:
Monsieur le Président, je me félicite de cette occasion de présenter le projet de loi en troisième lecture. Une fois adopté, le projet de loi mettra en oeuvre les principales mesures du budget de 2007, de même que les autres initiatives fiscales qui ont été annoncées avant le budget.
Notre objectif est d'aider le Canada et les Canadiens à donner libre cours à un potentiel extraordinaire. Le Canada est un pays indépendant, à qui tout réussit, qui croit fermement dans la tolérance et la justice, qui est convaincu qu'il faut tendre la main aux moins fortunés.
Plus le monde évolue, plus les Canadiens doivent unir leurs efforts pour rendre leur pays encore plus prospère, encore plus fort. Nous avons un plan, Avantage Canada, qui nous permettra d'atteindre cet objectif. Les mesures proposées dans le projet de loi font partie intégrante de ce plan.
Le projet de loi propose donc d'investir 39 milliards de dollars additionnels au cours des sept prochaines années pour aider les provinces et les territoires à offrir les services de qualité que les Canadiens attendent de notre grand pays.
Il est difficile d'imaginer exactement ce que représente un milliard de dollars. Je vais donc présenter la chose sous un angle différent. Un milliard de dollars représente mille millions de dollars et 39 milliards de dollars représentent 39 000 millions de dollars.
Il y a un milliard d'heures, nos ancêtres vivaient à l'âge de pierre. Une pile d'un milliard de dollars aurait 120 kilomètres de haut. Si on comptait un milliard de dollars, et c'est une tâche que je ferais avec plaisir, au rythme d'un dollar par seconde, toutes les secondes d'une journée, jour après jour, cela prendrait plus de 30 ans.
Si vous gagniez 1 000 $ par jour, monsieur le Président, et je suis convaincu que vous les valez bien, il vous faudrait travailler pendant 2 740 années pour gagner 1 milliard de dollars. Si vous aviez 1 milliard de dollars et que vous dépensiez 3 000 $ par jour, et je ne doute pas que certains d'entre nous sont capables de le faire, il vous faudrait 1 000 ans pour dépenser ce milliard de dollars.
Quand je dis que le gouvernement conservateur met 39 milliards de dollars d'argent frais de plus entre les mains des provinces et des territoires pour fournir des services aux Canadiens, cela représente beaucoup d'argent, 39 milliards de nouveaux dollars. Cela procurera aux Canadiens des services de santé, des études postsecondaires, de nouvelles places en garderie, un environnement propre et des infrastructures comme des routes, des ponts et des transports en commun.
En outre, le projet de loi renferme un certain nombre de mesures de réduction d'impôt qui amélioreront le niveau de vie des Canadiens. Il s'agit du Plan fiscal pour les familles de travailleurs, qui facilitera la vie des familles de travailleurs.
Ce plan comprend un crédit d’impôt pour enfants de 2 000 $ qui procurera à plus de 3 millions de familles canadiennes un allégement fiscal pouvant atteindre 310 $ pour chaque enfant de moins de 18 ans. Le plan portera aussi le montant pour conjoint et d'autres montants au même niveau que le montant personnel de base. Cette mesure représentera un allégement fiscal maximal de 209 $ pour les familles biparentales dont l’un des deux parents a un revenu peu élevé.
Les parents seuls et ceux qui ont une personne à charge en profiteront aussi. Le plan aidera les familles à économiser pour l'éducation de leurs enfants en éliminant le plafond de 4 000 $ des cotisations annuelles aux régimes enregistrés d'épargne-études et en majorant le plafond cumulatif de cotisation, qui passera de 42 000 $ à 50 000 $. Le montant maximal annuel de la Subvention canadienne pour l’épargne-études passera de 400 $ à 500 $.
Quant aux retraités et aux personnes âgées, le plan porte de 69 à 71 ans l'âge auquel ils doivent convertir leurs régimes enregistrés d'épargne-retraite et leurs régimes agréés de pension.
Le projet de loi propose aussi de mettre en oeuvre le plan d'équité fiscale, lequel aidera nos aînés en augmentant de 1 000 $ le montant du crédit en raison de l'âge, qui passera à 5 066 $. Le plan sera aussi bénéfique pour les aînés en ce sens qu'il permettra pour la première fois aux couples de fractionner leur revenu de pension. Cette mesure représente des économies d'impôt annuelles de plus d'un milliard de dollars pour les pensionnés et les aînés du Canada.
Le gouvernement est résolu à offrir d'autres allégements fiscaux aux gens de manière à accroître la récompense qu'ils obtiennent parce qu'ils travaillent, économisent et investissent.
Le nouveau gouvernement du Canada fait fond sur son engagement à exécuter le plan décennal d'amélioration des soins de santé, plan qui offre un nouveau financement fédéral de 41,3 milliards de dollars sur 10 ans aux provinces et aux territoires.
Dans le budget de 2007, nous tablons sur cet engagement. Par exemple, le budget propose un investissement de 400 millions de dollars dans l'Inforoute Santé du Canada, un organisme qui collabore avec les provinces et les territoires à la mise en oeuvre des dossiers médicaux électroniques, ce qui représente des progrès importants. Cette initiative aidera à réduire les délais d'attente et les risques d'erreurs médicales et produira de meilleurs résultats pour la santé.
Par ailleurs, le projet de loi prévoit un financement pouvant aller jusqu'à 612 millions de dollars pour aider les provinces et les territoires à remplir leur engagement d'établir des garanties de délais d'attente pour les patients.
Comme nous le savons, en juillet 2006, le nouveau gouvernement du Canada a approuvé l'utilisation d'un vaccin qui protège les jeunes filles et les femmes contre deux types de papillomavirus. Ces virus sont à l'origine d'environ 70 p. 100 des cas de cancer du col de l'utérus au Canada. Ce cancer est au deuxième rang des cancers les plus courants, après le cancer du sein, chez les femmes de 20 à 44 ans. C'est une statistique très troublante. C'est pour cette raison qu'une mesure du budget de 2007 qui figure dans le projet de loi vise à offrir 300 millions de dollars de financement par habitant aux provinces et aux territoires afin qu'ils luttent contre les papillomavirus.
Le nouveau gouvernement du Canada dispose d'un plan exhaustif axé sur les résultats pour assainir notre air, lutter contre les changements climatiques et favoriser un environnement plus sain pour les Canadiens. Dans cette optique, le budget de 2007 propose d'investir 4,5 milliards de dollars pour rendre notre environnement plus sain. Le projet de loi représente un premier pas important à cet égard, car il prévoit plus de 1,5 milliard de dollars à verser dans un fonds fiduciaire pour des initiatives entreprises par les provinces et les territoires en lien avec l'assainissement de l'air et la lutte aux changements climatiques.
De plus, misant sur les initiatives adoptées dans le budget de 2006, le gouvernement accroîtra la protection des terres et des espèces sensibles et la préservation de notre patrimoine culturel et naturel. Une des mesures du projet de loi prévoit le versement de 225 millions de dollars à la Société canadienne pour la conservation de la nature afin qu'elle protège des terres écosensibles dans le Sud du Canada.
Dans le projet de loi, on propose aussi 30 millions de dollars pour soutenir un modèle innovateur de gestion durable du territoire et des ressources dans la forêt pluviale Great Bear, sur la côte centrale de la Colombie-Britannique.
Comme le savent les députés, Génome Canada est une société sans but lucratif qui aide le Canada à demeurer à la fine pointe de la recherche en génomique, un domaine émergeant prometteur qui a un fort potentiel de percées dans le domaine de la santé, du développement durable et de l'environnement. Depuis sa création, Génome Canada a très bien réussi à renforcer le milieu de la recherche au Canada, pas seulement en attirant des chercheurs de premier plan, mais en mettant en place la technologie de pointe nécessaire pour le travail en génomique.
Dans le projet de loi , il est proposé d'accorder 100 millions de dollars de plus à Génome Canada en 2006-2007 afin de maintenir le financement pour soutenir, entre autres choses, la participation du Canada à des projets de recherche stratégiques internationaux.
Le projet de loi contient d'autres mesures importantes, aucune peut-être n'étant plus importante que la proposition visant à consacrer davantage de fonds à la reconstruction de l'Afghanistan.
Comme nous le savons tous, les Canadiens ont joué un rôle important dans le soutien des efforts de l'Afghanistan visant à édifier un pays libre, démocratique et pacifique. C'est pourquoi le projet de loi prévoit 200 millions de dollars de plus pour la reconstruction et le développement de l'Afghanistan, notamment pour des initiatives visant à offrir de nouvelles possibilités aux femmes, à raffermir les gouvernements, à accroître la sécurité et à relever le défi que pose la lutte contre les drogues illégales.
Nous pouvons voir que le est un projet de loi exhaustif qui inclut un large éventail d'initiatives visant à aider les Canadiens à réussir, à améliorer d'importants services sociaux et à soutenir notre contribution au monde.
C'est pourquoi l'adoption du projet de loi en temps opportun est importante. Si le projet de loi ne reçoit pas la sanction royale avant le 31 août, ce qui signifie, à toutes fins pratiques, avant l'ajournement des deux Chambres en juin, certaines mesures ne pourront pas voir le jour. Il y a des mesures immédiates et graves qui ne peuvent pas attendre septembre. L'argent ne sera plus disponible et les libéraux doivent en être conscients, comme tous les Canadiens.
J'explique. Si la Loi d'exécution du budget de 2007 n'a pas reçu la sanction royale avant que le gouvernement ait mis la dernière main à ses états financiers, en août, il sera impossible d'y inscrire les mesures en 2006-2007.
Si le budget est adopté seulement cet automne ou plus tard, les sommes destinées au financement des mesures, dont je parlerai, devront être inscrites en tant que nouvel argent dans les livres de 2007-2008, ce qui ferait concurrence à d'autres besoins.
La loi exige que l'argent prévu en 2006-2007 soit déclaré en tant qu'excédent et qu'il aille rembourser la dette au lieu de financer des programmes. Par conséquent, un certain nombre de mesures tomberont à l'eau si le projet de loi n'est pas adopté rapidement.
Ces mesures sont, entre autres: 1,5 milliard de dollars pour l'écoFiducie Canada pour la qualité de l’air et les changements climatiques; plus d'un demi-milliard pour les garanties de délai d'attente pour les patients; 0,4 milliard pour Inforoute Santé Canada; 0,1 milliard pour le CANARIE; 0,2 milliard pour la Société canadienne pour la conservation de la nature; 0,3 milliard pour la Great Bear Rainforest; 0,6 milliard pour des ententes sur le marché du travail; 0,3 milliard pour la Fondation Rick Hansen; 0,1 milliard d'aide à l'Afghanistan; 100 millions pour Génome Canada; et 50 millions de dollars pour le Perimeter Institute for Theoretical Physics.
Je mentionne tout ça parce que, pour les deux Chambres du Parlement, il n'a pas été facile de veiller à ce que ce projet de loi important, dont nous sommes saisis depuis un certain temps, soit adopté rapidement — et d'autres difficultés pourraient encore se présenter. Je ne pense pas que les Canadiens veulent que les mesures importantes dont je viens de parler tombent à l'eau parce que les parlementaires sont incapables de collaborer de façon constructive pour le bien du Canada et des Canadiens.
En conclusion, j'encourage tous les parlementaires de tous les côtés de la Chambre, ainsi qu'à l'autre endroit, à appuyer le projet de loi rapidement afin que les Canadiens puissent commencer à en bénéficier rapidement, comme ils le méritent.
:
Monsieur le Président, je n'ai pas eu la chance de poser de question à ma collègue, mais j'utiliserai une partie de mon temps pour le faire.
La députée a parlé de l'importance de ne pas perdre de temps dans l'adoption du budget, mais je lui signale que le gouvernement a lui-même perdu trois mois et demi en avril quand il a retiré son propre budget du processus législatif. Il est difficile de savoir pourquoi le gouvernement a lui même retardé inutilement le processus de trois semaines et demie, si elle croit que cela est si important. Je tenais à le signaler.
Dans mon discours, je me concentrerai sur deux thèmes qui concernent le budget: l'incompétence et la malhonnêteté. Ce budget est une preuve d'incompétence, car le ministre est dépassé. C'est un budget malhonnête non seulement en raison des promesses rompues, mais aussi en raison du fait que le gouvernement nie que ces promesses ont été rompues. Dans certains cas, le gouvernement nie l'indéniable. De plus, on ne compte plus les fausses déclarations qui ont été faites, par exemple qu'il y a eu une baisse de l'impôt sur le revenu alors que tout le monde sait qu'il y a eu une hausse.
J'aimerais développer ces deux thèmes. Ce faisant, je me rends compte qu'il y a d'autres choses que l'on pourrait dire sur le budget. On pourrait dire par exemple qu'il s'agit d'un budget mesquin au niveau du traitement qu'il réserve aux Autochtones, aux enfants et aux étudiants. Je me rends compte également que ces mêmes thèmes de l'incompétence et de la malhonnêteté pourraient s'appliquer à d'autres aspects du comportement du gouvernement, et je pense par exemple à l'environnement ou à l'Afghanistan, mais j'aimerais profiter du temps qui m'est réservé pour parler exclusivement du budget et de ces deux thèmes en particulier.
Avant d'entrer dans les détails, j'aimerais dire quelques mots sur le language utilisé. Je lis et commente des documents budgétaires depuis plusieurs années déjà, je le faisais bien avant mon entrée en politique, et j'ai souvent remarqué que ceux qui font des commentaires sur les budgets, les analystes et autres spécialistes de l'économie, utilisent généralement une langage respectueux, et je dirais même plein de déférence. Les termes qu'ils emploient sont très modérés.
En prenant connaissance des divers commentaires qui ont été formulés sur ce budget au cours des dernières semaines, j'ai pris note de certains des qualificatifs utilisés par ces analystes généralement pondérés pour décrire ce budget. Ils ont entre autres dit de ce budget qu'il était incroyable, que c'était le pire depuis 35 ans, que c'était un travail de fou, qu'il était stupide, insensé, démentiel et idiot.
Je fais ce travail depuis un très grand nombre d'années et je n'ai jamais dans toute ma vie entendu des mots de ce genre pour décrire le budget du gouvernement du Canada. Je dirais que le language extrême utilisé par des gens qui nous ont habitués à plus de pondération constitue une preuve indirecte de l'incompétence extrême qui a incité des gens généralement pondérés à utiliser un tel language, à moins que, pour une raison obscure, la grossièreté est soudainement devenue contagieuse parmi les analystes et les économistes.
J'aimerais donner six exemples illustrant bien la combinaison d'incompétence et de malhonnêteté dont je parle.
Pour le premier exemple, il faut remonter un peu dans le temps, au moment où le était un membre très important du gouvernement de l'Ontario. Les conservateurs faisaient campagne sur l'équilibre budgétaire. Ils ont perdu ces élections et lorsque les vérificateurs sont venus inspecter les dossiers, ils ont trouvé un déficit de 5,8 milliards de dollars. C'est un bel exemple de la combinaison d'incompétence et de malhonnêteté. Le seul fait d'accumuler un déficit de 5,8 milliards de dollars est une marque d'incompétence, mais il est également malhonnête de prétendre que le budget est équilibré alors qu'on sait très bien qu'il existe un déficit. C'est de la malhonnêteté. C'était la première manifestation, si l'on peut dire, de cette combinaison de défauts.
Mon deuxième exemple concerne la décision du gouvernement d'augmenter l'impôt sur le revenu pour financer une réduction de la TPS. C'est une preuve d'incompétence. En effet, aucun économiste sur la planète n'oserait dire que c'est une mesure judicieuse. À mon avis, rares sont les Canadiens qui préfèrent payer leur tasse de café un sou moins cher plutôt que d'avoir davantage d'argent dans leur porte-monnaie grâce à une réduction d'impôt.
C'est également une preuve de malhonnêteté. Les Canadiens savent très bien qu'ils paient davantage d'impôt, mais le gouvernement continue de dire qu'il a diminué leur fardeau fiscal. Pourtant, les déclarations de revenus que font les Canadiens sont la preuve du contraire.
Nous pourrions même dire que c'est de la naïveté de ma part que d'en être choqué, mais lorsque le gouvernement du jour persiste, pas seulement une fois, mais continuellement, à dire des faussetés évidentes, c'est au détriment de toute la classe politique. Il nuit à tous les députés de cette Chambre. Dans un sens, les Canadiens diront qu'il est normal que les politiciens mentent effrontément. Personnellement, je ne crois pas que ce soit une façon d'agir pour un politicien. Par conséquent, je suis indigné lorsqu'un gouvernement insiste pour se vanter d'une augmentation d'impôt en prétendant ad nauseam qu'il s'agit plutôt d'une réduction d'impôt.
Comme troisième exemple, je mentionnerai les relations fédérales-provinciales et tout le dossier de la péréquation, dont nous avons entendu parler de façon détaillée aujourd'hui. J'aimerais citer une phrase du , tirée de son budget:
La longue chicane épuisante et stérile entre les provinces et le gouvernement fédéral est finie.
Cette déclaration est sans appel. Nous ne l'aurions pas su en écoutant la période des questions aujourd'hui. Les gens disent qu'un budget réussi ne fait plus les manchettes après trois jours. Je crois que nous en sommes au 80e jour environ, et le budget revient certes fréquemment dans la période des questions. Il faut faire preuve d'une naïveté inouïe pour penser que n'importe quel montant versé aux provinces puisse, comme par magie, mettre un terme à la longue chicane épuisante et stérile.
Quoi qu'il en soit, et ce qui est peut-être plus pertinent, c'est que trois promesses ont manifestement été reniées. Le gouvernement a pris trois engagements envers trois provinces, Terre-Neuve-et-Labrador, la Nouvelle-Écosse et la Saskatchewan, et ces engagements ont manifestement été reniés. Ce que nous constatons depuis plusieurs semaines, c'est que le gouvernement persiste à nier qu'il a manqué à ces ententes.
Un député n'aurait pas pris la décision très sérieuse de voter contre son propre gouvernement et de se faire éjecter de son propre caucus s'il y avait quelque doute que ce soit que cette entente a été reniée. La malhonnêteté est double: le gouvernement manque à ses promesses, puis il nie y avoir manqué.
On assiste également à un autre genre de malhonnêteté. Nous pourrions dire que le gouvernement joue avec les chiffres. Nous entendons le ministre des Finances mentionner les centaines de millions de dollars qui seront versés à une province ou à une autre. Or, au Comité des finances, nous avons eu le plaisir d'écouter le premier ministre Calvert, de la Saskatchewan, la semaine dernière ou la semaine précédente. Il a expliqué que ces chiffres n'étaient qu'un fouillis dénué de sens. Il a dit que ces montants auraient été versés de toute façon à la Saskatchewan. Il a dit qu'ils ont été calculés sur cinq ou dix ans et qu'ils ont tout simplement été concoctés commodément pour que le gouvernement puisse en arriver à un montant qui paraît astronomique.
On a assisté à la même situation avec l'accord Canada-Ontario, dans lequel le gouvernement a concocté les chiffres pour qu'ils n'aient aucun sens et pour faire croire qu'il versait beaucoup d'argent à l'Ontario.
Peut-être est-ce parce que je suis économiste, mais j'aime obtenir du ministère des Finances du gouvernement du Canada des chiffres auxquels je peux me fier. Parce que le gouvernement concocte ses chiffres tout simplement pour servir ses intérêts à un moment ou l'autre, on ne peut plus se fier à ces chiffres.
Il y a eu avec cela le stratagème de la dette nette. Certains s'en souviendront peut-être. Le gouvernement s'est mis à clamer soudainement qu'il allait éliminer la dette nette, que le Canada n'aurait plus de dette nette, comme si nous étions tous censés nous mettre à sauter de joie et à applaudir. Il s'agit d'une obscure notion de l'OCDE que le gouvernement a décidé de déterrer.
Nous avons remarqué que le gouvernement n'en parle plus. Il n'en parle plus parce qu'il a tellement fait rire de lui qu'il a dû enterrer de nouveau cette notion de dette nette. Tout ce qu'il faisait, c'était manipuler les statistiques pour faire croire aux Canadiens qu'il y avait quelque chose de différent alors que rien n'avait changé.
Le gouvernement joue avec les chiffres, que ce soit en manipulant les chiffres concernant la Saskatchewan ou ceux concernant l'accord Canada-Ontario, ou encore en se servant de l'obscure notion de dette nette pour faire semblant qu'il fait quelque chose de nouveau et de différent. Ce n'est qu'un stratagème. C'est le genre de comportement auquel je m'oppose.
Mon quatrième point porte sur la déductibilité des intérêts, et c'est là que nous avons une véritable catastrophe pour le gouvernement. Le budget renferme un énoncé qui ne pourrait être plus clair. Il dit que, à compter d'une certaine date, les sociétés ne pourront plus déduire, aux fins de l'impôt, les intérêts sur l'argent qu'elles empruntent pour investir à l'étranger.
Comme tout le monde de la finance s'est abattu sur le ministre, ce dernier a fini par comprendre qu'il avait fait quelque chose de vraiment stupide. Il avait négligé de mentionner que tous les autres grands pays permettent à leurs entreprises de déduire les intérêts et que, par conséquent, si le Canada était le seul à ne pas le permettre, nos entreprises se trouveraient lourdement handicapées sur le plan de la concurrence et deviendraient plus susceptibles aux prises de contrôle. Le ministre aurait ainsi créé « Désavantage Canada » au lieu d'Avantage Canada, mais il a fini pas céder.
Les députés savent-ils comment il a cédé? J'en arrive maintenant à l'honnêteté. Il n'a pas dit qu'il avait fait une erreur et qu'il en était désolé. Il a dit que tout le monde avait mal interprété son budget. Il a dit que tous, sauf lui, avaient mal lu le budget. Il a dit que personne parmi nous ne comprenait le budget sauf lui. Nous connaissons l'effet d'une telle déclaration. Ces milliers d'experts fiscaux qui reprochaient au ministre d'avoir commis dans le budget une erreur aussi stupide que cette déduction des intérêts se sont alors mis en colère contre lui parce qu'il disait qu'ils avaient mal lu le budget. Il ne pouvait admettre qu'il modifiait quelque chose. Ces analystes sont tous en colère contre le ministre. Il est fâcheux, et pas très futé, pour un ministre de se mettre dans une telle position.
Mon point principal est qu'il s'agit là d'un autre exemple de malhonnêteté insidieuse que nous constatons encore et encore de la part du gouvernement conservateur.
Mon dernier point sur la déductibilité des intérêts est le suivant: après avoir introduit une mesure de façon incompétente, qu'il a retirée sans avoir le courage de dire qu'il la retirait, le ministre l'a retirée de façon incompétente. Il y a deux éléments en jeu ici. L'un est l'abandon de la dette, l'autre, la double déduction.
Je pense que l'expression double déduction sonne bien aux oreilles du ministre. Il lui donne une connotation diabolique et immorale, et c'est pourquoi il veut s'y attaquer. Le problème, c'est que tous les experts au pays disent que l'abus ne provient pas de la double déduction, mais bien de l'abandon de la dette. Si le ministre savait ce qu'il faisait, ce qui n'était pas le cas, il s'en serait pris à l'abandon de la dette.
Il y a abandon de la dette quand une filiale étrangère vient au Canada, emprunte d'énormes sommes d'argent, déduit les intérêts de la dette de façon à réduire les impôts à verser au Canada, puis investit cet argent dans un tiers pays. C'est une façon inappropriée d'éviter de payer des impôts au Canada. Il y a des abus dans ce domaine et nous devrions y mettre fin.
Toutefois, à la façon dont le ministre s'en prend aux doubles déductions, le résultat net sera sans doute une hausse des recettes pour le gouvernement du Royaume-Uni ou celui des États-Unis. C'est comme si le ministre avait comme objectif d'accroître les recettes des gouvernements étrangers aux dépens des entreprises canadiennes, ce qui n'a absolument aucun sens.
La déductibilité des intérêts est un très bon exemple. Premièrement, il montre que le ministre est dépassé du simple fait qu'il présente cette mesure. Deuxièmement, la façon dont il a retiré sa proposition, prétendant qu'il ne la retirait pas et que tous, sauf lui, au pays avaient mal lu le budget témoigne de sa mauvaise foi. Troisièmement, quand il vise la mauvaise cible, s'en prend aux doubles déductions alors qu'il devrait s'attaquer à l'abandon de la dette, cela indique de l'incompétence au second degré.
Le cinquième problème dont j'aimerais parler concerne la conception incroyablement boiteuse du programme de remise. Il est rare qu'une industrie, lorsqu'on lui offre un allégement fiscal ou une subvention, s'insurge contre une telle mesure. Or, c'est exactement ce qui s'est passé. L'industrie automobile ne s'est pas trop plainte des coûts supplémentaires imposés sur les voitures énergivores. Elle s'est insurgée contre la remise que le gouvernement verse à l'achat de véhicules à faible consommation parce que 75 p. 100 de cet argent était versé pour un modèle qui n'était pas très différent, sur le plan environnemental, des autres modèles.
Je veux citer une personne, un spécialiste bien connu du secteur automobile, Dennis DesRosiers, qui est l'un de ces spécialistes habituellement très modérés dans leurs propos. Il a dit:
[La société Honda] s'est sentie si offensée par ce système de remise stupide qu'elle a sorti son arsenal [...] En plus d'avoir une politique qui ne fonctionne pas, le gouvernement fédéral a transformé l'entreprise la plus désireuse de travailler [...] et de transformer l'industrie automobile en une puissante machine à dénigrer ses politiques.
Le gouvernement s'est mis à dos tous les analystes fiscaux en leur disant qu'ils ne savaient pas lire le budget et, maintenant, il se fait des ennemis dans le secteur automobile en tentant de verser des remises. Quelle incompétence.
Finalement, en dernier, mais pas des moindre, j'arrive aux fiducies de revenu. C'est la quintessence de toutes les promesses rompues, mais, comme je l'ai déclaré en commençant, le gouvernement, non content de renier ses promesses, nie qu'il les a reniées. Il nie l'indéniable.
Je l'avais oublié, mais au début du débat sur les fiducies de revenu, le gouvernement a nié avoir rompu une promesse. Cela n'a pas fait long feu parce qu'il était évident que le avait fait cette promesse à maintes reprises pendant la campagne électorale. Permettez-moi de citer une réponse donnée par le au début de ce débat, soit le 1er novembre, le lendemain de l'Halloween, jour de l'annonce de la politique. Le a déclaré:
Notre gouvernement n'a pas pris l'engagement de ne pas faire payer d'impôts à Telus [...] Nous voulions plutôt protéger le revenu des aînés.
Le ministre des Finances a offert aux Canadiens un crédit en raison de l'âge. Il prévoit également un partage des revenus de pension entre les deux conjoints. Il fait payer des impôts équitables aux sociétés. Je mets le Parti libéral au défi d'appuyer ces mesures.
J'ai pensé plus tôt aujourd'hui que c'était une promesse qu'il ne pouvait pas renier, mais il a tenté de le faire. Il a tenté pendant une journée ou deux de déclarer que c'était uniquement une affaire d'équité fiscale, puis il a renoncé. Il a reconnu qu'il avait rompu sa promesse sur les fiducies de revenu. Cependant, le député a probablement oublié qu'au début il a nié avoir rompu la promesse sur les fiducies de revenu.
Je n'ai que deux minutes, mais je crois que j'ai assez parlé des fiducies de revenu ces dernières semaines que je peux résumer la question assez simplement. C'était une promesse rompue et, en plus, c'était une bombe atomique lâchée sur le secteur, tandis que le plan des libéraux, qui tenait davantage de l'approche ciblée, aurait permis d'atteindre les objectifs souhaités et cela sera fait lorsque les libéraux seront au pouvoir.
Nous avons assisté à la comédie des conséquences non voulues. Avantage Canada est devenu Désavantage Canada. L'équité fiscale est devenue la fiscalité inéquitable. Une mesure visant à permettre au gouvernement d'encaisser davantage de recettes en a produit moins en raison de l'incompétence de ce gouvernement. La question des fiducies de revenu était un exemple de promesse rompue, et, en plus, elle témoignait en un sens de la malhonnêteté. C'est peut-être la pièce à conviction A contre un gouvernement qui a perdu les pédales.
Nous n'avons pas renoncé à notre lutte pour obtenir une bonne politique sur les fiducies de revenu et, en raison de la combinaison d'incompétence et de malhonnêteté crasses des conservateurs, les libéraux seront très fiers de voter tous ensemble contre le budget.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de me prononcer, une fois de plus, au sujet du budget déposé en cette Chambre un peu plus tôt dans la session.
Un peu plus tôt aujourd'hui, soit au cours des deux précédentes interventions, on a parlé du déséquilibre fiscal. Cela me fait un peu rire. J'ai écouté les interventions attentivement et je me suis gardé d'intervenir dans le débat sur le déséquilibre fiscal entre les libéraux et les conservateurs, d'une part, parce que les libéraux ont toujours refusé d'admettre l'existence du déséquilibre fiscal et, d'autre part, parce que les conservateurs prétendent qu'il est maintenant réglé.
Voici la technique qu'utilisent les conservateurs pour régler le déséquilibre fiscal: le se lève en Chambre et lit son budget. Pendant cette lecture, il dit simplement que le déséquilibre fiscal est maintenant définitivement réglé. Et voilà, c'est fait. Pour les conservateurs, il suffit de répéter éternellement la même chose pour qu'elle devienne une réalité.
On comprendra que ce n'est pas le cas. Servir les citoyens et faire le travail qu'on effectue en Chambre nécessitent plus que seulement des paroles; il faut passer à l'action, passer aux actes.
Revenons à l'essence du déséquilibre fiscal. Rappelons que ce concept a d'abord été amené d'abord et avant tout au Québec par la commission Séguin, qui s'est penchée sérieusement sur ce dossier. Ce dossier a toujours été porté par le Bloc québécois. À l'époque, seul le Bloc en parlait; les autres partis le niait. On a donc commencé à expliquer aux conservateurs de quoi il s'agissait. Manifestement, il y a eu des progrès, mais ils n'ont pas encore compris de quoi il s'agissait puisqu'ils prétendent l'avoir réglé.
Lorsque les membres de la commission Séguin ont défini le concept de déséquilibre fiscal, ils n'ont pas pris un chapeau dans lequel ils ont tiré des noms au hasard. Ils n'ont pas ouvert le dictionnaire à une certaine page et n'ont pas pointé des mots avant de dire qu'ils appelleraient cela le déséquilibre fiscal. Ce n'est pas appelé ainsi sans raison.
Il y avait des raisons. La première, c'est que c'était un déséquilibre. La deuxième, c'est que la nature de ce déséquilibre était fiscale. Le problème n'était pas un problème monétaire ou budgétaire, c'était essentiellement que le gouvernement central, le gouvernement fédéral, disposait de trop de revenus fiscaux, d'une trop grande capacité fiscale, pour les besoins et les champs de compétence qui lui sont dévolus par la Constitution. À l'opposé, les gouvernements du Québec et des autres provinces ne disposent pas d'une assez grande assiette fiscale pour assumer toutes leurs responsabilités prévues dans ladite Constitution. C'est tellement vrai, qu'on constate que le gouvernement fédéral engendre des surplus importants année après année et qu'il se permet, lors de chaque budget — y compris dans les budgets conservateurs, quoi qu'en disent les conservateurs — de s'ingérer dans les champs de compétence du Québec et des provinces.
Je porte à votre attention le fait que si le gouvernement fédéral n'avait pas une capacité fiscale plus grande que ce dont il a besoin, il ne ressentirait pas le besoin de s'ingérer dans les champs de compétence des provinces. En fait, il ne pourrait pas le faire. Toutefois, puisqu'il a trop de capacités fiscales, qu'il a trop d'argent, il se permet de s'ingérer dans les champs de compétence des provinces. En même temps, le Québec et les provinces ne disposent pas de fonds suffisants ou d'une assiette fiscale assez grande pour combler tous leurs besoins. Alors, ils évoluent vers une situation de plus en plus précaire.
Voilà ce qui se passe. Le déséquilibre fiscal existe. La solution à ce déséquilibre fiscal est nécessairement un transfert fiscal. Cela me semble assez logique. Je rencontre beaucoup de gens dans mon comté. En fin de semaine, j'étais présent lors de la « vente-trottoir » de la rue Wellington dans mon comté, pour rencontrer les gens et leur parler. Lorsque je leur dis qu'il faut régler le problème du déséquilibre fiscal par un transfert fiscal, presque tout le monde comprend le principe assez rapidement: déséquilibre fiscal et transfert fiscal, cela leur semble logique.
Il n'y a que les conservateurs qui ne comprennent pas, du moins ceux du Québec. Les libéraux et les néo-démocrates ne reconnaissent pas non plus le principe, mais les conservateurs n'ont pas véritablement livré la marchandise. Ils ont fait un transfert budgétaire important, c'est vrai. Cela apportera au Québec des sources de revenus supplémentaires. C'est d'ailleurs pour cette raison que nous avons appuyé le budget. Nous avons fait notre travail.
Au Bloc québécois, nous avons lutté fort pour obtenir ces fonds. Le gouvernement a fait une avancée et a transféré des fonds au Québec. Nous avons donc décidé d'appuyer le budget. Cela marque d'ailleurs assez bien l'utilité du Bloc. On a pu constater récemment, lors des derniers votes sur le budget, à quel point les conservateurs étaient silencieux lorsque les députés du Bloc québécois votaient en faveur de leur budget. Ils étaient bien conscients d'avoir besoin de nous pour faire fonctionner ce Parlement.
Donc, il n'y a pas de transfert fiscal dans ce budget. C'est clair. Je l'ai demandé en comité au ministre ainsi qu'à ses fonctionnaires. Tout le monde a avoué qu'il n'y avait aucun transfert fiscal. Ce ne sont que des transferts budgétaires. Ce que tout le monde a avoué également, c'est que rien ne garantit que ces fonds seront présents l'année prochaine, ou n'importe quelle année dans le futur. C'est tellement vrai que le Parti conservateur paye même à grands frais des publicités à la télévision québécoise en disant que si le chef de l'opposition devenait premier ministre, il pourrait reprendre les fonds. En disant cela, les conservateurs admettent que le règlement n'est pas permanent, n'est pas définitif et que le Québec est toujours dépendant du gouvernement fédéral pour ces fonds. C'est de cette dépendance que tous les Québécois, fédéralistes comme souverainistes, de tous les partis à l'Assemblée nationale, veulent se sortir. On veut pouvoir compter sur des revenus autonomes et ne pas être toujours soumis aux sautes d'humeur du gouvernement fédéral.
La solution pour le Québec est de récupérer soit les champs de taxation — comme la TPS — ou des points d'impôt, ce qui permettra d'assurer des revenus stables et prévisibles qui croîtront dans le temps avec l'économie et qui seront justes et équitables.
En résumé, il y a des gains dans ce budget qui sont dus au fait que ce gouvernement est minoritaire. Il devait avoir l'appui du Bloc québécois parce que les Québécois ont décidé d'envoyer un fort contingent de députés à Ottawa. Le gouvernement a dû donner plus de ressources au Québec. Nous avons appuyé le budget, mais le déséquilibre fiscal n'est pas encore réglé. Il reste beaucoup de travail à faire et nous continuerons à faire le travail qu'il faut pour défendre les intérêts des Québécois.
:
Monsieur le Président, c'est sans doute notre dernière occasion de parler du budget de 2007. La fin approche, mais nous avons toujours espoir de persuader le gouvernement de faire amende honorable pour les erreurs qu'il a commises.
Nous en avons eu un exemple vivant aujourd'hui à la Chambre. En effet, le député de a dû prendre la parole en tant que député indépendant pour défendre sa province et sa région contre son propre gouvernement, son propre parti, qui a manqué à sa parole et a lamentablement laissé tomber le Canada atlantique.
Le député a imploré le gouvernement de revenir sur sa décision, d'avouer son erreur, d'honorer sa promesse et de dire que les accords seront maintenus tels quels et que les Canadiens des régions atlantiques peuvent compter sur le gouvernement.
Est-ce trop demander, tout compte fait? Le gouvernement a pris un engagement écrit envers la Nouvelle-Écosse, envers Terre-Neuve-et-Labrador et envers la Saskatchewan, des provinces qui commencent tout juste à exploiter leurs ressources naturelles et à profiter des revenus tirés du pétrole et du gaz naturel.
La demande n'avait rien de bien extraordinaire. Elle repose sur une entente conclue pour le bien du pays et pour le bien de ces régions, qui commencent à exploiter leurs ressources et qui ont demandé au gouvernement de pouvoir le faire sans être pénalisées par une formule de péréquation et sans que les revenus soient récupérés par le fédéral au moment où ces régions en ont le plus besoin, demande à laquelle le gouvernement a accédé.
Ces régions ne demandent pas au gouvernement de leur accorder une faveur éternelle, mais plutôt de tenir parole et de maintenir les accords de sorte que les provinces puissent profiter de leurs ressources et enfin mettre un terme aux difficultés économiques et sociales qu'elles connaissent.
Voilà la saga du budget. Il difficile de croire que tout cela a commencé seulement le 19 mars, compte tenu des nombreux rebondissements.
Tous les jours, un nouveau problème a surgi, un nouvel élément est apparu, une nouvelle situation s'est produite et un nouvel argument nous a été servi. Pensons aux accords atlantiques, à l'entente avec la Saskatchewan et aux promesses rompues. Pensons aussi au revirement concernant la déductibilité des intérêts et l'engagement qui avait été pris pour stopper l'évitement fiscal pratiqué par les sociétés. Enfin rappelons-nous que le gouvernement n'a pas respecté son engagement envers les Autochtones et qu'il n'a pas réagi à une situation très explosive.
Le gouvernement n'a pas agi, il n'a fait qu'empirer les problèmes et aggravé la situation.
Nous implorons pour la dernière fois le gouvernement de retomber sur terre dans plusieurs dossiers. Nous ne pensons pas que nous nous entendrons à tous les points de vue, mais nous demandons au gouvernement de régler des questions très importantes et d'apporter des changements considérables dans le budget.
Le problème fondamental du budget conservateur, c'est qu'il ne donne pas l'heure juste aux Canadiens, comme les budgets du gouvernement libéral précédent. Par conséquent, des décisions ont été prises sans qu'il y ait une pleine participation démocratique. Certaines décisions retarderont de plusieurs années le développement humain au pays.
Certaines décisions empêcheront le gouvernement conservateur d'intervenir en cas de crise humaine. Aujourd'hui, nous entendons parler de crises imminentes, certaines se dessinent sous nous yeux. Les nouvelles que nous recevons de la Colombie-Britannique au sujet des inondations dans Skeena--Bulkley Valley sont déconcertantes.
Certains d'entre nous se souviendront de l'inondation du siècle au Manitoba. Nous nous souvenons comment le gouvernement libéral nous a laissé tomber alors que nous avions besoin d'aide. Je me souviens que l'ex-premier ministre Jean Chrétien est venu dans ma circonscription jeter un sac de sable avant de poursuivre sa campagne électorale, malgré les cris à l'aide des Manitobains.
Les gens s'en sont sortis. Ils ont persévéré. Avec l'aide de bénévoles d'un peu partout au Canada et des forces armées et grâce à l'engagement des administrations locales et provinciales, les citoyens de Winnipeg ont évité une situation qui aurait eu des conséquences catastrophiques.
En sera-t-il de même pour la Colombie-Britannique aujourd'hui? Le gouvernement a-t-il la souplesse, la clairvoyance et la compassion nécessaires pour effectivement intervenir dans cette situation difficile? Au moment même où nous parlons, des artéfacts sont évacués du village historique de Ksan. Dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique et jusque dans la vallée du Fraser, des centaines de familles attendent un avis d'évacuation à cause des inondations.
La situation exige une intervention fédérale rapide. Le gouvernement s'est-il manifesté? A-t-on entendu parler de quelque chose? Le gouvernement a-t-il pris de mesures pour aider les personnes évacuées ou pour prévenir la perte de précieux artéfacts qui font partie de l'histoire des Premières nations du Canada? Cette situation est-elle prioritaire aux yeux du gouvernement? Voilà la grande question qu'on se pose aujourd'hui.
Au moment où nous nous penchons sur le budget et où nous examinons les besoins du Canada par rapport aux moyens dont l'État dispose, nous pouvons certainement nous attendre à ce que le gouvernement annonce immédiatement un plan d'action pour faire face à cette situation. Or, jusqu'ici, nous n'avons rien entendu à ce sujet.
Je soulève une autre question. Cette semaine, nous avons entendu dire que des caissiers de la Banque CIBC sont forcés d'intenter des poursuites pour obtenir le paiement d'heures supplémentaires pour lesquelles ils n'ont jamais été rémunérés. Cela se produit alors que les grandes banques enregistrent des profits records et que les ententes d'indemnisation, les primes et les salaires des PDG des cinq grandes banques canadiennes n'ont jamais été si exorbitants, mais que la vaste majorité des travailleurs de ces institutions financières sont exploités et qu'on ne leur paie pas le salaire auquel ils ont droit.
Nous parlons du budget.
Je comprends que mon collègue de Burlington demande si cela figure dans le budget.
Qu'est-ce que cela peut avoir à faire avec le budget?
Mme Judy Wasylycia-Leis: Grand Dieu, évidemment que c'est dans le budget.
Un budget doit faire en sorte que tous les citoyens d'un pays soient rémunérés en fonction de leur valeur et qu'ils aient la possibilité d'occuper des emplois valorisants et intéressants. Un budget doit soutenir les familles et faire en sorte qu'elles soient des éléments productifs de notre société. C'est à cela que doit servir un budget.
Un budget ne doit pas servir à donner une plus grande liberté aux banques afin qu'elles puissent accroître leurs profits. Un budget n'a pas pour but de réduire l'influence du gouvernement afin que le libre marché prenne le contrôle de tous les aspects de notre société sans tenir compte de la condition humaine. Un budget doit établir un équilibre entre les besoins de la population et la protection de l'environnement et de la Terre, pour l'avenir et pour les générations futures.
Voilà ce que devrait être un budget. À cet égard, pour tout ce qui touche le budget, le gouvernement a échoué. Il n'a pas réussi à définir une stratégie à long terme pour mettre un frein aux prises de contrôle d'entreprises dans le pays. Il n'a pas réussi à éviter l'épidémie de pertes d'emplois dans le secteur manufacturier.
Il n'a pas réussi à réagir face à l'augmentation de la valeur du dollar, qui est maintenant presque à égalité avec celle du dollar américain, ce qui engendre de graves problèmes dans de nombreuses régions du pays. Pourtant le gouvernement et le se contentent de croiser les bras et de laisser le gouverneur de la Banque du Canada prétendre que tout va bien, qu'il suffirait simplement d'augmenter les taux d'intérêts et de surveiller l'inflation de près, sans égard aux conséquences humaines. Il croise les bras et ne fait absolument rien. Le gouvernement, le et les députés des banquettes ministérielles restent muets comme des carpes au sujet de l'impact de la hausse de la valeur du dollar sur notre économie.
Je n'ai pas l'intention de faire croire qu'il y a des solutions simples. Ce n'est pas le cas. Par contre, il est possible de trouver des solutions grâce à un budget. En effet, un budget doit fournir les ressources nécessaires pour faire contrepoids aux facteurs économiques qui échappent à notre contrôle. Un budget permet d'investir de façon stratégique dans l'économie, de façon à ce que certains de nos secteurs stratégiques soient prêts, spécialisés et capables de créer des produits, de générer des emplois et d'alimenter le commerce.
Ce budget ne fait rien de tout cela. Il traite à peine de tout ce grand domaine de l'emploi, de l'économie, de la formation, de l'éducation, du travail et des garderies. Dans ce budget, on a essentiellement décidé de rassembler tous les montants excédentaires et de faire ce que les libéraux ont fait durant 13 ans, à savoir formuler un budget minimal, sans dire aux Canadiens quelles sont les sommes dont ils disposent et tout appliquer à la réduction de la dette.
Qu'est-ce qui ressort de ce budget des conservateurs? Si on fait l'addition de ce budget et de celui de l'an dernier, 22 milliards de dollars ont été affectés à la dette même si, tout considéré, nous n'allons pas réduire beaucoup plus le ratio dette-PIB que si nous avions investi ces montants dans des domaines qui ont rapport à des enjeux importants sur les plans économique et social, qui sont également des moteurs de croissance économique.
Ce budget n'a rien à voir avec la prudence budgétaire. Il est mal inspiré. Il constitue une occasion perdue. Je rappelle à nouveau aux députés qu'ils ne régleraient jamais leur hypothèque en sachant que leur toit coule. En effet, si le toit continue à couler, la maison aura beau être entièrement payée, elle sera détruite. Il n'en restera rien.
Il en va de même pour un pays, pour une famille, un quartier et une collectivité. Si nous enlevons aux gens leur moyen de subsistance, si nous leur enlevons le nécessaire pour qu'ils s'occupent des leurs, participent aux activités communautaires, fassent profiter leur entourage de leurs compétences, si on les empêche de mettre à contribution leurs capacités dans des emplois rémunérateurs, alors il ne restera plus de pays. Le gouvernement peut-il comprendre de quoi nous voulons parler?
Le gouvernement devrait utiliser une partie de cet argent pour rembourser ce qu'il doit aux Premières nations, aux Métis, aux Inuits et commencer à régler les écarts historiques qu'on peut attribuer aux gouvernements qui se sont succédé. Si nous commencions à investir dans des programmes permettant aux Autochtones de devenir des participants à part entière de notre société, nous aurions déjà fait beaucoup de chemin.
Serions-nous aujourd'hui devant une situation qui risque d'exploser si le budget avait proposé une seule chose en réponse aux besoins des peuples autochtones? Ce budget ne fait rien du tout pour remédier au déséquilibre et aux insuffisances historiques causés par les gouvernements précédents, notamment les derniers gouvernements libéraux.
Serions-nous ici aujourd'hui si une seule partie de ces 22 milliards de dollars servait à remédier aux conditions tiers-mondistes dans les réserves? On retrouve des moisissures, des champignons et des contaminants dans les maisons. Des routes ont été emportées par les eaux et le prix des aliments monte en flèche. Des gens vivent dans des conditions de décrépitude.
Nous heurterions-nous encore à une situation potentiellement violente et explosive? Bien sûr que non. Les gens réagissent aux conditions de leur milieu. Lorsque le monde ferme les yeux sur les conditions de toute une collectivité, refuse de réparer une injustice historique et ne prend aucune mesure pour favoriser l'espoir, cela ouvre la porte à des bouleversements dans la société.
Le Comité des Finances a examiné la question. M. Jock, de l'Assemblée des Premières Nations, a comparu devant le comité. Nous lui avons demandé ce qu'il fallait faire étant donné que le gouvernement fédéral n'a rien investi dans les programmes pour les Autochtones et que les collectivités sont en émoi. Nous lui avons demandé ce qu'il fallait faire pour remplir nos responsabilités comme pays. Il a répondu: « Donnez-nous seulement de l'espoir. » Il ne demande pas la lune. Il demande que nous leur donnions de l'espoir à transmettre aux collectivités pour que celles-ci puissent se rebâtir.
Et si le gouvernement avait investi une partie de ces 22 milliards de dollars dans d'autres places en garderie? Une mère qui doit travailler ne se démènerait pas pour déterminer comment s'occuper de son enfant tout en gagnant de l'argent pour rester en vie. Le gouvernement met cette famille en danger.
Le gouvernement veut-il payer maintenant ou plus tard? Personne ne dit qu'il faut dépenser tout l'argent. Nous suggérons d'en appliquer une partie sur la dette, d'en investir dans des programmes dont le financement a été réduit par les libéraux et d'en injecter dans des domaines stratégiques qui permettront à l'économie de croître, comme le déficit en matière d'infrastructure.
Il y a ce remboursement d'impôt garanti idiot qui donnera aux Canadiens quelques dollars mais qui n'assurera pas vraiment leur survie économique. Toutefois, en mettant ces dollars ensemble, nous favoriserions la croissance de l'économie et nous réglerions le déficit en matière d'infrastructure. Il y a tant de choses que nous pouvons faire. Le gouvernement a échoué lamentablement.