La Chambre reprend l'étude, interrompue le 3 février, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
:
Madame la Présidente, comme je l'ai dit ici lundi dernier, c'est un honneur pour moi de participer à mon premier débat à la Chambre des communes.
Dans le peu de temps dont je dispose, j'aimerais reprendre là où j'en étais pour conclure mon discours sur le projet de loi , Loi portant mise en œuvre de l'Accord entre le Canada, les États-Unis d'Amérique et les États-Unis mexicains.
Comme je l'ai déjà dit, les conservateurs du Canada appuient le libre-échange avec nos partenaires commerciaux nord-américains. Toutefois, nous n'appuyons pas l'idée d'adopter aveuglément un accord à la hâte pour mettre en œuvre une entente dont les détails n'ont pas encore été communiqués. Je suis convaincu que les députés de ce côté-ci sont prêts à travailler avec nos collègues libéraux pour faire en sorte que l'accord soit ratifié. Cependant, ils doivent faire preuve de transparence en parlant ouvertement des répercussions potentielles de l'entente. Nous savons qu'ils ont des analyses et des modèles financiers sur les répercussions de ce nouvel accord de libre-échange sur l'économie du Canada, tant en général que par secteur. Les libéraux s'engageront-ils à montrer à tous les députés ces modèles financiers?
Nous savons déjà que les concessions effectuées dans l'accord nuiront à l'industrie laitière. La ratification d'un accord qui ouvre des brèches dans notre régime de gestion de l'offre obligera le gouvernement à utiliser l'argent des contribuables pour indemniser les producteurs laitiers du Canada, dont la part de marché diminuera. Nous devons savoir si le nouvel ALENA aura une incidence négative sur d'autres industries, qu'il faudra alors indemniser avec l'argent des contribuables.
En ce moment, l'industrie vinicole de ma circonscription, Niagara Falls, est confrontée à un climat d'affaires incertain en raison de la contestation déposée par l'Australie auprès de l'Organisation mondiale du commerce au sujet de l'exemption de la taxe d'accise fédérale sur les vins entièrement canadiens. Voilà donc un autre secteur important de ma circonscription qui attend de voir ce que fera le gouvernement. Cette contestation commerciale devrait faire l'objet d'un rapport provisoire de l'OMC dans environ huit semaines. Or, malgré l'importance de ce dossier commercial, les libéraux ne font rien.
Pendant ce temps, 700 établissements vinicoles s'inquiètent pour leur avenir et 9 000 Canadiens craignent pour leur emploi, sans compter les milliers d'emplois dans la région indirectement liés à l'industrie vinicole, notamment dans les domaines de l'hébergement, de la restauration et du tourisme.
Voilà quelques-unes de mes préoccupations concernant le nouvel ALENA.
Les parlementaires doivent connaître le détail des changements par rapport à l'accord précédent. Ils doivent également savoir qui sera touché et ce qui peut être fait pour fournir aux secteurs touchés la stabilité dont ils ont besoin. À mon avis, il est impératif que l'opposition officielle puisse faire son travail et examiner l'accord qui a été signé. On ne peut se contenter de la cassette des libéraux.
:
Madame la Présidente, c'est pour moi un honneur de participer à l'un des derniers débats — espérons-le — sur le nouvel ALENA avant qu'il ne soit officiellement ratifié et mis en œuvre.
Il est important de considérer le présent débat sur l'ALENA 2.0, l'ACEUM ou l'AEUMC — peu importe le nom qu'on donne à cet accord — comme une occasion de moderniser les relations que nous entretenons avec nos deux très importants partenaires commerciaux sur lesquels nous comptons et avec lesquels nous collaborons très bien depuis de nombreuses années. Je parle de modernisation parce que la mondialisation du commerce a incroyablement changé la donne au cours des 30 dernières années, soit depuis la mise en place de la version initiale de l'ALENA.
Aujourd'hui, je me concentrerai sur le thème de la modernisation, plus précisément dans les secteurs de l'automobile et de l'aluminium. Je parlerai également de l'environnement, notamment des mesures de protection additionnelles introduites dans le nouvel accord.
Tout d'abord, j'aimerais parler de la modernisation de cet accord. Ma circonscription abrite un certain nombre de fabricants qui dépendent énormément du libre-échange avec les États-Unis et le Mexique pour des raisons qui sont parfois complexes, car les chaînes d'approvisionnement sont étroitement liées les unes aux autres. Le secteur de l'automobile en fait partie. Nous ne vivons plus dans un monde où une automobile et toutes ses pièces sont fabriquées dans une région particulière et assemblées dans une municipalité ou un pays donné.
Bien peu de gens savent probablement que 80 % du nylon qui entre dans la fabrication des coussins gonflables des véhicules assemblés et fabriqués en Amérique du Nord provient de ma circonscription. Il s'agit d'INVISTA, une usine de calibre mondial.
Les composants bruts du nylon arrivent dans ma circonscription par train. Ils servent à fabriquer le nylon, dont on fait des rouleaux. Ces rouleaux sont ensuite expédiés ailleurs, aux États-Unis par exemple, où ils sont transformés en coussins gonflables. Ces coussins gonflables sont ensuite envoyés dans un autre pays membre de cet accord trilatéral, ou encore renvoyés au Canada. Le même concept s'applique à l'aluminium et à bien d'autres secteurs.
Le fonctionnement de la chaîne d'approvisionnement et de bien d'autres choses dans l'industrie automobile et d'autres industries a tellement évolué que nous dépendons énormément d'un accord commercial permettant aux différents composants de traverser les frontières à plusieurs reprises. C'est pourquoi je suis vraiment content de constater que de nombreux éléments du nouvel accord visent l'industrie automobile. Au bout du compte, on constate que l'accord qui a été conclu tient vraiment compte du secteur automobile et qu'il constitue en fait une très bonne affaire pour le secteur canadien de l'automobile.
C'est ici que je fais le lien avec l'aluminium en raison des liens entre les secteurs de l'aluminium et de l'automobile. Auparavant, il n'y avait aucune exigence particulière au sujet de la provenance de l'aluminium contenu dans les véhicules fabriqués et assemblés dans un des trois pays.
C'est la première fois qu’il y a de véritables mesures. Soixante-dix pour cent de l'aluminium qui est utilisé dans les véhicules fabriqués et assemblés au Canada, aux États-Unis ou au Mexique doit provenir de ces pays. Il est très avantageux pour notre secteur de l'aluminium de veiller à ce que nous ne recevions pas de l'aluminium provenant d'autres pays qui font du dumping sur notre marché. Cela assurera de bons emplois pour les Canadiens afin que nous puissions continuer de fournir de l'aluminium provenant d'ici et des deux autres pays faisant partie de l'accord.
En rapport avec l'aluminium, j'ai parlé d'Invista et des usines de nylon qu'elle possède, mais une autre société, Novelis, exploite une usine d'aluminium dans ma circonscription. J'ai eu à plusieurs reprises l'occasion de m'entretenir avec les responsables, en particulier lorsque les États-Unis ont introduit les droits de douane sur l'aluminium, au sujet des inquiétudes que cela suscitait.
Je vais vous donner un autre exemple du mode de fonctionnement dans le secteur de l'aluminium. Un grand volume d'aluminium destiné à cette usine est extrait au Québec. Il est ensuite transporté du Québec vers les États-Unis, au nord de l'État de New York, où il est pressé à chaud. Il est ramené une deuxième fois de l'autre côté de la frontière, à Kingston, en Ontario — précisément dans ma circonscription —, où il est pressé à froid.
Cela permet de transformer l'aluminium en rouleau. À ce stade, il est amené à faire des allers-retours à travers la frontière, au fur et à mesure qu'il change de mains et que des produits sont fabriqués à partir de l'aluminium extrait et raffiné à ces différentes étapes.
C'est pourquoi je trouve qu'il est essentiel de maintenir les chaînes d'approvisionnement et de faire confiance aux investisseurs, afin que les usines qui le souhaitent puissent construire d'un côté ou de l'autre de la frontière. Nous devons les rassurer en veillant à ce qu'un tel accord soit appliqué à long terme.
La dernière chose dont je veux parler, en rapport avec la modernisation de cet accord, est la protection de l'environnement et les normes environnementales prévues dans cet accord.
Lorsque le premier ALENA a été élaboré il y a 30 ans, on ne se souciait guère de l'environnement et des préoccupations liées à l'environnement. Le fait d'avoir la possibilité de revoir cet accord, de le mettre à jour et de le moderniser nous donne l'occasion de nous assurer que les enjeux environnementaux y sont intégrés.
Au Canada, nous prenons l'environnement très au sérieux. Nous sommes conscients que nous avons des obligations à remplir sur le plan de l'atténuation de notre impact sur l'environnement. Nous savons également que nous ne pourrons pas y arriver seuls. Si le Canada est le seul pays à tenter de le faire, il ne pourra plus être compétitif.
Dans un accord de libre-échange, il faut s'assurer que les règles sont les mêmes pour les deux parties. Dans le cas qui nous intéresse, il est extrêmement important de veiller à ce que les règles en place sur le plan environnemental soient équitables et à ce que, en gros, les protections environnementales soient mises en œuvre de la même manière des deux côtés de la frontière.
C'est pourquoi l'accord contient certaines dispositions, comme un chapitre complet sur l'environnement, qui remplace certains accords parallèles.
Nous devons prendre des mesures, notamment dans le but de maintenir la qualité de l'air et de lutter contre la pollution marine, ainsi que prévoir des niveaux élevés de protection de l'environnement. Ces mesures sont extrêmement importantes dans les accords de libre-échange et, en même temps, il faut protéger les travailleurs et atténuer les répercussions éventuelles sur l'environnement. Nous devons veiller à ce que ces mesures soient mises en place.
C'est pourquoi je souligne que ce n'était peut-être pas quelque chose que nous voulions particulièrement au départ, quelque chose que nous avons demandé, mais cela s'est avéré une bonne occasion pour le Canada de moderniser cet accord, d'éliminer quelques problèmes et de l'adapter aux nouvelles normes en matière d'accords de libre-échange.
Après tous les efforts déployés par le gouvernement, et en particulier par la qui était chargée du dossier auparavant, nous avons vu à ne pas accepter n'importe quel accord. Nous nous sommes assurés de conclure un accord qui soit dans l'intérêt du Canada et des employés et des travailleurs canadiens et qui cadre avec nos valeurs.
C'est ce que nous avons obtenu et je suis très fier d'appuyer cet accord aux côtés de cette et du gouvernement. Nous avons un accord moderne, à jour et qui respecte un grand nombre des normes exigées aujourd'hui, qui n'existaient peut-être pas il y a 30 ans.
Je suis très fier de cet accord et j'espère vivement qu'il pourra être ratifié et adopté à l'unanimité par le Parlement. J'espère sincèrement que ce sera possible.
:
Madame la Présidente, je remercie encore les électeurs de ma circonscription de m'avoir élu une deuxième fois à la Chambre pour représenter leurs intérêts ainsi que leurs passions. Je crois vraiment que les partis politiques sont pour les gens un moyen de donner corps à leurs passions. De quelque côté de la Chambre que nous soyons, nous voulons faire ce qu'il y a de mieux pour nos concitoyens.
Pendant le temps qui m'est accordé pour parler de l'ACEUM au nom des électeurs de ma circonscription, j'ai pensé résumer certaines choses qui, à mon avis, manquent dans l'accord et ce qu'il a fallu pour qu'enfin nous ayons un accord à débattre.
En parcourant l'accord, en écoutant le débat à la Chambre et en entendant différents députés de différentes régions du pays expliquer leurs craintes et ce qu'ils ont entendu, j'ai constaté qu'il manquait certaines choses dans cet accord, des éléments qui auraient dû s'y trouver et qui n'ont pas été négociés avec succès auprès des gouvernements américain et mexicain.
Je pensais vraiment que nous aurions pu obtenir un bien meilleur accord que celui qui nous est présenté. C'est l'accord du Mexique. Nous acceptons ce que le Mexique a négocié avec le gouvernement américain. Nous nous sommes retrouvés dans une situation où nous acceptons ce qu'ils nous donnent. C'était un accord à prendre ou à laisser.
Il y a manifestement des choses que j'aime dans l'accord. Certains députés ont parlé de modernisation. Je n'en parle pas ainsi. Je parle du fait que, pendant au moins six ans, nous saurons à quoi nous en tenir, ce qui n'était pas le cas auparavant.
Il manque à l'Accord Canada—États-Unis—Mexique une disposition sur l'achat aux États-Unis. Pendant longtemps, mon père a été entrepreneur dans le domaine de la défense, ici au Canada. Il a travaillé au chantier maritime de Sorel, juste à côté de Montréal. J'ai habité à Sorel pendant longtemps, après mon arrivée au Canada.
Le gagne-pain de mon père dans la Pologne communiste était dans un chantier maritime. Il y construisait 70 navires par année. Ici, au Canada, il n'en construisait que quelques-uns chaque année. C'était pour lui un changement radical dans la charge de travail, mais les dispositions sur l'achat aux États-Unis étaient souvent employées dans son secteur pour empêcher les entreprises canadiennes de soumissionner les contrats très lucratifs de la marine américaine. Il n'y avait que les contrats de la marine canadienne et des contrats de construction de navires de croisière. Mon père disait que les dispositions sur l'achat aux États-Unis rendaient l'accès aux contrats américains très difficile pour les entreprises canadiennes.
Je ne vois rien dans l'Accord pour empêcher le gouvernement des États-Unis de continuer à employer cette stratégie. Je comprends qu'il se justifie en invoquant des motifs de sécurité nationale. Cependant, nous aurions dû pouvoir tout de même négocier à cet égard, car comme nous l'avons vu, les gros contrats de construction navale sont beaucoup plus importants du côté des États-Unis, où l'on parle de faire construire plusieurs dizaines de navires en quelques années seulement.
Autre point qui aurait dû être inclus dans l'accord: une disposition concernant le secteur forestier et le bois d'œuvre. Nous avons une industrie forestière. J'ai travaillé pour le secteur de la foresterie de l'Alberta pendant un certain temps. J'ai travaillé pour le ministre du Développement durable des ressources de l'Alberta, qui était responsable du secteur forestier. Nous suivions l'évolution du prix des panneaux OSB et la construction aux États-Unis, parce qu'il est très important d'être en mesure d'exporter vers le marché américain. L'accord à l'étude semble être muet sur ces questions.
Troisièmement, comme je l'ai mentionné, il y a les dispositions du chapitre 16 visant les nouveaux emplois et professions de l'économie du XXIe siècle. S'il s'agit d'un ALENA modernisé, d'un nouvel ALENA ou d'un nouvel ACEUM — peu importe comment on l'appelle —, l'admission temporaire des gens d'affaires est très importante. Nous sommes dans une économie où nous nous intégrons de plus en plus aux Américains et aux Mexicains. Les possibilités sont immenses.
Beaucoup de gens de ma circonscription subissent les effets du ralentissement brutal de l'économie en Alberta et des actions du gouvernement libéral et du gouvernement néo-démocrate provincial précédent. Ces actions ont fait perdre des centaines de milliers d'emplois en Alberta. Beaucoup d'emplois n'existent plus. D'autres emplois auraient été créés si le système de réglementation était demeuré le même.
Nombre de mes amis sont partis à Houston, Denver, San Jose et Dallas. Il y a des Canadiens qui travaillent là-bas. J'ai aussi des amis qui ne peuvent pas entrer aux États-Unis pour y travailler en raison de leur profession. Ces gens doivent se recycler pendant que leurs conjoints travaillent, et c'est difficile pour eux. Évidemment, je préférerais de loin qu'ils reviennent vivre dans ma circonscription et qu'ils puissent voyager là-bas.
Voilà, à mon avis, l'une des plus grandes lacunes dans la façon dont la Chambre a été saisie de cet accord. Lors de la dernière législature, je sais que les députés aimaient bien que je cite constamment des proverbes yiddish, alors je vais en citer un autre: « On peut comparer le cœur de l'homme à une saucisse, car personne ne peut savoir exactement ce qu'il y a à l'intérieur. »
Avant que la Chambre des communes soit saisie de cet accord, nous n'avions aucune idée précise de ce qu'il contenait. Ce n'est qu'en lisant les nouvelles que je pouvais apprendre des choses au nom des gens de ma circonscription. Les détails changeaient de semaine en semaine et à toute heure. Il y avait constamment de nouvelles dispositions ou de nouveaux pourparlers. On apprenait des choses en écoutant les entrevues données par des politiciens du Congrès américain ou du Mexique. C'est ainsi qu'on apprenait ce qui se passait.
Les députés ministériels répètent souvent que nous avons été consultés et informés. D'après ce que m'ont dit mes collègues de ce côté-ci de la Chambre qui sont spécialistes de l'ACEUM et des accords de libre-échange, il y a eu beaucoup moins de communication qu'à l'époque de l'ancien gouvernement conservateur. Un appel ou un texto, ce n'est pas une consultation, ni une séance d'information, d'ailleurs.
L'ACEUM est l'accord le plus important auquel participe le Canada. Le PIB combiné des trois pays signataires totalise 21,1 billions de dollars. C'est un accord immense, qui aura des répercussions sur les gens de ma circonscription, leurs enfants et les enfants de leurs enfants pendant encore longtemps. Il est farfelu de dire qu'il s'agit d'une modernisation, alors que le chapitre 16 n'a pas été mis à jour.
J'ai travaillé dans le domaine des ressources humaines à titre de registraire de la profession. Je sais que le député d' sera ravi que je le mentionne, comme je l'ai fait en comité. Les professions changeront énormément dans les 10 à 30 prochaines années. Comment se fait-il qu'on ne mette pas à jour un accord signé à l'époque où Internet n'était qu'une idée et où il n'existait pas de concepteurs de médias sociaux ni de spécialistes en infographie? Il n'y avait pas d'analystes de bases de données non plus. Comment se fait-il qu'on ne mette pas l'accord à jour de sorte que les Canadiens puissent travailler au Canada, aux États-Unis ou au Mexique, qu'ils puissent aller dans d'autres pays pour continuer le travail important qu'ils accomplissent, gagner un revenu pour leur famille au nom des entreprises qui, dans certains cas, leur appartiennent ou pour lesquelles ils travaillent? Voilà une belle occasion que nous laissons s'envoler.
J'ai hâte de renvoyer cet accord au comité afin que nous puissions entendre davantage de spécialistes et de témoins, qui pourront se pencher sur ses détails. Comme je l'ai mentionné, l'un des plus grands problèmes est que nous ne savions pas ce que contenait l'accord avant que la Chambre en soit saisie puis, presque aussitôt, le gouvernement nous a dit que nous devions l'adopter le plus rapidement possible. Le rôle du Parlement ne consiste pas à approuver sans discussion les mesures législatives. Ce n'est pas sa raison d'être. Il devrait accorder de l'importance à chaque mesure législative. Tous les projets de loi dont la Chambre est saisie sont dignes de son temps. Tous les députés qui veulent parler au nom de leurs concitoyens devraient disposer de temps pour le faire.
Pourquoi devrions-nous précipiter l'adoption de ce qui sera probablement l'accord le plus important que bon nombre de députés seront appelés à étudier pendant leur carrière parlementaire? Nous devrions le débattre en profondeur, faire valoir le point de vue de nos concitoyens, renvoyer le projet de loi au comité afin de pouvoir entendre les témoignages des intervenants, des grandes associations et des entreprises, mais aussi des particuliers qui seront touchés par cet accord. Ils pourraient en effet avoir une opinion différente des associations commerciales et professionnelles qui les représentent. Il est très important d'obtenir leur point de vue, et il faut du temps pour trouver ces personnes. Elles ne vont pas se manifester spontanément pour exprimer leur désaccord avec leur association commerciale ou professionnelle. Après tout, elles versent des cotisations à ces organismes. Elles voudront donc agir avec discernement et se renseigner sur le contenu réel de l'accord. Elles ont maintenant l'occasion de le faire. En effet, maintenant que nous sommes saisis de l'accord, nous pouvons l'examiner soigneusement. Ensuite, nous pourrons le renvoyer au comité pour entendre ce que les fonctionnaires ont à dire.
Je sais que beaucoup de travail se fait aux réunions des comités permanents de la Chambre. À la législature précédente, je siégeais au Comité permanent des finances. Souvent, c'était lorsque les fonctionnaires venaient nous expliquer le détail des mesures législatives que nous saisissions vraiment l'effet qu'auraient certaines de leurs dispositions. Il semblait simple pour les députés d'affirmer à la Chambre des communes qu'ils étaient en faveur de certaines dispositions et qu'ils s'opposaient à d'autres. Toutefois, c'était seulement lorsque les fonctionnaires nous donnaient tous les détails — bref qu'ils nous expliquaient ce que contenait la saucisse de mon proverbe yiddish — que nous savions exactement en quoi consistait la mesure législative et quels en seraient les effets.
Il est essentiel que nous prenions le temps d'examiner en profondeur le projet de loi. Cet accord est important. Ce qu'on demande à la Chambre des communes et au Sénat d'étudier, c'est une contribution de 21,2 billions de dollars au PIB. Je ne veux pas précipiter ce travail et renvoyer au Sénat un projet de loi qui n'aurait pas fait l'objet d'un examen minutieux. Tous les députés qui souhaitent s'exprimer sur la question devraient pouvoir le faire parce qu'ils représentent leur circonscription.
Les gens que nous représentons ici ne s'attendent pas à ce que nous approuvions l'accord les yeux fermés. Nous ne sommes pas des machines à sous. Je l'ai dit souvent à la précédente législature lorsqu'on avait recours à des motions d'attribution de temps. Ce n'est pas le rôle des parlementaires. Nous sommes ici pour débattre. C'est l'essence même du mot « Parlement ». Ce devrait être le grand objectif. J'ai l'occasion d'entendre les points de vue d'autres députés en plus d'apprendre des choses d'eux. Par exemple, j'ai découvert que la circonscription du député de compte des producteurs d'aluminium. Il n'y en a pas dans la mienne.
Il y a une fonderie, par contre. C'est l'une des dernières en Alberta.
Mon temps de parole est écoulé. J'accueillerai volontiers les questions et observations de mes collègues.
:
Madame la Présidente, le Canada est un pays commerçant, et les États-Unis sont, de loin, notre plus important partenaire commercial. En effet, 75 % de nos exportations sont destinées aux États-Unis, alors que 51 % de nos importations proviennent de ce pays. Le Mexique est pour sa part notre cinquième partenaire commercial.
Dans ce contexte, je suis heureux de m'adresser à la Chambre aujourd'hui au sujet des avantages que comporte l'Accord Canada—États-Unis—Mexique. J'en profite également pour encourager tous les députés à soutenir le projet de loi .
Le gouvernement a passé plus d'un an à négocier un accord de libre-échange modernisé avec les États-Unis et le Mexique. Notre objectif était de négocier un accord avantageux pour les travailleurs canadiens, ainsi que pour les entreprises et les collectivités dans tout le pays. Nous avons négocié un accord qui vise à protéger les emplois canadiens, à créer plus de débouchés pour les travailleurs canadiens et leur famille, et à assurer la croissance de notre économie.
Le nouvel ALENA profitera aux Canadiens des quatre coins du pays, que ce soit des agriculteurs en Alberta, des travailleurs du secteur de l'automobile à Windsor, ou encore des entrepreneurs de St. John's et de Surrey.
Compte tenu des difficultés que nous avons dû surmonter au départ, l'accord que nous avons réussi à conclure est particulièrement impressionnant. Nous avons tiré le meilleur parti d'une situation difficile, car aucun autre résultat n'était acceptable.
Le commerce entre le Canada et les États-Unis est d'une importance vitale. Nous avions affaire à un président américain qui a déclaré que l'ALENA était le pire accord commercial de l'histoire. Il était déterminé à l'annuler. Il a imposé des droits de douane sur l'acier et l'aluminium canadiens. Qu'avons-nous fait? Nous avons défendu les industries canadiennes de l'acier et de l'aluminium et nous avons fini par gagner.
Les Canadiens avaient toutes les raisons d'être préoccupés par la situation. Le fait que le gouvernement du Canada soit parvenu à conclure un accord témoigne de sa détermination et de sa patience.
Cet accord sera le troisième grand accord commercial à être signé par le gouvernement libéral. Le Partenariat transpacifique et l'Accord économique et commercial global sont les deux autres. La ratification de l'Accord Canada—États-Unis—Mexique mettra fin à l'incertitude entourant le commerce. Il s'agit d'une grande victoire pour le Canada; elle est si grande que même le premier ministre de l'Ontario appuie l'accord. Les dirigeants provinciaux et territoriaux ont exhorté tous les partis fédéraux à ratifier l'Accord Canada—États-Unis—Mexique et à ne pas se livrer à des petits jeux politiques.
La triste vérité, c'est que le Parti conservateur et le NPD n'apportent presque rien à la table, et ne font que s'adonner à de tels jeux.
Les conservateurs semblent détester voir le Canada prospérer. Ils disent que le Canada est un échec économique. Ils écartent toutes les bonnes nouvelles du revers de la main. Ils dénigrent le pays. Ils écartent les efforts soutenus des Canadiens qui ont créé plus d'un million d'emplois au cours des quatre dernières années.
Alors qu'ils devraient célébrer le fait que l'économie canadienne est l'une des plus fortes au monde, et ce, grâce au dur labeur des Canadiens, que font les conservateurs? Ils tentent de convaincre tout le monde que tout est pour le pire dans le pire des mondes possibles. J'encourage les députés d'en face à défendre l'avenir du Canada, à être fiers des réalisations du Canada, à célébrer ce que nous avons accompli ensemble et à ratifier l'Accord Canada—États-Unis—Mexique.
Mes collègues du NPD et du Bloc Québécois s'unissent pour retarder la ratification de cet accord. Je ne comprends pas trop pourquoi. L'accord présenté est l'accord conclu et les manœuvres dilatoires n'y changeront rien. À l'instar des conservateurs, ces députés refusent d'admettre les gains réalisés dans l'Accord Canada—États-Unis—Mexique.
J'aurais pensé que le NPD et le Bloc reconnaîtraient qu'il s'agit d'un accord commercial progressiste. Ses chapitres sur le travail et l'environnement sont les plus robustes jamais inclus dans un accord commercial. On y a supprimé les dispositions sur le règlement des différends investisseur-État qui se trouvaient dans l'ALENA, ce qui était l'une des principales choses que réclamait le NPD. L'Accord Canada—États-Unis—Mexique comprend également des mesures de protection solides pour les femmes et les Autochtones.
Je ne comprends pas trop pourquoi le NPD veut retarder la mise en œuvre de ces réformes progressistes. À titre de collègues, nous devons travailler ensemble, prioriser l'intérêt du Canada et des Canadiens et adopter cet important projet de loi sans tarder.
En décembre, le Canada a signé un protocole d'amendement qui apporte des améliorations considérables à l'Accord Canada—États-Unis—Mexique. Ce protocole renforce les dispositions relatives au règlement des différends entre États, à la protection de la main-d'œuvre, à l'environnement, à la propriété intellectuelle et aux règles d'origine pour les véhicules automobiles. En outre, il aidera à maintenir les médicaments de pointe à un prix abordable pour les Canadiens. Ces modifications sont toutes dans l'intérêt du Canada et font de l'Accord Canada—États-Unis—Mexique un accord encore plus avantageux.
Cela signifie l'accès au marché américain pour les habitants de ma circonscription de Surrey—Newton et l'ensemble des Britanno-Colombiens, et 20,3 milliards de dollars en exportations depuis la Colombie-Britannique vers les États-Unis tous les ans. Cela veut dire de la stabilité pour les travailleurs dans les secteurs du bois d'œuvre, du pétrole et des aliments transformés de la Colombie-Britannique. Cela signifie que les produits agricoles britanno-colombiens continueront de bénéficier d'un accès en franchise de droits pour près de 89 % des lignes tarifaires américaines sur l'agriculture et de 91 % des lignes tarifaires mexicaines dans ce même secteur. Cet accord protège aussi les 2,1 milliards de dollars d'exportations britanno-colombiennes vers les États-Unis.
L'ACEUM préserve le chapitre 19 de l'ALENA, qui donne au Canada accès à un processus indépendant et impartial pour contester l'imposition de droits antidumping et compensateurs par les États-Unis ou le Mexique. C'est une bonne nouvelle pour l'industrie du bois d'œuvre de la Colombie-Britannique dont les exportations vers les États-Unis se chiffrent à 4,3 milliards de dollars.
Au cours de la législature précédente, j'ai eu le plaisir de siéger au comité du commerce international aux côtés de l'ancienne députée québécoise Linda Lapointe. Lors d'un déplacement à Washington, nous avons rencontré des négociateurs américains et c'est Linda qui a insisté pour que l'exception culturelle soit maintenue. À l'époque, les négociateurs américains ne s'en souciaient pas beaucoup. Cependant, cette exception est très importante pour la langue française au Québec et les industries culturelles dans tout le Canada.
L'Accord Canada—États-Unis—Mexique est l'aboutissement de négociations longues et ardues. Nous avons néanmoins réussi à conclure une entente qui aidera les Canadiens à bâtir un pays encore meilleur. Adoptons cet accord pour permettre à nos concitoyens de se mettre au travail.
:
Madame la Présidente, l'actuel débat sur l'ACEUM est l'occasion de faire connaître les détails et les implications de l'entente. Il n'y a pas ici de jeu politique, il n'y a que des gens qui font leur travail. En tant que député, notre rôle est de travailler pour les gens qui sont mis en danger par cette entente. Le Bloc québécois n'a jamais été contre le libre-échange, bien au contraire. Par contre, de ce côté-ci de la Chambre, nous ne signons pas n'importe quoi.
Cette entente, qui a été négociée à portes closes, sacrifie encore une fois l'économie du Québec. C'est un très triste constat que nous devons encore faire. L'histoire se répète. On peut le voir particulièrement avec l'industrie de l'aluminium, qui a été sacrifiée. Nous en avons largement parlé dans les dernières semaines. Nous pouvons également le voir dans le secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire en ce qui a trait à nos productions agricoles sous gestion de l'offre. Le gouvernement canadien, le même gouvernement qui s'était engagé à ne pas créer de nouvelles brèches, a finalement sacrifié les productions agricoles sous gestion de l'offre. Encore une fois, on nous tient un discours défaitiste nous disant que cela aurait pu être bien pire.
Quand il y a quelque chose à sacrifier, l'habitude est de choisir le Québec. Il ne faudra pas s'étonner de voir un jour les citoyennes et les citoyens du Québec comprendre que leurs intérêts seraient beaucoup mieux servis par un Québec indépendant, où la nation québécoise pourrait choisir les ententes qu'elle signe après les avoir elle-même négociées.
Dans l'intermède, nous sommes ici pour faire valoir et protéger les intérêts de notre monde. Donc, je le répète: il n'y a aucun jeu politique, il n'y a que des gens dévoués qui font leur travail.
Je désire sensibiliser les députés de la Chambre et la population aux sacrifices énormes qui ont été demandés, particulièrement aux gens de la production agricole. Tout a commencé par la création de l'OMC, qui a remplacé le GATT, où les premières brèches ont été consenties. Au cours des négociations subséquentes, les pays étrangers ont demandé soit l'élimination de la gestion de l'offre, soit une part plus importante du marché. À plusieurs reprises, le gouvernement canadien nous a assuré qu'il ne toucherait plus à la gestion de l'offre. Nous pouvons encore l'entendre lorsque nous posons des questions sur le Brexit. Pourtant, le gouvernement a cédé à plusieurs reprises.
Le 7 février 2018, une résolution unanime proposée par le Bloc québécois exigeait qu'il n'y ait aucune brèche dans la gestion de l'offre. Un mois plus tard, le 8 mars 2018, le gouvernement libéral reniait sa parole en signant le PTP, tout en y laissant les brèches exigées par les États-Unis même si ces derniers s'étaient retirés de l'entente. Nous cherchons la logique.
Avant cela, le 26 septembre 2017, le Bloc a déposé une motion demandant que la gestion de l'offre soit maintenue dans les négociations du nouvel ALENA. Or, un an plus tard, le 30 novembre 2018, le Canada signait l'ACEUM en cédant encore. Ainsi, selon les producteurs laitiers, dans les négociations avec l'Europe, le gouvernement a cédé 1,4 % du marché, dans le Partenariat transpacifique, il a cédé 3,1 %, et maintenant il cède une autre part de 3,9 %. Cela représente 8,4 % de notre marché seulement dans les trois dernières ententes. Au cumul, selon les chiffres des producteurs laitiers, c'est 18 % de notre marché qui sera détenu par des pays étrangers à la suite de la mise en place totale et complète de ces ententes, en 2024. Si cela est un marché fermé, j'aimerais savoir ce qu'est un marché ouvert.
Aucun de nos partenaires commerciaux ne donne d'aussi larges parts de marché. C'est tout simplement révoltant. Ce que nos agriculteurs ont perdu, ils ne pourront jamais le récupérer. Pour les producteurs seulement, cela représente des pertes de 1,3 milliard de dollars par année.
On nous parle ensuite de compensations, mais elles sont toujours longues à venir, car elles doivent être le fruit de négociations serrées. Plusieurs secteurs n'ont toujours pas d'entente avec le gouvernement, et ces compensations ne seront toujours que temporaires. Rien ne remplacera jamais les parts de marché que nous cédons.
Dans le secteur laitier, ces compensations doivent être sous forme de chèques, sans condition, parce que c'est la demande de l'industrie laitière. Si une autre industrie avait une demande différente, il faudrait aussi y répondre, car ce sont les gens dans le secteur qui connaissent leurs besoins.
Ces compensations doivent donc être sous forme de chèques sans condition, pas de pseudo-programmes de modernisation en vertu desquels on va obliger des entreprises à davantage s'endetter alors qu'elles ne peuvent pas se le permettre.
Rien, pas même les compensations, ne pourra combler le manque à gagner causé par les pertes de marchés. De toute façon, ce que nos producteurs veulent, c'est travailler et nourrir notre monde. C'est un élément que l'on n'entend pas assez souvent à la Chambre. Nos producteurs sont fiers. Ils ne sont pas contents quand ils reçoivent un chèque. C'est une compensation. Le mot est juste.
C'est pour cette raison que les gens du secteur ne veulent plus entendre de promesses ni de vagues engagements. Ces engagements sont fréquents, mais très rarement tenus, voire jamais. Seule la protection qu'offrira une loi pourra mettre fin à ce cercle vicieux qui, lentement mais sûrement, nous mène vers la disparition de la gestion de l'offre, la disparition de notre modèle agricole, la disparition de la vitalité de nos campagnes et la fin de l'occupation dynamique de notre territoire.
Je ne suis pas certain que tous les députés à la Chambre comprennent le côté dramatique de ces nouvelles brèches.
Comme autre preuve que l'on court lentement, mais sûrement, vers la perte de notre modèle agricole, le gouvernement canadien a accepté en première historique de donner aux États-Unis un droit de regard sur ce que le Canada exporte vers des pays qui ne sont pas signataires du traité. C'est incroyable! Cela correspond à une cession de souveraineté pour le Canada. J'avoue que je me trouve dans une drôle de position, à parler comme je le fais d'une autre souveraineté que celle que j'ai l'habitude de mentionner.
Ainsi, les exportations totales de poudre de lait, de protéines laitières et de préparations pour nourrisson seront limitées à 55 000 tonnes pour la première année et à 35 000 tonnes pour les années suivantes. Tout dépassement de ces limites sera taxé de façon importante, rendant les exportations complètement impossibles puisqu'elles ne seront plus rentables ni attrayantes, les produits étant devenus trop chers.
Nous devons donc comprendre que les États-Unis se sont gardé le droit de limiter nos exportations. Si certains de mes collègues à la Chambre n'étaient pas au courant, ils pourraient avoir besoin de quelques minutes pour assimiler cette information. Pour ma part, j'ai été renversé.
Il faut comprendre la logique: si l'on cède des parts de la gestion de l'offre, l'agriculteur pourrait être tenté de compenser ses pertes en exportant ses surplus sous différentes formes, sauf que, là aussi, il va se heurter à des limites. Il est donc pris de tous les côtés.
On dirait que le gouvernement libéral actuel a sciemment décidé d'éliminer le système de la gestion de l'offre. Il l'élimine petit à petit, sans avoir le courage de le faire ouvertement. Il le fait donc petit à petit, de façon sournoise et un peu secrète. Quand on m'accuse de jouer un jeu politique en rendant ces informations publiques, j'avoue que je ne comprends pas.
On est en train de complètement détruire notre modèle d'occupation du territoire et de le liquider par la porte arrière. Est-ce cela que l'on veut? À l'heure actuelle, certains producteurs sous la gestion de l'offre se demandent s'ils ne vont pas vendre leur quota pendant qu'il vaut encore quelque chose. Est-ce cela que l'on veut?
Je n'avais pas encore parlé des investissements. Si le propriétaire d'une entreprise lourdement endettée n'a pas de sécurité, va-t-il s'endetter de quelques milliers ou millions de dollars supplémentaires, mettant ainsi à risque la rentabilité et la survie à long terme de son entreprise?
Le gouvernement nous demande de signer l'accord rapidement en invoquant fréquemment la notion de sécurité économique. J'ai une nouvelle à lui apprendre: les gens du secteur laitier en ont besoin, eux aussi.
La gestion de l'offre devrait avoir force de loi.
:
Madame la Présidente, je voudrais aujourd'hui m'adresser au Bloc.
[Français]
Je m'excuse, je ne parle pas français.
[Traduction]
J'espère pouvoir convaincre le Bloc au moyen d'une discussion positive et factuelle au sujet du nouvel ALENA. Mon approche ne surprendra personne, car dans l'un de mes premiers discours, j'ai félicité le chef du Bloc de son attitude positive, factuelle et logique à l'égard du Parlement, ce qui est très rafraîchissant. Par conséquent, je vais utiliser les faits et la logique pour présenter des points constructifs à l'appui d'une décision qui, selon moi, sera dans l'intérêt des Québécois, et pour nous donner à tous des raisons de prendre cette décision sans plus tarder.
Si certains députés ne sont pas ici pour entendre mon discours, je serai heureux de le leur envoyer par courrier.
Je suis persuadé que les députés du Bloc seront d'accord pour dire qu'en politique internationale, les choses peuvent changer rapidement. Le Mexique et les États-Unis ne font pas exception. Si une décision devait être prise au sujet d'un accord international qui serait bénéfique pour nous, je suis persuadé que personne ici ne voudrait que les choses traînent. Je vais surtout parler de l'aluminium, mais j'aimerais commencer par aborder quelques autres points.
Le Québec est une grande province manufacturière. Si cet accord n'est pas ratifié, des dizaines de milliers d'emplois seront menacés au Québec. Cet accord protégerait les entreprises manufacturières québécoises contre les droits de douane. Les exportations de la province vers les États-Unis s'élèvent à 57 milliards de dollars, alors on peut imaginer combien de travailleurs québécois seraient en danger.
Je crois que le Bloc est favorable à la protection de l'environnement. Cet accord contient plus de mesures de protection environnementale que tout autre accord commercial jamais signé par le Canada. On peut imaginer les pertes que les Québécois devraient encaisser au chapitre de la protection marine, de la qualité de l'air et des protections environnementales en général si cet accord n'était pas signé.
Je suis persuadé que le Bloc est favorable à l'amélioration des droits des femmes. Encore une fois, il ne serait pas possible de faire des progrès à cet égard si cet accord n'était pas signé. Le Bloc souhaite-t-il continuer à voter contre l'amélioration des droits des femmes?
J'imagine que le Bloc souhaite que les droits des travailleurs soient respectés. De nouveau, cet accord comporte plus d'avancées dans ce domaine que tout autre accord dans l'histoire du pays. Le Bloc veut-il vraiment voter contre une telle amélioration?
Aux termes de l'ancien ALENA, des entreprises pouvaient poursuivre le gouvernement du Canada et affaiblir les mesures de protection locales de l'environnement, ce genre de chose. Cet accord permettra d'éliminer cela. Le Bloc souhaite-t-il que nous demeurions les otages des entreprises étrangères? Les entreprises québécoises auront accès aux contrats du gouvernement américain, une possibilité qui disparaîtra si le nouvel accord n'est pas signé. Le Bloc souhaite-t-il que les travailleurs québécois n'aient pas accès à ces débouchés?
Je suis persuadé que le Bloc, comme tout le monde, est fier de la culture québécoise. Cet accord préservera l'exception culturelle et 75 000 emplois québécois dans les industries culturelles. Les États-Unis voulaient carrément démanteler le système de la gestion de l'offre au Québec et dans l'ensemble du Canada, mais cet accord les en a empêchés.
Ce qui est peut-être le plus important, c'est que je suis persuadé que le Bloc est sensible aux malheurs des pauvres. Si cet accord n'est pas ratifié, pensons à tous les Québécois qui devront payer des milliers de produits plus cher à cause des droits de douane imposés par les États-Unis. Qui n'a pas les moyens qu'une telle chose se produise? Ce sont les pauvres. Tous les accords viennent avec leur lot de compromis, mais, quand nous avons cédé quelque chose, nous avons obtenu autre chose en retour, alors tout le monde y gagne.
Étant donné que les millions de Québécois dont je viens de parler jusqu'à maintenant bénéficieraient de cet accord et auraient beaucoup à perdre sans lui, ne serait-il pas opportun de le ratifier rapidement, compte tenu de la conjoncture politique et économique internationale incertaine?
Comme le dit le proverbe, « le mieux est l'ennemi du bien ». Nous pourrions faire beaucoup de sacrifices pour tenter de faire un tout dernier gain, mais, ce faisant, nous pourrions perdre et risquer beaucoup plus que nous y gagnerions.
Je passe maintenant à l'aluminium.
Le Bloc québécois a mentionné que presque tout l'aluminium canadien est produit au Québec, sauf pour les 10 % produits en Colombie-Britannique, mais l'ALENA n'aurait pas d'effet sur l'aluminium de la Colombie-Britannique parce qu'il est destiné au marché asiatique. Le Québec est le grand gagnant au Canada en ce qui concerne les gains réalisés dans le nouvel ALENA pour l'aluminium. Quels sont-ils?
Premièrement, le pourcentage de contenu régional dans les automobiles augmenterait, passant de 62,5 % à 75 %, ce qui constitue une grande victoire pour le Québec. Deuxièmement, 70 % de l'aluminium acheté par les constructeurs automobiles doit provenir de l'Amérique du Nord. Cette protection passe de 0 % dans l'ancien ALENA à 70 % dans le nouveau, ce qui est une autre grande victoire pour les producteurs d'aluminium du Québec. Troisièmement, le pourcentage de contenu régional dans sept des pièces essentielles d'automobiles doit être d'au moins 75 %. On parle ici des pièces essentielles d'une automobile, comme le moteur, la transmission, etc. Comme certaines de ces pièces sont faites en bonne partie d'aluminium, c'est une autre grande victoire pour les producteurs d'aluminium du Québec.
Aucun de ces gains importants n'est mentionné correctement dans le rapport du Groupe Performance Stratégique dont certains députés du Bloc québécois ont parlé. Le rapport fait aussi erreur en indiquant qu'il sera impossible de modifier l'exigence relative à l'aluminium avant 10 ans. On peut revoir cette exigence après 10 ans, mais on peut aussi la modifier n'importe quand sous les auspices du groupe de travail sur les règles d'origine de l'Accord Canada—États-Unis—Mexique.
Le rapport laisse également entendre que six grands projets d'aluminerie seraient en veilleuse à cause du nouvel ALENA, mettant en péril 6,2 milliards de dollars en investissements et à peu près 30 000 emplois. Si c'était vrai, ce qui n'est pas le cas, ces chiffres sont loin des millions de Québécois qui profiteraient du nouvel ALENA et des milliers d'emplois dans le secteur manufacturier et autres que les députés du Bloc québécois mettent en péril en rejetant cet accord, comme je l'ai expliqué plus tôt dans mon discours.
Cependant, six décisions sur des investissements dans six projets potentiels en aluminerie ont été prises avant la signature de l'ALENA final et des avantages pour l'industrie de l'aluminium qu'il renferme. Donc, si quelqu'un met en péril 30 000 emplois éventuels, ce sont les députés du Bloc, car ils mettent les avantages pour l'industrie de l'aluminium du nouvel ALENA à risque en le rejetant.
Je demande aux députés du Bloc de se montrer à la hauteur de l'image que j'ai d'eux, celle de décideurs qui agissent avec professionnalisme, en s'appuyant sur les faits et sur la logique. L'accord procurerait beaucoup d'avantages aux millions de Québécois, au secteur québécois de l'aluminium, aux femmes, aux syndicats, à l'environnement et aux merveilleux travailleurs québécois du secteur manufacturier, qui produisent des exportations d'une valeur de 57 milliards de dollars. Je les prie d'appuyer l'accord sans tarder afin de soutenir ces millions de Québécois, avant que la situation ne change et que tous ces avantages leur échappent.
Pour laisser aux députés du Bloc le temps de changer d'idée, je parlerai un peu de ma circonscription.
L'accord comporte des avantages pour les régions du Nord et les territoires. Dans ma région, il contribuera à protéger quelque 130 exportations, notamment de produits miniers. Il prévoit aussi une exception générale liée aux droits des peuples autochtones, ce qui a beaucoup d'importance pour ma circonscription. Par ailleurs, avec la facilitation du commerce et la modernisation des procédures douanières, il sera plus facile de franchir la frontière dans un endroit isolé en utilisant des processus électroniques. Nous espérons que ces changements seront très positifs.
Les investisseurs et les fournisseurs de services canadiens qui travaillent aux États-Unis bénéficient d'une certaine stabilité et d'une certaine prévisibilité. Les entreprises canadiennes qui fournissent des services ou leurs investisseurs jouissent, par ailleurs, d'un accès temporaire spécial aux États-Unis. Les employés de ces entreprises peuvent entrer aux États-Unis et en sortir plus rapidement et facilement que les employés d'autres entreprises. Il y a aussi un nouveau chapitre sur les petites et moyennes entreprises, c'est-à-dire la plupart des entreprises de ma circonscription, qui porte sur les nouveaux débouchés qui s'offrent aux PME axées sur les femmes et les groupes autochtones.
Les deux autres territoires profitent tous deux du même genre d'avantages. Les Territoires du Nord-Ouest exportent pour 3 millions de dollars de pierres précieuses. Au Nunavut, ce sont entre autres des exportations de sculptures. Donc, toutes ces mesures les aideront aussi.
J'espère avoir convaincu mes collègues du Bloc québécois des nombreux avantages que représente l'accord pour le Québec et j'espère qu'ils ne s'arrêteront pas au dicton selon lequel le mieux est l'ennemi du bien. Mettons toutes ces mesures en place dès que possible avant de risquer de les perdre.
:
Madame la Présidente, je profite du temps qui m'est accordé dans le débat sur le projet de loi pour aborder des questions que les gens de ma circonscription se posent sur l'Accord Canada—États-Unis—Mexique, qu'on appelle aussi le nouvel ALENA, questions sur lesquelles tous les Canadiens méritent des réponses.
Le Parti conservateur a une longue liste de réalisations dans le domaine commercial et il comprend l'importance du commerce international. Le gouvernement précédent a négocié des accords commerciaux avec plus de 40 pays.
Dans ma circonscription, Kelowna—Lake Country, beaucoup de secteurs dépendent du commerce international. Notre région est la zone commerciale la plus importante entre Vancouver et Calgary, et notre aéroport se classe parmi les 10 aéroports canadiens les plus achalandés.
La Commission de développement économique du centre de l'Okanagan a publié un rapport qui présente un aperçu des secteurs. Dans ma circonscription, le secteur manufacturier comprend l'industrie agroalimentaire et l'industrie aérospatiale de pointe. Nous produisons des métaux, du plastique, du bois, du béton et de la fibre de verre. Le rapport prévoit que la fabrication de produits métalliques, l'exploitation des minéraux non métalliques ainsi que la fabrication de matériel de transport, de produits de plastique, de produits en caoutchouc et de boissons connaîtront la croissance la plus forte. L'éventail de fabricants permet aux nouvelles entreprises et aux entreprises existantes de trouver d'excellents partenaires locaux.
Lorsque la Chine a commencé à imposer des embargos sur les produits agricoles canadiens, les producteurs de cerises de ma circonscription craignaient qu'ils soient les suivants et ont commencé à étudier la possibilité d'accroître leurs exportations vers les États-Unis et vers d'autres marchés. Pour les agriculteurs et toutes les entreprises, il est donc important que nous entretenions des relations commerciales stables et clairement définies.
L'ALENA n'était pas parfait, mais il a été bénéfique pour le Canada, grâce aux échanges commerciaux de 2 milliards de dollars par jour entre les deux pays. Les États-Unis sont notre principal partenaire commercial. Ils achètent 75 % des exportations canadiennes.
Je crois savoir que la majorité des grandes associations industrielles du Canada de même que les premiers ministres des provinces et des territoires nous encouragent à ratifier l'ACEUM. Dans leur communiqué, les premiers ministres déclarent ceci: « Outre la recherche de la ratification de l’ACEUM, les premiers ministres des provinces et territoires continuent de considérer comme une priorité les échanges avec les États-Unis pour dénouer d’autres enjeux commerciaux tels que les politiques Buy American et le conflit du bois d’œuvre résineux. »
Pourquoi la politique d'achat aux États-Unis n'a-t-elle pas été abordée dans l'ACEUM? Le Mexique a obtenu un chapitre sur le sujet, mais pas le Canada. Il n'y a pas de chapitre sur les marchés publics.
Il y a beaucoup d'incertitude depuis quatre ans. Nous avons perdu des débouchés commerciaux, et les investissements sont en veilleuse. Beaucoup de gens veulent simplement pouvoir aller de l'avant en connaissance de cause. Goldy Hyder, du Conseil canadien des affaires, a déclaré que le nouvel ALENA conclu est « suffisamment bon » pour le Canada et « nous permet de nous rendre jusqu'au prochain changement de gouvernement des États-Unis ».
Je vais parler aux députés d'une industrie qui pense que l'ACEUM est assez bon, mais qui n'est pas plus avancée, comme tant d'autres industries du pays dont nous entendons parler. Il s'agit de l'industrie vinicole, plus précisément en Colombie-Britannique. En Ontario aussi, il y a de l'incertitude.
Pas plus tard que lundi dernier, je me suis entretenue avec Miles Prodan, directeur général du British Columbia Wine Institute. Il a consenti à ce que je fasse part de ses observations à la Chambre aujourd'hui. Il a dit: « Nous acceptons et appuyons la ratification de l'Accord Canada—États-Unis—Mexique, et ce, même si cet accord n'apporte ni amélioration ni avantage pour l'industrie vinicole. Le maintien du statu quo est pour nous une victoire. » Il parle au nom des 281 exploitations viticoles VQA que représente son organisme en Colombie-Britannique, dont 32 sont situées dans ma circonscription, Kelowna—Lake Country. « Le maintien du statu quo est pour nous une victoire. »
Le différend commercial actuel avec l'Australie, qui conteste l'exemption de la taxe d'accise fédérale sur les vins entièrement canadiens, risque d'avoir des conséquences dévastatrices. Comme je l'ai mentionné à la Chambre hier, en 2018, à la suite de l'imposition, par le gouvernement libéral, d'une taxe avec indexation sur la bière, le vin et les spiritueux, l'Australie a demandé à l'Organisation mondiale du commerce de se pencher sur l'exemption accordée aux vins entièrement canadiens. L'indexation signifie que cette taxe augmentera automatiquement d'année en année.
L'ébauche du rapport sur cet examen de l'Organisation mondiale du commerce est attendue en avril, et le rapport définitif devrait être déposé cet été. Une décision de l'OMC contre le Canada serait juridiquement contraignante et aurait des répercussions désastreuses pour les quelque 400 exploitations vinicoles canadiennes, parce qu'elle leur imposerait un fardeau de millions de dollars en nouvelles taxes. Elle mettrait en péril cette industrie importante et des emplois canadiens. Voilà qui montre que les libéraux n'ont pas mûrement réfléchi aux ramifications de leurs décisions et de leurs politiques fiscales et qu'ils les comprennent mal.
Le 16 janvier, les députés qui représentent une circonscription où se trouvent des établissements vinicoles ont signé une lettre adressée à la . Il s'agit d'une initiative du député de , qui est chargé du commerce international dans le cabinet fantôme. Dans la lettre, on demande que le gouvernement noue un dialogue avec l'Australie afin de résoudre le différend avant que l'OMC rende sa décision. Le 31 janvier, nous avons reçu une réponse de la part de la ministre. Dans sa lettre, elle déclare:
La position de l'Australie sur l'exemption du droit d'accise demeure claire et inébranlable. Toute entente négociée doit prévoir l'abolition complète de l'exemption des droits d'accise pour les vins du Canada. Cette position a été confirmée à des représentants canadiens, pas plus tard qu'en décembre 2019.
Je soulève la question aujourd'hui, car il s'agit d'une tendance que nous avons observée dans les négociations commerciales avec le gouvernement actuel. C'est comme si l'Australie avait tracé une ligne dans le sable et nous demandait ce que nous allions faire.
Il se peut que le gouvernement australien agisse ainsi parce que, comme bien d'autres pays, il est mécontent de l'absence du à la réunion des signataires du Partenariat transpacifique, un accord que le premier ministre avait seulement à signer. Il paraît que les signataires du Partenariat transpacifique, y compris l'Australie, étaient indignés.
En ce qui concerne les négociations de l'Accord Canada—États-Unis—Mexique, le président du comité des voies et moyens de la Chambre des représentants des États-Unis a dit que la et le ont accédé à presque toutes les demandes des États-Unis, uniquement pour faire exécuter l'accord. Quelles autres concessions avons-nous accepté de faire pour susciter une telle déclaration?
À tout le moins, le gouvernement est conséquent. On nous a parlé de la façon dont le Canada a négocié l'Accord Canada—États-Unis—Mexique avec les États-Unis, c'est-à-dire en faisant une concession après l'autre, et nous le voyons encore dans la question du commerce avec l'Australie. Cette attitude de laissez-faire ne sert pas bien les Canadiens et les familles.
Un autre secteur important qui a été exclu des négociations concernant l'Accord Canada—États-Unis—Mexique est l'industrie du bois d'œuvre en Colombie-Britannique. Dans la dernière année, des milliers d'emplois ont disparu dans cette industrie. Au total, le secteur du bois d'œuvre a perdu quelque 50 000 emplois au cours des dernières années. Je suis intervenue à la Chambre pour parler de l'impact direct de cette situation sur ma circonscription, Kelowna—Lake Country, qui a perdu 217 emplois permanents.
Le secteur des ressources durables a été frappé durement et il doit actuellement payer les droits de douane imposés par les États-Unis. Pourquoi l'industrie du bois d'œuvre est-elle absente de l'Accord? Pour le soutien de la classe moyenne, on repassera.
En tant que parlementaires, nous avons le devoir de réfléchir sérieusement et d'examiner attentivement le projet de loi. Il est irresponsable de la part du gouvernement de précipiter les choses. Il n'est pas simplement question de chiffres. Il est aussi question de vies, de familles et d'emplois. Quand le gouvernement libéral nous exhorte avec insouciance à adopter le projet de loi à toute vapeur, je me demande sérieusement de quels emplois il se préoccupe le plus.
Le processus de ratification est légèrement différent d'un pays à l'autre. En juin dernier, l'Accord a été ratifié par le Sénat mexicain. Puis, en raison de modifications apportées au texte, il a été ratifié de nouveau en décembre dernier. Aux États-Unis, la Chambre des représentants a commencé à débattre de l'Accord en septembre 2019 et elle l'a adopté en décembre 2019. Le Sénat l'a ensuite adopté le 16 janvier 2020.
Je suis consciente qu'il y a eu des élections, mais nous avons tous été élus en octobre dernier. Après les élections, les conservateurs ont exhorté le gouvernement libéral à rappeler la Chambre le 25 novembre, car nous devions nous retrousser les manches et nous mettre au travail pour les Canadiens. Or, le gouvernement a fait la sourde oreille, et le n'a pas rappelé la Chambre avant le 5 décembre.
L'Accord Canada—États-Unis—Mexique devait être présenté de nouveau après les élections, mais le gouvernement n'a pas déposé le projet de loi avant le 29 janvier. Nous débattons de l'Accord bien après que nos partenaires commerciaux eurent terminé de le faire, et le gouvernement nous demande maintenant de précipiter les choses. Le gouvernement a été tout simplement irresponsable et imprudent en attendant aussi longtemps pour présenter de nouveau un projet de loi portant mise en œuvre de cet accord. Il est important que nous fassions preuve de diligence raisonnable, en particulier puisque le gouvernement ne nous a toujours pas fourni d'analyse des répercussions économiques. C'est ce que réclame sans cesse l'opposition officielle depuis presque deux mois, mais le gouvernement n'a pas encore donné suite à sa demande.
Nous avons entendu dire que le gouvernement avait mené une analyse des répercussions économiques. Cependant, il y a deux jours, la a indiqué à la Chambre que le gouvernement présenterait l'analyse une fois qu'elle sera terminée.
Une analyse a-t-elle réellement été faite? Est-ce qu'elle a été effectuée uniquement dans certains secteurs? Est-elle incomplète? Y a-t-il des industries où les résultats de l'analyse ne sont pas positifs, et les libéraux ne veulent pas que cette information soit révélée maintenant? Nous avons besoin de réponses à ces questions.
Les conservateurs appuient le libre-échange avec les États-Unis. Ils souhaitent la conclusion d'accords commerciaux avec nos plus proches alliés. L'ALENA est un héritage des conservateurs. Les entreprises canadiennes méritent d'avoir des certitudes, et on ne devrait pas nous presser de voter sur ce projet de loi crucial alors que nos questions demeurent sans réponse. En tant que parlementaires, nous devons disposer de toute l'information nécessaire. Nous le devons aux collectivités que nous représentons. J'exhorte tout le monde à voter pour le renvoi du projet de loi au comité afin que nous puissions examiner certaines de ces questions comme il se doit.
:
Madame la Présidente, je suis heureux d'avoir l'occasion de prendre part à cette discussion. Je représente Windsor-Ouest, une circonscription qui se trouve à la frontière avec les États-Unis, face à Detroit.
La péninsule du comté de Windsor-Essex est une plaque tournante du commerce au Canada depuis que le pays a été fondé. C'était également le cas pour les Premières Nations qui habitaient dans la région et qui y habitent toujours; nous travaillons d'ailleurs à rétablir certains de leurs droits perdus en raison du colonialisme, de la colonisation par les Français et de la colonisation par les Anglais qui a suivi. Il s'agit de la plus ancienne colonie européenne à l'ouest de Montréal. Je représente Sandwich Town.
Environ 40 000 véhicules, dont 10 000 camions, passent chaque jour par ma circonscription. En plus de transporter des visiteurs, ces 40 000 véhicules transportent également jusqu'à 10 000 médecins, infirmiers et autres professionnels de la santé qui travaillent dans la région de Detroit chaque jour.
L'industrie forestière s'était établie dans la région à l'origine, mais, récemment, c'est l'industrie automobile et le secteur manufacturier qui y ont été florissants. Le commerce avec les États-Unis fait partie intégrante de notre mode de vie. La population des deux pays est réellement intégrée, ce qui fait que les relations canado-américaines sont très importantes, puisque les familles de la région ont des membres des deux côtés de la frontière.
Une de mes tantes est Américaine. C'est tout à fait normal. Autant dans notre famille qu'au travail, certains sont Américains et d'autres, Canadiens. Il y a même une intégration en ce qui a trait aux sports et à la culture.
On voit des drapeaux américains dans ma circonscription, mais on ne trouvera pas de Canadiens plus enthousiastes, surtout lorsqu'il s'agit de faire opposition, comme ils l'ont fait pour la guerre en Irak. Windsor et d'autres régions s'étaient d'ailleurs mobilisées pour éviter cette guerre.
Je me souviens des débats à la Chambre des communes lorsque le Canada allait dans cette direction et que nous ne le voulions pas. Dans une relation saine, il faut savoir dire à un ami quand il a tort. Savoir quand intervenir est précieux dans une relation, ce n'est en aucun cas une faiblesse.
Cet accord est sans aucun doute important. Nous devons examiner l'accord précédent et la situation actuelle. Des points importants de ce débat doivent être clarifiés. Tout d'abord, le présent accord est meilleur parce que le gouvernement libéral n'a pas fait son travail. Les libéraux n'ont pas voulu écouter Tracey Ramsey, l'ancienne députée d'Essex, qui avait mis l'accent sur les enjeux relatifs à l'environnement, aux produits laitiers et à la main-d'œuvre, qui auraient dû figurer dans l'accord initial.
En fait, certains libéraux ne cessaient de critiquer. Or, ce projet de loi revient dans cette enceinte pour y être adopté parce que les libéraux n'ont pas fait leur travail. Ils ne veulent pas avoir à être ici. Ils auraient aimé régler cette question la première fois, mais la réalité est que les démocrates ont pu obtenir la majorité au Congrès, ce qui leur a permis d'améliorer l'accord.
J'ai entendu à maintes reprises à la Chambre des députés faire pression sur le gouvernement pour qu'il soutienne les démocrates dans leurs efforts pour améliorer la situation, alors qu'eux-mêmes n'ont rien fait. Ils n'ont rien fait parce qu'il s'agit d'un accord conclu entre Trump et Trudeau. Voilà ce que c'est. Nous avons maintenant...
:
Madame la Présidente, j'ai effectivement prononcé le nom d'un député au lieu de son titre, et je me rétracte.
Je vais continuer de préconiser l'amélioration de cet accord. Nous devons le comparer à sa version précédente. Dans le contexte actuel, le présent accord pose sérieusement problème.
L'accord de libre-échange original a eu des répercussions importantes pour une circonscription comme la mienne, Windsor-Ouest, et pour le secteur manufacturier en particulier. La signature de cet accord par M. Mulroney a marqué l'effondrement de ce secteur, ce qui a entraîné la perte de 400 000 emplois. C'est l'une des conséquences de cet accord.
Cet accord de libre-échange nous a fait perdre le Pacte de l'automobile. Il s'agissait d'une relation commerciale spéciale que nous avions nouée avec les États-Unis par rapport à la fabrication et la vente d'automobiles dans ce pays, qui représentait alors le plus grand marché du monde. C'est ce qui nous a permis de bâtir une industrie aussi robuste. Dans la circonscription que je représente, la famille Ford et d'autres propriétaires d'usines et de manufactures de part et d'autre de la frontière ont investi massivement au Canada en raison du Pacte de l'automobile.
Une fois cet accord de libre-échange signé, le Japon a contesté notre relation spéciale avec les États-Unis auprès de l'OMC, et elle a été annulée. Au lieu de s'opposer à cette décision de l'OMC, le gouvernement Chrétien l'a acceptée. Depuis lors, le Canada a chuté du deuxième au dixième rang mondial au chapitre de l'assemblage d'automobiles.
L'accord actuel prévoit des seuils plus élevés pour les composantes, la construction et l'assemblage d'automobiles, mais la triste réalité, c'est que si on ne fait plus ce travail, l'augmentation du quota n'a aucune importance. C'est pour cela qu'en l'absence d'une stratégie nationale de l'automobile — ce que nous avons supplié le gouvernement de mettre en place —, nous serons encore plus affaiblis et préoccupés, et nous aurons plus de problèmes.
L'accord initial a été envoyé à Washington par les libéraux, puis le suivant a été rectifié par les gens de Washington afin d'offrir des protections accrues des droits des travailleurs. Cependant, des usines ont fermé pour se réinstaller au Mexique. Nous avons aussi assisté à la création de débouchés à Detroit, à trois kilomètres de l'autre côté de la rivière. Dans la région de Windsor-Detroit, General Motors vient de fermer son usine d'assemblage d'Oshawa, et la société construit actuellement des véhicules électriques et va ouvrir une usine de fabrication de batteries aux États-Unis.
Ce qui est incroyable, c'est que depuis qu'ils sont au pouvoir, les libéraux se vantent souvent d'avoir investi 6 milliards de dollars dans le secteur automobile. À l'époque où ils avaient un gouvernement majoritaire puissant et qu'ils bénéficiaient de notre appui et de celui des autres pour établir une stratégie nationale de l'automobile, ils n'ont rien fait. Pourtant, ils continuent de vanter leur investissement de 6 milliards de dollars, dont la plus grande partie a servi à remettre à neuf des usines, alors que le projet se serait fait de toute façon.
À titre de comparaison, 16 milliards de dollars seront investis dans la ville de Detroit seulement. Cet investissement va permettre de revitaliser la ville et de protéger ses emplois, et ce sont les travailleurs et leurs familles qui vont en bénéficier. C'est très important pour leur avenir, car nous sommes dans la nouvelle ère d'automatisation de l'industrie de l'automobile, mais le Canada, lui, n'a même pas une seule usine de fabrication de batteries.
C'est à Windsor qu'est fabriqué le véhicule hybride Pacifica, qui a reçu des prix. Ces distinctions ont toutefois été insuffisantes pour convaincre le gouvernement d'ajouter le véhicule à la liste du nouveau programme écologique incitatif de remise. Le est venu à Windsor, il a visité l'usine dans laquelle je travaillais, il est allé voir les travailleurs de la chaîne de montage qui fabriquent le véhicule primé, et il leur a dit que leur argent allait servir à subventionner des véhicules fabriqués à l'étranger, alors que le véhicule produit dans leur propre ville — ce qui contribue à remplir les coffres du gouvernement — n'avait pas été ajouté à la liste.
Ce qui est incroyable, c'est qu'il s'agit d'un véhicule à plusieurs passagers qui est à la fois propre et écologique, mais nous avons quand même dû nous battre pour qu'il figure sur la liste.
Le but de ce processus est d'examiner cet accord commercial. Nous devons le renvoyer en comité et l'étudier. Si certains pensent qu'il suffit de le signer pour créer des emplois, ce n'est pas aussi simple que cela.
En réfléchissant à tous les accords commerciaux du Canada, nous constatons qu'il y a souvent des déséquilibres commerciaux. De nombreux accords présentent des déséquilibres commerciaux importants. Nous entendons sans cesse parler de tous les emplois qui vont être créés, mais ils ne sont jamais à valeur ajoutée et ils sont toujours accompagnés d'une grosse subvention du gouvernement parce qu'il n'y a pas de plan. Il faut que cela change. Il est temps de nous battre pour le secteur manufacturier canadien.
:
Madame la Présidente, je suis heureux de me joindre au débat sur le nouvel ALENA ou ALENA 0.7, comme j'aime l'appeler. Il y a beaucoup d'éléments sur lesquels nous pouvons nous entendre dans le projet de loi sur le nouvel ALENA, mais il y a aussi beaucoup de questions qui demeurent sans réponse. Notre travail consiste à étudier le projet de loi et les nouveaux accords dont nous sommes saisis. Les gens dans les circonscriptions nous ont envoyés à Ottawa pour que nous exercions une diligence raisonnable concernant les projets de loi. Tout le monde dans cette enceinte est d'accord là-dessus.
J'ai écouté les interventions des députés d'en face. Certains députés libéraux se sont exprimés à propos du projet de loi. L'un d'entre eux a dit plus tôt: « Il est toujours possible de faire [...] mieux. » Nous nous entendons tous sur ce point. C'est pourquoi il faut aborder l'accord sous un certain angle. Nous devons découvrir ce que nous recevrons en échange des concessions que nous avons faites aux Américains.
Le Canada est arrivé à la table trop tard. Le Mexique et les États-Unis ont négocié beaucoup trop longtemps sans que le Canada soit représenté à la table. Les choses se sont passées à la onzième heure. L'entente entre le Mexique et les États-Unis avait progressé bien au-delà du point où nous l'avions laissée dans nos discussions et nos négociations avec nos partenaires dans cet accord trilatéral. Les députés d'en face ont fait une erreur. Le Canada n'a pas été à la table assez tôt et on ne s'est pas battu avec assez d'acharnement pour défendre les industries canadiennes.
Nous avons beaucoup de questions à propos de cet accord.
J'ai grandi sur une ferme laitière et bovine à Rush Lake, en Saskatchewan. J'ai beaucoup d'amis qui sont encore dans l'industrie laitière. Le député de Winnipeg a dit qu'il y avait eu des discussions avec l'industrie laitière. Il y a des représentants des Producteurs laitiers du Canada qui sont ici ces jours-ci et c'est très bien. Nous n'avons peut-être pas eu avec eux les mêmes discussions que les députés d'en face.
Certaines préoccupations ont été soulevées sur ce qui se passe et beaucoup de questions ont été posées. Les producteurs laitiers estiment qu'il y a beaucoup plus que des concessions liées à l'accès au marché laitier qui ont été faites dans la négociation de l'Accord Canada—États-Unis—Mexique. Ainsi, cet accord prévoit l'équivalent d'un plafond mondial sur l'exportation de certains produits laitiers canadiens. Il exige une certaine consultation avec les États-Unis pour tout changement apporté à l'administration du système de gestion de l'offre canadien.
En acceptant que l'industrie laitière canadienne soit tenue de consulter les États-Unis lorsqu'elle envisage de modifier le système canadien, le gouvernement a cédé une partie de sa souveraineté sur nos décisions nationales et internationales. Ce serait un problème pour n'importe quelle industrie, qu'il s'agisse de l'industrie laitière, du bois d'œuvre, de la foresterie ou de l'industrie automobile. Quand une industrie a l'impression qu'elle a dû céder une partie de sa souveraineté à un autre pays ou abandonner des options sur les marchés internationaux, c'est que l'accord que propose le gouvernement pose problème. Ce sont des préoccupations valides. Certains de mes amis qui œuvrent dans ce secteur sont grandement inquiets.
L'Accord Canada—États-Unis—Mexique exige qu'au-delà d'une certaine quantité, chaque kilogramme de poudre de lait écrémé, de concentrés de protéines laitières et de lait maternisé exporté à l'échelle internationale soit assujetti à des frais d'exportation. Cette exigence dépasse largement ce qui entre normalement dans la négociation d'un accord commercial. Elle aura des répercussions sur les exportations de produits laitiers destinées à tous les pays, pas seulement aux autres signataires de l'accord, le Mexique et les États-Unis. Une exigence de ce genre crée un précédent dangereux pour les futurs accords commerciaux touchant toutes les denrées, y compris les produits agricoles.
Il s'agit de préoccupations qu'il faut vraiment prendre au sérieux. Quand une industrie affirme qu'une mesure créera un dangereux précédent pour l'avenir des autres secteurs, cela devrait nous amener à prendre un peu de recul et à réfléchir.
Je suis impatient de discuter de ces questions lorsque le projet de loi sera renvoyé au comité, car nous pourrons mieux comprendre ce que nous recevons en échange de ces concessions à l'égard de l'un de nos secteurs les plus importants. Qu'ont concédé les négociateurs américains en échange des concessions considérables que nous avons faites dans l'Accord Canada—États-Unis—Mexique à l'égard du secteur des produits laitiers? D'autres questions exigent une réponse.
Les producteurs laitiers travaillent dur, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Ils n'ont pas de congé, même lorsqu'ils sont malades, parce qu'il faut quand même traire les vaches. Nous devons veiller à l'intérêt de ces producteurs quand nous négocions un accord. Ils font un travail merveilleux.
Nos produits laitiers et nos fromages sont les meilleurs au monde. À l'avenir, nous devons travailler ensemble pour obtenir des accords commerciaux équitables et pour que l'industrie laitière sache que nous sommes là pour défendre ses intérêts.
Nous avons beaucoup parlé de l'aluminium. Mes collègues du Québec font un travail remarquable pour dénoncer le fait que la Chine envoie des lingots au Mexique, où ils sont fondus et peuvent alors être considérés comme de l'aluminium nord-américain. Nous devons vraiment discuter de cette échappatoire afin que les produits de calibre mondial de nos producteurs d'aluminium et de nos manufacturiers puissent avoir priorité sur un produit expédié au Mexique, fondu puis distribué pour la fabrication de pièces d'auto. Ce dialogue doit avoir lieu. Je remercie ces députés de dénoncer ce problème.
L'aciérie EVRAZ est située à la limite de Regina—Lewvan, ma circonscription. L’industrie de l’aluminium devrait bénéficier des mêmes protections que le secteur de l'acier. C'est une autre question qu'il faudrait aborder au comité. Des intervenants seront invités à comparaître au comité pour que l'on puisse avoir des discussions approfondies et déterminer comment venir en aide au secteur canadien de l'aluminium. Les comités sont le lieu idéal pour avoir ces conversations.
Nous pouvons nous servir du temps qui nous est accordé pour discuter d'un grand nombre d'enjeux dans cette enceinte. Cependant, il faut plus de temps pour étudier en détail les concessions que nous avons faites à nos partenaires américains.
Pour revenir à mon argument initial, nous avons fait ces concessions parce que nous n'étions pas à la table assez tôt. Nous avons laissé le Mexique et les États-Unis s'approcher trop d'une entente sans que nous soyons là pour tenir les discussions qui s'imposaient ainsi que pour soutenir haut et fort nos industries et faire savoir que nous étions là pour les soutenir.
Nous avons également échoué dans le secteur du bois d'œuvre. Les fournisseurs de bois d'œuvre du Nord de la Saskatchewan s'inquiètent pour leur avenir. Lorsque le comité sera saisi de l'affaire, nous espérons que certains des intervenants auront les conversations qui s'imposent avec les membres du comité.
Nous avons parlé de la rapidité et de la lenteur du processus. Mes collègues libéraux ont dit que nous n'avons pas été cohérents quant aux choses que nous voulions voir dans cet accord. Les conservateurs veulent un accord solide. Nous voulons qu'il soit favorable à tous les secteurs. Nous aurions aimé que le gouvernement ne laisse pas aller les choses à un point tel qu'il doive maintenant s'agenouiller et mendier pour obtenir un bon accord à la dernière minute.
Les conservateurs auraient aimé que le gouvernement négocie ferme avant d'en arriver là. Nous aurions aimé qu'il présente l'accord avant la mi-décembre afin que nous puissions l'examiner. Nous aurions aimé avoir une analyse économique sur la façon dont cet accord affectera tous les secteurs avant que nous passions aux voix.
Les libéraux ont dit que les premiers ministres provinciaux voulaient que cet accord soit ratifié afin de créer un climat de certitude. J'aimerais savoir comment se dérouleront les négociations au sujet de la disposition de caducité de 16 ans. Un examen devra être effectué tous les six ans. Quelle est la marche à suivre pour que cet examen ait lieu?
Les conservateurs ont beaucoup de questions quant à la suite des choses. Selon nous, il est important que nous fassions preuve de diligence raisonnable afin que les Canadiens, ceux qui nous ont élus, sachent que nous faisons notre travail.
Je me réjouis à l'idée de poursuivre cette conversation en comité et dans les débats à venir. Je veux collaborer avec tous les partis à la Chambre afin de conclure la meilleure entente possible pour tous les secteurs. Nous voulons renforcer l'économie pour tous les Canadiens et nous assurer qu'il y a des emplois bien rémunérés dans ces secteurs à l'avenir.
:
Madame la Présidente, comme c’est la première fois que je prends la parole dans le cadre d’un débat, je vais commencer par remercier les gens de ma circonscription, Repentigny, qui m’ont encore une fois accordé leur confiance en octobre dernier. J’espère en être digne.
Je vais aborder deux aspects de ce dossier, soit les producteurs laitiers et, bien sûr, l’aluminium.
Je vais traiter du déficit de considération envers les producteurs laitiers du Québec sous un angle complètement différent, que l’on a peut-être entendu. Cet angle est nécessaire, parce qu’il faut trouver des solutions. Cela s’impose.
Je vais donc commencer par rappeler aux députés que les producteurs laitiers du Québec sont résilients et habités par le métier et qu’ils travaillent sans relâche, 365 jours par année. Ils veillent au bien-être de leur troupeau, ils investissent dans leurs installations et forment une relève. Tout n’est pas évident, cependant, parce que les perspectives économiques sont un peu préoccupantes.
J’invite maintenant les députés à une réflexion, à laisser les chiffres de côté pour une fois et à aborder d’un point de vue humain les conséquences des accords sur une industrie nourricière d’une qualité exceptionnelle.
Le député de et le Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire ont fait un triste constat à l’été 2019. Ils ont entendu les témoignages d’artisans et de producteurs agricoles éprouvés et aux portes d'une réelle détresse psychologique. Il faut connaître le monde rural pour savoir que l’entraide et la collaboration en région existent vraiment. Toutefois, quand la pression, les obligations et les contraintes augmentent, mais que les remparts s’effritent, on peut se retrouver devant une inévitable détresse.
Serait-il légitime de croire que, si la a mis sur pied une campagne qui reconnaît cette triste réalité du monde agricole, l’accord devrait aller dans le même sens et ne pas aggraver la détresse qui afflige cette industrie?
Au Québec, depuis 10 ans maintenant, l’organisme Au cœur des familles agricoles joue un rôle à cet égard. Depuis 2016, en collaboration avec l’Association canadienne pour la prévention du suicide et l’Union des producteurs agricoles, cet organisme a formé 1 200 travailleurs de l’industrie pour reconnaître la détresse psychologique des producteurs et les diriger vers des ressources adaptées.
La gestion de l’offre, nous l’avons dit à la Chambre, est un modèle économique qui sied bien au Québec. Cela va bien avec notre culture. Ce modèle économique et commercial est précisément ce qui permet la stabilité et la prévisibilité, deux composantes qui sont, je le rappelle, au cœur des attentes exprimées lors des négociations relatives à cette nouvelle entente.
Les dispositions de l’ACEUM actuel et ses conséquences économiques sur l’industrie laitière québécoise sont préoccupantes. Le Bloc québécois est convaincu de la nécessité de dénoncer l’ensemble des préjudices qui sont causés à nos producteurs laitiers. Nous ne cesserons d’exiger de ce gouvernement et de la Chambre du respect envers le Québec, de la cohérence et de la droiture dans ce dossier.
Cela fait déjà deux mois que nous le faisons, mais je vais maintenant de nouveau rectifier les faits concernant la position de l’industrie de l’aluminium sur l’ACEUM.
Nous nous sommes souvent fait dire à la Chambre que Jean Simard, président et chef de la direction de l'Association de l'aluminium du Canada, était d’accord avec le traité actuel de l’ACEUM. Or, M. Simard s’est exprimé clairement hier devant le Comité permanent des finances de la Chambre des communes. Mon collègue de lui a demandé sans détour s’il aurait préféré avoir un accord comme celui qui prévaut pour le secteur de l’acier. M. Simard a répondu que c’était ce que l’Association avait demandé et qu’elle était sur le point d’obtenir au moyen des représentations de Mme Freeland et de son équipe. Pourtant, à la fin des négociations, le Mexique a dit oui à l’acier, mais non à l’aluminium, et ce, pour des raisons stratégiques.
M. Simard a fait preuve de candeur devant les membres de ce comité. On sait qu’un comité, cela implique plusieurs intervenants, des questions détaillées et du travail de fond puisqu'on prend le temps d’étudier le sujet débattu par le comité. La franchise de M. Simard démontre clairement que l’industrie de l’aluminium souhaitait avoir les mêmes protections que le secteur de l’acier.
Dans quelle région du Canada peut-on trouver une industrie de l'aluminium dynamique et au potentiel de développement exceptionnel? Dans quelle région crée-t-elle des emplois depuis des décennies, des emplois bien payés qui permettent à des travailleurs de se développer professionnellement, de fonder une famille dans leur région, et, de ce fait, de contribuer au dynamisme économique régional qu'on souhaite tant, à tous les paliers de gouvernement?
Ma foi, cette région, c'est le Québec!
L'ACEUM propose un modèle de libre-échange économique où l'aluminium provenant de la Chine inondera le marché nord-américain via le Mexique. C'est ce que nous répétons depuis des mois.
La fabrication de pièces devra, par traité, s'effectuer sur le territoire d'un partenaire. Par contre, contrairement à l'acier, la provenance du métal utilisé pour la fabrication pourra venir de n'importe où. M. Simard a été clair sur ce point en comité hier.
Ce que nous voulons entendre de la part du gouvernement, ce n'est rien de moins qu'une déclaration du premier ministre qui ira dans le sens de ses propos, le soir de sa victoire électorale.
Voici ce qu'il a dit: « Mes chers Québécois, j'ai entendu votre message ce soir. Vous voulez continuer d'avancer avec nous, mais vous voulez aussi vous assurer que la voix du Québec se porte encore plus à Ottawa. Je vous donne ma parole. Mon équipe et moi serons là pour vous. »
S'agissait-il de propos sans valeur, oubliés aussitôt prononcés?
Le Bloc québécois veut travailler de façon proactive et concrète pour l'industrie de l'aluminium du Québec, et ce, pour avoir des résultats équitables. Nous voulons travailler avec le gouvernement pour aménager des solutions. Nous refusons le constat qui voudrait que ce traité soit considéré comme étant réglé, comme une entente qui doit absolument être signée.
Les conditions actuelles de l'ACEUM, en ce qui concerne cette industrie, causeront des torts importants à des milliers de travailleurs québécois et à l'économie du Québec. Étant donné que je suis la porte-parole en matière d'environnement pour notre parti, je ne peux passer sous silence l'incontournable processus de fabrication des alumineries de la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Alcoa et Rio Tinto ont choisi l'aluminerie d'Arvida pour y établir un centre de recherche et de développement appelé ELYSIS — un projet de plus de 550 millions de dollars. On y développera l'ensemble des technologies requises pour éliminer les émissions de gaz à effet de serre provenant de la production d'aluminium, en plus de produire de l'oxygène pur. Le premier ministre se souvient-il du dévoilement de ce projet? Il était présent à son lancement, en 2018.
Non seulement l'industrie de l'aluminium évolue et développe son potentiel avec une source d'énergie propre, renouvelable et nationalisée, mais sa production sera issue d'une technologie à zéro émission, développée chez nous. Combien d'incohérences devrons-nous constater pour que le gouvernement agisse correctement?
Comme je n'ai pas suffisamment de temps, je n'insisterai pas aujourd'hui sur l'importance de poser des gestes concrets afin de favoriser la réduction des gaz à effet de serre. On sait que l'aluminerie est sur un bon chemin, et j'invite les députés de la Chambre à faire le tour de cette question et à être honnêtes envers leur caucus concernant ce que j'exprime maintenant.
Soyons clairs: le Bloc québécois n'est pas contre le libre-échange. Néanmoins, nous considérons que, pour toute relation de nature commerciale ou autre, les parties doivent communiquer, faire preuve d'ouverture, négocier, faire des compromis. Au regard des négociations de l'ACEUM, il serait malhonnête de déclarer que l'économie du Québec n'a pas été mise de côté — j'en ai donné deux exemples. Les élus de la Chambre des communes qui invoqueraient des arguments allant dans ce sens seraient, selon moi, d'une mauvaise foi appuyée ou mal informés sur les clauses du traité.
Nous ne resterons pas passifs devant les constats soulevés par les représentants de l'industrie. Ils sont venus la semaine dernière sur la Colline. Nous avons traversé une période électorale où les Québécois se sont exprimé de manière à avoir une voix qui porterait leurs préoccupations ici, dans cette enceinte. C'est exactement ce que nous faisons et c'est ce que nous continuerons de faire.
:
Madame la Présidente, je suis ravi d'intervenir à la Chambre ce soir au sujet du projet de loi , la Loi de mise en œuvre de l’Accord de libre-échange nord-américain, que l'on appelle plus couramment l'ALENA 2.0 dans cette enceinte.
Étant donné que c'est la première fois que je m'adresse longuement à la Chambre depuis les élections, je tiens à prendre un instant pour remercier ceux qui m'ont permis d'être ici pour un deuxième mandat en tant que député de Saskatoon—Grasswood.
Je remercie mes bénévoles. Ils me permettent d'intervenir ce soir, pendant la 43e législature. Par ailleurs, je pense que tous les députés sont d'accord pour dire que nos époux sont les personnes les plus importantes. Pour ma part, je peux dire que ma femme Ann m'endure depuis maintenant 42 ans. Elle est à mes côtés depuis longtemps, et notre parcours a été formidable. Pour la première fois, mes deux enfants, Courtney et Geoff, m'ont aidé à faire du porte-à-porte dans ma circonscription. C'est probablement une autre histoire, mais je peux dire que nous avons certainement eu du plaisir en famille.
C'est pour moi un privilège d'intervenir au sujet de ce projet de loi, car il s'agit de la mesure législative la plus importante de la 43e législature. Il touchera tous les territoires et toutes les provinces de notre grand dominion. Il ne fait aucun doute que la relation que le Canada entretient avec son voisin du Sud est la plus importante d'entre toutes. La plupart de nos échanges commerciaux touchent nos partenaires américains, soit 75 % de nos exportations et plus de 50 % de nos importations. Les biens et les services échangés entre le Canada et les États-Unis ont une valeur totale de près de 900 milliards de dollars. L'ALENA initial, qui avait été conclu par le gouvernement conservateur dirigé par le premier ministre Brian Mulroney, a constitué un très grand atout pour le Canada. Nous profitons tous du libre-échange.
J'aimerais maintenant parler du député d', qui est intervenu plus tôt au sujet de ce projet de loi. Il est indubitablement l'un des plus grands ministres du Commerce de l'histoire du pays. Le Canada est passé de 5 à 55 accords commerciaux. Le député d'Abbotsford est connu dans le monde entier. Pendant mon séjour à Taiwan, on n'avait que de bonnes choses à dire au sujet du député d'Abbotsford et de l'accord commercial qu'il avait piloté pendant les années Harper. Il importe de souligner que le député siège toujours à la Chambre et qu'il est un précieux collaborateur. L'autre jour, il s'est exprimé sur cet accord et a soulevé d'excellents points.
J'étais un peu étonné d'apprendre que le Mexique est le troisième partenaire commercial en importance du Canada. C'est donc dire que l'ALENA 2.0 est très important pour les Mexicains aussi. Nos trois pays sont très proches, économiquement ainsi que politiquement. De plus, à cette période de l'année, beaucoup de Canadiens vont séjourner au Mexique pendant plusieurs semaines ou même plusieurs mois; ils savent à quel point c'est important pour le Mexique, les États-Unis et le Canada de bien s'entendre.
Par contre, l'importance de cette relation commerciale se ressent tout particulièrement dans ma province, la Saskatchewan. C'est une province commerçante. Elle a une population d'environ 1,2 million de personnes et elle exporte plus qu'elle n'importe, ce qui est le cas depuis toujours et le sera toujours, nous l'espérons, dans tous les secteurs, de l'agriculture à l'énergie en passant par le secteur manufacturier. La majeure partie de l'économie provinciale — plus de 50 % — dépend des échanges commerciaux avec le reste du Canada et avec les pays étrangers. Voilà pourquoi il est important de souligner que le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, est à Washington aujourd'hui avec la . Le commerce a priorité en Saskatchewan. Nous sommes dépendants de l'ALENA 2.0. Chaque collectivité dans ma province de 1,2 million d'habitants est dépendante de l'ALENA 2.0. Je tenais à le dire.
Les conservateurs d'un bout à l'autre du pays comprennent exactement à quel point le commerce est important. Comme je l'ai mentionné, ce sont eux qui ont négocié l'Accord de libre-échange nord-américain initial. Nous avons fait le gros du travail sur l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne et nous avons collaboré avec le gouvernement d'Israël pour élargir et moderniser l'accord qui nous unit à ce pays. Les conservateurs ont négocié des accords commerciaux avec des dizaines d'autres pays, comme la Corée du Sud, le Honduras et le Panama. Le monde est à nous.
Au Canada, nous produisons plus de biens que nous n'en pouvons utiliser. Nous avons une population de seulement 37 millions d'habitants, alors il est important d'avoir des échanges commerciaux avec tous les pays du monde, si nous le pouvons.
Comme je l'ai dit, la Saskatchewan a peut-être plus que toute autre province ou tout autre territoire de ce dominion bénéficié de l'accroissement des échanges commerciaux entre le Canada et nos partenaires internationaux. L'économie de ma province, la Saskatchewan, connaît une croissance sans précédent. Grâce à elle, la population s'accroît et, depuis 2007, 80 000 nouveaux emplois ont été créés, principalement en raison de la multiplication des débouchés commerciaux créés par le gouvernement conservateur précédent depuis neuf ans et demi. Les exportations de la Saskatchewan ont augmenté de près de 60 % au cours de cette même période, et notre province exporte maintenant ses produits dans plus de 150 pays.
J'étais à Regina lundi pour le discours de l’Association des municipalités urbaines de la Saskatchewan. Notre premier ministre provincial a un programme de croissance ambitieux pour notre province. D'ici 2030, nous voulons accueillir 100 000 personnes de plus et augmenter nos échanges commerciaux de 50 %. Nous pouvons voir que cet accord est d'une importance capitale pour la province.
Qu'est-ce que cela signifie? Cela a été profitable aux jeunes qui n'ont plus besoin d'aller en Alberta pour trouver du travail. Pour la première fois depuis longtemps, nous avons de nouvelles écoles dans la province. Nous avons de jeunes familles qui peuvent vivre en Saskatchewan et y accueillir les grands-parents. Nous avons des infrastructures, et la province investit dans les services destinés à ses habitants.
Il est inquiétant que le gouvernement actuel n'ait pas réussi à obtenir un bilan aussi positif. Il a plutôt nui à nos relations commerciales, en fait. Voici quelques exemples.
Comme le souligne le ministre du Commerce de la Saskatchewan, les exportations de la Saskatchewan vers l'Inde ont chuté, passant d'environ 2 milliards de dollars en 2015, quand le gouvernement conservateur a perdu le pouvoir, à seulement 650 millions de dollars en 2018. Prenons un instant pour y penser. L'Inde comptait parmi les principaux partenaires commerciaux de la Saskatchewan quand les conservateurs ont perdu le pouvoir en 2015, mais comme les exportations ont chuté à 650 millions de dollars depuis, la province souffre. Notre secteur agricole a des liens commerciaux particulièrement importants avec l'Inde, notamment pour le commerce des pois chiches. Nous en sommes tous conscients. Je dois ajouter que le voyage du en Inde a contribué au problème et nui à l'économie de la province.
Le commerce revêt une grande importance dans notre province, je ne saurais trop le souligner. Comme le gouvernement actuel fait piètre figure dans ce dossier, le gouvernement provincial de la Saskatchewan a dû, pour compenser les failles du fédéral et promouvoir ses relations commerciales dans le monde entier, ouvrir de nouveaux bureaux internationaux au Japon, en Inde et à Singapour. J'invite les députés à pendre un instant pour y penser. Notre gouvernement provincial a dû faire des démarches pour trouver de nouveaux partenaires commerciaux parce que le gouvernement fédéral avait laissé tomber la province. Résultat: la province a maintenant des bureaux commerciaux en Inde, à Singapour et au Japon. Il est essentiel de prendre des mesures comme celle-là, car les Saskatchewanais savent combien il est difficile de composer avec des relations commerciales incertaines.
Les producteurs, les travailleurs et les syndicats ont tous répété au caucus de la Saskatchewan que les tarifs douaniers imposés par les États-Unis sur l'acier et l'aluminium avaient causé du tort aux travailleurs et aux producteurs de la province.
Je veux remercier les membres de notre caucus qui ont attiré notre attention sur certains points de l'accord commercial. La députée de a signalé que le conflit du bois d'œuvre a fait perdre des dizaines de milliers d'emplois en Colombie-Britannique. Le député d' a pris la parole à la Chambre pour parler des changements que renferme l'accord et qui touchent le secteur de l'automobile. Le député de a parlé du secteur de l'aluminium. Nous savons tous que l'aluminium du Québec est le plus vert et le meilleur au monde et, pourtant, nous sommes pénalisés par l'ALENA no 2. On a aussi parlé du plafond qu'on semble avoir imposé aux exportations de lait.
En conclusion, je dirai que les prochaines semaines s'annoncent intéressantes. Nous voulons que le projet de loi soit renvoyé au comité. Nous voulons entendre beaucoup d'intervenants, car, au cours des six prochaines années, ce sont leurs opinions qui pèseront le plus lourd en ce qui concerne l'ALENA.
:
Madame la Présidente, c'est un honneur de prendre la parole au sujet de l'ALENA. Je le fais à titre de député de la belle circonscription d'Essex, mais aussi en tant que membre du comité du commerce international.
Comme la Chambre le sait, l'Accord de libre-échange nord-américain est un legs d'un gouvernement conservateur précédent. À l'époque où cet accord a été conclu, ses détracteurs étaient nombreux. D'ailleurs, les libéraux avaient fait campagne en s'opposant à cet accord, mais une fois arrivés au pouvoir, ils l'ont confirmé. Vingt-cinq ans plus tard, personne ne remet en question la valeur des accords de libre-échange.
Sous l'ancien premier ministre Stephen Harper, le Canada a signé un nombre record d'accords de libre-échange avec plus de 40 pays, ce qui a donné aux entrepreneurs canadiens un accès sans précédent à des marchés de partout dans le monde. Le bilan du Parti conservateur ne fait aucun doute. Nous appuyons et souhaitons le libre-échange avec les États-Unis.
La prospérité du Canada dépend de son accès à un marché d'exportation prospère. Dans la région de Windsor—Essex, nous comprenons l'importance du commerce international, particulièrement pour notre secteur agricole et notre industrie automobile. Les États-Unis sont notre plus important partenaire commercial. Les échanges commerciaux transfrontaliers se chiffrent à plus de 2 milliards de dollars par jour, ce qui représente 75 % de toutes les exportations canadiennes. La région de Windsor—Essex — qui inclut ma circonscription, Essex — peut se vanter d'avoir le passage frontalier le plus achalandé en Amérique du Nord.
La valeur des échanges du Canada avec les États-Unis est d'environ neuf fois celle de ses échanges avec son deuxième partenaire commercial en importance, la Chine. Comme mon collègue d', qui a été ministre du Commerce international sous le gouvernement Harper pendant quatre ans et demi, l'a dit: « Les États-Unis vont toujours rester notre plus important partenaire commercial et nous ferions bien de voir à cette relation [...] ». Il a qualifié le présent accord d'« occasion ratée ».
Voici une courte liste de ce que le Canada a sacrifié ou n'a pas fait. Le nouvel ALENA ne prévoit rien pour régler les différends de longue date sur le bois d'œuvre. Ces négociations commerciales étaient l'occasion idéale de trouver une solution au problème de la politique d'achat aux États-Unis. Le Mexique a obtenu un chapitre à ce sujet, mais pas le Canada. Les libéraux ont accepté de faire des concessions majeures sur les produits laitiers, les œufs et la volaille sans que les États-Unis en fassent en échange. Les libéraux ont accepté que les États-Unis aient un droit de veto sur toute négociation commerciale avec un pays qui n'a pas une économie de marché, comme la Chine. L'aluminium n'a pas fait l'objet des mêmes protocoles que l'acier. Pourquoi pas?
Malgré ces lacunes, l'important est que les entreprises prospèrent dans un climat de stabilité, comme l'a déclaré la Chambre de commerce du Canada:
Au cours des trois dernières années, les entreprises canadiennes ont cherché à obtenir des certitudes sur l'avenir de la relation commerciale nord-américaine [...]
L'Accord Canada—États-Unis—Mexique [...] était imparfait, mais nécessaire afin que les relations du Canada avec son principal partenaire commercial soient plus prévisibles.
Comme l'a dit un porte-parole du Conseil canadien des affaires, le Canada peut « se contenter » du nouvel ALENA, et celui-ci « nous permettra de survivre à l'actuel gouvernement ».
Je suis d'accord avec ma collègue de : les Canadiens ne devraient pas avoir à se contenter de quoi que ce soit.
Quoi qu'il en soit, après des années d'incertitude, la majorité des entreprises et des travailleurs du Canada veulent voir cet accord ratifié. Malgré un appui prudent, beaucoup expriment également des préoccupations à l'égard des détails et veulent savoir quelle sera l'incidence réelle de cet accord sur eux.
En tant que parlementaires, c'est notre travail de trouver ces renseignements. Surtout quand on connaît le bilan du lorsqu'il s'agit de négocier un accord commercial. Pensons notamment à la façon dont le gouvernement a mal géré le Partenariat transpacifique.
Nous avons vu une répétition de ces retards inutiles pendant la négociation du nouvel ALENA. Les libéraux n'ont collaboré avec les partis de l'opposition ni pendant la négociation ni pendant le processus de ratification et sont maintenant pressés de le mettre en œuvre. Ils n'ont pas fourni les documents énonçant les répercussions économiques du nouvel accord, en dépit des nombreuses demandes des députés de l'opposition à cet effet.
Le 12 décembre, des députés du caucus conservateurs ont demandé la publication de l'étude d'impact économique. Cinquante-six jours se sont maintenant écoulés depuis, et nous n'avons toujours pas vu le rapport. Nous n'avons pas l'intention de simplement approuver cet accord à l'aveuglette.
Je donne un exemple des données dont nous avons besoin dans un domaine qui me tient à cœur. Le mouvement syndical appuie la disposition qui exige que 40 % des véhicules automobiles produits au Mexique soient fabriqués par des travailleurs rémunérés à au moins 16 $ l'heure en devise américaine. On présume que les emplois dans le secteur automobile migreront vers le nord, ce qui serait une bonne nouvelle pour les travailleurs de Windsor—Essex. Toutefois, en l'absence d'une analyse, nous ignorons le nombre d'emplois créés prévu au Canada. Une étude d'impact économique nous donnerait un cadre de référence pour surveiller ces statistiques.
Examinons un autre secteur crucial: celui des produits laitiers. Comme l'a souligné la Fédération canadienne de l'agriculture, « les concessions faites par le Canada dans les secteurs soumis à la gestion de l’offre ont une fois de plus des conséquences négatives pour les agriculteurs dans ces secteurs. »
J'ai rencontré des producteurs laitiers dans ma circonscription, Essex, ainsi qu'à mon bureau d'Ottawa. Les classes de lait 6 et 7 ont été éliminées et 3,6 % du marché canadien est désormais ouvert aux importations. L'accord fixe également des maximums pour les exportations canadiennes de concentrés de protéines laitières, de lait écrémé, de lait en poudre et de lait maternisé, ce que le Canada n'avait jamais accepté auparavant. De surcroît, si l'industrie dépasse les maximums, les exportations canadiennes seront soumises à des droits de douane, ce qui fera augmenter le prix des produits canadiens et les rendra moins concurrentiels.
Comme le suggèrent les producteurs laitiers, ce changement crée un « dangereux précédent » qui pourrait avoir des conséquences sur d'autres secteurs dans les accords commerciaux à venir, car il s'applique aux exportations vers tous les pays, et pas seulement vers les pays signataires d'un accord commercial précis.
Les Producteurs laitiers du Canada ont réalisé une étude d'impact. Les chiffres montrent que l'accord représente pour les producteurs laitiers canadiens un manque à gagner de 8,4 %, ce qui équivaut en moyenne à des pertes d'une valeur de 450 millions de dollars pour ceux-ci et leur famille. Les Producteurs laitiers du Canada prévoient aussi que d'ici 2024, le Canada aura concédé 18 % du marché intérieur aux producteurs étrangers.
Il y a aussi lieu de se demander si les produits laitiers étrangers devront respecter les mêmes normes de production que les produits canadiens. J'ai entendu dire que le lait produit au Canada ne contient jamais de somatotrophine bovine recombinante, une hormone de croissance de synthèse, ce qui n'est pas le cas du lait produit aux États-Unis. Les normes de qualité doivent faire partie des discussions futures.
Les producteurs laitiers ont indiqué trois mesures à prendre: premièrement, les indemniser complètement et équitablement pour les récents accords commerciaux et leur donner l'assurance qu'aucune autre concession ne sera faite dans les accords futurs; deuxièmement, tenter d'apporter des améliorations au nouvel ALENA au moment de sa mise en œuvre pour que les pénalités liées aux exportations de produits laitiers s'appliquent seulement aux États-Unis et au Mexique, et pas à d'autres pays; et troisièmement, veiller à ce que des organismes comme l'Agence des services frontaliers du Canada et l'Agence canadienne d'inspection des aliments disposent des ressources nécessaires pour faire appliquer les règles et les normes de qualité du lait.
Les promesses d'atténuer les répercussions négatives des concessions ne se sont pas concrétisées. Nous devons donc faire en sorte d'indemniser convenablement les producteurs canadiens.
Il y a un autre aspect troublant à cet accord: contrairement à l'acier, l'aluminium n'est pas tenu d'être fabriqué en Amérique du Nord, c'est-à-dire d'être fondu et coulé dans l'un des trois pays visés par l'accord. Le Mexique ne possède pas la capacité de fondre l'aluminium. Les fabricants canadiens craignent que sans cette obligation, le marché canadien soit inondé d'aluminium importé qui est injustement subventionné ou vendu à des prix dérisoires en provenance de pays comme la Chine.
Nos collègues du Bloc québécois ont présenté avec brio les arguments justifiant une étude approfondie des impacts de cette omission. Je suis impatient de connaître les impacts économiques pour les producteurs d'aluminium et de savoir ce que mes collègues du Québec proposent pour pallier ces impacts.
J'ai aussi participé à une réunion d'information avec l'Alliance canadienne du commerce agroalimentaire, qui représente des milliers d'agriculteurs. Les statistiques qu'elle a présentées soulignaient l'importance du commerce international pour les producteurs canadiens, puisque 90 % des agriculteurs au Canada en dépendent et que 50 % des échanges commerciaux internationaux se font avec les États-Unis et le Mexique. En outre, les produits à valeur ajoutée représentent un marché d'exportation de 36 milliards de dollars vers 190 pays. La stabilité du marché est essentielle à la réussite des membres de l'Alliance. Cette dernière nous demande de ratifier le nouvel ALENA et elle s'engage à collaborer avec nous pour la mise en œuvre afin que cet accord et d'autres accords commerciaux puissent fonctionner adéquatement. Il est très important pour la prospérité économique du Canada que nous fassions bien les choses.
Pour conclure, je répète que nous allons faire preuve de toute la diligence nécessaire. Nous devons comprendre toutes les ramifications du nouvel ALENA, cerner ses faiblesses et les incidences qu'il aura sur de futurs accords commerciaux, et veiller à ce qu'il y ait un plan pour les secteurs et les industries qui ont été laissés de côté. Nous devons tout faire pour atténuer les impacts négatifs.
Au bout du compte, les conservateurs veulent l'accord le plus profitable possible pour les Canadiens, mais nous savons que ces derniers comptent sur nous pour cerner les écueils de cet accord. Nous nous en assurerons au comité. Je suis impatient de pouvoir examiner en détail le nouvel ALENA avec mes collègues.
:
Madame la Présidente, évidemment, sentez-vous à l’aise de faire votre travail.
Le nouvel ALENA n’est pas entièrement mauvais pour le Canada ou, plus particulièrement, pour le reste du Canada. Il préserve l’exception culturelle du Québec, il préserve le secteur de l’automobile ontarien et les producteurs d’acier, il protège le Canada contre les poursuites des investisseurs américains. Cependant, les députés du Bloc québécois représentent le Québec, son économie, ses travailleurs et ses régions. Malheureusement, encore une fois, lors des négociations avec les États-Unis, les concessions du gouvernement du Canada ont été faites sur le dos du Québec. Au nom du développement économique régional du Québec, le Bloc québécois ne peut pas accepter cela. J’explique pourquoi.
Il y a d’abord la question de l’aluminium. Entretemps, je me suis renseigné et j’ai parlé avec ma collègue de pour voir ce qu’avait dit M. Simard, le président de l’Association canadienne de l’aluminium. Je trouve que cela vaut la peine d’être redit.
Mon collègue le député de lui a demandé s’il aurait préféré avoir un accord comme celui qui prévaut dans le secteur de l’acier. La réponse de M. Simard a été claire. Il l’a donnée dans cette institution, pas dans cette pièce, mais au Comité permanent des finances. Il a répondu que c'était ce que l'Association avait demandé et qu'elle était sur le point d'obtenir au moyen des représentations de Mme Freeland et de son équipe. Pourtant, à la fin des négociations, le Mexique a dit oui à l’acier, mais non à l’aluminium, et ce, pour des raisons stratégiques.
Cette stratégie est évidente.
Le Canada a donc sacrifié l’industrie de l’aluminium du Québec dans ses négociations. Le fait que le Canada permette à l’aluminium chinois d’inonder le marché nord-américain en passant par le Mexique fait que six projets d’expansion d’alumineries à Sept-Îles, à Jonquière et à Alma n’auront peut-être pas lieu.
Qu’est-ce qu’on promet? On sous-entend qu’il y aurait probablement des compensations. Si je représentais une industrie, cela ne serait évidemment pas choquant: on va pouvoir prendre cet argent et peut-être aller construire ces industries ailleurs. Cela peut être un drame avec des conséquences économiques énormes sur 60 000 travailleurs.
Les entreprises de partout au Québec, du Saguenay–Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord subissent les conséquences du rejet du gouvernement Trudeau de protéger l’aluminium québécois. C’est donc plus de 6 milliards de dollars d’investissement qui seront reportés. Cela aurait de lourdes conséquences.
:
Madame la Présidente, je disais que des investissements de plus de 6 milliards de dollars pourraient être reportés, ce qui aurait de lourdes conséquences sur le domaine de la construction, les fournisseurs, ainsi que les travailleurs de partout au Québec.
Ce n’est pas tout. Il y a aussi une grande oubliée dont on ne parle pas assez à la Chambre: l’industrie forestière. L’accord Canada—États-Unis—Mexique n’a malheureusement pas permis de régler le conflit du bois d’œuvre, bien au contraire. Ce conflit dure depuis bien trop longtemps. Les tarifs injustifiés imposés par Washington sur de nombreux produits forestiers sont au cœur de la crise du bois d’œuvre. Pourtant, le nouveau régime forestier du Québec a justement été développé pour répondre aux demandes des États-Unis et pour que le Québec ne se fasse pas accuser de subventions illégales.
On sait que la crise du bois d’œuvre est cyclique, et ce, depuis au moins 20 ans. Le Québec a subi le contrecoup de sanctions qui ne visaient pas nécessairement son industrie. Nous sommes évidemment solidaires de l’industrie canadienne, mais cela nous a fait mal, particulièrement au début des années 2000.
Le Canada préfère le statu quo bien que les tarifs américains aient provoqué la fermeture de plusieurs usines. Je rappelle que les difficultés vécues par l’industrie forestière ont des répercussions sur la vitalité de plusieurs villes et villages du Québec. Ces difficultés ont notamment fait particulièrement mal à l’économie du village de Nédélec, chez nous, en Abitibi-Témiscamingue.
L’industrie forestière représente près de 30 000 emplois directs et indirects au Québec, en particulier dans les régions, mais aussi dans la métropole. Ces entreprises investissent énormément d’argent pour augmenter leur productivité tout en diminuant leurs coûts de production. Pour y arriver, elles doivent être appuyées financièrement et généreusement par des projets innovants du gouvernement du Canada. Pour rester compétitifs, nous devons absolument moderniser nos usines. Pour cela, il faudra penser à bonifier des programmes, notamment ceux de Développement économique Canada pour les régions du Québec.
J’ai le temps d’aborder la question de la gestion de l’offre. Le nouvel ALENA affaiblit notre modèle agricole au Québec et la concession faite par le gouvernement du Canada est gigantesque. Pour moi, c’est d’une grande tristesse. D’ici 2024, nos producteurs laitiers perdront 18 % de leur marché intérieur au profit de la production étrangère. Cela représente une perte de 450 millions de dollars par année.
J’ai appris que, dans ma région, des producteurs vivant cette insécurité économique ont commencé à vendre une partie de leurs quotas. Pour moi, cela représente le début de la fin. Cela démontre toute l’insécurité que crée cet accord de libre-échange pour nos producteurs agricoles.
Comme si ce n’était déjà pas assez, cet accord permettra aussi aux Américains d'avoir un droit de regard sur nos pratiques commerciales. À mon sens, c’est simplement inacceptable: comment le Canada peut-il accepter que les Américains bloquent, par des pénalités sur nos exportations, nos échanges commerciaux avec d'autres marchés mondiaux? Cela va limiter la capacité des produits canadiens de concurrencer ceux d'autres pays.
Que peut-on y faire? D’abord, il faudra prévoir dans le régime de compensation en vertu du nouvel ALENA des millions de dollars pour compenser les répercussions des mauvais accords précédents sur les producteurs laitiers. Je rappelle que si l'on demande à ces producteurs s’ils préfèrent recevoir des compensations ou être reconnus pour leur travail à juste titre, ils répondent que les compensations ne font pas leur affaire.
Ensuite, il faudra exiger que les Américains...