Que, de l'avis de la Chambre: a) les infrastructures publiques doivent servir aux concitoyens et non pas à enrichir des investisseurs privés; b) les Libéraux n'ont jamais dévoilé aux électeurs leur plan d'investissements privés dans les infrastructures publiques pendant les élections; c) les infrastructures construites par des intérêts privés coûteront plus que des infrastructures publiques; d) c’est un conflit d’intérêts que les sociétés privées, qui seront parmi les plus grandes bénéficiaires de la Banque de l’infrastructure du Canada, contribuent à la création et la conception de la Banque; e) cette Banque laissera aux contribuables un fardeau inacceptable de tarifs, de péages et de privatisations qui ne serviraient qu’à enrichir les investisseurs privés au détriment de l’intérêt public; f) les articles relatifs à la création de la Banque de l’infrastructure du Canada devraient être retirés du projet de loi C-44, Loi no 1 d’exécution du budget de 2017, afin d'être étudiés dans un projet de loi indépendant.
-- Monsieur le Président, je suis heureux de présenter cette motion.
[Traduction]
D'entrée de jeu, je vous signale que je partagerai mon temps de parole avec l'extraordinaire députée de .
[Français]
Comme on vient de l'entendre, nous présentons aujourd'hui la motion sur la Banque de l'infrastructure proposée par le gouvernement, que l'on pourrait appeler la banque de privatisation, la banque des promesses brisées, ou encore la banque des conflits d'intérêts. Ces synonymes sont tous adéquats pour décrire la proposition du gouvernement libéral.
Nous constatons que pendant la campagne électorale il y avait un enjeu très important, un enjeu qui inquiète toutes nos collectivités, tous les citoyens que nous représentons et j'ose même dire, tous les partis ici à la Chambre des communes. Il s'agissait, bien entendu, de nos infrastructures publiques. Évidemment, selon l'endroit où nous habitons, nous constatons des problèmes jour après jour. Si nous vivons près des grands centres, nous connaissons des problèmes de congestion routière et de temps qu'il faut pour se rendre au travail. Les citoyens d'une circonscription comme la mienne, Beloeil—Chambly, ou encore ceux qui vivent en région éloignée, connaissent des problèmes d'accès à l'Internet, entre autres.
Il y a toujours des problèmes d'infrastructure importants qui pèsent sur nos collectivités, et par la suite, sur les citoyens qui y habitent.
Ce que nous avons entendu durant la dernière campagne électorale, c'est une proposition de profiter des bas taux d'intérêts pour aider les collectivités et les provinces à capitaliser sur cette réalité et pouvoir investir l'argent du public dans leurs infrastructures publiques. Ce que nous constatons aujourd'hui c'est un plan qui propose une banque dite d'infrastructure, mais qui est surtout une banque de privatisation, une banque qui sert les citoyens qui viennent du secteur des finances, des groupes comme BlackRock, et non les gens qui vivent au quotidien les problèmes qui s'imposent avec nos infrastructures.
[Traduction]
Lorsqu'on regarde de plus près comment tout le dossier de la Banque de l'infrastructure est allé de l'avant, force est de conclure que les choses se sont passées en coulisses. Des groupes d'investissement, comme BlackRock, participent au projet. Nous avons d'ailleurs appris la semaine dernière que les représentants de ce groupe passent en revue avec les ministres les présentations et les messages clés associés à la Banque. Selon moi, cela indique clairement à qui cette proposition du gouvernement profitera le plus.
Il y a des faits concrets. Il ne s'agit pas seulement de s'en prendre aux investisseurs privés qui s'apprêtent à faire des gains au détriment des contribuables canadiens, mais aussi de prévenir les problèmes soulevés dans un document interne d'Infrastructure Canada, dont le Globe and Mail fait état dans un article paru ce matin. Quelques points abordés dans le rapport valent la peine d'être soulignés dans le contexte de la motion à l'étude aujourd'hui.
Tout d'abord, il faut prendre notre temps. Voilà qui est difficile à accomplir lorsque la proposition fait partie d'un projet de loi omnibus, une pratique que le Parti libéral avait promis d'éviter durant la dernière campagne électorale. Il est difficile de prendre le temps nécessaire lorsqu'on ne nous accorde qu'une ou deux heures pour étudier une proposition qui transformera les méthodes d'investissement en matière d'infrastructure au Canada et qui, de surcroît, aura une incidence négative sur les contribuables canadiens, encore une fois.
Quoi d'autre le rapport révélé aujourd'hui nous a-t-il appris?
Nous savons que cela pourrait ralentir les projets d'infrastructure. Pourquoi? Parce que cela va créer toutes sortes de problèmes juridictionnels.
Je voudrais lire une citation de l'article, si je puis me le permettre, qui illustre très bien le genre de problème que pose ce type de banques et le fait que l'on confie au secteur privé des responsabilités que le secteur public gère déjà très bien dans l'intérêt public. Elle se lit comme suit:
Utiliser des capitaux privés pour investir dans les services d'aqueduc du Canada est difficile. Cela nous obligerait à transformer l'industrie tout entière.
L'auteur prend comme exemple les services d'aqueduc, car, bien évidemment, les questions concernant l'eau sont parmi les plus importantes du domaine des infrastructures.
[Français]
Il est difficile d'étudier ce genre de questions fondamentales quand cela fait partie d'un projet de loi omnibus qui comprend tellement d'éléments importants et qui, soit dit en passant, est maintenant sous une motion d'attribution de temps. Donc on met fin au débat.
C'est la raison pour laquelle nous demandons au gouvernement de respecter plusieurs de ses engagements électoraux. Évidemment, nous parlons de l'engagement électoral d'investir de l'argent public dans les infrastructures publiques, mais nous lui demander aussi de scinder cet aspect du projet de loi. En effet, nous ne pouvons pas accepter un changement si important sans l'étudier comme il faut et avoir un projet de loi sur la question et uniquement sur cette question.
Si nous regardons les questions de la Banque de l'infrastructure et du projet de loi omnibus, un autre élément est problématique. Nous constatons que les postes sont déjà affichés pour le conseil d'administration. Donc on va de l'avant avec le choix de l'emplacement de la banque, le choix des amis libéraux qui composeront le conseil d'administration.
Tout cela se fait non seulement avant l'étude en comité, mais avant même que le Parlement se soit prononcé sur le projet de loi en tant que tel, que ce soit un projet de loi omnibus ou non. Cela est complètement inacceptable, compte tenu qu'il s'agit d'une question aussi fondamentale pour les infrastructures. Rappelons que les infrastructures sont l'une des responsabilités de compétence fédérale qui ont une incidence directe sur le quotidien des citoyens que nous représentons.
Au sujet de cette incidence sur le contribuable, rappelons que les libéraux ont été élus sur la base d'un engagement d'investir cet argent public, qu'on le veuille ou non. Là-dessus, nous pouvons être d'accord. Effectivement, nous devons investir l'argent public dans nos infrastructures publiques. Le besoin est criant. Nous pourrions avoir un autre débat sur le fait que ces investissements sont étalés sur 10, 11 ou 12 ans, et non sur une période plus courte, ce qui permettrait aux communautés qui en ont grandement besoin d'en profiter immédiatement, mais cela est une discussion à avoir un autre jour.
Concentrons-nous sur l'incidence sur le citoyen et parlons des frais d'utilisation et des péages. On demande aux contribuables de payer deux fois. On leur demande d'abord de payer des impôts, puisque nous avons un pacte social, au Canada, selon lequel nous acceptons d'investir l'argent public dans nos infrastructures pour nous assurer que les ponts ne s'écroulent pas lorsque nous nous rendons au travail. Le citoyen est prêt à accepter cela.
Par contre, il n'est pas prêt à accepter que le gouvernement investisse une partie importante de son argent dans les infrastructures, puis dise à ses amis, comme BlackRock, derrière des portes closes, qu'il va leur permettre de faire payer une deuxième fois les citoyens en leur imposant des frais d'utilisation et des péages.
Le gouvernement nous dit de ne pas nous inquiéter, qu'il n'y aura pas de péages ni de frais d'utilisation et que cela dépendra du projet, mais on se demande bien où les entreprises vont aller chercher un taux de rendement de 8 % ou plus si ce n'est pas dans les poches des citoyens, qui ont déjà investi dans leurs infrastructures par l'entremise des dépenses du gouvernement. Il est complètement inacceptable de demander à des familles de la classe moyenne, que ce dit toujours vouloir défendre, de payer deux fois pour ces infrastructures. Cela va à l'encontre des engagements pris par ce gouvernement.
[Traduction]
Je tiens à insister là-dessus, car il est important de savoir ce que l'on est en train de demander aux Canadiens. Nous leur demandons de payer la note au moyen de leurs impôts. C'est très bien. Ils sont prêts à l'accepter. Toutefois, on leur demande de payer la facture au profit d'amis du Parti libéral, qui se réunissent avec eux derrière des portes closes et qui influencent leurs notes d'allocution et leurs présentations. Et après, les libéraux osent dire que ce sont eux qui vont faire les choix.
Par exemple, des députés de Toronto ont dit que c'est formidable et qu'ils allaient investir dans le logement abordable. Je leur souhaite bonne chance. Le secteur privé n'est pas friand d'investir dans le logement social. Peut-être que ce genre de logement social est conçu pour les gens qui participent aux activités de financement du à 1 500 dollars le billet. En tout état de cause, j'ai du mal à croire que les investisseurs privés en feront leur priorité. C'est exactement la raison pour laquelle le gouvernement a un rôle à jouer. Le rôle du gouvernement n'est pas d'aider les entreprises privées à escroquer deux fois les Canadiens par la voie des infrastructures essentielles, mais de tenir réellement son engagement d'investir les fonds publics dans les infrastructures publiques. Nous ne le dirons jamais assez.
[Français]
Je conclurai en disant que nous avons de l'espoir, aujourd'hui. Nous sommes peut-être naïvement optimistes, mais nous avons de l'espoir, parce que c'est non seulement la banque de privatisation, de conflits d'intérêts et de copinage du Parti libéral, c'est aussi la banque des promesses rompues, comme je l'ai dit d'entrée de jeu.
En effet, ce projet de loi visant à créer une banque qui va changer fondamentalement notre façon d'investir dans nos infrastructures — cela vaut la peine de le répéter — et donner tout le pouvoir au secteur privé fait partie d'un projet de loi omnibus, alors qu'on avait promis de ne pas faire de tels projets de loi.
On a promis d'investir l'argent public et non de privatiser nos infrastructures et nos aéroports. D'ailleurs, la privatisation de nos aéroports pourrait faire l'objet d'une autre discussion, mais je n'ai pas assez de temps. Bref, ce sont tous des engagements que le Parti libéral a pris.
Alors, je rappelle, si ce n'est pas au Conseil des ministres, aux députés d'arrière-ban qui représentent les communautés et qui disent vouloir investir dans l'infrastructure verte et dans le logement abordable que l'engagement qu'ils ont pris lors de la dernière campagne électorale consistait à investir l'argent du public et non celui de BlackRock. Cette dernière, soit dit en passant, ne sera pas très intéressée à investir dans la protection de l'environnement et l'accès à un logement abordable pour les citoyens dans le besoin, des enjeux fondamentaux.
C'est un cri du coeur que nous lançons au Parti libéral. Nous demandons aux libéraux de cesser leurs vieilles habitudes du passé, soit de faire des rencontres à portes closes avec les financiers de Bay Street. Nous leur demandons de respecter enfin leurs engagements envers les citoyens qui ont grandement besoin d'infrastructures publiques financées par l'argent public. Nous demandons aussi au gouvernement de mettre fin aux projets de loi omnibus et de véritablement étudier cette question fondamentale.
:
Monsieur le Président, la Banque de l'infrastructure est une question dont nous parlons depuis longtemps et une idée qui reste nébuleuse. Les néo-démocrates ont été forcés de présenter cette motion aujourd'hui en raison du manque de clarté, de transparence et de reddition de comptes qui entoure ce projet. À mon avis, l'élément qui sous-tend le débat d'aujourd'hui est celui-ci: si le gouvernement est si fier de la Banque de l'infrastructure, pourquoi l'insérer dans un projet de loi omnibus d'exécution du budget cette année? Pourquoi ne pas étudier les articles portant sur la création de la Banque séparément?
Je pense que les Canadiens et les municipalités sont en droit d'obtenir des détails sur le fonctionnement de cette banque, d'autant plus que sa mise sur pied n'est pas sans éveiller des soupçons, puisque les entreprises privées mêmes qui sont les plus susceptibles de tirer profit des projets sont aux commandes. Le conflit d'intérêts crève les yeux. À présent, les libéraux nous empêchent de discuter à fond du sujet en clôturant le débat.
Les choses doivent être bien claires. D'abord, on case la Banque de l'infrastructure dans un projet de loi omnibus, limitant du même coup la reddition de comptes et l'ampleur du débat à la Chambre des communes. Ensuite, on coupe court au débat pour éviter un examen trop approfondi.
Nous avons demandé que la disposition sur la Banque soit isolée du projet de loi omnibus, ce que les libéraux n'ont toujours pas fait. Si le gouvernement en est si fier, il ne devrait pas avoir peur d'en discuter. Je crois sincèrement qu'une telle discussion permettrait vraiment d'effectuer une analyse approfondie en y consacrant plus d'heures de débat, sans compter l'examen du processus par un comité précis. Ce ne serait pas limité à une heure, comme c'est actuellement le cas. La disposition fera l'objet d'un examen rapide au comité, parallèlement aux 300 pages de modifications législatives incluses dans le projet de loi . Il y a un manque de reddition de comptes dans ce processus.
Il est important que tous les parlementaires prennent ce dossier au sérieux. Dans l'ensemble, il y a un manque de clarté et de nombreuses questions alarmantes concernant la Banque de l'infrastructure. Premièrement, de nombreuses mesures devront faire l'objet de projets de loi futurs. Deuxièmement, le manque de transparence est troublant. La Banque pourra refuser de divulguer des renseignements importants au procureur général du Canada et au directeur parlementaire du budget, sous prétexte qu'il s'agit de renseignements commerciaux confidentiels. Troisièmement, la Banque aura de graves conséquences pour les infrastructures publiques et sur la vie des citoyens canadiens.
Je me suis fait un plaisir de revendiquer des infrastructures, à titre de porte-parole adjointe en la matière, tout particulièrement pour les Canadiens habitant dans de petites collectivités et dans des régions rurales. Trop souvent, on ne parle que d'infrastructures que pour les grandes villes. Il arrive trop souvent que des centres plus petits soient tout simplement oubliés.
Pour expliquer rapidement comment ce projet ne profitera jamais aux collectivités rurales ou à la classe moyenne, il suffit de décortiquer les différents éléments du projet. Essentiellement, les investisseurs privés ne participeront pas au projet du gouvernement simplement pour le plaisir de construire des infrastructures. Ils vont y participer parce qu'ils s'attendent à en tirer un rendement financier considérable.
Je tiens à être claire. Il me semble raisonnable que ces investisseurs s'attendent à obtenir un bon rendement. Après tout, on investit toujours en espérant faire un profit. Ce qui me préoccupe, c'est que l'approche en matière d'infrastructure semble aller dans cette direction. Le fait que les Canadiens n'ont pas leur mot à dire au sujet de cette banque me préoccupe. Cependant, ce qui me préoccupe le plus, c'est que ces investisseurs se révèlent avoir la haute main dans l'édification de cette banque. C'est comme demander au renard de surveiller le poulailler, sans tenir compte du rôle premier du renard.
Le Régime de rentes du Québec, par exemple, est très clair. Le rendement prévu est de 7 % à 9 %. D'où l'argent vient-il? Il vient des péages et des frais d'utilisation payés par les Canadiens. Simplement dit, les collectivités rurales ne peuvent pas assurer le niveau de rendement auquel s'attendent les banquiers de Bay Street. Cela signifie que toutes les collectivités que je représente seront laissées pour compte. D'autres députés devraient se pencher sur l'utilité de cette banque pour leur circonscription et doivent surtout se demander qui cette banque vise réellement à aider.
Pourquoi le gouvernement est-il si fier de favoriser le maintien d'un fossé entre les secteurs urbains et ruraux? Les Canadiens ont le droit de savoir ce qui permettra d'atteindre le rendement prévu. Qu'est-ce qui sera vendu? Où les nouveaux péages seront-ils imposés? Quels sont les frais d'utilisation auxquels on peut s'attendre? Chaque fois qu'on pose la question au , celui-ci parle des différents modèles et du rendement possible. Pour obtenir de tels rendements, les contribuables devront verser plus d'argent.
Il est difficile de comprendre le raisonnement qui sous-tend la création de cette banque. Ce projet douteux ne figurait pas dans le grand programme électoral des libéraux. Pourquoi devient-il maintenant aussi prioritaire? Nous avons tous vu l'échec du gigantesque plan de stimulation de l'infrastructure: le gouvernement a investi énormément de deniers publics, mais il n'a pas grands résultats à montrer. Le fait que cette banque soit une entité indépendante évite-t-il au gouvernement d'avoir à prendre des décisions difficiles dans le dossier des infrastructures? La création de cette banque est-elle une excuse pour faire oublier l'échec du plan de relance?
L'Institut des finances publiques et de la démocratie affirme que les libéraux n'ont pas présenté un plan d'affaires robuste pour justifier la création de la Banque de l'infrastructure. Étonnamment, c'est l'ancien directeur parlementaire du budget qui est à la tête de cet institut. Le projet de loi omnibus d'exécution du budget limite également l'indépendance de l'actuel directeur parlementaire du budget. Il y a matière à s'interroger quand on constate que les libéraux ont prévu, dans le budget de cette année, des mesures qui limitent les pouvoirs du titulaire actuel de ce poste et qu'ils font la sourde oreille aux demandes de son prédécesseur concernant le budget de 2017.
Que cachent les libéraux? Peut-être le fait que la Banque risque de faire grimper globalement les coûts pour les contribuables parce que les éléments d'infrastructure coûteront toujours plus cher s'ils sont réalisés par des investisseurs privés plutôt que par le secteur public.
Le gouvernement a la capacité d'emprunter à très faible coût. Pourquoi ne le fait-il pas? C'est peut-être à cause de ses contacts à Bay Street. Plutôt que de construire des éléments d'infrastructure essentiels qui bénéficient à M. et Mme Tout-le-Monde, les libéraux mettent en place un modèle de privatisation qui accorde la priorité aux besoins de leurs riches amis.
Selon les dossiers du gouvernement, les sociétés et les investisseurs privés ont exercé un contrôle sans précédent sur la planification et la mise sur pied de la banque de privatisation des libéraux. L'importante participation de BlackRock dans la création de la Banque de l'infrastructure du secteur privé soulève des questions au chapitre des conflits d'intérêts. Il s'agit de questions cruciales dont il faut discuter à la Chambre. Le fait de permettre à des sociétés privées de participer à la planification et à la mise sur pied de la Banque de l'infrastructure du Canada alors qu'elles en seront les principales bénéficiaires constitue un conflit d'intérêts.
La Loi sur les conflits d'intérêts stipule qu'« un titulaire de charge publique se trouve en situation de conflit d’intérêts lorsqu’il exerce un pouvoir officiel ou une fonction officielle qui lui fournit la possibilité de favoriser [...] de façon irrégulière [l'intérêt personnel] de toute autre personne ».
Les libéraux ont promis d'investir dans les infrastructures pour aider les Canadiens moyens, mais le gouvernement privilégie plutôt les intérêts des grandes sociétés. Voilà un bel exemple de déconnecté des Canadiens qui comptent sur les infrastructures publiques. Il s'agit aussi d'un signe qu'il est déconnecté de la classe moyenne et des gens qui travaillent fort pour en faire partie.
Les infrastructures peuvent créer des emplois valorisants pour de nombreuses personnes, mais la Banque va payer avec l'argent des contribuables d'une main et récupérer les frais d'utilisation et les péages de l'autre. Par conséquent, les Canadiens vont payer à deux reprises.
Les libéraux n'ont pas encore expliqué de façon satisfaisante pourquoi il vaudrait mieux collaborer avec des investisseurs privés à la recherche d'un rendement élevé plutôt que de faire financer des projets par Ottawa, ce qui pourrait être fait à bien meilleur prix.
Les libéraux sont déphasés et résistent à ces solides critiques. Les Canadiens méritent mieux. Ils ont le droit de savoir ce qui se passe, ce qui se négocie, où seront les péages et quels seront les frais d'utilisation.
Ce projet, dont les Canadiens ordinaires feront les frais, mais qui enrichira les millionnaires et les milliardaires, nuira à la prospérité des gens de la classe moyenne.
Pendant que les libéraux et leurs copains cherchent à rendre cette initiative profitable, les Canadiens, eux, prennent rapidement la mesure de l'inefficacité du gouvernement et de ses projets ruineux.
Hier soir, le député de , qui participait à l'émission Power Play de CTV, a déclaré que les Canadiens n'ont pas besoin de savoir ce qu'il en est de la Banque de l'infrastructure du Canada. Je ne partage pas son avis. Le gouvernement libéral ne doit pas discuter de cette question en secret. Il doit plutôt retirer cette mesure du projet de loi omnibus d'exécution du budget et soumettre la question à la Chambre. Que le gouvernement cesse de se cacher et qu'il fasse ce qui s'impose.
:
Monsieur le Président, tout d'abord, je remercie les députés du NPD d'appuyer tardivement les projets d'infrastructure. Lorsque nous avons discuté du plan d'infrastructure, pendant la campagne électorale, les néo-démocrates étaient tellement déterminés à équilibrer artificiellement le budget qu'ils en oubliaient les besoins en infrastructures des collectivités. Je me souviens d'un débat avec l'un des candidats les plus en vue du NPD. Lorsque j'ai demandé ce que comptaient faire les néo-démocrates pour les infrastructures, la réponse était qu'ils allaient construire des infrastructures dans 5 ou 10 ans.
Lorsque les néo-démocrates interviennent à la Chambre pour parler de logement abordable, de transport public, de réseaux d'aqueduc et d'égout ou de leur appui à l'égard des collectivités rurales, je vois cela d'un bon oeil, car ils reconnaissent à tout le moins que les infrastructures sont importantes et qu'elles sont les assises de l'économie canadienne.
Depuis son arrivée au pouvoir, le Parti libéral a travaillé sans relâche afin de faire des investissements sans précédent dans les infrastructures. Aujourd'hui, je suis ravi de parler à la Chambre des investissements liés au plan d'infrastructure du Canada. J'aimerais également en dire davantage sur la Banque de l'infrastructure du Canada, l'une des solutions novatrices proposées par le gouvernement afin de construire plus d'infrastructures qui répondent aux besoins pressants du Canada.
Nous voulons établir des fondations solides qui permettront à tous les Canadiens de prospérer, d'exceller et d'innover. Dans le budget de 2016, nous avons lancé la première phase de notre plan d'infrastructure à long terme, qui vise trois objectifs: favoriser la croissance à long terme pour les Canadiens de la classe moyenne et ceux qui travaillent fort pour l'intégrer, édifier des communautés inclusives afin que tous aient une chance équitable de réussir, et appuyer une économie verte à faibles émissions de carbone.
Le plan impliquera des investissements de plus de 180 milliards de dollars sur 12 ans, proposera de nouveaux outils innovateurs d'investissement dans les infrastructures, et appuiera cinq secteurs clés d'investissement: les transports en commun, les infrastructures vertes, les infrastructures sociales, les infrastructures pour le commerce et le transport et les infrastructures pour les collectivités rurales et du Nord. Il assurera de meilleurs transports en commun, de l'eau propre et un plus grand nombre de logements sociaux pour les Canadiens, tout en favorisant la croissance à long terme et la création d'emplois pour la classe moyenne.
Quand nous avons présenté notre programme lors de la dernière campagne électorale, nous avons dit que nous doublerions les investissements dans les infrastructures partout au pays. Nous avons dit qu'il était maintenant temps d'investir dans le Canada et dans les Canadiens. Aujourd'hui, nous donnons suite à cet engagement. Quand nous sommes arrivés au pouvoir, nous avons entrepris de vastes consultations avec nos partenaires — les provinces, les territoires, les municipalités et les communautés autochtones — pour nous assurer de nous y prendre de la bonne façon, pour que nos investissements aient un effet maximal et répondent aux véritables besoins des collectivités.
Tout le monde avait le sentiment — on s’en est vite aperçu — que le déficit des infrastructures était causé par l’absence de financement durable et prévisible de la part du gouvernement précédent. Un plan ambitieux était désormais impératif. Nos partenaires nous ont dit que dans l’ensemble du pays, les infrastructures devaient être réparées et modernisées de façon urgente.
Nous avons décidé de déployer notre plan en deux étapes. Dans la première, le plan Investir dans le Canada visait la recapitalisation, la réparation et la modernisation des infrastructures, notamment l’élargissement du transport en commun et l’accès à l’eau potable pour les communautés aux prises avec des avis d'ébullition de l'eau. On reconnaissait également les obstacles que doivent surmonter les municipalités dans la planification à long terme en finançant la conception et la planification de nouveaux projets d’infrastructures de plus grande envergure, tels que la deuxième étape du train léger d’Ottawa, la ligne d’allégement au centre-ville de Toronto, la ligne verte du train léger de Calgary ou l’élargissement du réseau de train léger d’Edmonton.
Nous avons procédé ainsi pour aider les municipalités à reconstruire les bases de leurs réseaux et à amorcer la planification de projets qui formeront le noyau de notre ambitieux plan à long terme.
Notre plan ne consiste pas simplement à construire davantage d’infrastructures, mais à satisfaire les besoins des collectivités et à combler les lacunes que l’on constate dans ce domaine dans l’ensemble du pays. Pour faire en sorte d’appuyer les infrastructures dont les collectivités ont besoin, nous continuons de collaborer étroitement avec nos partenaires provinciaux, territoriaux, autochtones et municipaux afin de réaliser des projets qui façonneront le pays pour de nombreuses années.
Nous avons fait d’immenses progrès dans les projets réalisés dans le cadre des nouveaux programmes d’Infrastructure Canada. Nous avons simplifié le processus d'approbation aux termes du Nouveau Fonds Chantiers Canada afin d’appuyer plus efficacement nos partenaires municipaux, provinciaux et territoriaux et d’accélérer l’approbation des projets.
Nous avons créé de nouvelles catégories d’admissibilité pour tenir compte des priorités de nos partenaires, afin de rendre admissibles des projets culturels et récréatifs, ainsi que l’infrastructure de traversiers, par exemple. Les députés néo-démocrates se rappelleront qu’ils avaient, de concert avec des homologues libéraux, demandé un changement de catégorie de façon à inclure l’infrastructure des traversiers. Ces changements ont été effectués non seulement par nos partenaires provinciaux et territoriaux, mais également à la demande d’autres députés.
Depuis notre arrivée au pouvoir, nous avons approuvé 2 200 projets d'un bout à l'autre du pays, ce qui représente des investissements de 20 milliards de dollars depuis novembre 2015. En un an et demi, nous avons approuvé plus de projets visant à aider les collectivités canadiennes que l'ancien gouvernement ne l'avait fait en cinq ans.
La mise en oeuvre de ces projets a commencé, et ils ont des effets notables dans les petites comme dans les grandes collectivités du pays. Deux cents projets financés par nos investissements rendront le transport en commun plus accessible aux personnes vivant avec un handicap, notamment grâce à l'ajout de 1 000 nouveaux autobus et à d'autres améliorations. Ensemble, ces divers investissements permettront d'accroître la rapidité et la fiabilité du service, une bonne façon de réduire la congestion routière et la pollution. Par ailleurs, 1 000 autres projets accroîtront l'accès à une eau potable de qualité et serviront à réduire la pollution des lacs et des rivières du Canada.
Plus de 89 000 logements sociaux ont été rénovés grâce à notre plan. On procède également à l'amélioration de 182 installations vouées aux arts et au patrimoine situées dans 109 localités. Du côté des communautés autochtones, près de 6 000 logements situés dans les réserves ont été construits, rénovés ou planifiés; de plus, 125 projets permettront de construire ou d'améliorer des écoles à l'intention des enfants autochtones. Par ailleurs, dans le cadre du Fonds d'investissement stratégique pour les établissements postsecondaires, 251 projets en cours visent à améliorer et à moderniser les installations consacrées à la recherche et à la commercialisation sur les campus canadiens.
Par exemple, on peut observer les effets des investissements que nous avons faits jusqu'ici dans la municipalité de Lanigan, en Saskatchewan. En raison du sous-financement des infrastructures sous le gouvernement précédent, la population locale n'avait pas une eau de qualité pour donner un bain aux enfants, laver les vêtements ou préparer à manger. Grâce à l'aide financière du gouvernement, la municipalité procédera bientôt à des travaux d'amélioration de ses systèmes d'alimentation en eau potable et de traitement des eaux usées.
Nous avons appuyé les villes de North Bay, en Ontario, de Selkirk, au Manitoba, et de Moncton, au New-Brunswick, dans l'achat de nouveaux autobus fiables et accessibles. Ils sont également plus écologiques.
North Vancouver, London et Inverness, en Nouvelle-Écosse, ont installé de nouveaux abribus. Les installations à Durham, en Ontario, et à Winnipeg, au Manitoba, ont été agrandies pour permettre l'entretien de leur parc d'autobus.
Notre plan finance le remplacement de la canalisation principale d'aqueduc à Clinton, en Ontario. Il soutient le projet communautaire de conservation de l'eau à Tahsis, en Colombie-Britannique, et la station de relevage de Mayo, à Mayo, au Yukon.
Dans ma province, l'Alberta, nous avons appuyé d'importants projets d'infrastructure, notamment le prolongement de l'autoroute Yellowhead Trail à Edmonton, une initiative qui avait été mise de côté par le gouvernement précédent pendant 10 ans. Le projet d'agrandissement du parc du Fort Edmonton est déterminant dans le processus de réconciliation avec les Autochtones. Parmi les autres projets, nommons l'aménagement du tronçon sud-ouest de la voie de contournement de Calgary et les canalisations d'eau potable et d'eaux usées de Lacombe et Red Deer.
Le plan d'infrastructures à long terme cible l'investissement dans les projets qui transformeront nos collectivités pour le XXIe siècle. Nous savons que les besoins en infrastructure au Canada ont été largement supérieurs aux investissements fournis depuis des dizaines d'années. Il ne faut pas s'y tromper: le sous-financement des infrastructures a un coût, et il est élevé. Voilà pourquoi le budget de 2017 s'appuie sur les mesures annoncées dans le budget de 2016 et décrit clairement les prochaines étapes du plan du gouvernement afin d'effectuer des investissements avisés qui stimuleront l'économie et renforceront la classe moyenne.
Le projet de loi d'exécution du budget comprend des dispositions visant à établir la Banque de l'infrastructure du Canada, dont je voudrais parler maintenant. Malgré les sommes sans précédent que nous consacrons aux travaux d'infrastructure du pays, il manque encore du financement que nous ne sommes pas capables de fournir. Il nous faut trouver un nouveau moyen de bâtir plus d'installations d'infrastructure, vu les ressources limitées dont disposent les pouvoirs publics. Au cours de la campagne électorale, nous nous sommes engagés à créer la Banque de l'infrastructure du Canada. Grâce aux consultations que nous avons effectuées, le gouvernement a compris qu'il nous fallait trouver des moyens novateurs de mobiliser efficacement le capital privé et de l'ajouter au financement public pour réaliser un plus grand nombre de nouveaux projets d'infrastructure, dans l'intérêt des Canadiens.
Après avoir consulté les maires du pays, les associations de municipalités, comme la Fédération canadienne des municipalités, les gouvernements des provinces et des territoires, les Premières Nations, les associations de l'industrie, les organisations internationales, comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, ainsi que les investisseurs, comme l'Office d'investissement du régime de pensions du Canada, nous avons rédigé les détails du projet de loi que la Chambre étudie actuellement.
Nous proposons la création de la Banque de l'infrastructure du Canada parce que nous pensons qu'elle permettra au gouvernement fédéral d'attirer des investissements du secteur privé dans les infrastructures et de nouer des partenariats avec des fonds d'investissements étrangers de premier plan, afin de mettre en chantier un plus grand nombre de projets au pays. La Banque financerait les projets qui sont dans l'intérêt public, mais qui risqueraient de ne pas être réalisés en raison de leur coût trop élevé ou de la nécessité d'affecter l'argent à des dépenses plus prioritaires. De tels projets ont potentiel transformateur, mais il arrive souvent qu'ils ne puissent pas être financés dans les programmes d'infrastructure traditionnels.
Si le Parlement donne son aval à la création de la Banque de l'infrastructure du Canada, elle pourra financer les projets de ce genre. Elle investira jusqu'à un maximum de 35 milliards de dollars dans de nouvelles infrastructures axées sur la croissance, un peu partout au pays, y compris notamment des systèmes de transport en commun dont seraient dotées les plus grandes villes du Canada et des corridors de transport d'énergie. Un financement de 15 milliards de dollars proviendrait du plan d'infrastructure du Canada. Cette somme équivaut à environ 8 % de l'enveloppe totale que nous nous sommes engagés à réserver aux infrastructures à long terme, soit 180 milliards de dollars. Elle s'ajoute à l'engagement que nous avons pris au départ de doubler les sommes affectées aux infrastructures.
Des capitaux additionnels de 20 milliards seraient mis à la disposition de la Banque de l'infrastructure du Canada aux fins d'investissement, sous la forme de capitaux propres ou de titres de créance. Ce montant de 20 milliards n'aurait ainsi aucune incidence budgétaire pour le gouvernement.
Si le Parlement approuve sa création, la Banque aura le mandat d'investir dans des projets d'infrastructure d'intérêt public qui généreront des revenus ainsi que d'attirer des investissements du secteur privé et d'investisseurs institutionnels pour ces projets.
Pour remplir son mandat, la Banque investirait dans des projets d'infrastructure relevant de l'intérêt public et ayant un potentiel de génération de revenus; elle attirerait des investisseurs institutionnels et privés souhaitant participer aux projets pour que l'on puisse bâtir davantage d'infrastructures; elle servirait de centre d'expertise pour les projets dans lesquels les investisseurs institutionnels et privés effectuent des investissements importants; elle favoriserait une prise de décisions fondée sur des preuves et permettrait de conseiller tous les autres ordres de gouvernement au sujet de la conception de projets permettant de générer des revenus; et elle recueillerait et partagerait des données pour aider les gouvernements à prendre de meilleures décisions au sujet des investissements en infrastructure.
La Banque bonifierait le soutien fédéral en attirant des investisseurs institutionnels et privés qui aideront à financer les projets transformateurs dont notre pays a besoin.
La Banque offrirait à nos partenaires d'investissement un nouveau moyen de répondre aux besoins criants en infrastructures. Elle serait un nouvel outil que les partenaires provinciaux, territoriaux et municipaux pourraient utiliser, s'ils le souhaitent, pour construire les infrastructures dont les Canadiens ont besoin. Elle libérerait des fonds publics pour construire plus d'infrastructures publiques, comme des logements et des installations récréatives et culturelles, et devrait attirer des capitaux privés qui ne seraient pas autrement disponibles pour construire les infrastructures dont notre pays a besoin.
Si le Parlement approuve sa création, la Banque opérera comme une société d'État indépendante qui relèverait du Parlement et qui devrait lui faire rapport de ses activités deux fois par année.
Le gouvernement du Canada a consulté les Canadiens et des intervenants de partout au Canada au sujet de son plan à long terme en matière d'infrastructure. Nous croyons que la création de la Banque de l'infrastructure du Canada nous permettra d'atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés.
J'aimerais rappeler certains points.
La Banque est un outil que nos partenaires ont la possibilité d'utiliser. Ce sont les provinces, les territoires et les municipalités qui décideront s'ils veulent y avoir recours pour bâtir des infrastructures.
La Banque visera à appuyer la construction d'infrastructures, pas la vente d'actifs. Le pays a besoin de plus d'infrastructures, et la Banque est un moyen pour en bâtir davantage.
La Banque s'ajoute aux outils dont nous disposons en matière d'infrastructure. Des 186 milliards de dollars prévus dans le plan, moins de 10 % seront versés au moyen de la Banque de l'infrastructure.
La Banque servira à certains projets qui comportent une source de revenus. Ainsi, nous pourrons concentrer nos subventions sur les infrastructures qui n'en comportent pas. Cette façon de faire nous permettra d'utiliser encore plus efficacement les sommes que nous consacrons aux infrastructures.
Plus tôt cette semaine, nous avons annoncé avec fierté le processus de recherche pour trouver les chefs de file de la Banque. Il s'agit d'une étape importante dans la création de la Banque qui lui permettra, si le Parlement donne son approbation, d'être opérationnelle vers la fin de 2017.
Le processus servira à trouver un président, les membres du conseil d'administration et un premier dirigeant. Il sera ouvert et fondé sur le mérite et il déterminera les experts et les professionnels qui sont requis pour diriger et administrer la Banque.
Le processus de sélection est conçu pour attirer une variété de personnes hautement qualifiées et tient compte de la volonté d'atteindre la parité hommes-femmes et de refléter la diversité linguistique, culturelle et régionale du Canada.
Nous savons que notre pays est plus fort lorsque les décideurs reflètent la diversité du Canada. C'est pour cette raison que nous cherchons des personnes qualifiées pour nous aider à concevoir et à construire cette banque et nous aider à respecter nos engagements envers les Canadiens.
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Monsieur le Président, j'ai été ravie d'entendre le ministre défendre cette banque.
Tout d'abord, j'annonce que je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Je remercie le député de d'avoir présenté cette motion. Elle porte sur un enjeu très important. Nombre d'entre nous conviendraient que le Canada est un pays accueillant pour les gens d'affaires, mais encore faut-il préciser quels genres d'affaires et comment on entend procéder. Comme nous le constatons, la création de cette banque suscite de vives inquiétudes de ce côté-ci de la Chambre. Je veux donner un aperçu de cette banque.
Sur les 35 milliards de dollars de fonds publics, 15 milliards sont des fonds qui ne seront pas versés aux collectivités. Or, le gouvernement a déjà annoncé les projets. Les collectivités s'attendent donc à voir ces projets se réaliser localement. Toutefois, ce ne sera pas le cas, parce que les 15 milliards de dollars dont seront privées les collectivités représentent 5 milliards qui devaient servir à des projets de transport en commun, 5 milliards qui devaient servir à des projets concernant les corridors de commerce et de transport, et 5 milliards qui étaient prévus pour des projets d'infrastructure verte. Le ministre devrait donc dire aux collectivités quels projets seront touchés et quels projets déjà annoncés ne seront pas réalisés. C'est la façon prudente d'agir. Le gouvernement parle d'être transparent. Voilà une mesure de transparence.
De plus, l'Office d'investissement du régime de pensions du Canada a déclaré que les investisseurs examinent uniquement les projets d'une valeur de plus de 500 millions de dollars parce qu'il doit tirer profit de son investissement. Or, 20 milliards de dollars seront mis à la disposition de la banque sous la forme d'actions et de prêts, ce qui signifie que cette somme ne sera pas inscrite dans la comptabilité, sauf si le projet n'aboutit pas. Il s'agit d'une autre question très problématique.
La banque cherchera à inciter des investisseurs privés et des fonds de pension publics à investir dans les projets d'infrastructures canadiens. Or, si on se penche à nouveau sur les attentes des investisseurs, on constate qu'ils désirent un rendement pouvant atteindre 12 % sur le capital investi. Les gens qui possèdent des REER ou tout autre type d'investissements savent qu'un taux de rendement de 12 % est excellent. Là où le bât blesse, c'est que le ministre n'a pas établi d'où proviendra l'argent. Comment sera généré le rendement qui sera versé aux investisseurs? Si c'est par le biais de taxes, de péages, d'une tarification routière ou de tout autre mécanisme semblable, on devrait le préciser dans le projet de loi. Cela ne s'y trouve pas. On ne mentionne pas quelle forme prendra le rendement du capital investi. Je le répète, il s'agit d'une question très problématique.
Je reviens à 2009, lorsque les conservateurs ont mis sur pied le programme PPP Canada. À l'époque, j'étais mairesse d'une grande ville de 520 000 habitants et nous avons obtenu du financement de ce programme. Nous avons travaillé en collaboration et avons entamé la construction d'une installation de traitement des biocarburants, qui sera bientôt achevée. La ville a pu profiter d'investissements du secteur privé, mais les contribuables ne paient pas de droits aux investisseurs pour la nouvelle installation. Cela confirme que la structure est déjà en place, sous la forme de PPP Canada. L'investissement initial dans PPP Canada, qui était de 1,3 milliard de dollars, a permis d'engendrer 6 milliards de dollars d'investissements dans les infrastructures. Les mécanismes et les outils existent déjà.
L'une des autres fonctions de la banque, c'est la collecte de données. La Fédération canadienne des municipalités recueille des données depuis un bon moment déjà. En fait, le gouvernement actuel a donné 50 millions de dollars à la Fédération expressément pour la collecte de données. Là encore, des mesures existent déjà.
Le comité n'étudiera la section du projet de loi portant sur la Banque de l'infrastructure que pendant une heure. C'est loin d'être suffisant pour une mesure aussi importante que celle-là, qui demandera 35 milliards de dollars de fonds publics. Dans la motion qu'ils ont présentée aujourd'hui, les néo-démocrates demandent que ces dispositions fassent l'objet d'un projet de loi distinct pour que nous puissions en discuter en profondeur. Malheureusement, le gouvernement a eu recours à l'attribution de temps. Il limite la durée du débat et n'accorde qu'une heure au comité pour étudier cette question.
On peut lire la déclaration suivante du dans un article du Globe and Mail du mercredi 10 mai: « Les gens pour qui nous faisons cela n'ont rien trouvé à redire. » Bien sûr que ces gens n'ont rien trouvé à redire! Le commentaire du ministre est très révélateur.
Parlons des importants conflits d'intérêts. Les libéraux laissent le plein contrôle de la création de la banque aux investisseurs privés qui en profiteront directement. Il s'agit d'un conflit d'intérêts patent. Les libéraux ont invité des représentants de BlackRock à collaborer directement avec des hauts fonctionnaires et des attachés politiques en prévision de la rencontre à huis clos avec le et les ministres, qui a eu lieu le 14 novembre. Ils voulaient ainsi que les clients de BlackRock puissent être informés par le ministre de la création de la Banque de l'infrastructure du Canada. En fait, ceux-ci ont même consulté ses notes d'allocution. Certains documents nous ont aussi appris qu'un membre du comité consultatif du ministre des Finances, le PDG de la plus importante caisse de retraite du Québec, était le principal responsable des décisions stratégiques de la Banque. C'est intéressant parce que cette caisse de retraite demande actuellement au gouvernement libéral de contribuer à hauteur de 1,3 milliard de dollars à un projet de train léger de 6 milliards de dollars. C'est encore un conflit d'intérêts.
L'appel de candidatures pour le conseil d'administration se terminera d'ici la fin du mois, et la mesure législative n'a même pas encore été adoptée.
Parlons du plan d'infrastructure des libéraux. Quatre-vingt-dix pour cent des projets d'infrastructure annoncés n'ont toujours pas commencé. Cela signifie qu'aucun emploi n'est créé et que l'économie n'est pas stimulée. La majorité des fonds du plan d'infrastructure des libéraux sont reportés après 2022. En ce qui concerne la deuxième phase, aucun accord bilatéral n'a été signé et les provinces n'ont présenté aucun projet.
Le directeur parlementaire du budget, l'Institut Fraser, le Sénat et l'Institut C.D. Howe ont tous exprimé de graves préoccupations. Ils ne peuvent pas suivre l'argent, il n'y a aucune transparence, les projets ne sont pas mis en oeuvre, et il n'existe aucune façon de mesurer le progrès. Il n'est pas étonnant que le gouvernement souhaite museler le directeur parlementaire du budget.
Les libéraux continuent de parler de dépenses « historiques » et ils dépensent. Ils dépensent 253 millions de dollars dans la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures, mais nous devrons assumer 1,3 milliard de dollars en garanties de prêts. Le gouvernement chinois prend les devants dans ce dossier.
Je souhaite présenter un amendement à la motion. Je propose:
Que la motion soit modifiée par adjonction en c), après le mot « privés », de ce qui suit:
« à l'aide des deniers publics et des frais d'utilisation imposés aux Canadiens »
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Monsieur le Président, c'est avec un immense plaisir que je me lève à la Chambre aujourd'hui pour parler de la fameuse Banque de l'infrastructure des libéraux, que je dirais pleine de conflits d'intérêts. J'aimerais d'abord remercier le député du NPD qui a déposé cette motion, aujourd'hui, sur un sujet si important.
J'aurai la chance de parler à nouveau de ces relations douteuses un peu plus tard, mais je voudrais commencer par démontrer l'évolution particulière de ce projet et les difficultés que nous éprouvons depuis le début à aller au fond des choses à cause du manque de transparence du gouvernement libéral, qui est censé être si ouvert et transparent.
En octobre 2015, les libéraux ont promis de faire des petits déficits de 10 milliards de dollars et ont annoncé la création d'une banque de l'infrastructure indépendante. Voilà déjà une belle façon de cacher l'argent de l'État et des contribuables dans une nouvelle bebelle du gouvernement libéral.
En novembre 2016, l'annonce de cette fameuse banque a finalement été faite, et j'ai demandé au où il comptait trouver l'argent pour financer cette banque. C'était le silence radio, comme d'habitude, je n'ai obtenu aucune réponse. Le lendemain, lorsque je suis revenu à la charge au sujet de la provenance de l'argent, on m'a dit qu'on allait prendre 15 milliards de dollars de l'argent qui avait été prévu dans le programme d'infrastructure pour l'ensemble des municipalités du Canada afin de les investir dans cette banque. À ce moment-là, plusieurs de mes confrères et consoeurs du monde municipal ont fait le saut en voyant partir tout cet argent qui aurait pu leur servir à mettre sur pied des projets importants dans l'ensemble des communautés au Canada.
Quelques semaines plus tard, on a donné une autre gifle au visage des municipalités du Canada: non seulement on allait prendre 15 milliards de dollars qui leur était dédiés pour les investir dans la fameuse Banque de l'infrastructure, mais on apprenait que la majorité des projets qui seraient financés par cette banque de l'infrastructure seraient d'une valeur de plus de 100 millions de dollars, voire de 500 millions de dollars, puisque, si ce n'était pas de leur valeur, ces projets ne seraient pas intéressants pour les investisseurs. Dans notre jargon, au Québec, on dit qu'on s'est fait passer un sapin.
En novembre, en décembre, en janvier, en février, en mars, en avril et en mai, à chaque occasion, j'ai demandé au de me nommer un seul projet de 100 millions de dollars ou plus qui pourrait être financé par cette banque de l'infrastructure dans une petite ou moyenne municipalité au Canada. Je ne lui ai pas demandé de me nommer 10, 20 ou 100 municipalités, mais seulement un seul petit projet. Je lui ai posé la question au Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités, pendant la période des questions orales, ainsi que lors de différents échanges, mais il n'a jamais été capable de me nommer un seul projet.
C'est normal, puisque dans l'ensemble des municipalités du Canada, la valeur moyenne des projets financés en partie ou en totalité par le gouvernement fédéral n'est pas de 100 millions de dollars ou plus, elle est de 6,7 millions de dollars. À l'exclusion de projets à Montréal, à Toronto ou à Vancouver ou de mégaprojets provinciaux, il n'y a pas de projet de 100 millions de dollars ou plus dans la très grande majorité des municipalités du Canada. Cela signifie que ces 15 milliards de dollars, qui auraient pu servir à aider l'ensemble de la population canadienne, ne vont servir qu'à un petit groupe de personnes, soit les investisseurs étrangers, les amis du Parti libéral.
Le et son n'ont pas compris l'histoire de Robin des Bois, dans laquelle on prend l'argent des riches pour le redonner aux pauvres. Ce que le premier ministre est en train de faire avec son , son et son gouvernement, c'est de prendre l'argent qui devait être dédié aux petites et moyennes municipalités et de le mettre dans les poches des investisseurs étrangers multimilliardaires. C'est cela, la réalité.
Ensuite, on a appris de la part de Michael Sabia, président de la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui siège avec d'autres investisseurs au comité qui a été mis en place pour conseiller le ministre, le gouvernement et le , que cela prendrait des taux de rendement de 7 % à 9 % pour que ces gens-là soient intéressés à investir dans cette banque.
Ma collègue qui vient de parler et moi-même sommes d'anciens élus municipaux, des anciens maire et mairesse. Nous pouvons dire que toutes les municipalités sont capables, avec des obligations, d'aller chercher du financement à un taux de 2 % au maximum. Les municipalités n'ont donc aucun intérêt à investir dans ces infrastructures, sauf sur recommandation du gouvernement, pour remplir les poches de ces investisseurs privés, de ces investisseurs étrangers et de ces amis du gouvernement qui remplissent les coffres de sa caisse électorale, lors de collectes de fonds qu'il organise un peu partout au Canada.
Nous posons des questions de cette nature au gouvernement et nous obtenons chaque fois un silence radio. Nous apprenons dans un document dont j'ai parlé et rédigé par la firme d'investissement BlackRock, qu'au mois d'août 2016, la plus grande firme d'investissement au monde a rencontré secrètement des hauts fonctionnaires et leurs invités, des clients potentiels de cette banque. Nous avons réussi, grâce à la Loi sur l'accès à l'information, à avoir accès à toutes ces rencontres, ainsi qu'aux ordres du jour et aux sujets adoptés.
Bizarrement, à part les titres, nous n'avons aucune information, parce que tout a été hachuré. Il n'y a pas le nom des personnes présentes aux rencontres où étaient le , le , le , le . Où est cette liste d'invités et clients de BlackRock, ceux qui vont profiter de cette banque d'infrastructure? Ce n'est intéressant pour personne. Le gouvernement libéral dit qu'il est transparent, mais c'est malheureusement impossible d'avoir cette liste, ainsi que les différents sujets dont il était question.
BlackRock a même aidé le ministre à écrire son discours lors d'un événement organisé au mois de novembre. C'est complètement irréaliste lorsqu'on y pense. Avec toute la machine qui accompagne le ministre, des gens qui écrivent des textes, il a fallu qu'il demande à une firme privée de l'aider à écrire son discours.
À cette rencontre, toute la crème libérale était présente, comme je le mentionnais: le ministre des Finances, le le , la , la, le , le , la et bien entendu notre Justin Trudeau.
Et là, coup de théâtre. La Banque de l'infrastructure est exactement ce que les investisseurs souhaitaient. En tandem, les investisseurs ont réussi à se créer une banque qui répondrait à leurs besoins et qui leur permettrait d'avoir des rendements minimums de 7 à 9 %. On parle même de 10 et 12 % dans certains cas. Il leur faudrait naturellement des projets de plus de 100 millions de dollars pour que ce soit intéressant pour eux.
Ces recommandations judicieuses venaient de qui? De Michael Sabia et de Mark Wiseman, deux membres du Conseil consultatif en matière de croissance économique du gouvernement Trudeau, qui, par hasard, bénéficieront directement de la mise sur pied de cette banque de l'infrastructure.
Oui, le premier est le président de la Caisse de dépôt et placement du Québec, alors que l'autre est membre de l'exécutif national de BlackRock. Il me semble clair qu'il y a un conflit d'intérêts. On peut se demander si ces gens ont fait une déclaration en ce sens, soit à l'effet qu'il y avait un conflit d'intérêts. La réponse est non. Il n'y aucune déclaration, aucun renoncement de participer à des consultations. Ils ont entièrement conçu cette banque de l'infrastructure. Ils ont recommandé cela au gouvernement, ils ont dirigé la décision du gouvernement de Justin Trudeau. Nous avons posé plusieurs questions et, chaque fois, nous n'avons eu aucune réponse.
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Monsieur le Président, je vais partager le temps qui m'est accordé avec la députée de .
Je suis très heureuse de pouvoir prendre la parole au sujet de la motion de mon collègue le député de . Selon moi, la motion est formulée très clairement, et son objectif est également clair et concis. Les dispositions relatives à la création de la Banque de l'infrastructure du Canada devraient être enlevées du projet de loi , Loi no 1 d’exécution du budget de 2017, de manière à ce qu'elles puissent être étudiées en tant que projet de loi distinct.
Cette proposition n'est pas déraisonnable. Il est largement admis que la création de la Banque de l'infrastructure que propose le gouvernement est un projet complexe. Les Canadiens et les parlementaires devraient prendre le temps d'étudier les dispositions nécessaires plutôt que de les adopter au sein d'un projet de loi budgétaire omnibus, du genre que le parti actuellement au pouvoir dénonçait auparavant et qu'il qualifiait d'antidémocratique. Après tout, si nous comptons accorder 35 milliards de dollars à ce projet, nous devrions nous donner davantage que deux ou trois heures pour l'étudier.
Je suis certaine que mes collègues seront d'accord pour dire que les dépenses de ce genre requièrent un examen plus attentif, et c'est pour cette raison qu'elles doivent être rayées du projet de loi et présentées dans un projet de loi distinct. Pourquoi le gouvernement cache-t-il une initiative si importante et si coûteuse dans un projet de loi de 300 pages? De quoi a-t-il peur? Pour un gouvernement qui ne cesse de se vanter de sa promesse d'être ouvert et transparent, il a bien peur de laisser quiconque d'étudier adéquatement son programme de Banque de l'infrastructure. Serait-ce parce que la Banque profiterait d'abord et avant tout à ses riches amis plutôt qu'aux citoyens canadiens?
Quels sont les critères et les modèles de gouvernance qui s'appliqueraient à la Banque? Des préoccupations ont déjà été soulevées concernant le fait que les sociétés et les investisseurs privés jouissent d'un contrôle inédit sur la planification et le développement de la banque. Qu'en est-il des consultations auprès des Canadiens, que les libéraux aiment tant? Pourquoi les libéraux ne permettent-ils même pas aux députés d'étudier ce projet? Craignent-ils que l'idée ne résiste pas à l'épreuve des faits?
Le gouvernement a promis que les investissements dans les infrastructures allaient profiter aux Canadiens, mais il est difficile de voir en quoi un plan qui ferait gonfler les profits des sociétés et des riches investisseurs privés leur serait profitable, d'autant plus que le Canadien moyen devrait assumer les coûts en payant de nouveaux péages et des frais d'utilisation, des années durant, sans rien recevoir en retour. C'est le plus vieux truc du monde, et nous savons tous comment il se termine. Les gouvernements font des ententes de faveur avec des sociétés pour lancer des projets d'infrastructure qui rapportent des profits aux sociétés, mais qui coûtent les yeux de la tête aux contribuables, puis on refile les infrastructures à la population lorsqu'elles tombent en ruine. Ce n'est pas une situation qui profite aux contribuables.
Comment les Canadiens peuvent-ils avoir l'assurance que les décisions de cette banque seront vraiment prises dans l'intérêt supérieur des contribuables? Les profits des sociétés passeront-ils toujours avant l'intérêt de la population, ou seulement dans certaines situations? D'une façon ou d'une autre, il est inacceptable d'imposer ce plan sans consultation, sans étude et sans un examen salutaire de ce stratagème que le gouvernement semble avoir concocté avec quelques-uns de ses amis fortunés. Ce n'est que le plus récent exemple de l'arrogance de ce gouvernement qui essaie de convaincre la population de lui faire confiance sous prétexte qu'il sait mieux qu'elle ce qui lui convient.
Il est plutôt curieux que la consultation que le gouvernement aime tant invoquer comme tactique dilatoire dès que cela fait son affaire brille par son absence dans ce cas-ci. Dans le dossier de l'équité salariale, qui bénéficierait à la moitié de la population, les libéraux se sont traîné les pieds pendant quelques années, en invoquant la nécessité de consulter, même si l'équité salariale est un droit de la personne et qu'elle a déjà été étudiée à outrance. Après des mois de tergiversation dans le dossier de la réforme électorale, les libéraux ont insisté pour faire des consultations sous plusieurs formes, notamment des assemblées publiques dans chaque circonscription, des cartes postales et même un questionnaire en ligne devenu célèbre pour son incohérence et universellement ridiculisé, pour soudainement abandonner leur promesse de faire de l'élection générale de 2015 la dernière à se dérouler sous le régime du scrutin majoritaire uninominal à un tour. Toutefois, dès que les libéraux ont l'occasion d'aider leurs riches amis à s'enrichir sur le dos des Canadiens, les consultations ne sont plus nécessaires. Ce doit être une simple coïncidence.
Si les libéraux croient au bien-fondé de la Banque de l'infrastructure, ils ne devraient pas avoir peur de mettre les freins, comme ils l'ont fait pour la réforme électorale. Ils devraient la retirer du projet de loi omnibus d'exécution du budget pour qu'on puisse l'étudier adéquatement. Si, comme ils le prétendent, les libéraux agissent dans l'intérêt des Canadiens, ils ne devraient pas redouter un examen approfondi, et leur projet devrait faire ses preuves ou échouer selon son mérite propre. Cette hâte douteuse n'augure rien de bon pour les Canadiens. Si l'on ne permet pas aux élus d'étudier adéquatement ce projet onéreux, c'est à se demander une fois de plus ce que le gouvernement a à cacher. De quoi a-t-il peur?
Les infrastructures publiques devraient servir les intérêts des Canadiens. La privatisation des investissements dans ce domaine n'est pas seulement une mauvaise décision d'affaires qui nuit aux contribuables canadiens, c'est aussi une situation évidente de conflit d'intérêts.
Il n'est pas nécessaire de chercher bien loin pour trouver des exemples de cafouillages qui coûtent cher aux contribuables. Je peux donner quelques exemples tristement célèbres venus de ma province, la Saskatchewan. Le contrat qui concerne la voie de contournement de Regina, un tronçon de la route transcanadienne, a été confié à une entreprise de construction étrangère qui a été accusée de pratiques de travail déloyales; le coût du projet a explosé, passant de 400 millions à 2 milliards de dollars. On peut aussi parler d'une transaction foncière douteuse, le scandale de la Plaque tournante du transport mondial, et de la révélation selon laquelle le terrain en question aurait pu être acheté quelques années plus tôt à un dixième du prix. Ce scandale qui a secoué le Parti de la Saskatchewan a permis à deux hommes d'affaires — des partisans du parti, je le mentionne au passage — de faire 11 millions de dollars de bénéfices aux frais des contribuables de la province. Maintenant, le gouvernement dirigé par le Parti de la Saskatchewan détruit unilatéralement la Saskatchewan Transportation Company, ou STC, parce qu'il croit qu'un exploitant privé pourra prendre la relève. Il est certain qu'un exploitant privé sera absolument ravi d'acheter les éléments d'actif de la STC à rabais, puis de n'offrir que les trajets les plus rentables. Qu'adviendra-t-il alors des trajets peu rentables qui desservent les résidants des collectivités éloignées qui doivent recevoir des traitements pour le cancer et qui n'ont pas d'autre moyen de transport pour s'y rendre?
La vente de sociétés d'État rentables, comme SaskTel, ne peut que faire grimper le prix que paient les consommateurs en plus de faire perdre inutilement à la Province, et donc aux contribuables, des éléments d'actifs et des revenus. Peu importe nos allégeances politiques, des histoires comme celles-là devraient nous hérisser.
Au cours des 30 dernières années, les résultats négatifs de nombreuses expériences ont montré qu'il est faux de croire que l'entreprise privée peut fournir des services et des infrastructures essentiels mieux que ne le fait le secteur public et à moindre coût. Les Canadiens paient des taxes et des impôts pour le bien commun, ce qui comprend les services publics et les infrastructures publiques.
Durant la campagne électorale de 2015, les libéraux ont promis de mettre en place la Banque de l’infrastructure du Canada afin de fournir « du financement a` faible taux aux projets de construction de nouvelles infrastructures ». Or, en 2016, ils ont annoncé que la Banque serait financée en grande partie par des investisseurs du secteur privé. Je suis pas mal certaine que les investisseurs du secteur privé ne sont pas reconnus pour leur désintéressement.
Les projets financés par la Banque de l'infrastructure devraient générer des recettes qui produiraient des retombées substantielles pour les investisseurs, ce qui donnerait lieu à l'imposition de frais d'utilisation, à la perception de droits de péage et à l'imposition de nouveaux coûts à tous les Canadiens. Ce que le gouvernement propose n'est rien de moins que la privatisation de nos infrastructures. La privatisation serait avantageuse pour leurs amis, les riches investisseurs. Elle n'aiderait pas les Canadiens de la classe moyenne, c'est-à-dire les gens que les libéraux prétendent sans cesse vouloir aider.
Tous les Canadiens devraient se poser la question suivante: si la Banque a pour mandat de financer des projets pouvant générer des recettes, qu'adviendrait-il des projets régionaux d'infrastructures essentielles qui ne sont pas considérés comme rentables, mais qui servent l'intérêt public et sont indispensables à la sécurité publique? Aux termes du plan libéral, la Banque disposerait d'une grande autonomie dans la sélection des projets d'infrastructure qui recevraient un financement. Compte tenu de ces circonstances, qui garantirait que les décisions rendues par le conseil d'administration et le directeur exécutif de la Banque sont dans l'intérêt public, et qui aurait le pouvoir de prévenir la corruption et d'assurer la reddition de comptes?
D'ailleurs, ce sont les médias d'information qui nous ont appris l'existence d'un rapport fédéral interne. Selon ce document, le projet de Banque de l'infrastructure du Canada risque d'entraîner une vaste gamme de problèmes, notamment en refaisant le travail déjà accompli par les provinces, en retardant des projets et en alourdissant la bureaucratie. Il pourrait avoir des répercussions catastrophiques sur les relations publiques et être une source d'embarras pour Ottawa.
Si le gouvernement est réellement convaincu que ce projet est dans l'intérêt des Canadiens, il ne devrait voir aucun inconvénient à le retirer du projet de loi omnibus d'exécution du budget afin qu'il fasse l'objet d'un examen approfondi par les parlementaires et les Canadiens. Après tout, qu'a-t-il à cacher?
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Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole au sujet de l'importante motion présentée par le député de .
Pendant des décennies, l'infrastructure publique essentielle du Canada a été sérieusement négligée, car les gouvernements qui se sont succédé n'ont pas eu la volonté politique de la financer adéquatement. Non seulement les gouvernements fédéraux n'ont pas suffisamment investi dans l'infrastructure, mais ils se sont aussi déchargés de cette responsabilité sur les provinces, qui, à leur exemple, ont fait de même avec les municipalités.
Résultat: ce sont les administrations municipales qui sont obligées de payer la note. En outre, les réductions successives des transferts du fédéral et des gouvernements provinciaux ont réduit encore plus leur marge de manoeuvre. Entre les années 1990 et les années 2000, les transferts aux municipalités de la part des autres ordres de gouvernement sont passés de 26 % à 16 % du total des recettes municipales annuelles.
Les estimations du déficit en matière d'infrastructure varient. Dans son rapport annuel sur une alternative budgétaire pour le gouvernement fédéral, le Centre canadien de politiques alternatives chiffre ce déficit à 171,8 milliards de dollars. C'est absolument indéniable: il faut investir.
Les infrastructures publiques du Canada ont désespérément besoin de projets de modernisation et d'agrandissement, et ce ne sont pas de simples programmes ponctuels de création d'emplois. Les projets d'infrastructure publique, comme la réfection des routes et des autoroutes et l'expansion des services de transport en commun, peuvent non seulement améliorer grandement la vie des Canadiens dans leur quotidien, mais ils ont également le potentiel d'aider le Canada à bâtir une société plus respectueuse de l'environnement. Ainsi, nous pourrions notamment contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Étant donné que les villes continuent à croître, l'omission de fournir le financement essentiel pour augmenter les options de transport en commun a des répercussions sur la vie personnelle des Canadiens ainsi que sur l'économie en général.
L'index de la congestion routière de 2014 a classé Vancouver, ma ville, au troisième rang des villes les plus congestionnées d'Amérique du Nord, derrière Los Angeles et Mexico, et légèrement devant Toronto. On estimait que la congestion routière occupait près de 79 heures du temps du travailleur moyen en 2014. Autrement dit, les gens sont coincés dans le trafic pendant plus de trois jours par année.
En 2009, l'OCDE a estimé que la région du Grand Toronto perdait à elle seule 3,3 milliards de dollars en productivité en raison de l'étalement urbain, de la congestion et du sous-financement du transport en commun. Des services de transport en commun rapides, fréquents, fiables, accessibles, abordables et de grande capacité sont essentiels.
Dans ma circonscription, des autobus filent souvent devant l'arrêt parce qu'ils sont pleins. Il est évident que nous avons besoin de plus d'autobus. Il n'est pas rare de voir de longues files d'attente pour la ligne B sur Broadway. Les gens de mon coin adoreraient pouvoir compter sur un moyen de transport rapide jusqu'à l'Université de la Colombie-Britannique. Les services HandyDART ont également grand besoin d'être améliorés pour les aînés et les personnes à mobilité réduite.
Il est nécessaire d'assurer un financement substantiel et stable à long terme pour fournir les services requis et répondre aux besoins actuels et futurs en matière de transport en commun. Les investissements dans l'infrastructure publique sont des investissements dans l'avenir du Canada.
En plus de combler le déficit en matière d'infrastructure publique, nous avons aussi besoin de soutenir les infrastructures accessoires. Les bibliothèques, les centres communautaires, les maisons de quartier, les galeries d'art, les espaces culturels et les théâtres des collectivités urbaines et rurales du Canada sont extrêmement importants pour celles-ci.
Le quartier chinois de Vancouver, situé à , est l'un des principaux sites touristiques et historiques du Canada. Il est reconnu comme un lieu historique national, et pourtant, il figure aujourd'hui au 3e rang des 10 sites patrimoniaux les plus menacés à Vancouver de l'organisme Heritage Vancouver, et apparaît aussi dans la liste des 19 sites les plus menacés au pays de la Fiducie nationale du Canada.
Le vieux quartier chinois est confronté à d'énormes pressions liées au réaménagement, et le quartier s'embourgeoise rapidement. La collectivité est actuellement très préoccupée par l'avenir du 105, rue Keefer. Ce terrain est adjacent à un monument qui commémore les travailleurs de chemin de fer et les soldats chinois. Le monument représente l'histoire des Canadiens d'origine chinoise et il a un sens profond pour les membres de notre collectivité. Le monument commémoratif chinois de Vancouver est unique en son genre en Amérique du Nord et constitue également un attrait touristique majeur.
Tenant compte de ces facteurs, la Chinese Benevolent Association, la Canadian Alliance of Chinese Associations, la Chinese Canadian Military Museum Society, ainsi que des jeunes et des aînés canadiens d'origine chinoise vivant dans le quartier chinois ont tenu une conférence de presse conjointe demandant à tous les ordres de gouvernement de travailler de concert pour acquérir le terrain du 105, rue Keefer et y construire des logements pour les aînés à faible revenu.
La communauté voudrait voir tous les ordres de gouvernement contribuer à la construction de logements à prix abordable dont on a grand besoin et intégrer à l’initiative l’acquisition du 105, rue Keefer. Ce serait un excellent projet d’infrastructure, digne d’être appuyé par le gouvernement fédéral.
Historiquement, la société et les associations claniques chinoises ont joué un rôle déterminant pour répondre aux besoins sociaux, politiques et financiers des Canadiens d’origine chinoise. Afin d’adapter ces réalités historiques à celles d’aujourd’hui, la communauté voudrait que le gouvernement contribue à revitaliser les bâtiments historiques de la société et des clans chinois. Ces bâtiments rénovés permettraient ainsi de mieux satisfaire les besoins de la communauté actuelle en offrant des espaces culturels, des lieux d’alimentation et des logements à prix abordable.
La pénurie de logements à prix abordable, de logements sociaux et de logements coopératifs est aiguë dans ce pays. Malgré les grands discours sur les stratégies de logement abordable et les annonces d’investissement, le gouvernement ne fait que repousser le problème. En fait, dans le budget de cette année, pas un seul centime d’investissement n’est prévu pour surmonter la crise.
Ma concitoyenne Emily m’écrit:
J'ai eu l'occasion de visiter le refuge Lookout de North Vancouver aujourd'hui dans le cadre d'une activité organisée par l'école de mes filles, Fresh Air Elementary.
Nous avons appris que le refuge est plein tous les soirs et que la liste d'attentes de BC Housing est incroyablement longue. Je sais que les personnes sans-abri se heurtent souvent à des obstacles qui font qu'il leur est presque impossible de trouver un logement en passant par le marché locatif régulier.
Nous avons besoin d'un plan national en matière de logement qui comprend des logements pour des gens ayant de divers niveaux de revenus, comme des coopératives, des logements accessibles, des logements pour les aînés et des logements pour les personnes difficiles à loger. Il faut également que nous ayons des options à prix abordable pour les familles.
La ville de Vancouver a 20 sites où se bâtissent en ce moment des logements abordables. L'un d'entre eux appartient à la ville et est situé au 58 West Hastings. Le maire s'est engagé à ce que le projet ne compte que des logements sociaux subventionnés en fonction des prestations d'aide sociale ou des revenus de pension. L'un des partenaires du projet est la fondation Vancouver Chinatown. La ville cherche maintenant à obtenir davantage de fonds des ordres supérieurs de gouvernement et il est essentiel que le gouvernement devienne un important partenaire de ce projet d'envergure.
Outre le logement, l'infrastructure accessoire est également cruciale dans notre collectivité. Par exemple, le président réélu du conseil d'administration du centre culturel chinois, Fred Kwok, souhaiterait qu'on construise un théâtre pour la communauté. Un terrain est disponible pour ce projet et des plans ont déjà été dessinés par le regretté Joe Wai, un architecte qui a laissé un énorme héritage dans la communauté. Un partenariat avec le gouvernement fédéral serait essentiel pour assurer le succès de ce projet.
Je reconnais pleinement que le Canada a besoin d'investissements substantiels, immédiats et soutenus pour mettre à niveau, améliorer et élargir l'infrastructure publique. Cependant, à l'instar de mes collègues néo-démocrates, j'émets de très sérieuses réserves à l'égard de la Banque d'infrastructure du Canada que propose le gouvernement. Quelle que soit la désignation que donne le gouvernement à cette entité, cela ne change pas la réalité: nous assistons à une privatisation croissante de l'infrastructure publique du Canada. Le gouvernement a permis à de grandes multinationales d'exercer une influence considérable à l'égard de la création du programme de cette entité et il a même décidé de son orientation avant même que le comité n'en ait fait l'examen.
De toute évidence, cette entité n'est rien d'autre qu'un partenariat public-privé, qu'on appelle aussi PPP. Pourquoi l'a-t-on désignée comme banque? L'expérience accumulée au fil des ans montre que les PPP sont en fait des projets coûteux lucratifs pour le secteur privé, mais qui risquent d'entraîner des dépassements de coûts et d'échéanciers de même que des droits d'utilisation élevés. Par surcroît, lorsqu'un problème survient, c'est le secteur public qui paie la note.
Une étude publiée en 2016 par l'École de politique publique de l'Université de Calgary conclut que les PPP coûtent autant, sinon plus, que les marchés conventionnels à prix fixe. Comme je l'ai indiqué, les auteurs de l'étude ont également conclu que les « risques censés être transférés aux partenaires privés ne le sont jamais vraiment ».
Cette banque sera créée aux dépens des Canadiens. Le gouvernement s'empresse de faire adopter cette mesure parce qu'il cherche à en cacher l'incidence et à éviter d'avoir des comptes à rendre. Or, il avait promis exactement le contraire, soit de faire preuve de transparence.
Il est temps d'appuyer cette motion. Les Canadiens ne méritent rien de moins.
:
Madame la Présidente, d'abord, j'aimerais vous signaler que je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
[Traduction]
C'est un honneur pour moi d'intervenir aujourd'hui à la Chambre pour parler du travail important que fait le gouvernement pour appuyer les investissements dans les infrastructures municipales pour le XXIe siècle.
[Français]
Dans le budget de 2016, nous avons lancé la première phase du plan, qui est conçu pour atteindre trois objectifs importants: favoriser la croissance économique à long terme, bâtir des collectivités inclusives et soutenir une économie verte à faible émission de carbone.
La phase initiale était axée sur la réparation et la modernisation des infrastructures existantes. Elle a aussi permis de financer les étapes de conception et de panification de nouveaux projets de grande envergure.
[Traduction]
La première phase a été couronnée de succès. Grâce à deux fonds d'Infrastructure Canada — le Fonds pour l'eau potable et le traitement des eaux usées, d'une valeur de 2 milliards de dollars, et le Fonds pour les infrastructures du transport en commun, doté d'un budget de 3,4 milliards de dollars —, le gouvernement du Canada appuie 1 760 projets un peu partout au pays. Plus de 70 % de ces projets sont en cours.
Lors de notre arrivée au pouvoir, nous nous sommes engagés envers les Canadiens et les municipalités à faire preuve de transparence et à réaliser des investissements stratégiques, fondés sur des données probantes, dans les infrastructures. Nous savions que la meilleure façon de remplir cet engagement, c'était de travailler en partenariat avec les provinces, les territoires, les municipalités, les Autochtones et les principaux intervenants. C'est pourquoi nous les avons rencontrés. Nous leur avons parlé, et nous continuons de discuter avec l'ensemble de nos partenaires et des intervenants. Nous savons que la meilleure façon de connaître du succès, c'est de veiller à ce que notre travail et nos plans tiennent compte des besoins et des attentes des gens auxquels ils sont destinés.
Comme l'a mentionné le à la Chambre mardi, nous nous assurons de parler aux intéressés, notamment à la Fédération canadienne des municipalités, au Caucus des maires des grandes villes et à des membres du secteur du génie et de la construction. La semaine dernière, j'ai discuté avec un groupe de maires de l'Union des municipalités du Québec qui voit notre projet d'un oeil très favorable. Grâce aux contributions et aux commentaires précieux de ces dirigeants municipaux, nous sommes parvenus à élaborer un plan d'infrastructure à long terme que nous appelons « Investir dans le Canada », dans le cadre duquel nous investirons plus de 180 milliards de dollars sur 12 ans.
Le plan est axé sur cinq thèmes principaux: le transport en commun, les infrastructures vertes, les infrastructures sociales, le commerce et le transport et les collectivités rurales et nordiques. Il comprend également deux nouvelles initiatives: le défi des villes intelligentes, dont j'ai parlé, hier, à Toronto, au maire et à ses invités, et la Banque de l'infrastructure du Canada.
Au cours de l'élaboration de la Banque de l'infrastructure du Canada, nous avons aussi rencontré les représentants de divers groupes, notamment le Conseil canadien des sociétés publiques-privées, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. Nous savions d'entrée de jeu qu'il était primordial d'avoir des experts autour de la table. C'est aussi pourquoi je tiens à féliciter les comités de la Chambre des communes et du Sénat qui examinent très attentivement la création de cette banque. Quatre comités distincts étudient actuellement la question. Je tiens à remercier les membres de ces comités du temps qu'ils investissent dans ce dossier et de leur travail acharné.
La Banque de l'infrastructure du Canada constitue un nouvel outil pour permettre aux collectivités du Canada de se renforcer et de s'améliorer.
[Français]
Nous proposons la Banque de l'infrastructure du Canada puisque nous pensons que le gouvernement fédéral a la possibilité de se faire une place dans les nombreux investissements du secteur privé et dans les infrastructures et de former des partenariats avec certains des plus grands investisseurs institutionnels au monde.
Si le Parlement donne son approbation, c'est exactement ce que fera la Banque de l'infrastructure du Canada. Elle investira jusqu'à 35 milliards de dollars dans de nouvelles infrastructures axées sur la croissance partout au Canada.
Quinze milliards de ces dollars proviendront du plan Investir dans le Canada. Ces 15 milliards de dollars représentent approximativement 8 % du total des fonds que nous avons pris l'engagement de consacrer aux infrastructures au titre de notre plan à long terme, dont j'ai parlé plus tôt, de plus de 180 milliards de dollars.
Nous mettrons 20 milliards de dollars de capital supplémentaire à la disposition de la Banque de l'infrastructure du Canada pour lui permettre de détenir des actifs sous la forme d'équité ou sous la forme de dette.
La Banque servira au gouvernement fédéral de point de contact avec le secteur privé et elle embauchera des experts du secteur privé en vue de permettre au gouvernement de maximiser les investissements effectués au moyen de capitaux privés.
Les fonds de la Banque s'ajoutent au financement destiné aux infrastructures que nous nous sommes engagés à doubler. Surtout, ils représentent un nouveau moyen d'aider nos partenaires de financement à répondre à leurs besoins pressants en matière d'infrastructure. Nous libérerons des fonds publics pour construire davantage d'infrastructures publiques en ayant recours à des capitaux privés pour bâtir ces nouveaux projets.
Nous nous attendons à ce que la Banque permette d'attirer des capitaux du secteur privé qui, autrement, n'auraient pas été investis dans les infrastructures publiques. Cela aura donc un effet multiplicateur sur nos capacités en infrastructures transformatrices. Une fois la Banque créée à titre de société d'État autonome, elle constituera un nouvel outil auquel les partenaires provinciaux, territoriaux, municipaux et autochtones pourront avoir recours pour construire les infrastructures dont les Canadiens ont besoin.
Elle sera également chargée de négocier des transactions complexes et de trouver des solutions de financement novatrices pour des projets d'infrastructure transformateurs partout au Canada. Il est donc essentiel que nous trouvions et attirions des dirigeants talentueux et expérimentés pour veiller à ce que la Banque remplisse son mandat. Mon collègue le a lancé la recherche d'une haute direction, soit le président, le conseil d'administration et le premier dirigeant de la société d'État autonome, en ayant pour objectif que la Banque opérationnelle d'ici la fin de 2017.
Ce processus est ouvert et basé sur le mérite, et il permettra de trouver les experts et les professionnels nécessaires pour diriger la Banque. Le processus de sélection est conçu de manière à attirer un personnel diversifié et hautement qualifié.
[Traduction]
Je voudrais maintenant parler de certaines allégations qui ont été faites à la Chambre, en particulier par la députée de . Il a été suggéré, par la députée et par d'autres, que la Banque nuirait à des projets qui ont été annoncés ou qui sont en cours. C'est absolument faux. La députée peut être certaine que les projets prévus dans sa circonscription, qui totalisent 72,5 millions de dollars et dont la moitié du financement est assuré par le gouvernement fédéral, se réaliseront.
Il a également été question du parti qui a mis en place le Fonds fédéral de la taxe sur l'essence. Il est utile de rappeler à la Chambre que ce fonds a été établi par le précédent ministre des Finances libéral, qui est actuellement le , afin d'équilibrer le budget. Il s'agit donc d'une initiative libérale qui assure aux municipalités un financement continu au moyen de sommes versées régulièrement par le gouvernement.
Comme je l'ai dit au début de mon discours, j'ai rencontré des représentants de l'UMQ. Nous ne sommes pas entièrement d'accord quant à la proportion du financement qui doit provenir du gouvernement fédéral. Nous amorçons avec le Québec des négociations qui seront ardues, mais sérieuses et ouvertes, et les municipalités y participeront. L'UMQ était impatiente de connaître nos plans.
[Français]
Partout au Québec où je me présente pour faire des annonces, les maires des Villes, surtout les conseillers, qui travaillent aussi fort que nous sinon plus, sont ravis d'avoir des infrastructures. Ce besoin est criant depuis des décennies, car il y a un sous-financement en capital, et celui-ci a des conséquences.
[Traduction]
Si sa création est approuvée par le Parlement, la Banque représentera un nouvel outil précieux pour les provinces, les territoires, les municipalités et les communautés autochtones afin de bâtir davantage d'infrastructures, ce qui permettra d'allouer plus de fonds du gouvernement à des projets publics.
Le gouvernement du Canada a fait preuve d'ouverture et de transparence au sujet de toutes les étapes de l'élaboration de la Banque. Nous maintiendrons une collaboration ouverte avec nos partenaires pour veiller à ce que les investissements dans le plan d'infrastructure du Canada continuent de répondre aux besoins des collectivités partout au Canada.
:
Madame la Présidente, c'est avec plaisir que je prends la parole aujourd'hui sur l'importance de l'infrastructure publique et la façon dont elle aidera à stimuler l'économie et à offrir un soutien supplémentaire aux familles canadiennes.
À notre avis, l'une des meilleures façons de redonner confiance à la classe moyenne consiste à investir dans l'infrastructure publique afin de bâtir des communautés plus fortes et à bâtir une économie qui fonctionne pour tous les Canadiens et toutes les Canadiennes ainsi que leur famille.
Le renforcement de la classe moyenne permet aux Canadiens qui travaillent fort de s'attendre à un bon niveau de vie et à de meilleures perspectives d'avenir pour leurs enfants et leurs petits-enfants. Lors que la classe moyenne réussit, nous réussissons tous.
Nous savons que nos investissements dans nos communautés permettent à tout le monde de contribuer à l'avancement de notre bien-être économique, social et environnemental, mais comment pouvons-nous atteindre ces objectifs en pratique? C'est une bonne question.
Les gouvernements du monde entier sont continuellement aux prises avec le défi de créer des actifs publics, comme des routes et des ponts, qui répondent aux attentes de qualité des contribuables tout en résistant au passage du temps. Voilà pourquoi, dans le budget de 2016, le gouvernement a énoncé son intention de mettre en oeuvre un plan historique pour l'infrastructure.
Nous collaborons donc étroitement avec les gouvernements provinciaux et territoriaux afin de réaliser rapidement des investissements ciblés en transport collectif, dans l'infrastructure verte et l'infrastructure sociale. Le budget de 2016 a ainsi annoncé 11,9 milliards de dollars sur cinq ans en appui à ces priorités.
Dans les discours que j'ai entendus aujourd'hui, plusieurs députés parlaient de projets qui n'étaient pas encore commencés.
[Traduction]
Bien des députés ont dit ce matin qu'il n'y avait pas beaucoup de projets déjà en branle ou prêts à démarrer. Je viens de donner un coup de fil à mon bureau pour qu'on me donne la liste des projets visant la belle circonscription de Moncton—Riverview—Dieppe qui sont approuvés ou qui ont déjà démarré. En fait, la contribution totale du gouvernement fédéral pour certains projets est de 84 millions de dollars, et la valeur totale des projets s'élève à 225 millions de dollars.
Ces projets, dont je suis très fière et que j'ai défendus vivement pendant la campagne électorale, sont extraordinaires. L'un d'eux permettra de rétablir les conditions naturelles de la belle rivière Petitcodiac. Pour les députés qui ne connaissent pas bien ma région, le projet de la rivière Petitcodiac consiste à remplacer une route sur digue par un pont de 200 mètres qui permettra de rétablir au maximum les conditions naturelles de la rivière Petitcodiac. Tous les gens de ma circonscription tiennent énormément à ce projet. On estime que le rétablissement complet du courant de marée permettra à la rivière de retrouver pas moins de 80 % de ses fonctions. Ce projet créera ainsi les conditions nécessaires au passage des poissons et au rétablissement du mascaret de Petitcodiac, qui est unique en son genre. L'été dernier, certaines personnes faisaient déjà du surf. On peut donc favoriser le tourisme de bien des façons, ce qui est extraordinaire.
[Français]
La première phase de notre plan signalait un nouveau mode de travail collaboratif et d'utilisation des investissements dans l'infrastructure pour rendre nos communautés plus fortes, mais nous savions qu'il fallait en faire davantage.
Voilà pourquoi, dans l'Énoncé économique de l'automne, le gouvernement a annoncé un montant supplémentaire de 81 milliards de dollars sur une période de 11 ans pour le transport en commun, l'infrastructure verte, l'infrastructure sociale, l'infrastructure à l'appui du commerce, l'infrastructure dans les collectivités rurales et nordiques, ainsi que pour les villes intelligentes.
En tenant compte des fonds existants, nous investirons plus de 180 milliards de dollars sur une période de 12 ans au profit de nos villes, de nos villages et de nos corridors commerciaux, et ce, afin d'assainir l'air et d'améliorer la qualité de l'eau, d'améliorer les quartiers pour nos enfants et de favoriser des collectivités plus intelligentes et mieux reliées. Cet investissement est sans précédent dans l'histoire canadienne, et il arrive alors que les besoins sont considérables.
Nos collectivités ont besoin d'assurer le transport des personnes et des marchandises. Nos concitoyens les plus vulnérables ont besoin d'un logement. Pour relever ce défi, nous devions voir encore plus grand.
Finalement, je vais aborder la question de la création de la Banque de l'infrastructure du Canada. Aucun ordre de gouvernement ne peut atteindre seul les objectifs ambitieux en matière d'infrastructure. Nous devons agir en partenariat avec les autres ordres de gouvernement, avec les organisations publiques et privées et avec des investisseurs de partout au monde. Le Canada est un pays où les besoins en infrastructure sont énormes et qui présente un grand potentiel de mise en place d'une infrastructure de calibre mondial qui améliorera les communautés, créera de bons emplois et rendra l'économie plus forte et plus écologique.
Il est important d'attirer des investissements qui permettront de mettre en oeuvre un plus grand nombre de projets d'infrastructure. Les investisseurs nous ont dit qu'ils veulent investir au Canada, mais qu'il faut que des conditions particulières soient en place. Voilà pourquoi nous avons présenté le projet de loi qui établit la nouvelle Banque de l'infrastructure du Canada sous forme de société d'État. La Banque sera dirigée par un chef de la direction et gouvernée par un conseil d'administration professionnel.
Par l'entremise de la nouvelle Banque de l'infrastructure, un organisme indépendant, nous collaborerons avec les provinces et les territoires, ainsi qu'avec les municipalités de notre pays, afin de mettre en place une infrastructure de calibre mondial qui améliorera nos communautés, créera de bons emplois, et rendra l'économie plus forte et plus écologique.
La Banque de l'infrastructure du Canada cherchera à attirer des investissements d'institutions du secteur privé dans de nouveaux projets d'infrastructure d'intérêt public et générant des recettes au Canada. En termes simples, il s'agit d'une nouvelle façon de financer des projets transformateurs dans les communautés d'un bout à l'autre de notre beau pays. En attirant de nouveaux investisseurs, nous pourrons réaliser un plus grand nombre de projets d'infrastructure dont les communautés canadiennes ont besoin.
La Banque sera chargée d'investir au moins 35 milliards de dollars fédéraux en se servant d'un éventail d'instruments financiers. Grâce à l'établissement d'un nouvel organisme capable de collaborer avec le secteur privé, lorsqu'il est logique de le faire, les fonds publics seront utilisés d'une manière plus stratégique et plus judicieuse. Ces investissements mèneront à la réalisation de meilleurs projets qui créeront de bons emplois bien rémunérés et nécessaires au renforcement durable de l'économie du Canada.
En conclusion, je dirai que nous savons que nous ne relèverons pas les défis auxquels nous faisons face du jour au lendemain. Or nous savons qu'une bonne gouvernance ne vise pas seulement la période d'aujourd'hui et de demain. Elle doit aussi être faite en pensant aux années et aux décennies à venir. Il s'agit d'assurer un meilleur avenir à nos enfants. Nous sommes optimistes, sachant que nous pouvons léguer une meilleure vie à la prochaine génération.
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Madame la Présidente, je partagerai le temps dont je dispose avec la députée d'.
Aujourd'hui, nous débattons de la proposition du gouvernement concernant la Banque de l'infrastructure du Canada. En particulier, la motion que le NPD a présentée aujourd'hui demande à la Chambre de retirer du projet de loi d'exécution du budget les articles relatifs à la Banque de l'infrastructure du Canada afin qu'ils soient étudiés dans un projet de loi indépendant.
Je commencerai par un court historique de la proposition, puis je passerai à certaines de mes réserves concernant la Banque de l'infrastructure.
En 2015, la plateforme électorale des libéraux indiquait qu'ils allaient:
[...] mettre en place la Banque de l'infrastructure du Canada [...] qui fournira du financement à faible taux aux projets de construction de nouvelles infrastructures. Le gouvernement fédéral peut utiliser ses solides cotes de solvabilité et son pouvoir de prêt pour que les municipalités puissent subventionner plus facilement, et de façon plus abordable, les projets d'infrastructures dont ont besoin leurs collectivités.
Ce n'était pas une promesse très médiatisée, comme celle concernant la réforme électorale, que les libéraux n’ont d'ailleurs pas tenue. Cela semblait être une promesse parfaitement raisonnable: utiliser judicieusement les fonds publics pour construire et entretenir des infrastructures publiques.
Malheureusement, le plan a radicalement changé. Dans le dernier budget, le gouvernement révèle que le financement de la Banque de l'infrastructure sera de 35 milliards de dollars, dont 15 milliards seront puisés à même les fonds publics. Le reste proviendra de banques d'investissement privées et de fonds qui s'attendent à tirer un rendement important de leurs investissements et à avoir leur mot à dire dans la détermination des priorités d'investissement.
Avons-nous besoin d'une telle Banque de l'infrastructure privée au Canada? Devrions-nous payer plus cher pour les projets d'infrastructure? Devrions-nous payer des péages et des frais supplémentaires? Devrions-nous renoncer à contrôler la façon dont on entend dépenser l'argent des contribuables aux fins des infrastructures publiques?
Selon une étude réalisée par des chercheurs de l'Institut des finances publiques et de la démocratie, le gouvernement fédéral pourrait construire encore plus d'infrastructures simplement en empruntant à des taux préférentiels et en refilant les économies aux administrations municipales et aux provinces. C'est exactement ce que les libéraux avaient promis lors des dernières élections.
Le gouvernement semble aller de l'avant pour une seule et unique raison: pour s’attribuer le mérite de projets d'infrastructure auxquels il a peu ou pas contribué, des projets qui profiteront à de riches banquiers d'affaires, des projets financés par les contribuables qui paient les péages et les frais supplémentaires, tout en soulageant les comptes du gouvernement de ces coûts pour donner l'impression que son bilan financier est plus reluisant qu'il ne l'est.
Examinons d’un peu plus près certaines des réserves que suscite le projet de Banque de l'infrastructure du Canada. D’abord et avant tout, il y a le coût supplémentaire inutile qu'elle ajouterait aux projets d'infrastructure publique.
Comme les libéraux l’ont souligné dans leurs promesses électorales, le gouvernement fédéral peut utiliser sa solide cote de crédit pour accéder à des fonds pour aider les provinces et les municipalités réaliser des projets d'infrastructure qui profiteront à tous les Canadiens. Pourquoi faire intervenir des sociétés d'investissement privées qui exigent des rendements élevés? Le gouvernement ne fait qu’ajouter un intermédiaire qui veut faire un profit.
Comme nous l'avons entendu plus tôt dans divers discours, le gouvernement libéral a commandé récemment à KPMG une étude portant sur le projet de Banque de l'infrastructure. Il n'a manifestement pas aimé les réponses qu’il a obtenues, puisqu'il a initialement refusé de rendre le rapport public.
L'un des points soulignés dans le rapport, c'est que les Canadiens n'aiment pas payer des frais supplémentaires et des péages pour utiliser les infrastructures publiques, ce qui n'étonnera sans doute personne, surtout si le produit des frais et des péages sert non pas à rembourser les fonds publics utilisés pour le projet, mais bien à générer des profits pour les banquiers d'affaires.
Le rapport fait état d'une éventuelle résistance si le gouvernement commençait à imposer des frais pour l'utilisation de l'eau. Il souligne que, à l'échelle internationale, les investisseurs privés n'investissent dans les immobilisations en eau qu’après qu'une administration municipale a pleinement adopté la méthode du coût complet et la tarification au compteur de la consommation d'eau.
Dans ma circonscription, la tarification au compteur de la consommation d'eau est déjà en vigueur à de nombreux endroits, simplement parce que l'eau est une ressource précieuse dans l'intérieur sec du Sud de la Colombie-Britannique et parce que la facturation à l'utilisation plutôt que par ménage incite fortement à économiser l'eau. Les gens paient leur propre administration municipale, et non une société privée, pour l'eau qu'ils utilisent. Cet exemple montre que les investisseurs privés souhaitent simplement faire des profits plutôt que s'impliquer pour le bien public.
Chaque administration municipale doit assumer chaque année les coûts d’entretien et d’exploitation de ses infrastructures. Les petites localités rurales et les districts régionaux sont déjà confrontés à des coûts par habitant beaucoup plus élevés que ceux des grandes villes. Il n'est pas logique pour eux d'adhérer à l’idée d’une banque de l'infrastructure qui, à long terme, coûtera inévitablement encore plus cher à leurs résidants. Ils ont besoin que le gouvernement fédéral leur fournisse le financement qu'il leur faut sous forme de subventions ou de prêts à faible taux d'intérêt, tout comme les libéraux l’ont promis dans leur plateforme électorale, et non par l’entremise d’une banque de l'infrastructure privée.
Les petites municipalités des régions rurales du Canada sont également préoccupées par le fait que 15 milliards de dollars sont puisés dans les fonds destinés à l'infrastructure et placés dans une banque qui ne sera probablement pas intéressée à financer des projets dans des petites villes.
Au cours des dernières années, les gouvernements de partout au pays ont forgé des partenariats avec le secteur privé malgré les problèmes évidents d’imposition et de contrôle qui vont de pair avec de tels partenariats.
Il y a deux ans environ, le vérificateur général de ma province, la Colombie-Britannique, a constaté que les contribuables de la province allaient devoir payer environ 31 millions de dollars en intérêts supplémentaires pour un seul projet, l’hôpital Fort St. John, un montant qui représente l’investissement en capital dans le projet et qui a été emprunté à un taux d’intérêt de 14,79 %. Cela a mené un journaliste à se demander si les libéraux de la Colombie-Britannique avaient mis ce montant sur leur carte Visa.
On a évalué à 81 millions de dollars le montant que les contribuables de la Colombie-Britannique paient chaque année en frais d’intérêts supplémentaires pour des projets en PPP.
Je n’ai pas le temps d’aborder toutes les autres préoccupations liées à cette proposition: celles qui touchent la privatisation des aéroports, le manque de surveillance publique, le manque de consultation du public à l'égard des priorités de la Banque de l’infrastructure, le manque de participation du public au conseil d’administration de la Banque; les préoccupations liées au fait que les personnes que les libéraux ont choisies pour concevoir le système — les riches preneurs fermes — sont celles-là même qui en tireront profit, et les préoccupations au sujet de la hâte avec laquelle on veut lancer ce projet. Les emplois sont déjà affichés sur le site Web du gouvernement, avant même que le projet de loi n’ait été débattu en profondeur à la Chambre, et encore moins adopté par la Chambre et le Sénat.
L’étude de KPMG que j’ai mentionnée plus tôt préconise un examen approfondi de la proposition de Banque de l’infrastructure, mais au lieu de cela, le gouvernement essaie de précipiter l’adoption de cette proposition en prévoyant seulement deux heures d’audiences du comité. Nous savons tous ce qu’on peut faire dans une séance de comité en deux heures: entendre peut-être six témoins ayant chacun dix minutes pour parler et répondre à quelques questions. C’est nettement insuffisant pour aborder la multitude de préoccupations que soulève cette proposition.
Il s’agit d’une somme considérable: 35 milliards de dollars. Les libéraux diront peut-être que c’est simplement l’équivalent du déficit budgétaire annuel, mais pour les Canadiens, c’est un montant énorme, surtout compte tenu des péages et frais supplémentaires qu’ils devront payer pour financer cet investissement. Le ministre a déclaré que les gens auxquels cette initiative s’adresse n’ont pas soulevé de préoccupations. Or, elle s’adresse aux citoyens du Canada, et les gens de ma circonscription me font part de leurs préoccupations. Je me demande à qui le ministre prête l’oreille et à qui, selon lui, cette initiative s’adresse.
Le NPD est d’avis que la proposition de Banque de l’infrastructure du Canada doit être éliminée du projet de loi et étudiée en profondeur en tant que mesure législative distincte. Les Canadiens auront ainsi leur mot à dire à propos d'un changement majeur dans la politique gouvernementale, un changement qui entraînera d’importants coûts inutiles pour les contribuables canadiens, tout en privant ces derniers de leur droit de regard sur la manière dont les fonds publics sont dépensés et sur les projets d’infrastructure qui sont approuvés.
:
Madame la Présidente, je suis heureuse de prendre la parole pour appuyer la motion déposée par mon collègue le député de . C'est un débat important. Je suis heureuse que mon collègue ait choisi de présenter cette motion parce que, sans cela, nous n'aurions même pas eu la possibilité de débattre des importantes dispositions sur la Banque de l'infrastructure qui sont incluses dans un gros projet de loi omnibus d'exécution du budget.
Le projet de loi omnibus d'exécution du budget vise à adopter ou à modifier 30 lois, notamment la Loi sur la Banque de l'infrastructure du Canada, qui constitue la section 18 du projet de loi. La Banque serait une société d'État. Je souligne que les multiples mesures contenues dans le projet de loi budgétaire n'entreront pas en vigueur avant que le projet de loi ne soit étudié par un comité, qu'il ne fasse l'objet d'un vote à l'issue du débat de troisième lecture et que l'autre endroit ne l'examine. La loi visant à établir la Banque de l'infrastructure du Canada n'est pas en vigueur.
Notre première crainte, c'est que les dispositions législatives qui visent à apporter d'importantes réformes à l'attribution de fonds publics ont été incluses dans un projet de loi omnibus d'exécution du budget, ce qui représente une autre promesse brisée. La décision d'inclure ces dispositions dans un projet de loi d'exécution du budget de 300 pages réduit considérablement les chances de pouvoir les étudier attentivement et avec soin. C'est la crainte qu'a soulevée KPMG, la firme que le gouvernement libéral a engagée pour déterminer s'il serait judicieux d'adopter ces dispositions avec célérité. D'ailleurs, même le conseiller du gouvernement lui a recommandé de procéder plus lentement. Par ailleurs, le gouvernement a imposé l'attribution de temps pour le débat avant même que la majorité des députés aient eu l'occasion de faire part de leurs préoccupations et de poser des questions, et il n'a prévu qu'une heure pour l'étude au comité. C'est absolument ahurissant. C'est faire preuve d'un grave mépris à l'égard des responsabilités très importantes du Parlement, qui doit notamment examiner les dépenses, une responsabilité qui incombe à tous les députés.
Notre parti a décidé d'utiliser cette journée de l'opposition pour que tous les députés puissent débattre plus en détail de cette question, et nous encourageons tous les députés à apporter leur contribution.
Notre deuxième crainte, c'est que le gouvernement a pris des moyens hâtifs et peut-être illégaux afin de créer la banque proposée avant même que le projet de loi permettant de le faire soit débattu et adopté par le Parlement, sans parler de son entrée en vigueur. Le projet de loi vient tout juste d'être renvoyé au comité des finances pour y être étudié.
Comme on l'a soulevé de façon convaincante dans une question de privilège présentée hier à la Chambre par le leader à la Chambre du Nouveau Parti démocratique, le député de , le gouvernement a déjà choisi et annoncé publiquement l'emplacement de la banque qui n'a pas encore été approuvée. Il a déjà entamé le processus pour trouver le président, le PDG et les membres du conseil d'administration. Il a également annoncé sur son site web que la date limite pour la nomination est le 23 du mois en cours, dans à peine deux semaines. Pourtant, nous n'en sommes qu'à débattre de la loi qui établirait cette banque.
Ces gestes vont au-delà de la présomption. Ils pourraient être considérés comme illégaux, si l'on se fie aux décisions précédentes de la présidence, puisque la loi permettant la création de la banque est loin d'être adoptée. Aucun geste de ce genre ne peut être autorisé par décret en conseil. Aucune autorisation n'a été délivrée par le Parlement pour établir la banque ou pour autoriser l'engagement des fonds. Nous avons établi que ces gestes prématurés pourraient constituer un outrage à la Chambre et une attaque contre l'autorité du Parlement. Nous attendons la décision de la présidence. Il ne s'agit manifestement pas d'un bon début pour l'établissement de cette institution.
Troisièmement, on ne sait toujours pas avec certitude quel sera l'objectif de la Banque et quels intérêts elle servira. D'après le projet de loi, la Banque a pour mission de chercher à attirer des investissements d’investisseurs du secteur privé et d’investisseurs institutionnels dans des projets d’infrastructures situés au Canada ou en partie au Canada, un point sur lequel je reviendrai dans un instant. Elle a aussi pour mission de générer des recettes, au moyen de droits et de péages, évidemment. Finalement, elle est censée servir l'intérêt public, par exemple en soutenant des conditions favorables à la croissance économique ou en contribuant à la viabilité de l’infrastructure qui, on le suppose, aura été construite par des intérêts privés.
À lui seul, cet article soulève une multitude de questions. Qu'entend-on par des projets « en partie au Canada »? Quels risques courront les investissements canadiens si des projets sont situés en partie aux États-Unis? Le gouvernement envisage-t-il la construction de lignes électriques internationales afin d'exporter de l'électricité provenant des centrales au charbon de l'Alberta et de la Saskatchewan? En quoi cela profiterait-il aux contribuables? La loi donne à la Banque le pouvoir de déterminer ce qui est dans l'intérêt public. Les Canadiens sont-ils d'accord avec cette disposition? Il s'agit de fonds publics, ne l'oublions pas.
Qui détermine ce qui est dans l'intérêt des Canadiens? Est-ce le conseil d'administration de la Banque? La loi interdit expressément la nomination de représentants des administrations fédérales, provinciales ou municipales au sein du conseil d'administration. De toute évidence, aucun élu ne déterminera ce qui est dans l'intérêt public.
Les élus n'étaient-ils pas censés rendre compte des deniers publics dépensés et sélectionner des projets prioritaires qui servent les intérêts de la population? Je tiens à rappeler que 35 milliards de dollars de fonds publics seront versés directement dans la Banque, et que cet argent sera accessible aux entités privées ou sous la forme de garanties d’emprunt.
Comme le chroniqueur Andrew Coyne du National Post l'a fait remarquer, le gouvernement semble employer un vieil euphémisme politique en qualifiant ses dépenses d'« investissements ».
Il est important de ne pas oublier que le gouvernement a engagé 35 milliards de fonds publics, y compris sous la forme de garanties d’emprunt, et que, sur cette somme, 15 milliards de dollars seront injectés dans la Banque afin que des entrepreneurs privés puissent y avoir accès. Cet argent ne pourra pas être investi dans les infrastructures publiques, notamment les systèmes de transport léger et rapide et les infrastructures vertes, dont le gouvernement parle ad nauseam.
Certains s'interrogent à savoir si cette banque peut réellement être considérée comme une banque. Malgré un conseil constitué d'investisseurs privés, la loi prévoit un rôle considérable pour le gouvernement. Par exemple, les garanties d'emprunt doivent être approuvées par le ministre des Finances. Pourtant, il n'y a pas d'exigences ni de critères précis pour assurer la transparence. De plus, le Cabinet a le pouvoir de choisir et de congédier les membres et le président du conseil, et le conseil relève du ministre de l'Infrastructure et non du ministre des Finances. En fait, on ne sait pas vraiment qui, au sein du gouvernement, est responsable de la Banque et devra rendre des comptes à son égard. Peut-être qu'un ministre sera responsable lorsque la Banque fonctionne bien et qu'un autre ministre devra rendre des comptes lorsque nous perdons de l'argent.
On s'inquiète du fait que la Banque sera constituée en société d'État, ce qui l'exclura des demandes d'accès à l'information, qui sont si importantes si l'on souhaite respecter les promesses de transparence et de reddition de comptes. Bien entendu, on mentionne sans cesse dans les lettres de mandat l'importance d'assurer la transparence et la reddition de comptes, sauf pour ce qui est de cette banque.
La Banque fera-t-elle l'objet d'une surveillance par le directeur parlementaire du budget? Il semble bien que non. Cela signifie que le directeur parlementaire du budget ne pourra pas vérifier comment les 35 milliards de dollars sont utilisés.
Il y a une autre question qui a été soulevée par un grand nombre de personnes: celle du conflit d'intérêts. Le fait que le gouvernement a demandé des conseils aux entités mêmes qui profiteront vraisemblablement de cette banque et qui pourraient être des candidats au conseil d'administration et le fait que le gouvernement a reçu une orientation directe de la part de ces entités suscitent déjà de graves préoccupations.
Une étude appropriée comprendrait un examen de tout conflit d'intérêts potentiel, de l'incidence de la Banque sur les programmes d'infrastructure actuels, et de la façon dont les contribuables seraient touchés en cas d'échec d'un projet. Cela brandit le spectre de la faillite. Le promet que les contribuables ne paieront pas la note si un projet financé par la Banque de l'infrastructure échoue. Si la Banque est dirigée par son conseil d'administration, dont les membres proviennent du secteur privé, je me demande comment le gouvernement peut nous faire cette promesse.
Le gouvernement devra payer les pots cassés si, en vertu de la Loi sur la faillite, les créanciers ont priorité sur le gouvernement qui tente de recouvrer les coûts pour nettoyer les puits abandonnés. La cour a récemment conclu qu'en cas de problème, les créanciers ont priorité. Par conséquent, ce ne sont pas les contribuables qui recevront l'argent en premier, mais les entrepreneurs privés.
Il est très important que tous les députés participent à ce débat au nom des électeurs qu'ils représentent. Ils doivent découvrir les risques que court leur circonscription ainsi que les projets qui ne seront pas mis en oeuvre si ces fonds sont versés par l'entremise de la Banque de l'infrastructure.
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je suis très heureux de participer au débat en cours au sujet des investissements du gouvernement en infrastructure et de la Banque de l'infrastructure du Canada. Nous savons qu'un système de transport en commun robuste aide les Canadiens à effectuer leurs déplacements quotidiens plus rapidement, que les infrastructures sociales rendent nos municipalités plus agréables et que les infrastructures vertes nous offrent une eau et de l'air propres. Partout au Canada, les dépenses en infrastructure sont en croissance, tout comme la demande pour de meilleurs quartiers et municipalités. À mesure que les régions canadiennes continuent de croître, les besoins en infrastructures essentielles croissent également et les Canadiens en ressentent les effets chaque jour. Les propriétaires d'entreprise doivent se démener pour que leurs produits arrivent aux consommateurs en raison de la congestion dans les ports et les postes frontaliers. Les trajets quotidiens prennent du temps, les autobus et les trains sont bondés; amener les enfants à leur entraînement de hockey prend beaucoup trop de temps. S'il y a bien une chose dont le pays a besoin, c'est de plus de futurs Sidney Crosby et Connor McDavid.
Dans le budget de 2016, le gouvernement a versé une mise de fonds pour la croissance future en investissant 11,9 milliards de dollars dans la phase 1 de son plan d'infrastructure. Ces investissements stratégiques intelligents ont déjà une incidence positive un peu partout au Canada, appuyant la réfection de conduites et de routes vieillissantes, la construction et la rénovation de logements abordables, la modernisation des transports en commun et l'amélioration de la situation des communautés autochtones. Faisant fond sur cet investissement historique, l'Énoncé économique de l'automne a ajouté 81 milliards de dollars de fonds supplémentaires à compter de 2017-2018, ciblant le transport en commun et l'infrastructure verte et sociale. Ce financement irait également à des projets dans les collectivités du Nord et rurales de même qu'à celles qui favorisent le commerce. Ainsi, le total des investissements fédéraux dans les infrastructures excédera maintenant les 180 milliards de dollars sur 12 ans. C'est réellement une initiative historique de la part du gouvernement fédéral.
C'est l'occasion pour nous d'enfin dénouer l'impasse, un appel à l'action pour que les dirigeants de partout au Canada travaillent ensemble à planifier, à mettre en oeuvre et à concrétiser un renouvellement transformateur des infrastructures. Grâce à leur aide, les plans de transport régionaux à long terme des grandes villes canadiennes seront financés, et les réseaux de transport en commun seront aménagés et élargis.
Parlons maintenant de ma région. Dans ma ville, London, en Ontario, j'ai récemment eu le plaisir d'annoncer de nombreux projets de transport en commun, 54 pour être exact. J'en souligne quelques-uns.
L'un de ces projets vise l'amélioration de Dundas Place. Quiconque habite à London sait ce que cela représente. Ce projet a une valeur de 8 millions de dollars. Par ailleurs, j'ai annoncé de nouvelles plateformes de transport en commun et des trottoirs accessibles, d'une valeur de 1 million de dollars; un sentier de liaison au parc Kiwanis, d'une valeur de 1,05 million de dollars; l'aménagement de nouvelles pistes cyclables au centre-ville, d'une valeur de 1,075 million de dollars; le remplacement de tous les abribus, qui sont au nombre de 380; l'acquisition de moniteurs en circuit fermé pour 213 autobus; ainsi que 4 millions de dollars, au total, pour l'acquisition de 14 autobus en 2018 et en 2019.
Ces investissements éprouvés dans les infrastructures et le transport en commun stimuleront l'économie, non seulement aujourd'hui, mais pendant les années et même les décennies à venir. C'est le moyen par lequel tous les pays peuvent bâtir une société prospère, inclusive et durable.
Par leur dynamisme et tout ce qu'elles ont à offrir, les villes canadiennes continuent d'attirer des gens venus de partout dans le monde. Or, les éléments qui les rendent intéressantes peuvent aussi être sources d'irritants. La congestion routière qui se répercute sur le temps passé en famille et avec les amis et la piètre qualité de l'air qui empêche parfois de profiter de la vie en ville n'en sont que deux exemples. Le pays doit trouver des solutions.
Afin d'encourager les villes à adopter des approches novatrices en matière d'aménagement urbain, le gouvernement propose un investissement de 300 millions de dollars sur 11 ans pour lancer le défi des villes intelligentes. Dans le cadre d'un concours national fondé sur le mérite dirigé par Infrastructure Canada, les villes participantes seraient invitées à élaborer des plans ambitieux destinés à améliorer la qualité de vie de leurs résidants. Elles proposeraient des solutions misant sur une meilleure planification urbaine et la mise en oeuvre de technologies propres et numériquement reliées. Cela pourrait comprendre des bâtiments plus écologiques, des réseaux routiers et des systèmes énergétiques intelligents, ainsi que des connexions numériques évoluées pour les résidents et les entreprises.
Les villes lauréates seraient choisies dans le cadre d'un concours national fondé sur le mérite, soutenu par le nouveau Fonds Impact Canada. Ce défi offre des occasions de tirer parti des innovations et des avancées technologiques du XXIe siècle pour renforcer et développer nos collectivités.
Ce n'est pas tout. J'aimerais maintenant me concentrer sur la Banque de l'infrastructure du Canada.
Nous savons qu'aucun ordre de gouvernement ne peut atteindre des objectifs ambitieux en matière d'infrastructures sans le concours d'autres intervenants. Nous devons donc travailler en partenariat avec d'autres ordres de gouvernement, des organismes publics et privés et des investisseurs des quatre coins du globe.
Il importe d'attirer des investissements qui permettront la mise en chantier d'un plus grand nombre de projets d'infrastructure, surtout dans le cas de projets qui ne verraient peut-être pas le jour en l'absence de partenariats d'envergure.
Le Canada est un pays où les besoins en infrastructures sont énormes et où il est tout à fait possible de construire des infrastructures de calibre mondial qui renforceront les collectivités, qui créeront de bons emplois et qui favoriseront une économie plus vigoureuse et plus verte. Des investisseurs nous ont dit qu'ils souhaitent se tourner vers le Canada, sous réserve de conditions précises. C'est pourquoi le gouvernement du Canada mettra sur pied la nouvelle Banque de l'infrastructure du Canada. Par l'entremise de cette banque, une entité indépendante, nous collaborerons avec les provinces et les territoires pour bâtir des infrastructures de calibre mondial qui renforceront les collectivités, qui créeront de bons emplois et qui favoriseront une économie plus vigoureuse et plus verte. J'espère que c'est ce que nous souhaitons tous. Du moins, de ce côté-ci de la Chambre, c'est ce que nous souhaitons.
La Banque de l'infrastructure du Canada offrira un mode de financement novateur pour des projets d'infrastructures importants et complexes qui améliorent la performance économique. Il s'agit tout simplement d'une nouvelle façon de financer les projets de transformation dans les collectivités partout au pays. La Banque aura pour mandat d'investir 35 milliards de dollars — en fonds fédéraux — au moyen de prêts, de garanties de prêts et d'investissements en capital dans des projets d'infrastructures importants qui contribuent à la croissance économique.
En mettant sur pied un nouvel organisme capable de collaborer avec le secteur privé lorsqu'il est judicieux de le faire, les deniers publics rapporteront davantage et ils seront utilisés de manière plus avisée, ce qui donnera lieu à de meilleurs projets qui créeront les bons emplois bien rémunérés nécessaires pour stimuler l'économie à long terme. Il s'agit d'une vision à long terme, d'un plan que nous devons adopter et appuyer.
Je termine en parlant de l'importance de l'infrastructure verte.
Nous savons que les provinces et les territoires cherchent des façons pour que leurs collectivités demeurent des milieux de vie sains et productifs. Les investissements dans les infrastructures durables sont nécessaires pour appuyer la réduction des émissions de gaz à effet de serre, pour permettre d'améliorer l'adaptation et la résistance au changement climatique et pour veiller à ce que davantage de collectivités puissent fournir de l'air pur et de l'eau potable à leurs citoyens.
Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement collabore avec tous les ordres de gouvernement et avec les leaders autochtones pour évaluer, sélectionner et financer les projets d'infrastructure verte pouvant le mieux servir les Canadiens. Au nombre des initiatives susceptibles de recevoir des investissements additionnels, mentionnons entre autres les lignes interprovinciales de transmission d'électricité qui réduisent la dépendance aux centrales thermiques alimentées au charbon; les nouveaux projets axés sur l'énergie renouvelable et un faible niveau d'émissions de carbone; l'élargissement des réseaux intelligents pour utiliser l'énergie de façon plus efficiente et efficace; les projets de traitement des eaux dans les réserves autochtones; et la construction d'éléments d'infrastructure pour aider à gérer les risques liés aux inondations et aux feux de forêt.
Ces investissements s'ajoutent aux engagements prévus dans le budget de 2016 qui aident actuellement les collectivités d'un bout à l'autre du pays à s'adapter aux défis que pose le changement climatique. Mentionnons notamment les investissements dans l’infrastructure des véhicules électriques et des carburants de remplacement utilisés dans les transports, les initiatives visant à favoriser la collaboration régionale en matière d’électricité et l’élaboration de codes et de normes du bâtiment qui intègrent des exigences liées à la résilience au changement climatique. Ces mesures soutiennent la transition continue vers une économie axée sur la croissance propre.
En conclusion, les investissements que nous faisons aujourd'hui dans l'infrastructure rapporteront pendant de nombreuses années: ils engendreront une croissance économique propre et soutenue, ils renforceront les collectivités et les rendront plus inclusives et ils créeront davantage d'emplois bien rémunérés pour les Canadiens.
Nous avons un plan qui donnera de l'espoir non seulement aux Canadiens, mais aussi à l'opposition — ce que j'espère —, puisque je crois qu'elle convient que la croissance économique du Canada revêt une importance cruciale. Nous ne sommes pas d'accord quant à la façon de procéder, mais le gouvernement propose un plan auquel je souscris entièrement. Nous avons d'ailleurs consulté les Canadiens partout au pays au sujet de ce plan.
Nous estimons que ce genre de plan constitue l'un des meilleurs moyens de redonner confiance à nos concitoyens de la classe moyenne. Les investissements dans les collectivités permettent à tous les Canadiens de participer au bien-être économique, social et environnemental de leur milieu.
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Madame la Présidente, je suis heureux d'avoir l'occasion de parler d'un élément clé du plan du gouvernement pour la croissance économique dans notre pays. L'investissement dans l'infrastructure est l'un des principaux piliers du programme économique que nous avons mis de l'avant pendant la campagne électorale de 2015. Je me réjouis de constater que nous donnons suite à notre engagement au moyen du projet de loi d'exécution du budget, qui prévoit d'importants investissements dans l'infrastructure, ainsi que la création de la Banque de l'infrastructure. Nous allons assurer la croissance économique à l'échelle du pays.
Pendant mon intervention, j'aborderai divers thèmes. Par exemple, j'expliquerai pourquoi les investissements dans l'infrastructure sont importants, particulièrement dans le contexte économique actuel, et pourquoi la création d'une Banque de l'infrastructure est une idée judicieuse. Je vais également parler de certains des investissements faits dans ma collectivité, afin d'illustrer au moyen d'exemples comment des investissements stratégiques dans l'infrastructure du pays peuvent donner lieu à une croissance économique substantielle.
Je parlerai d'abord de l'importance d'investir dans notre infrastructure. Il est essentiel de connaître le contexte économique actuel pour comprendre pourquoi le moment est bien choisi pour faire des investissements aussi importants. Les taux d'intérêt n'ont jamais été aussi bas. Il n'a jamais été si bon marché d'emprunter. De plus, nous sortons d'une période de faible croissance économique: au troisième trimestre de 2015, nous étions au bord d'une récession.
Lorsqu'on essaie de stimuler la croissance économique alors que le secteur privé traverse une période difficile et lorsqu'il est peu coûteux d'obtenir des capitaux, il est logique de faire des investissements dans l'infrastructure. Toutefois, il est également important d'investir dans certains types d'infrastructure. Nous voulons nous assurer que nos investissements créent des emplois à court terme afin de relancer l'économie, mais qu'ils créent également les conditions favorables à la croissance économique à long terme. On ne peut pas simplement embaucher des gens pour creuser des trous. Nous devons investir dans des projets qui créeront de la prospérité à long terme.
Les 180 milliards de dollars du plan d'infrastructures seront affectés à quatre grands secteurs clés.
Commençons par les transports en commun, qui ont une incidence énorme sur les personnes vivant dans la pauvreté, les personnes handicapées et les aînés, trois groupes démographiques très présents dans ma circonscription.
Viennent ensuite les infrastructures sociales, comme le logement — 11 milliards de dollars — et la garde d'enfants — 7 milliards de dollars—, parce que nous savons qu'il en coûte moins cher d'investir dans ces deux secteurs que de reporter à une date indéfinie des investissements pourtant nécessaires.
Suivent les transports et le commerce, parce que nous avons compris que notre marché, c'est le monde, et que nos produits doivent absolument se rendre rapidement à destination partout sur la planète si nous voulons créer des emplois bien rémunérés pour les Canadiens de la classe moyenne de partout au pays.
Nous investissons enfin dans l'infrastructure verte et la croissance dans une perspective écologique. Les inondations des derniers jours me rappellent que, en 2013 à Calgary, j'ai moi aussi déjà été évacué à cause des inondations. Si nous investissons dans les infrastructures nécessaires pour endiguer les inondations, l'économie en sortira gagnante, puisque nous ne serons plus obligés de bloquer l'accès aux centres-villes pendant des semaines. Dans le même ordre d'idées, les investissements dans les énergies de substitution contribueront à protéger l'environnement tout en favorisant la création d'emplois bien rémunérés du XXIe siècle.
Le dernier thème du plan d'infrastructure prévu dans le budget consiste à investir dans le Canada rural, ce qui est particulièrement important pour ma circonscription. Dans le budget, 2 milliards de dollars ont été réservés aux infrastructures des collectivités rurales et du Nord. Cela n'empêche nullement les petites villes et les localités rurales de demander davantage de financement à même l'enveloppe budgétaire de l'infrastructure. Néanmoins, je suis incroyablement fier qu'on ait mis de l'argent de côté pour l'infrastructure rurale, car mes collègues des régions rurales et moi-même le réclamons depuis longtemps. Ce genre de reconnaissance m'indique que le gouvernement ne se soucie pas uniquement des grands centres urbains, mais aussi des petites villes et des localités rurales qui constituent la plus grande partie de notre territoire.
Le plan fonctionne déjà, ce qui est une excellente nouvelle. Sur une période de six mois, plus d'un quart de million d'emplois ont été créés dans l'économie canadienne, dont la plupart sont à temps plein. Le chômage a quelque peu diminué. Le plan commence à produire les résultats escomptés. Si le secteur privé commence à voir les choses s'améliorer, les investissements publics dans l'infrastructure rapportent eux aussi des dividendes rapidement.
Mais je ne veux pas m'en tenir à des généralités. J'espère que des exemples de ma propre circonscription permettront d'illustrer l'incidence qu'auront les investissements.
Parmi les ministériels se trouvent 32 députés de l'Atlantique. Notre grand nombre nous permet d'influencer comme jamais auparavant l'élaboration des politiques. Le gouvernement a répondu au travail des députés de l'Atlantique en présentant la Stratégie de croissance pour l'Atlantique, dont l'un des grands volets, les infrastructures, stimulera la croissance économique. Certains investissements qui ont été faits dans les infrastructures de ma circonscription nous permettent à la fois de miser sur nos points forts et d'atténuer nos faiblesses.
L'Université Saint-François-Xavier, où mes parents, mes cinq soeurs et moi-même sommes fiers d'avoir fait nos études, a récemment reçu 30 millions de dollars pour la création d'un institut sur la gouvernance et d'un centre d'innovation en santé.
L'institut Brian-Mulroney — Brian Mulroney ayant aussi obtenu un diplôme de cette excellente université — axera ses activités notamment sur les relations canado-américaines, le commerce international, les relations internationales, les politiques en matière d'environnement et de changements climatiques et l'accession des femmes à des postes supérieurs.
Ces programmes contribueront tous à la croissance économique à long terme en favorisant l'accession des femmes à des postes supérieurs et en permettant de mieux cerner les politiques à adopter pour accroître les relations commerciales du Canada avec son principal partenaire. Ils généreront de surcroît 600 emplois en quatre ans dans une ville, tout près de chez moi, qui compte seulement 4 500 habitants. Je suis très fier de cet investissement extraordinaire dans une petite ville du Canada.
Ce projet prévoit aussi un centre d'innovation en santé. La Nouvelle-Écosse compte une plus grande proportion de personnes âgées que toute autre province du Canada. Pour que notre avenir soit florissant au XXIe siècle, il nous faut donc trouver des solutions novatrices. Il est donc essentiel et judicieux d'investir dans des installations qui nous permettront à court terme de créer des emplois et qui nous aideront à long terme à trouver des solutions aux problèmes démographiques. Je suis très fier de ce centre.
Dans le domaine de l'infrastructure postsecondaire, nous avons vu un énorme investissement, un investissement fédéral-provincial de plus de 15 millions de dollars, dans le campus de Pictou du Collège communautaire de la Nouvelle-Écosse, qui sera doté d'un nouveau centre des métiers. Cet étalissement d'enseignement de métiers spécialisés nous permet aujourd'hui de conserver dans la collectivité un grand nombre de bons emplois bien rémunérés. À défaut d'un établissement qui garde nos ateliers d'usinage bien pourvus en personnel, je ne sais pas où en serait mon comté. Je suis extrêmement fier de savoir que nous injectons des fonds non seulement pour protéger les emplois que nous avons maintenant, mais aussi pour former la main-d'oeuvre pour les emplois des 10 ou 20 prochaines années, voire plus.
Lorsqu'on parle de l'infrastructure, on se limite souvent aux enveloppes de financement qui relèvent du , mais, en fait, dans ma collectivité, toutes sortes d'infrastructures jouent un rôle important.
Il y a deux zones côtières dans ma circonscription: celle du détroit de Northumberland et celle de la côte Est de la Nouvelle-Écosse. C'est la raison pour laquelle j'étais si fier de voir des investissements de plusieurs dizaines de millions de dollars dans les ports pour petits bateaux. Dans ma circonscription seulement, pour protéger les pêches et assurer la sécurité des pêcheurs, il y a eu des investissements à hauteur de 10,8 millions de dollars. Une grande partie des travaux prévus sont en cours ou achevés, et les pêcheurs qui vendent en ce moment leurs homards à un prix record savent qu'ils disposent d'un endroit où apporter leurs prises.
Le budget prévoit des investissements dans les principales autoroutes, comme la route de liaison Aerotech, qui va permettre à certains résidants de mon quartier, dont le député de , de joindre le principal centre économique à l'extérieur de l'aéroport Stanfield d'Halifax, le parc industriel Aerotech. C'est un centre d'innovation du secteur de l'aérotechnique qui est essentiel pour l'avenir économique de la Nouvelle-Écosse.
Des investissements sont faits dans le programme Brancher pour innover, qui permettra à des collectivités rurales d'avoir accès à Internet. On ne peut pas exagérer l'importance de cette mesure. Des propriétaires d'entreprise m'ont raconté qu'ils ont dû fermer leur boutique située dans une région touristique: ils n'avaient pas un accès fiable à Internet et leur appareil de débit fonctionnait une fois sur deux. Les touristes ont peu d'argent comptant sur eux de nos jours. Les propriétaires doivent exploiter leur entreprise dans une collectivité un peu plus loin, où il y a une connexion stable.
J'ai rencontré des exploitants d'entreprise touristique qui m'ont dit avoir de la difficulté à attirer une clientèle parce que les visiteurs ne peuvent pas utiliser une connexion sans fil pendant leur séjour. Des propriétaires fonciers qui étaient sur le point de vendre leur maison ont perdu la vente lorsqu'une personne a tenté, sans succès, d'utiliser son téléphone. Les acheteurs se sont retirés. L'investissement dans la connectivité dans les régions rurales est essentiel, et j'ai hâte de constater les résultats. Je sais que la Nouvelle-Écosse en profitera.
Je pourrais parler d'autres investissements dans les infrastructures municipales, y compris les engagements à long terme à l'égard du service de traversier, mais je passerai maintenant à la Banque de l'infrastructure, qui est précisément le sujet de la motion dont nous sommes saisis aujourd'hui.
Nous avons une occasion unique de créer plus d'emplois dans nos circonscriptions, ce qui les renforcera. Actuellement, le contexte mondial est parfait pour un investissement comme celui-ci. Il y a environ 16 billions de dollars dans des bons à rendement négatif dans le monde. Cela signifie qu'il y a 16 billions de dollars qui n'attendent qu'à être utilisés. Nous pouvons les aider à se sentir utiles en investissant jusqu'à 35 milliards de dollars afin de créer une banque de l'infrastructure qui amènera des investisseurs de sociétés mondiales à s'intéresser aux villes canadiennes pour créer des emplois.
Le Canada a un déficit en matière d'infrastructures d'environ 1 billion de dollars. Nous ne pouvons pas y arriver en utilisant uniquement un financement public. Après tout, nous ne voulons pas que cette initiative s'étende sur trois générations. La Banque de l'infrastructure contribuera à réduire ce déficit et à améliorer considérablement les choses dans la circonscription que je représente.
J'appuie la Banque de l'infrastructure. C'est une excellente idée. C'est le bon moment. Je suis ravi de donner mon opinion au sujet de cet investissement pour ma circonscription.
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Madame la Présidente, j'ai le plaisir de me lever à la Chambre pour parler d'un sujet extrêmement important, soit la banque de privatisation des infrastructures des libéraux. Je vais expliquer pourquoi il faut absolument la retirer du projet de loi omnibus . En effet, nous devons pouvoir en débattre et tenir un vote spécifiquement sur ce projet de privatisation des infrastructures. Cela est totalement inacceptable. Les gens dans Drummond n'acceptent pas cela. Ils sont choqués et même en furie, sachant que le gouvernement libéral veut privatiser nos infrastructures.
Avant que d'aller plus loin, j'aimerais mentionner que je vais partager le temps dont je dispose avec ma collègue l'excellente députée de .
Avant d'avancer plus loin dans le débat, je voudrais lire la motion que mon excellent collègue de a proposée à la Chambre des communes. Cette motion est extrêmement importante. Ce n'est pas un sujet facile à saisir pour le commun des mortels, mais quand on le regarde dans les détails, on comprend très bien le plan des libéraux. Ce plan vise à appuyer leurs petits amis, les investisseurs privés, et non pas à appuyer la population canadienne, la classe moyenne et les gens qui travaillent fort pour la rejoindre.
La motion se lit comme suit:
Que, de l'avis de la Chambre : a) les infrastructures publiques doivent servir aux concitoyens et non pas à enrichir des investisseurs privés; b) les Libéraux n'ont jamais dévoilé aux électeurs leur plan d'investissements privés dans les infrastructures publiques pendant les élections; c) les infrastructures construites par des intérêts privés coûteront plus que des infrastructures publiques; d) c’est un conflit d’intérêts que les sociétés privées, qui seront parmi les plus grandes bénéficiaires de la Banque de l’infrastructure du Canada, contribuent à la création et la conception de la Banque; e) cette Banque laissera aux contribuables un fardeau inacceptable de tarifs, de péages et de privatisations qui ne serviraient qu’à enrichir les investisseurs privés au détriment de l’intérêt public; f) les articles relatifs à la création de la Banque de l’infrastructure du Canada devraient être retirés du projet de loi C-44, Loi no 1 d’exécution du budget de 2017, afin d'être étudiés dans un projet de loi indépendant.
Comme je le mentionnais, ce qui est totalement inacceptable et scandaleux, c'est que le gouvernement libéral a encore rompu une autre de ses promesses. Il avait promis de ne plus faire de projets de loi omnibus comme les conservateurs en faisaient. Ces projets de loi omnibus sont des projets de loi antidémocratiques. Ce sont des projets de loi qui ne permettent pas aux députés de bien faire leur travail, d'analyser toutes les lois qui peuvent être modifiées et de les envoyer aux bons comités, afin que ceux-ci en fassent une analyse exhaustive.
Au contraire, en incluant dans ce projet de loi la banque de privatisation des infrastructures, on empêche les députés, les législateurs, de bien faire leur travail d'analyse et d'envoyer ce projet de loi devant un comité, où les témoignages d'experts permettraient de bien analyser tous les tenants et aboutissants de ce projet de loi — qui vise à créer une banque de privatisation des infrastructures — et de bien en démontrer toutes les conséquences négatives possibles.
En mettant tout cela dans un projet de loi omnibus, dans un projet de loi mammouth, et en rompant la promesse libérale de ne pas faire de projets omnibus, on rend impossible de bien analyser ce projet de loi. On retire non seulement aux députés, mais aussi à la population canadienne, le droit de bien connaître et de bien analyser les projets de loi qui seront modifiés ici. Cela est extrêmement grave. C'est encore une promesse non tenue des libéraux, qui s'ajoute à leur promesse rompue de ne plus déposer de motion d'attribution à tout bout de champ.
Or que voit-on ici? On voit le contraire se produire. Les libéraux sont en train d'atteindre le record d'attributions de temps et de bâillons des conservateurs qui, eux, avaient battu le record de tous les temps, le pire record jamais atteint dans l'histoire du Canada. Les libéraux qui avaient critiqué cela sont en train de faire la même chose, et c'est vraiment déplorable.
De plus, récemment, ils nous ont dit de nous préparer, parce qu'ils vont adopter encore plus de motions d'attribution de temps. J'espère que les députés libéraux vont dire à la qu'il faut mettre fin aux attributions de temps, qu'ils se sont battus et qu'ils ont promis d'être beaucoup plus raisonnables à cet égard. Or ce n'est pas du tout le cas présentement.
Qu'est-ce qu'une banque de privatisation des infrastructures, et quelle est sa première conséquence? Tout d'abord, on donne des profits aux investisseurs privés, tandis que le gouvernement assume tous les risques et les côtés négatifs. Le gouvernement, ce n'est pas seulement les libéraux. Ce sont les Canadiens et les Canadiennes qui vont payer pour cela, dont les gens de la circonscription que je représente, Drummond. Ce sont eux qui devront payer pour cette mauvaise banque de l'infrastructure.
Par ailleurs, la création d'une telle banque a aussi pour conséquence que l'on oublie les régions, puisque les investisseurs privés, qui cherchent à faire des profits, n'investiront que dans des projets qui se trouvent dans les grandes villes, où il y a beaucoup plus de possibilités de faire des profits et où il y a suffisamment de gens pour en faire.
Les régions comme Drummond n'ont pas de projets d'infrastructure qui permettent de faire beaucoup de profits; ces infrastructures existent pour servir la population. Ainsi, les villes et les régions comme Drummond ne vont pas bénéficier d'une banque de privatisation des infrastructures. On va prendre des sommes d'argent qui viennent de Drummond et d'autres régions du Canada et on va leur dire qu'elles ne seront pas investies chez elles. C'est dommage.
Quant à ceux qui pourront en bénéficier, ils se verront imposer des péages et d'autres tarifs. On va donc augmenter la pression fiscale sur la classe moyenne et les gens qui veulent en faire partie. Cela ne va vraiment pas dans le bon sens.
L'argent qu'on va investir dans la banque de privatisation des infrastructures aurait pu être investi plus judicieusement. Présentement, les Canadiens et les Canadiennes d'un peu partout au Québec et en Ontario souffrent à cause des inondations, parce qu'on n'a pas prévu l'adaptation de nos infrastructures. Il faut voir à notre résilience aux effets des changements climatiques et nous adapter à ceux-ci, car il y a de plus en plus de phénomènes extrêmes.
La Coalition du budget vert de 2017 a fait des recommandations très importantes concernant des investissements dans les infrastructures naturelles et les écosystèmes. Voici un extrait de sa recommandation:
La Coalition du budget vert recommande que dans le budget de 2017, le gouvernement du Canada investisse 30 % des fonds de la phase 2 prévue dans le plan de financement de l’infrastructure verte afin de protéger et d’améliorer la qualité de l’infrastructure naturelle du Canada [...]
Plutôt que d'investir ces sommes d'argent dans une banque de privatisation de l'infrastructure, qui ne va pas servir aux Canadiens et aux Canadiennes ni à la région de Drummond, on aurait pu investir dans les infrastructures vertes et dans l'adaptation et la résilience des infrastructures. C'est extrêmement important, compte tenu de ce qui se passe dans nos régions.
Par exemple, près de Yamachiche et près de Gatineau, ici, des gens souffrent à cause des inondations, et on ne fait aucune planification afin de s'adapter aux changements climatiques. Cela est dans le budget vert, que les libéraux n'ont pas lu, malheureusement. C'est dommage.
En conclusion, il faut absolument retirer la partie concernant la banque de privatisation des infrastructures du projet de loi , afin qu'on puisse en débattre comme il faut et en étudier tous les tenants et aboutissants au comité approprié, où des experts pourront démontrer que cette banque n'est rien de bon pour la région de Drummond. C'est pourquoi nous allons nous y opposer.