SINT Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
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37e LÉGISLATURE, 2e SESSION
Sous-comité du commerce international, des différends commerciaux et des investissements internationaux du Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international
TÉMOIGNAGES
TABLE DES MATIÈRES
Le mercredi 5 février 2003
¹ | 1530 |
M. Pat O'Brien (London—Fanshawe, Lib.) |
L'hon. David Kilgour (secrétaire d'État (Asie-Pacifique)) |
¹ | 1535 |
¹ | 1540 |
¹ | 1545 |
Le président suppléant (M. Pat O'Brien) |
M. Svend Robinson (Burnaby—Douglas, NPD) |
Le président suppléant (M. Pat O'Brien) |
Mme Suzanne Tremblay (Rimouski-Neigette-et-la Mitis, BQ) |
¹ | 1550 |
M. David Kilgour |
Mme Suzanne Tremblay |
M. Pat O'Brien |
M. David Kilgour |
M. Ken Sunquist (directeur général, Service des délégués commerciaux, Programmes et services à l'étranger, ministère des Affaires étrangères et du Commerce international) |
¹ | 1555 |
M. David Mulroney (sous-ministre adjoint, Portefeuille Asie-Pacifique, ministère des Affaires étrangères et du Commerce international) |
Mme Suzanne Tremblay |
M. David Kilgour |
M. David Mulroney |
Mme Suzanne Tremblay |
M. David Kilgour |
M. Ken Sunquist |
º | 1600 |
Le président suppléant (M. Pat O'Brien) |
M. Svend Robinson |
Le président suppléant (M. Pat O'Brien) |
M. Rick Casson (Lethbridge, Alliance canadienne) |
M. David Kilgour |
M. Rick Casson |
M. David Kilgour |
M. David Mulroney |
º | 1605 |
M. Ken Sunquist |
M. Rick Casson |
M. David Kilgour |
M. Ken Sunquist |
º | 1610 |
Le président suppléant (M. Pat O'Brien) |
M. Bob Speller (Haldimand—Norfolk—Brant, Lib.) |
Le président suppléant (M. Pat O'Brien) |
M. Svend Robinson |
Le président suppléant (M. Pat O'Brien) |
º | 1615 |
M. Svend Robinson |
Le président suppléant (M. Pat O'Brien) |
M. David Kilgour |
M. Svend Robinson |
M. David Kilgour |
M. Svend Robinson |
M. David Kilgour |
M. Svend Robinson |
M. David Kilgour |
º | 1620 |
M. Svend Robinson |
M. David Kilgour |
M. Svend Robinson |
M. David Kilgour |
M. Svend Robinson |
M. David Kilgour |
M. David Mulroney |
M. David Kilgour |
Le président suppléant (M. Pat O'Brien) |
M. Bob Speller |
M. David Kilgour |
M. Pat O'Brien |
M. Bob Speller |
º | 1625 |
M. David Kilgour |
M. Bob Speller |
M. David Kilgour |
M. Bob Speller |
M. David Kilgour |
M. Bob Speller |
Le président suppléant (M. Pat O'Brien) |
M. David Kilgour |
M. Ken Sunquist |
º | 1630 |
M. David Mulroney |
M. Bob Speller |
M. David Kilgour |
Le président suppléant (M. Pat O'Brien) |
M. Murray Calder (Dufferin—Peel—Wellington—Grey, Lib.) |
M. David Kilgour |
M. Ken Sunquist |
º | 1635 |
Le président suppléant (M. Pat O'Brien) |
M. Mark Eyking (Sydney—Victoria, Lib.) |
M. David Kilgour |
º | 1640 |
M. David Mulroney |
M. Mark Eyking |
M. David Mulroney |
M. Ken Sunquist |
º | 1645 |
M. Mark Eyking |
M. David Kilgour |
M. Mark Eyking |
M. Pat O'Brien |
M. David Mulroney |
Le président suppléant (M. Pat O'Brien) |
Mr. Raymond Simard (Saint Boniface, Lib.) |
º | 1650 |
M. Ken Sunquist |
º | 1655 |
M. David Kilgour |
M. Ken Sunquist |
Le président suppléant (M. Pat O'Brien) |
M. David Kilgour |
Le président suppléant (M. Pat O'Brien) |
M. David Kilgour |
Le président suppléant (M. Pat O'Brien) |
M. David Mulroney |
M. Ken Sunquist |
» | 1700 |
Le président suppléant (M. Pat O'Brien) |
M. David Kilgour |
M. David Mulroney |
Le président suppléant (M. Pat O'Brien) |
» | 1705 |
M. David Kilgour |
Le président suppléant (M. Pat O'Brien) |
M. David Mulroney |
Le président suppléant (M. Pat O'Brien) |
M. David Kilgour |
» | 1710 |
M. Ken Sunquist |
Le président suppléant (M. Pat O'Brien) |
M. David Kilgour |
Le président suppléant (M. Pat O'Brien) |
M. Rick Casson |
Le président suppléant (M. Pat O'Brien) |
Le greffier du comité |
M. Rick Casson |
Le président suppléant (M. Pat O'Brien) |
M. Rick Casson |
» | 1715 |
Le président suppléant (M. Pat O'Brien) |
M. Peter Berg (attaché de recherche auprès du comité) |
Le président suppléant (M. Pat O'Brien) |
M. Raymond Simard |
M. Pat O'Brien |
CANADA
Sous-comité du commerce international, des différends commerciaux et des investissements internationaux du Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international |
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TÉMOIGNAGES
Le mercredi 5 février 2003
[Enregistrement électronique]
¹ (1530)
[Traduction]
Le président suppléant (M. Pat O'Brien (London—Fanshawe, Lib.)): Je déclare ouverte la séance du Sous-comité du commerce international, des différends commerciaux et des investissements internationaux du Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international.
Tout d'abord, je vous informe qu'aujourd'hui je remplace le président habituel, notre collègue Mac Harb, qui souffre d'un léger ennui de santé et qui sera de retour, j'en suis sûr, à la prochaine séance. Il se fait traiter pour une blessure au dos et il m'a demandé de le remplacer aujourd'hui.
Nous avons deux points à l'ordre du jour et nous discuterons du deuxième si nous en avons le temps. Premièrement, bien entendu, nous accueillons l'honorable David Kilgour, secrétaire d'État pour l'Asie- Pacifique; ensuite, chers collègues, si nous en avons le temps, nous discuterons d'une liste provisoire de témoins—que vous devez avoir reçue—pour notre étude des relations économiques entre le Canada et l'Asie. Ce n'est pas une liste définitive. Le comité et le président sont prêts à ajouter des noms, voire, je suppose, à en retirer, suite à vos suggestions.
Ainsi, après notre discussion avec M. Kilgour, nous discuterons de cette question, si nous en avons le temps. Sinon, nous en parlerons lors de notre prochaine réunion.
Cela étant dit, j'ai le plaisir de souhaiter la bienvenue au secrétaire d'État. Nous avons hâte d'entendre votre exposé et de vous poser des questions.
L'hon. David Kilgour (secrétaire d'État (Asie-Pacifique)): Merci beaucoup, monsieur le président.
Comme vous le voyez, je suis accompagné de David Mulroney, à ma droite, qui est sous-ministre adjoint pour l'Asie-Pacifique, et Ken Sunquist, directeur général du Service des délégués commerciaux pour l'Asie-Pacifique.
Je pense que vous avez tous reçu mon allocution dans les deux langues officielles. Je ne vais pas tout lire afin qu'il nous reste plus de temps pour des questions et des observations.
[Français]
Monsieur le président et chers collègues, je suis enchanté de l'intérêt que le sous-comité attache au dossier complexe de l'Asie-Pacifique. Connaissant la qualité de vos études antérieures, y compris l'étude sur l'OMC, je suis persuadé que vos travaux aboutiront à une série de recommandations utiles.
[Traduction]
Permettez-moi d'entrer immédiatement dans le vif du sujet.
La région de l'Asie-Pacifique revêt une incroyable importance, et non seulement pour le Canada, mais aussi pour la prospérité et la sécurité à long terme du monde entier. Ce qui se passe dans cette région compte beaucoup pour le Canada, parce que des millions de Canadiens y ont leur origine, qu'elle recèle des débouchés commerciaux énormes et qu'elle est de plus en plus une source d'investissement pour notre pays.
Les collectivités d'origine asiatique, importantes et en croissance, ont fait une contribution ineffaçable à la mosaïque canadienne. Nous comptons plus de un million de Canadiens d'origine chinoise et un nombre comparable d'autres Canadiens dont les ancêtres habitaient dans le sud de l'Asie. Comme plus de la moitié de nos nouveaux immigrants viennent de l'Asie-Pacifique, notre «asiatification» se poursuivra et aura un retentissement de plus en plus marqué. Nous sommes nombreux, monsieur le président, à observer cette évolution dans nos circonscriptions.
Si vous me permettez un commentaire personnel, le président de mon association de circonscription est né au Pakistan; les deux vice-présidents sont nés en Inde, et le trésorier est né au Vietnam.
Il nous suffit de regarder autour de nous: nos collègues du Parlement et du Cabinet, notre gouverneure générale, des écrivains et des artistes de renom, pour remarquer le visage asiatique du Canada. Notre ancien collègue, Raymond Chan, qui a été secrétaire d'État à l'Asie-Pacifique de 1993 à 2000, a décrit ces liens personnels comme «l'avantage caché du Canada». Ces Canadiens jettent des passerelles entre le Canada et tous les pays de l'Asie-Pacifique. Ils véhiculent des idées, des connaissances, une culture et des valeurs dans les deux sens, et nous n'en sommes tous que meilleurs.
Le Canada prospère en partie grâce à ces liens humains, mais aussi parce que l'économie de la région de l'Asie-Pacifique est dynamique. En Asie-Pacifique, les débouchés qui s'offrent aux Canadiens se multiplient rapidement. La crise économique de l'Asie est chose du passé. La croissance actuelle est sans égale. L'Asie-Pacifique reste au deuxième rang de nos partenaires commerciaux. Depuis 1970, nos exportations augmentent en moyenne de 11 p. 100 par année. Depuis plus de 10 ans, notre commerce transpacifique dépasse notre commerce transatlantique. Les échanges d'investissement ont progressé notablement.
[Français]
Le marché de l'Asie-Pacifique ne cesse de grandir et de prospérer. On voit apparaître d'importants groupes à revenu moyen qui ont un pouvoir d'achat substantiel. Nous avons là des centaines de millions de nouveaux consommateurs.
¹ (1535)
[Traduction]
Les possibilités sont phénoménales, mais nos relations économiques ne vont pas sans difficulté. Le volume de nos échanges s'est rétabli depuis la crise financière asiatique, mais il reste de la place pour des améliorations considérables dans notre performance en matière d'exportation. Nous avons perdu des parts de marché aux mains de nos concurrents de toujours, et nous ne sommes probablement pas assez bien préparés pour faire face aux nouveaux protagonistes concurrentiels qui émergent dans la région même. Des organisations multilatérales comme l'ANASE envisagent des accords de libre-échange avec d'autres grandes économies de l'Asie-Pacifique. Il nous faut faire un effort pour éviter que le Canada ne soit oublié.
[Français]
La situation actuelle du Canada s'explique en partie par des causes systémiques: la chute des prix des produits de base, le fléchissement de la demande de ressources et le ralentissement observé au Japon sont autant de facteurs qui pèsent lourd. Depuis que je suis secrétaire d'État chargé de l'Asie-Pacifique, certains défis sont devenus évidents.
Avant tout, j'ai l'impression que la majorité des hommes et des femmes d'affaires canadiens ne sont pas conscients du potentiel de l'Asie. La plupart des débouchés de l'Asie-Pacifique demeurent à peu près inexploités par les Canadiens.
[Traduction]
Les gouvernements et les entreprises, il n'y a pas lieu de s'en étonner, sont tournés vers le marché nord-américain, mais les différends commerciaux récents nous ont certainement montré que la diversification était une stratégie commerciale éminemment sensée. Il n'y a pas assez de Canadiens qui sont conscients de l'attrait des affaires dans l'Asie-Pacifique. Certains se ressentent encore des méfaits de la crise asiatique. D'autres considèrent la taille de marchés comme celui de la Chine, comptant sur un rendement immédiat sur leur investissement et peu disposés à travailler dans la durée.
Vous savez sans doute que la Fondation Asie-Pacifique du Canada a mis le doigt récemment sur des lacunes dans l'information. En effet, les entreprises déjà présentes en Asie, où elles ont directement accès à leurs propres sources d'information, font suffisamment confiance au climat des affaires pour accroître leur mise. Ceux qui se contentent de sources de deuxième main, comme les médias ou les consultants installés au Canada, manifestent peu d'empressement. Autrement dit, les entreprises canadiennes ont besoin d'une information plus sûre pour repérer les nouvelles occasions et se préparer à faire des affaires sur des marchés qui leur sont peu familiers.
Par ailleurs, les connaissances qu'on peut avoir sur le Canada en Asie sont dépassées, et c'est peu dire. Le Canada jouit d'une image généralement favorable, mais sa marque distinctive en souffre. Notre problème tient à l'impression fort répandue que le Canada est une destination touristique plutôt qu'un partenaire commercial. Il faut faire savoir aux hommes et femmes d'affaires de l'Asie-Pacifique que le Canada est les deux à la fois. D'après mon expérience, les idées fausses sur le Canada sont attribuables en partie à deux facteurs.
Tout d'abord, un grand nombre de nos entreprises traditionnelles qui se sont intéressées à l'Asie-Pacifique n'ont pas une performance de bon niveau. L'avantage caché du Canada, dont j'ai parlé tout à l'heure, est parfois encore trop bien caché, me semble-t-il.
Le deuxième facteur, nous n'en sommes tous que trop conscients: les ressources. À l'heure actuelle, nous avons un impressionnant groupe d'hommes et de femmes, ressortissants canadiens ou asiatiques, qui font la promotion des intérêts économiques et commerciaux du Canada en Asie-Pacifique. Notre Service des délégués commerciaux fait l'envie des hommes et femmes d'affaires de toute la région. Monsieur le président, il n'y a guère de pays où je me suis rendu et où les Canadiens du monde des affaires ne m'ont pas dit que leur réussite tenait en partie à l'importance accordée aux services essentiels à valeur ajoutée et à l'utilisation novatrice des nouvelles technologies permettant à nos délégués de sortir de leurs bureaux et de faire la promotion des intérêts canadiens.
Mais il n'y a pas assez de délégués sur le terrain. Je rentre tout juste de l'Inde où, par exemple, la présence canadienne à Hyderabad, à Bangalore ou à Chennai, trois des plus importantes villes de haute technologie en Inde, n'est pas assez appuyée.
[Français]
Nous savons que nos ressources sont limitées, et c'est pour cela que nous avons repéré des partenaires stratégiques dans la région et des secteurs prioritaires.
[Traduction]
Vous aurez remarqué que j'ai laissé tomber les paragraphes de mon allocution qui traitaient du Japon, mais en Chine, nos efforts rapportent, dans certains domaines. Ainsi, le total de nos exportations a augmenté de 87 p. 100 au cours des 10 dernières années. Ce pays se situe maintenant au quatrième rang de nos marchés d'exportation, au troisième, si nous tenons compte de Hong Kong. Avec l'accession récente de la Chine à l'OMC et la plus grande transparence des règles commerciales qu'on peut espérer, nous pouvons nous attendre à de nouvelles réussites là-bas.
S'il est vrai qu'il reste beaucoup de progrès à accomplir dans nos relations avec l'Inde, nous avons vu une augmentation soutenue des exportations, de l'investissement bilatéral, et il y a d'importantes coentreprises en technologie de l'information, en biotechnologie et dans les arts. Les entreprises canadiennes savent déjà que la plus grande industrie cinématographique du monde est Bollywood, pas Hollywood. Des sociétés indiennes d'avant-garde, comme Satyam Computer Services, Infosys Technologies et Kshema Technologies ont déjà investi au Canada.
Cela dit, ces cas sont plutôt l'exception que la règle. Les chiffres actuels de notre commerce avec l'Inde révèlent un énorme potentiel: l'Inde est la 11e économie du monde et le Canada, la 8e. Pourtant, nous ne sommes l'un pour l'autre que le 25e partenaire commercial. Au gré de la libéralisation de l'Inde, nous espérons que, avec un meilleur accès, nous verrons notre commerce augmenter rapidement.
Nous ne nous contentons pas de canaliser nos efforts vers les marchés clés du Japon, de la Chine et de l'Inde. Nous cherchons également de nouveaux secteurs. Il faut signaler l'augmentation de nos échanges commerciaux des produits et de services de l'économie du savoir. Avec l'infrastructure qui s'installe rapidement dans une grande partie de la région, les compétences canadiennes en génie, en gestion de projet et en consultation sur l'environnement sont très en demande.
¹ (1540)
[Français]
Des occasions se sont présentées dans le secteur des produits d'aviation et des aéronefs. Ce marché est au ralenti dans une grande partie du monde, mais les exportations canadiennes du secteur aéronautique vers la région ont augmenté de près de 300 p. 100 en cinq ans.
Notre secteur de l'assurance est déjà un joueur de premier plan. Comme c'est le cas pour d'autres services financiers, les entreprises canadiennes de ces secteurs sont prêtes à saisir les occasions qui se présenteront en Asie-Pacifique. Notre industrie de la biotechnologie attire également plus d'attention. On peut également signaler des ventes accrues pour nos exportations culturelles, dont le film, l'animation et la littérature.
[Traduction]
Les énormes besoins en nouveaux logements dans une grande partie de la région de l'Asie-Pacifique ouvrent des débouchés non seulement pour nos exportations de bois d'oeuvre mais aussi pour les ventes de logements préfabriqués qui utilisent une gamme plus étendue de matériaux canadiens et de main-d'oeuvre qualifiée. Qui serait mieux placé pour répondre à ces besoins?
Nos fournisseurs ont trouvé des créneaux dans l'infrastructure des télécommunications, la mise en valeur des sources d'énergie et les services de transport. La participation canadienne à des projets de développement se traduit souvent par des débouchés immédiats pour les entreprises canadiennes et en avantages à plus long terme pour faire valoir la marque du Canada et affirmer sa présence sur le marché.
Nos entreprises ont régulièrement remporté entre 8 et 10 p. 100 des marchés de la Banque asiatique de développement pour l'aménagement de l'infrastructure. Le programme de coopération industrielle de l'ACDI a donné à nos entreprises l'occasion de participer à des projets dans la région, suscitant souvent des coentreprises et multipliant les retombées tant au Canada que dans le pays hôte bien au-delà du projet initial.
Un service de l'économie du savoir souvent négligé que nous assurons aux ressortissants de l'Asie-Pacifique est l'éducation. Plus de la moitié des étudiants étrangers qui étudient actuellement au Canada sont originaires de l'Asie-Pacifique et on estime qu'ils rapportent plus de 2 milliards de dollars à notre économie chaque année. Les diplômés des universités canadiennes sont des chefs de file dans l'entreprise et dans les services gouvernementaux de leur pays, et ils maintiennent souvent les liens qu'ils ont établis pendant leurs études chez nous. Dans les années à venir, la commercialisation des services canadiens d'éducation sera de plus en plus prioritaire.
Nous maintenons des liens importants avec des institutions. Par exemple, notre participation active à l'APEC favorise des échanges libéralisés et ouverts dans la région tout en aidant les pays moins développés à atteindre les objectifs de l'OMC. Nous les aidons également à prendre des mesures concrètes pour éliminer les tracasseries administratives et accroître la sécurité.
[Français]
Il ne faut pas oublier que les échanges d'investissements vont dans les deux sens. L'investissement direct au Canada en provenance de la région de l'Asie-Pacifique a augmenté de 8 p. 100 au cours des 10 dernières années. L'investissement canadien dans la région est important non seulement pour les investisseurs canadiens, mais aussi pour l'établissement de relations mutuellement bénéfiques à long terme.
[Traduction]
Pouvons-nous faire mieux? Assurément. Le marché de l'Asie-Pacifique est vaste et compliqué, et nous ne pouvons tout faire. Nous devons canaliser nos efforts sans sacrifier nos valeurs.
Comment pouvons-nous mieux faire? Nous avons identifié quelques secteurs: Nous devons améliorer l'image de marque de l'Asie-Pacifique au Canada et celle du Canada en Asie-Pacifique; insuffler une nouvelle vigueur à nos liens commerciaux du passé, accroître notre présence officielle sur les plus importants marchés de l'Asie-Pacifique. Nous espérons que le sous-comité saura faire d'autres propositions. Je sais que votre contribution à tous sera très importante à cet égard.
Dans votre étude, vous pouvez faire appel à des Canadiens de tous les horizons pour définir avec plus de précision les défis et les occasions que présente pour nous la région de l'Asie-Pacifique. Vos déplacements vers les capitales économiques de la région vous aideront certainement. Plus important encore, nous espérons que vos travaux aboutiront à des recommandations concrètes qui nous aideront à mieux orienter nos efforts. Plus particulièrement, nous attendons des recommandations précises sur la façon de trouver les moyens d'améliorer notre performance dans des secteurs et des services prioritaires.
Comment estimez-vous que nous pouvons procurer aux entreprises canadiennes une information sur les marchés susceptibles de les attirer vers l'Asie-Pacifique? Comment peut-on rendre les missions d'Équipe Canada encore plus efficaces?
Les accords de libre-échange sont une possibilité viable. Nos approches doivent dépasser la promotion classique des échanges et de l'investissement car, comme nous le savons, le commerce est inextricablement lié à notre stabilité économique et, plus généralement, au sentiment de sécurité dans le monde. Nous devons aussi considérer le commerce et l'investissement comme des outils de développement utiles.
Il est dans l'intérêt de tous que les entreprises canadiennes se comportent en bons citoyens et sachent voir au-delà des résultats comptables. Un commerce et un investissement honnêtes renforcent l'autonomie de tous, partout. Tous deux sont des leviers permettant de créer de bons emplois, de renforcer les règles du droit, de promouvoir la transparence et de favoriser la saine gestion des affaires publiques.
Je signale au passage qu'un de mes amis, qui est juge en Alberta, estime que la règle du droit devrait être notre exportation la plus précieuse. En conséquence, nos relations économiques en Asie-Pacifique, comme partout ailleurs dans le monde, du reste, doivent aller de pair avec notre priorité qu'est la promotion de la sécurité humaine partout sur la planète.
¹ (1545)
[Français]
Monsieur le président, nous félicitons vraiment le sous-comité d'avoir entrepris cette étude, et nous ne demandons pas mieux que de collaborer étroitement avec vous dans les mois à venir.
Merci beaucoup.
[Traduction]
Le président suppléant (M. Pat O'Brien): Merci beaucoup, monsieur le ministre, pour cet excellent survol. Au moment d'aborder ce qui sera, j'en suis convaincu, une étude très intéressante et enrichissante pour notre comité, votre témoignage nous aide à mettre tout cela en perspective. En fait, vous avez même posé certaines questions auxquelles nous pourrons tenter de répondre dans notre étude. Je sais que nous sommes tous impatients de nous mettre à la tâche.
Avant de passer aux questions, je voudrais prendre un instant pour souhaiter la bienvenue à un nouveau membre de notre comité. Le nouveau secrétaire parlementaire du ministre du Commerce international est notre collègue Murray Calder.
Bienvenue, Murray, et félicitations pour votre nomination. Je sais que vous allez aimer ça. Je l'ai fait au cours des deux dernières années. Avant moi, c'est Bob Speller qui occupait ce poste.
Nous commençons à avoir pas mal d'expérience à notre comité, des deux côtés de la table. Espérons que nous pourrons aborder cette étude avec beaucoup d'enthousiasme. Je trouve que c'est un coin du monde qui est très important, et nous devons nous pencher sérieusement sur nos relations avec l'Asie.
Merci beaucoup, monsieur le ministre.
Cela dit, je rappelle à mes collègues que l'on procède généralement ici en accordant la parole à ceux qui la réclament, au fur et à mesure que la présidence en prend note, et les intervenants ont cinq minutes pour poser leurs questions. Cette méthode a toujours bien fonctionné. Nous n'avons jamais établi et n'avons jamais senti le besoin d'établir des modalités strictes pour les questions, comme l'ont fait les comités permanents. En tout cas, il me semble que c'est ainsi que nous avons fonctionné ces dernières années. Je vais donc noter les noms de ceux qui lèvent la main pour réclamer la parole.
Monsieur Robinson.
M. Svend Robinson (Burnaby—Douglas, NPD): Il me semblait que lorsqu'un ministre témoigne devant un comité, le temps de parole est de dix minutes. Autrement, c'est assez difficile de poser des questions fouillées.
Le président suppléant (M. Pat O'Brien): Très bien, d'accord. Je voulais plutôt parler de l'ordre des intervenants. Oui, nous allons accorder dix minutes aux membres du comité qui manifestent leur intérêt. Ça vous va?
Nous allons commencer par Mme Tremblay.
[Français]
Madame Tremblay, avez-vous des questions?
Mme Suzanne Tremblay (Rimouski-Neigette-et-la Mitis, BQ): J'ai sûrement des questions, mais je pense être la moins expérimentée dans le domaine autour de la table. C'est un peu gênant de commencer à poser des questions sans avoir pris davantage connaissance de la question, d'autant plus que je remplace mon collègue Stéphane Bergeron, qui est à Washington aujourd'hui. Peut-être profite-t-il d'un meilleur climat que nous. Enfin, espérons-le.
Monsieur le ministre, je vous remercie de votre présentation. C'était très intéressant. Je ne vous ferai pas la vie trop difficile, comme je vous l'ai promis en aparté, principalement parce que j'ai plus de questions à vous poser que quoi que ce soit d'autre.
Étant donné les relations très tendues avec l'Irak, quel pourrait être l'impact d'une éventuelle participation du Canada à un conflit avec l'Irak sur nos relations commerciales avec l'Asie-Pacifique?
¹ (1550)
M. David Kilgour: C'est une question absolument fondamentale. Je n'ai pas une boule de cristal, bien sûr, mais je pense que l'Indonésie, qui a une population musulmane de plusieurs millions, pourrait bien évidemment être un problème pour nous. On a d'ailleurs soulevé ce sujet auprès de l'Australie. Est-ce que cela pourrait créer des problèmes pour l'Australie et pour d'autres pays comme l'Inde, par exemple, où vivent 150 millions de musulmans? Est-ce que cela pourrait poser des difficultés? Il est bien connu qu'il y a maintenant 4 ou 5 millions de résidants de l'Inde qui travaillent au Proche-Orient. S'il y a une guerre, est-ce qu'on va expulser la plupart des étrangers, y compris les gens de l'Inde? Est-ce que cela va créer d'autres problèmes pour l'Asie-Pacifique?
Vous savez sans doute que pendant la guerre, il y a deux ans, beaucoup de gens ont été expulsés. Par exemple, aux Philippines, il y a des milliers et des milliers de gens qui ont été expulsés pour un certain temps. Bref--excusez-moi de vous avoir donné une longue réponse--, cela peut créer des problèmes dans la région dont nous parlons aujourd'hui.
Mme Suzanne Tremblay: J'ai vu quelque part dans un document que la Chine et tous les autres pays qui sont dans ce secteur avaient commencé à mettre sur pied un genre de marché commun. En Amérique du Sud, on risque d'avoir des problèmes avec le Brésil dans le cadre de la mise sur pied de la ZLEA, parce qu'ils veulent d'abord consolider leurs marchés entre eux. Nous désirons développer des marchés en Asie. Est-ce que la Chine et la dizaine de pays limitrophes qui veulent créer leur marché commun pourraient nous empêcher d'aller de l'avant avec nos projets d'échanges avec ces pays-là?
[Traduction]
Le président suppléant (M. Pat O'Brien): Le ministre voulait-il intervenir?
[Français]
M. David Kilgour: J'espère que toutes les questions ne seront pas aussi difficiles que celles que vous avez posées.
Ma foi, je vais céder la parole à M. Sunquist.
[Traduction]
M. Ken Sunquist (directeur général, Service des délégués commerciaux, Programmes et services à l'étranger, ministère des Affaires étrangères et du Commerce international): David Mulroney, qui est sous-ministre adjoint pour l'Asie, est ici présent. Pour ma part, je suis le directeur général du Service des délégués commerciaux. Mon affectation la plus récente a été ambassadeur en Indonésie; avant cela, j'étais délégué commercial principal en Chine et, avant cela, j'étais en Corée.
Je pense que des questions se posent clairement, comme le ministre l'a dit à juste titre, au sujet de l'Indonésie, qui compte 200 millions de musulmans. En fait, ce pays a été la cible d'un acte terroriste à Bali. Quant à la Chine, les Chinois s'inquiètent également à cause de l'instabilité et d'autres questions. Si l'on prend la première question que vous avez posée, je pense que nous sommes nombreux à faire cause commune contre ces problèmes.
La deuxième question que vous avez posée, et qui est peut-être beaucoup plus difficile, est de savoir quel est l'impact des relations interrégionales plus poussées entre tous ces pays? Dans certains cas, nous faisons partie de la boucle. À titre de membres de l'APEC, nous sommes...non, l'océan Pacifique n'est pas une barrière; il nous rapproche plutôt.
Le deuxième élément est que si vous examinez ce qui se passe dans certains pays de la région, le forum de l'Asie du Sud-Est, l'ANASE, a permis en fait d'instaurer une plus grande stabilité. Cela a débouché sur ce que j'appellerais la mondialisation des règles, de sorte qu'en fait, les pays n'ont pas tous été confrontés aux mêmes tactiques discriminatoires. Les régions sont en train de s'ouvrir et sont en fait de meilleurs partenaires commerciaux, de meilleurs partenaires pour les investissements dans les deux sens. C'est plus facile pour nous de travailler, notamment pour l'ACDI, nos organismes d'aide, la démocratisation, et divers dossiers. Je ne sais pas, David, si...
¹ (1555)
[Français]
M. David Mulroney (sous-ministre adjoint, Portefeuille Asie-Pacifique, ministère des Affaires étrangères et du Commerce international): Je pense que la Chine joue un rôle plus ou moins constructif dans la question de l'ouverture des marchés chinois et asiatique. Pour nous, le dynamisme et la croissance de toutes les économies de la région sont une bonne chose.
[Traduction]
Tout ce qu'a fait la Chine jusqu'à maintenant pour ce qui est de son rôle dans la région a été constructif, s'inscrit dans l'esprit de l'accession de ce pays à l'OMC.
Par ailleurs, il est également vrai que des pays comme le Japon et la Corée du Sud jouent également un rôle dans l'intégration sud-asiatique et la promotion du commerce dans l'est de l'Asie, dont le développement tardif a probablement retardé le commerce entre l'est de l'Asie et l'Asie tout entière et le reste du monde.
Cette croissance généralisée est bonne pour nous. Comme Ken l'a dit, nous devons être constructifs, et les règles du jeu sont en train de changer. Nous devons trouver de nouveaux moyens de veiller à jouer un rôle constructif et à participer à cette croissance.
[Français]
C'est un peu différent des questions...
Mme Suzanne Tremblay: Compte tenu que nos relations avec les États-Unis sont de plus en plus difficiles dans le domaine du bois d'oeuvre et que la situation ne semble pas vouloir se régler, est-ce qu'il y a le moindre espoir qu'on puisse débloquer des marchés du côté de l'Asie-Pacifique pour le bois, ce qui nous permettrait de diriger notre bois ailleurs avant que notre industrie ait des difficultés? Est-ce qu'on pourrait penser avoir des débouchés de ce côté-là?
M. David Kilgour: Quand je suis allé en Chine il y a quelques mois, à Nankin, pas très loin de Shanghai, j'ai coupé le ruban d'une maison fabriquée en bois de Colombie-Britannique. Cette compagnie de l'Alberta avait fabriqué une quinzaine ou une vingtaine de maisons en bois. Il y avait un problème avec Shanghai en ce qui concerne la question des normes de fabrication des maisons, mais je pense qu'on a réglé ce problème.
Avant de céder la parole à M. Mulroney, j'aimerais ajouter qu'à Canton, par exemple, et dans les autres marchés très vastes de la Chine et sans doute aussi de l'Inde et d'autres pays, on a un maintenant un fonds de 50 millions de dollars pour promouvoir nos marchés.
M. David Mulroney: Nous avons établi des marchés au Japon pendant 20 ans ainsi qu'en Corée du Sud, et nous commençons maintenant à le faire en Chine. Ce n'est pas seulement une question de promotion. On commence avec les architectes et les professeurs, et il faut aussi voir au changement de règlement. On commence aussi en Inde. Mais le marché américain est beaucoup plus grand. Donc, c'est une première étape.
Mme Suzanne Tremblay: Les tarifs antidumping que la Chine avait imposés pour la papier journal en 1998 arrivent à échéance en juillet 2003. Avez-vous entrepris des démarches pour qu'une telle situation ne se renouvelle pas et qu'on puisse faire des importations de papier journal? Ces tarifs nous ont nui. Est-ce qu'on peut espérer une reprise?
M. David Kilgour: M. Sunquist peut répondre.
[Traduction]
M. Ken Sunquist: Je pense qu'il faut faire deux ou trois observations à ce sujet.
Premièrement, votre observation est juste. Nous nous tournons vers ces marchés et nous essayons de travailler dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce et c'est un fait que nous essayons de trouver de nouveaux débouchés pour des produits qui, traditionnellement, étaient exportés ailleurs.
Quant à savoir si l'Asie pourra jamais prendre le relais du marché des États-Unis, ce n'est tout simplement pas réaliste. Cependant, une grande de notre effort a été consacrée à l'accès au marché, afin de s'assurer que les producteurs canadiens puissent expédier leurs produits sans crainte de tactiques discriminatoires, comme vous l'avez dit. Ce n'est pas seulement le papier journal; cela touche un grand éventail de produits, qu'il s'agisse du bois d'oeuvre et du papier journal.
Enfin, je pense que c'est l'un des éléments clés. Par exemple, en Chine, pour ne donner qu'un seul exemple, le ministre a fait remarquer dans son exposé que depuis l'accession à l'OMC, la charge de travail dans nos bureaux de Beijing, Shanghai, Guangzhou et Hong Kong a augmenté. Je ne sais pas si l'augmentation est de 50 ou 100 p. 100, mais cela augmente très vite. Les producteurs canadiens et les organisations canadiennes se tournent maintenant vers un marché qui n'est pas aussi discriminatoire qu'il pouvait l'être il y a quatre ou cinq ans. C'est notre principal problème; nous devons être vigilants, non seulement pour un produit en particulier, mais pour beaucoup de produits. Je pense que les relations avec les fonctionnaires chinois sont fondées sur les nouvelles règles qui sont en place.
Donc, oui, nous consacrons beaucoup de temps à améliorer l'accès au marché, beaucoup de temps à protéger nos intérêts, et beaucoup de temps à étudier la stratégie de mise en marché pour rester présents sur ce marché. Je pense que vos observations sont bien fondées et c'était effectivement un énorme problème pour nous il y a quelques années. Nous essayons de faire en sorte qu'avec les nouveaux mécanismes, nous n'ayons plus à subir cette situation.
º (1600)
Le président suppléant (M. Pat O'Brien): Merci. Merci, madame Tremblay.
Nous entendrons maintenant M. Robinson, qui a dix minutes.
M. Svend Robinson: M. Casson est sur la liste également.
Le président suppléant (M. Pat O'Brien): J'ai en effet le nom de M. Casson sur la liste.
Nous avons un esprit de collaboration ici aujourd'hui, ce qui n'est pas inhabituel à notre comité.
Monsieur Casson, vous avez la parole.
M. Rick Casson (Lethbridge, Alliance canadienne): Monsieur Kilgour, je vous remercie pour votre présentation.
Vous avez abordé plusieurs questions dans votre exposé. Quand nous sommes allés en Europe, nous avons eu l'occasion d'examiner les échanges commerciaux Canada-Europe. Nos interlocuteurs nous ont dit qu'il faut changer cette image que nous avons du Canada comme destination de voyage, le fait que le Canada est perçu comme un beau et grand pays aux grandes étendues sauvages. Dans presque tous les bureaux canadiens que nous avons visités là-bas, nous avons remarqué qu'il y avait toujours accroché au mur un grand tableau d'une nature sauvage. C'est difficile d'amener les gens à se rendre compte que le Canada, ce n'est pas seulement cela, que c'est aussi l'industrie de la technologie de pointe.
Nous avons maintenant un important déficit commercial avec les pays de l'Asie-Pacifique. Ils semblent faire du meilleur travail pour ce qui est de vendre chez nous que nous n'en avons fait pour ce qui est de vendre chez eux. Sommes-nous sur la mauvaise voie en essayant de travailler par l'entremise de l'APEC et d'autres grandes organisations? Devrions-nous plutôt nous concentrer sur des ententes bilatérales, de pays à pays?
Par ailleurs, on nous a dit que les gens d'affaires canadiens doivent être présents dans le pays. Je sais qu'en Chine, il y a un grand nombre de Canadiens là-bas qui frappent aux portes et qui nouent des contacts dans la bureaucratie. Mais dans quelle mesure cela est-il important et faisons-nous du bon travail pour promouvoir cette activité? Devons-nous prendre du recul et encourager les entreprises à le faire? Devrions-nous renforcer notre présence en tant que pays ou gouvernement?
M. David Kilgour: Je suis entièrement d'accord avec vous.
Votre première recommandation sera-t-elle que nous retirions toutes les affiches montrant des paysages de l'Alberta de nos missions commerciales?
M. Rick Casson: Pour les remplacer par de la publicité sur la haute technologie.
M. David Kilgour: Trève de plaisanterie, je suis entièrement d'accord avec vous. Comme je l'ai dit, le pire c'est de faire de notre pays un endroit à visiter. Il vaudrait mieux qu'on annonce que c'est un pays où l'on peut faire des études, mais cela ne suffit pas.
Comme vous le savez, nous essayons de négocier un accord de libre-échange avec Singapour. En fait, si je ne m'abuse, il n'y a pas d'autre négociation de ce type. Et nous progressons.
Toutefois, je conviens entièrement avec vous qu'il faudrait que les entreprises canadiennes soient plus actives dans la région de l'Asie-Pacifique. J'espère que ce sera là l'une de vos recommandations également.
Et pourquoi ne pas donner la parole... Il faut dire que M. Mulroney a travaillé au Conseil d'entreprise Canada-Chine et a été notre représentant à Taïwan. Les deux témoins réunissent une somme colossale d'expérience commerciale.
M. David Mulroney: La question portant sur l'image que l'on a du Canada est une bonne question. Notre attitude est que nous ne voulons pas décourager les gens pour l'instant. Le tourisme est un élément important dans ce que nous faisons et une partie très appréciable de nos exportations de services. Cela est un facteur important dans la façon dont les gens considèrent le Canada, et nous pensons que c'est bénéfique.
Nous aimerions cependant élargir le champ de vision pour englober d'autres réalités également. Le Canada n'est pas seulement un pays magnifique, mais il comporte des régions urbaines et rurales, offre d'excellentes universités et une société bilingue et multiculturelle. De plus en plus, nous mettons davantage l'accent sur ce genre de messages.
J'ai travaillé un certain temps à notre mission commerciale à Taïwan, et nous avons tout essayé, changé l'allure de notre salle d'attente... Nous diffusions nos renseignements sur le Canada par l'intermédiaire d'ordinateurs, avec écran tactile, ce qui est important. Nous avons fait appel à des gens qui représentent l'excellence pour les médias, par exemple, l'astronaute Julie Payette, qui faisait part de son expérience en tant que femme faisant des études de sciences avant de devenir astronaute. Nous avons fait appel au généticien, Lap-Chee Tsui, de l'hôpital pour enfants malades de Toronto. Nous nous sommes servis des médias pour qu'ils fassent passer un message plus subtil sur l'identité des Canadiens, ce qu'ils font, et ce que le Canada représente.
Nous utilisons donc ces méthodes et nous envisageons d'avoir recours à une vaste stratégie diplomatique publique en Chine, et ce sont les médias qui véhiculeront notre message. Nous en faisons autant au Japon et en Inde.
Le but est donc de multiplier les associations d'idées. Si nous présentons le Canada non seulement comme un pays magnifique, remarquable producteur de ressources, mais également comme offrant d'excellentes universités, je pense qu'on franchira le pas pour considérer le Canada comme un endroit où l'investissement est profitable. Bien des investisseurs étrangers au Canada disent: «J'ai pris la décision d'investir au Canada parce que dans n'importe quelle grande ville canadienne, je peux compter sur une main-d'oeuvre hautement qualifiée».
Ainsi, la façon dont nous présentons le Canada et nos ambassades qui sont en première ligne est tout à fait capitale.
º (1605)
M. Ken Sunquist: À mon avis, le Canada se donnant une marque distinctive est sans doute un élément que les membres du comité voudront étudier: quelle marque distinctive le Canada offre-t-il à l'échelle mondiale, et dans la région de l'Asie-Pacifique en particulier?
Oui, la Commission canadienne du tourisme dépense pour faire la promotion du Canada, pas seulement des vastes étendues sauvages mais également des sorties nocturnes et de la haute technologie. Le programme Partenaires pour l'investissement au Canada a pour objectif de présenter le Canada comme très propice à la haute technologie, un endroit où il est intéressant d'investir. Agriculture Canada veut se distinguer en faisant la promotion de produits alimentaires de qualité, et dans ce cas l'impact est différent.
Ainsi, il y a diverses façons d'imprimer sa marque distinctive, et elles sont toutes importantes. Cependant, il faudrait peut-être un petit peu plus de coordination à cet égard.
La question posée sur les statistiques, question intéressante du reste, révèle nettement que la majorité de ce que nous importons d'Asie sont des articles de peu de valeur mais en fait, je pense que les chiffres—et je ne les ai pas sous la main—démontrent que les investissements asiatiques sont supérieurs et que nous sommes bénéficiaires quant aux exportations de services. Il est toujours difficile d'obtenir des chiffres sur l'exportation de services, mais il me semble que le Canada, s'acheminant vers une économie axée sur le savoir, excelle en matière de services.
En Asie, nos compagnies d'assurances et autres sont très prospères. Je pense qu'il y a certains pays où sur le plan commercial nous nous débrouillons très bien, mais cela a tendance à être inégal.
Quand David et moi-même étions en Corée, à des époques différentes, les ventes de blé à la Chine, si je me souviens bien, se classaient au deuxième ou troisième rang du marché dans le monde. Maintenant, cela a beaucoup baissé, car avec l'aide de l'ACDI, notamment, la Chine produit l'essentiel de ses produits alimentaires.
On ne peut donc pas isoler le commerce. Il faut songer à la technologie, à l'investissement, au commerce et voir comment tous ces éléments s'organisent ensemble. En outre, il faut tenir compte de notre aide au développement et de la façon dont nous la prodiguons.
M. Rick Casson: J'ai consulté la liste des témoins et j'ai téléphoné à des organisations qui n'y figuraient pas mais qui à mon avis avaient un intérêt. Ils ont tous montré de l'enthousiasme car ce sont des marchés où ils souhaitent percer. Dans la plupart des cas, c'était dans le secteur agricole. Ils ont tous exprimé un vif intérêt à l'égard de nos délibérations et de leur éventuelle participation à nos travaux.
Nous semblons avoir eu la part belle avec nos voisins du Sud—même langue, proximité, etc. Notre tâche est désormais plus complexe.
Revenons à nos moutons. Faut-il s'écarter et laisser les entreprises agir seules? Dans quelle mesure leur succès dans ces pays-là dépend-il des travaux d'approche, des règles et de la réglementation qu'apporterait le Canada?
M. David Kilgour: Il y a eu bien des efforts faits dans ce sens-là. Je me rappelle être allé en Chine récemment avec un groupe junior d'Équipe Canada représentant certaines entreprises. Certaines entreprises peuvent se débrouiller seules. Les compagnies comme Bombardier n'ont pas besoin de beaucoup d'aide. Tout dépend de ce que l'on veut obtenir: comment amener les petites et moyennes entreprises d'Alberta et d'autres provinces à y trouver leur compte?
Votre propre province, et vous le savez sans doute, est plus active sur le plan commercial avec la Chine que n'importe quelle autre province. Comment expliquer cela? Comment expliquer que les entrepreneurs albertains—la plupart d'entre eux étant de petites entreprises—peuvent faire tant d'affaires avec la Chine? Je ne prétends pas connaître la réponse à cette question.
Voulez-vous ajouter quelque chose, Ken ou David?
M. Ken Sunquist: Tous les deux ans, nous faisons des enquêtes auprès des clients. Comme il faut s'y attendre, les PME ont pour première visée, dans la plupart des cas, la partie septentrionale des États-Unis et par tradition, l'Europe vient au second rang.
Ce qui nous a le plus étonnés depuis, je dirais, quatre ans, c'est l'importance croissante de l'Asie. Au moment où les choses sont devenues plus difficiles, l'économie asiatique fléchissant, on a constaté que les PME en particulier se sont tournées plus qu'auparavant vers l'Asie. L'Asie du Sud-Est, pour une raison quelconque, les attire. En partenariat avec les gouvernements provinciaux, nous avons fait beaucoup de choses pour aider les entrepreneurs à s'y installer, parce que c'est la région qui offre la croissance la plus rapide.
J'ajouterai que parfois nous déconseillons aux entreprises d'aller là-bas. Pour certains marchés, il faut avoir les reins solides, être là longtemps, et il nous arrive de conseiller à des entreprises de ne pas s'y aventurer pour s'éviter des problèmes. Mais ce ne sont là que des conseils. Les entreprises font ce qu'elles veulent.
Nous constatons toutefois que de plus en plus les PME s'intéressent à cette région. Je vous donnerai des chiffres plus tard, si vous le souhaitez, mais rien que sur le plan du nombre, nous constatons une croissance, et nous avons des chiffres pour les diverses régions de l'Asie-Pacifique.
º (1610)
Le président suppléant (M. Pat O'Brien): Merci beaucoup de nous offrir cela.
Monsieur Speller, vouliez-vous vraiment céder la parole à M. Robinson?
M. Bob Speller (Haldimand—Norfolk—Brant, Lib.): Je peux rester. S'il doit partir, je lui cède la parole.
Le président suppléant (M. Pat O'Brien): Monsieur Robinson.
M. Svend Robinson: Merci, Bob.
Je tiens à remercier le ministre d'être venu témoigner et j'annonce aux membres du comité—et je suis sûr qu'ils vont en être navrés—que désormais je ne siégerai plus au sous-comité. Notre nouveau chef vient de nommer Bill Blaikie, porte-parole en matière de commerce et de mondialisation. Il vous revient donc, et je poursuivrai mon travail dans le domaine des droits de la personne sur le plan international. On m'a aussi demandé de m'occuper du dossier de la santé.
Mais je tiens à remercier le ministre d'être venu. Je sais qu'il s'intéresse depuis longtemps aux droits de la personne. Au fil des ans, j'ai travaillé sur nombre de dossiers avec lui, sur la Birmanie, notamment. Pendant les quelques minutes dont je dispose, c'est le sujet que je souhaite aborder avec lui.
Je souhaite également la bienvenue à MM. Mulroney et Sunquist.
À la Chambre, on a posé une question au ministre quant à l'éventuelle exécution d'un professeur sikh, Davinder Pal Singh Bhullar. J'ai moi-même posé une question au ministre à ce sujet. Je lui ai demandé de se joindre à Amnistie Internationale, à des groupes sikhs et à d'autres organisations, y compris des leaders de la communauté musulmane et hindoue, pour exhorter le gouvernement indien à commuer la sentence de mort du professeur Bhullar et à demander un nouveau procès équitable.
Je sais que le ministre a rencontré certaines personnes, les mêmes que moi, des gens du Lower Mainland de la Colombie-Britannique, y compris l'épouse de M. Bhullar. Je dois reconnaître toutefois que la réponse du ministre est incompréhensible. Il a dit: «Nous allons faire de notre mieux pour faire ce qui est approprié, ce qu'il faut faire pour les bonnes raisons»—et c'est Chrétien à son meilleur. Il a ajouté: «Faire ce qu'il faut faire pour les bonnes raisons pour Mme Bhullar».
Sauf le respect que je vous dois, ce n'est pas Mme Bhullar qu'on menace d'exécution. Ce n'est pas Mme Bhullar qu'on a envoyée d'Allemagne en Inde alors qu'on n'aurait pas dû, comme les autorités allemandes l'ont affirmé par la suite. Ce n'est pas Mme Bhullar qui a été traduite en justice en vertu des lois draconiennes sur la prévention des actes de terrorisme et de subversion.
Alors, avec tout le respect que je dois au ministre, je lui dis qu'il n'a pas du tout répondu à la question. Je veux lui donner l'occasion de le faire maintenant car je sais qu'il voudra en profiter pour rectifier les faits. J'exhorte le ministre à se prononcer là-dessus et je lui demande s'il est prêt à insister auprès du gouvernement indien pour que la peine de mort du professeur Bhullar soit commuée et qu'on demande un nouveau procès équitable.
Le président suppléant (M. Pat O'Brien): Avant que le ministre décide s'il souhaite répondre à la question, je tiens à rappeler à mes collègues qu'il est venu témoigner au sujet de l'amélioration des liens économiques entre le Canada et l'Asie. Personne ne met en doute l'importance de votre question, monsieur Robinson, mais elle dépasse largement le sujet de notre réunion. Pour être juste envers le ministre, je me dois de rappeler que c'est le sujet d'étude qui avait été fixé pour aujourd'hui. À vrai dire, je suis tenté de déclarer la question irrecevable, mais je vais m'en remettre au ministre, puisqu'il est là. À lui de décider s'il souhaite répondre à cette question qui déborde du sujet de la réunion et du contenu des documents qui ont été distribués.
Monsieur le ministre, vous êtes libre de répondre ou non à la question, et si vous souhaitez ne pas y répondre, nous vous comprendrons.
º (1615)
M. Svend Robinson: J'invoque le Règlement.
Le président suppléant (M. Pat O'Brien): Vous invoquez le Règlement, monsieur Robinson?
M. Svend Robinson: Je soumets que cette question est tout à fait recevable puisque l'une des préoccupations qui se posent dans les relations commerciales entre le Canada et des pays comme l'Inde et la Chine en particulier, c'est qu'on n'a pas suffisamment tenu compte des questions relatives aux droits de la personne. Nous examinons toutes les conséquences de ces relations commerciales, et l'une d'entre elles est justement les répercussions en matière de droits de la personne.
Ma question est donc parfaitement recevable, monsieur le président.
Le président suppléant (M. Pat O'Brien): Je vois le lien, mais à mon avis, à titre de membre du comité, j'estime que la question dépasse le cadre de ce qui était prévu pour cette réunion. Mais je vais m'en remettre au ministre, qui décidera s'il souhaite y répondre.
M. David Kilgour: Monsieur le président, M. Robinson, M. Blaikie et moi sommes tout ce qui reste de la promotion de 1979. Notre nombre a progressivement diminué au fil des ans et c'est amusant de voir que nous sommes les trois derniers. M. Robinson et moi avons siégé au Comité de la justice pendant quatre ans et nous nous connaissons donc bien—et également au Comité des ressources naturelles. J'ai beaucoup de respect pour le député et pour la question qu'il a posée.
S'il a obtenu une réponse aussi insatisfaisante—c'est bien ce que vous avez dit?—l'autre jour à la Chambre, c'est que j'essayais de ne rien dire qui puisse nuire à la cause que lui et moi défendons ardemment. Il sait tout comme moi que l'Inde comptera bientôt plus d'habitants que la Chine. C'est l'un des plus grands pays du monde. C'est aussi l'un des pays les plus importants, un pays dont la population et le gouvernement sont très fiers. Je viens de rentrer de l'Inde et je ne voulais rien dire à la Chambre, non plus qu'ici, qui puisse porter atteinte à la cause qui nous tient tous les deux à coeur. Toutefois, la diplomatie de coulisse vaut mieux que les déclarations provocantes qui risquent d'offenser quelqu'un, le gouvernement de l'Inde dans ce cas-ci. C'est pourquoi j'ai tenu de tels propos à la Chambre et c'est pourquoi je répéterai ces mêmes propos ici aujourd'hui.
Comme le sait M. Robinson, monsieur le président, j'ai rencontré ici l'épouse du professeur Bhullar—nous nous sommes tous les deux rendus ensemble au cabinet du premier ministre—et je l'ai également rencontrée à Calgary. Je puis vous assurer que je prendrai toutes les mesures qu'espère le député, que j'espère et qu'espèrent tous les membres du comité, c'est-à-dire faire commuer la sentence de son mari. Mais il faut trouver le moyen le plus efficace pour cela plutôt qu'un moyen qui pourrait être sûr ou satisfaisant au niveau de la forme.
M. Svend Robinson: Personne ne s'intéresse à la rhétorique. Ce que nous voulons, c'est sauver la vie de cette personne, qui a été condamnée à mort après avoir subi un procès qui, d'après bien des gens, comportait de graves défauts. En fait, la peine de mort a été imposée à la suite d'un verdict partagé.
M. David Kilgour [Notes de la rédaction: Inaudible]...jugement, monsieur Robinson?
M. Svend Robinson: Ai-je bien entendu le secrétaire d'État dire qu'il ferait ce qu'il peut pour que la peine de mort soit commuée?
M. David Kilgour: J'ai rencontré le haut-commissaire de l'Inde. Nous avons abondamment discuté de la question. C'est le but que nous recherchons tous, y compris mon collègue.
M. Svend Robinson: J'ai une autre question sur un autre sujet. Vous avez dit que l'Inde est un grand pays et un marché important. Nous ne voulons pas nous mettre ce pays à dos dans nos relations commerciales. C'est encore plus vrai, je présume, de la Chine. Publiquement, le Canada a maintenu un silence assourdissant en ce qui a trait aux violations des droits de la personne en Chine. Je parle plus particulièrement de la liberté de culte, du Falun Gong, etc., mais je voudrais mettre l'accent sur un autre cas.
À l'heure actuelle, la Chine possède plus de 350 missiles pointés vers Taïwan. Le Parlement européen a tenu un discours ferme à ce sujet, exhortant la Chine à cesser ses menaces envers Taïwan. Le gouvernement canadien est demeuré silencieux et je me demande si c'est à cause de nos relations commerciales ou pour d'autres raisons. Bon nombre de Canadiens sont très inquiets de la menace militaire accrue que la Chine fait peser sur Taïwan.
J'aimerais que le ministre me dise quelle est la position du Canada dans ce dossier. Quelle est la position du Canada à ce sujet et au sujet de Taïwan? Je sais que M. Mulroney nous a fort bien représentés à Taïwan.
Et au sujet de Taïwan, quand le Canada appuiera-t-il enfin la participation de ce pays à l'Organisation mondiale de la santé?
M. David Kilgour: Eh bien, monsieur le président, je vais laisser M. Mulroney répondre à cette partie de la question. Je dirai toutefois que le Canada a toujours exhorté Beijing et Taipei au calme. Comme vous venez de le dire, ce genre de tension entre les deux pays ne peut donner rien de bon dans la région et nous espérons qu'ils trouveront le moyen d'y mettre fin, tout comme nous espérons beaucoup que la Corée du Nord et ses voisins puissent mieux s'entendre.
Mais comme vous l'avez dit, M. Mulroney nous a représentés à Taipei pendant trois ans.
º (1620)
M. Svend Robinson: C'est le ministre qui témoigne ici. Je lui demanderai donc, avec le plus grand respect, de répondre à ma question sur la participation de Taïwan à l'Organisation mondiale de la santé. Nous ne reconnaissons qu'une seule Chine, nous le savons tous, mais pourquoi empêcherait-on les 23 millions d'habitants de Taïwan de participer à l'Organisation mondiale de la santé et pourquoi le Canada ne pourrait-il pas à tout le moins demander l'inscription de ce point à l'ordre du jour? Pourquoi, monsieur le ministre, votons-nous contre Taïwan lorsque ce dossier est examiné à l'Assemblée mondiale de la santé?
M. David Kilgour: Taipei a déjà accès à l'Organisation mondiale de la santé sans en être membre. Si tous les membres de l'OMS approuvent la participation de Taipei et que cette participation est possible, le Canada ne s'y opposera certes pas. Mais comme mon collègue le sait, monsieur le président, le problème c'est le pays qui représente 1,3 milliard d'habitants. Nous sommes persuadés que Taïwan n'est pas privée des avantages de l'adhésion à l'OMS. Elle a accès aux mêmes choses que tous les autres membres. Mais sa participation ne sera pas possible tant qu'elle ne sera pas acceptée par tous.
M. Svend Robinson: Je serai bref, monsieur le président. Ma dernière question porte sur un autre grand marché, celui de l'Indonésie. Il est intéressant de noter que Ken Sunquist était auparavant notre représentant en Indonésie. Ma question porte sur la façon de traduire devant les tribunaux les personnes qui se seraient rendues coupables de certains crimes horribles dans le Timor-Oriental, surtout dans les jours qui ont suivi immédiatement le référendum de 1999. Pour bon nombre d'entre nous, le gouvernement indonésien a fait preuve d'un laxisme honteux pour ce qui est de traduire ces personnes en justice. Dans bon nombre de cas, elles ont été acquittées, d'autres ont reçu des peines minimales. Mary Robinson, l'ancienne haute-commissaire des droits de la personne des Nations Unies, a exprimé son inquiétude à ce sujet. Quelle est la position du Canada en ce qui a trait au fait de réclamer des poursuites plus vigoureuses contre ceux qui auraient commis ces terribles crimes?
M. David Kilgour: Nous étions tous les deux membres du groupe des parlementaires qui s'intéressaient au Timor-Oriental. Ne vous êtes-vous pas rendu sur place?
M. Svend Robinson: Oui, c'est exact.
M. David Kilgour: Je suis désolé de ne pas avoir pu m'y rendre moi-même. Trois d'entre nous ont participé activement pendant 10 ans à ce groupe de parlementaires.
Étant avocat, monsieur le président, mon collègue sait très bien que nous ne pouvons pas nous ingérer dans le système judiciaire d'un autre pays. J'ai dit un peu plus tôt que l'une des choses que peut exporter partout le Canada, c'est la règle de droit. Et nous pouvons prêcher par l'exemple. L'ACDI dépense des sommes énormes pour favoriser la règle de droit dans d'autres pays où cette règle n'est peut-être pas aussi respectée qu'elle le devrait. Mais nous ne pouvons pas obliger un pays à faire ce que vous, moi ou mes collègues souhaiterions dans un dossier comme celui-là.
Nous ne sommes peut-être pas satisfaits de la situation, mais le Timor-Oriental a au moins obtenu maintenant son indépendance. Savez-vous combien d'argent nous dépensons au Timor-Oriental?
M. David Mulroney: Je devrai vous fournir plus tard la réponse à cette question.
M. David Kilgour: Nous vous communiquerons les chiffres. Nous essayons d'aider les habitants du Timor-Oriental à se doter d'un pays démocratique.
Le président suppléant (M. Pat O'Brien): Merci, monsieur Robinson.
Nous entendrons maintenant M. Speller, puis M. Calder.
M. Bob Speller: Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci, monsieur le ministre, d'être venu nous rencontrer aujourd'hui.
Dans votre discours, vous avez dit que la région de l'Asie-Pacifique «revêt une incroyable importance» et qu'elle offre des «possibilités phénoménales». Vous avez dit également qu'en Asie-Pacifique, «les débouchés qui s'offrent aux Canadiens se multiplient rapidement». Vous auriez pu prononcer le même discours pour un certain nombre d'autres régions au monde, et un autre ministre pourrait utiliser les mêmes termes.
Monsieur le ministre, en quoi l'Asie est-elle différente?
M. David Kilgour: Permettez-moi de vous donner des chiffres. Le comité a-t-il obtenu déjà les chiffres sur le commerce des marchandises, sur les investissements, sur les services, etc.?
Le président suppléant (M. Pat O'Brien): Oui.
M. Bob Speller: Je voudrais bien obtenir les chiffres sur les ressources que votre ministère consacre à cette région. Vous en parlez un peu plus loin.
Vous mentionnez également certains des problèmes. Je vais utiliser de nouveau vos propres termes: «Nous avons perdu des parts de marché aux mains de nos concurrents de toujours», «des débouchés demeurent à peu près inexploités», il y a des «lacunes dans l'information», «la marque distinctive du Canada en souffre» et «un grand nombre de nos entreprises traditionnelles n'ont pas une performance de bon niveau» et «l'avantage caché du Canada est encore trop bien caché».
Et puis, il y a bien sûr toute la question des ressources. Pourquoi n'investit-on pas davantage de ressources dans cette région?
º (1625)
M. David Kilgour: Les délégués commerciaux, entre autres, sont tout...
M. Bob Speller: Dans votre discours, vous avez parlé des ressources que le ministère investit pour faire la promotion du commerce canadien dans la région. Si l'Asie-Pacifique est une région aussi importante que vous le dites, où sont les ressources pour le prouver?
M. David Kilgour: J'espère que votre première recommandation sera d'accroître nos ressources dans cette région.
Je vais vous donner l'exemple de Guangzhou. Il y a trois ou quatre ans, nous avions six employés à Guangzhou. Il y en a maintenant plus de 38, pour la plupart des ressortissants chinois qui travaillent au consulat général. La province de Guangdong compte 195 millions d'habitants. Elle est située dans le delta du fleuve Pearl, comme vous le savez, et elle offre d'énormes débouchés. J'ai entendu dire qu'on avait signé 40 000 contrats dans cette province. C'est de là que vient notre gouverneure générale, ainsi que bon nombre de Canadiens. Il me semble que c'est tout naturel pour nous d'augmenter le commerce dans cette région. Et ce n'est qu'un exemple d'une province dans un pays.
M. Bob Speller: Puis-je mentionner un autre chiffre? Je comprends tous ces chiffres, mais celui dont je veux parler, c'est le chiffre deux, c'est-à-dire le nombre de personnes chargées de l'agriculture pour l'ensemble de la Chine.
Je remarque que l'agriculture n'est pas l'un des secteurs prioritaires que vous avez mentionnés, et pourtant je sais que le secrétaire parlementaire vient d'une localité agricole. En fait, c'est le cas de bon nombre d'entre nous, peut-être la majorité. L'honorable député du Bloc siège également au Comité de l'agriculture et il se demande probablement pourquoi nous n'investissons pas davantage de ressources pour favoriser ce secteur dans un marché aussi vaste que la Chine.
M. David Kilgour: Je suis absolument d'accord avec vous. Vous serez heureux d'apprendre que je suis sorti de Beijing pour visiter près de là une entreprise agricole productrice de semences où nous essayions de travailler davantage de concert avec les Chinois. Un employé de l'ACDI travaille à plein temps avec eux. On m'a dit qu'on avait amené plus de 800 porcs—c'est bien cela?—pour démarrer le troupeau et qu'un très grand nombre de porcs partout en Chine descendaient d'animaux canadiens.
Le même jour, on m'a expliqué comment fonctionnait la distribution du lait en Chine. Chaque agriculteur amène ses vaches dans un centre de traite, puis le lait est distribué. Cela fonctionne très bien.
Il me semble que les débouchés sont énormes, mais vous le savez mieux que moi. Vous avez réalisé une étude formelle sur les problèmes de la politique agricole au Canada. Nous venons d'une province qui, si je ne m'abuse, est celle qui a l'agriculture la plus diversifiée du pays. Croyez-moi, je suis entièrement d'accord avec vous.
Mais que devrions-nous faire à votre avis en matière d'agriculture, Bob?
M. Bob Speller: Tout d'abord, ce que vous avez dit de l'Ontario était vrai, mais ce serait...
Le président suppléant (M. Pat O'Brien): Je ne veux pas de chicane entre provinces ici.
M. David Kilgour: Désolé. Je vous prie de m'excuser.
M. Ken Sunquist: Si vous me permettez une observation, nous avons, je crois, des représentants commerciaux dans une vingtaine de pays de l'Asie-Pacifique. Nous pouvons vous donner des chiffres sur le nombre de Canadiens et d'employés recrutés sur place dans ces pays. Mais en fait, au cours de la dernière décennie, c'est probablement la seule région du monde où il y a eu une croissance du commerce, comparativement aux autres régions.
Deuxièmement, pour ce qui est des ressources consacrées au commerce des produits agricoles—il vaudrait peut-être mieux parler du commerce des aliments—vous avez tout à fait raison lorsque vous dites que deux personnes au Canada sont chargées du commerce agricole avec la Chine... En fait, le cadre stratégique pour l'agriculture qui a été présenté et que les députés ont adopté prévoit une augmentation des ressources qu'investiront en Chine le ministère du Commerce international et le ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire. Il y aura donc cet été des ressources supplémentaires, c'est-à-dire davantage d'employés recrutés sur place et de Canadiens. Nous sommes actuellement en train de choisir les gens.
L'essentiel, c'est de nous concentrer sur les secteurs où nous pouvons augmenter le plus le commerce. En Chine, en fait, le secteur le plus favorable, et celui qui connaît la croissance la plus rapide, est celui de l'agriculture et des produits de la mer. Nos exportations agroalimentaires, qui sont de 900 millions de dollars cette année, pourraient atteindre 4 milliards de dollars sur ce marché d'ici trois ou quatre ans. C'est de toute évidence le principal secteur que nous devons développer.
Mais comme toujours, c'est une question de ressources. Pour nourrir la Chine, nous devons nous retirer de l'Europe, des États-Unis ou de l'Amérique du Sud. C'est donc difficile, puisque nous n'avons pas de ressources supplémentaires en matière de commerce.
º (1630)
M. David Mulroney: Une dernière chose: la région de l'Asie-Pacifique représente environ 34 p.100 de nos ressources mondiales en matière de développement du commerce international, ce qui n'est pas mal.
De plus, quand on parle d'agriculture, on peut ne penser qu'aux deux Canadiens qui sont postés là-bas, mais on peut aussi penser au personnel recruté sur place. Dans les grands dossiers ou dans les grandes campagnes de promotion, on peut aussi compter sur la participation de l'ambassadeur et de l'attaché commercial—ce que Ken faisait auparavant. Lorsqu'il s'agit d'accès—que ce soit pour les légumineuses ou la viande—toute l'équipe s'engage.
Nous pourrions donc faire davantage, mais c'est considéré comme une priorité.
M. Bob Speller: Et ceux qui sont postés là-bas font de l'excellent travail, mais je dirai que la majorité des membres de notre comité estime que la question des ressources est prioritaire.
J'aimerais revenir à vous, monsieur le ministre, pour bien comprendre pourquoi la région de l'Asie-Pacifique est si importante?
M. David Kilgour: Parce qu'elle représente la moitié de la population mondiale et que ses économies se sont enfin remises de la grippe asiatique. Comme je l'ai dit plus tôt, nous avons des Canadiens partout dans la région de l'Asie et du Pacifique, en Afghanistan et ailleurs. Il y a des groupes au Canada qui devraient nous aider à nouer des liens avec cette région, en matière d'investissement, par exemple.
Vous savez mieux que moi que nos échanges commerciaux du côté de l'Atlantique remontent à il y a longtemps. Mais n'oublions pas que le Canada est ouvert sur le Pacifique, le sud et l'Atlantique. Il me semble que, pour toutes ces raisons, entre autres, un de nos meilleurs espoirs se situe à l'ouest.
Le président suppléant (M. Pat O'Brien): Merci, monsieur Speller.
Monsieur Calder, vous avez la parole.
M. Murray Calder (Dufferin—Peel—Wellington—Grey, Lib.): Merci beaucoup, monsieur le président. Soyez les bienvenus, David et Ken.
Il y a deux choses qui m'intéressent plus particulièrement et qui se rapportent aux questions de Bob Speller.
La Mongolie, par exemple, est une économie en pleine croissance qui offre toutes sortes de possibilités. J'estime donc que nous devrions créer dans les meilleurs délais un groupe d'amitié avec la Mongolie. Mais je me demande quelles possibilités d'échanges commerciaux vous explorez avec la Mongolie.
Deuxièmement, la Chine a entrepris la construction d'un gigantesque barrage sur le fleuve Yangtze, le barrage des Trois Gorges. Il sera probablement achevé vers 2008—peut-être un peu plus tard—et pourra produire en hydroélectricité autant que les États de l'Asie du Centre-Sud.
Le Canada pourrait profiter de la construction de ce barrage pour commercialiser sa technologie, ainsi que ses compétences en matière d'infrastructure, une fois que le barrage sera terminé, car on se mettra alors à produire de l'hydroélectricité, une technologie que nous connaissons bien.
M. David Kilgour: Je laisse le soin aux deux experts de répondre à votre question sur le barrage des Trois Gorges.
En ce qui a trait à la Mongolie, vous avez probablement rencontré le ministre du Commerce de la Mongolie lors de sa visite au Canada. Votre ministre a signé une entente avec ce pays il y a quatre mois.
Une autre délégation d'une quinzaine de personnes de la Mongolie est récemment allée à Saskatoon pour y rencontrer des représentants de l'Université de la Saskatchewan. Vous comprenez certainement que les économies de nos deux pays se complètent de façon extraordinaire.
Je crois aussi savoir qu'environ un tiers des troupeaux de vache de Mongolie est en difficulté ou a péri en raison de la sécheresse. Alors, comme vous l'avez fait remarquer, il y a bien des choses que nos deux pays pourraient faire ensemble. J'espère que la capitale la plus froide du monde sera l'une de vos destinations lors de votre premier voyage à l'étranger.
M. Ken Sunquist: La Mongolie est un petit pays dont les besoins sont grands. En fait, j'ignore si mes statistiques sont encore bonnes, mais le Canada a le plus grand nombre de petites sociétés minières actives en Mongolie. Manifestement, cela crée de l'emploi pour les gens de là-bas et apporte des investissements. Ces investissements sont aussi synonymes d'occasions d'affaires pour les entreprises canadiennes.
Au chapitre de l'agriculture et de l'agroalimentaire, nous avons été moins actifs en Mongolie dans le passé. J'ignore la valeur monétaire des programmes d'aide et de l'ACDI, mais il est certain qu'ils visent à aider les Mongoliens.
Je précise, monsieur le ministre, qu'Oulan-Bator est la capitale la plus froide, en effet.
Le barrage des Trois Gorges est un projet de longue date. Les aspects sociaux et environnementaux ont été débattus en Chine et ailleurs dans le monde, bon nombre d'études ont été menées et, en dernière analyse, on a décidé d'aller de l'avant.
Le Canada participe à ce projet dans les domaines liés à la production d'électricité: turbines, transmission et autres. L'ACDI y est aussi active; elle se penche sur l'incidence de ce chantier de construction sur la population locale et sur d'autres aspects du dossier.
Vous avez donc raison de dire que ce barrage changera fondamentalement la nature de la Chine intérieure. Les navires de haute mer pourront profiter des écluses, et c'est un progrès important. D'ailleurs, cela a amené le MAECI à ouvrir un bureau à Chongqing, un peu plus haut sur le Yangtze, car nous estimons que la modernisation du Yangtze mènera aussi à la modernisation de la Chine intérieure.
º (1635)
Le président suppléant (M. Pat O'Brien): Avant de céder la parole à M. Eyking, je signale que le greffier vient de m'indiquer—et je vous l'indique à mon tour, à titre d'information—que plusieurs ambassadeurs et diplomates des pays que nous espérons visiter dans le cadre de cette étude sont présents aujourd'hui. Nous leur souhaitons la bienvenue et nous les remercions de leur intérêt pour nos travaux.
Cette étude nous apparaît très importante, et c'est ce témoignage du ministre qui en constitue le coup d'envoi. Nous espérons pouvoir visiter vos pays dans le cadre de notre étude.
Merci, monsieur Calder.
Je cède la parole à M. Eyking.
M. Mark Eyking (Sydney—Victoria, Lib.): Merci, monsieur le président.
J'ai ici un article de Maclean's sur la Chine. On y dit que, il y a cinq ans, la Chine détenait 10 p. 100 du marché des électroménagers de l'Amérique du Nord et qu'elle en détient maintenant la moitié. On prétend dans cet article que la Chine est en voie de devenir l'usine du monde, que sa part des marchés ne cesse de croître.
Est-ce qu'on assiste en Chine à ce qui s'est passé au Japon il y a une trentaine d'années, et cette croissance aura-t-elle une fin? La Chine ne connaîtra-t-elle pas des problèmes sur le plan de l'électricité, de l'environnement ou des lois sur le travail? Est-ce que les fabricants nord-américains vont simplement baisser les bras et lui céder leur part du marché pour se lancer dans un autre secteur? Comment envisagez-vous l'avenir à cet égard?
M. David Kilgour: Je suis certain que chacun de nous trois voudra répondre à votre question, et j'espère que nos réponses seront assez semblables.
Vous soulevez là un point important. Par exemple, quelqu'un m'a dit, lorsque je suis allé au Japon, qu'on estime que les salaires en Chine représentent 10 p. 100 des salaires au Japon. La perspective de voir la province de Guangdong se transformer en ce qu'était Manchester au XIXe siècle est tout à fait terrifiante pour bien des gens dans la région de l'Asie-Pacifique.
Vous savez sans doute qu'on a fait en Chine cette année des investissements étrangers directs d'environ 58 milliards de dollars. Chaque année, 50 milliards de dollars US en investissements étrangers directs entrent dans ce pays. Cela représente beaucoup de nouvelles usines. Il y a des sociétés canadiennes qui en ont profité et j'ai vu leurs usines dans diverses régions de la Chine.
Mais nous avons une industrie de l'automobile. Au Canada, un emploi sur sept dépend du secteur de l'automobile, et je ne crois pas que ces emplois quittent le Canada pour la Chine parce qu'on fabrique des voitures en Chine. Nous devons conserver notre secteur manufacturier au Canada et ailleurs, et d'autres pays de l'Asie-Pacifique doivent en faire autant.
Il est certain que cela pose des problèmes. D'ailleurs, j'ai prononcé un discours sur ce sujet en Inde, devant des représentants des divers secteurs indiens lors d'une conférence sur les avantages de l'investissement en Chine par rapport à l'Inde, et la Chine comporte des problèmes. Tout n'est pas rose en Chine; ce n'est pas une région sans problèmes. Une électrice est venue me voir pour me dire qu'elle avait perdu toutes ses épargnes après avoir investi dans une entreprise en Chine, et son cas n'est pas unique.
David, voudriez-vous ajouter quelque chose?
º (1640)
M. David Mulroney: L'émergence de la Chine dont nous sommes témoins depuis dix ans, et tout particulièrement depuis cinq ans, est certainement le principal événement de la région de l'Asie-Pacifique... la Chine s'est révélée un véritable moteur de croissance. Il est certain que, dans cette région, c'est la Chine qui domine au niveau des investissements. D'autres pays dans cette région ont connu des changements dans la capacité de leurs usines, autant en Asie du Sud-Est, dans le nord de l'Asie dans une certaine mesure ainsi qu'à Taïwan.
Cela s'explique de deux ou trois façons. Le premier facteur est celui de la taille de l'assise manufacturière de la Chine. De plus, la Chine a amorcé toute une série de réformes économiques radicales et assez impressionnantes. De plus en plus, on essaie de nouvelles façons de faire. Si l'expérience s'avère concluante dans une ville ou dans une région, on l'applique à l'échelle nationale. Cela a mené la Chine à prendre très au sérieux, par exemple, les disciplines auxquelles elle doit se conformer pour accéder à l'OMC. Son bilan n'est pas parfait, mais la Chine a compris qu'elle ne pourra progresser qu'en réformant son cadre réglementaire.
Enfin, il n'y a pas en Chine comme ailleurs, un mouvement à la hausse des salaires. Le secteur manufacturier semble donc capable d'accroître ses capacités à l'infini sans que les salaires augmentent, et...
M. Mark Eyking: Est-ce parce que les paysans quittent leurs fermes? Deux tiers de la population vit dans une société agraire; est-ce que les Chinois délaissent l'agriculture pour aller vivre et travailler dans les villes, et est-ce que cela explique...?
M. David Mulroney: Il y a eu beaucoup de changements en Chine, des changements sociaux, et les gens peuvent dorénavant circuler plus librement. De nos jours, lorsqu'on prend la route express... Et je lisais justement, monsieur Calder, que la construction des routes express en Chine est en plein essor actuellement et cette expansion serait même légèrement supérieure à celle des années 50 aux États-Unis, à l'époque où on a construit le réseau autoroutier. Sur la route express qui quitte Shanghai et qui passe devant certaines villes du delta du Yangtze, vous pouvez voir des usines jusqu'à Nanjing, dont M. Kilgour a fait mention, des usines dont la majorité des employés viennent d'ailleurs.
Je crois que, pour la Chine, la protection de l'environnement est tout un défi. La dégradation de l'environnement inquiète les Chinois, surtout dans le nord, où l'on est conscient des problèmes que cela entraîne en matière d'eau, par exemple.
La Chine continue de faire face à des inégalités régionales. Certaines régions de la Chine, comme celle du delta du Yangtze—et cela comprendrait Shanghai et les quatre provinces avoisinantes—comptent autant de villes d'un million d'habitants que toute l'Europe, soit une population totale de plus de 200 millions d'habitants. Cette petite partie de la Chine ressemble à des parties beaucoup plus développées de l'Asie de l'Est.
À mesure qu'on se dirige dans les terres et vers le sud, les principales difficultés découlent des grandes inégalités de revenu. C'est le défi que le gouvernement chinois devra relever s'il veut progresser. Comment faire en sorte que tout le pays soit prospère, que faire de ceux qui ne font pas partie du miracle économique, ceux du nord-est, par exemple, dans les vieilles régions industrielles? Ce sont des défis non négligeables, mais la Chine demeure un concurrent dynamique.
J'ignore si Ken voudrait ajouter quelque chose...
M. Ken Sunquist: J'ajouterai peut-être une chose. Il est certain que l'urbanisation de la Chine revêt beaucoup d'importance. Nous venons de célébrer, le week-end dernier, le Nouvel an chinois, le Nouvel an lunaire. Certains ont affirmé qu'il y avait eu près d'un milliard de personnes en déplacement, parce que la culture veut qu'on rentre chez soi pour le Nouvel an chinois, ce qui a mis à rude épreuve le réseau de transport, notamment. Cela indique bien le degré d'urbanisation depuis environ 10 ans. Beaucoup de travailleurs des régions rurales vivent maintenant dans les zones urbaines et, comme l'a indiqué David, la pression pour une augmentation des salaires a diminué.
Il est aussi vrai que la forte création d'emplois en Chine a des effets positifs à l'extérieur de ce pays. Il y a quelques années, la création d'emplois est passé du Japon pour aller vers la Corée, puis à Taïwan et en Chine. Je crois qu'à l'heure actuelle, c'est Taïwan qui est le plus important investisseur en Chine. Cela entraîne des mouvements vers d'autres pays comme le Vietnam.
Je ne crois pas qu'on devrait s'inquiéter si les importations d'articles de table passent de 10 à 50 p. 100, comme vous l'avez indiqué, je crois, parce que ce secteur n'intéressera pas le Canada ni les entreprises canadiennes. C'est un genre différent d'activité et je ne crois pas que cela devrait nous inquiéter.
Par ailleurs, nous ne devrions pas nous concentrer seulement sur la Chine. Ce sera peut-être le pays dominant pendant les quelques années à venir dans cette région, mais je sais que votre comité s'intéresse à d'autres pays. J'espère que vous irez au Japon, en Chine et ailleurs en Asie du Sud-Est et en Inde. Quelle que soit la stratégie que le Canada ou que notre gouvernement envisage, elle devrait tenir compte de l'existence de créneaux dans chacun de ces marchés pour nos entreprises canadiennes.
Oui, l'hydroélectricité en Chine est intéressante, mais il y a aussi l'énergie nucléaire en Corée et en Chine, ainsi que l'agriculture dans cinq ou six pays. Il faut examiner tous les secteurs et ce qu'ils peuvent nous apporter; c'est vraiment très intéressant et c'est pourquoi nous y avons affecté des ressources récemment. Le ministre Kilgour a affirmé que nous n'avons pas suffisamment de ressources, mais il est vrai que c'est l'Asie-Pacifique surtout qui a vu ses ressources croître.
º (1645)
M. Mark Eyking: J'ai encore deux courtes questions. Premièrement, si des fermiers délaissent l'agriculture, est-ce que cela ne fait pas de la place pour les agriculteurs canadiens, surtout si ces fermiers chinois s'en vont vivre dans des régions urbaines où leurs goûts et leurs besoins ne seront peut-être pas les mêmes?
Deuxièmement, j'ai une question sur la Corée du Nord. Est-ce que la Chine est véritablement liée à la Corée du Nord et, compte tenu de la situation actuelle, la Chine appuierait-elle inconditionnellement la Corée du Nord?
M. David Kilgour: Pour répondre à votre première question, j'espère que vous irez à cet endroit que j'ai mentionné près de Beijing. J'y ai appris pendant ce voyage qu'il y a maintenant quelque 150 à 200 millions de petits agriculteurs qui n'ont plus de travail en Chine. Je suppose que c'est une des conséquences...
M. Mark Eyking: C'est une des conséquences de la mécanisation des exploitations agricoles.
Le président (M. Pat O'Brien): Monsieur Mulroney, vous avez la parole.
M. David Mulroney: On espère que la Chine donnera un bon exemple et servira de modèle à la Corée du Nord. Avant la crise, la Corée du Nord avait exprimé l'intention d'imiter les réformes économiques et les mises à l'essai poursuivies par la Chine. C'est un élément très positif.
Ce que la Corée du Nord doit comprendre, c'est que la Chine a entrepris une telle démarche avec les réformes de Dong Chow Ping il y a plus de 20 ans. Elle s'est d'abord attaquée au secteur agricole et aux villes côtières. Le cap a été maintenu.
Certains éléments de la société de la Corée du Nord comprennent cela et reconnaissent qu'il y a de bons modèles à imiter, mais il va falloir des changements en profondeur chez les dirigeants pour que soit adoptée cette approche réformiste.
Le président suppléant (M. Pat O'Brien): Merci, monsieur Eyking.
Monsieur Simard, vous avez la parole et ensuite je poserai quelques questions moi-même. S'il y a d'autres questions, nous verrons.
Monsieur Simard, s'il vous plaît.
Mr. Raymond Simard (Saint Boniface, Lib.): Merci beaucoup, monsieur le président.
Bienvenue, monsieur le ministre. Je suis désolé de ne pas avoir entendu votre exposé liminaire. Je vais peut-être aborder des questions que vous avez déjà soulevées.
Dans ma circonscription, il y a beaucoup d'entreprises technologiques qui sont prêtes à prendre de l'expansion. D'habitude, elles se tournent vers les endroits où c'est le plus facile. Par exemple, vers les États-Unis, l'Europe, et même l'Europe de l'Est.
Pour une petite entreprise, l'Asie semble être au bout du monde. Elle semble être un marché inaccessible. Malgré tous les débouchés que l'Asie offre, ces petites entreprises se disent que cela demande trop d'efforts.
Voici quelques questions.
Est-il juste de dire que cela est vrai en règle générale d'un bout à l'autre du Canada? Le gouvernement du Canada prend-il des mesures pour que l'Asie devienne un marché plus attrayant et plus accessible pour nos entreprises? Nos grandes entreprises ont la possibilité de s'adapter plus facilement, mais les petites auront du mal à percer sur ce marché et à s'adapter à toutes les difficultés qu'il présente.
Ce sont mes questions.
º (1650)
M. Ken Sunquist: Je pourrais peut-être commencer.
Premièrement, l'une de nos tâches principales consiste à aider les entreprises à décider si elles veulent s'attaquer à un nouveau marché; nous devons donc nous assurer que les informations sur les marchés sont acheminées aux entreprises pour qu'elles déterminent si les marchés indonésiens, indiens, chinois ou japonais présentent un intérêt.
Je pense donc que vous avez entièrement raison. Dernièrement, au ministère et au sein de ce que j'appelle la grande Équipe Canada, qui comprend 23 ministères tous résolus à aider les entreprises à exporter à l'étranger, nous avons consacré notre énergie à un système de diffusion des informations aux entreprises. Deuxièmement, les programmes actuels ont pour but d'aider notamment les PME à accéder à ces marchés difficiles, à ouvrir les portes.
Je vais vous citer l'exemple du Service des délégués commerciaux. Il y a 20 ans, nos délégués commerciaux traitaient avec environ 500 sociétés. Nous connaissions chacune de ces sociétés et inversement. Il s'agissait des grandes entreprises.
Aujourd'hui, nous avons 11 000 clients, soit des entreprises des quatre coins du Canada qui exportent activement et de façon continue. Beaucoup d'entre elles sont des PME. Comme elles n'ont pas de vice-président du développement des affaires, du marketing ou des finances, elles requièrent davantage d'aide de notre part, que ce soit les provinces ou le gouvernement fédéral, pour s'assurer qu'elles obtiennent les informations dont elles ont besoin. Cela fait partie de nos fonctions.
M. Kilgour a parlé d'une mission qu'il y a menée. Le ministre Pettigrew a pour sa part dirigé une mission en Inde. Divers ministres provinciaux ont également travaillé pour inciter les sociétés à ouvrir les portes. La toute première Équipe Canada, accompagnée du Conseil de commerce Canada-Chine, a été à Beijing en 1994 pour ouvrir les portes du commerce.
C'est donc le rôle des ministres et des provinces d'entrouvrir ces portes, surtout pour les PME, parce que les grandes sociétés ont toujours accès au marché. Nous aidons les petites entreprises, qui en ont besoin. Cela dit, c'est une entreprise coûteuse et dans certains cas il est préférable de ne pas se lancer sur un nouveau marché. Cela vaut la peine uniquement si l'entreprise en question peut s'engager financièrement à long terme.
Toutes ces questions sont importantes et il faut avoir recours à la technologie au Canada, aux nouveaux programmes comme les délégués commerciaux virtuels et les sites Web. Je pense que 80 p. 100 des sociétés au Canada ont accès à Internet, quel est donc le meilleur moyen de leur acheminer les informations?
Je travaille partout dans le monde, mais ce qui me frappe particulièrement dans mes relations avec la région de l'Asie-Pacifique, c'est l'enthousiasme et l'entrepreneurship qui s'en dégagent. Un grand nombre de sociétés canadiennes ont découvert la région et ce n'est pas les marchés traditionnels qu'elles pénètrent, mais les nouveaux secteurs, à savoir la technologie.
Pour finir, une expérience inhabituelle... Hier, j'ai discuté avec le Groupe de travail du premier ministre sur les femmes entrepreneures. C'était vraiment merveilleux, on a effectué un sondage sur toutes les femmes entrepreneures au Canada, et on a constaté, comme on s'y attendait, qu'après toutes les entreprises canadiennes, les États-Unis constituaient le marché le plus important. Ce qui nous a surpris par contre, c'est qu'on s'attendait à ce que le deuxième marché soit le marché européen. Mais ce n'était pas le cas, c'était plutôt l'Asie-Pacifique. Je ne peux pas vous expliquer ce phénomène sauf en disant qu'il s'agit peut-être de relations familiales, mais on a constaté que pour les femmes entrepreneures, l'Asie était le deuxième marché avant l'Europe, l'Amérique du Sud, etc.
On remarque que les PME, en particulier, s'intéressent à ce marché car il s'agit essentiellement d'un marché au comptant. Il y a sûrement des questions d'assurance, mais il ne faut pas toujours passer par le financement. C'est un marché stable comme l'a dit plus tôt M. David Mulroney. La crise asiatique est terminée. Il y a beaucoup d'occasions à saisir.
Très franchement, je pense qu'après les attentats du 11 septembre, les sociétés canadiennes ont pris davantage de risques. Elles saisissent les occasions qui se présentent parce que la concurrence n'y est plus aussi féroce qu'elle l'était; par conséquent, les entreprises canadiennes sont actives en Asie-Pacifique.
J'espère que cela vous est utile.
º (1655)
M. David Kilgour: Pourriez-vous envoyer une lettre alors, Ken ou quelqu'un d'autre, pour voir si ces entreprises souhaitent...?
M. Ken Sunquist: Absolument, si cela peut aider.
Le président suppléant (M. Pat O'Brien): Merci.
Je voudrais poser quelques courtes questions et voir ensuite s'il y a d'autres collègues...
Monsieur le ministre, j'ai eu l'occasion—une fois, jusqu'ici—d'aller en Asie. Je suis allé à Shanghai, à l'APEC, il y a un an en juin. Je représentais le ministre Pettigrew. Cette expérience avec l'APEC a été fascinante pour moi. Il y a une entreprise de London, deux entreprises en fait, qui font des affaires là-bas et qui sont en difficulté. J'ai parlé au maire de Shanghai et au représentant du ministère chinois des Affaires étrangères et de la Coopération économique, etc., et j'ai essayé d'intervenir, comme le font souvent les députés.
Ma question n'est pas liée à cette situation particulière. Je pense que finalement, ces entreprises ont réussi à enregistrer des progrès. Mais elles parlaient de la frustration énorme qu'elles éprouvaient à cause de la lenteur de la bureaucratie et de la bureaucratie elle-même. Le mot «corruption» n'a pas été prononcé, mais je soupçonne qu'elles avaient des préoccupations à ce sujet.
Je me demande si vous pourriez nous dire à quel point ce problème est réel. Est-ce qu'il représente un obstacle? Est-ce qu'il est particulier à la Chine, ou est-ce un phénomène qui touche l'Asie de manière générale? Est-ce qu'il a été exagéré ou est-ce que c'est un vrai problème? Comment faire la part des choses?
Peut-être que votre électeur, monsieur le ministre, a perdu un paquet. Peut-être que le message que la Chine n'est pas un endroit où l'on peut dépenser peu d'argent et s'attendre à des progrès rapides s'est répandu parmi d'autres Canadiens. En fonction de votre expérience, pouvez-vous nous dire ce qu'il en est?
M. David Kilgour: Je ne sais pas ce que je peux dire à ce sujet de manière officielle, monsieur le président. Peut-être pourrais-je vous envoyer une copie du discours que j'ai donné sur l'Inde? On traite de cette question de manière assez diplomatique.
Le président suppléant (M. Pat O'Brien): D'accord. Ce serait parfait.
M. David Kilgour: Mes deux collaborateurs en savent beaucoup plus que moi.
Le président suppléant (M. Pat O'Brien): Je comprends. Si l'un d'entre vous veut formuler un commentaire, il sera le bienvenu.
M. David Mulroney: C'est un problème. C'est toujours un marché difficile d'accès. Il existe des obstacles divers, notamment les problèmes de bureaucratie.
L'aspect positif, si on regarde 15 ans ou 20 ans en arrière, c'est que la situation s 'améliore constamment. Sur le plan régional et sectoriel, notre capacité à avoir réparation, à avoir des recours et à nous assurer l'accès au marché s'améliore. Il y a des outils que nous pouvons utiliser. Parfois, c'est le système chinois, parfois, ce sont les cabinets juridiques, les comptables, et autres. Nous recommandons aussi aux gens de participer à des conseils d'entreprise, par exemple, où l'union fait la force. La route est longue et difficile.
Il faut aussi être conscient qu'il y en a d'autres qui prendront la relève. La route sera longue et difficile, mais ce marché sera un des plus dynamiques dans l'avenir. C'est pourquoi, comme Ken le disait, nous consacrons de plus en plus de temps à l'information sur les exportations, à la sensibilisation au Canada, pour que les gens soient prêts. Parfois le message, c'est que la Chine est un marché trop difficile, alors pourquoi ne pas essayer Hong Kong d'abord, ou un autre tremplin plus accessible? Mais nous constatons des progrès.
Ken, vous étiez dans la section commerciale. Vous voulez sans doute rajouter quelque chose.
M. Ken Sunquist: Au sujet de la corruption en Asie-Pacifique, elle a probablement été un peu exagérée par les médias. Cependant, il existe des organismes tels que Transparency International, qui classe 100 pays en fonction du degré de transparence. En Chine, on en a beaucoup parlé, parce qu'elle était classée 100e—la dernière—il y a deux ans et qu'elle est aujourd'hui au 98e rang. C'est une amélioration relative. C'est quelque chose que nous surveillons et dont nous parlons à nos entreprises assez souvent.
Je ne vais pas nommer l'entreprise, mais nous devrions être fiers au Canada de nos valeurs et de notre éthique. Je pense, que de pair avec l'exportation de nos biens et services, il y a ces valeurs. Il y avait une grosse entreprise canadienne qui faisait des affaires en Chine et qui avait une directive pour son personnel de gestion. L'entreprise avait dit qu'elle pourrait faire ce qu'elle voulait sur le marché chinois, si elle acceptait que cela paraisse le lendemain à la une du Globe and Mail. C'était un bon test, car il couvrait à la fois les aspects juridiques et ce que le public était prêt à accepter au Canada. Voilà ce que les entreprises canadiennes font en matière d'investissements, de relations commerciales, et autres.
Lorsqu'on a participé au projet des Trois Gorges, M. Robinson travaillait assez activement sur certains problèmes entourant ces questions. Je pense que les entreprises canadiennes ont écouté et ont voulu s'assurer qu'elles prenaient la bonne décision.
Oui, il y a de la corruption en Asie. Je ne dirai pas quel pays est pire ou meilleur, mais il y a des problèmes évidents là-bas. Le Canada a une réputation à défendre. Certains pourront dire que c'est de la naïveté, d'autres que nous voulons exporter nos valeurs et nos traditions, mais je pense que c'est important que nous continuions à le faire.
» (1700)
Le président suppléant (M. Pat O'Brien): Je comprends cela.
Je ne veux pas trop insister. La frustration tenait en partie à la bureaucratie et à la lenteur.
J'aimerais parler de l'utilisation de nos compétences et de notre caractère multiculturel, comme vous l'avez mentionné dans votre déclaration, monsieur le ministre. Je ne pense pas que nous le fassions suffisamment. Mes nombreux amis canadiens, originaires d'Asie ou non, qui sont nés ailleurs dans le monde et qui vivent maintenant ici me disent que nous devons utiliser davantage notre caractère multiculturel.
De façon spécifique, comment le faisons-nous? Le gouvernement doit-il se montrer plus proactif—peut-on dire—en recrutant des Canadiens? Nous parlons de l'Asie. Ne devrions-nous pas utiliser plus efficacement les compétences et les liens des citoyens canadiens originaires d'Asie pour essayer de faire des affaires dans cette région du monde? Comment nous y prenons-nous?
M. David Kilgour: Pour répondre brièvement, bien sûr, disons que oui. Je sais que si vous allez à Beijing, vous y rencontrerez une jeune femme de Toronto dont la famille était originaire de Chine. Un de nos agents commerciaux vient aussi de la Chine.
Mes collègues qui sont au ministère depuis beaucoup plus longtemps que moi vous diront que les choses s'améliorent, mais il nous reste encore beaucoup à faire. Si vous pouvez persuader le centre, comme on dit, de nous laisser embaucher davantage de gens, pouvons-nous leur garantir que nous embaucherons davantage de Canadiens d'origine asiatique? Nous aimerions certainement le faire.
M. David Mulroney: Je pense que nous commençons à voir que certaines choses changent. Si l'on pense à certains des investissements qui viennent de l'Asie du Sud, par exemple, ils sont effectués par des gens qui connaissent très bien le Canada, qui peuvent y avoir étudié ou vécu pendant un certain temps et qui ont conservé des liens d'affaires ici. Nous constatons qu'il y a beaucoup d'investissements de ce genre dans le secteur de la haute technologie.
Il y a aussi beaucoup de gens qui peuvent vivre dans des endroits comme Hong Kong ou Taïwan et qui ont un style de vie plutôt international. De plus en plus, ils consacrent une partie de leur temps à la gestion d'une usine en Chine, et le reste du temps ils peuvent se trouver dans des endroits comme Vancouver, Toronto ou Montréal. Nous constatons par exemple qu'il y a quatre ou cinq associations d'entrepreneurs et d'investisseurs de Taïwan qui ont entrepris d'établir de nouveaux réseaux et qui tendent la main à des gens au Canada qui sont animés d'une même volonté.
Il faut donc nous montrer innovateurs et voir comment nous pouvons nous mettre en contact avec ces réseaux et travailler avec eux. Comme le ministre l'a dit au début, je pense que cet avantage commence à nous rapporter des dividendes.
Le président suppléant (M. Pat O'Brien): Monsieur le ministre, je ne souhaite rien de mieux que de voir davantage de ressources allouées au Commerce international et à votre ministère, parce que le rendement est là. Quiconque examine notre situation en matière d'emploi sait bien que nous sommes un pays exportateur. Je ne pense toutefois pas que nous ayons suffisamment d'effectifs. Je ne sais pas comment on peut acquérir plus de ressources ces temps-ci, mais je pense que nous devons continuer de faire valoir cet argument. Peut-être pourrions-nous examiner cet aspect dans le cadre de notre étude.
J'aurais plusieurs autres questions à poser, mais je vais me contenter d'en poser une dernière et voir si nos collègues ont d'autres questions à poser. Il s'agit des barrières commerciales, de l'ouverture de nos marchés à des choses comme les textiles, par exemple.
Monsieur le ministre, tout comme moi, vous avez entendu nos collègues à notre caucus... sans vouloir révéler de secrets, mais cela a aussi été abordé à la Chambre. Je pense que tous les partis ont soulevé des préoccupations au sujet de l'ouverture de nos marchés. Je pense que nous devons le faire; je suis en faveur de cela quant à moi. Je pense que nous devons joindre le geste à la parole. Je ne pense pas que les Canadiens pris dans leur ensemble accordent au commerce international un soutien conditionnel, tout au moins pour ce qui est des gens de mon comté... Ils ne veulent pas qu'il y ait de perdants; il veulent vraiment que les pays démunis, si l'on veut les appeler ainsi, bénéficient d'un système commercial ouvert et mondialisé. Ils redoutent cependant quand même que le Canada perde des emplois, et je suppose que ces craintes sont fondées.
On craint aussi que la Chine prenne le dessus. Je ne veux pas du tout m'en prendre à la Chine, mais on m'a dit que la Chine, ou certaines des grandes nations d'Asie, pourrait vouloir profiter de la situation pour accaparer une plus grosse part que ce qui devrait lui revenir, empêchant ainsi des nations moins développées d'en profiter vraiment.
Si je ne me suis pas trop éparpillé, je me demande si vous pourriez me répondre.
» (1705)
M. David Kilgour: Eh bien, si vous le voulez bien, je pourrais vous en donner trois.
Une voix: Oh, oh!
M. David Kilgour: Je crois que certains d'entre vous ont rencontré le ministre Sutton de la Nouvelle-Zélande l'autre jour. Il a dit que les pays dits industrialisés ou les pays donateurs consacrent chaque année environ 50 milliards de dollars à l'APD et dépensent environ 250 millions de dollars US à la promotion de leurs exportations. Cette dernière dépense annule l'effet de l'autre dans une large mesure dans de nombreux pays, de l'Afrique à l'Amérique latine en passant par les Antilles.
Je ne sais pas si vous avez l'intention de vous rendre au Bangladesh, J'espère que oui, parce que si vous allez à Dacca, vous verrez qu'il y a là 2 millions de femmes qui gagnent de 2 à 3 $ par jour. Mais au moins elles ont de quoi manger et une chambre qu'elles partagent. Si vous vous promenez dans les rues à 4 heures, vous verrez toutes ces femmes rentrer chez elles, c'est des plus impressionnants. Comme vous le savez, Pat, si nous n'avions pas haussé les tarifs et les quotas, je ne sais pas combien de ces femmes seraient sans emploi. Si je ne me trompe pas, pour ce qui est du secteur du vêtement, notre commerce avec le Bangladesh est de l'ordre de 170 millions de dollars par année, et est-ce que notre secteur du vêtement ou du textile dans son ensemble ne représente pas quelque chose comme 10 milliards de dollars? C'est donc une toute petite partie de l'industrie.
Tout le monde avait prédit que nos tailleurs feraient faillite avec la conclusion de l'ALENA. Si je comprends bien, les ventes des tailleurs à Montréal, à Toronto et à Winnipeg ont largement augmenté.
Toujours à propos du commerce, il peut améliorer la vie des gens, leur permettre de vivre décemment. Qui plus que le Canada en a bénéficié? Nous pouvons aider beaucoup de gens de la région de l'Asie-Pacifique à avoir un niveau de vie décent et cela en commerçant davantage avec ces pays et, si j'ose dire, en augmentant l'APD. Je ne sais pas si le comité veut recommander que nous haussions notre APD à 0,7 p. 100, mais j'espère que vous le ferez.
Le président suppléant (M. Pat O'Brien): Nous pourrions le préconiser, c'est vrai.
Monsieur Mulroney, avez-vous quelque chose à ajouter?
M. David Mulroney: La prochaine ronde de négociations commerciales portera sur le développement, et je sais que quand les ministres du Commerce de l'APEC se sont réunis à Los Cabos, ils ont passé beaucoup de temps à réfléchir sur la signification de la réduction des barrières tarifaires et l'effet considérable de cette réduction sur le développement économique.
Parallèlement à cela, nous veillons de très près à nous assurer, que ce soit au sein de l'OMC ou dans le cadre d'ententes commerciales, que tout le monde joue franc jeu, et le fait est que nous avons des règles équitables et transparentes qui s'appliquent à tous. D'une part, je pense que nous pouvons rallier davantage de gens au système commercial mondial, mais d'autre part, nous veillons à ce que tous respectent les règles. Si certains les enfreignent, nous nous en occupons. C'est ainsi que nous traitons de certaines questions qui se posent dans le secteur agricole et dans d'autres secteurs dans la région de l'Asie-Pacifique et nous travaillons bilatéralement ou multilatéralement pour préserver les intérêts du Canada.
Le président suppléant (M. Pat O'Brien): Merci.
Est-ce que je peux vous poser une dernière petite question, puisque personne d'autre ne souhaite le faire?
Lorsque j'étais à Shanghai, j'ai eu la chance d'aller à... je ne peux pas prononcer le nom de ce village. C'était à 45 minutes de Shanghai. Je suis allé voir le réacteur CANDU, c'était le premier que je voyais. C'était fascinant. En plus, j'ai pu voir une partie de la campagne chinoise, pas seulement la grosse ville, ce qui était fascinant.
Comment est perçu le réacteur CANDU en Asie, de manière générale? Y a-t-il un potentiel pour d'autres réacteurs? Je pense que pour la Chine seulement, nous pourrions probablement en construire 30 autres. Qu'en est-il des autres régions de l'Asie?
M. David Kilgour: Je suis allé au même endroit que vous. Comment cela s'appelait-il? Qinshan, c'est ça.
Il s'agit d'un réacteur CANDU de 4 milliards de dollars. Pendant mon séjour, les personnes du réacteur CANDU essayaient d'obtenir un autre contrat, et le représentant chinois avait dit que si cette installation fonctionnait bien, il l'agrandirait probablement ou en construirait une autre.
J'ai cru comprendre, et j'espère que mes collaborateurs ne vont pas me contredire, qu'elle fonctionnait très bien. Je pense que c'est juste de dire que si le combustible épuisé d'un réacteur nucléaire tient dans une valise, l'équivalent en gaz à effet de serre serait énorme, ce serait une pollution importante.
Cela dit, tout le monde ici sait que les installations nucléaires sont très controversées. Quant à savoir si nous aurons 36 réacteurs additionnels, peut-être qu'un de mes collaborateurs pourrait me le dire.
» (1710)
M. Ken Sunquist: Je pense que ça a été un réel succès pour le Canada, pas seulement pour les réacteurs nucléaires de l'EACL, mais aussi pour plusieurs firmes d'ingénierie de Montréal et de Toronto, les sous-traitants, et tous les autres.
Un peu plus tôt, il y a eu une question au sujet du branding, de l'image de marque. D'une certaine façon, c'est ce que l'on fait en Corée, où nous avons quatre réacteurs. En fait, c'est comme ça que les gens se sont rendu compte que le Canada était un pays de haute technologie, parce que c'était un projet d'envergure.
C'est la même chose pour la Chine. Le problème n'était pas de commercialiser un réacteur nucléaire, mais plutôt de leur faire comprendre que le Canada avait la technologie nécessaire pour cela. C'est un point d'ancrage pour d'autres secteurs également. Alors je pense que cela nous aide à être perçus comme une nation de haute technologie.
Deuxièmement, effectivement, les besoins d'alimentation en électricité pour la Chine—et pour toute l'Asie—augmentent de manière exponentielle à cause de la demande. D'ailleurs, on dit pour plaisanter à propos de Singapour, qu'elle sera la première ville à être totalement climatisée. Ils installeront un couvercle dessus.
L'industrialisation de tous ces pays se fait si rapidement. Il y a vingt ans, on ne connaissait pas la climatisation en Thaïlande, et aujourd'hui, Bangkok, une ville magnifique...
Alors, oui, il y a probablement une demande. Je ne suis pas le mieux placé pour savoir quels sont les projets de l'EACL ou encore les possibilités réalistes qui existent. Il y a des projets d'envergure qui demandent le plein soutien du gouvernement par le biais d'Exportation et développement Canada. C'est la responsabilité du gouvernement.
Je sais que le premier ministre s'est occupé d'énergie nucléaire pendant plusieurs années. En fait, quand il était ministre de l'Énergie, je pense qu'il a lancé le premier réacteur CANDU en Corée il y a une vingtaine d'années.
Cela a été une porte d'entrée en Asie dans plusieurs secteurs, pour le Canada.
Le président suppléant (M. Pat O'Brien): Merci beaucoup, monsieur Kilgour, merci à vos collaborateurs. Au nom du comité, je vous remercie d'avoir témoigné devant nous aujourd'hui et de nous avoir aidés à commencer cette étude avec une discussion intéressante.
Nous essaierons de vous tenir au courant. Nous sommes ouverts à une participation continue, parce que nous cherchons à faire un travail utile et pertinent.
M. David Kilgour: Dites-nous s'il y a quoi que ce soit que nous pouvons faire, et ce sera fait aussi vite que possible.
Le président suppléant (M. Pat O'Brien): Merci beaucoup.
Chers collègues, pour finir, si vous voulez vous pencher sur cette question pour quelques minutes, il s'agit de la liste provisoire des témoins pour cette étude. Comme je l'ai dit au début, elle n'est pas définitive. Je suis ouvert aux suggestions. Je sais que M. Casey a déjà suggéré à nos attachés de recherche que l'on ajoute des témoins du Canada atlantique. Si vous avez des suggestions maintenant, nous sommes prêts à vous écouter, sinon vous pourrez les envoyer au greffier ou aux attachés de recherche directement.
M. Rick Casson: Monsieur le président, combien de temps, combien de réunions allons-nous consacrer à cette étude? Quel est notre échéancier?
Le président suppléant (M. Pat O'Brien): C'est une bonne question. En avez-vous une idée, Gene?
Le greffier du comité: Nous devons voyager. Je crois qu'il y aura des tables rondes, alors nous essaierons d'en avoir autant que possible, peut-être quatre ou cinq en même temps pour deux ou trois heures. Je sais que nous ne pourrons pas tout couvrir.
M. Rick Casson: Nous n'avons pas de date butoir précise avec laquelle on peut travailler?
Le président suppléant (M. Pat O'Brien): Il y a un calendrier provisoire ici que je peux vous communiquer. Le président pense que l'on pourrait siéger chaque semaine. On pourrait tenir une autre réunion juste avant le voyage si les membres du comité le souhaitent. Ensuite, il y a le voyage lui-même.
M. Rick Casson: Monsieur le président, j'ai deux noms ici, et ces personnes m'ont confirmé être intéressées. Je sais que M. Duncan n'est pas ici aujourd'hui, mais il aura peut-être des témoins à proposer également, alors est-ce que nous pourrions dresser une liste complète et inclure ces personnes dans les prochains jours?
» (1715)
Le président suppléant (M. Pat O'Brien): Bien sûr, faites donc. Il est possible qu'après que chacun aura inscrit ses suggestions, le comité doive établir des priorités et dire: voici les 20 témoins que nous allons entendre, par exemple.
Monsieur Berg.
M. Peter Berg (attaché de recherche auprès du comité): Si je peux ajouter quelque chose, j'ai essayé de regrouper les différents témoins. Il y a plusieurs témoins du gouvernement que nous pourrions encore entendre, notamment des hauts fonctionnaires, si vous voulez que ceux-ci reviennent un moment donné dans le processus. Exportation et développement Canada a été mentionnée, et je pense que ce serait excellent. Il y a l'Agence canadienne de développement international, nous avons parlé de l'APD et de la Commission canadienne du tourisme, tout cela étant fédéral.
Il y a aussi un groupe qui s'appelle la Fondation Asie-Pacifique du Canada à Vancouver, qui est un groupe de réflexion du gouvernement fédéral très actif. Il y a également plusieurs groupes d'entreprises canadiennes, groupes de coordination ou groupes sectoriels, ainsi que plusieurs conseils d'entreprises canado-asiatiques que nous pourrions inviter.
Il y a les ambassadeurs. Nous pourrions déjeuner avec les ambassadeurs si vous le souhaitez, et faire participer toute une série d'entreprises à des tables rondes, par exemple, pour voir ce qui a fonctionné et ce qui n'a pas fonctionné en Asie, où sont situées ces entreprises et pourquoi, ce qui peut être amélioré, etc. C'est une étude pratique pour élargir notre commerce.
C'est à peu près tout.
Le président suppléant (M. Pat O'Brien): Très bien. Je pense que la situation va évoluer. Si nous constatons que cette étude est un peu plus intensive que nous le pensions, il nous faudra peut-être organiser des réunions supplémentaires, selon l'emploi du temps de chacun. Je pense que c'est un travail d'envergure.
Oui, Raymond.
M. Raymond Simard: Les réunions sont-elles prévues les mercredis à 15 h 30?
Le président (M. Pat O'Brien): Voici ce que je vous propose: je vais demander au greffier de me rappeler de dire au président de traiter de la question de l'heure, du jour et de la fréquence des séances lors de la prochaine réunion.
Merci, chers collègues.
La séance est levée.