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FEWO Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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Emblème de la Chambre des communes

Comité permanent de la condition féminine


NUMÉRO 033 
l
1re SESSION 
l
41e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le lundi 7 mai 2012

[Enregistrement électronique]

(1530)

[Français]

    Bonjour à tous et à toutes et bienvenue à la 33e séance du Comité permanent de la condition féminine. Aujourd'hui, nous poursuivons notre étude sur l'amélioration des perspectives économiques des filles au Canada.
     Avant de débuter, je dois vous annoncer que le témoin qui devait comparaître à 16 h 30 a malheureusement eu un empêchement. Mme Jessica Danforth, du Native Youth Sexual Health Network, ne pourra donc pas être présente aujourd'hui. Les travaux du comité se feront donc plutôt à 16 h 30. En fait, Mme Danforth participe à l'Instance permanente sur les questions autochtones des Nations Unies. Nous allons essayer de l'inviter à une prochaine rencontre.
    Pour la première période de notre séance nous avons, en vidéoconférence, de Halifax en Nouvelle-Écosse, Mme Tricia Robertson, de Techsploration, et Mme Margaret-Ann Armour, présidente du Canadian Centre for Women in Science, Engineering, Trades and Technology.
    Madame Ashton, vous voulez prendre la parole?
    Pouvons-nous inviter Mme Danforth à une prochaine séance au sujet de la question que nous étudions?
    Oui, nous allons tenter de l'inviter la semaine prochaine, si elle est disponible. Il ne devrait pas y avoir de problème.
    Si elle ne peut pas venir à la séance où l'on discute de cette question, pourrait-elle soumettre ses commentaires au comité et nous expliquer pourquoi elle n'a pas pu comparaître aujourd'hui?
    Si Mme Danforth ne peut pas se présenter pour la présente étude, nous allons lui demander de nous transmettre quand même ses commentaires. Je présume que les membres du comité acceptent la proposition de Mme Ashton.
    Comme je crois que c'est le cas, nous allons maintenant passer aux témoignages de nos invitées en commençant par Mme Robertson. Vous disposez de 10 minutes pour faire votre présentation et nous continuerons par la suite avec Mme Armour, qui aura également 10 minutes. Par la suite, nous allons passer aux questions des membres du comité.
    Madame Robertson, vous pouvez débuter. Vous avez dix minutes.

[Traduction]

[Français]

    Oui.

[Traduction]

    Je m'appelle Tricia Robertson. Je suis directrice générale du programme Techsploration et j'occupe ce poste depuis sa création, en 1998. Je fais de la recherche sur les politiques, les procédures et les conventions collectives et j'ai créé des programmes concernant les femmes dans le domaine des sciences, des métiers et de la technologie depuis la fin des années 1980.
    Je vais vous parler un peu du programme Techsploration. Je crois que c'est une bonne façon de mener aux genres de recommandations que vous recherchez. Techsploration est né à partir d'une idée. Cela a commencé il y a 14 ans, parce que nous croyions que si on voulait...

[Français]

    Madame Robertson, je suis obligée de vous interrompre. L'interprète me signale que le volume est très bas et qu'il est très difficile de vous entendre. Pouvez-vous vous approcher du micro?

[Traduction]

    C'est probablement votre micro.
    Quelqu'un s'en occupe en ce moment même.

[Français]

    Vous pouvez continuer, madame Robertson. Nous allons voir si l'interprète peut vous entendre.
(1535)

[Traduction]

     Techsploration est né à partir d'une idée. Cela a commencé il y a 14 ans, car nous pensions que si on voulait apporter un changement au nombre de femmes présentes en sciences, dans les métiers et la technologie, il fallait rejoindre les jeunes femmes. Ainsi, Techsploration donne aux jeunes femmes de divers horizons, de la neuvième à la douzième année, l'occasion de se renseigner sur les carrières dans ces domaines. Cela les aide aussi à comprendre l'importance des mathématiques et des sciences au secondaire pour leurs carrières à venir et cela les aide à comprendre le rôle crucial du travail dans leur vie.
     Techsploration donne aux jeunes femmes la possibilité d'améliorer leurs aptitudes à parler en public, à faire des présentations et à rédiger des rapports. Elles apprennent également à communiquer, à faire preuve de leadership et à travailler en équipe — des compétences que recherchent tous les employeurs. Cela aide les participantes à avoir davantage confiance en elles, une meilleure estime de soi et une conscience culturelle, mais, plus important encore, Techsploration leur fournit de l'information. L'information, c'est habilitant et cela change complètement les vies.
    La réussite de Techsploration est le fruit de la collaboration et de l'engagement...

[Français]

    Madame Robertson, je vais être obligée de vous interrompre une seconde fois. Je suis désolée. L'interprète me signale que vous parlez un peu trop vite. Pouvez-vous parler un peu plus lentement, s'il vous plaît?

[Traduction]

    Merci.
    D'accord. Je suis une autodidacte qui effectivement parle très vite.
    Techsploration donne aux jeunes femmes l'occasion d'améliorer leurs aptitudes à parler en public, faire des présentations et rédiger des rapports. Cela leur apprend également la communication, le leadership et le travail d'équipe — à savoir des compétences que recherchent les employeurs. Les participantes ont ainsi davantage confiance en elles, d'estime de soi et de conscience culturelle, mais ce qui est encore plus important, c'est que Techsploration leur fournit de l'information.
    L'information, c'est habilitant et cela change absolument les vies. La réussite de Techsploration est le fruit de la collaboration et de l'engagement d'enseignants, de parents, d'aînés, de modèles, de gouvernements, de représentants de l'industrie, de syndicats et d'associations professionnelles qui ont tous travaillé ensemble pour mettre sur pied des partenariats communautaires durables.
    Techsploration est une organisation sans but lucratif. Elle est régie par un conseil d'administration de bénévoles et par huit comités. L'organisation a été créée en 1998 en tant que projet pilote. Aujourd'hui, cette année, nous avons plus de 40 écoles dans le programme, 350 personnes qui servent de modèles — des enseignants et des bénévoles — qui y participent chaque année, aux côtés de 3 000 élèves. Cette année, plus de 50 activités du programme ont été organisées dans toute la province. Cela commence par le lancement annuel et la séance d'information pour les enseignants. Il s'agit du démarrage d'une nouvelle année. C'est l'occasion d'informer nos enseignants.
    Après, il y a une visite des milieux de travail ou « Techsploration va au travail », ou chaque équipe scolaire, composée de six jeunes filles en neuvième année, rencontre la personne qui lui sert de modèle dans son milieu de travail, pour se renseigner sur sa carrière et son environnement de travail. Lors de cette visite du milieu de travail, elles peuvent être amenées à monter dans un hélicoptère, passer la journée à bord d'un remorqueur, aller dans un laboratoire, apprendre à souder ou participer à des fouilles scientifiques.
    Une fois qu'elles ont terminé cette visite du milieu de travail, la phase suivante du programme s'intitule « Techsploration va à l'école ». Pendant cette phase, l'équipe de Techsploration partage les fruits de sa recherche et son expérience du milieu de travail avec les élèves de son école. Tout le monde en bénéficie. Cela inclut non seulement les jeunes femmes, mais aussi les jeunes hommes, enseignants et conseillers d'orientation. Ils ont tous l'occasion d'entendre parler des carrières en rencontrant les personnes qui servent de modèles lors d'une activité où tout le monde alterne.
    L'atelier tournant est une caractéristique clef de toutes nos activités. Chaque personne qui sert de modèle installe une station avec des accessoires. De petits groupes d'élèves effectuent une rotation et vont de station en station et rencontrent chaque personne modèle, participent à des activités pratiques et ont l'occasion de poser des questions.
    La dernière partie du programme est une grande conférence. Nous en avons trois. C'est l'occasion pour les filles des équipes scolaires d'entendre ce que les autres équipes ont appris. Elles participent également à des ateliers tournants, où elles rencontrent les personnes modèles assignées à chaque équipe.
    Enfin, nous avons une activité pour les anciennes. Il est organisé au mois de novembre pour les filles en dixième, onzième et douzième année. C'est l'occasion pour ces jeunes femmes de participer à un exercice tournant de grande envergure et de rencontrer un grand nombre de personnes modèles. Par exemple, l'an dernier, nous avions 28 stations avec des personnes modèles.
    Voilà un aperçu de nos activités.
    Nous avons également un outil ressource que nous avons créé et qui s'intitule « Femmes en action — vidéos Internet ». Il s'agit d'un outil ressource. Il se trouve sur notre site Web à l'adresse Techsploration.ca. Essentiellement, il s'agit d'un bref aperçu de la vie des modèles et leur carrière, en l'espace de deux minutes. Nous en avons actuellement 30, en ligne. Nous en aurons bientôt 60.
    Nous avons un autre projet spécial. Il s'agit de notre nouveau site Web et portail. Il a pris trois ans à mettre au point. Nous venons juste d'en faire le lancement, en décembre. Grâce à lui, Techsploration peut désormais rejoindre un plus grand nombre de jeunes femmes. Nous avons également des sections, sur notre site Web, consacrées à chacun de nos groupes d'intervenants, y compris les anciennes participantes, les enseignants, les personnes modèles, les commanditaires et les bénévoles qui siègent au conseil et aux comités.
    La phase suivante reste à venir. Il s'agit de Techsploration à l'avenir. Il s'agit de nos objectifs stratégiques à long terme. Ça signifie qu'au lieu de rejoindre plus de 3 000 élèves, en créant des ateliers en ligne, nous pourrons en rejoindre des milliers de plus qui pourront participer aux 50 activités. Cela nous permettra également de rester en contact avec les jeunes femmes de Techsploration, une fois qu'elles auront terminé leur douzième année. Cela nous aidera à mesurer l'incidence de nos activités. Cela signifie que nous pourrons créer de nouveaux outils pour venir en aide aux jeunes femmes et leur permettre de prendre des décisions professionnelles plus éclairées.
(1540)
    Nous avons trois partenaires au programme Techsploration, soit le collège communautaire, WITT Nouvelle-Écosse, ou Femmes dans les métiers et les technologies, et la Division des stages et de la formation du ministère du Travail et de l'enseignement supérieur de la Nouvelle-Écosse.
    Techsploration existe grâce à nos 38 commanditaires. Ils représentent un exemple incroyable de collaboration et d'engagement. Le plus important, c'est qu'ils ne nous apportent pas seulement des ressources financières, mais aussi des personnes modèles et des bénévoles pour nos conseils, nos comités et nos activités. Il nous apporte également un soutien en nature.
    Nos commanditaires sont conscients que leur engagement envers Techsploration, c'est aussi un engagement envers les familles, nos communautés et la prochaine génération de la population active.
    Pour terminer, nous allons célébrer notre 15e anniversaire, cet automne. Nous essayons de trouver des façons d'amalgamer la première Journée internationale des filles ainsi que le thème de la Journée internationale de la femme, qui sera « Connectons les filles — Inspirons leur futur ».
    En conclusion, j'aimerais citer une de nos anciennes participantes à Techsploration. Elle a dit:
La chose la plus importante que j'ai apprise grâce à Techsploration, c'est que peu importe qui je suis, fille ou garçon, blanc ou noir, je peux être ce que je veux être. J'ai appris quelque chose de chacune des personnes modèles, ce que je garderai avec moi toute ma vie.
    Nous avons quatre recommandations. Premièrement, il faut promouvoir l'utilisation de personnes modèles grâce à une campagne gouvernementale visant à favoriser la sensibilisation et à contrer les effets négatifs que ressentent parfois les femmes, à cause de leur superviseur et de leurs pairs.
    Nous aimerions encourager les jeunes femmes à prendre les rênes de cette étude. Par exemple, qu'est-ce qui fonctionne pour elles? Qu'est-ce qui ne fonctionne pas? Nous aimerions leur donner cette occasion pour qu'elles continuent à parler de leurs histoires, après leur visite d'un milieu de travail.
    Nous aimerions avoir davantage recours à des personnes modèles sur le site Web. Nous voulons mettre sur pied des ateliers vidéoconférences entre des personnes modèles et des écoles pour promouvoir les sciences, les métiers et les carrières en technologie. Les ateliers continueraient à mettre en valeur l'importance des mathématiques et des sciences, l'importance du travail et la façon de faire des choix.
    Enfin, à un moment donné, on a beaucoup parlé de la conciliation entre le travail et la vie de famille, mais cela semble être tombé aux oubliettes. Pour les jeunes femmes, cela est très important lorsqu'elles étudient ou lorsqu'elles travaillent. Il faut que le gouvernement se concentre sur une campagne pour les aider à concilier le travail et la vie de famille.
    Merci.

[Français]

    Merci beaucoup, madame Robertson.
    Nous passons maintenant à Mme Armour.

[Traduction]

(1545)

[Français]

    Vous disposez de dix minutes.

[Traduction]

    Merci.
    Merci de me donner l'occasion de comparaître devant le Comité permanent de la condition féminine.
    Je représente le Centre canadien pour les femmes dans les sciences, le génie, les métiers et les technologies, ainsi que WISEST, à l'Université de l'Alberta.
    Depuis 30 ans maintenant, depuis la création de WISEST, nous posons la question fondamentale suivante: pourquoi y a-t-il tant de jeunes filles qui ne choisissent pas de carrières dans les métiers, le génie, les sciences et la technologie, alors que cela leur apporterait tellement plus de sécurité et de meilleurs débouchés économiques que bien des emplois dans le secteur des services où elles se trouvent?
    Nous savons, comme Tricia nous l'a dit, que bien des filles ne connaissent pas les débouchés qui s'ouvrent à elles, et elles ne voient que très peu de femmes qui pourraient leur servir de modèles dans les secteurs qui pourraient les intéresser. Elles excluent donc ces domaines comme éventuels domaines d'emploi pour elles, sans même savoir qu'il n'y a aucune raison qui les en empêcherait.
    Nous nous sommes rendu compte qu'au sein des écoles, il n'y a pas beaucoup de possibilités pour s'informer sur les métiers ou même pour s'informer sur le génie. Lorsque nous avons demandé à de jeunes femmes, ici, pourquoi elles avaient choisi le génie comme carrière, elles nous ont très souvent répondu que leur mère ou leur père ou un oncle ou un membre proche de leur famille était ingénieur et qu'elles comprenaient donc ce qu'était le génie. Ou bien elles avaient peut-être participé à un des programmes organisés par WISEST et avaient entendu parler du génie. Donc, la question qu'on leur a ensuite posée était de savoir ce que nous pouvions faire pour changer cela.
    Nous avons obtenu plusieurs réponses, notamment que l'expérience pratique, le genre de choses que fait Techsploration, la véritable expérience dans les métiers et les professions et le génie, ainsi que le fait d'imiter des personnes modèles et des mentors, cela fait une énorme différence.
    Pour vous donner l'exemple du programme que gère WISEST, nous invitons des filles en onzième année à venir et passer six semaines à travailler au sein d'un groupe de recherche à l'Université de l'Alberta, pendant l'été, et nous les payons pour faire ce travail. Elles ont l'occasion de se joindre à un groupe et de découvrir un domaine dans lequel travaillent des ingénieurs de toutes les disciplines. Nous nous sommes aperçus que cela les a intriguées, parce qu'elles commençaient à comprendre comment le travail des ingénieurs était relié à leur propre vie. Elles rencontrent des femmes ingénieures et des femmes scientifiques et, à la fin des six semaines, elles se mettent souvent à dire « C'est de la science, c'est du génie. Je peux y arriver. » Elles découvrent donc que c'est quelque chose qu'elles veulent faire et que c'est quelque chose de pertinent à leurs yeux.
    Ce programme accueille environ 60 élèves qui viennent chaque été et il y a un programme parallèle à l'Université Memorial, à Terre-Neuve. C'est un programme qui peut probablement servir de modèle à d'autres collèges et universités pour accueillir des élèves. Nous pensons qu'il s'agit d'un très bon programme parce qu'il utilise les ressources qui existent déjà, à savoir les membres du corps professoral, le personnel qui fait de la recherche, qui peut inviter des jeunes femmes à venir et à se joindre à eux, et ils peuvent aussi servir de modèles pour elles.
    Le Centre WinSETT participe également à des programmes qui visent à donner aux filles une expérience en science, en génie et dans les métiers. De jeunes autochtones sont notamment venues dans un laboratoire de science pour fabriquer du nylon. Elles portent habituellement du nylon ou leurs chaussures ou leurs sacs à dos sont faits de nylon, et elles fabriquent donc quelque chose qui signifie beaucoup pour elles, parce qu'elles se rendent compte que c'est quelque chose de pertinent pour elles.
(1550)
    J'étais très contente lorsque deux jeunes femmes qui étaient là un an plus tôt ont demandé à revenir et ont amené avec elles tout un groupe de camarades d'école de deux réserves, situées à peu près à deux heures à l'ouest d'Edmonton, et ont ensuite montré, avec beaucoup de fierté, à leurs amies, comment faire une expérience dans le laboratoire. Elles y croyaient. Elles étaient devenues passionnées par la science.
    Le Centre WinSETT a aussi créé un prototype de camp sur les métiers et la technologie qui dure cinq jours pour les filles autochtones. Il a déjà été mis à l'essai dans une école secondaire en Saskatchewan et a été couronné de succès, et nous espérons renouveler cette expérience dans d'autres écoles secondaires, dans un maximum d'entre elles, pour les filles autochtones en 10e, 11e et 12e année. Cela leur apportera ce qui, à nos yeux, est extrêmement important, à savoir une véritable expérience pratique pour que ces filles puissent comprendre « C'est quelque chose à laquelle je peux participer; c'est quelque chose que je peux faire. »
    Je dois vous dire que quand nous avons reçu les filles autochtones dans le laboratoire de chimie, une fois qu'elles se sont senties à l'aise dans le laboratoire, nous avons vu qu'elles avaient d'extraordinaires mains. Parce qu'elles sont habituées à fabriquer du bannock, à faire des choses de leurs mains, quand elles se sont mises à fabriquer du nylon, c'est probablement elles qui ont fait le meilleur travail de tous les enfants que j'ai eu la chance de voir. Cela prouve que de leur donner cette expérience avec des outils pour qu'elles puissent comprendre ce que sont les métiers, cela leur permettra de penser que c'est quelque chose qu'elles peuvent faire.
    Il y a tellement de domaines dans lesquels nous pouvons changer les choses quant au nombre de filles qui choisissent ces professions et ces métiers. Je vous ai déjà dit que lorsque nous avons demandé à nos jeunes femmes pourquoi elles avaient choisi le génie, souvent elles nous ont dit que c'était à cause d'un proche. Je suis convaincue que si nous arrivons à attirer les femmes vers les métiers et que ces femmes sont des mères — et je sais qu'il existe des groupes au Canada qui veulent travailler avec des femmes qui vivent avec de très faibles revenus et que l'on veut encourager à suivre une formation pour être dans un métier — ensuite nous aurons une mère qui sera également une personne de métier. Leurs filles sont alors beaucoup plus susceptibles de s'orienter vers les métiers parce qu'elles auront eu ce modèle et un de leurs très proches parents qui s'y était lancé.
    Enfin, si nous encourageons ces filles à s'orienter vers les domaines dont nous avons parlé — les métiers, les sciences, le génie et la technologie — nous devons aussi nous assurer que les milieux de travail seront accueillants à leur égard. Au Centre canadien pour les femmes dans les sciences, le génie, les métiers et les technologies, nous travaillons notamment pour veiller à ce que les milieux de travail soient aussi bien inclusifs que respectueux, de manière à ce que quand les filles y arrivent, elles ne se disent pas que ce n'est pas un endroit où elles veulent rester.
    Nous avons mis sur pied des ateliers pour les employeurs actuels, à l'aide d'un outil que nous appelons une liste de vérification des stratégies. On y aborde tous les éléments qui peuvent rendre leur environnement de travail moins inclusif, et nous travaillons ensuite avec les employeurs pour résoudre tous les problèmes qu'ils pourraient avoir en matière de respect en milieu de travail.

[Français]

    Madame Armour, il vous reste une minute pour conclure.

[Traduction]

    Pardon, qu'avez-vous dit?

[Français]

    Il vous reste une minute pour conclure votre présentation.

[Traduction]

    Merci.
    Ces ateliers permettent de rendre le milieu de travail respectueux et inclusif.
    Pour résumer, ce sur quoi nous nous concentrons à WISEST et au Centre WinSETT, c'est l'apport d'expérience pratique aux filles dans les domaines du génie, des sciences et des métiers qu'elles risquent de ne pas choisir; leur permettre de rencontrer des femmes qui pratiquent ces métiers et qui peuvent leur servir de modèles et de mentors; attirer plus de mères dans ces domaines pour qu'elles puissent influencer leurs filles; et avoir des milieux de travail accueillants.
    Nous pensons vraiment que cela permettra aux filles de faire des choix de carrière qui amélioreront grandement leurs perspectives économiques.
    Merci.
(1555)

[Français]

    Je vous remercie beaucoup.
    Nous passons maintenant à la période de questions.
    Nous commençons par Mme O'Neill Gordon. Vous disposez de sept minutes.

[Traduction]

    Merci, madame la présidente.
    Je voudrais présenter mes sincères remerciements à nos témoins. Vous nous avez donné beaucoup de matière à réflexion avec ce que vous nous avez raconté cet après-midi.
    Ce que vous nous avez dit illustre les différentes carrières et les différents débouchés sur lesquels vous avez informé ces filles. Il ne fait aucun doute que ces débouchés seront bénéfiques pour ces jeunes femmes pour les aider à prendre des décisions sur leur carrière. Je vous applaudis toutes les deux pour le travail que vous faites pour que tout cela se concrétise dans le but d'améliorer le sort des jeunes filles.
    Notre comité travaille également pour favoriser tout ce qui est bon pour les filles et les femmes canadiennes — la prospérité économique, la participation et le leadership. Nous sommes à la recherche de changements à apporter. C'est ce sur quoi nous essayons de nous concentrer pour améliorer la situation des jeunes filles.
    Pouvez-vous nous dire ce sur quoi notre comité devrait se concentrer pour améliorer la participation économique, la prospérité et le leadership des filles autochtones au Canada?
    Les jeunes filles devraient avoir l'occasion de rencontrer des femmes autochtones qui évoluent déjà dans ces professions et ces métiers. Nous avons reçu un groupe de jeunes filles autochtones pour leur parler des métiers et nous avons fait venir une femme qui était autochtone et qui était charpentière. Elle s'est entretenue avec les filles et cela a fait une énorme différence pour elles. Il s'agissait d'une personne à laquelle elles pouvaient s'identifier et qui avait déjà prouvé que c'était possible et même lucratif. Je crois qu'il est très important de rencontrer des femmes autochtones qui ont été capables de faire carrière dans des domaines auxquels bien des filles n'ont pas pensé.
    Merci.
    Tricia, avez-vous quelque chose à ajouter?
    Nous avons trois écoles communautaires de Premières nations, et par le passé, un plus grand nombre a participé à Techsploration. La première école a commencé à ses débuts — l'école Waycobah au Cap-Breton. Il y a une énorme différence entre la situation qui régnait, lorsque l'école s'est jointe à nous, et la façon dont les jeunes femmes et les enseignants participent au programme aujourd'hui.
    Il y a tellement de choses qui sont importantes ici. Lorsque les jeunes femmes arrivent à un collège communautaire, à l'université ou dans d'autres écoles, elles apprennent des autres jeunes filles dans ces écoles aussi bien que des personnes modèles. Parfois, nous avons des personnes modèles des Premières nations, mais parfois nous n'en avons pas.
    L'an dernier, ce qui était très intéressant, c'est que pour la première fois nous avons commencé à jumeler nos écoles. Notre école communautaire des Premières nations Eskasoni a accueilli une équipe d'une autre école. Ensuite, l'équipe est partie et l'élève Techsploration est allée à l'école à Eskasoni. Elles nous ont envoyé un courriel pour nous dire combien l'équipe était emballée par le fait d'être pour la première fois dans une école de Premières nations. C'est la même chose dans l'autre sens. Cette année, les filles étaient à notre école Whitney Pier et toutes les filles de Whitney Pier ainsi que les autres enfants ont rencontré l'équipe d'Eskasoni. Ce sont là des occasions qu'elles n'auraient probablement pas autrement.
(1600)
    Une mentor et une équipe qui leur montrent des exemples, cela pourrait certainement être grandement bénéfique pour elles toutes. Il est tout à fait vrai que les filles rencontreront certains défis sur leur chemin. Je me demande si vous pouvez nous parler des défis uniques que ces filles sont susceptibles d'avoir à relever quand elles font de leur mieux et s'efforcent d'améliorer leur situation économique, leur prospérité et leur leadership.
    Ce dont nous nous sommes aperçus, et ce que nous savons déjà depuis un certain nombre d'années, c'est que dans le cas des filles des Premières nations qui se joignent au programme WISEST — celui dont je vous ai parlé, où elles viennent et passent six semaines à l'université —, il est très difficile pour nous de rester en contact avec elles et de continuer à leur servir de mentors. Par exemple, nous avions une jeune femme de Fort Good Hope, situé à environ 200 milles au sud d'Inuvik, sur le Mackenzie, eh bien, quand elle est retournée à son école, il a été assez difficile pour nous de rester en contact.
    Lorsque les filles sont ici, elles ont ce groupe de 60 personnes qui leur servent de communauté, et lorsque bon nombre d'entre elles de la ville retournent à leur école, il y en a deux ou trois d'entre elles qui ont eu la même expérience. En revanche, pour les filles des communautés de Premières nations qui retournent chez elles, elles sont habituellement les seules à venir de cette communauté et il est difficile de continuer à leur fournir un mentorat et un appui pour les encourager à continuer. Il est plus difficile de s'assurer qu'elles continuent leur formation postsecondaire après la 12e année, soit dans les métiers ou à l'université. Ça, c'est difficile.
    Il vous reste 15 secondes.
    Merci beaucoup pour toute l'information que vous nous avez donnée ici aujourd'hui.

[Français]

    Nous passons maintenant aux députés de l'autre côté de la salle.
    Madame Ashton, vous disposez de sept minutes.

[Traduction]

    Merci, madame Robertson et madame Armour, de vos exposés très intéressants. Je crois que nous apprécions tous le travail que vous avez fait pour promouvoir l'importance des personnes qui peuvent servir de modèles et le travail que vous avez fait pour en faire une réalité.
    Si l'on regarde les statistiques des femmes que l'on retrouve en génie, en mathématiques et en sciences naturelles, les tendances sont assez décevantes, dans l'ensemble. Je siégeais au Comité de la condition féminine, lors de la dernière législature, lorsque nous avons étudié la question des femmes dans les métiers, en particulier, et les raisons qui expliquaient la situation. Si l'on regarde les statistiques générales concernant les femmes dans ces domaines, on constate qu'en 1987, il n'y avait que 19,5 p. 100 des femmes qui occupaient ces emplois. Maintenant, si l'on regarde en 2009, soit il y a deux ou trois ans, ce pourcentage n'a fait qu'augmenter de deux ou trois points, pour se situer aujourd'hui à 22,3 p. 100.
    Dans ma famille, il y a des femmes ingénieures — et des hommes ingénieurs également —, et je suis au courant des programmes qui existent. Mais j'ai l'impression qu'il y a encore d'autres obstacles auxquels font face les femmes. J'aimerais savoir, madame Robertson, quels sont les obstacles auxquels les femmes ont à faire face, au-delà du manque de personnes pouvant leur servir de modèles, par rapport à ces professions?
    Je crois que le plus gros obstacle de tous est le manque de personnes pouvant leur servir de modèles. Je risque donc de ne pas vous répondre comme vous le désirez, mais l'obstacle numéro un pour les jeunes femmes est le manque de personnes modèles. À mon avis, c'est là que le gouvernement doit vraiment prendre les devants pour aider à favoriser l'augmentation du nombre de personnes modèles. Au sein des ministères, par exemple, il y a toutes sortes d'ingénieurs. Si on donnait à ces ingénieurs l'occasion de participer à des initiatives comme Techsploration et d'aller dans des écoles et de participer aux activités du programme, cela ferait une énorme différence. J'ai vu de mes propres yeux...
(1605)
    En fait, madame Robertson, je suis désolée de vous interrompre, mais j'aimerais vous poser d'autres questions. Je vous suis reconnaissante certainement de vos réponses qui sont fondées sur le travail que vous connaissez bien.
    J'aimerais me concentrer sur un des points que vous avez soulevés — et je sais que puisque vous n'aviez que 10 minutes, vous n'avez peut-être pas eu le temps de rentrer dans les détails: la conciliation entre le travail et la famille. À mon avis, cela inclut un petit peu plus que le fait d'avoir des personnes modèles, et j'aimerais savoir quels genres d'obstacles existent à cet égard et auxquels nous devons nous attaquer pour encourager un plus grand nombre de femmes à s'orienter vers ces professions.
    En fait, l'équilibre entre la vie familiale et le travail est un obstacle majeur. Il y a beaucoup de jeunes femmes diplômées en génie qui doivent quitter la profession quand elles ont une jeune famille. La principale raison qu'elles donnent pour leur départ, c'est que le milieu de travail est très inamical pour les jeunes femmes qui ont des enfants. C'est certainement un grand obstacle.
    Merci de nous en avoir parlé.
    J'ai posé la question parce que lorsque nous avons fait une étude sur les femmes dans les corps de métiers, le manque d'accès aux garderies a souvent été soulevé. Je viens d'une région industrielle du Canada qui compte beaucoup de jeunes familles et très peu de places abordables en garderie, et c'est une question dont on me parle souvent.
    Pensez-vous qu'il serait plus facile pour les femmes de trouver l'équilibre entre le travail et la famille, dans ces professions, s'il y avait des places en garderie faciles d'accès et abordables?
    Il n'y a aucun doute que des services de garde accessibles feraient toute la différence. Dans les corps de métiers, il y a aussi beaucoup de travail par quart, et il faut donc trouver des garderies qui prennent les enfants 24 heures par jour. C'est une autre question sur laquelle il faut se pencher.
    Merci beaucoup.
    Passons à Mme Armour: vous avez parlé de l'importance de votre travail auprès des jeunes femmes et filles autochtones. Avez-vous moyen de savoir combien des jeunes filles qui suivent votre programme se retrouvent en génie ou dans un corps de métiers?
    Oui, nous faisons ce suivi. Nous constatons qu'environ la moitié d'entre elles reviennent et, en fait, vont en génie. Le travail que nous faisons auprès des jeunes filles dans le secteur des corps de métiers est plus récent. Notre programme d'été pour les jeunes femmes a commencé en 2000, il y a donc 10 ans, et habituellement, nous avons seulement une, deux ou trois jeunes femmes autochtones qui participent au programme de recherche estivale WISEST. Environ la moitié reviennent à l'université et font des études postsecondaires, ce qui est plus élevé que si elles n'avaient pas eu l'occasion de participer au programme.
    Merci, madame Armour.
    Une question complémentaire: vous travaillez avec des jeunes filles vivant dans les réserves. On a beaucoup parlé de la qualité des écoles dans les réserves. Pensez-vous qu'un soutien à l'enseignement, notamment des mathématiques et des sciences dans les réserves, pourrait encourager davantage de jeunes filles à s'inscrire à de tels programmes?
    Oui, je crois bien. Nous voyons une grande différence entre les adolescentes autochtones qui viennent de la ville d'Edmonton, de la Amiskwaciy Academy, et les adolescentes qui viennent des écoles des réserves ou des régions éloignées. Leurs antécédents scolaires sont très différents. Il est clair qu'il y a un désavantage pour celles qui ont reçu leur instruction dans les écoles des réserves, malheureusement.
    Merci.

[Français]

    Madame Armour, je dois vous interrompre. Je vous remercie.
    Je cède maintenant la parole à une députée du parti ministériel.
    Madame Ambler, vous disposez de sept minutes.

[Traduction]

    Merci, madame la présidente.
    Merci à nos invitées d'être là aujourd'hui et de nous éclairer si bien sur le sujet dont nous sommes saisis.
    Je vais d'abord vous raconter quelque chose, si vous permettez, pour que vous sachiez ce que je fais. La plupart d'entre nous, députés, allons parler dans les classes de temps en temps, particulièrement en Ontario, puisqu'en cinquième et dixième années, il y a des cours d'éducation civique. Je parle donc souvent à des élèves de cinquième et de dixième années.
    Il y a quelques mois, j'ai visité une classe de filles de cinquième année. Je commence toujours par demander qui dans la classe voudrait un jour faire de la politique. Je ne pense pas avoir déjà vu des mains se lever parce qu'à dix ans, les enfants ne se voient pas comme de futurs politiciens.
    Dans cette classe de filles de cinquième année, donc... Là où je veux en venir, c'est que les corps de métiers, le génie et les sciences sont dans le même sac. Il n'y a pas suffisamment de jeunes filles qui se voient dans 20 ans être politiciennes, ingénieures ou scientifiques, alors que bon nombre d'entre elles, dès la cinquième année, peuvent s'imaginer dans le rôle d'enseignantes, par exemple. C'est une profession à laquelle je pense, juste comme ça, pour laquelle on encourage les jeunes filles.
    Voilà qui m'a amenée à penser à la question de l'âge, et à l'importance de les « prendre jeunes », comme on dit. Le secondaire, c'est donc un bon point de départ. Pensez-vous que déjà, en neuvième année, les carrières en génie et en sciences sont déjà stigmatisées ou peu envisagées? Ou pensez-vous que c'est suffisamment tôt, la neuvième année, pour commencer à les y encourager?
    Madame Robertson.
(1610)
    Pour moi, il va de soi que plus c'est tôt, mieux c'est. Je pense que ce devrait être au plus tard en neuvième année qu'on rejoint les jeunes filles. En neuvième année, elles doivent déjà faire des choix de cours importants, par exemple, pour leurs cours de mathématiques et de sciences, et il faut donc travailler avec elles dans ce domaine, et c'est l'une des choses que font toutes nos personnes modèles.
    À cet âge-là, elles sont tout à fait prêtes à écouter. En fait, elles tiennent à en savoir davantage sur les divers choix de carrière. Si vous écoutez les jeunes femmes parler des femmes qu'elles ont rencontrées, des modèles qu'on leur a donnés, que ce soit dans le cadre de nos activités ou en milieu de travail, vous constaterez leur enthousiasme et la façon détaillée dont elles en parlent, ce qui montre bien qu'il n'est pas trop tard.
    J'en suis bien contente.
    Vous avez dit dans votre exposé que le programme Techsploration résultait d'une collaboration entre divers groupes, notamment des enseignants et des employeurs, mais aussi, dites-vous, des parents. Puis-je savoir comment les parents participent à votre programme?
    Les parents participent à notre programme de diverses façons. Ils peuvent, par exemple, servir de chaperons en travaillant avec les enseignants pour amener les filles à nos activités. Beaucoup de parents ont participé au programme et sont ravis d'entendre parler des possibilités qui s'offrent à leurs filles et dont elles n'auraient jamais entendu parler autrement.
    Merci, c'est excellent.
    Je me demandais si on demandait aux parents, à la maison, d'orienter les lectures de leurs filles vers des livres sur la science, la nature, plutôt qu'autre chose. Mais il ne semble pas que cela fasse partie précisément de votre programme.
(1615)
    Non, cela ne fait pas partie du programme pour l'instant. Quand nous commencerons nos ateliers en ligne, les parents seront certainement ciblés parce que nous voulons les rejoindre. Je pense que les parents ont certainement beaucoup besoin d'aide dans ce domaine. Si eux-mêmes n'ont pas été exposés à des carrières en sciences et en génie, s'ils n'y connaissent pas grand-chose, ils sont aussi désavantagés que les filles, parce qu'ils n'ont pas rencontré de femmes dans ces domaines de travail.
    Exactement.
    Au sujet des 38 commanditaires dont vous avez parlé, j'aimerais savoir d'où viennent les fonds. Est-ce que les commanditaires... ? S'agit-il seulement des lieux de travail que visitent les filles?
    Vous avez parlé de dons en nature. Est-ce qu'ils offrent aussi de l'argent, ou un soutien de ce genre?
    Nos commanditaires participent activement au programme. Cela varie toutefois, pour chacun des 38 commanditaires. Ils offrent tous une aide financière, mais le plus important, ce sont les personnes modèles qui proviennent de leur milieu de travail. Les employeurs ont des représentants qui siègent à nos comités et ils nous fournissent des personnes modèles pour nos différentes activités, et c'est très important. Dans bien des cas, les personnes modèles sont rémunérées tout en étant libérées de leur travail.
    Pour les petits employeurs, c'est différent. Ils peuvent libérer leurs employés, mais nous aurons peut-être à leur verser une rémunération de 50 $ pour une journée de travail avec nous.

[Français]

    Madame Robertson, je vais devoir vous interrompre. Malheureusement, le temps de Mme Ambler est écoulé.
    Madame Sgro, vous disposez de sept minutes.

[Traduction]

    Merci beaucoup.
    À Mmes Robertson et Armour, je tiens à exprimer ma gratitude pour l'excellent travail qu'elles font pour les femmes et les filles du Canada. Je suis convaincue que ce travail ne cible pas uniquement le génie et les corps de métiers, mais aussi bien d'autres possibilités dont vous n'êtes même pas conscientes. Cela a un effet sur de nombreuses jeunes femmes.
    Madame Armour, vous avez parlé de la différence de niveau dans l'éducation reçue par nos jeunes femmes dans les réserves et dans les écoles locales, par exemple à Edmonton. Pourriez-vous préciser dans quelle mesure cette différence existe? Vous avez dit plus tôt qu'il y avait une différence importante dans leur niveau d'éducation et dans la qualité de l'éducation reçue dans les réserves. Pourriez-vous étoffer un peu?
    Souvent, dans les écoles des villes, chaque domaine est enseigné par un spécialiste et c'est quelqu'un qui a reçu une formation en biologie qui enseignera la biologie, quelqu'un qui a eu une formation en physique qui enseignera la physique. Dans les écoles rurales ainsi que dans les réserves, il n'y a souvent qu'un enseignant pour une variété de sujets. Peut-être que seulement un ou deux élèves s'intéressent à des sujets précis. Les élèves n'ont pas autant de possibilités d'interaction les uns avec les autres pour en apprendre des uns et des autres. Je pense que c'est ce qui fait la grande différence.
    Il est difficile de surmonter ce problème, car il faut bien comprendre qu'on ne peut pas avoir dans de petites écoles de très grands corps enseignants.
    C'est peut-être ce qui fait que tant de jeunes quittent les réserves et vont vivre en ville. Pour ceux qui ne font pas ce choix, il est très difficile de progresser.
    Oui, c'est vrai.
    Madame Robertson, Techsploration semble être un programme merveilleux. Même le nom est assez intéressant, et le nom de ce programme peut susciter la curiosité d'une jeune femme qui voudra en savoir davantage. Vous avez choisi un nom qui, je pense, attire l'attention, crée de l'intérêt.
     Avez-vous eu l'occasion de créer des partenariats avec d'autres régions du Canada, ou d'instaurer ce programme ailleurs?
(1620)
    L'an dernier, j'étais à Terre-Neuve, où Techsploration célébrait son dixième anniversaire dans la province. Quelques années après le lancement de Techsploration en Nouvelle-Écosse, nous les avons aidés à lancer le programme à Terre-Neuve, et c'est une grande réussite.
    Nous avons divers comités, dont un comité d'expansion. Nous discutons sérieusement de l'élaboration d'une trousse pour sections locales, comme nous l'appelons. Ainsi, si quelqu'un voulait lancer un programme Techsploration lundi matin en Ontario, il saurait quelle information est nécessaire, quels protocoles d'entente sont nécessaires. Nous y travaillons actuellement.
    Nous voulons également mettre l'information en ligne. Nous avons un nouveau site Web et portail fantastique qui facilitera le tout maintenant. Il sera ainsi beaucoup plus simple pour toute province ou organisation qui voudrait avoir accès à notre matériel et à nos ressources.
    Cela faciliterait grandement les choses pour créer des sections locales, quel que soit le mode de présentation, si l'information était disponible en ligne.
    Nous avons bien de la chance de vous accueillir aujourd'hui. C'est certainement très encourageant.
    Madame Robertson, est-ce que dans le cadre de Techsploration, vous avez pu parler aux universités de la façon dont elles pourraient attirer davantage de femmes dans les programmes universitaires de sciences, etc.?
    Nous avons un très vaste réseau.
    L'Université Mount Saint Vincent est un nouveau partenaire. Après avoir vu en ligne les vidéos Femmes en action de Techsploration, qui ont suscité beaucoup d'enthousiasme, l'université nous a proposé d'être notre partenaire. Il en résultera une série de 15 vidéos au cours des cinq prochaines années.
    Nous avons un agent de liaison de l'industrie à l'Université Saint Mary's. Cette université est un de nos commanditaires. Elle a un représentant à notre conseil d'administration. Il y a une bourse Techsploration—Saint Mary's. Beaucoup d'échanges ont lieu entre nous. Nous travaillons avec de nombreux comités des Premières nations et même avec des aînés de la communauté pour savoir ce que nous pouvons faire pour aider les jeunes femmes de la région.
    Tous nos comités sont très diversifiés. Des femmes de divers horizons en font partie. Nous cherchons aussi à offrir aux jeunes femmes davantage de possibilités adaptées à leurs besoins particuliers. Elles sont toutes étonnamment pareilles, toutefois. Elles ont besoin d'encouragement. Elles ont besoin de connaître des femmes qui peuvent servir de modèles et qui s'intéressent à elles.
    Merci, madame Robertson.
    Madame Armour, vous avez parlé des jeunes femmes qui quittent la profession. Vous les aidez à devenir ingénieurs, mais quand elles ont une famille, pour une raison ou pour une autre, elles doivent quitter la profession. En avez-vous parlé à l'association des ingénieurs, par exemple. Avez-vous parlé du besoin de donner aux femmes davantage de souplesse et plus de facilité pour atteindre l'équilibre entre la famille et le travail? Est-ce que cela pourrait encourager davantage de femmes à ne pas quitter leur profession?
    Oui, en effet. C'est l'une de nos principales préoccupations. Nous travaillons avec les associations provinciales des ingénieurs, ainsi qu'avec Ingénieurs Canada.
    À ce sujet, nous avons deux préoccupations. D'une part, il est vrai que les femmes qui ont des enfants quittent la profession et n'y reviennent pas. Mais si on parle aussi de...

[Français]

    Je vais devoir vous interrompre, madame Armour. Malheureusement, le temps de Mme Sgro est écoulé.
    Nous allons maintenant passer à une députée du parti ministériel.
     Madame Bateman, vous disposez de cinq minutes.

[Traduction]

    Merci, madame la présidente.
    Merci infiniment, madame Armour et madame Robertson, pour votre travail, pour les propos dont vous nous avez fait part et pour les mesures très concrètes positives que vous avez prises et que vous prenez toujours pour aider les jeunes Canadiennes.
    Madame Armour, je suis vraiment impressionnée. Vous avez parlé, en fait, de ce que vise le comité, sur le plan économique, et je vous en suis reconnaissante.
    Toutes les deux, vous avez parlé dans vos exposés des choix que les jeunes femmes font. Et je pense, madame Robertson, que c'est l'un des piliers de votre... Un de vos programmes porte sur les choix qu'il faut faire et c'est un critère que vous explorez.
    Pour moi, c'est fascinant. Nous avons reçu une doyenne des études commerciales de l'Université Western Ontario, une école prestigieuse. Je pense qu'on l'appelle maintenant l'École de commerce Ivey. Elle disait que parfois, les femmes n'osent même pas lever la main. Mais si on leur demande ce qu'elles pensent, elles ont des choses très intéressantes et concrètes à dire pour alimenter la discussion.
    J'aimerais avoir vos points de vue à toutes les deux, mais commençons par vous, madame Armour, sur la façon d'aider... Pourriez-vous nous reparler de cette question de choix que font les jeunes femmes, puisque c'est essentiel quand on parle des possibilités qui sont offertes aux jeunes femmes.
(1625)
    Je tiens absolument à ce qu'on permette aux gens de faire des choix. Mais il faut que ces choix soient éclairés. Quand j'étais jeune, je ne savais même pas ce qu'était un ingénieur en mécanique, alors je ne pouvais pas envisager de devenir ingénieure en mécanique.
    Ce que nous voulons faire, c'est donner aux jeunes femmes des renseignements très concrets qui piquent leur curiosité, qui les amènent à vouloir en savoir davantage. Nous ne disons pas qu'elles doivent devenir ingénieures, ou scientifiques, ou neurochirurgiennes. On leur dit voici ce qu'on fait dans ce métier, voulez-vous essayer? Quand elles ont à choisir une carrière, elles sont renseignées, elles peuvent faire des choix éclairés.
    Je dirais simplement qu'il y a de très nombreux obstacles systémiques. Vous disiez qu'une jeune femme n'ose pas toujours lever la main pour participer à une discussion en fournissant de l'information qui pourrait être très utile. C'est là l'un des problèmes: nous n'avons pas la même socialisation pour les filles et les garçons. Nous ne satisfaisons pas toujours les attentes de la société, alors que nous pouvons nous débrouiller très bien dans nos choix de carrière. Nous ne nous affirmons pas autant. C'est un stéréotype, mais nous savons qu'il est fondé. Et c'est très important, particulièrement dans le secteur du génie.
    Merci de ce renseignement.
    Madame Robertson, avez-vous quelque chose à ajouter? C'était l'un des piliers que vous avez décrit pour l'année prochaine: comment faire des choix.
    Volontiers. Il y a quelques points à souligner à ce sujet. Premièrement, si une jeune femme profite de toutes les occasions de participer aux activités de Techsploration, de la neuvième à la douzième année, elle aura pu rencontrer 140 personnes modèles, dans diverses professions. Cela l'aidera beaucoup à faire des choix.
    Dans ce cadre-là, elle aura aussi l'occasion d'apprendre ce qu'elle n'aime pas. Une ancienne du programme Techsploration nous disait la semaine dernière, en faisant un exposé à un de nos ateliers, qu'elle avait appris qu'elle n'aimait pas le travail à l'extérieur. C'était très important pour elle de le savoir, avant de décider de devenir électricienne, par exemple.
    Enfin, il est très important que davantage de femmes participent à l'élaboration de notre programme. Elles savent quelles sont les barrières systémiques pour les jeunes femmes, pourquoi elles ne lèvent pas la main ou pourquoi il faut poser les questions autrement pour qu'elles y répondent.
    Bien. Vous...

[Français]

    Il ne vous reste que dix secondes.

[Traduction]

    Je voulais vous remercier toutes les deux. J'aimerais pouvoir reparler plus tard des personnes modèles.
    Merci.

[Français]

    Merci beaucoup.
    C'est ce qui met fin à la comparution de nos deux témoins.
    J'aimerais remercier Mme Robertson, de Techsploration, et Mme Armour, du Canadian Centre for Women in Science, Engineering, Trades and Technology. Je vous souhaite une belle fin de journée.
     Nous allons maintenant continuer la séance à huis clos pour aborder les travaux futurs du comité. Je vais donc suspendre la séance pour quelques minutes.
    Je vous remercie.
    [La séance se poursuit à huis clos.]
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