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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole à la Chambre aujourd'hui pour faire valoir le projet de loi qui porte sur les possibilités de vote accrues. J'espère que tous mes collègues de la Chambre voteront également en faveur du projet de loi lorsqu'il sera enfin mis au voix.
Je suis convaincu que je ne suis pas le seul à pouvoir dire que, au cours des deux dernières campagnes électorales, j'ai eu l'occasion à de nombreuses reprises de prendre la parole devant des jeunes, que ce soit dans des écoles primaires, des écoles secondaires ou des universités. Je dis souvent à ces jeunes que j'espère sincèrement, quel que soit leur choix, qu'ils iront au moins se prévaloir de leur droit, exercer le privilège qui est le leur: celui de voter dans le cadre d'élections fédérales.
L'une des tendances les plus inquiétantes que j'ai pu constater au cours des 10 à 20 dernières années est celle de la baisse du taux de participation aux élections, surtout parmi les jeunes, notamment pour la tranche d'âge des 18 à 25 ans. Ce que je tiens à dire à ces jeunes aussi bien qu'aux députés, c'est que cette tendance est inquiétante parce que ces jeunes seront ceux qui détermineront le sort de leurs gouvernements. Je frémis à l'idée que, si cette tendance se poursuit, il arrivera un moment où moins de 50 p. 100 des électeurs participeront aux élections fédérales. Autrement dit, moins de 50 p. 100 des électeurs admissibles du pays éliront le gouvernement.
Pour n'importe quel gouvernement et n'importe quel parti politique, il est très inquiétant de constater que l'ensemble des électeurs, mais particulièrement les jeunes, se prévalent de moins en moins de leur droit de vote. Cette situation est vraisemblablement le reflet des problèmes qui caractérisent nos partis politiques, notre régime politique ou notre régime électoral. Néanmoins, il nous revient à tous de faire ce qui peut l'être pour favoriser une participation accrue aux élections.
Quel que soit le gouvernement élu, je serais plus à l'aise, tout comme la plupart des Canadiens je suppose, si 80 p. 100 ou 90 p. 100 de l'ensemble des électeurs admissibles exerçaient leur droit de vote. On pourrait alors dire que le gouvernement a été élu par la très vaste majorité des Canadiens et que les Canadiens ont eu leur mot à dire.
Je suis troublé lorsque le pense que les gouvernements, qu'ils soient majoritaires ou minoritaires, ne sont élus que par environ 60 p. 100 des Canadiens. S'il n'y a que 60 p. 100 des Canadiens qui jugent bon d'aller voter, il y a quelque chose qui cloche.
Mon but n'est pas de parler de tous les maux de notre système électoral ou de nos partis politiques actuels. Je suis ici pour parler du projet de loi , qui vise à améliorer le taux de participation aux élections fédérales futures. Bien que je sois le premier à admettre que le projet de loi ne se veut pas une solution à tous les problèmes, je crois qu'il s'agit d'un pas dans la bonne direction.
Si le projet de loi devait être adopté, je crois qu'il aurait un effet positif sur la participation de l'électorat. Il est possible que le taux de participation n'augmente pas de façon spectaculaire, mais il devrait tout de même augmenter. Même une augmentation de quelques points de pourcentage serait la bienvenue. C'est pourquoi je vais appuyer le projet de loi avec grand plaisir.
Que dit ce projet de loi exactement? Que fait-il? Il ne fait pas grand-chose, en fait, sauf donner aux électeurs deux jours de plus pour voter par anticipation.
À l'heure actuelle, comme la plupart des députés le savent, les bureaux de scrutin par anticipation sont ouverts le dixième, le neuvième et le septième jour avant le jour des élections. Les électeurs qui ne peuvent pas ou qui ne veulent pas voter le jour même des élections peuvent se présenter aux bureaux de vote par anticipation, pendant les heures d'ouverture, pour déposer leur bulletin de vote. Le temps a montré qu'il s'agit d'un outil très utile pour aider les Canadiens à voter.
Nous savons tous que le jour des élections, des circonstances peuvent empêcher certains Canadiens d'aller voter. Le travail, des vacances à l'étranger, un mauvais rhume ou d'autres raisons peuvent les empêcher d'aller voter le jour des élections. La tenue d'un vote par anticipation fait en sorte que ces votes peuvent être comptés. Ce projet de loi augmenterait le nombre d'occasions que les électeurs auraient pour voter s'ils choisissaient de voter un autre jour que le jour des élections.
Le projet de loi permettrait de tenir un vote par anticipation les deux dimanches qui précédent le jour des élections. Le huitième jour avant le jour des élections, c'est-à-dire le dimanche qui précède le jour des élections, le vote par anticipation se tiendrait à l'endroit habituel.
Comme la majorité des Canadiens le comprennent, le vote par anticipation ne se tient pas normalement au même endroit que le vote général dans les circonscriptions. Ma circonscription, , comme la plupart des circonscriptions rurales, est très vaste. Le vote par anticipation pour les régions rurales se tient à Lumsden. Il s'agit d'une localité centrale, mais c'est tout de même assez loin pour quelqu'un qui vient de Nokomis ou Davidson. Les gens doivent parfois faire plus d'une heure de route, parfois une heure et demie, pour voter par anticipation. Cela pose des problèmes de transport à certaines personnes, qu'elles conduisent ou non ou qu'elles puissent ou non embarquer avec quelqu'un. Même si les gens peuvent voter par anticipation, le fait que certains doivent faire un trajet d'une heure et demie ou plus est quelque peu contraignant.
Le projet de loi propose qu'en plus de permettre l'ouverture des bureaux de vote par anticipation le huitième jour précédant le jour du scrutin, aux mêmes endroits que les bureaux de vote par anticipation traditionnels, les bureaux de vote par anticipation seraient également ouverts le dimanche précédant immédiatement le jour du scrutin, normalement le lundi. Ces bureaux de vote par anticipation, qui seraient ouverts de midi à 20 heures, heure locale, seraient situés sur les lieux des bureaux de scrutin des élections générales.
Voyons ce que tout cela signifie concrètement. Le jour des élections, de nombreux bureaux de scrutin sont ouverts à la grandeur de chaque circonscription. Dans certaines circonscriptions, il peut y avoir jusqu'à 30, 40 ou 50 bureaux de scrutin dans des écoles, des gymnases et des églises. Le projet de loi propose que les bureaux de vote par anticipation du dimanche et du dimanche seulement, la veille du scrutin, soient situés aux mêmes endroits que les bureaux de scrutin ouverts le lendemain.
Autrement dit, plutôt que d'ouvrir seulement un ou deux bureaux de vote par anticipation, ce qui obligerait certaines personnes à parcourir un trajet d'une heure ou plus, cet arrangement permettrait aux électeurs de se rendre à un bureau de vote par anticipation ouvert le dimanche précédant le scrutin général et situé relativement plus près de leur résidence. Cette mesure assurerait une plus grande souplesse et, partant, des possibilités de vote accrues aux électeurs.
Plusieurs questions ont été soulevées. Pourquoi dimanche? N'est-ce pas un jour de repos? Cela n'empêcherait-il pas certaines personnes de fréquenter l'église de leur choix ce jour-là? Cet argument est peut-être valable, mais je me permettrai d'ajouter que, comme les bureaux de vote par anticipation seront ouverts de midi à 20 heures cette journée-là, ceux qui souhaiteraient assister à la messe à l'église de leur choix auraient probablement suffisamment de temps pour le faire. Les électeurs auraient le temps d'aller à l'église et de se rendre ensuite au bureau de scrutin.
J'aimerais également préciser que cette mesure n'est pas radicale et certainement pas nouvelle. D'autres paliers de gouvernement ont déjà permis aux électeurs de voter le dimanche.
Je sais que mes collègues bloquistes soutiennent depuis longtemps que le fait de voter le dimanche constitue une pratique largement acceptée au Québec. D'autres provinces, notamment la Saskatchewan, ont déjà permis de voter le dimanche.
Généralement parlant, je pense que cette pratique est également acceptée ailleurs au Canada par nos concitoyens. De plus, je signale aux députés que l'idée d'étendre cette pratique à l'ensemble des circonscriptions serait bien reçue.
Que signifie le fait que nous ayons une fenêtre de huit heures le dimanche précédent? Certains diront qu'il s'agit simplement d'une prolongation de la journée de vote. Je comprends que certains considèrent que cela ajoute une journée supplémentaire et qu'il y aurait maintenant deux jours de vote, mais ce n'est pas tout à fait le cas.
Premièrement, les heures de scrutin diffèrent. Comme je l'ai indiqué précédemment, les bureaux de scrutin seraient ouverts de midi à 20 heures, alors que le lundi, le jour des élections générales, ils ouvriraient généralement de 9 heures à 20 heures, parfois jusqu'à 21 heures, mais de façon décalée pour tenir compte des différents fuseaux horaires au Canada. Voilà la première différence.
La deuxième différence, c'est qu'évidemment il ne s'agit que du vote par anticipation. Les bulletins de vote ne seraient pas dépouillés le même jour. Ils seraient scellés et placés dans l'urne du vote par anticipation, puis confiés le lendemain au directeur du scrutin, au bureau de vote principal où ils seraient alors dépouillés.
Je signale également que dans l'éventualité où les élections ne se tiendraient pas un lundi, le vote par anticipation aurait quand même lieu le dimanche précédant le jour des élections générales. Il y a des différences claires entre les deux.
Cependant, encore une fois, cette mesure législative vise globalement à donner davantage de possibilités aux électeurs d'aller aux urnes lors d'élections générales. J'aimerais croire que l'ensemble des députés, quelle que soit leur allégeance politique, conviennent avec moi qu'il s'agit d'une bonne chose. Je n'ai jamais encore entendu un député prétendre qu'une faible participation électorale servirait mieux la démocratie. Ce serait absurde d'avancer pareil argument et je crois que tout le monde s'entend là-dessus. Il faut favoriser toutes les mesures susceptibles d'accroître la participation électorale.
J'ai entendu aujourd'hui qu'il y avait quelques petites choses qu'on voulait amender dans le projet de loi. Certains députés ont soutenu qu'on devait y apporter des améliorations.
C'est peut-être vrai mais, de façon générale, dans l'ensemble, ce projet de loi représente une amélioration par rapport au système électoral actuel, car il offre des occasions supplémentaires à tous les Canadiens d'exprimer leurs opinions et d'exercer leur droit de vote. C'est fait de façon à augmenter le nombre de personnes qui votent.
Pouvons-nous faire autre chose? Absolument, et je soutiens depuis longtemps que nous devons, et c'est peut-être la responsabilité du Bureau du directeur général des élections du Canada, mettre en place un programme d'éducation beaucoup plus dynamique et universel, afin d'encourager tous les Canadiens, surtout les jeunes, à voter.
À mon avis, le droit de voter, d'élire des députés et, à l'échelle provinciale, d'élire des gouvernements provinciaux, est sans aucun doute le plus important privilège que possède chaque Canadien.
Il n'y a pas de prémisses ou de principes démocratiques fondamentaux plus importants, selon moi, que le droit de vote. Les Canadiens, et en réalité les citoyens du monde entier, se sont longtemps battus, parfois littéralement, pour obtenir ce droit. Dans certaines parties du monde, des personnes font encore l'objet de discrimination quand elles veulent voter.
Dans ce pays, bien sûr, il n'y a pas si longtemps, on avait imposé des restrictions relativement aux personnes qui pouvaient voter. Nous avons fait beaucoup de chemin au cours du dernier siècle, et c'est une bonne chose, mais nous devons tout de même en faire davantage. En nous servant de méthodes d'éducation et de sensibilisation, que ce soit en classe, par l'intermédiaire du Bureau du directeur général des élections ou en encourageant, en tant que parlementaires, les Canadiens dans nos circonscription à aller voter, peu importe pour qui ils votent, nous devons tous prendre cette question très au sérieux.
Encore une fois, même si je pense que ce projet de loi ne règle pas tout, qu'il n'est pas une panacée pour le problème de la faible participation aux scrutins, je pense qu'il permettra d'accroître cette participation.
Rien ne me ferait plus plaisir que de pouvoir revenir dans cette Chambre, plus tard, lorsque les dispositions de ce projet de loi auront été appliquées, et dire que le pourcentage d'électeurs qui se sont présentés aux bureaux de scrutin le dimanche, le huitième et le premier jours avant le jour du scrutin, était élevé et que la participation de l'ensemble des électeurs d'un bout à l'autre du pays a été forte. Nous pourrions repenser au projet de loi que nous avons adopté, et j'espère qu'il le sera à l'unanimité, pour être franc, et dire que nous avions un rôle à jouer pour permettre à un plus grand nombre de Canadiens de voter, en fait, pour encourager un plus grand nombre de Canadiens à voter.
Si nous le faisons, je pense que nous pourrons tous, de retour dans nos circonscriptions, dire: « J'ai mérité mon salaire aujourd'hui. » C'est peut-être un détail dans le paysage politique que les gens, en y repensant des années plus tard, disent « C'était, de toute évidence, la chose à faire », mais je pense que c'est le genre de mesures que nous, les parlementaires, devrions prendre plus souvent.
Je recommande vivement à tous les députés de la Chambre, lorsque le projet de loi leur sera présenté pour la troisième et dernière lecture -- et je suis certain que cela arrivera -- de voter en sa faveur.
Une fois le projet de loi renvoyé au comité -- et je suis assez certain qu'il le sera -- si le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre, au moment d'être saisi de ce projet de loi, estime ou juge que des amendements devraient y être apportés, je n'aurai aucune réticence ni aucun scrupule à cet égard, pour autant qu'ils soient conformes au but dans lequel le projet de loi a été présenté, qui est de prendre des moyens pour augmenter la participation aux scrutins.
Il pourrait y avoir des amendements auxquels je n'ai pas songé ou des amendements sur des points qui n'ont pas été envisagés dans le projet de loi. Qu'importe, je pense que tous les députés peuvent souscrire à l'esprit de ce projet de loi.
Il faut que plus de citoyens votent. Je vais donner un bref exemple. Dans ma circonscription, en 2004, un peu plus de 63 p. 100 des électeurs admissibles se sont prévalus de leur droit de vote. Que 37 p. 100 des gens ne votent pas, cela me préoccupe, surtout compte tenu que je vais les représenter, qu'ils aient voté ou non.
J'adorerais pouvoir dire que 100 p. 100 des électeurs de ma circonscription ont voté. Si c'était le cas, j'aurais la conviction absolue que, peu importe qui remporte les élections, cette personne est vraiment celle que les électeurs veulent au Parlement pour les représenter.
À l'heure actuelle, il y a certainement des gens qui pourraient dire que je n'ai pas recueilli 50 p. 100 des votes et que seulement 63 p. 100 des gens ont voté. D'aucuns pourraient certainement faire valoir que la majorité des gens, peut-être la vaste majorité des électeurs de ma circonscription, ne voulaient pas de moi comme député, mais doivent composer avec moi. J'aimerais penser que ce n'est pas vrai. C'est assurément un argument que certains peuvent faire valoir, avec une certaine légitimité.
Si nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour accroître le nombre de personnes qui votent, la démocratie y gagnera.
Je reviens à 2006. J'avais espéré que le taux de participation électorale augmente par rapport aux élections précédentes étant donné tous les enjeux de la campagne. De façon générale, historiquement, lorsque le gouvernement change, la participation électorale augmente, car les gens veulent du changement. Par conséquent, ils prennent le temps d'aller aux urnes pour élire un nouveau gouvernement.
Honnêtement, cela ne s'est pas avéré lors des élections de 2006. Je sais que le taux de participation varie d'une circonscription à l'autre, mais en règle générale, la participation en 2006 n'a pas beaucoup bougé par rapport à celle de 2004. Elle se situait donc autour de 60 p. 100, ce qui est bas.
Certes, nous pouvons nous dire que le taux de participation est demeuré inchangé et qu'au moins il n'a pas continué à baisser. Cependant, je ne crois pas que ce soit suffisant.
En résumé, il s'agit d'un projet de loi très simple. Il vise simplement un objectif, c'est-à-dire permettre à davantage de gens de voter et les encourager en ce sens. Si nous réussissons en adoptant le projet de loi, ce sera un bienfait pour la démocratie.