:
Monsieur le Président, c'est un plaisir pour moi de participer au débat à l'étape du rapport du projet de loi , Loi modifiant le Code criminel, la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents et d'autres lois et apportant des modifications corrélatives à certaines lois.
Je suis avocat de formation, alors je ne connais que trop bien les effets des processus qui s'étirent indûment sur l'ensemble des Canadiens, mais particulièrement sur ceux qui ont affaire au système de justice pénale. Je suis fier de faire partie d'un gouvernement qui n'hésite pas à faire le nécessaire pour rendre ce système plus efficace, pour réduire le temps requis pour régler les cas et pour accroître la confiance du public, tout en respectant les droits des justiciables et en assurant la sécurité publique.
[Français]
Je crois que, dans leur ensemble, tous les éléments du projet de loi contribueront à créer le changement de culture nécessaire et à renforcer la capacité du système de justice pénale à régler les litiges dans les délais prescrits par la Cour suprême du Canada dans l'arrêt Jordan et recommandés par le Comité sénatorial permanent des affaires juridiques et constitutionnelles dans son rapport intitulé « Justice différée, justice refusée ».
[Traduction]
Je suis reconnaissant au Comité permanent de la justice et des droits de la personne de l'excellent travail qu'il a fait concernant le projet de loi .
Même si, à mon avis, de nombreux éléments du projet de loi contribueront à rendre le système de justice pénale plus efficace, je m'en tiendrai ce matin à la réforme des enquêtes préliminaires, à l'élargissement des pouvoirs des juges en matière de gestion des instances et aux mesures visant à faciliter les comparutions à distance. J'aborderai aussi brièvement les amendements présentés par le Comité de même que les modifications corrélatives qui en découlent.
[Français]
Comme la ministre l'a souligné dans son allocution, le projet de loi comprend deux propositions concernant les enquêtes préliminaires.
Tout d'abord, le projet de loi restreint cette procédure pour les adultes accusés à 63 des infractions les plus graves du Code criminel qui sont punissables de l'emprisonnement à perpétuité, par exemple le meurtre et l'enlèvement.
Ensuite, il renforcerait les pouvoirs du juge à l'enquête préliminaire et limiterait les questions à examiner et le nombre de témoins à entendre.
[Traduction]
La Cour suprême du Canada, dans l'arrêt Jordan, et le comité sénatorial des affaires juridiques, dans son rapport final sur les délais judiciaires, ont recommandé qu'on envisage une réforme des enquêtes préliminaires.
Nous reconnaissons que la réforme des enquêtes préliminaires fait l'objet de débats animés depuis des décennies. D'aucuns font valoir que les limiter aurait peu d'incidence sur les retards dans le système de justice, car elles n'ont lieu que dans 3 % des cas. Il est toutefois important de souligner que cette mesure aurait un effet plus marqué dans les provinces où l'enquête préliminaire est largement utilisée, comme en Ontario et au Québec.
Par ailleurs, on ne peut négliger les effets cumulatifs des propositions contenues dans le projet de loi , qui visent à rationaliser les procédures en vigueur dans le système de justice pénale.
[Français]
Les avocats Laurelly Dale et Michael Spratt ont déclaré devant le Comité permanent de la justice et des droits de la personne que le fait de restreindre les enquêtes préliminaires, comme le propose le projet de loi, pourrait entraîner des retards et nuire au droit de l'accusé à un procès équitable. En revanche, l'Association canadienne des chefs de police a indiqué dans ses observations écrites qu'elle appuyait les réformes.
De plus, Daisy Kler, du Vancouver Rape Relief & Women's Shelter, et Elizabeth Sheehy ont affirmé que ces réformes étaient un pas dans la bonne direction et ont rappelé que l'obligation pour les victimes de témoigner deux fois — une fois à l'enquête préliminaire et une autre fois au procès — contribue au risque de revictimisation.
[Traduction]
Comme l'a indiqué la à l'étape de la deuxième lecture du projet de loi , les amendements proposés au sujet des enquêtes préliminaires sont l'aboutissement d'années d'études et d'examen au sein de tribunes diverses, telles que les rencontres fédérales-provinciales-territoriales. Ces réformes représentent une approche équilibrée entre les points de vue contradictoires exprimés aux comités et ici même, à la Chambre. Elles rendraient la procédure plus efficace et plus expéditive tout en respectant les droits de l'accusé à un procès juste et en évitant à certains témoins et victimes d'avoir à témoigner deux fois, ce qui peut, comme je viens de le dire, avoir de graves conséquences sur les plaignantes.
Le projet de loi permettrait en outre de nommer plus tôt dans la procédure les juges responsables de la gestion de l'instance, qui ont un rôle unique et essentiel à jouer pour garantir le rythme des procès et faire en sorte que ceux-ci soient menés de façon efficace, juste et en temps opportun.
[Français]
Le projet de loi propose également d'élargir le recours à la comparution à distance prévue dans le Code criminel en permettant à toutes les personnes qui participent à des affaires pénales, par exemple l'accusé, les témoins, les avocats, les juges ou juges de paix, les interprètes ou les cautions, de comparaître par audio-conférence ou vidéo-conférence tout au long du processus, dans la mesure où les critères applicables sont respectés.
[Traduction]
La présence à distance est acceptée depuis des années au Canada. Les modifications visent à élargir le cadre existant avec l'utilisation éventuelle de la technologie, pour favoriser l'accès à la justice où les infrastructures existent et où les règles du tribunal le permettent.
Ces options offertes dans le projet de loi bonifient l'accès à la justice, simplifient les processus et réduisent les coûts pour le système, comme les coûts de transport de l'accusé et les coûts liés à la comparution de témoins, et ce, sans qu'il y ait une incidence sur les ressources en place, comme le Programme d’assistance parajudiciaire aux Autochtones. Ces dispositions répondent également à la recommandation du comité sénatorial, qui prône un recours accru à la présence à distance pour les accusés.
Les modifications proposées par le projet de loi concernant les enquêtes préliminaires, les pouvoirs des juges en matière de gestion des instances et la présence à distance, de même que toutes les autres réformes qu'apporte le projet de loi, rendraient le système de justice pénale efficace, juste et conforme aux valeurs des collectivités et des citoyens canadiens.
Après avoir mené une étude approfondie du projet de loi et entendu des témoignages éloquents, le Comité permanent de la justice et des droits de la personne a apporté des amendements concernant la recevabilité en preuve d’éléments de preuve de routine et la reclassification d'infractions. Par conséquent, quatre amendements de forme et corrélatifs doivent être proposés pour assurer la cohérence du texte législatif. Ces amendements découlent des amendements nécessaires apportés par le comité.
Le premier amendement de forme concerne l'amendement corrélatif à l'article 294 du projet de loi . Cet article porte sur la recevabilité des transcriptions de dépositions comme preuve, et fait actuellement référence à la définition de « policier » dans l'article 657.01 du Code criminel. Puisque l'article 657.01 proposé a été amendé et supprimé en comité, il est maintenant nécessaire d'amender l'article 294 pour supprimer la référence à l'article supprimé.
Les deuxième et troisième amendements présentés aujourd'hui tiennent compte de l'intention du comité de conserver les infractions de préconiser ou fomenter le terrorisme, en vertu de l'article 83.221 du Code, comme une infraction punissable sur acte d'accusation. En conséquence, le deuxième amendement d'aujourd'hui supprimerait l'article 22, et le troisième amendement supprimerait le paragraphe 407(5), qui est une disposition de coordination, conformément au projet de loi . Encore une fois, il s'agit d'amendements de forme corrélatifs qui découlent de l'importante étude approfondie du projet de loi effectuée par le comité.
Le quatrième amendement présenté à la Chambre aujourd'hui corrigerait une erreur de rédaction qui découle d'un amendement à l'article 389, qui comprend une erreur dans la version française du titre du projet de loi , qui décrit le projet de loi comme « Loi modifiant le Code criminel, la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents et d'autres lois et apportant des modifications corrélatives à certaines lois ». Encore là, il s'agit d'un amendement de forme qui découle des amendements importants proposés à l'étape du comité.
Pour conclure, j'aimerais souligner l'objectif du projet de loi. L'accès à la justice est essentiel. Or, les délais judiciaires empêchent justice d'être rendue. À la suite de l'arrêt Jordan de la Cour suprême du Canada, la ministre et le secrétaire parlementaire ont consulté, partout au pays, les parties intéressées, des personnes qui sont dans le système ainsi que les partenaires fédéraux, provinciaux et territoriaux. Résultat: nous avons présenté le projet de loi à la Chambre. Le comité a étudié le projet de loi et, après avoir entendu des témoignages robustes de nombreuses parties intéressées de partout au pays jouant un rôle dans le système de justice pénale, il a pris, avec raison et de manière adéquate, l'initiative d'amender le projet de loi pour rectifier le tir par rapport aux aspects que j'ai mentionnés. C'est ainsi que le processus est censé fonctionner. Les projets de loi doivent être le fruit d'un effort de collaboration, et c'est ce qui s'est produit en l'occurrence.
Le projet de loi ferait en sorte que le processus d'enquête préliminaire ne victimise pas de nouveau les femmes. Il ferait en sorte que les Autochtones et autres communautés marginalisées ne soient plus surreprésentés au sein du système judiciaire en modifiant la façon dont nous choisissons les jurés et en changeant les outils dont disposent les juges afin d'assurer des jurys plus diversifiés et plus représentatifs dans les collectivités. Fait important, le projet de loi assurerait l'accès à la justice. Il ferait en sorte que les infractions contre l'administration de la justice soient traitées selon un modèle distinct permettant de les gérer de manière plus générale, ce qui accélérerait le processus et permettrait d'éviter la criminalisation excessive des personnes qui interagissent avec le système judiciaire.
Ces initiatives sont importantes. Le projet de loi est important. Il va dans la bonne direction. C'est pourquoi j'exhorte tous les députés à l'appuyer.
:
Madame la Présidente, j'interviens aujourd'hui au sujet du projet de loi , une mesure que le gouvernement a présentée supposément pour régler le problème que pose l'engorgement des tribunaux canadiens et l'accumulation des dossiers en attente.
Il y a un petit problème, toutefois: le projet de loi ne contribuerait en rien à réduire l'engorgement et l'arriéré des dossiers dans les tribunaux du pays. Au contraire, il est fort probable qu'il aurait pour effet d'aggraver ces problèmes.
Lorsque le comité de la justice a étudié cette mesure, j'ai assisté à toutes les séances, et nous avons entendu une vaste gamme de témoins. Je suis député depuis trois ans et je n'avais jamais vu, pendant les travaux d'un comité, un projet de loi faire l'objet de critiques aussi exhaustives que le projet de loi , une énorme mesure omnibus de 300 pages.
La mesure législative proposée ne contribuerait aucunement à réduire l'engorgement des tribunaux.
Le gouvernement a eu la brillante idée de permettre que les éléments de preuve de routine soient soumis sous forme d'affidavit. Cette nouvelle méthode exigerait toutefois un nouveau processus de demande auquel les avocats de la défense auraient sûrement recours, ce qui retarderait le traitement du dossier au lieu de l'accélérer. Heureusement, le gouvernement a renoncé à cet aspect du projet de loi .
Puis, le gouvernement a aussi eu l'idée de limiter la tenue d'enquêtes préliminaires aux infractions passibles de l'emprisonnement à perpétuité. Quand j'ai demandé aux fonctionnaires du ministère de la Justice s'ils avaient des données ou des preuves empiriques pour appuyer l'affirmation selon laquelle les enquêtes préliminaires entraînent des retards, ils n'ont pas pu me répondre. En revanche, je peux fournir des données empiriques qui montrent que les enquêtes préliminaires accélèrent le processus et réduisent les délais. En effet, d'après les données statistiques, 86 % des cas sont résolus après la tenue d'une enquête préliminaire. Le gouvernement n'a aucune preuve du contraire.
Les enquêtes préliminaires permettent aux avocats de tirer au clair des questions, de réduire le nombre de questions à régler et de sonder la preuve. De plus, ces enquêtes représentent un important mécanisme de communication préalable de la preuve.
Par ailleurs, il est difficile de comprendre comment le gouvernement a décidé de créer arbitrairement deux types de cas: les cas passibles de l'emprisonnement à perpétuité où les accusés auraient droit à une enquête préliminaire et tous les autres cas, en dépit du fait que la fourchette des peines imposées serait souvent similaire. Dans certains cas, l'accusé aurait droit à une enquête préliminaire; dans d'autres, non. Cela montre que la rédaction du projet de loi a été bâclée et faite à l'aveuglette.
L'aspect le plus problématique du projet de loi , c'est que sous prétexte d'améliorer le système de justice du Canada, il allégerait les peines pour certains des actes criminels les plus graves.
Quel genre d'actes criminels deviendraient des infractions mixtes selon la reclassification prévue dans le projet de loi ? Ce serait le cas, entre autres, de la conduite avec capacités affaiblies causant des lésions corporelles. Pourtant, la conduite avec facultés affaiblies est la principale cause criminelle de décès au Canada. Les actes criminels visés incluent aussi l'administration de la drogue du viol, l'enlèvement d'un enfant de moins de 16 ans, l'enlèvement d'un enfant de moins de 14 ans, la traite des personnes et l'incendie criminel avec intention frauduleuse. Le gouvernement propose de reclasser ces actes criminels. Quels en seraient les effets? Au lieu d'un emprisonnement maximal de 10 ans, le délinquant risquerait une peine maximale de deux ans moins un jour pour les infractions punissables sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire.
La a dit à maintes reprises que nous ne devrions pas nous inquiéter, que le projet de loi n'a rien à voir avec la détermination de la peine et que, après tout, les principes en la matière restent les mêmes. Bien sûr que les principes demeurent inchangés, mais si on réduit les peines et si on retire aux juges leur pouvoir discrétionnaire d'imposer une peine de 10 ans en la limitant à deux ans moins un jour, le projet de loi a tout à voir avec la détermination de la peine.
Les députés libéraux au comité de la justice semblent d'accord. Parmi les types d'infractions qui seraient reclassifiées au titre du projet de loi , on trouve des infractions liées au terrorisme ainsi que l'infraction d'encouragement au génocide. Il est aberrant de penser que ce genre d'infractions puissent se retrouver dans la même catégorie que des infractions mineures contre les biens, mais c'est pourtant ce que propose le projet de loi C-75. Ce projet de loi est terriblement mal conçu. Heureusement, les députés libéraux au comité ont fini par écouter les témoignages de ceux qui estiment que cela enverrait le mauvais message. Shimon Fogel, du Centre consultatif des relations juives et israéliennes, a dit que cela « envoie un signal clair et inacceptable, qui travestit la nature intrinsèquement grave, voire haineuse, de ces crimes ». Le National Post a cité cette affirmation du député d': « Soyons sérieux [...] Nous parlons d'infractions très graves. »
Cela va à l'encontre de l'avis de la ministre, car, selon elle, la reclassification n'aurait rien à voir avec la détermination de la peine et n'aurait pas pour effet de minimiser la gravité de l'infraction. Or, elle a tout faux, et le député d'Edmonton-Centre l'a reconnu. Les députés libéraux au comité de la justice étaient d'accord avec nous, puisqu'ils ont appuyé nos amendements visant à annuler la reclassification des infractions liées au terrorisme et au génocide.
Quel est le message qu'on envoie lorsqu'on parle de réduire et d'affaiblir les peines associées aux infractions comme la conduite avec les facultés affaiblies, l'utilisation de la drogue du viol ou l'enlèvement d'un mineur? On envoie le pire des messages. Cela minimise la gravité de ces infractions et fait qu'il est possible que les personnes qui en sont accusées puissent s'en sortir avec seulement une tape sur les doigts, littéralement. Il ne faut absolument pas reclasser ces infractions. Il ne faut absolument pas qu'un quelconque procureur dans un bureau quelque part puisse prendre une décision au sujet de ces infractions sans transparence et uniformité. C'est exactement le contraire de ce qu'il faut faire.
Cela ne permettra pas non plus de réduire les retards, parce que 99,6 % des affaires sont déjà traitées par les tribunaux provinciaux. Nous savons que les infractions punissables par procédure sommaire sont traitées par les tribunaux provinciaux, qui sont débordés et qui manquent de ressources. Cela signifie qu'on ne ferait qu'en jeter davantage dans la cour des tribunaux provinciaux qui est déjà pleine. Le projet de loi ne permettra pas de réduire les retards, mais il réduit les peines aux dépens des victimes et de la sécurité publique. Le projet de loi ne doit pas franchir une étape de plus.
:
Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole sur le projet de loi aujourd'hui. C'est un projet de loi assez complexe et vaste qui touche de nombreuses questions importantes liées à notre système judiciaire.
Évidemment, avec le temps dont je dispose aujourd'hui, je n'aurai pas le temps d'aborder tous les éléments du projet de loi. Je vais donc m'attarder sur ceux qui m'intéressent le plus. Toutefois, j'aimerais d'abord parler du contexte qui a mené à ce projet de loi et de la façon dont mes concitoyens ont été interpellés.
On sait que le projet de loi est offert en réponse à l'arrêt Jordan, dans lequel les tribunaux ont établi qu'il y avait des délais judiciaires inacceptables et que les procédures prendraient dorénavant fin après un certain échéancier. Cela a interpellé mes concitoyens et tous les députés, particulièrement ceux du Québec, puisqu'il y a eu plusieurs histoires troublantes au Québec. Dans certains cas, des personnes accusées de crimes horribles ont été libérées en raison de l'arrêt Jordan. Il y a eu des histoires assez sordides et troublantes pour les communautés affectées.
L'arrêt Jordan vise à répondre à des problèmes importants, notamment en ce qui concerne les services offerts aux peuples autochtones et l'administration de la justice, ce qui est essentiel pour maintenir la confiance du public à l'égard du système judiciaire, surtout celle des citoyens qui m'ont interpellé au sujet de nombreux cas troublants qui ont été très médiatisés. C'est primordial, car le système judiciaire ne peut fonctionner adéquatement sans que l'on maintienne la confiance du public.
Si je peux mettre mon chapeau de porte-parole en matière de sécurité publique pour un instant, j'oserais dire que c'est la même chose dans bien des circonstances liées à la sécurité publique. Il ne s'agit donc pas seulement du système judiciaire, mais aussi du système correctionnel et des corps policiers ou des agences de sécurité nationale, qui jouent aussi un rôle là-dedans.
Compte tenu de l'importance de maintenir la confiance du public, il a fallu faire un travail robuste pour examiner ce projet de loi. À cet égard, je voudrais féliciter mon voisin de pupitre le député de , qui a été, avec raison, finaliste des Prix des parlementaires de l'année pour son acharnement au travail. On comprend pourquoi quand on lit un projet de loi comme celui-ci, car il est question d'affaires extrêmement compliquées qu'il faut examiner rigoureusement.
Il faut également être prudent dans le débat politique. On ne veut pas teinter les procédures et la mise en oeuvre de ces mesures d'une couleur trop partisane, toujours pour éviter de miner la confiance du public — il faut le répéter.
Dans ce contexte, le projet de loi en question vise principalement à réduire les délais judiciaires. À plusieurs égards, il y a des éléments positifs, mais aussi des échecs. Malgré le temps limité dont je dispose, j'aimerais en aborder quelques-uns.
Le premier élément est le plus important. Il s'agit des peines minimales obligatoires. C'est un phénomène qui a pris une ampleur particulière au cours de la dernière législature, alors que régnait un gouvernement conservateur majoritaire. Cependant, c'est une politique qui a échoué, pas seulement au Canada, mais également aux États-Unis, où même des législateurs républicains très à droite ont constaté qu'elle ne permettait pas d'assurer la sécurité publique.
L'application des peines minimales obligatoires est imposée aux juges par la loi dans le but de punir toutes sortes de crimes, qui sont souvent horribles. Cela pose plusieurs problèmes. Tout d'abord, évidemment, cela prive les juges de leur pouvoir discrétionnaire. Ensuite, non seulement cela porte atteinte à notre système judiciaire, mais les peines minimales obligatoires visent souvent à punir des crimes qui sont alimentés par d'autres facteurs sociaux. On exacerbe ainsi des phénomènes sociaux troublants, comme la surreprésentation des membres des populations racisées ou encore des personnes autochtones dans le système carcéral et le système judiciaire.
Nous constatons également que certains crimes, tels que la consommation et la possession de drogue, sont des enjeux de santé publique avant tout, et non des enjeux en matière de loi et d'ordre. Il ne faut pas minimiser l'importance de ces enjeux.
Quand nous regardons les faits qui sont devant nous, au Canada et ailleurs, nous constatons trois choses. Premièrement, nous avons évidemment constaté l'impact social, que je viens d'expliquer. Deuxièmement, nous avons constaté que, dans plusieurs cas, les tribunaux ont rejeté les dispositions de plusieurs projets de loi adoptés lors de la précédente législature. Ils ont notamment rejeté des dispositions de projets de loi déposés par les conservateurs, dans lesquelles ceux-ci élaboraient les peines minimales obligatoires. Troisièmement, nous constatons que les peines minimales obligatoires n'ont pas permis d'atteindre les objectifs politiques en matière de protection de la sécurité publique, d'emprisonnement des dangereux criminels et de diminution du taux de récidive.
J'ai soulevé cet élément en parlant du gouvernement précédent. En quoi cela concerne le projet de loi proposé par le gouvernement libéral actuel? Lors de la législature précédente, plusieurs députés libéraux se sont levés pour dire haut et fort qu'ils s'opposaient à l'existence d'une telle politique. À l'époque, la ministre de la Justice et d'autres membres du gouvernement actuel ont dit haut et fort qu'il fallait rapidement régler la question. Aujourd'hui, nous constatons que le projet de loi , attendu depuis déjà trop longtemps, ne fait rien pour s'attaquer à la question, alors que les libéraux sont au pouvoir depuis trois ans.
Ma collègue d' a posé la question au plus tôt aujourd'hui. Il a répondu que la question est présentement examinée. Le temps d'examiner la question est révolu depuis longtemps, ce qui est aussi une tendance que le gouvernement maintient. Avant même l'élection des libéraux, on a fait le constat que cette politique est vouée à l'échec puisqu'elle pénalise les gens qu'on veut aider à sortir de la misère afin qu'ils contribuent à leur communauté et à notre société. Les libéraux ont raté l'occasion de régler cette question très importante qui perdure depuis longtemps.
Certains états américains où il y a une forte représentation républicaine, les fameux red states, ont constaté, il y a de nombreuses années, qu'il s'agit d'une politique vouée à l'échec. S'ils ont pu le constater, j'ose croire qu'un gouvernement supposément progressiste peut faire la même chose. Ces réformes judiciaires sont attendues depuis trop longtemps, et j'ai osé espérer que le travail serait fait dans ce projet de loi, mais ce n'est malheureusement pas le cas. Comme c'est trop souvent le cas depuis l'élection du gouvernement actuel, nous allons devoir nous fier au Sénat. Un excellent projet de loi a été proposé par la sénatrice Kim Pate. Le projet de loi tente de s'attaquer à la question des peines minimales obligatoires. Le sort de ce projet de loi est à suivre. Somme toute, le gouvernement a raté une occasion.
J'aimerais aborder un autre élément du projet de loi, soit les infractions mixtes. Il s'agit d'une mesure très importante du projet de loi puisqu'elle devait permettre d'administrer la justice plus rapidement. Cependant, nous avons constaté que cette mesure pourrait imposer un fardeau plus lourd aux provinces. Il ne faut pas oublier que les provinces ont la responsabilité d'administrer la justice.
Des représentants du Barreau du Québec sont venus témoigner devant le Comité. Ils ont mentionné que c'est moins préoccupant pour eux puisque le Québec a déjà un système judiciaire très robuste dans lequel on donne beaucoup de discrétion au procureur. La Couronne travaille fort pour faire une évaluation appropriée des cas dans le but d'éviter que les dossiers s'empilent et de diminuer les délais du système judiciaire.
Quand on impose un fardeau additionnel aux provinces et qu'on doit se fier à la bonne volonté des gouvernements provinciaux, cela démontre que le gouvernement fédéral a beaucoup de travail à faire pour faciliter la tâche. Évidemment, cet objectif n'est pas forcément atteint dans le projet de loi .
Malheureusement, mon temps de parole est écoulé. J'aurais voulu parler d'autres éléments. Force est de constater qu'il s'agit d'un projet de loi très vaste et compliqué. Les libéraux ont raté l'occasion de faire les réformes nécessaires en matière d'administration de notre système judiciaire.
:
Madame la Présidente, je suis heureux de participer au débat sur le projet de loi , Loi modifiant le Code criminel, la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents et d'autres lois et apportant des modifications corrélatives à certaines lois.
Tout d'abord, j'aimerais souligner la contribution exceptionnelle de tous les députés, plus particulièrement de ceux qui font partie du comité, à l'étude du projet de loi . Il est évident que les députés de tous les partis ont appris énormément de choses en écoutant les témoins et que le pays dans son ensemble a profité de l'étude approfondie de ce projet de loi transformateur.
Le comité a entendu quelque 95 groupes et particuliers, qui se sont exprimés sur un large éventail de questions, et il a pris connaissance de 58 mémoires. J'aimerais prendre un instant pour faire part à la Chambre de certains points de vue que les membres du comité ont entendus ou lus au sujet des répercussions possibles du projet de loi sur les Autochtones et les membres vulnérables de la société.
La disposition du projet de loi qui prévoit que le principe de la retenue soit incorporé à la loi a reçu beaucoup d'appuis parmi les témoins entendus au comité. Ce principe orientera les services policiers et les tribunaux dans la prise de décisions concernant la mise en liberté sous caution. Les services policiers et les tribunaux seront tenus de chercher en premier lieu à mettre en liberté le prévenu à la première occasion raisonnable et aux conditions les moins sévères possible dans les circonstances. Ils devront se demander si le prévenu peut raisonnablement respecter les conditions et si elles sont nécessaires pour assurer sa présence au tribunal et protéger ainsi la sécurité publique. Le principe de retenue proposé vise à éliminer la pression inutile qui est mise sur le système de justice pénale et à respecter les principes énoncés par la Cour suprême du Canada.
L'Association canadienne des libertés civiles, l'Association du Barreau canadien, la Society of United Professionals, l'Alliance canadienne pour la réforme des lois sur le travail du sexe, l'organisme Aboriginal Legal Services et la Fédération des centres d'amitié autochtones de l'Ontario ne sont que quelques-uns des groupes de témoins qui ont exprimé leur appui à ces mesures. Le fait que cette proposition ait été jugée favorable par une variété de personnes en dit long sur la nécessité de ces changements attendus depuis longtemps. L'Ontario Federation of Indigenous Friendship Centre, en particulier, a souligné que le principe de la retenue aidera les Autochtones qui doivent souvent s'éloigner de leur communauté, donc de leur famille et de leur réseau de soutien, pour se présenter devant les tribunaux.
L'inscription, dans la loi, du principe de la retenue, tel que proposée dans le projet de loi , obligerait les services policiers et les tribunaux à porter une attention particulière aux circonstances des accusés autochtones ou vulnérables, lesquels sont surreprésentés dans le système de justice pénale et désavantagés lorsque vient le temps de demander une remise en liberté sous caution. Selon les données de 2016-2017 de Statistique Canada, la proportion des autochtones adultes admis dans un établissement correctionnel provincial ou territorial est environ sept fois plus élevée que celle du reste de la population canadienne, et elle ne cesse d'augmenter depuis 2007. Pour sa part, la proportion des femmes autochtones admises dans un établissement correctionnel fédéral est de huit fois supérieure à celle des femmes non autochtones. En 2012, Statistique Canada a révélé que la probabilité d'être arrêté par la police est quatre fois plus élevée chez les personnes souffrant de troubles de santé mentale que chez les autres.
De plus, les conditions inutiles et astreignantes de remise en liberté sous caution ont généralement une incidence disproportionnée sur les Autochtones et les personnes vulnérables et augmentent la probabilité que ceux-ci soient accusés d'avoir enfreint des conditions mineures et n'arrivent plus à sortir du système de justice pénale. Ces faits sont le signe d'un problème systémique nécessitant une réforme complète.
Bien que certains témoins, comme la professeure Marie-Eve Sylvestre, de l'Université d'Ottawa, estiment que la loi doit définir le terme « personnes vulnérables », nous sommes convaincus que l'approche élargie actuelle permettra à sa signification d'évoluer avec le temps par une interprétation adaptée cas par cas, et d'éviter l'exclusion de certains groupes. Je ferai également remarquer que la disposition existante donne des lignes directrices à savoir quels types de vulnérabilité sont pertinents, en ciblant précisément les groupes qui sont surreprésentés dans le système de justice pénale et désavantagés lorsqu'il s'agit d'obtenir une remise en liberté sous caution.
Les propositions relatives aux infractions contre l'administration de la justice ont aussi reçu le vaste appui de témoins entendus durant l'étude du comité sur le projet de loi . Ces propositions comportent une alternative appelée comparution pour manquement, qui est essentiellement une option pour les cas de manquements mineurs ne causant pas de préjudice à une victime ou à un témoin. Ces manquements ne donneraient pas lieu à des accusations criminelles, mais seraient renvoyés à un tribunal des cautionnements pour qu'un juge étudie et réévalue les conditions de mise en liberté de l'accusé.
La professeure Rebecca Bromwich de l'Université Carleton a rendu un témoignage poignant devant le comité et rappelé l'histoire tragique d'Ashley Smith, une adolescente qui a mis fin à ses jours alors qu'elle était sous étroite surveillance pour risque de suicide à la prison Grand Valley, en 2007. Selon Mme Bromwich, Ashley avait été en détention au cours de son adolescence, et son dossier présentait plus de 150 condamnations pour des infractions contre l’administration de la justice, dont beaucoup n'ont pas causé de préjudice au public et n'auraient pas été considérées comme des infractions si Ashley n'avait pas déjà eu des démêlés avec le système de justice pénale. C'est précisément ce genre de situation que le projet de loi vise à régler avec les réformes qu'il propose.
La comparution pour manquement est un nouvel outil dont peuvent se servir la police et les tribunaux, en plus du principe de la retenue, afin de traiter les manquements mineurs en dehors du système judiciaire et de libérer des ressources pour les affaires plus graves. Cette proposition a été solidement appuyée par la Fédération des centres d'amitié autochtones de l'Ontario, Aide juridique Ontario, l'organisme Aboriginal Legal Services et l'Association du Barreau canadien, ainsi que des universitaires et des avocats de pratique privée.
Enfin, je voudrais parler d’une proposition qui n’a pas autant retenu l’attention, mais qui, selon certaines organisations et certaines personnes, aurait un effet positif pour les Autochtones et les membres de groupes vulnérables. Plus précisément, le projet de loi modifie les dispositions en matière de plaidoyer du Code criminel afin d’exiger que les tribunaux soient convaincus que les faits justifient l’accusation avant d’accepter un plaidoyer de culpabilité. Aide juridique Ontario a fait observer que le nouveau processus pour plaider coupable contribuerait à simplifier ces plaidoyers, à réduire le nombre de contestations en appel par la suite et, par conséquent, à réduire les délais. Je suis certain que cette proposition fournirait un mécanisme important pour s’assurer qu’on n’utilise pas les plaidoyers de culpabilité pour marginaliser encore davantage des accusés déjà vulnérables.
Je pense que l’examen du projet de loi par le comité et les nombreux témoignages entendus renforcent une mesure législative déjà solide et précise en quoi elle corrige des problèmes systémiques. Je suis fier de dire que nous avons maintenant un projet de loi encore plus complet qui vise à réduire les délais.
J’appuie fermement ce projet de loi. Je suis convaincu qu’il rendra le système de justice pénale plus efficace pour tous les Canadiens, y compris les Autochtones, les personnes appartenant à des populations vulnérables, les accusés et les victimes. J’invite tous les députés à l’appuyer.
:
Madame la Présidente, je suis très heureux de prendre part au débat sur le projet de loi , Loi modifiant le Code criminel, la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents et d’autres lois et apportant des modifications corrélatives à certaines lois.
J’ai de sérieuses réserves au sujet de ce projet de loi, comme de nombreux autres intéressés, dont l’Association canadienne des chefs de police.
Tout d’abord, il s’agit encore d’un projet de loi omnibus qui contient 302 pages de changements importants à notre système de justice pénale. Pour que les gens que nous représentons comprennent bien, je précise que cela oblige les députés à étudier 302 pages de jargon juridique. Voilà encore une autre promesse que les libéraux n’ont pas tenue, eux qui avaient promis de ne pas déposer de projet de loi omnibus.
Le projet de loi montre aussi très clairement la réticence des libéraux à permettre un examen et un débat approfondi sur la modernisation du système de justice pénale, y compris sur la réduction des délais judiciaires et des procédures judiciaires, ce qui est un débat très important, étant donné l’engorgement actuel des tribunaux qui engendre l'annulation des procédures contre de dangereux délinquants.
Ensuite, le projet de loi vise à annuler en quelque sorte la suramende compensatoire obligatoire que le gouvernement conservateur a imposée en 2013, aux termes de la Loi sur la responsabilisation des contrevenants à l’égard des victimes.
La suramende compensatoire fédérale est une sanction pécuniaire qui est automatiquement imposée aux contrevenants au moment de leur condamnation. L’argent ainsi collecté doit servir à financer des programmes et des services pour les victimes d’actes criminels.
Nous avons rendu cette suramende obligatoire en sachant que beaucoup de juges décidaient couramment de ne pas l'imposer. Nous savions qu’ils en exemptaient certains contrevenants pour cause d'incapacité à payer, mais nous pensions que, par principe, il fallait que la suramende soit obligatoire pour marquer l'idée de la dette du délinquant envers sa victime.
Comme dans le cas de toute autre sanction, amende ou suramende, si le délinquant n'a pas les moyens de payer, il ne paie pas. Cependant, c’est une question de principe et, bien souvent, la personne déclarée coupable est en mesure de verser une compensation à la victime.
Les conservateurs sont fermement convaincus que la protection de la société et des droits des victimes devrait être l’objectif premier du système de justice pénale canadien, et non les concessions et les traitements spéciaux pour les criminels. C’est pourquoi nous avons présenté la Déclaration des droits des victimes et créé le Bureau de l’ombudsman des victimes d’actes criminels.
À ce sujet, je souhaite remercier Sue O'Sullivan de tous ses efforts au nom des victimes. Mme O'Sullivan, qui a quitté ses fonctions d’ombudsman des victimes en novembre 2017, a mené une carrière remarquable dans la police avant d’être nommée à ce poste très important en 2010.
Nous avons créé en 2007 le poste d’ombudsman afin que les victimes disposent d’une ressource indépendante qui les aide à s’y retrouver dans le système et leur permette d'exprimer leurs préoccupations à propos des politiques ou des lois fédérales.
Bien que nous ayons la plus haute estime pour le bureau et que nous lui accordions une grande importance, la vacance prolongée du poste après le départ à la retraite de Mme O'Sullivan en dit long sur ce que les libéraux pensent du bureau.
En avril dernier, plus de quatre mois après la retraite de Mme O'Sullivan, la CBC a exposé les frustrations d'un grand nombre de victimes et de défenseurs des droits des victimes, dont Heidi Illingworth, l'ancienne directrice exécutive du Centre canadien de ressources pour les victimes de crimes.
Mme Illingworth a dit ceci:
[...] les victimes dans l'ensemble du Canada ont l'impression de ne pas être représentées et que les enjeux qui les touchent ne sont pas portés à l'attention du gouvernement [...] Elles ont l'impression de ne pas avoir voix au chapitre. Les gens avec qui nous travaillons ne cessent de poser les questions suivantes: Pourquoi le poste est-il vacant? Le bureau n'est-il pas important? Qui parle au nom des victimes [et] présente leurs points de vue à la ministre?
Je remercie Mme Illingworth d'avoir exprimé son opinion, qui pourrait, selon moi, influencer le gouvernement, et je la félicite pour sa nomination du 24 septembre en tant que troisième ombudsman des victimes au Canada.
Troisièmement, le projet de loi vise à réduire les peines pour un certain nombre d'infractions qui sont considérées par les députés de ce côté-ci de la Chambre et beaucoup de Canadiens comme des infractions graves. Les libéraux proposent d'ériger en infractions mixtes des infractions graves actuellement passibles d'une peine d'emprisonnement maximale de 10 ans ou moins.
Si ces infractions deviennent des infractions mixtes, cela veut dire qu'elles pourraient être traitées par les tribunaux soit par mise en accusation, soit par voie de procédure sommaire. Les infractions sommaires font l'objet d'un procès devant juge seulement. Il s'agit habituellement d'infractions d'une gravité moindre passibles d'une peine d'emprisonnement maximale de deux ans. Ces infractions mixtes vont dorénavant comprendre les infractions suivantes: causer des lésions corporelles par négligence criminelle, causer des lésions corporelles, la conduite avec capacités affaiblies causant des lésions corporelles, la participation aux activités d'une organisation criminelle, l'enlèvement d'une personne âgée de moins de 14 ans et l'enlèvement d'une personne âgée de moins de 16 ans.
Dans son témoignage devant le Comité permanent de la justice et des droits de la personne, l'Association canadienne des chefs de police s'est montrée très préoccupée par l'autorisation de deux types de procédure pour ces infractions criminelles, disant ceci:
Présentement, ces 85 infractions criminelles sont classées en tant qu'« infractions secondaires » dans le Code criminel. Si la Couronne procède par acte d'accusation et que le délinquant est déclaré coupable de l'une de ces infractions, la Couronne peut demander à ce que le contrevenant soumette un échantillon d'ADN à la Banque nationale de données génétiques.
Si ces 85 infractions sont [érigées en infractions mixtes] et que la Couronne décide de procéder par déclaration de culpabilité par procédure sommaire, l'infraction ne sera plus considérée comme une « infraction secondaire », et une ordonnance de prélèvement d'un échantillon d'ADN ne pourra être obtenue. Cela aura pour conséquence de réduire le nombre d'échantillons d'ADN soumis à la banque de données. La police fournit un échantillon d'ADN à la banque de données pour établir des liens entre les scènes de crime et établir une correspondance entre celles-ci et les contrevenants et faire en sorte que ces 85 infractions punissables par mise en accusation ne puissent pas donner lieu à un dépôt à la banque de données aura un impact direct et négatif sur les enquêtes policières.
Je me rends compte qu’en raison des pressions exercées par les conservateurs, hier soir je crois, deux infractions, principalement les infractions liées au terrorisme, ont été retirées de cette liste et qu’elle comprend maintenant 83 infractions, les deux infractions liées au terrorisme étant retirées. Cependant, d’après l’Association canadienne des chefs de police, le téléchargement de l’ADN prélevé dans le cas de 52 infractions criminelles ou secondaires, qui figurent parmi les 85 infractions initiales qui seraient reclassifiées en infractions mixtes, a donné 221 concordances avec des infractions primaires, dont 19 homicides et 24 agressions sexuelles. L’Association canadienne des chefs de police recommande de rectifier au minimum cette conséquence imprévue mais importante du projet de loi sur les infractions mixtes en classant ces 85 infractions criminelles comme infractions primaires ou secondaires, afin que des ordonnances de prélèvement de substances corporelles puissent être rendues, indépendamment des suites que la Couronne décide de donner à l’affaire.
Nous regardons la série CSI: Les Experts et d’autres émissions et nous voyons l’importance de ce nouveau type de science et de technologie. Cependant, les libéraux disent à présent que ces 85 infractions ne sont plus importantes pour la base de données génétiques.
Enfin, je voudrais parler de l’intention du projet de loi d’inscrire dans la loi un principe de retenue en ce qui a trait à la situation des accusés autochtones ou d’autres accusés appartenant à des populations vulnérables lorsque des décisions de mise en liberté provisoire sont prises.
L’article 493.2 confie aux policiers une responsabilité déraisonnable au moment de l’arrestation, à savoir de déterminer si le contrevenant entre dans cette classification. En outre, et surtout, il utilise à mauvais escient le système de justice pénale pour régler le problème de la surreprésentation des Autochtones dans ce système. En fait, le gouvernement devrait s’attaquer aux facteurs générationnels, socioéconomiques et historiques qui contribuent à ce problème.
Je ne crois malheureusement pas que le gouvernement libéral ait le moindrement l’intention de vraiment remédier au sort des Autochtones et je pense qu’il continuera d’échouer à cet égard, malgré sa promesse de réconciliation et de relation renouvelée.
En tant que président du comité des comptes publics, le vérificateur général a déposé deux rapports au printemps dernier. Une vérification visait à déterminer si Emploi et Développement social Canada gérait la Stratégie pour la formation et l’emploi destinée aux Autochtones dans le cadre du Fonds pour les compétences et les partenariats. Pour résumer, le vérificateur général qualifiait la gestion par le gouvernement de bon nombre des programmes destinés aux Autochtones d’échec incompréhensible.
Il est malheureux que le gouvernement utilise cette partie du projet de loi pour remédier à la surreprésentation des Autochtones dans nos prisons.
:
Madame la Présidente, je remercie mes collègues.
En tant que président du Comité permanent de la justice et des droits de la personne, c'est un grand plaisir de me lever pour parler de nos travaux relatifs au projet de loi . J'aimerais remercier les membres du Comité de leur travail acharné. J'aimerais aussi remercier les plus de 60 témoins qui ont comparu devant nous pour donner leur opinion sur le projet de loi.
J'aimerais aussi remercier la députée de , qui a proposé des amendements très constructifs en comité, dont nous avons débattu.
[Traduction]
Dans l’ensemble, le projet de loi est un bon projet de loi, et c’est un projet de loi que le comité a amélioré en l'étudiant. Je tiens à parler un peu des amendements apportés par le comité.
Le premier amendement dont je me réjouis consiste à enlever du Code criminel les dispositions relatives à la tenue d’une maison de débauche et au vagabondage. Des témoins de la communauté LGBTQ2+ que nous avons entendus nous ont parlé de ces dispositions. Mon ami Robert Leckey, qui a été doyen de l’Université McGill, Tom Hooper et d’autres témoins nous ont dit que ces dispositions avaient été invoquées de façon disproportionnée dans les années 1970 et 1980 pour inculper, jeter en prison et mettre à l’amende des membres de la communauté gaie. Pour que ces déclarations de culpabilité en vertu de lois adoptées par la Chambre et le Sénat puissent être radiées, il faut que l’infraction dont la personne a été déclarée coupable soit supprimée dans le Code criminel.
Je rends hommage aux députés de tous les partis qui ont écouté ces témoins et qui ont conclu qu'ils avaient un devoir moral, pendant que ces personnes vivent encore parmi nous, de prendre des mesures pour rétablir la justice, et reconnaître qu'elles ont été accusées alors qu'elles n'auraient pas dû l'être. Les membres du comité ont amendé le projet de loi afin de supprimer ces dispositions. Je leur en suis très reconnaissant et j’espère que, si le projet de loi est adopté, comme je suppose qu’il le sera, un décret sera pris rapidement pour que ces hommes puissent faire radier leur casier judiciaire.
Deuxièmement, nous avons supprimé du projet de loi les dispositions visant à admettre comme preuve les témoignages de policier faits au moyen de déclarations sous serment plutôt que par comparution devant le tribunal. Pratiquement tout le monde nous a dit que cette disposition du projet de loi pourrait facilement être mal interprétée et nuire aux personnes qui essaient de se représenter elles-mêmes et qui ne savent pas comment contester les déclarations sous serment de policier déposées comme preuve. Nous avons conclu que, puisque dans presque toutes les affaires, les avocats contesteraient l’idée que les policiers n’aient pas à comparaître afin d’être contre-interrogés sur leur témoignage, exception faite des affaires les plus simples, il convenait de retirer cette disposition du projet de loi. Nous proposons donc à la Chambre, au cours de la présente étape de l'étude du projet de loi, que cette disposition en soit supprimée.
Nous avons écouté attentivement ceux qui nous ont dit que nous ne devrions pas autoriser les deux types de procédures pour les infractions relatives au terrorisme et au génocide. Je tiens à rectifier les propos de mon collègue. Cela ne s’est pas fait parce que les membres néo-démocrates et libéraux du comité ont été poussés à le faire par un amendement conservateur.
Des voix: Oh, oh!
:
Madame la Présidente, comme mon ami de le sait pertinemment, le comité avait débattu de la question bien avant qu'elle fasse l'objet de propositions d'amendement. Les membres du comité avaient tous proposé de supprimer la disposition relative au génocide et au terrorisme. Au lieu de voter contre les articles en question, ce que le comité avait proposé de faire au départ, les conservateurs ont proposé des amendements afin de conserver des parties de l'article qui avaient été amendées et de supprimer ces dispositions.
Je suis tout à fait d’accord que le génocide et le terrorisme sont faciles à distinguer des infractions qui sont transformées en infractions mixtes, pas forcément parce qu’il s’agit d’infractions plus graves, bien qu’elles soient incroyablement graves, mais parce qu’il s’agit d’infractions contre des groupes plutôt que d'infractions contre des personnes. Il est facile de les distinguer des infractions ordinaires pouvant faire l'objet d'accusations en vertu du Code criminel. Ces infractions ont des répercussions sur la société que les infractions contre des personnes n’ont pas. J’ai appuyé énergiquement leur retrait de la liste des infractions transformées en infractions mixtes et je suis heureux que le comité les ait retirées.
Je souligne aussi que, bien qu'on puisse vouloir raccourcir les délais dans le système judiciaire, on ne peut pas prétendre que les rares infractions de terrorisme et de génocide dont les tribunaux seront saisis ralentiront le système judiciaire si elles doivent absolument être traitées comme des infractions punissables pour voie de mise en accusation. Par conséquent, j’ai appuyé cet amendement sans réserve.
Ce que je n’accepte pas, c’est conclure qu’en autorisant les deux procédures pour une infraction, nous en réduisons automatiquement la gravité. Dans le cas d’une infraction mixte, le poursuivant peut choisir entre la mise en accusation ou la procédure sommaire. Il est vrai que, dans le cas de la procédure sommaire, la peine maximale est généralement moindre que dans le cas de la mise en accusation, quoique dans certains cas, elle ne diffère que d’un jour. Il est vrai que, si l’on choisit la voie de la procédure sommaire, la peine maximale est inférieure à ce qu’elle serait à l’issue d’une poursuite par mise en accusation. Cependant, les poursuivants sont censés examiner les faits en cause et déterminer s’il y a lieu d’imposer une peine d’emprisonnement d’une durée plus longue que deux ans moins un jour. S’ils estiment que les faits justifient une telle peine, ils procèdent par voie de mise en accusation.
Au fait, le Code criminel comprend de nombreuses infractions, comme les voies de fait, qui sont déjà mixtes. La gravité de l’infraction n’est nullement réduite. Accepter que, d'une affaire à l'autre, les faits constituant une infraction donnée puissent varier, ce qui justifie que l'infraction soit transformée en infraction mixte, ne signifie pas qu'on considère l’infraction comme moins grave.
Prenons l’exemple d’une infraction incroyablement grave dans le Code criminel, celle dont nous conviendrons tous de l’énorme gravité, c’est-à-dire l’enlèvement d’une personne de moins de 16 ans. C’est une des infractions que ce projet de loi érigerait en infraction mixte. Nous savons tous qu’il y a des gens horribles qui tentent d’enlever des jeunes de moins de 16 ans ou de les recruter pour faire de la traite de personnes ou pour les emmener ailleurs et commettre des crimes contre elles.
Toutefois, il peut aussi arriver qu'un parent qui n’a pas la garde de son enfant amène ce dernier visiter ses grands-parents, contre le gré du parent qui a la garde. Cela équivaut aussi à l’enlèvement d’un enfant de moins de 16 ans. Malgré le fait que ce soit grave et que ce soit un crime, à mon avis, la peine doit être très différente de celle qui est imposée à l'individu ayant enlevé un enfant de 16 ans pour faire de la traite de personnes.
Je note aussi qu’il y a eu d’autres infractions, comme le marquage du bétail ou le vol de bois, pour lesquelles les conservateurs ont présenté des amendements afin qu'elles restent des infractions mixtes. Or, ces infractions n'ont pas le même type de conséquences, et nous sommes d’avis qu’il n’est pas nécessaire de les transformer en infractions mixtes, tout comme nous pensons que nous ne pouvons pas les distinguer l'une de l'autre.
Quatrièmement, nous avons proposé un amendement pour protéger les étudiants. Au lieu d’amoindrir les peines, nous avons prolongé celles qui découlent d'une déclaration de culpabilité par procédure sommaire: au lieu de la moyenne de six mois, nous avons fait passer la peine maximale de six mois à deux ans moins un jour. De fait, nous avons rallongé les peines dans le cas de bien plus d’infractions encore et nous avons établi une peine maximale générale de deux ans moins un jour, au lieu de six mois, pour les infractions punissables sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire. Cependant, cela aurait une incidence négative sur les étudiants et les représentants, qui ne pourraient comparaître que si l'infraction en cause est passible d'un emprisonnement de six mois ou moins. Par conséquent, au comité, nous avons proposé un amendement pour autoriser les provinces à établir des règles générales par décret qui permettraient à différentes catégories de représentants de comparaître pour les périodes de plus de six mois. C’était important.
Nous avons entendu des témoins. Ce projet de loi soulève de nombreuses questions qui sont clairement matière à débat, et il y a de bons arguments des deux côtés, mais le comité est revenu avec un meilleur projet de loi.
:
Madame la Présidente, j’aimerais moi aussi féliciter mon collègue de . Son intellect et son travail au comité de la justice ont toujours été fort appréciés.
Je sais que, selon lui, le gouvernement avait pris des groupes d’infractions et en avait fait des infractions mixtes. Je souligne que les amendements proposés par les conservateurs faisaient essentiellement la même chose. Comme il l’a précisé, certaines infractions étaient moins graves que d’autres en apparence, et ils ont proposé de ne pas en faire des infractions mixtes non plus.
En ce qui concerne la conduite avec les facultés affaiblies, je suis d’accord, c’est une infraction extrêmement grave et rien de ce que nous pourrions dire ne pourrait consoler les familles touchées, les victimes de la conduite avec les facultés affaiblies. Cependant, je suis sûr que les poursuivants détermineront, d’après les faits, s’ils doivent procéder par mise en accusation, ce qu’ils feront probablement dans la plupart des cas, ou par procédure sommaire.
Prenons l'exemple d’une personne qui consomme de l’alcool et, pour la troisième fois, prend la route et blesse une personne gravement, l’envoyant à l’hôpital pendant des semaines. Son cas est très différent de celui de la personne enrhumée qui prend un médicament, ne se rend pas compte de ses effets et recule lentement dans un stationnement, blessant une personne à la cheville. Pourtant, les deux cas constituent la même infraction.
:
Madame la Présidente, j’ai beaucoup aimé mon travail au comité de la justice ces trois dernières années. Ce fut très enrichissant et inspirant.
En ce qui concerne le projet de loi , celui-ci comprend des sections au sujet desquelles notre côté est d’accord.
Une de celles-ci porte sur les cas de violence contre un partenaire intime, renversant essentiellement l’avis de cautionnement pour une personne qui a déjà été condamnée pour voies de fait ou d’autres crimes contre son partenaire. J’aime bien l’idée, parce que cela offre une meilleure protection. Il y a un certain nombre de changements de procédure concernant les audiences préliminaires et la sélection du jury. Là encore, nous continuerons d'examiner ces changements ici et à obtenir l’avis de personnes.
Comme nous l’avons entendu de mes collègues de ce côté-ci, la reclassification de certaines infractions graves en infractions mixtes continue de nous inquiéter.
Je pense que la plupart des Canadiens seront d’accord avec nous, au Parti conservateur, pour dire qu’il y a des crimes graves qui figurent actuellement sur la liste des infractions punissables par mise en accusation et passibles d'une peine maximale de 10 ans, c’est-à-dire à la hauteur de la gravité de ces crimes. Ce sont, entre autres, la participation à une émeute ou la dissimulation d’identité; l’abus de confiance par un fonctionnaire public; la corruption municipale; la vente ou l’achat d’une charge; influencer ou négocier une nomination ou en faire commerce; le bris de prison; aider un prisonnier de guerre à s’évader; gêner ou arrêter un ministre du culte, ou lui faire violence; tenir une maison de débauche; causer des lésions corporelles par négligence criminelle; causer des lésions corporelles, tout court; la conduite avec capacités affaiblies causant des lésions corporelles; refuser de fournir un échantillon et présenter un taux d’alcoolémie supérieur à la limite permise; tirer un avantage matériel de la traite de personnes; la rétention ou la destruction de documents; et l’enlèvement d’une personne de moins de 14 ans ou de moins de 16 ans.
Je pense que la plupart des Canadiens seront d’accord avec nous pour dire qu’il s’agit là d’infractions très graves. Il y a aussi le mariage avec une personne de moins de 16 ans, l’incendie criminel avec intention frauduleuse et la participation aux activités d’une organisation criminelle.
Le gouvernement a reculé sur quelques-unes de ces questions, celles qui se rapportent au terrorisme et au génocide. Le problème que j’ai avec le gouvernement, c’est que nous lui avons dit il y a longtemps que les Canadiens ne seraient pas d’accord pour qu’on réduise les peines applicables à des activités criminelles comme le génocide et le terrorisme, ou qu’on en fasse des infractions mixtes. Nous avons dit très clairement que c’était une erreur de procéder en ce sens. Il a fallu beaucoup de temps, environ un an, au gouvernement pour changer d’avis.
Je dirais au gouvernement que ce n’est pas parce qu’une idée vient de l’opposition qu’elle est mauvaise. Il y a quelque temps, nous avons commencé à insister sur le fait qu’une personne reconnue coupable de meurtre, de torture et de viol d’enfant ne devrait pas être transférée dans un pavillon de ressourcement. Nous avons dit au gouvernement que c’était une grave erreur. Tout ce que nous avons obtenu, c’est une rebuffade de la part du gouvernement et de la ministre.
Or, je viens d’apprendre il y a quelques minutes que Terri-Lynne McClintic a été retirée d’un pavillon de ressourcement et remise en prison, là où elle doit être. Tout ce que je peux dire au gouvernement, c’est que cette idée n’est pas meilleure aujourd’hui qu’elle l’était lorsque nous l’avons suggérée aux libéraux il y a longtemps. J’avais dit que c’était une erreur de placer le génocide et le terrorisme parmi les infractions mixtes; encore une fois, nous avions raison.
Je me souviens qu’en juin 2017, le gouvernement avait déposé un autre projet de loi omnibus qui visait en partie à éliminer la protection des membres du clergé et des paroissiens pendant un service religieux. Nous lui avions dit qu’il commettait une erreur. Je me souviens d'avoir pris la parole ici pour suggérer à certains de mes collègues que pendant l’été, dans leur circonscription, ils demandent à leurs électeurs, même à ceux qui ne vont jamais à des services religieux, s’ils pensent que ce serait une bonne idée d’abroger cet article.
Il lui a fallu environ un an, mais le gouvernement a fini par convenir que nous avions raison. Malheureusement, je vois que l’acte de menacer un membre du clergé fait maintenant partie de la reclassification, alors le gouvernement a réduit la peine à purger pour cela. Je le répète, je trouve cela incohérent.
Le et d’autres intervenants ont souligné l’importance de protéger les institutions religieuses, les synagogues, les églises, les temples et les mosquées. Cependant, à deux reprises maintenant, le gouvernement a réduit et en un sens éliminé la peine imposée pour ce genre de crime. C’est absolument incohérent, et à mon avis, c’est une erreur.
J’allais poser une question à mon collègue après son allocution, puisqu’il se fait élire par une grande majorité et qu’il partage les opinions de ses électeurs. J’allais lui demander s’il a entendu ses électeurs suggérer que l’on réduise la peine des délinquants qui font la traite d’enfants de moins de 14 ans. Je voudrais savoir si l’un de ses électeurs lui a dit que nous devrions imposer des peines moins sévères à ces délinquants. Mon collègue affirme que personne n’est venu lui poser cette question.
On parle des problèmes que pose la conduite avec les facultés affaiblies. Cette année, le gouvernement s’est concentré avant tout sur la légalisation de la marijuana. Nous savons tous que cela va compliquer les choses au sujet de la conduite avec les facultés affaiblies et les problèmes qui en découlent. Pourtant, le gouvernement dépose en même temps un projet de loi suggérant que les personnes qui, conduisant avec les facultés affaiblies, causent des lésions corporelles, pourront désormais être accusées d’une infraction punissable sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire, ce qui entraînerait une peine aussi faible qu’une simple amende. À mon avis, personne ne veut cela.
En ce qui concerne la traite des personnes, le comité de la justice mène actuellement une étude sur ce crime. Des Canadiens de partout au pays, des groupes et des particuliers nous ont dit que c’était un problème terrible et qu’il fallait s’y attaquer. Toutefois, pendant ce temps, le gouvernement réduit les peines.
Il y a plus d’un an, en nous présentant ce projet de loi, le gouvernement nous a dit qu’il accélérerait le fonctionnement du système de justice pénale. Bien sûr, cela concerne les terroristes. Si l’on annonce à un délinquant que sa peine pourrait se traduire par une simple amende de 1 000 $, il s’empressera de signer les documents requis. C’est une excellente nouvelle pour lui. Ne freinons surtout pas le fonctionnement du système de justice!
Ce que je veux dire, c’est qu’il s’agit de crimes très graves. C’est ainsi qu’on les considérait quand les conservateurs étaient au pouvoir. Comme mes collègues l’ont dit, nous avons toujours défendu les victimes d’actes criminels afin de mieux les protéger et de renforcer la confiance des gens envers le système de justice pénale. Lorsqu’on libère un délinquant qui a commis un crime atroce, s’il reçoit la peine minimale, nous ne renforçons pas la confiance des gens envers le système de justice pénale. Nous faisons exactement le contraire.
Nous avons bien avancé dans ce domaine. Nous avons défendu les honnêtes citoyens. Nous avons défendu les victimes. Nous voulions que le système fonctionne. Je suis très fier de tout ce que nous avons fait. Voici mon conseil pour le gouvernement: quand les conservateurs ont de bonnes idées que les députés libéraux peuvent soumettre à leurs propres électeurs et que ceux-ci sont d’accord, il devrait les adopter au lieu d'attendre de changer d’avis.
:
Monsieur le Président, je me réjouis d’avoir l’occasion de prendre la parole aujourd’hui au sujet du projet de loi . À l’instar de mes collègues, je salue l’étude qui a été entreprise par le Comité permanent de la justice et des droits de la personne, et je remercie les nombreux témoins qui y ont exprimé leurs points de vue sur différents aspects du projet de loi. Je me propose de parler maintenant des amendements du projet de loi qui concernent la constitution des jurys.
Les députés n’ignorent pas que la question de la réforme du jury est une compétence partagée. Le Parlement a la responsabilité de la législation pénale et des règles du Code criminel qui régissent la sélection des jurés en cour, tandis que les provinces et les territoires ont la responsabilité de déterminer, par exemple, qui peut être juré et comment doit être dressée la liste des jurés.
Le projet de loi propose plusieurs amendements au processus de sélection des jurés en cour. Je vais commencer par le plus important: l’abolition des récusations péremptoires.
Le comité a entendu plusieurs témoins sur la question de la réforme du jury, et tous ces témoins reconnaissaient qu’il était important d’avoir des jurys représentatifs. Quant à la question de savoir si la récusation péremptoire favorisait ou sapait cet objectif, ils ont exprimé des opinions divergentes. Plusieurs spécialistes juridiques, notamment le professeur Kent Roach, se sont dits très favorables à l'abolition de la récusation péremptoire, car cela met finalement un terme à l’exclusion discriminatoire de certains jurés. Toute procédure susceptible d’entraver la participation à des jurys de personnes issues d’une race ou d’une ethnie particulière contribue à un sentiment de méfiance à l’égard du système de justice.
Jonathan Rudin, directeur de programme chez Aboriginal Legal Services, a brillamment démontré au comité que le recours à la récusation péremptoire a eu un impact délétère sur les efforts déployés pour encourager les Autochtones à faire partie de jurys. Les études montrent que, depuis des décennies, la sélection des jurys est discriminatoire. Déjà en 1991, le sénateur Murray Sinclair, qui était juge à l’époque, dénonçait, dans le rapport de l’enquête sur la justice autochtone qui a été réalisée au Manitoba, le caractère discriminatoire de la récusation péremptoire et son impact sur les peuples autochtones qui se retrouvaient sous-représentés dans les jurys. Plus récemment, c’est l’ancien juge de la Cour suprême Frank Iacobucci qui a exprimé son point de vue là dessus dans son rapport de 2013 sur la représentation des Premières Nations dans les jurys de l’Ontario.
Je suis d’accord avec le professeur Kent Roach lorsqu’il dit, dans son mémoire au comité, que les réformes proposées dans le projet de loi n’ont que trop tardé.
Ayant lu ces rapports et écouté les témoignages d’un grand nombre de spécialistes de la question, je suis convaincu que l'abolition de la récusation péremptoire, dans le projet de loi , est un pas dans la bonne direction. C’est une façon simple et efficace de prévenir la discrimination délibérée et l’exclusion arbitraire de jurés qualifiés.
De plus, afin de rendre le processus de sélection du jury plus efficace et plus impartial, le projet de loi propose de permettre à un juge de décider si le motif de récusation des jurés est fondé, comme c’est le cas lorsque la défense ou la poursuite fait preuve de parti pris. À l’heure actuelle, ce type de récusation est déterminé par des profanes, deux « juges des faits » qui n’ont pas reçu de formation en droit. Cette procédure pose des problèmes car elle occasionne des retards même avant le début du procès, ainsi que des appels qui nécessitent un nouveau procès. Le projet de loi propose de transférer la responsabilité de la récusation aux juges qui ont reçu une formation d’arbitre et qui sont donc mieux placés pour écarter les jurés partiaux. Le changement proposé fait suite à la recommandation faite en 2009 par le Comité directeur sur l’efficacité et l’accès en matière de justice, qui avait été créé par les ministres fédéraux, provinciaux et territoriaux de la Justice et qui réunissait des juges, des sous-ministres de la Justice de partout au Canada, des avocats de la défense, des représentants des barreaux du pays et des membres des corps policiers. Ce changement s’aligne également sur ce qui a été fait dans d’autres pays où la common law est appliquée, comme l’Angleterre, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Je suis convaincu que cette nouvelle procédure permettra de renforcer l’efficacité générale de nos procès avec jury.
Plusieurs autres changements visent à moderniser et à actualiser la procédure de la récusation motivée. On propose notamment de réduire le nombre de jurés ayant un casier judiciaire pour des infractions mineures qui peuvent être exclus d’un jury, de sorte qu’on pourra moins prétendre que l’exclusion systématique d’individus ayant un casier judiciaire mineur a un impact disproportionné sur certains segments de la société, y compris les Autochtones, comme l’a fait remarquer le juge Iacobucci. Cela permettra aussi d’encourager la participation à des jurys et, partant, la représentativité de ces jurys.
Même si certains témoins qui ont comparu devant le comité ont recommandé la suppression de ce motif, afin qu’aucune personne détenant un casier judiciaire ne puisse faire l’objet d’une récusation motivée, je crains qu’en permettant à un juré détenant un lourd casier judiciaire de siéger dans un jury et de participer à la décision concernant la culpabilité ou l’innocence de l’accusé, on ne sape gravement la confiance du public dans l’administration de la justice. J’observe également que, s’agissant de la composition des jurys, les législations provinciales et territoriales définissent clairement qui peut être juré et, à bien des égards, conformément aux dispositions du Code criminel.
Le projet de loi permet également à un juge, avec l’assentiment de la Couronne et de l’accusé, de poursuivre un procès sans jury lorsque le nombre de jurés devient inférieur à 10, ce qui facilitera les choses lorsque le nombre de jurés tombe sous la barre des 10 pour des raisons de maladie ou autres.
Un autre changement important du projet de loi consiste à permettre aux juges de mettre à l’écart un juré potentiel, pendant que d’autres jurés sont sélectionnés, dans le but de maintenir la confiance du public dans l’administration de la justice, et de favoriser la constitution d’un jury impartial et représentatif. Ce changement tient compte du rôle important que les juges peuvent jouer pour constituer le meilleur jury possible dès le début. J’estime que l’exercice de ce pouvoir, s’il est invoqué de façon raisonnable, contribuera à assurer une plus grande diversité dans les jurys, pendant le processus de sélection, surtout dans les cas où la confiance du public envers l’administration de la justice risquerait d’être sérieusement ébranlée si le jury ne reflétait pas une plus grande diversité.
En ce qui concerne la représentativité des jurés, il y a certainement encore du travail à faire, surtout si l’on songe au rôle important que jouent à la fois le gouvernement fédéral et les provinces et territoires dans le processus de sélection des jurys. Je me réjouis de voir que ces gouvernements sont prêts à collaborer pour examiner toutes sortes de questions liées aux jurys et pour faire ce qu’il faut pour améliorer notre système de sélection des jurys au Canada, afin d’en assurer une meilleure représentativité.
En conclusion, j’aimerais souligner le fait que les réformes proposées dans le projet de loi en ce qui concerne la composition du jury contribuent grandement à promouvoir l’équité, la diversité et la participation au processus de sélection des jurys. Ces réformes permettront également de réaliser des gains d’efficience, et de renforcer la confiance du public dans le système de justice pénale.
J'invite tous les députés à appuyer ce projet de loi transformateur. Je remercie le comité de la justice de son travail, ainsi que les témoins qui se sont présentés devant lui pendant son étude de cet important projet de loi, étude qui a donné lieu aux amendements proposés.
:
Monsieur le Président, comme vous le savez, je suis toujours heureuse de prendre la parole dans le cadre de projets de loi qui me tiennent vraiment à coeur ou avec lesquels je suis moins bien.
Aujourd'hui, je prendrai la parole dans le cadre de la deuxième lecture du projet de loi .
À la lecture de cet énorme projet de loi omnibus de 302 pages, plusieurs de mes collègues sont et seront d'accord avec moi pour dire que ce projet de loi est lourd et complexe, et qu'il tente de faire passer sous le radar d'importantes modifications.
Je ne peux m'empêcher de rappeler qu'il a été déposé en plein milieu de la journée, la veille du Vendredi saint, avant une semaine de relâche des travaux de la Chambre. Bel effort que celui d'avoir tenté de nous soumettre cela en douce, d'autant plus que trois nouveaux projets de loi émanant du gouvernement étaient déjà au Feuilleton: , et .
Vu que ce projet de loi vise de nombreux changements à prévoir dans le Code criminel, je vais consacrer la majorité de mon discours aux modifications qui, à mon avis et selon plusieurs victimes et proches de victimes d'actes criminels, vont totalement à l'encontre de ce que disent les libéraux lorsqu'ils mentionnent que les victimes d'actes criminels sont considérées, qu'ils ont à coeur les droits de ces victimes et qu'ils s'engagent à les faire respecter. En réalité, c'est loin d'être le cas.
Quand il s'agit d'accorder plus d'importance aux criminels, les libéraux sont toujours enclins à le faire rapidement, voire sur-le-champ.
Nous n'avons pas à chercher bien loin pour trouver des exemples encore frais dans notre mémoire. On n'a qu'à se rappeler le cas de la criminelle Terri-Lynne McClintic, qui a brutalement et sauvagement assassiné la petite Tori Stafford, 8 ans, et qui a été transférée dans un pavillon de ressourcement sans que la famille n'ait été informée au préalable, et ce, après seulement neuf ans passés derrière les barreaux, alors qu'elle n'était pas admissible à une libération conditionnelle avant 2031.
Il aura fallu des dizaines et des dizaines d'interventions à la Chambre de la part des partis de l'opposition, une lettre ouverte au premier ministre de la part du père de la petite Tori, la venue de nombreux manifestants sur la Colline, ainsi que de la pression de la part de tous les Canadiens qui trouvaient ce transfert tout à fait inacceptable, inconcevable et irrespectueux, pour que le se décide enfin à agir.
Pas plus tard qu'hier, mais après beaucoup trop de semaines d'attente et de peine inutiles pour la famille de Tori, et en raison de toute la pression faite à cet égard, le ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile a enfin demandé au Service correctionnel du Canada de resserrer les politiques de transfert.
Par contre, nous ne savons pas encore si cette grave erreur a été corrigée; nous ne savons pas si Mme McClintic est retournée derrière les barreaux, là où elle doit être. Ce n'est donc pas encore une consolation, ni pour la famille ni pour les Canadiens.
Le ministre aurait aussi exigé du Service correctionnel du Canada qu'il améliore les politiques liées aux transferts de délinquants à sécurité moyenne dans des établissements qui n'ont pas un périmètre contrôlé, et ce, dans le but précis que ces changements puissent contribuer à convaincre le public que notre système correctionnel tient les parties coupables responsables.
Les Canadiens et les Canadiennes ont été outrés par le transfert de Mme McClintic, mais ils ont surtout été extrêmement déçus de constater...
:
Monsieur le Président, bien que mon confrère veuille que je me taise, je vais continuer à lire mon discours. Je veux que ceci soit dit dans mes mots: je ne suis pas ici pour me faire taire; je suis ici pour parler au nom des Canadiens et des Canadiennes.
Les libéraux n'agissaient pas et continuaient de défendre l'indéfendable en disant qu'ils ne pouvaient pas agir, alors que c'est plutôt parce qu'ils ne voulaient pas agir. Les torts supplémentaires infligés à la famille, déjà éprouvée, auraient pu être évités si le gouvernement le voulait, mais nous connaissons la triste suite.
Les conservateurs sont la voix des victimes d'actes criminels et de leurs proches, et jamais nous ne baisserons les bras devant des cas d'injustice comme celui-ci. Nous sommes satisfaits que ce déplorable dossier ait progressé, mais nous sommes consternés qu'il ait pris autant de temps.
N'oublions pas non plus le cas du criminel Chris Garnier, qui a tué une jeune policière en fonction. Il purge actuellement sa peine et reçoit des prestations destinées aux vétérans, alors qu'il n'a pas servi son pays une seule fois de sa vie au sein des Forces armées canadiennes. En cette Semaine des vétérans, il serait également approprié et, enfin, juste que le gouvernement s'excuse et corrige cette abominable situation immédiatement.
Pour en venir au projet de loi , certains articles sont approuvables pour l'intérêt des victimes d'actes criminels, tels que la suppression des dispositions du Code criminel jugées inconstitutionnelles, vu que les conservateurs admettent que cette mesure sera profitable aux victimes de crimes, et parce qu'elle permet d'épurer le Code criminel.
Nous approuvons aussi l'augmentation de la peine d'emprisonnement maximale pour les récidives de violence contre un partenaire intime, et surtout le fait de considérer que les mauvais traitements infligés à un partenaire intime constituent une circonstance aggravante lors de la détermination de la peine. Cependant, pour cela, il est indispensable de prévoir des exigences plus rigoureuses pour la mise en liberté provisoire à l'égard d'infractions relatives à l'usage de la violence contre un partenaire intime.
Je suis particulièrement interpellée par cette exigence, puisque les crimes liés au fléau de la violence conjugale sont en hausse constante au Québec. Il faut comprendre que l'homicide conjugal est souvent le point culminant d'une trajectoire de violence qui a augmenté en sévérité et en intensité au fil du temps. Dans 78 % des cas d'homicide entre conjoints commis au Canada entre 2001 et 2011, il y avait des antécédents de violence conjugale connus de la police entre la victime et l'agresseur.
Dans beaucoup trop de cas, lorsqu'il y a eu arrestation et remise en liberté provisoire, de nombreux conjoints ont tout de même assassiné leur conjointe. Il est donc impératif que les mesures de mise en liberté provisoire soient renforcées dans le Code criminel, sans quoi d'innocentes victimes, de plus en plus jeunes, perdront la vie.
Il y a un autre aspect du projet auquel je m'oppose totalement: la modification de la suramende compensatoire. Les conservateurs appuient les victimes d'actes criminels et croient qu'elles méritent mieux que cela. Le projet de loi C-75 reprend le projet de loi , déposé il y a deux ans, qui permettait au tribunal de réduire, pour une personne reconnue coupable d'un crime, le montant de la suramende compensatoire à payer lorsque cette dernière convainc la cour qu'un tel paiement lui causerait un préjudice injustifié.
Au nom des victimes d'actes criminels, je me vois dans l'obligation de votre contre le projet de loi C-75. Bien qu'il y ait quelques avancées, à mon avis, il y a encore beaucoup de reculs. Malheureusement, les victimes d'actes criminels n'ont pas encore leur voix au sein du gouvernement libéral du Canada.
:
Monsieur le Président, je me réjouis de prendre la parole au sujet du projet de loi , Loi modifiant le Code criminel, la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents et d’autres lois et apportant des modifications corrélatives à certaines lois.
Avant de commencer, je tiens à saluer le travail réalisé par la et le Comité permanent de la justice et des droits de la personne au sujet de ce projet de loi, qui en est maintenant à l’étape du rapport. Je suis convaincue qu’il va permettre de corriger certains des retards qui se produisent dans notre système judiciaire. Il va également permettre de renforcer notre système de justice pénale en proposant des moyens d’assurer la protection des victimes, des collectivités et de la société en général. En même temps, il propose de redresser certaines injustices au sein du système.
Avant d’aller plus loin, j’aimerais citer Bryan Stevenson, un avocat américain. J’ai lu son livre intitulé Just Mercy, où il dit notamment: « Chacun de nous vaut mieux que la pire chose qu’il a pu faire ». Cette citation me permet de situer le contexte.
J’ai écouté les députés de l’opposition parler du projet de loi. Je tiens à répéter que notre objectif n’est pas de victimiser une deuxième fois des gens innocents, mais plutôt de veiller à ce qu’ils soient bien protégés. Nous savons qu’il y a des injustices dans notre système, et le projet de loi propose des façons d’améliorer l’efficacité et d’accroître l’équité au sein de ce système.
Un grand nombre de rapports ont démontré, je ne suis pas la seule à le dire, que les Autochtones et les Noirs étaient surreprésentés dans les pénitenciers fédéraux au Canada. C’est un phénomène qu’on peut observer dans toutes les régions.
Je ne suis pas avocate et n’ai aucune formation dans ce domaine, mais quand je vois ce projet de loi, je me dis qu’il faut que les gens de Whitby comprennent bien ce qu’il propose pour renforcer notre système de justice pénale et le Code criminel et pour réaliser des gains d’efficience. En s’attaquant aux deux fronts à la fois, on pourra faire des gains d’efficience.
Le projet de loi propose un certain nombre de choses: moderniser et simplifier le système de libération sous caution, notamment en énonçant le principe de la retenue afin d’imposer moins souvent des conditions inutiles et de réduire la surreprésentation des Canadiens autochtones et marginalisés dans notre système de justice pénale. Autrement dit, lorsque des conditions sont imposées pour la libération sous caution, nous proposons, en substance, de prendre en compte la situation de celui qui comparaît devant le juge et de trouver des conditions raisonnables qui lui permettront de ne pas être réintégré dans le système de justice pénale. De cette façon, nous nous assurons que les portes des prisons ne sont pas des portes tournantes. Nous voulons que les délinquants soient réadaptés et qu’ils puissent rester en dehors du système, mais il faut pour cela que l’ensemble du parcours judiciaire soit bien pensé.
Le deuxième changement consiste à modifier la façon dont nous traitons les infractions contre l’administration de la justice, notamment en créant une procédure de comparution pour manquement, au lieu d’une nouvelle infraction pénale, dans le but d’alléger le volume des infractions contre d’administration de la justice et de réaliser des gains d’efficacité. Si un alcoolique comparaît devant un juge et que celui-ci impose, entre autres, comme condition que la personne ne doit pas boire, cela n’est pas très raisonnable. Pourquoi ne pas imposer comme condition que la personne se fasse soigner? C’est mieux que de lui dire de ne pas boire. L’objectif est d’encourager les individus à se faire soigner et d’en faire une condition, afin d’éviter leur retour devant le tribunal. Il faut éviter les portes tournantes et faire des gains d’efficacité.
Une autre proposition consiste à renforcer les mesures que peut prendre le système de justice pénale en matière de violence contre un partenaire intime, notamment en renversant le fardeau de la preuve au moment de la libération sous caution, pour un récidiviste. Si celui-ci est accusé d’une infraction, ce n’est pas à la poursuite mais plutôt à la défense de présenter des preuves justifiant sa mise en liberté. Cela rend la récidive plus difficile et protège la victime. C’est à l’individu de démontrer au tribunal pourquoi il ne récidivera pas. Ce n’est pas à la poursuite de faire cela. Le projet de loi élargit la définition de la violence contre un partenaire intime en incluant les partenaires amoureux, actuels et anciens, et il augmente la peine d’emprisonnement maximale en cas de violence contre un partenaire intime.
Le projet de loi propose également de réformer le processus de sélection des jurys en supprimant la récusation motivée et en renforçant le pouvoir des juges d’écarter certains jurés afin d’accroître la diversité du jury sélectionné. Cela ne signifie pas que la personne ainsi écartée ne sera jamais juré. Cela signifie tout simplement que, dans le but d’accroître la diversité des jurés sélectionnés, il faut que ces derniers soient représentatifs de la population de la collectivité. Les juges auront donc le pouvoir de le faire. Un juré ne pourra pas être écarté sans motif, le juge devra justifier sa décision. Cette réforme contribuera également à accroître l’équité au sein de notre système.
Ce projet de loi limite également la tenue d’une enquête préliminaire aux infractions passibles de la peine de prison à vie, dans le but de réduire le délai qui précède la tenue d’un procès. Cette proposition répond aux besoins des victimes. Nous voulons leur éviter de comparaître une première fois à l’enquête préliminaire et une deuxième fois au procès. Cela nous permet également de faire des gains d’efficacité, comme je l’ai dit tout à l’heure, et d’empêcher que la victime soit victimisée une nouvelle fois.
J’aimerais dire quelques mots des infractions mixtes. À l’intention de ceux qui voudraient savoir ce que c’est, je dirai qu’il y a trois façons de condamner une personne. Il y a la déclaration de culpabilité par procédure sommaire, l’acte criminel et l’infraction mixte. Le fait que nous augmentions le nombre d’infractions mixtes ne signifie pas que la Couronne n’a pas le pouvoir de déterminer la peine appropriée ou le degré de gravité de l’infraction.
Mon collègue de en a parlé plusieurs fois. Il est avocat en droit civil. Pendant son intervention, il a dit que nous ne pouvons tout simplement pas laisser la Couronne, quelque part dans un immeuble, décider d’imposer une peine comme bon lui semble. Je suis sûre qu’il a confiance dans la compétence de ses collègues, et j’espère qu’il est convaincu que ces avocats prennent leur travail très au sérieux. Le fait qu’on ne leur retire pas le pouvoir de décider du degré de gravité d’une infraction signifie qu’ils peuvent aller dans l’une ou l’autre direction, que les accusés soient condamnés à une amende ou à une peine d’emprisonnement de deux ans ou plus. Nos avocats auront toujours cette possibilité.
Le projet de loi n’est certainement pas laxiste. En plus de ces propositions, notre a fait un certain nombre de nominations. L’an dernier, elle a nommé plus de 100 personnes dans des postes de juges. On en compte aujourd’hui 235; les choses progressent normalement.
Nous avons une magistrature très diversifiée. Nous avons des juges qui ressemblent à des Canadiens. Ensemble, ces nominations et les réformes proposées dans le projet de loi vont contribuer à accroître l’équité et l'efficacité de notre système.
:
Monsieur le Président, j’ai l’honneur de prendre la parole au sujet du projet de loi .
Nous avons attendu très longtemps ces modifications omnibus au Code criminel, et notre parti a bien accueilli un certain nombre d’entre elles. Malheureusement, certains autres changements qui auraient pu être apportés, et qui avaient été promis par les libéraux, ne l’ont pas été. C’est très décevant non seulement pour nous, mais aussi pour les Canadiens et les avocats qui les représentent lorsqu’ils se retrouvent devant les tribunaux.
Bon nombre des réformes et des appels à la réforme découlent de la décision de la Cour suprême du Canada dans l’affaire Jordan, dont de nombreux députés ont parlé ici. Cette décision a mis en place un nouveau cadre et un nouvel échéancier en ce qui concerne la nécessité de traiter les procès devant les tribunaux en vue d’éliminer l’arriéré d’affaires à régler. Bon nombre de ces affaires concernent des infractions très graves, mais les accusations sont tout simplement abandonnées parce que les affaires n’ont pas été traitées assez rapidement, conformément à la Charte des droits et conformément aux nouveaux délais imposés par la Cour suprême du Canada.
Il y a deux ans, l’ex juge en chef Beverley McLachlin a réprimandé le gouvernement, et je la cite: « La crise perpétuelle des postes vacants dans la magistrature au Canada pourrait être évitée; il s’agit d’un problème auquel il faut s’attaquer et qu’il faut résoudre ». Je siège à la Chambre depuis neuf ans, et ce problème a toujours fait l’objet de nombreux débats. Les appels répétés de l’opposition au gouvernement conservateur de l’époque se poursuivent auprès du gouvernement libéral pour pourvoir ces postes vacants.
Il y a d’autres mesures qui peuvent être prises, et certaines ont été prises par le gouvernement actuel, pour essayer de réduire l’arriéré dans les tribunaux et de faire en sorte que justice soit rendue. Cependant, il y a un certain nombre de mesures importantes qui relèvent du mandat de la , mais qu’elle a choisi de ne pas prendre, du moins pas pour le moment, mais peut-être après les prochaines élections, car c’est habituellement la raison invoquée.
La nomination des juges est considérée comme l’une des solutions à cet arriéré. D’autres solutions auraient été possibles et, comme je l’ai dit, elles n’ont pas été adoptées dans le projet de loi , malgré les demandes de mon collègue, le porte-parole néo-démocrate en matière de justice, le député de . Ses appels s'appuient sur des témoignages d’experts dans le domaine, dont la Criminal Trial Lawyers’ Association.
Je suis députée de l’Alberta, et dans mes neuf années passées ici, le procureur général de ma province a demandé que des postes vacants de juge soient pourvus, ce qui est la prérogative du gouvernement fédéral. Des centaines de dossiers ont été rejetés à cause de l’incapacité de pourvoir les postes vacants partout au pays. Il faut dire que certains de ces postes ont été pourvus, surtout depuis avril dernier. Toutefois, comme je l’ai fait remarquer, ces appels de l’opposition remontent au gouvernement conservateur de l’époque et ils se poursuivent maintenant sous le gouvernement libéral. Ma province, l’Alberta, demande au gouvernement fédéral de prendre des mesures pour combler ces postes de juge vacants et elle se réjouit que des mesures soient prises, mais je tiens surtout à féliciter le gouvernement de ma province d’avoir agi.
L’Association du Barreau canadien a critiqué le gouvernement pour son incapacité chronique de nommer des juges, parfois avec un retard de plus d’un an. Comme je l’ai dit, je félicite le gouvernement de l’Alberta d’avoir pourvu des postes vacants et d’avoir créé de nouveaux postes dans les tribunaux provinciaux afin que les Albertains aient un accès plus rapide et plus représentatif à la justice. Il a également nommé des greffiers et des procureurs supplémentaires pour que les dossiers soient traités plus rapidement.
J’aimerais souligner tout particulièrement certaines nominations qui ont été faites récemment par le gouvernement de l’Alberta. En avril dernier, la juge Karen Crowshoe, première femme autochtone à être nommée au barreau de l’Alberta, est devenue la première juge de la cour provinciale à être issue des Premières Nations. La même semaine, la cour de l’Alberta a nommé la juge Cheryl Arcand-Kootenay, qui est aujourd’hui la troisième femme issue des Premières Nations à être nommée à la cour provinciale. Il y a aussi la juge Melanie Hayes-Richards qui a été nommée à la cour pénale d’Edmonton. Enfin, la juge Michelle Christopher est devenue, dans l’histoire de notre province, la première femme juge du district judiciaire de Medicine Hat. Félicitations au gouvernement de l’Alberta.
Un certain nombre de mesures qui auraient pu être prévues dans le projet de loi ne l’ont pas été. Par exemple, mes collègues n’ont cessé de demander au gouvernement de ne plus poursuivre les Canadiens pour la simple possession de petites quantités de cannabis. Des dizaines de milliers de cas d’infractions pour simple possession de marijuana encombrent les tribunaux. Nous aurions pu résoudre très simplement ce problème en supprimant les accusations criminelles, surtout depuis que le gouvernement a annoncé clairement qu’il allait légaliser le cannabis. Mais ce n’est pas ce qu’il a fait, et les tribunaux sont toujours aussi saturés.
De plus, un grand nombre de personnes, y compris l’association Moms Stop the Harm, ont demandé au gouvernement de prendre des mesures pour lutter contre la dépendance aux opioïdes. Elles réclament la dépénalisation de la possession de petites quantités d’opioïdes pour usage personnel et demandent qu’on traite ce problème comme un problème de santé mentale. Encore une fois, la suppression de ces accusations permettrait de désengorger les tribunaux.
S’agissant de l’enquête préliminaire, un certain nombre de mes collègues ont émis des réserves à propos de la décision du gouvernement, dans le projet de loi , de supprimer l’étape de l’enquête préliminaire. Le gouvernement prétend que cela permettra de faire des gains d’efficience, mais comme quelqu’un l’a fait remarquer, c’est seulement un pourcentage infime des cas, 2 à 3 %, qui font l'objet d'une enquête préliminaire. Manifestement, la suppression de cette procédure ne contribuera guère à désengorger les tribunaux.
Le Conseil canadien des avocats de la défense s'inquiète du fait que cela risquerait sérieusement d'entraîner davantage de condamnations injustifiées. Il faut se rappeler pourquoi il y a des enquêtes préliminaires. On a dit plus tôt que, dans certains cas, des accusations ont été retirées grâce à une enquête préliminaire. Cela constitue une bonne occasion pour les avocats de la défense d'examiner les preuves avancées par la Couronne. Il est préoccupant de constater que le gouvernement se sert du mot « équilibre » à toutes les sauces, mais que le projet de loi ne parvient pas à établir un équilibre entre l'efficacité du système judiciaire et la protection des droits des personnes accusées.
J'aimerais également soulever la question des peines minimales obligatoires, qui ont fait l'objet d'énormément de discussions à la Chambre. Même si cela a été suggéré par de nombreux témoins qui ont comparu au comité, la question de l'abolition des peines minimales obligatoires n'a pas été abordée dans ce projet de loi omnibus de 300 pages en matière de justice pénale, à la grande déception de mes collègues. Ils sont tout particulièrement déçus parce que la lettre de mandat de la stipule clairement qu'elle doit se pencher sur les peines minimales obligatoires. Il aurait été tout à fait logique que cette question fasse partie du projet de loi omnibus. Nous sommes nombreux à ne pas comprendre pourquoi cela prend autant de temps. S'agit-il d'une autre promesse libérale qui sera repoussée jusqu'aux prochaines élections? Nous avons ici une solution qui pourrait réellement remédier au problème d'engorgement des tribunaux, et nous encourageons le gouvernement à agir avec célérité et à présenter une mesure à cet égard avant que nous ajournions en vue des prochaines élections.
Témoignant devant le comité, de nombreux experts, dont la Criminal Trial Lawyers Association, ont recommandé de modifier les mesures introduites par le gouvernement Harper, qui jouent un rôle déterminant dans l'engorgement des tribunaux. L'association affirme ceci:
Les peines minimales obligatoires entravent l'efficacité du processus de règlement des cas en limitant le pouvoir discrétionnaire de la Couronne d'offrir une peine qui réduira la capacité de la Couronne d'adopter une position favorisant un règlement avant le procès.
On nous a dit que celles-ci ont eu pour effet de multiplier les décisions d'aller en procès plutôt que de plaider coupable à de moindres accusations, tout cela à cause de la nécessité d'imposer une peine minimale obligatoire. En conséquence, beaucoup d'accusés pensent qu'ils s'en sortiront mieux au procès, plutôt que de risquer de se voir imposer une peine plus sévère. Cette approche a vraiment engorgé les tribunaux.
Permettez-moi de citer à ce sujet Jonathan Rudin, des Services juridiques autochtones, qui a souligné la nécessité de rétablir le pouvoir discrétionnaire des juges, surtout dans le cas des femmes autochtones, comme les libéraux l'avaient promis. Il affirme ceci:
Nous devons penser au fait qu'il existe encore des sentences minimales obligatoires qui empêchent les juges d'infliger aux femmes autochtones les peines qu'ils voudraient leur infliger. Certaines dispositions empêchent encore les juges de recourir à des peines avec sursis, lesquelles évitent l'incarcération aux femmes.
Je serai ravie de répondre à vos questions et d'en dire davantage sur le sujet.
:
Monsieur le Président, j’ai grand plaisir à prendre de nouveau la parole pour faire part de mes réflexions sur un sujet très important.
Le projet de loi dont nous sommes saisis est très complet. Il modernisera notre système de justice pénale. Il y a beaucoup de changements positifs là-dedans. Je dois dire que je suis un peu surpris que les conservateurs continuent de trouver le moyen de critiquer un projet de loi aussi bon et aussi progressiste. J’espère être en mesure de bien mettre en lumière les raisons pour lesquelles je pense que le comportement des conservateurs n’est pas très approprié.
Aux dernières élections fédérales, nous avons beaucoup parlé de l’importance d’assurer la sécurité de nos collectivités, de protéger les victimes et, au bout du compte, de tenir les délinquants responsables de leurs actes. Aujourd’hui, nous sommes saisis d’un projet de loi qui vise ces trois objectifs. C’est donc avec enthousiasme que je prends la parole pour recommander vivement aux députés, particulièrement à ceux de l’opposition, d’examiner de nouveau ce que fait le gouvernement pour rendre nos collectivités plus sûres, protéger les victimes et responsabiliser davantage les délinquants. Ce sont trois aspects du projet de loi qui, à mon avis, sont à prendre en considération lorsque vient le temps de voter pour ou contre.
Je félicite la ministre de l’excellent travail qu’elle a fait auprès des différents intervenants. Dans notre système de justice, notre processus judiciaire et l’application de la loi, il n’y a pas qu’un seul ordre de gouvernement qui est responsable de tout cela. Nous devons veiller à créer un fort sentiment de coopération, de discussion et de dialogue avec les entités provinciales et territoriales, et les peuples autochtones en particulier. Il y a beaucoup d’autres intervenants, en plus de ceux que je viens de mentionner, qu’il faut prendre en compte et écouter.
Je crois que le projet de loi dont nous sommes saisis reflète très bien ce que les Canadiens veulent voir et les discussions qui ont découlé des nombreuses consultations auprès du ministère. Je suis heureux de dire que, lorsqu’elle a présenté le projet de loi, la ministre a dit clairement, dans certains de nos débats, que nous étions ouverts aux amendements, et nous en avons reçu à l’étape de l’étude en comité. Je dois dire que le comité a fait un travail remarquable. Par ce processus, le gouvernement a même accepté des amendements qui ne venaient pas de lui, contrairement à ce qui se faisait à l’époque de Stephen Harper, où les amendements proposés par les députés de l’opposition étaient toujours écartés. Nous avons reconnu que l’opposition avait proposé des amendements positifs, que nous avons appuyés. Il me semble donc que le système a très bien fonctionné.
J’ai commencé par parler des élections. Les députés ont eu des discussions passionnées avec les électeurs au sujet de la criminalité et de la sécurité, et des attentes des Canadiens à l’endroit du gouvernement. C’est pourquoi nous sommes saisis aujourd’hui de ce projet de loi progressiste. Des engagements ont été pris. Nous avons fait observer que nous allions procéder à une réforme complète du système de justice pénale. Nous avons parlé de l’importance de la violence entre partenaires intimes et de ce que nous pourrions faire à cet égard.
Ce projet de loi est un autre exemple de l’une des nombreuses mesures législatives que le et le gouvernement ont présentées sur le parquet de la Chambre pour s’acquitter d’un autre engagement pris envers les Canadiens aux dernières élections fédérales. Je crois que les Canadiens seraient heureux que nous respections les engagements que nous savons importants pour eux. Parlons donc de certains de ces changements.
Mes amis du Parti conservateur semblent avoir de la difficulté avec la question des infractions mixtes. Il y a les déclarations de culpabilité par procédure sommaire et les condamnations pour acte criminel. Une liste permettrait de déterminer ce qui s’appliquerait.
Mon collègue a parlé d’enlèvement, et c’est un excellent exemple. Pour avoir une idée de ce à quoi les conservateurs s’opposent, je vais me servir de l’exemple de l’enlèvement.
De nombreux avocats dans toutes les régions du pays pourront vous parler des conséquences négatives d’une rupture familiale et des modalités de garde des enfants. Je demande aux députés de se mettre dans la peau d’un enfant de 12 ans dont la mère et le père vivent séparés. Disons que c’est la mère qui a la garde de l’enfant. Disons que cet enfant a une journée difficile ou peut-être même une très mauvaise semaine et décide de téléphoner à l’autre parent pour lui dire: « Je ne veux pas être ici. Viens me chercher. Je ne vais pas bien. Je veux m’en aller », ou quelque chose du genre.
Il se peut que l’autre parent décide de retrouver l’enfant quelque part ou de l’accueillir chez lui ou encore de le laisser chez ses grands-parents. Techniquement, il s’agit d’un enlèvement, et l’enlèvement est une accusation très grave. Les gens qui suivent le débat reconnaîtront sûrement que la situation est très différente de celle d’une personne qui s’en prend à un enfant qui sort d’une cour d’école, jette cet enfant dans une fourgonnette et commet peut-être un acte horrible à son endroit, ou encore qui décide de le garder pour obtenir une rançon ou pour le placer dans une situation dangereuse, comme la prostitution.
Ce que nous disons, c’est qu’il y a deux extrêmes et qu’il y a une grande marge entre les deux. Les infractions mixtes permettent une certaine discrétion. Ce n’est qu’un des aspects du projet de loi qui me plaisent. Il y a bien d’autres choses dont je pourrais parler.
J’ai mentionné la violence entre partenaires intimes. Nous devons comprendre qu’il ne s’agit pas seulement d’unions de fait ou de relations conjugales. Il peut s’agir d’une relation amoureuse où il y à la fois a un sentiment d’intimité et de violence. Il faut vraiment s’occuper davantage des victimes. Et c’est ce que ce projet de loi permet.
J’aime l’idée que l’on puisse se débarrasser des enquêtes préliminaires. Je trouve cela positif. J'aimerais donner un exemple précis. Imaginons quelqu’un qui est victime d’une agression sexuelle. Plutôt que de devoir subir une enquête préliminaire et de revivre ce cauchemar, cette étape pourrait être éliminée entièrement. Il n’y aurait que le procès. Je vois cela comme une bonne chose.
Mes amis néo-démocrates ont déjà dit qu’il s’agit d’un faible pourcentage de l’ensemble des affaires judiciaires. Ce n’est pas vrai. Le pourcentage est peut-être plus faible, mais on parle néanmoins de milliers de cas. Quel impact cela aurait sur le temps passé devant les tribunaux.
Ce projet de loi ferait beaucoup plus pour réformer notre système. C’est une bonne nouvelle pour les Canadiens, et c’est pourquoi je recommande à tous les députés de la Chambre de revoir leur position et de se ranger du côté du , du Cabinet et du gouvernement et d’appuyer ce projet de loi.
:
Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , le projet de loi du gouvernement libéral sur la réforme de la justice. Étant donné que le secrétaire parlementaire était déjà prêt à déchirer sa chemise, j'ai hâte de voir sa réaction à mon discours. Malheureusement, je n'ai pas beaucoup de bonnes choses à dire au sujet du projet de loi, que ce soit à l'intention des gens de ma circonscription ou de l'ensemble des Canadiens.
Comme c'est le cas de nombreuses mesures législatives du gouvernement libéral, l'objet du projet de loi ne correspond pas tout à fait aux effets concrets qu'il aurait.
Par exemple, lors des débats récents sur le projet de loi , le a parlé de fusillades tragiques et d'un sommet sur les armes et les gangs pour laisser entendre qu'il présentait une mesure législative qui s'attaquerait aux armes à feu illégales, aux gangs et aux criminels violents. La triste réalité, c'est que la mesure proposée ne mentionne nullement les gangs ou les organisations criminelles. Elle ne prévoit absolument rien en ce qui concerne les armes illégales et les crimes commis avec celles-ci.
Plus tôt au cours de la législature, le a également présenté le projet de loi , une mesure législative qui, selon le ministre, devait renforcer la sécurité nationale et protéger les Canadiens. Encore une fois, la réalité s'est avérée bien différente: le projet de loi prévoit la réaffectation de près de 100 millions de dollars, qui seraient retirés aux activités de sécurité et de renseignement assurant concrètement la protection des Canadiens, pour financer des mécanismes administratifs et de surveillance. Le pire, c'est que le ministre de la Sécurité publique a prétendu vouloir renvoyer le projet de loi C-59 au comité avant la deuxième lecture pour la raison suivante:
Je tiens à informer la Chambre que, par souci de transparence, nous reverrons ce projet de loi au comité avant l'étape de la deuxième lecture, ce qui permettra de l'examiner en profondeur et, éventuellement, de l'amender à cette étape-là.
Lorsqu'est venu le temps de considérer des amendements, qu'ils soient raisonnables, audacieux ou modestes, peu importe, les libéraux se sont opposés bec et ongles à tout changement de la portée ou de l'envergure du projet de loi. Ainsi, la sécurité des Canadiens sera soumise à des risques accrus. Les personnes du domaine de la sécurité nationale devront composer avec plus de gens affairés à les surveiller, se plier à des règles plus strictes et supporter plus de tracasseries administratives, tandis qu'il n'y aura en retour pratiquement aucun changement avantageux et que le travail de première ligne pour protéger les Canadiens n'en sera que plus difficile.
Maintenant, avec le projet de loi , c’est la même vieille histoire. La a clamé haut et fort que cette mesure aiderait à réduire l’accumulation de causes en retard qui s’est produite lorsque la Cour suprême a imposé un délai maximal. La ministre a affirmé entre autres que ce projet de loi rendrait plus efficace le système de justice pénale et qu’il réduirait les délais judiciaires. Elle a dit qu’il renforcerait la riposte à la violence familiale, qu'il simplifierait les audiences de libération sous caution, qu'il donnerait plus d’outils aux juges, qu'il faciliterait la sélection des jurés et qu'il libérerait des ressources judiciaires en reclassant certaines infractions graves.
Cela paraît fantastique. Quel projet de loi formidable. La ministre a parlé de simplification des processus judiciaires, de renforcement du système de justice, de riposte plus adéquate à la violence familiale et d'amélioration des outils à la disposition des juges et de la sélection des jurés. Incroyable. Malheureusement, selon la communauté juridique ou n’importe quel chef de parti bien informé à la Chambre, les libéraux n’atteignent aucun de ces objectifs.
Est-ce que le projet de loi raccourcit les procès et permet de réduire l’arriéré? La ministre semble prétendre que ce sera le cas grâce à l’élimination de la plupart des audiences préliminaires. Or, selon la communauté juridique, les audiences préliminaires ne représentent que 3 % du temps où siègent les tribunaux. Donc, avec un appareil judiciaire surchargé, on aura beau supprimer autant d’audiences préliminaires qu’on voudra, l’effet sera, au mieux, minime. L’audience préliminaire permet souvent de rejeter une cause plus faible. Par conséquent, autant dire qu’un plus grand nombre de causes feront l'objet d'un procès, ce qui ne fera qu’augmenter l’arriéré. L'audience préliminaire peut également permettre à la défense de se rendre compte de la nécessité d’obtenir un règlement rapide sans aller jusqu’au procès.
De plus, l’audience préliminaire peut régler des problèmes dès le départ et aider à mieux cerner le litige soumis au tribunal. Au lieu de cela, aux termes de ce projet de loi, de nombreuses causes s’étireront à coups d’arguments procéduraux et juridiques.
Un membre de la communauté juridique a dit que ce projet de loi est une solution à un problème qui n’existe pas. Voilà un bel éloge.
Ce sont les changements aux infractions criminelles graves qui préoccupent de nombreux Canadiens, pas seulement la communauté juridique. Tous les députés pourraient convenir, ou du moins accepter, que toutes les affaires relevant du Code criminel ne se traitent pas de la même façon. Les infractions graves comme l’homicide et les infractions mineures comme le vandalisme ou les dommages matériels ne méritent pas la même sévérité de sanction. Nous sommes tous d’accord là-dessus.
Les Canadiens s’attendent à ce que le gouvernement renforce la sécurité des collectivités et à ce que la loi serve tout le monde, sans parti pris en faveur des criminels.
Le projet de loi des libéraux donne la possibilité de traiter un grand nombre d’infractions violentes par déclaration sommaire de culpabilité plutôt que par mise en accusation. Cela signifie que des criminels violents pourraient n’écoper que de 12 mois d’emprisonnement ou d’une amende pour leurs crimes et d'une tape sur les doigts pour des infractions comme la conduite avec capacités affaiblies causant des lésions corporelles, l’entrave à la justice, l’agression armée, le mariage forcé, l’enlèvement, la participation à une organisation criminelle et la traite de personnes. Il y a beaucoup d’autres infractions, mais il vaut la peine de noter celles-ci en particulier. Ce sont des infractions graves. Il est encore plus insensé de remettre ces criminels en liberté, sans rien faire pour les dissuader de recommencer, ou si peu. Ces graves infractions criminelles devraient être sanctionnées avec tout le poids et toute la force de la loi.
Dans tous ces cas, ni les victimes ni la société ne sortiront gagnantes si les personnes coupables de ces infractions ne reçoivent qu'une peine minimale d'emprisonnement ou une amende.
En principe, les Canadiens s'attendent à ce que le gouvernement et les tribunaux veillent à ce que les criminels soient punis pour leurs crimes, et à ce que les honnêtes citoyens ainsi que les personnes qui ont été victimes de ces criminels soient bien traités de manière équitable. Autrement dit, le projet de loi mine la confiance des Canadiens envers le système de justice pénale et complique la tâche aux forces de l'ordre chargées d'assurer la sécurité publique. Comme l'ont déjà souligné clairement mes collègues, il existe d'autres solutions, qui sont en fait meilleures. La ministre pourrait essayer de régler la question des retards en nommant davantage de juges, par exemple.
Comme l'a affirmé l'ancien ministre de la Justice, jamais, pendant les six années où il a occupé le poste, il n'y a eu de pénurie de candidats qualifiés. Alors, ce n'est pas la faute de la magistrature. Ce n'est pas qu'il y a trop d'audiences préliminaires. Ce n'est pas qu'il y a plus de criminels, car les taux de criminalité diminuent dans l'ensemble. Le problème vient presque exclusivement du fait que la ministre ne nomme pas assez de juges et qu'il manque de personnel dans les services de poursuites.
Comme je l'ai déjà dit, la sécurité publique et nationale devrait être la priorité absolue pour la Chambre. Elle devrait transcender les clivages politiques pour que la sécurité des Canadiens passe avant les intérêts des partis politiques. Les libéraux ont déclaré que la sécurité publique était leur priorité. Le problème, c'est que tout est une priorité absolue pour eux. Avoir 300 priorités absolues, cela signifie en fait qu'ils n'ont absolument aucune priorité.
Les Canadiens s'attendent à ce que le gouvernement les considère comme sa priorité. Malheureusement, le projet de loi ne garantit pas la sécurité des Canadiens et ne donne pas du gouvernement une impression d'efficacité. Selon le milieu juridique, le projet de loi est très boiteux et ne contribuera pas à aider le système de justice. Il aura plutôt l'effet inverse, en fait. Les services de police arrêteront probablement les mêmes personnes encore et encore, encore plus souvent qu'aujourd'hui, puisque les criminels recevront des peines ou des amendes plus légères. L'arriéré se déplacera alors des tribunaux aux services de police, retournera aux tribunaux puis encore une fois aux services de police. En quoi cela aide-t-il le Canadien moyen?
Le gouvernement libéral a fragilisé le Canada. Son test des valeurs qui sème la dissension, sa propension à plier devant les terroristes, son mépris des menaces posées par la Chine, son habitude de cibler les propriétaires d'armes à feu respectueux des lois, son manque de leadership dans la crise des migrants traversant illégalement la frontière, ses valses-hésitations sur le développement des ressources, tout cela continue de jouer contre les Canadiens, de compromettre la sécurité publique et nationale et de peser indûment sur les familles et les collectivités canadiennes.
Les Canadiens méritent mieux. En 2019, nous aurons, je crois, un meilleur ministre de la Justice, un meilleur projet de loi sur la justice et un meilleur gouvernement.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole au sujet du projet de loi , Loi modifiant le Code criminel, la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents et d’autres lois et apportant des modifications corrélatives à certaines lois.
Je m'intéresse particulièrement à la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents. J'ai passé 25 ans à travailler sous le régime de cette loi en Colombie-Britannique, tout d'abord en tant qu'agent de probation auprès des jeunes dans les rues de Surrey, patrouillant aux côtés des agents de la GRC et répondant à des appels, particulièrement pour des cas de violence chez les jeunes ou de violence familiale. J'ai aussi été parent d'accueil pour un certain nombre de jeunes qui avaient des démêlés avec la justice. Surtout, pendant 10 ans, j'ai été directeur de la plus grande prison pour jeunes en Colombie-Britannique, où j'ai travaillé avec des jeunes qui étaient en état d'arrestation pour la nuit, qui étaient en détention provisoire ou qui purgeaient une peine plus longue, notamment quelques délinquants très dangereux. Même si j'avais cette expérience, je suis tout de même retourné à l'université pour obtenir un doctorat et j'ai été nommé professeur auxiliaire en criminologie à l'Université Simon Fraser. J'occupe ce poste encore aujourd'hui, ce qui m'a permis d'examiner les préoccupations et les problèmes dont nous sommes saisis selon un cadre conceptuel ainsi qu'un modèle pratique fondé sur l'expérience.
En ce qui concerne la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents, le Canada a réussi à réduire considérablement le nombre de jeunes emprisonnés. Il y a 25 ans, le nombre de jeunes emprisonnés par habitant était beaucoup plus élevé. Cependant, grâce à l'élaboration d'un certain nombre de mesures de rechange, notre système est maintenant beaucoup mieux adapté aux circonstances et aux besoins propres aux enfants et aux jeunes.
Au cours des 15 ou 20 dernières années, d'excellentes recherches ont été réalisées, surtout l'étude de Cracovie, qui a été initialement financée par l'OTAN et a été normalisée en Allemagne et en Colombie-Britannique. Il s'agit d'une étude longitudinale qui examine, d'une part, les problèmes qui se posent fréquemment lorsque des jeunes ont des démêlés avec la justice et, d'autre part, les difficultés liées à leur résolution. Grâce à cette étude longitudinale qui suit des jeunes depuis maintenant 15 ans, nous sommes beaucoup plus conscients des mesures qu'il faut prendre quand on a affaire à des jeunes.
La recherche a mis en évidence cinq profils ou parcours qui influencent la façon dont nous devrions tenir compte des circonstances et des besoins propres aux jeunes. Dans certains cas, nous pouvons nous pencher sur une situation et faire des prévisions relativement exactes concernant la propension d'un jeune à avoir des démêlés avec la justice, même avant sa naissance.
Il faut prendre en compte les influences du milieu, notamment les abus physiques, émotionnels et sexuels qu'ont subis un très grand nombre de jeunes qui ont des démêlés avec la justice.
Plusieurs troubles neurologiques et de développement constituent des signes avant-coureurs, comme le trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité et le syndrome d'alcoolisation foetale. Dans certaines communautés, ces problèmes médicaux atteignent des proportions épidémiques. On le constate particulièrement au sein de nombreuses communautés autochtones.
Il existe également une forte corrélation entre la propension d'un jeune à avoir des démêlés avec la justice et la violence familiale, l'alcoolisme et la toxicomanie. Jusqu'à 90 % des jeunes placés en détention ont consommé des drogues dures. Ce n'étaient pas les exemples qui manquaient dans la prison dont j'étais le directeur.
Parmi les autres signes avant-coureurs figurent les troubles de la personnalité, les problèmes d'agressivité, les troubles liés à la dépendance, les personnalités antisociales et la psychopathie. Ces types de troubles sont très répandus chez les jeunes qui contreviennent à la loi. En fait, on constate que les jeunes souffrent de ces problèmes de plus en plus tôt, certains dès le début de l'adolescence. Nous découvrons à l'heure actuelle que des parents amènent leur enfant de deux ans devenu incontrôlable dans des hôpitaux pour enfants. Lorsqu'une telle situation survient, le modèle médical actuel nous pousse à dissimuler les problèmes de l'enfant à grand renfort de médicaments. Cependant, à mesure que l'enfant grandit et cesse sa médication, ses problèmes refont surface et se manifestent par différents comportements négatifs et inappropriés.
De plus, beaucoup de jeunes viennent de milieux aux besoins importants, notamment lorsqu'il est question de familles monoparentales, de faibles revenus, de violence familiale et de mauvais traitements infligés aux enfants. Parmi ceux-ci, 60 à 70 % vivent en famille d'accueil.
Par conséquent, le projet de loi dont nous sommes saisis cherche à favoriser les interventions communautaires en répondant aux besoins par l'entremise de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents. Il est possible de se tourner vers des mesures de rechange afin que les tribunaux et la Couronne disposent de plus d'options lorsque des jeunes ont des démêlés avec la justice. Chose certaine, comme toutes les recherches modernes l'indiquent, nous pourrions avoir un effet beaucoup plus significatif en créant des solutions de rechange qui tiennent compte des diagnostics et des besoins. Cela dit, nous n'en sommes pas encore là.
Il est probable que, dans 100 ans, les gens vont regarder en arrière et penser que tout cela était du ressort de la santé plutôt que du système de justice pénale. Les gens vont regarder ce que nous faisons comme, nous, nous regardons aujourd'hui l'époque où le bûcher ou la lapidation étaient considérés comme des solutions adéquates.
Je pense que, si nous sommes plus ouverts à la modification des lois, nous allons arriver à des solutions plus novatrices au lieu de nous borner à mettre les gens derrière les barreaux ou les placer en isolement et autres méthodes du genre, qui, de toute évidence, ne sont pas particulièrement efficaces. Je suis ravi que nous proposions davantage d'options dans ce cadre, que nous offrions d'autres possibilités aux tribunaux et que nous donnions aux collectivités la chance de répondre aux différents besoins des jeunes qui se retrouvent devant les tribunaux.
Il va sans dire qu'il faut continuer d'assurer la sécurité, de faire en sorte que les collectivités canadiennes soient sûres. Certains cas, comme ceux des jeunes qui ont une personnalité psychopathique qui entraîne des problèmes de comportement, exigent une forme d'incarcération. Cet élément est un aspect important de notre approche. Nous voulons réduire le recours à l'incarcération pour les gens qui ne constituent pas un risque pour le bien-être général des citoyens.
Il s'agit d'un pan important de l'orientation progressiste que nous voulons faire prendre à la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents. Le Canada n'a jamais eu peur de s'intéresser à différents modèles. Dans les années 1980, la tendance était à l'abandon total de l'incarcération et à la maximisation des interventions communautaires. C'est le Massachusetts qui était à la tête de ce mouvement.
Certains modèles axés sur la désinstitutionnalisation ont aussi été mis à l'essai à quelques endroits au Canada, mais sans succès. En fait, c'est parce qu'ils ne réussissaient pas à bien identifier les jeunes qui constituaient bel et bien un risque pour la société qu'ils n'ont pas connu le succès espéré. Heureusement, cette mesure législative nous permet de nous en inspirer tout en consacrant davantage d'efforts aux autres éléments du système qui se sont révélés prometteurs et qui ont aujourd'hui l'appui des chercheurs.
La participation du public à ces solutions de rechange a été capitale. Il s'est créé toute une myriade de modèles communautaires adaptés aux besoins des jeunes concernés. Chose certaine, ce projet de loi permettra à la fois aux avocats de la Couronne et aux policiers de passer moins de temps sur le dossier des jeunes qui présentent peu de risques et qui n'ont pas besoin d'être pris en charge par l'État.
En modernisant et en rationalisant le système, nous offrons une réponse mieux adaptée aux circonstances et aux besoins des communautés en général, et surtout aux circonstances et aux besoins particuliers des jeunes en conflit avec la loi. Nous trouvons des moyens de donner suite à la recherche, ce qui nous permet de leur offrir les services dont ils ont besoin pour devenir des membres actifs et constructifs du système et de la société.
Nous avons connu de nombreux succès auprès de jeunes qui s'apprêtaient à commettre d'horribles infractions, mais qui ont changé depuis de façon spectaculaire et qui sont désormais des modèles inspirants. Parler à ces jeunes des expériences qu'ils ont vécues et des difficultés qu'ils ont traversées aide beaucoup à comprendre l'importance de l'appui qu'on leur a apporté et de la recherche qui est menée dans ce domaine. Ils nous disent qu'en créant des liens avec des gens intéressants, cela les a structurés et aidés, et leur a permis d'entretenir des rapports significatifs.
Cette mesure législative est très utile à cet égard. Elle nous donne la possibilité d'offrir cet appui tout en apportant la sécurité dont nos collectivités ont besoin, d'une part, et l'empathie et les soins susceptibles de répondre à ces besoins, d'autre part.
Je suis donc ravi d'appuyer le projet de loi et les mesures qu'il prévoit pour garantir une société sûre, compatissante et altruiste, le genre de société à laquelle, je crois, nous aspirons tous.
:
Monsieur le Président, en tant que députée d'une circonscription de la vallée supérieure de l'Outaouais, Renfrew-Nipissing-Pembroke, je suis heureuse d'avoir la possibilité, même limitée, de participer à ce débat abrégé sur un projet de loi d'une grande importance pour les gens de ma circonscription.
En guise d'introduction, je souhaite citer un texte du groupe Because Wilno, qui illustre très bien pourquoi le nom du groupe comprend le mot « because », qui signifie « parce que »:
Parce que le 22 septembre 2015, Carol Culleton, Anastasia Kuzyk et Nathalie Warmerdam ont été tuées chez elles, près de Wilno, en Ontario.
Parce qu'elles ont été tuées par un homme qu'elles connaissaient, dont les antécédents de violence familiale étaient connus des policiers depuis plus de trois décennies.
Parce que même lorsqu'on signale des gestes violents à la police, leurs auteurs s'en tirent grâce aux failles du système.
Parce que les militantes et les militants demandent, depuis des décennies, que ces failles soient corrigées.
Parce qu'il est particulièrement difficile de combattre la violence dans les collectivités rurales.
Parce que les façons de contraindre et de contrôler les femmes vont de simples paroles jusqu'à une violence qui cause la mort d'une ou de plusieurs personnes.
Parce qu'il faut créer une meilleure culture dans la société, les services de police et les tribunaux.
Parce qu'encore maintenant, tous les six jours, une femme se fait tuer au Canada.
Parce qu'on ne pouvait pas rester les bras croisés, sans rien faire.
Parce que nous croyons que vous pouvez nous aider.
Je remercie Holly Campbell, organisatrice du groupe Because Wilno.
La violence envers les femmes ne date pas d'hier. Même si j'aimerais croire, puisque je suis d'une circonscription à prédominance rurale dans l'Est de l'Ontario, que la violence envers les femmes est un problème urbain, nous savons que ce n'est pas le cas. La violence envers les femmes est chose courante au Canada. Carol Culleton, Nathalie Warmerdam et Anastasia Kuzyk ont été tuées le 22 septembre 2015 dans le comté rural de Renfrew. Ces femmes connaissaient leur meurtrier, et la police aussi, en raison des lourds antécédents de violence de celui-ci, qui s'échelonnaient sur plus de 30 ans. Même si le tribunal avait ordonné à l'accusé de participer à des séances counseling, il ne l'a jamais fait. Il avait été libéré de prison peu avant les meurtres. Le système a laissé tomber ces femmes. Au Canada, tous les six jours en moyenne, une femme est tuée par son partenaire intime. L'homme qui a été arrêté et accusé des meurtres a un long passé criminel, dont des accusations pour des actes commis envers deux des trois femmes.
Holly Campbell, dirigeante du groupe Because Wilno, a fait la déclaration suivante aux législateurs comme nous:
Depuis bien trop longtemps, les Canadiens ont fermé les yeux sur la violence familiale, qui porte surtout préjudice aux femmes et aux enfants, dans tous les quartiers et toutes les circonscriptions de ce pays.
Tout comme Holly, je ne veux pas que Carol, Nathalie, Anastasia et toutes les autres victimes de violence soient mortes en vain. Le souvenir de leur mort insensée est trop vif; il nous pousse à agir. J'appuie les dispositions du projet de loi qui visent à augmenter la peine d’emprisonnement maximale pour les récidives de violence contre un partenaire intime et à prévoir que les mauvais traitements infligés à un partenaire intime constituent une circonstance aggravante lors de la détermination de la peine, ainsi que celles qui prévoient des exigences plus rigoureuses pour la mise en liberté provisoire à l’égard d’infractions relatives à l’usage de la violence contre un partenaire intime.
À l'instar du Parti conservateur, j'estime que la priorité ultime d'un gouvernement devrait être la sécurité des Canadiens. Nous allons toujours tâcher de renforcer le système de justice pénale du Canada, plutôt que de l'affaiblir. Les conservateurs comprennent qu'un système de justice pénale fort fait toujours passer en premier les droits des victimes et des collectivités, plutôt que d'accorder des traitements de faveur aux auteurs de crimes violents.
Voici ma question pour le gouvernement. Le projet de loi , qui compte quelque 300 pages, répond-il aux attentes des Canadiens? Le fait que l'actuel gouvernement ait décidé d'aller de l'avant avec un projet de loi omnibus, un format qu'il a tant vilipendé du temps que son parti était dans l'opposition, laisse croire aux gens de ma circonscription et de tout le Canada qu'on précipite l'étude du projet de loi omnibus précisément parce que son contenu ne correspond pas aux préoccupations des Canadiens ordinaires.