propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
-- Monsieur le Président, j'interviens aujourd'hui, comme vous l'avez mentionné, pour parler de mon projet de loi d'initiative parlementaire, qui vise à régler le terrible problème de la méthamphétamine, ou de la méthamphétamine en cristaux, qui sévit dans un grand nombre de nos collectivités.
Cette drogue a des effets horribles et dévastateurs sur les collectivités, les familles et les autres dans l'ensemble du pays. Nous sommes en pleine guerre et, pour être franc, nous perdons la bataille. Trop de citoyens jeunes et en santé perdent des années de leur vie à cause de cette drogue, et certains d'entre eux perdent tout simplement la vie.
La méthamphétamine en cristaux constitue une des plus grandes menaces dans certaines collectivités. Malheureusement, sa popularité augmente considérablement. Trop de nos jeunes citoyens en sont dépendants, et nous devons faire quelque chose à ce sujet.
Ce projet de loi vise les précurseurs de la production et du trafic des méthamphétamines en modifiant la Loi réglementant certaines drogues et autres substances. Cela donnera à la police les outils dont elle a besoin pour combattre la propagation et la production de cette drogue. C'est une modification cruciale à la loi actuelle. Je prie que cela permettra de remporter la guerre contre cette drogue.
Toutefois, avant d'aller plus loin, il ne faut pas oublier ce qui est au coeur de ce dossier. Cette question touche les gens. Ce projet de loi vise à aider les gens. Je vais commencer par parler d'un cas déchirant, dans ma circonscription, qui illustre les effets dévastateurs de cette drogue.
C'est l'histoire d'une victime de cette drogue dans ma circonscription, celle de Peace River. Cette personne vit près de chez moi. Pour l'instant, je vais l'appeler Sally. Rien n'est plus triste que de voir que cette personne, que j'ai connue à titre de membre solide et honnête de la collectivité, de femme d'affaires prospère, de mère et d'épouse durant 15 ans, est maintenant une prostituée dépendante de la méthamphétamine en cristaux.
Cette personne n'est pas devenue une prostituée par choix. Elle a été forcée de se prostituer pour rembourser les dettes qu'elle avait contractées pour assouvir sa dépendance à la méthamphétamine en cristaux. Sally n'a jamais voulu devenir une prostituée ayant une dépendance aux drogues, mais c'est ce qu'elle est devenue.
Il lui a suffi d'essayer une seule fois et c'en était fait. J'ajoute que son mari était toxicomane. Son mari? On aurait pu croire que c'était Sally qui se droguait. Oui, elle se drogue, mais cette drogue détruit des familles entières, et c'est le mari de Sally qui a fait entrer cette drogue à la maison.
Qui sait pourquoi elle a commencé à consommer? Il semble que, très souvent, les partenaires, les conjoints, les frangins, les enfants, les voisins, les confrères de classe, les collègues et les connaissances ne peuvent dire non lorsqu'un proche consomme de la drogue. Sally s'est laissée aller dans un moment de faiblesse et sa vie est maintenant un gâchis. Même si elle parvient à s'en sortir, elle aura déjà trop perdu.
Une seule fois suffit. Un grand nombre de personnes consomment une fois et elles sont accros pour la vie. La capacité de la méthamphétamine de créer une dépendance est telle qu'il est dangereux pour quiconque d'en faire l'essai. Dans ma province, un participant à un processus de consultation sur cette drogue a dit: « Aucun être humain ne devrait prendre de l'engrais, de l'iode, du Drano et de l'acide sulfurique, mélanger tous ces produits avec un peu d'éphédrine, puis consommer le tout. » Pourtant, c'est bien ce que font les gens.
Les gens qui consomment cette drogue disent qu'elle provoque un immense sentiment d'euphorie qui peut durer 24 heures. Elle leur permet de rester éveillés pendant très longtemps. Certains prétendent qu'elle les aide à se concentrer et leur donne plus de confiance ainsi que des pouvoirs extraordinaires. Malheureusement, en réalité, cette drogue ne procure qu'une satisfaction à court terme, mais une destruction à long terme.
Contrairement aux autres drogues, les méthamphétamines n'ont pas besoin d'être importées ni cultivées. Elles peuvent être produites assez facilement -- et malheureusement à un prix relativement bas -- ici même dans nos collectivités, dans des laboratoires clandestins qui sont souvent difficiles à découvrir.
J'aimerais louer le travail qui a été accompli récemment dans ma province, l'Alberta, par le groupe de travail sur la méthamphétamine en cristaux, institué par le premier ministre provincial. Il a été présidé par Mme Colleen Klein et M. Bob Westbury. Le groupe de travail a supervisé l'élaboration d'une stratégie globale à l'échelle de la province, stratégie qui avait comme objectif de trouver des solutions pour arrêter la consommation des méthamphétamines ainsi que les répercussions négatives de cette consommation sur les familles, les jeunes, les collectivités et les milieux de travail de l'Alberta. Ce rapport sera une des sources que je citerai ce soir.
Malheureusement, aucune province du Canada n'est à l'abri de la méthamphétamine en cristaux, que ce soit l'Alberta ou les provinces de l'Est. Cette drogue crée une forte dépendance et provoque un high qui dure longtemps ainsi qu'un immense sentiment d'euphorie. Ceux qui l'utilisent en deviennent rapidement dépendants et, comparativement à d'autres drogues, ils éprouvent des effets plus intenses à la suite d'une consommation prolongée.
La consommation et la surconsommation de méthamphétamine en cristaux sont en hausse dans l'ensemble du Canada, au fur et à mesure que les trafiquants trouvent de nouvelles façons de vendre cette drogue. On la trouve dans nos collectivités, nos écoles et nos milieux de travail et nos familles en subissent les répercussions.
Cette drogue peut affecter n'importe qui: riches, pauvres, jeunes ou vieux. Elle affecte de la même façon les hommes et les femmes. Malheureusement, c'est chez les jeunes et les groupes qui sont déjà les plus à risque que la consommation croît le plus rapidement.
La méthamphétamine en cristaux représente une menace bien réelle pour nos collectivités d'un océan à l'autre. Il faut contre-attaquer.
Avant de déterminer comment nous attaquer au problème de la méthamphétamine en cristaux, nous devons comprendre de quoi il s'agit. Comme je sais qu'un de mes collègues a l'intention de donner un aperçu de la question, je serai bref.
Je crois qu'il est important de savoir que la méthamphétamine est un stimulant dérivé d'un stimulant synthétique créé en 1919. Elle est vendue dans la rue sous le nom de jib, crank, meth, speed, glass, fire ou ice, entre autres.
La méthamphétamine est également vendue sous forme de poudre. Elle peut être ainsi avalée, reniflée ou injectée. Habituellement, la drogue est chauffée et évaporée et les émanations sont inhalées, ce qui permet à la drogue de se propager très rapidement dans le système sanguin. Il ne faut que huit secondes environ pour que la drogue atteigne le cerveau. La méthamphétamine en cristaux peut être fumée, et c'est sous cette forme qu'elle est la plus puissante. C'est pour cette raison qu'elle attire autant de jeunes.
Il n'y a aucune façon légale de se procurer de la méthamphétamine au Canada, mais elle est très facile à produire n'importe où, y compris dans des remises, dans des sous-sol et même dans des laboratoires mobiles à bord de voitures ou de remorques. Ces laboratoires de fortune sont extrêmement dangereux en raison de la présence de liquides hautement inflammables et de produits chimiques corrosifs qui sont souvent mélangés par des gens qui n'ont aucune expérience de la manipulation de produits aussi dangereux.
La majorité de la méthamphétamine vendue dans la rue est produite dans des superlaboratoires, qui peuvent produire 10 livres ou plus, et des laboratoires intermédiaires, qui peuvent produire moins de neuf livres à la fois. C'est ce que les services de police appellent habituellement les laboratoires clandestins.
Bien qu'il existe un grand nombre de petits laboratoires, ceux-ci ne produisent qu'environ 5 p. 100 de la méthamphétamine vendue dans la rue. Ces petits laboratoires, ou laboratoires à domicile, sont souvent exploités par des utilisateurs de la drogue qui ne produisent qu'une once à la fois, soit juste assez pour leur dose et un petit excédent à vendre pour couvrir le coût de leur dépendance.
La production de méthamphétamine en cristaux est un processus relativement simple et peu coûteux qui utilise des ingrédients faciles à trouver appelés produits chimiques précurseurs. Parmi ces ingrédients, on compte des médicaments contre le rhume en vente libre, des diluants à peinture, des produits d'entretien ménager comme des nettoyeurs de tuyaux, et des produits chimiques agricoles comme l'ammoniac.
La méthamphétamine ne coûte pas cher comparativement à d'autres drogues, ce qui la rend plus accessible aux enfants et aux adolescents. Bien que la méthamphétamine ne soit pas toujours la drogue que préfèrent les jeunes toxicomanes, elle est souvent choisie en raison de sa disponibilité. On dit de la méthamphétamine qu'elle est la cocaïne des pauvres.
La consommation de méthamphétamine entraîne les effets suivants: perte de poids rapide et malsaine; lésions cérébrales; insomnie et agitation; lésions cutanées causées par un grattage répétitif; problèmes dentaires graves; perte de mémoire et de concentration; dépression grave et pensées suicidaires; sevrage physiologique difficile; risque nettement accru de contracter le VIH, l'hépatite C et d'autres maladies lorsque la drogue est injectée; détérioration à long terme des terminaisons nerveuses; et risque de blessure grave ou de décès en cas de surdose.
Les dommages causés par la méthamphétamine sont endémiques et lourds de conséquence. Ils ne se limitent pas à l'utilisateur. Ils atteignent aussi les membres de la famille, les amis et je dirais même la collectivité au sens large. Les effets sur les utilisateurs sont bien connus: importante perturbation de la vie familiale; méfiance, difficulté des proches à faire face à la toxicomanie d'un autre membre de la famille; conflits avec les camarades de classe, les professeurs, les collègues et les employeurs pouvant entraîner l'expulsion de l'école ou la perte d'un emploi; préjudices à la collectivité sous forme de violence et d'infractions contre les biens, et dommages à l'environnement.
La production de méthamphétamine peut avoir des conséquences graves, voire mortelles, pour la collectivité. Les laboratoires de méthamphétamine présentent divers dangers: exposition à des précurseurs chimiques, vapeurs et gaz toxiques, incendies, explosifs et dommages matériels causés par la contamination.
La production de méthamphétamine comporte aussi d'importants risques pour l'environnement. La méthamphétamine est dangereuse pour ceux qui la fabriquent, pour ceux qui essaient d'enrayer les laboratoires, pour les personnes innocentes qui habitent à proximité de ces laboratoires, pour les utilisateurs et pour notre environnement naturel.
Les divers produits chimiques utilisés pour fabriquer de la méthamphétamine et les techniques rudimentaires employées font que le produit obtenu renferme une quantité énorme de déchets toxiques. Un demi-kilogramme de méthamphétamine produit quatre kilogrammes de déchets chimiques toxiques. Dans la majorité des cas, les déchets et les résidus provenant des laboratoires de fabrication de métamphétamine se retrouvent dans l'environnement immédiat, ce qui cause un tort considérable à l'environnement et entraîne des coûts de dépollution importants.
Les déchets chimiques peuvent aussi causer des dommages importants à l'écosystème et de graves problèmes de santé s'ils sont inhalés ou ingérés par des humains ou des animaux. Étant donné que les laboratoires de production peuvent fabriquer de la métamphétamine dans un délai relativement court, ceux-ci peuvent facilement être aménagés dans des endroits tels que des chambres d'hôtel, des édifices ruraux abandonnés, ou des maisons.
La drogue peut être enlevée aussi rapidement que le laboratoire peut être aménagé, ce qui fait que le laboratoire et les déchets ne sont découverts que plus tard, lorsque quelqu'un s'adonne à passer par là. Malheureusement, les propriétaires fonciers et, souvent, les administrations municipales, doivent assumer les frais de décontamination. Récemment, un comté en Alberta a eu à payer un compte élevé de frais de dépollution, parce que des déchets liés à la production de méthamphétamine avaient été déversés sur des terrains lui appartenant.
Les personnes qui deviennent accros à cette drogue le deviennent plus rapidement qu'à d'autres drogues, et les effets sont bien pires, après une utilisation prolongée. Les effets nocifs se manifestent rapidement et ils sont dévastateurs.
Je vais lire un autre compte rendu fait par une personne qui était accro à la méthamphétamine. Cet utilisateur a écrit ce qui suit: « La dépendance à la méthamphétamine a un côté fourbe et déroutant. Au début, c'est une expérience inoffensive et agréable puis, soudainement, toute votre vie est centrée sur cette drogue, au point où vous ne pouvez imaginer vivre sans elle. Mais vous ne pouvez pas non plus vivre avec elle. »
Il faut se demander qui consomme de la méthamphétamine. Cette drogue est particulièrement inquiétante, parce qu'elle crée une très forte dépendance, qu'elle est facile à obtenir et qu'elle ne coûte pas cher. Ces facteurs la rendent très intéressante aux yeux des jeunes.
La plupart des consommateurs de méthamphétamine ont aussi tendance à prendre d'autres drogues. Ils peuvent consommer de l'ecstasy, de la marijuana ou d'autres drogues en même temps. Le fardeau créé par les maladies mentales et physiques associées à la consommation de drogue augmente lorsque les gens consomment plusieurs drogues.
En général, les consommateurs de méthamphétamine ont entre 10 et 25 ans. Toutefois, cette drogue est aussi couramment utilisée par des adultes de plus de 25 ans.
Les consommateurs de méthamphétamine ne sont pas tous des jeunes dans la rue ou des sans-abri d'âge adulte. Un grand nombre de personnes commencent à consommer alors qu'elles sont à la maison, qu'elles vont à l'école ou qu'elles occupent un emploi, mais elles se retrouvent dans la rue et dans toutes sortes d'autres endroits lorsque la dépendance devient plus forte. Certaines personnes, comme Sally, sont loin de correspondre à l'image que la plupart d'entre nous nous faisons d'un toxicomane.
Il est terrifiant de constater que certains enfants, adolescents et jeunes adultes sont exposés à la méthamphétamine sans même le savoir. De plus en plus de fabricants de drogues illégales ajoutent de la méthamphétamine à d'autres drogues parce qu'elle est peu coûteuse et qu'elle renforce la dépendance. En Alberta, les services policiers estiment qu'environ 70 à 75 p. 100 de l'ecstasy vendue sur le marché contient de la méthamphétamine.
L'expansion de laboratoires clandestins de production à grande échelle risque d'accroître la disponibilité et de faire baisser les prix, ce qui pourrait faire augmenter le nombre d'utilisateurs.
La méthamphétamine non seulement affecte la vie des consommateurs, leurs relations et leur famille, mais elle a également une incidence considérable sur les collectivités où elle est produite et utilisée.
L'introduction de la méthamphétamine dans les collectivités albertaines présente un parcours quelque peu irrégulier. Je sais qu'il en est de même ailleurs au Canada. Certaines collectivités de l'Alberta n'ont pas encore été témoins de l'incidence de la méthamphétamine dans les rues et dans les établissements scolaires alors que d'autres ont été durement frappées et qu'elles sont forcées de faire front commun pour lutter contre ce fléau.
Il est temps de faire preuve de plus de fermeté dans la lutte contre la méthamphétamine en cristaux. Voilà ce que propose cette mesure législative. Il faut prendre des mesures pour empêcher la vente de cette drogue dans la rue, notamment en la rendant plus difficile à fabriquer et à vendre. Il faut sévir contre les trafiquants et contre les fabricants en appuyant la police, les organismes d'application de la loi et les premiers intervenants.
Les organismes d'application de la loi ont deux rôles importants à jouer dans la lutte contre les crimes liés à la drogue. D'une part, ils doivent faire appliquer les lois actuelles et, d'autre part, ils doivent réduire la demande de drogues. Ces organismes doivent avoir les ressources et les outils nécessaires pour dissuader les fabricants et les trafiquants tout en mobilisant les collectivités, les organisations alliées et les jeunes, afin de stopper la propagation de la drogue et de la culture de la drogue dans les collectivités.
Malheureusement, la méthamphétamine en cristaux est déjà disponible dans nos rue.
N'importe qui peut se procurer, en petite quantité, dans les magasins locaux, la plupart des précurseurs, c'est-à-dire les produits chimiques nécessaires à la fabrication de la méthamphétamine en cristaux. Nous savons également que le milieu de la méthamphétamine est assez fermé et qu'il est difficile pour la police d'établir un lien entre un trafiquant de rue et le fabricant, qu'on appelle « cuisinier ».
Le gouvernement doit sévir contre les fabricants et les trafiquants de drogues pour mettre un terme aux dégâts que ces substances causent aux enfants, aux adolescents, aux jeunes adultes, aux familles et aux collectivités.
La dévastation...
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Monsieur le Président, je suis ravi de prendre la parole sur ce projet de loi. Nos points de vue sont bien différents sur bien des sujets, mais je crois vraiment que le député d'en face, qui a été élu à la Chambre en même temps que moi, est sur la bonne voie avec ce projet de loi.
Un bon nombre de facteurs contribuent à l'abus des drogues. Certains de ces facteurs sont aggravés lorsque nous supprimons les filets sociaux et que nous gouvernons par le biais de réductions d'impôt, comme le gouvernement actuel est toujours prêt à le faire. Nous devrons vraiment agir et agir vite pour lutter contre l'épidémie de métamphétamine qui se répand dans nos collectivités.
Récemment, une étude menée dans des écoles de la région de Surrey et de Delta a révélé que 9 p. 100 des élèves du secondaire avaient déjà consommé cette drogue. J'ai deux filles qui sont assez âgées pour y être exposées. Il y a des enfants de 13 ans qui sont dépendants de cette drogue.
La dépendance à l'égard de la méthamphétamine en cristaux est dévastatrice. Compte tenu des dommages que cette drogue cause aux jeunes esprits, le chemin de la désintoxication et du retour à la santé est long et pénible. Les dommages au coeur, aux poumons et au cerveau sont fréquents. Simplement observer ce qui arrive à nos jeunes et ne pas faire tout ce que nous pouvons pour empêcher cette destruction équivaut à sacrifier l'avenir de ces jeunes et l'avenir de nos collectivités, dans l'ensemble du pays. Je n'exagère pas. C'est vraiment grave.
Ce qui est encore pire, si cela est possible, c'est que cela a également un effet direct sur d'autres crimes. Dans ma région, la police estime qu'au moins 70 p. 100 des vols d'automobile sont commis par des usagers chroniques de méthamphétamine en cristaux. Il ne s'agit ici que des vols d'automobile. Qui sait combien d'autres crimes peuvent être associés à cette drogue terrible?
Pas plus tard que la semaine dernière, j'ai assisté à un petit-déjeuner annuel au profit de la banque d'alimentation de Surrey, une merveilleuse organisation communautaire qui est devenue un service essentiel. Bien que j'éprouve énormément de respect pour les personnes, y compris pour la directrice-générale de la banque d'alimentation de Surrey, Marilyn Hermann, qui font un excellent travail avec tellement de compassion dans la région de Surrey et de Delta, je souhaiterais que ce service ne soit pas essentiel.
Il y a beaucoup trop de gens en difficulté, ceux que nous appelons aujourd'hui les travailleurs pauvres, dont bon nombre sont désespérés parce qu'ils ne peuvent pas nourrir leurs enfants. Un homme qui assistait à ce petit-déjeuner a parlé avec audace d'envisager de recourir à la criminalité pour nourrir les siens. Si les travailleurs pauvres éprouvent de telles difficultés, la tentation d'enfreindre la loi doit être tout aussi forte lorsqu'ils sont dépendants d'une drogue qui contrôle leur vie.
Le choix est clair. J'estime que nous devons mettre de côté l'esprit de parti et prendre la défense de nos collectivités et de nos enfants. Quand on examine le libellé de ce projet de loi, on constate qu'il propose de détruire les substances aussi bien que les appareils et tout le matériel servant à produire la drogue, ce qui pourrait contribuer énormément à soutenir une initiative dans ma circonscription.
Le chef du service d'incendie de Surrey, Len Garis, doit être félicité pour avoir créé un programme demandant aux détaillants de ne pas vendre de grandes quantités de substances et de matériaux servant à la production de méthamphétamine. Il propose également l'inspection régulière des endroits où cette drogue pourrait être produite et il demande aux équipes d'enlèvement des ordures de garder l'oeil ouvert sur les lieux propices à l'établissement de laboratoires de méthamphétamine.
Toutes ces mesures pourraient donner de bons résultats. L'État de Washington a réduit de moitié le nombre de laboratoires de méthamphétamine en recourant à ces mêmes méthodes. Cependant, si pareilles stratégies peuvent être mises en oeuvre au niveau municipal, on peut certes s'attendre à ce que le gouvernement fédéral fasse preuve de leadership dans ce dossier où il faut agir sans tarder.
Le gouvernement peut se rendre utile dans ce dossier. Le gouvernement fédéral peut contribuer à faciliter le travail de nos corps policiers et de nos services d'incendie en les appuyant et en leur donnant le pouvoir de faire ce qui s'impose pour nos collectivités.
Une telle loi pourrait aisément soutenir la stratégie de prévention du crime de Surrey. Cette approche novatrice, mise en oeuvre ce printemps dans ma circonscription, demande aux trois ordres de gouvernement et aux intervenants communautaires de stimuler la création d'approches proactives en matière de prévention du crime. C'est la seule stratégie de ce genre au Canada. Elle aidera à redéfinir la lutte contre le crime dans tout le pays. Une telle loi conférerait à la stratégie le poids nécessaire pour assurer son succès.
Cela étant dit, il reste d'importants détails à peaufiner dans le projet de loi. Comme je l'ai déjà dit, nous devons veiller à ce que les droits individuels soient protégés. Nous ne voulons pas prendre à la légère les contestations en vertu de la Charte, comme le gouvernement l'a fait dans le passé avec ses projets de loi en matière judiciaire.
Ce que nous devrons faire, c'est créer un vrai esprit de coopération entre tous les partis. Je parle du genre de dialogue et de coopération auxquels le gouvernement est tellement réfractaire qu'il a rédigé un manuel sur les façons de faire obstruction aux travaux des comités et qu'il en a distribué des exemplaires aux membres de son caucus. Peut-être que les conservateurs estiment que ce n'est pas à leur avantage d'obtenir des résultats dans la lutte contre le crime lorsque les autres partis participent au processus décisionnel. Ils préfèrent retarder l'étude des projets de loi et se servir de cette tactique à des fins stratégiques.
Pendant ce temps, des collectivités comme la mienne se demandent pourquoi Ottawa est si inefficace en matière de lutte contre la criminalité. Ce n'est pas suffisant pour ma collectivité, tout comme ce ne l'est pas, j'en suis persuadé, pour mon collègue d'en face à l'origine de ce projet de loi.
Le gouvernement a beau dire que les libéraux sont laxistes en matière de criminalité, nous avons tenté de faire avancer sept des neuf projets de loi portant sur la justice avec le même esprit de coopération et le même sentiment d'urgence que mérite, selon moi, le sujet actuel. Nous savons que, pour être efficace, la prévention de la criminalité exige la collaboration de tous les ordres de gouvernement, sans parler de tous les partis.
Nous savons que, contrairement à ce que pense le gouvernement, les Canadiens ne sont pas gagnants lorsqu'il y a un manque de vision et de leadership au niveau fédéral. Nous savons que ce sont nos collectivités qui définissent le Canada et que nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour éliminer l'abus de drogues, car les effets peuvent en être dévastateurs et mettre en péril les générations à venir. Prenons les mesures qui s'imposent dès maintenant.
J'aimerais seulement que ce bon gouvernement adopte la même attitude proactive dans des dossiers autres que la criminalité. J'aimerais qu'il s'occupe autant des garderies, du financement de Condition féminine Canada et du Programme de contestation judiciaire. Tout cela nécessiterait un véritable leadership, et non une vision étroite et mesquine du Canada où l'on préfère gouverner à coups de réductions d'impôts.
Accordons à nos collectivités le soutien dont elles ont besoin. Disons aux policiers, aux pompiers, aux enseignants et éducateurs que nous considérons tout comme eux que le problème de la méthamphétamine en cristaux est grave et travaillons ensemble pour adopter un bon projet de loi.
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Monsieur le Président, j'espère qu'on écoutera mon discours et qu'on cessera de crier pendant qu'un député parle en cette Chambre. C'est une question d'éthique et de politesse. Je tiens à dire qu'il est tout à fait malhonnête de crier ainsi pendant que quelqu'un d'autre parle. Ainsi, je demanderais aux collègues de se calmer un peu.
D'entrée de jeu, je dirai que le Bloc québécois reconnaît la gravité de la situation quant à la consommation de métamphétamines. On sait très bien que c'est un contexte difficile dans lequel les jeunes sont placés en mettant sur le marché des produits qui sont dangereux pour les jeunes adolescents, soit les jeunes de 14 à 16 ans. On est bien conscients du problème. Les jeunes consomment des produits qui peuvent avoir des conséquences très graves sur leur santé. C'est la raison pour laquelle le Bloc québécois est en faveur du principe du projet de loi . Toutefois, il émet certaines réserves quant à sa complémentarité avec la loi actuelle.
Le Bloc québécois considère judicieux d'inviter certains acteurs à présenter leur point de vue à ce sujet, comme des policiers, des intervenants, des pharmaciens de l'Alberta ou tout autre intervenant interpellé par ce fléau. C'est très dangereux pour les gens qui consomment ces drogues. Il y a des dérivés de la métamphétamine, dont certains sont étiquetés comme étant très dangereux pour la santé. On aimerait aussi examiner davantage l'applicabilité de certaines mesures que le projet de loi imposerait afin de répondre à certaines questions. Au Bloc québécois, la question qu'on se pose est la suivante: peut-on demander aux commerçants de restreindre l'accès aux ingrédients, autre que les médicaments en vente libre contre la toux, le rhume et les allergies, qui contiennent de la pseudoéphédrine ou de l'éphédrine?
Il est très facile de produire le crystal meth, le tina ou le ice. Ce sont des dérivés de la métamphétamine. Ces produits ont de très graves conséquences sur la santé des jeunes adolescents. D'ailleurs, aux États-Unis, 12 millions d'Américains ont déjà consommé à une reprise ce type de produit. Il est très courant de développer une addiction à cette drogue, qui aurait même remplacé la cocaïne. Une dose est très peu coûteuse, soit 5 ou 10 $, contrairement à la cocaïne qui coûte très cher. C'est pourquoi les adolescents sont interpellés par ce produit très euphorisant. Certains adolescents ne sont pas tellement sensibles aux effets irréversibles de la drogue sur leur santé. De jeunes adolescents pensent que c'est comme les boissons énergétiques ou les wake-up, qui permettent de rester éveillés plus longtemps. Ce sont des produits très nocifs pour la santé.
Ainsi, le Bloc québécois sera en faveur de ce projet de loi. On voudrait qu'il soit étudié en comité pour pouvoir évaluer l'ensemble de la problématique au Canada. À New York, aux États-Unis, et dans l'Illinois, il y a des laboratoires clandestins qui fabriquent le produit de façon sécuritaire, mais qui est aussi dangereux pour la santé de nos enfants. On peut aussi en fabriquer soi-même. On n'a qu'à aller à la quincaillerie pour acheter du solvant, du Drano, du lithium. Tous ces produits sont en vente libre.
Toutefois, le projet de loi va peut-être un peu trop loin. Peut-on interdire la vente libre de certains produits, comme l'éphédrine par exemple, qui se trouve dans les médicaments contre la toux? On verra jusqu'où veut aller ce projet de loi. Un encadrement est fait pour condamner l'accès aux drogues illicites. Il s'agit d'un cocktail explosif qui peut mener à des maladies comme le Parkinson. On a aussi fait des tests sur certains animaux qui auraient eu des séquelles après avoir consommé ce type de produit.
Si la survie des animaux est hypothéquée, vous pouvez imaginer l'effet sur l'être humain. On peut devenir schizophrène. Cela peut même aller jusqu'au suicide. Plusieurs cas de suicides de jeunes de 12 ou 13 ans ont été cités dans certains journaux. Il semble qu'on reste sur un high non seulement pendant 20 minutes, mais pendant des dizaines d'heures sous l'effet du crystal meth, notamment. Le peach est également un dérivé beaucoup plus concentré de tous ces produits.
Le Bloc québécois est conscient de cette problématique. J'ai parlé des États-Unis, mais c'est une problématique aussi au Canada, à Vancouver notamment. Notre collègue qui a soulevé ce sujet en cette Chambre aujourd'hui dit qu'il est préoccupé tout spécialement par ce dossier parce que, dans sa propre province, les adolescents sont aux prises avec ces produits qui ont libre cours sur le marché.
On sait qu'au Québec aussi ce problème se pose, à Rivière-du-Loup notamment. Ce ne sont pas seulement des jeunes qui en consomment, bien que certains aient commencé leur consommation vers 12 ou 13 ans. Les gens qui consomment cela pour la première fois n'ont peut-être pas l'impression qu'ils peuvent devenir dépendants de cette consommation, et c'est cela, le problème. Il ne s'agit pas d'une seule fois, mais il est question de plusieurs fois. Ainsi, on devient très dépendants de cette consommation. Les consommateurs veulent oublier un peu la réalité du quotidien qui est parfois difficile, ou ils veulent surmonter des épreuves. Par exemple, à quelqu'un de très timide ou qui a du mal à s'exprimer, il semble que cela donne l'impression de se sentir grand, puissant, comme Superman, et on n'a aucune inhibition lorsqu'on est sous l'effet de ce produit. Or, les conséquences sont très graves.
Donc, c'est un projet de loi qui sera probablement renvoyé en comité, si l'ensemble de mes collègues votent en sa faveur. Toutefois, comme je vous l'ai dit, nous avons des bémols quant à l'applicabilité de ce projet de loi. La vente de toutes les composantes du crystal meth ou autres ne peut être restreinte.
J'invite donc mes collègues à réfléchir à tout le moins à ce fléau. C'est un grand fléau, aujourd'hui, que des jeunes de 12 ou 13 ans puissent avoir accès automatiquement à des produits dangereux pour leur vie. Ce ne sont pas juste des délinquants; ce sont souvent des adolescents qui viennent de bonne famille, qui ont été influencés par d'autres amis. On fait partie du groupe, et tout le monde en consomme.
Le renvoi du projet de loi en comité permettrait de mesurer l'ampleur de la problématique dans différentes provinces où ce produit est en vente libre, où il y a des laboratoires clandestins. Cela susciterait peut-être une plus grande réflexion quant à la dénonciation. Lorsque nous savons que la problématique existe autour de nous, et que nous avons des adolescents, nous avons tous un rôle à jouer dans la dénonciation de laboratoires clandestins.
Également, il semble qu'il soit très facile de se procurer cette drogue. On n'a qu'à aller dans certains endroits. Je ne les nommerai pas, mais, il semble que les adolescents sachent où aller frapper. Par exemple, c'est très facile d'en trouver autour des jeunes qui font de la planche à roulettes.
Dans un premier temps, le Bloc québécois votera en faveur du projet de loi. Par la suite, quant à l'applicabilité de l'ensemble du projet de loi, nous verrons s'il n'y aurait pas lieu de l'amender et de faire par la suite des propositions plus adéquates par rapport à ce qu'il y a déjà dans la loi.
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Monsieur le Président, comme je l'ai dit plus tôt, je tiens à souligner le travail du député de qui a présenté ce projet de loi d'initiative parlementaire pour tenter de trouver une solution à un problème très important au pays actuellement.
Les députés ne sont pas sans savoir que, puisqu'il s'agit d'un projet de loi d'initiative parlementaire, le vote sera libre, mais à titre de porte-parole de mon parti, je recommanderai que l'on appuie ce projet de loi à l'étape de la deuxième lecture afin qu'il soit renvoyé au Comité de la justice. Ceci dit, il y a tout de même certains éléments qui m'inquiètent et dont j'ai discuté avec le député de . J'ai bon espoir que nous puissions en arriver à une solution.
Permettez-moi de vous faire part de mes craintes. Il y a deux choses qui me préoccupent. Tout d'abord, la nouvelle infraction, qui se trouve à l'alinéa 7.1a), pourrait viser des gens ou même des sociétés auxquels nous pourrions ne pas vouloir qu'elle s'applique. Il nous faudra peut-être examiner attentivement le libellé là où il est question de toute substance ou de tout appareil destinés à la production de méthamphétamine.
C'est l'un des deux points que je voulais faire valoir. C'est un peu technique, mais je peux concevoir que cela pourrait donner lieu à des abus si on l'appliquait aux mauvaises personnes. Il faudrait peut-être renforcer cet article qui pourrait, à l'heure actuelle, servir de moyen de défense à des personnes ayant eu un comportement criminel qui pourraient prétexter que le texte est un peu vague. Nous devrons nous pencher sur la question en comité pour nous assurer que ce n'est pas le cas, ou alors pour voir ce que nous pouvons faire pour améliorer la formulation.
La deuxième chose qui me préoccupe, c'est le fait qu'on ne prévoit pas de peine précise. Sous sa forme actuelle, le paragraphe 7(1) de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances interdit la production de bon nombre de drogues inscrites dans d'autres parties de la mesure législative. Cet article ne parle pas de la question des appareils ou du matériel utilisés pour la production d'une drogue en particulier, la méthamphétamine en l'occurrence.
Il aurait peut-être été mieux de créer un nouvel article qui aurait été l'article 8. De toute façon, le reste de l'article 7 actuel porte sur les peines, mais il ne prévoit pas de peine pour les gens qui produisent, ont en leur possession ou vendent des appareils ou du matériel destinés à la production de la drogue. Il ne parle que des peines à imposer à ceux qui produisent des substances interdites.
La loi actuelle ne couvrirait pas une partie des appareils et autre matériel que nous cherchons à interdire. Il faudra la modifier pour prévoir des peines à cet égard.
J'ai une autre préoccupation, quoique j'estime être assez rassuré, mais je vais la soulever maintenant et nous en discuterons probablement davantage au comité, en présumant que le projet de loi sera adopté à la Chambre à l'étape de la deuxième lecture. De toute évidence, le député de cible — je ne veux pas faire de présomption de culpabilité — des personnes ou des groupes qui font vraisemblablement partie d'organisations criminelles ou qui y sont associés, car ils sont les plus nombreux à produire actuellement de la méthamphétamine au Canada. En général, ils sont très nombreux à la produire et à la distribuer principalement aux jeunes, comme des députés des trois autres partis l'ont dit.
Nous avons également entendu parler des conséquences de cette distribution par ces groupes, notamment par des organisations criminelles, et je ne les ai pas évoquées, car bien d'autres députés en ont traité avec beaucoup d'exactitude et, dans certains cas, avec une grande passion. La peine imposée devra peut-être tenir compte de ces conséquences. Nous pourrions peut-être prévoir une peine spécifique, puis recourir à d'autres articles du Code criminel en ce qui concerne les organisations criminelles. Je veux réfléchir plus longuement à cela. Je veux entendre le point de vue du ministère de la Justice à cet égard.
Cependant, j'essaie de faire valoir l'idée suivante. Dans le cas des criminels endurcis, qui ont de lourds antécédents, en particulier au sein du crime organisé, et ce, même s'ils n'avaient pas auparavant de casier judiciaire, nous pensons que des peines plus sévères devraient sanctionner la conduite de ces gens. Ce sont ces individus que nous voulons avant tout mettre hors d'état de nuire pour faire cesser ce fléau.
En dépit des effets très débilitants de la méthamphétamine sur les gens qui en sont dépendants, on sait bien qu'il y en a qui, tout en ayant désespérément besoin de s'approvisionner, conservent suffisamment leurs moyens pour être capables de produire eux-mêmes la méthamphétamine qu'ils consomment. Il faudrait imposer à ces personnes une peine distincte qui, selon moi, devrait mettre fortement l'accent sur le traitement à suivre pour mettre fin à leur dépendance.
L'autre peine dont nous devons discuter, comme je l'ai dit au député de , concerne le matériel utilisé pour produire la drogue. Nous voulons que les tribunaux aient le pouvoir de saisir ce matériel en réponse à une demande faite par le procureur de la Couronne. Ce pouvoir additionnel permettrait aux autorités judiciaires de faire le nécessaire pour mettre fin aux activités des laboratoires, notamment les plus sophistiqués.
J'aimerais soulever deux points qui sont liés indirectement.
Une expérience réalisée aux États-Unis nous enseigne qu'il y a d'autres façons de régler ce problème, ce qui n'enlève rien à l'importance du projet de loi, dont nous avons vraiment besoin.
Dans l'État de New York, lorsqu'on s'est trouvé en présence des premiers cas d'utilisation de la méthamphétamine, on a jugé dès lors qu'il était très important d'adopter des mesures concernant les produits chimiques servant à fabriquer cette drogue. Nous savons qu'un certain nombre de ces produits sont en vente libre, la plupart du temps dans les pharmacies, mais également dans les épiceries.
Cet État a fait deux choses. Il a réglementé la vente de ces substances. Les fabricants de méthamphétamine vidaient littéralement les étalages des pharmacies. Les pharmacies leur vendaient les produits entrant dans la fabrication de la méthamphétamine, et ils en achetaient des caisses. Ces quantités dépassaient manifestement les besoins pour la consommation personnelle, que ce soit pour traiter un rhume, une grippe ou quelque autre affection. La vente a donc été réglementée. Les pharmacies ne peuvent maintenant vendre que des quantités limitées de ces produits.
L'autre grand problème que l'État de New York a relevé, problème que nous avons nous aussi au Canada et auquel je reproche au gouvernement canadien de ne pas s'être attaqué, est celui des grandes compagnies pharmaceutiques qui produisent et vendent des quantités de produits chimiques précurseurs considérablement supérieures à ce que l'on pourrait juger normal à des fins licites.
L'État a également réglementé cela. Il a établi qu'il se vendait normalement une quantité x d'un produit chimique donné sur son territoire et que cette quantité avait soudain augmenté de 100 p. 100 ou de 1 000 p. 100, il y a deux ans. Il a réglementé les quantités, de sorte que les compagnies ne peuvent commander et vendre que les quantités prescrites. Si le marché d'une compagnie prend de l'expansion pour des fins licites que celle-ci peut le justifier, l'État lui permettra alors de vendre de plus grandes quantités.
C'est un problème au Canada aussi, mais le gouvernement ne s'y est pas attaqué. Il existe des règlements qui permettent aux compagnies de faire la même chose. Le ministère de l'Agriculture devrait s'en charger, mais il ne l'a pas fait, même si la GRC et presque tous les corps policiers du pays ont fait des recommandations en ce sens. On pourrait suivre l'exemple de l'État de New York. Cela aurait un effet très positif pour ce qui est de réduire la disponibilité de cette drogue dans notre pays.
Je voulais également faire valoir ceci. Nous savons d'expérience que le problème est d'abord apparu dans toute son ampleur dans le nord des Prairies. On ne sait pas exactement pourquoi. On croit que ce pourrait être parce que ces drogues ne se vendent pas cher. Quoi qu'il en soit, le problème s'est maintenant propagé dans tout le pays. Il existe des centres de traitement qui peuvent aider les toxicomanes, particulièrement les jeunes, mais leur nombre n'est pas suffisant. Les gouvernements, tant provinciaux que fédéral, doivent se pencher sur ce problème et permettre à nos jeunes en particulier d'obtenir les soins dont ils ont besoin pour cesser de consommer.
Je le répète, nous ferons notre possible pour améliorer le projet de loi au Comité de la justice, pour peu qu'il lui soit renvoyé.
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Monsieur le Président, je suis heureux de participer aujourd'hui au débat sur le projet de loi de mon ami, le député de .
Je crois que le député a présenté son projet de loi à un moment très opportun puisque beaucoup de choses se rapportant à la méthamphétamine sont portées à l'attention des corps policiers et des législateurs. Il est malheureux que l'on ait toujours un certain retard sur les revendeurs de drogue et les criminels qui arpentent nos rues. Cependant, je crois que nous avons aujourd'hui la possibilité de mettre un frein à la croissance de la consommation de cette drogue. C'est très important en raison de ses effets et je félicite le député d'avoir porté la question à l'attention de la Chambre.
Contrairement à d'autres drogues bien connues comme l'héroïne, la cocaïne et la marijuana, la méthamphétamine pose des défis particuliers. Il s'agit d'une drogue synthétique. Elle n'est pas produite en culture. Sa production ne nécessite aucune aptitude ni aucune formation particulière. Ses précurseurs sont relativement faciles à se procurer et peu coûteux. Cela rend la production de cette drogue attrayante pour les trafiquants et ceux qui en ont pris l'habitude.
Je dois préciser ce que je veux dire lorsque je dis que sa production ne nécessite aucune aptitude particulière. Dans beaucoup de petits laboratoires, aucune aptitude n'est nécessaire, mais de gros laboratoires ont surgi tout à coup dans tout le pays. Il semble qu'il en apparaisse davantage dans certaines régions que dans d'autres et les précurseurs sont commandés en très grosses quantités. Évidemment, cela pose un autre problème. Cette drogue s'est répandue dans quelques régions de l'Amérique du Nord, mais, en plus, elle se présente sous un emballage attrayant pour les jeunes. Ainsi, on en retrouve que l'on appelle le « Quick aux fraises » parce qu'elle a la couleur et le goût de la fraise et se présente sous une forme qui peut donner aux jeunes le goût de l'essayer. C'est dangereux, mais cette drogue est là et elle se trouve comme je l'ai décrite.
Je sais que le projet de loi est probablement un peu insuffisant, comme le député de Windsor l'a fait remarquer, mais celui-ci tient beaucoup à ce que quelque chose soit fait, et c'est crucial.
Toute mesure législative fédérale doit permettre la saisie et la confiscation des produits chimiques précurseurs de la méthamphétamine. Ainsi, la loi doit donner des directives claires en ce qui concerne les précurseurs, les ingrédients entrant dans la composition de ce produit chimique, pour que les policiers puissent en faire la saisie. La loi devrait également exiger que la police et le procureur général collaborent avec les agences internationales de lutte antidrogue pour interdire ces produits chimiques.
Lorsque je dis que ces produits chimiques viennent de partout, je veux dire en fait qu'ils viennent de partout dans le monde et aboutissent sur notre territoire, parfois non consignés nulle part et en vrac, mais ils sont destinés à ces gros laboratoires. Une collaboration internationale est donc nécessaire.
Le projet de loi devrait également alourdir les peines pour possession de matériel utilisé pour fabriquer des substances contrôlées et pour le trafic de certains produits chimiques précurseurs.
Quel genre de matériel est nécessaire? En réalité, nous pourrions nous rendre dans n'importe quel laboratoire de produits pharmaceutiques et nous y trouverions matériel qui pourrait facilement convenir à ces laboratoires spéciaux. En fait, certains de ces laboratoires sont très similaires. On y trouve tout ce qui est requis pour le travail en laboratoire, que ce soit des bechers ou des contenants de verre. Certains petits laboratoires utilisent du matériel de fortune, des tubes de verre ou de plastique — et il leur en faut beaucoup.
On voit surgir certains de ces laboratoires dans des tours d'habitation ou à côté de chez soi. Ils constituent un énorme danger pour le voisinage. S'ils se trouvent dans un appartement, selon les produits chimiques utilisés, des vapeurs toxiques sont parfois émises. Ces vapeurs peuvent être mortelles. Après que des voisins inquiets eurent contacté la police, des laboratoires ont été découverts et tous ceux qui s'y trouvaient étaient morts. Les vapeurs sont extrêmement dangereuses. Elles peuvent s'enflammer et provoquer une explosion — presque comme une bombe — qui peut causer des dégâts chez les voisins et blesser les occupants de l'appartement.
Il faut appliquer la loi. De plus, le public devrait être averti. D'où le besoin de sensibiliser les gens. Ces derniers doivent aussi être au courant de ce qui se passe autour d'eux. Ils doivent être les yeux et les oreilles de la police. Quels signes doivent-ils chercher? S'ils voient les voisins arriver chez eux avec beaucoup de matériel de laboratoire, comme je viens de décrire, ou de grands barils de produits chimiques, cela devrait leur mettre la puce à l'oreille. Ce sont là des choses que les membres du crime organisé utilisent souvent pour produire de la méthamphétamine en cristaux.
Surtout, comme la distribution de méthamphétamine en cristaux est un fléau international, cela nécessite un lien très fort avec les autres organismes à l'étranger. Il doit y avoir un accord qui vise à interdire de tels produits chimiques ou matériels s'ils sont destinés pour certains endroits. Bien sûr, les organismes doivent sensibiliser les gens et les autres pays. Il y a un besoin croissant d'une approche internationale en matière d'application de la loi.
Si les gens croient qu'il y a des laboratoires de production de méthamphétamine dans leur voisinage, la première chose à faire est d'avertir la police, de prévenir les gens que l'endroit pourrait être très toxique et s'en tenir loin. Les agents de police reçoivent maintenant une formation pour s'occuper des ces situations.
Nous pouvons parler de beaucoup de choses. J'ai eu le privilège de participer à une conférence sur la méthamphétamine en cristaux aux États-Unis. Je suis revenu seulement la semaine dernière. Le Mexique, le Canada et les États-Unis collaborent afin de combattre cet énorme problème, et ils ont un certain succès. Des préoccupations ont été exprimées en ce qui a trait à ce qui se passe au Canada. On se préoccupe de ce qui se passe au Mexique et aux États-Unis aussi, évidemment. Ces pays ont besoin de notre collaboration autant que nous avons besoin de la leur.
La détresse humaine associée à la consommation de cette drogue est inimaginable. Pour les jeunes personnes qui en consomment, un des effets secondaires est la rapide détérioration de la dentition, ce qu'on appelle la « bouche meth ». Elles peuvent souffrir d'insuffisance cardiaque, d'insuffisance rénale, de lésions cérébrales, de neurotoxicité, de paranoïa et de dépression. Certaines de ces choses ne peuvent pas être guéries.
Nous avons l'obligation à la Chambre d'appuyer ce type d'initiative et de nous assurer que les tribunaux et la société puissent la mettre en application et que la police accorde la priorité à cette question. Je suis heureux d'entendre que de nombreux députés appuieront ce projet de loi. Nous avons tous hâte d'étudier ce projet de loi au comité.