La Chambre reprend l'étude, interrompue le 6 novembre 2012, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole pour discuter de mon projet de loi d'initiative parlementaire, que j'appelle « Découvrez votre Canada ».
Ce projet de loi a pour objectif de modifier la Loi de l'impôt sur le revenu afin de rendre les déplacements à l'intérieur du Canada plus abordables pour les Canadiens en accordant aux contribuables des déductions d'impôt sur le prix d'achat de leurs billets et de ceux de leurs enfants, lors de voyages personnels en avion, en train ou en autobus, si le trajet couvre au moins trois provinces différentes.
[Traduction]
Beaucoup de députés qui prendront la parole au sujet de ce projet de loi affirmeront à tort qu'il s'agit d'une mesure potentiellement coûteuse. Or, ce projet de loi vise à unifier les Canadiens, il n'est aucunement question d'argent. Étant comptable et ayant été président du Comité des finances, je suis d’habitude le premier à m’assurer de la justesse des chiffres. J’ai conçu le projet de loi de façon à ce qu’il n'en coûte rien au Trésor; la mesure proposée aura un impact nul sur les revenus, elle permettra peut-être même de stimuler l'économie.
Par conséquent, l'objet premier du projet de loi n'est pas d'ordre financier. Le titre du projet de loi « Découvrez votre Canada » indique clairement son objet principal. Je veux qu’un plus grand nombre de Canadiens puissent faire ce qui, d’habitude, est l’apanage des plus riches d’entre eux. Je veux que le plus de Canadiens possible puissent visiter d’autres régions de leur magnifique pays. Il ne s’agit pas d'une escale avant d’aller se reposer à l’étranger. Pas plus que de faire deux heures de route pour se rendre à sa maison de campagne. Il ne s’agit pas non plus de faire des voyages d’affaires au cours desquels on ne voit que l’aéroport ou peut-être une salle de conférence. Nous voulons que les Canadiens voient une région du Canada qui est la plus éloignée et la plus différente possible de leur propre petit coin de notre grand pays.
J’ai eu cette idée il y a des années, lorsque j’étais à Vancouver pour présider le Comité des finances pendant les consultations prébudgétaires. Quiconque est allé à Vancouver le confirmera: il y a là-bas des paysages impressionnants. Après avoir entendu des témoins toute la journée nous dire comment le gouvernement devrait dépenser son argent, je me promenais en ville et j'ai été ébahi par ce que j'ai vu. Je me suis dit que si davantage de Québécois pouvaient voir ce qui s'offrait à moi, aucun d'entre eux ne voudrait se séparer. C’était tout aussi beau que chez moi, à Montréal, mais très différent. Le vaste Pacifique n’avait rien à voir avec le charme du Saint-Laurent. La grandeur des Rocheuses tranchait avec l’apaisante humilité du mont Royal. L’architecture moderne était fort différente de la beauté classique du Vieux-Montréal. Jamais une photographie ne peut rendre justice aux paysages canadiens, et, tant qu'on n'en fait pas soi-même l'expérience, on ne peut pas vraiment comprendre que ce patrimoine naturel est le nôtre.
Avant même d'être député, mais aussi dans les années qui ont suivies bien entendu, je suis allé dans des endroits aussi à l'est que Terre-Neuve, aussi à l'ouest que la Colombie-Britannique et aussi au nord que le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest. Partout, j'ai trouvé une compréhension nouvelle et plus profonde du Canada. J'ai la conviction que les Canadiens saisiraient mieux leur identité nationale s’ils avaient la possibilité de se rendre dans des régions de leur pays où ils n’ont pas pu mettre les pieds jusqu’ici. Voilà pourquoi je préfère que le projet de loi soit renvoyé au Comité du patrimoine plutôt qu’à celui des finances. La Loi Découvrez votre Canada, ce n’est pas une question de sous. Elle vise à amener les Canadiens à se saisir de leur patrimoine national en leur procurant un peu d’aide, un encouragement à voir leur propre pays.
[Français]
Cela dit, il serait contraire à ma nature de ne pas dire un mot sur les coûts. Les déductions que je propose dans le projet de loi « Découvrez votre Canada » n'ont rien d'extravagant. Du reste, ces déductions sont plafonnées, et le projet de loi prévoit des conditions afin d'éviter qu'on en abuse.
En conséquence, le seuil supérieur des déductions ne sera pas atteint par la plupart des voyageurs admissibles, comme le confirme l'étude que j'ai commandée au bureau du directeur parlementaire du budget peu de temps après avoir présenté cette mesure.
Selon les articles de journaux, le gouvernement dit que ce projet de loi coûtera de l'argent. Or même si le gouvernement est capable de justifier les coûts de ce projet de loi, rien n'est comparable aux 5,2 milliards de dollars dépensés aux États-Unis par les Canadiens en 2012.
Au deuxième trimestre de 2012, lors de séjours aux États-Unis, les Canadiens ont dépensé 3,4 millions de dollars, le montant le plus élevé des 20 dernières années. Au mois de juin, ces dépenses se sont élevées à 1,9 million de dollars. C'était un record. Elles sont la conséquence de l'augmentation de la limite d'importation non imposable qui est passé de 50 $ à 200 $ pour un séjour de plus de 24 heures, et de 400 $ à 800 $ pour un séjour de 48 heures. Nous parlons ici de séjours à l'étranger.
Selon le gouvernement, cela équivaudra à des pertes de centaines de millions de dollars pour 2013-2014. C'est un autre cadeau pour l'industrie américaine.
Il est simple d'ajouter des déductions dans le cadre des impôts. Leur administration ne coûtera rien de plus à l'Agence du revenu du Canada. Le bureau du directeur parlementaire du budget l'a aussi confirmé.
La dernière chose que je souhaite est que ce projet de loi fasse apparaître une nouvelle bureaucratie.
Lorsqu'on propose une nouvelle déduction sur le revenu, il y a toujours un coût mesurable, mais il est moins simple de calculer les retombées économiques.
Le bureau du directeur parlementaire du budget reconnaît que le projet de loi s'accompagne de retombées économiques et financières, mais il ne peut pas les quantifier avec précision.
De façon générale, je peux affirmer avec confiance qu'une augmentation des voyages à l'intérieur du Canada doit forcément avoir des retombées économiques et financières positives.
L'augmentation du produit des taxes de vente provinciale et fédérale constitue l'un des avantages financiers.
Lorsque je voyage, je dois loger quelque part et manger dans les restaurants. Je peux avoir envie de voir des attractions locales et de passer une soirée en ville. En plus, j'aime bien rapporter des souvenirs à ma famille et à mes amis. Tout cela s'achète, et tout cela ajoute aux revenus de l'État par le biais des taxes de vente fédérale et provinciale.
L'intensification de l'activité économique attribuable à l'augmentation du nombre de Canadiens qui voyagent dans leur pays sera également bénéfique pour le tourisme et les industries qui profitent des retombées d'une activité touristique accrue.
Selon Industrie Canada, près de 600 000 emplois au Canada sont créés directement par le tourisme dans toutes les provinces et toutes les régions.
Si cela ne semble pas assez précis pour les députés, je les invite à consulter le site Web de l'Association de l'industrie touristique du Canada qui présente une ventilation des emplois dans le domaine du tourisme dans chacune des circonscriptions.
À titre d'exemple, j'ai pris des échantillons dans des comtés comptant les plus grandes villes du pays. Le tourisme représente 4 905 emplois dans Elmwood—Transcona, 5 460 emplois dans Dartmouth—Cole Harbour, 9 445 emplois dans Vancouver-Sud, 10 080 emplois dans Calgary-Centre, 11 150 emplois dans Trinity—Spadina et 11 170 emplois dans Laurier—Sainte-Marie, au centre-ville de Montréal. Il ne s'agit que de quelques exemples. Il existe une liste avec tous les comtés partout au Canada.
Dans chacune de nos collectivités, il y a des emplois concrets pour des personnes en chair et en os. Nous devons savoir ce que la stimulation de l'économie peut vouloir dire pour les économies locales et pour l'ensemble de l'économie nationale. À mon avis, les retombées possibles sont trop importantes pour qu'on les néglige.
[Traduction]
Je pourrais poursuivre, mais, comme je l’ai dit tout à l’heure, le projet de loi n’est pas une affaire d’argent.
Depuis que j’ai présenté le projet de loi, en novembre, ce qui m’a le plus frappé, c’est l’importance du ralliement autour de cette idée parmi les Canadiens. Selon une étude de Harris-Decima publiée le 7 novembre 2012, le soutien total pour la Loi Découvrez votre Canada s’élevait à 70 %, et les appuis étaient fermes dans tout le Canada.
Par exemple, dans la région de l’Atlantique, le taux d’approbation est de 78 %, au Québec, il est de 68 %, en Ontario, de 69 %, en Saskatchewan et au Manitoba, de 66 %, en Alberta, de 76 %, et en Colombie-Britannique, de 74 %.
La même étude a montré que 39 % des Canadiens seraient plus portés à envisager de voyager au Canada si la Loi Découvrez votre Canada était adoptée, alors que seulement 5 % d’entre eux seraient moins susceptibles de le faire. Ce qui représente un gain net de 34 %.
La même étude fait également valoir que le projet de loi pourrait contribuer à combler le déficit croissant du Canada au chapitre des voyages internationaux, qui s'est creusé de 91 millions de dollars au seul deuxième trimestre de 2012.
Au-delà des chiffres, je tire une leçon d’humilité des messages de soutien que j’ai reçus de Canadiens des quatre coins de notre pays qui souhaitent l’adoption du projet de loi. Une dame de l’Alberta m’écrit: « Même si je ne compte pas parmi vos électeurs, je vous écris pour vous faire part de mon appui à votre projet de loi d’initiative parlementaire, la Loi Découvrez votre Canada. J’habite en Alberta, mais j’ai des liens solides avec le Québec par mes grands-parents maternels. Dans un pays aussi vaste que le Canada, je me réjouis de cette initiative qui pourrait m’aider à y voyager. Le Canada a tellement de choses à offrir. »
Je ne peux pas passer la journée à citer des lettres et des courriels, mais ce n’est là qu’une des nombreuses lettres de soutien que j’ai reçues. Elles ont toutes le même thème: les correspondants souhaitent que les parlementaires donnent suite à cette idée.
Ce n'est pas parce qu’ils veulent économiser de l’argent ou avoir un cadeau, mais simplement parce qu’ils aiment leur pays et que l’idée leur plaît qu’un plus grand nombre de Canadiens visitent davantage d’endroits au Canada pour renforcer leurs liens avec leur pays et entre eux, surtout dans le contexte du déficit touristique actuel.
On dit depuis longtemps que le Canada a trop de territoire et pas assez d’histoire. En 2017, le Canada aura derrière lui précisément 150 ans d’histoire. L’histoire de notre pays n’est plus remise en question, mais ses atouts géographiques demeurent à la fois une source de fierté et un défi à relever pour sa cohésion. Les faits sont les faits: il n’y a pas de moyen peu coûteux de traverser un pays vaste comme le Canada. Les parlementaires doivent prendre acte de cette réalité et réagir en conséquence.
J’ai choisi 2017 comme date d’entrée en vigueur du projet de loi parce que je crois que, pour le 150e anniversaire du Canada, nous devrions donner aux Canadiens le plus beau cadeau qui soit: le Canada!
Le gouvernement investira des fonds de toutes sortes pour célébrer le 150e anniversaire du Canada. Je lui demande donc de songer à offrir aux Canadiens la possibilité de choisir de quelle façon ils dépenseront leur argent au lieu de choisir pour eux.
Nous ignorons combien le gouvernement investira pour cet anniversaire, mais l'investissement qui découle du projet de loi est minime. Comme je viens de le dire, des événements auront lieu partout au Canada. Nous devrions encourager les Canadiens à planifier dès aujourd'hui où ils se rendront pour mieux connaître le pays, au lieu de regarder les événements à la télévision parce qu'ils n'ont pas les moyens de se payer un voyage. Les Canadiens pourront regarder ces événements de près et y participer en personne.
Nous devrions lever certaines des difficultés financières qui empêchent les Canadiens d’explorer ce territoire merveilleux et les inviter à aller découvrir leur Canada car, s'il y a une chose que j'ai apprise, c'est que les incitatifs fiscaux sont un moyen d'amener les gens à changer leur comportement.
Je vous remercie, monsieur le Président. Je suis prêt à répondre à des questions.
:
Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir la possibilité de prendre la parole au sujet du projet de loi , qui a été présenté par le député libéral de .
[Français]
Je sais que le député de est fier d'être Canadien, et je salue son effort de donner aux Canadiens l'occasion de mieux connaître leur pays.
[Traduction]
En fait, ce projet de loi n'est qu'une fantaisie et un artifice trompeur qui coûterait plus de 200 millions de dollars par année aux contribuables, sans réellement encourager le tourisme au Canada. Même si le député affirme que la mesure législative a pour objectif de promouvoir le tourisme, il n'en demeure pas moins que sa proposition peu judicieuse est injuste et que rien ne prouve qu'elle aura un quelconque effet sur le tourisme.
L'Association de l'industrie touristique du Canada a déjà indiqué que l'idée présentée par les libéraux est complètement déconnectée de la réalité du secteur touristique canadien et des défis qu'il doit relever. L'un des représentants de l'Association a d'ailleurs affirmé que celle-ci est d'avis que ce mécanisme ne sera pas particulièrement efficace, car le problème au Canada, ce n'est pas le faible nombre de voyages intérieurs. En fait, le problème, c'est qu'il faut trouver des façons de soutenir la concurrence sur le marché des voyages internationaux.
De son côté, le gouvernement conservateur fait la promotion des voyages au Canada en finançant des programmes et des événements rentables, prouvant ainsi que contrairement aux libéraux, il appuie le secteur touristique, tout en protégeant l'argent des contribuables.
Je vais commencer par exposer brièvement le rôle joué par le gouvernement à l'appui de l'industrie touristique au Canada.
La bonne performance économique du Canada pendant la récession mondiale a fait l'envie du monde entier. Même si ces mesures n'ont pas toujours fait les manchettes, dans le cadre du Plan d'action économique du Canada, nous avons alloué des fonds à divers organismes afin de stimuler la croissance du tourisme pendant le ralentissement économique mondial et contribué à promouvoir notre pays en tant que destination touristique, autant auprès des Canadiens que des visiteurs de l'étranger.
Pendant ce temps, dans le cadre du Plan d'action économique, nous avons alloué des fonds à diverses initiatives, comme la Coalition nationale sur les sentiers, les lieux historiques nationaux de Parcs Canada ainsi que la Commission canadienne du tourisme, afin de promouvoir davantage le tourisme au Canada et à l'étranger. Par l'entremise du Programme des manifestations touristiques de renom, nous avons également affecté des fonds à un total de 79 festivals et événements. Notre Plan d'action économique a également donné lieu à l'amélioration de l'infrastructure touristique grâce aux investissements effectués dans divers domaines, qu'il s'agisse des parcs locaux ou des centres des congrès.
En outre, le gouvernement appuie déjà des programmes de découverte du Canada, qui ont pour objectif d'inciter les Canadiens à découvrir ce qui se passe sur le plan culturel à l'extérieur de chez eux.
Plus particulièrement, le ministère du Patrimoine canadien investit plus de 105 millions de dollars chaque année dans ses programmes jeunesse pour offrir à près de 100 000 jeunes la possibilité d'en apprendre plus sur leur pays et de nouer des liens entre eux. J'aimerais ajouter que tous les Canadiens peuvent profiter de ces programmes, quelle que soit la région où ils habitent. J'y reviendrai plus tard.
En outre, le gouvernement appuie des programmes destinés à renforcer l'identité canadienne chez les gens de tous les âges, comme le programme Le Canada en fête, qui incite les Canadiens à se rassembler dans leurs collectivités pour découvrir et apprécier la richesse et la diversité de la société canadienne et comprendre toute la richesse du patrimoine que nous partageons tous en tant que Canadiens. Ces mesures et programmes nous permettent de stimuler notre économie et de promouvoir le tourisme au Canada, deux résultats importants.
Indépendamment du fait que le gouvernement en fasse déjà beaucoup pour promouvoir le tourisme au Canada, le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui comporte des lacunes fondamentales. L'idée d'accorder aux contribuables, et à chacune de leurs personnes à charge âgées de moins de 16 ans, une déduction fiscale pour frais de déplacement pouvant aller jusqu'à 2 000 $ suscite des préoccupations sur le plan de l'équité.
Je m'explique.
En vertu du projet de loi, il faut franchir trois frontières provinciales pour avoir droit à la déduction. Voilà le premier problème. Cette condition risque d'avantager beaucoup trop certaines régions et de favoriser certains itinéraires. Comme les provinces de l'Atlantique sont plus petites, la distance à parcourir pour satisfaire au critère d'admissibilité y sera moins longue.
En outre, la règle des trois frontières provinciales favorisera incontestablement certains itinéraires. Par exemple, si on prend le train ou l'autobus pour se rendre de Halifax à Toronto, on traverse trois frontières provinciales et on a droit à l'allégement fiscal, mais si on prend un avion qui passe par l'espace aérien américain, on pourrait ne pas y avoir droit.
La liste des injustices se poursuit. Le montant de la déduction dépendra du mode de transport utilisé: il sera de 100 % si on prend l'autobus, de 75 % si on voyage en train et de 40 % si on se déplace en avion. D'entrée de jeu, cela n'a aucun sens.
Il vaut la peine de répéter que la façon de calculer la déduction n'a aucun sens. Pourquoi la personne qui se déplace en autobus aurait-elle droit à une déduction plus élevée que celle qui voyage en train ou en avion? Pourquoi les déplacements en voiture ou même en bateau sont-ils exclus? Il ne fait aucun doute que cette distinction bizarre est tout à fait injuste.
De surcroît, le projet de loi procurerait un allégement fiscal plus important aux personnes dont le revenu est élevé, car, en général, elles se déplacent davantage et consacrent plus d'argent aux voyages que les familles à faible revenu. Non seulement les personnes à revenu élevé réclameront davantage, mais l'allégement fiscal découlant de la déduction proposée sera plus important pour les personnes dont le revenu se situe dans les tranches d'imposition supérieures, qui varient entre 15 % et 29 % au fédéral.
Le gouvernement est très clair. Nous sommes en faveur d'une fiscalité juste pour tous les Canadiens. À elle seule, la discrimination que ce projet de loi instaure mérite qu'on vote contre, mais ce n'est pas la seule raison, loin de là.
De ce côté-ci de la Chambre, du côté du gouvernement, nous croyons qu'une mesure législative qui vise à encourager les déplacements entre provinces devrait, au minimum, encourager les Canadiens à voyager. Pour ce qui est du projet de loi , rien n'indique que ce qui est proposé inciterait les gens à voyager plus souvent. Il coûterait 200 millions de dollars par année, sans donner de résultat. Pire encore, les personnes qui se seraient déplacées de toute façon tireraient des avantages importants de la déduction. Elle procurerait un avantage exceptionnel et, je le répète, un avantage fiscal injuste, sans vraiment accroître le tourisme au Canada.
Qui plus est, la proposition ne tient compte que du coût des billets d'autobus, de train ou d'avion, sans égard aux autres frais importants de déplacement, comme les frais d'hébergement ou de location de voiture, qui pourraient encore dissuader les gens de voyager.
Enfin, comme je l'ai déjà mentionné, le coût de la mesure proposée serait considérable. Selon les estimations préliminaires en fonction des tendances et des dépenses de déplacement actuelles, si le projet de loi était adopté, cette mesure coûterait environ 215 millions de dollars par année.
En période de contraintes budgétaires, comme maintenant, le moment est mal choisi pour instaurer une nouvelle subvention libérale ou, comme l'a dit la chroniqueuse du National Post, Kelly McParland, « une façon idiote de dépenser encore plus d'argent emprunté pour influencer le comportement des Canadiens, comme dans le bon vieux temps ».
Le gouvernement s'efforce avec diligence de garder les impôts bas et l'économie forte en dépit des turbulences économiques qui secouent le monde. Notre Plan d'action économique donne des résultat pour les familles canadiennes. Nous maintenons le cap.
Je demander à tous les députés de voter contre le projet de loi. Il n'est simplement pas dans l'intérêt supérieur des Canadiens.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de me voir accorder un droit de parole sur cette question.
Ce qui est devant nous est né d'une bonne intention, mais a débouché sur quelque chose de discutable et de suffisamment incohérent à certains égards. Il sera donc malheureusement impossible pour les néo-démocrates d'appuyer ce projet de loi. Pour que les gens à la maison puissent comprendre le sujet dont on discute, je vais prendre le temps de lire le résumé du projet de loi.
Ce projet de loi propose que le contribuable déduise dans le calcul de son revenu pour une année d'imposition, les sommes qu'il aurait payées au cours de l'année au titre des frais de déplacement engagés pour lui-même ou l'un ou plusieurs de ses enfants, à condition que ce soit pour un voyage d'agrément et qu'au moins trois frontières provinciales soient franchies. L'intention du projet de loi est d'encourager les contribuables canadiens à voyager à l'intérieur du pays pour augmenter le flux touristique intracanadien en accordant une déduction maximale de 2 000 $ par année sur leur revenu d'imposition.
C'est complexe et ça ne l'est pas. En d'autres mots, les gens devraient voyager beaucoup et traverser trois frontières. Puis, à condition de faire la preuve que ce n'était pas un voyage d'affaires, ils pourraient déduire une somme non remboursable pouvant aller jusqu'à 2 000 $ sur ce qu'ils ont fait.
Au NPD, on a souligné six problèmes majeurs provoqués par ce projet de loi.
D'abord, le projet de loi est irresponsable sur un plan fiscal. Il entraîne jusqu'à 1 milliard de dollars de déductions fiscales, mais 110 millions de dollars seront directement imputables à cette décision. Un peu plus tôt, j'entendais mon honorable collègue dire que si les gens voyagent, ils dépenseront plus d'argent. Or on ne peut appliquer ce principe, encore moins dans le contexte actuel de l'industrie touristique.
Actuellement, on presse le tourisme intracanadien comme un citron. Il représente une partie clairement majoritaire du tourisme au pays et il est toujours en augmentation. On ne peut donc pas penser qu'en créant plus de déplacements dans une industrie déjà pressée comme un citron, on provoquerait soudainement plus d'activité économique au point de compenser 110 millions de dollars.
D'ailleurs, la Commission canadienne du tourisme demande un montant approximatif de 110 millions de dollars afin de se permettre d'avoir un vrai programme de commercialisation et de marketing international. Il s'agit là d'un problème quotidiennement décrié par l'industrie touristique. On manque de tourisme étranger. Le tourisme intérieur fait déjà énormément d'efforts pour maintenir à bout de bras le tourisme canadien.
S'ensuivront nécessairement des problèmes de fraude. Comment justifier que quelqu'un a fait un bout de voyage pour son entreprise, mais est resté quelques jours à sa destination pour faire un peu de plage ou de magasinage? Comment arriver à décortiquer tout cela sur le plan fiscal? Rien n'indique qu'on y a réfléchi dans ce projet de loi.
Il faut penser à l'augmentation de la paperasse si, par exemple, on doit appeler le contribuable ou l'entreprise pour lui faire part d'un doute au sujet d'un déplacement ou d'une demande de remboursement fiscal qui, au fond, n'était pas un déplacement par loisir, mais un déplacement par obligation professionnelle. Comment allons-nous gérer cela? Le projet de loi n'aborde pas ce problème.
L'autre point important, c'est que cette politique est régressive. Ce sont d'abord les familles les mieux nanties qui ont les moyens de se permettre des milliers de dollars en transport. D'ailleurs, cela a été confirmé par l'étude que l'on a reçue: 70 % des avantages fiscaux découlant du projet iront aux familles gagnant minimalement 50 000 $. On veut bien partager le Canada et on veut bien que les gens le visitent. Par contre, il faudrait pouvoir aider les moins bien nantis qui ne verront jamais Vancouver, et non pas les mieux nantis qui peuvent de toute façon se payer un voyage à Vancouver.
Par ailleurs, ce projet de loi ne règle en rien les véritables freins au transport intracanadien. Un des vrais grands problèmes dans l'industrie touristique, c'est que l'offre de service est irrégulière et insuffisante. Par exemple, les services de trains allant vers l'est entre Montréal et les Maritimes ont encore été réduits de 50 % récemment. Si on donne un crédit sur un service qu'on ne peut plus obtenir, c'est la poule et l'oeuf. On a inversé les choses. Il faut d'abord s'assurer que nos infrastructures offrent un service approprié.
Un autre point concerne les répercussions négatives sur la production de gaz à effet de serre. Pour la même raison que les mieux nantis se permettront de traverser trois frontières, puisqu'il le faut, on se servira beaucoup plus de l'avion pour appliquer ce crédit. Encore une fois, le projet de loi choisit un mode de transport plus polluant. Il ne s'est pas attaqué à ce problème.
On peut imaginer un autre scénario complètement tordu que le projet de loi ne prévoit pas. Imaginons une famille qui traverse trois frontières. Elle part du Québec, se rend au Nouveau-Brunswick et veut aller à l'Île-du-Prince-Édouard. À un moment donné, un des enfants dit à son père qu'il veut se rendre à l'Île-du-Prince-Édouard en traversier. Or le crédit d'impôt ne prévoit pas le traversier. Le père devra s'excuser auprès de son enfant et lui dire qu'ils n'iront pas à l'Île-du-Prince-Édouard, parce que le transport pour s'y rendre n'est pas prévu dans les déductions d'impôt pour un voyage de loisir, fait en famille. Ce projet de loi est truffé de telles problèmes.
L'asymétrie des provinces, spécifique au Canada, est un autre point complètement injuste pour les provinces de l'Ouest. En ce qui me concerne, je peux traverser trois provinces et avoir un crédit d'impôt en allant passer une fin de semaine en famille dans les Maritimes, puisque j'habite l'Est du Québec. Ce serait impossible pour quelqu'un qui habite la Colombie-Britannique de penser obtenir un petit crédit d'impôt en une fin de semaine, avec un petit voyage en train, parce qu'il a deux ou trois jours de vacances. Ce n'est pas équitable pour les provinces de l'Ouest. Ce problème n'est pas abordé dans le projet de loi. Il ne s'attaque pas au principal problème de l'industrie touristique.
L'industrie touristique demande plus de tourisme international. Le tourisme intérieur est pressé comme un citron. Les Canadiens font le maximum en ce moment. Il manque de marketing pour s'assurer que le tourisme intérieur se maintient et continue même à se développer, et pour aller chercher des centaines de milliers de nouveaux voyageurs internationaux.
Avec l'émerge de BRIC, de plus en plus de gens voyagent. Ils ont de l'argent et on ne va pas chercher notre part. C'est le véritable problème. Si on adopte le projet de loi, on investira 110 millions de dollars, non pas dans le véritable problème de l'industrie touristique, mais ailleurs.
Nous voudrions nous assurer que les ententes avec les provinces et les municipalités font en sorte que les infrastructures soient abordables, afin que les familles à faible revenu puissent se payer un billet de train et voyager. C'est ce que nous voulons. Nous voulons que l'industrie touristique réussisse enfin à financer son vrai manque à gagner en matière de tourisme international.
Toutes ces solutions et ces priorités n'apparaissent pas dans le projet de loi. On ne peut donc pas appuyer un projet de loi rapaillé. Il y a des limites à déposer un projet de loi et à se dire qu'on l'enverra en comité.
Que fait-on dans le cas d'une famille qui voyage en voiture? Que fait-on dans le cas d'une famille qui visite deux provinces en train, qui décide de se rendre dans la troisième province en traversier et qui soudainement n'aurait pas droit au crédit d'impôt? Que fait-on dans le cas d'une famille qui fait un voyage d'affaires pour accompagner le papa, mais qui prend sept ou huit jours en vacances en même temps? Est-ce qu'on le déclare comme un voyage d'affaires ou un voyage de loisir?
Il y a des limites à proposer une solution aussi tordue et peu gérable. On se dit que le projet de loi est imparfait, qu'on l'enverra au comité et que ce dernier s'arrangera pour combler les lacunes.
Quand le projet de loi contient plus de lacunes que de solutions au problème, on ne peut simplement pas l'appuyer, même en deuxième lecture, et l'envoyer au comité.
C'est malheureusement dans cette position que les néo-démocrates se trouvent, puisque ce projet de loi a été mal pensé et mal conçu. En outre, il sera difficile à appliquer, coûtera cher et ne réglera pas le véritable problème de l'industrie touristique au Canada.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , Loi encourageant les voyages au Canada. Je tiens à remercier mon collègue de d'avoir présenté cette mesure législative et de donner à la Chambre l'occasion non seulement de discuter de l'importance de notre secteur touristique, mais d'aborder la question du déficit touristique du Canada.
Le projet de loi a pour objectif de faciliter les déplacements intranationaux des Canadiens. Il modifierait la Loi de l'impôt sur le revenu afin de créer un crédit d'impôt, pouvant atteindre 2 000 $, pour les contribuables canadiens qui franchissent au moins trois frontières provinciales ou territoriales lors de voyages personnels. Ce crédit contribuerait à réduire les frais de transport engagés pendant les vacances en couvrant les frais de déplacement admissibles. Les contribuables pourraient déduire le coût non seulement de leur propre billet, mais de celui de leurs enfants. Cette mesure donnerait un coup de pouce vital au secteur touristique du Canada.
Selon l'Association de l'industrie touristique du Canada, ce secteur génère plus de revenus — exprimés en pourcentage du PIB — que le secteur agricole, le secteur forestier et le secteur des pêches réunis. Il génère annuellement une activité économique d'une valeur de 78,8 milliards de dollars. En dépit du déficit touristique croissant, il génère des recettes d'exportation de plus de 15,9 milliards de dollars. De plus, ce secteur rapporte 10 milliards de dollars au gouvernement fédéral et emploie plus de 600 000 personnes au pays.
Le tourisme joue un rôle important dans l'économie de ma circonscription, située en Nouvelle-Écosse. Des gens des quatre coins du pays et du monde viennent dans Kings—Hants pour s'exstasier devant les plus fortes marées du monde, visiter la magnifique vallée de l'Annapolis ou Windsor, le berceau du hockey, et se régaler des produits fabriqués par notre industrie alimentaire et vinicole en plein essor.
Beaucoup de députés représentent des Canadiens qui vivent du secteur touristique. Nous savons pertinemment que ce secteur joue un rôle vital dans l'économie canadienne et que l'avenir de l'industrie et le déficit touristique croissant sont une source d'inquiétude pour les acteurs de ce secteur.
Il y a un écart entre le montant que les touristes canadiens dépensent à l'étranger et le montant que les touristes étrangers dépensent au Canada. L'écart se creuse. Or, le gouvernement, dans le budget de 2012, a réduit l'aide au tourisme national au lieu de s'attaquer au problème. En retranchant 14,2 millions de dollar par an au budget de la Commission canadienne du tourisme, le gouvernement mine la capacité de cette dernière de promouvoir le Canada sur la scène internationale et d'attirer des touristes étrangers au Canada.
David Goldstein, président-directeur général de l'Association de l'industrie touristique du Canada, a déclaré:
Le déficit touristique s'est accru considérablement depuis 2002. [...] En 2007, le Canada était septième au monde pour le nombre de visiteurs en provenance de l'étranger. Nous occupons maintenant le 18e rang. Alors que nous avons accueilli 20 millions de visiteurs en provenance de l'étranger en 2002, nous en accueillons maintenant 16 millions. [...]
Le fait que nous sommes maintenant responsables de près du tiers du déficit commercial du Canada est quelque peu consternant. [...]
En décembre dernier, M. Goldstein a déclaré au Globe and Mail que les compressions des conservateurs causent du tort à l'industrie.
Alors que d'autres pays font du tourisme une priorité et investissent dans des campagnes de marketing en vue d'attirer des visiteurs étrangers, le Canada traîne les pieds. Par exemple, l'Australie dépense trois fois plus que le Canada dans le marketing touristique. Pourtant, selon l'Association de l'industrie touristique du Canada, chaque dollar investi dans la publicité directe en rapporte 37.
La Chambre de commerce du Canada demande aussi au gouvernement de faire du tourisme une priorité. Dans un rapport récent intitulé S'attaquer aux 10 plus importants obstacles à la compétitivité, la Chambre désigne les stratégies non concurrentielles en matière de voyage et de tourisme comme étant l'un des plus importants obstacles à la prospérité de l'économie canadienne. Le rapport indique que le tourisme est une industrie majeure dans toutes les régions du pays, mais que celle-ci est mise à mal.
Plutôt que de nuire à la capacité de l'industrie de se faire valoir à l'étranger, le gouvernement doit reconnaître les risques associés au déficit touristique du Canada et annuler les compressions dans l'industrie touristique. Il faut que l'on se dote d'une véritable stratégie en matière de tourisme, dont pourrait faire partie le présent projet de loi. En effet, le projet de loi est l'occasion pour la Chambre de contribuer à réduire le déficit touristique du Canada en encourageant un plus grand nombre de Canadiens à découvrir leur pays et à dépenser leur budget de tourisme ici-même au Canada. Les Canadiens accueillent favorablement cette idée. Un sondage Harris/Décima réalisé auprès du public l'automne dernier révèle que 70 % des Canadiens appuient l'idée d'un crédit d'impôt pour les voyages effectués au Canada.
Le projet de loi n'a pas seulement des visées économiques et commerciales. Il est aussi question d'unité nationale et de l'importance d'encourager davantage de Canadiens à voyager dans notre pays et à mieux connaître ses régions.
J'ai écouté les interventions de certains députés du Parti conservateur et du Nouveau Parti démocratique au sujet du projet de loi. Je peux accepter qu'ils fassent ressortir certains défauts ou problèmes que le comité pourra corriger. Il reste que l'objet du projet de loi est valable. C'est une mesure sensée. Les Canadiens cherchent des façons de faciliter les voyages au Canada.
Je presse les députés de tous les partis d'appuyer le projet de loi et de le renvoyer au comité. Si la mesure comporte des défauts de forme auxquels le comité peut remédier, eh bien soit. Nous acceptons cela. Mon collègue n'y voit pas de mal. Mais il est nécessaire de renvoyer la mesure au comité pour pouvoir avoir une discussion plus approfondie sur la manière de renforcer le secteur canadien du tourisme et, ce qui est plus essentiel encore, sur les moyens à prendre pour resserrer les liens au pays en donnant à plus de familles la possibilité et la motivation de voyager au Canada.
Des députés conservateurs ont affirmé tout à l'heure que la mesure compliquerait le régime fiscal en incitant les gens à faire quelque chose. Bonté divine, depuis leur arrivée au pouvoir, les conservateurs, à force de créer des incitatifs fiscaux pour presque tout, ont fait augmenter d'un sixième la taille du code fiscal. Ils l'ont fait parce que les gens aiment qu'on leur propose des encouragements fiscaux pour adopter tel ou tel comportement. Voyager au Canada est une activité économique positive et louable, qui renforce l'unité nationale.
Pourquoi ne pas donner notre aval à une initiative qui permettrait aux familles canadiennes de passer plus de temps dans leur propre pays et de dépenser une plus grande partie de leur argent dans les différentes régions du Canada? Quelle bénédiction pour l'unité nationale.
Je suis né en 1967. Peu de temps avant ma naissance, mes parents sont allés à Expo 67. Je ne suis pas en mesure de dire si leur voyage à Montréal cet été-là est à l'origine de ce qui s'est produit, mais posons-nous la question: combien de Canadiens, cette année-là, sont allés à Montréal à l'occasion d'Expo 67? À quel autre moment de l'histoire de notre pays avons-nous été aussi unis que lorsque les familles de partout au Canada ont convergé vers Montréal en 1967?
Je ne dis pas que ce projet de loi d'initiative parlementaire inspirerait un sentiment d'unité nationale aussi fort que l'Expo 67 l'avait fait, mais c'est un début. C'est une mesure qui vise à ranimer l'esprit d'aventure qui unit le Canada afin que nous puissions voyager dans d'autres parties du pays et découvrir d'autres cultures. Il y a peut-être d'autres Canadiens qui vont se découvrir une vocation pour la vie parlementaire grâce à ce projet de loi.
Je tiens à dire aux députés que je suis fier d'appuyer le projet de loi parce que je souhaite qu'il soit renvoyé au comité pour y être étudié. Je veux que tous les partis puissent participer à l'élaboration d'une stratégie nationale du tourisme, et cette mesure législative pourrait servir de point de départ.
Je pense que, s'il y a des préoccupations sur l'admissibilité et la progressivité, ainsi que sur l'accès des personnes à faible revenu à cette déduction, nous devons y répondre. Si nous pouvions nous assurer que cette déduction est entièrement remboursable, cela réglerait peut-être le problème en ce qui concerne les Canadiens à faible revenu. Les crédits d'impôt offerts par le gouvernement, par exemple le crédit d'impôt pour personnes handicapées, le crédit d’impôt pour aidants familiaux et le crédit d'impôt pour les pompiers, n'ont certainement pas été remboursables. Ce n'est pas quelque chose que j'appuie. Je crois que le remboursement total est logique si nous voulons assurer la progressivité.
Tous les problèmes peuvent être réglés au comité. Toutefois, il est important que nous soutenions cette mesure législative et que nous la renvoyions au comité afin de pouvoir avoir un débat approfondi sur la façon de faire progresser notre secteur du tourisme et sur la manière dont nous pourrions nous servir de la majesté et de la beauté des paysages canadiens pour unir les habitants du pays.
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Monsieur le Président, je vous remercie de me donner l'occasion d'intervenir au sujet du projet de loi , qui est parrainé par le député de . Avant d'examiner les détails du projet de loi, j'aimerais prendre quelques instants pour parler de la contribution importante du secteur touristique à l'économie de chacune des régions de notre grand pays.
Chaque année, des millions de visiteurs du monde entier et des quatre coins du Canada découvrent les merveilles naturelles et humaines qui abondent dans notre magnifique pays. L'industrie qui offre des services à ces visiteurs est un élément important de notre économie. En effet, des milliers de Canadiens vivent du tourisme.
Bien que les grandes chaînes d'hôtels, les sociétés aériennes et les voyagistes soient des acteurs importants, les PME, comme les gîtes, les établissements vinicoles et les spas, représentent 98 % du secteur touristique canadien. Par conséquent, le secteur touristique se compose principalement de milliers d'organisations et d'associations du secteur privé ou à but non lucratif, ainsi que de ministères et d'organismes des trois ordres de gouvernement.
En 2011, le tourisme a représenté environ 2 % du produit intérieur brut canadien, soit 31,1 milliards de dollars. Il a généré des revenus de quelque 78,7 milliards de dollars et soutenu plus de 600 000 emplois directs et constitué 3,5 % du nombre total d'emplois au Canada. Les entreprises liées au secteur touristique travaillent souvent avec des organisations de marketing de destinations qui oeuvrent aux échelons municipal, régional, provincial et national. Ces organisations font la promotion du développement et mettent en marché les diverses destinations et expériences touristiques canadiennes.
Par l'entremise de divers organismes, les trois ordres de gouvernement administrent de façon directe un grand nombre d'attraits touristiques parmi les plus importants au pays, y compris les parcs, les musées, les complexes sportifs et les centre de congrès. En outre, les gouvernements établissent des cadres stratégiques et législatifs ainsi que des pratiques administratives qui touchent le fonctionnement des entreprises touristiques.
Compte tenu de la diversité du secteur touristique, il est essentiel que tous les partenaires trouvent des façons de collaborer afin de proposer des attractions touristiques de calibre mondial, des services de première qualité et des façons uniques de découvrir le pays. À l'automne 2011, aux termes d'une consultation auprès des hommes et des femmes qui contribuent à faire du Canada un haut lieu touristique, on a clairement établi la nécessité de mettre en place une nouvelle stratégie fédérale en matière de tourisme afin de permettre au secteur touristique du Canada d'assurer sa croissance à long terme et d'être compétitive à l'échelle mondiale. La stratégie était axée sur quatre priorités.
La première consistait à mieux faire connaître le Canada comme principale destination touristique. La deuxième priorité visait à faciliter l'accès et les déplacements des touristes. La troisième priorité avait pour objectif de favoriser le développement de produits et les investissements dans les actifs et les produits touristiques canadiens. La quatrième priorité consistait à favoriser un apport suffisant de travailleurs qualifiés afin d'offrir aux visiteurs un accueil et des services de qualité, et de bonifier ainsi leur expérience touristique.
L'industrie touristique canadienne a exprimé son appui à l'égard des quatre priorités et des mesures prises récemment par le gouvernement fédéral pour favoriser le tourisme, y compris les investissements liés au tourisme, aux infrastructures et à la promotion prévus dans le Plan d'action économique du Canada, et la signature, avec la Chine, d'un accord sur le statut de destination approuvée.
Entre 2008 et 2009, soit pendant la crise économique mondiale, nous avons investi plus de 530 millions de dollars en appui direct au secteur touristique. Cette somme comprenait plus de 360 millions de dollars pour le développement de produits et l'infrastructure touristique, comme les centres de congrès, et 113 millions de dollars pour le marketing touristique. Une somme supplémentaire de 782 millions de dollars a été consacrée en grande partie à des activités artistiques, culturelles et sportives, qui ont des répercussions indirectes sur le tourisme. Nous avons aussi considérablement investi dans des infrastructures, comme les routes et les ponts, en appui à l'industrie.
Outre ce soutien continu, des encouragements économiques ont été accordés à l'industrie du tourisme dans le cadre du Plan d'action économique du Canada, par l'entremise d'un financement direct des manifestations touristiques de renom, des parcs nationaux, de l'infrastructure des croisières et du marketing. Dans le cadre du plan, nous avons aussi investi des milliards de dollars dans le développement économique et les infrastructures des transports et des collectivités pour procurer des avantages durables au secteur. Ces mesures ont appuyé l'industrie du tourisme durant la récession économique, et le secteur est demeuré solide malgré la volatilité des conditions actuelles.
Étant donné ces circonstances favorables, nous ne jugeons pas nécessaires les changements proposés à la Loi de l’impôt sur le revenu. Bien que le projet de loi vise à encourager les Canadiens à découvrir leur pays, puisqu'il reconnaît les coûts de transport engendrés par un voyage au cours duquel sont franchies au moins trois différentes frontières provinciales, on a du mal à voir comment et à quel point cette proposition motiverait les gens à voyager davantage, ou à changer leurs projets de voyage pour profiter de la déduction fiscale. En outre, la proposition comporte quelques points faibles qui pourraient causer des injustices. Plus précisément, le projet de loi ne s'applique qu'au coût des billets d'autobus, de train ou d'avion. Les autres frais de voyage, comme les frais d'hôtel, qui peuvent se révéler importants pour les gens qui voyagent hors de leur province, pourraient dissuader des personnes qui, autrement, profiteraient de la déduction proposée. Il est vraisemblable qu'en raison de cette lacune, des pressions soient exercées pour qu'on accorde un allégement fiscal pour d'autres frais de voyage qui ne sont pas visés par cette proposition. De tels allégements fiscaux engendreraient des coûts importants. La déduction profiterait grandement à ceux qui auraient engagé des dépenses admissibles de toute façon. Voilà qui représenterait une manne inattendue pour ces gens, sans que le tourisme augmente pour autant.
La déduction proposée viserait les déplacements par avion, par train ou par autobus; elle ne s'appliquerait pas aux autres moyens de transport, comme un véhicule automobile ou un bateau, ce qui pourrait favoriser certains centres urbains et certaines régions au détriment des autres. Le pourcentage de déduction applicable fluctuerait de plus en fonction du moyen de transport emprunté: 100 % pour l'autobus, 75 % pour le train et 40 % pour l'avion. Pourtant, rien ne justifie ce traitement fiscal hétérogène. Les gens qui voyagent par avion ou par train trouveraient la mesure injuste, et à juste titre.
De surcroît, sur le plan de l'allégement fiscal, la mesure proposée avantagerait probablement les personnes qui ont un revenu élevé, et ce, pour deux raisons: primo, parce que la déduction s'appliquerait aux frais de déplacement discrétionnaires, une dépense que se permettent surtout les personnes aisées, et, secundo, parce que la valeur de la déduction serait plus élevée aux tranches d'imposition supérieures.
En conclusion, le projet de loi ne concorderait pas avec la politique fiscale actuelle, qui ne permet habituellement pas aux contribuables de déduire des dépenses personnelles. La déduction proposée pourrait aussi représenter une facture considérable, car sa mise en oeuvre se traduirait par un manque à gagner, pour le budget fédéral, d'environ 215 millions de dollars par année à compter de 2017. Elle entraînerait également des frais pour les provinces qui appliquent la définition fédérale du « revenu imposable » — autrement dit, toutes, sauf le Québec. Il est en outre difficile d'estimer dans quelle mesure la déduction proposée inciterait les Canadiens à voyager davantage ou à revoir leurs projets de voyage. Pour toutes ces raisons et bien d'autres encore, et comme le répéteront mes collègues au fur et à mesure que le débat avancera, notre gouvernement s'oppose au projet de loi .
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Monsieur le Président, je suis déçue, j'ai tellement de choses à dire.
Le projet de loi vise à modifier la Loi de l'impôt sur le revenu afin d'accorder aux contribuables des déductions d'impôt sur le coût d'achat de leurs billets et de ceux de leurs enfants à charge lors de voyages personnels en avion, en train ou en autobus, si le trajet couvre au moins trois provinces. Nous comprenons que l'objectif que le député tente de justifier est d'encourager les Canadiens à voyager à l'intérieur du pays et donc de découvrir d'autres régions. Au départ, cette intention de vouloir favoriser le voyage à l'intérieur du Canada et de faire découvrir d'autres provinces à ceux qui ne le font pas nécessairement est bonne.
Toutefois, s'agit-il d'une vraie et bonne solution? Ce n'est absolument pas le cas. Je dirais même que c'est plutôt raté. Premièrement, ce projet de loi s'adresse aux gens qui voyagent déjà à l'intérieur du Canada ou qui sont susceptibles de le faire. Pour beaucoup de familles canadiennes qui ont déjà du mal à finir leurs fins de mois, cette mesure ne fera pas une grande différence. Dans mon comté, des familles viennent me dire qu'elles aimeraient venir me voir à Ottawa, mais qu'elles n'ont même pas l'argent pour s'y rendre.
Ici, on leur demande de voyager dans trois provinces différentes. Cela n'a absolument aucun sens. Donc les familles qui ont de la difficulté à arriver ne découvriront pas le Canada. La mesure ne leur est aucunement utile parce qu'il s'agit d'un crédit d'impôt non remboursable. Pour y avoir droit, il faut payer de l'impôt. Si une famille a un très faible revenu, elle n'y aura jamais droit et cela ne lui servira pas.
Il est très clair que seules les familles les mieux nanties sont servies par ce projet de loi. Si tu es pauvre, tu ne visiteras pas le Canada, mais si tu es riche et que tu peux te le permettre, on va t'aider à le visiter. Il me semble que cela n'a absolument pas de sens et que ce n'est pas une façon logique de faire un projet de loi.
Je vais parler maintenant surtout pour les personnes provenant du Québec et de l'Ontario. Avec le projet de loi, il faut franchir trois frontières, donc aller dans quatre provinces différentes. Nous avons calculé les distances à l'aide de Google Maps. Prenons l'exemple de quelqu'un qui habite à Rouyn-Noranda, une ville québécoise dans mon comté qui se trouve très proche de la frontière ontarienne. Cette personne devra parcourir un minimum de 2 300 km pour avoir droit à ce crédit. Par contre, quelqu'un de la Colombie-Britannique ou de l'Alberta devrait parcourir seulement 1 500 km pour être admissible. Il y a donc un problème d'équité selon la province d'origine.
Je n'ai même pas parlé des gens qui viennent de Whitehorse, de Yellowknife ou du Nunavut et pour qui il est à peu près impossible de traverser trois frontières puisqu'ils descendent vers le sud. Cela donne des distances vraiment incroyables. Cela démontre un manque de logique assez évident en ce qui concerne la question des trois frontières donnant droit à un crédit d'impôt.
En regardant une carte du Canada, tout le monde peut voir assez facilement que l'idée de ces trois frontières est insensée à cause de la grandeur du pays, de la manière dont il est structuré et du fait que des territoires sont énormes et des provinces petites. Donc, par pure logique, on peut se rendre compte que c'est une mesure très difficilement applicable et que cela créera des inégalités entre les provinces.
Deuxièmement, il est vrai que voyager est parfois un défi. Il est important de noter que le transport intérieur au Canada n'est pas nécessairement optimal. Les services sont largement insuffisants et souvent onéreux pour les familles canadiennes, voire même pour les touristes. Par exemple, le Train du Nord, qui a cessé ses activités récemment, desservait les communautés dans le Nord de l'Ontario ainsi que des villes frontalières de mon comté. Bien sûr, la fermeture du service ferroviaire est un enjeu provincial; mais il y avait un train auparavant, et maintenant il n'y en a plus.
On veut souvent aller dans une certaine direction en autobus. Or ce qui est tout à fait illogique au niveau écologique, c'est qu'il n'y a pas d'autobus qui traverse l'Ontario directement. Il faut donc se rendre à Montréal, avant de traverser l'Ontario pour ensuite remonter dans le Nord et continuer ainsi. Les services n'ont pas de sens. De plus, le crédit d'impôt ne s'applique pas si nous prenons notre voiture. Il faut donc faire des détours pour avoir droit au crédit d'impôt. C'est absolument insensé. Cela défavorise les gens dans les régions éloignées où il n'y a souvent plus de train ou d'autobus. On leur fait faire des détours pour qu'ils aient droit au crédit d'impôt.
Cela favorise les gens qui habitent près d'une ligne de transport en commun, c'est-à-dire là où les transports en commun passent régulièrement.