:
Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole à la Chambre aujourd'hui pour parler de la Loi sur l'incorporation par renvoi dans les règlements.
J'ai l'impression qu'il serait bon de faire une petite pause et de commencer par le tout début. Lorsque je suis arrivé au Parlement comme nouveau député, le premier comité auquel j'ai siégé était le Comité d'examen de la réglementation ou REGS, comme on l'appelle souvent. J'étais vraiment emballé, car j'avais déjà manifesté de l'intérêt pour ce comité et pour le travail crucial qu'il fait. Toutefois, j'ai vite constaté que certains de mes collègues plus chevronnés étaient beaucoup plus enclins à m'offrir leurs condoléances que leurs félicitations lorsqu'ils apprenaient que je m'étais joint à ce comité.
Le Comité d'examen de la réglementation ne fait pas souvent les manchettes, et je me permets ici de faire une brève parenthèse. Shakespeare a écrit ces paroles devenues célèbres: « Pâte mal pétrie par la nature ». Comme le député de le sait fort bien, aujourd'hui, nous exprimons souvent ce sentiment de façon très différente. Là où je veux en venir, pour paraphraser Shakespeare, c'est que l'important, ce n'est pas seulement ce que l'on dit, mais aussi comment on le dit.
À mon avis, ce même principe vaut pour nous, en tant que parlementaires, surtout lorsqu'il est question de rédiger une mesure législative d'ordre technique, même s'il est peu probable que nos textes rivalisent avec les paroles de Shakespeare. Bien que notre intention soit peut-être claire, ce sont les mots que nous utilisons qui revêtent la plus haute importance. Contrairement à l'oeuvre de Shakespeare, les règlements du gouvernement devraient être en mesure d'évoluer au fil du temps et de s'adapter aux nouvelles réalités, tout comme la technologie et la société. Il faut donc s'assurer que l'intention initiale est formulée dans un langage clair et à jour, conformément aux normes. C'est pourquoi je suis ici aujourd'hui pour appuyer le projet de loi , Loi sur l'incorporation par renvoi dans les règlements.
Les députés pourraient se demander ce que signifie l'expression « incorporation par renvoi ». Voilà une question qu'on pourrait bien ajouter à une édition future du jeu Quelques arpents de pièges pour la Chambre des communes. L'incorporation par renvoi, comme l'explique le projet de loi , constitue une technique de rédaction de règlements. Si on devait choisir un slogan pour le projet de loi, je proposerais de l'appeler « Loi visant à éviter de réinventer la roue » en matière de lois et de règlements d'ordre technique. Je m'explique.
À l’heure actuelle, il y a au Canada de nombreux secteurs techniques et fortement réglementés. Je pense entre autres aux règlements qui portent sur les dispositifs médicaux, le contrôle et le prélèvement d’organes aux fins de don et les normes de construction navale. Dans de nombreux cas, ces règlements sont établis par des associations internationales ou nationales reconnues. Il s’agit de savoir comment nous allons intégrer ces règlements dans la loi et, surtout, s’il existe des façons plus efficaces et plus économiques de procéder. C’est précisément ce que fait le projet de loi , et c’est la raison pour laquelle j’appuie ce projet de loi.
Comment le projet de loi fonctionne-t-il? Je dirai simplement qu’il codifie la capacité du gouvernement de recourir à des techniques de rédaction qui permettent l’incorporation par renvoi tout en prescrivant clairement ses modalités d’utilisation. Autrement dit, il permet d’intégrer aux règlements des textes externes sans devoir les reproduire, au moyen d’un simple renvoi dans le texte du règlement. Il est ainsi possible d’éviter d’inclure et de reproduire de grandes quantités de textes dans les divers règlements.
En outre, grâce à l’ajout de la mention « avec ses modifications successives » à la suite du passage incorporé par renvoi, on veille à ce que le règlement demeure à jour si des changements sont apportés à ces normes sans devoir modifier le règlement lui-même. Les règlements restent donc courants et adaptés, et cette façon de procéder prévient le dédoublement inutile des dispositions législatives et l’obsolescence des règlements.
L’incorporation par renvoi est une technique de rédaction sensée qui est largement utilisée, mais le projet de loi en consacre la légitimité et il fixe des règles claires concernant son utilisation.
Je vous propose un autre exemple d’application de cette technique.
Si un règlement prévoit que tous les casques de hockey doivent être fabriqués conformément à une certaine norme de l’Association canadienne de normalisation, le renvoi a pour effet d’intégrer cette norme au règlement sans qu’il soit nécessaire de reproduire le texte de la norme dans le règlement lui-même. Les règles énoncées dans la norme de l’Association canadienne de normalisation font partie de la loi, même si elles ne sont pas reprises ni reproduites dans le règlement.
Souvent, les normes techniques comme celle de l’Association canadienne de normalisation utilisée dans cet exemple sont incorporées par renvoi avec leurs modifications successives. Cela signifie que lorsque l’Association canadienne de normalisation modifie la norme en raison de l’évolution de la technologie ou des méthodes de production, d’améliorations des méthodes de fabrication ou des progrès scientifiques, ces changements sont automatiquement intégrés au règlement; autrement dit, les changements apportés à la norme sont incorporés dans le règlement et ont force de loi sans qu’il soit nécessaire de modifier le texte du règlement. C’est ce qu’on appelle l’« incorporation par renvoi dynamique » ou l’« incorporation par renvoi à caractère dynamique ».
Dans certains cas et dans certaines circonstances, le législateur peut vouloir établir un parallèle entre la loi et le règlement. Il est alors possible de figer le règlement en fonction de ce qui existe à une date donnée. Dans ce cas, on parle d’« incorporation par renvoi statique ».
Cela signifie que seule une version donnée du document est incorporée. Dans ce cas, quelles que soient les modifications apportées à ce document après l’adoption du règlement, seule la version décrite dans le règlement est incorporée.
L’incorporation par renvoi est devenue un outil essentiel auquel les gouvernements ont de plus en plus recours pour élaborer plus efficacement leur réglementation.
Cette façon de procéder contribue aussi à normaliser la réglementation dans une langue universellement comprise, ce qui est avantageux pour tous.
L’an dernier, j’ai reçu la visite de représentants de la Canadian National Marine Manufacturers Association, qui ont notamment fait état de la difficulté de satisfaire aux divers règlements dans les différents marchés auxquels ils doivent avoir accès.
Comme les députés le savent, j’ai promis notre aide, qu’il s’agisse d’améliorer la coopération intergouvernementale, la collaboration, car il est souhaitable que l’industrie canadienne ait accès à ces marchés pour prendre de l’expansion, et je crois que c’est quelque chose que nous devons appuyer.
En intégrant les dispositions législatives d’autres compétences avec lesquelles une harmonisation est souhaitable ou en incorporant les normes élaborées et respectées à l’étranger, il est possible de réduire au minimum le double emploi dans la réglementation et éviter les répétitions. Cela peut aussi nous éviter d'avoir à réinventer la roue de la réglementation, pour ainsi dire.
L’incorporation par renvoi peut atténuer et même prévenir les obstacles au commerce; c’est une question que la Canadian National Marine Manufacturers Association a évoquée, comme je l’ai dit.
Le projet de loi apporte un changement nécessaire et pertinent pour nombre des raisons que je viens d’esquisser. Ces changements répondraient en outre aux préoccupations soulevées par le Comité mixte permanent d’examen de la réglementation, que j’ai mentionné précédemment.
Je me dois aussi d’ajouter que le comité mixte aura encore pour mandat de vérifier si l’incorporation par renvoi est utilisée conformément aux termes du projet de loi.
Je crois que l’adoption de ce projet de loi est une étape nécessaire en ce qui concerne l’incorporation par renvoi et la réglementation.
Avant de terminer mon intervention, j’aimerais aborder un autre point.
Il me semble probable que la majorité des députés appuie les principes de l’innovation. Les marchés évoluent à un rythme sans précédent. La technologie progresse rapidement, et de nouvelles économies font leur apparition. Je suis convaincu que nombre d’entre nous pourraient citer des cas prometteurs dans leurs circonscriptions. De plus en plus souvent, lorsque je rencontre de nouveaux employeurs qui offrent un produit ou un service innovateur, ils me parlent de l’accès au marché comme de l’un des principaux obstacles au commerce. C’est dans une large mesure parce que la réglementation ne suit pas le rythme de l’innovation.
Le projet de loi comprend de nombreux éléments intéressants. Le Comité mixte permanent d’examen de la réglementation a exprimé des préoccupations, et le gouvernement en a tenu compte. Il existe divers outils pour le législateur, dont l’incorporation par renvoi dynamique ou par renvoi statique. Avec le projet de loi S-12 nous nous doterions, nous, les législateurs, de ces outils, de sorte que notre processus de réglementation non seulement contribue à ouvrir de nouveaux marchés, mais en outre s’adapte à certains accords internationaux dont nous sommes partie prenante.
Lors d’une des dernières réunions du comité d’examen à laquelle j’ai assisté, il a été question d’un accord international. Il est certainement difficile pour le comité et pour le gouvernement de se tenir au courant des changements que comporte cet accord.
Le gouvernement présente un projet qui relève du simple bon sens, qui favorise les intérêts canadiens, qui améliore la clarté, qui permet de mieux comprendre les règles pour que nous puissions harmoniser notre régime avec d’autres marchés et, il faut l’espérer, encourager notre industrie à prendre de l’expansion. L’expression « incorporation par renvoi » peut sembler rébarbative à bien des gens, mais c’est une notion importante.
Je demande à tous les députés de la Chambre d’appuyer le projet de loi pour qu’il passe à l’étape suivante. C’est un projet de loi logique et pratique que je demande à la Chambre d’appuyer.
:
Monsieur le Président, j'ai l'honneur d'être ici ce soir, avec tout le monde, pour discuter du projet de loi par rapport aux règles existant pour beaucoup de produits, ainsi que des questions très spécifiques et peut-être très techniques.
Je ferai donc plusieurs de mes commentaires en anglais et j'essaierai de comprendre non seulement la substance de ce projet de loi qui vient du Sénat, mais aussi le futur processus pour les Canadiens et Canadiennes qui seront affectés par ce règlement.
[Traduction]
En général, il faut faire une distinction importante, à savoir que l'opposition officielle, grâce au bon travail de notre députée de , va appuyer ce projet de loi à l'étape de la deuxième lecture pour l'étudier au comité.
Certains ont dit qu'il s'agissait d'un projet de loi technique ou d'ordre administratif. Il tente de rassembler un certain nombre d'idées différentes et d'accorder certains pouvoirs dans le but d'aider l'économie canadienne, les autorités réglementaires et le gouvernement à établir des normes uniformes.
Nous avons entendu tout à l'heure ma collègue de Saanich évoquer certaines craintes quant à la suprématie du Parlement qui doit continuer d'établir des normes correspondant à nos traditions et à nos institutions culturelles.
Nous avons aussi évoqué des questions importantes qui méritent d'être approfondies au comité quant au sens que prendra réellement le mot « accessibilité » une fois ce projet de loi adopté, ce qui semble possible. Nous ne dirions jamais qu'une mesure législative n'est pas de la plus grande urgence, mais celle-ci est l'une de celles que le gouvernement a jugé bon d'étudier dans le cadre des séances prolongées jusqu'à minuit.
Je sais que tous mes collègues d'en face adorent les séances qui se prolongent jusqu'à minuit et se félicitent d'y participer. Ils se frottent les mains de satisfaction en ce moment même et grand bien leur fasse. Peut-être devrions-nous décréter qu'il est minuit dès 23 h 50.
Il y a un élément important à prendre en compte quant à la manière dont le projet de loi a été élaboré, à savoir la source de cette mesure. Peut-être accueillera-t-on favorablement la suggestion que j'ai faite tout à l'heure. Nous reviendrons peut-être à la charge un peu plus tard.
Quoi qu'il en soit, la source de ce projet de loi est importante, étant donné qu'il vient du Sénat. Il se passe bien des choses au Sénat en ce moment. La concentration n'y est pas optimale. Le NPD et les Canadiens pourraient soutenir qu'il éprouve des difficultés institutionnelles. Par conséquent, même si le projet de loi lui-même peut sembler quelque peu anodin et neutre, sa source soulève la méfiance parce que la soi-disant chambre de seconde réflexion du Canada n'est peut-être pas tellement portée sur la réflexion par les temps qui courent, étant donné qu'elle est tellement préoccupée par les pratiques comptables et la récente intervention du Cabinet du premier ministre pour essayer de résoudre des problèmes affligeant le gouvernement.
Le gouvernement a très fréquemment recours à des projets de loi d'initiative parlementaire pour proposer des mesures qui font manifestement partie de son programme. Au lieu d'utiliser les nombreux outils dont il dispose, il agit par la bande, au moyen de projets de loi d'initiative parlementaire.
Le gouvernement se sert aussi de plus en plus souvent du Sénat pour présenter des projets de loi qui s'inscrivent dans son mandat particulier, et l'examen que fait le Sénat, si l'on peut appeler cela ainsi, est évidemment beaucoup moins approfondi. Le pouvoir de surveillance de la population et la transparence de la chambre rouge sont grandement diminués.
Bien qu'il s'agisse d'un projet de loi d'ordre administratif, ses conséquences touchent des entreprises et des gens, des gens que nous voulons représenter, dans leur vie quotidienne. La mesure établit des règles et la façon dont elles seront intégrées à la réglementation.
En ce qui concerne mon collègue d'Okanagan—Coquihalla, au fil des élections, il y a eu énormément de roulement dans cette enceinte. Nous le déplorons parfois parce que nous perdons à l'occasion un savoir institutionnel fait de sagesse et d'expérience. Toutefois, cela insuffle aussi un intérêt et une nouvelle énergie pour certains comités en particulier, alors que la chose est plutôt rare. Je suis heureux que nous ayons pu accueillir un nouveau député de la Colombie-Britannique qui apporte rigueur et passion au comité d'examen de la réglementation, un comité où il faut parfois tirer à la courte paille pour savoir qui en fera partie, alors qu'il est pourtant essentiel.
On ne se bouscule pas au portillon, pas comme on le ferait habituellement pour d'autres nominations à des comités, mais le comité d'examen de la réglementation joue un rôle vital pour de nombreuses entreprises qui dépendent de ses travaux. Il n'y a peut-être pas foule pour le débat ce soir car on peut dire qu'il s'agit d'un marché de niche. Toutefois, ceux qui s'intéressent à la question souhaitent vivement savoir ce que le Parlement fera de cette mesure, et ils espèrent que nous ferons bien les choses.
Au coeur de nos préoccupations, un projet de loi provenant du Sénat non responsable, non élu et maintenant sous enquête, ce qui nous amène à y prêter un peu plus d'attention. Nous voulons nous assurer que cette mesure législative a été élaborée correctement et conçue avec sérieux. Comme elle n'en est pas à sa première mouture, elle fera l'objet d'un examen serré tout à fait mérité en raison des répercussions dont j'ai parlé.
Nous avons mentionné plus tôt ce soir quels règlements pourraient en découler, notamment en ce qui concerne l'équipement sportif, médical et de sécurité. Si les règlements élaborés par un fonctionnaire dans une officine poussiéreuse sont mal rédigés et suivis par la suite, ils s'ancrent dans la réalité et ont des conséquences parfois très graves.
Au cours de mon premier mandat ici, j'ai pu présenter un projet de loi d'initiative parlementaire. Mon nom a été tiré très tôt dans la loterie et j'ai présenté un projet de loi visant à retirer une toxine chimique d'un produit destiné à rendre le plastique plus malléable. Il se trouve que la mesure a recueilli un large appui car il s'agissait d'un agent cancérigène reconnu pour perturber le système endocrinien qui touchait particulièrement les enfants. Elle a reçu l'appui unanime de la Chambre, qui l'a adoptée, mais elle a été rejetée au Sénat, maintenant que je me rappelle toute l'histoire.
Au cours du processus d'examen du projet de loi, c'est la réglementation qui a subitement fait réagir l'industrie. Elle a commencé à répandre des allégations proprement scandaleuses, comme cela a été finalement démontré, car elle s'inquiétait au sujet de l'harmonisation.
Le produit chimique dont il était question servait à ramollir le plastique, comme je l’ai mentionné, et c’était utilisé dans la fabrication de poches de sang et des tubes qui les relient aux patients. Il y a eu un tollé de la part de l’industrie canadienne qui a dit que si mon projet de loi était adopté et que ce produit chimique était éliminé, il n’y aurait aucune solution de rechange. L’industrie a fait valoir que des gens mourraient sur les tables d’opération au Canada en raison de ce projet de loi. C’était une affirmation très sérieuse, et des députés se sont demandé s’ils commettraient un meurtre en appuyant mon projet de loi.
Ensuite, par l’entremise des règlements et des normes, nous avons appris que les Américains avaient déjà pris des mesures en vue d’éliminer cette substance cancérigène connue et que les Européens avaient déjà quelques années d’avance sur le Canada en matière d’élimination des substances cancérigènes connues du milieu industriel. En fin de compte, on pourrait considérer que l’industrie canadienne a fait preuve d’une certaine indifférence et d’une certaine paresse et n’a tout simplement pas été forcée de passer à la norme internationale en ce qui a trait à la production de poches de sang et des tubes qui les relient aux patients.
C’était un moment étrange, parce que c’était devenu très technique. Nous sommes partis d’un bon principe qui avait reçu l’aval de la Chambre, mais les discussions ont tourné autour des règlements et des normes que nous, en tant que parlementaires, connaissions peu ou ne connaissions aucunement. La majorité d’entre nous n’entre pas à la Chambre avec l’expérience et l’enthousiasme de mon collègue d’; du moins, nous n’avons certainement pas des connaissances pointues en la matière qui nous permettraient de nous prononcer sur la nécessité de ce produit chimique.
Il va sans dire que nous avons invité des témoins européens et américains et qu’ils ont donné l'heure juste à l'industrie canadienne qui a rapidement remplacé la substance cancérigène connue par une substance beaucoup plus inoffensive, et personne n’est mort. Quelques personnes de moins ont peut-être vu leur système endocrinien se dérégler, et quelques cas de cancer ont peut-être été évités.
S’il s’agit d’un projet de loi d’ordre administratif, ce qu’il semble être à certains égards, ce qui se déroule en comité devient donc très important. En tant que parlementaires, nous n’avons pas les moyens ou l’expertise requise pour savoir si cette forme de réglementation devrait être adoptée et s’il faut privilégier l'incorporation statique ou dynamique ou si cela convient dans tel ou tel cas. Nous nous en remettrons aux témoignages d’experts.
Tout récemment, la Bibliothèque du Parlement a mené une étude pour l'opposition officielle. Nous avons posé une question très simple et bien précise au personnel de la Bibliothèque. Si l'on tient compte de toutes les mesures législatives présentées à la Chambre depuis que les conservateurs forment le gouvernement, que celui-ci soit majoritaire ou minoritaire, comme ce fut le cas au cours des législatures précédentes, quel est le pourcentage des amendements proposés par les députés de l'opposition qui ont été rejetés?
Je me doutais que ce pourcentage serait élevé, mais je n'avais aucune idée qu'il serait aussi haut. Au total, 99,3 % des amendements ont été rejetés. Certains députés d'en face, qui font partie de l'équipe des bleus, feront sans doute valoir que 99,3 % des amendements étaient terribles. Je vois que quelques-uns sont d'accord. J'ai hésité à poser la question.
Nous devons comprendre d'où viennent les amendements et quel est le processus entourant les projets de loi. Bien souvent, les membres des comités se fient sur les témoignages des témoins qu'ils entendent, car dans 99 % des cas, ils en savent plus qu'eux sur le sujet. En tant que députés, nous évaluons le contenu de ces témoignages afin de déterminer les éléments les plus crédibles et ceux qui s'appuient sur de nombreuses preuves. Nous proposons ensuite un amendement et nous travaillons en collaboration avec la Bibliothèque du Parlement pour élaborer un amendement destiné à améliorer la mesure législative.
Si c'est de cette façon que le processus législatif doit se dérouler, de toute évidence, si près de 100 % de tous les amendements proposés et élaborés par les néo-démocrates et les libéraux sont rejetés d'emblée, cela signifie que le processus ne fonctionne pas très bien pour des raisons politiques. Cela ne cause pas nécessairement un grave préjudice aux députés de l'opposition. Par contre, en fonctionnant de cette façon, on porte préjudice aux Canadiens qui nous ont élus pour siéger dans cette enceinte, car on agit en quelque sorte par opportunisme politique, au lieu d'accepter le fait que la première mouture de la mesure législative n'est pas parfaite. Puisqu'il est question d'un projet de loi très technique qui devrait donner lieu à un débat où l'idéologie et la partisanerie n'ont pas leur place, j'ose espérer que les députés ministériels qui siègent au comité et forment la majorité feront preuve d'ouverture à l'égard des amendements, indépendamment du parti qui les propose.
Si c'est quelque chose d'important pour l'industrie et les consommateurs qui dépendent des produits, il est certainement aussi important d'adopter une mesure législative appropriée. Il est important de transférer les pouvoirs afin de faire avancer ces règlements statiques et dynamiques au moyen de normes, de ne pas répéter le processus et de bien faire le travail. Toutefois, il ne faudrait pas adopter une attitude cavalière à l'égard de la réglementation en général parce que parfois, et je crois que ce comportement s'observe davantage chez les députés de l'autre côté que chez ceux de mon parti, les règlements sont considérés comme étant toujours mauvais, inefficaces et encombrants. Ce n'est pas vrai, bien sûr. Le chaos régnerait dans une société n'ayant pas de règles et de règlements concernant la fabrication des produits, la propreté de l'eau potable et la sécurité des routes.
Il peut être tentant, d'un point de vue politique, d'affirmer que les formalités administratives sont la cause de nos problèmes économiques actuels. Je dirigeais une petite entreprise avant de me lancer en politique, et j'ai observé des choses qui n'étaient pas logiques. Il y avait beaucoup de chevauchements, et je devais répondre à des questions qui n'avaient rien à voir avec l'entreprise que je dirigeais. Toutefois, je comprenais l'objectif général, qui consistait à s'assurer que le consommateur n'était pas seulement guidé et protégé par le principe du caveat emptor. Ce n'était pas seulement une question d'acheter un paquet de hamburgers ou une nouvelle voiture. Si les règlements ne vont pas protéger la population, et que le gouvernement ne jouera pas ce rôle, les consommateurs devront compter sur leurs propres moyens et sur le fait qu'il est dans l'intérêt des producteurs de toujours respecter les normes les plus strictes. C'est ce que font beaucoup de producteurs et de fabricants, mais pas tous.
Je représente une circonscription qui compte de nombreux agriculteurs. Lorsque je parle avec des agriculteurs de ma région, particulièrement des éleveurs, j'entends le même son de cloche: ils ont besoin de règlements judicieux, solides et clairs. Les gens d'affaires parlent souvent de clarté et ils veulent de la certitude. Ils veulent savoir quelles sont les règles, de manière à pouvoir planifier et faire les investissements nécessaires à long terme, pour assurer la prospérité de leur entreprise et embaucher plus d'employés. Ce qu'ils ont en aversion, c'est l'incertitude ou les changements de règles notamment pour des raisons politiques ou d'une approche improvisée et inconstante en matière de réglementation. Voilà ce que les entreprises détestent, particulièrement les grandes entreprises qui exigent beaucoup de capitaux.
Je pense maintenant à ce qui s'est passé avec la Loi sur l'évaluation environnementale et la Loi sur les pêches. Ces lois guident l'industrie et les gens pour maintenir un équilibre entre l'environnement et l'économie et veiller à ne pas détruire l'écosystème et nuire à l'environnement naturels en créant richesse et prospérité, car on sait où cela peut mener avec le temps. Nous avons suffisamment d'exemples partout dans le monde pour le comprendre. Toutefois, quand il est question de changements climatiques, je ne crois pas que nous prenions la question au sérieux, pas plus ici que dans d'autres parlements.
Le gouvernement a reçu une lettre de l'industrie, plus précisément du lobby du gaz et du pétrole, avant l'été dernier. La lettre comprenait 12 recommandations et demandait des changements, principalement à Loi sur l'évaluation environnementale et à la Loi sur les pêches. Le gouvernement a fait adopter ces 12 changements, non à la suite d'un débat ouvert ici à la Chambre de communes, mais plutôt au moyen d'un projet de loi omnibus.
J'ai parlé à quelques représentants de l'industrie à ce sujet. Ils n'avaient aucune idée que les 12 recommandations seraient acceptées. Ils étaient davantage dans une position de négociation. Comme ils en étaient à leurs premières offres, ils s'attendaient à recevoir une contre-offre et à devoir négocier. Ils étaient un peu étonnés. L'inconvénient pour l'industrie et pour le gouvernement, c'est que cela a contribué à miner la confiance de la population quant à savoir si ces lois sont en place pour protéger nos pêches et notre environnement et si elles sont suffisamment sévères. De nouveaux doutes et de nouvelles calomnies visent l'industrie pétrolière et gazière dans son ensemble. Bonnes et mauvaises entreprises sont logées à la même enseigne, qu'elles aient ou non un bon bilan en matière de sécurité. C'est dommage pour l'industrie. Par surcroît, cela crée une plus grande incertitude.
À force de tenter d'arrondir les angles en ce qui a trait aux règlements et aux normes, le gouvernement a fini par envenimer la conversation avec de nombreux Canadiens qui ont des préoccupations bien naturelles au sujet du développement à grande échelle, qu'il s'agisse de l'exploitation des sables bitumineux, de la construction d'un pipeline à un endroit précis ou de la création d'une grande mine. Cela ne me semble ni juste ni équilibré. Cette situation a fait reculer le dialogue de plusieurs années, alors que nous avons passé des décennies à mettre en place de solides et saines protections pour l'environnement et que nous avons consacré presque un siècle pour protéger nos pêches. Nos efforts sont maintenant anéantis. Les Canadiens doivent maintenant se tourner vers d'autres moyens, d'autres arrangements et d'autres arènes pour que leurs voix soient entendues. Que les conservateurs tentent de nous faire taire ou non, c'est ce qui va arriver.
En ce qui concerne ce projet de loi et ce que nous ferons quand il sera renvoyé au comité, il sera absolument essentiel que le gouvernement soit bon joueur et qu'il permette aussi bien aux adversaires qu'aux partisans de la mesure de venir témoigner. Il se peut que des groupes de protection des consommateurs, des groupes de défense des libertés civiles et des groupes de défense de l'accessibilité soulèvent certaines questions, comme mon collègue de Toronto l'a signalé plus tôt. Qu'entend-on par accessibilité?
À mon avis, les groupes de défense des langues officielles seront certainement intéressés par ce projet de loi parce que, en règle générale, — mon collègue de la Colombie-Britannique pourra le confirmer —, les normes internationales sont écrites dans la langue dite des affaires, l'anglais, alors qu'ici, nous sommes guidés par des lois qui devraient protéger les deux langues officielles. Il y a un hic. Si un consommateur ou une industrie d'une localité francophone veut comprendre correctement un règlement, devra-t-il payer pour le faire traduire? Le gouvernement du Québec aura-t-il des réserves? J'imagine que oui. C'est bien beau de dire qu'il existe des lois et des règles pour protéger les langues officielles, mais elles ne sont pas appliquées.
[Français]
Ce gouvernement nous fournit de nombreux exemples. Je pense au centre de sauvetage maritime de Québec. Aujourd'hui, on a demandé au gouvernement ce qu'il comptait faire puisque le commissaire aux langues officielles a dit qu'il pourrait y avoir un important problème pour les personnes qui se retrouveraient à l'eau. Il a dit que ce qu'il y avait n'était pas suffisant. Or le gouvernement dit qu'il n'y a pas de problème.
Cependant, il y a un problème quand un francophone se trouvant sur un bateau doit communiquer avec un anglophone d'un centre de sauvetage maritime qui ne connaît que deux ou trois mots de français. Ce n'est pas acceptable, et cela va à l'encontre de la loi. Pourtant, c'est ainsi, et cela restera ainsi si le gouvernement ne change ses politiques. Or ce serait essentiel.
Il ne suffit pas de dire que beaucoup de lois protègent nos deux langues officielles. C'est peut-être vrai, mais peut-être pas. On va voir ce qui se passera en comité.
Je pourrais donner plusieurs exemples de comités où le NPD a appuyé un projet de loi pour lequel les témoignages reçus et tous les amendements proposés ont été rejetés par le gouvernement. Le NPD devait ensuite voter contre ce projet de loi parce que ce n'était pas un très bon projet de loi. Le gouvernement dit que le NPD vote contre tout, mais ce n'est pas vrai. Nous voulons simplement quelque chose de mieux.
[Traduction]
Il faut également tenir compte de l'incidence que ce projet de loi aura sur la confiance des consommateurs. Les produits canadiens sont reconnus partout dans le monde pour leur qualité et leur caractère novateur. Nous avons joué un rôle de premier plan dans quelques-unes des plus grandes inventions et innovations de l'histoire. Or, nous constatons un recul constant à l'égard de la science fondamentale, ce qui est inquiétant, tant pour l'industrie que pour le milieu scientifique. Les scientifiques, dans leur laboratoire, ne connaissent pas toujours le potentiel commercial des produits sur lesquels ils travaillent. Souvent les choses se passent autrement. Il y a une pléthore d'exemples: l'ordinateur, le BlackBerry et l'automobile n'ont pas été inventés du jour au lendemain, ils ont été précédés de travaux axés sur la science fondamentale. Il faut continuer de miser sur la science fondamentale.
Le commerce international est très important pour le Canada parce qu'il est un pays commerçant, voilà pourquoi nous devons harmoniser adéquatement les règlements et les normes que nous adoptons aux normes internationales, et ce, tout en nous assurant de ne pas nous nuire. C'est important, et tout le monde devrait convenir que nos efforts pour stimuler le commerce international ne devraient pas se faire au détriment des Canadiens et que nous ne devons réduire ni les normes en matière de santé et de sécurité ni la qualité de nos produits. Cela irait à l'encontre des bonnes pratiques commerciales et du commerce loyal.
Le projet de loi prévoit un certain nombre de mesures importantes. Néanmoins, c'est probablement lors de l'étude en comité que nous serons à même de voir si les conservateurs ont l'intention d'agir en bon gouvernement et de collaborer avec l'opposition pour améliorer les choses. Il est impossible que la première mouture de ce projet de loi soit parfaite: et qu'aucun point ou qu'aucune virgule ne soit mal placé et qu'aucun mot ne doive être enlevé ou ajouté.
Les néo-démocrates examineront en profondeur le projet de loi à l'étape de l'étude en comité et ils feront en sorte qu'il soit le meilleur possible.
:
Monsieur le Président, je tiens à remercier le leader parlementaire de l'opposition officielle; je crois qu'il a démontré qu'un député devrait être capable de donner un discours de 20 minutes en tout temps, et sur n'importe quel sujet. C'est certainement réussi dans son cas. Je sais que ses électeurs et les miens s'intéressent à cette question, et qu'ils sont contents que nous en débattions aujourd'hui. Je suis heureux qu'il reste du temps avant que commencent les matchs éliminatoires de hockey diffusés chaque soir. Ainsi, les gens pourront regarder ce débat avant les matchs.
Je suis heureux de parler du projet de loi . Le projet de loi porte sur la technique employée pour rédiger la réglementation. Il s'agit essentiellement de déterminer quand les organismes de réglementation fédéraux peuvent ou ne peuvent pas employer la technique d'incorporation par renvoi. Le projet de loi S-12 a été étudié par le Comité sénatorial permanent des affaires juridiques et constitutionnelles, qui en a fait rapport sans proposition d'amendement, et il est maintenant soumis à l'étude de la Chambre.
La technique de l'incorporation par renvoi est actuellement utilisée dans un vaste éventail de règlements fédéraux. En effet, peu nombreux sont les domaines réglementés où elle n'apparaît pas. Avec ce projet de loi, le gouvernement veut s'assurer qu'il peut avoir recours à cette technique rédactionnelle, qui est devenue essentielle dans la façon dont il réglemente. Il veut également être un chef de file sur le plan international pour ce qui est de la modernisation de la réglementation. Plus précisément, le projet de loi donne suite aux préoccupations que le Comité mixte permanent d'examen de la réglementation a exprimées sur l'utilisation de cette technique. L'incorporation par renvoi est déjà devenue un outil essentiel largement utilisé pour atteindre les objectifs du gouvernement.
On a dit au comité sénatorial qui a étudié le projet de loi que l'incorporation par renvoi était une façon efficace d'atteindre un grand nombre des objectifs actuels de la Directive du Cabinet sur la gestion de la réglementation. Par exemple, les règlements qui utilisent cette technique favorisent la coopération et l'harmonisation intergouvernementale, un objectif clé du Conseil de coopération en matière de réglementation, établi par notre et le président Obama. L'incorporation par renvoi de textes législatifs d'autres administrations aux fins d'harmonisation, ou de normes élaborées à l'échelle internationale, permet de réduire les chevauchements, un important objectif de la Commission sur la réduction de la paperasse, qui a déposé son rapport plus tôt cette année. Le projet de loi aurait pour effet de donner aux autorités de réglementation la possibilité de recourir à cette technique de rédaction dans les règlements, ce qui les aiderait à atteindre ces objectifs.
L'incorporation par renvoi est aussi un important outil à la disposition du gouvernement afin de permettre au Canada de s'acquitter de ses obligations internationales. L'incorporation de documents internationalement acceptés, plutôt que leur reproduction dans les règlements, permet aussi de réduire les différences techniques qui nuisent au commerce, qui est par ailleurs une obligation du Canada aux termes de l'Accord sur les obstacles techniques au commerce, adopté dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce.
L'incorporation par renvoi est également un moyen efficace de bénéficier du savoir-faire des organismes de normalisation canadiens. Le Canada a un Système national de normes qui est reconnu mondialement. L'incorporation dans la réglementation de normes, élaborées au Canada ou à l'échelle internationale, permet de tenir compte des meilleures données scientifiques et de l'approche la plus acceptée dans les domaines touchant la vie courante. En fait, il est primordial qu'on puisse se fier à cette expertise technique afin de pouvoir avoir accès aux connaissances techniques au Canada et à l'étranger.
Les témoignages des représentants du Conseil canadien des normes devant le Comité sénatorial permanent des affaires juridiques et constitutionnelles ont clairement fait ressortir le fait que les normes nationales et internationales sont très largement utilisées au Canada. En s'assurant que les autorités réglementaires peuvent continuer d'utiliser l'incorporation par renvoi pour réaliser leurs objectifs réglementaires, on contribue ainsi à protéger les Canadiens par l'accès aux technologies les plus récentes. L'incorporation par renvoi permet d'intégrer à la réglementation l'expertise qu'offrent le Système national de normes du Canada et les normes internationales. Cette technique fait partie des choix qui s'offrent aux autorités réglementaires en matière de réglementation.
Un autre aspect important du projet de loi est le fait qu'il permettra l'incorporation par renvoi de taux et d'indices, comme l'indice des prix à la consommation ou les taux fixés par la Banque du Canada, qui sont des éléments importants de nombreux règlements. Pour toutes ces raisons et bien d'autres encore, l'incorporation par renvoi à caractère dynamique constitue un instrument important dont peuvent se servir les organismes de réglementation lorsqu'ils désignent leurs initiatives réglementaires.
Cependant, le projet de loi établit également un juste équilibre quant à ce qui peut être incorporé par renvoi en limitant le type de documents pouvant faire l'objet d'un renvoi. De plus, seules les versions d'un document qui existent une journée donnée peuvent être incorporées, et seulement quand le document est produit par l'autorité réglementaire. Il s'agit d'un élément important qui évitera que certains cherchent à contourner le processus réglementaire.
La capacité du Parlement de contrôler la délégation du pouvoir de réglementation est maintenue, de même que la supervision du Comité mixte permanent de l'examen de la réglementation. Nous nous attendons à ce que le comité mixte permanent poursuive son travail en faisant l'examen des règlements au moment où ils sont rédigés, de même que plus tard. En fait, nous comptons sur le comité mixte permanent pour s'assurer que cette technique continue d'être utilisée de la manière autorisée par le Parlement.
L'un des aspects les plus importants du projet de loi concerne l'accessibilité. Le l'a reconnu dans son allocution au comité permanent du Sénat qui étudiait ce projet de loi. Non seulement le projet de loi reconnaîtrait le besoin de fournir un fondement juridique solide pour justifier le recours à cette technique de rédaction des règlements, mais il imposerait aussi expressément dans la loi l'obligation pour tous les organismes de réglementation de s'assurer que les documents incorporés sont accessibles.
Même si cela a toujours été exigé par la common law, ce projet de loi inscrit clairement cette obligation dans la loi. Il n'y a aucun doute que l'accessibilité doit faire partie intégrante de ce projet de loi. Il est essentiel que les documents qui sont incorporés par renvoi soient accessibles à ceux qui sont tenus de s'y conformer. C'est un progrès considérable réalisé par ce projet de loi. L'approche générale en matière d'accessibilité dans le projet de loi donnera aux organismes de réglementation une certaine latitude leur permettant de prendre toute mesure nécessaire pour s'assurer que les divers documents sont bel et bien accessibles, peu importe leur source.
En général, les documents qui sont incorporés par renvoi sont déjà accessibles. En conséquence, dans certains cas, l'autorité réglementaire n'aura pas de mesures additionnelles à prendre. Par exemple, les lois provinciales sont déjà du domaine public. Les règlements fédéraux incorporant des textes de loi provinciaux permettront indéniablement à l'autorité réglementaire de se conformer à l'exigence de s'assurer que la documentation est accessible.
Parfois, il suffira d'avoir accès au document par l'entremise de l'organisme de normalisation. Il sera clair que la loi proposée fera en sorte que le groupe visé par le règlement aura accès au document incorporé en fournissant un effort raisonnable. Il est également important de signaler que les organisations de normalisation, par exemple l'Association canadienne de normalisation, comprennent le besoin de donner accès aux normes incorporées aux règlements.
Compte tenu de la constante évolution d'Internet, le projet de loi impose aux autorités réglementaires l'obligation réelle de veiller à l'accessibilité, tout en laissant place à l'innovation, à la souplesse et à la créativité. Le projet de loi vise à renforcer l'accès, par le gouvernement, à une technique de rédaction qui est essentielle pour que la réglementation soit moderne et pour qu'elle puisse être adaptée aux circonstances. Il reconnaît également les obligations connexes que les organismes de réglementation doivent assumer lorsqu'ils utilisent cet outil.
Le projet de loi établit un équilibre important, qui tient compte de la réalité de la réglementation moderne, tout en veillant à ce que les mécanismes de protection appropriés soient inscrits dans la loi. Personne ne pourra se voir infliger une peine ou une sanction s'il lui était impossible d'avoir accès aux documents pertinents.
Le projet de loi établira en toutes lettres le cadre juridique de l'utilisation de cette technique et confirmera la validité des règlements où des documents sont actuellement incorporés par renvoi, si tant est que ce cadre soit respecté.
Depuis de nombreuses années, nous utilisons avec succès l'incorporation par renvoi dynamique et l'incorporation par renvoi statique dans les lois fédérales. Ces connaissances seront utiles pour indiquer la voie à suivre à l'avenir. Tout indique que l'utilisation de cette technique sera essentielle à la mise en oeuvre d'initiatives de modernisation de la réglementation au Canada, en collaboration avec nos partenaires, soit les organismes de réglementation aux États-Unis et ailleurs dans le monde.
En terminant, je dirais que l'adoption de cette mesure législative est la prochaine étape logique et nécessaire pour assurer l'accès, de manière responsable, à l'incorporation par renvoi dans les règlements. J'encourage les députés à appuyer ce projet de loi et à reconnaître le grand pas en avant qu'il nous permettra de réaliser.
:
Monsieur le Président, j'ai le plaisir de prendre la parole ce soir pour traiter de ce projet de loi. Je n'ai jamais eu l'honneur de faire partie du Comité d'examen de la réglementation. On dirait que c'est un comité très intéressant. Je trouve tout à fait fascinant que le gouvernement ait choisi d'étudier ce projet de loi en particulier, étant donné qu'on nous accorde quatre ou cinq heures de débat, ce qui est probablement plus que pour beaucoup d'autres mesures législatives. Mais en fin de compte, ce sera intéressant. Je soupçonne qu'on verra peut-être des différences d'opinion. Nous, au Parti libéral, avons énormément de réserves au sujet de ce projet de loi. Nous ne pouvons pas envisager de l'appuyer pour le moment, et nous devrons attendre de voir ce qui se passera à l'étape du comité, pour voir si le gouvernement sera en mesure de répondre à nos préoccupations.
Pendant l'heure réservée aux initiatives parlementaires, nous avons discuté d'un projet de loi différent, nommément le qui traitait des renseignements personnels. Un député ministériel a pris la parole et a dit que ce serait merveilleux de débattre du projet de loi , étant donné que tous les partis à la Chambre semblaient l'appuyer. Ce député a fait une suggestion, disant qu'il était peut-être même disposé à débattre tout de suite de ce projet de loi. Si les conservateurs en reconnaissent l'importance, peut-être pourraient-ils aussi le mettre à l'étude; la dernière fois qu'il a été débattu à la Chambre, c'était en septembre 2011. Il faudra attendre de voir ce qui se passera.
Une autre préoccupation a été soulevée dans le cadre de questions que j'ai posées aux deux intervenants conservateurs au sujet de la langue française. Je viens du Manitoba et la question de la disponibilité des lois et règlements en français a fait l'objet d'une décision cruciale de la Cour suprême du Canada. Cette décision s'appliquait à beaucoup de lois manitobaines qui n'avaient pas été traduites et la cour avait donné au Manitoba un véritable échéancier pour adopter une foule d'autres règlements et lois pour qu'ils demeurent en vigueur. Nous avions en quelque sorte une date butoir à respecter pour nous conformer à la décision. Autrement, toute une série de lois provinciales ou de règlements seraient devenus caducs. Nous prenons donc la question très au sérieux et c'est pourquoi j'ai posé ces questions.
En étudiant le projet de loi , il y a une ou deux choses qu'il est vraiment important de prendre en considération. Très souvent, l'intention peut être claire. Les députés ou ceux qui les aident à rédiger des textes de loi ou des règlements sont assez clairs quant à ce qu'ils tentent d'accomplir, quant à leur intention. Le problème est de faire en sorte que cette intention soit parfaitement exprimée et, dans notre cas, il faut aussi nous assurer que la traduction anglaise ou française dise exactement la même chose que l'original. C'est un point très important.
À titre d'exemple, l'une des premières questions qui a été soulevée avait trait à Air Canada. C'était une question importante et je soupçonne que cet exemple pourrait aider bien des gens qui suivent le débat à mieux comprendre l'importance d'utiliser les mots justes pour exprimer l'intention. Je me rappelle de la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada qui a été présentée il y a un certain nombre d'années. Il n'y a absolument aucun doute que, en relisant les débats et les discussions qui ont eu lieu au comité, on constaterait que l'intention était la suivante: on voulait que des villes comme Winnipeg, Mississauga et Montréal se voient garantir des emplois dans le secteur de la maintenance.
Cela signifiait que des centaines, voire des milliers d'emplois à Winnipeg étaient essentiellement garantis par la loi. Telle était l'intention.
Je crois que si les Canadiens lisaient la loi telle qu'elle est aujourd'hui, la plupart d'entre eux en viendraient à la même conclusion que moi. J'ai soulevé ce point en décembre 2011, peu après mon élection. À l'époque, c'était pour mettre le gouvernement au défi, pour indiquer au que la loi était censée garantir ces installations de maintenance. Air Canada était tenue par la loi de maintenir ces installations.
Le et le gouvernement ont répondu ne pas interpréter la loi de la même manière. Apparemment, le gouvernement avait déniché un avocat qui prétendait que ce n'était pas le cas, qu'il n'existait aucune obligation juridique.
Toutes nos tentatives, que ce soit par l'entremise de cartes postales ou de pétitions, sont demeurées vaines. Bien des parties intéressées et des particuliers ont lu la loi et ont déclaré qu'elle était très claire.
Je soulève ce point parce que je trouve qu'au final il est très important. Lorsqu'on songe à un règlement ou à une loi, on parle souvent de ce qu'on espère atteindre en l'adoptant, mais c'est ce qui est écrit et traduit dans le document qui compte.
En tant que législateurs, nous devons prendre cette responsabilité très au sérieux. Il faut reconnaître que cette mesure législative déleste une grande part de responsabilités. Je sais que les faits démontrent clairement que le gouvernement actuel cherche souvent à se soustraire de ses responsabilités. Permettre l'adoption de cette mesure législative sous sa forme actuelle revient à dire que la Chambre des communes adoptera d'autres lois sans trop les examiner.
C'est l'un des effets qu'aura l'adoption de ce projet de loi. Il faut être bien clair à ce sujet.
Cette mesure législative aura également une grande incidence sur tout le concept de l’incorporation par renvoi et de la traduction, que ce soit vers l'anglais ou le français. Notre pays est bilingue, et il existe des attentes en ce sens. Je reviendrai sur ce point dans quelques minutes.
Le résumé législatif que la Bibliothèque du Parlement nous a fourni contenait des renseignements très intéressants qui méritent d'être répétés. On y compare notamment les règlements et les lois en fonction du nombre de pages qu'ils contiennent. C'est intéressant. En voici un extrait: « À l’échelon fédéral seulement, il existe près de 3 000 règlements représentant un peu plus de 30 000 pages, comparativement à environ 450 lois correspondant à près de 13 000 pages. »
De plus, les ministères et organismes soumettent en moyenne à la Section de la réglementation quelque 1 000 projets de règlement par année, alors que le Parlement adopte environ 80 projets de loi par année. L’Administration joue donc un rôle de premier plan dans la création des règles de droit auxquelles sont assujettis les citoyens canadiens.
Nous constatons que, proportionnellement parlant, le nombre de lois diminue relativement au nombre de règlements à mesure que nous nous tournons davantage vers la réglementation. Combien de fois se fait-on dire par un représentant gouvernemental ou un analyste politique, alors qu'un projet de loi en est à l'étape de la deuxième lecture ou de l'étude en comité, que telle ou telle disposition sera précisée par voie réglementaire? Souvent.
Pourquoi devrions-nous nous préoccuper de cela? Nous devons prendre soin de reconnaître l'importance des lois comparativement aux règlements et l'incorporation par renvoi dans la réglementation.
En premier lieu, il y a la Constitution et la Charte des droits. Personne ne remet en question ces documents. Ensuite, il y a les lois adoptées à la Chambre des communes, et enfin les règlements. En tout dernier lieu, il y a l'incorporation par renvoi.
Il faut passer par de nombreuses étapes pour modifier la Constitution; c'est très difficile. Le grand public ne tient pas particulièrement à modifier la Constitution. C'est la même chose à l'égard de notre législation. Toute modification législative doit suivre un processus. Il y a la première lecture, la deuxième lecture, l'étape de l'étude en comité, la troisième lecture, l'étude au Sénat et enfin la sanction royale. C'est un processus rigoureux.
Qu'en est-il des règlements? Ceux-ci subissent un examen juridique, sont enregistrés et ensuite publiés dans la Gazette du Canada.
Ce sont des processus très différents, comme on peut le constater. Ils n'exigent pas tous la même reddition de comptes et leurs marches à suivre diffèrent. Par exemple, c'est le Parlement qui effectue l'examen des lois. Les caucus et les députés, notamment les porte-parole, ainsi que les groupes de pression et les intervenants de toutes sortes, ont entre autres responsabilités d'assurer une diligence et une reddition de comptes.
Qu'en est-il des règlements? Nous savons que la loi prévoit l'obligation de soumettre les projets de règlement à un examen effectué par le greffier du Conseil privé. Le résumé législatif sur ce projet de loi préparé par la Bibliothèque du Parlement indique que cet examen a pour but de garantir les quatre choses suivantes:
Premièrement, il faut s'assurer que « le règlement est pris dans le cadre du pouvoir conféré par sa loi habilitante ». Autrement dit le règlement nouveau ou modifié doit être conforme à la loi existante ou à la loi qui vient d'être adoptée par la Chambre des communes.
Deuxièmement, le règlement « ne constitue pas un usage inhabituel ou inattendu du pouvoir ainsi conféré ». C'est le bon sens qui le dit: un règlement ne devrait pas outrepasser la loi, tout comme une loi ne peut pas outrepasser la Constitution.
Troisièmement, le règlement « n’empiète pas indûment sur les droits et libertés existants et, en tout état de cause, n’est pas incompatible avec les fins et les dispositions de la Charte canadienne des droits et libertés et de la Déclaration canadienne des droits ». Nous demandons au greffier du Conseil privé de veiller, en consultation avec d'autres personnes, à ce que le règlement ne viole aucun droit fondamental. Avant, lorsqu'il s'agissait d'une loi, c'étaient les députés, et en particulier le , qui jouaient un rôle beaucoup plus important pour garantir la conformité à cet égard.
Quatrièmement, il faut s'assurer, concernant le règlement, que « sa présentation et sa rédaction sont conformes aux normes établies ». À cet égard, on peut s'attendre à ce que les conseillers législatifs et les autres personnes qui nous aident à rédiger les textes juridiques veillent à ce que la formulation employée soit correcte. C'est pourquoi, au début, j'ai dit un mot sur l'importance du choix des mots. On peut avoir l'impression d'exprimer très clairement l'esprit du règlement, à l'oral, mais nous devons veiller à ce que cet esprit se traduise par des mots judicieusement choisis, car les mots ont une importance cruciale.
J'aimerais citer un document de la Bibliothèque du Parlement, car j'estime qu'il présente bien ce qui est en cause dans le projet de loi en ce qui concerne les règlements. Je reprends un passage du rapport que la Bibliothèque du Parlement nous a remis:
Lorsque le Parlement confère un pouvoir réglementaire, l’autorité réglementante exerce généralement ce pouvoir en rédigeant elle-même le texte du règlement requis. Celle-ci peut aussi décider d’utiliser dans le règlement le contenu d’un document qui existe déjà. Elle a alors le choix d’intégrer le contenu du document en le reproduisant intégralement dans le règlement ou en faisant simplement renvoi au titre du document dans le règlement. Dans ce dernier cas, le contenu du document est alors « incorporé par renvoi » au règlement. La conséquence juridique de l’incorporation par renvoi est que le libellé du document incorporé est intégré au règlement comme s’il y avait été reproduit intégralement. L’incorporation par renvoi d’un document existant n’est rien de plus qu’une technique de rédaction, et l’autorité réglementante peut utiliser cette technique sans y être autorisée par un pouvoir particulier. Ce type d’incorporation par renvoi est alors qualifié de « figé » ou « statique ».
Il faut faire très attention. Lorsqu'il est question de normes internationales, ce qu'il faut comprendre de l'incorporation par renvoi, c'est que nous allons incorporer des normes d'un tiers, qu'il s'agisse d'un organisme international ou provincial. Il n'est même pas nécessaire que ce soit un organisme gouvernemental. Il peut s'agir de n'importe quel tiers, et le document incorporé pourrait ne faire qu'un paragraphe ou s'étendre sur 500 pages.
Je constate que mon temps de parole est écoulé. J'espère qu'on me posera une question pour que je puisse terminer mes observations.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir me joindre au débat sur le projet de loi proposé par le Sénat.
Fait intéressant qui mérite d'être souligné, la Chambre est saisie du projet de loi parce que le Sénat a évidemment le pouvoir de proposer lui-même des projets de loi. Devant le scandale qui prévaut actuellement, beaucoup de gens estiment que nous devons nous débarrasser du Sénat pour que tout redevienne comme autrefois, lorsque le Sénat n'intervenait pas vraiment dans les dossiers. Toutefois, dans les faits, pour que tout projet de loi devienne loi, il doit être adopté à la Chambre ainsi qu'au Sénat.
Étant donné qu'il y a moins de sièges dans l'autre endroit qu'il y en a ici, le poids relatif d'un vote vaut plus au Sénat non élu qui ne rend des comptes à personnes qu'à la Chambre des communes, composée d'élus qui doivent rendre des comptes. C'est donc grave. La crise ne se résume pas au scandale; elle met en cause l'état de notre démocratie, puisqu'en vertu de notre Constitution, nous donnons un pouvoir égal, voire supérieur, à un organe qui n'a aucune légitimité morale, éthique ou démocratique. Il faut le dire chaque fois que nous avons affaire au Sénat du Canada.
Ce ne sont pas seulement les manchettes et les scandales que nous trouvons horrifiants. Ce qui est scandaleux, c'est que des gens non élus peuvent et doivent voter sur nos lois et qu'ils ont un poids supérieur à celui des députés des deux côtés à la Chambre qui, eux, devront rentrer dans leur circonscription et frapper aux portes de leurs électeurs en disant: « Je suis ici pour rendre des comptes. » On n'entendra jamais un sénateur prononcer ces mots. Cependant, nous devons vivre avec la situation actuelle.
Je reconnais que mon collègue de a adopté une approche différente. Il aurait été bien de l'entendre dire qu'il souhaite, lui aussi, que le Sénat soit aboli pour que nous soyons tous à la même page, au lieu de trouver une bonne façon d'éviter de prendre position. Oui, le NPD est le seul parti qui a clairement pris position en faveur de l'abolition du Sénat. Bien entendu, c'est plus facile pour nous parce que nous ne traînons pas le fardeau d'une longue lignée de sénateurs qui viennent chuchoter à nos oreilles: « Ne nous faites pas mal. »
Notre position demeure claire, et je crois qu’un nombre grandissant de Canadiens commencent à croire et à comprendre que nous n’avons pas besoin d’un Sénat, étant donné qu’aucune province n’a conservé le sien. Si nous en voulons un ou non, c’est un choix. Pour environ 35 millions de Canadiens, nous n’avons pas besoin de dédoubler la Chambre des communes.
Lorsque j’étais à Queen's Park à l’assemblée législative, si une erreur avait été commise, nous déposions un autre projet de loi pour la corriger, à l’instar de ce qui se passait lorsque je siégeais au conseil municipal. Ce sont des choses qui arrivent. Le Sénat ne garantit pas qu’aucune erreur ne soit commise; autrement, nous aurions un pays parfait.
Cependant, nous examinons le présent projet de loi, qui est en fait très détaillé et très complexe en ce qui a trait à certaines références, en particulier pour ceux d’entre nous qui ne sont pas des avocats. Nous sommes tous des législateurs, mais nous ne sommes pas tous des avocats, et nous n’avons pas besoin de l’être.
Ce qu'il faut retenir du Comité permanent d’examen de la réglementation, c'est qu’il est formé d'élus ainsi que d'un personnel très professionnel et très bien formé qui donne des conseils. Les membres n’ont donc pas besoin d’être des avocats. De temps en temps, nous avons des avocats. Étant donné qu’ils sont des avocats, ils s’imaginent alors que leur opinion est bien entendu aussi bonne que celle d’un autre avocat, et ils se livrent à des débats. De notre côté, soit celui des simples mortels qui ne sont pas avocats, nous voulons entendre tous les arguments juridiques, étant donné que nous n’avons aucun intérêt direct dans le résultat, si ce n’est d’avoir la meilleure loi possible. Cela étant dit, il n’y a rien d’étrange à ce que des avocats deviennent des législateurs, mais un bon mélange est préférable.
Mon autre expérience en ce qui a trait aux règlements touche deux domaines.
Premièrement, à titre d’ancien ministre provincial, j’ai touché aux règlements. Au cours des séances d’information avec les gens du service juridique et des politiques, j’ai abordé l’essence de ce dont il était question. Un ministre ne s’engage pas dans de tels débats, à moins d’être un avocat. Je ne l’ai certainement pas fait au sujet du libellé qui devrait être utilisé dans un projet de loi lorsqu’il était question d’un terme technique, en particulier dans le cas d’un processus juridique. Par contre, je prêtais toujours attention lorsque d’autres spécialistes présents avaient une opinion différente, parce que mes électeurs m’ont élu en raison de mon jugement et pas nécessairement en raison de ma capacité de prendre une feuille vierge et de rédiger une loi.
En outre, je suis l'un des députés qui a eu la chance non seulement de siéger au Comité mixte permanent d'examen de la réglementation, mais aussi d'être vice-président. C'est vrai, les gens ne m'entendent pas souvent en parler. Cette expérience ne me sert pas beaucoup dans les discours. Je pense que c'est la première fois en 10 ans que je le mentionne.
C'était un comité fascinant. Je le répète, les avocats passionnés par les questions juridiques sont encore plus emballés à ces réunions. C'est formidable de voir avec quel professionnalisme les gens se soucient de l'endroit où ils doivent placer une virgule ou se demandent si telle chose devrait être ou non un paragraphe de tel article. C'est formidable parce que cela nous montre un aspect de l'élaboration des lois que les Canadiens ne voient pas à la télévision. C'est pourtant essentiel, en particulier lorsqu'on peut se rendre dans les pays qui n'ont pas une économie et une démocratie aussi solides que les nôtres. Croyez-moi, bien des pays donneraient beaucoup pour avoir un comité semblable afin de pouvoir inclure dans leurs lois et règlements les détails qu'ils souhaiteraient y inclure. Ils nous envient. Je n'ai pas toujours considéré que j'étais dans une position enviable quand je siégeais au comité, mais quand nous examinons la situation dans un contexte un peu plus large, nous constatons qu'au fond, nous avons beaucoup de chance.
Comme l'ont mentionné mes collègues, son travail consiste en grande partie à s'assurer, d'un point de vue juridique, que les versions anglaise et française disent la même chose. Que nous soyons unilingues ou bilingues, nous savons tous qu'un seul mot, deux mots ou une phrase peuvent changer énormément le sens. Nul besoin d'être un génie pour comprendre à quel point c'est encore plus délicat lorsqu'il est question de documents juridiques comme des règlements.
Évidemment, ces derniers temps, d'autres langues ont été prises en compte en raison de la question de l'incorporation par renvoi. Il y a d'autres langues que le français et l'anglais qui seront intégrées dans nos lois. La traduction sera nécessaire. Il est difficile de croire qu'il n'y aura pas de confusion ni de problème pour passer d'une langue au français et à l'anglais, comme il en existe du français à l'anglais, et vice-versa. Par conséquent, il y a des questions importantes à régler.
Certaines des questions dont le comité a été saisi faisaient l'objet de discussions depuis plusieurs décennies. Je vois que vous hochez la tête, monsieur le Président. J'imagine que vous avez siégé au comité. Vous savez que certaines questions à l'étude ne sont toujours pas résolues 10 ans plus tard. Mais pendant une réunion, le comité réglera un dossier qui traînait depuis 22 ans. C'est renversant. D'un point de vue pratique, comment se peut-il qu'une question soit assez importante pour qu'on continue de s'en occuper 22 ans plus tard, mais pas assez importante pour qu'on l'ait réglée rapidement? C'est l'un des aspects qui rendent ce travail excitant pour les spécialistes du droit. Je vois que le Président, qui est lui-même avocat, me sourit mais me fait signe que non. Je ne sais pas si je me suis mis dans le pétrin. Quoi qu'il en soit, je continue.
Ce travail ne fera jamais la une des journaux, mais il est tout de même très important. Je dirais même que, puisque nous devons composer avec l'autre endroit, le comité conjoint nous permet d'accroître les synergies. Il faut le mentionner.
J'aimerais aborder un autre point avant de passer aux détails du projet de loi. Selon moi, la plupart des Canadiens devraient porter attention à un autre aspect de la réglementation s'ils souhaitent comprendre comment fonctionne le Parlement et comment les lois sont réellement adoptées.
Pendant plusieurs années, j'ai regardé comment Mike Harris, qui était alors premier ministre de l'Ontario, utilisait une multitude d'éléments qui se trouvaient déjà dans les lois.
Comme le savent les députés, la législation ne peut être modifiée que par le Parlement. En revanche, les règlements ne nécessitent pas l'intervention du Parlement. Et c'est là un point essentiel dans le débat qui nous occupe. Le problème, ce sont ces changements automatiques qui découlent de l'incorporation par renvoi d'accords qui viennent de l'étranger, tels que les accords internationaux ou les accords nationaux de pays étrangers, lorsqu'on y fait référence dans nos règlements, et lorsque les documents en question subissent des changements, ces changements sont incorporés par une mise à jour automatique. C'est du moins de cette façon que je conçois l'un des problèmes essentiels posés par le projet de loi .
Ce qui s'est passé en Ontario mérite d'être signalé, car la situation était tout à fait effrayante. Lorsque le gouvernement modifiait une loi, et c'était un gouvernement conservateur à l'époque, il retirait souvent — mais pas toujours — certains éléments de la loi pour les transférer dans un règlement.
Par exemple, si une loi aux termes de laquelle le gouvernement de l'Ontario, ou n'importe quelle autre province, a le droit de fixer les limites de vitesse sur les routes, ces limites de vitesse sont fixées par règlement. De cette façon, la loi n'a pas à énumérer toutes les routes de la province, et le gouvernement n'a pas à procéder à des changements législatifs, avec une première lecture, une deuxième lecture, une troisième lecture et, dans notre contexte, à un renvoi au Sénat. À Queen's Park, nous n'avions pas ce problème. Nous intervenions nous-mêmes en tant que représentants élus.
Ensuite, le règlement était envoyé au cabinet. Ce règlement pouvait modifier une limite de vitesse ou en fixer une sur une route nouvellement construite ou prolongée. Voilà comment on se sert de la loi et des règlements de façon saine et démocratique. Les principes sont énoncés, puis on confie à la réglementation des détails qui vont différer d'un endroit à l'autre. Tout cela est soumis à une procédure précise. Il y a toujours une intervention du cabinet et du gouvernement, mais l'opération est beaucoup plus rapide et l'assemblée évite de s'enliser à cause des changements apportés dans un secteur de l'autoroute 401 pour baisser la vitesse maximale de 10 kilomètres-heure. C'est normal.
Prenons maintenant le cas hypothétique où le gouvernement déclare que tout ce qui concerne les lois relevant de la compétence constitutionnelle de la province va désormais être traité par la voie réglementaire. Le changement peut paraître modeste, mais en fait, il est énorme. Dans le premier cas, le cabinet a le droit d'intervenir, et il informe l'assemblée par la suite. Il n'y a pas de débat; le cabinet a le droit de modifier la vitesse sur des routes. Dans le deuxième cas, le cabinet peut faire ce qu'il veut sur les routes dans la mesure où elles relèvent de sa compétence constitutionnelle, et ces décisions ne seront jamais soumises à l'assemblée. Eh bien, cela n'est pas sain. Ce n'est pas de la bonne démocratie.
Comme je l'ai dit, nous parlons de sujets qui semblent très arides, mais qui sont importants. Bien sûr, en tant que représentants élus, nous devons nous retrousser les manches et faire ce travail.
Les députés de l'opposition officielle trouvent certains des objectifs fixés dans le projet de loi suffisamment acceptables pour qu'ils approuvent son renvoi au comité. Toutefois, là-bas, le projet de loi devra faire l'objet d'un examen beaucoup plus approfondi. Nous espérons que c'est ce qui se produira.
Permettez-moi de lire la citation suivante. Elle ne peut jamais assez être répétée. Elle vient du Comité mixte permanent d'examen de la réglementation, qui s'est penché sur la question en 2007.
Bien entendu, l’incorporation par renvoi soulève aussi des préoccupations en matière d’accès au droit; en effet, bien que le document incorporé fasse partie du règlement, le texte comme tel n’est pas reproduit dans le règlement. Ces préoccupations sont encore plus vives dans les cas où le document est incorporé « avec ses modifications successives », puisque les justiciables pourront trouver difficile de déterminer avec exactitude la version qui s’applique à une date donnée. Lorsque l’incorporation par renvoi évolutif est permise, des dispositions devraient être prises pour exiger de l’autorité réglementante qu’elle veille à ce que la version à jour du document incorporé, ainsi que toutes ses versions antérieures également incorporées, soient facilement accessibles au public.
Un collègue de mon parti, je crois, a fait valoir un bon point. Étant donné que ces changements seront apportés à d'autres mesures législatives, comment peut-on savoir qu'un règlement n'est pas sur le point d'être modifié? Dans quelle mesure peut-on être sûr que le libellé examiné sera celui de la loi applicable? Au Canada, nul n'est censé ignorer la loi.
Je le répète: ce n'est pas un point auquel j'aurais pensé, parce qu'en règle générale, ce ne serait pas moi qui ferais des recherches dans la documentation originale. Au comité, ce serait le personnel qui s'en occuperait. Même à notre bureau, nous confierions cette tâche à notre personnel si nous avions besoin de ce niveau de détails. Ce n'est pas non plus une question que je soulèverais, parce que je ne m'en sers pas tous les jours de cette façon.
Une fois que la situation est bien expliquée et qu'on la porte à l'attention de tout Canadien raisonnable, on comprend que le comité est formé non seulement de membres du gouvernement et de l'opposition, mais aussi de membres des deux endroits. Je suppose que la décision était unanime et que tous les membres du comité l'ont appuyée. C'est une supposition de ma part. L'enjeu devait sûrement être important, sinon des considérations politiques seraient entrées en ligne de compte et il n'y aurait pas eu d'entente.
Je rappelle aux députés qu'on peut compter sur des employés très professionnels. C'est incroyable de voir le calibre de personnes qui assistent aux réunions. C'est vraiment impressionnant. Nous sommes tous très chanceux d'avoir des fonctionnaires si compétents. Bien entendu, c'est le personnel qui recommande habituellement ce genre de libellé. C'est important. Cela compte du point de vue pratique, et je me fie à mon expérience de législateur. Les gens qui comprennent cette question dans ses moindres détails du point de juridique et stratégique nous disent haut et fort que c'est important.
Il a été question d'investissements étrangers. Contrairement à ce que le gouvernement se plaît à prétendre, nous nous soucions de ces choses-là. Je crois que tout le monde ici s'en soucie, car cela crée des emplois pour nos citoyens, nos électeurs. Il faut se pencher sur ces questions.
Nous ne pouvons pas vraiment aborder ce genre de détails ici, à la Chambre. Voilà pourquoi nous avons le système des comités.
Notre position aujourd'hui, en tant qu'opposition officielle, est que nous sommes prêts à appuyer le projet de loi, du moins pour qu'il soit renvoyé au comité. Toutefois, nous réserverons notre jugement sur cette question, car nous ne savons jamais ce qui arrivera.
En terminant, je dirai que c'est l'un de ces moments où les choses qui ne semblent pas importantes parce qu'elles ne font pas les manchettes le sont en réalité. J'espère que cet important projet de loi sera renvoyé au comité, afin que le travail qui s'impose puisse être fait, et qu'il reviendra à la Chambre afin que nous puissions procéder au débat final et déterminer si nous voulons en faire une loi.
:
Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole ce soir pour appuyer le projet de loi , Loi modifiant la Loi sur les textes réglementaires et le Règlement sur les textes réglementaires en conséquence. Les néo-démocrates appuient ce projet de loi à cette étape, de façon à ce qu'il puisse être renvoyé au comité pour y être clarifié et que l'on puisse obtenir des réponses aux grandes questions qu'il suscite.
Je pense parfois que dans la bulle qu'est Ottawa, nous utilisons un langage et des termes techniques en pensant que la population sera en mesure de comprendre ce qui fait l'objet d'un débat à la Chambre des communes ce soir et ce dont les députés de partout au pays vont discuter de 8 h 45 à minuit. En tant que professeur d'anglais, je veux toujours voir dans le titre un élément qui me donnera un indice ou une idée de quoi il retourne. Si je n'étais pas ici, mais assise dans mon salon, je me demanderais de quoi diable les députés discutent ce soir. À mes yeux, c'est un énorme problème.
Nous parlons de démocratie participative. Nous télévisons les débats glorieux qui se déroulent dans cette auguste enceinte, et nous savons qu'il y a des citoyens un peu partout au pays — c'est peut-être seulement ma mère, la grand-mère d'un député ou la fille d'un autre — qui sont assis chez eux, rivés à leur téléviseur, pour nous écouter. Il y a des Canadiens qui s'intéressent à la chose publique et qui regardent la chaîne parlementaire. S'ils font cela, c'est parce qu'ils se sentent vraiment interpellés par les sujets que nous abordons. Je pense qu'à l'occasion, nous n'éclairons personne en utilisant le langage que nous utilisons. Je m'en inquiète parfois, mais je suis certaine que nous parlerons longuement de cela.
Comme certains l'ont dit précédemment, il est question des changements par renvoi statique ou dynamique — des termes merveilleux, n'est-ce pas? On pourrait en faire un poème — à des règlements qui sont enfouis dans la législation et qui peuvent être modifiés à la suite d'un changement dans d'autres lois ou règlements sans jamais être soumis à la Chambre. Cela devrait nous inquiéter un peu, et j'espère que c'est le cas.
Il y a des faits et des chiffres qui me scandalisent, même après avoir passé deux ans ici. Voici une citation tirée du Manuel de la réglementation fédérale du ministère de la Justice, 1998, page 3, au cas où vous auriez besoin d'une lecture de chevet. Je suis sûre que ce sera formidable. La voici:
À l’échelon fédéral seulement, il existe près de 3 000 règlements représentant un peu plus de 30 000 pages, comparativement à environ 450 lois correspondant à près de 13 000 pages. De plus, les ministères et organismes soumettent en moyenne à la Section de la réglementation quelque 1 000 projets de règlement par année, alors que le Parlement adopte environ 80 projets de loi par année. L’administration joue donc un rôle de premier plan dans la création des règles de droit auxquelles sont assujettis les citoyens canadiens.
Voilà où le bât blesse.
Nous appuyons le renvoi du projet de loi au comité, mais quand saisirons-nous vraiment la signification de ces chiffres frappants? Bien que le Parlement traite 80 projets de loi par année — peut-être pourrons-nous en traiter davantage si l'automne venu nous continuons de siéger jusqu'à minuit, surtout si l'on tient compte des motions d'attribution de temps et de clôture — quand 1 000 modifications réglementaires sont apportées ou qu'un nombre équivalent de projets de règlements sont présentés, on peut vraiment commencer à s'inquiéter de l'état de notre démocratie.
Qu'arrive-t-il lorsque des modifications sont apportées par voie de règlement? L'exécutif, par l'entremise de ses ministres, est alors investi d'un grand pouvoir. Ces modifications réglementaires sont soustraites à la surveillance du Parlement et elles ne font pas l'objet de débat à la Chambre, ni au comité. Elles n'ont donc pas l'occasion d'être peaufinées et d'être débattues de nouveau ici. Cette façon de faire devrait vraiment nous amener à nous interroger sur notre rôle de parlementaire.
Certaines mesures sont à juste titre prévues par règlement. Par exemple, nous ne voudrions pas passer des semaines, des mois et des années ici à débattre des taux d'intérêt de la Banque du Canada. Il s'agit d'un changement à caractère dynamique, en quelque sorte. Bien franchement, je n'aimerais pas débattre de cette question pendant des mois et des années.
Par ailleurs, certaines modifications réglementaires mériteraient d'être débattues à la Chambre parce qu'elles pourraient avoir une incidence sur la vie et le travail des Canadiens, sur leur retraite et sur leurs loisirs. Par conséquent, il ne faut pas penser qu'il ne s'agit que d'une mesure d'ordre purement technique ou administratif. Pensons à la façon dont cette mesure sera appliquée et à la quantité de règlements qui sont pris chaque année puis modifiés, parfois par simple caprice du ministre. Il faut s'en inquiéter. L'intervenant précédent, a qui l'on avait posé de nombreuses questions, a tout simplement répondu : « Je n'ai pas la réponse à ces questions. » Le projet de loi n'est pas très clair.
Ce que j'ai vu en parcourant le projet de loi m'a fait réfléchir. Ce qui nous semble être une modification technique, d'ordre administratif, a parfois des répercussions concrètes sur la vie des gens. Ça me rappelle quelque chose que j'ai pu constater lorsque j'étais enseignante. À l'époque, le gouvernement provincial avait décidé de faire un peu de ménage et d'alléger le processus administratif concernant la désignation des étudiants ayant des besoins spéciaux. Quelles ont été les conséquences? Du jour au lendemain, après l'adoption des modifications et l'élimination des formalités administratives, certains enfants qui, le vendredi, avaient des besoins en apprentissage reconnus, légitimes et très précis ne pouvaient plus, le lundi suivant, être considérés comme des enfants ayant des besoins spéciaux. Ces modifications donnaient une bonne raison au gouvernement de mettre un terme à son financement.
À l'époque, bien des gens se réjouissaient en Colombie-Britannique qu'on élimine des formalités administratives et biens des détails connexes, mais les gens ne se rendaient pas compte que la suppression d'un mot ou d'une phrase par-ci par-là allait avoir des répercussions sur la famille des étudiants ayant des besoins spéciaux.
Il faut donc faire très attention. Je sais qu’il est question d’accords nationaux et internationaux et de règlements qui peuvent être modifiés par d’autres instances, mais imaginons qu'un gouvernement apporte à un document incorporé ici des modifications qui auraient des répercussions concrètes dans la vie des Canadiens. À mon avis, ce serait très inquiétant.
Ce qui nous inquiète aussi, c'est que le Canada est un pays bilingue. Les langues officielles sont inscrites dans la Constitution. Or, bon nombre de ces règlements ne peuvent pas être consultés dans les deux langues officielles. Nous devons donc nous assurer qu'ils existent dans les deux langues.
J'aimerais revenir en arrière un instant pour corriger ce que j'ai dit.
Ce que je veux voir dans ce texte, c'est une garantie explicite que, lorsque ces règlements font l'objet d'une incorporation par renvoi statique ou dynamique, quel que soit le nom donné, cela se fait dans les deux langues officielles. Nous voulons nous en assurer. Nous voulons aussi améliorer ce texte de manière à éviter ce genre de perception.
Il est toujours bon de tenir compte de la responsabilité et de la spécificité. Nous vivons à l'ère de l'électronique, que nous appelons aussi l'ère technologique. Je ne connais pas toute l'étendue de la technologie, mais je sais que, de nos jours, mes enfants, mes petits-enfants, les jeunes que je connais ainsi que bien des retraités jeunes de coeur passent beaucoup de temps à l'ordinateur et veulent ce genre d'accès. Ils veulent accéder aux règlements, les lire, les comprendre et connaître leur histoire. Cependant, à 19 ans, j'étais tout à fait contente de ne rien savoir de ce qui se passait en coulisses.
Maintenant, lorsque mes enfants ou mes petits-enfants font des recherches — je suis étonnée lorsque je regarde les jumeaux, qui sont en huitième année —, ils vont bien plus en profondeur, parce que leur ordinateur leur donne accès à tout. Ils posent le genre de questions que je n'aurais pas posées à leur âge. Nous devons donc veiller à ce que la population puisse voir non seulement les changements qui ont été apportés, mais aussi comment les choses étaient auparavant, et quelles seraient les conséquences de ces changements. Je crains que rien de cela ne sera abordé, et nous devrions tous nous en inquiéter.
J'entends beaucoup parler de responsabilité et de transparence. Nous en avons bien besoin. Ce projet de loi nous arrive d'un endroit qui n'est pas tellement populaire ces jours-ci. Je sais qu'il a été examiné à l'autre endroit et que certains changements y ont été apportés. Quoi qu'il en soit, nous l'appuyons pour qu'il soit renvoyé à un comité parlementaire où il sera scruté à la loupe, et nous espérons également que nos collègues d'en face ne se comporteront pas comme ils l'ont fait à d'autres comités où j'ai siégé, alors que nous avions repris des amendements que les ministres avaient suggérés et que nous pensions être d'accord et que, tout à coup, ils nous ont retiré leur appui. Nous espérons que lorsque nos amendements de l'opposition officielle seront présentés au comité, ils seront étudiés en fonction de leur mérite et non rejetés simplement parce qu'ils émanent de l'opposition officielle.
Je vois deux de mes collègues hocher la tête d'un air incrédule, comme si cela n'était jamais arrivé. Je peux leur assurer que j'ai siégé à des comités et que j'ai vu la chose se produire à maintes reprises, même après avoir entendu les membres du comité dire que c'était un bon amendement et même après avoir entendu des ministres dire qu'ils reconnaissaient la validité de certaines préoccupations et qu'ils étaient tout à fait disposés à ajouter le passage suggéré. Ensuite, quand nous avons proposé le changement en reprenant mot pour mot le libellé qu'ils avaient eux-mêmes suggéré, ils s'y sont opposés inopinément. Cela nous amène à nous interroger sur leurs véritables intentions. Nous nous inquiétons de cela également.
Je pourrais soulever bon nombre de questions sur la reddition de comptes et sur la capacité de travailler ensemble.
J'ai beaucoup de réserves au sujet des règlements. Quand je suis devenue députée, j'ai été absolument renversée de voir à quel point on peut changer en profondeur les lois en vigueur en apportant des changements aux règlements. Nous avons vu une transformation gigantesque dans le domaine de l'immigration qui a touché bien des gens. Bon nombre de ces changements n'ont jamais été discutés ni par un comité parlementaire ni par notre auguste assemblée, la Chambre des communes. Les changements apportés ont été annoncés lors d'une conférence de presse et affichés sur un site Web. Les ministres peuvent procéder de cette façon pour faire des changements.
J'appuie ce projet de loi, mais en même temps, j'ai de très vives préoccupations au sujet de la subversion de la démocratie, car des pouvoirs de plus en plus grands sont confiés aux ministres et à l'exécutif. Je n'essaie pas de lancer des flèches à mes collègues ministériels, parce que je crois que cette tendance a été amorcée en grande partie par le parti qui siège maintenant dans le coin là-bas, surtout dans le domaine de l'immigration.
Pensons à ce qui s'est passé le vendredi avant la semaine d'intersession. Vendredi après-midi, nous avons appris que les règles régissant la réunification familiale allaient être considérablement modifiées. Je suis vice-présidente du Comité de l'immigration, mais ce n'est pas au comité que nous avons été avisés des changements. Je siège régulièrement au Parlement, mais on n'en a pas discuté ici. L'annonce nous a pris totalement par surprise. J'ai parlé à des gens dans certaines collectivités qui n'en reviennent toujours pas. Ces changements sont si profonds qu'ils remettent en question notre engagement à l'égard de l'édification des communautés et à l'égard des familles. Pourtant, tous ces changements ont été apportés sans jamais faire l'objet d'un débat à la Chambre.
Le salaire minimum pour parrainer un membre de sa famille et le faire venir au Canada a été augmenté de 30 %. Pourtant, beaucoup de gens à la Chambre et ailleurs au Canada ont bénéficié de la réunification familiale au fil des ans. Nous parlons souvent de l'importance de la famille.
Et ensuite, on apprend que les règles ont changé. Un Canadien sur cinq est né à l'extérieur du Canada.
Nous avons adopté un système de loterie pour la réunification familiale. Les Canadiens de l'ensemble de ce grand pays se font maintenant dire que seulement 5 000 demandes seront traitées par année, quel que soit le pays d'origine. Je n'y avais pas vraiment pensé jusqu'à ce que je parle à un groupe dans ma circonscription; quelqu'un a mentionné que c'était comme la loterie, que certaines personnes devraient attendre plusieurs années avant de se trouver sur la liste d'attente pour venir au Canada. Soit dit en passant, le simple fait de soumettre une demande ne garantit pas qu'elle sera traitée; il garantit seulement qu'on peut attendre son tour. Qu'avons-nous fait?
Je pourrais citer de nombreux autres exemples de mesures qui ont été prises dans notre démocratie parlementaire pour clore le débat. Nous en avons été témoins. Nous avons été saisis de motions de clôture et d'attribution de temps. Le gouvernement prétend que c'est une question de responsabilité et de rationalisation des processus. Pardonnez-moi de penser que le concept du débat parlementaire à la Chambre a beaucoup changé.
Je répète que nous appuyons le renvoi du projet de loi au comité. Nous espérons que les règlements seront pris de façon transparente et qu'ils seront rédigés dans une langue que le Canadien moyen pourra comprendre.
:
Monsieur le Président, je remercie les députés d'avoir rehaussé le niveau du débat portant sur le projet de loi dont nous avons été saisis.
Lorsqu'on m'a demandé, un peu plus tôt aujourd'hui, d'intervenir à ce sujet, j'avais l'impression que c'était quelque chose d'aride et de nébuleux et que ce ne serait vraiment pas une sinécure. Cependant, après avoir lu le projet de loi, j'ai découvert qu'on y propose des changements radicaux par rapport aux pouvoirs du Parlement et à sa capacité de s'acquitter de son rôle, c'est-à-dire d'adopter des lois qui ont une incidence sur la vie des Canadiens. Si c'est radical, c'est parce que le projet de loi légaliserait quelque chose que le gouvernement a apparemment fait à 170 reprises depuis qu'il a été porté au pouvoir, et ce, sans la moindre balise.
Le projet de loi propose de légaliser la capacité du gouverneur en conseil — c'est-à-dire les 60 hommes et femmes qui forment le Conseil privé, j'imagine — de prendre des règlements évolutifs, des règlements rédigés par une tierce partie, des règlements mis en place par un autre organisme, voire un gouvernement étranger.
On ne fait pas plus radical, et c'est très difficile pour moi, en tant que parlementaire, d'y souscrire.
Cela dit, il est peut-être approprié, en de rares occasions, d'incorporer par renvoi un règlement institué par un organisme fiable, connu et accepté de tous comme étant le spécialiste mondial dans tel ou tel domaine. Dans cette optique, le NPD souhaite résolument que le projet de loi soit renvoyé au comité compétent afin qu'on réduise ce pouvoir pour le rendre acceptable.
Le sommaire du projet de loi se lit comme suit:
Le texte modifie la Loi sur les textes réglementaires afin de prévoir une habilitation expresse...
— on parle ici d'un pouvoir que le gouvernement s'est déjà arrogé —
[...] permettant l’incorporation par renvoi dans les règlements. Il impose aux autorités réglementaires l’obligation de veiller à ce que les documents, indices, taux ou nombres incorporés par renvoi soient accessibles. Il prévoit également qu’une déclaration de culpabilité ou une sanction administrative ne peut découler d’une contravention se rapportant à tout document, indice, taux ou nombre incorporé par renvoi que si les exigences en matière d’accessibilité sont respectées. Finalement, il apporte des modifications corrélatives au Règlement sur les textes réglementaires.
Il est question d'« exigences en matière d’accessibilité », mais celles-ci ne sont pas définies. Le seront-elles dans un règlement pris en vertu du Règlement sur les textes réglementaires? Je pose la question, car la notion d'accessibilité n'est pas définie.
Les conservateurs que j'ai interrogés à ce sujet n'ont pas pu me dire franchement ce que le terme « accessibilité » veut dire dans le contexte du projet de loi. Il n'est pas défini dans le projet de loi; or, le sommaire de ce dernier parle d'exigences en la matière. Ces exigences ne se trouvent pas dans la mesure que nous étudions. Faudra-t-il prendre un règlement découlant du règlement? Tout cela est très déroutant.
Le projet de loi conférerait énormément de pouvoir à l'exécutif. Certains ministériels se sont plaints à la Chambre de ce que l'exécutif détenait trop de pouvoir. Ces plaintes ont donné lieu à une série d'interventions priant le Président de prendre la décision de limiter le pouvoir de l'exécutif de restreindre la capacité de s'exprimer à la Chambre. Je serais porté à croire que ces mêmes députés trouveraient préoccupant que le projet de loi dont nous sommes saisis donne encore plus de pouvoir à l'exécutif, sans mécanisme de freins et de contrepoids et sans que le Parlement puisse déterminer au préalable s'il est approprié ou non d'incorporer des documents par renvoi. C'est le pouvoir que le projet de loi propose d'accorder à l'exécutif.
Il y a une expression latine qui dit: delegatus non potest delegare, ce qui signifie qu'un délégué ne peut pas déléguer ses pouvoirs à un autre. On ne peut pas confier l'un de ses pouvoirs à quelqu'un d'autre et lui demander de faire le travail.
Or, c'est essentiellement ce que le projet de loi propose de faire avec les lois canadiennes. Nous, les parlementaires, créerions une loi, mais nous laisserions quelqu'un d'autre établir la façon dont elle est écrite. C'est contrariant. Je n'ai pas accepté de confier à quelqu'un d'autre le pouvoir de créer les lois qu'on nous a demandé de créer en nous élisant à la Chambre.
Je sais que nous sommes en situation de gouvernement majoritaire. Mon opinion n'a donc pas beaucoup de poids dans la balance. Dans 99,3% des cas, le gouvernement rejette nos idées, mais nous avons au moins la possibilité de les faire valoir. Le projet de loi confierait le pouvoir de modifier les lois du Canada à un tiers, une autre instance que la Chambre. Le gouvernement l'a déjà fait 170 fois, mais jusqu'à présent, chaque cas était considéré séparément. Cette mesure législative rendrait cette façon de faire entièrement légitime. Ça me pose problème.
D'autres gouvernements se sont penchés sur cette question et ont établi des règles encadrant la façon dont on devrait avoir recours à cet outil de délégation des pouvoirs. Il faudrait peut-être en discuter au comité, car ce n'est pas ici qu'on proposera des amendements. La délégation du pouvoir de modifier un règlement convient peut-être dans certaines circonstances, mais il faut savoir lesquelles. Il faut aussi déterminer quels règlements seraient visés.
Selon moi, et c'est ce qu'ont proposé les législatures d'autres pays, il ne faudrait déléguer ce pouvoir que s'il n'est pas possible de faire autrement. Ce devrait être clairement indiqué et quantifié. Les règles concernant toute modification subséquente à un règlement devraient être clairement établies afin qu'une tierce partie quelconque ne puisse décider comment modifier ce règlement.
Il devrait y avoir une consultation avant l'incorporation des règlements. Il a été question d'accès, et il devrait y en avoir. Le ministre devrait être responsable. Si un ministre doit déléguer ses pouvoirs à une tierce partie, il devrait alors être tenu responsable des gestes posés par cette tierce partie.
Or, rien de tout cela n'apparaît dans le projet de loi. Je crains moi aussi qu'on ouvre la porte à la création de règlements qui relèvent d'une autre compétence, dans un autre pays, dans une autre région du monde. Par exemple, il existe au Canada des règlements qui stipulent que nos renseignements personnels doivent demeurer confidentiels et qu'ils devraient être conservés de façon à ne pas être divulgués à des tiers. Nous avons toutefois découvert, ces dernières années, que bon nombre de nos institutions bancaires, de nos sociétés de services publics et de nos compagnies de téléphone transmettent régulièrement ces renseignements à d'autres pays.
Est-ce que cela signifie que le gouvernement pourrait alors justifier cette pratique en faisant en sorte que les lois sur la protection des renseignements personnels de ces autres pays s'appliquent à ces échanges? Je n'aimerais pas cela. Je ne voudrais pas qu'une telle chose se produise. Je ne veux pas qu'un autre pays détermine le degré de confidentialité de mes renseignements personnels. Cela encouragerait alors l'harmonisation de nos lois avec celles d'autres pays peut-être moins démocratiques, moins progressistes, ou même moins efficaces. Je ne tiens pas à encourager le gouvernement à faire preuve de paresse.
En ce qui concerne l'accessibilité, j'ai demandé plusieurs fois si cela pouvait signifier accessible pour une personne handicapée. Je n'ai obtenu aucune réponse claire de la part du gouvernement.
Il semble que le mot « accessible » ne soit qu'un mot. Il n'y a aucune définition du mot « accessible » dans le projet de loi, pas plus qu'il n'y a de définition de ce qui n'est pas accessible. On indique seulement qu'il faut que ce soit accessible. Est-ce que ça signifie que si j'ai 250 $ pour obtenir une copie d'un règlement, je dois verser 250 $ pour obtenir cette copie auprès d'une tierce partie quelconque, si c'est qu'elle demande? Est-ce que cela signifie que ce règlement est accessible parce qu'une personne qui a l'argent peut l'obtenir?
Ce n'est pas là le degré d'accessibilité auquel nous sommes normalement habitués. En effet, l'accessibilité signifie que toutes nos lois sont publiées de façon à ce qu'on puisse les retrouver dans toutes les bibliothèques du pays, et que tous les règlements sont disponibles gratuitement dans toutes les bibliothèques.
Est-ce que le mot accessible signifie qu'il pourrait dorénavant y avoir des frais pour les règlements faisant partie des lois qui régissent ce pays et tant pis si une personne n'a pas les moyens?
Une autre chose qui me préoccupe — et je crois que plusieurs collègues l'ont déjà mentionné — est l'origine de la loi. Il est paradoxal que nous discutions d'un projet de loi issu du Sénat, alors que nous nageons en pleine controverse à propos de celui-ci.
De nombreux Canadiens ont communiqué avec moi par téléphone et courriel pour me dire qu'ils n'ont plus aucune confiance envers le Sénat et qu'ils n'en voient plus l'utilité. Nous traitons d'un projet de loi qui donne au gouvernement d'énormes pouvoirs et qui émane d'une organisation — le Sénat, la Chambre au bout du couloir — en qui les Canadiens n'ont plus aucune confiance. Bien des Canadiens ont perdu confiance en la capacité du gouvernement conservateur à utiliser le Sénat, et ils demandent au gouvernement du Canada, ainsi qu'à nous, parlementaires, de se débarrasser de cette organisation désuète et non représentative qui se trouve au bout du couloir.
Il m'est par conséquent difficile d'étudier un projet de loi venant du Sénat alors que les Canadiens disent ne pas lui faire confiance. Je ne suis pas certain que nous pourrons à l'avenir étudier sans préjugé les projets de loi émanant du Sénat. Je ne suis même pas certain que nous puissions le faire dans le cas du projet de loi actuel. D'ailleurs, au lieu de provenir du Sénat, qu'on me dit indigne de notre confiance en raison des difficultés qui y prolifèrent, ce projet de loi n'aurait-il pas dû être présenté d'abord aux Communes? Ne devrions-nous pas commencer par adopter ce projet de loi — tous les projets de loi, en fait — aux Communes, pour que les gens puissent avoir confiance et savoir que les élus qui les présentent ont des comptes à leur rendre?
Pour illustrer concrètement ce que le gouvernement a fait ces dernières années, l'exemple qui me vient immédiatement à l'esprit est celui du projet de loi , de l'année dernière, plus précisément la première partie de ce projet de loi omnibus de 450 pages, qui a remplacé l'ancienne version de la Loi sur l'évaluation environnementale par une nouvelle version, plutôt tiède. Qualifier cette nouvelle version de « tiède » est probablement le jugement le moins sévère que l'on puisse porter à son sujet. Voici les dispositions que l'on trouve dissimulées dans un recoin obscur de cette loi et qui sont exactement celles que l'on retrouve aussi dans le projet de loi actuel:
(1) Peut être incorporé par renvoi dans un règlement pris en vertu de la présente loi tout document établi par une personne ou un organisme autre que l’Agence, notamment toute autorité fédérale visée à l’un des alinéas a) à d) de la définition de « autorité fédérale » au paragraphe 2(1).
(2) L’incorporation par renvoi peut viser le document soit dans sa version à une date donnée, soit avec ses modifications successives.
(3) Le ministre veille à ce que tout document incorporé par renvoi dans le règlement soit accessible.
(4) Il est entendu que les documents incorporés par renvoi dans le règlement n’ont pas à être transmis pour enregistrement ni à être publiés dans la Gazette du Canada du seul fait de leur incorporation.
Voilà donc l'exemple le plus éloquent de ce que le gouvernement cherche à faire. Ce n'est ni inoffensif, ni dénué de conséquence, ni justifiable en prétextant qu'un organisme quelconque est mieux placé pour édicter les règles sur la santé et la sécurité. Nous allons nous en remettre à un organisme sans savoir de quel organisme il s'agit, puisque le règlement n'a pas encore été rédigé.
L'annexe 2 de la loi prévoit que les composantes de l'environnement pouvant être étudiées dans le cadre d'une évaluation environnementale seront déterminées par règlement. Il n'est donc pas vraiment possible d'étudier l'environnement avant la publication du règlement. Voilà maintenant que nous apprenons que le gouvernement peut aussi incorporer par renvoi toute décision prise par un autre organisme en ce qui concerne l'environnement. Ainsi, cet organisme peut déterminer si la santé humaine, le bien-être socioéconomique des Canadiens de même que le patrimoine physique, culturel, architectural et historique font partie de l'environnement. Tous ces éléments ne sont maintenant plus définis. Ils sont plutôt incorporés par renvoi. Le règlement peut maintenant être établi par un autre organisme ou une autre agence.
Cet autre organisme ou agence pourrait être un gouvernement provincial ou territorial. Pour autant qu'on sache, il pourrait même s'agir du gouvernement du Venezuela. Aucune précision n'est fournie à ce sujet.
Rien de précis à ce sujet n'est indiqué dans ce règlement. On peut donc en conclure qu'on peut faire ce qu'on veut. Le ministre peut aussi conclure un accord avec un État étranger, une subdivision politique d'un État étranger, une institution d'un gouvernement ou d'une organisation internationale d'États ou encore une institution d'un organisme s'intéressant à l'environnement au Canada. C'est l'un des aspects de cette loi colossale qui me préoccupe le plus. Cette situation pourrait faire en sorte que d'autres gens déterminent ce qui est bon pour les Canadiens. C'est pour cette raison que je veux savoir exactement ce qu'il en est. Nous ne savons absolument rien de ce que le gouvernement a l'intention de faire lorsqu'il dit que les règlements définissant l'environnement pourront être établis par un autre organisme et modifiés à l'occasion par un autre organisme. On ne précise pas quel est cet organisme. Rien ne justifie qu'on procède de cette façon.
Pendant de nombreuses années, la Loi sur l'évaluation environnementale comportait une bonne définition de l'environnement. On peut sans doute imaginer pourquoi le gouvernement a décidé de changer les choses. C'est un exemple classique de ce que nous craignons. En légalisant le tout, le gouvernement fera en sorte que des règlements portant sur des questions qui sont réellement importantes pour les Canadiens puissent être modifiés par des tierces parties, alors que nous ne savons même pas qui sont ces tierces parties.
Pour essayer de me rendre utile, je vais vous donner un exemple de bonne incorporation d'un règlement par renvoi. Si la constate qu'il faut un règlement concernant les émissions des moteurs diesel et leurs effets sur les personnes vivant à proximité d'une voie ferrée — et c'est là une question d'une grande importance pour les gens de ma circonscription —, elle pourrait décider de rendre ce règlement conforme aux normes de l'Organisation mondiale de la santé qui, de l'avis général, sont à jour, et de loin, les plus exactes au plan scientifique. L'Organisation mondiale de la santé définirait ainsi, par renvoi, la norme permettant au Canada de mesurer la présence de substances cancérigènes et de particules fines afin d'en réglementer les émissions. Voilà un exemple où l'incorporation par renvoi est une bonne chose, car nous n'avons pas à refaire ce qu'a déjà fait l'Organisation mondiale de la santé, et nous pouvons nous en inspirer plutôt que de créer notre propre système de mesure et de normes. Mais ce n'est pas ce que prévoit le projet de loi.
Le Code du travail nous offre une autre possibilité; il comporte des règlements sur la santé et la sécurité, qui font référence à des éléments de l'environnement auxquels sont exposés les travailleurs dans les milieux de travail assujettis à la réglementation fédérale. Peut-être existe-t-il un organisme qui publie déjà de bonnes normes, que la Chambre pourrait juger acceptables, sous réserve de modifications périodiques, mais aucune disposition n'indique que la Chambre doive préalablement donner son accord.
En conclusion, nous ne sommes pas forcément en désaccord avec le principe d'une incorporation dynamique par renvoi dans certaines circonstances, ce renvoi pouvant être modifié périodiquement, sans qu'il faille revenir devant la Chambre, mais il faut prévoir de strictes mesures de contrôle sur les circonstances et les modalités du recours à cette formule. Et le projet de loi n'en fait pas mention. Il faut que tous les parlementaires soient d'accord sur le renvoi. Le projet de loi n'en fait pas mention. Il faut également des lignes directrices et des mesures de contrôle applicables au gouvernement lorsqu'il recourt à cette technique dans la rédaction d'une loi, de façon qu'il sache qu'il ne peut pas aller à l'encontre de la volonté générale que nous pourrons exprimer si des lignes directrices, des mesures de contrôle et des restrictions entourent le pouvoir de réglementation qui est ainsi conféré au gouvernement.
:
Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je participe au débat, bien qu'il puisse sembler à l'occasion plutôt abscons et obscur. Je suppose qu'on pourrait utiliser une foule d'adjectifs pour le décrire, même du point de vue de certains parlementaires qui ne connaissent peut-être pas aussi bien que ma collègue d' la notion de changement réglementaire et leur signification.
Comme j'ai déjà été conseiller municipal, je ne sais que trop bien que, lorsque l'on adopte des lois comme la Loi sur la salubrité de l'eau, par exemple, en Ontario, ce n'est pas tellement la loi qui fait peur aux municipalités, mais plutôt le règlement. La loi elle-même comporte deux ou trois pages, mais après coup, on nous assomme avec un règlement qui est une véritable brique et qu'il faut trouver le moyen de mettre en application. C'est ce texte qui, en définitive, constitue l'épine dorsale de la loi, si l'on peut dire, et fait en sorte qu'elle fonctionne concrètement. On pourrait dire aussi que ce sont les écrous et les boulons qui tiennent le tout ensemble et font en sorte que le tout fonctionne.
Je dirais que nous sommes nombreux, en cette enceinte, à savoir que nous discutons et adoptons les lois ici, mais que c'est ensuite ailleurs qu'est élaboré le règlement qui met pour ainsi dire de la chair sur le squelette de la loi et permet qu'elle soit appliquée concrètement.
Le règlement est rédigé de différentes manières et le tout devient partie intégrante d'un tout que le grand public perçoit comme un véritable labyrinthe bureaucratique gouvernemental. Neuf fois sur dix, les gens n'ont pas vraiment affaire à la loi comme telle, mais plutôt au règlement. Quand ils viennent se plaindre à nos bureaux, ils se plaignent du règlement et non pas de la loi qui a été adoptée à la Chambre.
Ce que je trouve absolument renversant, c'est le nombre de règlements. Il y en a littéralement des milliers. À l'heure actuelle, au niveau fédéral, il existe environ 3 000 règlements comportant 30 000 pages de texte.
C'est une tâche titanesque pour les gens d'essayer de se retrouver dans tout ce fatras pour vérifier quelles peuvent être les répercussions des règlements dans leur domaine d'activité ou dans les affaires qu'ils mènent dans leur vie.
Je vais donner une idée de l'ampleur de la tâche. Il existe environ 450 lois totalisant 13 000 pages. Je répète que les lois elles-mêmes que nous adoptons ici ne sont que des éléments mineurs de l'ensemble de la législation, une fois que les règlements sont rédigés, mis en oeuvre et viennent s'ajouter à l'édifice législatif. Cela donne une idée de l'ampleur de la tâche pour les gens qui essayent de s'y retrouver pour savoir ce qu'ils doivent savoir et ce qu'ils n'ont pas besoin de savoir et connaître leurs obligations et leurs droits, car évidemment, les règlements nous confèrent certains droits aussi bien que des obligations.
Qu'arrive-t-il si un citoyen a enfreint l'un des règlements? Il lui faut comprendre le règlement parce que, comme un agent de la circulation me l'a expliqué quand je siégeais à une commission de police municipale, quand on passe tout droit à un panneau d'arrêt, on ne peut pas dire pour se défendre qu'on ne l'a pas vu. Nul ne doit ignorer la loi. Si quelqu'un n'a pas vu le panneau routier et a continué tout droit, ce n'est pas un argument en sa faveur. C'est la même chose pour les règlements. Le fait qu'on ne soit pas au courant de leur existence ne peut pas être invoqué en défense, parce que nous avons l'obligation de les connaître et de les comprendre. Les règlements nous donnent aussi le droit de poser certains gestes, selon le cas, tout dépendant du règlement.
En définitive, on a un double ensemble de droits et d'obligations. Il faut réussir à les comprendre, mais pour cela, il faut d'abord les trouver. Lorsqu'on parle d'incorporation, qu'elle soit dynamique ou non, il faut passer par la définition de ce qu'elle est et de ce qu'elle n'est pas, il faut savoir dans quelles conditions le texte change, et comment ceux qui le consultent vont savoir qu'il y a eu un changement, afin de s'y conformer.
Je sais que je dois mettre un certain nombre de livres verts sur la table, comme ceux qui sont devant moi, ici, à la Chambre, avec trois livres blancs au bout de la rangée. C'est ce que prévoit le Règlement. Ensuite, un changement intervient, car il s'agit d'un règlement dynamique, et non statique. On peut supprimer les trois livres blancs et en ajouter deux oranges. Les néo-démocrates aiment l'orange, et on va donc en mettre deux oranges. Ensuite, on va demander aux gens s'ils savent combien il y a de livres verts sur la table et s'il y en a trois blancs au bout de la rangée. Ils vont dire oui, mais ils se trompent, car on a ajouté deux livres oranges. Cela veut dire qu'ils sont éliminés, car ils ont mal voté, et les oranges vont se retrouver de l'autre côté, ce qui devrait se produire en 2015. Il y a eu un changement dont personne ne s'est rendu compte, tout simplement parce qu'on a supprimé trois livres et qu'on en a rajouté deux oranges.
Que se passerait-il si on procédait ainsi avec les règlements sur la salubrité des aliments? Nous avons des accords de réciprocité avec nos principaux partenaires commerciaux, les États-Unis, ainsi qu'avec d'autres pays dans le monde entier. Ils servent bien notre cause. Nous savons que nous sommes protégés par un bon système de contrôle de la salubrité dans le secteur agricole, au niveau du producteur, ainsi qu'en matière de transformation et de manutention des denrées alimentaires. Nous reconnaissons que les États-Unis ont un système comparable. Nous reconnaissons que ce qu'ils font est aussi bien que ce que nous faisons. Nous acceptons leurs normes et ils acceptent les nôtres.
Venons-en maintenant à la possibilité de modifier les règlements. Le Canada a des règlements de son côté, et les États-Unis en ont du leur. Nous avons des règlements semblables à ceux de nos autres partenaires commerciaux. Que se passe-t-il si l'on commence à modifier les règlements sur la salubrité des aliments? La plupart des gens sont prêts à dire qu'ils font confiance à nos partenaires commerciaux américains. Ils estiment que nous n'avons pas à nous en inquiéter. Les États-Unis peuvent apporter des changements qui sont sans doute bons et nous les acceptons. Mais que se passe-t-il dans le cas d'un pays moins digne de confiance? Je n'en désignerai aucun, mais nous sommes tous capables de penser à un pays dont la production alimentaire a pu présenter des problèmes de salubrité, que ce soit de la mélamine dans le lait ou autre chose.
Que se passera-t-il si ces pays changent leur règlement et que nous changeons aussi le nôtre? Aurons-nous rendu justice aux consommateurs canadiens en veillant à ce que le système soit sûr? Nous avons dit qu'il était sûr, et nous avons modifié le règlement, parce qu'il s'agit d'une incorporation par renvoi à caractère dynamique. Nous avons permis qu'il soit modifié, parce que quelqu'un d'autre a changé le sien. Au départ, nous avons accepté un système qui accepte les règlements d'autres pays. Ils en ont changé un, et nous l'avons accepté, car c'est possible maintenant. Il n'existe aucun mécanisme de contrôle pour nous empêcher de faire cela.
Ma collègue d' a posé une question au député d'. Nous savons déjà que des règlements ont été modifiés alors que les auteurs de ces changements n'étaient pas habilités à le faire. Je pense qu'elle a dit qu'il y en avait 170. Ce n'est pas arrivé une ou deux fois. Mes collègues d'en face qui font partie du même comité qu'elle sont aussi au courant de la situation. Ils ont entendu les témoignages. Il ne s'agissait pas d'une personne qui a commis une erreur ou qui a eu un oubli. Quand cela se produit 170 fois, on peut parler d'une tendance. Ce n'est pas une erreur. Ce n'est pas quelqu'un qui a oublié d'appeler le ministre. La Chambre aurait dû être saisie des renseignements pertinents. Elle aurait dû suivre le processus en bonne et due forme. Il ne semble pas que les choses aient été faites selon les règles.
Comme ma collègue l'a dit, si nous décidons maintenant de modifier la loi pour couvrir nos arrières — c'est-à-dire ces 170 cas et les autres qui s'ajouteront à la liste —, comment pouvons-nous veiller à ce que la Chambre et les parlementaires puissent se prévaloir de leur droit de faire le travail que la population nous souhaite voir faire? Notre rôle ne consiste pas simplement à surveiller les deniers publics et à obliger le gouvernement à rendre des comptes. Si des commissions ou des organismes qui relèvent du gouvernement fédéral décident de modifier des règlements, nous devrions certainement avoir le droit de participer au processus.
Mon collègue d' a parlé avec éloquence du fait que c'est un comité non partisan. Il se compose de toutes sortes de personnes qui, à vrai dire, ne votent pas. Le comité cherche à obtenir un consensus. Je ne suis pas vraiment certain qu'il en est question dans la mesure législative. Que se passera-t-il si c'est l'exécutif qui assume cette fonction et que nous n'avons pas de droit de regard? Nous aimerions obtenir des réponses à certaines de ces questions.
C'est la raison pour laquelle nous voulons renvoyer le projet de loi au comité et étudier des possibilités d'amendements. Même si cela ne fait pas la joie de mes collègues d'en face, nous voulons le renvoyer au comité pour tenter de l'améliorer. Ils devraient en être ravis plutôt que d'en être contrariés parce que nous pourrions en dire du mal. On pourrait penser que c'est ce qu'ils voudraient que nous fassions, même si nous signalons ce qui cloche. Nous les aiderons, contrairement à mes collègues à l'autre bout de la salle qui ne veulent pas voter en faveur de son renvoi au comité et ne veulent pas en faire l'étude. C'est leur choix. Plus tôt, j'ai entendu un commentaire sur l'ouverture d'esprit. Je suppose que les esprits sont fermés sur cette question en particulier, mais c'est ainsi. Ils ont décidé de s'y opposer et c'est correct. C'est ce qu'il y a de formidable dans la démocratie. On peut décider de dire oui ou non. Dans ce cas-ci, nous voterons pour qu'il soit renvoyé au comité et étudié. En fin de compte, c'est cela la démocratie. C'est notre droit d'avoir un mot à dire et de nous exprimer sur les lois et les règlements y afférents.
Comme je l'ai dit au début, le règlement a souvent plus d'importance pour la population que le projet de loi. Ironiquement, nous nous laissons obnubiler par ce dernier. Certes, le projet de loi est important. Loin de moi l'idée de laisser entendre aux rédacteurs du projet de loi que celui-ci a peu d'importance. Certaines parties d'une mesure législative rédigée par les députés d'en face peuvent nous sembler sans importance, il y en a contre lesquelles nous votons. Nous l'avons déjà fait. Il n'y a qu'à penser aux budgets. Toutefois, le règlement a manifestement des conséquences sur la vie des gens. Bien souvent, c'est au règlement que se bute la population, plutôt qu'aux dispositions spécifiques d'une loi. Voilà ce qui pose problème à la population.
Je suis conscient que l'autre endroit existe, du moins encore pour le moment. Si les Canadiens pouvaient voter, il y en a probablement plus de 70 % qui le feraient. Nous savons qu'une exigence constitutionnelle prévoit qu'il faut notamment l'appui de sept provinces et de la moitié de la population. Nous le savons tous. Toutefois, si nous demandions demain aux Canadiens s'ils veulent de l'autre endroit, ils répondraient souhaiter s'en débarrasser. Le député assis au fond de la salle continue de le défendre avec une certaine ferveur, car son chef a dit il y a tout juste deux semaines que tout ce qui manque, ce sont des hommes compétents. Il n'a pas dit des personnes plus compétentes, ce qui inclurait les femmes. Je le vois venir à cet égard. Je peux lui affirmer que je connais bien des femmes qui n'ont pas été enchantées de ses propos.
Le projet de loi a été présenté à l'autre endroit. Un de mes collègues a mentionné plus tôt que les projets de loi devaient tous passer par la Chambre des communes, qu'ils soient présentés ici ou au Sénat. D'après moi, ils devraient tous être présentés ici. Aucun projet de loi ne devrait porter un numéro commençant par « S ». Ils devraient tous commencer par un « C » et nous devrions les traiter nous-mêmes, puisque nous sommes la Chambre du peuple. Nous adopterons les mesures que la Chambre du peuple souhaite adopter. Nous n'avons pas besoin que le Sénat donne son approbation automatique à un projet de loi ou le rejette, comme cela est arrivé à une mesure proposée par Jack Layton, qui était mon chef et mon ami. Le Sénat ne s'est même pas donné la peine d'examiner le projet de loi. Il l'a simplement rejeté. Quand le Sénat choisit de ne pas prendre le temps d'examiner une mesure qui a été adoptée deux fois par la Chambre des communes, il y a atteinte à la démocratie.
Si c'est là l'attitude des sénateurs, sans même parler des magouilles récentes au sujet de leurs dépenses, il est grand temps de leur donner leur congé. Il est plus que temps.
J'ai dit quelque chose il y a quelques mois, pendant le débat sur un projet de loi de réforme du Sénat qui semble avoir disparu depuis. Il a été renvoyé au Sénat, je crois. Je me souviens avoir dit ceci à mes collègues d'en face, à l'époque. Au moment où nous débattions ce projet de loi, la chaîne de café Tim Horton, l'une des plus populaires au Canada, tenait son concours « Déroule le rebord ». Ça m'a inspiré. J'ai déclaré: « Monsieur le Président, il est temps de rouler le tapis rouge ».
Si nous roulons le tapis rouge, les Canadiens en sortiront gagnants. Ils n'auront même pas à dérouler le rebord dans l'espoir de gagner un beigne, un café ou qui sait, une voiture. Peu de gens gagnent à ce jeu. J'ai déroulé beaucoup de rebords sans rien gagner, je dois l'admettre. Mais si nous roulons le tapis rouge, tous les Canadiens y gagneront, cela ne fait aucun doute.
On roulerait le tapis rouge et on souhaiterait bonne chance aux sénateurs. Je serais le premier dans la file, pour leur serrer la main et pour leur souhaiter bonne chance. Cela ne me poserait aucun problème, je le ferais en souriant, avec de sincères remerciements à bon nombre d'entre eux.
Il y a parmi eux des gens de qualité. Hugh Segal en est un bon exemple. Je considère le sénateur Hugh Segal comme quelqu'un de remarquable, un Canadien remarquable qui fait un travail remarquable. Malheureusement, il est temps, pour le sénateur Segal, de partir.
Le sénateur Kirby était, lui aussi, quelqu'un de remarquable, et il a fait un travail remarquable. Il est parti de lui-même. Roméo Dallaire est lui aussi au Sénat. Ils sont très nombreux. Nous en avons signalé trois, mais au fil des années, ils ont été nombreux à se distinguer. Nous en avons donné trois exemples, ce n'est pas si mal, pour des néo-démocrates.
Pourtant, on n'y trouve pas un seul néo-démocrate, sans doute parce que ces derniers ne veulent pas y aller.
Je vois mes amis, là-bas, qui s'agitent. Visiblement, ils s'inquiètent d'une nomination qui n'arrivera jamais; il commence donc à se faire tard. C'est bien cela.
J'inviterais mes collègues à m'accompagner. L'automne dernier, j'ai déjà invité mon collègue de . Il ne s'en souvient sans doute pas, mais je l'ai invité à m'accompagner. Je répète mes propos. J'ai invité mon collègue à venir avec moi, bras dessus bras dessous, pour nous rendre à l'entrée du Sénat, rouler le tapis rouge et souhaiter Joyeux Noël aux sénateurs et les renvoyer chez eux pour toujours. Ce n'est plus le temps des Fêtes, mais nous pourrions leur souhaiter de bonnes vacances et leur demander de ne jamais revenir.
Curieusement, si nous avions un règlement conforme à ce que propose le gouvernement et si le Sénat était réglementé, nous n'aurions qu'à modifier le règlement pour nous débarrasser d'eux. Malheureusement, nous n'en avons pas.
Il me reste moins de deux minutes. Je tiens à remercier mon collègue d'en face. Je le dis en toute sincérité, car il s'est donné beaucoup de mal pour ce projet de loi. Il a posé des questions et participé au débat. Je tiens à rendre hommage au député d'. Il répond aux questions.
Nous partageons, lui et moi, une affinité pour le vin. Nous venons des deux meilleures régions vinicoles du pays, la région de Niagara en premier, la sienne en second.
Néanmoins, je tiens aussi à dire qu'il y en a bien d'autres, en face, qui n'ont montré aucun intérêt pour le projet de loi. Ils ne semblent pas vouloir s'en occuper; alors, je leur dirai ceci: j'aimerais leur donner la possibilité de discuter de leur propre projet de loi. En conséquence, je propose:
Que la Chambre s’ajourne maintenant.