La Chambre reprend l'étude, interrompue le 21 octobre, de la motion portant que le projet de loi , Loi modifiant la Loi sur les juges, soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
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Monsieur le Président, je suis vraiment très heureuse de pouvoir prendre la parole au sujet du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur les juges.
Avant d'entrer en politique, j'ai consacré une bonne partie de ma vie à faire respecter le système de justice du Canada et à représenter les victimes. Je vais donc commencer mes observations en affirmant que notre système de justice doit être transparent.
Ce projet de loi vise à améliorer le processus d'examen des plaintes visant les juges. Il y a plus de six ans, en 2016, le gouvernement libéral a entrepris des consultations sur la réforme du processus d'examen des plaintes déposées contre des juges. Je m'interroge une fois de plus sur les priorités du gouvernement, car nous voici saisis de ces réformes six ans après le début du processus.
Je suis heureuse qu'on débatte enfin de cette mesure législative. Je crois que si l'on y apporte des amendements appropriés à l’étape du comité, le processus d'examen des plaintes qu'elle prévoit sera beaucoup plus solide.
La crédibilité de la démocratie canadienne et de ses institutions a été ébranlée ces dernières années, en particulier depuis l'arrivée de la COVID et en raison de l'importante ingérence du gouvernement dans pratiquement tous les aspects de la vie de ses citoyens.
Je suis très préoccupée par le déclin de nos institutions et de notre démocratie. Je suis préoccupée par l'érosion des institutions canadiennes et par le fait que cette érosion s'est produite sous le gouvernement libéral. Nous avons vu les Canadiens perdre confiance dans leur gouvernement, dans les autorités sanitaires, dans les services de police et dans les médias.
Le système de justice du Canada a également été mis à rude épreuve. Au cours de cette période, son indépendance, son impartialité, son accès et son équité ont tous été remis en question. Je sais que notre système n'est pas parfait. Il comporte de nombreux problèmes qui doivent être réglés. Nous devons veiller à préserver la confiance des Canadiens envers notre système judiciaire, ce qui fait partie de mon travail en tant que législatrice.
Heureusement, malgré les nombreuses bévues du gouvernement libéral, les Canadiens ont encore une certaine confiance dans le système. Malheureusement, nous constatons, d'une part, que le gouvernement tente d'améliorer la rigueur du système en renforçant le processus d'examen des plaintes visant les juges et, d'autre part, qu'il porte atteinte aux victimes d'actes criminels en supprimant des éléments comme les peines minimales obligatoires pour les infractions les plus violentes.
Il est impératif de faire preuve de vigilance et d'assurer le respect des piliers de notre démocratie. Il est impératif de toujours chercher des moyens de corriger les faiblesses, de trouver les failles et de renforcer les mécanismes qui instaurent la confiance, la reddition de comptes et la transparence dans notre système de justice.
Il y a des faiblesses dans notre système de justice, et le gouvernement libéral a exacerbé certaines d'entre elles. Ce projet de loi, attendu depuis longtemps, est un pas dans la bonne direction. Il souligne la nécessité de corriger les faiblesses de notre système de justice et de renforcer également les freins et contrepoids en ce qui a trait à la façon dont les acteurs centraux de notre système de justice, comme les juges, sont tenus de rendre des comptes en cas d'allégation d'inconduite.
Que ferait ce projet de loi? Comme je l'ai mentionné, le projet de loi propose des modifications à la Loi sur les juges afin de renforcer le processus d'examen des plaintes visant des juges, qui a été établi pour la première fois il y a 50 ans. La Loi sur les juges régit les juges de plusieurs façons. Elle habilite le Conseil canadien de la magistrature, le CCM, à enquêter sur les plaintes du public. Les juges peuvent également faire l'objet d'une enquête sur renvoi d'un procureur général du Canada ou d'un procureur général provincial en ce qui concerne toute conduite des juges nommés par le gouvernement fédéral.
Le Conseil canadien de la magistrature compte 41 membres, dont tous les juges en chef et les juges en chef adjoints. Selon le nouveau processus proposé dans ce projet de loi, les juges peuvent être révoqués pour quatre raisons: l'invalidité, l'inconduite, le manquement aux devoirs de la charge de juge et toute situation qu'un observateur raisonnable, équitable et bien informé jugerait incompatible avec les devoirs de la charge de juge.
Le projet de loi stipule spécifiquement qu'un juge nommé par le gouvernement fédéral peut être démis de ses fonctions si:
le fait qu’il demeure en poste minerait la confiance du public dans l’impartialité, l’intégrité ou l’indépendance du juge ou dans l’indépendance de sa charge au point de le rendre incapable d’occuper la charge de juge pour l’un ou l’autre des motifs suivants:
Je voudrais maintenant parler de la correction des lacunes du système.
Depuis des années, le Conseil canadien de la magistrature se plaint publiquement que le système actuel est souvent « énormément onéreu[x] en temps, en argent et en efforts pour nos tribunaux fédéraux ». Il réclame des réformes législatives nécessaires pour le « maintien de la confiance du public envers l'administration de la justice »; c'est là le cœur de la question. Pour cela, il faut une grande confiance non seulement dans le système, mais aussi dans les administrateurs du système, c'est-à-dire les juges desquels on attend qu'ils rendent des décisions justes et impartiales, fondées sur des preuves et conformes à la loi, et qu'ils appliquent la loi et exercent leurs fonctions avec une entière confiance dans le système.
Le seul moyen de maintenir la confiance du public est de faire en sorte qu'il y ait un processus rigoureux permettant de demander des comptes aux juges. Si les Canadiens perdent confiance dans l'intégrité de la magistrature, le système entier échouera.
Je peux dire aux députés que, en tant qu'avocate plaideuse ayant déjà eu son propre cabinet, j'étais confiante de comparaître devant les juges. J'avais la certitude de me trouver devant des personnes qualifiées, au jugement sûr et attachées à la primauté du droit. Cependant, au cours des deux dernières années, nombre de gens m'ont approchée pour m'exprimer leurs préoccupations à propos de notre système. On m'a demandé, entre autres, comment il est possible qu'un juge ayant été candidat pour le Parti libéral puisse présider une audience sur le cautionnement d'un manifestant du convoi de la liberté accusé aux termes de la Loi sur les mesures d'urgence. Ces questions jettent le discrédit sur l'administration de la justice et font ressortir la nécessité de faire en sorte que les juges ne se retrouvent pas en conflit d'intérêts.
Notre système n'est pas parfait, mais il vise à appliquer les principes de justice équitablement pour tous. Il est logique d'insister pour que les juges soient assujettis à des normes plus élevées que les citoyens ordinaires, justement en raison de leurs fonctions.
En terminant, je tiens à féliciter le gouvernement d'avoir présenté ce projet de loi à la Chambre. Je pense que si le projet de loi est renvoyé à un comité pour étude, certaines sections seront amendées afin de les renforcer.
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Monsieur le Président, ma collègue, la députée d', a présenté de bons arguments et a expliqué pourquoi il est très important de renforcer l'intégrité du système judiciaire. Puisque mon collègue, le député de , a parlé de la confiance du public dans notre système de justice, j'aimerais revenir sur cette question et parler du fait que, malgré la hausse de la criminalité violente dans les collectivités, le gouvernement et ses partenaires coalisés ont certainement fait preuve de laxisme à l'égard de la criminalité.
Puisque nous débattons de cette question, j'aimerais parler des trois articles qui ont été publiés cette semaine seulement dans l'Hamilton Spectator, le quotidien de ma collectivité. J'aimerais lire les grands titres, parce que je crois que ces articles révèlent que nos collectivités sont confrontées à une vague de criminalité. Tandis que nous parlons du système judiciaire, ce dont le projet de loi ne tient pas compte, et ce dont on ne parle pas, c'est la hausse de la criminalité violente, y compris la criminalité armée, et les dispositions législatives qui ont été affaiblies par le projet de loi , notamment en ce qui concerne les peines minimales obligatoires. Nous devons vraiment corriger cela, car c'est certainement un problème dont les gens me parlent dans ma collectivité.
Mercredi, il y a deux jours à peine, on pouvait lire: « Deux adolescents sont inculpés et un suspect se trouve en fuite après une fusillade près de Hess Village ». Il s'agit d'un quartier populaire pour ses bars dans la région d'Hamilton. Cet article explique que « 32 fusillades ont été signalées à Hamilton cette année », et que trois personnes ont été tuées. Ce n'est là qu'un exemple.
Deux jours avant, soit lundi, nous apprenions ceci: « Une arme à feu chargée a été saisie [...] au restaurant Hamilton Mountain ». Voilà qui est inquiétant pour les gens de ma communauté. La police a arrêté quelques suspects dans cette affaire, mais il est préoccupant qu'il y ait eu des armes à feu chargées dans un restaurant de banlieue et que les citoyens aient peur de sortir à cause de cela. C'est un problème qui n'est pas vraiment pris en compte dans les changements apportés au système judiciaire par le gouvernement actuel.
Un autre article a été publié dimanche, pour un total de trois articles cette semaine: « La police enquête sur des coups de feu survenus après que du tapage eut été entendu dans le quartier Mountain West à Hamilton [...] Les policiers affirment que cela s'est produit dans le stationnement d'un complexe d'habitation ». Les personnes qui vivent dans ces communautés subissent la hausse des crimes commis avec des armes à feu et des crimes violents. Voilà un problème que le projet de loi n'aborde pas, à l'instar du gouvernement.
Je n'ai pas en main l'article qui en traite, mais je connais un autre cas qui est survenu dans ma circonscription, à Binbrook, une très petite ville d'environ 5 000 habitants. Récemment, à Binbrook, il y a eu un certain nombre de vols de voitures et d'invasions de domicile. Les députés peuvent s'imaginer que les habitants des villes-dortoirs craignent les invasions de domicile. Ces villes sont situées un peu à l'écart des grands centres, donc les interventions policière sont lentes. Voilà le genre de problèmes qui préoccupent vraiment les habitants ordinaires des collectivités, mais les changements apportés au système de justice par le gouvernement actuel ne s'y attaquent pas.
Il faut vraiment lutter plus énergiquement contre le phénomène actuel de la porte tournante dans le système de justice pénale. Je pourrais citer des statistiques tirées des articles dont j'ai parlé. Il y a encore 348 personnes recherchées pour des accusations en instance, dont des accusations en lien avec les drogues et les armes. Plusieurs de ces personnes sont des récidivistes, et le projet de loi ne s'attaque pas à ce problème.
Comme l'a indiqué ma collègue d', notre système n'est pas parfait, mais nous nous attendons à ce que les juges se conforment à des normes de conduite plus rigoureuses. Nous attendons aussi une réaction aux activités criminelles dans nos collectivités, activités qui font que les gens ont peur de se promener dans la rue. Nous savons ce qui se passe. Nous savons qu'il y a une hausse des crimes violents. Comment pouvons‑nous nous attaquer en priorité aux causes profondes de ce problème?
En guise de conclusion, je répéterai ce que ma collègue a dit: le projet de loi n'est pas parfait. Il y a des éléments du projet de loi que nous appuyons. Cependant, comme elle l'a laissé entendre, il comporte aussi des lacunes, qui seront évidemment étudiés par le comité. Or, la question la plus importante est la suivante: comment allons‑nous aider nos concitoyens qui s'inquiètent de la hausse de la criminalité et de l'absence de solutions proposées?
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Monsieur le Président, c'est un honneur de prendre la parole aujourd'hui au sujet de ce projet de loi.
Dans ma circonscription, Kelowna—Lake Country, mes concitoyens s'inquiètent de plus en plus de l'augmentation du taux de criminalité et de ses conséquences. Selon un communiqué de Statistique Canada publié plus tôt cette année, la région métropolitaine de recensement de Kelowna affiche maintenant le taux de criminalité le plus élevé au pays, le rapport de 2021 faisant état de 27 147 infractions au Code criminel dans cette région.
Selon Statistique Canada, alors que l'indice de gravité de la criminalité est de 73,7 pour l'ensemble du Canada, celui-ci est beaucoup plus élevé et s'établit à 122,3 dans la région métropolitaine de recensement de Kelowna. C'est un sujet dont me parlent mes concitoyens au cours de réunions, dans des courriels, dans des cafés et dans la rue. C'était l'un des enjeux les plus importants qui ont été abordés pendant la campagne électorale municipale qui s'est terminée il y a quelques semaines, et différentes solutions ont été proposées pour s'y attaquer.
Un des problèmes qui en découle est celui de la récidive dans le système de justice pénale. Malheureusement, nous voyons trop souvent des individus passer par un système fondé sur la capture et la remise en liberté, où ils ne purgent pas leur peine et ne reçoivent pas non plus l'aide dont ils ont besoin pour réduire les risques de récidive, notamment le traitement de la toxicomanie et les soins de santé mentale. Nous devons apporter des améliorations au système dans tous ces domaines, en plus du projet de loi .
Hélas, d'après les conversations que j'ai eues dans ma circonscription, il faut augmenter la confiance du public dans notre système de justice, mais très peu d'éléments semblent indiquer que le gouvernement libéral contribue à maintenir cette confiance. C'est un autre exemple d'un projet de loi qui aurait pu être adopté il y a près d'un an, si ce n'était de la décision du gouvernement libéral de déclencher des élections surprises inutiles l'automne dernier.
La version précédente de ce projet de loi était le projet de loi de la 43e législature. Il aurait déjà été débattu, étudié et peut-être adopté si tous les députés l'avaient fait avancer. Au lieu de cela, nous voici de nouveau à la Chambre en train de reprendre le débat sur le projet de loi depuis le début, plus d'un an après la présentation de la dernière version, à cause d'une élection inutile et coûteuse. À titre de rappel, des cendres tombaient du ciel dans ma circonscription, Kelowna—Lake Country, lorsque le a déclenché des élections surprises.
Il existe de nombreux exemples de projets de loi sur lesquels nous travaillions au cours de la dernière législature, mais qui ont été annulés en raison de l'élection surprise, nous forçant ainsi à tout recommencer. Le comité auquel je siège examine actuellement le projet de loi , Loi sur la prestation canadienne pour les personnes handicapées, qui a également été présenté pour la première fois il y a plus d'un an, puis qui est mort au Feuilleton en raison de l'élection surprise de l'automne dernier. Voilà un autre exemple qui montre que nous devons vraiment examiner les priorités du gouvernement. Beaucoup de ses priorités sont politiques et ne visent pas à faire avancer les bons projets de loi dont le pays a besoin.
Les conservateurs sont toujours heureux de travailler pour des réformes de notre système judiciaire. La confiance du public dans notre système est ce qui garantit l'engagement de notre société en faveur de l'application régulière de la loi. Personne n'a parlé avec plus d'éloquence à ce sujet que l'ancienne chef conservatrice Rona Ambrose lorsqu'elle a présenté son dernier projet de loi en 2017, la « loi juste ». Ce projet de loi proposait la responsabilisation des juges par l'entremise d'une formation en droit relatif aux agressions sexuelles.
À titre d'ardente défenseure des femmes et des survivants d'agressions sexuelles, Mme Ambrose a reconnu que, bien trop souvent, notre système judiciaire ne respecte pas les expériences des victimes d'agressions sexuelles. Les survivants d'agressions sexuelles doivent savoir que les personnes qui entendent leur cause ont la formation, l'expérience et le contexte nécessaires pour leur donner un procès équitable et faire en sorte que les survivants d'agressions sexuelles n'hésitent pas à se manifester. Malheureusement, il nous manque encore un système judiciaire auquel nous pouvons faire confiance et qui sera équitable, un système qui se concentre vraiment sur les victimes.
Il faut en faire plus pour veiller à ce que les juges comprennent les lois entourant le consentement. Il faut leur fournir davantage d'outils afin qu'ils puissent rendre des jugements justes et empreints de compassion qui permettront la réadaptation des contrevenants.
Mon propre projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi , constituerait un de ces outils en réformant le processus de détermination de la peine relativement aux contrevenants souffrant de toxicomanie et de problèmes de santé mentale. Ma mesure législative modifierait le Code criminel du Canada afin d'appuyer un processus de détermination de la peine à deux volets. Les deux volets auraient la même durée de peine, mais certains individus condamnés ayant une tendance à la consommation problématique de substances et répondant à certains paramètres au moment de la détermination de la peine pourraient se voir offrir par le juge le choix d'être condamnés à participer à une évaluation de leur santé mentale et à un traitement de la toxicomanie à même un pénitencier fédéral pendant qu'ils purgent leur peine.
Grâce à ce processus de détermination de la peine, les contrevenants continueraient à subir les conséquences significatives de leurs actes, mais ils obtiendraient également une cure de désintoxication, ce qui permettrait de réduire le risque de récidive. Autrement dit, cela mettrait fin à la justice prorécidive. En fait, j'ai appelé mon projet de loi le « projet de loi pour mettre fin à la justice prorécidive ». Il recueille l'approbation de nombreuses parties intéressées qui travaillent dans le domaine du traitement des dépendances et de la réforme de la justice pénale, ainsi que de certains partis à la Chambre. Je suis reconnaissant qu'on en ait déjà débattu une fois à la Chambre, et j'ai hâte au prochain débat à son sujet.
C'est une occasion trop importante pour qu'on la laisse passer, tout comme le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui. Certaines victimes ont dit qu'elles ont complètement perdu confiance dans le système judiciaire. Il n'y a pas si longtemps, les victimes, surtout les femmes, étaient blâmées pour les agressions sexuelles commises contre elles. Avant que des lois ne soient instaurées pour améliorer le processus, il arrivait souvent aux juges de prendre en considération des éléments comme la longueur de la jupe de la femme ou encore l'existence d'une relation antérieure avec son agresseur quand venait le temps de déterminer si l'acte reproché était de nature criminelle. Il faut que les juges soient plus tenus de rendre des comptes, d'où la grande importance des mesures législatives qui concernent la magistrature.
Malheureusement, nous savons que les crimes violents ont augmenté partout au Canada. Ils ont augmenté de 32 % depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement. On peut se demander de quelle façon certaines des politiques clémentes envers les contrevenants du gouvernement ont une incidence sur la confiance des Canadiens dans le système judiciaire, ainsi que sur la sécurité publique.
Il faut aussi se rappeler que le poste d'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels a souvent été laissé vacant pendant plusieurs mois par le gouvernement. Récemment, il a été laissé vacant pendant près d'un an. Il s'agit de questions très importantes lorsque nous examinons l'ensemble du système judiciaire et son fonctionnement, et nous devons nous concentrer sur ce type de questions non seulement pour maintenir la confiance du public, mais aussi pour que celui-ci reçoive les meilleurs services dans tous ces domaines. Au cœur de toutes nos décisions, il est aussi très important que nous gardions les victimes à l'esprit et que nous défendions toujours les intérêts des victimes d'actes criminels, ce que les conservateurs font assurément. Nous prenons toujours en compte cet élément et axons toujours nos efforts en ce sens.
En terminant, si le gouvernement libéral se préoccupait vraiment de la question dont nous sommes saisis aujourd'hui, soit le projet de loi , il n'aurait pas déclenché d'élections surprises l'année dernière. Le projet de loi aurait déjà été adopté, et le processus serait déjà en place.
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Monsieur le Président, c'est un honneur et un plaisir de prendre la parole à la Chambre au nom des gens de Saskatoon-Ouest. Bien entendu, j'interviens aujourd'hui au sujet du projet de loi à l'étude, le projet de loi , qui apporte des modifications à la manière dont les juges nommés par le gouvernement fédéral peuvent être révoqués pour inconduite.
Mon approche aujourd'hui sera un peu différente. Je ne suis pas avocat, donc je ne suis pas très au fait du fonctionnement du droit, de ses détails et de ses aspects techniques. Le meilleur exemple de cela est celui d'hier, lorsque j'ai eu le privilège d'assister à une audience du comité de la justice. J'écoutais les témoignages au sujet du projet de loi sur l'intoxication volontaire extrême. Il est incroyable que, dans ce pays, une personne qui est tellement ivre qu'elle commet un crime causant un grave préjudice à une autre personne puisse s'en tirer sans aucune conséquence. Or, c'est exactement ce qui s'est produit. C'est pour cette raison que le gouvernement a présenté le projet de loi , qui était censé corriger les choses.
À l'audience du comité tenue hier, j'ai écouté en tant que profane tous mes éminents collègues poser des questions très intelligentes qui me dépassaient. J'ai entendu des professeurs expliquer les subtilités juridiques de toutes sortes de choses. Cependant, j'ai clairement compris ceci: il est absolument inadmissible qu'une personne qui commet un crime n'ait pas à en subir les conséquences simplement parce qu'elle était trop ivre. Il est clair que cela doit être corrigé.
Ce que j'ai trouvé particulièrement troublant, c'est que, plus tôt cette année, le gouvernement a voulu remédier à la situation en précipitant les choses. Il a essentiellement voulu accélérer l'étude de ce projet de loi en prétextant vouloir combler des lacunes. Selon ce que j'ai entendu hier, les mesures que les libéraux ont voulu faire adopter à toute vapeur, sans mener de consultations adéquates, et sans même parler à qui que ce soit, n'ont pas réglé le problème. En fait, elles l'ont peut-être même aggravé. La Chambre doit être très prudente lorsqu'elle propose des solutions, car si on va trop vite, sans faire preuve de la diligence requise, alors on risque d'aggraver la situation. C'est la principale chose que j'ai retenue hier.
J'aimerais aussi parler d'un autre projet de loi à l'étude à la Chambre en ce moment. Il s'agit du projet de loi , qui vise à modifier le processus que les agents de la paix doivent suivre pour demander et obtenir un mandat en se servant de moyens de télécommunication au lieu de se présenter en personne. Il élargit les possibilités pour que les accusés et les délinquants puissent comparaître à distance, par vidéoconférence ou audioconférence. Il permet aussi aux candidats-jurés de participer au processus de sélection des jurés par vidéoconférence.
Ce projet de loi découle de la pandémie. Comme les députés peuvent le constater, le système devait être modifié pour permettre un plus grand nombre de comparutions à distance. Ce que je trouve intéressant, c'est que ces changements s'inscrivent dans la foulée de la pandémie de COVID, qui a commencé il y a deux ans. Il a donc fallu deux ans au gouvernement libéral pour amener ce projet de loi à l'étape de la deuxième lecture à la Chambre.
Je trouve étrange que d'un côté, certains projets de loi soient adoptés presque instantanément, comme le projet de loi , alors que d'autres, comme le projet de loi , traînent pendant un certain temps. Peut-être que la COVID ne sera plus qu'un mauvais souvenir quand ce projet de loi sera finalement adopté. Je trouve un peu fort que le gouvernement affirme que les conservateurs font de l'obstruction, alors que nous essayons de faire preuve de diligence raisonnable pour éviter d'adopter de mauvaises mesures législatives.
Ce qui m'amène au projet de loi . À l'origine, ce projet de loi a été présenté au Sénat. Il s'agissait du projet de loi en 2021. Le projet de loi modifie le processus d'examen des plaintes visant les juges en établissant un processus pour les plaintes suffisamment graves pour justifier une révocation, ainsi qu'un autre pour les infractions qui justifieraient d'autres sanctions, comme une thérapie, la participation à de la formation continue et des réprimandes. À l'heure actuelle, en cas d'inconduite mineure, un membre du Conseil canadien de la magistrature qui procède à un examen initial peut négocier avec le juge concerné pour trouver une solution appropriée.
Selon le projet de loi, un juge peut être démis de ses fonctions pour l'un des motifs suivants:
c) manquement aux devoirs de la charge de juge;
d) situation qu’un observateur raisonnable, équitable et bien informé jugerait incompatible avec les devoirs de la charge de juge.
De plus, un agent de contrôle peut rejeter les plaintes au lieu de les renvoyer au comité d'examen s'il est d'avis qu'elles sont frivoles ou faites dans un but inapproprié.
Les juges fédéraux sont nommés à vie, et il est absolument essentiel qu'ils ne subissent aucune ingérence politique. Il est important d'avoir des mécanismes en place pour les encadrer et les démettre de leurs fonctions si cette mesure extrême est nécessaire. Cela dit, c'est le Parlement qui établit les lois, et les juges doivent respecter sa volonté. Les peines minimales obligatoires présentées par le gouvernement conservateur précédent en sont un bon exemple.
Tout criminel violent, indépendamment de sa race, de son sexe et de son orientation sexuelle, devrait être traité équitablement. Le délinquant doit être confronté à un jury composé de ses pairs et, s'il est reconnu coupable, il doit recevoir la peine appropriée. Une peine d'emprisonnement évitera que cette personne retourne dans la rue pour se livrer à d'autres activités criminelles.
Les problèmes de santé mentale, ainsi que l'abus de drogues et d'alcool, doivent être traités et surveillés par un personnel qualifié. La thérapie et les programmes en 12 étapes qui sont proposés dans les prisons doivent être rendus obligatoires pour les détenus. En détention à domicile, il n'y a aucun moyen de s'assurer que les délinquants concernés obtiennent l'aide dont ils ont besoin.
Lorsque nous condamnons les criminels, nous devons également tenir compte de la sécurité des victimes. La triste réalité, c'est que les crimes violents sont souvent commis au sein de la famille. Il peut s'agir de violence conjugale, d'exploitation sexuelle d'un enfant, d'enlèvement d'un enfant sous la garde d'un membre de la famille ou de vol à main armée pour l'achat de substances illicites. Les personnes les plus proches sont toujours les victimes les plus faciles à atteindre. Si un juge est amené à condamner un conjoint violent à vivre chez lui plutôt que d'aller en prison, qu'advient-il du conjoint et des enfants maltraités? Vont-ils se réfugier dans un centre de crise ou seront-ils de nouveau victimes de la violence?
Je voudrais parler un peu de Saskatoon et de ma circonscription, Saskatoon‑Ouest. C'est un endroit formidable et magnifique pour vivre et travailler. Ma femme et moi y avons élu domicile. Pendant des années avant de devenir député, j'ai été constructeur de résidences. Je bâtissais des maisons neuves pour les familles qui s'installaient dans la circonscription.
D'abord à titre de candidat et maintenant à titre de député, je peux dire que j'ai frappé à presque toutes les portes de Saskatoon‑Ouest. En me promenant dans les quartiers, j'ai découvert certaines zones où la criminalité est le plus élevée. Au cours de la dernière année, 389 cas d'infractions sexuelles ont été signalés à Saskatoon, mais aussi 2 303 agressions, 65 enlèvements et 759 infractions à la Loi réglementant certaines drogues et autres substances.
En 2020, l'indice de gravité de la criminalité à Saskatoon était de 118, soit bien au-dessus de la moyenne de 73,4 dans les plus grandes villes du Canada, ce qui porte Saskatoon au quatrième rang, derrière Lethbridge, Winnipeg et Kelowna. Mon bureau de circonscription est situé à la convergence des quartiers où sont commis une grande partie de ces crimes. Selon le service de police de Saskatoon, c'est le secteur de la ville qui connaît le plus haut taux de criminalité. Par conséquent, le personnel de mon bureau et moi devons être très prudents. Nous avons appris à connaître bien des gens qui vivent dans le voisinage. Ils fréquentent mon bureau et ses environs, et nous avons créé des liens avec eux.
Mon bureau est doté d'une porte de sécurité pouvant être déverrouillée à distance, ce qui permet à mon personnel de vérifier qui est à la porte avant de les laisser entrer. Malgré cela, des cambrioleurs y sont entrés par effraction pour voler mon ordinateur de la Chambre des communes, et quelqu'un a cassé la fenêtre du véhicule de l'un de mes employés pour s'emparer des quelques pièces de monnaie qui s'y trouvaient. Beaucoup de cette activité criminelle est attribuable à la toxicomanie, un problème très présent dans le secteur.
Je suis d'accord avec le gouvernement pour dire qu'il faut remédier à ce problème. Par contre, je ne suis pas d'accord avec lui sur la façon de nous y prendre. Je crois aux miracles du traitement des dépendances à l'alcool et aux drogues grâce aux programmes en 12 étapes et à l'abstention. La coalition néo-démocrate—libérale croit plutôt à ce qu'on appelle la réduction des méfaits.
À mon avis, ce qu'il faut, c'est traiter les toxicomanes avec amour et compassion, ce que font les programmes en 12 étapes. Ces programmes offrent aux alcooliques et aux toxicomanes un moyen de devenir sobres et d'aider les autres à le devenir, sans frais, ni pour eux ni pour le contribuable. Malheureusement, il y a deux choses que le gouvernement n'aime pas. Premièrement, ce sont des programmes axés sur la spiritualité. Ils demandent aux toxicomanes de « confier leur volonté et leur vie aux soins de Dieu ». Deuxièmement, comme je l'ai expliqué, ces programmes fonctionnent sans interventionnisme du gouvernement. Ils accomplissent des miracles; je l'ai moi-même constaté. Des gens que j'aime y ont eu recours.
En terminant, je voudrais simplement ajouter qu'il y a énormément d'éléments du système de justice pénale sur lesquels la Chambre doit se pencher pour trouver des améliorations. Le projet de loi est un pas dans la bonne direction. Il faut que les juges soient indépendants et dignes du poste qu'ils occupent.
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Monsieur le Président, je dispose de deux minutes. Je reprendrai mon discours après la période des questions, après une pause d'environ une heure, ce qui est mieux que la situation que j'ai vécue une fois où j'ai commencé un discours que je ne pouvais reprendre que deux semaines plus tard. Rien ne vaut deux semaines entre les deux minutes au début d'un discours et les huit minutes qui restent pour permettre à la personne de préciser ses observations. La deuxième partie du discours était considérablement meilleure que la première.
Cette fois-ci, je vais virer les choses à l'envers: je vais laisser tous les aspects captivants pour la fin. Je vais parler de l'histoire législative du projet de loi, un projet de loi qui est tellement urgent et important que le gouvernement impose l'attribution de temps et limite la durée du débat. C'est une question qu'il est absolument essentiel de régler, ce qui explique vraisemblablement pourquoi le gouvernement a retardé le débat depuis la présentation du projet de loi en décembre 2021. Il n'a pas commencé le débat pendant six mois, jusqu'au 16 juin de cette année, un peu moins de six mois après sa présentation. Non, en fait, c'était exactement six mois. Peut-être le gouvernement cherche-t-il à établir une symétrie, mais voilà le délai qui a précédé la deuxième lecture. Bien sûr, nous ne pouvons pas terminer rapidement quoi que ce soit. Ensuite, le projet de loi a disparu. Maintenant, en octobre, il est de retour et le gouvernement annonce qu'il s'agit d'une crise et qu'il faut s'en occuper immédiatement, après l'avoir retardé.
Cependant, l'histoire est en fait pire parce que le projet de loi original a été présenté au Sénat en tant que projet de loi , et le gouvernement a ensuite présenté son propre projet de loi. Même cette situation ne tient pas compte du fait qu'il existait un projet de loi antérieur, essentiellement identique, présenté avant les dernières élections, celle qui a eu lieu au milieu de la pandémie de COVID et qui a entraîné l'annulation de tout ce qui figurait au Feuilleton. Ces élections, pour autant que je sache, n'ont servi à rien. C'était les élections les moins importantes de l'histoire du Canada, et elles ont simplement reproduit le mandat précédent presque siège pour siège.
Maintenant, c'est la panique. Nous avions littéralement des années pour débattre du problème, et je dois souligner qu'il s'agit d'un problème qui dure depuis 50 ans. Je vais m'arrêter maintenant, mais j'ai hâte de poursuivre après la période de questions.