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Monsieur le Président, cela me fait plaisir de prendre part à ce débat sur le projet de loi de mise en oeuvre du budget, le projet de loi . Comme vous le savez, dès la lecture du discours du budget par le , le Bloc québécois a décidé d'appuyer ce budget, bien qu'il ne soit pas parfait. Il faut être très clair à cet égard. Toutefois, il contient suffisamment d'éléments pour que nous soyons à l'aise de voter en sa faveur et, par conséquent, en faveur du projet de loi C-52.
Je rappelle que, évidemment, dans le projet de loi de mise en oeuvre du budget, tous les éléments du budget ne sont pas encore mis en oeuvre. Cependant, on retrouve, entre autres, des mesures touchant la fiscalité des particuliers et des entreprises, des mesures touchant les arrangements fiscaux avec les provinces, en particulier concernant la péréquation, le Transfert canadien en matière de programmes sociaux et le Transfert canadien en matière de santé. Toujours dans ce projet de loi de mise en oeuvre du budget, on aborde aussi les fiducies et les nouveaux fonds, le montant de ces fiducies et le paiement direct aux provinces, aux territoires et à certaines entités. On retrouve aussi l'encadrement législatif de l'utilisation des économies du service de la dette découlant de son remboursement pour abaisser les impôts et un certain nombre d'autres mesures sur lesquelles je ne m'étendrai pas trop, à l'exception d'une. Je vais commencer par celle-là.
Comme je le mentionnais, il y a beaucoup d'éléments dans ce projet de loi. Certains sont plus intéressants que d'autres. Je vais surtout m'attarder aux mesures touchant les arrangements fiscaux avec les provinces et les questions touchant l'environnement.
De plus, dès le départ, je veux soulever une question extrêmement délicate concernant les fiducies de revenu. Évidemment, quant à la question de l'arrêt de la possibilité de reconversion de sociétés par actions en fiducies de revenu, dès l'annonce du 31 octobre dernier du , le Bloc québécois s'est montré favorable au principe pour des raisons qui tiennent à divers facteurs. On a évidemment parlé de l'évitement fiscal. Or, au fur et à mesure que le comité travaillait à cette question, je me suis aperçu qu'il y avait effectivement un certain nombre de pertes de revenus dues à la mise en place de ces fiducies de revenu, mais le ministère a été incapable d'en dévoiler l'ampleur. On a présenté un chiffre absolument phénoménal, qui incluait les reports d'impôt, car un certain nombre de parts de fiducies se retrouvent dans des régimes enregistrés d'épargne-retraite. Cela représentait au moins la moitié du montant présenté et, à mon sens, cette méthode était tout à fait — je ne dirai pas malhonnête — biaisée.
De ce côté, il y avait effectivement une certaine perte fiscale pour le gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec, mais certainement pas de l'ampleur à laquelle faisait référence le ministre. D'ailleurs, le ministre Audet, qui, jusqu'à la dernière élection, était le ministre québécois des Finances — on saura bientôt qui le remplacera puisque, comme vous le savez évidemment, il a décidé de ne pas se représenter — m'avait dit que le gouvernement du Québec perdait actuellement à peu près 40 millions de dollars par année à cause des fiducies de revenu. C'est quand même très loin du chiffre avancé par le , qui était de l'ordre de plusieurs milliards de dollars au cours des prochaines années.
À mon avis, l'arrêt de la conversion des fiducies de revenu se rapportait surtout au fait que cela créait une pression sur un certain nombre d'entreprises. Je pense à BCE qui, sans vouloir nécessairement se transformer en fiducie de revenu, subissait une pression parce qu'un concurrent, Telus, annonçait qu'il avait l'intention de le faire. On aurait donc pu voir, à l'avenir, des secteurs qui ne sont pas des secteurs à maturité et qui ont besoin d'investissements se convertir en fiducies de revenu avec les inconvénients que cela aurait pour la prospérité de l'ensemble de la société canadienne et québécoise. À mon sens, cet argument me convainc plus que l'argument de l'évitement fiscal.
Aussi, comme je le mentionnais, dès le 31 octobre, nous avons été en faveur de mettre un terme à la possibilité de conversion des sociétés par actions en fiducies de revenu. Toutefois, cela ne disposait pas du problème des fiducies existantes. On aurait été très à l'aise d'accepter un changement pour les fiducies existantes qui avaient bénéficié de règles établies depuis plusieurs années. D'ailleurs, d'une façon irresponsable, ces règles avaient été annoncées comme étant immuables par le , lors de la campagne électorale. Il faut bien dire qu'il s'était engagé à ne pas modifier les règles concernant les fiducies de revenu. Il a brisé sa promesse, mais, comme je le mentionnais, de toute façon, c'était une promesse irresponsable. Je vous ai dit pourquoi il y a quelques minutes.
Toutefois, les gens qui avaient investi dans les fiducies existantes l'avaient fait de bonne foi, croyant que l'on pouvait se fier à la parole du premier ministre qui, comme je le mentionnais, avait promis de ne pas toucher aux fiducies de revenu.
On s'est donc penchés sur la façon de limiter les effets sur les fiducies existantes. Au départ, nous aurions été très à l'aise avec celles qui existent. Il y en a environ 250. On bloquait la propagation du phénomène. Cela aurait pu être pour nous quelque chose de supportable.
Le gouvernement a décidé, lui, de les obliger d'ici quatre ans soit à se reconvertir en sociétés par actions, soit encore à payer l'équivalent — ce qui n'est pas tout à fait vrai d'ailleurs comme on a pu le constater pendant les travaux du comité — de l'impôt payé par les gens qui investissent dans des actions ordinaires.
Or, comme je le mentionnais, le gouvernement a décidé de ne permettre qu'une période de transition de quatre ans. À notre sens, il aurait pu très bien allonger la période de huit à dix ans et permettre d'amortir l'effet qui s'est fait sentir le 31 octobre dernier.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, nous allons appuyer le budget. Toutefois, ce sera au gouvernement, au Parti conservateur, en campagne électorale, de nous expliquer pourquoi il n'a pas écouté les recommandations du Comité permanent des finances. Du côté libéral, comme du côté du Bloc québécois, on a fait des suggestions pour minimiser l'impact négatif sur les 2,5 millions de Canadiens, dont des Québécois, qui ont investis de bonne foi dans ces fiducies de revenu et qui, aujourd'hui, sont floués malgré la promesse faite par le premier ministre en campagne électorale.
Ces 2,5 millions de Canadiens, dont plusieurs Québécois, ne sont pas tous des millionnaires et des riches. Ce sont souvent même des retraités qui ont de la difficulté à arriver à la fin du mois et qui ont vu une bonne partie de leurs revenus être amputés. Je les comprends d'être en colère. Le Comité permanent des finances, le Bloc québécois et le Parti libéral ont fait des suggestions au ministre des Finances. Celui-ci n'en a pas tenu compte. Ce sera donc aux conservateurs, au premier ministre, au ministre des Finances d'expliquer, en campagne électorale, pourquoi ils n'ont pas voulu tenir compte des suggestions faites, entre autres, par le Bloc québécois.
Cela étant dit, comme je le mentionnais, sur le principe, nous étions en accord sur les modalités. Nous trouvons que le gouvernement conservateur, le ministre des Finances et le premier ministre ont manqué de compassion envers des centaines, sinon des centaines de milliers de personnes qui ont investi de bonne foi dans les fiducies de revenu.
Je voulais donc faire cette mise en garde — ou mise au point — car évidemment, plusieurs personnes ayant suivi les travaux du Comité permanent des finances concernant les fiducies de revenu ont peine à comprendre que même si on est en désaccord avec les modalités de la mise en application de cette mesure, nous allons quand même voter pour le budget.
Nous allons voter pour le budget — j'ai eu l'occasion de le dire à plusieurs reprises —, parce qu'il y a un premier pas significatif, mais nettement insuffisant, visant le règlement du déséquilibre fiscal. On parle d'argent dont le Québec a extrêmement besoin.
Comme on le sait, le premier ministre avait promis, le 19 décembre 2005, de corriger le déséquilibre fiscal. Donc, le Bloc québécois avait appuyé le budget précédent essentiellement, mais pas exclusivement, parce qu'il y avait une promesse de règlement pour ce budget-ci.
Du côté du Bloc québécois, on a regardé ce que pouvait signifier un règlement adéquat pour le Québec et on a émis un certains nombre de conditions. Certaines n'ont peut-être pas été remplies totalement mais ont été rencontrées en partie dans ce budget-ci. En tout cas, elles l'ont été suffisamment pour qu'à cette étape, le Bloc québécois puisse appuyer le projet de loi C-52. Toutefois, cela ne préjuge pas du tout de l'avenir, en particulier lors d'un prochain budget. S'il n'y a pas d'autres pas significatifs vers un véritable règlement du déséquilibre fiscal, nous réservons notre jugement pour les budgets à venir.
Je rappelle une chose. Pour le Bloc québécois, ce qui était extrêmement important, c'était premièrement qu'il y ait réinvestissement dans les transferts au Québec et qu'il y ait une modification de la péréquation pour tenir compte d'un certain nombre de revendications du Québec. Une fois les montants annoncés, il fallait corriger une situation de déséquilibre financier causée par le gouvernement libéral, par l'ancien premier ministre et l'ancien ministre des Finances libéral dans les années 1994-1995 et 1995-1996, où l'on a coupé de manière draconienne dans les transferts aux provinces pour régler le déficit. En fait, à cette époque, on a pelleté tout simplement le problème dans la cour des provinces.
Ce qui est très grave, c'est qu'à partir de 1997-1998, on avait eu systématiquement des surplus extraordinaires et on n'avait toujours pas corrigé la situation. Cette situation n'est toujours pas corrigée.
Nous avions évalué à 3,9 milliards de dollars la hauteur que le correctif financier devait atteindre. Dans une approche de modération, de réalisme et de compréhension, nous avions proposé que cette hauteur soit atteinte au moins la troisième année. Ainsi, dans le budget cette année, on nous annonce l'équivalent de 1,7 milliards de dollars supplémentaires en augmentations de la péréquation, du Transfert canadien en matière de programmes sociaux et du Transfert canadien en matière de santé.
Je dois malheureusement soustraire de ces augmentations la coupe de 270 millions de dollars qui provient du fait que le gouvernement conservateur a déchiré unilatéralement l'entente avec les provinces concernant le programme de garderies. On se retrouve donc cette année avec 1,723 milliards de dollars supplémentaires pour le Québec, ce qui n'est pas rien quand on sait qu'il y a deux ans, le gouvernement du Québec a dû vendre 800 millions de dollars d'actifs qui lui appartenaient dans le but d'équilibrer ses finances publiques. On avait donc besoin de cet argent.
Pour l'année suivante, à partir de ce qui nous est annoncé dans le budget de 2007-2008, on nous annonce déjà une augmentation supplémentaire de 888 millions de dollars et en 2008-2009, on parle de 330 millions de dollars. Je sais que c'est très loin, mais on parle ici d'une volonté qui s'est exprimée et qui est concrète sur papier. Au total, on se retrouve à 2,9 milliards de dollars, donc à près de 3 milliards de dollars. Lorsqu'on ajoute un certain nombre d'autres choses, on atteint 3,3 milliards de dollars, ce qui n'est pas très loin de l'objectif financier qu'on s'était fixé, soit 3,9 milliards de dollars.
Il s'agit là d'un correctif financier. L'ancien premier ministre libéral disait que les provinces subissaient une pression financière et qu'on aurait éventuellement à corriger cela. Ça n'avait jamais été fait de façon systématique. On mettait un peu d'argent en santé, un peu d'argent dans les programmes d'infrastructures, mais globalement, il n'y avait pas d'approche et on n'était pas capable de chiffrer le correctif auquel on devait arriver pour parler d'équilibre sur le plan fiscal.
Or l'actuel nous promettait de corriger le déséquilibre fiscal et non le déséquilibre financier. Pour le moment, tout ce qu'il a fait, c'est qu'il a corrigé en partie le déséquilibre financier. Comme je le mentionnais, on évaluait à 3,9 milliards de dollars, la troisième année, les augmentations nécessaires pour corriger la situation créée dans le milieu des années 1990, et il s'est rendu à 3,3 milliards de dollars. Disons qu'au cours des prochaines années, on le forcera à en mettre un petit peu plus, si on est encore ici, évidemment. Comme on le sait, le gouvernement conservateur est minoritaire, et j'espère qu'il va s'en rappeler.
On est donc présentement à 3,3 milliards de dollars. Il y a un petit effort de plus pour arriver à près de 4 milliards de dollars. Cependant, ça ne corrige pas le déséquilibre fiscal parce que — le mot le dit — le déséquilibre fiscal est une question de fiscalité, d'autonomie des revenus que les provinces et le Québec peuvent aller chercher. Cela implique donc une renégociation de l'assiette fiscale. Or, dans le projet de loi , il n'y a aucune indication — pas plus d'ailleurs que dans le budget — que le gouvernement fédéral est prêt à ouvrir des négociations avec les provinces pour transférer la partie qui correspond aux transferts en santé, en éducation et pour les programmes sociaux. Il n'est absolument pas logique que les Québécois et les Québécoises envoient de l'argent à Ottawa et soient ensuite obligés de se promener à genoux dans le gravier pour essayer d'obtenir le retour de leurs impôts pour des programmes qui sont de compétence provinciale, du Québec dans ce cas-ci. On parle de la santé, on parle de l'éducation postsecondaire et on parle de la solidarité sociale.
Pour ce qui est de la péréquation, c'est une autre paire de manches, parce qu'elle fait partie de la Constitution canadienne. Or tant qu'on est au Canada, la Constitution devrait s'appliquer. D'ailleurs, je m'amuse souvent à dire que le Bloc québécois est le seul parti en cette Chambre qui soit vraiment préoccupé par l'application de la Constitution de 1867 et par le respect des champs de compétence entre les provinces et le gouvernement central qui est bien plus qu'un gouvernement fédéral. C'est à cela que nous allons travailler au cours des prochains mois. Mon collègue de , qui prendra la relève en tant que porte-parole en matière de finances, va donc faire pression pour qu'il y ait ouverture de négociations afin de transférer l'assiette fiscale qui correspond aux transferts en santé, en éducation postsecondaire et pour les programmes sociaux vers les provinces qui le désirent. Or le Québec le désire: la Commission Séguin a été très claire à cet égard.
Comme je l'ai déjà mentionné, la péréquation continuera de s'appliquer. Il s'agit non seulement d'un programme inscrit dans la Constitution, mais d'un programme qui transfère des revenus non conditionnels et dont le gouvernement du Québec peut disposer à sa guise, ce qui n'est pas le cas pour les transferts ciblés. Cela constitue un premier élément qui n'est pas présent dans le projet de loi et sur lequel nous travaillerons.
Il y a un deuxième élément: c'est le pouvoir fédéral de dépenser. Le gouvernement n'a pas été silencieux sur cette question, mais il en a parlé de façon quelque peu abstraite et a fait un certain nombre de voeux pieux. Le gouvernement fédéral et le Parti conservateur se sont engagés à le limiter. Nous ne voulons pas le limiter; nous voulons le contrer. On attend, de la part du , un projet de loi très clair qui expliquera comment il entend contrer le pouvoir de dépenser du fédéral dans les champs de compétence des provinces et du Québec. Comment peut-on contrer le pouvoir fédéral de dépenser dans les champs de compétence du Québec? D'une seule façon: en donnant un droit de retrait inconditionnel avec pleine compensation aux provinces qui désirent se retirer d'un programme mis en place par le gouvernement fédéral et qui se trouve dans un champ de compétence partagé ou un champ de compétence exclusif des provinces; de plus, la province devra être dédommagée.
Malheureusement, ce n'est pas tout à fait ce vers quoi on se dirige. Je lirai un certain nombre de paragraphes contenus dans Le plan budgétaire 2007, pour le budget 2007-2008. Par exemple, je citerai la page 130. Dans les objectifs énoncés par le gouvernement, par le , pour renouveler et renforcer le Transfert canadien en matière de programmes sociaux, on parle de compétences qui sont celles du Québec et des provinces. Parmi ces préoccupations, il y a: « La reddition de comptes à l'égard du TCPS et la transparence de celui-ci [...] »
En ce qui a trait à la reddition de comptes à l'égard du Transfert canadien pour les programmes sociaux, de quoi parlent les conservateurs? Les provinces et le Québec rendent des comptes au fédéral lorsqu'il leur transfère leur l'argent.
On est loin de la véritable approche visant à contrer ou même à limiter le pouvoir de dépenser du gouvernement fédéral. La phrase suivante est suave, je la cite: « [...] les Canadiens ne sont pas informés de l'ampleur de la contribution fédérale affectée aux trois domaines prioritaires soutenus au moyen du TCPS (enseignement postsecondaire, aide sociale et services sociaux, et soutien aux enfants). »
Non seulement le gouvernement conservateur n'a pas l'intention véritable de limiter ou de contrer le pouvoir de dépenser, mais il veut s'assurer que dans les champs de compétence du Québec et des provinces, l'apport du fédéral — qui est en fait les taxes de l'ensemble des Canadiens et des Québécois — sera plus visible. Ce n'est pas du tout un champ de compétence dans lequel il a une responsabilité.
Cependant, à cause du déséquilibre fiscal, le gouvernement fédéral a trop d'argent par rapport à ses responsabilités. Il se cherche des responsabilités et les trouve dans les champs de compétence des provinces. Donc, il rajoute de l'argent. Sinon, que pourrait-il faire avec cet argent? Il pourrait diminuer les impôts et transférer de nouveau cet argent sous forme d'assiette fiscale vers les provinces qui le désirent, comme je l'ai déjà mentionné. Il pourrait aussi faire des choses qui ont de l'allure dans ses propres champs de compétence. Par exemple, je pense à la fermeture des postes de la GRC. D'ailleurs, le Parti conservateur avait promis de rouvrir les postes de la GRC qui ont été fermés, comme c'est le cas dans la région de Lanaudière où le poste de Saint-Charles-Borromée a été fermé. Je pense aussi à l'assurance-emploi, un champ de compétence du fédéral. On pourrait au moins s'assurer que le programme correspond aux objectifs pour lesquels il a été élaboré.
Comme on peut le voir, il s'agit d'un petit pas suffisamment significatif pour que l'on soit à l'aise pour appuyer le projet de loi , mais insuffisant pour parler d'un règlement du déséquilibre fiscal. Je suis convaincu que la population québécoise le comprend très bien. Je suis aussi convaincu qu'elle renverra encore en cette Chambre une majorité de députés du Bloc québécois lors de la prochaine élection, et ce, afin de la défendre véritablement. Ainsi, elle obligera le gouvernement — qu'il soit libéral ou conservateur — à corriger véritablement le déséquilibre fiscal. Il ne pourra pas, comme c'est présentement le cas, ne faire qu'un pas dans le rétablissement financier des transferts du gouvernement fédéral dans des champs de compétence provinciale.
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Monsieur le Président, j'interviens aujourd'hui au sujet du budget fédéral et de ses effets sur le Canada atlantique et, en particulier, sur le Nouveau-Brunswick.
Comme bon nombre de mes collègues à la Chambre le savent, le budget fédéral est très décevant. Le n'a pas cessé de répéter que le budget reflétait son Canada. En tant que député du Nouveau-Brunswick, je puis dire aux autres députés que le budget n'a rien à voir avec le Canada que je connais et que j'aime.
Le avait promis aux Néo-Brunswickois et aux Canadiens qu'il allait corriger le programme de péréquation et respecter les accords atlantiques. Or, il a fait le contraire.
Tandis que les montants versés au Québec ont augmenté de 29 p. 100, c'est-à-dire 698 millions de dollars au cours du prochain exercice, la part du Nouveau-Brunswick a cru d'un mesquin 1,8 p. 100. Le Canada atlantique reçoit à peine plus de 4 p. 100 de ces nouveaux fonds. Le ministre des Finances du Nouveau-Brunswick, Victor Boudreau, a déclaré ceci à propos du budget conservateur:
Si [ce budget] devait régler le déséquilibre fiscal, en ce qui a trait au Nouveau-Brunswick, je ne lui donnerais pas la note de passage.
Cela prouve de manière très évidente que le se fiche du Canada atlantique et table sur sa réputation d'homme qui sème la division en dressant une région du pays contre une autre. Le gouvernement conservateur a laissé filer une occasion en or de montrer aux Canadiens que leurs dirigeants représentent à la fois les riches et les pauvres, l'Est et l'Ouest, les grandes villes et les petites localités. Il a échoué lamentablement.
Voyons ce qu'avait à dire le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Danny Williams, à propos du budget. Il a déclaré:
Pour être équitable... il faut respecter sa parole. L'équité, c'est faire une promesse aux gens de Terre-Neuve-et-Labrador et de la Saskatchewan et honorer cette promesse. Si votre gouvernement ne tient pas sa promesse envers nous, comment les Canadiens de toutes les provinces pourront-ils se fier à vos promesses ou à vos engagements à l'avenir? Je mettrais en garde les résidants du Canada à l'avenir.
Demandons au premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Rodney MacDonald, ou encore à Lorne Calvert, premier ministre de la Saskatchewan, de nous expliquer pourquoi ils étaient si furieux de voir ce budget qui divise les Canadiens.
L'une des premières choses que le a faites après être entré en fonction a été de hausser l'impôt sur le revenu des gens qui gagnent le moins cher, ce qui a durement touché les familles de travailleurs du Nouveau-Brunswick. En 2007, le gouvernement a fait passer de 15 à 15,5 p. 100 le taux d'imposition le plus faible et cela a un effet néfaste sur les plus nécessiteux.
Quoi que les conservateurs puissent en dire, ce budget ne fait rien pour régler la situation. Il n'en reste pas moins que les allégements fiscaux moyens consentis aux travailleurs du Nouveau-Brunswick ne sont que de 80 $ par travailleur et que les augmentations d'impôts annoncées par le annulent les avantages du nouveau crédit d'impôt pour enfant qui n'est pas très utile pour les parents pauvres qui ne paient pas beaucoup d'impôt.
Je suis persuadé que certains de nos collègues d'en face connaissent très bien John Williamson, le président de la Fédération canadienne des contribuables. Voici les commentaires qu'il a formulés sur le budget déposé par les conservateurs:
L'ouvrier ou le salarié moyen qui n'a pas d'enfants ne bénéficiera d'aucun allégement fiscal. C'est décevant, d'autant plus qu'Ottawa bénéficie d'un énorme excédent. C'est un moment opportun pour accorder des réductions d'impôt à tous les contribuables, peu importe où ils se situent dans l'échelle économique. Le gouvernement a décidé de cibler de façon plus large les personnes âgées, par exemple, au lieu d'alléger le fardeau fiscal de l'ensemble des contribuables.
Pour ce qui est de la garde des enfants, le gouvernement conservateur n'a créé aucune place en garderie bien qu'il avait promis 125 000 nouvelles places au cours des cinq prochaines années. Une promesse vide.
Ce qui est plus grave encore, c'est que la prestation dite universelle pour la garde d'enfants est entièrement imposable. Un bon tour de passe-passe de la part du qui donne 100 $ aux parents d'une main et en reprend 99 de l'autre.
Le gouvernement libéral avait conclu une entente sur l'éducation préscolaire et la garde des enfants, signée par le ministre libéral du développement social, le député de , et le premier ministre Bernard Lord alors en poste. Cette entente aurait assuré un investissement de 146 millions de dollars au Nouveau-Brunswick pour venir en aide aux enfants de notre province. Cet investissement aurait permis de créer des places en garderie à long terme.
Toutefois, ce n'est pas aux politiciens qu'il faut poser la question. Nous pouvons demander aux intervenants de première ligne, comme Janet Towers, défenseure des droits des enfants du YM-YWCA, qui favorise l'éducation préscolaire et la garde des enfants afin d'assurer que les enfants du Nouveau-Brunswick auront les mêmes avantages que les autres. Le a annulé cette entente et privé la province de cet argent.
Le budget de 2007 prévoit un financement de 6 millions de dollars pour les services de garde au Nouveau-Brunswick, mais Saint-John n'en touchera pas un cent. Cela ne fera rien pour la création de places en garderie.
Le a choisi d'offrir des crédits d'impôt plutôt que des services de garde et ce n'est pas ainsi que les choses doivent être au Canada. Aucun gouvernement n'a fait aussi peu avec autant pour les travailleurs canadiens moyens.
Pas plus tard que l'année dernière, le gouvernement libéral précédent a laissé un excédent de 13 milliards de dollars. Et pourtant, au lieu d'investir dans le logement abordable, ce qu'il n'a pas fait dans ce budget-ci, au lieu de consentir des allégements fiscaux aux personnes âgées, mesure qui ne figure pas dans le budget, et au lieu d'investir dans l'alphabétisme, ce qu'il n'a pas fait dans le dernier budget, le a choisi de faire des coupes draconiennes dans les programmes pour des motifs idéologiques.
Le gouvernement conservateur n'a pas affecté de nouveaux crédits au logement abordable. Cela a d'énormes conséquences pour Saint John, au Nouveau-Brunswick, dont le parc de logements compte parmi les plus vieux au Canada.
Le budget ne contient aucune mesure visant à corriger les injustices du programme d'assurance-emploi.
Le budget ne prévoit à peu près rien pour lutter contre la pauvreté ou la pauvreté infantile, qui est une honte nationale, et il n'intervient pas en faveur des familles de la classe ouvrière. Ce budget ne fait rien pour elles.
Ce budget n'offre pas de nouveaux éléments de soutien pour les étudiants. Il ne met pas un cent dans la poche des étudiants du premier cycle universitaire de notre pays. Il donne aux étudiants des deuxième et troisième cycle un peu d'argent, tandis que la grande majorité des autres n'obtiennent rien du tout. Voilà le type de pays auquel ressemble le Canada que le veut créer avec ce budget.
Le budget du gouvernement conservateur n'aide pas les Canadiens à préserver leur environnement ou à combattre les changements climatiques. Il réduit notre engagement envers les énergies renouvelables. Il réduit de moitié le financement accordé au Nouveau-Brunswick. Sans un plan d'ensemble pour l'environnement, nous ne pourrons respecter nos engagements dans le cadre de Kyoto. Ce n'est pas comme cela que nous voyons le Canada.
Le budget du n'accorde pas aux villes et collectivités le financement à long terme, prévisible et stable, que les maires de partout au pays réclamaient afin de pouvoir répondre à leurs besoins sur les plans des infrastructures de base et du transport en commun. Un énorme déficit en matière d'infrastructures persiste au Canada du fait que ce budget ne donne pas de soutien aux villes et collectivités.
Bien qu'il y ait de l'argent neuf dans le budget pour les infrastructures récréatives par le truchement du nouveau Fonds Chantiers Canada, cet argent est alloué par habitant, ce qui désavantage les plus petites provinces comme le Nouveau-Brunswick. Même si la population est moins nombreuse dans cette province, nous avons quand même des besoins très pressants en matière d'infrastructures récréatives et une plus petite assiette fiscale pour les financer.
Je travaille actuellement, dans le cadre de l'équipe Saint John, à la construction d'un nouveau complexe récréatif. Des lettres reçues à mon bureau, des conversations avec les leaders communautaires et des assemblées publiques tenues récemment à Saint John ont toutes confirmé qu'on a un besoin pressant d'un tel complexe dans la grande agglomération de Saint John et que l'appui à l'égard d'un tel projet est très vaste.
Il est difficile de répondre aux besoins de nos enfants en matière de santé et de loisirs parce qu'on n'a pas les installations nécessaires à l'heure actuelle. À mesure que la grande agglomération de Saint John s'élargit, il est impératif que nous trouvions une solution viable à la pénurie actuelle d'installations récréatives afin que la qualité de vie dans nos collectivités puisse continuer de s'améliorer.
Compte tenu des niveaux croissants d'obésité au Canada, le gouvernement doit veiller à mettre en place les programmes nécessaires pour répondre aux besoins récréatifs de nos villes et de nos collectivités d'un bout à l'autre du Canada.
L'étude de faisabilité commandée par le comité des loisirs de la ville de Saint John recommande la construction d'un complexe récréatif, dont le coût s'élèvera à environ 34 millions de dollars. J'exhorte le gouvernement à veiller à ce que l'allocation des fonds affectés aux infrastructures récréatives tienne compte des besoins et défis propres aux petites provinces.
L'insuffisance des fonds affectés aux infrastructures dans le budget compromet des projets comme celui de l'échangeur d'un mille. Le Nouveau-Brunswick a besoin que cet échangeur soit achevé au plus tard en 2010 pour que notre région soit mieux placée pour attirer les investissements et créer des possibilités dans ses parcs industriels.
Cet échangeur éloignera les camions des rues de Saint John, ce qui est vital pour notre industrie touristique, et ralentira aussi la détérioration de notre centre-ville. Le fait de diriger les camions directement vers les secteurs industriels de notre ville favorisera également la croissance des parcs industriels et aidera à appuyer les nouveaux investissements dans la raffinerie de pétrole, dans le projet de gaz naturel liquéfié et dans le projet de parc industriel vert sur la promenade Bayside.
On n'insistera jamais assez sur l'importance de cet échangeur. Avec un réinvestissement attendu de 5 à 7 milliards de dollars dans la deuxième raffinerie qu'on envisage de construire dans le secteur est de notre ville, projet qui représente le plus gros investissement privé au Canada atlantique et qui devrait être achevé en 2012, nous devons nous assurer que cet élément clé de notre infrastructure est en place.
On ne trouve rien dans le budget à propos d'une autre question importante à Saint John: la remise de la dette relative au pont du port de Saint John. Les coûts de construction du pont se sont élevés à 18 millions de dollars. C'est le seul pont à péage fédéral au Canada. Les citoyens de Saint John ont payé approximativement 23 millions de dollars pour le pont. Pourtant, nous devons encore 23 millions de dollars.
Il y a quelque chose qui cloche gravement dans cette situation. C'est comme un prêt hypothécaire qui est impossible à rembourser et qui ne cesse de grandir. Notre collectivité a déjà assez payé pour ce pont. On ne peut pas s'attendre à ce que nous continuions à payer éternellement. Ce n'est tout simplement pas juste. Il est temps que le gouvernement fasse ce qu'il doit et qu'il remette la dette du pont du port de Saint John.
Dans le cadre de son budget, le rompt un nombre incommensurable de promesses. Il rompt ses promesses en matière de péréquation et de garde d'enfants. Il rompt sa promesse aux personnes âgées de ne pas imposer leurs fiducies de revenu. Nous ne pouvons simplement pas lui faire confiance pour protéger les intérêts de notre province, de notre région et de notre pays.
Un leader doit unir le pays. Le , lui, y sème la discorde. Il a montré ses véritables couleurs en abandonnant de façon honteuse le Nouveau-Brunswick et toutes les provinces de l'Atlantique.
Nous travaillons fort. Nous payons nos impôts. Nous contribuons à l'amélioration du Canada. Un gouvernement ne peut pas favoriser un groupe plutôt qu'un autre. Il ne peut pas sélectionner les gagnants. Il ne peut pas dresser une région du pays contre une autre. Il ne peut pas forcer les pauvres à subventionner les riches. Il ne peut pas se fermer les yeux sur le sort des familles de travailleurs, des enfants, des Autochtones et des personnes âgées. C'est peut-être le Canada du , mais ce n'est pas le nôtre.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , la Loi d'exécution du budget. Je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
Nous, les néo-démocrates, n'avons pas appuyé le budget qui a été présenté par le gouvernement à la fin de mars. La principale raison pour laquelle nous n'avons pas appuyé le budget, c'est que nous ne croyons pas qu'il permette de combler l'écart croissant entre les riches et les pauvres au Canada. Nous ne croyons pas qu'il réponde aux attentes ni aux espoirs des familles de travailleurs ordinaires. Il n'aide pas les familles d'immigrants et de réfugiés à trouver leur place au sein du Canada ni la vie qu'elles cherchaient en venant s'établir ici.
Le budget ne prévoit rien pour combler l'écart croissant entre les riches et les pauvres au Canada. On aurait pu intervenir pour améliorer cette situation. Le gouvernement aurait pu utiliser l'énorme excédent dont il dispose pour instaurer des programmes visant à réduire cet écart.
Le gouvernement aurait pu choisir de cesser d'accorder certains des cadeaux et congés fiscaux considérables qu'il a consentis aux entreprises depuis son arrivée au pouvoir. Les 9 milliards de dollars d'allégements fiscaux accordés aux entreprises auraient pu profiter aux Canadiens de l'ensemble du pays.
Voilà ce que souligne le Centre canadien de politiques alternatives dans certains documents qu'il a publiés sur l'écart de prospérité au Canada. Une récente étude du centre révèle que, au cours des dernières années, la situation de la plupart des Canadiens ne s'est pas améliorée et que, en fait, dans la plupart des familles canadiennes, on travaille davantage et que, dans 80 p. 100 des cas, les travailleurs obtiennent une plus petite part de la croissance économique du Canada. Le Centre canadien de politiques alternatives révèle que depuis 20 ans les Canadiens travaillent un plus grand nombre d'heures et obtiennent moins d'avantages sociaux. L'écart entre les riches et les pauvres se creuse en grande partie parce que, comme le souligne le centre, la part du lion de la croissance économique canadienne revient à 10 p. 100 des familles, soit les plus riches. Elle ne revient pas à la majorité, soit à 80 p. 100 des familles, à celles dont le revenu est inférieur à 100 000 $. On parle ici d'un très grand nombre de gens et d'un seuil très élevé.
L'écart de revenu ne cesse de croître. En 2004, la tranche de 10 p. 100 de la population formée des familles les plus riches gagnait 82 fois plus que la tranche de 10 p. 100 formée des plus pauvres. Cela représente presque trois fois le taux enregistré en 1976 alors que les plus riches gagnaient seulement 31 fois plus. En 1976, l'écart était considérable mais il n'était que 31 fois supérieur. Aujourd'hui, il a atteint un niveau inégalé en 30 ans.
Le problème ne porte pas uniquement sur le revenu, car les gens font de plus longues heures pour toucher un revenu discutable. L'ensemble de la main-d'oeuvre travaille plus de semaines et plus d'heures, soit en moyenne 200 heures de plus qu'en 1996, exception faite de la tranche de 10 p. 100 de la population formée des familles les plus riches qui a enregistré une augmentation substantielle de revenu de l'ordre de 30 p. 100. Le revenu des autres travailleurs est demeuré inchangé ou a diminué. En fait, les Canadiens les plus pauvres ont vu leur revenu véritable diminuer au cours de cette période.
Le budget ne fait rien pour remédier à la situation. Voilà un aperçu statistique plutôt dur de la situation. Le budget ne tient pas compte des véritables difficultés que vivent les familles canadiennes, notamment celles qui n'ont pas les moyens d'acheter les médicaments nécessaires en cas de maladie, de recourir aux services de garde ou de payer la formation qui les aiderait à concrétiser certains rêves.
Dans le budget, le gouvernement a vraiment raté une très belle occasion de réduire l'écart de prospérité qu'on trouve au Canada.
Je vais notamment parler de la situation de l'éducation postsecondaire au Canada. Il y a deux importants établissements d'éducation postsecondaire dans ma circonscription, notamment l'Université Simon Fraser et l'Institut de technologie de la Colombie-Britannique, l'une des plus importantes institutions polytechniques du Canada.
Dans ma circonscription, nous savons donc que l'éducation abordable est un point névralgique pour la plupart des familles et pour les étudiants qui, à la fin de leurs études, ont accumulé d'énormes dettes. Les familles se débattent pour faire en sorte que leurs enfants puissent faire des études postsecondaires décentes et construire leur propre avenir.
Les familles de travailleurs, les familles de la classe moyenne, de même que les familles d'immigrants et de réfugiés connaissent l'importance de l'éducation. Bon nombre d'entre elles triment dur pour que leurs enfants puissent faire de bonnes études au Canada.
Dans leur budget, les conservateurs font passer les étudiants en dernier. Les mesures qui sont prévues dans le budget ne font rien pour réduire le coût de l'éducation postsecondaire. En fait, le budget ne touche directement que les 1 000 étudiants qui recevront des Bourses d’études supérieures. Cette mesure ne profitera donc qu'à un dixième de 1 p. 100 de tous les étudiants du Canada. Même s'il y a un million d'étudiants au Canada, les Conservateurs ont décidé de n'en aider que 1 000 d'entre eux.
En fait, les conservateurs ont prévu davantage de ressources pour attirer au Canada les étudiants étrangers, soit un million de dollars, que pour faciliter aux Canadiens l'accès aux études collégiales et universitaires, aux études en médecine et en droit. Ils ont quelque peu modifié le régime enregistré d'épargne-études, mais ce sont surtout les familles les plus riches qui en profitent. Cette mesure est totalement injuste dans ce pays, au moment où les familles de la classe moyenne triment dur pour que leurs enfants puissent recevoir une éducation postsecondaire décente. Malgré un excédent de 9 milliards de dollars et une réduction de l'impôt des sociétés de 8 milliards de dollars, le gouvernement investira moins d'un milliard de dollars dans l'éducation postsecondaire dans les prochaines années.
Certains transferts de base ont été légèrement augmentés, mais à un taux tellement faible qu'il faudra des années pour que cette mesure rime à quelque chose. Il faudra des années ne serait-ce que pour rétablir les niveaux des années 1980 et 1990.
En 1983-1984, le pourcentage du PIB que représentaient les transferts pour l'éducation postsecondaire était de 0,56 p. 100. Il est tombé à 0,41 p. 100 en 1992-1993, puis encore plus bas à 0,19 p. 100 en 2004-2005. En 2007-2008, il descendra de nouveau à 0,17 p. 100. Selon les projections, il devrait remonter un peu à 0,22 p. 100 en 2008-2009. Mais, nous sommes toujours très loin des pourcentages atteints avant que les libéraux ne commencent à diminuer radicalement les paiements de transfert en matière d'éducation postsecondaire au Canada. Rien dans ce budget ne nous permettra de revenir au point où nous pourrions aider vraiment les étudiants à faire des études postsecondaires.
Les étudiants ont été carrément exclus du régime de la prestation fiscale pour le revenu gagné même si des centaines de milliers d'étudiants doivent travailler à plein temps pour payer leurs droits de scolarité et ne pas trop s'endetter. Le budget ne prévoit aucune mesure pour l'endettement des étudiants. Il ne prévoit rien pour remplacer la Fondation canadienne des bourses d'études du millénaire à son expiration.
Les problèmes ne s'arrêtent pas là pour les jeunes avec ce projet de loi. La semaine dernière, j'ai assisté à une conférence ayant pour thème Vers une pratique communautaire efficace pour les jeunes à haut risque. Des travailleurs auprès des jeunes de Burnaby et de New Westminster ont assisté à cette conférence, durant laquelle ont été soulevées de nombreuses préoccupations relatives à l'absence d'approche coordonnée aux problèmes qui assaillent les jeunes à haut risque dans notre société. Il n'y a pas de stratégie nationale pour les jeunes, ni d'efforts coordonnés pour résoudre les problèmes des jeunes à haut risque. Aucune tentative n'est faite pour régler les divers problèmes juridiques et conflits de compétences avec lesquels sont aux prises les jeunes dans notre pays.
Les programmes destinés aux jeunes de 8 à 12 ans sont particulièrement importants, mais ce sont eux qui font le plus défaut. Les adolescents et ceux qui atteignent l'âge maximal d'admissibilité à ces programmes n'ont accès à aucun genre de soutien, ce qui finira par coûter très cher à la société plus tard. La question de savoir comment nous soutenons les jeunes dans notre société est très importante.
J'espère pouvoir parler un peu des immigrants et des réfugiés au Canada et de ce que le budget n'a pas fait pour eux. J'aurai peut-être la chance de le faire plus tard, mais je tenais à mentionner trois choses en particulier concernant Burnaby.
Il y a trois projets importants au sujet desquels la ville de Burnaby voulait obtenir de l'aide de la part du gouvernement fédéral, mais qui sont absents du présent budget. Le premier projet concerne l'établissement d'un centre de services pour les immigrés et les réfugiés au coeur de Burnaby. Nous avons besoin d'argent à Burnaby pour adapter les infrastructures au nombre croissant d'immigrés et de réfugiés dans la population locale. Cette croissance est bénéfique pour notre région, mais les infrastructures sont insuffisantes. Nous avons besoin de bâtir un centre pour répondre aux besoins. La ville a réservé un terrain à cette fin, mais elle a besoin d'aide de la part des autres pouvoirs publics.
La ville de Burnaby et d'autres municipalités de la vallée du Bas-Fraser ont également besoin de l'aide du gouvernement fédéral pour tenir les Jeux mondiaux des policiers et des pompiers en 2009. Nous devons montrer aux policiers et aux pompiers que nous sommes avec eux en les aidant à réaliser ce projet. La dernière édition de ces jeux vient d'avoir lieu à Adelaide, en Australie, et le premier ministre de l'État du Sud de l'Australie considère qu'ils en ont beaucoup stimulé l'économie et qu'ils ont été importants pour les villes et les villages concernés.
Il y a également la question du lac Burnaby. Le budget prévoit de l'argent pour les lacs Winnipeg et Simcoe, mais il ne prévoit rien pour le lac Burnaby, qui se détériore rapidement. Ses eaux sont en train de se transformer en marécages. Nous devons préserver cet important habitat pour la faune. Le lac Burnaby doit demeurer un véritable lac.
La ville de Burnaby cherche depuis des années à obtenir un vrai engagement de la part du gouvernement fédéral. Le gouvernement précédent ne s'est pas engagé, même après la visite et la promesse d'étudier la question de la part du , qui était alors ministre de l'Environnement. La ville n'a pas pu obtenir l'argent nécessaire à ce moment-là, et le gouvernement actuel fait lui aussi la sourde oreille, même si la ville et la province ont déjà pris des engagements pour la réalisation de ce projet important.
De nombreuses mesures sont absentes de ce budget, notamment pour combler l'écart de prospérité et pour répondre aux besoins particuliers de ma circonscription. Le gouvernement aurait pu faire un meilleur travail.
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Monsieur le Président, c'est un plaisir pour moi de prendre la parole dans le débat sur le projet de loi d'exécution du budget, mais je ne peux en dire autant de l'étude du document budgétaire. Comme mes collègues de mon parti, je suis d'avis que ce budget représente une occasion ratée pour les Canadiens.
Après des années d'excédents budgétaires successifs et de bonne santé économique, nous nous rendons compte que les Canadiens se retrouvent dans une situation de plus en plus déplorable. Le budget aurait pu permettre de réduire les conséquences des importantes compressions effectuées par les gouvernements précédents dans l'infrastructure sociale et économique de notre pays.
Il aurait pu permettre de faire entrer le Canada dans le XXIe siècle en prévoyant des investissements importants dans les programmes d'éducation préscolaire, postsecondaire et d'apprentissage continu. Il aurait pu permettre de s'assurer que tous les Canadiens ont un toit et mangent à leur faim et que les plus vulnérables, ceux qui sont atteints d'incapacités mentales ou physiques ou qui sont aux prises avec des dépendances, les personnes âgées, les pauvres et les personnes victimes de racisme, de pauvreté ou d'abus peuvent avoir de l'aide et un appui solide. Je suis forcée de dire qu'ils ont été oubliés dans ce budget.
C'est un budget qui n'a pas réussi à réduire les inégalités au pays. Il n'a pas présenté de solution au défi des changements climatiques non plus.
Je parlerai tout d'abord de l'écart croissant entre riches et pauvres. Avec ses milliards de dollars en réductions d'impôt consenties aux sociétés, le budget aura pour effet non pas de rétrécir, mais bien d'élargir l'écart entre les familles qui sont au haut de l'échelle et le reste d'entre nous, à savoir les familles de la classe moyenne et de la classe ouvrière.
Nous constatons que ce sont surtout les 10 p. 100 des familles les plus nanties qui bénéficient année après année des excédents budgétaires, au détriment des 10 p. 100 les moins fortunés, et on n'a pas vu un tel écart depuis 30 ans.
Le budget ne rétablit pas le salaire minimum fédéral qui a été annulé par le gouvernement précédent et ne le fixe pas à 10 $ l'heure, soit le niveau de pauvreté minimum qui devrait être accepté au Canada. Nous devons assurer aux gens un salaire de subsistance et il est temps que le gouvernement fédéral prenne l'initiative en la matière.
Le budget ne contient aucune mesure concernant le logement abordable en dépit de l'ampleur que prend le phénomène des sans-abri dans les rues de Toronto, où je représente la circonscription de Parkdale—High Park. Les parents et les enfants de ma collectivité continuent d'avoir besoin d'un programme national de garderies, alors que le gouvernement et le budget ne nous ont proposé que le balbutiement d'une politique en matière de services de garde d'enfants.
L'argent est là pour financer les places en garderies, mais on ne peut parler d'un système de garderies. Ce n'est pas un système d'apprentissage et de développement préscolaires. Les parents de ma circonscription ne cessent de me dire qu'il en résulte une crise à l'échelle de la famille. Les parents dépensent jusqu'à 1 500 $ par mois par enfant pour les services de garde. Même à ces taux exorbitants, des centaines d'enfants sont sur des listes d'attente pour obtenir des services acceptables. C'est tout simplement honteux dans un pays riche comme le nôtre. Nous prétendons être une société et une économie modernes et pourtant, sur ce plan, nous tirons de l'arrière par rapport au monde développé.
La pauvreté est de plus en plus visible dans les rues de Toronto et dans celles de ma collectivité. J'y observe des itinérants. J'y vois des familles en difficulté qui font la queue avec leurs jeunes enfants pour obtenir des déjeuners et des repas du dimanche soir gratuits. Plus d'un million de travailleurs de la région de Toronto gagnent moins de 29 800 $ par année. Il s'agit dans bien des cas de néo-Canadiens qui sont pourtant ici depuis des générations. Bien souvent, les travailleurs de couleur sont des femmes, mais ils ont tous ceci en commun: leur travail est souvent sous-évalué et rémunéré à rabais.
À Toronto, plus de 200 000 enfants vivent dans la pauvreté, soit pratiquement 20 p. 100 d'entre eux, et ce pourcentage est à la hausse.
Je dois souligner le décès de June Callwood. Cette journaliste et activiste était de plus en plus scandalisée, dans les dernières années de sa vie, du fait que, en tant que société, nous ne puissions pas mobiliser la volonté politique de résoudre la crise que représente la pauvreté des enfants dans un pays aussi riche, et surtout dans le contexte de la croissance économique et des excédents budgétaires que nous obtenions année après année. C'est triste que June Callwood soit partie sans avoir vu un gouvernement présenter un plan pour guérir cette gangrène de notre société, aujourd'hui et pour toujours. Nous attendons encore qu'un gouvernement le fasse. Il n'y a certainement rien en ce sens dans le budget.
Les immigrants et les nouveaux arrivants représentent environ la moitié de la population de Toronto, et 57 p. 100 d'entre eux vivent dans la pauvreté. Le taux de pauvreté chez les enfants au sein des familles arrivées récemment augmente d'une décennie à l'autre depuis les années 1980. Il y a un problème dont les nouveaux arrivants me parlent régulièrement, et qui est tragique. C'est le fait que les travailleurs qualifiés, dont des ingénieurs, des médecins, des spécialistes et des professionnels de toutes catégories, ne trouvent pas de travail dans leur domaine au Canada parce que leurs titres de compétence ne sont pas reconnus.
Je sais que le gouvernement a dit qu'il étudiait la situation, mais pour les familles qui vivent dans la pauvreté parce que les parents sont chauffeurs de taxi ou serveurs dans un casse-croûte au lieu de pratiquer comme ingénieurs, psychologues ou dentistes, une étude ne suffit pas. Les gens veulent des décisions et des résultats. Ils veulent que leurs titres de compétence soient reconnus. Ils veulent un système où ils se sentiront les bienvenus, où leurs titres de compétence seront reconnus sur-le-champ, et non plusieurs années plus tard.
Le gouvernement a créé le crédit d'impôt pour les personnes à faible revenu. Les crédits d'impôt ont du bon. Ils protègent le revenu net des travailleurs qui gagnent un salaire de subsistance en compensant le versement des cotisations d'impôts et des charges sociales. Les crédits d'impôt peuvent aider en cas de fluctuations dans le nombre d'heures travaillées ou de manque de travail occasionnel, ce qui constitue un gros problème, nous le savons.
Toutefois, l'adoption de normes exigeant le versement d'un salaire de subsistance, autrement dit un salaire minimum de 10 $ l'heure, doit aller de pair avec l'existence de crédits d'impôt pour les travailleurs. Sinon, les crédits d'impôt deviennent des subventions aux employeurs qui se contentent de verser des salaires de misère. Ces subventions constituent alors un avantage injuste pour les employeurs moins responsables, par rapport à ceux qui paient des salaires de subsistance. Ces deux mesures doivent aller de pair.
J'aimerais aussi parler de l'infrastructure, qui représente un gros enjeu dans la ville de Toronto. Le budget n'offre rien pour les grands centres urbains comme Toronto. En fait, je dirais que, pour Toronto, le budget est un pas en arrière. Les électeurs de ma circonscription, Parkdale—High Park, me disent qu'ils travaillent fort, qu'ils paient leurs impôts et qu'ils veulent qu'on investisse davantage de deniers publics dans l'infrastructure sociale et matérielle essentielle dont notre ville a besoin.
À l'heure actuelle, une grande partie de nos besoins à Toronto sont couverts par l'impôt foncier, qui monte en flèche. Les personnes âgées qui vivent dans leur propre maison, en particulier celles qui sont au crépuscule de leur vie, sont prises à la gorge, car elles ont un revenu fixe et leur impôt foncier ne cesse d'augmenter. L'impôt foncier est régressif. Il touche de manière disproportionnée les citoyens à faible et à moyen revenu et les personnes âgées sont durement éprouvées. L'impôt foncier rend également difficile la situation des petites entreprises de la ville.
Toronto est la plus grande ville du Canada et compte la sixième administration publique en importance au Canada. Elle comprend une population diversifiée d'environ 2,6 millions de personnes. C'est le moteur économique du Canada et l'une des villes les plus vertes et les plus novatrices d'Amérique du Nord. Nous avons besoin d'une stratégie nationale de transports en commun comme celle que je prône et celle décrite par les maires des grandes villes. L'économie et l'environnement de Toronto dépendent de meilleurs transports en commun et d'un nombre accru d'autobus, de tramways et de métros.
Je sais que le gouvernement a annoncé du financement pour prolonger le métro jusqu'à l'Université York et jusqu'à Vaughan. C'est une mesure positive, mais nous avons besoin de financement pluriannuel constant et soutenu et d'un plan de croissance des transports en commun à Toronto, car la ville est en pleine expansion.
Autre point très décevant: avec son budget, le gouvernement envoie promener la culture. Cette dernière n'a droit qu'à une section d'une page du budget. On ne prévoit rien pour les six grands projets à Toronto et il n'y a pas d'argent frais pour CBC/Radio-Canada. Cette situation influera non seulement sur les travailleurs de ce secteur, mais également sur notre pays. La culture joue un rôle prépondérant dans le façonnement de l'identité de notre pays et dans son expression.
En somme, je voudrais dire que le budget, qui ne prévoit aucune stratégie urbaine, n'offre aucune aide aux travailleurs pauvres et fournit très peu en matière de protection de l'environnement, fait régresser Toronto et le Canada en général.
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Monsieur le Président, nous tenons un débat sur le projet de loi , le projet de loi d'exécution du budget. Je n'ai pas participé au débat sur le budget. Comme les députés le savent, le projet de loi d'exécution du budget transpose dans un langage juridique les dispositions du budget de manière à modifier des lois et à créer de nouvelles mesures mettant ces dispositions en vigueur. Voilà de quoi la Chambre est saisie.
Plutôt que de parler de façon générale du budget et du projet de loi d'exécution du budget et de formuler des commentaires personnels, je préfère faire ressortir au moins deux points qui, selon moi, sont très importants pour les Canadiens. Il s'agit de deux points pour lesquels le gouvernement a manqué à sa promesse.
Il est grave de dire que le gouvernement a manqué à sa promesse. En fait, la page couverture d'un document que le a fait circuler avant les dernières élections disait qu'il n'y avait pas de plus grande escroquerie que de manquer à une promesse.
Parlons des fiducies de revenu, car je crois qu'il s'agit du pire cas de promesse non tenue dans l'histoire politique du Canada. Je suis heureux de voir que le est présent. Il est déjà contrarié de me voir soulever cette question.
Quelle exagération. Est-ce que quelqu'un le fera taire?
M. Paul Szabo: Le ministre commence déjà à perdre les pédales, car il sait qu'il va entendre tous les détails.
La question des fiducies de revenu est assez intéressante. En effet, au cours de la dernière législature, le gouvernement de l'époque avait mis en place un processus de consultation. Il s'agissait d'un processus de trois mois qui visait à se pencher sur l'imposition des grandes sociétés qui versent des dividendes, par opposition à celles qui sont structurées comme des fiducies de revenu. En effet, les fiducies de revenu elles-mêmes ne paient pas d'impôt. Ce sont plutôt les bénéficiaires qui en paient.
Il est très intéressant de noter qu'il n'y a qu'environ 30 p. 100 des Canadiens qui ont des régimes de retraite à prestations déterminées. Cela signifie que 70 p. 100 des personnes âgées n'ont pas de régime de retraite à prestations déterminées. Ils doivent trouver une autre façon d'obtenir un revenu régulier équivalent, chaque mois, pour payer leurs comptes. Cette autre façon, c'est la fiducie de revenu. Énormément de personnes âgées canadiennes ont investi dans des fiducies de revenu et...
Vous défendez les fiducies de revenu? Dieu du ciel, vous ne croyez pas un traître mot de ce que vous dites.
M. Paul Szabo: Monsieur le Président, le s'agite et fait du chahut, mais je vais continuer à citer des faits.
Je devrais sans doute ajouter qu'il y a sur le site Internet du ministre une question à laquelle les gens peuvent répondre. Cette question est la suivante: « Le budget de 2007 vous a-t-il été profitable? » Qu'est-ce que les gens ont répondu? Quelque 93 p. 100 des répondants ont indiqué, sur le propre site Internet du , que le budget de 2007 ne leur avait pas été profitable. C'est la vérité.
Les députés devraient également savoir que le ministre a retiré tout cela de son site hier. Il ne voulait visiblement pas que cela se sache.
Une voix: La vérité fait mal.
M. Paul Szabo: C'est indéniablement une question de vérité.
Revenons aux fiducies de revenu. Le ministre voudra entendre ce que j'ai à dire.
Le gouvernement précédent, après consultation, a décidé de ne pas imposer les fiducies de revenu. En fait, l'imposition des dividendes versés par les grandes sociétés a été ajustée afin de réduire l'écart. Que s'est-il passé pendant la dernière campagne électorale? Le Parti conservateur a dit qu'il n'imposerait jamais les fiducies de revenu.
C'était une promesse très nocive, tout d'abord parce qu'elle influait sur les marchés financiers. En effet, le fait que les libéraux n'avaient pas imposé les fiducies de revenu et que les conservateurs avaient promis de ne pas les imposer non plus a rehaussé la confiance des investisseurs. Les Canadiens sentaient qu'ils pouvaient désormais investir en toute sécurité, sans risquer d'être imposés à un niveau usuraire. Par conséquent, de nombreux Canadiens, surtout des aînés, ont décidé d'investir dans des fiducies de revenu.
Que s'est-il passé à l'Halloween? Un véritable massacre, rien de moins. La décision d'imposer les fiducies de revenu fut la pire promesse brisée de l'histoire du Canada. À quel taux? Les Canadiens...
Souvenez-vous de la TPS.
M. Paul Szabo: Voyez-vous, monsieur le Président, comment les députés du Parti conservateurs essaient de me faire taire parce qu'ils n'aiment pas entendre la vérité? Permettez-moi de poursuivre mon récit des faits.
À combien s'élève l'impôt sur les fiducies de revenu? À 31,5 p. 100. Cet impôt n'était pas censé entrer en vigueur avant 2011, mais, comme la valeur marchande actuelle d'un investissement doit refléter le rendement à long terme...
Que faites-vous de l'équité fiscale? Qu'avez-vous contre l'idée que chacun paye sa juste part?
Qu'en est-il de la promesse brisée sur la TPS?
Pourquoi la population doit-elle payer plus d'impôt? Pourquoi favorisez-vous les sociétés? Vous vous fichez de la population.
M. Paul Szabo: Lorsque le ministre des Finances s'enrage de la sorte à ce sujet, je sais que je suis sur la bonne voie. Lorsqu'il se met à crier, c'est que je suis sur la bonne voie. Lorsqu'on impose un fardeau fiscal de 31,5 p. 100 aux aînés, je suis sur la bonne voie.
Lorsqu'on établit la valeur boursière d'un outil d'investissement en actualisant les rendements à long terme, et si, d'autre part, on constate qu'une taxe de 31 p. 100 s'appliquera sur cet outil dans quatre ou cinq ans d'ici, sa valeur actuelle diminue.
Jusqu'où la baisse est-elle allée? Les Canadiens comprennent à quel point la valeur de ces investissements a diminué. Elle a diminué immédiatement. Le lendemain même, elle chutait de 35 milliards de dollars; dans la plupart des cas, ces investissements appartiennent à des aînés. Leur coussin de retraite s'est envolé. Le ministre dira sans doute que ce sont des inepties.
J'ai les données en main et je peux dire à la Chambre exactement combien d'aînés ont été touchés. Environ 1,5 million d'aînés ont été pénalisés par cette décision. Les députés ont eu plus de réactions des Canadiens sur ce fiasco des fiducies de revenu, sur cette promesse non tenue, que sur toute autre question. Cette question a été la plus importante de la présente législature. Le gouvernement n'a pas tenu parole et cela a fait fondre le coussin de retraite d'un nombre considérable d'investisseurs canadiens, pour la plupart des aînés.
De toute évidence, les parlementaires étaient préoccupés. En fait, c'est le caucus libéral qui a saisi le Comité des finances de la question et qui a proposé de l'examiner. Il ne suffit pas de faire de beaux discours et de pousser des hauts cris. Les conservateurs veulent élever la voix. Débattons donc la question. Examinons-la en comité. Convoquons des témoins experts. Établissons les faits véritables.
Le a témoigné devant le Comité des Finances et il a déclaré qu'il y aurait un manque à gagner annuel de 500 millions de dollars pendant six ans, que le gouvernement allait perdre 3 milliards de dollars en recettes fiscales et qu'il ne pouvait se permettre une telle perte. Qu'est-il arrivé? Des experts sont venus témoigner devant le comité et ce dernier a mis en pièce les arguments du . Il a dit qu'il y avait des pertes fiscales de 3 milliards de dollars. Or, ce n'était pas le cas.
L'économiste Don Francis, entre autres, a déclaré qu'il n'y avait pas de pertes fiscales. Pour sa part, Cameron Renkas a affirmé que les études réalisées par le service des Marchés des capitaux de la Banque de Montréal révèlent qu'il n'y a eu aucune perte fiscale. Yves Fortin, un économiste connu du ministre, a soutenu quant à lui que la prétendue perte fiscale n'était pas fondée et que l'argument du ministre était erroné.
D'autres experts ont qualifié d'erronée la méthode que le ministère des Finances a utilisé dans le document de consultation de 2005, et cette méthode n'a apparemment pas été modifiée.
Selon Gordon Tait, certaines des hypothèses du ministère des Finances étaient contestables.
Il s'agissait là de témoins experts comparaissant devant le Comité des finances.
L'association canadienne d'investissement dans des fiducies de revenu a pour sa part qualifié de nettement exagérées les estimations des pertes fiscales, tout en soulignant qu'elles n'étaient pas appuyées par des faits ou fondées sur des données claires et crédibles.
J'ai parlé des conclusions auxquelles en sont arrivées certaines personnes. Mais qu'en est-il des faits? J'y étais et j'ai participé aux débats et aux audiences. J'y étais parce qu'il s'agissait d'une question importante pour mes électeurs.
Le meilleur témoignage est venu des représentants de HDR/HLB Decision Economics Inc., qui ont formulé des hypothèses distinctes concernant quatre facteurs clés pouvant expliquer la différence entre leur analyse et celle du ministère des Finances. Ils étaient les mêmes à tous égards sauf dans deux cas.
En voici une qui vous laissera pantois, monsieur le Président. Tout d'abord, les calculs du ministère des Finances pour la période de six ans, les calculs des 3 milliards de dollars, ne tenaient pas compte de modifications législatives que le Parlement avait déjà adoptées. On en a tout simplement pas tenu compte et on a supposé qu'elles n'allaient pas prendre effet même si elles étaient adoptées.
Le gouvernement avait fait erreur, mais le ministre n'était pas d'accord. Il ne s'est pas défendu. Il n'a pas reconnu son erreur. Pourquoi donc?
Un autre facteur mérite d'être souligné. Selon HDR/HLB, on a supposé que les personnes investissant dans des fiducies de revenu par le truchement d'un REER ne versaient pas d'impôt puisque les REER ne versent pas d'impôt et que l'impôt ne serait versé que lorsque l'argent sortirait du REER. Cependant, une telle analyse suppose que toute personne participant à une fiducie de revenu par le truchement d'un régime enregistré d'épargne-retraite au Canada ne paiera jamais d'impôt, au grand jamais.
De toute évidence, il ne s'agit pas de pertes fiscales: l'argent finit par sortir. Il suffit de prendre connaissance des comptes publics pour constater l'importance des recettes fiscales versées par les titulaires de REER au moment du désenregistrement d'un REER ou de sa conversion en FERR lorsqu'ils retirent une somme selon les modalités prévues. Il y a là une erreur de calcul des pertes fiscales par le ministre des Finances et le ministère des Finances.
Il faut également considérer le taux réel de l'impôt sur les sociétés pour les fiducies énergétiques. Il existe en effet un taux historique. Les grands tableaux que le ministre a exhibés devant le Comité des finances étaient tout à fait erronés. Ils n'avaient aucun lien avec le taux historique de l'impôt des sociétés s'appliquant aux fiducies énergétiques.
La proportion d'unités de fiducie de revenu exemptes d'impôt était erronée. De plus, la valeur de l'impôt reporté était incorrecte.
Je pourrais continuer, mais ce qui ressort de l'analyse de HDR/HLB Decision Economics Inc., qui a été applaudie par tous, c'est que la fuite fiscale en 2006 qui avait été évaluée à 500 millions de dollars ne serait en fait que de 164 millions de dollars. De plus, en 2010, la fuite fiscale évaluée à 500 millions de dollars ne serait quant à elle que de 32 millions de dollars. On arrive à cette différence considérable en corrigeant tout simplement les erreurs que le ministre des Finances a faites devant le Comité des finances.
Dans les jours d'audience qui ont suivi, le ministre ou ses représentants ont-ils contesté les témoignages des experts? La réponse est non. Il n'y a eu aucune réfutation. Aucune explication n'a été fournie au sujet des critiques portant sur le calcul des pertes fiscales. C'est uniquement sur ce calcul qu'ils se sont basés pour aller de l'avant. Ils ont fait erreur. Ils ne sont pas prêts à le reconnaître, mais l'impact sur les Canadiens est incroyable.
Qu'a fait le Comité des finances dans son quatorzième rapport à la Chambre des communes? Il a formulé trois recommandations. Premièrement, il a indiqué que le gouvernement devait « faire preuve de la plus grande transparence possible ». Il a recommandé que le gouvernement « publie la méthodologie et les chiffres sur lesquels il s'est fondé » pour évaluer les pertes fiscales fédérales.
Le comité a reconnu qu'il n'avait pas reçu l'information et la méthodologie. En fait, dans une réponse donnée à la suite d'une demande d'accès à l'information, toutes les rangées et les colonnes de l'analyse étaient noircies. Il n'y avait que les titres figurant en haut et dans la marge. C'était en fait une page vide.
C'est ainsi que le a répondu à une demande d'information légitime formulée en vertu de la Loi sur l'accès à l'information. Le Comité permanent des finances du Parlement du Canada avait besoin de cette information. L'a-t-il obtenue? Non. Le ministre des Finances a refusé de répondre.
Dans sa deuxième recommandation, le comité disait que, plutôt que de régler la question des fiducies de revenu en même temps que plusieurs autres questions par le biais d'une motion de voies et moyens, la Chambre des communes devrait traiter séparément la question des fiducies de revenu, tragédie d'une promesse brisée qui a sapé le fonds de pension d'un grand nombre d'aînés d'un bout à l'autre du Canada, plutôt que de l'enfouir sous une pile d'autres questions. Le Parlement aurait dû avoir l'occasion de s'exprimer en votant clairement sur la décision concernant les fiducies de revenu.
La troisième recommandation était ainsi libellée:
Des informations incontestables montrent que des solutions supérieures et bien moins pernicieuses s’offraient au gouvernement fédéral. Le Comité presse le gouvernement d’envisager la mise en œuvre de l’une des deux solutions suivantes...
De quelles solutions s'agit-il? Je connais l'une d'elles. Elle avait été proposée par le Bloc québécois. Selon cette stratégie, plutôt que de reporter de quatre ans l'application de cet impôt de 31,5 p. 100, il faudrait la reporter de dix ans. Ce serait comme repousser une mort certaine. Je ne suis pas d'accord.
Cependant, il y avait une autre solution, qui a été proposée par les députés libéraux membres du comité, en consultation avec le caucus libéral. Cette solution consisterait à éliminer l'impôt de 31,5 p 100 sur les fiducies de revenu et de le remplacer par un impôt de 10 p. 100 qui ne serait applicable qu'aux non-résidents du Canada.
Autrement dit, il s'agirait d'un rabais pour les Canadiens. En effet, les Canadiens qui investiraient dans les fiducies de revenu ne seraient pas touchés. Cela signifie que les aînés canadiens ne perdraient pas leurs fonds de pension. Selon les experts, environ les deux tiers de la perte enregistrée sur la valeur marchande de leurs investissements dans les fiducies de revenu pourraient être récupérés en adoptant une approche moins radicale.
Des députés qui ont commenté le budget ont dit qu'il était une source de discorde, car il montait les Canadiens les uns contre les autres. C'est un exemple de situation où le gouvernement a désavantagé un grand nombre d'aînés.
Il existe de meilleurs moyens d'y parvenir. Si le ministère des Finances n'est pas prêt à fournir au Comité permanent des finances les calculs détaillés sur lesquels il s'est fondé pour prendre sa décision, cela signifie qu'il y a anguille sous roche.
En fait, les témoins experts ont démontré que c'était le cas. Le gouvernement n'est pas prêt à s'ouvrir à cela. Il n'est pas prêt à l'admettre. Il n'est pas prêt à défendre son point de vue. Il n'est pas prêt à démontrer où les témoins experts se sont trompés. Pourquoi? Parce qu'il en est incapable. Voilà le problème. Le gouvernement ne peut défendre ce qui ne peut être défendu. La décision était mauvaise, de la façon de la traiter en remontant jusqu'à la promesse de ne pas imposer les fiducies de revenu. Pourquoi interférer avec les marchés?
Je dois maintenant dire aux députés que le gouvernement a décidé d'offrir la possibilité de fractionner les revenus de pension parce qu'il croyait que cela pourrait contribuer à apaiser les Canadiens. Le fait est que, quand on examine les chiffres concernant ce fractionnement des revenus de pension, on constate qu'après avoir tenu compte des gens qui n'ont personne avec qui partager leurs revenus et de ceux qui sont déjà au taux le plus bas possible ou dont le conjoint est déjà à la tranche de revenu la plus basse possible, après avoir tenu compte de tous ces facteurs, selon Yves Fortin, un économiste ayant témoigné devant le Comité des finances, seulement 12 à 14 p. 100 de tous les aînés obtiendront un avantage quelconque de ce fractionnement des revenus de pension.
Ce n'est pas suffisant. Ce n'est que de la poudre aux yeux, comme on l'a déjà dit. Même dans certains documents du gouvernement, celui-ci parle de fractionnement des revenus, et non de fractionnement des revenus de pension. Pourquoi? Parce que cela fait encore une fois partie d'une stratégie de rhétorique du gouvernement consistant à suggérer l'existence de quelque chose qui n'existe pas en réalité. Une croyance veut que si on répète quelque chose assez souvent, les gens finiront par croire que c'est vrai parce qu'ils l'ont entendu tellement souvent.
Ils doivent comprendre une chose. Le avait raison quand il a écrit dans le document auquel j'ai fait référence plus tôt « il n'y a pas de plus grande escroquerie que de manquer à une promesse ». La décision concernant les fiducies de revenu était une escroquerie et un manquement à une promesse.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir formuler mon opinion sur certains points importants. Le fiasco de la péréquation est un sujet important tant pour moi que pour les résidants de Terre-Neuve-et-Labrador, ma province.
Permettez-moi de citer le qui a déclaré dans son discours du budget, « nous tenons notre promesse sur la péréquation ». Il a dit ceci:
Nous rétablissons la péréquation à titre de programme fondé sur des principes et financé selon une formule établie. [...] Comme nous l'avons promis, chacune des provinces sera avantagée par le nouveau régime. En vertu de celui-ci, elles recevront le plus élevé des...
Remarquez qu'il a dit: « Comme nous l'avons promis, chacune des provinces sera avantagée par le nouveau régime. » Cette phrase est importante. À Terre-Neuve-et-Labrador, nous avons obtenu récemment l'opinion d'un économiste indépendant qui a indiqué clairement que ce n'était pas le cas pour Terre-Neuve-et-Labrador. J'y reviendrai dans un instant.
D'abord, j'aimerais aborder la question de la péréquation et de l'imposition d'un plafond. Le 14 février 2005, nous avons signé les accords atlantiques, qui offraient à Terre-Neuve-et-Labrador des paiements compensatoires et lui permettaient d'être la principale bénéficiaire de ses ressources, particulièrement les ressources pétrolières et gazières. Voici ce que le , qui était alors le chef du Parti conservateur, a dit le 4 novembre 2004. Il a déclaré:
Malheureusement, il s'est révélé que la promesse solennelle de l'actuel premier ministre ne suffisait pas. Le premier ministre fédéral a ignoré des lettres du premier ministre Williams en date du 10 juin, du 5 août et du 24 août l'exhortant à confirmer sa promesse. Subitement, le premier ministre et son ministre des Ressources naturelles n'avaient plus rien à dire.
Il y a une étrange ressemblance entre ce qui s'est passé à l'époque et ce qui se passe aujourd'hui. Voici ce que le a dit à la Chambre en 2004, et je cite, «des paiements supplémentaires annuels qui garantiront que la province, dans les faits, conserve 100 p. 100 de ses recettes au large des côtes». Il a donc souscrit au fait que Terre-Neuve-et-Labrador devrait conserver 100 p. 100 de ses redevances. Puis il a cité le ministre:
[...] pendant une période de huit ans allant de 2004-2005 à 2011-2012, sous réserve qu'aucun paiement supplémentaire de ce type n'ait pour effet d'augmenter la capacité fiscale de la province suffisamment pour qu'elle dépasse celle de l'Ontario pour n'importe quelle année donnée.
Il a affirmé ensuite que la limite de temps de huit ans et la clause relative à l'Ontario — autrement dit, le plafond — ont, dans les faits, démoli l'engagement pris envers la population de Terre-Neuve-et-Labrador pendant la campagne électorale. C'est très intéressant. Le chef du Parti conservateur, qui est maintenant , a affirmé sans équivoque en 2004 qu'il n'appuyait pas l'idée d'un plafond. Il a ensuite fourni différents exemples tirés de sa propre expérience. Il a dit ceci:
Pourquoi limiter à une période artificielle de huit ans la capacité de Terre-Neuve d'atteindre des niveaux de prospérité comparables à ceux du reste du Canada? Souvenez-vous, en particulier, qu'il s'agit en l'occurrence de richesses non renouvelables qui, en tout état de cause, vont s'épuiser. Pourquoi le gouvernement tient-il tellement à s'assurer que Terre-Neuve-et-Labrador demeure sous le niveau économique de l'Ontario?
Ce qu'il demande, en réalité, c'est pourquoi Terre-Neuve-et-Labrador devrait être assujettie à un plafond alors qu'elle devrait plutôt être la principale bénéficiaire de ses propres ressources.
Tout compte fait, ce que j'ai dit dans les dernières minutes et tous les propos tenus à la Chambre le 4 novembre 2004 montrent sans l'ombre d'un doute que l'actuel ne croyait pas à l'imposition d'un plafond à l'époque.
Passons maintenant à l'année 2007, trois ans plus tard. On peut lire dans le budget, et c'est ce que le a dit à la Chambre:
Un plafond de capacité fiscale assurera l'équité en garantissant que les paiements de péréquation ne créent pas de situation où une province bénéficiaire se retrouverait avec une capacité fiscale supérieure à celle d'une province non bénéficiaire.
Autrement dit, elle ne doit pas dépasser le niveau économique de l'Ontario, dans l'état actuel des choses.
Que s'est-il passé entre 2004 et 2007 pour qu'il change d'avis? Quelques campagnes électorales ont eu lieu. Au cours de la dernière campagne, les conservateurs ont encore une fois réitéré qu'ils excluraient la totalité des ressources non renouvelables de l'équation, sans condition ni plafond, car Terre-Neuve-et-Labrador et la Nouvelle-Écosse devraient être les principales bénéficiaires de leurs ressources.
Je citerai même les propos que le a tenus parce que je trouvais qu'il avait invoqué un argument valable pour justifier l'absence de plafond, certainement dans le cas de la Nouvelle-Écosse, que ce soit pour les projets de gaz naturel comme Deep Panuke, ou, dans le cas de Terre-Neuve-et-Labrador, pour les projets Hibernia, White Rose et Terra Nova. Il a dit:
C'est ce qui s'est produit dans le cas de ma province, l'Alberta. Celle-ci a découvert du pétrole et du gaz dans les années 40 et 50. L'Alberta était alors une province pauvre. [Mais de] 1957 à 1965, l'Alberta a touché des paiements de péréquation.
Voici la clé. C'est fort intéressant. Il a ajouté:
Elle a pu conserver la totalité de ses redevances pétrolières, et il n'y a eu aucune récupération de la part du gouvernement fédéral.
Autrement dit, l'Alberta n'a été soumise à absolument aucun plafond.
Que s'est-il passé depuis? Comme le l'a indiqué:
Cela a permis à l'Alberta de relancer son économie, de la développer et de la diversifier, de construire des universités, d'offrir des services sociaux et de devenir l'un des poids lourds de l'économie canadienne du XXIe siècle.
C'est là un très bon argument en faveur du fait d'être le principal bénéficiaire de ses propres ressources.
Actuellement, l'Alberta est prospère et sa situation financière est remarquable. Pourquoi? Parce qu'on lui a permis d'être le principal bénéficiaire de ses propres ressources.
Aujourd'hui, Terre-Neuve se voit refuser ce même privilège.
Avant qu'il n'arrive au pouvoir, le a dit qu'il était président d'une compagnie qui aurait dû comprendre. J'ose espérer que l'actuel premier ministre comprendrait aussi étant donné qu'il en parle si éloquemment. Il a dit que quand les provinces de l'Atlantique ont rejeté les dernières offres du fédéral — les plafonds, les limites et les exclusions — le gouvernement a choisi, maladroitement, de diviser pour régner, tactique qui a trahi son objectif évident, c'est-à-dire entraver le développement des provinces atlantiques.
Le gouvernement actuel a entrepris de régler le problème du déséquilibre fiscal, mais il en a créé un autre: un déséquilibre fiscal entre les provinces, entre celles qui sont riches et celles qui sont pauvres, quoique ces termes soient relatifs.
Nombre de députés à la Chambre ne le savent peut-être pas mais, croyez-le ou non, la valeur des exportations par habitant à Terre-Neuve-et-Labrador est la plus élevée au Canada. La province n'est pas particulièrement pauvre, mais elle est endettée.
Quand nous avons commencé la négociation des Accords atlantiques, nous savions qu'en 2020 nous serions devenus une puissance économique au même titre que l'Alberta, dont l'actuel a fait l'éloge. Nous serions comme elle. Comme mon collègue l'a dit, nous pourrions devenir le bijou économique de l'Atlantique Nord, mais seulement si nous pouvons être le propriétaire et le principal bénéficiaire de nos propres ressources.
Comme je l'ai mentionné il y a un certain temps, un économiste indépendant avait plusieurs choses à dire à propos de la situation actuelle à la lumière du budget de 2007 et de sa loi d'exécution, et il a fait quelques calculs. Il est d'abord arrivé à la conclusion que si Terre-Neuve-et-Labrador choisissait la nouvelle formule de péréquation qu'essayent de nous vendre le et le , cette province ferait un gain de 5 milliards de dollars d'ici 2020. Mais il y avait un problème: plusieurs jours plus tard et après plusieurs questions, M. Wade Locke s'est rendu compte que la nouvelle formule ne fonctionnait pas de la sorte.
Fait intéressant, avant cela, le , qui est ministre responsable de la région de Terre-Neuve-et-Labrador, avait même louangé Wade Locke en disant que les provinces en sortaient gagnantes. Toutefois, lorsque les nouveaux renseignements ont été rendus publics vendredi dernier, M. Wade Locke a revu ces chiffres et émis un communiqué dans lequel il précisait les points sur lesquels il devait se pencher. Il a dit:
Les changements en matière de péréquation contenus dans le budget de 2007 donnaient au gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador le choix de la formule de péréquation qui devait s'appliquer.
Toutefois, l'article 84 de la Loi d'exécution du budget (projet de loi C-52) apporte une modification importante à la Loi d'exécution de 2005...
C'est là l'Accord atlantique qui a été conclu au moment où nous formions le gouvernement.
L'article 84 prévoit ce qui suit:
La définition de « paiement de péréquation », à l’article 18 de la même loi, est remplacée par ce qui suit:
« paiement de péréquation »
a) Pour l’application de l’article 22, le paiement de péréquation que recevrait la province de Terre-Neuve-et-Labrador pour l’exercice si celui-ci était calculé au titre de l’article 3.2 de la Loi sur les arrangements fiscaux entre le gouvernement fédéral et les provinces, compte non tenu de l’article 3.4 de cette loi...
C'est un point très important. Il ne disposait pas de ces renseignements lorsqu'il a fait ses premiers calculs.
Voyons un peu la situation jusqu'en l'an 2020. Nous avons rédigé l'Accord atlantique en deux parties, la première prévoyant les mesures s'appliquant jusqu'en 2012 et devant être renouvelées, si la péréquation s'appliquait toujours, jusqu'en 2020. Si ces ententes n'avaient pas été modifiées, c'est ce qui se produirait.
M. Locke s'est penché sur trois sources de revenus dont le trésor de la province de Terre-Neuve-et-Labrador pourrait tirer profit, soit les revenus pétroliers, les paiements ou compensation au titre de l'Accord et la péréquation. Le montant total équivalait à 18,53 milliards de dollars pour cette période pour l'Accord atlantique. Je félicite mes collègues qui ont contribué à cette réussite, et tout particulièrement le député de .
M. Locke a réuni les 18,53 milliards de dollars et les trois sources de revenus dans la nouvelle formule en se basant sur les hypothèses précédentes. Il est arrivé au montant de 22,76 milliards de dollars. La nouvelle formule donnait en effet 5 milliards de dollars de plus. Toutefois, après s'être entretenu avec les responsables des finances, M. Locke a posé bon nombre de questions qu'il a repris dans son communiqué. Il leur a demandé ce qui suit:
Selon les calculs effectués aux termes des nouveaux arrangements, je suis d'avis que la province a droit aux paiements [aux termes de l'Accord] tant qu'elle satisfait aux critères établis pour la péréquation avant l'imposition du plafond plutôt qu'après. Est-ce bien le cas?
Juste la semaine dernière, les fonctionnaires fédéraux ont affirmé que le projet de loi dont est saisie la Chambre propose que, en vertu des nouveaux arrangements, l'admissibilité de Terre-Neuve-et-Labrador à l'accord de 2005 soit fondée sur son droit à des paiements de péréquation aux termes de la formule de base O'Brien. Cette formule prévoit l’inclusion de 50 p. 100 des recettes tirées des ressources naturelles et l'imposition d'un plafond aux accords. C'est une mauvaise formule.
Si Terre-Neuve-et-Labrador reçoit des paiements de péréquation en vertu de cette formule, on déterminerait alors de combien ils seraient; dans ce cas, le montant des paiements compensatoires seraient déterminés avant l'application du plafond. Le plafond est appliqué quand la péréquation est calculée. Cela se passe avant l'imposition du plafond.
Il y a un nouveau rebondissement. En effet, après s'être renseigné auprès du ministre fédéral des Finances, on remarque qu'au lieu de 22,76 milliards de dollars, les provinces recevront en réalité 17,5 milliards de dollars. C'est 1 milliard de dollars de moins que nous aurions reçu dans le cadre de l'Accord atlantique.
Laissez-moi rappeler à la Chambre ce qu'a dit le pendant son discours du budget. Il a affirmé ce qui suit:
Comme nous l’avons promis, chacune des provinces sera avantagée par le nouveau régime. En vertu de celui-ci, elles recevront le plus élevé des montants suivants:
Cependant, les provinces n'ont pas été avantagées. Elles perdent en fait de l'argent en vertu du nouveau...
Non, ce n'est pas vrai.
M. Scott Simms: Ne dites pas non. Le député de aimerait pouvoir dire non, mais il ne comprend pas de quoi il parle.
Je suggère au député d'aller faire un tour au centre-ville de Peterborough et de discuter avec les gens au Haaseltons Coffee & Sweets. Il se rendra compte que le budget ne plaît pas aux gens du Sud de l'Ontario, pas plus qu'à ceux de Terre-Neuve-et-Labrador.
Chaque province est censée sortir gagnante, mais une étude indépendante effectuée par M. Wade Locke prouve que ce n'est pas le cas.
Par ailleurs, dans son discours du budget, le a dit que la longue chicane entre les provinces était maintenant chose du passé.
Le premier ministre de ma province, Danny Williams, n'est pas contrarié ou en quête de bisbille, il est carrément en colère. Comme je viens de le dire, il a tous les droits d'être en colère. On lui avait promis à deux reprises que les ressources non renouvelables seraient totalement exclues et qu'il n'y aurait aucun plafonnement, ni aucunes restrictions.
Si cette promesse avait été tenue, la province de Terre-Neuve aurait reçu 11 milliards de dollars de plus que ce que prévoyait l'accord.
Permettez-moi de vous illustrer à quel point la province de Terre-Neuve-et-Labrador est en colère, même si l'on prétend que la longue chicane est terminée. Danny Williams n'est pas le seul premier ministre, mais il est celui de ma province.
Dans un communiqué de presse publié le 13 avril dernier et intitulé « Le gouvernement fédéral a menti à la province au sujet du nouveau programme de péréquation », le ministre des Finances, Tom Marshall, déclarait:
Nous avons identifié ce problème il y a plus d'une semaine déjà et nous avons immédiatement écrit au gouvernement fédéral pour obtenir une clarification. Nous attendons toujours.
C'est drôle, car le gouvernement fédéral était beaucoup plus loquace en 2004 et en 2005.
Le fait que le gouvernement ne se donne pas la peine de nous répondre bien qu'il trouve d'autre part le temps de discuter avec des économistes indépendants et de leur fournir une clarification est une insulte pour le gouvernement élu et la population de Terre-Neuve-et-Labrador. Le gouvernement du Canada est tenu de s'expliquer.
Il a essayé, mais sans succès.
Le projet de loi d'exécution du budget fédéral est en contradiction flagrante avec tout ce qu'Ottawa nous a dit auparavant.
Le ministre a dit qu'il est de plus en plus clair que la promesse rompue du premier ministre coûtera cher. Selon les calculs de M. Locke, le manque à gagner par rapport à la promesse du premier ministre s'élève maintenant à 11 milliards de dollars. En outre, il semble être financièrement plus avantageux pour la province de s'en tenir au programme de péréquation existant, car il rapporte environ un milliard de dollars de plus que le nouveau.
Le ministre des Pêches et des Océans a cependant clairement dit que Terre-Neuve-et-Labrador ne perdrait rien. En fait, le a publié un communiqué complimentant M. Locke pour ses constatations avant que celui-ci ait passé revu les chiffres, avant qu'il ait reçu toute l'information et toutes les précisions du ministère des Finances du gouvernement du Canada. Il était ravi que nous recevions 5 milliards de dollars de plus, mais rien n'a vraiment été dit depuis que nous avons appris que nous allions recevoir un milliard de dollars de moins.
Le était-il au courant ou non? Ne l'a-t-on pas bien informé? C'est une question que se posent les habitants de Terre-Neuve-et-Labrador et plus particulièrement les résidants de sa circonscription, St. John's-Sud—Mount Pearl.
Le communiqué précise que:
Ces chiffres contredisent tout ce que le gouvernement fédéral et le ministre des Pêches et des Océans, en particulier, ont dit depuis le dépôt du budget.
M. Marshall ajoute:
Malgré les assurances du ministre fédéral des Finances selon lesquelles les accords seraient protégés, des modifications de fond ont été proposées aux dispositions législatives visant à mettre en oeuvre l'Accord atlantique de 2005 sans que le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador soit consulté. Ces modifications se trouvent dans la section des modifications corrélatives de la Loi d'exécution du budget de 2007. Les modifications corrélatives sont normalement réservées pour des questions de nature administrative visant à régler des problèmes de forme. Ce n'est pas l'endroit où camoufler des changements fondamentaux de cette importance.
En d'autres mots, la seconde moitié, jusqu'en 2020, est maintenant compromise et cachée quelque part dans le projet de loi , cette soi-disante loi de mise en oeuvre.
Je remercie la population de Terre-Neuve-et-Labrador qui nous appuie totalement.