propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, je suis très honoré d'être ici aujourd'hui pour présenter ce projet de loi qui a été développé en collaboration avec beaucoup d'acteurs et pour lequel j'ai été très à l'écoute en tant que député.
Je me considère choyé aujourd'hui de pouvoir parler du projet de loi , qui propose un crédit d'impôt pour aider au transport des bénévoles. C'est un premier pas dans une direction absolument extraordinaire, selon moi. Je suis comblé de pouvoir le présenter aujourd'hui.
Dans ma présentation de 15 minutes, je vais couvrir trois points.
D'abord, j'aborderai la reconnaissance des bénévoles par notre grande nation. Ensuite, je parlerai du problème de l'austérité économique qu'on vit en ce moment et que tout le monde subit à divers degrés au Canada; en effet, tout le monde se serre la ceinture. Enfin, j'aurai l'occasion de parler de vision et de stratégie globales à long terme.
Le projet de loi a pris naissance lorsqu'on a eu l'occasion de discuter avec les différentes communautés, plusieurs bénévoles et divers organismes, d'abord et avant tout dans ma circonscription, mais également partout dans notre grand pays. J'ai eu le privilège de voir et de comprendre bien des choses, puisque j'ai pu être à l'écoute des divers problèmes existant actuellement dans différents milieux.
J'aimerais souligner le fait que le titre de « projet de loi » est excessivement froid à mes yeux, même si c'est nécessaire à la Chambre des communes. J'ai donc dédié ce projet de loi à une personne qui a été très importante et qui est toujours dans mon coeur, Madeleine Nadeau. Pour moi, c'est le « projet de loi Madeleine Nadeau », ma grand-mère. C'est elle qui m'a inspiré...
Des voix: Oh, oh!
:
Monsieur le Président, comme je le disais, Madeleine Nadeau, une grande personne dans mon histoire, n'est plus de ce monde aujourd'hui. De son vivant, elle a donné de son temps et de l'argent. Sa vocation, sa croyance spirituelle, c'était d'aider la communauté et sa famille, dont moi-même, son petit-fils. Elle a toujours rêvé que je me retrouverais ici. J'espère qu'elle me regarde aujourd'hui, car c'est à elle que je dédie ce projet de loi qui me tient énormément à coeur.
J'ai aussi la chance d'avoir un fils qui a des grands-parents extraordinaires, tant de mon côté que du côté de sa mère. Ils sont des philanthropes et des bénévoles. Tous les jours, ils aident activement la communauté, que ce soit en écoutant, en proposant des idées ou en faisant partie d'organismes sur lesquels ils ont un impact direct.
Nous en sommes à un point tournant. Un lien doit être fait entre ce qui a existé et ce qui doit exister dans le futur. Un élément a toujours existé dans l'histoire. L'être humain a toujours eu cette étincelle en lui, une étincelle si petite, mais tellement immense qu'elle est capable de réaliser beaucoup de choses. On se retrouve dans des situations de crise, dans des moments sombres de notre histoire. Malgré tout, des êtres humains se sont serré les coudes, ont bâti notre nation et ont réussi à déplacer des montagnes simplement en travaillant ensemble, en s'écoutant et en pensant aux autres.
Pour moi, il était naturel aujourd'hui de débattre d'un projet de loi visant à aider les bénévoles. Tous les jours, on leur donne une tape dans le dos, on leur dit bravo et qu'on est contents qu'ils soient là, mais jamais on ne parle de mesures sérieuses qui feront en sorte qu'on aura un avenir.
Il y a eu des pommes pourries au cours de l'histoire. En tant que député, je rencontre des gens. Je me rends compte qu'ils ont de moins en moins confiance en la politique, et ce, à tous les niveaux. Pourtant, ils sont d'une grande générosité. Ils sont prêts à à faire preuve de philanthropie en donnant leurs idées, leurs connaissances, leur argent et leur temps à des organismes communautaires du pays. C'est ce qui permet de faire des progrès.
On vit aujourd'hui à l'ère de l'information. Les besoins sont de plus en plus grands à mesure que nos connaissances grandissent. On tente de régler divers problèmes, tant sur le plan environnemental que sur celui de la santé. Il y a toujours des citoyens qui trouvent le courage de créer des organismes pour régler les problèmes et mobiliser la société, afin que des mesures concrètes aident les citoyens et règlent les problèmes. On doit défendre cette étincelle et avoir une vision.
On parle souvent d'économie, mais quand une société ne se mobilise pas pour qu'il y ait des mesures sociales, on ne peut parler d'une bonne économie. À partir du moment où on veut avancer, où on veut que le gouvernement évolue, on doit parler d'une relation communautaire où il y a des bénévoles, où il y a cette étincelle dans tous les citoyens, où on peut avancer ensemble.
Si le gouvernement devait prendre en charge tous les bénévoles de tout le pays, il lui en coûterait des milliards de dollars. Mon projet de loi coûterait 800 millions de dollars. Il s'agit simplement de reconnaître l'effort des bénévoles. C'est un premier pas, mais il ne faut pas s'arrêter là et aller encore plus loin.
Pour moi, le projet de loi Madeleine Nadeau est important. Quand j'ai rencontré divers groupes et bénévoles de certaines régions du pays, je leur ai dit de s'approprier le projet de loi. Il leur appartient et il est non partisan. C'est une nécessité. On a tous besoin, à tous les niveaux, de gens prêts à donner un coup de main. On a besoin d'entraide.
Certains de mes amis ont eu des difficultés et ils ont été aidés par des gens généreux, tant à l'égard de leur communauté que des organismes. De nos jours, en matière de services, nous ne sommes qu'un chiffre pour le gouvernement. De plus, on réduit les services aux citoyens. Par contre, peu importe les services gouvernementaux dont on a besoin, il y a toujours un organisme présent. On peut compter sur ces citoyens qui ne demandent pas un sou, qui sont présents, qui nous écoutent, qui sont sincères, qui nous aiment et qui sont là pour nous aider. On ne peut pas continuer à leur donner seulement une tape dans le dos.
Présentement, en ce qui concerne la politique internationale, il y a de plus en plus de difficultés partout dans le monde. Ce n'est pas seulement ici, c'est partout dans le monde. Quelque chose de sombre est de plus en plus présent.
Ce qui est bien, c'est que les citoyens s'en rendent compte. Ils ne sont pas dupes. Une mobilisation sociale se fait en nous. Les gens décident de se retrousser les manches, de travailler, d'aller de l'avant et d'obtenir des résultats.
Dans ma circonscription, j'ai eu de nombreuses occasions de travailler avec des bénévoles pendant des journées complètes. Il y a « Fin à la faim... » et la marche pour la vie. Aujourd'hui même, à Saint-Sulpice, des jeunes se mobilisaient.
Ils ne demandaient pas une cenne, ils ne demandaient absolument rien à la communauté, ils voulaient donner.
Ils se promenaient dans leur communauté avec des t-shirts où il était marqué « 30 km/h » pour sensibiliser la population en disant qu'ils s'inquiétaient en tant que jeunes et qu'ils voulaient une amélioration.
Il faut adopter une position qui nous fera avancer de façon concrète et qui nous assurera un meilleur lendemain. Un projet de loi est une étape, un comité est une étape. On soit se demander si nous avons une vision et une stratégie pour le prochain gouvernement. Allons-nous développer un partenariat avec les organismes, les bénévoles, les philanthropes et les organismes communautaires?
Honnêtement, de tous les résultats que j'ai vus jusqu'à présent, ceux qui parlent avec la plus grande honnêteté et la plus grande transparence, ce sont bien souvent ces organismes. Ce sont eux, par leur intérêt, leur volonté et leurs sacrifices de tous les jours, qui paient de leur propre poche pour être bénévoles et qui obtiennent un résultat direct, permettant à la communauté et à la société de grandir.
Le gouvernement ne peut pas se contenter de les encourager tout bonnement en leur disant bravo. Il faut leur dire sincèrement que c'est une chance de les avoir.
Dans les cas d'inondations et de crise, qui agit? De notre côté, on donne de l'argent et on vote des projets de loi, mais qui agit concrètement? Ce sont les bénévoles et ce sont les organismes. Ce sont eux qui font la différence, et c'est avec eux qu'on va fonder notre avenir. C'est la seule mesure possible. Cette vision et cette stratégie, on doit les développer ensemble.
Encore une fois le projet de loi Madeleine Nadeau est une première étape. Ce que je demande à tous mes collègues, c'est de s'approprier le sujet et de ne pas se gêner.
[Traduction]
Je vais m'exprimer en anglais, et je serai très clair à ce sujet. Les oeuvres de bienfaisance ne sont pas seulement encouragées. Notre pays est fondé sur elles. Si nous voulons progresser au cours de ce nouveau millénaire, nous devons arrêter de parler de technologie. Ce nouveau millénaire sera fondé sur les êtres humains, et sur les relations qu'ils entretiennent. Si nous voulons aller de l'avant, nous devons absolument exiger des mesures directes et concrètes et arrêter de discourir parce que, parfois, nous n'exigeons pas suffisamment et nous n'écoutons pas suffisamment. Voilà ce qui se passe depuis des générations. Nous savons que c'est le cas.
Nous devons à tout prix raviver la flamme qui nous anime pour défendre et renforcer cette vision. C'est sur celle-ci que notre pays doit reposer.
[Français]
Nous devons faire grandir notre nation en se basant sur une vision d'entraide. En pensant à mon fils, je me suis toujours demandé vers quoi on tendait et ce qu'était notre vision nationale.
Eh bien, en voilà une, justement: l'entraide et le don de soi sont parmi nos plus belles valeurs sociales, et ce, sur tous les plans, tant sur le plan spirituel — tous les groupes religieux le pratiquent depuis longtemps — que sur le plan communautaire, par l'entraide et l'échange, et au moyen de coopératives. C'est là qu'on en est.
Ce projet de loi n'est pas parfait et il ne peut pas régler tous les problèmes, mais il constitue une première étape dans une avancée extraordinaire vers un bel avenir.
On va rire, mais je suis de la génération Star Trek, la génération où l'argent n'est pas important. Ce qui compte est plutôt l'intellect, l'action et l'exploration, tout comme le fait de donner le meilleur de soi-même.
L'entraide est une nécessité. On est rendu au point où il faut arrêter de rêver: il faut y croire. La communauté, tous les jours, nous donne des indices et nous montre la bonne façon de faire.
Je suis encore très honoré, tous les jours, de pouvoir me promener parmi mes concitoyens, de pouvoir être là, d'être humble, de les écouter avec humilité — on ne peut pas l'être plus — et de voir ce qu'on peut faire et ce vers quoi on peut tendre.
On doit écouter ces solutions et les mettre en oeuvre. Ça vient des bénévoles. Eux, ils agissent sans même demander quoi que ce soit.
J'ai eu la chance de rencontrer des bénévoles et de m'asseoir avec eux. Or ce qu'ils m'ont dit n'est pas normal. En effet, bien qu'ils soient prêts à donner leur amour aux gens autour d'eux et à se donner corps et âme pour chacun d'eux, ils ne sont financièrement plus capables de le faire, parce qu'ils doivent payer pour leurs déplacements, pour aller là où ils doivent aller.
On crée justement un projet de loi qui aide ces gens et qui reconnaît leurs actions; un projet de loi qui leur dit qu'on est prêts à être là et qu'on les épaule, qu'on est prêts à travailler en collaboration avec eux, qu'on est prêts à développer notre société avec eux, qu'on les écoute, qu'ils ont notre écoute et qu'on va faire plus que ça maintenant, on va agir.
Je suis très honoré d'être ici aujourd'hui.
:
Monsieur le Président, j'ai énormément de respect pour ce que le député a dit au sujet des bénévoles, car comme nous le savons tous, ils accomplissent un travail très important dans notre pays, ce qui fait d'eux des Canadiens d'exception. Cependant, certains aspects de ce projet de loi me préoccupent.
Le NPD a la réputation d'avoir fait, à plusieurs reprises, des promesses mirifiques aux Canadiens. Il insiste pour dire qu'il bâtira telle chose, lancera tel programme ou accordera un crédit d'impôt à tel groupe, entre autres. Cependant, je vais être franche et honnête: cette initiative augmenterait les dépenses gouvernementales. Les Canadiens, autrement dit les contribuables, devraient en assumer les coûts.
J'ai été surprise de la réponse que m'a donnée le député, lorsque j'ai lui ai demandé de m'expliquer où il a pris le chiffre de 800 millions de dollars, car je ne m'attendais pas à ce qu'il soit sur la défensive. Je lui ai posé la question, car les Canadiens veulent savoir comment nous allons financer cette initiative. Je vais donc encore une fois lui demander de bien vouloir m'expliquer où exactement il a pris ce chiffre.
[Français]
Comme mon collègue du NPD l'a dit, cela coûterait 800 millions de dollars. Toutefois, il n'a pas voulu dire où il a obtenu ce chiffre ni qui a examiné et confirmé l'estimation des coûts. Comme il s'agirait-là d'une nouvelle dépense considérable, le NPD a-t-il déterminé d'où proviendraient les fonds? Quelle taxe comptent-ils augmenter? À quel programme prévoient-ils imposer des compressions?
[Traduction]
Encore une fois, je dis cela avec énormément de respect, car je crois aussi que les bénévoles ont contribué à faire avancer le pays.
J'aimerais saluer tous les bénévoles et les féliciter des grands efforts qu'ils déploient partout au Canada. Nous connaissons tous quelqu'un dans notre collectivité qui a fait des choses remarquables. Ces personnes altruistes ont consacré du temps à améliorer la qualité de vie des gens dans le besoin, et elles le font non pas pour recevoir une récompense ou toute autre forme de reconnaissance, mais parce qu'elles pensent aux autres et veulent apporter une contribution dans leur collectivité. C'est ce qui les motive. Au nom du gouvernement, je les remercie de toutes leurs contributions.
Comme l'a déjà dit l'auteure Erma Bombeck, les bénévoles sont des gens qui font preuve de compassion, d'altruisme, de générosité, de patience et tout simplement d'amour à l'égard des autres.
À l'heure actuelle, le Canada est l'un des pays qui comptent le plus grand nombre d'organismes de bienfaisance et d'organismes sans but lucratif. Il y en a plus de 160 000 qui aident les gens dans le besoin partout au pays. Le gouvernement conservateur appuie ces organismes de bienfaisance grâce à des mesures fiscales spéciales parmi les plus généreuses au monde. Il y a notamment le crédit d’impôt pour dons de bienfaisance, qui encourage les Canadiens à appuyer ces organismes exceptionnels. En fait, l'aide fiscale fédérale destinée aux organismes de bienfaisance canadiens s'élève à près de 3 milliards de dollars par année.
[Français]
Toutefois, nous reconnaissons tous qu'il est toujours possible d'en faire davantage pour aider nos organismes de bienfaisance à accomplir leur travail. C'est pourquoi, depuis 2006, le gouvernement conservateur accorde un soutien accru aux organismes de bienfaisance grâce à des mesures spéciales d'allégement fiscal et d'incitation fiscale.
Notamment, on parle de l'élimination de l'impôt sur les gains en capital pour les dons de titres cotés en bourse à des organismes de bienfaisance et à des fondations privées; de l'élimination de l'impôt sur les gains en capital pour les dons de terres écosensibles à des organismes publics de conservation; de la réforme du contingent des versements afin d'alléger le fardeau administratif des organismes de bienfaisance en leur permettant de consacrer leur temps et leurs efforts à aider les personnes dans le besoin; et de la répression des quelques personnes sans scrupule qui profitent du système caritatif.
Je suis heureuse de signaler que toutes ces mesures ont permis d'aider des organismes de bienfaisance de partout au Canada et les bénévoles qui les soutiennent en augmentant les dons versés à leurs nobles causes.
[Traduction]
Par ailleurs, l'élimination de l'impôt sur les gains en capital s'appliquant aux dons de valeurs mobilières a été très efficace. Par exemple, à Toronto seulement, l'organisme Centraide estime qu'il reçoit des dizaines de millions de dollars par année grâce à cette modification. L'organisme a déclaré que les avantages fiscaux apportent certainement des avantages considérables aux organismes de bienfaisance locaux.
Owen Charters, de CanaDon, un portail de collecte de fonds pour les organismes de bienfaisance, a également dit ceci: « Nous avons été très surpris de la popularité de ce type de dons. Cela a commencé lentement, mais leur popularité a vraiment augmenté. »
Cependant, même avec toutes ces mesures positives qui aident les organismes de bienfaisance, nous savons que nous pourrions en faire encore davantage.
C'est pourquoi peu après les élections de 2011, le gouvernement conservateur a demandé au Comité des finances de la Chambre des communes d'entreprendre une étude publique ouverte pour consulter directement la population canadienne en vue de déterminer la meilleure façon d'accroître davantage les dons de bienfaisance.
Je devrais indiquer que cette étude et la demande du gouvernement a été inspirée par la motion M-559, présentée par le député de , et adoptée par le Parlement en mars 2011. Je remercie mon collègue de de tout ce qu'il a fait et continue de faire pour les organismes de bienfaisance au Canada. Nous pouvons être certains que les organismes de bienfaisance et les bénévoles ne pourraient trouver de meilleurs alliés que le Parlement et notre collègue.
Le Comité des finances, dont je suis membre, a résolument entrepris cette tâche en janvier dernier. Nous nous sommes déjà réunis des dizaines de fois et nous avons reçu des mémoires de plus de 50 organismes de bienfaisance ainsi que de bénévoles d'un peu partout au Canada.
Pendant les audiences et l'étude des mémoires, les organismes de bienfaisance et les bénévoles nous ont fait part de diverses propositions quant à ce que nous pourrions faire pour aider davantage le secteur caritatif du Canada. Je dois dire qu'ils sont tous très favorables aux mesures que le gouvernement propose depuis 2006. Ils sont déçus que le NPD n'ait pas souscrit à bon nombre d'entre elles.
[Français]
Aucun de ces organismes de bienfaisance ni les bénévoles n'ont laissé entendre que la proposition présentée aujourd'hui par le NPD constituerait pour eux un moyen efficace d'aider les personnes dans le besoin. En fait, pas une seule fois il n'en a été question pendant l'étude au Comité permanent des finances. La raison à cet égard saute aux yeux si l'on examine un peu plus attentivement la proposition du NPD. Elle soulève de graves questions et préoccupations. Elle serait très coûteuse, extrêmement difficile à contrôler et d'une efficacité douteuse, et elle imposerait un lourd fardeau administratif aux organismes de bienfaisance et aux bénévoles.
Avant de traiter davantage de ces préoccupations, je tiens à dire clairement aux Canadiens que les bénévoles reçoivent déjà un traitement fiscal spécial afin de soutenir leurs efforts. Plus précisément, les bénévoles jouissent d'une exemption fiscale sur les remboursements de leurs frais, ce qui signifie que toute dépense engagée par les bénévoles, y compris les frais de déplacement, peut être entièrement remboursée en franchise d'impôt. Ainsi, si une personne doit se déplacer pour le compte de son organisme de bienfaisance, elle peut être remboursée pour ses dépenses — kilométrage, essence, repas et autres frais —, et ce remboursement ne sera pas imposé.
En ce qui concerne les préoccupations soulevées par la proposition du NPD, elles sont nombreuses.
[Traduction]
Premièrement, la proposition du NPD alourdirait le fardeau administratif des organismes de bienfaisance et des organismes à but non lucratif en obligeant ceux qui estiment aider principalement les populations vulnérables à consigner les déplacements effectués et à préciser le nombre d'heures qui y ont été consacrées.
Deuxièmement, elle obligerait les fonctionnaires à déterminer subjectivement ce qui constitue une population vulnérable et à décider au cas par cas si chacun des 85 000 organismes de bienfaisance enregistrés aide les populations choisies subjectivement. Ces fonctionnaires devraient ensuite déterminer si chaque organisme est admissible à l'allégement fiscal spécial. Ce serait un changement radical par rapport à la pratique actuelle, qui consiste à traiter tous les organismes de bienfaisance avec objectivité.
Troisièmement, son coût serait considérable.
Ce ne sont là que quelques-unes des inquiétudes que soulève le projet de loi. J'invite le député d'en face à y réfléchir et, peut-être, à répondre à quelques-unes d'entre elles pour que nous puissions mieux comprendre comment son parti compte payer la note sans augmenter les impôts et sans détériorer le processus actuel.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , qui vise à accorder un crédit d'impôt au titre des frais de déplacement des bénévoles.
J'aimerais d'abord remercier le député de d'avoir présenté le projet de loi. Je suis content que nous ayons la possibilité de discuter de façons dont nous pouvons, en tant que parlementaires, mieux soutenir les bénévoles et encourager le bénévolat.
J'aimerais revenir sur certaines des mesures du genre qui ont été adoptées au cours des dernières années, notamment les mesures fiscales visant à aider les volontaires des services d'urgence et les pompiers volontaires. Tous les partis s'entendent pour dire que nous devrions reconnaître le travail essentiel de ces volontaires, qui risquent leur vie pour protéger la population et accroître la sécurité publique.
Dans le cadre de ces discussions, le Parti libéral a proposé un crédit d'impôt remboursable de 3 000 $ pour les pompiers volontaires. Nous l'avons rendu remboursable de façon délibérée, parce que lorsque de tels crédits ne sont pas remboursables, les Canadiens à faible revenu, qui ont le plus besoin de cette forme d'aide, n'y sont paradoxalement pas admissibles et ne peuvent donc pas en bénéficier.
Plus tôt aujourd'hui, nous avons parlé de l'inégalité des revenus et de l'écart qui se creuse entre les riches et les pauvres au Canada. Or, les crédits d'impôt non remboursables peuvent, dans une certaine mesure, accentuer ce problème en écartant techniquement les Canadiens à faible revenu, qui sont pourtant ceux à qui cette aide serait la plus utile.
Par exemple, nous avons proposé un crédit d'impôt remboursable pour les aidants familiaux, dont auraient pu bénéficier toutes les familles canadiennes qui prennent soin d'un être cher qui a des problèmes de santé. Il peut s'agir, dans certains cas, d'une personne qui a besoin de soins palliatifs ou qui a des problèmes médicaux chroniques. Les conservateurs ont plutôt proposé un crédit d'impôt non remboursable. On dirait que c'est du pareil au même, sauf qu'en réalité, c'est bien peu, car ce crédit ne peut bénéficier à un grand pan de la population, en l'occurrence ceux qui ont le plus besoin de cette aide.
Le gouvernement est devenu très fort dans l'art de créer des crédits d'impôt à portée restreinte qui ne sont pas remboursables. Il sort peu d'argent des coffres fédéraux parce que, en réalité, le gouvernement aide peu de gens, mais il a l'air de faire quelque chose.
Je reçois à mon bureau des gens très déçus. Ils s'attendaient à ce que ces nouveaux crédits d'impôt les aident mais ils se rendent compte que, parce qu'ils avaient un faible revenu, ils n'y ont pas droit.
Prenons, par exemple, une personne âgée qui touche un revenu fixe modeste pour livrer des repas à domicile pour une popote roulante. Si le crédit d'impôt proposé aujourd'hui, dans le cadre de cette mesure législative, n'est pas remboursable, cette personne âgée n'en bénéficiera pas parce qu'elle ne paye pas d'impôt. Autrement dit, un crédit d'impôt remboursable bénéficie également aux personnes dont le revenu est si faible qu'elles ne payent pas d'impôt. Une personne âgée à faible revenu qui, par exemple, livre des repas pour une popote roulante, doit assumer des dépenses pour faire du bénévolat; ces dépenses représentent même une partie importante de son revenu. Elle doit faire le plein d'essence pour se rendre à l'organisme ou payer pour emprunter les transports en commun.
Cela m'amène à parler de la nature du crédit d'impôt proposé dans le projet de loi .
Le projet de loi créerait un crédit d'impôt pour décharger les bénévoles d'une partie des frais de déplacement que leur occasionne leur activité de bénévolat. Malheureusement, le crédit d'impôt qui pourrait être créé en vertu du projet de loi C-399 n'est pas remboursable. Nous souhaiterions que cette lacune soit soulevée et corrigée dans le cadre du processus législatif. Si le projet de loi est renvoyé au comité, cette question pourrait peut-être y faire l'objet d'une discussion.
Nous appuyons le renvoi du projet de loi au comité pour que nous puissions discuter, entre autres, de son intention, et notamment de la possibilité de faire en sorte que le crédit d'impôt soit entièrement remboursable.
Nous sommes préoccupés par le nombre grandissant de crédits d'impôt non remboursables qui sont créés. Nous estimons que ces crédits accentuent dans une certaine mesure l'inégalité des revenus qui existe au Canada puisqu'ils ne sont pas équitables. Cela semble tout simplement inacceptable que le gouvernement souhaite limiter les dépenses en privant délibérément les Canadiens les plus démunis de cette forme d'aide.
En plus de proposer un crédit d'impôt non remboursable, le projet de loi définit des paramètres pour le moins intéressants. Pour avoir droit au crédit d'impôt, un particulier doit en effet consacrer au moins 130 heures à des services bénévoles admissibles et effectuer pour ce faire au moins 12 déplacements au cours de l'année d'imposition. Aux termes du projet de loi, les déplacements doivent être d'au moins un kilomètre entre la maison du bénévole et l'endroit où il fait son bénévolat.
La valeur du crédit d'impôt prévu par le projet de loi correspond à un montant pouvant aller de 500 $ à 1 500 $. Cela signifie qu'un bénévole qui serait admissible au crédit d'impôt et dont le taux d'imposition fédéral s'élève à 15 % aurait droit à un montant variant entre 75 $ et 300 $.
Le ministère des Finances du Canada estime que, tel qu'il est rédigé, le projet de loi coûterait environ 130 millions de dollars par année. Les fonctionnaires se sont servis, pour cette estimation, des statistiques passées et ont tenu pour acquis qu'aucun changement de comportement ne résulterait du nouveau crédit d'impôt. Ils ont fait comme si ce crédit d'impôt n'encouragerait pas davantage de personnes à faire du bénévolat et n'inciterait pas les bénévoles à se déplacer davantage.
Les fonctionnaires ont utilisé les données issues de l'Enquête canadienne sur le don, le bénévolat et la participation, qui montre que 1,2 million de Canadiens répondraient au critère exigeant qu'ils consacrent au moins 130 heures à diverses formes de bénévolat admissibles. Les fonctionnaires ont calculé que les bénévoles qui auraient droit au crédit d'impôt prévu dans le projet de loi auraient en moyenne des frais de déplacement de 430 $. Ils ont aussi calculé que les bénévoles réclameraient de surcroît en moyenne 500 $ en frais de déplacement hebdomadaires, soit une moyenne de 15 kilomètres par semaine à 55 ¢ le kilomètre.
Les fonctionnaires ont par la suite jugé que comme ce crédit d'impôt serait non remboursable, un quart des 1,2 million de bénévoles n'y seraient pas admissibles faute d'avoir un revenu suffisant. Au moyen des chiffres du ministère des Finances, nous avons calculé quant à nous qu'il en coûterait environ 40 millions de dollars pour transformer cet avantage fiscal en crédit d'impôt remboursable afin de permettre aux Canadiens à faible revenu qui sont actuellement exclus d'en bénéficier.
J'encourage le député de à considérer un tel amendement au projet de loi , qui mérite d'être étudié par la Chambre. J'espère que ce projet de loi passera l'étape de la deuxième lecture pour que nous puissions l'examiner plus attentivement et envisager de rendre le crédit d'impôt remboursable.
Il est important pour nous, parlementaires, de reconnaître à leur juste valeur la contribution vitale des bénévoles à la société canadienne. Le témoignage de notre reconnaissance ne devrait pas dépendre de l'épaisseur du portefeuille des bénévoles. Beaucoup de Canadiens à faible revenu mériteraient de bénéficier du même avantage, si nous décidons d'adopter cette mesure. Néanmoins, dans l'état actuel du projet de loi, ce ne serait pas le cas puisque ces gens ne seraient pas admissibles à un crédit d'impôt non remboursable.
Voilà quelques-unes de mes réflexions sur la question. J'espère que les députés ministériels pourront appuyer le renvoi du projet de loi au comité, de telle sorte que nous puissions discuter plus en profondeur des moyens à prendre pour renforcer les mesures fiscales et les autres formes d'aide directe favorisant le bénévolat au Canada.
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Monsieur le Président, ça me fait plaisir de me lever aujourd'hui pour prendre la parole, surtout après avoir entendu le discours et l'explication de mon collègue le député de , qui y a mis la passion nécessaire. Il a dédié ce projet de loi à sa grand-mère, Mme Madeleine Nadeau. Il faut considérer ce projet de loi attentivement, car beaucoup de choses très intéressantes sont apportées.
Mon collègue est le porte-parole de l'opposition officielle en matière de philanthropie. C'est donc vraiment quelque chose qui le passionne et il travaille depuis longtemps là-dessus. Il a travaillé très fort, il a parcouru le Canada et il a rencontré des gens. Il nous a expliqué son histoire, avec toute l'humanité qu'il a par rapport à ses parents et à sa famille. C'est vraiment un exemple de ce que la passion peut amener et de ce que les gens en politique peuvent apporter.
On a eu des commentaires un peu partisans de la part de la . Il ne faut pas oublier que c'est un projet de loi d'initiative parlementaire. Mon collègue a clairement mentionné que c'est un début de discussion qui doit être fait. Le renvoi du projet de loi au Comité permanent des finances fera en sorte qu'on pourra répondre à certaines questions. La secrétaire parlementaire a tout de suite posé la question portant sur les coûts, et on a déjà vu quelques différences.
Je suis très content d'entendre que les libéraux vont appuyer le projet de loi afin qu'il soit au moins renvoyé au moins au Comité permanent des finances en vue d'une étude, car on a des chiffres qui varient. On a dit que le ministère des Finances du Canada avait parlé de 130 millions de dollars. Il est important de prendre le soin de considérer les incidences à cet égard, car il ne faut pas oublier à quel point le secteur bénévole est important. Je crois que tout le monde ici, que ce soit de l'autre côté ou de ce côté, apprécie le fait que la société puisse grandir grâce à l'apport des bénévoles. Beaucoup de personnes dans certaines situations ont vu que cet apport était très important.
Il faut mentionner que le secteur bénévole du Canada se classe au deuxième rang en importance dans le monde, derrière les Pays-Bas, selon une recherche publiée tout récemment, au mois de septembre 2012. C'est quelque chose qu'on sent ici, on l'a tous vécu. Et c'est pourquoi j'invite mes collègues à prendre le temps d'étudier ce projet de loi en profondeur avant de le mettre tout de suite de côté. Ça a un rôle fondamental dans le développement de notre société, de notre économie et de notre démocratie.
Lorsqu'il y a des catastrophes et des crises, on constate que les bénévoles manifestent réellement la plus belle qualité de l'être humain, soit l'entraide. C'est pourquoi il faut s'assurer d'aider ces gens. On demande donc ici de regarder tout le travail qui a été fait. Mon collègue de a clairement mentionné que, depuis longtemps, on admire les bénévoles, on les félicite et on leur donne des tapes dans le dos, mais que jamais on ne les aide directement dans leur travail. C'est une première démarche qui a été faite, une première discussion, un premier pas. J'espère vraiment que mes collègues d'en face vont au moins accepter d'aller voir plus loin tous les bienfaits de ce projet de loi.
Regardons concrètement ce qui se passe. La motion de l'opposition d'aujourd'hui parlait justement de l'écart entre les riches et les pauvres. Puisque le gouvernement qui a un budget d'austérité réduit consciemment certains services, les organismes communautaires et de bienfaisance ont de plus en plus de travail. Bien sûr, ils dépendent beaucoup des bénévoles, mais il faut quand même les aider dans ce cas.
Regardons les chiffres liés au bénévolat. Selon le dernier rapport de Statistique Canada sur le don et le bénévolat, plus de 13,3 millions de personnes, soit 47 % de la population, ont donné bénévolement plus de 2,1 milliards d'heures en 2010. C'est l'équivalent de 1,1 million d'emplois à temps plein. Il ne faut pas oublier que ce bénévolat aide l'économie et que lorsque le gouvernement n'agit pas dans certains domaines et que des personnes ont besoin d'aide, ces bénévoles sont là pour les aider. Il faut tenir compte de l'incidence et des avantages du bénévolat sur le plan de l'économie. L'encourager fera en sorte d'améliorer la société.
Selon certains chiffres, en 2007, les recettes du secteur caritatif étaient de plus de 112 milliards de dollars et la part du bénévolat au PIB canadien était de 7 %. On voit donc clairement qu'il y a une incidence intéressante à cet égard.
Selon une étude de Mook et Quarter effectuée en 2006, la valeur économique des heures de bénévolat a été évaluée à environ 20 milliards de dollars. C'est donc un apport à notre société et à notre économie qui permet à notre pays de se développer. C'est donc important.
Je suis très choyé de représenter les gens de ma circonscription de , pour qui l'entraide est très importante. Dans ma circonscription, il y a plus de 80 organismes communautaires. D'ailleurs, j'ai trouvé cela tellement important que mon dernier bulletin parlementaire portait vraiment sur ces organismes. On voyait à quel point il y avait de l'entraide. Cela est très important et cela fait vraiment avancer ce qu'on appelle l'humanité et la société. C'est vraiment important de le souligner.
Entre autres organismes, Les Cuisines de l'amitié, à Brossard, s'occupe d'aider des personnes qui vivent sous le seuil de la pauvreté, qui ont besoin d'entraide et qui ont besoin de préparer de la nourriture. Des bénévoles sont là pour les aider.
Il y a aussi l'Association des personnes handicapées de la Rive-Sud Ouest. La mission de ces gens est d'aider les personnes handicapées, notamment pour défendre leurs droits. Beaucoup de bénévoles sont également là pour cela.
Le Complexe Le Partage est un organisme vraiment extraordinaire qui vient en aide aux personnes dans le besoin. On nous l'a dit clairement, on voit de plus en plus que des familles et des personnes qui travaillent ont besoin d'aide et de banques alimentaires. Le Complexe Le Partage est un de ces organismes qui aide vraiment les gens.
J'ai eu la chance de participer à des collectes de fonds et à des guignolées. Le fait de participer fait du bien. Quand j'étais plus jeune, j'étais scout. J'ai donc grandi avec l'idée de poser de bonnes actions. Cela a continué à faire partie de moi. Je suis aussi allé en Afrique pour faire du bénévolat dans un orphelinat. On voit souvent que le temps qu'on consacre à aider représente beaucoup plus que ce que l'argent pourrait apporter. J'ai été aussi entraîneur de soccer et j'enseignais ce jeu à des jeunes.
Donc ce qu'on voit, c'est que le temps qu'on donne apporte non seulement à nous-mêmes, mais aussi beaucoup aux autres. L'essence de ce projet de loi est de vraiment aider les gens qui veulent continuer à faire du bénévolat. Les répercussions sont donc exponentielles. C'est vraiment très important.
[Traduction]
J'espère sincèrement que les députés d'en face examineront le projet de loi, car c'est un point de départ. Mon collègue, le député de , a indiqué qu'il ne s'agit pas d'une version définitive, mais de l'ouverture d'un dialogue. Il a travaillé très fort. Il est allé partout au Canada pour parler à des représentants d'organismes de bienfaisance et à des personnes sur le terrain.
Je crois qu'il faut examiner les possibilités. J'espère que les députés appuieront au moins le renvoi du projet de loi au comité afin que nous puissions en évaluer les coûts et les avantages. Avec un peu de chance, nous parviendrons à travailler ensemble sur cette mesure législative.
Je sais que certains députés qui siègent au Comité des finances sont ouverts à l'idée d'aider les organismes de bienfaisance et les bénévoles, advenant que le projet de loi soit renvoyé à ce comité. Nous savons combien c'est important pour le Canada.
Nous avons tous été témoins de ce qui se passe en situation de crise. Les gens font front commun et travaillent ensemble. En situation de crise, quand on cherche à aider ses voisins, on ne se demande pas: « Que vais-je y gagner? », mais plutôt: « Que puis-je faire pour les aider? »
Au fond, cette mesure législative aiderait les gens qui ont besoin d'un peu de soutien, car, puisqu'il y a des coûts à assumer, certaines personnes ont besoin d'un peu d'argent et d'une compensation.
Je souhaite que les députés appuient le projet de loi de mon collègue et son renvoi au Comité des finances pour que celui-ci puisse l'étudier.
:
Monsieur le Président, je souhaite soulever un certain nombre de points dans le cadre du débat sur le projet de loi , qui présente plusieurs lacunes. Je veux aussi le comparer à d'autres mesures plus réfléchies qui aident les organismes de charité et les bénévoles.
Avant de parler de ces mesures, permettez-moi de rappeler l'objet du projet de loi . Il propose l'instauration d'un nouveau et coûteux crédit d'impôt non remboursable pour les gens qui consacrent au moins de 130 heures à des services bénévoles auprès de certaines organisations et qui, pour ce faire, effectuent au moins douze déplacements au cours de l'année d'imposition.
Cette mesure coûterait plus de 100 millions de dollars par année, et il serait difficile, voire impossible, pour les organismes de charité d'en assurer la gestion.
Il est à souhaiter que les députés présentent à la Chambre des projets de loi qui profitent aux Canadiens, et je pense que c'est ce à quoi ces derniers s'attendent. J'aimerais bien savoir comment le projet de loi pourrait profiter aux Canadiens.
Le député de pense peut-être que le projet de loi inciterait les Canadiens à faire du bénévolat pour leur église, pour des groupes jeunesse de leur région ou pour un centre communautaire. À l'heure actuelle, un grand nombre de Canadiens consacrent une partie de leur temps à faire du bénévolat. En fait, selon un récent rapport publié par Statistique Canada, plus de 13,3 millions de Canadiens, soit 47 % de la population, font du bénévolat.
Il va sans dire que les Canadiens aiment faire du bénévolat. Cependant, on ne sait pas si le crédit d'impôt proposé contribuerait à l'augmentation du taux de bénévolat au Canada. Après tout, ce n'est pas la première fois qu'on propose une aide fiscale pour les bénévoles.
Cela dit, des études effectuées ces dernières années laissent entendre que l'aide fiscale, dont ferait partie le crédit d'impôt dont il est question aujourd'hui, ne stimule aucunement le bénévolat. D'ailleurs, selon un rapport publié en Alberta intitulé The Potential Impact of Canadian Federal and/or Provincial Tax Credit Incentives for Volunteer Participation, un tel crédit d'impôt pourrait avoir l'effet contraire.
Le rapport dit:
Les raisons qui motivent les bénévoles à « faire don » de leur temps n'ont rien à voir avec la « valeur » de leur don. Leurs motivations sont principalement de nature altruiste ou égoïste. Le fait d'accorder une valeur économique ou fiscale à un tel « don fait par altruisme » pourrait même décourager certains bénévoles potentiels.
Dans un même ordre d'idées, un groupe de bénévoles québécois, le Réseau de l'Action Bénévole du Québec, ou RABQ, a conclu que les crédits d'impôt n'amènent pas plus de gens à vouloir faire du bénévolat.
En effet, selon Rosemary Byrne, ancienne présidente du RABQ, les crédits d'impôt:
[...] semblent n'avoir eu aucune incidence sur le nombre de bénévoles.
Mme Byrne a même dit:
Les gens qui se situent dans une tranche d'imposition inférieure n'auraient même pas pu en profiter; cela avait également un effet dissuasif.
Si l'on en croit ces constatations, il est peu probable que le projet de loi soit l'approche indiquée pour encourager plus de Canadiens à faire du bénévolat. Bien au contraire, les faits semblent montrer que l'adoption d'un tel projet de loi par la Chambre pourrait nuire au taux de bénévolat au Canada.
Pour ces raisons, je doute fort que l'instauration d'un crédit d'impôt soit la bonne mesure à prendre. À la lumière des propos de la présidente du RABQ, je me demande si des bénévoles seraient même intéressés à profiter d'un tel crédit d'impôt.
Mais ce n'est pas tout. Dans le cadre de l'étude du présent projet de loi, il faut également penser au fardeau administratif qui sera imposé aux organisations de bienfaisance et aux organisations à but non lucratif.
Il reviendra aux organismes de bienfaisance, aux églises, aux groupes de jeunes et autres de consigner tous les renseignements dont les bénévoles et l'Agence de revenu du Canada auront besoin pour confirmer que les demandeurs sont bel et bien admissibles au crédit d'impôt aux termes de la Loi de l'impôt sur le revenu.
Ainsi, ces organismes devront consigner le nombre d'heures que chaque bénévole a offert, ce qu'il a fait et s'il s'est déplacé jusqu'au site, ce qui représente pour eux un énorme gaspillage de temps et d'énergie. Non seulement ces exigences siphonneraient leurs ressources humaines et financières, mais, en outre, elles nuiraient à l'atteinte de l'objectif ultime des organismes de charité à but non lucratif, qui consiste à venir en aide aux gens.
Ces dernières années, de nombreux organismes de charité ont été critiqués pour ne pas avoir utilisé leurs ressources le plus efficacement possible. On comprendra que les Canadiens sont frustrés lorsqu'ils apprennent que les dons qu'ils font à leurs organismes de bienfaisance favoris servent à assurer les coûts d'administration, et non ceux de la recherche, de l'aide ou de la cause à laquelle ils souhaitaient contribuer. Ce qui m'inquiète, c'est que le projet de loi viendrait non seulement augmenter cette frustration, mais il forcerait aussi les organismes à but non lucratif et de bienfaisance à détourner leurs précieuses ressources de leur noble mission pour contourner cet obstacle qui, d'après les données disponibles, s'avérerait majeur pour ces organismes.
Selon Statistique Canada, les Canadiens ont donné bénévolement près de 2,1 milliards d'heures en 2010. Je ne suis pas un expert, mais je suis prêt à parier qu'il faudrait beaucoup de temps pour consigner 2,1 milliards d'heures de bénévolat. Je ne comprends pas pourquoi on cherche à imposer un fardeau si inutile à ces organismes. À quoi cela servirait-il?
Qu'est-ce que ce projet de loi a à offrir à ceux qui souhaitent faire du bénévolat ou aux organismes qui voudraient attirer des bénévoles? Si vous voulez mon avis: pas grand-chose. Même si, à première vue, le projet de loi peut sembler un moyen efficace d'inciter les Canadiens à faire du bénévolat pour une cause qui leur est chère, il en va tout autrement dans les faits. Selon moi, il accroîtrait inutilement le fardeau administratif des organismes de charité et des groupes à but non lucratif, sans pour autant faire augmenter le taux de bénévolat dans la population canadienne. Au contraire, les données à notre disposition semblent indiquer qu'il pourrait faire diminuer le nombre de bénévoles.
Même si je crois que le parrain de ce projet de loi était animé des meilleures intentions du monde, je suis loin d'être convaincu que sa mesure législative profiterait aux Canadiens. Je presse donc mes collègues d'y penser à deux fois avant d'appuyer le projet de loi .