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Merci, bonjour,
kwe.
Nidijinikàz Claudette Dumont-Smith. Je suis une Algonquine de la communauté de Kitigan Zibi, située directement au nord d'ici, à 90 milles de l'autre côté de la rivière. Vous vous trouvez donc en territoire algonquin. Comme je me trouve dans ma patrie, je suppose que je ne suis pas obligée de saluer les gens de ma nation.
J'aimerais d'abord présenter mes excuses pour ne pas avoir pu me présenter devant le comité, lundi dernier, comme convenu. Malheureusement, notre personnel, trop peu nombreux, est tout simplement débordé. Mais je suis ici, maintenant, je suppose donc que c'est un bon dénouement.
Je vous remercie d'avoir invité l'Association des femmes autochtones du Canada à venir parler de questions capitales pour les femmes qu'elle représente, leurs enfants, leurs familles et leurs communautés.
Organisme politique représentatif à l'échelon national, l'Association est constituée de 13 associations provinciales et territoriales membres, de partout au Canada. Chacune de ces associations s'efforce d'améliorer le mieux-être des femmes des Premières nations et des Métisses du Canada sur le plan social, économique, politique et sanitaire.
Les tribunes comme celle qui est mise aujourd'hui à notre disposition nous aident à discuter du rôle que les femmes et les filles autochtones peuvent jouer dans le développement économique, un rôle qu'il importe de définir si l'on veut améliorer leur situation.
À l'Association, nous reconnaissons que les gouvernements doivent mettre en oeuvre des mesures de discrimination positive et des mesures concrètes pour assurer aux femmes ainsi qu'aux Autochtones handicapés et aux mères célibataires autochtones l'accès à une large gamme de possibilités d'emploi et d'éducation pour qu'ils puissent, eux aussi, profiter de la sécurité et de la prospérité économiques qui existent ici au Canada.
Un sujet important de préoccupation et une priorité centrale de notre organisme est la violence envers les femmes et les filles autochtones. Nous essayons sans répit de la combattre. Les femmes et les filles des communautés reculées, notamment, connaissent souvent des taux plus élevés de violence et de chômage, une qualité de vie moindre, et, pour elles, l'accès aux soins de santé, aux services sociaux et à d'autres moyens d'aide est plus difficile. On peut corriger en partie cette situation en élargissant leurs perspectives économiques.
L'Association continue d'attirer l'attention du gouvernement sur ces questions afin de promouvoir le développement socioéconomique, y compris de meilleures conditions de vie, dont profiteraient directement ces femmes autochtones.
En février 2011, dans une rencontre avec le ministre , Jeannette Corbiere Lavell l'a informé des activités de notre organisme dans le domaine du développement économique. En 2009, l'Association a effectué une analyse comparative entre les sexes, chez les Autochtones uniquement, du Cadre fédéral pour le développement économique des Autochtones, qui a révélé son indifférence aux sexospécificités. Il insistait lourdement sur les secteurs où l'emploi et la propriété masculins prédominaient. Il négligeait l'importance de l'économie créatrice, pourvoyeuse d'emplois durables pour les filles et les femmes autochtones. Il ne reconnaissait pas que les entraves et les obstacles habituels au développement économique dans les communautés autochtones sont encore plus formidables pour les femmes et les filles autochtones et, dans ses principes directeurs, il omettait de tenir compte des différentes conditions socioéconomiques touchant les femmes autochtones. En outre, il ne reconnaissait pas les rôles économiques traditionnels que les femmes autochtones avaient eus dans le passé.
La même année, l'association a élaboré un plan global de démarginalisation et de développement économiques pour les femmes autochtones. En mars 2010, elle convoquait et animait une séance de travail avec divers ministères fédéraux pour accroître la participation des femmes autochtones par l'entremise du cadre fédéral pour le développement économique.
La sécurité économique reste un objectif difficile à atteindre pour beaucoup de nos femmes. Elle demeure donc une priorité importante de l'Association, qui continuera de la privilégier ainsi que la prospérité économique pour les femmes autochtones.
Dernièrement, le budget de 2012 annonçait les investissements que le Canada continuera de consacrer au développement économique des Autochtones ainsi qu'aux PME autochtones. Les femmes autochtones ont un rôle important dans la construction d'une économie canadienne forte. La sécurité et la prospérité économiques des femmes autochtones et de leurs familles constituent une étape incontournable pour l'amélioration du mode de vie des peuples autochtones et de leurs communautés.
Pour le développement économique et la croissance des entreprises, la situation n'a jamais été aussi favorable que maintenant. Nous devons appuyer la participation des femmes autochtones au marché du travail comme aux initiatives de développement économique, partout au Canada. Elle constitue un élément important de la reconstruction de nos nations à l'intérieur de l'économie canadienne.
Comme on prévoit que plus de 400 000 jeunes Autochtones devraient entrer dans le marché du travail d'ici 2020, la participation des Autochtones à ce marché continuera d'être importante. Plus de la moitié de ces jeunes sont des filles. Nous devons les appuyer dans ce qu'elles peuvent apporter.
Les entreprises canadiennes collaborent avec les entreprises et les communautés autochtones. Dans les communautés autochtones ou à proximité, on a déterminé que le potentiel de mise en valeur des ressources représentait plus de 315 milliards de dollars. Ces investissements doivent profiter à nos femmes, de manière à modifier l'avenir de l'ensemble de nos communautés. En misant sur les qualités de nos femmes, nous pouvons continuer à améliorer la qualité de vie et l'autonomie de nos familles et de nos communautés.
Pour appuyer les femmes, nous devons sélectionner des mesures concrètes et des investissements ciblés pour en faire profiter l'ensemble des peuples autochtones. Nous avons également pris d'autres mesures importantes pour moderniser et améliorer l'aide fédérale au développement économique des Autochtones. Nous devons faire en sorte que le niveau d'éducation que la femme autochtone reçoit soit monnayable pour elle. La sécurité et la prospérité économiques des femmes autochtones doivent être l'objectif.
Il est manifeste que les partenariats entre les entreprises canadiennes et les peuples autochtones continuent de croître. Nous avons simplement besoin de nous assurer qu'ils profitent à tous sans exception. En soutenant les femmes et les jeunes Autochtones, ils seront la clé de la prospérité économique future du Canada.
Ces dernières années, l'Association a formulé les recommandations suivantes aux autorités fédérales, provinciales ou territoriales, pour améliorer les résultats économiques dont pourraient bénéficier les femmes et les filles autochtones du Canada. Je les présente de nouveau aujourd'hui. Le gouvernement devrait élaborer des solutions pour le développement des entreprises et des solutions axées sur le microcrédit pour appuyer le développement des communautés et la participation des femmes et des filles aux entreprises durables. Le développement des communautés et le développement économique exigent des stratégies à long terme...
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Merci, madame la présidente, merci mesdames et messieurs les membres du comité.
Une reconnaissance de la nation algonquine et de tous les Canadiens... Tous les Canadiens, quand ils chantent: « Ô Canada! ta valeur de foi trempée protégera nos foyers et nos droits », sont rappelés aux valeurs centrales de notre nation, les principes de justice, d'équité, de liberté et d'égalité. Ils y sont particulièrement rappelés, le soir, de retour à la maison, par les yeux de leurs enfants. Ils savent alors que si une génération mérite bien de jouir entièrement de ces valeurs, ce sont les enfants de notre pays.
D'après la théorie et la pratique du développement économique, on peut mesurer la prospérité d'une nation par celle des enfants. Pour un gouvernement, le stimulant économique le plus efficace consiste à investir dans les enfants du pays. Comme l'Organisation mondiale de la santé l'a maintes fois répété, chaque dollar investi dans un enfant permet à l'État, au bout du compte, d'en économiser sept. Ces sept dollars pourront aller à la construction de routes, à prodiguer des soins de santé, aux personnes âgées, aux pensions, à tous les Canadiens dispensateurs de soins et aux citoyens, pour assurer des mesures d'hygiène mentale. Toutes ces mesures peuvent être mises en place. À défaut d'investir dans les enfants, de considérer l'enfant comme un investissement source d'économies, il faudra encore dépenser l'argent qui reste, mais ce sera dans des prisons, des établissements de soins en santé mentale et des prestations d'aide sociale.
Il y a quelques semaines à peine, j'ai lu dans un rapport la phrase suivante:
Que quelqu'un tente de deviner en quelle année ou dans quel siècle on accomplira de véritables progrès pour l'égalité des enfants [des Premières nations].
Ce passage a été écrit en 1967, alors que j'avais trois ans.
Les gouvernements qui se sont succédé connaissaient l'existence des inégalités dont souffraient les enfants des Premières nations des réserves dans les domaines de l'éducation, la protection de l'enfance et d'autres services. Des investissements ont été réalisés dans ces domaines, mais ils ont négligé l'égalité. Comme l'a constaté la vérificatrice générale, en 2004 puis en 2011, les investissements sont insuffisants dans l'éducation. Votre propre groupe d'experts sur l'éducation primaire et secondaire des Premières nations a constaté l'urgence d'investir pour amener les élèves autochtones au même niveau que tous ses homologues canadiens. En 2008 puis en 2011, la vérificatrice générale et, en 2009, le directeur parlementaire du budget ont constaté que ces mêmes inégalités se répercutaient sur la protection de l'enfance.
Comment, alors, cette inégalité s'installe-t-elle? Eh bien, comme vous savez, mesdames et messieurs les parlementaires, les lois provinciales et territoriales, la protection de l'enfance, l'éducation et la santé s'appliquent toutes dans les réserves, mais le gouvernement fédéral doit les financer. Comme le vérificateur général l'a constaté à répétition, le financement fédéral est alors moins généreux que pour tous les autres Canadiens. L'écart se fait sentir dans les multiples expériences de l'enfance et il pèse sur les espoirs et les rêves ainsi que sur les possibilités de toute une génération d'enfants des Premières nations.
Il y a cependant un motif de réconfort, on peut remédier à cette situation; nous ne sommes pas obligés de laisser aller les choses. Vous avez le pouvoir d'agir de façon nettement différente de vos prédécesseurs et de décider que la discrimination raciale contre les enfants ne constitue pas une mesure légitime d'austérité budgétaire; que, dans la conscience collective des Canadiens, il est inacceptable de tenir un enfant à l'écart à cause de sa race; que tous les enfants du pays devraient avoir les mêmes chances de baser sa vie sur les mêmes valeurs; que le gouvernement du Canada, représenté par tous les partis, est prêt à vraiment privilégier les enfants.
On pourrait se demander pourquoi ces inégalités se sont maintenues si longtemps. Je pense que, pour le législateur qui est très occupé, il est parfois facile d'oublier ceux qui subissent les contrecoups des lois. J'aimerais vous parler de Shannen Koostachin, née en 2000, dans la Première nation Attawapiskat. Comme tous les enfants de la maternelle, elle était emballée à l'idée d'aller à l'école. Mais la seule école de sa communauté était fermée, parce que le terrain sur lequel elle était construite était contaminé par 30 000 gallons de diesel. Plus de trois ministres des Affaires indiennes appartenant à deux partis politiques ont promis une école, à elle et à ses amis, mais ils n'ont pas tenu promesse. Les enfants ont dû se contenter de roulottes stationnées à proximité immédiate d'une décharge de déchets toxiques, dont elles n'étaient séparées que par un grillage métallique. Ces roulottes se sont dégradées au point que, souvent, le chauffage ne fonctionnait pas et que les souris mangeaient les sandwichs des élèves. Il n'y avait pas d'argent pour une bibliothèque, pour des ordinateurs, pour des enseignants compétents ni pour un laboratoire de science.
En huitième année, elle croyait que tout le monde était fondamentalement bon. Elle ne pensait pas que c'est par méchanceté que vous ne lui avez pas fourni d'école convenable à elle et aux autres enfants des Premières nations, que vous n'avez pas financé l'éducation de manière équitable. Elle pensait que c'était par ignorance de l'état de dégradation des locaux, par incrédulité à l'égard des statistiques sur le sous-financement de l'éducation des Premières nations, leur quasi-inconcevabilité dans un pays aussi riche que le nôtre.
Elle a donc exhorté les enfants autochtones et non autochtones à vous écrire pour vous informer. « Nous craignons de ne pas grandir et de ne pas obtenir une éducation convenable, parce que nous voulons des emplois, nous voulons aider nos familles et nos communautés. Nous savons que si nous n'obtenons pas l'éducation que nous voulons, nous allons vraiment en souffrir ». Certaines de ces lettres d'enfants canadiens aux parlementaires sont reproduites dans le rapport Nos rêves comptent aussi, que vous avez sous les yeux.
Shannen a tenu parole. Elle a fait tout ce qu'elle a pu dans son combat pour obtenir une éducation convenable pour les enfants des Premières nations, y compris rencontrer le ministre des Affaires indiennes et lui demander une école neuve. Comme beaucoup d'entre vous le savent, cela lui a été refusé, apparemment faute de fonds fédéraux pour en assurer la construction à ce moment-là.
Shannen Koostachin s'est déplacée pour parler à tous ceux qui voulaient l'entendre. Elle faisait partie des 45 enfants, de partout dans le monde, que l'on a proposés pour le Prix international de la paix pour les enfants, attribué par les lauréats du Nobel. Elle devrait figurer au rang de nos véritables héros canadiens. Malheureusement, peu de temps après son quinzième anniversaire, alors qu'elle vivait à des centaines de milles de sa famille pour obtenir l'éducation de qualité que vous avez tous reçue, elle est morte dans un accident de voiture, sans jamais avoir reçu un traitement équitable du gouvernement du Canada. Elle aurait reçu son diplôme cette année.
Je prononcerai une allocution à l'Université du nord de la Colombie-Britannique où on me décernera un doctorat honorifique en droit. Je le dédierai à Shannen Koostachin, pour le diplôme qu'elle n'a jamais pu obtenir. Shannen voulait devenir avocate.
Qu'en est-il de la protection de l'enfance? Aujourd'hui, plus d'enfants des Premières nations sont bénéficiaires de prestations pour la protection de l'enfance qu'au plus fort de l'époque des pensionnats. La faute en est à la pauvreté, aux mauvaises conditions de logement, aux toxicomanies, tous des facteurs remédiables. Comme l'a constaté le vérificateur général, les services de protection de l'enfance des réserves sont sous-financés. Est-ce que le gouvernement fédéral a fait des investissements? Oui, mais ils augmentent au rythme auquel il est fait allusion dans le rapport Sims. S'ils se poursuivent à ce rythme de tortue, il n'est pas déraisonnable de penser qu'il s'écoulera encore 45 années avant de pouvoir relire ce rapport et se demander pourquoi l'égalité n'a pas été instaurée dans la protection de l'enfance.
Au lieu de cela, en 2007, avec l'Assemblée des Premières Nations, nous avons intenté une poursuite, à la cour fédérale, contre le gouvernement du Canada, pour discrimination raciale contre les enfants, du fait du sous-financement des services à l'enfance dans les réserves. Je dis souvent que le jour où j'ai porté plainte a été l'un des plus tristes de ma vie. Je ne pouvais pas croire que j'étais rendue à cette extrémité dans un pays que j'aimais tant.
Dans les cinq années qui ont suivi, le gouvernement a essayé de faire achopper une audition, non sur les faits, non sur la question de fond concernant la réalité de la discrimination raciale, mais pour d'autres considérations. Je pense que vous serez d'accord avec moi pour dire que si l'ensemble du gouvernement canadien était innocent de cette allégation, il jouerait cartes sur table et il autoriserait le débat. Au lieu de cela, il essaie diverses échappatoires juridiques. Ainsi, il prétend qu'on ne peut pas comparer les services fédéraux aux services des provinces. Je suis très heureuse d'annoncer qu'il y a quelques semaines à peine, le tribunal fédéral a rejeté cet argument et ordonné l'audition complète des faits devant le Tribunal canadien des droits de la personne.
Mesdames et messieurs, je ne pense même pas qu'une audition soit nécessaire. Elle ne serait pas nécessaire si tous les parlementaires de tous les partis décidaient que, à partir d'aujourd'hui, les enfants des Premières nations auront une chance, qu'ils ne seront plus simplement mis à l'écart en devant se contenter de moins en raison de qui ils sont, qu'à partir d'aujourd'hui nous reconnaîtrons que les investissements dans nos enfants rapportent au taux de 700 p. 100 et que, au bout du compte, un dollar en rapporte sept.
Il subsiste des questions sur les pratiques exemplaires et la recherche. La bonne nouvelle est que nous savons en quoi consistent beaucoup d'entre elles, mais sans financement pour les mettre en oeuvre, il ne s'agit que de voeux pieux.
Comme nous l'a montré la vie de Shannen, elles sont des milliers au Canada, en ce moment. Y en a-t-il parmi nous, ici présents, qui veulent qu'à la prochaine remise des diplômes un enfant qui devrait être là se trouve quelque part dans le monde des esprits et espère que nous allons prendre la bonne décision?
Merci beaucoup.
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Eh bien, on compte 160 000 enfants des Premières nations et la moitié d'entre eux sont dans les réserves.
Les rapports que je vous recommanderais sont ceux du directeur parlementaire du budget sur les écoles des Premières nations, qui date de 2009. Il a réalisé un inventaire plutôt complet des besoins des écoles des Premières nations pour les mettre à niveau avec les programmes scolaires offerts dans les provinces et les territoires. Bien sûr, il y a le rapport récent du groupe d'experts sur l'éducation primaire et secondaire des Premières nations et, bien sûr, celui que vos collègues du Sénat viennent de publier sur l'éducation chez les Premières nations. Ils cernent vraiment les domaines où les investissements devraient aller pour avoir le plus d'effet chez les enfants. Sur la protection de l'enfance, il y a le rapport de la vérificatrice générale de 2008 et sa seconde mouture de 2011.
De même, un rapport conjoint a été rédigé entre les Premières nations et le gouvernement, en 2005. Le rapport Wen:de a fait appel à plus de 20 experts de premier plan, y compris 5 économistes. Nous tenions à nous assurer de faire preuve d'une très grande prudence, du point de vue budgétaire, à relier, preuves à l'appui, chaque cent que nous recommandions d'affecter à tel poste à son effet, sur le terrain, en protection de l'enfance.
Madame la députée, je sais que vous connaissez bien le placement en famille d'accueil grâce à votre travail dans le domaine de l'élaboration des programmes de placement, etc., et à l'engagement de votre propre famille.
Si vous voulez des exemplaires de ces rapports, nous serons heureux de vous les faire parvenir à votre bureau.
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Merci, madame la présidente. Je remercie les témoins de leur présence.
Je dois dire qu'avant de devenir députée, j'ai enseigné dans une école publique pendant 33 ans. Après avoir pris ma retraite, j'ai enseigné dans une réserve pendant quatre ans. Je sentais que la retraite, ce n'était pas pour moi, que je devais partir et me rendre utile. Je suis donc allée enseigner dans une réserve.
Ma circonscription compte trois réserves, et je suis très fière de dire que les trois ont une haute réputation et la technologie la plus avancée; je le sais, puisque je les ai visitées depuis que je suis députée. L'école dans laquelle j'ai enseigné demandait un nouvel établissement parce qu'elle nécessitait des réparations, et c'est ce qu'on cherchait à obtenir lorsque j'y étais durant ces quatre années, mais ce n'était pas désastreux. Il fallait réparer certaines choses, comme le système électrique. Je suis donc fière de dire qu'à mon arrivée ici, notre gouvernement m'a écoutée, et que je vais ouvrir une toute nouvelle école là-bas dans quelques semaines.
Ce genre de choses apporte beaucoup à nos enfants sur la réserve, et je suis heureuse et fière de voir ces enfants profiter de telles installations. C'est bon non seulement pour les filles et les garçons, mais aussi pour les enseignants. Ils ont ainsi l'ambition de fournir aux enfants un grand nombre de programmes diversifiés, et je l'ai moi-même constaté.
Bien entendu, la nouvelle école que nous sommes sur le point d'ouvrir comprend des déjeuners le matin et des dîners à la cafétéria, etc. Ce sont des choses que les élèves ont besoin d'avoir à portée de main. Dans cette nouvelle école, pour un dollar, ils ont un repas complet. C'est vraiment un très bon programme qu'offre notre gouvernement. Nul doute qu'il y a des exemples de réussite.
Ma question est la suivante: pourquoi constatez-vous une si grande différence d'un endroit à l'autre? Je peux visiter n'importe laquelle des trois écoles dont je parle et être fière de ce qui s'y passe, des installations et du travail des enseignants et des bénévoles de la collectivité. Pourquoi les choses sont-elles si différentes d'un endroit à l'autre? En tant qu'enseignante, je suis la première à dire que je n'aime pas voir des garçons ou des filles être privés d'éducation. Pourquoi tout se passe bien dans certaines régions tandis que d'autres n'ont rien? Est-ce attribuable à une mauvaise gestion financière? Y a-t-il quelque chose que notre gouvernement devrait examiner afin d'améliorer les choses pour tous?
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Merci, madame la députée. C'est une question très importante.
C'est une question que le directeur parlementaire du budget a posée lors de son examen sur les écoles des Premières nations. Nous ferons de cette question l'une de nos préoccupations à la suite de ce que votre collègue a dit. Nous vous enverrons une copie du rapport.
Il a découvert que le ministère des Affaires autochtones n'avait pas de processus clair pour déterminer quelles collectivités ont des écoles et lesquelles n'en ont pas. L'une de ses principales recommandations, c'était qu'il faut établir des critères clairs.
Il a découvert que 50 collectivités n'avaient pas d'école. Comme vous le savez peut-être, à Thunder Bay, par exemple, bon nombre d'enfants des Premières nations, dont certains n'ont que 13 ans, doivent se rendre à l'extérieur de leur collectivité pour aller à l'école. Mon enfant a 18 ans et est à la maison, et je pense que bon nombre d'entre nous ont des enfants et ne veulent pas les voir partir à 18 ans, alors encore moins à 13 ans. Ils adoptent des comportements à risques.
Selon le directeur parlementaire du budget, 29 écoles ont besoin de réparations importantes. Même dans des collectivités qui comptent de bonnes écoles, on estime que des ressources de base pour l'éducation sont sous-financées — enseignants, bibliothèques, etc. — de 2 000 $ à 3 000 $ par étudiant par année.
Malgré cela, à certains endroits, les enseignants et les écoles sont capables de faire du bon travail. Je pense que vos conviendrez qu'une politique publique est bonne lorsqu'elle fait de la réussite la règle et non l'exception. Il nous faut donc attirer l'attention de tout le monde sur ce principe fondamental d'équité, et je pense qu'il vaudrait la peine que le gouvernement examine de quelle façon le financement est alloué à ces écoles. Quels sont les critères? Comment nous assurons-nous qu'il est accordé à celles qui en ont le plus besoin?
Je pense que c'est une question très importante.