand le ministre s’est rendu compte que certains partenaires n’étaient pas d’accord, il a eu la sagesse de rechercher d’autres appuis. En fin de compte, le ministre et le pays ont obtenu ce dont nous avions besoin. C’est plus important qu’une victoire politique.
L’important, c’est qu’en tant que parlementaires, nous avons réussi à livrer aux Canadiens ce qu’il leur revient de droit: un projet de loi et une politique qui répondent à leurs principales préoccupations. Cette mesure cherche à résoudre les problèmes dont ils se soucient, dont ils parlent autour de la table de cuisine, les préoccupations des familles, des réfugiés qui doivent attendre des années qu’une décision soit rendue. Maintenant, ce ne sera plus le cas.
Si ce système fonctionne bien, nous ne devons pas oublier que nous sommes en politique pour nous occuper des gens. Si nous pouvons soulager les souffrances que certaines de ces personnes ont éprouvées au cours des années à cause d’un système défectueux, nous aurons fait notre travail. Si nous pouvons affirmer, en tant que parlementaires, que nous avons un système de détermination du statut de réfugié qui a doté le Canada d’un système équitable et juste qui permet aux gens de venir chercher refuge dans notre pays, nous aurons fait notre travail.
En y réfléchissant, si nous pensons à la toute première question qui a été adressée au ministre, à la franchise de sa réponse, au travail effectué par les députés de tous les côtés de la Chambre, aux accords et aux désaccords, aux tensions et je peux dire aujourd’hui, au soulagement, nous commençons à vraiment comprendre qu’il est possible d’apporter des changements positifs dans cette Chambre. En fait, les choses peuvent prendre une tournure favorable.
De nombreux réfugiés qui sont venus au Canada ont énormément contribué à notre société. Ils ont enrichi le terreau culturel et économique de notre pays. Nous les accueillons à bras ouverts parce que nous avons la responsabilité de jouer notre rôle de parlementaires dans une des plus grandes démocraties du monde. Nous faisons partie d'une société mondiale, d'un village planétaire où les pays et les citoyens s'appuient les uns les autres pour créer un environnement où nous pouvons tous profiter ce que chacun a à offrir et des dons que nous avons reçus.
Du point de vue de la gouvernance, le projet de loi est un bon modèle à suivre. Même si les opinions peuvent diverger, je crois qu'il est très important de faire des concessions pour élaborer de bonnes politiques publiques.
Si on ne parle pas souvent d'une réforme concernant les réfugiés, c'est pour une bonne raison. C'est un sujet délicat qui est parfois assez politisé. Personne ne veut y toucher. Or, je crois que le Comité de la citoyenneté et de l'immigration a fait preuve d'un véritable leadership en veillant à la concrétisation des changements mentionnés par le ministre dans son discours.
J'aimerais voir plus de projets de loi à la Chambre. Je veux voir des ministres ouverts. Je veux voir des députés de l'opposition actifs et passionnés qui veulent vraiment aider les gens. En fin de compte, il faut se demander si ce que nous faisons améliore la vie de nos concitoyens.
Si la réponse est oui, comme c'est le cas pour le projet de loi , alors le Parlement fait du bon travail. C'est une bonne journée pour les politiciens et pour tous les partis concernés. Quand nous mettons notre énergie en commun et que nous nous penchons sur un dossier d'intérêt commun avec volonté et bonne foi, nous pouvons faire de grandes choses.
En terminant, je souligne que j'ai reçu beaucoup d'aide pendant mes négociations de la part d'un jeune homme du nom de Vince Haraldsen, qui travaille dans le bureau du . Je tiens à le remercier. Je remercie également le président du comité, mon voisin de Caledon, pour son excellent travail, de même que tous les membres du comité. Je leur suis extrêmement reconnaissant pour ce qui s'est avéré une expérience formidable.
:
Monsieur le Président, puisqu'on parle de sourires, je commencerai sur une note un plus légère. Ces dernières semaines et ces derniers mois, les propos les plus souvent lancés pour discréditer les adversaires, c'est de les accuser d'avoir formé une coalition. C'est très populaire en ce moment. Tout à l'heure, j'ai calculé qu'il y avait 10 combinaisons possibles. Il y a la possibilité d'une coalition libéraux-conservateurs, bloquistes-libéraux et ainsi de suite. Si on fait le calcul, on se rend compte qu'il y a 10 possibilités de coalition. Selon ce qui se dit à la période de questions depuis des mois, il y a toujours un parti qui n'est pas dans la coalition et qui insultera l'adversaire en disant qu'il y a une nouvelle coalition. C'est ce qui se produit fréquemment et c'est ce qui s'est produit encore aujourd'hui.
En effet, on se retrouve avec une onzième coalition qui n'a peut-être pas été anticipée et c'est celle des quatre partis. Ce projet de loi a été adopté à l'unanimité. Il se retrouve donc devant nous en troisième et dernière lecture. Selon toute vraisemblance, il sera donc adopté un peu plus tard.
Les gens qui nous écoutent et qui voient le ministre et les porte-parole des différents partis sourire, rire et échanger peuvent se demander ce qui se passe dans la Chambre aujourd'hui. Lorsqu'on est habitué d'écouter la période des questions, on s'attend à ce que l'opposition trouve que ce que le gouvernement fait n'a pas d'allure et ne fait pas les choses comme il le faut. Pour sa part, le gouvernement répond que l'opposition ne comprend rien. Nous avons ici quelque chose de différent, avouons-le, parce que les travaux de notre comité ont été animés par cet esprit de coopération qui est je crois nécessaire et qui correspond au comportement que les citoyens, qui nous élisent et qui nous choisissent, attendent de nous.
Le comité a travaillé très fort. On a eu de longues soirées de consultation. On en a eu pendant la journée, mais on en a aussi eu en soirée parce qu'on voulait quand même mettre sur pied cette réforme rapidement. Toutefois, on voulait faire notre travail correctement et prendre le temps d'entendre les commentaires de tous.
Je crois que nous avons fait tout ce que nous pouvions faire. On est allés jusqu'aux limites de ce qu'il est humainement possible de faire. Je me rappelle de séances, les jeudis soirs, où les députés étaient un peu fatigués. Ça cabotinait un peu. J'ai pris la peine de m'excuser auprès de certains témoins qui se demandaient si les députés étaient vraiment sérieux. En tout respect, je crois qu'on a fait notre travail correctement et c'était nécessaire.
En parallèle, et à la suite de ces longues consultations, on a eu des échanges entre les gens des différents partis. Contrairement à ce que les gens pensent souvent, on parle à des collègues libéraux, néo-démocrates et conservateurs. On a eu des discussions pour arriver à une situation qui est assez intéressante et assez optimale et où on a pu procéder à l'étude article par article, c'est-à-dire le moment où on vote en comité sur les articles du projet de loi et où on apporte des amendements.
On a pu procéder en quelques heures seulement, sans déchirement ou scénario traumatisant. Je crois que la majorité des votes ont été fait à l'unanimité et quelques-uns avec dissidence. Ce n'était rien de bien hostile sur le plan des discussions. On a fini relativement tôt ce soir-là et on aurait fini plus tôt si on n'avait pas eu à faire trois fois l'aller-retour entre la Colline parlementaire et le centre-ville d'Ottawa pour voter en Chambre. Peut-être que le fait de prendre de l'air et de marcher un peu nous a aéré les neurones et nous a permis d'arriver à cette solution.
Comme les personnes qui sont intervenues avant moi l'ont souligné, il y a une certaine satisfaction générale se dégage du résultat du rapport du comité.
Ce n'est pas seulement un compromis qui fait qu'on rentre chez soi en se disant qu'on a dû abandonner ceci, qu'on a obtenu cela, qu'on n'a pas le choix et qu'il faut vivre avec le résultat. Cela ressemble plutôt à de la satisfaction. Bien sûr, ce n'est pas le projet de loi que j'aurais écrit, ou que les députés de ou de auraient écrit, et ce n'est pas celui que le ministre avait préparé. C'est autre chose, qui résulte de la contribution de chacun d'entre nous, mais ce n'est pas un compromis boiteux, une entente que l'on est forcé d'accepter, résigné, parce qu'on n'a pas le choix. C'est du bon travail.
Il faut donc remercier tous ceux qui ont participé. Il faut évidemment remercier le ministre, qui a eu l'ouverture et la sagesse de venir discuter avec les porte-parole des différents partis et qui s'est montré ouvert aux bonnes idées. Il ne les a pas rejetées du revers de la main, tout simplement parce qu'elles venaient d'un parti x ou y ou d'un parti séparatiste, ce qui parfois est très mauvais à la Chambre. Il y a eu de bonnes discussions. Il a su aussi, dans certains cas, nous convaincre que certaines modifications n'étaient peut-être pas appropriées. Un travail important a été donc fait et, tout comme le député de l'a souligné, je souhaite aussi que plusieurs autres ministres s'inspirent de son travail.
Il faut évidemment remercier aussi le secrétaire parlementaire, qui a accompli un travail important. Il a toujours été très respectueux et très ouvert aux propositions qui venaient, soit des autres membres du comité, soit des témoins qui ont comparu devant nous. Je veux remercier les porte-parole du Parti libéral et du NPD, avec lesquels j'ai travaillé étroitement à plusieurs égards. Ensemble, nous avons obtenu des résultats très intéressants.
Il faut aussi remercier ceux qui nous ont servi de matière première, ceux qui ont comparu devant nous pour nous expliquer leur connaissance de la réalité. De ce nombre, il y a eu des avocats, des représentants des barreaux québécois et canadien, des groupes de défense des réfugiés, le Conseil canadien pour les réfugiés, la Fédération des femmes du Québec, des groupes de toutes sortes qui, chaque jour, travaillent avec ces gens et ont une connaissance intime de leur réalité. On a même reçu des réfugiés qui ont eux-mêmes passé au travers du processus, qui ont eux-même vécu cela et qui sont venus témoigner.
Ce sont ces gens qui nous ont fourni la matière première et qui nous ont permis d'arriver à ce résultat. Je pense, honnêtement, qu'on ne peut pas simplement se dire qu'on a fait du bon travail en tant que parlementaires. C'est vrai qu'on l'a fait, mais cela a été rendu possible parce que des gens se sont impliqués, et ont participé à ces consultations et nous ont donné la matière pour arriver à ces résultats.
Je trouve intéressante la pensée que, malgré le cynisme et le désabusement qu'on constate malheureusement trop souvent dans la population, cette réforme de la protection des réfugiés sera peut-être un exemple positif pour tous ceux qui hésitent à s'impliquer en politique ou à comparaître devant ce genre de comité, qui hésitent à prendre le temps de rédiger un mémoire en se disant que cela ne changera rien puisque, de toute façon, tout est prévu d'avance. Ces gens se diront peut-être qu'au fond, ils peuvent apporter une contribution et faire des changements à la loi.
Personnellement, j'aimerais aussi remercier tous ceux qui, à l'intérieur de mon parti, ont travaillé, m'ont appuyé dans mes démarches, particulièrement ma recherchiste, Marie-Eve Therriault, ainsi que Annie Desnoyers, du bureau du leader parlementaire, qui, par ailleurs, est une personne redoutable en matière de procédure de la Chambre. Je suis convaincu que plusieurs partis à la Chambre aimeraient l'avoir à leur service, mais son coeur est évidemment du côté du Bloc québécois, il est déjà pris.
Parlons donc du projet de loi puisque c'est ce dont il s'agit.
D'entrée de jeu, je veux souligner les améliorations et les gains importants qui sont dans la version qui est devant nous aujourd'hui, et qui n'y étaient pas à la première lecture et à la deuxième lecture. Le Bloc appuiera ce projet de loi, non sans réserve, dans la mesure où on a toujours des préoccupations. Nous voulons nous assurer qu'il sera mis en oeuvre. C'est un bon projet de loi et c'est nettement mieux que le statu quo. On ne sera pas surpris d'apprendre que le fait qu'il y ait maintenant une section d'appel pour les réfugiés accessible à tous me réjouit grandement.
Je remercie le ministre d'avoir souligné que c'est un combat de longue date que le Bloc québécois mène, combat que j'ai moi-même repris et que j'ai porté dans la présente législature par l'intermédiaire du projet de loi d'initiative parlementaire. Ce projet de loi a été déposé à la Chambre à mon nom, il a franchi l'étape de la deuxième lecture et l'étape du rapport en comité, mais a malheureusement été défait à la Chambre par une seule voix.
Je pourrais sûrement faire un statement politique, mais dans l'esprit de collaboration qui règne aujourd'hui, je vais m'en abstenir, puisqu'on a aujourd'hui une section d'appel, ce dont je suis fort content. C'est important d'avoir une telle section d'appel pour des raisons d'équité. Tout système de justice, qui est administré par des humains qui sont faillibles, qui peuvent se tromper et faire des erreurs, doit prévoir un mécanisme pour corriger ces erreurs. C'est tellement vrai que dans tout système de justice naturelle — nos tribunaux, nos cours —, on prévoit toujours une possibilité d'appel alors que c'est souvent pour des considérations beaucoup moins graves. Pour une chicane de clôture entre voisins, on va devant un tribunal, et si on n'est pas satisfait de sa décision, on peut en appeler en expliquant à une cour plus élevée pourquoi on croit que la décision est inappropriée.
Il me semble évident que lorsqu'on parle d'une question, disons-le franchement, beaucoup plus grave, celle de savoir si on va renvoyer une personne vers un lieu où elle pourrait être exposée à la persécution, à la torture, voire à la mort, il faut être absolument sûr qu'on ne commet pas d'erreur. Dans le cas d'une chicane de clôture, même le juge se trompe cinq ou six fois par année sur le volume, ce n'est pas très grave, mais dans le cas d'une demande de statut de réfugié, une erreur est très grave.
En mettant en place une Section d'appel des réfugiés, on a la garantie que si une erreur est commise en première instance, il y a une possibilité de la corriger en deuxième instance. Je crois que cette section d'appel rendra le système plus efficace. Elle permettra d'établir une réelle jurisprudence, c'est-à-dire qu'un corpus décisionnel sera établi et il y aura beaucoup moins d'incohérence entre les décisions.
Par exemple, deux frères provenant du même pays et ayant vécu la même histoire se sont présentés devant deux commissaires différents. Une demande a été acceptée par un commissaire, tandis que l'autre a été refusée. Je ne sais pas lequel des deux commissaires s'est trompé, mais une chose est sûre, un des deux commissaires s'est trompé. C'est le même cas qui est présenté à la cour et la décision n'est pas la même. J'ai souvent souligné cette réalité. Les avocats m'ont dit avoir de la difficulté à dire à leurs clients s'ils seraient acceptés ou non parce que cela dépendrait du commissaire qui entendrait leur cause.
Avec une section d'appel à laquelle les demandeurs déboutés pourront s'adresser, ou si le ministre juge qu'un décideur a été trop laxiste dans sa décision, on pourra valider les décisions et savoir, après un certain temps, quels cas sont acceptés ou non du point de vue jurisprudentiel.
Je salue aussi le fait que le comité ait décidé de préserver la possibilité, pour les gens qui font une demande de statut de réfugié, de faire une demande pour motifs d'ordre humanitaire. Cet outil de demande est le filet de sécurité de notre processus.
Dans bien des cas, une personne peut vivre des situations extrêmement difficiles et préoccupantes, mais ne pas répondre de façon stricte à la définition de réfugié et ne pas être admissible. La définition de réfugié, au sens de la Convention, est assez étroite. Une personne ne doit pas simplement chercher refuge et avoir besoin d'aide, mais être vraiment persécutée et ne pas pouvoir trouver d'endroit au pays où elle serait protégée. À cet égard, on espère qu'avec une demande pour motifs d'ordre humanitaire, les personnes dans cette situation pourront être rattrapées.
Il reste des préoccupations, par exemple la désignation des pays. Au départ, je n'étais pas convaincu. Je me suis toujours préoccupé de savoir si des enjeux diplomatiques ou politiques viendraient intervenir dans le processus.
Je suis relativement satisfait du texte final et de la façon qu'il est conçu. Je tenais, contrairement à certains, à ce que le mot « sûr » n'apparaisse pas dans le texte législatif parce qu'à mon avis, cela aurait introduit une opinion sur la valeur d'un pays. Des pays auraient pu faire des pressions diplomatiques pour obtenir cette étiquette de pays sûr, tandis que le terme plus neutre de « pays désigné » ne pose pas ce problème. Je pense que les deux outils sont équilibrés.
On s'est aussi penchés sur la question de savoir si une entrevue est supérieure ou moins bonne que le précédent formulaire. Chacun des modes à ses avantages et ses inconvénients; on verra à l'usage. Je crois qu'il est raisonnable de faire confiance au professionnalisme de nos fonctionnaires pour tenir correctement les entrevues dans le meilleur intérêt du système.
Finalement, je demeure préoccupé par l'absence formelle de possibilité de réouverture de dossier entre le moment où quelqu'un reçoit une décision finale de la Section d'appel des réfugiés et le moment où il est effectivement déporté. Il pourrait survenir des événements personnels dans son pays, par exemple, sa famille pourrait être massacrée, de sorte qu'au moment où la décision finale a été prise, il n'était pas un réfugié, mais qu'il l'est devenu par la suite.
J'espère que le système saura rattraper ce genre de cas et que le ministre de l'Immigration du moment agira correctement si de tels cas devaient se présenter.
Je vais terminer sur une note peut-être plus légère. On a finalement décidé de garder le titre du projet de loi parce qu'on peut dire qu'il est maintenant véritablement équilibré. Je peux cependant assurer le ministre que le comité va revenir à la charge concernant ces deux prochains projets de loi, qui portent des titres franchement ridicules. On va veiller à ce qu'ils ne comportent que des critères objectifs et non des opinions politiques dans leur titre.
Personnellement, je sors très satisfait de cette expérience; c'est très valorisant. Dans notre travail de député, on vit souvent des moments difficiles. Parfois, je m'arrête à mon pupitre, j'écoute la période des questions et je me demande ce que je fais ici, ce qui se passe. Mais un moment comme aujourd'hui est un bon moment et peu importe ce qui va m'arriver dans les prochaines années, le jour où je quitterai la politique, je pourrai dire qu'au moins, j'aurai accompli quelque chose de majeur ayant un impact sur la vie des gens, possiblement sur plusieurs décennies.
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Monsieur le Président, les pays sont parfois définis par les lois qu'ils adoptent concernant les réfugiés, mais ce n'est que plusieurs décennies plus tard qu'on peut le constater.
Si Mackenzie King, ancien premier ministre du Canada, avait assoupli les lois concernant les réfugiés à son époque, des centaines de milliers de Juifs auraient pu fuir les nazis.
Sous prétexte de protéger l'intérêt national du Canada, Thomas Crerar, ministre de l'Immigration de l'époque, et son représentant, Fred Blair, ont fermé la frontière du Canada aux Juifs. L'explication de M. Blair était que, « sortant du tourbillon de la guerre, certains d'entre eux se retrouveront sur la paille », parlant des réfugiés, « et quand ils deviennent une charge publique, il faut s'en occuper pour le restant de leur vie. »
De 1933 à 1945, les États-Unis, sous le gouvernement de Roosevelt, ont accueilli 200 000 réfugiés juifs. L'Angleterre en a accueilli 70 000. La Bolivie, pays relativement pauvre, en a accueilli 14 000. Malheureusement et honteusement, le Canada, pays vaste et riche, a seulement accueilli 5 000 réfugiée juifs.
Même un jeune Pierre Elliott Trudeau, dans un rassemblement électoral en novembre 1942, a affirmé craindre davantage « l'invasion tranquille d'immigrants que l'invasion armée de l'ennemi », parlant bien évidemment des Juifs.
C'est grâce aux manifestations de la communauté juive, par l'entremise du comité populaire contre l'antisémitisme, que le Canada a commencé à assouplir sa politique relative aux réfugiés. Le comité a envoyé une délégation à Ottawa représentant 10 000 Juifs canadiens pour s'entretenir avec le ministre Crerar. En réponse au tollé retentissant et soutenu soulevé par la communauté juive, en 1944, 450 réfugiés juifs ont enfin été acceptés au Canada.
En 1945, les 972 réfugiés de sexe masculin hautement compétents et professionnels incarcérés depuis 1940 ont finalement été libérés et sont devenus des musiciens, des enseignants, des artistes, des auteurs, des théologiens et des scientifiques.
Pourquoi m'attarder ainsi sur l'histoire? Parce que l'établissement d'une politique juste et sensible en matière de réfugiés n'est pas une chose facile. Ceux qui s'évertuent à faire ce qui s'impose sont rarement populaires, et quiconque commet une erreur risque de se faire battre, torturer, emprisonner et même tuer.
Il y a une importante leçon à tirer de ce triste chapitre de notre histoire. Nous devons travailler avec les personnes les plus touchées, celles qui travaillent avec les réfugiés, et c'est ainsi qu'on pourra parfaire les lois et politiques gouvernementales.
Aujourd'hui, en ces temps difficiles, de nombreux réfugiés quittent leur pays parce qu'ils sont persécutés. L'année dernière, 43,3 millions de personnes ont été persécutées en raison de leur race, leur religion, leur nationalité, leur appartenance à un groupe social particulier ou leur opinion politique. Il a fallu les déplacer ailleurs dans le monde. C'est le plus grand nombre de gens déracinés par les conflits et la persécution depuis le milieu des années 1990, et c'est plus que la population de notre pays. Si le Canada se trompe et renvoie certaines de ces personnes, cela peut signifier pour elles la mort.
Voilà pourquoi il faut tirer la leçon de cette sinistre page de notre histoire en donnant rapidement refuge aux authentiques demandeurs du statut de réfugié et en rejetant ceux qui essaient de profiter du régime canadien.
Les néo-démocrates ont toujours été en faveur d'un régime rapide, juste et efficace pour les réfugiés. Quand ce projet de loi a été présenté au départ, nous avons dit que nous avions peur qu'aucun pays ne soit parfaitement à l'abri de toute forme de persécution, qu'il s'agisse des crimes haineux à l'égard des gais et lesbiennes ou des personnes transsexuelles, de violence domestique contre les femmes, de mutilation génitale ou de crimes d'honneur. Ce n'est pas parce que des pays sont démocratiques que la sécurité y est assurée.
Nous sommes heureux que les gens de ces pays aient désormais les mêmes droits d'appel. Ils pourront présenter une demande pour des considérations d'ordre humanitaire et auront droit aux services d'un avocat.
Nous sommes donc très heureux de cette procédure accélérée pour le projet de loi . Nous concentrons en un après-midi l'étude à l'étape du rapport et en troisième lecture pour pouvoir adopter rapidement le projet de loi afin que la loi soit promulguée d'ici la fin du mois, et même peut-être avant.
Il est extrêmement important d'autoriser les demandes pour des motifs d'ordre humanitaire. Parfois les réfugiés ne savent même pas s'ils relèvent du statut de réfugié ou des considérations humanitaires. Ce sont des considérations désormais bien définies et garanties.
Le projet de loi est aussi accompagné de règlements extrêmement importants que nous avons hâte de voir entrer en vigueur. Nous espérons que près de 100 agents de protection des réfugiés vont être rapidement recrutés pour éponger l'arriéré. Je crois qu'il y a plus de 60 000 demandeurs qui sont dans les limbes et attendent depuis près de quatre ans une décision. On va améliorer le système informatique de l'Agence des services frontaliers du Canada. Elle suivra les gens auxquels on ordonnera de quitter le pays au lieu de les laisser disparaître une fois qu'on leur a annoncé qu'ils allaient être renvoyés.
Les néo-démocrates ont présenté plus de 20 recommandations pendant les délibérations du Comité de la citoyenneté et de l'immigration. Nous aurions préféré qu'il y ait d'autres amendements. Par exemple, au début, nous n'aimions pas le processus d'audition parce que l'on renonçait à la formule des entrevues personnelles. Nous nous inquiétions du coût des demandes pour motifs humanitaires qui dépassait les 500 $. Nous étions aussi inquiets parce que de nouveaux renseignements ne pouvaient pas être présentés à la Section d'appel des réfugiés.
Nous craignions que si des pays subissaient des changements juste avant que des réfugiés y soient expulsés, ceux-ci soient confrontés à de véritables problèmes à leur retour, en l'absence d'examens préalables au renvoi.
Nous voulions également que toutes les dispositions entrent en vigueur en même temps et qu'un examen de la loi soit prévu dans la loi même. Cependant, dans un esprit de collaboration et de compromis visant à améliorer le projet de loi, j'ai retiré mes recommandations concernant les motifs humanitaires, le droit d'appel de tous les demandeurs de statut de réfugié et le droit de tous les demandeurs à un avocat. Ce sont des choses à notre avis extrêmement importantes.
Avons-nous obtenu tout ce que nous demandions? Non, cependant, le projet de loi est beaucoup plus équilibré. Nous croyons que le jour où il deviendra loi, il y aura matière à célébrer parce que nous verrons enfin l'implantation de la Section d’appel des réfugiés.
Je tiens à remercier tout le monde pour les centaines de mémoires envoyés au comité. Les gens ont pris le temps de nous écrire pour nous faire connaître les changements qu'ils désiraient. Nous avons entendu des réfugiés. C'était très courageux de leur part de nous décrire leur expérience et de nous dire à quel point ils étaient heureux d'être au Canada et en sécurité.
Nous avons aussi entendu les témoignages de défenseurs passionnés des droits des réfugiés qui ont décrit leur travail auprès des réfugiés et qui ont exhorté les membres du comité à adopter une mesure législative équilibrée, juste et rapide. Ils ont organisé des réunions publiques à Vancouver, à Toronto, à Montréal et dans bien d'autres régions du Canada afin de donner la parole aux gens.
Le comité n'a pas pu voyager par manque de temps, mais nous avons pu entendre un grand nombre de personnes grâce à la conférence par Internet et par vidéo. Ces gens ont fait preuve de sagesse, de persévérance et d'insistance car ils ont fait appel à nous, sachant que la démocratie leur permet de faire appel à leur député quand un projet de loi doit être amélioré. Je crois comprendre que de nombreux députés ont reçu des mémoires, des appels et des visites de réfugiés ou de personnes ayant travaillé avec des réfugiés.
Cela a été en soi un élément précieux parce qu'au bout du compte, collectivement, que l'on soit réfugié, défenseur des droits des réfugiés, immigrant, organisme, député, porte-parole, ministre, employé du ministre ou fonctionnaire, l'élément essentiel est que nous devons nous écouter les uns les autres et travailler ensemble car nous voulons tous la même chose, soit un processus de détermination du statut de réfugié juste et rapide.
J'espère que l'adoption de cette loi permettra de ne pas reproduire les événements tragiques qui ont eu lieu il y a de nombreuses années, lorsque les 907 réfugiés qui se trouvaient à bord du navire St. Louis ont été refoulés, ce qui a entraîné la mort de la moitié d'entre eux. C'est une leçon dont nous devons constamment nous souvenir lorsqu'on parle d'immigration et de réfugiés, car nous ne voulons par que cette terrible histoire se répète. Le Canada est vraiment un havre de paix pour de nombreuses personnes qui cherchent à s'y établir et, aujourd'hui, parce que nous adoptons un processus de détermination du statut de réfugié équilibré, juste et rapide, nous avons de bonnes raisons de nous réjouir ensemble.