propose que le projet de loi soit lu une deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, c'est un honneur pour moi de me lever à la Chambre aujourd'hui pour débattre du projet de loi . Ce projet de loi est d'une importance capitale afin de protéger les Canadiens contre un fléau qui prend de l'ampleur, celui des conducteurs aux facultés affaiblies par la drogue qui prennent le volant. C'est un fléau qui devient de plus en plus urgent, compte tenu du projet des libéraux qui vise la légalisation de la marijuana.
D'abord, je remercie et félicite le sénateur Claude Carignan et toute son équipe, qui ont travaillé extrêmement fort à la rédaction de ce projet de loi et qui ont fait preuve de vision dans ce dossier en devançant la Chambre des communes en déposant cette législation au Sénat l'année dernière. J'en profite également pour saluer le travail de tous les sénateurs qui ont étudié ce projet de loi et qui l'ont adopté à l'unanimité, tous partis confondus. C'est l'approche collaborative, constructive et non partisane que j'espère voir à la Chambre pour ce projet.
Dans les faits, ce projet de loi vise à modifier le Code criminel afin de permettre aux policiers d'utiliser un instrument de détection des drogues, un peu comme on le fait avec l'éthylomètre, ce que la législation actuelle rend impossible.
Pour bien illustrer la problématique, je vais parler d'une étude réalisée par le Centre canadien de lutte contre les toxicomanies au sujet de la conduite avec les facultés affaiblies par la drogue. Le Centre a publié un rapport dans lequel on peut lire que le pourcentage de conducteurs mortellement blessés dans des accidents de la route et qui avaient pris de la drogue est de 40 % et dépasse désormais le pourcentage de conducteurs mortellement blessés qui avaient bu de l'alcool, qui est de 33 %. De plus, on indique dans cette étude qu'un conducteur ayant consommé de la marijuana a six fois plus de chances d'avoir un accident de voiture qu'un conducteur à jeun. Après avoir consommé des opioïdes, un conducteur à huit fois plus de chances d'avoir un accident, et dix fois plus après avoir consommé de la cocaïne.
Il est donc évident, aujourd'hui, que la conduite avec les facultés affaiblies par la drogue est un fléau tout aussi important, voire plus important que celui de la conduite avec les facultés affaiblies par l'alcool. Il serait donc normal de croire que le nombre d'arrestations de conducteurs aux facultés affaiblies par la drogue soit similaire au nombre d'arrestations de conducteurs aux facultés affaiblies par l'alcool. Eh bien, ce n'est pas le cas, et il est là le réel problème.
Au Canada, malgré le fait que le nombre de conducteurs aux facultés affaiblies par la drogue est similaire au nombre de conducteurs aux facultés affaiblies par l'alcool, le nombre d'arrestations n'est d'aucune façon comparable. Selon le gouvernement du Canada, 97 % des poursuites intentées au Canada en 2013 pour des affaires impliquant la conduite avec facultés affaiblies étaient liées à la consommation d'alcool, par rapport à seulement 3 % pour les cas de drogue. C'est complètement disproportionné par rapport aux réelles statistiques. Pourquoi?
C'est simplement parce qu'actuellement, il n'y a aucun appareil de contrôle routier qui permette de dépister la conduite avec facultés affaiblies par la drogue. Par exemple, comme on le sait tous, les policiers qui soupçonnent un automobiliste d'être sous l'effet de l'alcool peuvent facilement lui demander de se soumettre à l'éthylotest afin de vérifier son niveau d'intoxication. Toutefois, si un policier croit qu'un conducteur a consommé de la drogue, il ne peut malheureusement pas utiliser un outil similaire, car la législation actuelle ne le permet tout simplement pas.
Voici comment le Code criminel du Canada fonctionne actuellement. Si un policier soupçonne un conducteur d'avoir les facultés affaiblies, il lui fait passer un premier test, l'éthylotest. Si l'individu obtient un résultat négatif à l'éthylotest, mais que le policier a des motifs raisonnables de croire que le conducteur est sous l'effet d'une drogue, il peut formuler une demande afin que le suspect passe le test de sobriété normalisé. En d'autres mots, on demande à la personne de marcher, de se retourner et de se tenir sur un pied en équilibre, sans plus.
C'est à la suite de ce test réalisé sur le bord de la route que le policier décide s'il faut conduire ou non le suspect au poste de police afin de le faire évaluer par un expert en reconnaissance des drogues. Si le conducteur est amené au poste de police, le conducteur subira un examen qui comprend une série de 12 tests d'observation cliniques, tels que la pression artérielle, le pouls et la dilatation des pupilles, ainsi que d'autres tests liés au comportement ou à l'attention partagée, comme se tenir droit, pieds joints, bras tendus, fermer les yeux, garder son équilibre, et ainsi de suite. La durée totale de ces tests est de 45 minutes.
Après ces tests, si l'expert en reconnaissance de drogues juge qu'il y a présence d'une drogue, il exigera un échantillon d'urine ou de sang. Si les tests confirment la présence de la drogue en question après une analyse en laboratoire, le conducteur s'expose alors à une accusation de conduite avec les facultés affaiblies en vertu du Code criminel et il subira un procès.
Cela dit, en l'absence d'un instrument comparable à l'alcootest qui permettrait aux corps policiers de détecter facilement, en bordure de route, si un conducteur a les facultés affaiblies par la marijuana ou non, la démarche s'avère très complexe, sans compter la lourdeur de la procédure administrative qui s'ensuit. Plus inquiétant encore, il n'y a même pas d'expert en reconnaissance de drogues dans tous les postes de police du Canada. Cela laisse ainsi la porte grande ouverte aux conducteurs intoxiqués par les drogues. On espère avoir un ou deux de ces experts au maximum par poste de police au Canada.
Sans un instrument de détection qui permettra de détecter facilement et rapidement les conducteurs fautifs, le problème de la conduite avec les facultés affaiblies par la drogue perdurera et continuera d'être la cause de nombreux décès au Canada. C'est pourquoi le projet de loi tombe à point, parce qu'il aborde directement ce problème, en apportant les amendements nécessaires au Code criminel.
Tout d'abord, le projet de loi donnera au procureur général du Canada, pas au gouvernement ni aux partis politiques, le pouvoir d'autoriser l'utilisation d'un appareil ou de plusieurs genres d'appareils de détection approuvés permettant d'identifier la présence de drogues dans l'organisme, sur le bord des routes. Un tel appareil sera approuvé par le procureur général du Canada, après consultation auprès d'experts en sciences judiciaires. Le même processus est utilisé pour approuver les appareils de détection d'alcool.
En outre, le projet de loi fera en sorte qu'un policier, en présence de motifs raisonnables de soupçonner des facultés affaiblies par les drogues chez un conducteur, pourrait demander à ce dernier de subir le test d'un appareil de détection des drogues. L'appareil ne serait donc pas utilisé sans motifs raisonnables. Cette démarche est semblable à la procédure applicable, en bord de route, à l'égard d'un conducteur soupçonné d'avoir les facultés affaiblies par l'alcool. Ce n'est rien de différent de ce que les policiers font déjà dans le cas de l'alcool.
Finalement, en présence de cas évidents de conduite avec les facultés affaiblies par de la drogue, un policier pourrait demander qu'un échantillon d'urine ou de sang soit pris au poste de police, sans devoir passer par les 12 étapes, étant donné qu'il aurait déjà fait le test avec l'appareil de l'agent évaluateur. Cette dernière partie du projet de loi ferait en sorte que le test de coordination, les observations, de même que le résultat de l'appareil de détection permettent au policier d'avoir des motifs raisonnables de croire que les facultés sont affaiblies.
J'ai eu la chance de parler à un haut dirigeant de l'école qui forme les policiers du Québec. Je peux ainsi dire que la démarche actuelle est très complexe et que le nombre d'agents évaluateurs n'est pas suffisant pour répondre à la demande. L'appareil de détection serait donc accueilli à bras ouverts et il constituerait un outil supplémentaire permettant d'économiser un temps précieux. Ces changements permettront essentiellement de rendre la détection des drogues davantage similaire à la détection de l'alcool, grâce à l'utilisation d'un appareil de détection. Ce processus permettrait donc aux policiers de détecter plus rapidement et facilement les conducteurs fautifs.
En matière de drogue, le temps est un facteur important. Plus vite on identifie un conducteur, plus vite on peut connaître avec précision son taux d'intoxication, car la drogue est rapidement absorbée par le corps.
Il est également bon de noter que le Canada ne serait pas le premier pays à adopter une telle façon de faire. En effet, des pays qui n'envisagent même pas de légaliser la marijuana utilisent déjà cet instrument depuis une dizaine d'années. Il s'agit de l'Australie, du Royaume-Uni, de l'Espagne, de l'Italie, de la France, de la Finlande, de l'Allemagne et de plusieurs autres pays occidentaux. Dans ces pays, cet instrument permet aux policiers de mieux faire leur travail et de prévenir de nombreux accidents et décès. Ultimement, c'est la sécurité de la population qui est améliorée et ce sont des vies qui sont sauvées.
Encore plus important, l'utilisation d'un tel dispositif de détection des drogues par les policiers permettrait de dissuader les conducteurs qui envisagent de conduire leur véhicule après avoir consommé des drogues. En effet, à l'heure actuelle, nombreux sont ceux qui consomment des drogues au lieu de l'alcool, parce qu'ils croient qu'ils ont moins de chance de se faire prendre.
Cela dit, si le risque de se faire prendre augmente chez les utilisateurs en raison de l'arrivée d'un appareil de détection des drogues, il est fort probable que cela aura un effet dissuasif et permettra de réduire le nombre de conducteurs ayant les facultés affaiblies par la drogue, comme ce fut le cas de l'alcool lorsque les éthylomètres sont arrivés dans le système. Bien que les campagnes de sensibilisation et d'éducation soient importantes, le risque de se faire arrêter et d'être jugé au criminel pour avoir mis la sécurité de la population en danger est certainement plus contraignant qu'une simple bande-annonce à la télévision.
Ce soir, j'invite les gens qui m'écoutent à parler à leurs adolescents et à leur demander ce que leurs amis pensent de la drogue au volant. Des sondages effectués auprès des adolescents et des consommateurs de marijuana démontrent que nombreux sont ceux qui ne croient pas être un danger sur la route s'ils conduisent après avoir consommé des drogues. Les différents sondages effectués démontrent que plus de 50 % des gens qui disent eux-mêmes consommer de la marijuana ou une autre drogue ne considèrent pas qu'ils sont un risque ou un danger public sur la route.
De plus, bien que ce projet de loi soit nécessaire et qu'il permette de répondre à une problématique déjà bien présente, nul n'est besoin de dire que le projet de loi du gouvernement libéral, qui vise à légaliser la marijuana avant le 1er juillet 2018, rend cet enjeu et le besoin d'adopter cette loi encore plus pressants. Si les chiffres sont déjà alarmants à l'heure actuelle, on imagine ce que ce sera une fois qu'il sera légal pour les Canadiens d'acheter, de cultiver et de consommer de la marijuana. Je ne peux qu'imaginer une augmentation de la consommation et une augmentation du nombre de conducteurs ayant les facultés affaiblies par la drogue. C'est d'ailleurs ce qui est arrivé sur les territoires qui ont légalisé la marijuana. Je me permettrai d'en citer quelques exemples.
Selon Brian Capron, directeur du laboratoire de toxicologie de Washington, depuis que l'État de Washington a légalisé la marijuana, c'est plus du tiers des conducteurs en état d'ébriété qui sont sous l'influence de la drogue, et on teste plus de 13 000 cas annuellement.
Je soulignerai les propos du Dr Chris Rumball du Nanaimo Regional General Hospital. Selon lui, le plan du visant à légaliser la marijuana, devrait tenir compte des tristes expériences américaines. Dans l'État de Washington, les accidents mortels causés par des conducteurs dont le contrôle de marijuana était positif ont doublé, passant de 8 % en 2013 à 17 % en 2014, après la légalisation. Au Colorado, ce nombre a triplé, passant de 3,4 % à 12,1 %.
Kevin Sabet, ancien conseiller de Barack Obama en matière de politique sur la drogue, a été très clair. Il a dit que le Colorado avait vu une augmentation des accidents de voiture à cause de la consommation de marijuana.
Même un document du ministère de la Justice du Canada, obtenu grâce à la Loi sur l'accès à l'information bien que ce soit difficile d'avoir accès à certains documents, révèle des faits troublants. Voici ce que le document de breffage de la ministre indique: « Sur les routes du Colorado, par exemple, dans l'année qui a suivi la légalisation de la marijuana, il y a eu une augmentation de 32 pour cent de la mortalité liée à la conduite sous l'influence de marijuana. » De ce côté-ci de la Chambre, nous n'inventons rien.
Les policiers du Colorado nous donnent également un avertissement. Selon eux, les forces de l'ordre devraient se préparer à une augmentation des conducteurs avec les facultés affaiblies par la drogue si le gouvernement légalise le cannabis. Quand le Colorado a légalisé la marijuana, en 2014, les corps policiers n'étaient pas prêts à faire face aux difficultés.
Le lieutenant-colonel de la police du Colorado met le doigt directement sur le bobo. Le Colorado, après la légalisation de la marijuana, n'était pas prêt à faire face à une augmentation des conducteurs ayant les facultés affaiblies par la drogue, et cela a mené à une augmentation de 32 % de la mortalité dans cet État, à la suite d'accidents.
Le projet de loi a déjà franchi avec succès l'étape du Sénat, et il peut donc devenir une loi dans quelques mois, voire même dans quelques semaines si le gouvernement le veut bien. Si on attend un autre projet de loi afin d'apporter les mêmes changements, nous retardons la mise en place de ces mesures permettant de prévenir des accidents mortels.
Par ailleurs, les policiers demandent des appareils de détection. Cependant, ils ne veulent pas ces appareils le 1er juillet 2018, ils les veulent cette année, avant que le gouvernement ne légalise la marijuana.
Voilà pourquoi ce projet de loi est nécessaire maintenant. C'est pour cela que je demande à mes collègues de l'autre côté de la Chambre de bien vouloir mettre de côté la partisanerie et de soutenir ce projet de loi, qui permettra de sauver des vies.
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Monsieur le Président, je prends la parole au sujet du projet de loi .
J'aimerais tout d'abord remercier sincèrement le député de d'avoir parrainé le projet de loi à la Chambre afin d'attirer l'attention des députés sur la conduite avec les capacités affaiblies dans le cadre de cette importante discussion. Je tiens aussi à exprimer mon respect et ma gratitude au sénateur de Mille Isles, qui a parrainé le projet de loi à l'autre endroit.
Nous pouvons tous convenir que la conduite avec les capacités affaiblies par les drogues est un problème grave et croissant. Tout comme c'est le cas avec l'alcool, la conduite avec les capacités affaiblies par les drogues est un problème présent dans tous les groupes d'âge et groupes socioéconomiques. Il est présent en particulier, mais non exclusivement, chez les jeunes hommes dans la vingtaine qui prennent le volant après avoir fumé du cannabis. Souvent, ils combinent cette activité à la consommation d'alcool. Les données scientifiques prouvent qu'il est beaucoup plus dangereux de conduire sous l'influence de deux substances que de conduire après avoir consommé seulement de l'alcool ou du cannabis.
La conduite avec les facultés affaiblies, que ce soit par les drogues ou l'alcool, est un crime grave. Nous connaissons trop bien les cas de décès, de blessures et de dommages matériels attribuables à des personnes qui ont pris la décision de conduire avec les facultés affaiblies. Il ne s'agit pas d'un crime sans victimes, mais d'un crime qui peut rapidement faire d'innocentes victimes sur la route sans avertissement. Le problème, c'est que trop de gens semblent croire qu'une telle chose ne leur arrivera pas, et ils prennent la décision de conduire avec les facultés affaiblies par une drogue, l'alcool, ou les deux. Il faut devenir une société dans laquelle la tendance est de ne jamais conduire avec les facultés affaiblies par la drogue ou l'alcool.
À ce sujet, je suis heureux d'annoncer que le gouvernement est fermement résolu à renforcer les lois et les mesures d'application pour décourager et punir les délinquants dangereux sur la route.
Même si nous appuyons les intentions derrière le projet de loi d'intérêt public émanant du Sénat, je sais que mon collègue de Cowichan—Malahat—Langford sera heureux d'apprendre que le gouvernement présentera sa propre réponse globale au problème de la conduite avec les facultés affaiblies par la drogue dans le cadre de son approche en matière de légalisation et de réglementation stricte du cannabis, que nous présenterons au printemps 2017.
Pour élaborer une stratégie exhaustive de lutte contre la conduite avec capacités affaiblies par la drogue, il faut prendre en compte des problèmes dont la complexité est beaucoup trop grande pour que l'on puisse les résoudre simplement par des amendements au projet de loi d'intérêt public émanant du Sénat.
Cela dit, le ministère de la Justice a chargé son conseiller scientifique en matière de conduite avec facultés affaiblies, soit le Comité des drogues au volant de la Société canadienne des sciences judiciaires, d'évaluer la validité de la technologie de dépistage de drogues par liquide buccal. Selon le Comité des drogues au volant, la technologie permet de détecter de façon fiable le tétrahydrocannabinol, soit l'ingrédient actif du cannabis, ainsi que la cocaïne, les méthamphétamines et plusieurs opioïdes. Le Comité des drogues au volant est en train d'établir des normes pour l'évaluation d'appareils de détection de drogues soumis par divers fabricants en vue de leur approbation par la procureure générale du Canada et de leur utilisation par les services de police de l'ensemble du pays. Les recherches et les recommandations du Comité des drogues au volant aideront le gouvernement à élaborer un cadre de réglementation en fonction des politiques fondées sur les données probantes et des données scientifiques.
Toutefois, les appareils de détection de drogues par liquide buccal ne sont pas suffisants pour résoudre le problème, et l'approche proposée dans le projet de loi n'est tout simplement pas assez exhaustive pour combattre efficacement le problème complexe de la conduite avec facultés affaiblies par la drogue. Selon le rapport final du groupe de travail fédéral sur la légalisation et la réglementation du cannabis, les témoins qui ont comparu devant le groupe de travail ont dit être très préoccupés par la conduite avec facultés affaiblies par la drogue, et ils ont recommandé que le gouvernement se penche sur l'établissement d'une « limite légale » de concentration pour la conduite.
Le problème, c'est que le projet de loi propose seulement d'autoriser la police à utiliser un appareil de détection de drogues par liquide buccal lors de contrôles routiers, afin de faire enquête selon les dispositions actuelles qui visent l'infraction criminelle de conduite avec capacités affaiblies par une drogue ou par un mélange de drogue et d'alcool.
Or, à l'heure actuelle, le Code criminel ne prévoit aucune limite légale pour une drogue autre que l'alcool, et le projet de loi ne propose aucune infraction visant une limite légale de concentration de drogue. S'il était adopté, ce projet de loi permettrait à la police d'employer un nouvel outil de dépistage de drogues qui ne servirait qu'à faire enquête selon les dispositions actuelles qui visent l'infraction de conduite avec capacités affaiblies par une drogue.
Il est assez compréhensible que, vu ses limites, ce projet de loi ne propose aucune concentration maximale de drogue dans l'organisme au-delà de laquelle il serait interdit de prendre le volant. Le Groupe de travail sur la légalisation et la réglementation du cannabis a lui-même choisi de s'en remettre au travail réalisé par le comité des drogues au volant de la Société canadienne des sciences judiciaires.
Par conséquent, je m'interroge en tout respect sur le sens du projet de loi , qui propose l'utilisation d'un appareil de détection des drogues à partir d'un échantillon de liquide buccal sans préciser la concentration de drogue au-delà de laquelle on considérera qu'il y a infraction, du moins pour les drogues que l'on retrouve le plus souvent dans l'organisme des conducteurs, ce qui devrait inclure le THC, soit l'ingrédient psychoactif du cannabis.
L'appareil de détection des drogues comprend une trousse jetable servant à recueillir le liquide buccal ainsi qu'un analyseur. Il vérifie si une drogue donnée est présente dans le liquide buccal, et non si les facultés du conducteur sont affaiblies. Le projet de loi prévoit que l'appareil de détection par échantillonnage du liquide buccal serait utilisé par la police sur la voie publique dans l'unique but de déterminer si les conducteurs interpellés auraient commis une infraction de conduite avec les facultés affaiblies par la drogue.
À l'inverse, le Royaume-Uni a adopté en 2016 un projet de loi qui fixait la concentration maximale de drogue dans l'organisme et qui prévoyait en même temps l'utilisation des appareils de détection de drogue pouvant être utilisés pour faciliter les enquêtes sur les infractions de conduite avec une concentration excessive de THC ou de cocaïne dans l'organisme. Les médias nous apprennent que dix fois plus d'accusations pour conduite avec facultés affaiblies par la drogue ont été portées au Royaume-Uni dans l'année ayant suivi l'entrée en vigueur de cette loi beaucoup plus complète et efficace.
Au Royaume-Uni, comme je l'ai laissé entendre il y a un instant, seulement deux drogues sont recherchées avec l'appareil de détection à échantillonnage de liquide buccal. Il s'agit du THC, soit le composé chimique actif que l'on trouve dans le cannabis, ainsi que la cocaïne. Ces deux drogues sont celles qui sont le plus souvent présentes dans l'organisme des conducteurs aux facultés affaiblies par la drogue.
Même si l'appareil décèle la présence de THC ou de cocaïne dans l'échantillon de liquide buccal, il n’y a pas d’accusation au criminel qui puisse être portée uniquement en se fondant sur cette preuve. Les policiers britanniques demandent plutôt au conducteur de fournir un échantillon de sang qui sera analysé en laboratoire afin d’établir la concentration de drogues, y compris les drogues que l'appareil ne permet pas de détecter. Il y aura une accusation pour dépassement de la limite permise au Royaume-Uni seulement si l’analyse sanguine révèle que la concentration de drogues dans le sang du conducteur excédait cette limite.
Nous savons tous qu’il y a un éventail de drogues autres que le tétrahydrocannabinol et la cocaïne qui affaiblissent les facultés. Il nous faut donc adopter d’autres méthodes d’enquête dans le cas des drogues non décelées par l'appareil de détection.
Au Canada, le Parlement a modifié le Code criminel en 2008 pour que les policiers disposent d'un outil de détection des drogues lors des contrôles routiers leur permettant d'enquêter sur les cas de conduite avec facultés affaiblies par l’effet d’une drogue. S’ils ont des motifs raisonnables de soupçonner qu’un conducteur a consommé de la drogue, les policiers peuvent exiger de lui qu’il se prête à un test normalisé de sobriété administré sur place. Il s’agit d’un test physique consistant, par exemple, à marcher en ligne droite, à tourner et à se tenir sur une jambe en bordure de route.
Si le conducteur ne réussit pas à convaincre les policiers, ceux-ci ont alors des motifs raisonnables de croire qu'il s'est rendu coupable d'avoir conduit avec les facultés affaiblies par la drogue ou par une combinaison d'alcool et de drogue. Les policiers exigent alors que le conducteur subisse une évaluation réalisée par un agent spécialisé appelé « expert en reconnaissance de drogues ».
L'agent en question vérifie alors les signes vitaux du conducteur, il lui fait subir une série de tests physiques, il observe le mouvement de ses yeux et la dilatation de sa pupille et il lui fait subir un alcootest sur un appareil de détection approuvé. Quand je dis qu'il a été approuvé, je veux dire qu'il a reçu l'aval du Comité drogues au volant et qu'il figure dans la réglementation connexe. Si l'expert en reconnaissance de drogues estime qu'une catégorie de drogue a affaibli les facultés du conducteur, il lui demande alors de fournir un échantillon d'une substance corporelle — sang ou urine — qui sera analysé en laboratoire.
Il est possible de faire le parallèle entre certains aspects du projet de loi et le test normalisé de sobriété administré sur place dans la mesure où un résultat positif sur l'appareil de détection de drogues pourrait aussi obliger le conducteur fautif à se faire évaluer par un expert en reconnaissance de drogues. Cela dit, je ne crois pas qu'il suffise d'accorder aux policiers le pouvoir d'utiliser un appareil de détection de drogues pour régler le gravissime problème de la conduite avec les facultés affaiblies par la drogue. Ce serait beaucoup plus efficace si on inscrivait aussi dans la loi la quantité limite de drogue qui peut se retrouver dans l'organisme.
Le gouvernement a la ferme intention de proposer une stratégie globale de lutte contre la conduite avec les facultés affaiblies par la drogue. Les Canadiens seraient beaucoup mieux protégés contre les chauffards intoxiqués ou ivres si nous pouvions compter sur une telle approche globale, je crois que tout le monde s'entend là-dessus.
Malheureusement, même si le projet de loi part d'une bonne intention, le cadre juridique qu'il propose n'a rien de nouveau et il ne permettrait pas de régler le problème de la conduite avec les facultés affaiblies par la drogue. J'invite donc tous les députés à attendre la mesure législative globale dont je parlais à l'instant pour que le Parlement puisse proposer une stratégie d'intervention plus efficace.
L'expérience m'a montré — et ma carrière de policier m'en a appris un rayon sur la sécurité routière — que les policiers et les procureurs ont besoin de lois, de moyens technologiques, de formation et de ressources pour faire leur travail. Nous devons également miser sur la sensibilisation du grand public afin que tous les citoyens évitent de mettre la vie de qui que ce soit en danger en faisant le choix socialement responsable de ne pas prendre le volant lorsqu'ils ont bu ou consommé de la drogue.
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Monsieur le Président, c'est avec plaisir que j'interviens aujourd'hui au sujet du projet de loi . Je remercie le leader de l'opposition au Sénat d'avoir élaboré cette mesure et de l'avoir parrainée à la Chambre haute. Je tiens aussi à remercier le député de , qui l'a présentée à la Chambre des communes.
À titre de porte-parole du NPD en matière de justice et d'affaires relevant du procureur général, j'ai recommandé à mon caucus d'appuyer ce projet de loi afin qu'il puisse être soumis à l'examen du Comité permanent de la justice et des droits de la personne. Je suis heureux que le nous ait présenté ses observations ce soir. Comme le gouvernement a l'intention de légaliser et de réglementer la marijuana, il est rassurant pour les députés de savoir que le gouvernement nous présentera bientôt son approche globale.
Quand le projet de loi à l'étude a été présenté à la Chambre, il était accompagné d'un document de référence exhaustif. J'ai recommandé à mon caucus de soutenir cette mesure parce qu'il m'apparaît essentiel de faire tout notre possible pour assurer la sécurité des Canadiens sur les routes. Les statistiques fournies dans le document d'accompagnement sont révélatrices. Selon l'organisme Les mères contre l’alcool au volant Canada, en 2012, les conducteurs ayant consommé de la drogue ont été liés à 614 décès sur les routes, et les conducteurs en état d'ébriété, à 476 décès. De toute évidence, il faut agir.
Cela dit, des intervenants ont été consultés au sujet du projet de loi, et celui-ci pose problème à certains d'entre eux. Il y a par exemple l'Association canadienne des chefs de police, qui appuie le projet de loi en principe, mais, après avoir examiné les différentes mesures législatives portant sur ce sujet, elle préférerait que ces mesures soient combinées afin de créer une stratégie gouvernementale cohérente.
En ce qui concerne ce deuxième projet de loi d'initiative parlementaire dont nous débattons ce soir, le projet de loi , qui porte sur les détecteurs passifs, c'est toute une coïncidence que l'une des recommandations soit que le gouvernement joue un rôle de premier plan pour veiller à ce que le ministère de la Justice et ses ressources participent pleinement. Quand on examine les divers projets de loi d'initiative parlementaire qui traitent de telles questions, on constate parfois qu'ils sont axés sur le fait de corriger un seul problème plutôt que d'envisager la situation dans son ensemble. Voilà un élément qu'il faut prendre en compte.
Bien sûr, l'organisme Les mères contre l'alcool au volant, que j'ai mentionné dans ma question, a déclaré qu'il y a des problèmes. Il voudrait que ses représentants puissent témoigner devant le comité parlementaire, mais il estime qu'une approche fragmentaire n'est pas la bonne façon d'aller de l'avant dans ce dossier.
L'un des problèmes du projet de loi vient du fait qu'il n'établit pas de seuil à partir duquel le niveau de THC est intrinsèquement illicite, comme le l'a mentionné. On ne connaît pas au juste le seuil de présence de THC, ou de n'importe quelle drogue, dans le sang au-delà duquel l'affaiblissement des facultés est tel qu'il mérite une amende.
Comme on l'a mentionné, la possession de cocaïne est bien sûr illégale. Nous ne savons toujours pas quelle quantité de cette drogue, ou de THC, cause un affaiblissement des facultés tel que le définit le Code criminel. Prenons l'exemple de l'alcoolémie pour expliquer aux députés ce que l'on entend lorsque l'on parle de la limite à partir de laquelle la consommation est intrinsèquement illicite. Selon la province ou le territoire, un niveau d'alcoolémie de 0,05 % ou de 0,08 % est suffisant pour imposer une interdiction ou une peine.
Il est important de mettre fin à la conduite avec facultés affaiblies, certes, mais il faut établir clairement les quantités qui causent un affaiblissement des facultés. Les personnes absorbent les drogues différemment selon leur poids. Il faut donc déterminer exactement la quantité minimale qui cause un affaiblissement des facultés.
Nous avons parlé de la nécessité d'une stratégie globale. Je suis certain que nous recevrons de bonnes nouvelles à ce sujet la semaine prochaine. Entretemps, nous pouvons consulter le rapport publié par le Groupe de travail sur la légalisation et la réglementation du cannabis, qu'on a abondamment cité.
Beaucoup de recommandations formulées par le groupe de travail ne semblent pas faire partie du projet de loi, notamment celle qui consiste à réaliser immédiatement des investissements et à travailler avec les provinces et les territoires pour développer une stratégie nationale exhaustive d'éducation du public pour envoyer un message clair aux Canadiens: le cannabis cause l'affaiblissement des facultés, et la meilleure façon d'éviter de conduire avec des facultés affaiblies est de ne pas consommer avant de prendre le volant, tout simplement. Le groupe de travail recommande également d'investir dans la recherche pour mieux établir le lien entre les niveaux de THC, l'affaiblissement des facultés et le risque d'accident, afin d'appuyer la détermination du seuil à partir duquel le niveau de THC est intrinsèquement illicite.
Le groupe de travail recommande de déterminer s'il est nécessaire d'établir une limite à partir de laquelle la consommation est intrinsèquement illicite dans le cadre d'une approche exhaustive pour la conduite avec facultés affaiblies par le cannabis, en tenant compte des conclusions du Comité sur la conduite sous l'influence des drogues; de réexaminer les limites de consommation illicite si une corrélation fiable est établie entre les niveaux de THC et l'affaiblissement des facultés; de soutenir l'élaboration d'un dispositif de dépistage de la drogue en bord de route pour détecter les niveaux de THC et d'investir dans ces dispositifs; et, enfin, d'investir dans la collecte de données de référence et dans la surveillance et l'évaluation continues, en collaboration avec les provinces et les territoires.
Nous sommes heureux que la stratégie globale doive être établie parallèlement à la mise en oeuvre de la réglementation et de la légalisation du cannabis. Au bout du compte, ce que les Canadiens attendent surtout des députés, c'est qu'ils fassent en sorte que la sécurité publique occupe une place importante dans les règlements élaborés. C'est particulièrement vrai dans les décisions aussi révolutionnaires que la légalisation du cannabis au Canada, une substance qui fait depuis toujours l'objet d'interdictions et de sanctions. Ce sera tout un changement pour la société canadienne. Nous devons tout faire pour que la mise en oeuvre se déroule de façon responsable et nous devons nous pencher sur les dangers associés à la conduite avec les facultés affaiblies par la drogue.
Le Centre canadien de lutte contre les toxicomanies affirme dans son rapport de 2016 que, dans le cadre de l'approche globale en matière de conduite avec les facultés affaiblies par la drogue, il faut mettre en place des lois qui fixent la limite à partir de laquelle la consommation de certaines drogues intrinsèquement illicite. On a déjà dit que cela veut dire qu'il faut améliorer la formation offerte aux policiers sur les signes et les symptômes de la consommation de drogue, établir un programme efficace d'évaluation et de classification des drogues et instaurer le dépistage de drogue par voie orale.
Selon le National Institute on Drug Abuse des États-Unis, les conducteurs qui ont du THC dans le sang sont deux fois plus susceptibles d'être responsables d'un accident mortel. Toutefois, le THC reste détectable dans les fluides corporels des jours et même des semaines après l'intoxication.
Nous ne voulons pas nous retrouver avec des cas de personnes qui consomment de la drogue un vendredi, qui n'ont plus les capacités affaiblies le lundi, mais qui ont encore des traces de THC dans le sang. C'est pourquoi il est aussi essentiel de définir la quantité précise de drogue qui cause l'affaiblissement des facultés.
Cela dit, nous sommes heureux du fait qu'un programme global et une approche exhaustive seront bientôt mis en oeuvre pour bien faire les choses.
J'ai invité les députés de mon parti à appuyer le projet de loi. Je crois, en principe, qu'il doit être davantage étudié par le Comité permanent de la justice et des droits de la personne tout simplement parce que la conduite avec facultés affaiblies est la principale cause criminelle de décès au Canada. Elle tue plus de 1 200 Canadiens par année.
Je ne peux qu’apporter mon appui à un projet de loi qui est fondé sur ce principe. J’espère que tous les députés feront de même.
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Monsieur le Président, je suis heureuse d’intervenir aujourd’hui à la Chambre pour parler en faveur du projet de loi , Loi sur la détection de la conduite avec les capacités affaiblies par les drogues.
Je tiens à remercier le sénateur Claude Carignan de s’être consacré à ce projet de loi et de l’avoir piloté au Sénat, et je remercie mon collègue de l’avoir présenté à la Chambre.
Le projet de loi vise à autoriser les agents d’application de la loi à utiliser, lors de contrôles routiers, des appareils de détection servant à déceler la présence de drogue chez les conducteurs soupçonnés d’avoir les capacités affaiblies.
Le pouvoir d’utiliser des appareils de détection des drogues non invasifs semblables à ceux dont on se sert aujourd’hui pour détecter l’alcool permettrait aux agents d’application de la loi de reconnaître immédiatement un conducteur qui est sous l’influence de drogues. Parmi les 75 000 incidents de conduite avec facultés affaiblies rapportés par la police à l’échelle nationale en 2015, 3 000 concernaient des facultés affaiblies par la drogue, dont sept ont causé la mort.
Pour moi, le projet de loi vise à rendre les routes et les collectivités beaucoup plus sécuritaires. Malgré l’absence de statistiques au sujet de la conduite avec facultés affaiblies par la drogue, l’information dont nous disposons est frappante. Ce qui est encore plus inquiétant, c’est la rapidité avec laquelle le gouvernement libéral s’oriente vers la légalisation de la marijuana, alors qu’il ne s’occupe pas des effets plus dangereux de la conduite avec facultés affaiblies. Le projet de loi s’avère nécessaire et opportun à l’approche des délais que le gouvernement actuel s’est fixés concernant la légalisation de la marijuana.
Je vais mentionner quelques statistiques du Centre canadien de lutte contre les toxicomanies concernant la marijuana et la sécurité routière. La marijuana est la drogue illicite la plus couramment présente chez les conducteurs impliqués dans des collisions mortelles de véhicules motorisés. Il s'agit également de la drogue illégale la plus courante chez les jeunes conducteurs. En Ontario, plus de jeunes conducteurs prennent le volant après avoir consommé de la marijuana qu'après avoir bu de l'alcool. En 2011, 13 % des jeunes Canadiens âgés de 15 à 24 ans ont admis avoir pris le volant après avoir consommé de la marijuana, mais seulement 11 % ont déclaré avoir pris le volant après avoir bu de l'alcool.
Les statistiques montrent une hausse rapide de la présence de drogues dans les accidents mortels de véhicules motorisés. Selon l'organisme MADD Canada, les mortalités dues à la conduite avec facultés affaiblies par la drogue surpassent maintenant par une marge de 25 % celles dues à l'alcool au volant. Nous investissons beaucoup d'efforts et d'argent dans la prévention de l'alcool au volant et dans les groupes de soutien travaillant à cette prévention. Or, nous commençons à prendre conscience du fait que la conduite avec facultés affaiblies par la drogue est statistiquement encore plus répandue.
À l'heure actuelle, les agents d'application de la loi disposent des outils dont ils ont besoin pour mesurer en bordure de route le taux d'alcool dans le sang. Toutefois, les outils pour mesurer l'affaiblissement des facultés par la drogue ne sont toujours pas disponibles au Canada. Par conséquent, il est considérablement plus difficile d'engager des poursuites en cas de conduite avec facultés affaiblies par la drogue, ce qui est pourtant une première étape nécessaire pour prévenir davantage les risques sur nos routes. Sans les outils nécessaires, les mortalités et les accidents dus à la conduite avec facultés affaiblies par la drogue continueront de se multiplier, mais pas les arrestations ni les chefs d'accusation. C'est inacceptable, et cela n'aide d'aucune façon à prévenir cette habitude dangereuse.
Le gouvernement fédéral doit faire de cela une priorité, surtout avant que la marijuana ne soit légalisée. D'autres pays ont déjà relevé ce défi et ont obtenu de très bons résultats avec leurs lois concernant la conduite avec facultés affaiblies par la drogue. Il existe des pratiques exemplaires que nous pouvons utiliser comme modèle, ou nous pouvons aussi créer un système entièrement canadien. Quoi qu'il en soit, les derniers détails du projet de loi concernant la conduite avec facultés affaiblies par la drogue doivent être réglés dès que possible.
J'aimerais expliquer pourquoi je crois que conduire avec les facultés affaiblies par la drogue est dangereux et nocif. En tant qu'animatrice de groupes de jeunes depuis plus de 32 ans, je peux expliquer les nombreux effets des drogues sur le corps humain. J'essaierai de me limiter aux effets et aux conséquences qui ont une incidence sur la capacité de conduire.
Les conducteurs dont les facultés sont affaiblies par la drogue peuvent avoir des temps de réaction plus lents, être désorientés ou être excessivement fatigués. Ils peuvent aussi avoir de la difficulté à se concentrer, à rester dans leur voie, à jauger les distances, à évaluer leur vitesse et à maintenir une vitesse constante. Les conducteurs dont les facultés sont affaiblies par la drogue peuvent également être plus facilement distraits par leur environnement à l'intérieur comme à l'extérieur du véhicule. Si ces personnes ont aussi consommé de l'alcool, cela ne fait qu'amplifier ces conséquences. De plus, les conducteurs dont les facultés sont affaiblies par la drogue peuvent aussi afficher d'autres signes de mauvais jugement, en décidant par exemple d'envoyer des messages texte ou de parler au téléphone en conduisant, deux comportements susceptibles de causer des décès.
Les effets d'une drogue sur un individu peuvent aussi évoluer dans le temps et augmenter ou diminuer rapidement. Les drogues peuvent avoir une incidence sur l'humeur, la vision ou l'état mental des conducteurs, et même des conséquences physiques sur ceux-ci.
L'un ou l'autre de ces facteurs peut faire augmenter le nombre d'accidents, de blessures ou de décès sur les routes du pays. Les appareils de détection prévus dans la loi permettraient aux agents d'application de la loi de patrouiller efficacement dans les rues et d'empêcher les conducteurs dangereux de prendre le volant. Les éléments de preuve recueillis au moyen des appareils de détection feraient augmenter les taux de condamnation et aideraient à sensibiliser la population à ce problème.
Selon le Centre canadien de lutte contre les toxicomanies, le nombre de décès sur les routes attribuables à la conduite avec les facultés affaiblies par la drogue est aussi élevé que le nombre de décès attribuables à la conduite avec les facultés affaiblies par l'alcool. L'organisme MADD possède des statistiques très semblables, qui montrent que, en 2016, on a enregistré 614 décès à la suite d'accidents de la route attribuables à la présence de drogue dans l'organisme du conducteur, comparativement à 476 décès attribuables à la présence d'alcool dans l'organisme du conducteur. Ces chiffres nous indiquent que, sur le plan statistique, la drogue semble plus dangereuse que l'alcool.
Dans la même veine que l'étude réalisée par MADD, les auteurs d'une enquête routière menée en 2012 en Colombie-Britannique ont prélevé des échantillons de salive et fait subir l'alcootest à des conducteurs volontaires. Les résultats finaux ont révélé que 7,4 % des conducteurs avaient les facultés affaiblies par la drogue, tandis que seulement 5,4 % d'entre eux avaient les facultés affaiblies par l'alcool.
Si l'on s'entend pour dire que les cas de conduite avec les facultés affaiblies par la drogue sont plus nombreux que les cas de conduite avec les facultés affaiblies par l'alcool et que les cas de conduite avec les facultés affaiblies par la drogue causent un grand nombre de décès, ne devrait-on pas légiférer à l'égard de la conduite avec les facultés affaiblies par la drogue de la même manière ou de manière plus sévère qu'à l'égard de la conduite avec les facultés affaiblies par l'alcool?
Logiquement, les dispositions législatives destinées à empêcher les conducteurs ayant les facultés affaiblies par la drogue de prendre le volant auraient un effet positif sur les collectivités du pays. Alors que le gouvernement libéral s'apprête à présenter son projet de loi sur la marijuana, nous devons veiller à ce que les agents d'application de la loi disposent des outils nécessaires pour protéger la population.
Il est aussi important de souligner que les cas mettant en cause la conduite avec les facultés affaiblies par la drogue prennent souvent deux fois plus de temps à être entendus par les tribunaux que ceux ayant trait à la conduite avec les facultés affaiblies par l'alcool. Les cas mettant en cause la conduite avec les facultés affaiblies par la drogue sont aussi moins susceptibles de déboucher sur un verdict de culpabilité.
L'utilisation de drogues en conduisant ou avant de conduire est en augmentation et ne fera qu'augmenter en raison de la mesure législative du gouvernement. Les statistiques qui relient la conduite avec les facultés affaiblies par la drogue aux accidents de voiture sont ahurissantes. Le taux de collision des utilisateurs de marijuana est de deux à six fois plus élevé que celui des conducteurs dont les facultés ne sont pas affaiblies. Les conducteurs chez qui on détecte l'utilisation de sédatifs ont de deux à huit fois plus de risque d'être impliqués dans un accident de la route mortel. Les conducteurs chez qui on détecte l'utilisation d'opioïdes ont jusqu'à huit fois plus de risque d'être impliqués dans un accident de la route, et les conducteurs dont les facultés sont affaiblies par la cocaïne ont de deux à dix fois plus de risque d'être impliqués dans une collision mortelle.
Des mesures législatives semblables au projet de loi sont déjà en place dans le monde entier. Aux États-Unis, plusieurs États qui ont légalisé la marijuana ont également instauré des mesures législatives sur son utilisation en conduisant un véhicule. Washington et le Colorado ont établi leur limite légale à cinq nanogrammes de THC par millilitre de sang, tandis que la limite du Nevada et de l'Ohio est plus basse, c'est-à-dire deux nanogrammes. D'autres États ont instauré des mesures législatives à tolérance zéro. Il sera difficile de déterminer ce qui est sécuritaire. Je suggère de laisser ces calculs aux professionnels de la santé et aux forces de l'ordre.
D'autres pays ont adopté des lois semblables, dont l'Australie, la Belgique, la Finlande, la France, l'Allemagne, l'Islande et le Royaume-Uni, et il y en a d'autres. Tous ces pays ont jugé utile de légiférer pour prévenir la conduite avec facultés affaiblies par la drogue. Nous accusons un retard à ce chapitre. Notre pays a l'obligation d'intervenir sur cette question. J'espère qu'une solution sera en place avant que nous légalisions la drogue illégale la plus consommée au pays.
Pour conclure, je dirai que je suis heureuse de parler de cette mesure législative importante qui tombe à point. À mesure qu'approche la date limite, il y a de nombreuses questions qui doivent être réglées, y compris celle du dépistage de drogues lors de contrôles routiers. Je pourrais en nommer de nombreuses autres et je suis certaine que, lorsque nous en serons au débat, nous le ferons.
Je demande au gouvernement d'assurer la sécurité de nos routes et des Canadiens. Nous disposons maintenant de bons outils pour prouver qu'un conducteur a les facultés affaiblies par l'alcool. Nous pourrions en avoir pour la drogue. Nous devons fournir à nos policiers le matériel nécessaire pour assurer la sécurité sur nos routes.
Le mouvement social contre la conduite en état d'ébriété est extraordinaire. J'espère qu'on mettra autant d'effort à prévenir la conduite avec facultés affaiblies par la drogue au Canada.
Tant que les appareils de détection ne seront pas présents partout au Canada, nous continuerons à mal détecter la présence de drogue dans l'organisme des conducteurs aux facultés affaiblies. À mesure que nous légaliserons la marijuana et que nous réduirons l'âge auquel les Canadiens pourront en consommer, le nombre de cas de conduite avec facultés affaiblies par la drogue ne fera qu'augmenter, particulièrement chez les jeunes adolescents, chez qui le problème est le plus répandu. Nous avons besoin de règles plus sévères et nous devons doter les policiers des outils nécessaires pour mieux les faire respecter.
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Monsieur le Président, aujourd'hui, je prends la parole à la Chambre au sujet du projet de loi , qui autoriserait l'utilisation d'appareils de détection approuvés pour déceler la présence de drogue dans l'organisme du conducteur d'un véhicule. Je remercie le député de d'avoir saisi la Chambre de cette importante question.
Le gouvernement a clairement expliqué sa position à l'égard de la conduite avec facultés affaiblies et de ses effets néfastes sur ses victimes. Les Canadiens ne peuvent pas tolérer que ce type de comportement irréfléchi et irresponsable soit sans conséquence. Les autorités doivent être dotées des outils nécessaires pour veiller à la sécurité du public. C'est pour cette raison que le a pris la parole à la Chambre le 9 février pour rassurer les députés en expliquant que la GRC et d'autres services de police partout au pays, en collaboration avec le gouvernement du Canada, mettent à l'essai un certain nombre d'appareils scientifiques destinés à déceler la conduite avec facultés affaiblies par la drogue lors de contrôles routiers. De plus, le ministre a promis que le gouvernement mettrait en place le régime juridique et scientifique requis pour s'attaquer à la conduite avec facultés affaiblies.
Le projet de loi arrive à un moment crucial, où le gouvernement s'apprête à remplir sa promesse électorale de légaliser la production de cannabis, de la réglementer strictement et de la taxer. Il y a longtemps qu'on aurait dû mettre fin au programme d'interdiction inefficace. Les dispositions législatives que le gouvernement prépare protégeraient davantage les enfants, qui ne pourraient plus acheter de la drogue en s'adressant à des revendeurs. Selon les nouvelles règles, le cannabis serait vendu dans des magasins réglementés, et l'acheteur serait obligé de produire une pièce d'identité avec photo. On protégerait ainsi les jeunes, et le marché noir n'aurait plus le contrôle de ce commerce. Le cannabis ne servirait plus à financer les activités du crime organisé. Les recettes provenant de la vente du cannabis pourraient être investies dans le système de santé, y compris les services de consultation et la sensibilisation.
Tandis que l'adoption à venir de cette mesure progressiste est accueillie favorablement par beaucoup de Canadiens, je sais qu'elle en inquiète d'autres. C'est pourquoi le gouvernement propose de réglementer strictement la production et la vente de cannabis.
Bien qu'il soit nécessaire de réglementer et de légiférer, cela ne suffit pas, et quoique je souscrive au but du projet de loi, il serait plus efficace de sensibiliser les gens pour éviter qu'ils prennent le volant alors qu'ils sont sous l'influence d'une drogue, plutôt que de punir les conducteurs aux facultés affaiblies par la drogue. Enseigner aux jeunes les effets de la consommation de cannabis est le meilleur moyen de veiller à ce qu'ils ne prennent jamais le volant avec les facultés affaiblies par la drogue ou l'alcool.
Le groupe de travail sur la légalisation et la réglementation du cannabis a entendu l'avis de nombreux Canadiens sur cette question précise. C'est pourquoi les membres du groupe de travail ont recommandé que tous les gouvernements travaillent en collaboration, c'est-à-dire que le gouvernement fédéral collabore avec les gouvernements provinciaux et territoriaux afin d'élaborer une stratégie nationale exhaustive d’éducation du public pour expliquer clairement aux Canadiens que le cannabis cause l’affaiblissement des facultés.
Les recommandations qui découlent du bon travail du groupe de travail ne sont pas tombées dans l'oreille d'un sourd, et le gouvernement a prévu dans le budget de 2017 des fonds destinés précisément à l'atteinte de cet objectif. Santé Canada appuiera des programmes d'éducation du public au sujet de la marijuana ainsi que des activités de surveillance avant que le gouvernement présente son plan de légalisation du cannabis. À cette fin, le gouvernement affectera un financement existant de 9,6 millions de dollars sur cinq ans, et de 1 million de dollars par année par la suite.
C'est pour que nous adoptions ce genre de politique sensée que les Canadiens nous ont élus en 2015. Nous avions pris un engagement électoral. Nous avions annoncé des consultations afin d'obtenir plus de rétroaction de la part des Canadiens, et le gouvernement a agi en tenant compte de leurs préoccupations.
Les Canadiens et le gouvernement du Canada comprennent que l'approche purement punitive est vouée à l'échec. À l'heure actuelle, le Canada affiche le plus fort taux de consommation de marijuana chez les jeunes parmi les pays développés. Le gouvernement fédéral doit collaborer avec les provinces et les territoires en vue d'adopter un plan d'action exhaustif sur la consommation abusive de drogue qui soit fondé sur les données scientifiques plutôt que sur une idéologie.
À l'heure actuelle, n'importe qui, y compris les mineurs, peut se procurer du cannabis plus facilement que de l'alcool ou du tabac. C'est parce que les mineurs n'ont pas besoin de s'adresser à une entreprise réglementée pour se procurer du cannabis. En ce moment, les narcotrafiquants sont les seuls fournisseurs, et le profit est leur seule motivation. Ils se fichent de l'âge, du contrôle de la qualité ou de la puissance du cannabis. Ni l'interdiction ni même la décriminalisation ne changeront cette attitude.
Bien que les députés de l'opposition officielle demeurent sceptiques à l'idée de légaliser la marijuana, de ce côté-ci de la Chambre, nous savons que ce changement a déjà trop tardé. La politique globale laissera les Canadiens libres de leurs choix tout en encourageant une consommation responsable. En parallèle, nous aurons recours aux technologies de pointe pour protéger les Canadiens contre les conducteurs aux facultés affaiblies.
En conclusion, les Canadiens peuvent être certains que le gouvernement et leur député n'accepteront aucun compromis au sujet de leur sécurité et de celle de leur localité. L'une des étapes cruciales consistera à fournir aux forces policières les outils qu'il leur faut, maintenant et à l'avenir, pour s'assurer que les conducteurs ne sont pas sous l'influence du cannabis.
C'est l'une des étapes nécessaires à l'établissement d'une politique de sécurité publique efficace. Tous les ordres de gouvernement doivent voir à fournir aux forces policières les appareils et la formation dont elles auront besoin pour protéger les citoyens et les collectivités contre les conducteurs aux facultés affaiblies.
Les gouvernements devront également adopter des lois efficaces pour encadrer la distribution, les tests et les contrôles de qualité, sans oublier les règlements de zonage des municipalités. Le gouvernement libéral est résolu à utiliser une approche pangouvernementale pour les politiques et la législation qui touchent la sécurité des personnes et des collectivités. Nous collaborerons avec nos partenaires provinciaux, territoriaux et municipaux, ainsi qu'avec les forces policières, afin d'offrir aux collectivités et aux gens qui y habitent une sûreté et une sécurité accrues. Nous devrons faire mieux que par le passé et protéger plus efficacement les collectivités et les citoyens, particulièrement les jeunes.
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Monsieur le Président, je suis très heureux d'intervenir ce soir au sujet du projet de loi .
Il y a un problème en Saskatchewan. C'est dans cette province que le nombre d'accusations de conduite en état d'ébriété est le plus élevé au Canada. C'est un problème qui existe depuis des décennies, voire depuis un siècle, et les habitants de la Saskatchewan sont très préoccupés.
La fille d'un ancien député de Blackstrap, Allan Kerpan, a été tuée dans un accident causé par un conducteur en état d'ébriété. De nombreuses personnes, dont cet ancien député, sont intervenues au cours des dernières années pour parler des répercussions de la consommation d'alcool, mais également de la consommation de drogue.
La conduite avec les capacités affaiblies par les drogues est un problème intéressant, puisque nous convenons tous que des appareils de détection devraient être installés dans les voitures maintenant, de sorte que la police puisse faire des contrôles pour vérifier la présence d'alcool ou de drogue. Nous sommes préoccupés par la mesure législative du gouvernement relativement à la marijuana. Elle n'a pas été mûrement réfléchie.
La semaine dernière, j'ai eu l'occasion de me rendre dans une école secondaire à Saskatoon, le Walter Murray Collegiate. C'est la plus grande école secondaire; elle compte plus de 1 500 élèves. J'ai eu l'occasion de parler de la mesure législative portant sur la marijuana. À ma grande surprise, la plupart des jeunes dans l'assemblée ont dit ne pas vouloir que la marijuana soit légalisée. C'est une surprise, parce que les libéraux ont toujours supposé que tout le monde était en faveur de la légalisation de la marijuana. Eh bien, ce n'est pas le cas. Les élèves s'y opposent. Cette question les préoccupe. Ils ont pu constater par eux-mêmes les répercussions de l'alcool et de la marijuana sur les familles.
Je parlais il y a quelques instants d'Allan Kerpan, qui siégeait ici dans les années 1990 et 2000, et de sa famille. Nous avons besoin d'un appareil permettant de détecter la présence de drogue si la marijuana doit être légalisée. Je n'apprendrai rien à personne en disant que les policiers municipaux et provinciaux ainsi que les agents de la GRC ont besoin de ces appareils dans leurs véhicules dès maintenant. Nous savons ce qui se passe d'un bout à l'autre du pays, et pas seulement sur les routes de campagne de la Saskatchewan. Nous devons absolument donner suite au projet de loi d'initiative parlementaire . Nous devons prendre les devants, et c'est précisément pourquoi mon collègue a présenté la mesure législative à l'étude. Il s'agit d'un grand pas en avant. De nombreuses familles du Canada ont été littéralement décimées par les accidents de la route.
Le moment pour présenter le projet de loi ne pouvait être mieux choisi. Les policiers ont besoin de ces appareils dès aujourd'hui. Des gens de partout au pays nous l'ont dit. L'Université de la Colombie-Britannique dispose d'un prototype prêt à être mis à l'essai. Nous en avons besoin sans tarder. L'Université de la Colombie-Britannique n'est pas le seul organisme du pays à vouloir mettre au point un appareil dont tous les véhicules de police pourraient être équipés; il y en a plein d'autres. C'est la voie à suivre. N'attendons pas la mesure législative qu'on nous promet pour plus tard cette année et qui risque d'entrer en vigueur seulement le 1er juillet 2018.
Il suffit de jeter un oeil sur le passé pour constater le grand nombre de familles qui ont subi les effets négatifs de l'alcool. Aurait-il été possible de prévenir ces situations? Bien sûr que oui. Des appareils qui peuvent détecter un taux d'alcool de 0,08 dans le sang sont nécessaires dans les véhicules aujourd'hui. Ce nombre a été réduit dans presque toutes les provinces et tous les territoires parce que nous reconnaissons maintenant qu'il ne faut pas boire et conduire. Il est évident que les drogues, comme la marijuana, représenteront un problème lorsque la loi sera adoptée. Voilà pourquoi je suis ravi d'appuyer le projet de loi à la Chambre des communes ce soir.