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Monsieur le Président, je suis très honoré d'intervenir de nouveau à la Chambre au sujet du projet de loi , qui concerne les vaillants hommes et femmes qui servent dans la Gendarmerie royale du Canada.
Je tiens à redire aujourd'hui, comme je l'ai fait dans mon intervention précédente, que nous devrions toujours nous rappeler les sacrifices, non seulement des anciens combattants, mais également de nos concitoyens qui portent l'uniforme de la police nationale canadienne et qui osent braver le danger jour après jour alors que bien d'autres le fuiraient.
Les membres de la GRC sont comme nombre d'entre nous des mères, des pères, des frères et des soeurs. Ils font du bénévolat dans leurs collectivités respectives. Ils agissent en tant qu'entraîneurs dans les ligues sportives mineures. Ils collaborent au sein de divers organismes caritatifs. Ils contribuent tous les jours à la santé et au bien-être des gens de leurs collectivités, pas seulement lorsqu'ils sont en service.
Nous avons déjà parlé de la légende de la police montée de 1873, de la Police à cheval du Nord-Ouest, des 150 premières recrues qui possédaient les valeurs fondamentales d’intégrité, d’honnêteté, de professionnalisme, de respect et de responsabilité. Nous avons parlé de la légende du gendarme canadien qui attrape toujours les méchants, du personnage de Dudley Do-Right et du fameux capitaine Canuck. Nous avons également parlé de nos symboles nationaux, la tunique rouge et le chapeau qui accompagnent les membres de la GRC qui vont à l’étranger faire la promotion du Canada, et avons dit combien nous sommes fiers de notre force de police. Ces braves hommes et femmes sont certes nos sentinelles silencieuses, qui veillent pour que nous puissions dormir en paix chez nous et qui affrontent tous les jours le danger et la tragédie.
Aujourd’hui, nous parlons du projet de loi et de ses répercussions sur les 28 461 membres de la GRC.
Tandis que nous évoquons l’histoire de notre GRC, nous devrions aussi parler de ce que ses membres vivent aujourd’hui. La GRC compte actuellement parmi les forces de police les moins rémunérées du Canada. Elle a perdu beaucoup de terrain depuis le temps où on l’avait reconnue comme première force de police du monde.
Monsieur le Président, je dois mentionner qu’emporté par l’émotion que je ressens en parlant de la GRC, j’ai oublié de dire que je partageais mon temps de parole avec le député de Barrie—Innisfil. Je m'excuse parce j’aurais dû le préciser plus tôt.
Les membres de la GRC ont un salaire de 30 % inférieur à celui de leurs collègues municipaux. Le moral est certainement bas. Nous voyons les chiffres tous les jours. Les membres de la force régulière doivent faire face à des charges de travail et des capacités croissantes. De plus en plus souvent, leurs droits et libertés passent après ceux des criminels.
Depuis 1974, les membres de la GRC ont un régime de relations de travail non syndiqué. Ils étaient couverts par le Programme des représentants des relations fonctionnelles, qui était censé défendre leurs droits auprès de la direction. C’était le seul groupe qui pouvait représenter collectivement les intérêts des employés et des membres de la force régulière. Malgré le rôle consultatif du programme, la direction a toujours eu le dernier mot dans toutes les questions liées aux ressources humaines.
En 2015, la Cour suprême a statué, dans l’arrêt Association de la police montée de l’Ontario c. Canada, que le programme existant de relations de travail violait les droits et libertés des membres de la GRC.
Se fondant sur l’alinéa 2d) de la Charte canadienne des droits et libertés, portant sur la liberté d’association, la Cour suprême a effectivement déclaré que les droits et libertés des membres de la GRC avaient été violés. Le projet de loi a été présenté par le gouvernement libéral à la suite de cette décision rendue en janvier dernier, qui accordait aux membres de la GRC le droit de se syndiquer et d’accéder à la négociation collective. Il y a lieu de noter que la GRC est le seul service de police du Canada qui n’ait pas encore ce droit.
Les libéraux sont cependant allés un peu trop loin. Le projet de loi contient une liste de questions exclues de la négociation collective, de même qu’une proposition controversée visant à transférer aux provinces la responsabilité des agents blessés dans l’exercice de leurs fonctions. Parmi les questions exclues de la négociation collective, il y a les niveaux de dotation, le harcèlement au travail, le harcèlement sexuel, la conduite, la discipline, les uniformes et les horaires. Ce sont là des questions que non seulement les membres de la GRC, mais tous les travailleurs devraient pouvoir négocier. Ils ont droit à un environnement et à un lieu de travail sûrs. Ils devraient avoir leur mot à dire dans ces domaines.
Les députés conservateurs et de l’opposition ont réussi à supprimer les articles 40 et 42 au cours de l’étude du projet de loi au comité à majorité libérale. Ces dispositions auraient transféré les prestations de maladie des membres de la GRC à des entités provinciales. Les demandes concernant des accidents du travail auraient été traitées au niveau des provinces. Ainsi, les membres de la GRC auraient eu des normes de prestations complètement différentes tant au chapitre de la santé qu’à celui de l’indemnisation des accidents du travail, selon la province dans laquelle ils travaillent. Au comité, les conservateurs ont réussi à éliminer ces dispositions. Bien que ce soit là un changement positif, il a malheureusement fallu faire intervenir les conjoints des agents actuels et retraités pour convaincre le gouvernement libéral.
J’espère sincèrement que, grâce à ce débat, les libéraux entendront la voix de la raison face aux autres préoccupations soulevées tant par les conservateurs que par les néo-démocrates ainsi que par certains députés du gouvernement qui ont également exprimé des réserves lorsque le projet de loi a été renvoyé au comité. De ce côté-ci, nous avions espéré qu’en permettant le renvoi au comité, il y aurait d’autres amendements. Malheureusement, cela n’a pas été le cas.
Le projet de loi n’appuie pas les braves hommes et femmes de la GRC. Il les privera de leur droit démocratique de voter dans le cadre d'un scrutin secret et de leur droit de négocier d’autres questions de base ayant des incidences sur leur environnement de travail, leur vie personnelle et la vie de leur famille.
Parlons du droit démocratique au scrutin secret. Les conservateurs ont toujours pris la part de la GRC. Nous appuierons toujours les mesures législatives qui accordent le droit démocratique au vote par scrutin secret. Toutefois, nous n’appuierons pas un projet de loi qui viole d’une façon aussi flagrante les vœux des membres de la GRC.
Des électeurs m’ont arrêté dans la rue et dans des centres commerciaux à plusieurs reprises. J’ai reçu des lettres et des courriels de membres de la GRC qui préféraient ne pas s’identifier parce qu’on leur a dit qu’ils ne devaient pas parler de cette question en public. Ces gens m’ont fait part de leurs préoccupations au sujet du projet de loi . Au lieu de forcer les membres de la GRC à voter en public, les libéraux devraient écouter ce que disent les gens de la base qui craignent que leur vote n’ait des incidences sur leur milieu de travail.
Je crois parler au nom de tous les députés en disant que nous appuyons et défendons fièrement les hommes et les femmes qui portent l’uniforme de la GRC. Nous les remercions pour les services qu’ils rendent tous les jours. Toutefois, en tant qu’opposition officielle, nous respectons la décision de la Cour suprême accordant aux agents de la GRC le droit à la négociation collective. Certains conservateurs ont même voté en faveur du projet de loi afin qu’il soit renvoyé au comité, mais nous n’avons réussi là qu’à éliminer les articles 40 et 42. Le gouvernement libéral, avec tous ses grands discours sur l’ouverture et la transparence, n’a pas voulu autoriser le scrutin secret, qui constitue un élément essentiel du processus démocratique.
Nous ne pouvons pas appuyer un projet de loi qui nie aux employés le droit fondamental de voter par scrutin secret sur l’opportunité de se syndiquer. Si nous ne votons pas à main levée ou par pétition publique à nos élections démocratiques, nous ne devrions pas avoir à le faire à notre lieu de travail.
Pour terminer…
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Madame la Présidente, je tiens à remercier le député de d’avoir partagé son temps de parole avec moi aujourd’hui.
Je prends la parole au sujet du projet de loi , mais j’aimerais d’abord remercier tous les membres de la GRC pour l’immense service qu’ils rendent au Canada, non seulement d’un bout à l’autre du pays, mais dans le monde entier. Des membres de la GRC sont déployés un peu partout sur la planète, et ils fournissent un service incroyable à notre pays et à ses habitants. J’appuie la GRC à 100 % pour ce qu’elle réalise. J’ai encouragé mon fils à devenir un agent de la GRC en raison de la fierté et de la tradition que la GRC transmet à notre merveilleux pays.
J’aimerais commencer par expliquer comment nous en sommes arrivés à ce point; mon collègue a soulevé la question plus tôt. Depuis 1974, les membres de la GRC travaillent sous un régime de relations de travail non syndiqué selon lequel le Programme des représentants des relations fonctionnelles, le PRRF, a longtemps été la seule instance reconnue par les cadres supérieurs représentant les intérêts des employés. Malgré le rôle consultatif du PRRF, les cadres ont le dernier mot en ce qui a trait aux questions de ressources humaines.
L’alinéa 2(1)d) de la Loi sur les relations de travail dans la fonction publique interdisait aux membres de la GRC de se syndiquer. La Cour suprême du Canada a statué dans l'affaire de l'Association de la police montée de l'Ontario c. Canada que le programme de relations de travail existant portait atteinte aux droits des membres de la GRC en vertu de l'alinéa 2d) de la Charte canadienne des droits et libertés sur la liberté d’association. Dans la décision de janvier 2015, la Cour donnait un an au gouvernement pour adopter une nouvelle loi. En janvier 2016, ce délai a été prorogé à avril 2016.
Le projet de loi ouvre aux membres et aux réservistes de la GRC la possibilité de négociations collectives. D’après le sommaire du projet de loi, il instaure un processus par lequel une organisation syndicale obtient le droit de négocier collectivement pour les membres et les réservistes. Il prévoit, de plus, des dispositions régissant les négociations collectives, l’arbitrage, les pratiques déloyales et les griefs.
Pour être accréditée, l’organisation syndicale doit satisfaire à trois critères. Elle doit avoir une mission principale, à savoir représenter les fonctionnaires qui sont membres de la GRC. Elle ne peut pas être affiliée à un agent négociateur ou à une autre association n’ayant pas pour mission principale de représenter des policiers, et elle ne peut être accréditée comme agent négociateur pour aucun autre groupe de fonctionnaires.
Le projet de loi , et c’est ce qui me paraît assez troublant, priverait les fonctionnaires de leur droit à un scrutin secret, et je reviendrai plus tard sur ce point. En ce qui concerne l’accréditation des syndicats et le retrait de cette accréditation, la combinaison des projets de loi et priverait les membres de la GRC de scrutin secret dans les campagnes syndicales futures, ce qui est contraire à ce que je crois, soit qu'il faut donner aux travailleurs le droit de voter à l’abri d’intimidations avant qu'ils soient obligés de se syndiquer, de verser des cotisations ou d’être représentés par un agent négociateur.
Pour ce qui est de la négociation collective, le projet de loi limite ce qui est négociable. La convention collective ne peut établir aucune condition portant sur les techniques de contrôle d’application des lois, les transferts, les nominations, les stages, le licenciement, la rétrogradation, la conduite, y compris le harcèlement, les compétences de base pour l’exercice des fonctions de membre de la GRC, l’uniforme ou la tenue vestimentaire.
Étant donné la nature unique de la GRC, je suis certainement d’accord avec plusieurs aspects de cette partie du projet de loi, comme ce qui concerne les affectations, l’uniforme, la rétrogradation, la conduite, etc., et le passage de la Commission des relations de travail et de l'emploi dans la fonction publique de 10 à 12 membres, dont deux au moins doivent avoir une connaissance de l’organisation policière. Il est également question du règlement des différends et des griefs.
Comme je l’ai dit plus tôt, je trouve quelque peu troublante l’absence d’obligation de scrutins secrets.
Le projet de loi était vraiment édulcoré lorsqu’il est arrivé au Parlement. Je l’ai appuyé à l’étape de la deuxième lecture parce qu’il me semblait qu’on pouvait y travailler encore au comité, et je suis très heureux que le comité ait fait ce travail. En ce qui concerne les articles 40 et 42, le projet de loi a été amendé, en grande partie grâce à l’insistance des membres conservateurs du comité.
Pour ce qui est du texte de loi lui-même, il est évident que, de ce côté-ci de la Chambre, nous respectons la décision de la Cour suprême du Canada. L’une des choses que nous ne respectons pas et que, pour ma part, je ne respecte pas, concerne le droit de chacun au scrutin secret. J’ai été président d’un syndicat de pompiers pendant 30 ans et demi. Je peux dire que toutes les décisions étaient prises au scrutin secret. Je crois fondamentalement au droit de la personne à avoir un scrutin secret, surtout dans une organisation comme celle-là, étant donné qu’une des caractéristiques uniques du travail de policier ou de pompier, et surtout d’un jeune pompier ou d’un jeune policier, est qu’il y a un cheminement de carrière à suivre, et il arrive souvent que des décisions puissent avoir un impact plus tard, sur tous les aspects de la carrière.
Comme le député de l’a dit, c’est l’un des principes fondamentaux de la démocratie. Tous autant que nous sommes, nous avons été élus à la Chambre par scrutin secret. Le Président de la Chambre est élu au scrutin secret, tout comme le sont les dirigeants des organisations politiques. Ce qu’il y a de paradoxal dans tout ceci, comme je l’ai expliqué dans mes observations, c’est que les agents de la GRC sont non seulement chargés de nous protéger au Canada et de protéger les intérêts du Canada dans le monde, mais aussi qu’ils vont souvent dans des pays qui sont démocratiques depuis peu pour veiller à ce que le processus démocratique soit respecté. On l’oublie souvent, ici. Bien des fois, des agents de la GRC vont dans de nouvelles démocraties en Afrique et en Europe expressément pour veiller à ce qu’on y respecte le droit de vote des personnes dans le cadre d'un scrutin secret, à l’abri de l’intimidation, de la contrainte et de l’influence d’autres personnes. Ce qui est paradoxal, dans tout ce processus, c’est que les agents de la GRC n’ont pas eux-mêmes ce droit qu’ils vont protéger dans des pays lointains. C’est le comble de l’ironie.
Pourquoi le gouvernement libéral s’assure-t-il que nous ne voyions pas un simple maintien du projet de loi dans le en ce qui concerne le scrutin secret? On peut se livrer à des conjectures, mais si on excelle en conjectures, on pourrait dire que ce n’est rien de plus qu’un cadeau politique, relativement aux promesses faites aux dirigeants syndicaux aux dernières élections, au sujet du scrutin secret.
Comme j’ai été moi-même président de syndicat, j’ai une expérience de première main. Je peux dire qu’il y a une certaine intimidation, dont sont victimes surtout les jeunes policiers et les jeunes pompiers, comme je l’ai dit tout à l’heure. Parfois, ils ne sont pas au courant de ce qu’ils ne savent pas. Lorsqu’ils se retrouvent à voter ou à participer à un processus de syndicalisation, ce peut être très intimidant pour de jeunes pompiers. J’ai fait partie du mouvement des pompiers et il m’est arrivé d’être intimidé par un processus que je ne connaissais pas vraiment. Le droit fondamental au scrutin secret est une valeur canadienne. Ce n’est pas seulement un élément qui a sa place dans ce projet de loi qui vise les agents de la GRC, mais quelque chose de profondément enraciné au Canada.
Il y a plusieurs éléments du projet de loi que nous appuyons, mais il y en a un que nous ne pouvons pas approuver parce qu’il met en question un principe fondamental, celui du scrutin secret. Je ne peux pas appuyer une mesure qui ne prévoit pas le scrutin secret. J’appuie à fond les agents de la GRC, les hommes et les femmes qui protègent notre pays et les intérêts du Canada à l’étranger, mais le projet de loi est boiteux, et je ne peux pas l’appuyer.
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Madame la Présidente, avant de commencer, je dois vous aviser que je partagerai mon temps de parole avec ma collègue d’.
Je suis très heureux de prendre la parole aujourd’hui pour appuyer le projet de loi , une mesure législative importante du gouvernement, qui vise à reconnaître le droit constitutionnel des membres et des réservistes de la Gendarmerie royale du Canada à participer à de véritables négociations collectives, et à donner corps à ce droit.
J’aimerais prendre un instant pour rappeler certains commentaires formulés par des collègues au sujet de la GRC. C’est un service de police de réputation mondiale. À certains égards, il est véritablement unique. C’est le seul du pays à assurer des services de protection et d’application de loi aux niveaux municipal, provincial et fédéral, ainsi qu'à l’étranger. La GRC fournit des services importants en matière de sécurité nationale et de terrorisme à nos collectivités et à notre pays en assurant leur protection. Elle offre également une protection en ce qui concerne l’imposition des sanctions pécuniaires et la fraude. Elle protège au quotidien les nombreuses collectivités locales, y compris les Premières Nations et les collectivités autochtones, et ce, d’un bout à l’autre du pays.
En tant qu’ancien procureur fédéral et pour avoir joué un rôle important en matière d’application de la loi, je suis convaincu que je m’exprime au nom de mes électeurs et, je l’espère, au nom de tous les députés de la Chambre, en remerciant les membres de la GRC de leurs services et du sacrifice qu’ils sont prêts à faire chaque jour.
Le projet de loi représente un moment décisif dans l’histoire de la GRC. Comme je l’ai indiqué, j’ai présidé une association représentant les intérêts professionnels des procureurs de la Couronne et des avocats du ministère de la Justice. Je sais d’expérience à quel point le processus de négociation collective est essentiel pour permettre aux employés de participer réellement à la poursuite de leurs buts collectifs.
Le projet de loi vise précisément cet objectif fondamental. Selon les principes de base, le projet de loi pourrait permettre de l’atteindre de deux façons. En premier lieu, et ce qui est le plus fondamental, les membres et les réservistes de la GRC pourront exercer leur liberté de choisir s’ils veulent être représentés par un agent négociateur. Bien entendu, historiquement, la loi interdisait à tous les membres de la GRC de participer à des négociations collectives. Le projet de loi éliminerait cette interdiction, ce qui donnerait aux membres de la GRC la possibilité de s’organiser et de s’associer, sous l’égide d’un agent négociateur.
Ensuite, à supposer que les membres et les réservistes de la GRC choisissent de se prévaloir de la possibilité de s’organiser, le projet de loi leur permettra également de choisir quel agent négociateur les représentera. Une fois agréé par la Commission des relations de travail et de l’emploi dans la fonction publique, l’agent négociateur sera habilité à poursuivre, dans le cadre de la négociation collective, des objectifs relatifs au travail.
Alors que les membres et les réservistes de la GRC doivent aborder ces deux décisions majeures, je dois souligner que, grâce au projet de loi , ils pourront faire un choix libre et volontaire, en toute indépendance de leur direction.
Conformément à ces deux principes, le projet de loi prévoit la création d’une seule unité de négociation nationale de la GRC, composée uniquement de membres de la GRC nommés à un grade et de réservistes. Il prévoit également que l’agent négociateur de la GRC doit avoir pour mission principale de représenter les fonctionnaires qui sont des membres de la GRC, et il exclut d’office certains agents, ainsi que des postes de direction et de confiance, comme c’est le cas dans toute la fonction publique fédérale.
Comme je l’ai déjà mentionné, le projet de loi propose que la Commission des relations de travail et de l’emploi dans la fonction publique soit le tribunal administratif de tout conflit lié à la négociation collective des membres de la GRC et des réservistes, et de tout grief lié à une convention collective. Lorsqu’il fait des recommandations pour la nomination des commissaires, le président doit prendre en compte le besoin pour la Commission de compter parmi ceux-ci deux membres ayant une connaissance des organisations policières. Les noms de la Commission et de la Loi sur les relations de travail dans la fonction publique seront modifiés afin de tenir compte de l’ajout des membres de la GRC et des réservistes au processus de négociation collective et au mandat de l'instance.
Enfin, le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd’hui prévoit l’arbitrage obligatoire pour régler un différend en cas d’impasse dans les négociations, sans droit de grève.
Ce sont là les principaux objectifs du projet de loi . Ce n’est certainement pas une liste exhaustive, et il faudra mettre en œuvre bien d’autres amendements détaillés pour que ce nouveau régime de négociation collective des membres de la GRC et des réservistes puisse fonctionner.
J’aimerais dire quelques mots sur le contexte historique dans lequel le projet de loi est présenté à la Chambre.
Le projet de loi est, en fait, une réponse législative à une décision de la Cour suprême du Canada prononcée il y a un peu plus d’un an, en janvier 2015. À cette occasion, la Cour suprême a statué dans l’affaire Association de la police montée de l’Ontario c. Canada (Procureur général) et a fait un certain nombre de constatations importantes.
Elle a statué, entre autres, que l’exclusion des membres de la GRC de la définition d’« employés », dans la Loi sur les relations de travail dans la fonction publique, était inconstitutionnelle.
De plus, elle a affirmé que des articles du Règlement de la Gendarmerie royale du Canada allaient à l’encontre de la Charte canadienne des droits et libertés. Ce règlement fait du programme de représentants des relations fonctionnelles le régime de relations de travail des membres de la GRC. Ce programme prévoit que, à chaque niveau hiérarchique, les représentants des relations de travail et les gestionnaires se consultent sur des initiatives et politiques relatives aux ressources humaines, étant entendu que les gestionnaires ont toujours le dernier mot.
La Cour suprême du Canada a statué que le programme de représentants des relations fonctionnelles ne répond pas aux critères d’un authentique processus de négociation collective. Les membres de la GRC étaient représentés par une organisation qu’ils n’avaient pas choisie et qu’ils ne contrôlaient pas. Ils devaient fonctionner au sein d’une structure qui n’était pas indépendante de la direction. Il n’y avait donc pas d’équilibre entre les employés et l’employeur, ce qui est essentiel à toute structure de négociation collective authentique. En conséquence, la cour a statué que cela allait à l’encontre de la Charte des droits et libertés, et plus particulièrement du droit à la liberté d’association garanti par l’alinéa 2d).
La Cour a suspendu son jugement pendant un an pour donner le temps au gouvernement de revoir ses options. Le gouvernement a demandé une prolongation et on lui a accordé quatre mois supplémentaires pour présenter un texte de loi à la Chambre des communes qui établirait un nouveau cadre de relations de travail pour les membres et les réservistes de la GRC. Le gouvernement a pris des mesures, y compris des consultations avec les membres de la GRC pendant l'été 2015, pour que le cadre soit conforme à la décision de la Cour suprême du Canada.
Je fais une pause ici pour faire remarquer que le processus de consultation a été très complet. Des réunions publiques locales, des conférences téléphoniques et des vidéoconférences ont été organisées dans tout le pays. Un sondage a également été mené auprès de milliers de membres, et plus de 600 pages de commentaires ont été reçues et examinées. Je crois que les données recueillies ont été prises en compte pour rédiger le projet de loi.
Le projet de loi a franchi l'étape de la deuxième lecture, comme le savent les députés, et a été dûment étudié par le Comité permanent de la sécurité publique et nationale. Le gouvernement a le plus grand respect pour le processus parlementaire et le rôle des comités dans notre système de gouvernement.
Je suis heureux de dire que le Comité a étudié et approuvé les changements, qui avaient été recommandés à la lumière des témoignages et des mémoires. Je me hâte d'ajouter que, même si le projet de loi comprend les exclusions concernant les négociations collectives, les exclusions proposées sont tout à fait compatibles avec celles du reste de la fonction publique où la négociation collective est autorisée.
Je tiens également à souligner qu’en dehors des négociations collectives, il existe d'autres options permettant aux membres de la GRC et à l'agent négociateur de poursuivre leurs objectifs en milieu de travail. Par exemple, le comité patronal-syndical est une tribune où les représentants des employés et de la direction peuvent discuter ensemble de questions concernant le processus relatif à la conduite et au harcèlement. Il est possible de traiter et d'étayer ces questions dans le cadre de cette tribune. Les préoccupations en matière de sécurité concernant les uniformes portés par les membres de la GRC peuvent également être abordées au comité de santé et de sécurité au travail. On peut y étudier la question et formuler des recommandations fondées sur des faits.
J’estime également qu'il est impératif de souligner que le projet de loi permet la négociation collective sur des questions qui vont au-delà des salaires et des avantages sociaux, notamment les congés et les conditions de travail, ainsi que les questions qui se rapportent aux directives du Conseil national mixte sur le réaménagement des effectifs.
Comme les députés peuvent le voir, le projet de loi vise à instaurer un nouveau régime de relations de travail pour la GRC. Néanmoins, je m'en voudrais de ne pas souligner que la période de suspension de la décision de la Cour suprême du Canada est maintenant écoulée. Par conséquent, cette question revêt une importance encore plus pressante.
Retarder l'adoption de cette nouvelle mesure législative soulève de nombreux problèmes. D’abord, il y a actuellement un chevauchement entre les processus de règlement des griefs en vertu de la Loi sur la Gendarmerie royale du Canada et de la Loi sur les relations de travail dans la fonction publique, ce qui pourrait entraîner une certaine confusion et des interprétations contradictoires. En outre, comme les membres de la GRC pourraient, dans ce cadre, être représentés par plusieurs agents négociateurs, la GRC aurait de la difficulté à maintenir une approche nationale cohérente en matière de relations de travail.
L’adoption du projet de loi permettrait d'éviter la confusion et l'incertitude parmi les membres de la GRC. Comme on l'a déjà dit à la Chambre, nous le devons aux membres de la GRC, qui protègent les Canadiens de multiples façons.
Le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd’hui donne aux membres et aux réservistes de la GRC le respect qui leur est dû et je sais que les députés veulent appuyer les membres, fiers et dévoués, de notre force policière nationale. Voilà pourquoi j’encourage tous les députés à voter pour ce projet de loi.
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Madame la Présidente, c’est un plaisir de prendre la parole pour appuyer le projet de loi , qui vise à protéger le droit constitutionnel des membres et réservistes de la GRC de participer à une vraie négociation collective.
La négociation collective est un droit dont d’autres policiers au Canada jouissent depuis de nombreuses années, mais qui n’a pas été accordé aux membres et réservistes de la GRC, qui ont tellement apporté, au cours de 143 dernières années, à notre pays fier, fort et libre.
Comme le l’a dit lorsqu’il a comparu devant le comité de la sécurité publique et nationale, les membres de la GRC sont dévoués à leur travail et au service des Canadiens, et ils doivent faire leur travail en surmontant parfois d’immenses difficultés et en affrontant des dangers très réels. Il a insisté sur le fait qu’il est important que le gouvernement appuie leur travail et prenne toutes les mesures qui s’imposent pour qu’ils puissent exercer leurs libertés protégées par la Charte, notamment la liberté d’association. En fait, le Règlement de la Gendarmerie royale du Canada imposait aux membres une forme particulière de représentation des employés, le Programme de représentants des relations fonctionnelles. Ce programme a été jugé inconstitutionnel parce qu’il n’était pas indépendant de la direction et que les membres de la GRC ne pouvaient pas choisir l’association qui les représentait. De plus, les représentants en relations de travail devaient se limiter à donner des conseils. La décision finale appartenait toujours à la direction.
Le projet de loi est une réponse claire et raisonnée à la décision que la Cour suprême du Canada a rendue dans l’affaire Association de la police montée de l’Ontario c. Canada (Procureur général). La Cour suprême a jugé que certains éléments de l’actuel régime des relations de travail de la GRC sont inconstitutionnels. Elle a notamment annulé l’exclusion des membres de la GRC de la définition de « fonctionnaire » dans la Loi sur les relations de travail dans la fonction publique. Elle a aussi statué qu’un article du Règlement de la Gendarmerie royale du Canada dérogeait à la Charte canadienne des droits et libertés. Elle a cependant affirmé que l’alinéa 2d) de la Charte « protège l’existence d’un processus véritable de négociation collective qui offre aux employés une liberté de choix et une indépendance suffisantes pour leur permettre de décider de leurs intérêts collectifs et de les défendre ».
Dans le cas de la GRC, la Cour a déterminé que le Programme de représentants des relations fonctionnelles ne satisfaisait pas aux critères nécessaires pour être considéré comme un processus véritable de négociation collective. Elle a donc jugé que ce programme violait le droit à la liberté d’association garanti par la Charte.
Le projet de loi assurerait aux membres et réservistes de la GRC leur indépendance et leur liberté de choix en matière de relations de travail tout en reconnaissant la réalité opérationnelle unique du service policier.
Le projet de loi à l’étude est le produit d’un examen attentif de deux consultations menées auprès des principaux intéressés. La première s’adressait aux membres réguliers de la GRC et a pris la forme d’une consultation en ligne et en personne. La deuxième s’adressait aux provinces, aux territoires et aux municipalités qui ont des accords de service avec la GRC.
Le projet de loi présente un certain nombre de caractéristiques importantes. Tout d’abord, il prévoit un arbitrage exécutoire indépendant comme processus de règlement des différends en cas d’impasse dans les négociations. Comme les membres des autres corps policiers du pays, les membres de l'unité de négociation de la GRC n'auraient pas le droit de faire la grève. Telle est la nette préférence exprimée par les membres qui ont participé aux consultations de 2015. Le projet de loi prévoit une seule unité de négociation nationale composée uniquement de membres de la GRC nommés à un grade et de réservistes. De plus, l'agent négociateur de la GRC, lorsqu'il y en a un d'accrédité, aura comme mandat principal de représenter les membres de la GRC. Je répète encore une fois que les membres réguliers ont clairement appuyé ces dispositions. Le projet de loi exclut par ailleurs du droit à la représentation les officiers nommés au rang d'inspecteur ou à un rang supérieur. Enfin, la Commission des relations de travail et de l'emploi dans la fonction publique est désignée comme tribunal administratif pour les affaires liées à l'unité de négociation de la GRC ainsi que pour les griefs liés à une convention collective.
Il faudra également changer le nom de la commission, et le titre de la Loi sur les relations de travail dans la fonction publique, pour tenir compte de l’ajout à sa compétence des négociations collectives des membres et des réservistes de la GRC. Dans les recommandations qu’il formulera à propos des personnes à nommer à cette commission, le président tiendra compte de la nécessité que deux des membres aient une connaissance des organisations policières.
Le projet de loi a été présenté le 9 mars. Après la deuxième lecture, le Comité permanent de la sécurité publique et nationale l’a étudié attentivement.
Le Comité a entendu de nombreux témoins, tant des syndicats que de la direction, et il a eu un débat approfondi sur le projet de loi. Ces témoins ont parlé de la possibilité qu'il offre d’améliorer les conditions de travail et de l’importance que les membres de la GRC accordent à la représentation. À la suite de leurs témoignages, le Comité a amendé le projet de loi afin de supprimer les articles 40 et 42, qui portaient sur la protection des membres en matière de santé.
Presque tous les témoins entendus ont exprimé des préoccupations par rapport à ces articles. Je suis fier de faire partie du comité qui les a entendus et qui, en conséquence, a amélioré le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd’hui.
Je partage les préoccupations exprimées par certains témoins au sujet du harcèlement à la GRC. La lettre de mandat du précise qu’il fera le nécessaire pour que la GRC et d’autres parties de son portefeuille soient des milieux de travail exempts de harcèlement et de violence sexuelle. Je sais, par des conversations avec le ministre et ses collaborateurs, que la lutte contre le harcèlement à la GRC fait partie de ses priorités.
Une de ses premières mesures en février dernier a été de demander au président de la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes relatives à la GRC de déterminer quelle suite la force a donnée à ses recommandations de 2013. Depuis l’adoption à l’étape du rapport, la prolongation accordée au gouvernement par la Cour suprême du Canada pour mettre en place un nouveau régime de relations de travail pour la GRC a expiré. Tout retard dans l’adoption du projet de loi pourrait donc avoir de nombreux effets négatifs. Dans sa forme actuelle, il y a chevauchement entre la Loi sur la Gendarmerie royale du Canada et la Loi sur les relations de travail dans la fonction publique en ce qui concerne les procédures de grief, ce qui pourrait être source de confusion et d’interprétations contradictoires.
Plus on tarde à adopter le projet de loi, plus l’incertitude est grande parmi les membres de la GRC au sujet des relations de travail proposées et de leur application en ce qui les concerne. C’est pourquoi nous devons manifester notre soutien aux fiers et dévoués membres du service de police national du Canada. Il nous incombe d’accorder aux membres et aux réservistes de la GRC le respect qui leur est dû en adoptant ce projet de loi. J’invite donc tous mes collègues à se joindre à moi pour l'appuyer.
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec le député de Sherwood Park—Fort Saskatchewan.
Je suis heureux d'intervenir aujourd'hui à l'étape de la troisième lecture du projet de loi .
Je veux tout d'abord remercier de leurs services les membres anciens et actuels de la GRC qui, chaque jour, font passer la sécurité de la population avant la leur.
J'ai eu l'occasion de prendre la parole à l'étape de la deuxième lecture. J'avais alors déclaré que nous appuyions le renvoi du projet de loi à un comité, où nous allions demander au gouvernement d'apporter un amendement à la mesure législative afin de permettre explicitement aux membres de la GRC de se prononcer sur la syndicalisation au moyen d'un scrutin secret.
Je respecte la décision de la Cour suprême, qui reconnaît aux membres de la GRC le droit à la négociation collective. Le projet de loi a pour but de satisfaire à cette décision et d'établir un cadre permettant aux membres de la GRC de négocier collectivement s'ils le désirent.
Si on examine la décision de la Cour, on constate que le droit des employés à choisir en était la pierre angulaire. À mon avis, le scrutin secret est la méthode la plus appropriée de garantir que les membres peuvent exercer ce choix sans subir d'intimidation ni de représailles. De nombreux jeunes et nouveaux membres peuvent ne pas trop savoir comment ils sont censés voter lorsqu'ils travaillent au sein d'une structure hiérarchisée. Leurs supérieurs de détachement sont plus âgés qu'eux et ils n'ont pas la même compréhension des choses.
Bien des membres de la force souhaitent que des changements soient apportés. Ayant moi-même été agent de la GRC durant 35 ans, je sais que les policiers, en particulier, ont tendance à ne pas parler de leurs préoccupations personnelles en raison de la structure de la chaîne de commandement dans le milieu policier.
Or, grâce au scrutin secret, les membres seraient en mesure de se prononcer sincèrement, sans crainte de représailles, sur la question de la syndicalisation. Voilà pourquoi j'estime qu'il est très important que les membres se sentent rassurés au moment de prendre leur décision et qu'ils puissent réfléchir à leur choix de façon privée.
En fin de compte, je ne partagerai pas mon temps de parole, madame la Présidente. Le député de Sherwood Park—Fort Saskatchewan a beaucoup de choses à dire. Je vais utiliser les 20 minutes allouées et le laisser faire de même de son côté. Veuillez m'excuser.
Comme il l'a promis à l'étape de la deuxième lecture, le Parti conservateur a réclamé, lors de l'étude au comité, que le projet de loi soit amendé de manière à exiger que l'accréditation se fasse par scrutin secret. J'ai été très déçu que le gouvernement ne soit pas disposé à apporter cette modification essentielle. Bien que je sois favorable à l'objectif du projet de loi de permettre à la GRC de recourir à la négociation collective, je ne peux pas appuyer le projet de loi dans sa forme actuelle. Lors du processus d'accréditation d'un agent négociateur, il faudrait tenir un scrutin secret pour que tous les membres puissent se prononcer librement.
La décision de la Cour suprême ne dit rien sur la méthode à privilégier dans la mesure où elle ne précise pas si l'accréditation devrait s'appuyer sur une majorité de 50 % plus un, ni si elle devrait se faire par scrutin secret, et c'est dommage.
D'autres députés ont soutenu que l'on devrait continuer de considérer la vérification des cartes comme un moyen suffisant et adéquat pour la GRC sous prétexte que c'est la façon dont les travailleurs du secteur privé et d'autres groupes assujettis à la réglementation fédérale se prononceront sur la négociation collective lorsque le projet de loi , franchira l'étape de la dernière lecture.
Nous n'avons pas recours au vote à main levée ni aux pétitions publiques dans le cadre de nos élections démocratiques et nous ne devrions pas non plus y avoir recours en milieu de travail, plus particulièrement dans ces circonstances.
La Charte des droits et libertés confère le droit d'association pacifique aux travailleurs, mais elle ne protège pas le droit de représenter un milieu de travail donné, que les dirigeants syndicaux considèrent comme absolu. Le droit de représentation doit être accordé par les membres. Les dirigeants syndicaux ne doivent pas oublier qu'ils peuvent représenter un milieu de travail seulement si les travailleurs accordent leur confiance à un syndicat donné à l'issue d'un processus démocratique. Si les membres d'un syndicat peuvent élire leur président national ou leurs dirigeants par vote secret, alors, par souci d'équité, il faudrait que les travailleurs puissent avoir eux aussi le droit de s'exprimer par scrutin secret pendant le processus d'accréditation syndicale.
Le droit de voter selon sa propre volonté, sans faire l'objet d'intimidation ou de menaces, est une liberté fondamentale et un droit qui devrait s'appliquer à tous les travailleurs. C'est pour cette raison que, lorsque nous formions le gouvernement, nous avons fait adopter le projet de loi , Loi sur le droit de vote des employés, qui prévoit que l'accréditation à titre d'agent négociateur aux termes de la Loi sur les relations de travail dans la fonction publique est subordonnée à l'obtention d'une majorité de votes exprimés lors d'un scrutin secret.
Comme nous l'avons déjà indiqué, le projet de loi vise à rétablir les règles d'accréditation syndicale qui existaient avant l'adoption du projet de loi . On reviendrait donc au système de vérification des cartes.
La GRC, un service public, ne devrait pas être traitée différemment des autres groupes de travailleurs, soutient-on. Si le système de vérification des cartes convient à tous les autres groupes régis par le Code canadien du travail, il devrait convenir aussi aux membres de la GRC.
Je voudrais rappeler à mes collègues que permettre l'accréditation syndicale est une obligation prescrite par la Cour suprême du Canada, et non un voeu exprimé par la majorité des membres de la GRC concernant la façon de défendre leurs intérêts.
À la suite de la décision de la Cour, le gouvernement a entrepris une consultation qui a eu lieu à l'été 2015 et qui a pris la forme d'un sondage ainsi que d'une série d'assemblées et de vidéoconférences. Les 9 000 membres ayant répondu au sondage ont exprimé clairement leur désir d'être soumis à un régime conçu spécialement pour la GRC. Ils ne voulaient pas être assimilés aux autres fonctionnaires.
Le gouvernement doit comprendre que la GRC est un service de police ayant un rôle et une structure à chaîne de commandement qui lui sont propres. Il s'agit d'un organe de l'État qui diffère passablement des autres groupes soumis au Code canadien du travail et qui, par conséquent, devrait être traité différemment, à mon avis. Les membres de la GRC devraient pouvoir se prononcer sur le choix de se syndiquer ou non selon la méthode qui leur convient le mieux, et non emprunter une méthode qui convient à d'autres groupes. Les membres devraient avoir droit au scrutin secret.
Le gouvernement aurait dû prendre acte de la différence entre la GRC et les autres organes fédéraux. Mais les libéraux refusent d'amender le projet de loi pour accorder aux membres de la GRC le droit de prendre par vote secret la décision de se syndiquer ou non. Par conséquent, il m'est impossible d'appuyer ce projet de loi.
Je suis extrêmement fier de la GRC et de ses membres. Je suis fier d'en avoir fait partie. Les membres de la GRC risquent leur vie tous les jours, et leur appartenance à la police fédérale du Canada devrait leur inspirer une grande fierté. Le moins que nous puissions faire est de leur donner le droit de voter, à l'abri de toute intimidation, pour décider s'ils veulent se syndiquer ou non.
Il a été question, plus tôt aujourd'hui, du Programme des représentants des relations fonctionnelles, mis en place au début des années 1970. Contrairement à ce que certains ont affirmé, les représentants en question étaient choisis par les membres lors d'un vote. Dans les années 1970 et 1980, ces représentants ont négocié de bonne foi avec la direction de la GRC et le Conseil du Trésor, et ils ont très bien représenté les membres. Grâce à ce programme, la GRC a figuré pendant de nombreuses années parmi les trois forces policières offrant les meilleurs salaires et les meilleurs avantages sociaux.
Dans les années1990 et 2000, alors que tous les gouvernements se serraient la ceinture, le système s'est affaibli. Les salaires et les avantages sociaux des membres de la GRC ont perdu des plumes en raison des coupes effectuées par le gouvernement libéral puis le gouvernement conservateur.
La syndicalisation de la GRC diffère grandement de tout autre processus syndical au Canada en ce sens qu'elle est imposée par la loi. Je doute qu'un député puisse me nommer un autre syndicat canadien qui ait été formé par voie législative et dont les membres sont tenus de voter mais n'ont pas droit au scrutin secret. De toute évidence, il s'agit d'une tactique d'intimidation de la part du gouvernement envers les gens qui travaillent sur le terrain.
Il y a certes des groupes au sein de la GRC dans l'ensemble du pays qui veulent être syndiqués. D'autres membres ne veulent pas l'être. Toutefois, la seule chose au sujet de laquelle ils sont tous d'accord, c'est qu'ils sont au bas du classement des forces policières pour ce qui est des salaires et des avantages sociaux.
J'ai mentionné plus tôt que, dans les années 1970, 1980 et même au début des années 1990, nous figurions toujours parmi les 10 forces policières ayant les meilleures conditions de travail. En fait, on ne tenait même pas compte des forces policières qui se classaient du 11e au 50e rang. On ne regardait que les 10 premières. Les représentants du Programme des représentants des relations fonctionnelles négociaient pour nous garder au sommet du classement et ils nous ont maintenus aux trois premiers rangs pendant de nombreuses années.
Or, aujourd'hui, la GRC arrive au 56e rang. C'est bien triste pour la police nationale du Canada d'être au bas du classement des forces policières. Elle devrait figurer au minimum parmi les dix premières et même les trois premières. C'est la force policière internationale du Canada. Elle est reconnue mondialement comme l'une des meilleures forces policières du monde. Pourtant, ses membres se trouvent au bas du classement pour ce qui est des salaires.
On a mentionné plus tôt qu'un sondage a été fait en 2015 pour déterminer combien de membres de la GRC souhaitaient se syndiquer ou s'ils avaient des réserves à l'idée que des gens les représentent dans une forme ou une autre de négociations. Environ 9 000 membres ont dit qu'il leur fallait un meilleur système. Ce n'est qu'environ le tiers de l'ensemble des membres.
Il ressort nettement des entretiens que j'ai eus avec les membres de la GRC en poste dans ma collectivité qu'un grand nombre des membres sont mal à l'aise à l'idée que la GRC pourrait se syndiquer. Ils sont fiers de servir leur pays. Un grand nombre d'entre eux sont entrés dans la GRC pour une raison bien précise: ne pas faire partie d'une organisation syndiquée. Ils voulaient être libres de servir et non être contrôlés par une organisation interne. Ils devront maintenant se prononcer à ce sujet.
Personnellement, voici ce que j'en pense: s'ils votent contre, serons-nous de retour ici dans un an et demi parce qu'un autre groupe se sera adressé aux tribunaux et se sera rendu jusqu'à la Cour suprême?
Les membres de la GRC sur le terrain sont mal à l'aise, et il faut en parler. Je pense ici aux petits détachements de l'Ouest et de l'Est du Canada. Voici un bref exemple: les détachements comptant deux membres sont dirigés par un caporal; ceux à six membres, par un sergent. Si un détachement atteint huit membres, il est alors dirigé par un sergent et un caporal. La structure organisationnelle est ainsi faite. Plus il y a de membres dans un détachement, plus il y a de sous-officiers. Un sergent d'état-major commanderait par exemple un détachement comptant 14 membres et un sergent. Dès qu'un détachement atteint 18 ou 20 membres, il est dirigé par deux sergents et un caporal.
Le problème, c'est que tous ces gens travaillent tous main dans la main dans un objectif commun: protéger la collectivité, assurer la sécurité des citoyens et se protéger mutuellement. En cas de pépin, ils sont les premiers sur les lieux, comme d'autres l'ont fait remarquer avant moi. Coups de feu, agressions avec violence, accidents mortels: peu importe la raison, ils sont toujours là. Ils doivent pouvoir compter l'un sur l'autre. Comment les libéraux peuvent-ils s'attendre à ce qu'un jeune gendarme travaillant par exemple dans un détachement comptant un sergent d'état-major, deux sergents et deux caporaux vote librement et dise le fond de sa pensée quand il doit voter en face de tous ses supérieurs en sachant fort bien que ceux-ci, de même que les autres gendarmes avec lesquels il travaille, sont peut-être d'un tout autre avis que lui? Il devra néanmoins brandir sa petite carte et voter. Les libéraux pensent-ils un instant qu'il ne sera pas intimidé? Les membres de la GRC ne pourront tout simplement pas se prononcer librement sur leur syndicalisation s'ils doivent voter devant leurs collègues.
Ce qui est très particulier au sujet de la GRC, et en cela, elle est fort semblable aux services d'incendie, c'est que l'effectif des petits détachements, voire les détachements dirigés par un inspecteur, qui peuvent être composés de 50 membres, ou les détachements dirigés par un surintendant, qui peuvent être composés de 100 membres, travaille en collaboration. Ces membres méritent d'avoir le droit de décider s'ils veulent se syndiquer ou non, mais ils devraient également avoir le droit de voter en secret, de sorte qu'ils ne se placent pas dans une position difficile par rapport à leurs collègues, leurs superviseurs ou leurs compagnons, avec lesquels ils travaillent côte à côte et sur lesquels il leur faudra un jour compter s'ils se retrouvent au beau milieu d'une bagarre dans un hôtel. C'est parfois difficile. Un membre pourrait être furieux parce qu'un autre membre a voté d'une autre façon que lui et pourrait ne pas accomplir son travail comme il le devrait.
Nous sommes en train de créer un dangereux précédent. La GRC, les services d'incendie et même les services de police sont uniques en leur genre. Ce sont des gens fiers qui vont sur le terrain afin de défendre leur collectivité, de veiller à la sécurité de celle-ci, mais aussi de veiller à la sécurité de leurs collègues. Leur fierté est individuelle, toutefois. Ils sont fiers de servir une organisation, mais ils veulent prendre les décisions importantes par eux-mêmes. Nous cherchons à l'heure actuelle à leur enlever ce droit, mais nous ne devrions pas le faire. Il nous faut tenir compte de cet aspect de la situation.
Je ne peux pas appuyer le projet de loi, car il n'accorderait pas aux membres de la GRC le droit de voter en secret sur la question de la syndicalisation.
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Madame la Présidente, je suis très heureux de participer à cet important débat sur le projet de loi .
J’aime beaucoup écouter les propos réfléchis de tous les députés. J’ai particulièrement apprécié la contribution de personnes qui, telles que le député de , qui vient juste de parler, ont elles-mêmes une grande expérience de la GRC ou ont des proches qui en font partie. Nous leur sommes tous reconnaissants de leurs services ainsi que de l’expérience que les députés venant de différents domaines apportent à la Chambre.
Pour les gens qui viennent peut-être tout juste de commencer à écouter ce débat, je veux d'abord passer en revue quelques-uns des éléments de base du projet de loi.
La mesure législative a pour objet de mettre en oeuvre une décision de la Cour suprême permettant aux membres de la GRC de se syndiquer. Nous, de l’opposition officielle, respectons la décision de la Cour suprême et reconnaissons que les membres de la GRC ont le droit de se syndiquer s’ils le souhaitent.
Nous pensons que le projet de loi a de nombreux aspects positifs. En général, c’est une réponse raisonnable à la décision de la Cour.
Toutefois, de ce côté-ci de la Chambre, nous avons toujours pris clairement position en faveur du scrutin secret. Je parlerai des raisons qui font toute l'importance du scrutin secret, tant dans ce contexte particulier qu’en général. Pour ceux d’entre nous qui font partie de l’opposition officielle, cet enjeu constitue le principal obstacle à l'adoption du projet de loi.
Nous croyons qu’il y a beaucoup de bons éléments dans le projet de loi, mais il ne nous apparaît pas acceptable de créer un mécanisme permettant d’adhérer à un syndicat, d’élire des représentants et de prendre d’autres mesures de même nature sans soumettre la démarche à un processus démocratique adéquat.
Je voudrais dire en passant qu’il importe que la population sache que les conflits salariaux seront encore réglés par voie d’arbitrage exécutoire. La syndicalisation n’ouvre pas la porte à la grève des agents ou à quoi que ce soit de ce genre. C’est là un élément crucial qu’il ne faut pas perdre de vue lorsqu’on discute du projet de loi.
Comme nous parlons de la GRC, je tiens à reconnaître l’important travail dont elle s’acquitte partout dans le pays et notamment dans ma circonscription, Sherwood Park—Fort Saskatchewan. En effet, nous n'avons pas de service de police municipal. Nous dépendons complètement des services et de l'excellent travail des hommes et des femmes de la GRC.
La GRC est une icône. Le monde entier la connaît. Chez nous, j’ai observé personnellement le travail extraordinaire que la GRC accomplit auprès du public. Ce n’est pas un simple service de police; elle apporte une contribution positive à la population et aux organismes communautaires dans les domaines de l’éducation, de la prévention du crime et autres.
Je suis très reconnaissant à la GRC pour sa contribution dans ma circonscription et partout au pays ainsi que sur la Colline du Parlement. La sécurité que ses membres nous garantissent nous soutient dans notre travail et dans nos fonctions.
J’ai mentionné tout à l’heure l’importance que nous accordons au scrutin secret. Je suis surpris que le gouvernement ne comprenne pas cela. J’aurais pensé, comme je l’ai dit, que le débat sur le scrutin secret se serait éteint au XIXe siècle. Pour reprendre une expression désormais célèbre, nous sommes en 2016. Il est étrange que le gouvernement et les autres partis ne reconnaissent toujours pas l’importance du vote secret.
J’ajouterai que non seulement ce projet de loi mais aussi le processus d'étude de ce projet de loi sont une double attaque contre la démocratie. Ils ne s’opposent pas seulement au principe du vote secret, ils illustrent à quel point le gouvernement manque de respect envers la prérogative dont jouissent les députés d’exprimer leurs opinions sur le projet de loi, en imposant inutilement l’attribution de temps.
Il est bien évident que l’attribution de temps est utile quand on s’en sert convenablement. Il arrive aux partis de l’opposition d’appliquer des tactiques pernicieuses. Dans certains contextes, le gouvernement se doit de faire progresser le processus législatif. Cependant, en un très court laps de temps, nous avons vu le gouvernement multiplier les recours à l'attribution de temps et à la clôture. Ce projet de loi n’y fait pas exception, malgré la bonne volonté de l’opposition et les efforts que nous faisons pour utiliser à bon escient le temps qu'il est possible d'attribuer à ces questions.
Nous nous sommes heurtés à cela en discutant du projet de loi sur l’euthanasie et sur l’aide au suicide ainsi que du projet de loi sur le budget. Dans le cas présent, bien que nous en débattions sous l’épée de Damoclès qu’est l’attribution de temps, le gouvernement n’agit pas de façon aussi extrême que dans les autres cas, notamment le projet de loi , qui a été l’un des plus difficiles que le Parlement ait traité depuis très longtemps. Tout de même, le gouvernement refuse de reconnaître l’importance du scrutin secret et la prérogative des députés voulant exprimer leurs opinions et tenir un débat approfondi sur une mesure législative si délicate. Cette habitude qu’a prise le gouvernement de ne pas respecter les principes de base d’un régime démocratique effectif est très inquiétante.
Voilà, j’ai placé cette question dans son contexte. Sur le fond, en ce qui concerne le scrutin secret, je vais commencer par parler des réponses à différents types d’arguments formulés aujourd'hui ainsi que de certaines questions liées au vote secret dans le contexte de la GRC. Après cela, je présenterai les arguments fondamentaux et sous-jacents qui justifient le scrutin secret. J’expliquerai pourquoi les scrutins secrets sont si importants. Soulignons que je ne devrais même pas devoir faire ces observations, mais il est évident dans les circonstances que je me dois de le faire.
Dans le contexte du débat sur ce projet de loi et la GRC, je me penche plus particulièrement sur le scrutin secret visant l'accréditation. On peut considérer le milieu de travail comme une tribune de négociation, voire de compétition, entre les travailleurs et les employeurs. Les deux parties ont des outils à leur disposition. Il vaut la peine de reconnaître que, dans ce genre de compétition virtuelle, les travailleurs du secteur public disposent d'un avantage additionnel. Ils peuvent amener la population à exercer des pressions sur le gouvernement pour qu'il fasse des concessions dans le cadre des négociations collectives ou d'autres formes de pourparlers concernant les salaires. Cet avantage stratégique dans cette compétition entre employeur et employés n'existe pas dans le secteur privé.
Les employés du secteur privé ne peuvent faire front commun pour se débarrasser de leur employeur, alors que les employés du secteur public le peuvent. Par conséquent, le secteur public dispose d'outils additionnels. Il faut le reconnaître puisque nous parlons précisément de ces dynamiques. Par surcroît, cet avantage explique pourquoi les votes d'accréditation dans le secteur public se tiennent par scrutin secret et pourquoi le niveau de syndicalisation y est plus élevé. C'est grâce à cet avantage stratégique.
Dans la mesure où les membres pourraient soulever des préoccupations voulant que l’intimidation par l’employeur nuise à la certification, il faudrait reconnaître que cette situation risque beaucoup moins de se produire dans le secteur public en raison de ces dynamiques stratégiques. À la lumière de ce contexte particulier, il est difficile de justifier leur refus de ne pas autoriser un vote secret. Les préoccupations qui existent peut-être sur la question dans d’autres secteurs pourraient être pertinentes dans le cas du secteur public.
Un des autres arguments formulés dans le présent débat veut qu’un vote secret pourrait toujours avoir lieu puisque la mesure ne l’interdit pas effectivement. Elle remet simplement la prise de décision à ce sujet à une discussion et à une évaluation ultérieures. C’est vrai. Rien de ce qui se trouve dans le projet de loi n’interdit l’utilisation d’un vote secret. Il est possible qu’un vote secret soit utilisé ou non, mais je ne crois pas que cela suffise. Si l’on croit qu’un vote secret est important et, à mon avis, les députés s’entendraient pour dire qu’il est critique dans bien des cas, je ne crois pas qu’il suffise de dire qu’il pourrait y avoir un vote secret.
Si je disais à mes électeurs qu’aux prochaines élections certaines circonscriptions du Canada procéderont à des votes secrets si nous le jugeons nécessaire alors que d’autres circonscriptions n’auront pas la même possibilité parce que nous croyons que ce n'est pas nécessaire, je ne crois pas qu’ils trouveraient la situation satisfaisante. Ils diraient que, si un vote secret est le moyen le plus juste, honnête, raisonnable et démocratique de mener des élections, nous devrions procéder de cette façon dans toutes les circonscriptions. Pourquoi ne pas garantir ce droit plutôt qu'en donner la possibilité? Selon moi, l’argument qu’un vote secret pourrait être tenu ne fait pas le poids.
Nous avons discuté dans le cadre du débat de la mesure dans laquelle la GRC est, d’une part, semblable au reste de la fonction publique et, de l’autre, différente des autres services. C’est intéressant. J’ai écouté le discours de ma collègue d’. Durant la période des questions et commentaires, elle a donné différentes réponses à cette question, d’abord à moi-même, puis au député d’. Elle a dit d’une part que nous avons besoin du même processus que pour les autres membres du secteur public et, de l’autre, que la GRC est différente. Est-elle semblable ou différente? Voici ce que nous en pensons.
Il y a certainement d’importantes différences entre la GRC et les autres organisations de la fonction publique. C’est la raison pour laquelle il était important d’inclure dans le projet de loi des éléments différents et quelques exceptions. Je crois qu’au moins notre parti et le gouvernement en ont reconnu l’importance et ont travaillé très fort au comité pour les préciser et les approfondir.
Toutefois, le scrutin secret est important pour tout le monde. Nous sommes partisans du scrutin secret dans tous les cas, comme nous l’avons montré pour différentes mesures. Le principe du scrutin secret pour choisir des représentants, choisir une unité de négociation particulière est tellement important qu’on ne peut pas le laisser au hasard. On ne peut pas l’admettre dans certains cas, mais pas dans d’autres. Voilà pourquoi nous avons défendu cette cohérence sur toute la ligne.
De plus, il est particulièrement important de voter au scrutin secret dans le cas de la GRC. Après tout, il s’agit d’hommes et de femmes qui nous défendent aux premières lignes et qui protègent la sécurité matérielle de notre démocratie. Nous faisons appel à la GRC pour garantir la sécurité et la stabilité du processus démocratique et pour protéger nos vies dans le pays. Le fait de nier aux agents des droits que d’autres possèdent ailleurs lorsqu’ils élisent des gens, le fait de leur refuser le vote au scrutin secret dans ce cas me semble particulièrement pervers. Même si nous estimons que le scrutin secret devrait être ouvert à tout le monde, pour moi, il est immoral dans cette situation particulière de les priver de ce droit, simplement parce qu’ils sont membres de la GRC, pendant qu’eux-mêmes protègent nos droits démocratiques fondamentaux.
La discussion a aussi porté sur la solution de rechange au scrutin secret et sur la façon dont cela se traduirait, concrètement, pour la GRC. Certains députés préfèrent le système de vérification des cartes. Pour ceux qui l’ignorent, un système de vérification des cartes fonctionne ainsi: certains membres qui veulent une accréditation demandent à d’autres membres d’une éventuelle unité de négociation de signer une carte pour indiquer leur intention. Si l’on obtient un nombre donné de signatures, il n’est pas nécessaire de passer par une étape de délibérations ni de procéder à des élections; l’accréditation est obtenue après que le résultat de la vérification des cartes a été évalué. Cela se fait automatiquement.
Cette façon de procéder présente évidemment de nombreuses lacunes. C’est un peu comme un vote au scrutin public. Cela ne respecte pas le droit à la vie privée des personnes à qui l’on demande une signature. Le système de vérification des cartes, comme il a été signalé, est toutefois particulièrement inopportun dans le contexte de la GRC. Nous avons là une structure très hiérarchisée dans laquelle les membres doivent constamment s’appuyer les uns les autres.
Des membres de la GRC peuvent fort bien discuter de leurs convictions politiques. Ils se sentent peut-être assez à l’aise pour le faire et ils ont la conviction que leur capacité de travailler avec leurs collègues n’en souffrira pas. Toutefois, ils le font de leur propre chef. Le recours à la méthode de la vérification des cartes pour l’accréditation dans ce contexte aurait pour effet d’obliger les membres à déclarer leurs convictions syndicales par l’entremise d’autres membres. Cela pourrait nuire, dans certains cas, à la collégialité si importante au bon fonctionnement de notre corps policier national.
Alors pourquoi ne pas simplement veiller à ce que le droit des membres à la vie privée soit dûment respecté? Pourquoi ne pas garantir le vote au scrutin secret?
Mon collègue d’ a dit quelque chose d’intéressant. Il a dit qu’il était inutile de prévoir un scrutin secret dans ce cas parce qu’il n’est pas question de scrutin public. Si je l’ai bien compris, il a dit que d’une certaine façon les intéressés avaient le choix d’adhérer ou non à l’organisation, et qu’il est donc inutile d’organiser un scrutin secret.
Évidemment, il faut préciser que nous parlons ici d’une organisation qui serait un atelier fermé discriminatoire. Si la GRC décidait d’une accréditation, tous ses membres, même ceux qui ne veulent pas se syndiquer, devraient au moins payer les cotisations syndicales. C’est le processus existant. Nous ne parlons pas de quelqu’un qui décide de devenir membre du Club Rotary ou des Chevaliers de Colomb. Nous parlons de tout un groupe professionnel qui est recruté au sein d’un syndicat, parfois contre la volonté de certains de ses membres. Ce processus s’apparente plutôt à des élections générales pour lesquelles l’importance du scrutin secret serait largement reconnue et respectée.
Au cours du débat sur ce projet de loi, certains députés ont aussi dit que les scrutins secrets avaient pour effet de réduire le taux de syndicalisation. Franchement, cela en dit long sur leur point de vue, car l'objectif ne devrait pas consister à optimiser le taux de syndicalisation. L'objectif devrait plutôt consister à mettre en place un processus équitable, qui permet aux travailleurs de se prononcer sur la possibilité de faire partie ou non d'un syndicat. Évidemment, on peut toujours concevoir un système, comme celui de la vérification des cartes, qui permet de maximiser le taux d'accréditation, mais il ne faut pas que cela se fasse au détriment d'un processus équitable et démocratique, qui permet aux travailleurs de se prononcer véritablement sur l'enjeu. L'objectif devrait consister à mettre à place un processus équitable, puis à laisser aux personnes visées le loisir de faire leur choix. Dans une démocratie, un processus équitable produira les meilleurs résultats possible, en fonction de principes démocratiques. Toutefois, il va sans dire qu'il est injuste de refuser d'instaurer un processus équitable tout simplement parce qu'on souhaite obtenir un résultat précis, soit un taux de syndicalisation plus élevé.
Nous touchons là à quelques-uns des fils conducteurs du débat d'aujourd'hui. Je tiens à mentionner brièvement ce que je juge être les arguments fondamentaux en faveur du scrutin secret. Pourquoi s'entend-on généralement pour dire que les scrutins secrets sont importants? Premièrement, nous savons tous que les gens ont le droit à la confidentialité de leurs opinions politiques. Ils ont évidemment le droit de se prononcer sur l'accréditation et sur d'autres questions, mais ils ont aussi le droit de ne pas exprimer leur opinion, de ne pas souhaiter que leurs collègues, leurs employés et même les membres de leur famille sachent quel a été leur vote ou ce qu'ils pensent de diverses questions politiques délicates. Le droit à la confidentialité découle du concept d'autonomie et d'indépendance, de l'idée selon laquelle nos opinions politiques nous sont personnelles et que, par conséquent, nous avons le droit de nous prononcer en faveur d'une option comme de l'autre. La séparation de la sphère privée de la sphère publique est un principe fondamental de la démocratie libérale. C'est pourquoi il y a un scrutin secret aux élections.
Le scrutin secret permet évidemment d'éviter les représailles. J'ai déjà rappelé à la Chambre, pendant le débat sur un ancien projet de loi, l'histoire des scrutins secrets. Lorsqu'il y avait des scrutins publics, les gens pouvaient subir de l'intimidation. Ils pouvaient faire l'objet de représailles ou perdre leur emploi à cause de la manière dont ils avaient voté. Voilà pourquoi nous avons ensuite adopté les scrutins secrets.
Le scrutin secret a également pour but d'éviter la corruption. Si on voit comment une personne vote, on peut être tenté de lui offrir un incitatif, ce qui ne peut pas se produire quand le vote est secret.
Enfin, il importe que le vote soit précédé de délibérations. Or, c'est impossible avec le système de vérification des cartes, où quelqu'un peut, après avoir signé sa carte, lire un article ou acquérir de nouveaux renseignements et se mettre à penser différemment. Dans le cadre de ce système, on n'a pas la possibilité de changer d'avis, mais avec le scrutin secret, des délibérations, un débat, une bonne discussion ont lieu, après quoi les gens peuvent tirer leurs propres conclusions le moment venu.
Pour ces raisons, même si le projet de loi comporte des aspects intéressants, je vais devoir m'y opposer si le gouvernement n'accepte pas d'y apporter un amendement prévoyant pour les membres de la GRC le droit de se prononcer par scrutin secret.
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Madame la Présidente, j'aimerais, pour commencer, faire comme presque tous les députés au début de leur intervention au sujet du projet de loi et remercier la GRC pour le travail que ses membres font chaque jour dans nos collectivités et au fédéral pour assurer notre sécurité. Nous avons l'une des forces policières les plus dévouées et compétentes du monde, mais elle peut être améliorée. Elle peut être meilleure.
Je sais qu'elle va s'améliorer, car, comme d'autres qui ont déjà pris la parole, je connais une des nouvelles recrues arrivées cette semaine. C'est quelqu'un que j'ai connu quand il était un jeune leader et fréquentait l'école secondaire à Esquimalt; il s'occupait de notre maison et de notre chien en notre absence et, maintenant, il est agent de la GRC et protège la Chambre ici plutôt que mon domicile.
J'ai aussi vu la GRC à l'oeuvre dans ma propre circonscription. Le détachement de West Shore de la GRC assure le maintien de l'ordre dans plus de la moitié de ma circonscription, avec 65 membres assermentés, et elle a eu la chance d'en accueillir quatre nouveaux en 2015, ce qui lui a permis de suivre l'augmentation de la population. J'ai une circonscription dont la population augmente très rapidement, surtout dans les zones desservies par la GRC. C'est toujours un défi pour la GRC de suivre cette évolution.
J'ai aussi été témoin personnellement du travail qu'accomplit la GRC dans le cadre des missions de paix de l'ONU. J'ai été envoyé en mission au Timor-Oriental, où la GRC avait une responsabilité importante, celle de former les nouveaux policiers du pays. Elle a fait un boulot remarquable et elle s'est attiré le respect de toutes les personnes ayant pris part à cet exercice. J'ai aussi pu voir de quoi elle est capable en Afghanistan, où je me suis rendu dans le cadre d'une mission internationale sur les droits de la personne. J'ai alors pu constater toute l'ampleur de la tâche à laquelle les membres de la GRC s'étaient attelés en essayant de contribuer à la formation des policiers afghans sans pouvoir compter sur une tradition policière indépendante et fondée sur les droits comme nous en avons une ici, au Canada.
Si je ne m'abuse, 84 membres de la GRC participent actuellement à l'une ou l'autre des missions de paix de l'ONU de par le monde. Comme tous les députés, je remercie la GRC de son dévouement et des services qu'elle rend à notre pays.
Je connais bien les rouages du monde policier parce que j'ai enseigné le droit pénal durant 20 ans aux futurs policiers et gardiens de prison qui étudiaient au Collège Camosun, à Victoria. Bon nombre de mes anciens étudiants font aujourd'hui partie de la GRC. Lors de certaines manifestations monstres ou de grandes marches qui ont eu lieu dans ma circonscription, je vais souvent parler aux policiers. Une fois, quelqu'un est venu me demander si j'étais dans le pétrin et si j'avais besoin d'aide. Je lui ai répondu que ces gens étaient mes anciens étudiants et que je les connaissais, bref, que tout allait bien.
Je fais sans doute aussi partie des rares députés à avoir représenté la partie patronale dans le cadre de négociations avec un syndicat de policiers. J'ai en effet entamé ma carrière comme membre d'une commission des services de police municipaux. J'avais tiré le mauvais numéro — c'est ce que nous disions tous, en tout cas —, et c'est pourquoi on m'avait confié les dossiers « finances » et « négociations collectives ». J'ai donc eu en face de moi les représentants du syndicat d'un tout petit service municipal de police, avec qui j'ai discuté des mêmes enjeux que ceux qui intéressent aujourd'hui la GRC. J'ai donc une connaissance toute personnelle de la question à l'ordre du jour, et j'y reviendrai dans un instant.
Dans le cadre des fonctions de porte-parole du NPD en matière de sécurité publique, que j'occupe depuis cinq ans, j'ai collaboré très étroitement avec l'Association canadienne des policiers ainsi que l'Association canadienne professionnelle de la police montée. Depuis la décision de la Cour suprême, qui date maintenant de près d'un an et demi, elles souhaitent ardemment faire avancer la mise en place d'un processus de représentation pour les simples agents de la GRC. Je tiens à souligner la contribution de Tom Stamatakis, président de l'Association canadienne des policiers, et de Rae Banwarie, président de l'Association canadienne professionnelle de la police montée, qui ont collaboré avec tous les députés afin que nous adoptions les mesures législatives qui s'imposent.
Au Canada, les syndicats de policiers suscitent la controverse depuis longtemps, soit depuis les premières accréditations syndicales; je crois qu'elles ont eu lieu en 1918, mais il y a maintenant plusieurs années que je n'enseigne plus ce genre de matière. Les services de police de Toronto et de Vancouver ont tous deux obtenu leur accréditation syndicale en 1918. Nous avons connu une série de grèves, y compris la grève générale de Winnipeg ainsi qu'une grève des policiers au Royaume-Uni et une autre à Toronto. Elles ont donné lieu à une période de réglementation des syndicats de policiers et à des tentatives de restreindre le droit à la négociation collective et le droit de grève. Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, il y a eu des périodes où la liberté de syndicalisation a connu des hauts et des bas dans les services de police et dans tous les secteurs, mais jamais au sein de la GRC.
À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, en 1945, c'est le sentiment d'avoir chaudement lutté pour protéger la démocratie et la liberté qui a selon moi ouvert la voie à la mise en place de vastes pouvoirs de négociation collective dans la fonction publique. Ainsi, le syndicat des policiers de Toronto a été accrédité de nouveau à titre d'agent négociateur des policiers de Toronto en 1945. Pendant les 20 années suivantes, le mouvement de syndicalisation s'est étendu à presque tous les corps policiers, à l'exception de la GRC.
Dans les années 1960, quand les fonctionnaires ont obtenu le droit de se syndiquer et même de faire la grève dans certaines circonstances, la GRC a été spécifiquement exclue. Nos discussions actuelles portent sur cette exclusion, enchâssée dans la loi dans les années 1960.
Dans les années 1970, certains se demandaient déjà s'il vaudrait mieux laisser les membres de la GRC décider eux-mêmes s'ils souhaitaient se syndiquer ou non, au lieu d'interdire leur syndicalisation par voie législative. En 1979, je crois, Svend Robinson, alors député de , a présenté l'un des premiers projets de loi visant à lever les restrictions empêchant la GRC de former un syndicat.
M. Kennedy Stewart: Il est ici aujourd'hui.
M. Randall Garrison: En effet, je l'ai vu dans la Cité parlementaire aujourd'hui, madame la Présidente. Il travaille maintenant pour le Fonds mondial de la lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme; il se consacre donc toujours à un travail important.
C'est la décision rendue par la Cour suprême du Canada qui nous amène au point où nous en sommes aujourd'hui. Il est intéressant de souligner que la Cour suprême n'a que très rarement infirmé ses propres décisions. Elle a très rarement infirmé ses décisions antérieures. En 1999, elle avait maintenu sa décision d'interdire aux membres de la GRC de se syndiquer. Donc, en janvier 2015, le milieu juridique a été très étonné lorsque la Cour suprême a rendu une décision très claire qui autorisait les membres de la GRC à se syndiquer. Il s'agissait d'un jugement à six contre un.
Je vais lire quelques extraits du jugement rendu par la majorité des juges de la Cour suprême. Voici le premier extrait:
Nous concluons que la liberté d’association garantie par l’al. 2d) protège l’existence d’un processus véritable de négociation collective qui offre aux employés une liberté de choix et une indépendance suffisantes pour leur permettre de décider de leurs intérêts collectifs et de les défendre.
Les juges indiquent que le régime en place, le régime de représentants du personnel, ne confère pas à ces gens les mêmes droits que ceux que la Charte garantit aux autres Canadiens, c'est-à-dire le droit de choisir leurs représentants et de veiller à ce qu'ils soient indépendants, en l'occurrence de la direction de la GRC.
On peut ensuite lire ce qui suit dans la décision:
Bien que son mandat diffère de celui des autres forces policières, rien ne prouve que le fait d’accorder à la GRC un régime de relations de travail semblable à celui dont bénéficient d’autres forces policières aurait pour effet d’empêcher cet organisme de s’acquitter de son mandat.
Ce que cela signifie, et nous savons que c'est la vérité, c'est que, pour que des limites soient imposées sur les droits au Canada, elles doivent selon la Constitution être raisonnables, leur justification doit pouvoir être démontrée et elles doivent être proportionnelles aux enjeux d'intérêt public. Ce que la cour a constaté dans cette affaire, c'est qu'il n'y avait pas d'enjeu d'intérêt public justifiant l'imposition de ce genre de limites à la négociation collective pour la GRC.
Il a souvent été question à la Chambre de délais imposés par la Cour suprême, notamment en ce qui concerne l'aide au suicide et la syndicalisation des membres de la GRC. J'ai toujours soutenu, et je continue de soutenir, qu'il ne s'agit pas de délais. Ce que la cour a statué dans ces deux cas, c'est que les lois actuelles sont inconstitutionnelles, et elle donne au Parlement l'occasion d'adopter des mesures législatives s'il souhaite changer les choses. Si le Parlement n'adopte pas de mesure législative dans le délai fixé, alors la loi actuelle sera considérée comme inconstitutionnelle, et le cadre juridique habituel s'appliquera. Si nous n'adoptons pas le projet de loi dans le délai fixé, ce qui est manifestement le cas, la GRC tombera sous le coup de la Loi sur les relations de travail dans la fonction publique.
Je ne prétends pas que nous n'avons pas besoin d'un projet de loi. Je crois en fait que certains éléments justifient qu'un projet de loi soit adopté et que la GRC soit dissociée d'autres associations syndicales. Ce qui est surprenant, ou plutôt qui ne l'est pas, c'est que l'Association canadienne des policiers et l'Association canadienne de la police montée professionnelle sont également d'accord. Elles ne demandent pas à se joindre aux teamsters ou aux métallurgistes. Ce n'est pas là l'objectif.
Selon le projet de loi , il n'y aurait qu'un seul syndicat représentant uniquement les policiers. Cela ne suscite pas la controverse. Par conséquent, adopter un projet de loi qui établirait ce cadre n'est pas une mauvaise idée. Toutefois, les qualités du projet de loi C-7 s'arrêtent là, parce que les autres dispositions principales du projet de loi éliminent tous les éléments pouvant donner lieu à un véritable régime de négociation collective.
À mon avis, le projet de loi , tout comme le projet de loi sur l'aide au suicide, est probablement inconstitutionnel. Il entraînera sans doute toutes sortes de litiges, forcera les membres de la GRC et l'État à engager des dépenses et les tribunaux à consacrer du temps à des causes qui n'ont pas de raison d'être.
La décision prise à six contre un par la Cour suprême est claire. Si nous respections ce jugement dans le projet de loi, l'affaire serait réglée. Le nouveau régime de relations de travail pourrait être mis en place. La GRC et ses conditions de travail, y compris la santé et la sécurité des membres, pourraient s'améliorer. Je le répète, il ne faut pas oublier que, selon notre régime constitutionnel, les limites imposées aux droits ne sont acceptables que si elles sont raisonnables et manifestement justifiables dans une société libre et démocratique, et adaptées à un objectif public précis.
Quel objectif public poursuit-on en interdisant à cette nouvelle organisation chargée des relations de travail d'aborder les questions de dotation, de déploiement, de harcèlement ou de discipline? Dans le passage de la décision que j'ai cité tout à l'heure, la Cour affirme clairement qu'aucun objectif public ne justifie le fait de limiter les négociations collectives de la GRC. Par conséquent, je soutiens qu'aucun objectif public ne sera atteint par l'application des exclusions dont il est question au processus de négociation collective.
Je ne pense pas que le gouvernement nous a dit pourquoi il a choisi d'exclure ces enjeux. Je n'ai pas entendu de justification pour ces exclusions, et les libéraux n'ont pas donné d'argument législatif pour expliquer comment ils croient qu'elles passeront le test des tribunaux, si nous nous retrouvons de nouveau devant eux. Comme je l'ai dit, je pense que le projet de loi entraînera des litiges, ce qui est regrettable.
Nos tribunaux sont monopolisés par toutes sortes de questions importantes. S'ils devaient être saisis plus tard cette année ou en 2017 d'une question sur laquelle ils se sont déjà penchés en 1999 et en 2015, cela gaspillerait le temps et les ressources de tout le monde.
En tant que député néo-démocrate, j'étais évidemment d'avis, comme le reste de mon parti, que ces exclusions auraient dû être éliminées à l'étape de l'étude par le comité. Malheureusement, le gouvernement ne l'a pas fait, et je crois que les conservateurs ont aussi voté en faveur du maintien des exclusions. Cependant, je tiens à féliciter le gouvernement d'avoir accepté de supprimer les articles 40 et 42, qui auraient confié la responsabilité de la santé et de la sécurité au travail aux commissions des accidents du travail de chaque province.
Il est évident que le personnel de la GRC a un caractère exceptionnel, et il aurait été inacceptable d'établir un régime où les membres de la GRC, en fonction de l'endroit où ils sont en poste, auraient droit à différents types d'indemnités, de prestations ou de services de réadaptation. Je félicite donc le gouvernement d'avoir écouté les demandes du Parti conservateur et de notre parti de supprimer les articles 40 et 42 et de maintenir l'uniformité des normes de santé et de sécurité au travail à l'échelle du pays. De cette manière, l'endroit où les membres de la GRC sont en service ne serait pas vraiment important parce qu'ils auraient droit aux mêmes avantages sociaux et protections.
Quand nous parlons de l'exclusion des questions de dotation, de déploiement, de harcèlement ou de discipline, qu'est-ce que cela signifie réellement? Cette question m'amène à parler de ces quatre enjeux sur lesquels j'ai dû me pencher il y a presque 20 ans quand je suis devenu représentant des relations de travail de la commission de police de ma municipalité.
La dotation est l'établissement de la quantité de travail d'une personne, la décision de combler ou non les postes vacants, et la détermination de la période acceptable pendant laquelle un poste peut demeurer vacant. Je sais que, dans ma circonscription située sur la côte Ouest, où la population est croissante et la demande est forte, il y avait des préoccupations au sein des membres subalternes de la GRC concernant ces quatre postes qu'ils auraient dû avoir, qui avaient été autorisés, mais qui, je crois, ont pris six ans à combler, si ce n'est pas plus. La mémoire me fait défaut, parce que cela a pris tellement de temps avant d'obtenir les personnes dont ils avaient besoin.
Quelle est l'incidence de cela sur les activités de la GRC? On pourrait dire que cela l'amène à dépenser plus d'argent ou que cela enlève les prérogatives de la direction. Toutefois, je peux dire aux députés que, du point de vue des subalternes, la dotation, c'est la détermination du nombre d'heures supplémentaires qu'ils devront travailler sans le vouloir, parce qu'ils aimeraient mieux les passer avec leur famille ou, comme la plupart des agents de la GRC le font, à faire du bénévolat dans des activités communautaires. Ils se demandent s'ils seraient forcés de travailler des heures supplémentaires parce que ces postes vacants n'ont pas été comblés.
Je ne veux pas insinuer que le nouveau syndicat des membres comblerait les postes vacants ou déciderait du moment auquel ceux-ci seraient comblés, mais il pourrait peut-être faire valoir dans les négociations un délai raisonnable pour doter un poste à combler. Leur convention collective pourrait prévoir que, lorsqu'un poste est vacant, il doit être comblé dans les six mois ou dans l'année. Pourquoi n'est-ce pas là une chose qu'ils pourraient négocier? Le délai acceptable pour combler les postes vacants est certainement un élément que j'ai négocié avec notre syndicat des policiers.
Je n'arrive tout simplement pas à comprendre pourquoi une telle question ne peut faire l'objet de négociations collectives à la GRC.
Il y a aussi la question du déploiement, qui concerne notamment le renfort et la relève, surtout dans les corps municipaux. Combien d'agents par voiture? Est-il dangereux d'envoyer un agent seul en voiture, y a-t-il lieu de les déployer en paires? Au terme de négociations, après mon départ, il a enfin été décidé qu'il y avait lieu de déployer les agents en nombres différents en fonction de l'heure de la journée.
C'est grâce à la négociation collective que nous avons pris connaissance de la position des membres ordinaires selon laquelle il était convenable de déployer un agent seul en voiture durant la journée compte tenu du nombre d'agents en service qui pouvaient être appelés en renfort. En revanche, ce n'était probablement pas une bonne idée d'envoyer un agent seul en voiture à trois heures du matin. C'était l'objet de nos discussions à l'époque. Encore une fois, j'ignore comment on pourrait en venir à la conclusion que la possibilité de discuter de la question du déploiement ne contribue pas à l'amélioration des services de police dont bénéficie la population et des conditions de travail des agents de la GRC.
La GRC a par ailleurs beaucoup de détachements de très petite taille, dans lesquels se pose le grave problème de la relève. Si l’agent est seul ou qu’ils sont deux à servir la collectivité, qui assure la relève d’un poste où l’on peut être sollicité 24 heures sur 24? Qu’y aurait-il de mal à négocier que, lorsque le détachement n’a qu’un ou deux agents, il doit y avoir une relève après un certain temps? Ce sujet pourrait être discuté lors des négociations collectives. Je le répète, il s’agit d’améliorer les services de police communautaires et d’offrir de meilleures conditions de travail aux agents de la GRC.
Par ailleurs, le harcèlement est ce qui me choque le plus. Les corps policiers se sont penchés sur la question. Lorsque j’ai été nommé à la commission de police de la Colombie-Britannique, j’étais le seul membre de la commission ouvertement gai. Nous avons rencontré le syndicat. Mais avant, j’avais déclaré au chef: « Pour votre gouverne, ma mère est déjà au courant. » Ce à quoi il a répondu: « Nous aussi, ce n’est pas pour rien qu’on est de la police. » C’était un très bon début que de commencer par de la sensibilisation au harcèlement.
Le syndicat a rencontré la commission et nous avons convenu d'offrir une formation sur le harcèlement. Personne n'a forcé qui que ce soit à suivre la formation. Les membres de la commission ont dit qu'ils suivraient la formation en premier puis qu'ils demanderaient au syndicat de la suivre.
Le président du syndicat de l'époque avait dit que c'était une perte de temps totale. Après avoir suivi la formation, il a dit qu'il avait eu tort, qu'il n'avait pas réalisé que certaines pratiques qui avaient cours dans les forces étaient du harcèlement.
Le dernier élément est la discipline. Lorsqu'on négocie au sujet de la discipline, on ne dit pas que les membres subalternes peuvent décider si une personne doit être disciplinée. Ils doivent avoir leur mot à dire sur ce qui constitue un processus de discipline équitable et sur ce qu'est une représentation équitable.
C'est le genre de questions que j'ai dû aborder. Quels sont les délais raisonnables? Quelles preuves doivent être rendues disponibles? Est-ce que les policiers sont soumis aux normes juridiques du tribunal pour leurs propres procédures disciplinaires? Est-ce équitable ou est-ce qu'on devrait adopter un autre processus disciplinaire?
Je le répète, ces quatre éléments exclus sont essentiels à un bon environnement de travail pour les membres subalternes de la GRC et contribuent à améliorer les services de police dans nos communautés.
Je sais qu’il ne me reste plus beaucoup de temps, mais je veux parler d’une autre question concernant la dotation, une question qui me préoccupe depuis le temps où je suis rentré dans la police. Je veux parler du recrutement et de la retraite. La plupart des députés ici présents seront probablement surpris d’apprendre qu’un policier sur dix au pays serait admissible à la retraite dès demain. Ils continuent de travailler par dévouement, mais ils sont déjà admissibles à la retraite.
Comment répondra-t-on à cette crise des effectifs dans la GRC? Un des meilleurs moyens de s’y prendre est de travailler avec les membres de la GRC actuellement en exercice et de leur demander quels sont les moyens raisonnables de surmonter ce qui est véritablement une crise.
L’autre moyen est de miser sur le recrutement. Au début, on a montré de la résistance, même au sein de ce service de police, à l’idée de recourir à la diversité comme critère d’embauche. Nous avons travaillé avec le syndicat à l’époque. Le même président du syndicat est revenu me voir pour me dire que ma déclaration selon laquelle nous n’avions pas un service de police très diversifié – nous étions tous des hommes blancs – lui avait fait apparaître cette solution comme évidente. Les avantages d’avoir une force de police plus diversifiée sur le plan du maintien de l’ordre n’étaient pas, eux, évidents.
Le service a alors embauché deux personnes faisant partie des Premières Nations et deux autres qui étaient, l’un gai et l’autre lesbienne. Il m’a dit que son service avait maintenant des contacts qu’il n’avait jamais eus avant au sein des communautés et que cela leur permettait de faire un meilleur maintien de l’ordre.
Encore une fois, le fait de négocier avec les syndiqués de la base au sujet de la dotation, comme le recrutement, le maintien en poste et la retraite, amènera un meilleur service de maintien de l’ordre à tout le monde.
Je suis désolé de ne pas pouvoir voter en faveur du projet de loi qui établit un cadre de syndicalisation pour la GRC, mais j’agis ainsi parce que je juge inacceptable que la négociation collective soit assujettie à des exclusions.
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Monsieur le Président, je suis heureux de me lever aujourd'hui, et j'aimerais signaler que je partagerai mon temps de parole avec le député de qui, encore une fois, fait un travail extraordinaire pour la défense des droits des travailleurs et travailleuses, ici, à la Chambre.
Tout d'abord, je vais faire un peu comme tout le monde, et prendre 30 secondes pour remercier les agents de la GRC de tout le travail qu'ils font un peu partout au pays et les en féliciter. Ils travaillent fort pour assurer notre sécurité, celle de nos communautés et de nos enfants. Étant député de la région de Montréal, j'ai moins de rapports avec eux, puisqu'ils ne fournissent pas le service directement à Montréal. C'est la SPVM qui donne le service chez nous, mais nous sommes conscients du bon travail qu'ils font et du métier dangereux et nécessaire qui est le leur.
Je suis très heureux de me lever aujourd'hui pour parler d'un sujet qui nous tient à coeur comme progressistes, sociodémocrates et néo-démocrates, c'est-à-dire les droits fondamentaux comme celui de la libre négociation. Cela nous tient à coeur parce que se réunir, se rassembler et se donner un rapport de force collectif pour être capables d'améliorer ses conditions de travail et ses conditions de vie, c'est quelque chose de fondamental au progrès social, au progrès de nos sociétés et de nos pays.
Nous avons vu l'impact positif qu'un processus de syndicalisation peut avoir sur la qualité de vie des gens, que ce soit sur le plan du salaire et des avantages sociaux, mais également en ce qui concerne le respect des personnes qui occupent un emploi, afin qu'elles ne soient pas victimes de discrimination et d'abus de la part de l'employeur ou qu'elles soient écartées par ce dernier.
On dit souvent que les gens de droite sont là pour défendre les gens de la classe moyenne, mais on ne fait pas assez souvent le lien avec le fait que la classe moyenne est principalement une création du mouvement syndical. Au XVIIIe siècle, quand le syndicat était une organisation illégale, les gens avaient des conditions de travail absolument ignobles. Ils étaient sans droits et travaillaient vraiment comme des chiens pour une rémunération qui les maintenait dans la pauvreté. C'était un processus de paupérisation constant. Par conséquent, il faut saluer le travail de tous ces hommes et ces femmes qui décident de se mettre ensemble, de s'asseoir et de négocier une convention collective ou un contrat de travail qui va fixer les règles du jeu et qui fera en sorte qu'ils pourront vivre dans un environnement de travail sain qui va leur donner également les moyens de faire vivre une famille, d'avoir des loisirs, de peut-être voyager et autres.
Les syndicats sont devenus légaux au Canada en 1872. Toutefois, les agents de la GRC sont dans une situation assez particulière depuis la création de la Gendarmerie en 1918. En effet, les agents de la GRC se sont toujours fait refuser ce droit de s'organiser et d'être capables de négocier leur contrat de travail, alors que c'est une violation claire de la Charte canadienne des droits et libertés, et que le droit à la libre négociation a été reconnu par plusieurs cours, dont la Cour suprême de la Colombie-Britannique et celle de la Saskatchewan, mais également par la Cour suprême du Canada.
Je suis dans un sens heureux que le gouvernement libéral finisse par faire aboutir une longue lutte. Cela fait plusieurs décennies que les agents et les agentes de la GRC souhaitent être capables de se doter de ce droit qui existe pour tous les autres. Cependant, je suis amèrement déçu de la rédaction et du travail faits par le gouvernement libéral. Encore une fois, on est dans une situation où, voulant suivre une directive ou une décision de la Cour suprême, le gouvernement libéral tente de s'y adapter, mais il le fait sur le coin de la table. Il invente des choses, oublie des choses et, je pense que mon collègue le disait tantôt, cela risque de nous replonger encore une fois dans de nouveaux débats juridiques. Le projet de loi va probablement être contesté parce qu'il contient des choses qui sont à leur face même complètement inacceptables et qui briment la libre négociation.
Le principe même que ce projet de loi est censé défendre est bafoué par certains articles de la loi. Quels sont-ils? Pour nous, l'aspect le plus important est celui des exclusions. Le projet de loi exclut certains enjeux, certaines questions, du processus de négociation collective. On vient dire aux agents de la GRC qu'ils ont le droit de s'organiser et de négocier collectivement un contrat de travail, mais qu'ils n'ont pas le droit de parler de telle ou telle chose, et que c'est le gouvernement qui décide. On leur dit qu'ils ont uniquement le droit de parler de paie et d'avantages sociaux, merci, bonsoir.
Quelles sont les exclusions? C'est la dotation de postes, le fait de décider qui va obtenir une promotion ou qui sera embauché.
Il y a aussi le déploiement: qui va aller dans telle ville, tel village ou telle région. Il y a aussi les quarts de travail: le travailleur est-il obligé d'être seul ou devra-t-il être accompagné?
Il y a aussi le harcèlement et les mesures disciplinaires. Ce n'est pas rien. Les libéraux excluent du processus de négociation collective de la GRC tout ce qui aurait trait au harcèlement sur le lieu de travail. On ne pourrait donc pas porter plainte à cet égard. C'est aberrant. Pourquoi les agents de la GRC seraient-ils privés de cette possibilité?
Il y a également les mesures disciplinaires. Or cela est complètement écarté du revers de la main, sans qu'on sache pourquoi, comme si cela tombait du ciel.
Qui a pensé à écarter ces enjeux? On sait que c'est ce qui peut faire toute la différence entre un milieu de travail sain et agréable et un milieu de travail où il y a des conflits, de la compétition, voire de mauvaises relations entre les employés ou parfois entre un cadre et un employé.
On ne comprend pas, au NPD, pourquoi tous ces enjeux, qui ont une grande influence sur la santé et la sécurité au travail, ont été balayés et écartés du revers de la main par le gouvernement libéral.
Que va-t-il se passer? C'est assez clair, et c'est écrit dans le ciel: si ce projet de loi est adopté, les agents de la GRC qui se seront dotés d'un syndicat réclameront, à un moment donné, leur droit de parler de ces enjeux et d'avoir un processus interne leur permettant de se plaindre et de se faire entendre. Pourquoi seraient-ils privés de ce droit, alors que tous les autres corps policiers et syndiqués du Canada peuvent parler de ces enjeux?
Nulle part, le gouvernement libéral n'a démontré que la fiabilité, la neutralité ou la viabilité de la GRC étaient remises en question à cause de ces enjeux de négociation collective et que ces derniers devaient donc être exclus du processus. C'est absolument incompréhensible. Cela va donner lieu à de nouvelles démarches juridiques et à des coûts supplémentaires, non seulement pour les contribuables, mais également pour le syndicat des agents de la GRC. Or c'est complètement inutile, car on pourrait régler ce problème tout de suite, aujourd'hui.
J'appelle le gouvernement libéral à entendre le bon sens, au lieu de forcer le Parlement à adopter des projets de loi imparfaits et bâclés qui vont être contestés devant les tribunaux. Je l'appelle à faire un travail correct et respectueux de ce droit fondamental qu'est la libre négociation.
Cet enjeu touche un groupe important, bien que petit, de notre société. On ne comprend pas pourquoi ces gens-là ne devraient pas avoir les mêmes droits que l'ensemble des travailleurs et des travailleuses. Ils font un travail reconnu et respecté par tout le monde. Je pense qu'on devrait leur donner les outils nécessaires pour se doter d'un milieu de travail où ils se sentiront à l'aise et écoutés, et où ils pourront se faire entendre au besoin.
C'est pour cela que, au NPD, il ne nous est pas possible de voter en faveur du projet de loi , bien que son intention soit bonne et que la décision de la Cour suprême existe. C'est simplement parce que ce travail est fait à moitié et va se retrouver devant les tribunaux, encore une fois.
Je profite des minutes qui me restent pour dire que je ne comprends pas pourquoi, dans ce débat, les gens du Parti conservateur, qui se sont traîné les pieds de manière lamentable depuis le jugement de la Cour suprême en janvier 2015, reviennent toujours sur la question du vote secret sur le processus d'accréditation syndicale. Cela n'a aucun rapport avec le projet de loi C-7. On croirait qu'ils essaient de revivre les années du gouvernement précédent, alors qu'un processus de syndicalisation qui se fait avec des cartes de membre signées et déposées au Conseil canadien des relations industrielles, le CCRI, est la manière la plus efficace et la plus simple de syndiquer un groupe qui ne l'est pas. On entend souvent les conservateurs nous dire que les signatures de cartes vont provoquer de l'intimidation que c'est pour cela qu'ils préfèrent un vote secret. Or, dans le processus de syndicalisation, les gestes d'intimidation sont posés par les employeurs, et non par les travailleurs et les travailleuses. Cela n'est pas documenté et cela n'existe pas.
Je viens du mouvement syndical. J'ai été, dans ma vie précédente, un militant syndical et un conseiller syndical. On sait qu'un processus de syndicalisation par vote secret entraîne des résultats souvent négatifs pour les travailleurs et les travailleuses. On a moins de succès. Plus le vote est long, plus cela donne à l'employeur le temps de faire du chantage, des promesses ou des menaces.
Voilà pourquoi nous voulons garder le système actuel. J'aimerais que nos amis les conservateurs le comprennent éventuellement.
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Monsieur le Président, je suis heureux de traiter de ce projet de loi aujourd’hui.
Avant de le faire, toutefois, je dois dire que j’ai remarqué qu’un certain nombre de députés ont mentionné tout le respect et toute la reconnaissance qu’ils ont envers la GRC. J’aimerais parler d’un membre très spécial de la GRC qui est dans ma circonscription, Burnaby-Sud, le surintendant principal Dave Critchley. Il est à la tête du détachement de la GRC à Burnaby. Je veux le remercier des services qu’il a rendus à notre collectivité, car le surintendant principal Critchley m’a informé qu’il allait partir à la retraite cette année. Il va nous manquer à tous et je lui offre mes meilleurs vœux, ainsi qu’à son épouse, Debra.
Je vais vous résumer la carrière du surintendant principal Critchley. Il a passé 33 ans à la GRC, y compris une affectation ici même, à Ottawa. Il était détaché auprès du Bureau du Conseil privé comme agent de liaison fédéral de la GRC pour les Jeux olympiques d’hiver. Nous le remercions tous de l’excellent travail qu’il a accompli à ce poste pendant ces jeux spectaculaires. Il a aussi été affecté à Kaboul, en Afghanistan, à titre de chef des forces policières canadiennes. Il était le policier canadien le plus haut gradé en Afghanistan. Il a fait un travail fantastique, et j’aimerais le remercier à nouveau de ses services et de la gentillesse dont il a fait preuve à mon égard depuis que je suis député de Burnaby.
Je dois maintenant cesser d’envoyer des fleurs et de remercier des gens pour passer à des questions moins agréables. J’ai un commentaire général à adresser au gouvernement, qui semble incapable de faire adopter ses projets de loi ici et, évidemment, dans l’autre Chambre, au Sénat. Je suis député depuis 2011, et même si je n’appuyais pas nombre des projets de loi des conservateurs, j’appréciais le professionnalisme dont ceux-ci faisaient preuve. Je crois que les conservateurs faisaient du bon travail dans la mesure où ils nous avisaient des projets de loi qui allaient être présentés et ils les présentaient à la Chambre de façon ordonnée.
Le gouvernement libéral actuel me semble parfaitement incapable de faire adopter ses projets de loi. Ce n’est pourtant pas parce qu’il se heurte à une obstruction systématique, ni parce que nous ne faisons pas notre travail. Les libéraux semblent un peu perdus. Regardons le site Web du Parlement. On nous avait promis 100 jours d'action. On nous avait promis de réels changements. Le gouvernement a déposé 16 projets de loi à la Chambre, mais un seul est revenu du Sénat, si l’on ne tient pas compte des trois projets de loi sur les dépenses budgétaires. Mis à part les questions d’argent, le gouvernement libéral semble incapable de faire adopter à la Chambre les mesures qui apparemment lui tiennent à coeur, et qui sait ce qui se passera au Sénat? Les libéraux ont créé le chaos total ici, et nous attendons tous de voir la suite.
Le projet de loi, je le répète, illustre parfaitement l’incompétence qui règne de leur côté de la Chambre. Nous savons tous ce que la Cour suprême a ordonné. Nous rejetons divers aspects du projet de loi, mais la Cour suprême a invalidé une loi. Elle a déclaré que la GRC avait le droit de former un syndicat ou une association quelconque, mais le gouvernement préfère faire de la politique. Nous considérons que le projet de loi qui nous a été soumis n’est pas assez étoffé.
Je ne suis pas un expert du syndicalisme. J’ai été membre d’associations de professeurs à l’université. À l’Université Simon Fraser, nous venons de nous syndiquer véritablement. Je ne suis toutefois pas très au courant de ces questions. Je suis fier de pouvoir dire que notre parti est le seul qui a négocié une convention collective avec ses employés, et nous respectons strictement cette convention. Je suis conscient des avantages qu’offre à l’employeur une convention collective en bonne et due forme. Par conséquent, lorsque j’ai vu que la liste des exclusions inscrites dans le projet de loi comprenait les discussions sur la dotation, l’emploi, le harcèlement et la discipline, je me suis dit qu’il s’agissait simplement d’une demi-mesure pour donner l'impression de respecter l’arrêt de la Cour suprême qui reconnaît le droit des membres de la GRC de se syndiquer. Contrairement à mes collègues conservateurs, je ne pense pas qu’un vote secret s’impose; il suffit de signer une carte syndicale ou une carte d’association pour devenir membre.
Il paraît cependant étrange que le gouvernement écarte tant d'aspects de la discussion entre employeur et employés, par exemple les niveaux de dotation. Comme mon collègue d’Esquimalt l’a dit, les employeurs et les employés devraient pouvoir discuter du nombre d’agents de la GRC qu’il convient d’affecter à une auto-patrouille pour un quart de travail le soir. Il devrait être possible de discuter de cette question et de s’entendre.
J’ai eu la chance de siéger au Comité permanent de la justice et des droits de la personne au moment où ont surgi les problèmes de harcèlement à la GRC. Des difficultés de ce genre s’étaient produites dans le passé. Elles constituaient les seules taches dans un dossier autrement très positif et ont occasionné de nombreux procès et problèmes. Bien sûr, c’est une chose qui devrait être négociée dans la convention collective, de même que la discipline, afin qu’on puisse être sûr que les mesures prises sont équitables envers les membres.
Même si j’avais déjà travaillé dans un milieu syndiqué, je ne connaissais pas les caractéristiques de cet environnement particulier. Maintenant, comme employeur de travailleurs syndiqués, je comprends toute l’importance que cela peut avoir. La syndicalisation et les conventions collectives permettent de discuter de ces importantes questions. Il arrive souvent qu’à titre d’employeur, on ne comprenne pas le point de vue des salariés et les contraintes auxquelles ils sont soumis. Le respect d’une convention collective est un moyen de favoriser la discussion dans une organisation.
Dans des milieux non syndiqués, comme ceux où j’ai très souvent travaillé, l’énorme avantage dont jouit l’employeur, c’est qu’il surveille personnellement les opérations, organise le travail et en contrôle la qualité. Toutefois, quand le personnel est syndiqué, il y a presque un double contrôle. La direction oriente le travail et la marche de l’organisation, mais le syndicat, de son côté, veille à ce que les employés soient protégés et à ce qu’ils travaillent collectivement à la réalisation des objectifs de l’organisation. Cela ne peut que contribuer à l’amélioration de n’importe quel milieu de travail. Encore une fois, comme je n’ai pas connu pendant la plus grande partie de ma vie les syndicats et leur façon de fonctionner et que j’ai acquis maintenant cette connaissance, je me rends compte qu’il n’y a là que des avantages pour la GRC.
Le projet de loi n’a que trop tardé. Plus tôt aujourd’hui, j’ai eu le plaisir de voir Svend Robinson, le très célèbre ancien député de plusieurs circonscriptions de Burnaby qui ont porté beaucoup de noms différents. Vers la fin des années 1970 ou le début des années 1980, il avait déposé à la Chambre le premier projet de loi visant à permettre à la GRC de s’organiser. Finalement, la Cour suprême a déclaré que les lois actuelles ne conviennent pas, n’étant pas conformes à la Constitution. Maintenant, le Parlement a l’obligation de s’assurer, s’il a l’intention d’imposer à la GRC des restrictions sur la négociation collective, qu’elles respectent les conditions établies.
Je suis doublement déçu. Je suis déçu du gouvernement et de la façon dont il a géré les projets de loi à l'étude à la Chambre. Malgré tout ce que dit quotidiennement la au sujet des consultations et de la collaboration, les libéraux font la sourde oreille. C'est un problème. Ils essaient de faire adopter leurs mesures législatives à la hâte. Les conservateurs étaient très bons pour faire cela, mais je ne peux pas en dire autant des députés d'en face. Cela en dit long sur le degré de compétence du gouvernement. Les libéraux n'ont pas prouvé leur compétence, ce qui perturbe les Canadiens. Nous tomberons bientôt en pause estivale. Nous irons alors dans nos circonscriptions pour travailler auprès nos concitoyens et participer à des barbecues, mais la Chambre n'aura pratiquement rien fait de concret. S'il en est ainsi, c'est parce que les libéraux n'écoutent pas la population. C'est un énorme problème.
Le problème de fonctionnement à la Chambre est encore plus grave: le gouvernement ne réussit pas à faire adopter ses projets de loi. Quant au projet de loi à l'étude, il est trop restrictif. Il faudrait l'amender pour que le syndicat et l'employeur puissent négocier entre autres les questions relatives à la dotation, aux affectations, au harcèlement et aux mesures disciplinaires.