La Chambre reprend l'étude de la motion.
:
Monsieur le Président, je suis content de pouvoir continuer ce discours.
Pour faire comprendre où j'en étais à tous mes collègues qui estimaient qu'il fallait en faire plus, je disais qu'il fallait peut-être renverser la décision de mettre fin à la mission des CF-18. Ne devons-nous pas contribuer à cette lutte internationale à la mesure de nos moyens, nous, pays du G8?
Avons-nous oublié nos alliés de toujours, nos alliances les plus chères et nos amis? Citons les noms des pays qui ont répondu oui à l'appel pour des bombardements aériens: la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne et les États-Unis. D'autres pays les rejoindront sûrement bientôt.
Quant à nous, au Canada, alors que la communauté internationale se rallie dans un même sens, nous battons en retraite? Retirer nos avions de combat et faire reculer nos braves aviateurs, ce serait envoyé un très mauvais message au groupe État islamique. C'est comme si nous disions, ce faisant, qu'il n'est pas important de combattre le terrorisme et d'appuyer nos alliés, et que nous nous foutons du groupe État islamique. Un peu de sérieux, s'il vous plaît!
Un gouvernement qui se respecte ne peut agir sur un coup de tête, pas lorsqu'il est question du groupe État islamique, et de surcroît, surtout pas lorsqu'il est question de la sécurité des Canadiens.
Réfléchir avant d'agir, ce n'est pas trop demander. Attendons avant de poser un geste mal réfléchi, il faut commencer par écouter et consulter nos concitoyens, nos alliés et, d'abord et avant tout, la Chambre, dans un esprit de collaboration et de transparence.
De ce côté-ci de la Chambre, le seul message que nous souhaitons envoyer au-delà de nos rives, c'est que le Canada se tient debout. Si ce n'est pas au Canada de se lever debout, qui alors doit combattre le groupe État islamique?
Nous avons les moyens, le matériel et l'équipement. Nos militaires sont très bien formés, et en cette matière, en tant qu'ex-militaire, je sais de quoi je parle. Nous disposons de tout ce qui est requis pour faire notre part avec fierté et conviction. Pesons sur le cours des choses. Après tout, c'est ce à quoi s'attendent les Canadiens de la part de notre gouvernement.
Finalement, de quoi le a-t-il vraiment peur? A-t-il peur du terrorisme ou a-t-il peur de s'être trompé?
Pour terminer, et pour rester en accord avec l'esprit qui règne en ce début de session, je prie les députés de la Chambre de bien réfléchir aux réflexions et critiques dont mes collègues et moi-même leur avons fait part aujourd'hui.
:
Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec mon collègue d'.
Cet après-midi, c'est avec un sens profond de responsabilité, d'humilité et de fierté que je me lève devant mes collègues, en cette honorable Chambre, pour la première fois.
J'aimerais remercier les électeurs de Mississauga—Lakeshore de m'avoir accordé leur confiance. Je remercie également ma famille et mon équipe extraordinaire de Mississauga—Lakeshore. J'aimerais aussi féliciter tous mes collègues à la Chambre pour leur élection ou réélection, et vous, madame la Présidente, pour votre réélection.
Je prends la parole sur un sujet très important, celui du groupe État islamique, ce groupe terroriste autrement connu comme Daech.
[Traduction]
J'aimerais d'abord remercier mon collègue d'en face, le député de , d'avoir présenté la motion afin que la Chambre des communes puisse tenir aujourd'hui cette importante discussion sur la situation au Moyen-Orient.
J'ai vécu au Moyen-Orient pendant près de sept ans, de 2005 à 2012. J'étais haut fonctionnaire des Nations Unies à Bagdad, en Irak. Je passais la majorité de mon temps à aider le Parlement irakien, le pouvoir exécutif irakien et les élus du Kurdistan irakien. Mon équipe et moi avons aidé nos homologues irakiens à entretenir un dialogue entre tous les partis sur des questions importantes liées à la réforme politique et constitutionnelle, y compris sur leur difficulté à composer avec les premières incarnations du groupe État islamique en Irak.
En tant que Canadien qui a servi fièrement sous le drapeau bleu, je dirais que l'un des moments qui m'ont rendu le plus fier est celui où l'ancien premier ministre Jean Chrétien a décidé de ne pas se joindre à la coalition qui est intervenue en Irak en 2003, une décision qui a reçu l'appui des membres du caucus conservateur, mais à laquelle le président Obama s'est opposé.
Il est difficile pour moi d'exprimer à quel point cette décision du Canada a suscité de la sympathie chez les Irakiens au cours des décennies qui ont suivi, et à quel point cela a grandement aidé mon équipe des Nations Unies à bâtir une relation de confiance et des relations de travail efficaces avec nos homologues de l'Irak et du Kurdistan irakien.
Je tiens à être bien clair. Aujourd'hui, nous devons déterminer comment remédier au problème posé par le groupe État islamique. Il s'agit d'un enjeu de première importance pour les habitants du Moyen-Orient, pour nous, les Occidentaux, pour toutes les autres régions du monde et, au bout du compte, pour la civilisation humaine. Tout indique que ce groupe sanguinaire cherche à semer la peur, à créer la division et à accroître l'ampleur de ce conflit mondial. Nous ne devons pas tomber dans son piège. Nous devons l'éradiquer par d'autres moyens.
La contribution la plus efficace que le Canada peut apporter à la lutte contre l'EIIS consistera à donner plus de pouvoir aux personnes et aux forces de cette région qui sont prêtes à intervenir et à lutter pour reprendre leur territoire et leur avenir des mains de ce groupe terroriste, comme nos amis de la région du Kurdistan irakien.
L'un des plus importants obstacles à la lutte contre l'EIIS est le fait qu'à l'heure actuelle, il n'y a pas de solution de rechange au Moyen-Orient. Les jeunes hommes ou les jeunes femmes de l'Irak ou de la Syrie qui songent à s'engager dans la lutte contre l'EIIS devront d'abord se demander ce qu'ils défendent. Il n'est pas possible de concevoir une solution de rechange, une vision d'un avenir meilleur sur les plans économique et social en larguant plus de bombes sur la Syrie.
Le groupe État islamique constitue un problème humanitaire, économique, religieux, culturel, politique et militaire complexe qui comporte de multiples facettes. Il englobe tous ces différents aspects. Ce qui est le plus important, c'est que la vision d'un avenir meilleur soit celle des gens du Moyen-Orient; on ne peut pas l'imposer de l'extérieur.
Je suis fier de la décision du gouvernement de retirer ses avions de chasse de la campagne aérienne menée en Syrie, tout en continuant de contribuer aux efforts visant à vaincre l'EIIS sur d'autres fronts, notamment en offrant de la formation militaire et en jouant un rôle consultatif pour appuyer les courageuses forces militaires qui mènent la lutte armée dans la région et qui ont élaboré leur propre vision d'un avenir meilleur.
Je tiens à préciser que les Forces armées canadiennes ont un excellent bilan en matière de leadership à l'étranger grâce à leur participation à des opérations internationales. Bien sûr, nous pensons d'abord à la mission en Afghanistan. Au cours des 12 années qu'aura duré cette mission, le Canada a envoyé plus de 40 000 personnes dans la région. Beaucoup de nos militaires y ont été déployés plus d'une fois, y compris le .
Ce que nous avons accompli en Afghanistan s'est fait au prix d'efforts ardus. Nos forces ont dû surmonter de nombreuses difficultés. Le Canada a entrepris d'ambitieux projets visant à améliorer la vie des Afghans, y compris en aidant à construire des infrastructures essentielles telles que des routes et des écoles et en soutenant ses partenaires dans le cadre d'importantes initiatives, dont une campagne de sensibilisation à la polio.
Nous sommes fiers du legs du Canada dans des endroits comme l'Afghanistan et dans bien d'autres endroits du monde, ainsi que des efforts énormes déployés par nos valeureux militaires. Notre legs continue puisque le peuple de l'Afghanistan poursuit son développement vers un pays démocratique et sûr.
Le gouvernement ne s'est jamais opposé au fait de déployer les forces armées dans le cadre d'opérations de combat lorsque cela est manifestement dans l'intérêt du pays. Le gouvernement du Canada transformera notre mission en mission sans combat axée sur l'instruction et l'aide humanitaire.
Je suis particulièrement fier du fait que le Canada participe activement aux efforts d'aide humanitaire, qui comprend, plus récemment, l'accueil de 25 000 réfugiés syriens d'ici le mois de mars l'an prochain.
Le problème lié à Daech est multidimensionnel. Il y a divers rôles à jouer. Le Canada ne préconise pas la fin de la campagne aérienne. Certains pays mèneront une campagne aérienne. Nous ne leur disons pas d'y mettre un terme. Nous disons simplement qu'il y a une meilleure façon de procéder pour le Canada, une façon plus efficace qui correspond davantage aux missions historiques du Canada. Il s'agit d'un rôle plus subtil, qui tient compte de nos connaissances de la région et de nos antécédents en matière d'intervention diplomatique. Pour cette raison, je suis fier de m'opposer à la motion aujourd'hui.
:
Madame la Présidente, j'aimerais commencer le débat en exprimant la gratitude de nous tous à la Chambre, ainsi que de tous les Canadiens, à l'endroit des membres des Forces armées canadiennes.
Ces derniers ont toujours combattu courageusement le mal. Récemment, au Levant, c'est le personnel de l'Aviation royale canadienne qui a contribué à la campagne aérienne des alliés contre Daech, ce dont nous sommes fiers. Toutefois, nos capacités à cet égard sont modestes, et cela se reflète dans les statistiques de la campagne aérienne. En effet, nous sommes seulement responsables de 2 % des missions de bombardement.
Il importe également de signaler que 75 % des avions participant à cette campagne n'utilisent pas leur charge utile en raison des règles d'engagement strictes, mais appropriées, qui empêchent les bombardements causant la mort de civils. N'entretenant pas les mêmes scrupules, Daech se sert de cibles civiles comme boucliers humains. De nos jours, presque tous les experts militaires et les experts de la lutte contre le terrorisme en sont venus à la conclusion que cette guerre ne sera pas gagnée dans les airs, mais au sol.
Daech est une plaie qui doit être éliminée. C'est une guerre qu'il faut gagner. Il est temps de réévaluer notre stratégie et notre engagement militaire sur le plan stratégique envers l'effort de guerre des alliés de manière à tenir compte de nos capacités et à produire des résultats sur le terrain. C'est pourquoi notre engagement à offrir de la formation et des armes aux forces locales, telles que les forces irakiennes et peshmergas kurdes, est d'une importance cruciale pour gagner cette guerre.
Mardi dernier, dans le cadre d'une réunion du comité des forces armées du Sénat américain, deux anciens hauts fonctionnaires de l'administration Obama ont signalé que les États-Unis n'étaient pas en train de remporter la bataille contre le soi-disant groupe État islamique. Michèle Flournoy, ancienne sous-secrétaire à la Défense, a fait la déclaration suivante: « Je ne pense pas que nous fournissons toutes les ressources nécessaires pour mener une stratégie multidimensionnelle [...] [nous] devons jouer davantage un rôle de chef de file [...] pour renforcer les capacités militaires d'autres acteurs [...] »
Toutefois, cette guerre contre le terrorisme dans la région du Levant comporte deux dimensions. Trois des cinq grands attentats terroristes des derniers mois sont survenus dans des pays de l'OTAN et la majorité des attentats suicides ont été commis par des personnes qui sont nées et qui ont grandi en Occident. En tant qu'adolescent se sentant seul, Ali Amin, qui est né et a grandi en Virginie, a déclaré dans une entrevue avec le New York Times ce mois-ci qu'il a fait des recherches en ligne car il était curieux d'en savoir plus sur le groupe État islamique. Une communauté virtuelle l'attendait. Il a dit ceci:
Pour la première fois, j'ai senti que non seulement on me prenait au sérieux sur des sujets aussi importants que graves, mais qu'on me demandait en fait conseil. En délaissant le monde réel pour celui d'Internet, j'ai été happé dans une lutte « virtuelle » qui me déconnectait en même temps du réel, c'est-à-dire ma famille, ma vie, mon avenir.
En Occident, ces sympathisants se comptent par milliers. Pendant des semaines et des mois, courtoisie de Twitter et autres plateformes du genre, ils trempent dans la rhétorique et le symbolisme de ce faux État islamique. Ils se font dire qu'ils sont intelligents et qu'ils sont des leaders. Enfin, et c'est la partie tragique, ils se font recruter et envoyer au Levant se battre ou se font inciter à commettre des actes terroristes sans nom dans leur pays d'origine contre les non-musulmans — les infidèles, comme ils les appellent — et les musulmans qui ne les appuient pas — les apostats.
En juin 2014, une énorme vague de recrutement à l'étranger s'est mise en branle. En septembre de la même année, on estimait que près de 30 000 recrues étrangères avaient foulé le sol de la Syrie, doublant du coup le nombre de combattants terroristes. Du lot, on calcule qu'environ 300 provenaient d'Amérique du Nord, surtout des États-Unis, mais aussi du Canada, du moins pour une poignée d'entre eux. C'est à ce moment que Daech a déclaré en ligne qu'il s'était constitué en « califat islamique », en « État islamique ».
Nous assistons manifestement à une vaste bataille de communications. Il ne faudrait surtout pas alimenter sans le vouloir cette rhétorique fallacieuse et donner de la légitimité à cette secte sanguinaire et terroriste en lui donnant le nom d'État islamique. Il ne s'agit pas d'un État, et il n'est pas islamique. En fait, Daech propage une version déformée des grands préceptes de la foi musulmane et peut seulement occuper militairement un nombre toujours plus petit de villes et de villages de Syrie et d'Irak.
Tâchons de suivre l'exemple des pays arabes et de nos plus proches alliés, la Grande-Bretagne et la France, et commençons à nommer l'organisation par son vrai nom: Daech, une secte sanguinaire.
La crise à laquelle nous sommes confrontés en Syrie et en Irak est d'une grande complexité et revêt une importance politique certaine. Et voilà que l'effort de guerre des alliés se retrouve face à de nouveaux obstacles depuis que le Kremlin, dirigé par le président Poutine, a intensifié sa présence.
Comme les quelques dernières années nous l'ont appris, les gestes de Poutine sont souvent diamétralement opposés à ses paroles. Au lieu de tomber sur Daech, la grande majorité des bombes russes ont atteint les forces qui s'opposent au régime Assad ainsi que des quartiers civils. Le Kremlin agrandit ses bases navales et aériennes militaires en Syrie et en construit d'autres. Et en même temps, il continue de mettre la détermination de la Turquie, pays allié de l'OTAN, à l'épreuve.
Encore plus préoccupant: en plus de généralement éviter de bombarder Daech, la Russie, par l'entremise du FSB, son service de renseignement, fait traverser la frontière à des centaines de combattants du Daguestan pour qu'ils puissent rejoindre les rangs de Daech. Selon une récente enquête s'appuyant sur le travail considérable réalisé par Elena Milashina sur le terrain et publiée dans le Novaya Gazeta, l'une des dernières publications indépendantes en Russie, les « forces spéciales russes contrôlent » le passage des djihadistes en Syrie. La Russie est maintenant au troisième rang des pays sources de combattants étrangers luttant pour Daech.
L'implication du FSB dans l'établissement d'un corridor de passage est soigneusement documentée par le Novaya Gazeta, qui fait notamment état des recruteurs du FSB et des documents de voyage que celui-ci délivre. Le FSB fait traverser la frontière aux terroristes potentiels qui, au lieu de créer des problèmes et de faire sauter des bombes en Russie, combattent les forces de l'OTAN. Autre avantage selon le Kremlin: il est impossible de faire passer un gazoduc du Qatar en Syrie et en Turquie vers l'Europe, de sorte que l'emprise de la Russie sur les marchés du gaz de l'Europe de l'Ouest n'est pas menacée.
Dans notre lutte contre Daech, nous devons trouver des moyens de contrer les multiples menaces qu'il représente au Levant, sur Internet, au pays et sur le plan géopolitique.
Comme l'a fait valoir le sénateur républicain John McCain, président du comité sénatorial des forces armées des États-Unis, dans un article du Wall Street Journal qu'il a coécrit avec le sénateur républicain Lindsey Graham au sujet de l'effort de guerre des alliés et qui porte plus précisément sur la campagne aérienne, les États-Unis doivent « [...] élaborer une stratégie crédible [...] et je ne crois pas que ce soit le cas aujourd'hui. »
Le gouvernement s'engage à élaborer une stratégie exhaustive en vue d'utiliser le plus efficacement possible nos ressources militaires pour aider nos alliés à débarrasser le Levant de la secte sanguinaire qu'est Daech et de ses tentacules mondiaux.
J'aimerais terminer en citant les propos tenus ce matin par l'ambassadeur des États-Unis au Canada, M. Heyman, sur les ondes de la station de radio CFRA AM 580 d'Ottawa. Il a dit ceci:
Je crois que chaque pays prend ses propres décisions quant à sa contribution. Le premier ministre et son équipe ont pris un engagement ferme à l'égard de la coalition. Je sais que nous travaillerons très bien ensemble.
Pour ces raisons, je m'oppose à la motion des conservateurs.
:
Madame la Présidente, c’est un honneur pour moi de prendre la parole dans mon premier débat de la 42
e législature.
Avant de commencer, j’aimerais profiter de l’occasion pour remercier mes électeurs de la circonscription de Calgary Forest et de Calgary-Est de m’avoir renouvelé leur confiance en m’élisant pour la septième fois. Je tiens à leur dire un très grand merci.
Je partagerai mon temps de parole avec ma collègue, la députée de .
La motion d’aujourd’hui porte sur la poursuite de notre engagement à l'égard de la lutte contre l’EIIL. Le sujet est devenu une préoccupation internationale en matière de droits de la personne. Ceux qui financent et exécutent ces effroyables crimes doivent comparaître devant la Cour pénale internationale et être traduits en justice, comme cela s’est fait dans le cadre des procès de Nuremberg. Cependant, nous devons d’abord vaincre les responsables de ces crimes.
Le précédent gouvernement conservateur a présenté cet engagement au Parlement et demandé son approbation. J’ai participé à de nombreux débats tenus par cette Chambre sur la lutte contre l’EIIS.
J’ai entendu le et je ne suis pas convaincu qu’il soit sur la bonne voie. Le retrait des forces aériennes et la cessation des frappes aériennes canadiennes représentent une diminution de notre engagement.
Au cours des débats tenus lors de la législature précédente, cette mission a trouvé appui auprès des Canadiens et de nombreux libéraux, de même qu’auprès de nos alliés de la communauté internationale. Évidemment, il n’est pas étonnant que nous n’ayons reçu aucun appui du NPD.
Toutefois, en suivant la même logique que le NPD et en faisant reculer la lutte contre l’injustice, le gouvernement commet une injustice de plus, non seulement envers les victimes du groupe terroriste, mais aussi envers les générations futures qui en seront victimes à leur tour. Je pense à Paris. Je peux dire par expérience qu’à défaut de combattre l’injustice par des mesures vigoureuses, on peut s’attendre à des conséquences dévastatrices.
Après la chute de Saddam Hussein, le G8 et les pays voisins de l’Irak ont tenu trois conférences, en Égypte, à Istanbul et au Koweït. J’ai représenté le Canada à ces trois rencontres avec l’Irak. Il s’agissait d’une tentative, de la part de la communauté internationale, de stabiliser et de reconstruire l’Irak. Nous avons tous promis de l’argent et de l’aide à l’Irak, mais le gouvernement Maliki ne nous a pas pris au sérieux et nos partenaires internationaux, nous y compris, n’ont pas exigé de ce gouvernement une reddition de plus rigoureuse.
Cette situation a mené à l’affaiblissement continu du gouvernement irakien, à tel point que le groupe terroriste EIIL est apparu pour combler les lacunes. Résultat: massacres, viols, meurtres et beaucoup de souffrance. La leçon à tirer de cette situation, c’est que lorsque la menace surgit des mesures énergiques s’imposent.
La motion d’aujourd’hui demande au gouvernement de veiller à ce que notre engagement ne s’effrite pas. Les frappes aériennes canadiennes ont amorcé avec succès le combat contre les terroristes. Pourquoi le gouvernement souhaite-t-il mettre fin à ces interventions? Voilà qui dépasse notre entendement. Aujourd’hui seulement, on rapporte que le responsable des finances de l’EIIS a été tué lors d’attaques aériennes. Voilà un terrible coup pour l’EIIS.
La question que les Canadiens se posent est la suivante: les libéraux ont-ils l’intention de lutter efficacement contre l’EIIS ou n’envisagent-ils qu’une contribution symbolique? Ils n’arrêtent pas de parler de ce solide engagement à venir. Ils continuent de parler comme s’il existait un vide en ce moment même dans la guerre contre les terroristes. Les libéraux oublient que le Canada s’est engagé, non seulement à fournir de l'aide humanitaire, mais aussi à entraîner les peshmergas. J’ai entendu des libéraux parler de l’entraînement des peshmergas. Ils semblent avoir oublié que nous fournissons déjà cet entraînement, grâce à la motion adoptée par le gouvernement conservateur qui les a précédés.
Je ne comprends pas d’où viendra ce solide engagement. Il existe déjà. Pourquoi le gouvernement tient-il à abolir ce qui constitue déjà un engagement fructueux à l’égard de ce groupe terroriste? Voilà qui dépasse l’entendement général.
Je sais que le a servi en Afghanistan. Cependant, je faisais partie du Comité spécial de la Chambre des communes sur l’Afghanistan, dont le mandat était de superviser notre mission dans ce pays, sous la recommandation de l’ex-ministre des Affaires étrangères, . J’ai voyagé en Afghanistan avec le comité et j’ai pu observer personnellement nos opérations là-bas.
Les talibans représentent toujours une menace aujourd’hui. Pas plus tard qu’hier, ils ont lancé une attaque sur l’aéroport de Kandahar qui a fait plus d’une cinquantaine de morts.
Avons-nous abandonné l’Afghanistan? Non. C’est cependant la présence des forces américaines qui maintient un climat de sécurité en Afghanistan aujourd’hui. Ce pays pourrait facilement basculer et devenir une autre région où règnent la terreur et le terrorisme. Voilà pourquoi le gouvernement doit se battre contre le groupe État islamique et le détruire avant qu’il nous détruise.
La Grande-Bretagne a tenu un débat sur la pertinence de participer aux frappes aériennes. Devant la menace posée par le groupe État islamique, elle est revenue sur sa position et a décidé de mener des frappes aériennes.
Voyons ce que font la France, la Grande-Bretagne, les États-Unis et les pays voisins comme la Jordanie et l’Iran. Ils participent aux frappes aériennes pour stopper le groupe État islamique parce qu’ils reconnaissent tous la menace qu'il pose.
Nous disons vouloir arrêter le groupe État islamique, puis nous annonçons que nous allons trouver un meilleur moyen, tout aussi robuste, pour le faire. J’ai entendu d’autres intervenants aujourd’hui dire que nous devrions laisser les autres porter le fardeau, pendant que nous restons en retrait.
Lorsque nous assistons aux défilés du jour du Souvenir et que nous discutons avec d’anciens combattants qui se sont battus pour la liberté de notre pays, lorsque nous les écoutons raconter leurs expériences, il est évident qu’ils ont accepté de mettre leur vie en danger pour défendre notre liberté et celle de notre pays. Ils sont allés au front et se sont battus. Ils n’ont pas pris la fuite, comme le gouvernement libéral voudrait que nous le fassions en renonçant aux frappes aériennes. Cela dépasse mon entendement.
Tout le monde vante le travail exemplaire accompli par notre force aérienne. Nos militaires sont bien entraînés. Lorsque le précédent gouvernement libéral était au pouvoir, il a tellement coupé dans les dépenses militaires que nos forces armées étaient devenues inefficaces et ont traversé une période noire. Le gouvernement conservateur a investi dans les forces armées et aujourd’hui, nos militaires accomplissent un excellent travail en Irak et partout ailleurs où ils sont déployés. Nous sommes tous fiers de l’excellent travail qu’ils accomplissent, y compris les députés libéraux.
Par conséquent, je ne comprends pas pourquoi les Libéraux veulent se retirer. Combien de fois nous ont-ils servi l’argument que nous devons fournir une assistance humanitaire? Si la sécurité n’est pas assurée sur le terrain, à quoi peut bien servir l’aide humanitaire? Où s’imaginent-ils que l’aide ira? Certainement pas aux personnes qui en ont besoin. D’abord et avant tout, il est nécessaire d’assurer la sécurité, et cela est possible seulement si nous participons au combat. Voilà pourquoi cette motion est très pertinente. Si les libéraux ne donnent pas leur appui, tant pis. Les Canadiens, eux, appuieront cette motion, et nous irons nous battre contre le groupe armé État islamique.
:
Madame la Présidente, je suis heureuse de prendre la parole à la Chambre au nom des gens de ma circonscription, Surrey-Sud—White Rock, et je vous félicite d'occuper le fauteuil.
Je prends la parole au sujet de la motion que mon collègue a présentée.
Surrey, où on parle plus de 95 langues, est la ville de la Colombie-Britannique qui a accueilli le plus grand nombre de réfugiés parrainés par le gouvernement. Comme j'ai déjà été mairesse de cette ville, je connais bien les problèmes concrets auxquels se heurtent les réfugiés et les horribles conditions que bon nombre d'entre eux ont connues.
Jusqu'à présent, la crise syrienne et irakienne a nécessité une approche multidimensionnelle, que les conservateurs ont constamment appuyée et maintenue.
J'aimerais remonter un peu dans le temps et parler des chasseurs CF-18. Au mois d'octobre 2014, ces appareils ont bombardé des caches d'armes, des installations d'entraînement, des infrastructures essentielles et des centres de commandement. Les Forces d'opérations spéciales du Canada ont formé plus de 1 100 soldats sur le terrain.
Au chapitre de l'aide humanitaire pour le peuple irakien, les conservateurs ont, au nom des Canadiens, contribué à nourrir près de 2 millions de personnes et à distribuer des fournitures de première nécessité à 1,2 million de personnes. En Syrie, c'est plus de 503 millions de dollars que nous avons donnés pour l'aide humanitaire depuis 2012. En outre, nous avons compris qu'il fallait déceler les causes profondes de la crise dans le pays d'origine et nous y attaquer tout en aidant les personnes qui fuyaient la violence. Près de 10 000 demandes d'asile étaient traitées ou achevaient de l'être quand nous nous sommes engagés à accueillir 10 000 réfugiés syriens de plus. Nous voulions nous assurer d'avoir en place un processus de sélection plus sûr et plus rigoureux, compte tenu du contexte mondial actuel.
Je le répète, la lutte contre le groupe État islamique doit comporter de multiples facettes. C'est la seule approche que nous ayons appuyée. Deux points principaux sont à souligner. D'abord, il faut maintenir la participation des avions de chasse CF-18 aux frappes aériennes contre le groupe État islamique. Ensuite, nous devons réaffirmer notre engagement à nos alliés.
Le Conseil de sécurité des Nations unies a déterminé que le groupe État islamique constituait une menace sans précédent à la paix et à la sécurité internationales. Il a également demandé à ses États membres de prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir les attaques terroristes de ce groupe et y mettre fin dans les territoires qu'il contrôle en Syrie et en Irak.
Le ministre des Affaires étrangères du gouvernement régional du Kurdistan a dit ceci:
Nous aimerions leur dire que les frappes aériennes ont été efficaces et qu'elles ont grandement aidé. Elles ont contribué à sauver des vies [...] Et s'il n'en était que de nous, nous demanderions qu'elles se poursuivent.
Lorsque le président Obama a parlé de ses plus proches alliés, il a nommé la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni. De toute évidence, le Canada n'est pas de retour.
D'un point de vue purement moral, comment pouvons-nous tourner le dos à cette coalition, à nos plus proches alliés et aux gens qui vivent encore en Syrie et en Irak et qui, jour après jour, sont confrontés à la violence et à la brutalité du groupe État islamique? Qu'on me permette de rappeler au gouvernement libéral de quoi exactement nous avons été témoins.
Nous avons été témoins des récents attentats survenus à Paris et à Beyrouth, au Liban, et qui ont coûté la vie à de nombreuses personnes innocentes. Nous avons également pu constater la brutalité démentielle du groupe État islamique lors de la décapitation de travailleurs humanitaires étrangers, de journalistes des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France, de l'Australie et du Japon, et de 21 Égyptiens alignés sur une plage ainsi que de l'immolation par le feu d'un pilote jordanien au service de la coalition. Comme l'a souligné la députée de lundi, le plus troublant dans toute cette horreur est le génocide de nombreuses femmes et jeunes filles yézidies, au nombre de 8 000 selon ce qui a été rapporté. Des milliers d'autres personnes appartenant à ce groupe ont été kidnappées, vendues et violées.
En tant que Canadienne, femme et mère, je suis profondément attristée que le Canada n'épaule pas ses alliés pour protéger ces populations innocentes.
J'aimerais donner un exemple très personnel de ce que je dis.
Pendant plus d'un an, j'ai été jumelée à deux jeunes orphelines yézidies. Leur famille comptait auparavant cinq personnes. Ces enfants ont été forcées d'assister au viol de leur mère qui a ensuite été tuée par une balle dans la tête. Elles ont également vu leur père se faire décapiter et leur frère de 9 ans être crucifié. Leur maison a été rasée par le feu et le bétail et les animaux de compagnie ont été abattus. Par pur miracle, elles ont réussi à fuir ce chaos et à arriver jusqu'à un camp de réfugiés. Aucun enfant ne devrait être témoin de telles horreurs.
J'ai entendu le dire lundi: « [...] ce que nous n'allons pas faire, c'est continuer d'essayer d'en parler et de donner de la publicité gratuite au groupe État islamique. » Quel commentaire offensant pour les hommes, les femmes et les enfants qui ont été brutalisés par le groupe État islamique. Nous devons en parler et nous ne pouvons pas faire semblant qu'il n'existe pas. Pas plus que nous ne devrions garder le silence. Nous devons appuyer nos alliés, maintenir la mission de frappes aériennes des CF-18, maintenir la mission d'aide humanitaire entamée en 2012 et bien contrôler et aider les réfugiés qui viennent au Canada pour qu'ils puissent réussir et vivre dans leur pays d'accueil.
Toutefois, nous devons aussi traiter les causes profondes de la situation en Syrie et en Irak, à savoir le groupe État islamique, car un grand nombre de ceux qui fuient leur pays le font contre leur gré.
C'est la raison pour laquelle la motion dont la Chambre est saisie est si importante. Comme je l'ai mentionné, il faut maintenir une approche multidimensionnelle et nous ne pouvons pas et ne devons pas rester silencieux sur cette question.
:
Madame la Présidente, chaque député sait bien que l’EIIS représente une grave menace pour la paix et la sécurité mondiales et pour le Canada. Les néo-démocrates, comme les membres de tous les autres partis, ont condamné dans les termes les plus vigoureux les actes de terrorisme commis par l'EIIS et la violence de son idéologie extrémiste. Nous déplorons ses violations flagrantes, systématiques et généralisées des droits de la personne. Non seulement nous croyons que la communauté internationale doit mettre fin à l'expansion de l'EIIS, aider les réfugiés dans la région et lutter contre la propagation de l'extrémisme violent, mais nous croyons également que le Canada devrait être un chef de file à cet égard. Nous nous réjouissons de l’occasion qui nous est donnée d’avoir ce débat à la Chambre sur la meilleure façon de lutter contre l'EIIS et de le vaincre. Il est décevant de constater la gamme très limitée des options envisagées par l'opposition officielle dans sa motion et par le gouvernement dans sa réponse.
Les néo-démocrates ont clairement indiqué que la mission actuelle ne correspond pas au rôle du Canada. Nous pensons qu'elle devrait prendre fin. Les conservateurs restent, ce qui est peut-être compréhensible, liés à la mission de bombardement en cours. Comme il s’agissait pratiquement de leur seule réponse concrète à la menace posée par l'EIIS quand ils étaient au pouvoir, cela reste au cœur de leur motion de l'opposition d'aujourd'hui. Indépendamment de la question de savoir si la contribution du Canada à la campagne de bombardement, soit 2 à 3 % des missions de vol seulement, n'a jamais été autre chose qu'un geste symbolique, on doit se demander si les bombardements ont contribué de façon importante à la mission consistant à affaiblir ou vaincre l'EIIS. Au mieux, ils ont pu ralentir l'expansion territoriale de l'EIIS, mais ils ne l'ont pas empêché de continuer d'administrer son territoire et d'agir comme un État, deux facteurs cruciaux pour sa survie et un point sur lequel je vais revenir dans un instant.
Mais comme façon de combattre l'EIIS, la campagne de bombardement a eu au moins l'avantage de proposer des actions spécifiques pour atteindre un objectif clair — l’arrêt de l’expansion de ce groupe —, même si je continue de penser que cette tactique a échoué, car nous avons peu de preuves qui montrent qu’elle ait réussi à empêcher l'EIIS de contrôler son territoire. C’est également un échec en tant qu’objectif, car la menace posée par l'EIIS existera toujours, même si son expansion est ralentie.
La solution d'une mission de formation élargie proposée par le nouveau gouvernement pour rendre les forces locales plus efficaces dans la lutte contre l'EIIS semble pour le moins mal pensée. Elle suppose que nous pouvons atteindre l'objectif d'éliminer la menace que représente ce groupe avec une tactique qui, au mieux, prendra des années. Je sais de ma propre expérience professionnelle en Afghanistan à quel point il est difficile d'essayer de créer des forces de sécurité locales viables pour lutter contre un mouvement insurrectionnel.
Je suis allé en Afghanistan en 2001 comme chercheur en matière de maintien de l’ordre pour une grande organisation internationale des droits de la personne après avoir déjà travaillé dans les zones de conflit au Nicaragua, au Timor-Oriental, aux Philippines et dans la province d’Ambon en Indonésie. Mon travail dans ces zones de conflit m’a appris des leçons parfois cruciales, y compris l'improbabilité d’un succès quand il y a inadéquation entre les ressources disponibles et l’importance du défi et quand ceux qui sont formés ne comprennent ni ne partagent les objectifs de leurs formateurs. Dans mon cas, il me semblait particulièrement futile de parler à la police de l'importance de la collecte des preuves et de la bonne tenue de dossiers lorsque cette police ne disposait pas de papier ou de stylos ni même d’une copie du code pénal et dont les agents ne savaient souvent ni lire ni écrire.
J’ai aussi appris d’expérience que les formateurs peuvent devenir des cibles. En effet, des bombes ont été placées à l’extérieur de l’enceinte de notre organisation à Kaboul, et notre mission a dû quitter brusquement Mazar-e-Charif dans le Nord parce que notre chauffeur et traducteur local avait reçu des menaces de mort.
J’ai donc beaucoup de questions au sujet de la mission de formation proposée par les libéraux.
Quelles ressources le gouvernement est-il prêt à consacrer à cette mission? En Afghanistan, le Canada a fini par avoir plus de 2 000 formateurs sur le terrain, en plus de toute une organisation de soutien logistique. Lorsque le a fait allusion à des milliers de formateurs, faut-il l’interpréter comme l’orientation que nous allons suivre en Irak?
Même si la formation ne comporte pas forcément des opérations à l’extérieur du périmètre de sécurité, comme celle qui a tragiquement coûté la vie au sergent Doiron en Irak le 6 mars 2015, 2 000 ou 3 000 Canadiens sur place ne vont-ils pas représenter autant de cibles tentantes pour le groupe État islamique? En nous efforçant de protéger les formateurs et leurs organisations de soutien logistique, ne risquons-nous pas inévitablement de devoir envoyer des troupes sur le terrain?
Je voudrais demander également au gouvernement quels sont les objectifs de cette mission de formation. Si former les habitants à lutter contre le groupe État islamique peut être utile en soi, il demeure que c’est une tactique plutôt qu'un objectif. Comment cette formation réussira-t-elle dans les faits à atteindre l'objectif d’affaiblir le groupe État islamique à court terme? Nous savons tous que la formation des forces de sécurité en Afghanistan a été extrêmement lente malgré les excellentes compétences et le dévouement des Forces canadiennes qui y étaient déployées.
Le député de nous a rappelé tout à l’heure le malheureux incident qui s’est produit en Afghanistan hier, où les forces de sécurité locales, malgré des années de formation et tout l'équipement fourni par les pays occidentaux, ont été incapables d’empêcher les talibans d’occuper temporairement l’aéroport, ce qui s’est soldé par une cinquantaine de morts. Par conséquent, cette mission de formation doit tenir compte du fait que les résultats ne se verront qu'à long terme.
L'engagement des libéraux à l’égard d’une mission de formation élargie soulève également d'autres questions qui m’écartent un peu des thèmes de la motion d'aujourd'hui, mais je dois dire que je crains que les libéraux, comme les conservateurs avant eux, semblent insinuer que les Forces canadiennes peuvent assumer des responsabilités supplémentaires sans une augmentation du financement correspondant.
Je me demande si les Forces canadiennes, ayant déjà dû absorber les coûts de la mission de bombardement sous les conservateurs sans fonds supplémentaires, pourront absorber les coûts d'une autre mission d’envergure sans que ce soit au détriment du reste de leurs fonctions. Les propos des libéraux préconisant une réduction des forces militaires pendant la campagne et encore maintenant, avant même que l’examen promis de notre stratégie de défense soit achevé et alors que nous sommes sur le point d’assumer de nouvelles responsabilités en Irak, me semblent inconsidérés.
Que préconisent les néo-démocrates si ce n’est ni l'option conservatrice de bombarder toujours davantage, ni l'option libérale qui consiste à mettre davantage l'accent sur la formation? Nous croyons que le Canada a besoin d’une stratégie fondée sur une compréhension claire de la nature du groupe État islamique. Nous aurions beaucoup à apprendre d’un article publié en mars de cette année dans The Atlantic par Graeme Wood. Cet article porte sur l’idéologie millénaire du groupe État islamique, qui attend avec impatience une prochaine grande confrontation militaire avec l'Occident, ce qui marquera le début de la fin des temps. Nous devons comprendre la mentalité des gens qui sont guidés par une telle idéologie et prendre au sérieux que le fait de la confronter ouvertement par les armes peut en fait nourrir ses mythes et alimenter son recrutement. Malgré tout ce que l’on a dit sur les avantages des bombardements, nous savons qu'ils ont contribué au ralliement de combattants étrangers à la cause de ce groupe.
Ainsi, Graeme Wood fait remarquer que la légitimité du groupe État islamique en tant que califat et, par conséquent, sa capacité à susciter la loyauté de ses partisans et à attirer des combattants étrangers lui viennent du contrôle qu’il réussit à exercer sur le territoire. S’il échoue en tant qu’État, il perdra le mandat qui lui a été conféré par la prophétie qui lui est si chère.
Si ces deux propositions sont vraies, que le groupe État islamique veut peut-être effectivement qu’on le combatte militairement et que sa capacité à contrôler le territoire est ce qui est essentiel pour lui attirer du soutien — et il me semble évident que c’est le cas —, la meilleure stratégie pour éliminer la menace qu'il pose serait de le priver de la légitimité qu’il a lui-même définie tout en le contenant. C’est exactement ce type de stratégie que le Conseil de sécurité des Nations unies a demandé dans ses résolutions 2170 et 2199.
Le Canada pourrait être un chef de file non seulement pour répondre aux terribles besoins humanitaires créés par le conflit dans la région, comme nous le faisons en accueillant des réfugiés syriens au Canada, mais également pour mettre en place une stratégie visant à priver le groupe État islamique de l'oxygène dont il a besoin pour survivre. Le Canada peut et doit être au premier rang des efforts mondiaux visant à couper les vivres au groupe État islamique, son financement, le flux d’armes et le flux de combattants étrangers.
Le 15 août 2014, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté la résolution 2170, qui prévoit un plan d'action clair invitant la communauté internationale à endiguer le flux des combattants étrangers et le financement des actes terroristes. Le 12 février 2015, la résolution 2199 a été adoptée à l'unanimité par le Conseil de sécurité. Cette résolution donne expressément des instructions aux États membres pour qu’ils agissent afin de contrer la contrebande de pétrole et de produits pétroliers, afin que les institutions financières empêchent le groupe État islamique d'accéder au système financier international, et afin d’empêcher le transfert d'armes à son profit. Ces deux résolutions énoncent exactement le genre de leadership que le Canada devrait exercer dans la lutte contre cette menace à la paix et à la sécurité mondiales.
S’agissant de son financement, le groupe État islamique continue apparemment de gagner jusqu'à 3 millions de dollars par jour de la vente de pétrole sur le marché noir dans la région. Cela doit cesser si nous voulons avoir une chance de le vaincre. Le Canada pourrait jouer un rôle de premier plan en recensant les voies par lesquelles le pétrole du groupe État islamique pénètre dans les marchés régionaux et en mettant fin à ces ventes. De plus, des sources extérieures continuent de financer largement le groupe État islamique. Nous devons les rechercher et y mettre fin, même au risque de créer une situation embarrassante pour certains pays de la région qui sont des alliés ou des partenaires commerciaux du Canada.
Mettons de la pression sur les établissements financiers internationaux par lesquels transite l'argent du groupe État islamique. Lorsqu'il n'aura plus d'argent pour gouverner les territoires sous son emprise ou pour payer ses combattants, nous serons en train de réellement l'affaiblir.
Dans le dossier du commerce des armes, le Canada est loin d'avoir joué un rôle de chef de file. Pendant que les conservateurs étaient au pouvoir, le Canada s'est même retrouvé en queue de peloton. En 2013, le Traité sur le commerce des armes a été adopté par l'Assemblée générale des Nations unies. Il comporte des mécanismes concrets pour que les armes ne se retrouvent pas entre les mains de ceux qui pourraient les utiliser pour commettre des crimes de guerre, violer les droits de la personne ou se livrer à des activités criminelles organisées; entre les mains du groupe État islamique, par exemple.
Le Canada est le seul pays de l'OTAN ayant refusé de signer le Traité sur le commerce des armes. Le nouveau gouvernement doit s'empresser de le signer et de le faire ratifier, puis de se comporter en chef de file en s'assurant que les dispositions de ce traité sont appliquées.
Dans le dossier des combattants étrangers, le Canada a une fois de plus omis de prendre des mesures suffisantes. Au cours des deux dernières années, des collectivités d'un peu partout au Canada ont demandé au gouvernement fédéral de collaborer avec lui pour mettre en oeuvre des stratégies visant à protéger les jeunes contre les techniques sophistiquées de recrutement du groupe État islamique. Les conservateurs n'ont jamais mis en oeuvre une seule mesure efficace contre le problème de la radicalisation au Canada, et le nouveau gouvernement libéral n'a pas fait de cette question une priorité dans le discours du Trône.
Rien dans ces mesures ne laisse entendre que le Canada évite un affrontement avec le groupe État islamique. En fait, certaines de ces mesures pourraient immanquablement exiger le recours à la force militaire, peut-être par l'envoi des Forces canadiennes aux frontières pour empêcher les exportations de pétrole ou pour intercepter les expéditions d'armes. Il faudra sans doute une force militaire canadienne robuste, dotée des outils nécessaires pour accomplir ce travail.
Aucune de ces stratégies ne signifie un engagement moindre de ressources, comparativement aux centaines de millions de dollars qui ont déjà été dépensés pour les bombardements. Toutes ces stratégies permettraient de priver le groupe État islamique de l'oxygène dont il a besoin pour survivre, et ce serait plus efficace que les solutions de rechange proposées par les conservateurs dans leur motion d'aujourd'hui ou par les libéraux qui proposent, en réponse, une mission de formation vaguement définie.
Notre stratégie ferait appel à l'esprit d'initiative, d'innovation et de collaboration pour lequel le Canada a toujours été réputé sur la scène mondiale. Alors, quand on entend le gouvernement dire que le Canada est de retour, il ne faut pas perdre de vue cet aspect. Nous devons rétablir notre position de chef de file mondial, c'est-à-dire donner l'exemple au reste du monde, et contrer collectivement les menaces comme le groupe État islamique. Nous devons respecter le travail qui a été accompli au sein du Conseil de sécurité des Nations unies par nos alliés, ceux-là mêmes dont on a parlé: les États-Unis, la France et la Russie. Voilà les pays avec lesquels nous sommes appelés à collaborer dans le cadre d'une stratégie militaire, et le Conseil de sécurité a proposé les mesures précises dont nous avons besoin pour combattre efficacement le groupe État islamique.
Ce qui semble faire défaut ici, et ce, depuis 10 ans, et même à l'heure actuelle, c'est un gouvernement qui a une vision d'avenir et qui est déterminé à relever le défi. Nous savons que les Canadiens, aussi bien les membres des Forces canadiennes que les citoyens ordinaires partout au pays, sont prêts à relever ce défi.
Je le répète, nous avons besoin d'un gouvernement qui interviendra en prenant des mesures qui, nous le savons, seraient beaucoup plus efficaces pour affaiblir et vaincre le groupe État islamique. Nous devons comprendre la nature des enjeux et élaborer une stratégie qui tient compte de la réalité, sans quoi nous avons peu de chances d'éliminer cette menace à la paix et à la sécurité mondiales.
:
Madame la Présidente, je tiens à vous féliciter pour votre nomination à votre nouveau poste.
J'aimerais commencer en remerciant les habitants de Niagara Falls, de Niagara-on-the-Lake et de Fort Erie pour la confiance qu'ils m'ont témoignée. Je leur en suis très reconnaissant. Sur le plan démographique, je représente la plus importante circonscription au Canada. La circonscription de Niagara Falls a été créée en 1952, l'année de ma naissance, et c'est un privilège que d'y avoir été élu pour une septième fois.
Je remercie les habitants de Niagara Falls ainsi que ma famille pour leur appui indéfectible, tout particulièrement mon épouse, Arlene Nicholson. J'ai dit à plein de gens au fil des ans de ne pas entamer une carrière en politique s'ils n'ont pas l'appui de leur époux ou épouse. L'appui de l'époux ou épouse est essentiel, et je suis heureux d'avoir pu compter sur l'appui de ma propre épouse au cours des années. Je lui en suis très reconnaissant.
Je tiens également à remercier tous les gens qui ont travaillé si fort pour que je sois réélu. Je serai éternellement reconnaissant à Ron Gibson et à tous ceux qui ont travaillé avec lui.
Nous sommes ici pour discuter de la motion présentée par les conservateurs. Je crois que la plupart des gens se demandent ce que font les libéraux. Que sont-ils en train de préparer? Quelles sont leurs intentions?
Il est extrêmement désolant que les libéraux envisagent de mettre fin à la mission de combat de l'Aviation royale canadienne, et les raisons qu'ils donnent semblent aller dans tous les sens. Je peux comprendre que le NPD s'oppose à une mission de combat puisque cela fait partie de son idéologie: le NPD s'oppose depuis toujours aux missions de combat, de même qu'aux guerres. Sa position ne m'étonne donc pas. Par contre, j'ai du mal à comprendre celle du Parti libéral.
Le a dit ne pas vouloir donner de la publicité au groupe État islamique, mais il faut que le monde entier soit informé des actes de terrorisme de ce groupe. Il faut mettre fin à ses activités, comme l'a souligné ma collègue de Surrey. Cet objectif doit mobiliser le monde entier. Je ne vois pas pourquoi il faudrait arrêter d'en parler ou l'oublier, car le problème ne se résoudra pas de lui-même.
Je suis un peu confus, mais certains indices pourraient éventuellement nous aider à comprendre ce qui motive la position des libéraux. Voici ce que le député libéral de a dit plus tôt aujourd'hui:
[Français]
Mathématiquement parlant, l'efficacité de la participation de nos CF-18 représente moins de 2 %, mais un coût très élevé. De plus, nous risquons la vie de nos pilotes.
[Traduction]
Tout d'abord, nous ne devrions pas nous retirer simplement parce que les coûts augmentent. Nous devrions tous nous entendre là-dessus. Le fait que notre participation pose des risques pour nos pilotes n'est pas non plus un argument valable. L'Aviation royale canadienne s'emploie à prendre des risques depuis sa création. Le Canada s'est toujours fait un devoir de défendre le bien dans le monde. Bien sûr, l'entreprise est risquée, mais si c'est ce qui motive la décision des libéraux, ceux-ci commettent une erreur gravissime.
Comme nous avons pu le constater récemment, le terrorisme ne cesse de prendre de l'ampleur et ses manifestations, de se multiplier.
Madame la Présidente, je vous signale que j'ai l'honneur de partager mon temps de parole avec le député de .
Pour la gouverne de mes collègues, je vais citer les propos du premier ministre David Cameron:
[...] nous ne devrions pas nous contenter de confier notre sécurité à nos alliés. Si nous croyons qu'une intervention peut contribuer à notre protection, il faut y prendre part avec nos alliés plutôt que de rester à l'écart [...] si nous n'agissons pas maintenant, alors que la France, notre amie et alliée, a été attaquée de telle façon, qui pourra blâmer nos alliés internationaux de demander: « Si on n'agit pas maintenant, quand le fera-t-on? »
Quand conviendra-t-il que le Canada intervienne, si ce n'est pas maintenant? Je suis du même avis que le premier ministre de la Grande-Bretagne. C'est exactement ce que nous devrions faire.
Un député a soulevé la question de l'efficacité des frappes aériennes auxquelles le Canada a pris part. La coalition a demandé la participation du Canada et l'a accueillie favorablement dès le début. Le gouvernement des États-Unis, notre allié, a été très reconnaissant que nous ayons répondu à l'appel. Ce sont les échos que je recevais constamment lorsque j'occupais les postes de ministre de la Défense et de ministre des Affaires étrangères du Canada.
Lorsque j'étais ministre de la Défense ou des Affaires étrangères, j'ai entendu à maintes reprises des dirigeants du monde entier dire qu'ils étaient reconnaissants de ce que le Canada faisait. Par exemple, j'ai eu l'occasion de me rendre en Irak plus tôt cette année, où j'ai rencontré des gens qui m'ont dit que le Canada contribue grandement à améliorer la situation.
Lorsque j'étais dans la région du Kurdistan irakien, j'ai eu l'occasion de visiter un camp de personnes déplacées à l'intérieur du pays. Je voulais voir cela. La première chose que j'ai remarquée, c'est la présence de médecins, de personnel infirmier et de pharmaciens canadiens qui venaient en aide aux personnes dans le camp. Je sais que certains députés soutiendront que c'est tout ce que nous devrions faire, que cette aide humanitaire est formidable, et c'est vrai qu'elle est extraordinaire. J'ai d'ailleurs eu l'occasion de féliciter et de remercier ces gens de l'aide qu'ils apportent, mais ce sont nos frappes aériennes qui ont contribué à rendre cette aide possible.
C'est ce que m'ont dit le premier ministre de l'Irak, le ministre des Affaires étrangères et tous les représentants du gouvernement irakien. Les représentants du Kurdistan m'ont dit la même chose. Ils ont affirmé que ces frappes aériennes leur permettaient de conserver le territoire qu'ils occupaient à l'époque et de progresser dans leurs efforts pour éradiquer l'EIIS. Ils ont été très clairs à ce sujet. Ils ont indiqué que les Irakiens étaient ceux qui devaient intervenir au sol afin de chasser le groupe État islamique et de gagner cette bataille. Cependant, ils ont affirmé très clairement que les frappes aériennes les aidaient à atteindre cet objectif.
J'ai assisté à une conférence avec le premier ministre de l'Irak, entre autres, et, après cette conférence, un journaliste m'a demandé si j'avais entendu dire que le Canada n'en faisait pas assez. J'ai répondu au journaliste que j'avais entendu tout le contraire. Je lui ai signalé que je venais de parler au premier ministre de l'Irak et qu'il m'avait demandé de remercier les Canadiens et de leur dire que nous ce que nous faisions dans son pays améliorait les choses.
Les frappes aériennes font partie intégrante de la lutte contre le groupe État islamique, et elles sont parfaitement conformes aux façons de faire traditionnelles de notre pays. Nous ne sommes pas un pays qui reste sur la touche. Nous sommes réputés pour toujours faire plus que notre part.
Après une réunion avec les autorités et les ministres néerlandais, j’ai dit à mon personnel qu’à la façon dont ces derniers remerciaient les Canadiens d’être intervenus au moment où ils avaient le plus besoin d’aide, on se serait cru sept mois, et non 70 ans, après la libération des Pays-Bas par le Canada.
C’est ce qui arrive en ce moment en Irak et en Syrie. Ils ont besoin d’aide maintenant, et j’ai été très fier que le Canada soit de nouveau monté au créneau pour défendre, comme il l’a toujours fait, les valeurs qu’il a toujours soutenues par le passé. Nous appuyons les membres des Forces armées canadiennes. Certes, il y a un défi à relever, certes, il a y a des risques, mais je sais que nous sommes à la hauteur de la tâche et que nous devons l’appuyer. Tout le monde à la Chambre devrait appuyer cette motion, parce que c’est la bonne chose à faire.
:
Madame la Présidente, je suis le débat d'aujourd'hui avec grand intérêt et c'est pour moi un grand honneur de pouvoir également y participer.
J'aimerais faire valoir les trois arguments qui, selon moi, justifient pourquoi la motion devrait être adoptée et pourquoi notre participation à la mission est d'une importance particulière. Premièrement, nous avons l'obligation morale de protéger les personnes vulnérables. Deuxièmement, le maintien de nos engagements à l'égard de notre sécurité collective est essentiel à notre sécurité. Troisièmement, le bombardement de Daech fait partie intégrante de nos efforts de lutte contre la radicalisation. Je vais consacrer quelques minutes à chacun de ces arguments dans le temps dont je dispose.
En premier lieu, nous avons l'obligation morale de participer à la mission de bombardement afin de protéger les personnes vulnérables. J'ai développé ma pensée à ce sujet dans mon premier discours, mais j'aimerais y revenir un peu avant de passer aux autres points.
Ce qui se passe actuellement en Syrie et en Irak tient carrément du génocide. De ce côté-ci de la Chambre, nous utilisons ce mot, et les autres partis ne nous en tiennent certainement pas rigueur. Aucun génocide n'a été aussi flagrant, aussi indéniable. Même les nazis n'ont jamais diffusé leurs atrocités à la télévision. Dans le cas des atrocités du passé, bon nombre d'entre nous pourraient dire que si nous avions su ce qui se passait, nous aurions pu en faire plus. Nous ne pouvons pas dire cela dans le cas présent. Nous savons tous ce qui se passe en Syrie et en Irak. Nous ne pouvons pas le nier. Inutile d'avoir vu les vidéos pour savoir qu'elles existent.
J'entends très bien ce que disent les autres députés. Ils disent que nous devrions peut-être aider les personnes vulnérables, mais d'une manière différente. J'ai du mal à prendre ces arguments au sérieux parce qu'ils ne semblent pas tenir compte de l'urgence du problème. Il est possible de sensibiliser les gens pour les amener à reconnaître la violence. Il est possible de les former pour les amener à y faire face. Cependant, si nous voulons éliminer la violence actuelle, nous devons aussi participer au combat. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a rien d'autre à faire pour apporter simultanément une contribution positive.
Les députés de ce côté-ci préconisent une approche à plusieurs volets. Nous sommes favorables à ce que le Canada participe aux mesures d'éducation, d'aide humanitaire, d'entraînement et de combat. Le fait de préconiser seulement des mesures à long terme visant à pacifier et à stabiliser la région revient pour moi à vouloir renforcer les serrures alors que les voleurs ont déjà pénétré dans la maison. Mettons d'abord fin à la violence et protégeons les innocents; ensuite, prenons les autres mesures qui s'imposent. Toutefois, la menace est imminente. Une campagne de violence génocidaire sévit actuellement, et nous ne la contrerons pas seulement avec des paroles et des programmes sociaux. Il faut faire quelque chose et agir dès maintenant. Nous devons protéger les innocents. Il faut mettre tout en oeuvre pour mettre fin à la violence. Nous avons le devoir moral de protéger les personnes vulnérables.
Deuxièmement, j'aimerais dire qu'il faut respecter notre engagement à l'égard de la sécurité collective parce c'est essentiel pour notre propre sécurité. Le parti d'en face nous dit qu'il a promis, lors de la dernière campagne électorale, de se retirer de la mission de combat contre Daech, mais il se rend certainement compte que la situation a changé depuis les attentats de Paris. Le Canada et la France sont signataires du traité de l'OTAN. L'article 5 de ce traité dit clairement que s'attaquer à un allié de l'OTAN, c'est s'attaquer à l'ensemble des pays membres.
Même sans l'invocation formelle de l'article 5, il demeure capital que les membres de l'OTAN fassent front commun. La Russie et d'autres puissances ont déjà mis à l'épreuve l'alliance de l'OTAN. Lorsque surviendront des événements comme les attentats à Paris, la Russie et d'autres pays observeront notre réaction. Il est primordial pour la sécurité mondiale, et pour notre propre sécurité, que les pays membres de l'OTAN se lèvent et répliquent ensemble à un acte de guerre contre un des leurs. Une réplique forte de l'OTAN montrerait notre détermination, découragerait les comportements agressifs d'autres acteurs et assurerait la sécurité de notre population. Ne pas réagir aurait les effets contraires.
Le Canada a déjà essuyé une attaque, ici même en cet édifice, une attaque perpétrée par des terroristes inspirés par Daech. Toutefois, que se passera-t-il si nous sommes la cible d'une attaque plus coordonnée et que, invoquant nos engagements collectifs à l'égard de la sécurité, nous demandons à nos alliés de l'OTAN de participer à la réplique? Que vont-ils nous répondre? Vont-ils répondre qu'ils vont nous envoyer des couvertures et nous offrir de la formation derrière les lignes? J'espère que non. La sécurité collective est importante. C'est notre pierre d'assise. C'est notre manière de nous protéger dans un contexte où nous n'avons pas la capacité de nous opposer seuls aux grandes puissances les plus agressives de ce monde. Outre les autres raisons déjà données, en participant aux frappes, nous montrons que nous prenons la sécurité collective au sérieux. J'ai dit que nous avions l'obligation morale de protéger les personnes vulnérables et que le maintien de nos engagements à égard de la sécurité collective est capital pour notre propre sécurité.
Pour terminer, j'expliquerai pourquoi le bombardement de Daech est nécessaire à la lutte contre la radicalisation. D'autres députés ont beaucoup à dire à ce sujet. Chose étrange, nous les entendons pourtant rarement définir la radicalisation à laquelle nous faisons face. Avant de parler de déradicalisation, nous devons bien comprendre le genre de radicalisation avec laquelle nous sommes aux prises.
Soyons clairs: Daech est une organisation profondément idéologique. Elle est brutale, violente et mauvaise. Cela dit, nous ne devons pas en déduire qu'elle est irréfléchie. Ses membres pensent à la façon de mettre en place une version de l'Islam très singulière et — la plupart des gens en conviendraient — très malavisée. Peu importe comment nous l'appelons, Daech est un groupe religieux qui a des croyances particulières que nous ferions mieux de comprendre si la déradicalisation nous tient à coeur.
Daech essaie de recréer un califat imaginaire du XIIIe siècle, un califat qui applique une conception particulière de la loi islamique et qui a nécessairement des besoins très précis pour assurer son existence. Un califat est un type d'organisation religieuse qui, selon différentes formes de pensées politiques islamiques, exerce un contrôle à la fois religieux et politique. Il est plus précisément gouverné par un calife, que l'on considère comme le successeur du prophète Mahomet. De nombreux musulmans trouvent le concept de califat dans leur histoire. Divers califats ont laissé différents héritages. La plupart, bien sûr, ne ressemblaient en rien à Daech, le prétendu État islamique.
Le dernier califat, le califat turc ottoman, était établi à Istanbul. Il a disparu en 1924 lorsque Kemal Atatürk y a mis fin en faisant de la Turquie un État laïc. Pour de nombreux musulmans, dont beaucoup n'appuient pas Daech, l'existence d'un califat est théologiquement très importante, et ils espèrent qu'il y en aura éventuellement un nouveau.
Daech constitue la tentative la plus sérieuse de ressusciter un califat depuis près de 100 ans. L'école de pensée dont Daech fait partie définirait un certain nombre de conditions essentielles à l'existence d'un califat.
Premièrement, pour être calife, il faut être un musulman adulte de sexe masculin affilié aux Quraychites, la tribu arabe à laquelle appartenait Mahomet. Deuxièmement, le calife doit être vertueux. Évidemment, nombreux sont ceux qui contesteraient que l'actuel calife autoproclamé, al-Baghdadi, satisfait à ces critères, et bien des théologiens musulmans soutiennent de façon convaincante que son comportement est immoral et contraire aux valeurs de l'islam. Pour ses adeptes, cependant, il répond aux conditions. Il fait bel et bien partie des Quraychites. De toute façon, nous ne pouvons pas faire grand-chose pour convaincre quiconque qu'il ne satisfait ni à la première ni à la deuxième condition. Troisièmement, et c'est peut-être là l'exigence la plus importante pour un calife, il doit avoir le pouvoir. Quelqu'un qui répond aux deux premières conditions, mais n'a ni armée ni territoire ne peut pas devenir calife tant qu'il n'acquiert pas de territoire.
La Chambre doit comprendre que Daech cherche à imposer cette idée folle. Ses membres ne sont pas simplement des brutes sanguinaires: ce sont des brutes sanguinaires qui agissent dans un dessein religieux précis.
Cette histoire est importante pour notre motion d'aujourd'hui parce que le plus important, pour empêcher la radicalisation, est de priver Daech de son territoire. Sans son territoire, il cessera d'être un califat même aux yeux de ses adeptes. Nous devons détruire cette chimère et montrer aux hommes et aux femmes susceptibles de succomber aux arguments des radicaux qu'il n'y a plus vraiment de califat qui tienne. Nous devons nous atteler à la tâche et, franchement, nous devons le faire sans tarder. Plus le prétendu califat existera longtemps, plus ses ardents promoteurs seront convaincants.
Daech n'est pas Al-Qaïda, une organisation paramilitaire qui espère, au mieux, paver la voie à l'apparition d'un califat. Al-Qaïda n'a jamais eu des ambitions s'approchant de celles de Daech. Daech est profondément diabolique dans ses ambitions. Il a comme objectif de s'implanter en permanence, et nous ne pouvons à peine imaginer quel avenir infernal nous attend si nous ne mettons pas fin à cette folie dès maintenant.
J'ai deux jeunes enfants. Je veux pouvoir leur dire que nous avons fait ce qu'il fallait et que nous n'avons pas légué ce problème aux générations à venir. Nous avons une obligation morale de protéger les gens vulnérables. Maintenir notre engagement collectif en matière de sécurité est crucial pour assurer notre propre sécurité. Bombarder, vaincre et détruire Daech est l'étape nécessaire pour lutter efficacement contre la radicalisation.
:
Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
Je prends la parole au sujet de la motion des conservateurs qui dit ceci:
Que, étant donné que l’État islamique a revendiqué les récents attentats survenus à Paris, à Beyrouth et en Afrique, et qu’il a déclaré la guerre au Canada, la Chambre: a) reconnaisse que le moment est mal choisi pour le Canada de se retirer de la mission de combat et de contraindre ses alliés à assumer un fardeau plus lourd [...]
Nous sommes contre la motion parce qu'elle repose sur une fausse prémisse.
Tout d'abord, je rappelle que le gouvernement fédéral est tout à fait conscient que le groupe État islamique, ou Daech, puisque c'est son nom, représente une menace grave et concrète pour la sécurité. Le gouvernement est d'avis que le Canada a un rôle à jouer dans les efforts déployés à l'échelle internationale pour lutter contre le groupe État islamique. Le gouvernement libéral ne se dérobe pas à ses responsabilités dans la lutte contre les groupes terroristes. Au contraire, le gouvernement libéral sait qu'il a l'obligation de veiller sur la liberté et la sécurité des Canadiens. Voilà pourquoi il adopte une approche très éclairée.
Comme les faits récents le démontrent, les bombardements ne suffisent pas à vaincre des groupes terroristes comme Daech, ou groupe État islamique, comme on l'appelle. Nous savons que la victoire reposera sur des forces locales très bien formées et bien équipées. C'est une stratégie sensée. Pourquoi? Parce que les forces locales ont les connaissances linguistiques et culturelles nécessaires pour comprendre comment lutter contre ce groupe de rebelles terroristes et parce qu'elles ont été victimes des horreurs qu'il commet.
Le groupe État islamique inflige en effet des horreurs aux habitants des régions où il mène ses activités, car ce n'est pas un groupe religieux. À titre de musulmane, c'est avec fierté que je déclare qu'il s'agit d'un groupe de rebelles terroristes. Ces terroristes n'ont rien à voir avec l'islam, mais en reconnaissant leur objectif d'un État islamique, nous leur accordons une crédibilité qu'ils ne méritent pas.
Examinons les gestes posés par les conservateurs. Le 7 octobre 2014, l'ancien gouvernement conservateur a fait adopter à la Chambre une motion voulant que le Canada se joigne pour six mois à une coalition menant une mission aérienne contre le groupe État islamique. En avril 2015, la Chambre a adopté une motion qui reconduisait la motion pour un an et qui étendait les frappes aériennes à la Syrie.
Les libéraux n'ont pas appuyé les efforts du précédent gouvernement conservateur parce qu'ils n'attaquent pas les gens sans discernement. En agissant ainsi, nous avons créé un intérêt chez des personnes qui ne comprennent pas vraiment en quoi consiste le groupe État islamique. Comme j'ai constaté avec horreur les dégâts causés par les bombardements dans des villes en Syrie, en Irak et dans les régions avoisinantes et comme je suis allée au Moyen-Orient à maintes occasions, je ne peux qu'imaginer la douleur et la peur qu'éprouvent les populations de ces régions. Daech attaque plus de musulmans que n'importe quelle autre communauté.
Il s'agit essentiellement d'un groupe militant sunnite ayant pour objectif la création d'un État que les gens ne comprennent pas. Un califat n'est qu'un nom attribué aux quatre premiers califes Rashidun. Ceux qui ne connaissent pas l'histoire de l'islam choisissent d'aborder le problème sans avoir de connaissances du sujet. Je crois qu'il est grand temps que nous, les Canadiens, comprenions qu'il ne s'agit pas d'un conflit entre civilisations. C'est pour des raisons d'ignorance que nous ne sommes pas en mesure de prendre la bonne décision.
Je crois que le gouvernement libéral a adopté une approche judicieuse. Il met fin aux frappes aériennes et il aide à accroître la capacité au sol. C'est la façon intelligente de procéder, parce que les forces sur le terrain sont au courant des subtilités. Elles sont au courant de ce qui se passe sur le terrain. Elles ont aussi des connaissances et disposent du meilleur réseau pour déterminer d'où vient l'information. Ce n'est pas notre cas.
Il est préférable que nous aidions ces gens. Il s'agit d'une décision intelligente. Nos militaires ont des années d'expérience de combat et de formation dans des endroits comme l'Afghanistan. Le sait très bien ce qui se passe là-bas. Nous contribuerons grandement à ce que les forces locales irakiennes et kurdes soient bien préparées pour vaincre le groupe État islamique une fois pour toutes.
Le gouvernement ne s'est jamais opposé au déploiement des forces armées dans le cadre d'opérations de combat, lorsque cela sert clairement l'intérêt national. Nous croyons que l'engagement du Canada à transformer notre mission en mission sans combat axée sur l'instruction et l'aide humanitaire constitue une meilleure approche.
Des jeunes de différentes parties du monde se laissent séduire par l'EIIL. Pourquoi? C'est parce qu'il propage l'idée que l'Occident attaque leur pays et leur religion, ce qui est loin d'être la vérité. En continuant de les attaquer unilatéralement, ou plutôt sans penser aux dommages collatéraux, nous jouons en réalité le jeu que le groupe État islamique veut que nous jouions. Il souhaite faire croire à ces jeunes qu'il existe un conflit entre les civilisations, mais c'est complètement faux. Ce conflit est inexistant.
C'est ce que les Canadiens et les pays occidentaux doivent comprendre. En menant des attaques sans discernement, nous avons provoqué un problème de sécurité plus grave. Nous avons donné à l'EIIL l'arme qu'il voulait en le laissant présenter ce conflit comme une guerre sainte, ce qu'il est loin d'être.
Je pense que la position du gouvernement consistant à montrer la voie à suivre et son intérêt à former et à équiper les forces irakiennes pour combattre et éliminer le groupe État islamique constituent une meilleure approche.
D'autres députés ont dit que nous devons arrêter les forces extérieures qui fournissent des armes et stopper le commerce illégal du pétrole sur le marché noir. Je pense que c'est une autre façon de régler le problème. J'ai travaillé avec Transparency International et l'Organisation mondiale des parlementaires contre la corruption. Endiguer le flot d'argent pour couper les vivres au groupe État islamique est l'une des meilleures armes.
:
Monsieur le Président, comme c'est la première fois que j'interviens dans cette merveilleuse Chambre, j'en profite pour remercier les gens de Kanata—Carleton d'avoir cru en moi. Je me réjouis à la perspective de pouvoir les servir à titre de députée. Je me réjouis également de pouvoir servir les anciens combattants en tant que secrétaire parlementaire du ministre des Anciens Combattants.
Je suis heureuse d'avoir l'occasion d'aborder la question de la contribution du Canada à l'effort militaire contre le groupe État islamique.
Je commencerai par dire que j'ai vraiment aimé les 31 années que j'ai passées au sein des Forces armées canadiennes. Je suis allée dans plus de 65 pays et j'ai vu la nature du travail que le Canada peut faire et le concours qu'il peut apporter. J'ai travaillé avec des personnes qui comptent parmi les plus intelligentes, les plus dévouées et les plus professionnelles au monde. J'ai participé aux opérations pendant la première guerre du Golfe et la guerre en Afghanistan. J'en ai été profondément marquée.
Quand j'ai travaillé à l'OTAN, j'ai passé quatre ans au quartier général de la force aérienne de l'organisation à Ramstein, en Allemagne. J'y ai acquis une excellente compréhension de la nécessité de mobiliser l'ensemble de la force militaire pour assurer la réussite d'une mission. J'ai passé quatre ans à la direction générale des opérations, où il nous fallait dresser la liste des compétences, des capacités, des personnes et du matériel nécessaires pour chaque mission dans laquelle l'OTAN allait s'engager. J'ai fini par bien comprendre ce qu'il fallait à chacune de ces missions pour réussir.
Une bonne partie du soutien opérationnel, comme la formation et la logistique, passe inaperçue, mais elle n'en est pas moins essentielle au succès de la mission.
[Français]
Ayant servi pendant 31 années dans les Forces canadiennes, incluant une période de service en Afghanistan et au quartier général de l'OTAN, je suis consciente de ce que les hommes et les femmes des Forces canadiennes peuvent contribuer aux missions internationales.
[Traduction]
Cette tradition n'a pas changé et, aujourd'hui, les Canadiens ont encore de quoi être extrêmement fiers de nos militaires. Ils sont bien entraînés et extrêmement dévoués et ils sont très sollicités ici et partout dans le monde. Les hommes et les femmes des Forces canadiennes ont déjà apporté une importante contribution à la lutte contre le terrorisme et contre le groupe État islamique. Ils continueront à apporter une importante contribution, aux côtés de nos alliés, dans la lutte contre le terrorisme et contre le groupe État islamique.
Aujourd'hui, les membres des Forces canadiennes sont mondialement réputés non seulement pour leur capacité de projection de force, mais aussi dans le domaine de la formation et de la logistique. Comme nous le savons tous, l'Aviation royale canadienne participe aux opérations aériennes de l'immense coalition de 60 pays, et tous les Canadiens devraient en être fiers. La guerre livrée au terrorisme et au groupe État islamique, toutefois, nécessite une approche multidimensionnelle qui permette d'affaiblir non seulement sa capacité de combat, mais aussi son commandement et son contrôle, de coordonner les chasseurs étrangers ciblant le groupe État islamique, de contrecarrer leur logistique et leur financement, de stabiliser la population et de mettre en place les conditions à long terme qui apporteront la paix, la sécurité et la prospérité, notamment par la création d'une force de sécurité permanente.
Ce n'est qu'en créant un environnement qui assure la sécurité des citoyens et des lieux que le terrorisme et le groupe État islamique seront défaits. Il doit aussi y avoir des objectifs à moyen et long termes pour assurer, dans la région, une bonne gouvernance, la stabilité, la sécurité et des possibilités économiques pour la population. Le Canada et les Forces canadiennes ont la capacité, reconnue dans le monde entier, de faire en sorte que ces objectifs soient atteints, et nous devons intensifier nos efforts dans ces domaines cruciaux. Insinuer que la formation de forces de sécurité locales chargées de protéger leur pays et leurs citoyens est moins utile que des frappes aériennes n'aide en rien nos militaires.
Les Canadiens ont souvent fourni l'entraînement et le soutien nécessaires pour mener à bien des missions dans le monde entier. Les Forces canadiennes ont offert ce genre d'entraînement sur le terrain. Elles le font depuis des années. Cela a placé le Canada dans une position unique, puisqu'il est reconnu comme un expert dans ce domaine, et cette expertise reconnue à l'échelle mondiale sera un atout essentiel pour assurer la stabilité de cette région.
Pour avoir du succès dans la région, le Canada doit tenir compte des nombreux facteurs qui contribueront à rétablir la paix à long terme, et le gouvernement sait qu'il faut avoir un plan détaillé, multidimensionnel et réfléchi qui couvre les efforts du début à la fin, et pas seulement les objectifs à court terme. Les efforts de planification et de consultation de nos alliés sont en cours.
Le Canada a une expertise de renommée mondiale qui peut contribuer à la mise en oeuvre de l'ensemble des éléments et des volets de ce plan détaillé, mais il faut également concentrer les efforts sur les prochaines étapes. Les forces irakiennes et kurdes doivent prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité dans la région afin que les gains réalisés dans le cadre de la mission de combat ne soient pas aussitôt perdus. Ces efforts vont de pair.
Les lacunes en matière de gouvernance, l'insécurité et le désespoir sont autant de facteurs qui alimentent le terrorisme, et ils ont mené à la crise humanitaire qui se déroule sous nos yeux aujourd'hui.
La protection des Canadiens est le plus important mandat de tout gouvernement. Tous les jours, au Canada, les forces combinées de la GRC et du SCRS, les services de police locaux, provinciaux et nationaux, l'Agence des services frontaliers du Canada ainsi que les Forces canadiennes protègent les intérêts de tous les Canadiens, et ils s'acquittent de leurs responsabilités avec honneur et intégrité.
J'aimerais présenter un peu d'information à la Chambre. Tous les jours, l'Agence des services frontaliers du Canada fait passer des entrevues de filtrage à environ 270 000 personnes qui entrent au Canada.
Bien entendu, le gouvernement est déterminé à ce que les Forces canadiennes continuent de participer à la lutte contre le groupe État islamique, mais il est aussi résolu à ce que la réinstallation des réfugiés qui fuient la violence et la peur se fasse en toute sécurité. Comme les députés l'ont entendu, avant d'arriver au Canada, les réfugiés doivent se soumettre à des contrôles de sécurité et à des examens médicaux rigoureux afin de garantir la sécurité des Canadiens. Bon nombre de réfugiés qui arrivent au Canada se trouvaient dans des camps de réfugiés des Nations unies depuis plusieurs années; par conséquent, ils ont déjà fait l'objet de vérifications par les Nations unies, la police de l'immigration du Canada et les responsables de la sécurité.
Il n'y a pas de raison d'avoir peur. Si l'Agence des services frontaliers du Canada peut gérer chaque jour 270 000 entrées au Canada, elle peut sans aucun doute gérer aussi cette tâche. Le Canada a le devoir de faire preuve de leadership et de générosité d'esprit en participant à la lutte contre les groupes terroristes et en accueillant ceux qui ont été chassés de leur pays.
Je fais entièrement confiance aux Forces canadiennes, qui font tout ce qu'on leur demande. Ses membres ont la capacité, la volonté, l'esprit, l'intelligence, les compétences et les talents nécessaires et ils feront tout ce qui doit être fait. Je suis très fière d'avoir servi dans les Forces canadiennes et je suis aussi très fière de dire que nous voulons trouver une solution à long terme et que ce sont là certaines des idées que nous proposons pour faire avancer les choses, non seulement à court terme, mais aussi à long terme.
:
Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui d'abord et avant tout pour remercier les citoyens de Brandon—Souris, qui m'ont conféré une fois de plus le grand honneur de les représenter en cette enceinte. C'est une grande responsabilité que d'être la voix de tant de personnes, et c'est aussi une source de fierté immense que de pouvoir appeler l'Ouest du Manitoba son chez-soi.
Je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Aujourd'hui, la Chambre débat une fois de plus de la réponse de notre pays terrorisme qui sévit dans l'État islamique de l'Irak et de la Syrie. Avant de commencer, j'aimerais rendre hommage aux hommes et aux femmes courageux des Forces armées canadiennes qui portent l'uniforme de notre pays et qui protègent le Canada. Non seulement le 1er régiment de la Royal Canadian Horse Artillery, et le 2e Battaillon du Princess Patricia's Canadian Light Infantry s'entraînent à la base des Forces canadiennes Shilo, située à Brandon—Souris, mais ces militaires sont nos amis et des membres de nos familles. Ils sont nos voisins, nos collègues, et nous sommes privilégiés qu'ils fassent partie de notre collectivité élargie. Leurs actes et leur courage au combat contribuent à leurs exploits personnels et à la haute distinction du Canada. Ils sacrifient tant pour défendre nos libertés et affranchir d'innombrables gens dans le monde.
En ce moment, alors que nous débattons de cette motion, ils servent notre pays et défendent les valeurs canadiennes ici et à l'étranger, comme ils l'ont toujours fait. C'est parce que je pense à eux et à tous les hommes et les femmes qui servent en Irak, en Syrie et au Moyen-Orient que je parle avec autant de conviction et de confiance de leur capacité à lutter contre le mal qui réduit à l'esclavage les femmes et les enfants et lave le cerveau de millions de personnes partout dans le monde avec son idéologie tordue et perverse. C'est vraiment dommage que le nouveau gouvernement libéral refuse qu'on débatte au Parlement des changements proposés à la mission en Irak et en Syrie.
Au cours des dernières années, grâce à l'ouverture des conservateurs, tous les députés avaient leur mot à dire sur les activités des Forces armées canadiennes en sol étranger. Bien que, par le passé, les représentants des Canadiens aient pu débattre du bien-fondé de tels déploiements, on semble malheureusement avoir mis fin à cette pratique. Si le Parti conservateur n'avait pas présenté la question à la Chambre aujourd'hui, on n'aurait jamais parlé de la participation du Canada à la lutte contre le groupe État islamique.
Chers collègues, nous devons tous admettre que, peu importe notre position en la matière, cette question cruciale mérite de faire l'objet d'un débat. Je suis donc heureux que le Parti conservateur ait pris l'initiative à cet égard. Ce débat porte avant tout sur le rôle du Canada: devrions-nous continuer d'être solidaires de nos alliés et avons-nous la responsabilité morale de partager les tâches les plus difficiles? Comme on l'a déjà dit, le Canada n'a jamais eu l'habitude de se défiler devant ses responsabilités. Il n'a jamais eu l'habitude non plus de tourner le dos à ses alliés et de se contenter des tâches les plus louables.
Alors que les Américains, les Français, les Britanniques et d'autres alliés ont pris la décision qui s'imposait, c'est-à-dire combattre le groupe État islamique, et que, plus que tout, ils risquent leur vie au nom de la liberté de millions de personnes, le nouveau gouvernement libéral, sous la direction du nouveau , a décidé qu'il ne lui incombait plus de participer aux efforts visant à freiner et à affaiblir le groupe État islamique avec l'aide de nos chasseurs CF-18.
Alors que des millions de personnes ont été déplacées et séparées de leur famille, le nouveau gouvernement libéral a décidé de faire marche arrière. Il a pris cette décision par pur opportunisme politique, au lieu de faire ce qui s'impose pour défendre et protéger ceux qui vivent sous le joug du groupe État islamique.
Les ressources de l'Aviation royale canadienne demeureront dans la région, mais le nouveau a demandé aux formidables et talentueux pilotes de chasse canadiens de revenir à la maison. Lorsque nous lui avons demandé s'il estimait les gestes commis par les terroristes suffisamment atroces pour justifier l'intervention des CF-18, le nouveau premier ministre ne nous a servi que des faux-fuyants. Même si les pilotes des CF-18 ont réussi à bombarder des postes de combat du groupe État islamique, des caches d'armes, des camps d'entraînement et des fabriques d'engins explosifs improvisés, le nouveau gouvernement libéral les a informés que leur assistance n'est plus désirée et que les 1 167 sorties effectuées jusqu'à la semaine dernière ne représentent pas un bon usage de leur temps. Essentiellement, on a dit aux pilotes que leurs efforts et leur importante contribution à la campagne de bombardements aériens de la coalition internationale étaient une erreur.
Je dirai sans équivoque, aussi fièrement et clairement que possible, que la contribution des pilotes des CF-18 a eu une réelle incidence. Grâce aux actions de ceux-ci et à leur collaboration avec les alliés, le groupe armé État islamique n'est plus en mesure d'opérer librement dans 25 % à 30 % environ du territoire irakien dont il avait auparavant le contrôle. Les pilotes ont joué un rôle important dans l'affaiblissement et la déstabilisation des positions et des opérations du groupe État islamique dans la région. Leur assistance a libéré des villes et des villages. Ils ont porté un dur coup aux opérations et aux infrastructures qui ont permis l'ascension du régime djihadiste. Ils ont contribué à empêcher que l'idéologie néfaste de celui-ci se répande davantage, tout en protégeant les civils vulnérables et innocentes victimes de la guerre.
Nos pilotes de chasse ont fait la fierté des Canadiens. Ils ont semé la peur chez les terroristes. Ils sont partenaires à part entière de l'effort international pour affaiblir le groupe État islamique. C'est pourquoi il est si incompréhensible que le nouveau gouvernement libéral leur dise de plier bagage et de rentrer. Pendant que nos alliés intensifient leurs efforts, le nouveau gouvernement libéral tarde à fournir un raisonnement logique pour expliquer le rappel des CF-18 et refuse de dire quel genre d'atrocités doit se produire pour qu'ils considèrent les CF-18 comme plus utiles qu'encombrants.
Ce qui est plus inquiétant encore, c'est que, au moment où le Canada devrait s'engager à faire sa part dans un combat qui vient d'entrer dans une nouvelle phase, le nouveau a choisi de se cacher derrière ses rédacteurs de discours au lieu de lancer un débat de fond sur la modification de la mission. Ni le premier ministre, ni qui que ce soit au sein de son gouvernement n'a expliqué en quoi le fait de retirer du combat les CF-18 canadiens est utile à nos partenaires de coalition. Il semble d'ailleurs que les libéraux aient raté une autre belle occasion pendant le débat important d'aujourd'hui.
Je ne me fais pas d'illusions et je ne crois pas que notre motion sera adoptée. Aucun député libéral n'osera faire bande à part. D'éminents libéraux des quatre coins du Canada ont pourtant dénoncé la position du nouveau gouvernement. Je demande donc à tous mes collègues de se prononcer, de faire entendre leur voix et de prouver, non seulement à nos alliés, mais aussi aux femmes et aux enfants que le groupe État islamique a réduits en esclavage, que le Canada ne se défilera pas lorsqu'on fait appel à lui. J'invite mes collègues libéraux à se joindre à nous pour demander au gouvernement de poursuivre les efforts du Canada visant à éliminer le fléau qui cherche à s'étendre dans l'ensemble du Moyen-Orient, en Afrique du Nord et, s'il parvient à ses fins, dans le monde entier. II est temps, pour les libéraux, de défendre ce qui est juste plutôt que leur simple ligne de parti.
Le Canada a la responsabilité morale de poursuivre le combat sur tous les fronts, ce qui inclut le déploiement de nos CF-18 pour lutter contre le groupe État islamique. Personne à la Chambre ne nie qu'il faut faire davantage, et je me réjouis d'apprendre que d'innombrables Canadiens accueilleront bientôt chez eux des réfugiés fuyant cette région. Toutefois, il ne faut pas se leurrer. Si nous n'éliminons pas ce fléau auquel nous sommes confrontés, il continuera de toucher davantage de réfugiés, de familles et de collectivités.
Cette bataille ne doit pas être prise à la légère. Elle est coûteuse et dangereuse. Notre pays demande aux courageux membres des Forces canadiennes, aux fonctionnaires et aux ONG de faire tout en leur pouvoir pour soulager la souffrance que le groupe État islamique laisse dans son sillage.
Pendant que nous débattons de l'intérêt de remédier aux suites du passage de l'EIIS, je nous exhorte tous à renouveler notre engagement à anéantir ce groupe. Pensons à nos braves alliés qui ont promis de renforcer leur engagement et à la façon dont le Canada sera perçu lorsque ses CF-18 seront renvoyés au pays à cause d'une promesse électorale malavisée qui va à l'encontre de ce qui est juste et convenable. Pensons à ceux qui sont massacrés et torturés. Ce n'est pas le temps d'abandonner, mais plutôt d'agir. Je demande à tous les députés de la Chambre d'examiner la motion très attentivement, de penser à ceux qui sont littéralement en train de mourir et de souffrir aux mains du groupe État islamique, et de répondre à une question: quand agirons-nous, si ce n'est pas maintenant?
:
Monsieur le Président, c'est la troisième fois que j'ai l'occasion de prendre la parole à la Chambre au sujet de cet important enjeu de sécurité nationale et internationale, auquel sont confrontés le Canada et le monde libre, et que je parle de la façon dont le Canada devrait intervenir dans la lutte contre l'EIIS, ou l'EIIL, comme nous appelions ce groupe il y a un an, lors du premier débat sur le sujet.
Encore une fois, c'est un honneur pour moi de prendre la parole à la Chambre dans le cadre de ce débat fort important, qui porte sur le déploiement des militaires canadiens dans une région du monde où leur vie sera en danger, que ce soit directement, parce qu'ils participent aux combats, ou indirectement, parce qu'ils offrent un soutien sur place.
En tant que Canadiens, nous avons la chance d'avoir des forces armées parmi les plus efficaces et les plus professionnelles de la planète, et ce, depuis les premières années de la Confédération. Nous envoyons ces militaires dans des situations périlleuses où ils doivent défendre et promouvoir nos valeurs et soutenir nos alliés. C'est ce que des centaines de militaires canadiens font depuis un an. Ils courent des risques pendant les missions aériennes de combat. Ils courent aussi le risque d'être victimes de tirs amis, comme le montre l'incident qui a coûté la vie au sergent Doiron. J'ai eu la chance de rendre visite à un de ses collègues du Régiment d'opérations spéciales du Canada, hospitalisé en raison de ses blessures. Ce sont des risques concrets auxquels sont confrontés les militaires canadiens. Je sais que les députés sont conscients du rôle que jouent les militaires et le respectent.
Notre débat actuel porte plutôt sur le rôle du Canada. Le Canada est-il un pays qui laisse les autres travailler dur pour assurer la sécurité mondiale alors qu'il se délasse en profitant de toutes les richesses et possibilités que lui procure sa position enviable dans le G7? Si nous croisons une personne en détresse, traversons-nous la rue pour nous en éloigner? Ou agissons-nous plutôt comme des leaders qui font leur possible pour combattre une entité responsable de génocides et de crimes odieux, devenue une véritable menace internationale?
Voilà une des questions typiques que les députés doivent se poser. Je trouve inquiétant que le Parti libéral, dans sa version actuelle, ne semble pas respecter ses traditions. D'ailleurs, dans mes interventions précédentes, j'ai fait allusion à Mackenzie King, qui parlait du sentiment de liberté bien ancré dans le coeur de tous les Canadiens alors qu'un pays de l'Amérique du Nord s'apprêtait à aller combattre la tyrannie en Europe.
Lester B. Pearson a dit qu'un Canadien qui tirait de la carabine en Corée ou en Allemagne protégeait la liberté et la sécurité des Canadiens tout autant que s'il l'avait fait sur notre propre territoire. Nous ne pouvons donc pas nous défiler en nous laissant endormir par le sentiment de sécurité que la distance et la richesse procurent au Canada. Notre pays a le devoir de jouer le rôle qui correspond à sa taille, à ses capacités et à ses valeurs. C'est ce que nous avons fait.
Il y a eu 1 100 sorties contre les positions et les lieux d'entreposage de l'EIIS, ce qui a permis de perturber les chaînes d'approvisionnement et de financement de cette force. Cela a permis de réduire de 25 à 30 % le territoire autrefois occupé ou menacé d'être occupé par l'EIIS. Les gens peuvent retourner dans des régions où ils ne pouvaient pas aller il y a 18 mois. Ce sont d'énormes gains faits par le Canada et nos partenaires de la coalition, et nous le faisons de façon significative, à la hauteur de la capacité remarquable de nos CF-18 et de leur équipage de s'acquitter de ce rôle important en matière de sécurité en entraînant le moins de dommages collatéraux possible.
Mon approche, et celle du gouvernement précédent comportait trois volets: offrir une aide humanitaire en réponse à cette grave crise, au cours de laquelle nous avons été un donateur de premier plan, surtout si on fait un calcul par habitant; offrir une aide aux réfugiés, comme l'a entrepris le gouvernement précédent et continue de faire le nouveau gouvernement, qui souhaite même accroître cette aide, ce que nous appuyons. Nous avons joué un rôle à cet égard. En fait, les Syriens arrivés par avion au cours des dernières semaines ont été parrainés par des particuliers et ont été approuvés et autorisés par le gouvernement précédent. Toutefois, le troisième pilier a toujours été le rôle militaire du Canada.
On n'a qu'à regarder autour de nous pour voir dans le hall la statue de George Baker, qui était député, et qui est mort pendant la Première Guerre mondiale, pour comprendre que le Canada assume ce rôle depuis ses tout débuts en tant que pays. Nous n'avons pas changé de trottoir; nous n'avons pas laissé d'autres pays faire le travail à notre place. Nous avons assumé ce rôle qui n'a jamais été le plus grand, qui n'a jamais été agressif, mais qui appuyait les valeurs qui nous sont chères et qui appuyait nos alliés. C'est ce que nous avons fait.
Il est difficile pour moi de m'habituer à siéger de ce côté-ci de la Chambre. Un des aspects positifs d'un gouvernement libéral ayant une députation nombreuse est que j'ai le plaisir de voir plus d'anciens combattants à la Chambre des communes. Je suis heureux que certains d'entre eux aient participé au débat d'aujourd'hui, y compris le et la . C'est une bonne chose de pouvoir entendre plus d'anciens combattants à la Chambre. Mon caucus accueille deux nouveaux anciens combattants exceptionnels, des députés de notre équipe au Québec, et je suis très heureux de la contribution qu'ils ont eux aussi apportée au débat d'aujourd'hui.
Je sais que les anciens combattants devenus députés libéraux ne peuvent pas voter en faveur de la motion d'aujourd'hui, mais j'espère qu'ils pourront commencer à faire reculer la position prise par leur parti à la dernière législature. Ils sont pris avec la position que le avait déjà prise, mais j'espère qu'ils useront de leur expérience et de leur influence lors de leurs réunions du mercredi pour dire que nous devons revenir aux idéaux de Pearson et que le Canada a un rôle bien concret à jouer.
Les propos qu'a prononcés le aujourd'hui m'ont profondément troublé. Comme tous les députés, j'éprouve le plus profond respect pour l'extraordinaire service qu'il a rendu au Canada. Il a été commandant d'un de nos meilleurs régiments, celui de la Colombie-Britannique. Il a reçu des honneurs de guerre pour 21 batailles menées avec ce régiment. Ces décorations n'ont pas été accordées pour de l'aide humanitaire. Il s'agit d'une reconnaissance que, depuis la création de cette province, ses habitants sont prêts à se porter à la défense de nos valeurs et de nos alliés.
Aujourd'hui, le ministre a ainsi blâmé le gouvernement précédent: « Où étaient-ils quand ils auraient pu, en tenant compte des indicateurs, supprimer la menace [...] ». Autrement dit, pourquoi n'avons-nous pas pris plus tôt des mesures contre le groupe État islamique? Je vais rappeler au ministre et à la Chambre ce qui s'est passé.
En septembre de l'an dernier, l'ancien a annoncé une mission de 30 jours en Irak. À l'invitation du gouvernement irakien, nous avons envoyé, tout comme nos alliés, des conseillers en évaluation militaire afin de voir comment nous pourrions contrer une force qui avait aussi rapidement conquis la région et qui était maintenant aux portes de la Turquie, un pays membre de l'OTAN. Après la mission d'évaluation de 30 jours, l'ancien a présenté à la Chambre sa décision de déployer des troupes de combat, et nous en avons débattu.
Le chef de l'ancien troisième parti, aujourd'hui , a demandé d'un ton moqueur si nous devions nous contenter d'envoyer quelques avions vieillissants. Nous savons que, plus tard, il a parlé de façon encore plus cavalière de notre décision d'envoyer des avions, mais c'est à partir de ce moment qu'il s'est opposé à la mission. Puis, en mars dernier, nous avons tenu un débat à la Chambre sur la prolongation de la mission, qui a été prolongée et modifiée légèrement afin de prévoir des bombardements en Syrie contre des cibles de l'EIIS. Certains d'entre eux ont porté fruit.
À l'époque, le chef de l'ancien troisième parti, maintenant , a défini quatre principes que le Parti libéral utiliserait relativement au déploiement de troupes militaires: le Canada devrait avoir un rôle à jouer, la mission et le rôle de notre pays devraient être définis clairement, il faudrait tenir un débat transparent sur ce sujet et il faudrait déterminer la forme d'aide la plus efficace. Nous avons manifestement un rôle à jouer. Notre mission et notre rôle sont définis clairement. En effet, le président Hollande et d'autres dirigeants intensifient la mission afin qu'elle ne se limite plus seulement à décourager et à affaiblir le groupe État islamique, mais également à le vaincre. Nous tenons un autre débat transparent sur ce sujet; c'est même nous qui l'avons ouvert à la Chambre. Ce serait pourtant au gouvernement de tenir ce débat puisqu'il modifie la mission.
Je suppose que ça revient au quatrième pilier, au rôle que le Canada peut jouer. Nous avons l'une des forces aériennes les mieux formées et les plus efficaces au monde. J'étais fier d'être officier dans l'Aviation royale du Canada pendant quelques années, quoique jamais dans le rôle de pilote de chasse qu'exercent certains de nos militaires à l'étranger. Néanmoins, nous pouvons compter sur du matériel parmi le plus perfectionné, des capacités parmi les meilleures et de la formation parmi les plus efficaces pour évaluer chaque mission et faire partie de cette coalition, pour garantir que nous atteignons les cibles et que la vie d'aucun civil n'est mise en danger, pour voir à affaiblir et à vaincre le groupe État islamique et pour empêcher le conflit de s'étendre aux régions urbaines. Nous avons cette capacité, et elle est probablement supérieure à celle de la plupart des pays. Seule une poignée de pays membres de l'OTAN nous égalent dans ce rôle unique qui consiste à cibler avec certitude.
Nous effectuons 2 % des vols, ce qui est proportionnel à notre taille et à notre participation. Alors que nos alliés demandent à la coalition de faire plus, le Canada fait demi-tour. Le gouvernement doit s'inspirer autant des traditions de Pearson et de Mackenzie King que des voies ensoleillées de M. Laurier, et non retirer les forces canadiennes.
:
Monsieur le Président, soyons bien clairs. Le gouvernement libéral du Canada veut s'occuper de la question du terrorisme autant que le veulent les autres entités politiques à la Chambre; nous combattons le terrorisme d'une façon très ferme. Nous reconnaissons les valeurs des Canadiens et nous continuerons de lutter contre le terrorisme partout où nous le pouvons.
Il est important pour nous de reconnaître l'excellent travail des hommes et des femmes des Forces canadiennes et ce qu'ils ont fait, font et feront pour notre pays.
Nous débattons aujourd'hui du rôle que devrait jouer le Canada. Les conservateurs semblent complètement obsédés par l'idée des CF-18 et d'un rôle de bombardement. Toutefois, durant la campagne électorale, le s'est engagé à retirer les CF-18.
Il y a d'autres solutions que les bombardements, et je vais donner des exemples précis.
Les Forces d'opérations spéciales du Canada apprennent aux forces de sécurité irakiennes à utiliser des armes lourdes, comme les mortiers, les mitrailleuses lourdes et d'autres systèmes d'armes. Les forces locales reçoivent notamment de la formation sur les installations, l'indication de cible, la portée et la cadence de tir. Cela signifie qu'ils peuvent tirer avec plus de précision et d'efficacité, ce qui permet de réduire les pertes non prévues et les dommages collatéraux.
Nous enseignons le tir aux forces de sécurité irakienne et nous formons aussi des tireurs d'élite dans leurs rangs. Par rapport à leurs capacités lorsque nous avons commencé, les tireurs d'élite irakiens sont capables d'atteindre la cible à une distance quatre fois plus grande et avec dix fois plus de précision. En fait, ce que j'essaie de dire, c'est qu'il y a autre chose à faire que bombarder, et les conservateurs le savent très bien.
Au cours de la dernière campagne électorale, le s'est engagé à retirer les CF-18. Toutefois, ne nous méprenons pas sur nos intentions, car le Parti libéral et le gouvernement du Canada sont déterminés à lutter contre le terrorisme. Nous allons jouer un rôle important en collaboration avec nos alliés.
Nous sommes conscients des valeurs des Canadiens. La composition de cette assemblée en est le reflet fidèle. Si l'on jette au coup d'oeil aux banquettes, on y voit une bonne dose d'expérience: le , qui a été dans les forces armées pendant de nombreuses années et qui a combattu en Afghanistan, ainsi que la , qui a participé à des missions de l'OTAN. De nombreux députés de notre parti ont été membres des Forces canadiennes.
Les députés peuvent avoir l'assurance que le gouvernement du Canada choisit la bonne approche dans la lutte contre le terrorisme, au nom de l'ensemble des Canadiens.