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Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir présenter le projet de loi à l’étape de la deuxième lecture.
Le projet de loi propose des mesures visant les fiducies non résidentes et les entités de placement étrangères et apporte quelques modifications de forme à la Loi de l’impôt sur le revenu.
Le texte législatif à l’étude aujourd’hui est complexe. Plutôt que de m’attarder aux précisions techniques, je vais expliquer aux députés comment le projet de loi s’inscrit dans les efforts que le nouveau gouvernement du Canada s’est engagé à faire pour améliorer le régime fiscal et le rendre plus concurrentiel.
D’abord, comment pouvons-nous avoir un régime fiscal concurrentiel, alors que les Canadiens ont payé plus d’impôts que nécessaire? Le nouveau gouvernement croit que les Canadiens ont été surimposés pendant trop longtemps et qu’il faut déplacer le fardeau d’une fiscalité excessive pour pouvoir encourager l’expression des qualités qui sont indissociables de ce qui anime et enrichit la vie des Canadiens. Voilà ce qui rend le Canada compétitif, surtout sur le marché mondial.
Pourquoi les contribuables canadiens devraient-ils continuer à donner au fisc une si forte proportion de l’argent qu’ils ont durement gagné? Il faut que les Canadiens conservent une plus grande part de leur argent. Ils en ont besoin pour leur famille, pour donner suite à leurs priorités à eux, pour bâtir leur avenir. Ils en ont aussi besoin pour investir dans l’économie et aider les entreprises à prospérer. Voilà qui est de nature à aider tous les Canadiens.
C’est le temps d’alléger la ponction fiscale. C’est ce que le nouveau gouvernement du Canada a commencé à faire dans le budget de 2006, et il continuera dans cette voie.
Les députés n’ont qu’à considérer notre bilan. En deux ans, nous avons accordé aux particuliers et aux ménages des allégements d’impôt de près de 20 milliards de dollars. Nous avons fait plus en un seul budget que le gouvernement précédent ne l’a fait en quatre.
Comme les députés le savent, nous avons ramené le taux de la TPS de 7 à 6 p. 100 le 1er juillet 2006, et ce n’est pas fini. Nous nous sommes engagés à abaisser le taux d’un autre point. Réduire la TPS, c’est alléger la charge fiscale de tout le monde, y compris celle des contribuables qui ne gagnent pas assez pour payer de l’impôt sur le revenu. N’est-ce pas juste?
Nous avons également aidé les Canadiens en allégeant l’impôt sur le revenu des particuliers. Nous avons augmenté l’exemption personnelle de base et réduit le taux le plus bas de l’impôt sur le revenu des particuliers. Ces deux mesures se traduiront par un allégement de l’impôt sur le revenu des particuliers de 4,6 milliards de dollars en 2006-2007 et 2007-2008.
L’automne dernier, le a annoncé le nouveau Plan d’équité fiscale. Ce plan rétablira l’équilibre et l’équité dans notre régime fiscal et placera sur le même pied les fiducies de revenu et les sociétés commerciales. Il garantira aussi un nouvel allégement fiscal de plus de 1 milliard de dollars par an aux Canadiens.
Les mesures prévues dans ce plan sont des étapes importantes vers le renforcement de notre système de sécurité sociale pour les retraités et les aînés.
Le nouveau gouvernement du Canada reconnaît également l’importance des entreprises dans une économie forte. Nous voulons créer un environnement économique propice qui aide les entreprises à soutenir la concurrence et à croître et qui récompense le succès.
Dans le budget de 2006, nous avons commencé par éliminer l’impôt fédéral sur le capital à partir de janvier 2006. Nous éliminerons la surtaxe des sociétés en 2008 et ramènerons le taux général d’imposition des sociétés de 21 à 19 p. 100 d’ici 2010.
Ces réductions permettront au Canada de retrouver le sérieux avantage fiscal que nous avions avant les changements apportés en 2004 au régime fiscal des États-Unis. Nous avons également aidé les petites entreprises.
Au Canada, le régime fédéral de l’impôt sur le revenu appuie la croissance de la petite entreprise en réduisant le taux d’imposition de la première tranche de 300 000 $ du revenu admissible d’une société privée sous contrôle canadien. Cette mesure aide les petites entreprises à conserver une plus grande partie de leurs gains à des fins de réinvestissement et d’expansion, ce qui contribue à la création d’emplois et à la promotion de la croissance économique au Canada.
Pour encourager encore plus la croissance de la petite entreprise, nous avons pris l’initiative, dans le budget de l’année dernière, de porter à 400 000 $ la limite actuelle de 300 000 $ du revenu admissible au taux d’impôt fédéral réduit et ce, à partir du 1er janvier 2007. Nous avons également réduit le taux d’imposition applicable aux petites entreprises admissibles de 12 p. 100 aujourd’hui à 11,5 p. 100 en 2008 et à 11 p. 100 en 2009.
J’ai parlé jusqu’ici de la façon dont le nouveau gouvernement du Canada a réduit les impôts, aussi bien des particuliers que des sociétés. Cela montre combien le nouveau gouvernement se soucie de l’imposition excessive que les Canadiens ont dû endurer depuis trop longtemps.
Le nouveau gouvernement du Canada est déterminé à réduire les impôts. Dans le discours qu’il a prononcé à l’occasion de la récente mise à jour économique et financière, le a annoncé Avantage Canada, plan économique conçu pour faire de notre pays un chef de file mondial, aujourd’hui et pour les générations à venir. Il nous aidera à bâtir une économie plus forte et à nous donner une qualité de vie des plus élevées grâce à des avantages économiques concurrentiels.
L’un des principaux avantages de ce plan réside dans l’engagement à réduire les impôts de tous les Canadiens et à établir le taux d’imposition le plus bas du G7 sur les nouveaux investissements d’affaires. La baisse d'impôt garantie annoncée dans le plan permettra aux Canadiens de profiter directement de la réduction de la dette, puisque les économies d’intérêts réalisées seront consacrées à des réductions permanentes de l’impôt sur le revenu des particuliers. Tout excédent imprévu servira à accélérer cette réduction et, par voie de conséquence, la baisse des impôts.
Une dette moindre se traduit par des intérêts moins élevés, qui permettent de baisser les impôts des Canadiens. Bref, ce plan créera des conditions et des occasions qui favoriseront le succès des familles et des entreprises. En ce qui concerne l’imposition des fiducies non-résidentes et des entités de placement étrangères, il importe, pour maintenir les impôts à un niveau peu élevé, que chacun puisse garder une part équitable. C’est là qu’interviennent les mesures prévues dans le projet de loi .
Le projet de loi s'inscrit dans le droit fil de l'objectif du gouvernement de promouvoir la justice et l'équité du régime fiscal canadien. Le projet de loi modifie notamment les dispositions de la Loi de l'impôt sur le revenu pour empêcher le report d'impôt et l'évitement fiscal au moyen de fiducies et de fonds de placement étrangers. Autrement dit, si quelqu'un essaie d'éviter de payer de l'impôt en recourant à de tels moyens de placement, tout revenu provenant d'un tel investissement sera grevé d'impôt comme s'il avait été réalisé au Canada.
Il est important de signaler que la plupart des changements proposés dans cette mesure législative à l'égard des fiducies non-résidentes et des entités de placement étrangères font suite à de vastes consultations auprès des contribuables, de fiscalistes-conseils professionnels et de l'administration fiscale.
Il importe également d'insister sur le fait que la mesure prévue dans le projet de loi pour éviter le report d'impôt et l'évitement fiscal en recourant à des fiducies et à des fonds de placement étrangers vise à protéger l'assiette de l'impôt, non à accroître les recettes fiscales. En fait, les activités de cette nature ont considérablement ralenti au fil des ans. Le projet de loi ferait en sorte que si elles se présentent, le revenu qui en découle soit grevé d'impôt comme s'il avait été gagné au Canada.
En règle générale, le Canada perçoit de l'impôt sur le revenu des contribuables résidant au Canada, sans égard à la source. D'autre part, le Canada ne grève d'impôt que les sources de revenu canadiennes des contribuables non résidants. Cet état de choses a pour effet d’inciter les Canadiens désireux de gagner des revenus de placement à recourir à des intermédiaires étrangers qui résident dans un pays autre que le Canada, où l’impôt est nul ou faible.
Cela signifie qu'à défaut de mesures de prévention efficaces, comme celles qui sont prévues dans le projet de loi , les Canadiens qui se servent de fiducies non-résidentes et d'entités de placement étrangères pour gagner des revenus de placement éviteraient de payer de l'impôt au Canada ou retarderaient leur contribution fiscale. Une telle situation engendre de l'injustice.
Ce genre d'évitement fiscal érode l'assiette de l'impôt canadienne et il crée des inégalités qui, à leur tour, minent l'intégrité de notre régime fiscal. Les nouvelles règles feraient en sorte que les gains provenant d'investissements faits au nom de résidents canadiens dans des fiducies non-résidentes et des entités de placement étrangères soient visés par l'impôt du Canada. Ce revenu aurait pu être grevé d'impôt au Canada s'il avait été gagné, au nom de ces mêmes Canadiens, par l'intermédiaire de fiducies et d'entités de placement résidentes. Par conséquent, les avantages fiscaux liés au recours à des fiducies non-résidentes et à des entités d'investissement étrangères seraient éliminés.
De plus, les dispositions du projet de loi auraient pour effet de mettre fin à l'érosion de l'assiette fiscale, de promouvoir l'intégrité du régime fiscal du Canada et d'uniformiser les règles du jeu pour tous les instruments de placement, qu'ils soient canadiens ou étrangers. Ce sont là des considérations importantes.
Les dispositions que je viens d'énumérer constituent la plus grande partie du projet de loi . Par ailleurs, celui-ci apporte aussi des modifications de forme à la Loi de l'impôt sur le revenu en réponse à des objectifs d'ordre administratif.
Les changements sont trop nombreux pour que je les énumère. Je dirai qu'ils apportent des clarifications ou des corrections relativement à l'application de certaines dispositions de la Loi de l'impôt sur le revenu en vigueur ou établissent le cadre légal nécessaire à l'égard de mesures qu'on a déjà annoncées. En outre, le projet de loi prévoit des mesures fiscales s'appliquant à d'autres cas nécessitant une solution législative.
Enfin, j'invite les députés à se pencher aujourd'hui sur les deux importants objectifs du projet de loi.
Premièrement, le projet de loi prône l'équité dans notre régime fiscal. Les mesures proposées contribueront à réduire les abris fiscaux inappropriés en assurant que les revenus tirés d'investissements étrangers soient déclarés de façon adéquate. Deuxièmement, et cet objectif est lié au premier, le projet de loi protège l'intégrité du régime fiscal canadien et prévient l'érosion de l'assiette fiscale. Le projet de loi C-33 répondrait à ces deux objectifs de façon à améliorer notre régime fiscal dans l'intérêt de tous les Canadiens.
Depuis qu'il a été élu, le nouveau gouvernement du Canada a fait des pas importants pour accroître la prospérité du Canada. Le projet de loi contribuerait à nous faire progresser dans cette voie en transformant le régime fiscal de manière à en faire un avantage concurrentiel, et non un obstacle.
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Je vous remercie, monsieur le Président. J'ai mentionné le projet de loi et je reviens sur certains des points que le député a soulevés dans son exposé.
Pour revenir à cette partie de mon propos, j'ai simplement dit qu'il est tout à fait faux de dire que les conservateurs réduisent l'impôt sur le revenu alors que tous les Canadiens savent qu'ils l'ont en fait augmenté. Il est faux de dire qu'ils ont rayé des contribuables du rôle d'imposition alors que tous les Canadiens savent bien qu'ils ont en fait augmenté le nombre de contribuables. Cela nuit aux politiciens de tous les partis en renforçant la notion que les politiciens ne sont pas dignes de confiance.
Je voudrais mentionner un autre point. Dans son exposé, le député a parlé des fiducies de revenu. Je prétends que le gouvernement a fait deux erreurs dans ce dossier. Premièrement, il est indéniable que les conservateurs ont manqué à leur promesse. Ils ont dit le plus clairement possible qu'ils n'imposeraient pas les fiducies de revenu. Ils l'ont fait quand même. En conséquence, plus d'un million de Canadiens ont perdu pour environ 25 milliards de dollars de leurs économies durement gagnées, en moyenne 25 000 $ par personne.
Quoi qu'il en soit, comme si cela n'était pas assez, le deuxième crime, la deuxième indécence, c'est que tout cela s'est fait de manière extrêmement maladroite. La preuve montre, et les témoins qui ont comparu devant le Comité des finances en conviendront, que le gouvernement n'a tout simplement pas songé aux conséquences de ses actes.
Le gouvernement croyait qu'il y avait un problème à résoudre et, donnons-lui le bénéfice du doute. Faisons l'hypothèse que c'était le cas. Le gouvernement s'est toutefois attaqué à ce problème en larguant inutilement une bombe nucléaire sur l'industrie, reniant non seulement sa promesse, mais détruisant aussi des milliards de dollars d'économies des Canadiens, alors qu'il aurait pu s'attaquer à ces défis dans une approche beaucoup plus ciblée, comme le propose le Parti libéral.
La preuve montre de façon irréfutable que le ministre des Finances a non seulement renié la promesse faite par le , mais qu'il n'a pas songé non plus aux conséquences de ses actes. Donc, non seulement il a détruit 25 milliards de dollars provenant des économies des Canadiens, mais il l'a fait inutilement, car il existait des méthodes ciblées, plus honnêtes et plus subtiles qu'il a décidé de ne pas employer. Il a agi avec détermination, mais il a fini par commettre une erreur monumentale.
Ce qui étaye en partie mon point de vue, c'est que le ministre change constamment son histoire au sujet des fiducies de revenu. D'abord, au début, il a dit que nous devions freiner Bell et Telus, sinon les contribuables perdraient des recettes de 800 millions de dollars. C'est ce qui a justifié son geste. Puis, un peu plus tard, Bell et Telus ont déclaré que, en tant que sociétés, elles ne paieraient aucun impôt ou paieraient un impôt négligeable dans l'avenir prévisible. Donc, il fallait abandonner cet argument.
Le ministre des Finances a été obligé de trouver un autre argument. Il a donc dit que c'était une question d'équité fiscale, que les fiducies de revenu coûteraient au gouvernement 500 millions de dollars par année en recettes perdues. Nous devions donc mettre un terme à cela, sinon les sociétés et les fiducies de revenu ne paieraient pas leur juste part et le fardeau serait refilé aux familles. C'était là son deuxième argument.
Cependant, nous avons vu défiler tous ces témoins devant le Comité des finances. Quatre d'entre eux, environ, ont déclaré que les chiffres étaient tout à fait inexacts. Pas un témoin n'a appuyé les chiffres présentés par le ministère des Finances. Ils l'ont appuyé sur d'autres points, mais je parle des 500 millions de dollars. Tous les témoins ont contredit le ministère des Finances. Le témoin le plus crédible, quelqu'un qui a travaillé au ministère et a utilisé la même méthode que lui, a déclaré que le coût n'était pas de 500 millions de dollars par année, mais de 32 millions. Oups. Encore un argument qui tombe.
Si le ministre des Finances croyait sincèrement ce qu'il affirme au sujet de l'équité fiscale, il publierait les chiffres, mais, en dépit de demandes répétées des libéraux, des bloquistes et d'autres membres du comité, tout ce que nous avons obtenu, ce sont des pages raturées où pas un seul chiffre n'est lisible. C'est là la défense que le gouvernement invoque pour étayer l'argument fondamental qui a justifié la destruction des économies des Canadiens.
Il ne peut s'appuyer sur rien. Il a été démontré que son premier argument au sujet de Telus et de Bell était faux. Il a alors invoqué un deuxième argument dont la fausseté a aussi été démontrée. Il commence maintenant à parler de gouvernance. Il existe peut-être des problèmes de gouvernance, mais cela n'a absolument rien à voir avec la question centrale dont nous discutons, c'est-à-dire pourquoi a-t-il si injustement fait disparaître 25 milliards de dollars en économies durement gagnées par les Canadiens?
Le gouvernement est coupable d'avoir rompu une promesse, ce qui est déjà assez grave, mais, en plus, il a agi de façon incompétente, avant de réfléchir, ce qui a fait partir en fumée 25 milliards de dollars en économies durement gagnées par les Canadiens, et a détruit inutilement un véhicule de placement, les fiducies de revenu, qui est extrêmement important pour les personnes âgées parce qu'elles donnent un rendement plus élevé que bien d'autres formes de placements.
Les personnes âgées qui doivent compter sur l'argent qu'elles ont économisé pendant toute leur vie active pour payer leurs factures sont en difficulté puisque le gouvernement a détruit les fiducies de revenu. En plus de ne pas avoir réglé le problème, le gouvernement a agi de façon irresponsable et incompétente en détruisant les économies des Canadiens. Il a privé les personnes âgées du Canada d'un outil extrêmement utile. Le gouvernement détruit un secteur qui, comme bon nombre d'études appuyées par le gouverneur de la Banque du Canada l'ont démontré, améliore la productivité dans le secteur de l'énergie. C'est un véritable gâchis.
Le Parti libéral propose d'imposer une taxe modeste de 10 p. 100 remboursable à tous les résidants du Canada, une solution beaucoup moins radicale qu'une taxe de 31,5 p. 100. Nos experts affirment que cela serait suffisant pour couvrir les pertes fiscales et assurer l'équité. Ils disent que cela permettrait aux Canadiens qui ont essuyé cette terrible perte par la faute du gouvernement de récupérer environ deux tiers des 25 milliards de dollars perdus.
Je suis déçu de voir que le NPD refuse de se joindre au Bloc et au Parti libéral pour obliger le gouvernement à faire marche arrière. Le NPD, qui s'est toujours targué d'être le parti de la social-démocratie, abandonne des centaines de milliers de Canadiens qui ont perdu des millions de dollars au moment où ils ont besoin d'aide. Si les néo-démocrates se joignaient aux bloquistes et aux libéraux, nous pourrions trouver une solution qui permettrait au moins d'atténuer les terribles dégâts causés par le gouvernement et d'aider les personnes âgées et les autres, qui ont perdu des milliers de dollars chacun, et des milliards de dollars au total, à récupérer une partie de leurs pertes.
Si le NPD, avec ses racines sociales-démocrates, voulait simplement aider ces centaines de milliers de Canadiens au moment où ils en ont le plus besoin, ces Canadiens qui ont tant souffert à cause des agissements du gouvernement, nous aurions suffisamment de voix pour obliger le gouvernement à changer sa politique. Par contre, sans doute parce que les sondages le placent très loin dans les intentions de vote, qu'il veut désespérément éviter des élections et qu'il croit qu'il n'a pas le choix d'appuyer le gouvernement pour ce faire, le NPD a refusé jusqu'à présent d'agir de façon rationnelle, sensible et bienveillante, c'est-à-dire d'aider les centaines de milliers de Canadiens qui ont vu leurs économies chuter de manière désastreuse en raison de l'incompétence du gouvernement et de ses promesses brisées.
J'aimerais soulever un autre point. Je viens de parler pendant plusieurs minutes des fiducies de revenu. J'ai démontré que le gouvernement ne tient pas ses promesses, qu'il est incompétent et qu'il ne réfléchit pas aux conséquences de ses actes. Il est très important que le ministre des Finances réfléchisse aux conséquences de ses actes avant d'agir, qu'il soit conservateur ou libéral, car, bien entendu, ce n'est pas de sitôt que le NPD ou le Bloc formera le gouvernement.
Nous avons été témoins d'une situation où les moyens de subsistance de plus d'un million de Canadiens étaient en jeu, et le ministre des Finances n'a tout simplement pas réfléchi. Je suppose qu'il aime avoir l'air décidé, mais cette fois, il a décidément commis une erreur, qui a coûté inutilement quelque 25 milliards de dollars à tous ces Canadiens qui travaillent fort.
Je trouve déplorable que le gouvernement ait brisé sa promesse et qu'il ait agi avec autant d'incompétence. Toutefois, je trouve tout aussi déplorable que le NPD, qui se dit le parti de la social-démocratie, refuse de venir en aide à ces centaines de milliers de Canadiens au moment où ils en ont besoin.
Cependant, ce n'est pas la seule chose négative que l'on puisse dire au sujet du gouvernement. Je rappelle à mon vis-à-vis que son ministre des Finances était l'un des trois ministres influents du Cabinet Harris-Eves. Permettez-moi de rappeler aux députés d'en face leur bilan financier.
Le député d'en face se souviendra du budget de 2003 de l'Ontario. C'était un budget préélectoral qui était, à n'en pas douter, rempli de cadeaux. Toutefois, le gouvernement de l'époque, au sein duquel le ministre des Finances actuel était très influent, soutenait qu'il s'agissait d'un budget équilibré. Le gouvernement espérait que les gens allaient voter pour lui parce qu'il offrait toutes sortes de cadeaux et que son budget était équilibré. Nous, les libéraux, croyons en des budgets équilibrés, et nous avons enregistré des excédents pendant de nombreuses années consécutives. Il n'y a rien de mal à avoir un budget équilibré. Mais nous savons ce qui s'est passé. Ils ont perdu.
Le parti de Dalton McGuinty a été élu. C'était en soi une bonne chose, mais le nouveau gouvernement a fait venir les vérificateurs et leur a demandé si le budget était vraiment équilibré. Les vérificateurs ont examiné tous les points à la loupe et ont publié un rapport. Les députés savent-ils ce que les vérificateurs ont dit? Qu'il ne s'agissait pas du tout d'un budget équilibré. Qu'il était bourré de mensonges. Qu'en réalité, il y avait un déficit de 5,6 milliards de dollars. Il s'agit évidemment du gouvernement de l'Ontario, mais les députés peuvent-ils imaginer quelle serait l'ampleur du déficit si ce ministre des Finances avait appris de sa supercherie, qu'il répétait la même chose au fédéral et qu'il laissait un gâchis encore plus grand?
Ces députés ont fait campagne en fonction d'un budget équilibré. Au bout du compte, les vérificateurs sont venus et ont découvert un gâchis de 5,6 milliards de dollars que Dalton McGuinty et son gouvernement ont dû éponger.
Voilà la façon de faire conservatrice. C'est exactement ce qui s'est produit en 1993 avec les gouvernements de Brian Mulroney et Kim Campbell. Les députés s'en rappellent-ils? À la fin, les conservateurs n'avaient plus que deux sièges. Les députés se souviennent-ils du déficit qu'ils avaient accumulé? Il était de 42 milliards de dollars. Harris et Eves ont l'air d'une bande d'amateurs avec un déficit de seulement 5,6 milliards de dollars. Il s'agit toutefois d'un déficit provincial.
Une voix: Quel était le déficit du gouvernement Trudeau?
L'hon. John McCallum: Le député mentionne le gouvernement Trudeau. Le Canada a eu une cote de solvabilité AAA de la firme Standard & Poor's de 1951 jusqu'à la fin du gouvernement de M. Trudeau. Les députés savent-ils quand cette cote a été révisée à la baisse? En 1992. Qui était premier ministre? Brian Mulroney. Quel était le déficit? Il était de 30 à 40 milliards de dollars. Standard & Poor's a révisé à la baisse la cote de solvabilité du Canada sous le régime conservateur, alors qu'elle avait été AAA tout au long du gouvernement Trudeau.
Nous pouvons déceler l'apparition d'une tendance. Un déficit de 5,6 milliards de dollars s'est accumulé sous les gouvernements Harris et Eves, avec notre ministre des Finances actuel. Le pire, c'est qu'ils affirmaient qu'il s'agissait d'un budget équilibré, ce qui signifie qu'ils mentaient. Ils n'ont été pris que parce qu'ils ont perdu leurs élections et que les vérificateurs sont venus examiner leur budget à la loupe. Ils ont laissé Dalton McGuinty aux prises avec un déficit de 5,6 milliards de dollars.
Selon les députés, que s'est-il donc passé dans le cas de Kim Campbell? Elle avait un déficit de 42 milliards de dollars. Elle s'est présentée aux élections et il ne lui est resté que deux sièges. Qui donc a dû faire le ménage après le gâchis des conservateurs? Les libéraux. Il semble que ce soit le triste sort des libéraux. C'est la tâche que nous avons eue dans l'histoire du Canada et dans l'histoire de l'Ontario: nous avons toujours été appelés à ramasser les pots cassés des conservateurs.
Il faut bien que quelqu'un le fasse. Ainsi, lorsque les libéraux sont arrivés au pouvoir en 1993, M. Trudeau n'avait eu que des cotes AAA, ce que le député n'a pas entendu, je crois. En plus de toutes ses autres qualités, il faisait preuve d'une grande prudence dans la gestion financière. Autrement, comment aurait-il pu avoir constamment la cote AAA? De toute évidence, chez Standard & Poor's, on trouvait qu'il était habile.
En 1993, les conservateurs nous ont laissé un énorme gâchis financier de 42 milliards de dollars et nous avons perdu notre cote de solvabilité AAA. Standard & Poor's a révisé notre cote à la baisse, mais nous nous sommes mis au travail. Nous avons pris les décisions difficiles qui s'imposaient sous M. Chrétien et sous le député de . Après avoir dû encaisser une baisse de cote à cause de l'irresponsabilité financière des conservateurs, nous ne pouvions pas revenir immédiatement à l'excellente cote qui caractérisait notre gouvernement. Il a fallu attendre jusqu'à 2002, soit 10 ans après la révision à la baisse de la cote due aux conservateurs, avant que le Canada n'obtienne à nouveau la cote AAA, grâce au nettoyage réussi par les libéraux du gâchis des conservateurs.
Ce qui m'inquiète, c'est de voir se répéter cette constante des gâchis financiers qui caractérise les conservateurs, ou je devrais plutôt dire les conservateurs et néo-conservateurs alliancistes. En 1993, nous avons eu le gâchis de 42 milliards de dollars de Mulroney. Puis, en 2003, ce fut le gâchis financier du actuel et de ses collègues provinciaux, qui prétendaient avoir équilibré le budget. J'ai bien peur que les tours de passe-passe de comptabilité que ce dernier a appris durant son séjour à Queen's Park risquent de nous être servis, ici à Ottawa, à l'approche du budget. Je n'en dirai pas davantage à ce sujet, mais il est certain que les conservateurs ont tendance à produire d'énormes déficits.
Je me souviens d'avoir entendu M. Pearson dire que John Diefenbaker avait enfilé sept déficits consécutifs. Diefenbaker était un conservateur. Auparavant, le Canada n'avait connu que des excédents sous les libéraux. Les libéraux semblent condamnés à hériter des gâchis financiers des conservateurs. Nous l'avons vu sous John Diefenbaker. Nous l'avons vu sous Brian Mulroney. Nous l'avons vu sous Mike Harris et Ernie Eves.
Voyez ce qui s'est passé de l'autre côté de la frontière. Ronald Reagan, par exemple, accumulait d'énormes déficits. Vous vous souvenez de ses principes d'économie vaudou selon lesquels les réductions d'impôt s'autofinançaient. Les démocrates ont dû assainir les finances publiques par la suite. Voyez ce qui se passe aux États-Unis aujourd'hui sous George Bush. Les députés peuvent bien rire mais qu'ils examinent les faits. Bill Clinton, un démocrate, a...
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Monsieur le Président, je continuerai de parler de l'évasion fiscale et des paradis fiscaux utilisés à La Barbade.
Comme mes précédents collègues l'ont dit, le projet de loi est assez technique et prévoit un certain nombre de dispositions pour éviter le contournement des règles fiscales et pour éviter l'évasion fiscale. Il se conforme à plusieurs demandes de la vérificatrice générale. En ce sens, le Bloc québécois appuiera le projet de loi. Par contre, comme je l'ai mentionné dans la question que j'ai posée précédemment, je pense qu'on ne va pas assez loin en ce qui a trait aux paradis fiscaux. Contrairement à ce que mon collègue du Parti libéral a dit, on ne parle pas de gens qui fraudent l'impôt, mais plutôt de gens qui évitent l'impôt et qui trouvent des stratagèmes légaux pour ne pas payer d'impôt. S'ils peuvent le faire, c'est que les lois actuelles le permettent.
Dans mon exposé, j'essaierai de démontrer comment ces gens fonctionnent et ce qu'il faudrait faire pour éviter cela. En ce qui concerne les paradis fiscaux, j'aimerais faire part à la Chambre d'un commentaire que le vérificateur général a émis le 27 février 2001. Il disait que les activités internationales des contribuables canadiens, particulièrement le recours aux paradis fiscaux, constituent l'une des plus graves menaces à l'assiette fiscale.
Les paradis fiscaux sont des États qui ont un taux d'imposition nul ou à tout le moins très bas avec une fiscalité laxiste. Cette fiscalité incite des contribuables à s'y installer ou à transférer une partie de leurs activités afin de se soustraire au fisc canadien et de ne pas payer d'impôt ici. La plupart du temps, ce sont des États qui se caractérisent par un secret bancaire absolu qui empêche de bien suivre tous les mouvements de capitaux qui s'y font.
De par ce secret bancaire, il est difficile de chiffrer ce phénomène. En 1998, l'OCDE a évalué que l'investissement direct étranger avait, de 1989 à 1994, augmenté trois fois plus vite dans les paradis fiscaux qu'ailleurs. Ce n'est pas rien. L'OCDE a dressé une liste des paradis fiscaux en se basant sur quatre critères: des impôts inexistants ou insignifiants; une absence de véritable échange des renseignements fiscaux; une absence de transparence dans les lois de la fiscalité; et une absence d'activité substantielle dans le pays où on prétend opérer. Trente-cinq pays répondaient à ces critères. L'OCDE a pointé du doigt 47 autres pays qui, sans être des paradis fiscaux, avaient des mesures dignes d'un paradis fiscal dans certains domaines. Notons que le Canada se trouvait sur la liste de ces 47 pays à cause de ses politiques fiscales liées au transport international de marchandise.
En 2001, cette liste a été modifiée par un groupe de 13 pays membres de l'OCDE, dont le Canada, pour retirer le critère d'absence d'activité substantielle, ce qui a fait passer le nombre de paradis fiscaux — sur papier, évidemment — de 35 à 7. Ces pays n'ont pas cessé d'être des paradis fiscaux, ils le sont toujours.
En 2002, La Barbade a été retirée de la liste des pays considérés comme étant des paradis fiscaux par l'OCDE. Toutefois, La Barbade n'a pas changé ses pratiques fiscales, au contraire. Le régime fiscal à La Barbade est intéressant. J'espère que le fait que j'en parle n'encouragera aucune entreprise québécoise ou canadienne à s'y établir, malgré les conditions exceptionnelles qu'elle offre, comme les frais fixe de 250 $ par année et un taux d'imposition de 2,5 p. 100 seulement sur les cinq premiers millions de dollars américains de profit. Ensuite, on diminue graduellement pour atteindre 1 p. 100 à partir de 15 millions de dollars. Pour une entreprise qui ne veut pas payer d'impôt, c'est extrêmement avantageux.
Au Canada, le régime fiscal est conçu sur mesure, expressément pour La Barbade. Voyons comment cela fonctionne. La règle générale, c'est que tous les revenus gagnés au pays ou à l'étranger sont imposables au Canada. Cependant, si un revenu a été gagné dans un pays avec lequel le Canada a signé une convention fiscale évitant la double imposition, ce revenu peut être non imposable.
Si la filiale étrangère est considérée comme ne résidant pas au Canada et que la convention fiscale interdit la double imposition, on fait une entorse à la règle générale voulant que tous les revenus qu'un Canadien reçoit sont taxables. C'est alors la convention fiscale qui s'applique.
En théorie, dans le cas de La Barbade, la convention ne s'applique pas aux filiales jouissant d'un taux d'imposition presque nul. La convention fiscale Canada-Barbade, au même titre que celle avec Chypre, exclut spécifiquement ce qu'on appelle les International Business Companies ou toutes les entreprises semblables qui jouissent, à La Barbade, du traitement fiscal privilégié dont je parlais plus tôt. Si on exclut cela et qu'on regarde seulement le taux normal d'imposition à La Barbade, qui est d'environ 40 p. 100, la quasi-totalité des entreprises canadiennes qui ont une filiale à La Barbade l'ont justement établie pour jouir d'un traitement fiscal particulier. Elles sont pour la plupart créées en vertu de la Barbados International Business Companies Act et donc exclues de la présente convention.
Les entreprises visées par cette tactique de la convention fiscale se retrouvent donc, selon la Loi de l'impôt sur le revenu, considérées comme résidant au Canada et assujetties à l'impôt canadien. Ainsi, si on se base uniquement sur la Loi de l'impôt sur le revenu et la convention fiscale entre le Canada et La Barbade, les dividendes reçus par la société mère canadienne d'une filiale barbadienne devraient être imposés au Canada lorsqu'ils sont rapatriés. Jusque là, cela va.
Par contre, certaines dispositions du Règlement de l'impôt sur le revenu sont conçues spécialement pour permettre aux entreprises de contourner cette difficulté et de rapatrier, exempts d'impôt au Canada, les profits réalisés à La Barbade. Je vous fais grâce des différents textes, mais l'alinéa 5907(11.2)c) du Règlement de l'impôt sur le revenu — pour ceux qui voudront aller le voir — rend inopérant l'article 30 de la convention fiscale, soit celui qui exclut les International Business Companies. On énonce une série de critères pour qu'une société soit considérée comme ne résidant pas au Canada et ne doive donc pas payer d'impôt. Cela fait que les filiales barbadiennes des sociétés canadiennes entrent dans cette catégorie.
En rendant inopérant l'article 30 de la convention fiscale, le règlement permet que des dividendes des filiales barbadiennes de sociétés canadiennes soient exonérées d'impôts canadiens. D'ailleurs, par l'entremise de la Loi sur l'accès à l'information, le Bloc a mis la main sur un échange de correspondance entre le ministère des Finances et une firme comptable qui confirme que cet article du règlement a été rédigé spécifiquement pour permettre aux entreprises canadiennes de jouir du paradis fiscal de La Barbade.
Wallace Conway, de la Direction des politiques fiscales du ministère des Finances y confirmait à Craig Cowan, de la firme Arthur Andersen, en juillet 1994, ce qui suit:
[Traduction]
Je vous informe que le paragraphe proposé 5907(11.2) vise à assurer qu'une société internationale barbadienne, qui est une société étrangère affiliée, demeure admissible à un surplus exonéré.
[Français]
Le projet de loi n'est donc entré en vigueur qu'en 1997, mais on a spécifié que son application était rétroactive à 1994. Ainsi, avec cet amendement au règlement, les entreprises canadiennes opérant une filiale à La Barbade gagnent sur les deux fronts parce que, d'une part, comme l'entreprise n'est pas couverte par une convention fiscale, La Barbade n'est pas tenue de transmettre des renseignements au fisc canadien et, d'autre part, comme le règlement de la loi de l'impôt fait fi de cette exclusion, les profits rapatriés au Canada sont exempts d'impôts. Le comportement du gouvernement canadien, particulièrement à l'époque du Parti libéral, était d'autant plus déplorable que le Canada a même travaillé à saboter tout ce que l'OCDE faisait pour être certain que La Barbade ne serait pas considérée comme un paradis fiscal.
Ce travail pour que La Barbade soit retirée de liste s'est fait en deux étapes. En 2000, on a remplacé la notion de paradis fiscaux par la notion de paradis fiscaux non coopératifs en vertu d'une recommandation d'un comité de 13 membres dont faisait partie le Canada.
Deuxièmement, le même conseil a changé les critères pour déterminer si ces pays se montraient coopératifs ou non. Ainsi, il suffit qu'un paradis fiscal s'engage à faire preuve de transparence et à échanger des renseignements fiscaux avec les autres pays pour être retiré de la liste. Ce n'est franchement pas grand-chose.
La convention fiscale repose essentiellement sur l'échange de renseignements fiscaux. Ainsi, dès qu'on signe une convention fiscale avec un paradis fiscal, il est presque automatiquement retiré de la liste. Par cette modification, le groupe de travail sur les pratiques fiscales dommageables a été complètement vidé de son sens et le Canada, par l'action du gouvernement libéral à l'époque, a participé grandement à l'affaiblir.
Pendant des années, l'inaction relevait du Parti libéral. Cependant, force est de constater que, du côté du gouvernement conservateur, on n'a toujours rien mis de l'avant pour corriger le tir. J'espère que ce sera le cas bientôt. Probablement que le budget serait une occasion appropriée pour ce faire.
La vérificatrice générale a dénoncé à répétition l'inaction canadienne. Elle l'a fait une première fois en 1992. En 1996, elle est revenue à la charge une deuxième fois; une troisième fois en 1998; une quatrième fois en 2001 et, finalement, une cinquième fois en 2002. Toujours aucune action de la part du gouvernement, aucune action des libéraux à l'époque et toujours aucune action des conservateurs aujourd'hui. En fait, les investissements canadiens dans les paradis fiscaux étaient en pleine explosion pendant la même période où la vérificatrice générale ou le vérificateur général nous servait ses avertissements.
De 1990 à 2003, les entreprises canadiennes ont investi des sommes importantes et grandissantes dans les pays reconnus comme les centres financiers offshore, surtout dans les Caraïbes. Entre 1990 et 2003, les actifs canadiens dans ces pays ont été multipliés par huit, passant de 11 milliards de dollars à 88 milliards de dollars. En 2003, les cinq principaux CFO dont je parlais tantôt figuraient parmi les 11 pays où les actifs canadiens étaient les plus élevés, et j'en passe.
Force est de constater, par divers reportages à la télévision qui ont traité du sujet, que c'est une situation où il y a de plus en plus d'argent qui est investi dans les paradis fiscaux, malgré les avertissements de la vérificatrice générale et ceux, bien sûr, du Bloc québécois. Or, le gouvernement n'a jamais rien fait et on ne voit toujours aucune action à cet égard. C'est d'autant plus dommage de la part des conservateurs qui prétendent vouloir défendre les payeurs de taxes. Qu'attendent-ils pour s'assurer que des grandes entreprises paient leur juste part d'impôts en les empêchant d'utiliser les paradis fiscaux?
Le Bloc québécois propose que tous les traités internationaux passent par la Chambre des communes, ce qui n'est pas le cas actuellement. Le projet de loi , qui permet l'entrée en vigueur de conventions fiscales, démontre l'importance des traités internationaux dans la vie de tous les jours.
Ces traités ne requièrent pas l'adoption d'une loi de mise en oeuvre. Dans ce cas, aucun traité ne sera soumis au Parlement, tout simplement.
L'exécutif fédéral contrôle toutes les étapes du processus d'adoption d'un traité international. L'exécutif se charge aussi du contenu des négociations —, la plupart du temps de façon secrète. Rien n'est rendu public pendant les négociations.
Les provinces, elles, sont peu consultées et, dans bien des cas, elles sont carrément exclues de ces négociations, même si souvent, à cause d'une question relevant d'un domaine de leur compétence, elles ont un intérêt dans ces négociations.
Aujourd'hui, la démocratie est complètement absente dès lors qu'un traité international est en jeu. Il est intéressant de constater qu'il n'existe pas de recueil complet des traités. Le gouvernement les rend publics sur une base sporadique, et on ne sait pas même si on les dévoile tous. Même la direction des traités du ministère des Affaires étrangères n'a pas une liste que nous pouvons consulter. C'est assez incroyable, quand on y pense.
Le gouvernement n'est même pas tenu de les déposer à la Chambre. Il n'est même pas tenu d'informer la Chambre ou la population lorsqu'il signe ou ratifie des traités. C'est assez incroyable qu'en 2007, dans notre démocratie, un gouvernement puisse signer un traité international sans même devoir en informer la population. La Chambre ne les approuve évidemment pas, alors qu'au Québec, depuis 2002, l'Assemblée nationale doit se prononcer sur les traités que signe le Québec. Cette amélioration avait été apportée par le Parti québécois, à l'époque. Il serait sûrement intéressant de proposer cette amélioration en cette Chambre.
Non seulement la Chambre n'approuve-t-elle pas les traités internationaux, mais d'aucune façon sommes-nous associés au processus. Tout ce qu'on peut faire, c'est de consulter la population et d'essayer d'avoir son appui.
Le gouvernement, comme je l'ai mentionné plus tôt, n'est pas tenu de consulter les provinces, même lorsque les traités relèvent des champs de compétence des provinces. L'absence de mécanisme de consultation est une absurdité totale. C'est une situation qui est totalement inacceptable.
Autrefois, les traités internationaux arbitraient les rapports entre États et n'avaient peu ou pas d'impacts sur le fonctionnement de la société ou sur la vie et les droits des citoyens. À l'époque, il pouvait donc être acceptable que le gouvernement puisse, seul, signer ou ratifier les traités.
Aujourd'hui, les traités internationaux, notamment les traités commerciaux, touchent le pouvoir de l'État, le fonctionnement de la société ou le rôle du citoyen. De plus, ils ont souvent des impacts plus grands que plusieurs projets de loi.
La pratique canadienne en matière de ratification des traités est mal adaptée à cette réalité nouvelle. Les représentants du peuple doivent être associés aux décisions qui touchent ceux qu'ils représentent.
Bien qu'ils aient promis, en temps d'élections, qu'ils soumettraient les traités à la Chambre avant ratification, les conservateurs n'ont toujours pas rempli leur promesse. Encore récemment, le gouvernement a signé, avec le Pérou, un accord de protection des investissements. Je ferai remarquer qu'il n'a toujours pas été soumis à cette Chambre et qu'il a d'ailleurs déjà été signé, avant même qu'on ait pu l'approuver. Il s'agit d'un accord calqué sur le chapitre XI de l'ALENA qui, pourtant, est décrié par de nombreuses personnes.
Lorsque la Chambre presse le gouvernement de respecter ses engagements internationaux, comme elle l'a fait dans le cas du Protocole de Kyoto, le gouvernement n'en fait qu'à sa tête, sans se soucier de la volonté de la population ni de la parole qu'il a donnée en concluant le traité.
C'est quand même assez paradoxal que le traité qui revêt probablement la plus grande importance parmi les traités qu'a approuvés cette Chambre, ce soit celui du Protocole de Kyoto, et que le gouvernement le renie et ne l'applique pas. On est loin de la promesse des conservateurs qui disaient qu'ils allaient présenter les traités en Chambre. Je ne sais pas s'il fallait comprendre qu'ils allaient présenter les traités en Chambre, mais qu'ils ne se préoccuperaient pas de la décision de la Chambre et qu'ils ne respecteraient pas sa volonté. C'est peut-être une partie qu'ils ont oublié de mentionner lorsqu'ils ont pris leurs engagements électoraux.
Le gouvernement devrait faire approuver les traités, puis les faire respecter.
Cette absence de représentants du peuple est un anachronisme dans la ratification des traités. J'aimerais signaler que le Canada se retrouve aujourd'hui dans une position moins démocratique que dans les années 1920.
En effet, en 1926, le premier ministre Mackenzie King a présenté une résolution qui a été adoptée à l'unanimité par la Chambre des communes, et qui proposait:
Avant que les ministres canadiens de Sa Majesté ne recommandent la ratification d'un traité ou d'une convention intéressant le Canada, l'approbation du Parlement devra être obtenue.
En 1941, Mackenzie King a réitéré son engagement envers cette formule:
Exception faite de traités sans grande importance ou dans le cas d'extrême urgence, le Sénat et la Chambre des communes sont invités à approuver des traités, conventions et ententes formels, avant qu'ils ne soient ratifiés par ou au nom du Canada.
On constate donc qu'au fil des ans, la Chambre des communes a de moins en moins été consultée, et même lorsqu'elle s'est prononcée dans le cas du Protocole de Kyoto, le gouvernement a refusé de l'appliquer. Dans le reste du monde industrialisé, rien n'est comparable à cela.
Je vous ai dit plus tôt que le Canada était en retard sur le Québec. Au Québec, c'est déjà le cas, et les traités qui sont signés par le gouvernement du Québec sont approuvés.
À trois reprises, le Bloc québécois a déposé un projet de loi sur les traités pour moderniser tout le processus de conclusion des traités internationaux. Il s'agissait des projets de loi , et . Dans tous les cas, les partis fédéralistes ont refusé cela, et c'est très dommage.
En conclusion, ce projet de loi devrait être bonifié...
:
Monsieur le Président, je suis très heureuse de prendre part au débat sur le projet de loi , qui est assez long.
À ceux qui suivent nos débats ce soir et ne savent pas de quoi il s'agit, je dirai que le projet de loi apporte des modifications au régime fiscal, beaucoup étant de pure forme, mais nous avons beaucoup digressé et nous parlons de nombreux autres sujets.
J'aborderai le projet de loi sous trois angles: les fiducies de revenu, les paradis fiscaux et l'injustice de notre régime fiscal.
Je commence par les fiducies de revenu parce qu'il semble que le porte-parole libéral en matière de finances, le député de , ait choisi de consacrer la majeure partie de son allocution à attaquer le Nouveau Parti démocratique. Je ne me rendais pas compte que nous avions tant de pouvoir et que nous étions en mesure de décider des affaires du pays, mais il est clair que c'est ce que pense le député de Markham.
Les tactiques d'intimidation du député qui visent le NPD, et moi tout particulièrement, ne donneront rien, pas plus que les tactiques d'intimidation des grandes pétrolières, qui paient des publicités pour m'attaquer directement et attaquer le NPD parce que nous avons osé laisser entendre que les fiducies de revenu n'avaient pas leur place dans notre système et auraient dû être éliminées progressivement. Dans ce dossier, nous sommes cohérents depuis le premier jour et nous n'avons pas changé de position, contrairement aux conservateurs et aux libéraux.
Nous ne nous sommes pas servis de la question comme d'un ballon politique et nous n'avons pas tenté de passer un sapin aux Canadiens. Nous continuerons d'expliquer pourquoi nous sommes préoccupés par les fiducies de revenu et par les énormes pertes de recettes qu'elle font subir au gouvernement pour financer des programmes et des initiatives qui sont importants aux yeux des Canadiens.
Il ne fait aucun doute que nous touchons ici aux fuites et aux échappatoires fiscales que les libéraux ont maintenues pendant 13 ans et que les conservateurs semblent maintenant déterminés à conserver eux aussi.
Dans cette matière, il est clair que les libéraux n’ont de leçons à donner à personne. Ils ne reculent devant rien lorsqu’il s’agit de s’attaquer aux autres, alors que leur propre bilan est atroce. Les conservateurs ont, bien sûr, marché dans les pas des libéraux en maintenant pour leurs amis des grandes sociétés de grandes échappatoires et des paradis fiscaux, alors qu’il faut y mettre un terme dans l’intérêt de tous les Canadiens.
L’attitude du député de ne m’étonne pas, étant donné ses antécédents dans le milieu bancaire. Nous savons bien que, le moment venu, les libéraux se portent à la défense des grandes pétrolières et des grandes banques. Cela a été évident pendant les 13 dernières années.
Aujourd’hui, nous étudions un projet de loi qui découle des préoccupations exprimées par la vérificatrice générale au sujet des échappatoires et des paradis fiscaux qu’on laisse subsister. À dire vrai, il s’agit ici de rapports du vérificateur général qui remontent à 1992, il y a 14 ans. C’est cette année-là que le vérificateur général a publié son premier rapport sur les paradis fiscaux. Il y a eu un autre rapport en 2001, puis un autre en 2002 et un dernier, plus récemment, en 2007. Chaque fois sont revenues des préoccupations au sujet des paradis fiscaux.
Le gouvernement libéral a eu amplement l’occasion de s’attaquer à ce grave problème, mais il a préféré ne pas le faire. Il a même décidé de faire le contraire: il a encouragé les paradis fiscaux et veillé à ce que la Barbade demeure un paradis pour les investisseurs. Les grandes pharmaceutiques, les grandes banques, les grandes pétrolières et les grandes sociétés maritimes continuent d’y recourir.
Il s’agit ici de pertes énormes, d’argent qui aurait dû servir aux Canadiens, pour les aider, eux et leur famille, à joindre les deux bouts. À dire vrai, on pourrait affirmer que, s’il y en a qui méritent un répit, ce sont les familles moyennes, les Canadiens qui travaillent fort et qui ont de plus en plus de mal à absorber des dépenses croissantes, alors que, en fait, les riches s’enrichissent davantage et les grandes sociétés ont de plus en plus accès à des échappatoires et à des paradis fiscaux.
Le projet de loi à l’étude vise à combattre les échappatoires et les paradis fiscaux, mais je doute qu’il soit à la hauteur. Néanmoins, nous allons avancer des propositions au cours du débat.
Je proposerai un amendement pour tenir compte de problèmes qui restent en suspens, à propos des fiducies de revenu. En effet, bien des investisseurs, en ayant recours à ce stratagème pour faire de l’argent, ont surévalué leurs fiducies. Des Canadiens se sont ainsi fait lessiver et ont perdu beaucoup d’argent.
Aujourd’hui, nous proposons que le gouvernement emprunte le projet de loi d’initiative parlementaire du NPD pour s’attaquer à ce problème et assurer la responsabilisation et la transparence dans tous les aspects de ces fiducies, tant qu’elles existeront, car il est bien entendu que nous en souhaitons l’élimination progressive.