AGRI Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
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37e LÉGISLATURE, 2e SESSION
Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire
TÉMOIGNAGES
TABLE DES MATIÈRES
Le jeudi 27 février 2003
Á | 1105 |
Le président (M. Paul Steckle (Huron—Bruce, Lib.)) |
M. Marcel Gagnon (Champlain, BQ) |
Le président |
M. Marcel Gagnon |
Le président |
M. Dick Proctor (Palliser, NPD) |
M. Claude Duplain (Portneuf, Lib.) |
Le président |
M. Rick Borotsik (Brandon—Souris, PC) |
Le président |
M. Rick Borotsik |
Le président |
Le président |
M. Rick Borotsik |
Le président |
Mme Rose-Marie Ur (Lambton—Kent—Middlesex, Lib.) |
Le président |
M. Stephen Woodley (chef scientiste, Section des sciences de l'écosystème, Direction de l'intégrité écologique, Agence Parcs Canada) |
Le président |
M. Alan Latourelle (directeur général, Agence Parcs Canada) |
Le président |
M. Alan Latourelle |
Le président |
M. Alan Latourelle |
Á | 1110 |
Á | 1115 |
Le président |
M. Howard Hilstrom (Selkirk—Interlake, Alliance canadienne) |
M. Alan Latourelle |
M. Howard Hilstrom |
M. Alan Latourelle |
M. Howard Hilstrom |
M. Alan Latourelle |
M. Howard Hilstrom |
Á | 1120 |
M. Alan Latourelle |
M. Mike Wong (directeur exécutif, Intégrité écologique, Agence Parcs Canada) |
M. Howard Hilstrom |
M. Alan Latourelle |
M. Howard Hilstrom |
M. Alan Latourelle |
M. Howard Hilstrom |
Le président |
M. Alan Latourelle |
Le président |
M. Marcel Gagnon |
M. Alan Latourelle |
Á | 1125 |
M. Marcel Gagnon |
M. Alan Latourelle |
M. Marcel Gagnon |
M. Alan Latourelle |
M. Marcel Gagnon |
Le président |
Mme Rose-Marie Ur |
M. Alan Latourelle |
Mme Rose-Marie Ur |
M. Alan Latourelle |
Mme Rose-Marie Ur |
M. Alan Latourelle |
Mme Rose-Marie Ur |
M. Alan Latourelle |
Mme Rose-Marie Ur |
M. Alan Latourelle |
Mme Rose-Marie Ur |
M. Alan Latourelle |
Mme Rose-Marie Ur |
M. Alan Latourelle |
Mme Rose-Marie Ur |
M. Alan Latourelle |
Mme Rose-Marie Ur |
M. Alan Latourelle |
Á | 1130 |
Mme Rose-Marie Ur |
Le président |
M. Dick Proctor |
M. Alan Latourelle |
M. Dick Proctor |
M. Alan Latourelle |
M. Stephen Woodley |
M. Dick Proctor |
M. Alan Latourelle |
M. Dick Proctor |
M. Mike Wong |
M. Dick Proctor |
M. Alan Latourelle |
M. Stephen Woodley |
M. Dick Proctor |
M. Stephen Woodley |
Mr. Dick Proctor |
Le président |
M. Rick Borotsik |
Á | 1135 |
M. Alan Latourelle |
M. Rick Borotsik |
M. Alan Latourelle |
M. Rick Borotsik |
M. Alan Latourelle |
M. Rick Borotsik |
M. Alan Latourelle |
M. Rick Borotsik |
M. Alan Latourelle |
M. Rick Borotsik |
M. Alan Latourelle |
M. Rick Borotsik |
M. Alan Latourelle |
M. Rick Borotsik |
Le président |
M. Alan Latourelle |
Le président |
Dr Gary Wobeser (professeur, Pathologie vétérinaire, Université de la Saskatchewan) |
Á | 1140 |
Á | 1145 |
Le président |
M. David Anderson (Cypress Hills—Grasslands, Alliance canadienne) |
Dr Gary Wobeser |
M. David Anderson |
Á | 1150 |
Dr Gary Wobeser |
M. David Anderson |
Dr Gary Wobeser |
M. David Anderson |
Dr Gary Wobeser |
M. David Anderson |
Dr Gary Wobeser |
Le président |
M. Marcel Gagnon |
Dr Gary Wobeser |
Á | 1155 |
M. Marcel Gagnon |
Le président |
M. Claude Duplain |
Dr Gary Wobeser |
 | 1200 |
M. Claude Duplain |
Dr Gary Wobeser |
Le président |
M. Dick Proctor |
Dr Gary Wobeser |
M. Dick Proctor |
Dr Gary Wobeser |
M. Dick Proctor |
Dr Gary Wobeser |
M. Dick Proctor |
Dr Gary Wobeser |
M. Dick Proctor |
Dr Gary Wobeser |
 | 1205 |
M. Dick Proctor |
Dr Gary Wobeser |
M. Dick Proctor |
Le président |
M. Rick Borotsik |
M. Stephen Woodley |
M. Rick Borotsik |
Le président |
M. Stephen Woodley |
M. Rick Borotsik |
M. Stephen Woodley |
M. Rick Borotsik |
Dr Gary Wobeser |
M. Rick Borotsik |
Dr Gary Wobeser |
M. Rick Borotsik |
Dr Gary Wobeser |
M. Rick Borotsik |
Dr Gary Wobeser |
M. Rick Borotsik |
Dr Gary Wobeser |
M. Rick Borotsik |
Dr Gary Wobeser |
M. Rick Borotsik |
Dr Gary Wobeser |
M. Rick Borotsik |
Dr Gary Wobeser |
M. Rick Borotsik |
Dr Gary Wobeser |
M. Rick Borotsik |
Dr Gary Wobeser |
 | 1210 |
M. Rick Borotsik |
Le président |
Dr Gary Wobeser |
Le président |
Mme Carol Skelton (Saskatoon—Rosetown—Biggar, Alliance canadienne) |
Dr Gary Wobeser |
Le président |
M. Tom Olson (président, Association canadienne du bison) |
 | 1215 |
Le président |
M. Gavin Conacher (directeur général, Association canadienne du bison) |
 | 1220 |
Le président |
M. David Anderson |
 | 1225 |
M. Tom Olson |
M. David Anderson |
M. Shaun Grant (président, Conseil canadien de la commercialisation du bison, Association canadienne du bison) |
Le président |
M. Gavin Conacher |
M. David Anderson |
M. Gavin Conacher |
 | 1230 |
M. David Anderson |
Le président |
M. Marcel Gagnon |
M. Tom Olson |
Le président |
M. Shaun Grant |
M. Marcel Gagnon |
M. Tom Olson |
 | 1235 |
M. Marcel Gagnon |
M. Shaun Grant |
M. Gavin Conacher |
Le président |
Mme Rose-Marie Ur |
M. Tom Olson |
Mme Rose-Marie Ur |
M. Tom Olson |
Mme Rose-Marie Ur |
M. Tom Olson |
Mme Rose-Marie Ur |
Le président |
M. Dick Proctor |
 | 1240 |
M. Gavin Conacher |
M. Dick Proctor |
M. Tom Olson |
M. Gavin Conacher |
M. Dick Proctor |
M. Gavin Conacher |
M. Dick Proctor |
M. Gavin Conacher |
M. Dick Proctor |
M. Tom Olson |
M. Dick Proctor |
M. Tom Olson |
M. Dick Proctor |
M. Tom Olson |
Le président |
M. Rick Borotsik |
 | 1245 |
M. Tom Olson |
M. Rick Borotsik |
M. Tom Olson |
M. Rick Borotsik |
M. Tom Olson |
M. Rick Borotsik |
M. Tom Olson |
M. Rick Borotsik |
M. Tom Olson |
M. Rick Borotsik |
M. Tom Olson |
M. Gavin Conacher |
 | 1250 |
Le président |
Mme Carol Skelton |
M. Rick Borotsik |
Mme Carol Skelton |
M. Rick Borotsik |
Le président |
Mme Carol Skelton |
Le président |
CANADA
Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire |
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l |
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TÉMOIGNAGES
Le jeudi 27 février 2003
[Enregistrement électronique]
Á (1105)
[Traduction]
Le président (M. Paul Steckle (Huron—Bruce, Lib.)): Mesdames et messieurs, je déclare la séance ouverte.
Avant d'entendre les témoins de ce matin, il y a une chose que vous allez trouver devant vous, il s'agit du second rapport du comité de direction. J'aimerais que quelqu'un propose une motion d'adoption.
Monsieur Gagnon.
[Français]
M. Marcel Gagnon (Champlain, BQ): Au premier paragraphe, on dit qu'on va inviter les producteurs laitiers de l'Ontario pour parler des décisions de l'OMC. Comme 50 p. 100 du lait est fabriqué au Québec, il me semble qu'on devrait aussi inviter les producteurs laitiers du Québec.
[Traduction]
Le président: D'accord.
[Français]
M. Marcel Gagnon: Est-ce qu'on peut aussi inviter les producteurs laitiers du Québec?
[Traduction]
Le président: Les autres membres du comité sont-ils d'accord pour inviter les producteurs laitiers du Québec? Nous allons l'inclure dans le rapport.
Quelqu'un en fait-il la proposition?
M. Dick Proctor (Palliser, NPD): Je le propose.
M. Claude Duplain (Portneuf, Lib.): J'appuie la motion.
Le président: Y a-t-il des questions ou des commentaires?
Oui, monsieur Borotsik.
M. Rick Borotsik (Brandon—Souris, PC): J'accepte le second rapport et je vais certainement voter en sa faveur.
Vous et moi avons eu une discussion sur la ministre du Patrimoine canadien. Pourrions-nous en parler après l'adoption de ce rapport?
Le président: Nous devrions effectivement en parler, mais nous ne pouvons pas le faire dans cette...
M. Rick Borotsik: D'accord. C'est de bonne guerre. Nous allons en parler après.
Le président: Êtes-vous en faveur de ce rapport?
(La motion est adoptée)
Le président: Je vous remercie beaucoup, chers députés.
L'autre question, qu'a soulevée M. Borotsik, concerne la comparution de la ministre. Mme Copps n'est pas avec nous ce matin, mais M. Borotsik a une conversation avec elle et moi de même, un peu plus tard dans la soirée. Elle m'a dit la même chose qu'à vous et m'a précisé qu'elle vous avait parlé. Elle est prête à comparaître, mais les circonstances l'empêchent malheureusement d'être ici ce matin.
La lettre que nous avions convenu d'envoyer n'a donc pas été envoyée. Nous l'avons retirée. Nous allons la recevoir à sa convenance.
M. Rick Borotsik: Je ne sais pas s'il vous faut une motion ou non, mais je suppose que les députés autour de la table se libéreront au moment qui convient à la ministre du Patrimoine. L'enjeu est extrêmement important. Si la ministre peut nous rencontrer, peu importe le moment, je laisserai tout tomber pour la rencontrer.
Le président: Pourrais-je demander l'indulgence du comité à cet égard? Sommes-nous d'accord?
Mme Rose-Marie Ur (Lambton—Kent—Middlesex, Lib.): Absolument.
Le président: D'accord, nous allons procéder ainsi. La greffière va trouver une date qui convient à son horaire. Nous n'allons pas laisser cela compromettre notre pause de deux semaines qui s'en vient.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nos témoins de ce matin viennent s'exprimer sur la tuberculose chez les troupeaux de wapitis et de cerfs dans le parc national du Mont-Riding, au Manitoba. Nous voulons poursuivre notre dialogue, notre discussion et notre investigation à cet égard. C'est un problème très grave.
Nous recevons ce matin des représentants de Parcs Canada. Je vous présente M. Latourelle et M. Mike Wong, directeur exécutif de l'Intégrité écologique. Nous recevons également M. Stephen Woodley, chef de la Division de l'intégrité écologique, de la Direction des parcs nationaux. Est-ce bien exact?
M. Stephen Woodley (chef scientiste, Section des sciences de l'écosystème, Direction de l'intégrité écologique, Agence Parcs Canada): C'est bien cela.
Le président: Je vous remercie beaucoup.
Nous avons un horaire très serré. Nous connaissons relativement bien le contexte, mais vous avez à nous présenter votre position. M. Wong a comparu devant nous en novembre dernier, et il pourrait avoir des choses à nous dire qu'il ne nous a pas dites à ce moment.
Monsieur Latourelle, voulez-vous commencer?
M. Alan Latourelle (directeur général, Agence Parcs Canada): Oui.
Le président: Allez-y. Nous allons essayer de nous restreindre à 10 minutes ou moins, si c'est possible.
Qui d'autre fait un exposé?
M. Alan Latourelle: C'est moi qui vais présenter l'exposé.
Le président: C'est bon. Alors nous allons vous laisser toute la période de 10 minutes, ou ce qui vous convient. Vous pouvez commencer.
M. Alan Latourelle: Merci, monsieur le président.
Je tiens à vous remercier de nous permettre de nous exprimer aujourd'hui devant le Comité permanent de l'agriculture sur ce que Parcs Canada fait pour lutter contre la tuberculose bovine dans le parc national du Mont-Riding et dans ses environs.
Parcs Canada apprécie l'intérêt que porte le comité à cette question très épineuse. La présence de TB bovine chez les bovins et dans les populations sauvages est un problème de taille pour les éleveurs et leurs familles, leurs collectivités et les organismes concernés.
D'autres témoins avant nous ont présenté au comité des mémoires détaillés sur la TB bovine, je ne répéterai donc pas les mêmes informations.
Depuis 1991, la TB bovine a été dépistée dans cinq troupeaux de bovins, chez dix wapitis et un cerf de Virginie. Je veux souligner qu'il s'agit d'une maladie ayant un taux d'incidence très bas, mais c'est tout de même un problème très grave. Le taux général de tuberculose chez les wapitis et les cerfs de Virginie est inférieur à 1 p. 100. Nous n'avons relevé aucun cas de TB chez les 712 wapitis examinés par Parcs Canada depuis trois ans. Cependant, nous comprenons bien que toute incidence de tuberculose est grave et nous sommes déterminés à collaborer avec nos partenaires pour éradiquer cette maladie. Parcs Canada reconnaît les difficultés que pose la maladie pour les producteurs, les éleveurs et leurs familles.
Depuis le début, nous travaillons en collaboration avec d'autres pour régler ce problème. Comme des témoins précédents vous l'ont dit, Parcs Canada siège au comité multipartite qui a conçu le programme d'éradication de la TB bovine au Manitoba. Ce plan prévoit des mesures à long terme pour éradiquer la TB au Manitoba. Il est révisé chaque année et enrichi en fonction des nouvelles données et découvertes.
Le plan vise l'obtention et la conservation du statut de zone exempte de TB, l'éradication de la tuberculose dans les populations sauvages à risque et la réduction au minimum des interactions entre le bétail et les populations sauvages. Ces mesures se fondent sur des données scientifiques et sont modifiées constamment selon les recherches et les communications.
Je tiens à mentionner que la plupart des parties touchées par ce problème conviennent de deux objectifs communs: l'éradication de la tuberculose et la préservation d'une population de wapitis viable. Parcs Canada appuie vivement ces objectifs et prend des mesures pour les atteindre.
En tant que membre du comité multipartite, Parcs Canada investit des ressources humaines et financières pour régler ce problème. À l'heure actuelle, nous dépensons 470 000 $ par année et y affectons cinq personnes dans le parc national du Mont-Riding. Depuis 1997, nous avons un laboratoire au Mont-Riding et avons testé un total de 2 181 bêtes dans le cadre de notre programme de détection de la TB.
En plus de surveiller l'évolution de la maladie, nous continuons de suivre les variations de taille de la population régionale de wapitis. Selon le dernier recensement aérien réalisé en collaboration avec le ministère des Ressources naturelles du Manitoba, la population de wapitis a chuté de façon importante depuis un an et s'élève maintenant à environ 2 785 animaux. Bien que tous les recensements réalisés sur des populations sauvages comportent de grands intervalles de confiance, cette diminution semble bien réelle et pourrait découler de l'augmentation récente des populations de loups.
Nous travaillons à séparer le bétail des animaux sauvages au moyen de divers programmes qui vous ont déjà été décrits. Nous cherchons toujours à fournir aux producteurs et aux parties concernées les renseignements les plus actuels. Nous savons parfaitement que les exploitations familiales subissent les contrecoups de cette maladie, qui préoccupe tout le monde dans la région. Parcs Canada suit de près le programme de lutte conjoint, et nous sommes disposés à y apporter des corrections au besoin.
Une grande question demeure toutefois: le taux de détection dans le parc diffère-t-il du taux de maladie enregistré chez les wapitis tués par les chasseurs. Pour répondre à cette question, Parcs Canada est en train de mettre en oeuvre un test scientifique et un programme d'abattage sélectif de wapitis à l'intérieur du parc national du Mont-Riding. Nous allons nous servir de ce programme pour approfondir nos recherches en vue de l'élaboration d'un protocole de test sanguin sur des animaux vivants. S'il faut sacrifier des animaux dans le cadre de ce programme, nous sommes prêts à le faire, comme nous l'avons fait dans le cadre de programmes dans plusieurs autres parcs nationaux.
J'aimerais donner aux membres du comité l'exemple du programme de test qui est en place et qui est déployé au moment où nous nous parlons. Hier, nous avons capturé 18 wapitis pour mener à bien notre programme de dépistage.
Á (1110)
Nous allons poursuivre nos recherches sur les mouvements de wapitis dans la région, de même que sur le rôle des loups dans les variations de leur population. L'interdiction de chasse au loup promulguée dans le cadre du programme d'éradication de la TB bovine au Manitoba a fait augmenter le nombre de loups. Nous voyons cette mesure d'un oeil positif pour réduire le nombre de wapitis.
La séparation du bétail et des wapitis est un élément clé du programme d'éradication, qui se concrétisera sous la forme d'un programme de clôturage accru. Parcs Canada et Agriculture et Agroalimentaire Canada vont solliciter ensemble un financement du Manitoba Rural Adaptations Council. Cette proposition reçoit l'appui du comité multipartite et du comité de liaison du parc du Mont-Riding.
Parcs Canada va également puiser dans ses ressources internes pour allouer au moins 40 000 $ de plus cette année au clôturage. Cet argent fera partie d'un grand fonds auquel Agriculture Canada contribue et permettra la pose de 75 clôtures supplémentaires dans les zones à risque élevé. Compte tenu de la gravité de la situation, Parcs Canada fera tout en son pouvoir pour améliorer ses communications sur le sujet.
Pour parer au manque d'information et de consultation que certains déplorent, Parcs Canada établit un nouveau comité consultatif multipartite, auquel siégera le directeur du parc. Le comité va concevoir et critiquer de nouvelles mesures. Nous allons également tenir davantage de réunions d'information dans la foulée de nos efforts pour fournir de l'information actuelle à toutes les parties.
Pour conclure, Parcs Canada joue et continuera de jouer un rôle de chef de file dans la résolution de ce problème grave. En tant que membre du comité de travail fédéral-provincial, nous allons continuer de jouer un rôle actif dans la conception de solutions rapides fondées sur la science. Plus important encore, nous prenons des mesures concrètes. Cette année, le programme de dépistage au parc du Mont-Riding s'intensifiera pour s'étendre à 150 wapitis, et particulièrement aux wapitis les plus vieux et à ceux qui vivent à l'extrémité ouest du parc, qui a été ciblée comme zone névralgique.
Pendant les deux années de ce programme, nous fixerons un émetteur-radio sur chaque bête, qui sera aussitôt examinée. Si l'on détecte des traces de tuberculose chez un wapiti, il sera détruit immédiatement. De plus, nous procéderons à un abattage sélectif des wapitis affichant des résultats négatifs à la fin des deux ans du programme.
Je vous remercie beaucoup.
Á (1115)
Le président: Merci beaucoup, monsieur Latourelle.
Nous sommes très pressés ce matin. Je vais prendre la liberté de demander à nos orateurs de se restreindre à cinq minutes, parce que nous recevons d'autres témoins ce matin. Une personne de chaque parti pourra s'exprimer. Cela vous donne une idée du temps dont vous disposez pour que chaque parti ait l'occasion d'intervenir.
M. Hilstrom sera le premier. Vous avez cinq minutes.
M. Howard Hilstrom (Selkirk—Interlake, Alliance canadienne): Alan, avez-vous rencontré la ministre Copps avant cette séance de comité?
M. Alan Latourelle: Non, je n'ai pas rencontré la ministre.
M. Howard Hilstrom: D'accord, mais vous annoncez l'établissement d'un nouveau groupe consultatif. Il doit bien y avoir des travaux en cours en ce sens, sous votre responsabilité ou celle de quelqu'un d'autre?
M. Alan Latourelle: Il est clair que c'est une question importante. Nous avons suivi les discussions qu'a tenues le comité sur le sujet au fil du temps. J'ai personnellement participé à vos discussions.
M. Howard Hilstrom: Pouvez-vous me dire quand la tuberculose sera éradiquée du Parc national du Mont-Riding?
M. Alan Latourelle: Je crois qu'il faut poursuivre notre programme de dépistage et l'adapter au fur et à mesure. Notre objectif consiste à l'éradiquer le plus rapidement possible.
M. Howard Hilstrom: Dans le secteur de l'élevage le bovin au Manitoba et ailleurs au pays, personne n'a le temps de vous laisser tergiverser longtemps. Je vais vous dire autre chose, et je vais être un peu agressif, parce que je veux que vous répétiez à la ministre ce que vous avez entendu ici aujourd'hui. Je n'ai absolument pas confiance qu'elle va comparaître devant notre comité dans l'avenir, je veux donc que vous vous occupiez de lui rapporter nos propos.
Je veux que vous m'expliquiez comment il se fait qu'il y avait entre 4 500 et 5 000 wapitis dans le parc il y a un an, et que vous venez ici aujourd'hui pour essayer de me dire qu'il y a 2 700 animaux dans le parc. La seule chose que je puisse supposer, c'est que quelque 2 300 bêtes sont mortes de tuberculose. Est-ce ce qui est arrivé à ces autres wapitis?
Á (1120)
M. Alan Latourelle: Je vais demander à M. Wong de vous donner les détails du recensement.
M. Mike Wong (directeur exécutif, Intégrité écologique, Agence Parcs Canada): En ce qui concerne les données de recensement, il existe un certain intervalle de confiance pour chacun. Le dernier recensement que nous avons reçu indique que le nombre moyen de wapitis oscille autour de 2 500 ou 2 600 animaux, avec une limite de confiance de plus ou moins 300 wapitis.
L'une des principales raisons expliquant la situation dans le parc, c'est la prédation par les loups. La population de loups est en croissance dans le parc du Mont-Riding et aux alentours. Les loups sont les prédateurs numéro un de la population de wapitis.
M. Howard Hilstrom: Laissons tomber les chiffres, que nous devrons accepter de toute façon.
Alan, vous avez un plan formidable pour le parc national du Mont-Riding, mais que comptez-vous faire à propos du bison dans le parc national Wood Buffalo? Quel est votre plan pour éradiquer la maladie là-bas?
M. Alan Latourelle: Comme vous le savez, le plan et les discussions sur Wood Buffalo s'étirent depuis très longtemps.
M. Howard Hilstrom: Eh bien, c'est exactement mon argument. Nous ne voulons pas que le problème s'étire avec Parcs Canada dans le parc national du Mont-Riding. Cette maladie a déjà dévasté l'industrie des animaux d'élevage au Manitoba. Elle nous coûte des millions et des millions de dollars et pourrait... Elle a des incidences sur nos relations commerciales avec les États-Unis. Lors d'une réunion récente entre Agriculture Canada et les États-Unis et à l'assemblée de la National Cattlemen's Beef Association, qui s'est tenue à Omaha ou je ne sais trop où, la tuberculose s'est révélée un problème. Les Américains ont dit s'inquiéter beaucoup du Canada et il vont utiliser cet argument pour restreindre nos exportations chez eux, ce qui va engendrer des problèmes commerciaux.
Comprenez-vous l'urgence de régler le problème—non pas en cinq ans mais en un an?
M. Alan Latourelle: Je comprends tout à fait la situation. J'ai rencontré le représentant de la province de l'Alberta, de même que des leaders autochtones de Wood Buffalo et des membres de l'association du bison. Je comprends très bien le problème et l'importance de le régler à Wood Buffalo. Mais revenons au parc du Mont-Riding.
En clair, notre objectif pour les prochains mois consiste à élaborer avec tous les intervenants un plan d'action efficace pour en arriver à une solution satisfaisante.
M. Howard Hilstrom: Il y a environ un mois, la ministre manitobaine Wowchuk et des représentants de l'ACIA sont venus nous dire que l'un des objectifs de ce plan consistait à réduire le nombre d'animaux dans le parc à 2 500. Aujourd'hui, vous nous dites que c'est déjà fait, mais que vous ne pouvez plus que poursuivre des recherches scientifiques.
Monsieur le président, c'était la fin de mes questions. Il peut y répondre, s'il le souhaite.
Le président: Très rapidement, parce que nous allons manquer de temps. Voulez-vous réagir?
M. Alan Latourelle: Oui.
Je crois que vous avez mal compris. Je ne dis pas qu'il y a 2 500 animaux dans le parc, mais environ 2 700 dans la région. Il est clair que nous n'avons pas atteint l'objectif de 2 500 bêtes. Nous travaillons en collaboration avec la province du Manitoba et d'autres parties pour l'atteindre.
Le président: Je vous remercie.
Passons maintenant à M. Gagnon pour cinq minutes.
[Français]
M. Marcel Gagnon: Merci, monsieur le président.
Je ne prendrai pas mes cinq minutes au complet, compte tenu que certains sont plus impliqués dans ce problème que je ne le suis. Je vais donc laisser une partie de mon temps à d'autres.
On entend parler depuis longtemps de cette maladie et des moyens qu'on prend pour essayer de l'enrayer. Vous nous dites ce matin que des mesures ont été mises en place et que, finalement, ça ne va pas si mal que ça. On voit même la possibilité d'arriver au bout du tunnel. Étant donné les moyens que prend Parcs Canada pour enrayer cette maladie qui cause des problèmes importants aux éleveurs de certaines provinces, dans combien de temps pourra-t-on dire que cette maladie a disparu?
M. Alan Latourelle: Je vais être franc avec vous. Je ne suis pas un expert et nous ne sommes pas la seule organisation responsable du dossier. Vous savez aussi bien que moi que c'est un exercice auquel on doit travailler avec tous les intervenants dans le secteur du commerce du bétail et dans le parc. Les gens ont établi qu'il y avait possiblement des sources de contamination dans le parc. Cette année, on veut faire l'évaluation de 150 wapitis pour déterminer si cette situation existe vraiment au point de vue de la contamination et prendre les moyens qui s'imposent dès qu'on trouve qu'il y a contamination, c'est-à-dire éliminer l'animal contaminé. On a l'intention de compléter le programme dans deux ans. Ce programme va également nous permettre de faire une meilleure appréciation du mouvement des wapitis dans la région.
Á (1125)
M. Marcel Gagnon: Je vous remercie de me parler en français. C'est pour moi une gâterie, car ça n'arrive pas tous les jours.
Vous me dites que vous n'êtes pas le seul intervenant dans le milieu. Bien sûr, il faut une collaboration de l'ensemble de ceux qui sont affectés ou qui pourraient apporter leur aide. Selon vous, est-ce que l'ensemble des intervenants collaborent bien?
M. Alan Latourelle: On est très satisfaits de la collaboration, mais comme certains témoins vous l'ont dit, Parcs Canada doit améliorer sa communication, surtout avec l'industrie. Je ne suis pas convaincu qu'on ait fait tout le travail qui s'imposait à ce moment-là, et j'ai demandé au directeur du parc de s'impliquer personnellement et de faire des efforts accrus pour impliquer les associations.
M. Marcel Gagnon: S'il n'y a pas un manque de collaboration, y a-t-il un manque de vulgarisation de votre travail?
M. Alan Latourelle: Je suis très satisfait de la collaboration entre tous les organismes gouvernementaux du Manitoba et les organismes fédéraux. Ça va bien. Mais on n'a pas encore atteint tous les résultats souhaités, et je pense qu'on a des efforts et des améliorations à faire en ce qui a trait à la communication avec la population en général.
M. Marcel Gagnon: Merci. Je vais joindre ma voix à celle de Howard pour vous demander d'insister pour que la ministre vienne vous rencontrer.
[Traduction]
Le président: Oui, nous allons nous en occuper.
Madame Ur, vous avez cinq minutes.
Mme Rose-Marie Ur: Merci, monsieur le président.
J'espère aussi que la ministre va comparaître devant nous et en toute honnêteté, je suis relativement optimiste qu'elle va venir, compte tenu du préavis raisonnable que nous lui avons donné.
Vous affirmez avoir entrepris un programme de clôturage et y avoir alloué 40 000 $. J'ai déjà été agricultrice, et un budget de 40 000 $ ne me semble pas énorme. Quelle distance pouvez-vous clôturer avec cela? Cela suffira-t-il pour clôturer tout un côté du parc? Est-ce votre unique plan d'action pour réduire au minimum les interactions entre les wapitis et les animaux d'élevage? Qu'allez-vous faire?
M. Alan Latourelle: Ce programme est en place depuis un an ou deux, il s'agit donc de fonds supplémentaires que notre agence y engage, mais il nous faut travailler avec d'autres partenaires pour multiplier nos ressources financières, si je peux m'exprimer ainsi.
Mme Rose-Marie Ur: Avez-vous installé des clôtures à Mont-Riding?
M. Alan Latourelle: Nous avons posé des clôtures là où se trouvent des balles de foin, par exemple. Nous nous concentrons sur ces endroits. Nous n'avons pas installé de clôtures autour du parc.
Mme Rose-Marie Ur: L'avez-vous déjà fait ailleurs?
M. Alan Latourelle: Vous voulez dire installer des clôtures autour d'un parc?
Mme Rose-Marie Ur: Oui.
M. Alan Latourelle: Le seul parc autour duquel nous avons installé des clôtures est le parc national Elk Island, près d'Edmonton, en Alberta.
Mme Rose-Marie Ur: Serait-ce une solution qui permettrait de tenir les wapitis à l'écart de notre bétail?
M. Alan Latourelle: Je crois que nous devons savoir où ils se rencontrent et où ils se nourrissent ensemble.
Mme Rose-Marie Ur: Vous savez certainement où ils se rencontrent. Les endroits ne sont pas si nombreux.
M. Alan Latourelle: C'est là que nous clôturons, là où ils se nourrissent à partir des mêmes balles de foin.
Mme Rose-Marie Ur: J'ai déjà été agricultrice, et cela m'irrite un peu lorsqu'un ministère déclare qu'il a des objectifs. Il faut plus que des objectifs, il faut des gestes, car les éleveurs ont suffisamment de problèmes à affronter, que ce soit les conditions climatiques ou autres. Dans le cas de ce problème-ci, le gouvernement devrait être en mesure d'intervenir. Ce ne sont pas des objectifs qu'il nous faut, ce sont des mesures concrètes.
Vous avez dit, je crois, que vous allez procéder à des tests sur 150 wapitis pendant trois ans. Croyez-vous que ces chiffres sont suffisants pour vous permettre de venir à bout du problème?
M. Alan Latourelle: Oui, ils nous permettront d'évaluer le niveau de contamination, si nous pouvons utiliser ce terme en ce moment. Nous nous concentrerons sur les endroits où plusieurs personnes ont détecté un niveau potentiellement élevé de contamination, ce que nous confirmerons dans le cadre du programme. Je le répète, si les tests révèlent un cas de tuberculose chez un wapiti, l'animal en question sera éliminé immédiatement.
Mme Rose-Marie Ur: Vous avez signalé que les loups constituaient un véritable problème. Prenez-vous également des mesures à l'égard des loups? Il semblerait que ces animaux constituent une partie du problème.
M. Alan Latourelle: Je crois qu'ils constituent une partie de la solution...
Mme Rose-Marie Ur: D'accord.
M. Alan Latourelle: ...en raison de la relation proie-prédateur. Ce que nous observons à l'heure actuelle, c'est une augmentation du nombre de meutes de loups et les répercussions de cette hausse.
Á (1130)
Mme Rose-Marie Ur: Je vais céder la parole à mes collègues de l'Ouest, car nous les appuyons fortement, et ils ont certainement beaucoup de questions à poser.
Le président: Merci beaucoup, madame Ur.
Je donne la parole à M. Proctor pour cinq minutes, et ensuite à M. Borotsik pour cinq minutes également.
M. Dick Proctor: Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Latourelle, les clôtures se trouvent-elles autour des balles de foin? Est-ce là qu'elles sont installées?
M. Alan Latourelle: Oui.
M. Dick Proctor: L'installation des clôtures coûte 40 000 $ par année, et vous avez dit que le programme a commencé l'an dernier, n'est-ce pas?
M. Alan Latourelle: Je vais demander à M. Woodley de répondre à cette question.
M. Stephen Woodley: Le programme a débuté il y a trois ans, je crois. À ce moment, il était principalement financé par le Manitoba. Le ministère de l'Agriculture de cette province y accorde des fonds. On tente de faire en sorte que Parcs Canada y contribue également, de sorte qu'il s'agisse d'un programme fédéral-provincial qui nous permettrait de construire d'autres clôtures dans les endroits où le risque est élevé. L'objectif est de retirer les balles de foin de l'endroit où les bovins et les wapitis se nourrissaient ensemble pour les mettre dans des endroits clôturés.
M. Dick Proctor: D'après vos propos de ce matin, monsieur Latourelle, j'ai cru que vous reconnaissiez presque le fait que, sans le travail du comité, le dossier n'aurait pas progressé autant. Nous savons, d'après un témoignage antérieur, qu'il a fallu beaucoup de temps avant que l'Agence canadienne d'inspection des aliments se donne même la peine d'informer le Manitoba qu'il avait perdu son statut de province exempte de tuberculose. Je suis frustré par le fait que la question ait dû être portée devant le comité avant qu'il semble que des mesures soient prises. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi il a fallu autant de temps?
M. Alan Latourelle: J'ai soulevé ce problème exposé par des témoins antérieurs et qui a suscité une discussion à laquelle vous avez participé. Parcs Canada considère le problème sérieux depuis un certain temps. Nous avons pris des mesures concrètes, mais je crois que nous devons mieux comprendre, d'un point de vue scientifique, le problème et ses causes. Nous consacrons beaucoup d'efforts à cela en ce moment.
Le programme a débuté il y a quelques années. Nous en sommes rendus maintenant à la troisième année. Nous y consacrerons encore plus d'efforts cette année.
M. Dick Proctor: Avez-vous quelque chose à ajouter, monsieur Wong?
M. Mike Wong: Lorsque M. Fenton et moi-même avons comparu devant le comité en novembre, nous avons effectué un survol du plan d'action inter-organismes et de sa progression. Aujourd'hui, vous entendez parler du fait que Parcs Canada, conjointement avec d'autres partenaires, accélère la prise de mesures visant à diminuer le troupeau de wapitis ainsi qu'à réduire les contacts entre les wapitis et le bétail.
M. Dick Proctor: Vous dépensez 470 000 $ annuellement, dont une partie de cette somme sert à rémunérer cinq employés. Que font ces employés? Quel type de travail effectuent-ils?
M. Alan Latourelle: Je vais demander à M. Woodley de répondre à la question.
M. Stephen Woodley: Ils effectuent des tâches dans le cadre du programme d'installation de clôtures, du programme de gestion du plan d'action inter-organismes et du programme de recherche. À l'heure actuelle, huit personnes sont probablement affectées au programme de capture à l'aide d'hélicoptères. Des contrats ont été signés avec des entreprises d'hélicoptères, des entreprises fournissant de l'équipement comme des émetteurs radio pour les wapitis, etc. C'est ce que font les employés.
M. Dick Proctor: Vous avez donc cinq employés qui travaillent à plein temps, mais d'autres employés sont aussi embauchés à temps partiel, de toute évidence.
M. Stephen Woodley: C'est exact.
Mr. Dick Proctor: Merci.
Le président: Merci, monsieur Proctor.
Monsieur Borotsik, vous disposez de cinq minutes.
M. Rick Borotsik: Merci.
Je dois dire que je suis impressionné par les commentaires positifs que vous avez formulés. Nous n'avons pas l'habitude d'entendre des propos de la sorte de la part de Patrimoine Canada ni de Parcs Canada. Je suis donc déconcerté. Votre ministère est maintenant en mesure d'essayer de résoudre le problème, pour lequel nous n'avons pas réussi à obtenir beaucoup d'appui par le passé. Vous n'avez pas parlé à la ministre, c'est ce que vous avez mentionné aujourd'hui. Je présume que vous allez lui faire un compte-rendu avant qu'elle vienne témoigner devant le comité, car je crois qu'elle viendra.
Avez-vous fait part de votre plan à vos employés sur le terrain? Nous avons parlé du gardien de parc, M. Fenton. Appuie-t-il les mesures que vous prenez à l'heure actuelle? Je dois dire honnêtement qu'il n'a pas offert beaucoup de soutien par le passé. Les gardiens du parc et les employés qui y travaillent ont manifesté aussi peu de soutien. Leur avez-vous fait part de votre plan, afin qu'ils n'y fassent pas obstacle?
Á (1135)
M. Alan Latourelle: Je me suis entretenu hier avec le directeur d'unité de gestion, Greg Fenton, ainsi qu'avec d'autres employés, dont le garde parc en chef afin de passer le plan en revue avec eux.
M. Rick Borotsik: L'ont-ils accepté?
M. Alan Latourelle: Ils sont en train de le mettre en oeuvre aujourd'hui. C'est ce qu'ils sont en train de faire aujourd'hui sur les lieux.
M. Rick Borotsik: D'accord. J'ai l'expérience de la dotation et du personnel, et je dois dire que, même s'il est bien de transmettre une philosophie, il y a toujours des obstacles. Je dois être très franc et honnête. Les activistes du parc national du Mont-Riding n'ont pas manifesté beaucoup de soutien. Et M. Fenton, pour une raison quelconque, fait partie de ces activistes. Mettra-t-il en oeuvre en effet votre plan, comme vous l'avez mentionné?
M. Alan Latourelle: J'ai confiance en ce moment qu'il sera mis en oeuvre.
M. Rick Borotsik: Nous communiquerons avec vous si nous découvrons qu'il y a dérogation au plan.
M. Alan Latourelle: C'est pourquoi je suis ici aujourd'hui.
M. Rick Borotsik: C'est pourquoi je suis très heureux que vous soyez ici aujourd'hui. Vous êtes notre source d'information.
Vous m'avez dit que vous êtes conscient du sérieux de la situation. Je n'ai pas à entrer dans les détails. Vous connaissez l'incidence sur l'industrie du bétail et sur d'autres industries.
Croyez-vous que le plan actuel permettra en effet de créer une zone exempte de tuberculose? Si c'est le cas, combien de temps cela prendra-t-il selon vous? Il s'agit d'un délai qui nous sera fixé bien sûr par notre principal partenaire commercial. Quelle est l'échéance?
M. Alan Latourelle: Je ne peux donner une échéance précise, car, par exemple, si nous testons les 150 wapitis cette année et que nous ne trouvons aucun cas de tuberculose, nous devrons donc, je crois, réexaminer la stratégie.
Nous travaillons avec les collectivités et avec le groupe inter-organismes. À l'heure actuelle, le nombre de wapitis est établi à 2 500, qui est le nombre auquel, selon les meilleures données dont ils disposent, la tuberculose est éradiquée chez les wapitis.
Nous devrons procéder régulièrement à une réévaluation, car la maladie pourrait réapparaître dans un an ou immédiatement. Après avoir effectué les tests sur les 150 animaux, nous aurons une bonne idée du taux de tuberculose chez les wapitis.
M. Rick Borotsik: Nous ne parlons que du wapiti, mais il y a environ 8 000 chevreuils dans la région également. Certains témoins ont déclaré que la tuberculose touchait maintenant la population de chevreuils. C'est grave. Il s'agit d'un problème énorme selon moi. Quel est votre plan en ce qui concerne les chevreuils?
M. Alan Latourelle: En ce moment, un seul cas de tuberculose a été confirmé chez les chevreuils. Si je me souviens bien, le taux de tuberculose s'élève à 0,14 p. 100.
M. Rick Borotsik: C'est déjà un cas de trop.
M. Alan Latourelle: Je comprends très bien. Mais à l'heure actuelle, la majorité des chevreuils ne se trouvent pas à l'intérieur du parc. Ils se trouvent à l'extérieur.
M. Rick Borotsik: Merci, monsieur le président.
Le président: Merci beaucoup, monsieur Borotsik.
Il nous reste une minute ou deux. Nous voulons vous remercier d'avoir comparu devant nous.
Nous voulons que vous sachiez que le problème nous tient à coeur. Il s'agit d'une question très sérieuse, qui concerne un grand nombre de ministères du gouvernement. Nous voulons que le problème se règle et nous voulons que vous transmettiez ce message à votre ministre avant sa comparution devant le comité. Mes collègues l'ont déjà dit, mais je le répète: nous prenons le problème au sérieux.
Je vous remercie beaucoup d'avoir témoigné. Nous sommes toujours ravis de vous entendre et nous sommes heureux que vous ayez comparu ce matin.
M. Alan Latourelle: Merci.
Le président: Nous allons maintenant accorder la parole au docteur Gary Wobeser, de l'Université de la Saskatchewan.
Merci, docteur Wobeser, de comparaître devant nous ce matin. Nous sommes impatients d'écouter votre point de vue. Serait-il possible de vous en tenir à une dizaine de minutes ou moins? Nous voulons vous poser des questions. Merci beaucoup, Gary. Allez-y.
Dr Gary Wobeser (professeur, Pathologie vétérinaire, Université de la Saskatchewan): Merci beaucoup pour l'invitation.
Je crois comprendre que mon rôle est de commenter la possibilité d'abattre des animaux sauvages afin d'éradiquer la tuberculose. Je vais d'abord énoncer ma perception du problème et je formulerai ensuite des commentaires sur l'abattage.
La tuberculose a une incidence principalement sur la population de bovins et, comme il a été mentionné, sur le commerce. Nous devons d'abord préciser que le bovin est l'hôte naturel de la tuberculose bovine. Cette maladie peut exister pendant de longues périodes au sein d'une population de bovins sans nécessiter une source d'infection extérieure. Mais dans la plupart des cas sur la planète, les programmes de tests et d'élimination des bovins, s'ils sont appliqués pendant assez longtemps, réussissent à éradiquer la maladie, à moins qu'il n'existe une autre source extérieure. Deux exemples, que vous connaissez déjà probablement, sont la Nouvelle-Zélande, qui est aux prises avec un problème de tuberculose chez les opossums, et le Royaume-Uni, où les blaireaux constituent une source extérieure de la maladie.
L'autre population préoccupante est celle du chevreuil sauvage, en particulier le wapiti. Le chevreuil sauvage est certes susceptible de contracter la tuberculose bovine. Au départ, ce sont les bovins qui lui transmettent la maladie. Il semble que dans certaines circonstances, la tuberculose peut persister chez les populations de chevreuils, quoique dans la plupart des cas dans le monde, lorsque la tuberculose a été éradiquée chez les bovins, elle a également disparu chez les chevreuils. Lorsque des populations sont touchées, la prévalence est habituellement très faible, comme au Manitoba, sauf dans des circonstances très inhabituelles. Le Michigan est un exemple. Cet État détient une concentration artificielle et un nombre élevé de chevreuils en raison de l'alimentation artificielle.
Selon moi, il existe trois inconnues à propos de la situation au Manitoba. Premièrement, on ne sait pas à quelle fréquence la tuberculose est transmise entre les bovins et les wapitis, et vice-versa, ni précisément comment la transmission se produit.
Deuxièmement, bien que les cas de tuberculose chez les wapitis soient très peu élevés, la répartition de la maladie au sein de la population est inconnue, pour autant que je sache. Je crois qu'il s'agit d'un facteur très important, car la maladie n'est probablement pas répartie uniformément au sein de la population. Ce ne sont probablement que des petits groupes au sein de la population qui sont touchés, ce qui a une incidence sur le programme d'abattage.
La troisième inconnue est le rythme auquel la maladie est transmise au sein des wapitis. D'après l'expérience vécue dans d'autres régions, on peut présumer qu'il y a probablement très peu de nouveaux cas par année.
Je vais maintenant parler de l'abattage. L'objectif principal de l'abattage est de tenter de mettre fin à la transmission de la maladie. Autrement dit, ce qu'on espère, c'est qu'en réduisant la densité de la population, le nombre de nouvelles infections diminuera, ce qui empêchera la maladie de continuer d'exister.
Je vais dire quelques mots au sujet de la transmission. La transmission d'une maladie dépend d'un certain nombre de facteurs, mais les deux plus importants sont, premièrement, la fréquence à laquelle les animaux susceptibles d'attraper la maladie se trouvent en présence d'animaux infectés, c'est-à-dire la fréquence à laquelle les contacts se produisent, et, deuxièmement, la facilité avec laquelle la maladie se répand lorsqu'il y a contact.
Dans le monde, la maladie ne semble pas être très contagieuse au sein des chevreuils. Dans le cas du Manitoba, le nombre d'animaux contagieux au sein de la population de chevreuils à un moment quelconque est probablement peu élevé. Nous parlons d'un taux de prévalence de 1 p. 100 ou moins. Ce qui signifie qu'il y a probablement moins de 40 animaux infectés à un moment quelconque et que seulement une portion de ces animaux infectés seront contagieux. Certains animaux sont infectés, mais ils sont incapables de transmettre la maladie.
Mais il est important de se rappeler qu'un animal infecté peut vivre longtemps au sein de la population. En moyenne, chacun de ces animaux infectés doit infecter un seul autre animal au cours de sa vie pour que la maladie se maintienne au niveau actuel. Nous ne parlons pas d'une transmission répandue.
Á (1140)
L'abattage sélectif de bovins—les tests de dépistage et l'abattage—donne de bons résultats. Toutefois, je ne pense pas qu'il soit facile d'abattre un très grand nombre d'animaux sauvages répartis sur un vaste territoire. Ce qu'il faut faire dans ce cas-ci, c'est essayer de réduire le nombre total d'animaux en ayant recours à l'abattage.
Or, le degré de réduction de la population requis pour empêcher la transmission de la maladie est inconnu. Il existe, à cet égard, des modèles de calcul pour les cerfs de Virginie au Michigan, et aussi pour les fermes à gibier en Suède, mais je ne crois pas qu'on puisse les appliquer au Manitoba.
Par ailleurs, on ne sait pas dans quelle mesure la réduction du nombre total d'animaux va affecter les populations ou la taille des petits groupes. Est-ce que les troupeaux vont être plus petits? Je ne pense pas qu'on puisse dire que la réduction du nombre total d'animaux va avoir pour effet de réduire automatiquement la taille des troupeaux, des groupes sociaux, ou encore le degré de contacts. Il se peut qu'il n'y ait aucun changement de ce côté-là.
Peu importe le degré de réduction de la population, il y aura toujours des animaux infectés au sein du groupe. Si la taille de la population est réduite de 50 p. 100, le nombre d'animaux affectés sera probablement lui aussi réduit de 50 p. 100, mais on ne sait pas si cela va avoir un impact sur la transmission. C'est un processus qui, sans doute—pour répondre à certaines des questions posées plus tôt—prend beaucoup de temps. Les effets ne se font pas sentir immédiatement. Le recours à la technique de la réduction pour empêcher la transmission ne donne pas des résultats immédiats.
Il y a un autre point important qu'il convient de mentionner: il n'est pas question ici d'un abattage ponctuel. Il faudra entreprendre un programme d'abattage tous les ans pour empêcher la population d'augmenter.
Enfin, la prévalence de la tuberculose au sein de ce troupeau étant très faible, il sera très difficile de savoir si l'abattage a un effet. Il faudra tester beaucoup d'animaux, ou à tout le moins un très grand nombre d'animaux, pour pouvoir déterminer si le taux de prévalence a changé. Ce taux, pour l'instant, n'est que de 1 p. 100. Par ailleurs, si l'abattage porte fruit et que le taux de prévalence diminue, il sera très difficile d'établir à quel moment l'abattage a eu un effet, et à quel moment la maladie a été éradiquée. Si vous ne testez qu'un ou deux animaux au sein d'une population, vous aurez très, très peu de chances de repérer les animaux qui sont infectés, sauf si vous examinez un très grand nombre d'échantillons.
Pour terminer, je tiens à vous rappeler que les programmes de réduction des populations ne sont pas très populaires auprès du public. Le problème, et c'est la même chose partout dans le monde, c'est que lorsqu'on a recours à des programmes de ce genre pour réduire la transmission de maladies chez les animaux sauvages, une fois qu'on a éliminés un grand nombre des animaux infectés, la population se désintéresse de la question et il est difficile de recueillir des fonds pour mener le programme à terme. C'est ce qui est arrivé en Alberta, par exemple, avec le programme de lutte contre la rage. Il est difficile de soutenir l'intérêt du public une fois qu'on a éliminé la plupart des animaux infectés. Les gens ne veulent plus financer le programme pour qu'il puisse être mené à terme.
Merci.
Á (1145)
Le président: Merci, monsieur Wobeser.
Monsieur Anderson, vous avez cinq minutes.
M. David Anderson (Cypress Hills—Grasslands, Alliance canadienne): Merci, monsieur le président.
Vous avez fait des commentaires intéressants. D'abord, vous avez dit que, dans le cas des bovins, le dépistage et l'abattage donnent des résultats parce qu'il s'agit d'un processus continu. Vous avez dit aussi qu'on ne pourrait probablement pas appliquer cette mesure aux animaux sauvages. Plus tard, vous avez dit qu'il est difficile de savoir si l'abattage a un effet quand on ne teste que 1 p. 100 des animaux. Le programme qu'on nous a décrit ce matin ne donnera pas les résultats escomptés, n'est-ce pas?
Dr Gary Wobeser: Dans le cas des bovins, par exemple, les tests de dépistage ont ceci d'avantageux qu'ils peuvent être réalisés sur la plupart des animaux, voire tous, à plusieurs reprises. Le problème, dans le cas des espèces sauvages, c'est qu'on ne peut pas tester un grand nombre d'animaux à plusieurs reprises. On peut difficilement le faire, même s'il ne s'agit que de tests cutanés. Il faut tenir l'animal pendant un certain temps. Pour ce qui est des tests sanguins, on se demande encore s'ils sont utiles, bien qu'il y ait des progrès de ce côté-là. Le problème, c'est qu'il faut prélever un nombre suffisamment important d'échantillons.
M. David Anderson: Vous avez dit que le facteur temps pose problème. Au Manitoba, la chasse ne constitue pas le moyen le plus efficace de régler le problème. Je suppose que cela dépend de ceux qui sont mis à contribution.
À votre avis, devrait-on entreprendre un programme d'abattage préventif pour réduire la population? On pourrait, par exemple, procéder à un abattage préventif immédiatement, et ensuite suivre l'évolution de la situation. Est-ce que cela nous permettrait de mieux contrôler la maladie? Est-ce que la chasse constitue la solution au problème?
Á (1150)
Dr Gary Wobeser: Je ne saurais vous le dire. Ce n'est pas à moi de décider comment les animaux vont être éliminés. Il faut d'abord bien définir le problème, et ensuite trouver le moyen le plus efficace qui soit de le régler. Je ne crois pas qu'il existe des modèles bien établis qui puissent nous servir de guide dans ce cas-ci.
M. David Anderson: Ne serait-il pas préférable, par mesure de prudence, de protéger nos intérêts commerciaux, de protéger la santé des autres animaux, et donc de prendre des mesures radicales pour enrayer la maladie? Le parc national Wood Buffalo se trouve lui aussi confronté à un problème, un problème auquel on a refusé de s'attaquer, de sorte qu'on se retrouve avec une situation nouvelle sur les bras. Ne serait-il pas préférable de prendre des mesures rigoureuses, de s'attaquer au problème et ensuite de suivre l'évolution de la situation?
Dr Gary Wobeser: Je connais assez bien le bison des bois et la situation qui prévaut dans le parc national Wood Buffalo. Je faisais partie, il y a quelques années de cela, de l'équipe du BFEE qui était responsable du dossier. À mon avis, l'abattage n'est qu'une partie de la solution. Je pense qu'il faut, dans un premier temps, essayer de séparer les deux groupes, c'est-à-dire les bovins et les wapitis. Il faut ensuite essayer de voir d'où vient le problème au sein de la population des wapitis. Je pense—ce n'est qu'une supposition—que la maladie n'affecte qu'une partie de la population, qu'il y a des troupeaux ou des groupes qui sont beaucoup plus infectés que d'autres. Ce sont eux qu'il faut cibler.
M. David Anderson: Ils possèdent déjà tous ces renseignements.
Dr Gary Wobeser: Oui, mais il s'agit de renseignements généraux. Si j'ai bien compris, Parcs Canada veut effectuer des contrôles d'échantillonnage dans les secteurs où le problème est particulièrement grave.
Je n'essaie pas d'éluder la question, mais comme je l'ai mentionné, vous devez prendre les mesures que vous jugez les plus efficaces pour atteindre votre objectif... Si la chasse constitue le moyen le plus efficace d'y arriver, alors tant mieux.
M. David Anderson: On connaît déjà les foyers d'infection. On nous a montré une carte la dernière fois qu'on s'est réuni pour discuter de ce sujet, et il y a un secteur en particulier qui pose problème. Je sais que le parc est très vaste, mais ils devront, à un moment donné, faire quelque chose.
On a dit, ce matin, qu'on allait réaliser des tests sur les animaux et qu'on allait abattre ceux qui sont atteints de la TB. Cela ne réglera en rien le problème si l'on sait qu'il y a des foyers d'infection dans la partie ouest du parc. Ne croyez-vous pas qu'il faudrait procéder à un abattage à cet endroit?
Dr Gary Wobeser: Je ne suis pas tellement au courant de la situation qui existe dans le parc, mais s'il y a des foyers d'infection, alors un programme de réduction de la population pourrait être une solution. On ne verrait pas les résultats immédiatement, mais un tel programme pourrait contribuer à atténuer le problème.
Le président: Merci, monsieur Anderson.
Monsieur Gagnon, vous avez cinq minutes.
[Français]
M. Marcel Gagnon: Merci, monsieur le président.
Étant donné les réponses que le docteur nous donne, je retire la première question que j'avais posée: quand aura-t-on fini de parler de cette maladie? Cela ne semble pas évident. On sait qu'un très faible pourcentage des individus en sont atteints et qu'un très faible pourcentage de ceux qui en sont atteints la transmettent. Est-ce qu'on fait suffisamment de recherche ou si on semble trouver que le problème n'est pas assez important? Est-ce qu'on a assez d'argent ou de moyens pour faire de la recherche en vue d'enrayer cette maladie? Est-ce que le seul moyen de l'enrayer est d'isoler les troupeaux sauvages des troupeaux domestiques de façon à ce qu'il n'y ait pas de contamination des troupeaux domestiques? Est-ce que ces moyens-là existent?
[Traduction]
Dr Gary Wobeser: D'abord, je ne peux vous répondre en français, et je m'en excuse.
Vous soulevez plusieurs points. Est-ce qu'on fait suffisamment de recherches? Comme je ne suis pas tellement au courant des recherches qu'on effectue, je ne peux vous répondre.
La TB est très différente de la plupart des maladies contagieuses, parce que les animaux demeurent infectés pendant tellement longtemps que la maladie peut persister à très basse prévalence dans les populations. Je me répète, mais la première chose qu'il faut faire, c'est prévenir, par tous les moyens, la transmission de la maladie des wapitis aux bovins et, en même temps, prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter que les bovins ne soient infectés eux aussi. Ensuite, il faut essayer de réduire la transmission de la maladie chez les wapitis.
À un moment donné, la maladie va cesser de se propager chez les wapitis, quand la densité de la population aura atteint un certain niveau. Pour l'instant, ce niveau demeure inconnu. Personne ne peut prédire à quel moment la maladie va cesser de se propager.
Á (1155)
[Français]
M. Marcel Gagnon: Merci.
[Traduction]
Le président: Merci beaucoup, monsieur Gagnon.
Nous allons maintenant entendre M. Duplain, le secrétaire parlementaire. Vous avez cinq minutes.
[Français]
M. Claude Duplain: J'ai une seule question à poser. Si d'autres membres du comité ont des questions, ils pourront prendre mon temps.
Lorsqu'on entend parler les gens de l'Ouest, on voit que la problématique qu'ils vivent est importante, que les pertes économiques sont énormes et que le problème que cela pose vis-à-vis des États-Unis est important, mais on parle d'un problème qui est, somme toute, mineur. On parle de 1 p. 100, et il y a seulement une partie de cette population qui peut transmettre la maladie. Cependant, tant qu'il restera quelque part un animal pouvant transmettre la maladie, le problème va persister.
Vous dites que si on réduit suffisamment la taille du troupeau, la transmission cessera probablement et la maladie sera enrayée. Mais nous vivons maintenant à une époque où tout va vite. Nous avons des problèmes que nous n'avions pas, ou que nous ne pouvions pas contrôler auparavant et que nous pouvons maintenant mieux contrôler. On fait de la recherche et on sait qu'il y a des secteurs qui sont plus infestés que d'autres.
Vous dites aussi que la population a de la difficulté à accepter qu'on fasse de l'abattage pour réduire la taille des troupeaux. Mais si c'est en réduisant le cheptel qu'on peut résoudre le problème, si on sait qu'il y a des foyers d'infection pires que d'autres et si cela pose des problèmes économiques et même des problèmes de survie à certains agriculteurs, pourquoi ne fait-on pas un abattage radical là où il y a des foyers d'infection pour essayer d'enrayer au plus vite la maladie? Est-ce que ce ne serait pas la solution?
[Traduction]
Dr Gary Wobeser: Devrait-on procéder à un abattage radical? Je voudrais en savoir plus sur la distribution de la maladie parmi la population avant de proposer une telle mesure. Même si, dans la plupart des cas, le taux de prévalence est inférieur à 1 p. 100, vous savez que 99 p. 100 des animaux que vous allez abattre ne seront pas atteints de la maladie. Si nous savions avec certitude qu'il y a des foyers d'infection non seulement à l'intérieur du parc, mais également parmi les wapitis, où la maladie est plus prévalente, nous pourrions alors procéder à un abattage sélectif dans ces zones, au lieu d'abattre l'ensemble de la population.
Le fait est que cette maladie, parce qu'elle est chronique, peut persister même si l'on procède à un abattage radical. La maladie peut persister pendant très longtemps, même chez les bovins. On a relevé, en Australie, le cas d'une vache qui a commencé à transmettre la maladie 17 ans après avoir été infectée. Nous n'avons pas relevé de tels cas chez les wapitis. Toutefois, il s'agit d'une maladie, d'un problème à long terme.
 (1200)
[Français]
M. Claude Duplain: Est-ce que de meilleurs moyens financiers permettraient d'enrayer le problème plus vite? Est-ce une question d'argent?
[Traduction]
Dr Gary Wobeser: Heureusement que je ne m'occupe pas de ce dossier, que je n'ai pas à trouver des moyens de régler ce problème.
Si on avait plus d'argent, on pourrait effectuer des tests de dépistage plus intensifs au sein de la population des wapitis. C'est là qu'il faudrait investir. On pourrait, avec ces fonds, entreprendre des recherches pour essayer de comprendre l'effet qu'a cette maladie sur les wapitis, pour essayer de comprendre comment la maladie persiste chez les wapitis.
Le président: Merci beaucoup.
Voilà qui met fin au premier tour. Nous allons maintenant entendre M. Proctor. Vous avez cinq minutes.
M. Dick Proctor: Encore une fois, merci.
Je voudrais reprendre là où M. Duplain s'est arrêté. Vous avez entendu ce que M. Latourelle a dit ce matin. Vous êtes un expert en la matière. D'après vous, est-ce que ce plan constitue un pas dans la bonne direction? Devrait-on prendre d'autres mesures, ou en supprimer certaines?
Dr Gary Wobeser: Je pense qu'ils sont sur la bonne voie. C'est une question d'intensité. J'avais l'habitude, il y a trois ans, d'assister aux réunions de groupes qui étaient organisées au Manitoba. Je ne le fais plus depuis plusieurs années. Ils semblent vouloir essayer de séparer les bovins des wapitis. C'est d'ailleurs ce qu'ils essaient de faire, d'après ce que j'ai lu, au Michigan, avec les cerfs de Virginie. Les exploitations agricoles dont les troupeaux sont affectés par la tuberculose présentent certaines caractéristiques. Mentionnons, par exemple, la façon dont le foin est entreposé. Les cerfs, tout comme les bovins, y ont accès, d'où le risque élevé de transmission.
Toutefois, je trouve cette démarche tout à fait logique. Il faut également effectuer des tests de dépistage de façon soutenue, notamment à l'intérieur du parc. Et je sais, parce que je connais un étudiant diplômé qui travaille dans le milieu, qu'ils essaient de suivre les mouvements des wapitis, ce qui est important aussi, pour déterminer si les contacts se font surtout à l'intérieur des groupes de wapitis, s'ils vont se déplacer, si le problème touche uniquement le parce du Mont-Riding, ou s'il touche les régions avoisinantes où l'on trouve des wapitis.
M. Dick Proctor: D'après M. Latourelle, s'ils avaient accès à de nouvelles ressources, ils pourraient tester jusqu'à 150 animaux par année. Vous avez dit que s'il y avait plus d'argent, il faudrait le consacrer aux tests de dépistage. À votre avis, est-ce que le fait de tester 150 animaux sur une population de 2 700 suffit, ou non?
Dr Gary Wobeser: Ce n'est pas suffisant.
M. Dick Proctor: Ce n'est pas suffisant.
Dr Gary Wobeser: En règle générale, on divise les populations qui doivent faire l'objet d'un test par le nombre d'animaux qui sont testés. Plus le nombre d'animaux testés est élevé, plus le taux de prévalence diminue. Si vous testez 150 animaux par année, vous allez avoir un taux de prévalence de 2 p. 100. Si vous êtes déjà à un 1 p. 100, vous devez probablement en tester 300. Si le taux de prévalence est la moitié de un pour cent, vous devez tester 600 animaux. Quand il ne reste plus qu'un petit nombre d'animaux, il est très difficile de savoir si le dernier a été éliminé.
M. Dick Proctor: S'ils dépensent 400 000 $ par année et qu'on veut faire tester deux fois plus d'animaux, combien cela coûterait-il? Le savez-vous?
Dr Gary Wobeser: Non.
M. Dick Proctor: Je pense avoir compris, mais vous avez fait deux autres commentaires que j'ai mis un peu de temps à saisir. Vous avez dit que la distribution parmi la population est probablement irrégulière. Vous avez parlé de foyers ou de groupes sociaux.
Dr Gary Wobeser: Quand je dis que la prévalence est très faible parmi les cervidés, je me fonde sur les données qui ont été compilées ailleurs dans le monde. En Nouvelle-Zélande, par exemple, la distribution parmi les cervidés sauvages est irrégulière.
 (1205)
M. Dick Proctor: Vous avez dit, ensuite, que si l'on réduisait la population de 50 p. 100, on réduirait probablement la maladie de 50 p. 100. Or, si l'on savait où se trouvent les foyers d'infection, on pourrait réduire la population de 20 p. 100, et la maladie, de 80 p. 100, par exemple.
Dr Gary Wobeser: Exactement. Voilà pourquoi il faudrait, à mon avis, procéder à un abattage sélectif et non pas généralisé.
M. Dick Proctor: Merci.
Le président: Merci, monsieur Proctor.
Monsieur Borotsik, vous avez cinq minutes.
M. Rick Borotsik: Merci.
Je trouve cette discussion fascinante. Pour revenir à ce que Dick a dit, 712 animaux ont été testés sur deux ans. Nous allons maintenant ramener ce chiffre à 150 en vertu du nouveau plan qui est proposé. Cela fait combien d'animaux? Si l'on ajoute les 150, combien d'animaux vont être testés?
M. Stephen Woodley: Environ 500 par année, parce que vous devez ajouter les 100 animaux qui ont été abattus dans la zone qui est considérée comme un foyer d'infection.
M. Rick Borotsik: D'accord. Je me suis trompé. Donc, on parle de 500 animaux.
Le président: Pouvez-vous répéter ce que vous avez dit, pour le compte rendu?
M. Stephen Woodley: Les 150 animaux qui vont être testés cette année, qui vont faire l'objet de tests sanguins, s'ajoutent aux animaux qui ont été chassés ou abattus. Ils s'ajoutent au nombre total d'animaux qui sont recensés, pour la raison mentionnée par M. Wobeser, parce que la fréquence des cas nouveaux est très faible. Nous espérons tester 500 animaux par année.
M. Rick Borotsik: Vous allez tester cinq cents animaux cette année.
M. Stephen Woodley: C'est exact.
M. Rick Borotsik: Parfait. Merci de cette précision, monsieur le président. Cela m'aide beaucoup.
Vous avez dit qu'il faut d'abord empêcher la transmission de la maladie. Cela veut dire éviter tout contact entre les wapitis et les bovins. C'est simple. Ce n'est pas difficile à faire. Croyez-vous qu'on devrait, au lieu d'une simple clôture, installer une sorte de barrière qui empêcherait les contacts entre les bovins et les wapitis?
Dr Gary Wobeser: Je ne sais pas s'il est possible de créer une zone tampon...
M. Rick Borotsik: C'est ce que je veux savoir. Est-ce le genre de solution que vous envisagez, une sorte de zone tampon?
Dr Gary Wobeser: Je ne sais pas si cela réduirait la prévalence de la maladie chez les wapitis, mais...
M. Rick Borotsik: Soyons honnête: la prévalence de la maladie chez les wapitis m'inquiète peu. Ce qui me préoccupe, c'est la transmission de la maladie des wapitis aux bovins, en raison de l'impact économique que cela peut avoir. Nous pouvons régler le problème de la prévalence de la maladie chez les wapitis en procédant, tous les ans, à l'abattage des animaux. Mais avez-vous songé à la possibilité de créer une sorte de zone tampon dans votre...
Dr Gary Wobeser: Je ne connais pas tous les détails, mais je sais qu'on l'a déjà fait. Je ne sais pas s'il est possible de créer une zone tampon autour du parc du Mont-Riding. Je ne sais pas s'il est possible d'établir...
M. Rick Borotsik: Si c'est possible ou non. Mais cela ne fait pas partie des solutions que vous envisagez. Ce n'est pas ce que vous voulez.
Dr Gary Wobeser: Si on pouvait le faire, ce serait une bonne chose. Mais je ne sais pas si c'est possible.
M. Rick Borotsik: D'accord. Vous avez également parlé du Michigan, de l'abattage des populations de cerfs qui se fait dans cet État. Vous avez dit que la méthode utilisée au Michigan ne pourrait pas être appliquée au Manitoba, les deux situations étant très différentes. Pouvez-vous me dire pourquoi le programme d'abattage du Michigan ne pourrait pas être appliqué ici?
Dr Gary Wobeser: Ce programme ne fonctionnerait pas à cause du comportement différent des deux espèces. On ne voit pas de gros troupeaux de cerfs de Virginie. Les cerfs se déplacent par petits groupes, et les contacts parmi la population se font au hasard. Dans le cas des wapitis, parce qu'ils ont tendance à être plus grégaires, les contacts se font pour la plupart, ou principalement, à l'intérieur des groupes.
M. Rick Borotsik: Donc, il serait plus facile de les abattre?
Dr Gary Wobeser: Si vous arriver à trouver les groupes infectés, oui.
M. Rick Borotsik: Vous avez également dit que le public n'est pas tellement en faveur des programmes d'abattage. C'est vrai. Toutefois, si l'on ramenait la taille du troupeau de 2 700 à 1 500 bêtes, est-ce que, mis à part la réaction du public, une telle décision entraînerait des effets négatifs? Est-ce que le fait de ramener la taille du troupeau de 2 700 bêtes à 1 500 entraînerait des effets négatifs?
Dr Gary Wobeser: Je ne pense pas que je puisse me prononcer là-dessus...
M. Rick Borotsik: Ce serait plutôt à Parcs Canada.
Dr Gary Wobeser: Cela entraînerait certainement une modification de l'écologie du parc, mais je ne peux rien dire à ce sujet.
M. Rick Borotsik: Peut-être pourriez-vous nous dire si vous pensez qu'une telle réduction provoquerait une diminution sensible des cas de tuberculose au sein du troupeau.
Dr Gary Wobeser: J'aimerais en être sûr et pouvoir vous répondre que oui, mais je ne le crois pas. Pour en revenir au parc national Wood Buffalo...
M. Rick Borotsik: Ce n'est pas un bon exemple, mais continuez.
Dr Gary Wobeser: Pourtant certains indices en disent long, comme le fait que la population de bisons du parc Wood Buffalo a naturellement ou spontanément beaucoup diminué au cours des 30 ou 40 dernières années, alors que le taux de prévalence de la TB est demeuré pratiquement inchangé. Et ce sont aussi des animaux grégaires vivant en troupeau. La différence importante entre les cerfs et les wapitis est que ces derniers vivent en troupeaux et qu'il y a beaucoup plus de contacts à l'intérieur du groupe qu'il y en a probablement entre les animaux qui se déplacent plus librement.
 (1210)
M. Rick Borotsik: Je vous remercie, monsieur.
Le président: Vous êtes arrivé au terme du temps qui vous était imparti.
Avant que M. Wobeser ne parte, j'aimerais lui poser une question ayant trait à un point soulevé par M. Borotsik et qui consiste à savoir si le public acceptera l'abattage intégral des troupeaux. Nous savons bien comment cela finit; nous l'avons bien vu un peu partout au pays.
Je sais qu'il devrait y avoir autour de cette table des gens capables de répondre à cette question, mais comment les organisations autres que celles représentant les agriculteurs ou le grand public, comme le Fonds mondial pour la nature, peuvent influencer les décisions et les fonctionnaires des ministères?
Dr Gary Wobeser: Je n'en sais rien.
Le président: C'est une question sincère et honnête. Nous pouvons peut-être la garder pour le prochain...
Mme Carol Skelton (Saskatoon—Rosetown—Biggar, Alliance canadienne): Monsieur Wobeser, l'autre jour, nous avons entendu dire que les loups pouvaient attraper la TB. Pouvez-vous nous préciser quel pourcentage de loups en est atteint?
Une voix: Bonne question.
Dr Gary Wobeser: Rien qu'une petite proportion. Dans les régions habitées par les loups où on a détecté la TB, seul un très faible pourcentage d'animaux sera infecté. Habituellement, les loups développent des lésions dans les ganglions lymphatiques autour de la tête. C'est comme ça partout, je pense qu'on en est arrivé à la conclusion qu'ils ne contribuent pas à la propagation de la maladie. La preuve la plus indéniable est que la tuberculose a été éradiquée chez les bovins et que personne ne s'est occupé des chiens de ferme.
Le président: Je vous remercie beaucoup, monsieur Wobeser.
Je demanderais à nos prochains témoins de venir à la table. Nous accueillons MM. Tom Olson et Gavin Conacher, respectivement président et directeur général de l'Association canadienne du bison, ainsi que Shawn Grant, président du Conseil canadien de la commercialisation du bison.
Nous sommes heureux de vous accueillir ce matin pour nous faire part de vos préoccupations. Au nom de ceux qui ont assisté à la réception donnée hier soir, je tiens à vous remercier encore de votre générosité. Nous avons grandement apprécié votre compagnie et je pense que nous avons beaucoup appris pendant les moments que nous avons passés ensemble. Encore merci.
M. Olson sera le premier à nous livrer son témoignage. Je vous prierais d'être succinct. J'aimerais que vous et M. Conacher limitiez vos exposés à 12 minutes; cela vous semble-t-il faisable?
M. Tom Olson (président, Association canadienne du bison): Oui, c'est possible.
Mesdames et messieurs, c'est pour nous un plaisir que de comparaître devant vous aujourd'hui. Je représente l'Association canadienne du bison, une organisation nationale de producteurs canadiens. Nos membres sont constitués de producteurs disséminés dans huit provinces et deux territoires.
Actuellement, on évalue à environ 200 000 le nombre de bisons au Canada et les troupeaux de nos producteurs comptent un peu moins de 2 000 bêtes. La taille de notre troupeau a augmenté de manière spectaculaire.
Notre industrie est axée sur la vente de viande et non sur l'élevage d'animaux reproducteurs. Ce n'est pas non plus une industrie nouvelle ou appelée à disparaître dans un proche avenir. Depuis le début, elle repose sur notre capacité à vendre la viande que nous produisons.
La taille de notre cheptel s'est considérablement accrue et se rapproche rapidement de celle du cheptel américain.
Le bison que nous élevons est un animal indigène robuste. C'était le mammifère terrestre le mieux adapté de ce continent. Il représente la seule méga-faune ayant survécu depuis la période glaciaire et il s'est très bien acclimaté à notre pays. Il vit bien sur les terres marginales et dans les zones peu propices à l'agriculture où les fermiers peuvent en faire l'élevage.
Notre croissance et notre capacité à commercialiser notre produit étaient considérables. Mais nous commençons à connaître un certain nombre de problèmes techniques découlant des politiques actuelles du gouvernement et qui limitent clairement notre potentiel de croissance. D'après nos études et notre expérience, nos produits sont très populaires sur les marchés étrangers où ils n'ont aucune concurrence, et si nous cessions de les exporter, ces marchés en seraient privés.
Ceci dit, nous faisons face à plusieurs problèmes techniques pour lesquels nous avons besoin d'aide et qui, selon nous, tiennent au manque d'uniformité des règles du jeu dans notre industrie. Je demanderai à Gavin de les passer brièvement en revue.
 (1215)
Le président: Monsieur Conacher, allez-y, je vous en prie.
M. Gavin Conacher (directeur général, Association canadienne du bison): Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier tous ceux qui ont pris part à notre réception d'hier soir. Nous pensons aussi qu'elle a été fructueuse et j'ai été très heureux d'y faire la connaissance de plusieurs d'entre vous.
Permettez-moi de vous expliquer rapidement quels sont nos problèmes pour vous laisser le temps de nous poser des questions.
Le premier problème auquel nous faisons face concerne l'équivalence entre les normes fédérales et celles appliquées dans nos usines provinciales. Nous subissons actuellement un goulot d'étranglement qui nous empêche d'accéder à certains marchés. La construction de nouvelles usines et la modernisation ou le réaménagement des infrastructures existantes auraient pour effet de stimuler les exportations. Elles permettraient également de réduire les obstacles actuels au commerce interprovincial et encourageraient le développement économique dans de nombreuses régions du pays.
L'industrie du bison est dans une impasse en ce sens qu'elle est trop petite pour les grandes usines—qui ont des besoins spéciaux—et dans la mesure où le système provincial d'inspection en vigueur est restrictif, d'autant plus que nous nous intéressons au marché de l'exportation.
L'autre problème concerne les pratiques américaines relatives au rajustement des équivalences dans les différents États. Nous aimerions que quelque chose de semblable soit fait au Canada. Nous souhaiterions que toutes les demandes en instance soient traitées dans les plus brefs délais afin de moderniser les usines provinciales pour les adapter aux normes fédérales. Cela aurait une incidence très directe, positive et immédiate sur notre industrie.
Nous estimons également que la FCA aura besoin de ressources pour atteindre cet objectif. Le bison est un merveilleux produit; les marchés ne cessent de croître, mais si nous ne pouvons pas y accéder, nous ne pourrons maintenir le rythme de croissance que nous avons connu ces dernières années.
J'aimerais bien que vous me disiez pourquoi la viande de bison élaborée dans une usine d'Alberta est sans danger pour les résidants de cette province, mais pas pour les Ontariens?
L'autre problème que nous voudrions porter à votre connaissance est apparu en août 2001. Nous avons travaillé avec l'ambassade canadienne à Washington pour tenter de le résoudre. C'est un problème de plus en plus compliqué.
Les États-Unis ne veulent plus que nous exportions chez eux des pièces de viande destinées à la transformation. Cela représente une perte comprise entre 6 et 9 millions de dollars par an, ce qui est un très petit montant, mais pour une industrie qui n'affiche que 52 millions de dollars de ventes, c'est considérable. Tout ceci est venu s'ajouter aux problèmes de sécheresse qu'a connus le Canada et a eu une incidence sur les prix, particulièrement dans l'ouest du pays.
Le département américain de l'agriculture et la FDA se sont très peu mobilisés pour corriger la situation. Aux États-Unis, le bison est considéré comme un animal exotique—nous pourrons en discuter plus tard, si vous le souhaitez.
L'autre problème que nous avons découle de la dernière ronde de négociations à l'OMT. Le bison est apparenté aux produits de viande de boeuf naturelle et sans hormones exportés en Europe. L'Europe est bien sûr un marché très prometteur pour nos produits. En effet, comme le bison n'a pas de concurrents sur les marchés européens, les pays de l'Union n'opposeraient pratiquement aucune résistance à son importation.
Par ailleurs, pour pénétrer le marché européen, nous devons nous acquitter de droits de douane de 20 p. 100 et, avec le tarif composite, ça monte à 50 p. 100. L'Australie a d'ailleurs établi un précédent en signant une entente bilatérale avec l'Europe pour l'exportation de viande de kangourou dans le cadre du système de négociations de l'OMC, et nous aimerions en savoir un peu plus sur le sujet.
Nous avons également des problèmes liés à l'importation. Nos exportations vers les États-Unis sont bloquées, mais les Américains expédient leur viande sur les marchés de l'est du Canada. Le programme actuel de développement des marchés est fondé sur les exportations et nous n'avons pas la capacité de bouter ces méchants Américains hors de nos frontières. Nous voudrions pourtant recueillir l'appui nécessaire pour y parvenir, particulièrement dans certains grands centres urbains.
En ce qui concerne la surveillance de la tuberculose, nous effectuons des tests de dépistage sur nos troupeaux depuis 1989. À l'époque, un seul bison avait été testé positif à la TB. L'animal avait subi une batterie de tests avant d'être sacrifié, pour répondre à une question posée un peu plus tôt aujourd'hui.
 (1220)
L'Association canadienne du bison croit que le taux d'abattage approche maintenant un niveau conforme aux exigences de l'OIE. Toutefois, l'ACIA a besoin de ressources pour mieux recueillir les données d'inspection auprès des usines provinciales afin de répondre aux normes de l'OIE.
En ce qui concerne nos relations avec l'Agence Parcs Canada, je vous dirais que l'Association canadienne du bison travaille avec le parc national Wood Buffalo depuis sa création. l'Agence a fait subir des coûts directs et indirects à l'industrie du bison au Canada et à l'étranger et, jusqu'à présent, elle n'a pas entrepris de résoudre sérieusement et activement ce problème. Nous sommes toutefois encouragés par les propos de ses représentants car il semble y avoir un changement de ton.
Il y a des milliards de dollars en jeu et il est absolument essentiel de régler ces deux problèmes.
J'aimerais insister sur un point. Peu importe qu'1 p. 100, 1/2 p. 100 ou 4 p. 100 des animaux d'un troupeau privé soient atteints de la TB dans ce pays, on abat tout le troupeau. Il n'est pas normal que le gouvernement fédéral traite ce problème autrement qu'il ne le ferait pour un élevage privé.
Nos principaux marchés d'exportation sont les États-Unis, bien sûr, la France et l'Allemagne. L'année dernière, nos ventes se sont chiffrées à 52 millions de dollars. En moyenne, les exportations ont progressé au rythme de 9,6 p. 100 annuellement au cours des huit dernières années. C'est une croissance rapide, en dépit des restrictions imposées au marché, dont les droits de douane exigés en Europe.
Le marché intérieur progresse rapidement dans l'Ouest du pays. Il se développe aussi dans l'Est, mais il doit faire face à la concurrence des produits américains.
Depuis 1996, le nombre d'éleveurs a augmenté de 160 p. 100 et celui des animaux produits au pays de 219 p. 100. La viande de bison, avant peu connue, est maintenant un produit alimentaire naturel bien établi et axé sur les exportations. Ce produit a une signification culturelle et des qualités nutritionnelles non négligeables. Le bison est écologique et n'est pas élevé dans des enclos exigus; il n'y a donc pas d'inquiétudes quant à son bien-être.
Ceci conclut mon exposé, monsieur le président. Je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.
Le président: Je vous remercie beaucoup. Comme nous le souhaitions, vous vous êtes limités à moins de 10 minutes.
Nous passons maintenant aux questions. Monsieur Anderson, allez-y le premier, je vous accorde cinq minutes.
M. David Anderson: J'aimerais poursuivre la conversation que nous avons eue ce matin et avoir votre opinion sur ce que vous avez entendu.
Si j'ai bien compris, nous parlons des wapitis, c'est-à-dire de 500 animaux—y compris ceux abattus par les chasseurs—et des tests scientifiques effectués sur 180 bêtes, mais je n'ai rien entendu sur l'abattage des animaux autres que ceux atteints de la TB. Il se peut que j'aie mal compris, mais il m'a semblé qu'on ne procéderait à aucun abattage.
J'aimerais savoir ce que vous pensez de ce qui a été dit ce matin et si vous avez des propositions à nous soumettre.
 (1225)
M. Tom Olson: J'aimerais faire deux observations. La première est que tous les bisons de nos troupeaux ont subi des tests de dépistage, chaque troupeau a été testé à 100 p. 100 et s'il y avait eu un seul animal infecté, l'ensemble du troupeau aurait été sacrifié. Il n'y a eu aucune étude, aucune analyse, rien.
Deuxièmement, il y a dans le parc Wood Buffalo des bisons des plaines que l'on a déplacés pour occuper l'habitat du bison des bois, mais ils sont malades. Ces bêtes sont infectées depuis qu'on les a envoyées dans cette zone.
L'abattage est une décision difficile à prendre, mais c'est ce qu'ont fait la Grande-Bretagne et d'autres pays d'Europe pour éradiquer la fièvre aphteuse. On a aussi abattu des troupeaux au Japon. C'est malheureux à dire, mais il y a un moment où la maladie atteint une telle ampleur qu'il faut abattre les troupeaux. Il y a dans les Territoires-du-Nord-Ouest et dans le parc national d'Elk Island des troupeaux de bisons des bois tout à fait sains que l'on pourrait utiliser pour reconstituer les espèces indigènes, sans les mêler aux troupeaux.
Je me rends compte que c'est un problème beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît, et je dis que si cela arrivait dans un élevage privé, il n'y aurait pas d'étude. On réglerait le problème une fois pour toutes.
En outre, les dommages qui pourraient être causés... Il suffit que les journaux européens fassent leurs gros titres sur les bisons malades et personne ne ferait de distinction entre les bisons du parc national Wood Buffalo, la fièvre aphteuse et la tuberculose. Cela pourrait anéantir notre industrie du jour au lendemain, alors qu'elle est promise à un bel avenir dans le domaine de l'exportation. Si on ne règle pas ce problème rapidement, les médias risquent de se charger de saper notre industrie.
C'est un problème de consommation, pas un problème scientifique.
M. David Anderson: Merci.
M. Shaun Grant (président, Conseil canadien de la commercialisation du bison, Association canadienne du bison): Monsieur le président, puis-je ajouter un commentaire?
J'aimerais faire une analogie avec le cancer. Prenez une personne souffrant du cancer; vous ne vous mettez pas à l'étudier ou à lui retirer les organes atteints en espérant la guérir. Vous vous attaquez à la maladie dans son ensemble au moyen des traitements les plus lourds, qui sont d'ailleurs très difficiles à supporter, mais il en va de la vie du patient.
Le deuxième point concerne le dépistage. Imaginons que Parcs Canada capture un wapiti dans le cadre de son programme. Les tests peuvent révéler que l'animal est sain aujourd'hui. Mais demain il pourra être infecté par un animal malade qu'on aura laissé en liberté. Le gouvernement devrait prendre les mesures qui s'imposent dans ces parcs afin d'éliminer le problème et d'empêcher l'économie canadienne de subir un coup dur.
Nous ne parlons pas uniquement de l'industrie du bison. Il peut y avoir des répercussions dans l'ensemble du secteur agricole, ce qui coûterait des milliards et des milliards de dollars.
Le président: Monsieur Conacher.
M. Gavin Conacher: Merci, monsieur le président.
Dans l'immédiat, il faudrait délimiter une zone dans le parc national du Mont-Riding, à l'intérieur de laquelle on appliquerait un programme d'abattage important afin de contenir le problème avant de se lancer dans une étude. C'est simple. Le wapiti se déplace, c'est aussi simple que cela. Les cerfs se déplacent aussi, et tous ceux qui sont ici le savent. Il faut se décider à agir, soit en posant des clôtures, soit en appliquant un programme d'abattage, il faut le faire. Avec 40 000 $, vous pouvez payer cinq milles de clôture.
M. David Anderson: J'aimerais vous accorder quelques minutes de plus. Il me semble que vous vouliez parler de la situation américaine, de l'accès au marché et des problèmes de commerce. Je vous donne donc le reste du temps qui m'était alloué pour que vous puissiez parler davantage sur le sujet.
M. Gavin Conacher: C'est un problème auquel nous faisons face depuis août 2001. Les Américains disent que si les produits importés qu'ils considèrent exotiques sont des ingrédients alimentaires, la FDA a la responsabilité de les inspecter. Ainsi, la FDA doit, conformément à ce règlement de 1946, aller inspecter les usines étrangères pour leur donner l'agrément. Autrement dit, nous avons besoin de deux certificats, celui du département américain de l'agriculture et celui de la FDA pour exporter de la viande de bison. Nous avons essayé de les faire venir pour qu'ils inspectent nos usines, et tout ce qu'ils nous ont répondu c'est: «Nous ne savons pas de quoi vous parlez, nous n'avons jamais fait cela auparavant». Je comprends parfaitement; ils ne l'ont peut-être pas fait par le passé. Mais il faut savoir à qui incombe la responsabilité des inspections des usines, au département américain de l'agriculture ou à la FDA. S'ils ne veulent pas agir, nous aurons besoin d'aide.
La National Bison Association, notre homologue aux États-Unis, exerce des pressions pour que le bison entre dans la catégorie des animaux non exotique, ce qui réglerait automatiquement notre problème.
 (1230)
M. David Anderson: Donc, que pouvons-nous faire?
Le président: Désolé, mais je dois vous interrompre ici. Vous pouvez peut-être y revenir au moment d'une autre question.
C'est maintenant au tour de M. Gagnon, pour cinq minutes.
[Français]
M. Marcel Gagnon: Merci.
Vous avez soulevé plusieurs problèmes dans votre présentation. Juste en dernier, on a parlé de la fameuse maladie. Vous avez parlé des pratiques américaines que vous aimeriez bien qu'on adopte ici. Il semble que les éleveurs américains soient plus avantagés que les éleveurs canadiens.
Vous avez également dit que la viande qui est bonne en Alberta n'est pas nécessairement bonne en Ontario. Enfin, vous avez souligné que dans l'élevage du bison, vous faites face à plusieurs problèmes qui ne sont pas nécessairement reliés à la maladie, puisque vous abordé la question de la maladie à la fin. On sait toutefois qu'un troupeau malade constitue un très gros problème pour vous. Dois-je comprendre que la mesure que vous préconisez pour enrayer la tuberculose est l'abattage des troupeaux sauvages atteints de tuberculose?
[Traduction]
M. Tom Olson: Je ne peux pas parler de la situation dans le parc du Mont-Riding, parce que je n'ai pas assez d'informations pour le faire mais, dans le parc national Wood Buffalo, l'abattage important des bêtes serait la mesure à prendre, d'après nous. Il n'a certes pas été difficile d'éliminer le bison de l'ensemble du continent dans les années 1870, et je ne penserais donc pas qu'il serait difficile d'éliminer un troupeau de 2 000 ou 3 000 têtes dans une petite région de l'Alberta pour réintroduire ensuite l'espèce indigène au moment opportun.
Dans le cas du parc du Mont-Riding, le confinement est vraiment un problème. Pour ce qui est de l'ampleur de l'abattage, je ne peux pas en parler. Nous savons simplement que, s'il s'agissait des bisons d'un ranch privé, ils seraient tous abattus.
Le président: Monsieur Grant.
M. Shaun Grant: Monsieur le président, je pense qu'il est important de souligner que, s'il y a dépeuplement de l'espèce, le gouvernement possède actuellement des animaux qu'il vend aux enchères à l'industrie privée—autrement dit, il y a des réserves génétiques. Les bisons qui se trouvent dans le parc Elk Island sont les descendants des bisons du parc national Wood Buffalo, et il y a d'autres mesures de rétablissement que le gouvernement a prises pour préserver l'espèce.
Nous sommes d'avis que, si le cheptel est dépeuplé—et cela s'applique aussi au parc du Mont-Riding—les moyens existent, les animaux sont là et les caractéristiques génétiques aussi pour repeupler le parc et lui permettre de se développer. Comme les scientifiques vous l'ont dit, la population a été en baisse constante depuis de nombreuses années, mais elle ne s'éteindra pas complètement. Si on devait procéder au dépeuplement, ce ne serait pas une perte, mais un gain.
[Français]
M. Marcel Gagnon: Parlons des autres problèmes que vous avez soulevés. Est-ce que vous pouvez me parler un peu des problèmes de consommation de la viande, qui serait bonne dans une province et impropre à la consommation dans l'autre? Qu'est-ce que c'est que ça? Est-ce que ce sont des règlements internes des provinces?
[Traduction]
M. Tom Olson: C'est une question d'équivalence sur le plan de la réglementation; les installations provinciales doivent respecter les normes fédérales. Ironiquement, on peut aller au Montana—et le gouvernement fédéral l'a déjà fait—et trouver un vieux petit abattoir qui peut expédier en Ontario la viande transformée des bêtes qu'il tue, alors que moi, qui fais affaire avec un abattoir tout neuf en Alberta, je ne peux pas vendre en Ontario. Ils ont un net avantage concurrentiel sur nous pour ce qui est de la vente au Canada.
Il semble en effet curieux que les Américains aient réussi à traverser la période de transition et à permettre la modernisation de leurs abattoirs mais, pour une raison ou une autre, soit que les conditions sont tellement sévères que personne n'est intéressé, soit que l'ACIA n'a pas assez aidé les abattoirs provinciaux à se moderniser pour permettre à notre industrie de prospérer et de concurrencer à armes égales nos homologues américains. Nous considérons que c'est un problème très important. Il y a un goulot d'étranglement. Essentiellement, le gros de notre bison canadien est consommé dans deux provinces, alors que les Américains ont un marché de 50 états et de 10 provinces. Sans vouloir vous offenser, c'est injuste.
 (1235)
[Français]
M. Marcel Gagnon: Est-ce que le Conseil canadien de commercialisation du bison représente l'ensemble des éleveurs de bison du Canada? Oui? Effectivement, c'est canadien. Est-ce que beaucoup d'éleveurs du Québec de votre association font partie du conseil?
[Traduction]
M. Shaun Grant: À propos de votre première question, le Conseil canadien de la commercialisation du bison relève de l'Association canadienne du bison. Notre service de recherche en marketing et la stratégie de marché que nous avons élaborée nous indiquent que le développement des marchés est le secteur le plus important pour notre industrie, étant donné que notre produit est tellement nouveau. C'est si important, que nous avons créé un service distinct qui s'occupe uniquement des questions de marché. Il n'y a pas deux organismes nationaux au Canada.
M. Conacher aura des chiffres plus précis à vous donner sur la représentation au Québec.
M. Gavin Conacher: Il y a à peu près 52 ou 55 producteurs au Québec.
Le président: Merci beaucoup. Nous devons poursuivre.
C'est maintenant au tour de Mme Ur pour cinq minutes.
Mme Rose-Marie Ur: Je vous remercie de votre exposé ainsi que de la belle soirée que vous nous avez offerte hier. Ce fut une agréable séance de dégustation qui m'a permise d'apprendre à connaître votre produit.
Je suis certes d'accord avec beaucoup de gens à qui j'ai parlé hier soir à propos des problèmes que connaît votre industrie et, en tant que députée, je continue d'explorer d'autres possibilités pour nos producteurs agricoles. Nous devons vous venir en aide, pas vous décourager avec des obstacles au commerce interprovincial et des mesures du genre. Nous avons un produit maintenant...surtout que Santé Canada nous incite à avoir un mode de vie sain et de bonnes habitudes alimentaires. Je pense que le bison offre une viande meilleure pour la santé, plus maigre, ou peu importe, comme vous l'avez indiqué hier soir.
J'ai également appris hier soir que vous aviez un problème d'intégration verticale des abattoirs. Est-ce aussi très préoccupant?
M. Tom Olson: C'est vraiment un problème pour nous, et c'est très difficile pour une petite industrie, qui compte sur le grand esprit d'entreprise de ses producteurs, quand une grande société est capable d'interrompre le processus n'importe quand. Nous avons des difficultés avec les grandes sociétés qui contrôlent les secteurs clés de notre industrie. Cela peut nous causer de graves problèmes. Les deux installations agréées par l'UE et le gouvernement fédéral qui se trouvent dans l'ouest du Canada sont contrôlées par un seul et même propriétaire, et la concurrence nous inquiète.
Bien sûr, si les abattoirs étaient plus nombreux et s'il n'y avait pas ce problème de concentration et de blocage, nos producteurs pourraient... Actuellement, la plupart des animaux sont abattus dans les installations fédérales au Canada en raison de ce problème de blocage. Une fois ce problème réglé, je pense que nous pourrons nous assurer qu'aucune entreprise ne peut nuire à notre industrie à une étape ou une autre du processus, dans la mesure où il y a de la concurrence.
Mme Rose-Marie Ur: Donc, il faut vraiment que nous communiquions avec l'ACIA pour nous assurer qu'elle est un peu plus sympathique aux problèmes que votre industrie connaît.
M. Tom Olson: Je pense que c'est particulier au bison. Je ne sais pas qui nous dérangeons. Ce n'est certes pas une question de sécurité alimentaire. Donc, pourquoi ne pouvons-nous pas agir?
Mme Rose-Marie Ur: Je suis portée à croire que l'industrie utilise aussi moins de médicaments, ce qui est un autre atout sur le marché.
M. Tom Olson: C'est vrai, il y a pas d'hormones. Ils sont exempts d'hormones, et beaucoup d'animaux ne reçoivent aucune injection de pénicilline de leur vie—ils ont un système immunitaire coriace.
Mme Rose-Marie Ur: Je vais laisser le reste de mon temps à mes collègues.
Le président: Merci, madame Ur.
Nous allons donner la parole à M. Proctor, pour cinq minutes.
M. Dick Proctor: Merci beaucoup.
Merci de votre exposé.
Monsieur Conacher, vous avez indiqué dans votre bref exposé qu'il y avait trois problèmes. Du moins, c'est ce que j'ai compris. Quel est le plus important des trois, celui que nous devrions chercher à régler? Quel est le plus crucial pour votre industrie?
 (1240)
M. Gavin Conacher: Je dirais que c'est probablement le goulot d'étranglement concernant l'accès—nous aurions moins d'obstacles au commerce interprovincial. C'est probablement le plus important problème auquel nous sommes confrontés actuellement.
M. Dick Proctor: Monsieur Olson, vous avez dit qu'il y avait deux installations agréées par le gouvernement fédéral qui appartenaient à la même personne. Combien de bisons seraient abattus dans ces deux installations en moyenne chaque semaine, et où le produit est-il expédié?
M. Tom Olson: Nous avons des chiffres pour l'année. J'imagine que je pourrais diviser par 52.
M. Gavin Conacher: Il y en a 15 900 ou à peu près dans ces deux usines agrées par l'UE.
M. Dick Proctor: Et le produit, la viande, se retrouve...
M. Gavin Conacher: Surtout en France et aux États-Unis.
M. Dick Proctor: Donc, on n'en retrouve pas du tout sur le marché intérieur.
M. Gavin Conacher: Un peu, oui.
M. Dick Proctor: Mais elle est surtout vendue en Europe.
M. Gavin Conacher: Elle est destinée surtout à l'exportation.
M. Dick Proctor: D'accord. Mais il n'est pas possible actuellement... C'est le problème dont nous avons entendu parler cette semaine. Si l'usine n'est pas agréée par le gouvernement fédéral, vous ne pouvez pas expédier la viande de l'Alberta en Ontario. Je crois comprendre que, si nous changeons la réglementation, les très petits abattoirs auront peut-être des difficultés, même si on a laissé entendre qu'ils pourraient atteindre un niveau équivalent sur une période de sept ou huit ans.
Il y en a certains, les deux abattoirs agréés par le fédéral, qui ne seraient pas très heureux d'avoir tout à coup plus de concurrence. Mais il y a beaucoup d'autres abattoirs qui seraient très heureux, tout comme les producteurs de bison, si nous pouvions expédier leur produit dans tout le pays.
M. Tom Olson: Tout à fait. En fait, j'ai moi-même envoyé des animaux aux États-Unis pour contourner le problème. Nous avons dû faire affaire avec un abattoir plus vieux et délabré que nos abattoirs locaux parce qu'ils ont l'homologation fédérale et pas les nôtres. En fait, beaucoup de ces abattoirs sont neufs et propres. Il faut peut-être leur donner un peu de temps pour paver le terrain de stationnement, mais je ne pense pas qu'on y trouve de graves problèmes de sécurité alimentaire.
M. Dick Proctor: Avez-vous eu l'occasion cette semaine de rencontrer les représentants de l'ACIA? Semble-t-on mieux reconnaître le problème? Si j'ai bien compris, et nous l'avons entendu dire mardi, des fonctionnaires, pas vous, mais des fonctionnaires provinciaux et fédéraux en discutent depuis plusieurs années. Ils pensaient en arriver à une entente concernant ces règlements nationaux sur la viande et la volaille et, tout à coup, leurs efforts ont semblé déraper. Le projet a-t-il été relancé, ou avons-nous encore beaucoup de chemin à faire pour convaincre les intéressés?
M. Tom Olson: Nous ne pensons pas qu'il a été relancé. Nous craignons d'avoir un grave problème à ce sujet et de ne plus avoir beaucoup de temps pour le régler. C'est très grave pour notre industrie.
M. Dick Proctor: Avez-vous des suggestions à nous faire? Nous avons tenu une audience à ce sujet, mais que pouvons-nous faire d'autre? Que faudrait-il faire?
M. Tom Olson: Je dirais que, s'il était possible de procéder de façon plus graduelle, les gens accepteraient de faire la transition. J'ai communiqué avec beaucoup d'abattoirs provinciaux—les nouveaux abattoirs flambant neufs qui sont beaucoup plus propres que certains vieux abattoirs fédéraux—qui m'ont répondu qu'ils n'étaient pas intéressés actuellement en raison des formalités administratives dont ils ne sont pas en mesure de s'occuper.
On pourrait peut-être assouplir un peu les conditions. Nous ne parlons pas de questions de sécurité alimentaire, mais de questions administratives. S'il faut apporter une certaine aide, comme celle dont les usines américaines ont bénéficié, c'est-à-dire si nous devons les aider à payer certains des inspecteurs, du moins pendant la période de transition, pour que les abattoirs provinciaux acceptent, ce serait important pour notre industrie et pour d'autres. L'industrie du boeuf de certification biologique a le même problème. C'est une industrie artisanale. Elle ne peut pas envoyer de grandes quantités d'animaux à un abattoir fédéral, mais elle peut envoyer 10, 12 ou 30 bêtes dans un abattoir plus petit. Les producteurs de boeuf de certification biologique sont dans la même situation.
Ce serait utile de régler ce problème pour les industries en expansion; il faudrait assouplir les conditions. S'il faut les aider financièrement à répondre à certaines formalités administratives nécessaires ou jugées nécessaires, je proposerais que nous le fassions, et l'augmentation des recettes fiscales permettra de récupérer cette aide, parce que c'est ce qui va arriver. On limite l'industrie. Ne la limitons plus et elle va prendre de l'expansion et se développer.
Le président: Vos cinq minutes sont écoulées, monsieur Proctor.
Nous allons passer à M. Borotsik, pour cinq minutes.
M. Rick Borotsik: Merci.
On a fait des propositions au sujet d'un abattoir qui serait réservé aux viandes exotiques, pas seulement le bison, mais à d'autres animaux de ce genre. Vous avez parlé du boeuf de certification biologique. Il y a d'autres viandes spécialisées, le sanglier, l'autruche, etc. Il y a beaucoup de gens qui se lancent dans des productions différentes.
Votre organisme a-t-il essayé de constituer son propre abattoir, si vous voulez, un abattoir agréé par le gouvernement fédéral? Nous allons en venir à la question des formalités administratives, mais votre organisme a-t-il exploré cette voie pour trouver un abattoir qui vous aiderait à développer votre marché?
 (1245)
M. Tom Olson: Il y a eu des discussions à l'occasion sur la construction d'un abattoir fédéral. Ces abattoirs coûtent très cher, et nos producteurs sont répartis principalement dans les quatre provinces de l'Ouest. C'est très difficile d'acheminer les animaux de tous les producteurs vers un seul et même abattoir. Il y a beaucoup d'installations provinciales flambant neuves, dans toutes les provinces de l'ouest du pays, qui reçoivent les bisons, et nous pensons qu'il faudrait probablement concentrer nos efforts sur ces installations.
M. Rick Borotsik: Monsieur Olson, je ne sais pas si vous avez assisté à la séance de mardi avec l'ACIA. Vous auriez dû. Ce n'est pas seulement une question de formalités administratives, à mon avis. Il y a de toute évidence une querelle de clocher entre l'ACIA, les inspecteurs fédéraux et les provinces. Elle est peut-être trop difficile à résoudre pour nous. Cet obstacle est peut-être trop difficile à surmonter actuellement même si, je dois vous dire, que l'agence semble avoir compris le message mardi. Elle doit régler ces problèmes parce que tout le monde travaille ensemble.
Je suis d'accord avec vous. Monsieur Conacher, je pense que vous avez demandé pourquoi les produits carnés transformés en Alberta sont sécuritaires pour les consommateurs albertains, mais pas pour ceux du Manitoba ou de la Saskatchewan. C'est une question simple que nous devons continuer de poser à nos fonctionnaires, parce que la réponse n'est pas très satisfaisante. Nous allons essayer d'établir des normes pour que les gouvernements provinciaux et les abattoirs provinciaux puissent vous servir.
Je voudrais parler des échanges commerciaux. J'ai besoin de votre aide. Un abattoir américain agréé par le fédéral peut aujourd'hui vendre partout, surtout sur nos importants marchés de l'Est, en Ontario et au Québec. Vous avez dit vous-même, monsieur Olson, que vous étiez passé par là. Vous êtes allé aux États-Unis. Vos bêtes ont été abattues aux États-Unis et exportées au Canada, ce qui est tout à fait ridicule pour moi. Que pouvons-nous faire pour vous aider à vendre votre produit dans l'est du Canada? Suffit-il d'assouplir les structures des échanges interprovinciaux? Que pouvons-nous faire pour vous aider à concurrencer les produits en provenance des États-Unis?
M. Tom Olson: La chose la plus importante est, bien sûr, la question de l'équivalence, pour que nous puissions vendre notre produit ici. Ensuite, nous pourrions obtenir du financement pour commercialiser notre produit en Europe mais, alors que nous agissons ouvertement, les Américains le font de façon détournée. Nous pourrions peut-être obtenir un peu de financement pour faire la promotion de notre produit sur les grands marché lucratifs qui se trouvent dans le centre du pays, là où la population est la plus grande.
M. Rick Borotsik: À propos, votre industrie est très intéressante. Vraiment. Elle a beaucoup de potentiel. Oublions les aspects négatifs. Il y a beaucoup d'aspects positifs au sujet de votre industrie, croyez-moi.
On m'a dit que la moitié de votre production totale est achetée directement à la ferme. Est-ce exact? Est-il possible d'élargir ce marché dans les provinces où vous vous trouvez?
M. Tom Olson: En fait, le bison est surtout vendu en milieu rural, et nos études montrent que notre marché le plus important va se trouver dans les centres urbains. C'est là qu'on va mettre l'accent sur la qualité du produit et sur le fait que les animaux sont élevés sans cruauté et de façon écologique. C'est la même chose en Europe et en Asie. Il y a un énorme potentiel de croissance là-bas. Notre marché se développe parce que certains entrepreneurs décident d'ouvrir un magasin ici, un restaurant là. Cela résulte du fait que c'est une petite industrie. Les choses vont évidemment changer avec le temps. Mais il est clair que le marché va croître.
M. Rick Borotsik: Mais un marché aussi important que celui-là s'offre-t-il déjà à vous dans les centres urbains de l'Ouest du Canada?
M. Tom Olson: Si nous pouvions aller à Toronto...
M. Rick Borotsik: Oubliez Toronto. Les villes de Calgary, Vancouver et Edmonton sont de grands marchés.
M. Tom Olson: Nous vendons déjà à Calgary, et c'est un marché en expansion. C'est là que tout notre produit est vendu. Toute la production de l'Ouest du Canada est distribuée dans deux ou trois villes. Si nous étions à Toronto...
M. Rick Borotsik: Mais c'est seulement la pointe de l'iceberg pour ce produit à Calgary, Vancouver, Edmonton et Winnipeg. Vous avez un énorme potentiel sur ces marchés. Il y a encore beaucoup d'animaux que vous pourriez vendre sur ce marché, n'est-ce pas?
M. Tom Olson: Oui. Mais plus le marché est grand, plus il est facile de vendre.
M. Gavin Conacher: J'aurais un bref commentaire à faire à ce sujet.
Au cours des trois dernières années, le gouvernement américain a acheté pour 23 millions de dollars de viande de bison. Il a soutenu son industrie de cette façon. Il a aussi offert des centaines de milliers de dollars pour aider à accroître la consommation de viande de bison aux États-Unis. C'est culturel, comme ça l'est ici, j'en suis sûr. Ils obtiennent le même genre de réaction de la part de leurs consommateurs. C'est un phénomène nord-américain. Cela leur permet de développer un marché extérieur, et c'est ce qu'ils font.
Pour ce qui est de la commercialisation directe, l'an dernier, pour la toute première fois dans l'industrie du bison, nous avons abattu un nombre important de bêtes, peut-être 15 p. 100 de toutes les femelles du pays. Toute la viande de bison est de catégorie D, mais on n'a jamais développé de marché pour la viande hors catégorie. Beaucoup de viande de bison s'est retrouvée sur le marché à un prix réduit l'an dernier. Bien sûr, en raison de tout ce dont on a parlé aujourd'hui, y compris les obstacles au commerce interprovincial et le coût de l'abattage et du transport d'un animal hors catégorie, toute cette viande a été distribuée en Colombie-Britannique, en Alberta, au Manitoba et en Saskatchewan.
 (1250)
Le président: Merci beaucoup.
Pour être équitable, autant parce que c'est une femme que parce que sa dernière question a beaucoup contribué à la discussion, je vais laisser Carol Skelton poser une brève question.
Mme Carol Skelton: J'aurais un commentaire à faire en réponse aux propos de M. Borotsik. Je pense que les gens ne doivent plus considérer que le bison est un animal exotique. Il faut se rappeler que c'est un animal domestique dont on fait l'élevage dans de bonnes conditions.
M. Rick Borotsik: Je voulais simplement faire observer qu'on pourrait construire un abattoir pour des animaux plus rares, dont le bison.
Mme Carol Skelton: Je voulais simplement préciser, pour les fins du compte rendu, que le bison n'est pas un animal exotique.
M. Rick Borotsik: J'ai compris.
Le président: C'est bien précisé. Merci, Carol.
Mme Carol Skelton: Je signale à Mme Ur que je vais lui rapporter une valise de viande de bison la prochaine fois que j'irai chez moi.
Le président: Merci, messieurs, d'être venus nous rencontrer ce matin. Merci encore pour la soirée d'hier.
Nous comptons apporter d'importantes améliorations à la façon dont nous transigeons dans notre pays et nous espérons que vous pourrez développer votre marché au Canada, comme il le faudrait.
Je vais maintenant mettre fin à cette partie de notre séance, et nous allons poursuivre très brièvement nos travaux à huis clos.
[La séance se poursuit à huis clos]