propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
—Monsieur le Président, c'est pour moi un plaisir de prendre la parole pour exprimer mon appui ferme envers le projet de loi , sur les taux d'intérêt criminels.
L'objectif fondamental du projet de loi est la protection des Canadiens. Cette mesure permettra de réglementer une industrie qui, que ce soit une bonne chose ou non, occupe aujourd'hui une place importante dans les villes et villages du Canada.
En environ 12 ans, l'industrie des prêts sur salaire a connu une expansion rapide au Canada. On estime aujourd'hui qu'elle offre tous les ans des prêts à court terme à environ deux millions de personnes au Canada. Au total, les prêts qu'elle accorde tous les ans s'élèvent à 1,7 milliard de dollars. Je suis heureux d'avoir présenté ce projet de loi le 6 octobre 2006 puisque j'estime qu'il permettra de mieux protéger les Canadiens.
Avant d’aborder la teneur du projet de loi , permettez-moi de souligner que ces modifications font suite à un effort de collaboration entre les gouvernements territoriaux, provinciaux et fédéral. À cet égard, je voudrais remercier mon collègue, le , parce que ce sont les pourparlers entre les ministres fédéral et provinciaux responsables du dossier de la consommation qui ont aidé à garantir que les modifications proposées répondent aux besoins des instances provinciales qui décident de réglementer l’industrie.
Il est important de situer ce projet de loi dans son contexte. Ainsi, nous pourrons tous mieux apprécier sa signification et les effets considérables qu’il aura en pratique pour que les Canadiens qui utilisent couramment les services de l’industrie des prêts sur salaire soient mieux protégés contre les pratiques commerciales douteuses.
Comme je viens de le dire, l’industrie des prêts sur salaire est relativement nouvelle au Canada. N’empêche que cette industrie fait maintenant partie du paysage partout au Canada, étant présente dans les rues de nos collectivités. D’ailleurs, seulement à quelques coins de rue d’ici, peu importe la direction, que ce soit vers l’est sur la rue Rideau ou vers le sud sur la rue Bank, on trouve facilement des comptoirs de prêts sur salaire. C’est la même chose dans des collectivités partout au Canada.
L’industrie des prêts sur salaire serait apparue au Canada autour de 1994. Après s’être établie dans les provinces de l’Ouest, elle s’est répandue d’ouest en est dans tout le pays. Que ce soit à Prince Albert, en Saskatchewan, à Pembroke, en Ontario, ou à Charlottetown, dans l’Île-du-Prince-Édouard, l’industrie des prêts sur salaire est présente. En fait, cette l’industrie fonctionne dans toutes les provinces et les territoires du Canada, à l’exception du Québec. Si elle n’est pas présente au Québec, c’est que la province a décidé de ne pas délivrer de licence aux entreprises qui exigeraient des intérêts annuels supérieurs à 35 p. 100. Cette décision a donc empêché l’industrie des prêts sur salaire de s’établir dans la province.
Malgré son absence du Québec, l’industrie compterait environ 1 350 comptoirs au Canada. Il est donc clair qu’elle est bien implantée. Il est également clair qu’il est temps de réglementer efficacement cette industrie à croissance rapide.
Nous croyons qu’il est important de voir à ce que les Canadiens qui utilisent ces services de prêts, en particulier ceux qui sont les plus vulnérables, soient protégés comme il faut contre les pratiques commerciales abusives. C’est l’objet des modifications contenues dans le projet de loi .
Il est important d’expliquer clairement ce qu’on entend par prêt sur salaire et par industrie des prêts sur salaire. Dans les faits, le prêt sur salaire, c’est essentiellement un prêt à court terme d’un petit montant. Il s’agit généralement de prêts de l’ordre de 300 $ pour une dizaine de jours. Les gens qui utilisent les services de l’industrie des prêts sur salaire le font pour diverses raisons. Certains le font pour des raisons pratiques, d’autres par nécessité.
Jusqu’à maintenant, ces prêts sont consentis par des prêteurs de rechange au Canada. Pour ce service, le prêteur de rechange exige habituellement des frais d’administration et de traitement ainsi que des intérêts sur le montant du prêt.
Il est généralement fort simple de se rendre admissible à l’obtention de tels prêts. L’emprunteur doit d’abord prouver qu’il a un revenu stable. Bien entendu, il peut satisfaire à cette condition en prouvant qu’il occupe un emploi, bien qu’il ne soit pas toujours nécessaire qu’il en occupe un. D’autres sources de revenu peuvent suffire à le rendre admissible dans certaines circonstances, par exemple s’il touche un revenu de retraite. L’emprunteur doit avoir un compte bancaire et fournir au prêteur un chèque postdaté ou une autorisation de prélèvement automatique au montant du prêt plus les frais et les intérêts afférents. Le remboursement du prêt est souvent exigible à la date du prochain jour de paie de l’emprunteur.
C’est donc dire qu’à certains égards, les modalités relatives à une demande de prêt sur salaire et à son remboursement s’apparentent généralement à celles d’autres types de prêt à la consommation. Alors que le service fourni est d’une nature semblable à celle d’autres instruments de prêt, la forme spécifique que prend le prêt sur salaire est fort différente.
Depuis maintenant un bon moment, l’industrie du prêt sur salaire suscite de sérieuses préoccupations. Tout particulièrement, ces préoccupations ont trait au coût très élevé de l’emprunt, leur taux, dans certains cas, pouvant atteindre des milliers pour cent sur une base annuelle. D’autres inquiétudes concernent la divulgation insuffisante des conditions du contrat, les pratiques de recouvrement agressives et injustes et le fait que le montant de ces prêts peut rapidement augmenter démesurément lorsque ceux ci sont reconduits.
Compte tenu de ces craintes vraiment fondées, nous considérons qu’il est temps de réagir.
Notre gouvernement s’est engagé à améliorer la vie des familles canadiennes. Le projet de loi va dans le sens de cet engagement. Il propose qu’on modifie le Code criminel pour permettre aux provinces et territoires de réglementer l’industrie du prêt sur salaire. À l’heure actuelle, l’article 347 du Code criminel rend coupable d’une infraction criminelle quiconque conclut une convention ou une entente pour percevoir des intérêts à un taux annuel supérieur à 60 p. 100. En réalité, ces pratiques constituent un délit du fait qu’elles comportent la perception d’intérêts à un taux criminel.
L’article 347 a été ajouté à notre Code criminel en 1980. Le motif principal justifiant l’inclusion de cette disposition était la nécessité de s’attaquer à la pratique du prêt usuraire et au rôle de cette activité souvent liée au crime organisé. Cet objectif était et demeure louable. Le crime organisé représente une menace réelle pour la sécurité et la sûreté de nos collectivités. C’était le cas en 1980 et ce l’est encore aujourd’hui.
Notre gouvernement continue à prendre des mesures pour mieux répondre aux menaces que le crime organisé fait peser sur nos citoyens et nos collectivités. Il entend notamment adopter des réformes législatives majeures pour contrer les crimes commis à l’aide d’armes à feu et il s’est engagé à consacrer 200 millions de dollars au renforcement de la capacité de la GRC de combattre le crime organisé. Nous allons continuer à intervenir de plus en plus résolument sur ce front pour faire en sorte que les Canadiens se sentent davantage en sécurité dans nos rues et nos localités.
L'article 347 visait peut-être le crime organisé, mais, en pratique, la disposition a été interprétée comme s'appliquant à la plupart des prêts au Canada, notamment le prêt sur salaire. En dépit de cela, il est important de signaler que l'article 347 n'est pas un outil de protection des consommateurs.
Les modifications que propose le projet de loi permettraient aux provinces et aux territoires de créer les outils dont ils ont besoin pour réglementer l'industrie du prêt sur salaire. Essentiellement, les modifications prévoient une exemption aux dispositions de l'article 347 du Code criminel pour les sociétés de prêt sur salaire, dans des cas très précis et très limités. Cette exemption est prévue à l'article 347.1 que le projet de loi propose d'ajouter au Code criminel.
Comment fonctionnerait cette exemption en pratique? Je suis content que vous ayez posé cette question, monsieur le Président. Premièrement, les modifications proposées définissent le prêt sur salaire aux fins de l'exemption. Voici cette définition:
Opération par laquelle une somme d’argent est prêtée en échange d’un chèque postdaté, d’une autorisation de prélèvement automatique ou de paiement futur de même nature et à l’égard de laquelle ne sont fournis aucun cautionnement ni autre sûreté sur des biens ou autorisation pour découvert de compte; sont toutefois exclus les prêts sur gage ou sur marge, les lignes de crédit et les cartes de crédit.
Cette définition peut sembler complexe, mais c'est un élément extrêmement important des modifications proposées. Les lois et les systèmes judiciaires ont pour objet d'assurer un certain degré de précision, en définissant clairement les limites du comportement qu'ils sont censés réglementer.
En définissant le prêt sur salaire d'une manière aussi précise, nous nous assurons que l'exemption n'englobe pas d'autres types de conventions de prêts qui relèvent de considérations très différentes en matière de politiques. Les modifications proposées sont très ciblées.
Nous avons entendu les préoccupations exprimées par nos collègues des provinces et des territoires relativement à la réglementation de l'industrie du prêt sur salaire. Par le projet de loi , nous leur démontrons notre engagement à collaborer avec eux pour que les consommateurs canadiens bénéficient de mesures de protection accrues.
Les modifications proposées précisent davantage quelles conventions de prêt sur salaire seront exemptées en énonçant deux critères additionnels. Premièrement, le montant du prêt ne doit pas dépasser 1 500 $. Deuxièmement, la durée du prêt ne doit pas dépasser 62 jours. Ce sont des critères mesurés et réfléchis qui reflètent les caractéristiques habituelles des conventions de prêt sur salaire, à savoir une courte durée et un montant relativement modeste.
Par ailleurs, le projet de loi énonce certaines conditions qui doivent être remplies par les prêteurs qui veulent se soustraire à l'application de l'article 347 du Code criminel. Premièrement, le prêteur qui offre des conventions de prêt sur salaire doit être titulaire d'une licence ou d'une autre forme d'autorisation délivrée par la province ou le territoire où il exerce cette activité. Cette condition présuppose l'existence d'un régime de protection des consommateurs dans la province ou le territoire en question. Pour que l'exemption s'applique, le régime de protection de la province ou du territoire devrait fixer un plafond au coût total des prêts sur salaire.
La province ou le territoire qui déciderait d'adopter des mesures de protection des consommateurs pour réglementer son industrie du prêt sur salaire devrait solliciter une désignation auprès du gouverneur en conseil afin de pouvoir bénéficier de l'exemption relative à l'article 347.
En termes concrets, cela signifie que la province ou le territoire qui veut bénéficier de l'exemption relative à l'article 347 devrait écrire au ministre fédéral de la Justice pour demander une désignation. Dans sa demande, la province devrait prouver qu'elle remplit les conditions énoncées dans le projet de loi, à savoir qu'elle a adopté des mesures législatives qui protègent les bénéficiaires de prêt sur salaire et qui fixent un plafond au coût total des prêts.
En supposant que ce soit le cas, sur la recommandation du , le demanderait alors au gouverneur en conseil d’accorder ou de ne pas accorder l’exemption. La province peut demander en tout temps, par l’entremise de son lieutenant-gouverneur en conseil, que la désignation soit révoquée. Le gouverneur en conseil peut également révoquer la désignation si la loi qui établit le régime de protection des consommateurs mis sur pied par la province n’est plus en vigueur.
C’est une solution intelligente et efficace pour répondre à un besoin pressant. Le projet de loi facilite l’établissement d’un régime de protection des consommateurs dans un domaine qui était peu réglementé jusqu’ici. Ce faisant, les modifications à la loi reconnaissent l'autorité constitutionnelle que les provinces et les territoires possèdent sur les pratiques commerciales du fait de leur compétence en matière de droits de propriété et de droit civil. Ces modifications reconnaissent que les provinces et les territoires sont les niveaux de gouvernement les mieux placés pour mettre en oeuvre un régime de protection des consommateurs qui réponde aux besoins et aux circonstances qui peuvent exister dans les différentes régions du pays.
Je mentionnerais en passant que les modifications proposées ne s’appliqueraient pas aux institutions financières réglementées par le gouvernement fédéral, telles que les banques. Les banques et les autres institutions financières du Canada sont déjà assujetties à la législation fédérale. Ces modifications visent expressément une industrie qui n’est pas réglementée pour le moment. Nous savons que les gouvernements des provinces et des territoires appuient ces changements au Code criminel. Un bon nombre d’entre eux estiment en effet que l’application de l’article 347 les a empêchés d’agir pour réglementer efficacement le secteur des prêts sur salaire.
Ces modifications répondraient aux préoccupations des provinces. Par exemple, dans ma province, le gouvernement a déjà déposé un projet de loi pour réglementer le secteur des prêts sur salaire. D’autres provinces ont manifesté le désir d’en faire autant. Dans les provinces qui décideront de ne pas réglementer ce secteur, le Code criminel continuera de s’appliquer.
Certains diront que l’industrie des prêts sur salaire n’a pas sa place dans la société canadienne. Ils feront valoir que cette industrie exploite la situation de Canadiens déjà vulnérables et qu’en facilitant sa réglementation, on ne fait qu’exacerber les difficultés de ces personnes.
Toutefois, le fait est que le secteur des prêts sur salaire fait partie de notre société et qu’il est en expansion. Nous devons donc prendre les mesures nécessaires pour le réglementer. Ainsi, les consommateurs canadiens seront mieux protégés contre les pratiques commerciales douteuses.
Les modifications que prévoit le projet de loi fournissent aux provinces et aux territoires les outils dont ils ont besoin pour faire face à ce problème en tenant compte des réalités qui sont les leurs. Je suis convaincu que c’est une façon raisonnable d’aborder un problème pressant et j’exhorte donc les députés des deux côtés de la Chambre à appuyer cette mesure.
:
Monsieur le Président, avant que le se présente au comité, je veux qu'il sache que mon parti sera très heureux d'appuyer ce projet de loi, notamment parce que, quand nous formions le gouvernement, nous avons amorcé des consultations en 2000 concernant ce genre de mesure législative. En fait, nous étions sur le point de présenter un projet de loi quand le gouvernement a été défait, l'an dernier.
C'est avec de bonnes et de vastes consultations qu'on crée une bonne mesure législative. C'est une leçon qu'on peut apprendre. Si l'on fait de vastes consultations, pas seulement au sein du ministère concerné mais auprès des différents intéressés et des personnes touchées, on arrive à rédiger un projet de loi qui peut être adopté rapidement à la Chambre.
C'est important et il faut s'en souvenir. Les projets de loi bien définis et fondés sur des consultations approfondies permettent d'utiliser efficacement le temps du Parlement.
Je vais mettre les choses dans leur contexte. L'industrie des prêts sur salaire, nous venons de l'entendre, est en pleine croissance dans notre pays. Dans les dix dernières années, on estime que plus de 1 300 comptoirs de prêts sur salaire ont ouvert. Chaque année, près de 2 millions de Canadiens ont recours à leurs services d'une manière ou d'une autre.
Malheureusement, au cours de cette croissance, un petit nombre de personnes ont adopté des pratiques très coûteuses pour les gens qui avaient besoin de ces services. En fait, ce qu'elles ont créé aurait enfreint l'article 347 du Code criminel, qui concerne les taux d'intérêt criminels.
Au fil du dialogue entre le ministère de la Justice, le ministère de l'Industrie et le ministère des Finances, les gens ont fini par comprendre que l'article 347 visait les prêts usuraires propres aux organisations criminelles.
L’Association canadienne des prêteurs sur salaire et d'autres groupes de ce domaine essaient d'appliquer un code de déontologie. Même si leurs activités ne sont pas encore réglementées, et il est à espérer qu'elles le soient bientôt, dans ces provinces et ces territoires, elles devront se soumettre au régime prévu dans le projet de loi . Il y en a qui s'emploient à fournir leurs services dans le respect de l'éthique. Mais il y en a aussi qui fonctionnent manifestement sans respecter la loi pour gagner beaucoup d'argent aux dépens des gens qui ont désespérément besoin d'argent à court terme.
Comme le ministre l'a souligné, le projet de loi ne porte aucunement sur le secteur financier, dont les services sont régis par la Loi sur les banques, même s'il peut arriver que ces dernières consentent des prêts de moins de 1 500 $. Il est plutôt question des prêteurs sur salaire, qui accordent en général des prêts non garantis sur de très courtes périodes. Comme le ministre l'a dit, il s'agit d'une période de moins de 62 jours et de sommes ne dépassant pas 1 500 $.
Le régime prévu est judicieux, réaliste et viable. Il dispensera les provinces qui seront d'avis qu'il est avantageux pour elles de collaborer avec l'industrie afin d'établir des mécanismes de protection et de réglementation. Ceux qui souhaitent oeuvrer dans ce domaine pourront le faire dans un cadre qui protégera davantage le public. La législation sur la protection des consommateurs relève habituellement des provinces et des territoires plutôt que du Parlement fédéral.
Voilà pourquoi nous devons sortir de ce champ de compétence et prévoir une exemption dans ce projet de loi qui permettra aux provinces d'agir ainsi. Quelques provinces, notamment le Manitoba, la Colombie-Britannique, la Nouvelle-Écosse et l'Alberta, ont indiqué que c'est ce qu'elles voulaient faire. D'autres provinces ne le souhaitent peut-être pas. Le Code criminel s'y appliquera donc, et elles devront le faire respecter.
Il a fallu quelques années pour que le projet de loi soit à point. Nous sommes en mesure, du moins dans mon parti, de dire que nous ne voyons pas d'obstacle, que cela ne force personne à apporter des modifications. En fait, ces nouvelles mesures sont même plus permissives. Cela permet aux différents secteurs de compétence d'intervenir et de présenter des mesures législatives lorsqu'ils sont d'avis que cela est dans l'intérêt supérieur des gens qui relèvent d'eux.
Certaines provinces, notamment le Québec, ont déjà pris d'autres mesures et la loi leur donne cette flexibilité. Tel que souligné, le paragraphe 3 du projet de loi exige la désignation de la province. Le paragraphe 2 porte sur les restrictions monétaires et les délais légaux ainsi que sur les licences et les autorisations délivrées en vertu des lois provinciales. Une entente doit être conclue d'abord et la province peut alors effectuer la désignation dont il est question au paragraphe 3.
Il existe également au paragraphe 4 une disposition prévoyant la révocation à laquelle il ne devrait pas être nécessaire de recourir, mais qui pourrait être invoquée en cas de besoin, ce qui dénote une certaine prévoyance. Je le répète, nous avons établi les intérêts et défini le principe du prêt sur salaire, et les taux d'intérêt criminels sont déjà prévus à l'article 347 qui établit un taux maximum.
C'est une mesure progressive puisqu'elle permet aux autorités compétentes qui le veulent de réglementer l'industrie et d'établir des limites sur les coûts que représentent les emprunts sur salaire pour les consommateurs. Je crois que le discours aurait même été meilleur si le ministre avait reconnu le travail accompli avant l'accession du gouvernement actuel au pouvoir à titre de gouvernement minoritaire. Quoi qu'il en soit, j'ai écouté le discours du ministre de la Justice et je suis d'avis qu'il a couvert de façon acceptable tous les angles qui devaient l'être.
Ceci dit, c'est là une mesure législative qui pourrait franchir rapidement les étapes à la Chambre. Je tiens à répéter que chaque fois que mon parti pourra permettre à une mesure législative que nous voyons d'un bon oeil d'aller de l'avant, nous le ferons, mais dans le cas de mesures préparées à la hâte et sans consultation, nous devrons agir autrement.
Sur ces mots, je terminerai mes brefs commentaires et donnerai la chance aux autres partis d'intervenir dans ce débat.
:
Monsieur le Président, le projet de loi est destiné à réglementer davantage l'industrie des prêts sur salaire, qu'on pourrait aussi appeler avances sur salaire. Au Canada, l'industrie s'est surtout développée à partir des années 1990. Cependant, sa croissance est loin d'être uniforme puisque, relevant de la compétence du Québec et des provinces en matière de commerce local et de droits civils, elle est assujettie aux règles des contrats de la protection des consommateurs de chacune des juridictions. Ainsi, bien que le gouvernement fédéral estime que cette industrie compterait maintenant plus de 1 300 points de vente, la répartition est inégale et le Québec en compte peu.
Plusieurs des compagnies de prêts sur salaire sont regroupées au sein de l'Association canadienne des prêteurs sur salaire. Celle-ci représente 22 compagnies qui opèrent au total 850 points de vente de services financiers à travers le Canada, mais aucun au Québec.
Qu'est-ce qu'un prêt sur salaire? Pour l'Association canadienne des prêteurs sur salaire, un prêt sur salaire est un prêt à court terme, non garanti, d'une petite somme représentant habituellement quelques centaines de dollars. Le prêt sur salaire moyen correspond à environ 280 $ empruntés sur une période de 10 jours. Nous pouvons constater que le prêt sur salaire est vraiment pour les gagne-petit, ce qui me fait, à ce moment-ci, parler de pauvreté.
Quand, pour réussir à terminer notre mois ou notre semaine, on a besoin d'emprunter à grands frais auprès de cette industrie de prêts sur salaire, c'est qu'on est pauvre au Canada. On sait qu'au Canada, selon les dernières données de Statistique Canada de l'an 2000, on compte actuellement 1,3 million de ménages pauvres de plus qu'il y a 25 ans. Donc, le taux de pauvreté a augmenté parmi la population active, donc parmi ces gens qui sont à petits salaires et qui devront faire affaire avec cette industrie de prêts sur salaire.
La pauvreté augmente parmi la population active. Donc, les familles sont pauvres et les enfants sont pauvres au Canada. L'augmentation la plus alarmante du taux de pauvreté des familles se situait chez les jeunes familles où le chef de famille a entre 25 et 34 ans. On s'aperçoit de plus qu'en 1997, 56 p. 100 des familles dirigées par une mère seule vivaient dans la pauvreté et elles comprenaient 43 p. 100 des enfants pauvres.
Ce dont on s'aperçoit, c'est qu'il y a une pauvreté accrue. On va essayer de la régler en légiférant, ce qui peut être légitime, mais il reste que pendant ce temps-là, ce qu'on voit, c'est que les familles monoparentales, les Autochtones, les personnes handicapées, les membres d'une minorité visible et les personnes peu scolarisées sont les personnes les plus pauvres de notre société. Au même moment, le gouvernement coupe en alphabétisation, dans le logement social, dans la condition féminine, toutes des conditions qui permettent d'aider vraiment la population à régler le coeur du problème. Il me semble qu'on ne peut pas légiférer en ne réglant qu'un aspect de la chose.
Évidemment, le Code criminel ne comportait pas la définition d'un prêt sur salaire. Il reste quand même qu'il est important de pouvoir en arriver à régler des problèmes de pauvreté de façon plus globale et non d'y aller à la pièce avec un projet de loi comme celui-ci. Un prêt sur salaire, selon le gouvernement fédéral, se définit ainsi:
[...] s'entend d'un prêt à court terme d'un montant relativement modeste qui doit être remboursé le prochain jour de paie de l'emprunteur.
Pour l'Agence de la consommation en matière financière du Canada, qui relève du ministère des Finances, on indique qu'il est possible d'emprunter par l'entremise d'un prêt sur salaire. On limite cela à 30 p. 100. Je vois ce montant de 30 p. 100 sur un chèque de paie après les différentes déductions et l'impôt sur le revenu. On dit fréquemment qu'une famille ne devrait pas dépenser plus que 30 p. 100 de son salaire pour se loger. Donc, on a là une situation vraiment très problématique où des prêteurs sur salaire vont demander à leurs clients de leur remettre un chèque postdaté ou une autorisation de retrait pris directement au compte bancaire et vont ajouter à cela des frais fixes qui sont multiples ainsi que des frais d'intérêts.
Cela nous semble être une spirale qui sera difficile à arrêter pour ces familles démunies qui, je le rappelle, sont de plus en plus pauvres. Il est certain que les gens plus à l'aise n'iront pas voir ces agences de prêts. Elles feront plutôt affaire avec leur banquier ou avec leur caisse populaire, comme c'est le cas au Québec.
Au Québec, nous avons la Loi sur la protection du consommateur. Les prêteurs sur salaire ont déjà été nombreux et l'Office de la protection du consommateur a décidé d'intervenir. Par conséquent, les actions conjuguées de la police et de l'Office de la protection du consommateur ont fait que cette industrie est à peu près inexistante sur notre territoire. D'ailleurs, la Loi sur la protection du consommateur contient des obligations strictes pour encadrer toute l'industrie des prêteurs de tous genres.
Ainsi, nous voyons que les positions sur le projet de loi sont très différentes. Le gouvernement du Québec partage les préoccupations du Bloc québécois, parce que nous voyons que, dans ce projet de loi, toute province peut obtenir une dérogation sur autorisation du gouvernement fédéral à certaines conditions.
Nous estimons que le gouvernement fédéral, en assujettissant la dérogation au respect des conditions, empiète carrément sur un champ de compétence du Québec. À preuve, le Québec encadre déjà la pratique de cette industrie, sans avoir à rendre compte au gouvernement fédéral. La limite du taux d'intérêt est d'ailleurs fixée à 35 p. 100 au Québec, ce qui est bien inférieur aux 60 p. 100 du Code criminel. Par ailleurs, le gouvernement fédéral, par sa mesure de désignation, se réserve un droit de veto sur les mesures prises par la province qui fait la demande de la dérogation. Bien que le mécanisme menant à la délivrance de la désignation soit encore nébuleux, il apparaît qu'en dernier ressort, ce sera le qui déterminera s'il accorde ou non la désignation. Un tel veto, dans une compétence relevant pourtant du Québec et des provinces, nous apparaît inapproprié.
Je rappellerai aux collègues de cette Chambre que, pour le Québec, les droits de veto ne sont pas toujours les bienvenus.
Le Bloc québécois s'oppose donc au principe du projet de loi . Cependant, le Bloc québécois estime que le gouvernement fédéral, s'il a le pouvoir d'inscrire au Code criminel un taux maximal d'intérêt à partir duquel il devient illégal de prêter, n'a pas la compétence pour réglementer les pratiques commerciales des industries.
Le gouvernement fédéral n'a pas à décider de l'implantation d'un système de licences ni du mérite de l'encadrement par le Québec et les provinces des pratiques de ce secteur d'activités.
À notre avis, le Québec est libre d'encadrer les pratiques commerciales des entreprises qui relèvent de sa compétence, et le gouvernement fédéral n'a pas à mettre son veto pour que la législation puisse s'appliquer. Malgré le discours d'ouverture et de respect porté en campagne électorale par les conservateurs, force est de constater que le gouvernement Harper poursuit dans la volonté du fédéral d'empiéter dans les champs de compétence du...
:
Monsieur le Président, j'étais heureux d'apprendre que je pourrais participer au débat sur le projet de loi , qui modifie le Code criminel et porte sur les prêts sur salaire. Je sais d'expérience que l'industrie des prêts sur salaire est un fléau dans les quartiers défavorisés de Winnipeg, dans la circonscription que je représente. Je ne connais pas de mots assez forts pour exprimer mon opposition à cette industrie criminelle et abusive. Je pense pouvoir utiliser le mot « criminel » sans insulter qui que ce soit et sans dépasser les bornes.
Ce projet de loi a été présenté parce que le gouvernement sait très bien que tout ce qui s'est passé jusqu'à présent au sein de cette industrie répond à la définition d'activités criminelles.
Par le passé, j'ai mentionné dans mes discours que je représente la circonscription la plus pauvre du Canada. C'est malheureux, mais c'est comme ça. Qu'on se soit basé sur le revenu familial moyen ou l'incidence de la pauvreté pour arriver à cette conclusion, peu importe, Winnipeg-Centre est la circonscription la plus pauvre du pays. Je parierais n'importe quoi qu'on y retrouve la concentration la plus élevée de ces prêteurs sur salaire, qui profitent de la misère des pauvres. Ceux-ci n'existent que pour une seule raison: exploiter les gens à faible revenu, les gens qui n'ont plus aucun recours. Pour ces gens, le jour est une corvée et le soir, c'est le désespoir. Ils sont incapables de subsister jusqu'à la fin de la semaine avec leur maigre revenu, qu'ils touchent un chèque de paye ou un chèque du bien-être social. Leur situation font d'eux les victimes de ces sociétés de prêts sur salaire.
Comme l'a dit ma collègue de , il y a une société de prêts sur salaire à chaque coin de rue. Chaque espace de bureau vacant dans tous les petits centres commerciaux de nos circonscriptions est occupé sur-le-champ par un autre de ces fournisseurs de prêts sur salaire, qu'il s'agisse de Paymax, du Cash Store ou de Money Mart. Tous ces noms à consonance respectable cachent le fait que ces sociétés arnaquent le monde dans des proportions extraordinaires, et ce, en violation totale de l'article 347 du Code criminel. Pour les Canadiens qui ne connaissent pas cet article, il dit clairement qu'il est illégal d'imposer un taux d'intérêt annuel supérieur à 60 p. 100.
Cette disposition est là pour une bonne raison. Certains d’entre nous diront que 60 p. 100 par année c’est trop, que rien ne justifie des taux d’intérêt pareils. Je pense que les taux d’intérêt que je paie sur ma carte Visa sont usuraires, mais c’est légal. Nous trouvons scandaleux que Visa fasse payer 18 p. 100 d’intérêt, mais ceux qui établissent un commerce pour enfreindre délibérément la loi en faisant payer des taux d’intérêt criminels devraient être condamnés au lieu d’être ménagés par le projet de loi. Ce sont des rapaces et des sangsues. C’est une véritable plaie pour les bas quartiers de Winnipeg où ils trompent et exploitent délibérément les pauvres gens.
Voyons quels sont ceux qui se livrent à ce genre d’activités et combien d’argent ils gagnent. Dans quel autre secteur peut-on obtenir un rendement de 1 000 p. 100 sur son investissement? Sur le marché boursier actuel, on pourrait être très content d’obtenir un rendement de 8 p. 100, 10 p. 100 ou 12 p. 100. Dans le bon vieux temps, un placement initial de titres dans le secteur de la haute technologie pouvait parfois rapporter 20 p. 100 d’intérêt par année.
Ces commerces gagnent 1 000 p. 100, 2 000 p. 100, 5 000 p. 100 ou 10 000 p. 100 d’intérêt par année. Une enquête menée par le procureur général du Manitoba a révélé qu’une de ces officines faisait un profit de 10 000 p. 100 si l’on comptait la totalité des surtaxes et frais de service. Aux fins de la loi, tous ces frais équivalaient à un intérêt de 10 000 p. 100.
Ce secteur n’est absolument pas réglementé. Pas étonnant qu’il attire des gens comme la mafia, les Hell's Angels et les groupes terroristes. De quelle autre façon pourraient-ils obtenir autant d’argent?
Ces petites boutiques à l’air innocent que l’on voit surgir dans tous les centres commerciaux du pays saignent à blanc les gens des bas quartiers de Winnipeg-Centre, les affament littéralement et participent à des activités de toute évidence illégales. Non seulement elles font payer des taux d’intérêt usuraires, mais elles font payer les gens pour encaisser des chèques du gouvernement.
De nombreux députés seraient très surpris d’apprendre que personne n’a le droit de faire payer pour encaisser un chèque du gouvernement. Les gens ne connaissent pas leurs droits bancaires et c’est là que le bât blesse.
Nous n’aurions pas ce débat aujourd’hui, ou il n’y aurait pas de telles escroqueries dans nos circonscriptions si les banques jouaient leur rôle en fournissant des services financiers de base aux Canadiens conformément à leur charte. Si les banques n’avaient pas abandonné les bas quartiers de Winnipeg, de Vancouver, de Toronto, de Sault Ste. Marie et de London, si elles ne s'étaient pas retirées de cet aspect embêtant des services financiers dont elles ne veulent plus, les pauvres n’auraient pas besoin de s’adresser à ces escrocs.
Quinze succursales des cinq banques à charte de ma circonscription ont fermé leurs portes depuis que je suis député. Je sais que 13 ou 14 d’entre elles ont quitté la circonscription de , qui est représentée par ma collègue néo-démocrate qui n’est pas ici aujourd’hui. Cela fait près de 30 succursales qui ont ainsi disparu.
Je suis désolé, je ne dois pas mentionner si ma collègue est présente ou absente aujourd’hui. En fait, je fais ce discours au nom de ma collègue, la porte-parole du NPD en matière de finances. Les gens pourront donc tirer leurs propres conclusions quant à savoir si elle est ici ou non.
Le fait est qu'une trentaine de succursales de banques à charte sont parties, entraînant une fuite de capitaux et ne laissant pas de services financiers dans leur sillage. Les gens ignorent que les banques à charte ont des obligations à respecter. Les banques à charte du Canada ont reçu les droits et privilèges exclusifs d'effectuer certaines transactions financières très lucratives, comme les relevés de cartes de crédit, l'encaissement des chèques, etc., en échange de la prestation de services de base aux Canadiens, même si, quelquefois, il n'est pas extrêmement rentable de consentir une petite hypothèque à une petite famille du centre-ville de Winnipeg, même lorsqu'il n'est pas très rentable de permettre à des gens d'ouvrir des comptes bancaires pour encaisser des chèques, même s'ils n'ont que 100 $.
Les banques ont une obligation et un devoir à remplir. Si les banques à charte ne sont pas disposées à respecter leur partie du contrat, nous devrions déchirer leur charte et ouvrir l'industrie aux banques étrangères pour voir ce qu'elles en penseront. C'est ce qu'on a fait dans d'autres pays lorsque les banques à charte sont devenues trop arrogantes. Nous n'aurions pas ce problème dans les quartiers défavorisés de Winnipeg et dans d'autres grandes villes canadiennes si les banques faisaient leur travail en offrant les services financiers de base.
Ainsi, les gens que je connais, les gagne-petit des quartiers défavorisés de Winnipeg, n'ont pas d'autre solution ni d'autre endroit où encaisser leurs chèques. Ils exhibent fièrement leur carte Money Mart, qui les expose plutôt au vol, mais qui constitue pour eux une de leurs principales pièces d'identité. J'ai déjà dit que l'infamie portait de multiples masques et que le masque de la vertu était le plus dangereux.
Ces bureaux Money Mart tentent de faire croire qu'ils offrent un service nécessaire. Ils ouvrent des succursales bien éclairées et conviviales, ils sont courtois envers les gagne-petit qui y pénètrent et ils leur remettent des cartes qui ont l'air importantes, qui ne sont même pas des cartes de crédit, mais uniquement des cartes d'identité pour les bureaux Money Mart. Les gens les portent sur eux avec une certaine fierté parce que les banques refusent de les recevoir, sans compter qu'on ne trouve des banques nulle part près de chez eux. Les gens n'ont pas de comptes bancaires, mais ils ont des cartes Money Mart.
Je n'ai jamais réussi à calculer combien d'argent ces voleurs réussissent à extirper de ma circonscription chaque mois. Je vais les appeler des voleurs du moins tant que le Code criminel n'aura pas été modifié pour permettre des taux d'intérêts supérieurs à 60 p. 100. Ces gens participent à une activité illégale et nous leur facilitons la tâche avec ce projet de loi. Au lieu de régler le problème, le projet de loi reconnaît notre impuissance à mettre un terme à ce phénomène incontrôlable et propose donc de modifier la loi pour le légaliser.
Tout au moins nous cédons la compétence aux provinces en espérant qu'elles pourront légiférer pour exercer un contrôle sur la situation et en limiter l'ampleur puisqu'il s'agit d'un problème de grande envergure. Les entreprises du genre sortent de nulle part à tous les coins de rue, comme des champignons vénéneux si vous me permettez l'analogie, car leur voracité donne lieu à une misère humaine incommensurable dans les rues sordides du centre-ville de Winnipeg.
Puisqu'ils n'arrivent pas à joindre les deux bouts avec leur pauvre chèque de paie et sont obligés de contracter un prêt sur salaire, il est évident que ces gens vivent une crise financière. Ce ne sont pas ces gens bien mis de la classe moyenne qu'on voit dans les annonces à la télévision, qui débarquent chez Money Mart parce qu'ils sont à court de 100 $ ce mois-ci.
Ces commerces sont structurés de telle sorte qu'ils viennent compliquer les problèmes des gens. Le premier prêt n'est que la main dans l'engrenage. En effet, dès la première journée de retard, on s'empresse d'offrir à l'emprunteur un prêt à taux révisables, encore plus élevés, qui comporte des frais de service supplémentaires. Ces entreprises prennent les gens dans leurs crochets et révisent les taux jusqu'à ce que l'emprunteur soit irrémédiablement endetté.
Et voici une autre de leurs pratiques. Elles demandent souvent aux gens de signer une autorisation permettant de saisir leur salaire futur, sans même passer par les tribunaux. Il arrive parfois, lorsqu'une personne doit beaucoup d'argent, que certaines entreprises demandent au tribunal de saisir son salaire. Dans le cas des entreprises de prêt sur salaire, cependant, l'acceptation de la saisie est imposée dès le départ.
Ces entreprises obligent les gens à mettre en gage leurs biens, s'ils en ont, même pour quelques centaines de dollars, ce qui semble ridicule, sauf qu'elles savent fort bien à quelle vitesse un prêt de 200 $ peut déraper, et qu'il arrive un moment où la valeur de la maison mise en gage ne semble plus si disproportionnée par rapport à un prêt initial de 200 $. Il arrive souvent que qu'une voiture ou un bateau soit offert en garantie personnelle. Parfois, les gens doivent renoncer par écrit à toute forme d'arbitrage ou aux services d'un directeur de crédit.
Ces entreprises n'ont pas seulement trouvé le moyen de réclamer 1 000 ou 2 000 p. 100 d'intérêt, mais elles ont aussi découvert comment faire obstacle aux droits ordinaires dont les gens peuvent se prévaloir pour s'en sortir s'ils ont des difficultés de crédit. Autrement dit, ces entreprises possèdent les gens. Les prêts usuraires semblent bien inoffensifs en comparaison avec les prêts sur salaire. Je regrette l'époque où c'était simplement Luigi le casseur de jambes qui s'occupait de pareille situation. Ces prêteurs sont nettement plus sinistres, plus organisés, plus corrompus et plus criminels. Nous préférerions probablement le traitement que réservaient autrefois les casseurs de jambes aux gens qui avaient emprunté de l'argent à la salle de billards à l'emprise qu'ont ces prêteurs sur salaire.
Leur façon de procéder est criminelle. C'est du crime organisé. Ces prêteurs possèdent des chaînes qui enfreignent systématiquement la loi; leurs activités correspondent parfaitement à la définition qu'on donne du crime organisé. Malheureusement, la réaction du gouvernement est de leur faciliter la vie et d'adopter des mesures législatives pour leur permettre de réclamer plus de 60 p. 100 d'intérêt par année. Il ne dit pas qu'elles peuvent réclamer 2 000 p. 100 ou 10 000 p. 100 d'intérêt par année, comme dans le pire cas que nous avons vu, mais le fait de les aider de quelque façon que ce soit est absolument révoltant pour la plupart des Canadiens honnêtes.
Nous devrions être furieux. Les Canadiens devraient être révoltés de voir que la meilleure idée que le gouvernement a eue à l'égard de cette activité criminelle organisée à grande échelle est d'aider ses auteurs alors qu'il aurait dû demander aux institutions financières canadiennes d'examiner la cause profonde du problème, soit l'abandon par les banques à charte.
Les banques à charte ont fermé boutique et sont parties, non parce que les succursales des centres-villes n'étaient pas rentables, mais parce qu'elles ne l'étaient pas assez. Comme les succursales de banlieue rapportaient davantage, les banques les ont agrandies et ont dit à leurs clients de la ville de prendre l'autobus pour s'y rendre. Dans ma circonscription seulement, 15 succursales ont été fermées dans le centre-ville de Winnipeg.
C'est un abandon. Ça prouve qu'elles n'ont pas confiance. Je n'y verrais aucun inconvénient s'il s'agissait d'entreprises indépendantes, car elles auraient le droit de plier bagage à leur gré. Or, ce sont des banques à charte, qui existent et jouissent de leur monopole grâce au bon vouloir de la Chambre des communes et du gouvernement du Canada. Est-ce que quelqu'un a essayé, au cours des dernières années, de rappeler aux institutions financières qu'elles ont une responsabilité? Elles engrangent des profits mirobolants trimestre après trimestre. Elles ne comptent même plus leur argent. Elles sont comme l'oncle Picsou, assises sur des montagnes de fric et inconscientes de leur chance. Pourtant, elles négligent leurs devoirs et laissent les gens que je représente à la merci des rapaces comme les prêteurs sur salaire.
L'industrie des prêts sur salaire a même une association. C'est comme cela qu'elle tente de se légitimer. Quelqu'un veut deviner qui est le directeur exécutif de l'Association canadienne des prêteurs sur salaire?
Une voix: Ce n'est pas un néo-démocrate, quand même?
M. Pat Martin: Non, ce n'est pas un néo-démocrate. C'est un ancien ministre libéral de Hamilton, si je me souviens bien, du nom de Stan Keyes. M. Keyes a jugé bon de représenter ces gens-là. Je ne comprends pas comment il a pu se convaincre que c'est une bonne chose. Même sa femme l'a engueulé. J'ai lu dans un article que lorsqu'il a dit à sa femme qu'il pensait sérieusement à accepter le poste de directeur de l'Association canadienne des prêteurs sur salaire, elle lui a demandé s'il voulait vraiment faire cela. Elle voulait savoir pourquoi il voulait mettre en jeu sa réputation d'homme intègre et respectable en travaillant pour ces escrocs.
S'il cherche à se réinventer après 20 ans de vie politique, il a choisi une bien drôle de façon. Il travaille pour l'organisation la plus méprisable, la plus immorale et la plus dénuée d'éthique du pays.
Une voix: Le Parti libéral du Canada.
M. Pat Martin: Non, pas le Parti libéral du Canada. Il a quitté le Parti libéral du Canada pour diriger l'Association canadienne des prêteurs sur salaire. Je ne sais pas s'il y a un lien, mais cela pourrait peut-être expliquer pourquoi malgré toutes les plaintes déposées au fil des ans auprès du gouvernement libéral au sujet de ces entités sans scrupules qui se moquent de la loi et qui exploitent les gens que je représente, le gouvernement libéral n'a absolument rien fait.
Je me suis adressé directement aux ministres responsables de l'industrie sur cette question pour tenter d'obtenir satisfaction. En fait, j'ai coincé une ministre au Manitoba alors qu'elle visitait ma province. Il y avait notre ministre de la Consommation et des Affaires commerciales et la ministre fédérale de l'Industrie. Je leur ai dit qu'il y avait urgence, qu'il y avait une crise et qu'il fallait prendre des mesures. Cela s'est produit en 2002 ou en 2003, et rien n'a été fait.
La province du Manitoba a essayé d'adopter sa propre loi pour arrêter ces individus, mais cela n'est pas de son ressort. C'est un secteur de compétence fédérale. Le gouvernement fédéral reconnaît maintenant au moins l'ampleur du problème et il a présenté un projet de loi qui, espérons-le, amènera une certaine satisfaction aux gens que je représente, même s'il incombera à chaque province de déterminer la fermeté dont elle fera preuve.
L'industrie des prêts sur salaire échappe actuellement à tout contrôle. Il s'agit d'une bande de voleurs. Ce sont des escrocs qui se donnent des airs de citoyens honorables, mais il n'y a rien d'honorable dans leur industrie. Ce sont des fraudeurs et ils fraudent les Canadiens au moment même où nous nous parlons.
À voir combien ils sont, on comprend à quel point cela est rentable. Mais, comme je l'ai dit au début de mon discours, où ailleurs peut-on obtenir un taux d'intérêt de 1 000 p. 100? Où ailleurs peut-on obtenir un taux de rendement pareil? Personne ne peut faire des investissements aussi rentables. Je ne crois pas qu'on puisse faire autant d'argent en vendant de la cocaïne, ni aucune autre drogue. C'est impossible de résister. Je ne crois pas qu'on puisse faire autant d'argent dans la prostitution, ni dans les autres types de trafic habituels. C'est la pire des escroqueries et nous sommes en train de faciliter la tâche à ces gens en trouvant des moyens de légaliser ce qu'ils font.
Cela m'étonne que l'Office d'investissement du régime de pensions du Canada n'investisse pas dans les prêts sur salaire. Après tout, il n'a aucune norme en matière d'investissement éthique. Il n'effectue aucune présélection éthique de ses investissements. En fait, on pourrait affirmer que le Régime de pensions du Canada est tenu d'investir dans l'industrie du prêt sur salaire, car son document de fiducie déclare que son seul critère d'investissement est le taux de rendement maximal pouvant être atteint. Il n'y a aucune norme d'éthique. Peu importe que des entreprises emploient des enfants ou qu'elles polluent la rivière St. Clair, notre régime de pensions est obligé d'y investir de l'argent.
Je sais qu'il me reste peu de temps, mais je voulais signaler cela au passage. Je ne veux pas que l'Office d'investissement du régime de pensions du Canada investisse dans l'industrie du prêt sur salaire. Je veux sonner le glas des sociétés de prêt sur salaire. Elles devraient être écrasées comme un raisin sous le pied du Parlement pour les torts qu'elles ont causés aux Canadiens. Elles ne méritent pas de respirer le même air que les bonnes gens de . Elles ne méritent pas d'occuper un espace commercial. Elles ne méritent pas de s'afficher, ni de faire de la publicité. Elles devraient toutes faire faillite. Elles devraient payer pour ce qu'elles ont fait. C'est la seule façon convenable de traiter les sociétés de prêt sur salaire.
:
Monsieur le Président, j'ai le plaisir de prendre la parole aujourd'hui pour exprimer mon appui à un projet de loi important, le projet de loi , déposé le 6 octobre par mon collègue, le .
Ce projet de loi modifie le Code criminel pour permettre aux provinces et aux territoires de réglementer l'industrie des prêts sur salaire. Il s'agit d'un changement important et bien accueilli. Pendant des années, l'industrie du prêt sur salaire a pu fonctionner au Canada en passant inaperçue.
Ce projet de loi aura pour effet d'astreindre ce prospère secteur d'activité à la réglementation et d'offrir une plus grande protection à des millions de Canadiens et à leurs familles qui en sont venus à dépendre de ces services. En effet, selon le principal groupe de pression de l'industrie, soit l'Association canadienne des prêteurs sur salaire, ce secteur fournit des services à environ deux millions de Canadiens chaque année. Il s'agit d'un chiffre considérable qui démontre l'importance de veiller à ce que les Canadiens soient bien protégés contre les pratiques nuisibles de cette industrie.
L'adoption du projet de loi permettrait, premièrement, de modifier le Code criminel en ajoutant une nouvelle disposition, soit l'article 347.1, qui soustrairait les prêteurs sur salaire aux dispositions sur le taux d'intérêt criminel lorsque des mesures législatives provinciales et territoriales protègent les consommateurs à cet égard. Elle ajouterait ensuite une définition de « prêt sur salaire ». Enfin, elle exigerait que les provinces fixent un plafond au coût total de ce type de prêt dans leurs mesures législatives.
Avant d'examiner le contenu de ces modifications, permettez-moi de donner des précisions sur les sujets suivants. Premièrement, l'historique de l'industrie du prêt sur salaire au Canada, y compris ses effets sur les collectivités à travers le pays, et, deuxièmement, ses pratiques discutables qui nous ont poussés à agir et à proposer les modifications en question.
Lorsqu'ils en sauront plus sur cette industrie, je suis convaincu que tous les députés seront d'accord pour conclure que les mesures mises de l'avant dans le projet de loi sont pragmatiques, équilibrées et nécessaires.
L'industrie du prêt sur salaire est relativement nouvelle au Canada. Ces établissements d'accès facile et au nom accrocheur ont commencé à apparaître chez nous vers 1994. Elle a débuté ses activités dans l'ouest du pays, mais elle est aujourd'hui implantée partout au Canada. De fait, on compte environ 1 350 de ces établissements dans toutes les provinces et villes canadiennes, sauf au Québec, et leur nombre continue d'augmenter. Les quelque 2 millions de Canadiens qui font appel à ce genre de service empruntent près de 1,7 milliard de dollars chaque année. C'est une somme effarante lorsqu'on sait que toutes cette activité se déroule dans un marché essentiellement non réglementé.
Ces chiffres démontrent que l'industrie du prêt sur salaire répond à une demande réelle des Canadiens. D'après certains, cette industrie n'a pas sa place au Canada. D'un autre côté, il est évident qu'elle joue un rôle important dans la vie de nombreux Canadiens. Plusieurs raisons expliquent pourquoi nos concitoyens en viennent à utiliser les services d'un établissement de prêts sur salaire. La commodité en est une, car plusieurs des établissements ferment tard et sont ouverts les fins de semaine. En outre, certaines personnes croient que la popularité de ce secteur est attribuable au fait que les grandes institutions financières du pays ont fermé leurs plus petites succursales, laissant un vide dans le créneau du retrait rapide et facile de fonds dans de nombreuses collectivités. Il y a aussi le fait que ce service a un caractère relativement anonyme et que des urgences peuvent survenir, entraînant des conséquences financières immédiates.
Quoi qu'il en soit, cette industrie semble avoir sa place dans nos collectivités. Il est donc important de s'assurer que les Canadiens qui ont recours aux services d'un prêteur sur salaire soient adéquatement protégés contre certaines pratiques commerciales abusives, surtout les personnes les plus vulnérables de notre société.
Le gouvernement prend très au sérieux ses responsabilités envers l'amélioration des conditions de vie des Canadiens et de leurs familles et prend plusieurs mesures importantes à cette fin. Que ce soit en renforçant le Code criminel pour améliorer la sécurité de nos rues et de nos collectivités ou en réduisant les taxes pour nos concitoyens, nous nous sommes engagés à prendre des mesures efficaces comme celles que nous proposons dans le projet de loi .
Nous continuerons de le faire pour nous assurer que les Canadiens aient la meilleure qualité de vie possible.
Les mesures mises de l'avant dans le projet de loi constituent une façon judicieuse et efficace d'améliorer la protection du consommateur et répondent à la nécessité exprimée par plusieurs, y compris les provinces et les territoires, de réglementer efficacement cette industrie. Il y a en effet de très bonnes raisons de le faire.
Obtenir un prêt sur salaire coûte très cher. Dans certains cas, le coût annualisé d'un emprunt chez un prêteur sur salaire peut être très élevé, à raison d'intérêts à un taux pouvant dépasser plusieurs milliers. Il semble aussi que les clauses contractuelles ne soient pas clairement communiquées par ces prêteurs.
Les méthodes agressives de perception posent également problème, de même que la rapidité avec laquelle le montant de ces dettes peut devenir hors de contrôle en raison du renouvellement des prêts. Dans certains cas, le prêteur sur salaire va même pénaliser l'emprunteur qui rembourse avant la date prévue en lui imposant des frais.
Pour toutes ces raisons, ce devrait être très clair pour tous les députés qu'une intervention est largement justifiée. Les changements proposés dans le projet de loi permettront d'assurer que les pratiques de cette industrie sont effectivement réglementées.
Lorsque nous avons cherché la façon la plus adéquate de régler cette pressante question de politique publique, nous avons travaillé très étroitement avec nos collègues des provinces et des territoires. Nous nous sommes graduellement rendu compte que l'article 347 du Code criminel allait constituer le pivot de la nouvelle réglementation.
En vertu de l'article 347, commet une infraction quiconque conclut une entente ou une convention pour percevoir des intérêts à un taux annuel dépassant 60 p. 100, ce qui constitue un taux d'intérêt criminel.
Les personnes reconnues coupables de cette infraction sont passibles d'une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à cinq ans.
Lorsque l'article 347 du Code criminel a d'abord été adopté, il ne s'agissait pas d'une mesure visant à protéger le consommateur. Il s'agissait plutôt de donner aux forces policières une arme de plus pour combattre le crime organisé, et plus particulièrement le prêt usuraire. Quoi qu'il en soit de l'intention du législateur de l'époque, cet article s'applique aux conventions de prêt conclues au Canada, y compris au prêt sur salaire.
Je tiens cependant à préciser que le gouvernement ne croit pas que l'article 347 du Code criminel soit l'outil le plus approprié et le plus efficace pour protéger le consommateur contre les pratiques contraires à l'éthique et les moins scrupuleuses qu'on a relevées dans certains segments de l'industrie du prêt sur salaire.
Nous ne sommes pas les seuls de cet avis. Beaucoup d'administrations et plusieurs groupes de la société civile nous ont indiqué que l'article 347 n'est pas adapté à la protection du consommateur. Qui plus est, ces mêmes administrations nous ont dit que l'application de l'article 347 au prêt sur salaire constituait un obstacle à l'adoption d'une réglementation provinciale efficace. Par conséquent, les modifications proposées répondent aux besoins des provinces et des territoires, lesquels sont mieux placés pour offrir au consommateur la protection requise en soustrayant à l'application de l'article 347 les cas dans lesquels les provinces choisissent d'intervenir.
Par contre, l'article 347 continue de s'appliquer dans les cas où elles n'interviendront pas. Nous estimons qu'il s'agit d'une solution appropriée qui permettra aux provinces et aux territoires disposés à réglementer cette industrie de le faire.
Qu'on me permette de signaler aussi que le projet de loi ne s'appliquera pas aux institutions financières réglementées par le gouvernement fédéral, telles que les banques. Les banques relèvent de la compétence fédérale en vertu de la Constitution du Canada et leur fonctionnement est assujetti à plusieurs lois fédérales.
De façon générale, les modifications proposées soustrairaient à l'application de l'article 347 du Code criminel les prêteurs sur salaire dans des cas bien précis et bien circonscrits. Cette exemption serait prévue par un nouvel article, soit l'article 347.1 du Code criminel.
S'il faut se fier à une étude, le montant généralement accordé dans le cas d'un prêt sur salaire n'est jamais très élevé — moins de 300 dollars —, et la durée du prêt est généralement courte — environ 10 jours. Pour être admissible, l'emprunteur doit prouver qu'il a un compte de banque et fournir un chèque postdaté ou une autorisation de prélèvement automatique. Il doit également faire la preuve de sa source de revenus.
Le projet de loi C-26 décrit bien le prêt sur salaire qu'il définit de la façon suivante:
Opération par laquelle une somme d'argent est prêtée en échange d'un chèque postdaté, d'une autorisation de prélèvement automatique ou de paiement futur de même nature et à l'égard de laquelle ne sont fournis aucun cautionnement ni autre sûreté sur des biens ou autorisation pour découvert de compte; sont toutefois exclus les prêts sur gage ou sur marge, les lignes de crédit et les cartes de crédit.
Cette définition est importante parce qu'elle indique clairement le genre de convention à l'origine d'un prêt sur salaire. L'objectif qui sous-tend les modifications proposées est très précis. Nous voulons nous assurer que les provinces et les territoires sont en mesure de réglementer le prêt sur salaire sur leur territoire. Nous voulons également nous assurer que seules les conventions de prêt sur salaire seront visées. Nous agissons de la sorte parce que les enjeux de politique publique soulevés par les autres formes de crédit sont fort différents. J'estime que la définition donnée dans le projet de loi décrit très bien la pratique du prêt sur salaire.
De plus, le projet de loi précise que seuls certains types de prêts sur salaire seront soustraits à l'application de l'article 347 du Code criminel. En effet, le prêt consenti ne pourra pas dépasser 1 500 dollars et sa durée ne pourra pas dépasser 62 jours. Ces limites correspondent aux limites maximales du prêt sur salaire décrites plus tôt.
Le projet de loi ne propose pas de réglementation à proprement parler. Il ne propose pas non plus d'établir une limite nationale sur le taux d'intérêt applicable au prêt sur salaire. Ce qu'il propose plutôt, en instituant une exemption à l'application de l'article 347, c'est de répondre aux besoins des provinces qui voulaient que soient levés les obstacles à la réglementation de cette industrie. Il s'agit d'une question importante, parce que ce sont les provinces et les territoires qui peuvent le mieux encadrer l'industrie du prêt sur salaire.
Le but ultime visé par les modifications proposées, c'est la réglementation efficace de cette industrie. La meilleure façon d'atteindre ce but, c'est de donner aux provinces et aux territoires la flexibilité dont elles ont besoin pour établir des limites au coût des emprunts. Grâce à cette approche, la réglementation sera mise en place d'une manière adaptée aux réalités des provinces et des territoires concernés.
En outre, elle prévoit que l'article 347 continuera à s'appliquer dans les provinces et les territoires qui choisiront de ne pas légiférer pour encadrer le fonctionnement de l'industrie du prêt sur salaire.
Si une province ou un territoire a pris la décision de demander que les prêteurs sur salaire établis sur son territoire soient soustraits à l'application de l'article 347 du Code criminel, il devra demander à être désigné à cette fin par le gouvernement fédéral. Pour réussir cette démarche, il devra démontrer qu'il a adopté des mesures législatives pour protéger toute personne qui désire obtenir un prêt sur salaire. Ces mesures de protection du consommateur seront laissées presque entièrement à la discrétion des provinces et des territoires.
Il s'agit d'une approche valable, dans la mesure où elle reconnaît la réalité de chaque administration, y compris notamment la façon dont l'industrie y exerce ses activités, de même que la législation provinciale existante en matière de protection du consommateur adoptée en vertu des pouvoirs conférés aux provinces par la Constitution en matière de propriété et de droits civils.
Le projet de loi exige toutefois que la province institue dans ses mesures législatives un plafond au coût total des prêts sur salaire. Je crois que cette façon de procéder tient compte de trois éléments fondamentaux.
Premièrement, les provinces et les territoires sont en mesure de controler le coût des emprunts sur leur territoire. Deuxièmement, elle garantit qu'il y aura un plafond au coût des prêts. Enfin, comme nous l'avons vu plus tôt, elle offre une solution flexible aux caractéristiques de chaque province et de chaque territoire.
Le gouverneur en conseil procédera à l'évaluation nécessaire avant d'accorder à une province ou à un territoire la désignation demandée. La province s'adressera au ministre fédéral de la Justice en précisant les mesures législatives qu'elle a prises pour contrôler les coûts des prêts. Par la suite, sur recommandation du ministre fédéral de l'Industrie, le ministre de la Justice demandera au gouverneur en conseil d'accorder la désignation souhaitée. La province obtiendra alors le pouvoir de soustraire, par voie de permis ou autrement, un prêteur sur salaire à l'application de l'article 347.
Bref, j'estime que le projet de loi est très important. Il offre une plus grande protection aux Canadiens en permettant aux provinces et aux territoires de réglementer une industrie qui a grandement besoin d'encadrement. Il établit des limites très claires. Il définit le prêt sur salaire et fixe un plafond de 1 500 $ au prêt qui peut être consenti en vertu de ce régime. Il invite les provinces à adopter des mesures législatives pour réglementer les conventions de prêts sur salaire et, notamment, le coût total des prêts.
Le projet de loi fait une fois de plus la preuve de l'engagement du gouvernement de collaborer avec les provinces et les territoires à des questions d'intérêt commun. Les modifications proposées auront un effet important et véritable sur les Canadiens qui en sont venus à dépendre de ce service. J'espère que tous les députés se joindront à moi pour faire adopter rapidement ce projet de loi.
:
Monsieur le Président, je suis ravi de prendre la parole à la Chambre aujourd'hui relativement au projet de loi , Loi modifiant le Code criminel (taux d’intérêt criminel).
[Français]
Ce projet de loi vise en fait à régulariser l'industrie de prêts sur salaire. Cela se fera en limitant le taux d'intérêts que les prêteurs peuvent imposer aux Canadiens et aux Canadiennes.
[Traduction]
Il est bon de voir que le gouvernement minoritaire tire profit des efforts faits par les précédents ministres libéraux de l'Industrie et de la Justice. La présentation de ce projet de loi montre bien que le gouvernement précédent prenait de bonnes mesures.
Je suis flatté de voir que le nouveau gouvernement du Canada va de l'avant avec nombre de projets de loi qui ont été présentés par des libéraux dans le passé. Malgré tout ce que mes collègues d'en face peuvent en dire, ils agissent comme s'ils reconnaissaient que le précédent gouvernement était dans la bonne voie.
C'est le précédent gouvernement libéral qui a collaboré avec nos collègues provinciaux et territoriaux afin de dégager le consensus nécessaire à l'élaboration de la mesure dont nous sommes saisis aujourd'hui. Actuellement, l'article 347 du Code criminel stipule que quiconque conclut une convention ou une entente pour percevoir des intérêts à un taux criminel ou perçoit des intérêts à un taux criminel est coupable d'une infraction.
Fait intéressant à signaler, l'article 347 du Code criminel visait initialement les prêteurs usuraires et leurs liens avec le crime organisé. Ces prêts n'ont pas toujours fait l'objet de contrats signés au grand jour sur les rues principales de nos villes, mais ont souvent été conclus lors de discussions sans façon dans des ruelles.
Bien que l'on ait interprété l'article 347 de telle façon qu'il s'applique à la plupart des transactions de prêt au Canada, y compris le prêt sur salaire, la disposition n'était pas censée, au moment de son introduction, être une mesure législative de protection du consommateur ou un instrument de protection du consommateur visant la réglementation économique des prix. Il semble bien que l'article 347 avait pour objet de capturer les criminels qui ressemblaient à des criminels et non pas ceux qui s'apparentent à des commerces comme c'est le cas de nombreuses entreprises de prêt sur salaire qui ont pignon sur rue aujourd'hui.
En toute justice, l'Association canadienne des prêteurs sur salaire n'est pas, contrairement à ce que voudrait nous faire croire le député de , entièrement composée de criminels. C'est elle qui propose cette mesure législative à l'avantage des consommateurs et des personnes que nous représentons.
Cependant, penchons-nous sur la plaie que représentent les mauvaises expériences en matière de prêt sur salaire pour la population. En Colombie-Britannique, un juge a décidé dans le cadre d'un recours collectif qu'une entreprise de prêt sur salaire imposait des taux d'intérêts criminels en intégrant à l'intérêt les frais de retard et de traitement. Telle a été la décision du tribunal. Elle aura, prévoit-on, une incidence sur bon nombre d'autres décisions. Le tribunal est intervenu ici dans un cas où des frais avaient été traités comme de l'intérêt et a donc imposé certaines limites aux arrangements en matière de prêt sur salaire.
L'an dernier, à Ottawa, un juge de la Cour des petites créances a statué que deux entreprises de prêt sur salaire qui poursuivaient des clients pour dettes impayées agissaient elles-mêmes de manière à se soustraire à la loi et à l'enfreindre. Selon les faits relatés, un prêt de 280 $ était passé, avec l'ajout de l'intérêt et des amendes, à 551 $ par mois. Il s'agit là d'un taux d'intérêt annualisé de plus de 2 000 p. 100 et les intéressés ont eu le culot de soumettre l'affaire à un tribunal pour obtenir leur argent.
Le juge ne pouvait conclure qu'il s'agissait d'une violation de la loi puisque le différend devant le tribunal ne concernait pas cet aspect, mais l'affaire met en lumière toute la hardiesse et toute l'arrogance de certains prêteurs sur salaire qui imposent des intérêts faramineux et défendent leur position comme si cela ne dépassait pas le taux de 60 p. 100 prévu clairement dans le Code criminel.
Le projet de loi ne mettrait pas un terme au prêt sur salaire. Ce secteur d'activité pourrait facilement continuer à fonctionner, mais il le ferait dans le respect de certaines règles. Il importe de noter que la mesure législative ne s'applique pas aux prêts qui dépassent un certain montant, soit 1 500 $ et une certaine durée, soit 62 jours. Cette loi ne remplace pas le Code criminel.
J'estime que notre discussion d'aujourd'hui au sujet du projet de loi doit notamment traiter des insuffisances du Code criminel lui-même. Ainsi, tout prêt consenti pour plus de 62 jours à un taux d'intérêt supérieur à 60 p. 100 devrait faire l'objet d'une poursuite.
En étudiant le projet de loi, nous avons appris qu'il y a en fait très peu de poursuites. Il est temps que le gouvernement prenne note de cette information, comme s'il ne l'avait pas fait auparavant, et qu'il informe les responsables de l'administration de la justice, tant fédérale que provinciale, que nous disposons déjà d'un article 347 et qu'il devrait être appliqué. S'il est bien vrai, même si nous ne pouvons en être certains, car nous n'avons pas tenu une audience complète sur l'article 347, que seulement une ou deux poursuites ont été intentées en vertu de cet article au cours des dernières années, il est temps que nous fassions quelque chose pour corriger la situation. Le projet de loi ne fera rien pour les taux d'intérêt supérieurs à 60 p.100 dans le cas des prêts d'une durée et d'un montant supérieurs à ceux qu'il tente de couvrir. Cependant, c'est un début, une bonne mesure législative, et nous devrions l'appuyer.
Les provinces et les territoires doivent cependant apprendre à s'organiser. J'espère vraiment que le nouveau gouvernement fédéral a conservé de bonnes relations avec tous les homologues provinciaux et qu'il a, comme nous auparavant, un bonne idée de la façon d'encourager l'application de taux raisonnables, comme la province de Québec le fait depuis un certain temps en vertu de sa Loi sur la protection du consommateur.
[Français]
Plusieurs provinces, dont le Nouveau-Brunswick, ont déjà affirmé qu'elles comptaient régulariser cette industrie une fois que ce projet de loi serait adopté.
Je sais que le nouveau gouvernement libéral du Nouveau-Brunswick réglera cette situation dès que ce sera fait.
[Traduction]
Je connais T.J. Burke, le nouveau procureur général de la province du Nouveau-Brunswick. Il est le premier procureur général d'origine autochtone au Canada. Il est en outre un excellent représentant de la loi. Une fois que ce projet de loi aura été adopté, je sais qu'il recherchera les modèles d'application nécessaires à la grandeur du pays, en particulier au Québec, où les mesures de protection du consommateur sont les plus évoluées.
Le prêt sur salaire est une industrie en pleine croissance au Canada. Pratiquement inexistante en 1994, cette industrie a tellement prospéré en dix ans à peine qu'on estime qu'elle compte maintenant quelque 1 300 points de service. C'est peut-être pourquoi ce n'est que maintenant que nous sommes saisis de cette mesure législative. Nous avons probablement tous été témoins de la croissance de cette industrie, mais rien ne pouvait nous laisser croire que 1 300 comptoirs étaient déjà exploités d'un bout à l'autre du Canada. En outre, n'ayant pas recours à ce genre de services, nous ne pouvions pas connaître non plus toute l'horreur qu'ils causaient aux Canadiens.
Le nombre de comptoirs de prêt sur salaire dépasse maintenant celui des succursales de la Banque Royale du Canada. Par conséquent, il est important de souligner qu'il ne s'agit pas d'une occurrence unique, exceptionnelle, limitée à la rue principale de Stellarton. Le projet de loi s'attaque à un problème d'envergure canadienne.
Environ 850 de ces institutions seulement sont représentées par l'Association canadienne des prêteurs sur salaire. Ces institutions ont fait campagne très ouvertement pour demander une loi de protection des consommateurs. Je suggérerais que nous fassions notre part afin de nous assurer qu'elles pourront continuer à exister après l'adoption du projet de loi.
Tandis que le projet de loi suit son cours en vue de son renvoi à un comité, nous pouvons nous demander si nous allons renforcer les mesures législatives et tenter d'atténuer l'incidence des prêts usuraires sur les citoyens.
Je ne saurais insister davantage. Les cartes VISA sont habituellement assorties d'un taux de 28 p. 100. La province de Québec a choisi 35 p. 100 comme taux d'intérêt maximal. Je ne pourrais répéter suffisamment à quel point nous, comme parlementaires, étant donné notre position morale persuasive par rapport aux provinces et aux territoires, pourrions dire que le modèle québécois est bon pour les citoyens que nous représentons.
[Français]
Derrière la croissance importante de ce secteur d'activité, se cache la situation peu reluisante dans laquelle se trouvent beaucoup de Canadiens et de Canadiennes.
Il y a quelques années, avoir un emploi à temps plein permettait de faire vivre sa famille. Malheureusement, ce n'est plus toujours le cas. Les temps ont changé. Plusieurs Canadiens et Canadiennes travaillent à temps plein, certains occupent même plusieurs emplois et, malgré tout, ils n'arrivent pas à soutenir financièrement leur famille. Voilà le vrai drame.
[Traduction]
Nous essayons un peu d'aider les petits salariés qui sont dans cette situation.
En tant qu'ancien membre d'un comptoir alimentaire Mains ouvertes à Moncton, au Nouveau-Brunswick, je peux dire que les banques alimentaires ne sont plus visitées seulement par les plus démunis. Des petits salariés s'y rendent, de même que des couples qui gagnent le salaire minimum, des gens qui ont besoin de deux emplois au salaire minimum, des gens qui ont des enfants ou des gens qui se font couper des heures au club vidéo, l'un de leurs emplois au salaire minimum. Ces personnes sont obligées de se rendre à la banque alimentaire ou — et c'est là le vrai drame — au Money Mart pour obtenir un prêt à un taux d'intérêt élevé pour payer leur loyer, faire l'épicerie ou envoyer leurs enfants à l'école.
Est-ce sensé d'emprunter de l'argent à quelqu'un qui exige un taux d'intérêt faramineux? Bien sûr que non. Toutefois, un nombre croissant de Canadiens n'ont pas le choix. Les banques et les autres institutions financières leur refusent des prêts. Même si la majorité des gens ont des emplois à temps plein et une source de revenu stable, beaucoup n'ont d'autre choix que de demander des prêts à court terme assortis d'un taux d'intérêt élevé pour survivre entre deux chèques de paie.
La véritable tragédie, c'est que, en 2006, travailler dur et avoir un emploi ne suffit pas nécessairement pour faire vivre sa famille. Je trouve troublant que de plus en plus de Canadiens ne parviennent pas à payer leurs frais de subsistance. Ces dernières années, beaucoup de groupes sociaux ont souligné que le nombre de citoyens vivant sous le seuil de la pauvreté augmentait et que le fait d'avoir un emploi à temps plein ne mettait pas nécessairement à l'abri de la pauvreté. C'est malheureux et cela est aggravé par le fait que, si une personne emprunte 290 $, elle se retrouve de manière tout à fait incompréhensible avec un paiement mensuel de 551 $. Nous faisons quelque chose, mais très peu pour remédier à ce problème.
Nous croyons que le projet de loi est bon, mais quel filet de sécurité le nouveau gouvernement crée-t-il pour les gens qui se retrouvent avec un taux d'intérêt de 60 p. 100 sur des prêts de moins de 1 500 $ qu'ils contractent pour 62 jours dans des Money Marts légaux?
N'exagérons pas l'utilité de ce petit projet de loi compte tenu de tout ce qu'il y a à faire pour aider les petits salariés. Si nous tenons compte des statistiques sur les petits salariés, de l'augmentation du recours aux agences de services sociaux et des compressions majeures que le gouvernement conservateur a annoncées il y a trois semaines, il est clair que le gouvernement ne se soucie pas des plus démunis, des citoyens les plus pauvres et des minorités qu'il y a au Canada.
Admettons-le, les plus vulnérables de notre société sont laissés pour compte par les conservateurs. Un véritable programme national de garderies, des programmes sur la santé des autochtones, des programmes d'alphabétisation, des programmes pour les sans-abri et des logements abordables sont toutes des initiatives destinées à aider les familles à faible revenu, c'est-à-dire les gens les plus susceptibles de devenir les victimes des membres de l'Association canadienne des prêteurs sur salaire.
Toutes les mesures que je viens d'énumérer ont été visées par les annonces de coupes faites récemment par les conservateurs. Le gouvernement a éliminé de ses priorités le programme national de garderies, les programmes qui enseignent aux enfants comment réussir dans la vie, l'alphabétisation, qui permet aux enfants et aux adultes d'apprendre à lire afin d'obtenir de meilleurs emplois ainsi que le programme de lutte contre l'itinérance, qui a été, sous la direction de l'ancienne députée de Moncton—Riverview—Dieppe, Mme Claudette Bradshaw, un programme national de premier plan.
Le gouvernement accorde un semblant d'attention à l'Association des prêteurs sur salaire, surtout parce que c'est un bon groupe de pression et qu'on pourrait lui reconnaître le mérite d'aider les petits salariés, mais il affirme pourtant qu'il n'ira pas jusqu'à rétablir les programmes d'importance nationale qui visaient à mettre fin au cycle du recours aux services sociaux et aux organisations comme les établissements de prêt sur salaire.
Ces mêmes familles à faible revenu qui travaillent fort pour joindre les deux bouts sans pouvoir mettre de l'argent de côté pour faire face aux imprévus ne peuvent compter que sur leurs chèques de paie pour vivre. Ce sont ces mêmes personnes à qui les banques refusent un prêt et qui sont forcées de s'en remettre aux services de prêts sur salaire, probablement juste avant de se présenter aux banques alimentaires, ou juste après. Avant d'en arriver là, ils ont probablement eu le temps au cours de leur journée de suivre un programme d'alphabétisation et peuvent même avoir eu accès à certaines initiatives en matière de garde d'enfants. Toutefois, leur situation ne risque pas de s'améliorer au fil des ans sous un gouvernement conservateur.
Le vrai problème, c'est qu'il s'agit là d'un pas en avant, mais que la marche sera longue. Le gouvernement conservateur doit comprendre qu'il faudra faire beaucoup plus que d'adopter une loi lancée par un gouvernement précédent et que l'on peut comparer à une aiguille dans une botte de foin en ce qui a trait à la lutte contre la pauvreté, particulièrement chez les petits salariés.
[Français]
Ce projet de loi va assurer que les citoyens qui utilisent les services des prêteurs sur salaire ne sont pas victimes de pratiques douteuses, de taux d'intérêt criminels et de techniques de collection injustes. Encore plus important, il aidera à assurer qu'ils ne sont pas aspirés par le cercle vicieux de l'endettement et des prêts non remboursés qui s'accumulent.
[Traduction]
Le projet de loi représente un pas positif et nécessaire dans la bonne direction et il permet de combattre la pratique de prêts usuraires, mais cela ne suffit pas à ce point-ci. La Chambre devrait encourager les provinces et les territoires à se pencher sur le modèle québécois. J'espère qu'une telle étude se fera au comité.
En nous penchant sur le processus législatif, nous nous rendons compte que bon nombre de nos modèles à l'égard d'une société juste ont vu le jour au Québec. Des programmes comme le Programme national de garderies et le projet de loi sur la protection des consommateurs sont d'excellents modèles mis sur pied par le Québec. Dans nos discussions, nous devrions encourager les provinces à suivre ces exemples.
Le ministre des Finances du Manitoba réfléchit actuellement à la meilleure façon de traiter le mémoire présenté par l’Association canadienne des prêteurs sur salaire. Le président de l'association affirme que la loi proposée par le Manitoba est conforme au code des meilleures pratiques de gestion auquel ses membres ont adhéré. Cette association est à la tête de 800 des 1 350 bureaux de prêts sur salaire au pays.
Nous ne savons pas à combien s'élèverait le plafond que la province fixerait en matière de frais. Le ministre des Finances, M. Selinger, propose de soumettre les frais et les taux dont sont assortis les prêts sur salaire à l'examen de la commission local de services publics. Si les provinces ne retiennent pas le modèle du Québec avec sa loi sur la protection des consommateurs qui régit ces pratiques, le modèle qui consiste à soumettre à l'examen des commissions de services publics les taux d'intérêt pouvant être exigés par les associations de prêteurs sur salaire, qui survivront à ce document, serait préférable.
Il semble que le fédéral ait cessé de consulter et de conseiller les provinces au sujet des meilleures pratiques, pas nécessairement des pratiques qui leur seraient imposées. J'entends par là leur donner un chèque et leur dire quoi faire avec. Il est préférable de procéder de façon véritablement constitutionnelle, en tant que partenaires représentant les mêmes citoyens — leurs électeurs sont aussi nos électeurs — et de leur recommander d'examiner les modèles, à savoir le modèle du Québec avec sa loi sur la protection des consommateurs et la proposition du très sage ministre des Finances du Manitoba qui préconise de faire appel aux commissions de services publics pour régir les taux d'intérêt.
Les commissions de services publics dans l'ensemble du pays sont constituées majoritairement de personnes impartiales qui ont à coeur la protection des consommateurs dans les secteurs de l'énergie et des transports. Dans le cas présent, le Manitoba s'ingérerait dans ce domaine en recommandant que les taux d'intérêt sur les prêts à court terme relèvent des commissions de services publics. Dans bien des provinces, l'assurance publique est une responsabilité provinciale et les primes d'assurance sont fixées par une commission de services publics.
Je répéterai qu'il s'agit d'une bonne mesure. Cette initiative s'inspire d'un projet de loi que les libéraux préparaient avant que le gouvernement tombe. Il suffit de dire à ce point-ci que nous l'appuyons. On pourra toutefois discuter au comité de l'effet qu'aura ce projet de loi à l'échelle du pays — et non des motifs à sa base — et de notre désir, en tant que parlementaires, de faire en sorte qu'il soit appliqué le plus uniformément possible dans l'ensemble du pays.
En terminant, je remercie les citoyens de de m'avoir fourni leurs commentaires sur cet exemple flagrant de prêts consentis à des taux usuraires. Je leur préciserai que ce projet de loi n'est pas une panacée. Ce n'est qu'un petit pas sur le long chemin à parcourir pour aider les travailleurs à faible revenu dans notre pays.