SINT Réunion de comité
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37e LÉGISLATURE, 2e SESSION
Sous-comité du commerce international, des différends commerciaux et des investissements internationaux du Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international
TÉMOIGNAGES
TABLE DES MATIÈRES
Le mercredi 26 février 2003
¹ | 1530 |
M. Peter Barnes (président et chef de la direction, Association canadienne des télécommunications sans fil) |
¹ | 1535 |
¹ | 1540 |
Le président |
M. Stephen Poloz (vice-président et économiste en chef, Exportation et développement Canada) |
¹ | 1545 |
¹ | 1550 |
Le président |
M. Peter Barnes |
Le président |
M. Peter Barnes |
M. Henri Souquiéres (vice-président, Marchés internationaux, Exportation et développement Canada) |
¹ | 1555 |
º | 1600 |
Le président |
M. Mitch Kowalski (vice-président, « Hong Kong-Canada Business Association ») |
Le président |
M. John Duncan (Île de Vancouver-Nord, Alliance canadienne) |
Le président |
M. John Duncan |
º | 1605 |
M. Peter Barnes |
M. John Duncan |
M. Peter Barnes |
º | 1610 |
M. John Duncan |
M. Peter Barnes |
M. John Duncan |
Le président |
M. Murray Calder (Dufferin—Peel—Wellington—Grey, Lib.) |
M. Peter Barnes |
M. Murray Calder |
M. Peter Barnes |
º | 1615 |
M. Murray Calder |
M. Peter Barnes |
M. Murray Calder |
Le président |
M. Stéphane Bergeron (Verchères—Les-Patriotes, BQ) |
M. Charles Bergeron (directeur des affaires gouvernementales, Association canadienne des télécommunications sans fil) |
Le président |
M. Raymond Simard (Saint-Boniface, Lib.) |
M. Peter Barnes |
º | 1620 |
M. Raymond Simard |
M. Peter Barnes |
M. Raymond Simard |
M. Peter Barnes |
Le président |
M. Peter Barnes |
M. John Duncan |
M. Peter Barnes |
º | 1625 |
Le président |
M. Peter Barnes |
Le président |
M. Rick Casson (Lethbridge, Alliance canadienne) |
Le président |
M. John Duncan |
M. Stephen Poloz |
M. John Duncan |
M. Stephen Poloz |
M. John Duncan |
M. Stephen Poloz |
º | 1630 |
M. John Duncan |
M. Stephen Poloz |
M. John Duncan |
M. Stephen Poloz |
Le président |
M. Stéphane Bergeron |
º | 1635 |
M. Stephen Poloz |
M. Henri Souquiéres |
M. Stéphane Bergeron |
M. Mitch Kowalski |
º | 1640 |
M. Stéphane Bergeron |
M. Stephen Poloz |
M. Stéphane Bergeron |
M. Stephen Poloz |
º | 1645 |
Le président |
M. Murray Calder |
M. Stephen Poloz |
M. Murray Calder |
M. Stephen Poloz |
M. Murray Calder |
Le président |
M. Raymond Simard |
M. Stephen Poloz |
M. Raymond Simard |
M. Stephen Poloz |
º | 1650 |
M. Raymond Simard |
M. Stephen Poloz |
M. Raymond Simard |
M. Mitch Kowalski |
Le président |
M. John Duncan |
º | 1655 |
M. Mitch Kowalski |
M. Stéphane Bergeron |
M. Mitch Kowalski |
M. John Duncan |
» | 1700 |
Le président |
M. Mitch Kowalski |
Le président |
M. Mitch Kowalski |
Le président |
M. Stéphane Bergeron |
Le président |
CANADA
Sous-comité du commerce international, des différends commerciaux et des investissements internationaux du Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international |
|
l |
|
l |
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TÉMOIGNAGES
Le mercredi 26 février 2003
[Enregistrement électronique]
¹ (1530)
[Traduction]
M. Peter Barnes (président et chef de la direction, Association canadienne des télécommunications sans fil): Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup de nous avoir invités à comparaître devant vous. Cette occasion tombe à point nommé. Je vais vous donner un aperçu de certaines de nos activités en m'attardant plus particulièrement sur le commerce avec l'Asie-Pacifique.
Je vous rappelle que je m'appelle Peter Barnes et que je suis président et chef de la direction de l'Association canadienne des télécommunications sans fil. M. Charles Bergeron, notre directeur des Affaires gouvernementales, m'accompagne aujourd'hui.
Je voudrais tout d'abord signaler que nous avons signé un protocole d'entente avec une organisation soeur à Hong Kong, soit la Hong Kong Wireless Technology Industry Association, il y a un an et demi ou deux. J'ai signé ce protocole au nom de mon association en février 2002 pour que nos deux sociétés coopèrent en vue d'accroître nos affaires, au Canada et à Hong Kong. Nous voulons également faciliter le développement du sans-fil et échanger des informations sur les nouvelles technologies, les débouchés commerciaux, etc.
Je vais maintenant vous parler de mon association car je ne pense pas qu'elle soit très connue.
Nous regroupons des fournisseurs de services et des fabricants dans les domaines de la téléphonie cellulaire, des systèmes de communications personnelles, de la radio-messagerie et des satellites mobiles. Parmi les 225 à 250 membres que nous comptons à travers le Canada, on retrouve de petites sociétés comme de très grandes entreprises.
[Français]
Nos membres sont des compagnies de toutes tailles qui peuvent avoir une quinzaine d'employés ou qui peuvent en avoir plusieurs milliers. Les noms qu'on connaît le mieux sont ceux de Bell Mobilité, TELUS Mobilité et Rogers AT&T, mais il y a aussi de petites compagnies qui offrent de nouveaux services dans le domaine des communications sans fil.
[Traduction]
Le secteur du sans-fil au Canada est une véritable réussite. Nous sommes heureux d'avoir été invités aujourd'hui car nous pouvons ainsi vous parler de cette réussite au Canada; mais nous voulons aussi vous expliquer ce que nous devrions faire pour assurer une telle réussite à Hong Kong et en Chine.
Aujourd'hui, au Canada, plus de 15 millions de Canadiens ont un dispositif sans fil: téléphone cellulaire, téléavertisseur en tout genre, assistant numérique, ordinateur portable. Douze millions de Canadiens ont un téléphone cellulaire. C'est un marché très important, qui croît rapidement en dépit des ralentissements qu'on a connus, en général et dans le secteur des télécommunications. Je pense que je peux me permettre de dire que notre secteur fait partie intégrante du tissu social et économique canadien.
¹ (1535)
[Français]
On a un chiffre d'affaires annuel d'environ 6,5 milliards de dollars et on a investi jusqu'à maintenant quelque 12 milliards de dollars dans des infrastructures au Canada. C'est donc une assez grosse industrie.
[Traduction]
Pour situer le Canada dans le contexte mondial, il existe plus d'un milliard d'abonnés au service de téléphonie sans fil. Par contre, ce qui nous intéresse particulièrement, ce n'est pas le nombre de personnes qui se servent de téléphone sans fil mais plutôt le nombre de personnes qui n'en ont pas encore utilisé, à savoir plus de la moitié de la population de la planète. En fait, plus de la moitié de la population mondiale n'a jamais passé un coup de téléphone. Les débouchés pour les sociétés canadiennes sont donc phénoménaux. C'est pour tirer profit de cette situation que nous avons signé le protocole d'entente avec notre homologue à Hong Kong.
[Français]
Puisque nous parlons de nos collègues à Hong Kong, je dirai qu'il y a beaucoup de différences entre l'association de Hong Kong et la nôtre. L'infrastructure à Hong Kong est très différente de la nôtre et il y a beaucoup plus de cellulaires à Hong Kong. Cependant, notre association et notre industrie et celles de Hong Kong ont des valeurs communes, entre autres la volonté d'innover et celle de favoriser la croissance de chacun des membres.
[Traduction]
C'est cela que nous recherchons par le biais de notre relation avec l'association du sans-fil de Hong Kong et du protocole d'entente. Nous voulons appuyer la croissance de notre secteur, en identifiant les débouchés commerciaux pour nos membres canadiens et en les sensibilisant au développement à Hong Kong qui pourrait faciliter leurs tâches. Nous offrons donc à nos homologues de Hong Kong un accès au marché nord-américain et eux, nous offrent un accès au marché chinois, ce qui comprend Hong Kong. C'est un marché non négligeable.
[Français]
Il y a quand même sept millions de personnes à Hong Kong. Ce n'est pas un petit marché. Mais ce qui est surtout important, c'est que les gens de Hong Kong connaissent la Chine continentale et ont des contacts dans ce marché beaucoup plus important. Les gens de Hong Kong connaissent ce qu'on appelle le Gan-xi en cantonais et savent donc comment faire des affaires avec les gens de la Chine continentale.
¹ (1540)
[Traduction]
Nous voulions tirer profit de cette connaissance des marchés en question, à savoir Hong Kong et la Chine continentale. Je vais vous donner quelques statistiques sur le marché de Hong Kong. Certains d'entre vous connaissent peut-être ce qu'on appelle la messagerie textuelle: l'envoi de petits messages d'un téléphone cellulaire à un autre. Très récemment, les Chinois ont célébré leur nouvelle année. Au cours des sept jours qu'ont duré les festivités, les 200 millions de détenteurs de téléphone cellulaire ont envoyé 7 milliards de messages textuels. C'est donc un marché très important.
Le premier de l'an, les consommateurs de China Mobile, une société parmi tant d'autres, ont envoyé plus de 50 millions de messages textuels. Il s'agit en fait de messages qui comprennent du texte et des images car il est maintenant possible d'envoyer des photos en utilisant un téléphone cellulaire.
Vous constaterez qu'il s'agit d'un marché d'envergure.
À titre de comparaison, en novembre de l'an dernier, seulement 21 millions de messages textuels ont été envoyés au Canada.
[Français]
Il y a donc 500 millions de messages par jour en Chine et 21 millions de messages par mois au Canada. Le potentiel de croissance est phénoménal.
[Traduction]
Nous avons voulu tirer profit de ce potentiel. Nous avons discuté avec nos homologues de Hong Kong puis avons signé le protocole d'entente. La Chine ayant accédé à l'Organisation mondiale du commerce, nous espérons nous tailler une place de choix sur ce marché qui s'ouvre progressivement. Il y aura de nouvelles règles pour régir la propriété étrangère des infrastructures de télécommunications, ce qui facilitera les activités de nos membres ainsi que des autres sociétés canadiennes en Chine.
De plus, nos collègues de Hong Kong ont participé aux foires ici, au Canada. Nous nous attendons à ce qu'ils reviennent en mai 2004 pour participer à la foire commerciale qui se tiendra à Toronto et qui regroupe des intervenants de partout au Canada. Nous nous intéressons donc aux échanges potentiels dans les deux sens. Pour leur part, ils ont accès à des informations sur les débouchés commerciaux potentiels par l'entremise de notre site Web.
[Français]
Nous sommes en train de faire une mise à jour de notre site web afin que les compagnies de Hong Kong puissent le visiter et y trouver des partenaires d'affaires canadiens par l'intermédiaire d'Internet.
[Traduction]
Je vais vous parler de l'économie des télécommunications globalement pour qu'on puisse la situer dans le contexte mondial. Je pense qu'on peut se montrer optimiste.
En 2001, on a connu une baisse significative des investissements en capitaux et dans le domaine de la construction. La reprise s'est amorcée ici, comme ailleurs, notamment en Chine. Il faut que nos membres soient en mesure de tirer profit de cette relance.
On m'a dit que vous comptiez ou du moins que vous espériez visiter la région de l'Asie-Pacifique dans le cadre de vos recherches. J'espère que vous aurez l'occasion de rencontrer certains des délégués commerciaux car ils ont véritablement facilité notre travail, à Hong Kong entre autres. Soit dit en passant, nous avons été ravis de constater que le gouvernement avait augmenté les budgets du Service des délégués commerciaux.
Avec tout le respect que nous vous devons, nous suggérerions qu'il faudrait y consacrer des sommes plus importantes. Si nous faisions une étude de rentabilité du travail effectué par les délégués commerciaux, nous constaterions qu'en investissant 100 000 $, les avantages pour l'économie canadienne représenteraient sans doute une somme bien plus importante.
Nous recommanderions également que le travail des délégués commerciaux cible les domaines qui jouissent d'un potentiel de croissance significatif.
[Français]
Lorsqu'on utilise les deniers publics, il est important de s'assurer que cet argent soit investi là où on peut en obtenir le rendement le plus élevé possible. Il est évident que nous prêchons pour notre paroisse, mais nous pensons qu'il serait bon que certaines de ces activités soient davantage ciblées sur des industries à croissance élevée et à grand potentiel comme l'industrie des télécommunications sans fil.
[Traduction]
L'image de marque du Canada, sa réputation, est bonne. Par contre, nous devrions continuer à rehausser cette image par le biais d'activités de développement du commerce. Nous voulons évidemment poursuivre notre travail avec le gouvernement par le biais du Service des délégués commerciaux et d'autres services d'expansion des exportations afin d'organiser des foires pour que les sociétés canadiennes puissent vendre leur savoir-faire, que nous dénichions de nouveaux débouchés et secteurs d'investissement, que nous attirions des investissements et que les deux parties tirent profit de notre relation commerciale.
[Français]
Je ne veux pas prendre plus de temps qu'on ne m'en a alloué. C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
[Traduction]
Le président: Merci beaucoup.
Je pensais donner la parole aux autres témoins avant de passer aux questions.
MM. Stephen Poloz et Henri Souquières, d'Exportation et développement Canada, sont ici.
Stephen, désirez-vous prendre la parole en premier?
M. Stephen Poloz (vice-président et économiste en chef, Exportation et développement Canada): Merci, monsieur le président. Je vais commencer.
Mon exposé portera sur les forces majeures qui influeront sur le commerce international du Canada dans les prochaines années, forces qui jouent un rôle important dans nos échanges avec l'Asie.
La dynamique qu'il faut absolument comprendre est la suivante: le commerce international prend de plus en plus d'importance par rapport au PIB mondial. Nous reconnaissons tous les avantages découlant des échanges commerciaux, mais ne comprenons pas, en règle générale, l'importance grandissante du phénomène. Il suffit pourtant de constater que depuis 1990, le taux des échanges, par rapport à l'économie canadienne, est passé de 50 p. 100 à 80 p. 100. Il s'agit de la valeur des échanges commerciaux divisée par le PIB. La situation est semblable dans bien d'autres pays. Par exemple, au Mexique, la pénétration du commerce a doublé, passant de 30 p. 100 à 60 p. 100.
Les économies mondiales deviennent de plus en plus interdépendantes. En fait, le commerce international croît beaucoup plus rapidement que les PIB et les revenus. Il faut donc plus d'échanges internationaux pour générer un dollar de PIB, ce qui est le facteur clé.
¹ (1545)
[Français]
En termes pratiques, la pénétration plus forte du commerce international est le résultat de la rationalisation de la production. Les entreprises séparent les produits en fractions plus petites et les font produire dans des marchés individuels. Par exemple, un produit peut être fabriqué seulement à 50 p. 100 au Canada, alors que les autres parties sont fabriquées dans d'autres marchés.
[Traduction]
C'est le côté pratique de la mondialisation. Les sociétés se transformant en multinationales, on constate qu'il y a de plus en plus de commerce avant que le produit ne soit terminé. Il est très important de comprendre cet aspect. En effet, la teneur canadienne de beaucoup des produits que nous exportons baissera progressivement. Cette teneur se situe actuellement dans les 60 p. 100, en moyenne, pour tous les produits exportés. C'est la conséquence naturelle de l'accent croissant mis sur les activités à haute valeur ajoutée et forte productivité. Par exemple, dans notre société, les taches à faible valeur ajoutée seraient effectuées par les employés touchant les salaires les moins élevés.
Avec le temps, nous constatons que le monde entier est à leur portée, les sociétés canadiennes vont sous-traiter ces taches à d'autres régions du monde, où les coûts sont encore moins élevés, et vont concentrer leurs efforts sur les emplois à plus forte valeur ajoutée au Canada. C'est la maximisation du profit en action.
Par ailleurs, cette tendance implique aussi que l'investissement direct étranger est devenu un élément essentiel du commerce. Pour mettre sur pied une chaîne d'approvisionnement mondiale comme celle que j'ai décrite plus tôt, il faut que les sociétés aient un partenaire ou une exploitation dans les pays concernés afin d'avoir accès à toutes ces choses dont elles ont besoin.
L'investissement direct étranger rend les échanges possibles.
Par le passé, lorsqu'une société investissait à l'étranger, c'était pour contourner les obstacles commerciaux. Par exemple, si une société voulait vendre des produits en Chine, elle investissait en Chine, et produisait ses biens pour ensuite les y vendre.
Maintenant que le monde est plus ouvert, quand on investit en Chine, c'est pour y installer une base à partir de laquelle on peut vendre partout dans le monde. Par conséquent, l'investissement direct étranger est tout à fait intégré dans les mécanismes de commerce. En fait, il crée une plate-forme pour le commerce et est avantageux pour le Canada, indépendamment de la direction, pour cette raison.
[Français]
Les pays en développement joueront un grand rôle dans ce processus de rationalisation, parce que ce sont des centres de production à coûts moins élevés. Participer à cette tendance leur permettra de voir leur niveau de vie continuer à croître plus rapidement que celui des pays développés.
[Traduction]
Par conséquent, les pays en développement vont connaître une croissance plus rapide, en moyenne, que les plus importantes économies comme le Canada, ce qui les rend très intéressants aux yeux des sociétés canadiennes qui désirent prendre de l'expansion et vendre davantage de biens et de services. Il y a un aspect encore plus important que nous devrions prendre en compte dans notre analyse, à savoir le fait que ces pays en développement feront partie de nos chaînes d'approvisionnement, qui seront formées de réseaux complexes de fabricants, dont certains se situeront dans les marchés en développement comme l'Asie. Par conséquent, il est possible qu'on ne note pas immédiatement une augmentation des exportations dans ces régions. Il ne s'agira pas forcément de produits finis dans le sens traditionnel du terme, mais plutôt de produits intermédiaires, comme des composantes complexes, des services de consultation et d'ingénierie, des services de conception, des machines et de l'équipement et, bien évidemment, des produits finis. Mais il ne faudrait pas penser qu'il s'agira exclusivement de produits finis. Il y aura donc beaucoup de pièces en circulation.
Dans le monde en développement, il existe trois grands foyers de croissance, soit l'Asie, l'Amérique latine, et l'Europe de l'Est et la Russie. Nous nourrissons également des espoirs en Afrique, mais je ne pense pas qu'ils se concrétiseront bientôt. Si les sociétés canadiennes comprennent la situation que je viens d'expliquer, alors elles pourront tirer profit des occasions qu'offrent ces diverses régions.
On s'intéresse beaucoup à l'Asie actuellement pour la simple et bonne raison qu'elle revient sur la scène internationale. On a moins parlé de l'Asie ces dernières années en raison de la crise de 1997-1998. Au début des années 90, on disait que la nouvelle décennie appartiendrait à l'Asie. La crise de 1997 a coupé court à ces espoirs. Au cours des années qui ont suivi, ce sont les États-Unis qui ont connu une croissance importante et c'est notre commerce avec les États-Unis qui a le plus augmenté. Mais cela n'était qu'une interruption de la tendance qui se dessinait en Asie depuis quelque temps, et qui se manifeste à nouveau maintenant.
Pour ce qui est des échanges du Canada, je pense que nous assisterons à un virage vers l'Asie qui se fera naturellement lorsque l'Asie deviendra l'épicentre de la croissance économique mondiale.
Ainsi, je m'attends à ce que les échanges entre le Canada et l'Asie, et plus particulièrement la Chine, augmentent très rapidement dans les prochaines années. Il est important de souligner que les pays asiatiques sont non seulement des maillons de la chaîne d'approvisionnement mondiale, mais également des consommateurs en devenir. Plus de 75 p. 100 des exportations asiatiques ne quittent pas l'Asie. Il y a à peine cinq ans, c'était moins de 50 p. 100. La dimension consommation prend de plus en plus d'importance dans cette région.
¹ (1550)
[Français]
L'an dernier, le Canada a vendu des biens d'une valeur d'environ 18 milliards de dollars à l'Asie, dont un peu plus de 8 milliards de dollars au Japon. Les services jouent aussi un rôle important dans la croissance des exportations, surtout les services professionnels comme l'ingénierie et la consultation. Par exemple, nous exportons pour 6 milliards de dollars par an--c'est une estimation-- en Asie, et le Japon reçoit environ le tiers de ces exportations.
[Traduction]
J'aimerais maintenant vous parler du rôle de EDC dans ce contexte. Notre organisme joue le rôle d'intermédiaire et facilite, pour les parties canadiennes, les transactions internationales. Ainsi, nous aidons les sociétés canadiennes exportatrices à vendre à l'étranger, c'est l'aspect le plus facile à comprendre. Nous aidons également les entités étrangères à acheter des biens canadiens grâce à notre capacité de financement et nous aidons les différents intervenants à gérer les risques internationaux découlant de l'investissement à l'étranger, ce qui est selon moi un aspect clé de la création de ces réseaux commerciaux.
EDC est un intermédiaire financier qui gère les risques de différentes façons, par des produits d'assurance en particulier, et qui apporte une capacité financière. EDC fonctionne sur une base commerciale, générant chaque année des bénéfices qui nous permettent de mettre davantage de capitaux au service des sociétés canadiennes l'année suivante.
Le concept est simple, mais les choses se compliquent en raison de l'évolution du commerce canadien et de la chaîne d'approvisionnement mondiale. Pour nous, les moteurs sont évidents : il y a plus d'échanges pour chaque dollar de PIB créé et plus d'investissements étrangers pour chaque dollar de commerce international. Tous ces aspects sont liés. Par conséquent, les petits marchés internationaux comportant des risques plus élevés joueront un rôle beaucoup plus important dans les échanges commerciaux du Canada dans l'avenir en raison de la mise sur pied de ces réseaux. Ainsi, l'Asie devrait prendre de plus en plus d'importance au fil du temps.
Je vais maintenant vous donner quelques statistiques. L'année dernière, EDC a aidé plus de 7 000 sociétés exportatrices canadiennes à conclure des transactions internationales d'une valeur de plus de 50 milliards de dollars. Quatre-vingt-dix pour cent de ces entreprises étaient des PME. Les transactions avec l'Asie représentaient environ 5 milliards de dollars, et celles avec le Japon étaient de l'ordre de 1,5 milliard de dollars. En raison des facteurs que j'ai décrits précédemment, nous nous attendons à une croissance supérieure à la moyenne dans les prochaines années.
Mon collègue Henri va maintenant expliquer, concrètement, le rôle de EDC en Asie.
Le président: Avant de passer à Henri, je sais que M. Barnes a un autre engagement. Je veux simplement savoir, avant que nous vous laissions partir, à quelle heure vous devez partir.
M. Peter Barnes: Je devrai partir vers 16 h 30. J'ai un engagement à 16 h 45.
Le président: Très bien.
Henri, nous avons votre exposé ici. Nous allons faire comme s'il faisait partie intégrante du compte rendu. Donc, si vous avez de brèves observations, peut-être pourriez-vous les faire tout de suite, après quoi nous allons donner la parole à Mitch, puis nous aurons des questions à vous poser, parce que nous voulons interroger M. Barnes avant qu'il parte.
M. Peter Barnes: Merci.
M. Henri Souquiéres (vice-président, Marchés internationaux, Exportation et développement Canada): Merci, monsieur le président. Je serai extrêmement bref dans mes observations, comme vous me le demandez.
Ce que nous voulons illustrer, c'est la manière dont nous avons articulé la capacité de la société de manière à tirer profit du potentiel qu'offrent ces marchés en Asie.
¹ (1555)
[Français]
Nous le faisons de quatre façons. Tout d'abord, nous avons, dans les marchés internationaux, un groupe de professionnels dont la principale raison d'être est de cultiver des relations d'affaires, soit avec les relations que nous avons déjà en raison de nos produits d'assurance ou de nos prêts, soit avec des entités nouvelles que nous voulons mieux connaître, qu'il s'agisse de gouvernements, d'institutions financières avec lesquelles nous travaillons, de chambres de commerce ou d'associations. Nous faisons part de ces occasions d'affaires aux exportateurs par l'entremise de nos équipes et de nos bureaux régionaux. Nous essayons en même temps de leur donner de l'information sur les risques que comportent ces occasions d'affaires et de les aider à couvrir ces risques. Nous enlevons de leur bilan le risque qu'ils doivent assumer quand ils font une transaction à l'international.
En ce qui a trait à notre deuxième volet, on a mentionné tout à l'heure le secteur des télécommunications. C'est un secteur particulier. Le transport est également un secteur particulier, de même que les mines, le pétrole et le gaz. On parle des transactions aussi bien que de l'assurance, mais aussi du financement. De plus en plus, le financement se fait sous la forme de financement de projets. Donc, il faut connaître le secteur. Nous avons 13 ou 14 équipes sectorielles ici, à Ottawa, qui sont spécialisées dans les grands secteurs exportateurs du Canada. Nous envoyons ces équipes vers les marchés les plus appropriés en Asie.
Nous avons un troisième réseau de promotion. Nous avons, un peu partout au Canada, des bureaux régionaux qui sont là pour solliciter les clients et les inciter à aller sur les nouveaux marchés.
[Traduction]
Cette approche permet d'aider les PME à se positionner sur ces marchés.
Chose certaine, dans une semaine, Stephen va partir pour faire une tournée du Canada afin de décrire les possibilités qui s'offrent autour du monde, les avantages que l'on peut obtenir, ainsi que les risques. Cela fait partie d'une campagne de promotion pour attirer l'attention de nos clients et clients potentiels—les exportateurs—sur les possibilités qu'offrent ces marchés, et assurément en Asie, qui a été durement frappée par la crise en 1997-1998.
[Français]
Le quatrième volet de notre mandat en matière de développement d'affaires est bien évidemment celui des partenariats: les partenariats avec nos collègues des Affaires étrangères, mais aussi avec tous les réseaux d'affaires régionaux et tous les réseaux d'affaires sectoriels. Nous avons une présence très importante à tous les niveaux pour mobiliser l'ensemble des partenaires vers l'atteinte d'un même objectif, soit l'Asie.
Je vais vous donner quelques exemples de ce que nous avons fait.
[Traduction]
Pour ce qui est des bureaux régionaux, nous avons ouvert notre premier bureau régional à Beijing en 1997. Nous avons maintenant d'autres bureaux, mais celui-là était le premier. En fait, il est tout à fait essentiel dans un marché comme la Chine, où tout devait passer par les gouvernements et les banques il y a 10 ans, tandis qu'aujourd'hui, le secteur privé prend de plus en plus de place. Pour ce qui est de couvrir le risque, nous devons vraiment être présents sur le terrain, pour rencontrer nos vis-à-vis en tête-à-tête. Cela a été très utile.
[Français]
Un autre exemple de ce que nous faisons en partenariat est celui du marché indien. Une mission commerciale conduite par le ministre Pettigrew est allée en Inde l'an dernier, et nous avons identifié par la suite une occasion d'affaires avec Indian Railways, qui est un client de longue date d'EDC. Nous avons identifié avec la compagnie trois grandes occasions d'affaires: d'abord, mobiliser près de 13 compagnies canadiennes et identifier trois vitrines à l'intérieur d'Indian Railways. Indian Railways a 1,5 million d'employés, ce qui est énorme. La compagnie fait d'énormes affaires. Avec le partenariat composé des Affaires étrangères, de l'ACDI et du Conseil de commerce Canada-Inde, nous formons une équipe Canada dont le but est de faire entrer d'autres exportateurs à l'intérieur du réseau d'Indian Railways. C'est le genre de chose que nous faisons.
En Asie du Sud-Est, dans le secteur des télécommunications, nous avons quasiment profité de la crise de 1997-1998 pour déployer tous nos produits et nous lancer derrière le secteur des télécommunications, sachant qu'il y aurait des problèmes au niveau de la capacité financière. Nous avons déployé nos produits pour donner aux acheteurs la capacité financière qu'ils avaient perdue à cause de la crise de 1997-1998.
Nous voulons maintenant profiter de la reprise économique, comme M. Stephen Poloz l'a mentionné.
º (1600)
[Traduction]
Je vous remercie beaucoup.
Le président: Merci.
Mitch.
M. Mitch Kowalski (vice-président, « Hong Kong-Canada Business Association »): Merci, monsieur le président. Je vous présente mes excuses pour être arrivé en retard à la réunion. Mon train était censé m'amener ici à 14 h, mais il a eu beaucoup de retard.
Je serai très bref.
Je suis le vice-président national et secrétaire de la Hong Kong Canada Business Association. Notre association a été créée en 1984 à titre de société nationale à buts non lucratifs chargée de promouvoir les activités commerciales et économiques entre Hong Kong et le Canada et dans l'ensemble de la région de l'Asie-Pacifique.
À l'heure actuelle, nous sommes la plus importante association commerciale bilatérale au Canada. Nous avons des sections dans 10 villes: Vancouver, Calgary, Edmonton, Regina, Winnipeg, London, Toronto, Ottawa, Montréal et Halifax. Nous sommes également membres de la Fédération mondiale des associations commerciales entre Hong Kong et divers pays. C'est là un concept très intéressant que Hong Kong a lancé il y a quelques années. Cette organisation regroupe toutes les associations commerciales avec Hong Kong partout dans le monde.
Chaque année, nous venons de tous les coins du monde pour nous réunir à Hong Kong et avoir des entretiens et connaître un peu mieux ce que font les autres. C'est un exercice très utile pour rencontrer nos collègues et faire des affaires avec eux. C'est notre rôle; nous sommes une association commerciale et nous aidons nos membres à faire des affaires.
Nous offrons un environnement qui facilite et renforce le commerce bilatéral. Nous faisons la promotion des contacts et des communications entre les gens d'affaires. Nous créons des tribunes pour renforcer la conscientisation au moyen de réunions, d'événements, en commanditant des délégations commerciales, et en présentant des conférenciers susceptibles d'intéresser nos membres. Nous encourageons les échanges culturels et la compréhension entre le Canada et Hong Kong.
Nous mettons l'accent sur les PME, qui constituent l'essentiel de nos membres. Nous disons à nos PME que, parce qu'elles sont de petites et moyennes tailles, elles n'ont pas les capitaux et l'expertise que possède une grande compagnie comme Bombardier qui peut se permettre d'aller directement en Chine ou peut-être ailleurs en Asie. Il est donc utile de se servir de Hong Kong comme tremplin pour accéder à cette région et d'y former un partenariat avec quelqu'un qui est sur place à Hong Kong et qui a déjà déblayé le terrain, qui connaît les gens, qui sait ce qu'il faut éviter de faire et ce qu'il convient de faire. Les gens peuvent créer des partenariats là-bas et rayonner à partir de là.
Sur le plan structurel, notre association a un conseil national et aussi des conseils pour chacune de nos 10 sections. Notre conseil national se réunit deux fois par année. Une de ces réunions a lieu à Hong Kong et coïncide avec les réunions de la Fédération. Nous avons un directeur exécutif national qui est un permanent rémunéré et qui a ses bureaux à Toronto, dans notre bureau national.
Nous avons de très bonnes relations avec le gouvernement de Hong Kong, les bureaux des Services économiques et commerciaux de Hong Kong et avec le Conseil de développement commercial de Hong Kong, et aussi des relations raisonnablement bonnes avec les divers niveaux de gouvernement au Canada. Très franchement, nous trouvons que nous n'avons pas suffisamment d'appui et d'interaction de la part des autorités canadiennes. Nous avons un excellent soutien et d'excellentes communications avec celles de Hong Kong.
En conclusion, nous estimons que Hong Kong continue d'offrir un bon tremplin vers l'Asie. Pour commencer, c'est un endroit très confortable pour quelqu'un qui est habitué à la culture occidentale et à la façon occidentale de faire des affaires et qui veut faire la transition en douceur vers l'Asie.
Merci
Le président: Merci beaucoup.
J'ai sur ma liste jusqu'à maintenant M. Duncan, M. Calder et M. Bergeron, et nous aurons ensuite un deuxième tour. Si mes collègues ont des questions, je leur demande de les poser d'abord à M. Barnes, afin que l'on puisse lui donner congé avant son heure limite, c'est-à-dire 16 h 30.
M. John Duncan (Île de Vancouver-Nord, Alliance canadienne): Est-ce à dire que je dois seulement poser mes questions qui s'adressent à M. Barnes au cours du premier tour?
Le président: C'est bien cela, si vous en avez. Sinon, nous allons passer au suivant et remercier M. Barnes.
M. John Duncan: Certaines de mes questions sont plutôt génériques, mais je suis curieux d'en savoir plus sur votre taux de pénétration en Chine en passant par vos relations à Hong Kong. Essentiellement, vous avez affaire à une entité cantonaise au sein d'une culture à très forte domination mandarine. Je suppose qu'au départ, si vous êtes plus ou moins limité par votre origine, vous mettrez l'accent sur Hong Kong, et ensuite seulement sur une sphère d'influence élargie. Mais je suis sûr que de nos jours, votre croissance doit se situer en grande partie à Beijing et dans d'autres régions qui ne sont pas essentiellement cantonaises.
Je me demande dans quelle mesure cela rend la problématique plus complexe, et aussi s'il pourrait y avoir une autre approche pour amorcer cette pénétration en passant par un autre point d'entrée.
º (1605)
M. Peter Barnes: Je pense que vous avez mis dans le mille. C'est vraiment notre première tentative d'établir un protocole d'entente et des relations de travail avec une association commerciale à l'extérieur du Canada. Nous avons pensé que nous en choisirions une qui nous donnerait un bon levier. Nous savions par exemple qu'à l'intérieur de la Chine, il y avait de grandes différences culturelles et géographiques, mais nous avions aussi compris que grâce aux relations commerciales que Hong Kong entretient avec la Chine continentale et étant donné qu'une grande partie de l'activité économique intense en Chine continentale prend actuellement place dans le Delta de la rivière aux Perles, aux alentours immédiats de Hong Kong, cela ne nous permet pas d'aller jusqu'au bout, mais cela nous mène tout au moins jusqu'au premier ou au deuxième but, si je peux utiliser cette analogie. Il est bien possible qu'à mesure que les relations s'approfondissent, il devienne nécessaire de franchir un pas pour aller à un autre niveau.
Nous avions amorcé des discussions avec des associations dans d'autres pays, la Corée et Singapour, et nous allons peut-être conclure un jour une entente avec ces pays. Mais peut-être pas. Nous recevons des demandes et nous les examinons.
Il se peut bien qu'avec le temps, nous soyons obligés de faire quelque chose de plus officiel en Chine continentale. Nous voulions d'abord franchir un bout de chemin et avoir du succès. Il nous a semblé que l'approche de Hong Kong était la bonne, parce que cela nous donnerait accès non seulement au marché et à l'expertise de Hong Kong, mais aussi à une partie non négligeable de la Chine continentale.
M. John Duncan: Dans le texte de votre mémoire, vous évoquez le besoin d'un plus grand nombre de délégués commerciaux en Asie. Je me demande si vous pourriez nous en dire plus long là-dessus. Dans le dernier budget, on a injecté de l'argent supplémentaire pour notre marché aux États-Unis. L'Asie est notre marché numéro deux, ce que bien des gens ne semblent pas savoir. Peut-être pourriez-vous nous dire pourquoi vous faites cette recommandation, quels sont les effectifs actuellement et combien sont nécessaires, à voter avis.
M. Peter Barnes: En travaillant avec nos homologues de Hong Kong et en nous livrant à nos activités de promotion commerciale, nous avons certainement bénéficié de l'aide de l'actuel Service des délégués commerciaux.
Je suis loin d'être expert pour ce qui est de comparer les difficultés de faire des affaires aux États-Unis, à Hong Kong ou en Chine, mais ce qui me frappe, c'est que les entreprises canadiennes ont besoin, proportionnellement, d'une plus grande aide dans un marché comme la Chine que ce ne serait le cas aux États-Unis, pour des raisons évidentes. La distance, la culture, les règles sont différentes. C'est complètement différent. Je conviens avec Mitch que la culture est occidentalisée à Hong Kong, mais elle est quand même très différente, et quand on s'enfonce dans la Chine continentale, la différence est encore beaucoup plus marquée. Les délégués commerciaux nous ont aidé à comprendre assez rapidement quelles sont les différences et aussi à trouver les gens à qui parler.
Je pense que le besoin de délégués commerciaux est probablement plus accentué, en termes de besoins pour chaque dollar d'échanges commerciaux, dans un pays comme la Chine que ce n'est le cas aux États-Unis. C'est là-dessus que se fondait notre recommandation.
º (1610)
M. John Duncan: Mais je voudrais une réponse précise. À un moment donné, notre comité devra faire des recommandations. Cela ne nous est pas très utile de recommander qu'il y en ait plus, à moins que nous sachions ce que ça implique. Y a-t-il des lacunes précises, à votre connaissance, dans certains endroits?
M. Peter Barnes: Non, je n'ai rien de précis à signaler. Nous pourrions consulter nos membres et vous fournir des données plus précises à cet égard. Chose certaine, nous avons eu une rétroaction générale de la part de nos membres. Peut-être que je pourrais m'engager à faire parvenir au comité des renseignements plus précis.
M. John Duncan: Je vous en serais très reconnaissant. Merci.
Merci monsieur le président.
Le président: Monsieur Calder.
M. Murray Calder (Dufferin—Peel—Wellington—Grey, Lib.): Merci beaucoup, monsieur le président.
Peter, vous avez dit dans votre déclaration qu'il y a un milliard de téléphones sans-fil dans le monde entier et qu'il y a 200 millions de téléphones cellulaires en Chine. Avez-vous fait des études, avez-vous des chiffres indiquant que l'utilisation des téléphones cellulaires se rapproche du point de saturation dans cette région?
M. Peter Barnes: En Chine, la croissance est d'environ 4 millions de nouveaux téléphones cellulaires chaque mois. C'est assez renversant, si l'on songe qu'au Canada, le service de téléphonie cellulaire existe depuis 15 ans et que nous avons 12 millions, alors qu'en Chine ils en ont 4 millions de plus chaque mois.
Encore une fois, cela dépend beaucoup du marché, mais les marchés de téléphonie cellulaire atteignent généralement la maturité à un niveau se situant quelque part entre 50 p. 100 et 80 p. 100. Il y a des pays où il y a plus de téléphones cellulaires que d'habitants. En Corée, par exemple, je crois que le niveau se situe à 105 p. 100 ou 110 p. 100. Hong Kong est tout près du niveau de saturation. Le Canada se situe à 37 p. 100, sauf erreur. Les différences sont donc considérables, mais il est évident que notre service téléphonique par réseau câblé est bien meilleur au Canada que dans beaucoup de pays en développement.
Au Canada, la maturité du marché, ou appelons cela le point de saturation du marché, se situe peut-être à 55 p. 100 ou 60 p. 100, tandis que dans certains pays en développement ou moins développé, il se situe plutôt entre 80 p. 100 et 100 p. 100. Il y a eu un ralentissement considérable de la croissance en Europe et dans les pays asiatiques les plus développés. La Chine est évidemment en tête du peloton et, à 4 millions par mois, elle rattrape rapidement son retard.
M. Murray Calder: Ce que je constate actuellement dans les pays d'Asie, c'est qu'ils sont en train de sauter une étape par rapport à nous, c'est-à-dire le réseau câblé. Ils implantent directement le téléphone sans fil.
En Mongolie, par exemple, il y a cinq ans, si on leur parlait de téléphone cellulaire, ils vous regardaient d'un drôle d'air. Aujourd'hui, tout le monde en a un, et le nombre augmente constamment. Dans cette conjoncture, comment pourrions-nous à votre avis améliorer notre technique de vente de technologie canadienne et de téléphonie sans fil en comparaison de ce que nous faisons actuellement? Je sais que nous avons perdu du terrain à cause de ce qui s'est passé en 1997. Le temps est venu pour nous de déployer des efforts énergiques et de réaliser des progrès. Comment y parvenir?
M. Peter Barnes: Je pense qu'il y a deux ou trois choses que nous pouvons faire. D'abord, il faut redoubler d'énergie dans les efforts que nous faisons déjà pour conclure des protocoles d'entente avec des associations de téléphonie sans fil dans d'autres pays, parce que nous devons faire connaître dans ces pays l'expertise canadienne en matière commerciale et technologique.
C'était plus «facile», si je peux employer ce mot, d'en convaincre nos interlocuteurs à Hong Kong parce beaucoup de gens d'affaires de Hong Kong ont déjà des liens très étroits avec le Canada. Bien des gens avec qui je fais affaires... par exemple, le président de l'Association de téléphonie sans fil de Hong Kong est un ressortissant canadien. Il est Chinois de Hong Kong, mais il a la nationalité canadienne. Il est donc plus facile de s'entendre entre le Canada et Hong Kong.
Dans les autres pays d'Asie, on connaît moins l'expertise canadienne. Les gens ont plus tendance, quand ils songent à la technologie nord-américaine, à se tourner vers les États-Unis.
Je pense que l'image de marque du Canada est importante. L'établissement de relations entre des industries sectorielles, par exemple le secteur des télécommunications sans fil, est important, pour que les Coréens, les Singapouriens et les autres en viennent à connaître et respecter notre technologie et notre expertise. En diffusant le message, nous serons mieux en mesure de participer à la croissance de ces marchés.
º (1615)
M. Murray Calder: Je sais que la perception du Canada là-bas est encore celle d'un pays de ressources naturelles. Nous avons beaucoup de chemin à faire pour changer cette perception. Est-ce qu'un moyen d'y parvenir ne serait pas les échanges d'étudiants, de manière que des étudiants universitaires chinois et asiatiques viennent s'instruire chez nous, ramenant ensuite chez eux tout un bagage acquis au Canada? Il est évident que la Chine cherchera à améliorer cet aspect. Nous pourrions mettre au point un meilleur programme d'éducation sur la réalité canadienne, pour que les étudiants ramènent ensuite ces connaissances chez eux.
M. Peter Barnes: Je pense que ce serait un excellent moyen de repousser les frontières de la connaissance sur la technologie canadienne et l'expertise canadienne. Il y a toutefois un obstacle important. Je pense que c'est la question de ce que l'on pourrait appeler la communion d'esprit, c'est-à-dire comment amener un homme d'affaires d'un pays asiatique qui cherche à trouver un partenaire ou à importer une technologie, comment amener cette personne à songer tout de suite au Canada, comment l'inciter à songer instinctivement au Canada. Voilà le défi.
Comme je l'ai dit au début de mon exposé, l'une des initiatives que nous avons prises est que, sur notre site Web, nous avons un catalogue de produits et de services. Enfin, ce n'est pas un catalogue, mais une composante électronique. Nous travaillons avec l'Association de Hong Kong pour que leurs membres puissent naviguer rapidement sur notre site Web et trouver des partenaires et des gens susceptibles de leur donner ce qu'ils cherchent.
Mais pour les amener à venir visiter notre site Web, il faut créer cette communion d'esprit. Cela peut se faire par des programmes d'éducation comme ceux que vous avez évoqués, cela peut aussi se faire par des missions commerciales, ou bien au moyen d'arrangements de partage entre associations. Il y a bien des manières de s'y prendre.
Je pense que, sur le plan théorique, la question est de savoir quand on peut amener les gens d'affaires de ce pays à faire automatiquement l'équation entre le Canada et la technologie de la téléphonie sans fil. Ensuite, les outils peuvent être utiles à partir de là. Mais c'est là le vrai défi.
M. Murray Calder: Je vais m'arrêter là, monsieur le président, pour laisser du temps à mes collègues.
[Français]
Le président: Monsieur Bergeron, avez-vous des questions à poser à M. Barnes?
M. Stéphane Bergeron (Verchères—Les-Patriotes, BQ): J'ai une question plus générale à laquelle M. Barnes voudra peut-être répondre, mais il y a peut-être des collègues qui ont des questions plus précises à lui poser. Je sais que M. Bergeron aimerait également poursuivre la réponse.
M. Charles Bergeron (directeur des affaires gouvernementales, Association canadienne des télécommunications sans fil): Merci. J'aimerais ajouter quelque chose.
[Traduction]
Je pense qu'il y a là une question d'éducation, comme nous venons de le dire. L'autre problème important est que le Canada ressemble beaucoup à la Chine sur le plan de la géographie, mais aussi sur le plan météorologique. Malheureusement, du moins pour l'instant, nous n'avons pas vraiment de climat tropical.
À l'heure actuelle, avec votre téléphone cellulaire, vous pouvez commencer une conversation à Québec et la terminer à Windsor sans être coupé une seule fois, ce qui est extraordinaire. Vous pouvez conduire des heures et des heures sans que la communication ne soit coupée. Voilà un argument de vente que nous pourrions faire valoir par exemple sur le marché chinois.
Pour répondre à la question que posait votre collègue qui nous demandait ce que nos membres pensaient des délégués commerciaux sur le terrain, ce qu'ils nous disent souvent, c'est plus on a de yeux et d'oreilles sur place, plus on peut entendre parler de contrats et plus on a l'occasion de traiter avec des compagnies implantées dans toutes les provinces chinoises dans l'espoir de conclure des marchés pour la téléphonie sans fil.
Ainsi, le président de la Wireless Technology Industry Association de Hong Kong fait fonction de conseiller économique auprès du gouvernement chinois pour la province de Hunan. Cette province compte 67 millions d'habitants. Il ne faut donc pas nécessairement être partout en Chine. Dans ce cas-ci, un partenariat comme celui-là dans cette province permet à lui seul d'ouvrir bien des portes et les perspectives sont exceptionnelles pour nos membres.
Le président: Monsieur Simard.
M. Raymond Simard (Saint-Boniface, Lib.): J'aurais quelques questions à l'intention surtout de M. Barnes.
J'aimerais savoir quel est le pourcentage de la technologie actuellement implantée en Chine qui est d'origine chinoise. En d'autres termes, s'agit-il surtout d'une technologie américaine? Et si c'est une technologie chinoise, pourquoi les Chinois prendraient-ils des firmes canadiennes pour partenaires?
M. Peter Barnes: À l'heure actuelle, la technologie utilisée en Chine est surtout d'origine européenne ou américaine. Le gouvernement chinois envisage actuellement d'imposer une norme chinoise pour ce qu'on appelle communément les services de téléphonie cellulaire de la troisième génération.
Il semblerait que, d'après ce que nous savons, les Chinois envisagent la coexistence d'une norme chinoise et des normes nord-américaine et européenne, de sorte qu'on trouverait probablement en Chine cinq ou six fournisseurs de services pour ce matériel de la troisième génération, dont un ou deux, qui seraient probablement ceux qui sont les plus associés à l'État, utiliseraient la norme chinoise. En revanche, les normes canadiennes conserveraient néanmoins un potentiel.
º (1620)
M. Raymond Simard: Parfait.
Ma seconde question concerne l'image de marque, un sujet que bon nombre de nos témoins semblent avoir à coeur. Vous avez dit je crois qu'à votre avis, le secteur privé pourrait sans doute aider le gouvernement à présenter le Canada non seulement comme une destination touristique intéressante, mais également comme un haut lieu de la technologie de pointe.
Est-ce que vous travaillez un peu dans ce sens au niveau des foires commerciales par exemple?
M. Peter Barnes: Oui, et nous le faisons à deux titres. D'abord, lorsque nous avons organisé notre dernière foire commerciale, notre foire commerciale sur les télécommunications qui a eu lieu en novembre 2002, nous y avions un centre d'affaires international dans le cadre duquel nous avons pu travailler conjointement avec nos partenaires du gouvernement canadien et les gens de Hong Kong. Je crois que 17 pays différents y sont venus, de sorte que nous avons pu faire valoir cette image de marque. Le Service des délégués commerciaux les avait invités et les représentants de ces pays ont ainsi pu assister à une manifestation organisée par le Canada et voir ce que le Canada pouvait faire.
Puis, dans plusieurs cas, nous avons pu avec l'aide du gouvernement prendre la parole ou participer à une série de manifestations à l'étranger afin précisément de mettre en valeur le Canada. En février, M. Bergeron a assisté à la conférence à Hong Kong sur l'infrastructure de l'information et il s'est entretenu avec les délégués de ce qui se faisait au Canada. Personnellement, j'ai fait à peu près la même chose l'année précédente.
Le mois prochain, je vais me rendre à Hanovre, en Allemagne, dans le cadre du plus gros salon international de la technologie, le CeBIT. Nous avons invité quatre ou cinq compagnies canadiennes de téléphonie sans fil à y présenter leurs produits et leur savoir-faire. Il y aura parmi elles des noms très connus comme Research in Motion, les fabricants du BlackBerry. Ce genre d'activités sous les auspices du gouvernement canadien offrent donc la possibilité de faire du démarchage sur le terrain pour valoriser l'image de marque du Canada.
M. Raymond Simard: Avez-vous l'impression que nos délégués commerciaux sont suffisamment visibles en Asie? On nous a dit qu'ils étaient surchargés. Je ne suis pas certain qu'ils soient insuffisamment payés, mais ils sont assurément surchargés. Et il est à espérer que nous allons augmenter leur budget, mais manifestement il ne s'agit pas uniquement d'une question d'argent.
Si j'ai bien compris, ces délégués commerciaux ont leurs bureaux dans les ambassades. Seraient-ils plus visibles s'ils avaient des locaux à eux, est-ce que l'infrastructure proprement dite est importante selon vous?
M. Peter Barnes: Je ne crois pas en savoir suffisamment à ce sujet. Je sais que nous avions promis de fournir un complément d'information sur les délégués commerciaux, ou encore des recommandations, et peut-être devrions-nous examiner cet aspect de la question également.
Le président: M. Duncan aurait-il un mot à dire à ce sujet?
Monsieur Barnes, vous pourrez partir avant 16 h 30.
M. Peter Barnes: J'en suis heureux et je vous remercie pour cet esprit de coopération.
M. John Duncan: Vous n'êtes pas le premier à nous parler de cette image de marque. Nous avons eu nous-mêmes l'occasion d'y penser. Je pense personnellement que le Canada est un peu paranoïaque à ce sujet, parce que lorsque nous parlons aux Américains ou aux Asiatiques, nous n'arrêtons pas de leur dire que le Canada, ce n'est pas simplement nos tuniques rouges et notre sirop d'érable. Mais lorsqu'on va à un salon spécialisé, qu'est-ce qu'on peut voir? Une tunique rouge et du sirop d'érable. Regardez la façon dont nous nous y prenons pour vendre nos diamants. Nous y gravons un ours blanc. Comment faisons-nous de la publicité pour notre eau minérale? Nous montrons des montagnes enneigées.
En matière de technologie de pointe, nous ne voulons pas exploiter nos points forts. Qu'y a-t-il de mal—ce n'est pas vraiment une question, c'est simplement pour vous donner matière à réflexion—à mousser nos produits technologiques en utilisant un ours blanc, un saumon, une feuille d'érable ou que sais-je encore? Pourquoi ne pas utiliser nos points forts? Je pense que nous sommes un peu paranoïaques à ce sujet.
M. Peter Barnes: Je ne connais rien au saumon électronique, mais peut-être donner un téléphone cellulaire et une pagette à chacun de nos gendarmes en tunique rouge serait une bonne solution.
º (1625)
Le président: Monsieur Barnes,
[Français]
monsieur Bergeron, merci beaucoup pour votre présence.
[Traduction]
Comme vient de le dire M. Duncan, si vous avez des recommandations à faire au comité, elles pourraient nous être très utiles. Merci beaucoup encore une fois, et bonne chance pour votre prochaine réunion.
M. Peter Barnes: C'est noté, monsieur le président. Merci à vous pour votre coopération.
Le président: Je vous remercie. Nous allons maintenant passer au second tour de questions.
Monsieur Casson, je pense que vous aviez une question pour nos autres témoins.
M. Rick Casson (Lethbridge, Alliance canadienne): Non, ça va.
Le président: Qui voulait intervenir au second tour?
Monsieur Duncan.
M. John Duncan: Je voudrais poser une question aux gens de EDC étant donné que c'est cet organisme qui a le mandat le plus vaste. Vous nous disiez à quel point nos échanges commerciaux prennent de l'importance proportionnellement à notre PIB, et lorsque je regarde les statistiques commerciales, je constate que la part de nos échanges avec les États-Unis n'arrête pas d'augmenter alors que le pourcentage de nos échanges, surtout sur le plan des exportations, n'arrête pas de diminuer dans le cas de nos autres partenaires commerciaux. Le déficit de nos échanges commerciaux avec nos autres partenaires diminue, ce qui est assez inquiétant parce qu'en réalité, alors même que nous essayons de diversifier nos marchés, nous devenons malgré tout de plus en plus dépendants de l'excédent produit par nos échanges avec les États-Unis pour arriver à un semblant d'équilibre.
Je vous demanderais donc si cette tendance vous inquiète.
M. Stephen Poloz: Non. Premièrement, je fais observer que nous avons connu une perturbation historique majeure dans les années 90, nommément la crise asiatique, qui a été suivie par plusieurs crises dans d'autres marchés en développement, et la réaction ou le processus de rajustement que le monde a connu par la suite a fait en sorte que le dollar américain s'est beaucoup apprécié et l'économie américaine était le contrefort sur lequel s'appuyait le monde entier.
C'est donc vrai qu'à peu près tous les pays ont vu la proportion de leurs échanges commerciaux avec les États-Unis augmenter pendant cette longue période d'adaptation. Les États-Unis étaient devenus les acheteurs de dernier recours pour le monde entier. Et cette situation a duré depuis environ 1997 jusqu'au ralentissement de l'économie américaine il y a près de 18 mois, ce qui représente une tranche d'histoire assez importante.
Sur le plan structurel, nous avons un accord de libre-échange avec les États-Unis et, par conséquent, le processus que j'ai décrit, c'est-à-dire la rationalisation et les activités économiques transfrontalières, est beaucoup plus présent dans le cas des États-Unis et du Mexique que pour les autres économies.
Cette évolution se produira de façon naturelle à un rythme plus lent, mais je pense que nous en sommes actuellement à la croisée des chemins.
M. John Duncan: Mon argument est que notre déficit commercial avec nos partenaires commerciaux asiatiques a augmenté considérablement depuis plusieurs années.
Je vais passer à une autre question. D'après les activités de EDC en Asie, si EDC devait recommander au ministère des Affaires étrangères et du Commerce international un pays cible qui deviendrait le premier pays que le Canada devrait choisir pour lancer une initiative d'accord de libre-échange en Asie, quel pays choisirait-on?
M. Stephen Poloz: Vous me demandez d'en choisir seulement un?
M. John Duncan: Eh bien, deux, trois, quatre. C'est à vous de décider. Aucun problème.
M. Stephen Poloz: Il me semble que la Chine serait le choix le plus évident. C'est le pays qui offre de loin les plus grands avantages potentiels. Ce serait aussi des négociations difficiles.
Je voudrais faire une observation sur cette question du déficit, parce que c'est tout à fait naturel pour nous d'avoir des déficits avec certaines régions du monde et des excédents avec d'autres parties du monde dans nos arrangements commerciaux multilatéraux. Nous ne devrions pas nous inquiéter à propos des déficits ou des excédents commerciaux bilatéraux. Il se trouve que nous vendons beaucoup plus que nous achetons aux États-Unis et que nous achetons beaucoup plus que nous ne vendons en Asie actuellement.
Maintenant, la Chine est de loin le changement le plus important qui touchera le monde d'ici le reste de notre vie. Ce marché va plus que doubler en importance. D'ici 2020, il sera plus important que celui des États-Unis, presque certainement. S'il y a une occasion d'affaires que nous ne pouvons pas nous permettre de rater, c'est bien celle-là. Je ferais donc porter mes efforts essentiellement sur ce pays.
º (1630)
M. John Duncan: Une dernière question à l'intention de EDC. Est-ce que EDC considère que l'autre pays du monde qui ressemble le plus au Canada, nommément l'Australie, se trouve en Asie? En fait, aucun des témoins d'aujourd'hui n'a fait la moindre illusion à l'Australie.
M. Stephen Poloz: Non.
Habituellement, en tant qu'économiste, je considère l'Australie et la Nouvelle-Zélande comme des pays du bloc-dollar. Nous leur donnons ce nom parce qu'ils ont un dollar. Mais ils font partie du réseau des pays les plus avancés, comme les membres de l'OCDE. Dans certains marchés, ils sont d'importants concurrents pour nous. Dans beaucoup de secteurs et de denrées, ils ont une présence en Asie beaucoup plus forte que la nôtre et ils ont été beaucoup plus durement touchés par la crise asiatique que nous.
Vous avez donc tout à fait raison d'en parler, et nous en tenons compte. Ils ont une structure très semblable à la nôtre et souvent, nous suivons de près leur divise ou leurs autres marchés financiers et constatons qu'ils sont les premiers touchés par des événements qui toucheront également le Canada par la suite. Nous avons donc beaucoup en commun. Nous les considérons comme un marché légitime. Nous faisons évidemment des affaires là-bas et eux ici. Mais nous ne les considérons pas comme un marché en développement.
M. John Duncan: Utilisons-nous l'Australie comme point d'entrée vers le sud-est asiatique, ou bien EDC l'utilise-t-il à cette fin?
M. Stephen Poloz: Non, pas de cette manière.
Le président: Monsieur Bergeron.
[Français]
M. Stéphane Bergeron: Merci, monsieur le président.
Dans un premier temps, merci beaucoup de vos présentations. Je voudrais profiter de l'occasion pour féliciter EDC d'avoir reçu de la vérificatrice générale le Prix d'excellence des rapports annuels des sociétés d'État pour 2002. Je pense que cela témoigne de la qualité des services qui sont offerts, d'une part, et de la qualité de la gestion de votre agence, d'autre part.
J'aimerais poser une question d'ordre général dans la foulée de la question qui vient d'être posée par M. Duncan et des réponses qui ont été données.
Monsieur Poloz, vous avez dit dans votre allocution qu'en raison de la crise de 1997-1998, le Canada s'était davantage tourné vers les États-Unis et vous avez laissé entendre immédiatement après que nous nous étions de nouveau tournés vers l'Asie, où les perspectives étaient pour le moins intéressantes. Toutefois, les chiffres semblent plutôt indiquer, comme l'évoquait M. Duncan, que la part du Canada dans les marchés d'importation en Asie a tendance à diminuer actuellement. On dit que depuis l'an dernier, la part du Canada est passée de 1,32 p. 100 à 1,24 p. 100 dans les marchés d'importation des 10 principaux clients d'Asie.
Il semble bien qu'il y ait encore beaucoup de travail à faire pour intéresser de nouveau les exportateurs et les investisseurs canadiens à l'Asie. À cet égard, on sait qu'il y a un certain nombre d'obstacles, qu'ils soient de nature culturelle ou réglementaire, qui font en sorte qu'un grand nombre d'entreprises canadiennes hésitent à aller en Asie ou abandonnent tout simplement cette idée. C'est d'ailleurs une situation que le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international évoquait lui-même dans une brochure intitulée Un dragon à vos portes: Plan d'action commercial pour la Chine et Hong Kong 2002, où on pouvait lire que faire des affaires avec la Chine pouvait s'avérer déconcertant, même pour les entreprises les plus expérimentées.
Si tant est que la Chine constitue le marché ayant le plus important potentiel de développement pour les entreprises canadiennes, comment devons-nous procéder pour franchir cette espèce d'obstacle souvent psychologique qui fait en sorte qu'un grand nombre d'exportateurs et d'investisseurs canadiens hésitent à aller faire des affaires en Chine? Il faut que nous fassions notre place. Comment devons-nous procéder?
Premièrement, qu'est-ce qui constitue, selon vous, les principaux obstacles à la présence canadienne là-bas? Deuxièmement, comment devons-nous procéder pour franchir ces obstacles?
º (1635)
M. Stephen Poloz: Merci. Je vais mentionner deux facteurs économiques et je céderai ensuite la parole à mon collègue.
Premièrement, pendant ce processus d'ajustement que j'ai mentionné, durant la crise asiatique, le dollar américain était très fort et le dollar canadien s'est déprécié par rapport au dollar américain, mais à la même époque, le dollar canadien était très fort par rapport à l'euro. Nous avons perdu une partie de nos marchés à cause de cela. Par exemple, les producteurs de bois et de pâtes et papiers de Scandinavie étaient plus concurrentiels que nous au Japon et en Chine durant cette période.
Mais les choses changent en ce moment. La valeur du dollar américain diminue et l'euro est plus fort. Je prévois une reprise de notre commerce international avec l'Asie en 2003. C'est une situation plus normale. Au cours des cinq prochaines années, la situation sera plus normale et on verra peut-être une croissance de 10 ou 12 p. 100 de nos exportations vers la Chine. On verra sûrement une croissance de 4, 5 ou même 6 p. 100 de nos exportations aux États-Unis.
C'est un processus d'ajustement naturel, mais vous avez raison de dire que le point de départ est à un niveau peu élevé et qu'il faut faire d'autres choses pour profiter de cette situation.
Mon collègue a peut-être quelque chose à ajouter.
M. Henri Souquiéres: La grande difficulté en Asie, c'est le tissu industriel qui est fait de petites entreprises. Donc, il faut les aider plus qu'ailleurs. C'est plus facile aux États-Unis, où on peut aller en voiture.
En ce qui a trait au marché chinois, M. Simard demandait tout à l'heure pourquoi nous ne touchions qu'un seul point d'entrée à Hong Kong. C'est à cause de sa taille. Nous pensons peut-être à Pékin parce qu'essentiellement, en Chine, les relations passent par le gouvernement. Nous envisageons le moment de nous établir à Shanghai et à Hong Kong pour profiter de l'émergence du secteur privé et des deux autres pôles d'introduction.
Ce ne sont pas des marchés faciles. Il y a même plusieurs marchés à l'intérieur de la Chine. Nous avons parlé seulement des marchés de la côte avec nos exportateurs. Tôt ou tard, il va falloir entrer à l'intérieur des terres, où il y a aussi des marchés. Donc, les défis sont énormes, mais nous sommes là pour aider les entreprises à faire face aux risques. Une des grosses difficultés en Chine, c'est que la période de transition présente énormément de risques. L'émergence du secteur privé va certainement entraîner des faillites, ce qui n'existait pas dans le cas du secteur étatique.
M. Stéphane Bergeron: Est-ce que M. Kowalski souhaite ajouter quelque chose?
[Traduction]
M. Mitch Kowalski: À mon avis, les difficultés en Chine peuvent être surmontées très simplement—en fait, peut-être pas si simplement que ça—grâce à un partenariat avec Hong Kong. C'est ce que mon association soutient depuis maintenant plusieurs années et je pense que le MAECI, en un sens, a raté le coche à cet égard.
Il n'hésite pas à envoyer des compagnies canadiennes, surtout des PME, directement en Chine, au lieu de reconsidérer le processus et de suivre un modèle davantage inspiré du monde des affaires, consistant à se demander qui seraient les meilleures personnes pour nous introduire sur le marché chinois. Est-ce que ce sont les Chinois de Beijing, qui ne connaissent peut-être pas bien les pratiques canadiennes? On finit par mettre en relation deux parties qui ne se comprennent pas vraiment l'une l'autre. Ou bien serait-ce un meilleur modèle que de dire: ma foi, nous avons une foule de compagnies à Hong Kong qui font déjà des affaires du même genre dans diverses villes de Chine et peut-être que nous devrions travailler avec le consulat à Hong Kong pour établir des liens avec ces gens-là?
Si je peux me permettre, brièvement, j'ai apporté ici l'annuaire de Hong Kong, que l'on peut se procurer n'importe où. Pour vous donner un exemple des liens entre Hong Kong et la Chine, car je crois que c'est un aspect qui est souvent négligé, Hong Kong a des liens d'affaires avec la Chine depuis 20 ans, depuis que les portes se sont ouvertes à la fin des années 70, et le principal partenaire commercial de Hong Kong est la Chine.
En 2000, les résidents de Hong Kong ont fait 50 millions de voyages en Chine. Il y a seulement 6 millions d'habitants à Hong Kong. Ils ont fait 50 millions de voyages en Chine en un an. Ils ont investi cette même année 171 milliards de dollars US en investissements directs de Hong Kong en Chine.
Ce sont des gens qui connaissent le pays. Donc, à mon avis, ce n'est vraiment pas très logique d'envoyer une quelconque PME de Halifax à Beijing en disant: «Bonne chance; nous sommes là si vous avez besoin de nous, mais à vous de vous débrouiller». C'est beaucoup plus logique de dire: «Voici votre secteur. Voici certains partenaires à Hong Kong. Nous avons déjà déblayé le terrain là-bas. Établissons le contact entre vous et eux et nous vous aiderons à prendre pied à Hong Kong dans le cadre d'un partenariat, d'un groupe». Pour cela, à mon avis, il faut que le gouvernement canadien mette davantage l'accent sur les partenariats entre des secteurs industriels homologues, au lieu de se contenter de dire: «Nous allons ouvrir un bureau commercial à Beijing. Nous sommes prêts à vous aider, mais nous ne pouvons pas faire grand-chose de plus».
Je pense que cela permet de surmonter les difficultés culturelles pour ce qui est de la langue, de la façon de faire des affaires, et tout le reste. Je pense que c'est une approche beaucoup plus sûre.
Une compagnie comme Nortel ou Bombardier n'a pas besoin de cette approche. Mais pour les PME, je pense qu'il est vital de s'engager dans une voie comportant certaines protections.
º (1640)
[Français]
M. Stéphane Bergeron: J'aimerais poser une autre question, à moins que M. Poloz et M. Souquières aient quelque chose à ajouter à ce qu'ils ont déjà dit.
Mon autre question a trait à la négociation sur un traité de libre-échange avec Singapour qui a cours actuellement. Je ne sais pas si vous savez pourquoi on veut conclure un traité avec Singapour plutôt qu'avec quelque autre pays de la région.
J'ai le goût de vous poser une autre question. Selon vous, quel impact la conclusion d'un accord de libre-échange avec ce pays pourrait-elle avoir, non seulement au niveau de la pénétration du marché de Singapour, mais également au niveau de la pénétration des marchés environnants, alors qu'on sait qu'il y a actuellement une interrelation très étroite entre l'économie de Singapour et les économies des pays environnants?
M. Stephen Poloz: Tout d'abord, je dois dire qu'il serait préférable d'avoir un accord de libre-échange mondial. Ce serait la solution idéale, mais c'est un processus très lent et il se peut qu'on ne réussisse jamais. Toutefois, je pense qu'il est bon de conclure de petits accords qui démontrent les bénéfices d'un accord de libre-échange.
L'accord avec Singapour n'est qu'un exemple. Comme c'est une économie qui est très ouverte à cette idée, c'est un easy win. C'est aussi un easy win du point de vue du Canada. Un autre exemple est l'accord avec le Costa Rica. Personne n'a mentionné l'accord avec le Costa Rica. C'est étonnant, mais je pense que c'est parce que les Costaricains ne produisent pas de voitures, par exemple; ils ne menacent pas les emplois ici, au Canada. C'est ironique parce que, du point de vue des économistes, ce sont les économies les plus différentes de la nôtre qui offrent les plus grands gains sur le plan d'un accord de libre-échange. On gagnerait à conclure un accord avec un pays qui produit seulement des ananas, par exemple.
Singapour est un autre exemple de ce genre, mais il s'agit d'un marché stratégique.
M. Stéphane Bergeron: Singapour ne produit pas seulement des ananas.
M. Stephen Poloz: Non, mais c'est peut-être une porte vers l'Asie. En fait, il serait bon de conclure toute une série d'accords de libre-échange, ce qui pourrait nous donner un accord presque mondial. Ce ne serait pas parfait, mais c'est possible. Je pense qu'il vaut la peine de continuer. Cela va démontrer aux Canadiens et aux autres que les accords ne sont pas dangereux, qu'ils peuvent au contraire nous être bénéfiques. Si cela accélère les autres négociations au niveau mondial, ce sera encore quelque chose de positif.
º (1645)
[Traduction]
Le président: Bon. Monsieur Calder, monsieur Simard et monsieur Duncan.
M. Murray Calder: Merci beaucoup, monsieur le président.
Vous avez fait une déclaration, Stéphane, qui a éveillé mon intérêt.
Ici, en Amérique du Nord, nous avons l'ALENA, les Amériques ont la ZLEA, l'Europe a l'Union économique européenne, et dans les pays asiatiques, il y a l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est. Cela devrait-il nous préoccuper, ou bien l'OMC va-t-elle s'en occuper? Ou bien devrions-nous peut-être chercher activement à devenir partie prenante dans cette association?
M. Stephen Poloz: Nous faisons déjà beaucoup de commerce avec l'ANASE et c'est un secteur de forte croissance pour notre commerce. C'est vrai que nous devrions chercher à libéraliser les échanges commerciaux sur tous les fronts possibles, et c'est efficace de le faire avec un groupe de pays plutôt qu'avec des pays individuels. Donc, si nous sommes en mesure de réaliser des percées, c'est exactement ce qu'il faut faire. Il s'agit de savoir comment nous devrions utiliser le Mercosur ou la Communauté européenne. C'est simplement qu'il est plus efficace de négocier avec une organisation.
Je suis d'accord à 100 p. 100. Je suis de ceux qui pensent que la libéralisation du commerce est une bonne chose dans toute situation possible et je n'émets donc aucune réserve à cette analyse.
M. Murray Calder: Quels mécanismes seraient à notre disposition pour réaliser cela par l'entremise de l'ANASE? Avez-vous une idée là-dessus?
M. Stephen Poloz: Nous participons bien sûr au groupe de l'APEC et nous avons donc beaucoup d'associations avec ces pays, ce qui fait qu'à notre avis, il ne serait pas tellement difficile tout au moins de faire savoir que nous souhaitons nous engager dans cette voie.
Il est fort possible qu'il y ait des entretiens dont je ne suis pas au courant. Il faudrait que vous en parliez à des fonctionnaires du MAECI. Nous en entendons parler à peu près de la même manière que vous.
M. Murray Calder: Très bien, merci.
Le président: Monsieur Simard.
M. Raymond Simard: Merci, monsieur le président.
Ma question a peut-être une portée plus philosophique. Nous parlons de l'Asie et de la Chine, dans ce cas particulier, mais nous évoquons les riches possibilités, le marché immense, le potentiel énorme. Avons-nous peut-être réfléchi au revers de la médaille? Avons-nous des craintes pour ce qui est d'ouvrir notre marché à ce géant, ce colosse?
Voici un exemple. L'un de mes amis a une compagnie d'équipement de sécurité. Auparavant, il achetait tout son acier de compagnies canadiennes, mais maintenant, il achète l'acier en Chine au tiers du prix. C'est évident que cela nous coûte des emplois au Canada. Donc, quand nous discutons de libre-échange, de la possibilité d'ouvrir notre petit marché à ces gens-là, est-ce que cela pourrait avoir des conséquences négatives pour le Canada?
M. Stephen Poloz: Je pense que je peux dire catégoriquement non, et il est très important que nous en parlions le plus possible. Quand on fait un rajustement à des relations commerciales, il y a presque toujours quelqu'un qui va en payer le prix.
M. Raymond Simard: Nous ne voulons pas que ce soit nous.
M. Stephen Poloz: Nous, collectivement. Parmi nous, il y aura toujours quelqu'un qui va payer un prix. En fait, les économistes vous diront que si personne n'est perdant, s'il n'y a aucun coût, il n'y a, par définition, aucun gain non plus, parce que les prix relatifs doivent changer pour que nous obtenions un avantage. Les économistes vous diront aussi que la prochaine étape de ce rajustement, c'est quand votre ami économise les deux tiers du coût de l'acier. Cela a fait augmenter ses profits, fait croître son entreprise, il crée de nouveaux emplois dans son secteur. Ces emplois, bien sûr, créent des revenus locaux qui sont dépensés ici au Canada, et ainsi de suite.
Voilà l'acte de foi que les économistes évoquent toujours. Je pourrais vous poser la question: «Est-ce que quelqu'un ici a un pantalon en coton?» Chacun en a de nombreuses paires. Combien de paires de pantalons en coton une famille achète-t-elle dans une année donnée? Eh bien, on fabrique d'excellents pantalons en coton au Brésil, mais nous avons un tarif de 19,5 p. 100 parce que nous n'avons pas d'accord de libre-échange avec eux. Ce que cela veut dire, c'est que le prix des pantalons en coton que vous achetez chaque année est, en moyenne, supérieur de 20 p. 100 à ce qu'il serait si nous avions le libre-échange avec tous les pays du monde.
Songez seulement à tout l'argent qui est dépensé chaque année pour l'achat de pantalons en coton, additionnez tout cela et réfléchissez à ce qui pourrait se passer. Combien de gens fabriquent des pantalons en coton au Canada? Si nous devions proposer une chose pareille, nous lirions dans les journaux dès demain le nom et l'adresse de tous les Canadiens dont les emplois sont menacés, mais personne ne parlerait des 80 $, 100 $ ou 120 $ par année que chaque ménage économiserait uniquement à l'achat de pantalons de coton. Et qu'est-ce que les gens feraient de cet argent? Évidemment, ils le dépenseraient.
Le fait que l'on achète aujourd'hui des lecteurs DVD fabriqués en Chine à 100 $ au lieu de 500 $, c'est un véritable cadeau pour nous. Cela nous donne 400 $ de plus à dépenser à l'achat d'autre chose. Et nous dépensons beaucoup d'argent pour acheter des produits canadiens et nous créons beaucoup d'emplois ici. Il y a toujours un acte de foi, il faut faire le saut, mais le coût est immédiatement évident. Ce sont ces gens-là dont nous entendrons parler, et nous devons bien sûr faire nos devoirs...
º (1650)
M. Raymond Simard: Les avantages à long terme en valent la peine, fondamentalement.
M. Stephen Poloz: C'est exact. Et à chaque fois que cela a été le cas, on l'a vérifié à maintes et maintes reprises.
M. Raymond Simard: J'ai deux questions à poser à M. Kowalski. Premièrement, comment les choses ont-elles changé sur le plan commercial depuis que Hong Kong est passé à la Chine? Ce changement a-t-il eu des répercussions quelconques influant sur la façon dont le Canada devrait aborder ce dossier? Deuxièmement, quand vous dites que les Canadiens devraient se trouver des partenaires à Hong Kong, ce qui est à mon avis une excellente idée, est-ce que vous songez à des partenaires canadiens? Autrement dit, le gouvernement du Canada devrait-il encourager les compagnies canadiennes à former des partenariats avec d'autres compagnies canadiennes qui sont déjà établies à Hong Kong?
M. Mitch Kowalski: Je vais commencer par répondre à la dernière question.
Oui, je pense que nous devrions former des partenariats avec nos propres compagnies qui connaissent déjà la musique. Je pense que l'établissement de liens avec le Trade Development Council... par exemple, pour Hong Kong, ils ont une énorme base de données qui est ouverte à tous et accessible sur Internet pour se mettre en liaison avec des compagnies. Si le gouvernement canadien et le gouvernement de Hong Kong pouvaient travailler ensemble par l'entremise de leurs agences de développement commercial pour créer une base de données conjointe ou pour accorder des droits d'accès, ou pour conclure une entente quelconque en vue d'aider les compagnies canadiennes à mieux connaître le dossier et à former des partenariats soit avec des compagnies de Hong Kong, soit avec des compagnies canadiennes...
Au sujet du commerce avec la Chine, presque toute l'industrie manufacturière qui se trouvait auparavant à Hong Kong est aujourd'hui en Chine. On appelle maintenant toute la région le delta de la rivière aux perles. On ne parle plus vraiment de Hong Kong ou de Canton. On parle plutôt maintenant du delta de la rivière des Perles. On a vraiment régionalisé le secteur.
Tout le long de la rivière, les usines surgissent comme des champignons; en fait, elles existent depuis des années maintenant. Ils mettent en place de plus en plus de plaques tournantes des transports pour mettre en liaison les diverses villes et faire de la région une entité dynamique.
Nous n'avons pas constaté que cela nuise le moindrement aux entreprises canadiennes. En fait, cela donne même aux entreprises canadiennes des possibilités plus intéressantes dans cette région.
Le président: M. Duncan a la parole pour une dernière question.
M. John Duncan: Je m'adresse à M. Kowalski. En passant, je suis allé à l'école avec un M. Kowalski. Premièrement, pour m'assurer de bien comprendre votre organisation, pourriez-vous nous expliquer qui finance votre organisation et qui finance la fédération?
Deuxièmement, vous avez très bien décrit Hong Kong en disant que c'était un point d'entrée vers la Chine continentale. En fait, vous avez donné une bonne description du delta de la rivière des Perles. Les Taïwanais se décriraient d'une façon très semblable, en se présentant comme un point d'entrée vers la Chine continentale, mais orienté particulièrement sur Shanghai.
Il y a peut-être un demi-million ou un million de Taïwanais qui habitent actuellement à Shanghai. L'investissement étranger direct de Taïwan en Chine continentale varie selon les estimations, mais je pense que 80 milliards de dollars est un chiffre généralement accepté. Par conséquent, diriez-vous que les mêmes arguments que vous avez utilisés pour promouvoir Hong Kong pourraient s'appliquer à Taïwan, pour encourager les Canadiens à se servir de Taïwan comme point d'entrée?
Vous avez fait dans votre exposé une observation sur la faiblesse générale de l'appui du gouvernement canadien; en tout cas, j'ai pris cela comme une observation de portée générale. Je me demande si, à votre avis, la raison en est que cet appui va ailleurs ou n'existe tout simplement pas. Autrement dit, est-ce que l'appui est mal orienté ou bien est-il inexistant?
º (1655)
M. Mitch Kowalski: Je commencerai par répondre à la dernière question. Je crois que cet appui n'existe tout simplement pas, peut-être parce que les responsables canadiens au Canada considèrent que cela relève de leur bureau outre-mer. Lorsque nous allons à Hong Kong, nous rencontrons les représentants de la Chambre de Commerce et tous les membres du consulat et nous sommes très bien accueillis et nous avons de bonnes discussions avec eux. Mais nous ne constatons pas le même genre de situation lorsque nous revenons au Canada. Le ministère des Affaires étrangères a peut-être l'impression que ce n'est pas le travail d'Ottawa mais que c'est plutôt le travail de Hong Kong ou de Beijing ou d'ailleurs.
En ce qui concerne Taïwan, je suis convaincu que c'est le modèle que nous devrions utiliser. Nous devrions faire appel aux personnes qui connaissent bien la Chine, que ce soit à Hong Kong, à Taïwan ou ailleurs. Ce modèle est valable.
M. Stéphane Bergeron: Qu'en est-il de Macao?
M. Mitch Kowalski: Je considère que Macao joue un rôle plus modeste. Macao se trouve très près de Hong Kong et fait partie de la région du delta de la rivière des Perles. Hong Kong occupe une place prédominante mais s'il y a des gens à Macao, il ne fait aucun doute que c'est un bon modèle à suivre.
En ce qui concerne le financement, la Hong Kong-Canada Business Association est une organisation à but non lucratif. Nous nous finançons nous-mêmes grâce aux cotisations et aux événements que nous organisons. Si nous ne faisons pas d'argent, nous disparaîtrons. Nous sommes autonomes financièrement.
La Federation of Hong Kong Business Associations Worldwide est financée par l'intermédiaire du Hong Kong Trade Development Council. Ce conseil de développement commercial organise toutes les activités qui entourent l'assemblée annuelle qui se tient à Hong Kong. Il paiera le billet d'avion pour Hong Kong du président de chaque association qui existe dans le monde et deux nuits à l'hôtel, un point c'est tout.
Il s'agit vraiment d'un bon modèle dont peut s'inspirer le Canada parce qu'il s'agit pour ainsi dire d'ambassadeurs qui font la promotion du commerce partout dans le monde pour votre pays. Vous ne les payez pas pour ce faire mais ils le font en raison de leur association et de leur façon de faire des affaires. C'est une idée brillante qui fonctionne bien pour Hong Kong.
L'un des membres du comité a demandé s'il existait un édifice commercial distinct, s'il devrait exister une infrastructure distincte. Ce ne serait sans doute pas une mauvaise idée. Ici encore, je m'inspire simplement du modèle qui existe à Hong Kong. Il y a un conseil de développement du commerce, qui est séparé et distinct de toutes les autres organisations qui existent à Hong Kong. C'est ce qu'on appelle le TDC, et c'est ce qui retient l'attention des gens. Il existe un groupe appelé Invest Hong Kong dont l'objectif est d'attirer les investissements à Hong Kong. Ils ont des logos distincts, des objectifs distincts et des orientations distinctes. C'est ainsi qu'ils fonctionnent.
Pour ce qui est d'établir une marque distinctive, c'est peut-être un modèle auquel le Canada pourrait songer dans le cadre de l'établissement d'une société canadienne de développement distincte du ministère des Affaires étrangères ou du consulat. Elle pourrait être logée à côté ou à un étage au-dessus, mais il s'agirait d'une entité séparée et distincte afin que les gens ne la confondent pas avec le bureau où on peut uniquement obtenir un passeport ou un visa.
M. John Duncan: Il est intéressant de constater qu'à Taipei, le gouvernement de la Colombie-Britannique a un bureau séparé, mais que le gouvernement du Québec partage un bureau avec la délégation commerciale canadienne. J'ai trouvé cela assez inhabituel, parce qu'à cause de cela la Colombie-Britannique s'est en fait plus démarquée que le Québec.
Vous avez parlé de l'attitude d'Ottawa et de l'attitude en Asie envers certaines questions. Un exemple précis qui me vient à l'esprit est le conseil que j'ai reçu à Ottawa de faire appel à la personne affectée à ce cas à Ottawa. On ne m'a jamais renvoyé à la personne dans le pays même où j'éprouvais des difficultés avec certains produits que j'exportais. Lorsque j'ai finalement pu communiquer avec cette personne, le problème a été réglé immédiatement. Ils m'ont dit de ne jamais m'adresser aux gens d'Ottawa parce que je n'arriverais à rien. Donc je crois qu'il y a du vrai dans ce que vous dites. Autrement dit, je renforce ce que vous dites.
Merci beaucoup, monsieur le président.
» (1700)
Le président: Monsieur Kowalski, je suppose qu'il vous arrive de faire des sondages auprès de vos membres, n'est-ce pas?
M. Mitch Kowalski: Nos membres n'aiment pas répondre à des sondages. Il y a quelques années que nous n'en avons pas fait.
Le président: Il serait peut-être temps d'en faire un puisque nous sommes en train de préparer cette étude. Nous ne nous sommes pas penchés sur cette question depuis un certain temps. Je crois qu'il serait des plus utiles pour le comité et le gouvernement du Canada de déterminer auprès de vos membres certaines mesures particulières qu'à leur avis le gouvernement du Canada devrait prendre pour accroître le commerce entre le Canada et l'Asie-Pacifique.
Nous aimerions que vous formuliez des recommandations précises. Si vous pouviez nous les faire parvenir d'ici les six prochaines semaines, ce serait formidable.
M. Mitch Kowalski: Je le ferai avec plaisir.
Le président: Je proposerais la même chose à Exportation et développement Canada. Si vous considérez qu'il y a des mesures que nous devrions recommander, n'hésitez pas à nous les communiquer.
M. Stéphane Bergeron: Nous ne dirons pas de qui la demande est venue.
Le président: Je tiens à vous remercier de votre excellent exposé et d'avoir répondu à nos questions de façon très ouverte et directe. Si vous avez autre chose que vous voulez nous communiquer, vous voudrez bien le faire par l'entremise du greffier.
[La séance se poursuit à huis clos.]