La Chambre reprend l'étude, interrompue le 7 février, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la troisième fois et adopté.
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Monsieur le Président, je suis ravi d'intervenir aujourd'hui pour parler du projet de loi , qui est une mesure législative importante.
Je suis un peu étonné de constater que le Parti conservateur a décidé de voter contre ce projet de loi. Cela n'a aucun sens. J'ai écouté les députés conservateurs parler longuement pour tenter d'expliquer leur décision.
Je pense que, s'ils prenaient connaissance du projet de loi, la plupart des Canadiens se demanderaient pourquoi les conservateurs ont pris cette décision. J'espère être en mesure d'expliquer — du moins en partie — pourquoi, selon moi, l'opposition officielle a décidé de voter contre le projet de loi.
Le Nouveau Parti démocratique a adopté une approche quelque peu différente. Les députés du NPD ont repris bon nombre des points soulevés par leurs amis conservateurs. Je fais souvent allusion à l'alliance contre nature qui s'est formée entre les deux partis. Ils aiment travailler en étroite collaboration, ce qui peut parfois s'entendre lorsqu'ils lisent leurs notes d'allocution. Cependant, contrairement aux conservateurs, les néo-démocrates ont eu la sagesse de reconnaître qu'il s'agit d'un bon projet de loi et qu'il vaut donc la peine de l'appuyer.
Que demandons-nous à la Chambre? En gros, le but de ce projet de loi est de faire en sorte que le rende davantage de comptes et soit plus transparent quant aux personnes qu'il rencontre et aux personnes qui paient pour assister à ces rencontres ou activités, quel que soit le genre de réception, à 250 $ le couvert, que ce principe s'applique aussi aux ministres et, en plus — et c'est là que le bât blesse, à mon avis — au et aux autres chefs.
C'est un pas en avant dans la législation et le genre de mesure qui peut améliorer la reddition de comptes et la transparence. Il s'agit en fin de compte de modifier la loi pour que les entités politiques, les chefs de parti, le et les ministres du Cabinet, soient tenues de dévoiler qui assiste à ces soirées. Je ne vois aucun problème à cela. J'y vois plutôt quelque chose de très positif.
Il y a eu de nombreuses modifications au cours des quelques dernières décennies pour améliorer la Loi électorale du Canada et la Loi sur la gestion des finances publiques. C'est exactement ce que cette mesure législative vise aussi.
Il faut se demander pourquoi les conservateurs s'y opposent. Tout ce que j'ai découvert, c'est que la direction actuelle du Parti conservateur semble croire que les Canadiens n'ont vraiment pas à savoir qui le rencontre.
C'est curieux puisque, bien que les conservateurs l'aient nié, nous savons qu'ils ont organisé une activité de financement l'année dernière. C'était avec le présent , soit le chef du Parti conservateur. Lorsque nous avons présenté nos demandes de renseignements initiales sur le sujet, on nous a informés que l'activité n'avait jamais eu lieu. On a officiellement demandé aux conservateurs s'ils avaient tenu une activité, et ils ont répondu par la négative.
Cette réponse contredit les propos des personnes qui ont assisté à l'activité, dont une qui a indiqué qu'elle avait payé pour un billet. Je crois que le chef de l'opposition a rencontré des agents immobiliers et des chefs d'entreprise, mais je ne connais pas la somme exacte qu'ils ont dû débourser pour assister à l'activité. Le prix du billet était de plus de 250 $ — il s'élevait peut-être à 500 $ —, mais j'aimerais qu'on ne me cite pas sur le prix. La somme à payer pour rencontrer le chef était toutefois considérable. Au bout du compte, le chef a dû admettre qu'il y avait bel et bien eu une activité de financement. Je ne comprends pas pourquoi il était réticent à en informer les Canadiens, mais il y était très opposé.
Dans l'article qui a été publié sur le sujet, le déclare essentiellement qu'il n'est pas premier ministre, qu'il n'a pas à déclarer ses activités de financement et qu'il s'en tiendrait à ce que dit la loi; intéressant, n'est-ce pas? Il a laissé entendre que s'il y était tenu par la loi, il déclarerait ces activités. En faisant les rapprochements nécessaires, on en vient à la conclusion que les conservateurs ne veulent pas que le projet de loi soit adopté, et c'est pour cette raison qu'ils s'y opposeront.
Les députés d'en face disent que c'est tiré par les cheveux, voire ridicule, mais pensons-y: le a dit que si c'est ce qu'exigeait la loi, il déclarerait ses activités de financement. D'une part, nous présentons une mesure législative qui l'obligerait à les déclarer et, d'autre part, les conservateurs comptent s'y opposer.
Je ne comprends pas très bien comment les conservateurs peuvent justifier le fait qu'on ne devrait pas obliger le chef de l'opposition officielle, la personne qui aspire à être premier ministre un jour, à dire aux Canadiens qui sont les gens qu'il rencontre pour obtenir tout cet argent. Au lieu d'essayer d'expliquer ou de justifier ce raisonnement, les conservateurs prétendent plutôt qu'ils votent contre la mesure législative à cause des supposées activités de financement donnant un accès privilégié, comme s'ils n'en avaient jamais organisées lorsqu'ils étaient au pouvoir. Certains députés d'en face affirment qu'ils n'en ont jamais organisées.
Je me souviens lorsque l'ancien premier ministre Stephen Harper se rendait en Colombie-Britannique au cours de l'été pour participer à des barbecues. La bonne nouvelle, c'est que les personnes qui participaient au barbecue pouvaient regarder le premier ministre pénétrer dans le grand chapiteau blanc. Elles ne pouvaient pas entrer dans ce chapiteau à moins de payer au minimum 1 000 $, mais si elles payaient, on leur accordait deux minutes avec le premier ministre et elles pouvaient prendre une photo avec lui. Ce n'est pas comme s'il s'agissait d'une activité ponctuelle. Je crois comprendre qu'il s'agissait presque d'une activité annuelle, et c'était très gentil de la part d'un sénateur de l'organiser. C'est fou comme les choses changent rapidement.
Les conservateurs croient-ils que l'ancien premier ministre Stephen Harper n'a jamais amassé de l'argent pour leur parti, qu'il n'a jamais pris part à une activité pour laquelle il y avait un prix d'entrée? Je viens de donner un exemple.
Est-ce que Stephen Harper a dit: « Voici le nom de toutes les personnes qui se trouvaient sous le grand chapiteau blanc »? J'aurais tendance à dire non. Si j'ai tort, alors que quelqu'un nous dise qui était sous le grand chapiteau blanc avec le premier ministre, qui a payé cette somme supplémentaire pour avoir l'oreille du premier ministre.
Qu'on parle d'un chef de parti ou d'un premier ministre, les chefs d'entités politiques ont la responsabilité d'aider leur parti respectif à amasser de l'argent. Est-ce exagéré de demander que le nom des personnes qu'ils rencontrent et qui paient plus de 250 $ soit éventuellement rendu public? Je dirais que non.
Le gouvernement actuel a dit non. Le et les ministres suivent les règles inscrites dans le projet de loi. Le Parti conservateur ne veut toujours pas les suivre. Cela me rappelle une autre situation dont les députés se souviendront.
Je me rappelle lorsque le actuel était chef du Parti libéral et qu'il occupait un siège là où siègent aujourd'hui les néo-démocrates. Nous nous souvenons tous de cette époque. Personnellement, je suis content qu'elle soit terminée et c'est la classe moyenne qui en bénéficie le plus. Je me souviens quand il a pris la parole à la Chambre pour dire qu'il croyait à la divulgation proactive. Il a demandé le consentement unanime de la Chambre pour instaurer la « divulgation proactive » pour les députés. Je me souviens de toutes les objections et des refus exprimés, surtout par l'opposition officielle, le Nouveau Parti démocratique. Toutefois, il n'y avait pas que ces députés. Les conservateurs aussi s'y opposaient. Nous ne nous sommes pas contentés de le faire une seule fois; nous l'avons fait à plusieurs reprises.
J'estime que le a mis en oeuvre de bonnes mesures qui, en définitive, garantissent plus de transparence et de reddition de comptes à la Chambre. C'est aussi ce que ferait la présente mesure législative.
Je reviens à la question de la divulgation proactive pour les députés et à ce qui s'est passé. Nous avons décidé que, même si la loi ne l'exigeait pas, nous allions agir et nous avons décidé de la pratiquer, tout comme le font actuellement le premier ministre et le Cabinet. Il n'a pas fallu longtemps au Parti conservateur pour se rendre compte qu'il était hors jeu, déconnecté, en quelque sorte, des Canadiens. J'accorde aux conservateurs le mérite de l'avoir reconnu. Ils l'ont reconnu et ont emboîté le pas aux libéraux. Mes collègues néo-démocrates ont poussé de hauts cris. Il aura fallu, en fin de compte, une journée de l'opposition pour que, honteux, ils soient contraints d'appuyer la divulgation proactive.
Aujourd'hui, les néo-démocrates reconnaissent que c'est un bon projet de loi, et c'est pour cette raison qu'ils l'appuient. Les gens remarqueront que, même s'ils sont encore quelque peu critiques à l'endroit du gouvernement, ils appuient le projet de loi parce qu'ils savent reconnaître la valeur d'un bon projet de loi, contrairement à mes collègues conservateurs d'en face. Après avoir été convaincus par le qu'il était bon d'être à l'écoute des Canadiens, ils ont accepté que la divulgation proactive s'applique aux députés. Cependant, pour ce qui est de la question dont nous sommes saisis aujourd'hui, les conservateurs ne semblent pas disposés à écouter les Canadiens.
J'ai toujours cru que, en matière de leadership, on ne pouvait pas trouver pire que Stephen Harper, mais, dans ce dossier, les conservateurs ne sont pas prêts à accepter quelque chose que même Stephen Harper reconnaissait, soit le fait que les Canadiens s'attendent à ce que nous soyons plus transparents et responsables. J'ai donc du mal à comprendre leur position à l'égard du projet de loi . La bonne nouvelle, c'est qu'il n'est pas trop tard. Les conservateurs ont mis un certain temps à entendre raison au sujet de la divulgation proactive pour les députés. Je suis un optimiste. Je vois le verre à moitié plein. J'espère que mes collègues d'en face verront l'utilité d'adopter le projet de loi.
Je sais que certains conservateurs ont dit dans leur présentation que nous n'avons pas besoin de la loi pour nous dire ce que nous avons à faire.
Une voix: Exact.
M. Kevin Lamoureux: Monsieur le Président, quelqu'un en face a dit: « Exact ». Ce n'est pas vrai. Ils ont besoin de la loi.
J'espérais trouver un article juste avant le début de cette séance. J'aurais aimé l'avoir ici: je suis en effet certain qu'il aurait vraiment fait impression sur mes amis. J'ai trouvé cette citation grâce à l'excellent travail de Patrick, mais ne je l'ai pas avec moi, ici. Je vais tout de même, cependant, en expliquer le fond.
Il s'agit d'une citation de l'actuel chef de l'opposition officielle. On ne peut que rire lorsqu'on la lit. Si les députés le désirent, je pourrai leur fournir la citation en question. En gros, le chef conservateur a admis qu'il était un peu différent du premier ministre, mais que ce n'était pas grave et qu'il respecterait la loi. Cependant, la loi n'a pas encore été adoptée; il n'est donc pas tenu de la respecter. D'après lui, il n'est pas obligé de communiquer ce genre de renseignements. Dans l'article, il dit que si c'était la loi, il la respecterait et s'y conformerait.
J'aimerais savoir si les simples députés du Parti conservateur croient à la reddition des comptes et à la transparence, comme les députés libéraux. S'ils croient à la reddition des comptes et à la transparence, et s'ils veulent bonifier la loi, ils devraient voter pour le projet de loi. Certains députés rient de ce que je dis.
Les conservateurs ont beaucoup parlé récemment de la commissaire aux conflits intérêts et à l'éthique. Savent-ils ce qu'elle avait à dire au sujet du projet de loi? Essentiellement, elle a dit qu'il s'agissait d'une bonne mesure législative qui nous permettrait de progresser. À mon avis, si mes collègues conservateurs consultaient les Canadiens, ils trouveraient que ceux-ci, en général, appuient ce projet de loi nécessaire.
Je félicite la d'avoir rapidement fait preuve d'initiative et présenté un projet de loi qui permettra, selon moi, d'améliorer la transparence et la reddition de comptes. Il s'agit d'éléments clés, puisque nous poursuivons notre travail en vue d'améliorer les lois électorales et les règles de financement des campagnes. Certains des changements apportés au fil des ans, dont le fait d'empêcher les entreprises et les syndicats de verser des contributions à une personne, ont eu un effet notable et positif. Ils ont amené bon nombre de Canadiens à voir les politiciens d'un autre oeil: les électeurs n'ont plus l'impression que nous avons été achetés par des groupes d'intérêt spéciaux.
J'ai parlé de l'importance des finances au début de mes observations. C'est un élément incontournable. Je suis prêt à affirmer que la meilleure démocratie du monde se trouve ici, au Canada. Il y a toujours place à amélioration, bien sûr, et j'accueille donc volontiers le projet de loi à l'étude. Cela dit, je crois que, pour ce qui est de l'aspect financier, le Canada est à plusieurs égards le chef de file mondial. Ainsi, un candidat qui se présente dans Winnipeg-Nord dépensera probablement aux alentours de 80 000 $ ou 100 000 $, je ne le sais pas exactement, et il pourrait y avoir quatre ou cinq candidats dans cette circonscription. Où trouveront-ils ces fonds, et à quel point est-il essentiel qu'ils aient assez d'argent pour mener une campagne électorale en bonne et due forme?
Je soulève ce point afin de conclure sur une note personnelle en insistant non pas sur l'importance des dons en argent, mais sur la valeur immense de la contribution bénévole. Le travail des bénévoles vaut beaucoup plus qu'un don en argent pouvant aller jusqu'à 1 500 $. Selon moi, nous n'accordons pas assez de mérite aux bénévoles de toutes allégeances politiques. En effet, les efforts que les bénévoles déploient pour les verts, les libéraux, les néo-démocrates ou les conservateurs, que ce soit durant les campagnes locales ou nationales, sont largement sous-estimés.
Au nom de mes collègues et de tous les députés, je veux exprimer ma reconnaissance envers ces personnes, qui ont tout autant de mérite que celles qui font des dons en argent. Cela dit, ces dons sont toujours les bienvenus.
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Monsieur le Président, le gouvernement propose de réglementer davantage les activités de financement politique en exigeant des chefs et des ministres de produire toute une série de rapports chaque fois qu’ils en organisent une. Soyons clairs, le nom des donateurs et le montant des dons sont déjà publiés. Le projet de loi exigerait tout simplement d’autres rapports sur les adresses et les dates où se tiennent ces rassemblements.
Avant de juger des mérites de la proposition, revenons aux grands principes et interrogeons-nous sur le bien-fondé des restrictions imposées aux activités de financement politique. Il n'y a qu'une seule raison pour laquelle nous restreignons les dons: pour empêcher les gens de transformer l’argent en pouvoir. Le pouvoir politique se traduit par un jeu à somme nulle. Tout le monde ne peut pas obtenir le même pouvoir. Si un donateur en obtient davantage, il y en a moins pour tous les autres.
Pourquoi, tout d’abord, les donateurs sont-ils prêts à payer pour le pouvoir politique? La réponse est le rendement de l’investissement. Presque toujours, les grands donateurs veulent obtenir quelque chose en échange des sommes qu’ils investissent en politique. Ce sera habituellement une subvention, un prêt sans intérêt, un contrat, ou bien un règlement ou une protection tarifaire faisant barrage à leurs concurrents. Ils croient que leur don leur permettra d’obtenir l’aide du gouvernement et, selon leurs calculs, l’avantage qu’ils obtiennent est bien plus grand que le don qu’ils doivent faire pour l’obtenir.
Pas plus tard qu'hier, nous avons appris, par exemple, que la plus importante société donatrice du Parti libéral de l'Ontario a fait un don de 480 000 $ à celui-ci en échange de 160 millions de dollars en subventions gouvernementales. Quel rendement! Cette société a obtenu 300 fois plus que ce qu'elle a donné au parti. Elle pulvérise ainsi tous les records de rendement boursier que Warren Buffett et John Pierpont Morgan ont établis.
Par conséquent, les grands intérêts financiers ne « donnent » pas réellement, du moins dans bien des cas. Ils achètent une faveur; ils veulent quelque chose en retour. Quand on sait que les dons qui sont faits pendant les activités de financement sont déjà rendus publics, l'adoption d'un projet de loi rendant obligatoire l'annonce des activités auxquelles participent les politiciens réglera-t-elle le problème? Bien sûr que non. C'est ce qu'on peut constater présentement.
Les grands intérêts financiers ont trouvé d'autres façons d'acheter de l'influence: les lobbyistes professionnels; la publicité non réglementée qui est faite par des tiers, c'est-à-dire les dizaines de millions de dollars qui ont aidé le gouvernement libéral à se faire élire lors des dernières élections; les cadeaux offerts au , notamment les vacances payées ou les honoraires exorbitants que des organismes ont accepté de payer pour entendre l'allocution du chef du Parti libéral, le troisième parti à l'époque, et espérer apprendre comment il allait voter à la Chambre des communes.
Si, en limitant les dons, on n'a pas encore réussi à exclure l'argent de la politique ni à empêcher les gens de transformer leur argent en pouvoir, alors comment peut-on mettre fin à cette pratique sordide? La solution est de séparer le gouvernement de l'économie. Le gouvernement exerce aujourd'hui une si grande influence sur l'économie que les gens qui veulent faire de l'argent doivent d'abord obtenir l'appui des décideurs du gouvernement pour atteindre leur objectif. Ils investissent donc de l'argent en politique pour obtenir ce qu'il leur faut.
C'est ce que le prix Nobel d'économie James Buchanan appelle la théorie des choix publics. Il a écrit:
Toutefois, quand l'appareil gouvernemental se sert directement de près d'un tiers du produit national, que des groupes d'intérêts reconnaissent clairement les « profits » qui peuvent être réalisés grâce à l'action politique et que la plupart des lois ont des effets différentiels quantifiables sur des groupes distincts de la population, une théorie économique peut s'avérer très utile pour tenter de trouver une façon de réconcilier les intérêts conflictuels.
Sa théorie des choix publics a été décrite comme étant une théorie politique réaliste.
Selon William Shughart, la théorie des choix publics permet l'application du « modèle de choix rationnel de la théorie économique au domaine de la politique ». Lorsque les gens agissent rationnellement dans une économie de marché, ils font des investissements pour obtenir quelque chose en retour. James Buchanan a découvert que dans les économies gérées par le gouvernement, le même genre de compromis calculés se produit, c'est-à-dire que les gens investissent dans la politique pour s'enrichir.
Les socialistes décrient souvent le mercantilisme des entreprises qui font de l'argent dans le secteur privé. Ils croient que la solution est de remplacer le secteur privé par un appareil gouvernemental toujours plus gros. Toutefois, lorsque le gouvernement remplace les entreprises privées, qu'advient-il de ces profiteurs? Ces vautours rapaces et capitalistes se transforment-ils en colombes altruistes? Lorsque le socialisme remplace le libre marché, élimine-t-il simultanément toute cupidité de l'ADN humain? Les gens cessent-ils de vouloir faire de l'argent? Bien sûr que non. En fait, la seule chose qui change, c'est la façon dont ils font de l'argent.
Pour faire de l'argent dans une économie gouvernementale, il faut gagner la faveur des décideurs politiques qui octroient les ressources. Au lieu de vendre un produit à des acheteurs consentants, on achète les politiciens qui contrôlent l'argent. Si tout l'argent est dans le coffre-fort de l'État, les profiteurs s'efforcent d'acheter ou de louer les clés de ce coffre-fort. Ils font des dons aux politiciens qui leur donnent des subventions. Ils offrent des vacances luxueuses au premier ministre en échange de subventions pour leur fondation. Ils embauchent des lobbyistes pour convaincre le gouvernement d'éliminer leurs concurrents au moyen de règlements et de droits de douane supplémentaires.
Comme l'écrit Buchanan:
Celui qui recherche des plaisirs éphémères en consommant des articles « de luxe » vendus sur le marché est celui-là même qui recherchera un avantage partisan par l'action politique.
Dans l'ouvrage Welfare for the well-to-do, l'économiste Gordon Tullock dit ceci: « De nos jours, celui qui travaille dur et qui réfléchit soigneusement pour faire de l'argent sur le marché travaillera également dur et réfléchira également soigneusement afin d'utiliser le gouvernement pour s'enrichir. Par conséquent, il faut prévoir que des efforts et de l'ingéniosité seront consacrés à se servir du gouvernement à des fins de profit. D'ailleurs, l'observation du monde réel nous montre effectivement de telles activités. »
Plus le gouvernement prend du volume, plus on peut s'attendre à ce que ceux qui cherchent à s'enrichir transforment leur argent en pouvoir et à ce qu'ils agissent pour que leur argent leur en rapporte encore plus.
Les preuves sautent aux yeux. En 2014, soit la dernière année complète des conservateurs au pouvoir, alors que les dépenses de l'État étaient en baisse, des lobbyistes ont inscrit 14 000 interactions avec des titulaires d'une charge publique désignée. L'an dernier, il y a eu 23 000 interactions du genre, soit une hausse de 79 % en trois ans à peine.
Pourquoi les entreprises, les syndicats et d'autres intervenants ont-ils autant augmenté les dépenses qu'ils consacrent aux activités de lobbying? La réponse, c'est qu'il est désormais possible d'aller chercher beaucoup plus d'argent auprès de l'État. Pour enregistrer un bon rendement, les entreprises pensent que, en investissant dans un lobbyiste, elles peuvent recevoir plus d'argent du gouvernement. À l'heure actuelle, les deux secteurs de l'économie qui présentent la croissance la plus rapide sont le gouvernement et les lobbyistes, lesquels vont de pair.
Les efforts portent leurs fruits. Après avoir investi dans des lobbyistes, Bombardier a obtenu des prêts sans intérêt de 400 millions de dollars du gouvernement. Les responsables de fonds de capital-investissement et de banques d'investissement ont obtenu une banque de l'infrastructure de 15 milliards de dollars, qui protégera leurs investissements dans des mégaprojets. Certaines entreprises de haute technologie ayant investi dans des lobbyistes ont obtenu un tout nouveau fonds d'aide aux entreprises parasites de plusieurs milliards de dollars, qui sera chargé de créer de présumées supergrappes. Évidemment, l'argent ira aux entreprises qui font le plus de lobbying.
Les grosses machines bureaucratiques entraînent aussi une augmentation des activités de lobbying ailleurs qu'au Canada. La firme Strategas Research Partners a produit un graphique qui montre la corrélation entre les dépenses du gouvernement américain en proportion du PIB et les montants que les entreprises consacrent au lobbying à Washington. En 2000, les dépenses fédérales ont représenté environ 19 % du PIB aux États-Unis, tandis que le secteur privé a dépensé environ 2 milliards de dollars dans des activités de lobbying. En 2009, les dépenses de l'État sont passées à 25 % du PIB, alors que les sommes consacrées à des activités de lobbying ont presque doublé, passant à 4 milliards de dollars, après rajustement en fonction de l'inflation. Quand le budget de l'État croît à Washington, plus d'argent est dépensé dans des activités de lobbying pour attirer encore plus d'argent à Washington.
Lorsque le gouvernement décide qui obtient quoi, le monde des affaires achète une plus grande part du gouvernement. Qui en sort gagnant, alors? Ceux qui ont de l'argent, bien entendu. Ils peuvent embaucher des lobbyistes, promettre des emplois futurs aux politiciens, verser des dons et faire du charme aux fonctionnaires. La classe ouvrière, pour sa part, ne peut se permettre aucune de ces démarches. Les travailleurs sont trop occupés à tenter de joindre les deux bouts, à élever leurs enfants et à payer leurs factures pour avoir les moyens de constituer et d'utiliser une quelconque influence politique.
Les gros gouvernements omniprésents sont synonymes d'oligarchie économique. Ils concentrent la richesse dans l'État, entre les mains de ceux qui sont le mieux à même de contrôler l'État, soit une classe privilégiée d'aristocrates des temps modernes.
Si on tient à ce que des intérêts financiers cessent d'inonder d'argent le milieu politique, il faut retirer des mains des politiciens le pouvoir économique qui leur permet de récompenser ceux qui agissent ainsi. On y parvient en rétablissant le libre marché, un libre marché où les entreprises font de l'argent en satisfaisant les clients, au lieu d'une économie étatique où les entreprises font de l'argent en satisfaisant les politiciens; une économie de libre marché où on progresse parce qu'on offre le meilleur produit, et non parce qu'on a le meilleur lobbyiste; une économie de libre marché où les entrepreneurs font tourner leurs méninges afin d'investir dans des produits et des services que les gens vont vouloir acheter librement, avec leur propre argent, plutôt qu'une économie dans laquelle les entrepreneurs font tourner leurs méninges afin de plaire à de puissants politiciens qui détiennent les clés des coffres de l'État; une économie de libre marché fondée sur le mérite, et non une économie étatique fondée sur une aristocratie.
Si le gouvernement souhaite réellement mettre fin à cette surabondance d'argent en politique, il doit avoir l'humilité de renoncer à contrôler de vastes pans de l'économie, qui ne le concernent pas de toute façon.
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Monsieur le Président, si nous sommes ici aujourd'hui pour parler encore du projet de loi des libéraux, ce n'est pas par hasard.
En effet, plusieurs scandales ont jeté la lumière sur les activités de financement scandaleuses et douteuses des libéraux. C'est pour redorer leur blason qu'ils ont déposé le projet de loi C-50. Un an après avoir brisé leur promesse concernant une réforme électorale qu'ils avaient proposée avant, pendant et après la campagne de 2015, ils ont finalement déposé ce projet de loi pour masquer le fait qu'ils avaient brisé leur promesse.
Les libéraux ont fait miroiter cela à toute une génération de jeunes, dont la mienne, en disant que de toute évidence, notre système électoral n'était pas très représentatif et qu'il ne représentait pas nécessairement le vote des citoyens. Les gens y ont cru. Nous y avons cru, ici, au NPD. Au bout du compte, nous avons été trop naïfs. En fait, nous nous disions que pour une fois c'était quelque chose de très constructif.
Des dizaines de milliers de Canadiens ont témoigné et ont été consultés lors de visites faites par le comité partout au pays, afin de recueillir les idées et les propositions des citoyens. Quatre-vingt pour cent des citoyens ont dit qu'ils étaient en faveur d'un système ayant une composante proportionnelle. En outre, la plupart, sinon presque 90 % des experts qui ont témoigné au comité de la réforme électorale, ont aussi été en faveur d'un système proportionnel pour les prochaines élections.
Le a dit à la CBC, il y a environ deux semaines, qu'il n'avait pas été convaincu. Finalement, il y a un an, quand il a mis fin à ce processus de potentielle réforme électorale, tout le monde a été jeté par terre. En effet, que faut-il de plus qu'au-delà de 80 % des citoyens et 90 % des experts qui vont dans la même direction, si le premier ministre n'est pas capable de reconnaître cet état de démocratie?
Un moment donné, cela fait en sorte que les gens ne croient plus en leurs politiciens, à qui ils ont donné le mandat de représenter l'opinion publique des citoyens. Le premier ministre lui-même a répété quelque 60 fois qu'il allait faire le travail nécessaire, afin que l'élection de 2015 soit la dernière élection sous le système uninominal majoritaire à un tour. Il rejette maintenant cela du revers de la main en disant que finalement le système actuel le favorise et qu'il va le laisser en place malgré toutes les actions déclenchées.
Les déplacements du comité partout au pays ont coûté cher. Tout cela a été fait pour absolument rien, parce que finalement le premier ministre a fait à sa guise et a décidé qu'au bout du compte, les opinions reçues dans le cadre de toutes ces consultations, de la part de tous les experts et de tous les Canadiens, ne valaient rien.