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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de Surrey-Sud—White Rock—Cloverdale.
Nous avons entendu maintes fois l'argumentation creuse des députés d'en face. J'ai vu cela au comité. J'ai le privilège d'être membre du Comité de la justice. Nous avons vu, à propos du projet de loi , qui prévoit des peines minimales obligatoires dans le cas des crimes commis avec des armes à feu, que tous les partis d'opposition, le NPD, les libéraux et le Bloc, font front commun contre le resserrement des mesures de lutte contre la criminalité, même si le NPD et les libéraux ont promis, lors de la dernière campagne électorale, de s'attaquer à la criminalité. En fait, ils ont promis d'adopter des mesures plus rigoureuses que celles figurant dans notre projet de loi. Affirmer maintenant que notre projet de loi va trop loin, c'est ridicule de leur part.
Nous avons vu la même chose avec le projet de loi , qui aurait mis fin aux peines d'emprisonnement avec sursis pour les auteurs de crimes graves, comme un incendie criminel, l'introduction par effraction et le vol de voiture. Une fois de plus, l'opposition s'est liguée pour vider ce projet de loi de sa substance.
Je crois que les Canadiens nous disent que ça suffit. Trois des quatre partis à la Chambre ont été élus avec le mandat de combattre plus vigoureusement la criminalité. Le NPD, les libéraux et les conservateurs ont dit qu'ils réprimeraient plus fermement la criminalité.
Quelques mois plus tard, nous avons présenté le projet de loi concernant l'emprisonnement avec sursis, le projet de loi portant sur les peines minimales obligatoires et une mesure législative visant à relever l'âge de la protection. Lorsque notre parti présente des initiatives législatives destinées à protéger les Canadiens, les partis d'opposition se traînent les pieds, nous barrent la route et changent d'idée, alors qu'ils devraient collaborer avec nous pour que nous puissions améliorer la sécurité au Canada.
Je rejette la prémisse de certaines observations qui ont été faites aujourd'hui, à savoir que la criminalité n'est pas en hausse. Selon les statistiques qui ont été rendues publiques hier, le nombre de crimes violents, de crimes commis à l'aide d'armes à feu et de crimes perpétrés par des gangs a augmenté. Je ne veux pas être alarmiste. Seulement, nous, de ce côté-ci de la Chambre, avons décidé de regarder les choses en face: les Canadiens veulent que nous prenions la criminalité au sérieux, la criminalité est un grave problème et des mesures efficaces doivent être mises en oeuvre.
Je veux parler aujourd'hui du projet de loi , qui porte sur les délinquants dangereux, les pires de tous les criminels, ceux qui s'en prennent à des Canadiens innocents, ceux qui peuvent avoir tendance à récidiver et ceux qui ont commis les crimes les plus graves. Il n'est pas question ici de crimes mineurs. Il s'agit des crimes les plus graves et des pires délinquants.
Le projet de loi répond à l'objectif de notre gouvernement de s'attaquer à la criminalité en renforçant les mesures visant à protéger les familles contre les délinquants qui présentent un risque élevé de commettre des crimes sexuels ou violents dans nos collectivités. La plupart des modifications découlent de changements que les provinces, les territoires et d'autres intervenants, y compris les groupes de victimes, ont appuyés. Il est important de le noter.
Le projet de loi modifie les dispositions concernant les délinquants dangereux et les délinquants à contrôler, ainsi que les articles 810.1 et 810.2 du Code criminel, qui traitent des engagements de ne pas troubler l'ordre public.
Les modifications du projet de loi concernant les délinquants dangereux et les délinquants à contrôler visent à renforcer et à accroître ces dispositions. Une des modifications porte sur la demande de déclaration de délinquant dangereux, prévues dans la partie XXIV du Code criminel. La poursuite doit informer le tribunal, dès que possible après un verdict de culpabilité, ce qu'il est important de noter, et avant l'imposition de la peine, de son intention ou non de présenter une telle demande.
Toutefois, pour que cette disposition s'applique, le procureur doit être de l'avis que l'infraction sous-jacente ou à l'origine de la peine constitue des sévices graves à la personne, selon la définition du Code criminel, et il faut que le délinquant ait déjà été reconnu coupable d'au moins deux infractions désignées, selon la nouvelle définition qui figure à l'article 752, et que ces infractions lui aient valu au moins deux ans d'emprisonnement. Pour que cette disposition entre en jeu, il faut que le délinquant ait commis au préalable deux crimes graves pour lesquels il été jugé et condamné. Lorsque cette condition est remplie, le procureur de la Couronne doit indiquer s'il compte ou non demander que l'individu soit déclaré délinquant dangereux.
Le projet de loi garantit aussi que le tribunal ne pourra pas refuser d'ordonner une évaluation même s'il juge qu'il existe des motifs raisonnables de croire que l'individu pourrait être déclaré délinquant dangereux ou délinquant à contrôler. Cette modification de nature technique avait été recommandée par les ministres de la Justice provinciaux et territoriaux.
De plus, le projet de loi impose le fardeau de la preuve au délinquant dans certaines circonstances où le procureur de la Couronne a demandé que ce dernier soit déclaré délinquant dangereux. Si le procureur parvient à convaincre le tribunal que l'individu en est à sa troisième infraction primaire, une infraction sexuelle grave ou une infraction avec violence, lesquelles comptent parmi les crimes les plus graves énumérés dans le Code criminel, on considère alors que la Couronne a démontré que l'individu est un délinquant dangereux. Il incombe ensuite à ce dernier de prouver, selon la prépondérance des probabilités, qu'il ne remplit pas les critères d'un délinquant dangereux. Nous avons renversé le fardeau de la preuve pour que, après une troisième infraction, il incombe au délinquant d'expliquer pourquoi il ne devrait pas être déclaré délinquant dangereux. Ce changement rétablira l'équilibre et l'équité de notre système.
Cependant, le projet de loi précise également que, même lorsque les critères permettant de déclarer que le délinquant est un délinquant dangereux sont remplis, le tribunal doit décider si une peine moins sévère, notamment la possibilité de le déclarer délinquant à contrôler, serait appropriée et qu’à cet égard la charge de la preuve ne pèse ni sur le poursuivant ni sur le délinquant.
Ces modifications renforcent nettement les dispositions visant les délinquants dangereux et les délinquants à contrôler et auront pour effet d’amener les poursuivants à chercher plus volontiers à obtenir que des délinquants ayant commis un crime avec violence ou d’ordre sexuel fassent l’objet d’une telle déclaration et soient passibles des peines les plus sévères prévues dans le Code criminel.
J’aimerais également dire un mot des engagements de ne pas troubler l’ordre public. Le projet de loi propose de modifier les dispositions de l’article 810.1 portant sur les engagements de ne pas troubler l’ordre public pour prévenir la perpétration d’infractions d’ordre sexuel à l’égard d’enfants. Le député de a parlé passionnément de son désir de protéger les enfants contre les délinquants sexuels, ce sur quoi porte précisément ce projet de loi. Je l’en félicite ainsi que tous les députés qui ont compris ce qui est en jeu ici et qui ont à coeur de protéger les enfants. En outre, l’article 810.2 sur les engagements de ne pas troubler l’ordre public porte sur les infractions avec violence ou d’ordre sexuel encore plus graves.
Ces engagements de ne pas troubler l’ordre public sont préventifs par nature. Ce sont des instruments dont disposent les agents chargés de faire respecter la loi pour protéger la population. Pour qu’un juge rende une telle ordonnance, il n’est pas nécessaire qu’un délinquant ait commis une infraction criminelle. Ces ordonnances obligent les délinquants visés à accepter certaines conditions précises pour garder la paix et se comporter correctement. Elles ont pour but de protéger les individus et la population en général contre les personnes qui risquent de commettre une infraction d’ordre sexuel à l’égard d’enfants ou qui sont susceptibles de commettre une infraction qui constitue des sévices graves à la personne. Nous savons tous que de telles situations existent malheureusement trop souvent.
Le délinquant à qui on offre de s’engager à ne pas troubler l’ordre public et qui omet ou refuse d’accepter un tel engagement s’expose à être condamné sur-le-champ à purger une peine d’emprisonnement d’au plus douze mois. Une telle ordonnance peut être reconduite, et tout manquement à une des conditions imposées dans l’engagement de ne pas troubler l’ordre public serait considéré comme une infraction criminelle et pourrait donner lieu à une poursuite devant un tribunal provincial ou territorial ayant compétence en matière pénale, ce qui rendrait le délinquant passible d’une peine d’emprisonnement d’au plus deux ans.
Toujours à propos des engagements de ne pas troubler l’ordre public, il convient de préciser que l’actuel article du Code criminel portant sur cette question permet à quiconque a des motifs raisonnables de craindre qu’une personne commette une infraction d'ordre sexuel visée par les dispositions du Code contre une personne âgée de moins de 14 ans de communiquer ce qu’elle sait à un juge d’une cour provinciale dans le but d’obtenir que le défendeur fasse l’objet d’une ordonnance d’engagement de ne pas troubler l’ordre public. Les infractions explicitement visées à cet égard sont notamment l’agression sexuelle, l’agression sexuelle armée, les contacts sexuels, l’incitation à des contacts sexuels et la pornographie juvénile.
Évidemment, ce sont là des infractions très graves et ce projet de loi vise à protéger les jeunes enfants contre celles-ci. L'engagement de ne pas troubler l'ordre public peut, par exemple, préciser certains endroits où le délinquant ne peut aller.
Le projet de loi clarifie et décrit plusieurs autres conditions dont dispose le juge s'il estime souhaitable d'assurer la bonne conduite du délinquant.
Le nouveau gouvernement n'a été élu qu'en janvier. Nous avons dit que nous nous attaquerions au crime pour rendre nos rues plus sûres. Ce qui est quelque peu paradoxal, c'est que les néo-démocrates et les libéraux ont aussi dit qu'ils prendraient des mesures pour contrer la criminalité, mais nous n'avons vu aucune indication de cela à ce jour durant la session.
Le projet de loi est l'une des nombreuses initiatives que le gouvernement a prises dans le but de rendre nos rues plus sûres. Nous considérons que les délinquants qui sont très susceptibles de commettre des crimes sexuels ou des crimes violents constituent une menace très sérieuse à la sécurité publique.
J'appuie ce projet de loi, comme tous les députés de ce côté-ci. J'espère que les autres députés de la Chambre verront l'importance de ces dispositions et la nécessité de ces mesures qui peuvent être appliquées dès que possible pour protéger les Canadiens, les enfants et la société contre les pires délinquants.
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Monsieur le Président, j'interviens aujourd'hui pour parler du projet de loi .
Notre gouvernement a déjà présenté un certain nombre de mesures importantes destinées à respecter notre engagement électoral clé consistant à lutter contre la criminalité. Parmi les nombreuses autres promesses que nous avons faites durant la campagne électorale, nous avons promis « d'établir une présomption pour que soit considérée comme criminel dangereux toute personne condamnée à trois reprises pour crime avec violence ou agression sexuelle ». Le projet de loi vise à tenir cette promesse électorale. Nous avons dit que nous le ferions et c'est ce que nous faisons.
Notre gouvernement croit qu'il faut traiter les criminels de façon équitable, mais la justice exige que ceux qui s'en prennent à répétition à notre société, les criminels violents, soient mis hors d'état de nuire. Après trois condamnations, c'est au criminel violent de prouver qu'il n'est plus un danger pour la société. Nous ne croyons pas dans la justice qui encourage la récidive, justice que les libéraux ont défendue au cours des 13 dernières années et qui permettait à des délinquants dangereux de commettre à répétition des crimes violents et sexuels et d'être ensuite libérés chaque fois, ce qui leur donnait la possibilité de faire davantage de victimes.
Nous croyons qu'il incombe d'abord et avant tout au gouvernement de protéger les Canadiens. C'est exactement ce que le projet de loi va nous aider à faire. Il renforce les mesures existantes pour protéger nos proches, nos voisins et nos collectivités contre les récidivistes.
Je vais me pencher sur certains détails du projet de loi qui sont quand même très importants.
La première partie du projet de loi porte sur des demandes de désignation comme délinquant dangereux ou délinquant à contrôler aux termes de la partie XXIV du Code criminel. Les modifications proposées forcent les procureurs à aviser un tribunal lorsqu'ils entendent présenter une demande de ce genre le plus tôt possible après la déclaration de culpabilité et avant que la peine ne soit imposée, lorsque les critères suivants sont respectés: d'abord, ils sont d'avis que l'infraction de prédicat ou l'infraction actuelle constitue « des sévices graves à la personne » aux termes de l'article 752 du Code criminel; ensuite, le délinquant a déjà été condamné pour au moins deux « infractions désignées » selon la nouvelle définition de l'article 752, qui lui ont valu dans chaque cas une peine d'emprisonnement de deux ans ou plus.
Dans le cadre législatif actuel, un tribunal va ordonner une audition de désignation si l'individu a été reconnu coupable d'avoir causé des sévices graves à la personne et s'il est raisonnable de penser que cet individu sera considéré comme un délinquant dangereux ou un délinquant à contrôler.
Un amendement recommandé par les ministres provinciaux et territoriaux de la Justice garantit qu'un tribunal ne peut refuser d'ordonner une évaluation lorsqu'il existe, à son avis, des motifs raisonnables de croire que le délinquant pourrait être déclaré délinquant dangereux ou délinquant à contrôler.
Une autre modification vise à autoriser le tribunal, sur demande du poursuivant, s'il y a des motifs raisonnables de croire qu'un délinquant est un délinquant dangereux ou à contrôler, à ordonner une évaluation psychiatrique avant la tenue de l'audition. Auparavant, une telle décision était laissée à la discrétion du tribunal, mais plus maintenant.
Une autre modification permet au tribunal de proroger d'au plus 30 jours le délai de dépôt du rapport, s'il y a des motifs raisonnables de le faire.
Les députés s'intéresseront tout particulièrement aux modifications contenues dans le projet de loi prévoyant l'inversion du fardeau de la preuve dans le cadre des auditions visant à décider si le délinquant doit être déclaré délinquant dangereux.
Aux termes des modifications, on considère que la Couronne a convaincu le tribunal qu'un délinquant répond aux conditions préalables pour être déclaré délinquant dangereux si le tribunal estime que les quatre principes suivants sont respectés: le délinquant a été reconnu coupable à deux reprises d'une des 12 infractions primaires graves de nature sexuelle ou violente dont la liste figure à l'article 752; les condamnations préalables ont entraîné une peine d'emprisonnement d'au moins deux ans; l'infraction actuelle, ou infraction de prédicat, est aussi une des 12 infractions primaires susmentionnées; et enfin, l'infraction de prédicat entraînerait normalement une peine d'emprisonnement d'au moins deux ans.
Ce sont de bien gros obstacles à surmonter, mais nous sommes confiants qu'ils peuvent l'être.
Cependant, les modifications permettent au délinquant de réfuter cette présomption selon la prépondérance des probabilités. Le projet de loi précise aussi que le tribunal doit, même lorsque les conditions préalables lui permettant de déclarer qu'un délinquant est un délinquant dangereux ont été remplies, décider si une peine moins sévère, notamment le déclarer délinquant à contrôler, serait suffisante, et ni la partie poursuivante ni le délinquant ne doit porter le fardeau de la preuve à cet égard.
Ces modifications permettront au poursuivant de demander plus facilement qu'un délinquant sexuel ou violent soit déclaré délinquant dangereux. Elles assureront aussi une plus grande cohérence dans les poursuites quand il s'agit de décider si un délinquant doit être déclaré délinquant dangereux ou délinquant à surveiller.
J'aimerais maintenant parler brièvement des modifications aux dispositions portant sur l'engagement de ne pas troubler l'ordre public. Le projet de loi vient modifier l'article 810.1 qui porte sur les engagements de ne pas troubler l'ordre public pour prévenir les infractions sexuelles à l'égard des enfants, et l'article 810.2, sur les engagements de ne pas troubler l'ordre public pour des infractions violentes ou sexuelles plus graves.
Les engagements de ne pas troubler l'ordre public sont des outils dont disposent les autorités chargées d'appliquer la loi en vue de protéger la population contre des personnes qui présentent un risque élevé et sont susceptibles, par exemple, de commettre une infraction sexuelle contre un enfant ou d'infliger des blessures. Les articles 810.1 et 810.2 du Code criminel permettent à quiconque a des motifs raisonnables de craindre quelqu'un de déposer une dénonciation devant un juge d’une cour provinciale pour qu'il obtienne de cette personne un engagement de ne pas troubler la paix et de respecter toute autre condition que le tribunal peut lui imposer de manière à protéger le public contre de futurs méfaits.
L'engagement de ne pas troubler la paix prévu à l'article 810.1 vise à protéger les enfants de moins de 14 ans qui pourraient être victimes d'infractions sexuelles, tandis que, à l'article 810.2, il concerne les personnes qui pourraient commettre « des sévices graves à la personne ». Un sévice grave à la personne est défini, dans le Code criminel, comme une infraction pouvant donner lieu à une déclaration de culpabilité par voie de mise en accusation, par exemple le meurtre au premier ou au deuxième degré impliquant de la violence, une conduite dangereuse, ou susceptible de l'être, pour la vie ou la sécurité d'une autre personne, ou toute infraction punissable d’un emprisonnement d’au moins dix ans.
Le sévice grave à la personne englobe aussi les agressions sexuelles, les agressions sexuelles armées et les agressions sexuelles graves. Actuellement, aux termes de la loi, un juge peut ordonner qu'une personne prenne l'un ou l'autre de ces engagements à ne pas troubler l'ordre public pour une période ne dépassant pas 12 mois, s'il est convaincu que le demandeur a des motifs raisonnables de craindre que cette personne commette l'une de ces infractions. Il s'agit alors soit de l'engagement prévu à l'article 810.1 concernant les infractions sexuelles contre des enfants, soit de l'engagement prévu à l'article 810.2, concernant les sévices graves à la personne.
Les modifications que nous proposons prolongent de manière importante la durée de ces engagements, soit de 12 à 24 mois dans certains cas.
Dans le cas de l'engagement prévu à l'article 810.1, le juge pourra imposer un engagement plus long s'il est convaincu que la personne a déjà été condamnée pour une infraction d'ordre sexuel à l'endroit d'une victime de moins de 14 ans.
En ce qui concerne l'engagement de ne pas troubler l'ordre public énoncé à l'article 810.2, la période maximale peut s'appliquer si le tribunal est convaincu que le défendeur a déjà été reconnu coupable de sévices graves. À l'heure actuelle, le juge peut aussi ordonner que le défendeur respecte une série de conditions raisonnables qu'il estime souhaitables pour assurer la bonne conduite du défendeur. Parmi ces conditions, on compte souvent l'obligation de ne pas se trouver en contact avec de possibles victimes ou de ne pas se trouver dans certains endroits et de se présenter régulièrement à la police ou à son agent de probation.
Les modifications que nous proposons préciseront que peuvent être imposées aux défendeurs des conditions plus générales que celles qui existent actuellement. Au nombre des conditions supplémentaires énoncées dans les modifications liées aux deux genres d'engagement de ne pas troubler l'ordre public, on compte le fait d'obliger le défendeur, par exemple, à participer à un programme de traitement ou à porter un dispositif de surveillance à distance, si le procureur général demande l’ajout de cette condition, ou à rester dans une région désignée, sauf permission écrite donnée par le juge, ou à regagner sa résidence et à y rester aux moments précisés dans l’engagement, ou à s’abstenir de consommer des drogues illégales, de l’alcool ou d’autres substances intoxicantes. Il est clair que nous présentons plus d'options aux tribunaux pour empêcher les défendeurs de récidiver.
En outre, les paragraphes des deux dispositions concernant les conditions qui peuvent être imposées seront modifiés de manière à être libellés de manière plus uniforme. Il y a un certain nombre de différences dans le libellé des articles 810.1 et 810.2.
Alors qu'il y a certes des différences quant aux personnes visées par ces dispositions, nombre de différences dans le libellé ont causé des difficultés d'interprétation dans les tribunaux. Ainsi, l'ensemble des provinces et des territoires ont demandé des modifications pour qu'il y ait une plus grande uniformité dans la loi.
Il est proposé, par exemple, que le juge décide, pour les deux types d'engagement de ne pas troubler l'ordre public, alors qu'il ne devait le faire précédemment que pour l'article 810.2, s’il est souhaitable pour la sécurité du défendeur, ou pour celle d’autrui, de lui interdire d’avoir en sa possession des armes à feu ou s’il est souhaitable que le défendeur se présente devant les autorités correctionnelles de la province ou les autorités policières compétentes.
Les modifications proposées dans le projet de loi aideront les procureurs qui envisagent une désignation de délinquant dangereux ou de délinquant à contrôler. Le projet de loi renforcera aussi la capacité des forces de l'ordre de surveiller et de contrôler plus longtemps et de façon plus stricte les délinquants qui présentent un risque élevé de récidive.
Notre loi fondée sur le principe du retrait après trois prises, le projet de loi , accorde la priorité à la protection du public, met fin au système qui ne pénalise pas la récidive et remplit une promesse électorale que nous avons faite aux Canadiens. Je demande à tous les députés d'appuyer ce projet de loi.
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Monsieur le Président, j'apprécie l'intervention de la présidence et celle de mon collègue de . De toute évidence, les députés d'en face ne sont pas plus intéressés à se pencher sur les faits qu'à tenir compte de la Constitution ou de la Charte des droits et libertés. En tout cas, le Parti libéral défend entre autres la Constitution et la Charte des droits et libertés.
Permettez-moi d'aborder le projet de loi qui, selon moi, présente de graves lacunes. Les députés qui regardent peut-être le présent débat et je ne peux m'imaginer pourquoi ils le font, mais peut-être que certains le regardent, devraient savoir que dans le Code criminel, dans sa forme actuelle, il y a un article sur les délinquants dangereux. Il s'agit plus précisément de l'article 753. Il y est dit:
[…] la définition de cette expression à l’article 752, et que le délinquant qui l’a commise constitue un danger pour la vie, la sécurité ou le bien-être physique ou mental de qui que ce soit, en vertu de preuves [...]
Messieurs, voilà la preuve:
[…] établissant, selon le cas
(i) par la répétition de ses actes [...]
(ii) la répétition continuelle de ses actes d’agression [...]
(iii) un comportement, chez ce délinquant, associé à la perpétration de l’infraction dont il a été déclaré coupable, d’une nature si brutale que l’on ne peut s’empêcher de conclure qu’il y a peu de chance pour qu’à l’avenir ce comportement soit inhibé par les normes ordinaires de restriction du comportement; [...]
C'est déjà prévu au Code criminel. Ce projet de loi ne change rien à cela. Il maintient la même norme de comportement.
Que se produira-t-il si ce projet de loi est adopté? Tout d'abord, il faudra qu'un avocat de la Couronne donne un avis. Il le fera semble-t-il après deux condamnations. À l'heure actuelle, il n'est pas nécessaire qu'il y ait deux condamnations. On peut le faire après une seule, s'il peut être établi que la personne représente une menace pour la société. En fait, on peut obtenir une peine d'une durée indéterminée après une seule condamnation. L'avocat de la Couronne doit toujours prouver hors de tout doute raisonnable que ces éléments du comportement de cette personne constituent une menace pour l'ensemble de la société.
Dans ce cas, l'avocat de la Couronne donnera un avis. Pensez-y un instant. L'avocat de la défense représente probablement une personne assez peu recommandable qui a eu un comportement tellement mauvais qu'elle a été reconnue coupable d'au moins deux infractions. Cette personne est maintenant passible d'une peine d'emprisonnement pour une période indéterminée et non déterminée. Autrement dit, on l'enverra aux oubliettes.
L'avocat de la défense se dira maintenant « Nous allons nous battre, et nous allons le faire avec beaucoup d'énergie. » Il n'y aura pas d'entente ni de condamnation.
Que se passera-t-il alors? L'avocat de la défense forcera l'avocat de la Couronne à accepter une transaction résultant en une peine moindre que celle qui aurait pu être appropriée dans les circonstances, puisque nous parlons maintenant d'une peine d'une durée indéterminée et non déterminée. Plutôt que la personne soit incarcérée pendant une période appropriée, de crainte qu'elle puisse être incarcérée pendant un période beaucoup plus longue, l'avocat de la défense tentera de faire accepter une entente plus clémente.
Les puristes parmi nous diront peut-être que ce n'est pas bien du tout. Toutefois, c'est ainsi que le système judiciaire fonctionne et je ne crois pas que cela changera de sitôt.
Il y aura également des conséquences indirectes à tout cela. Les tribunaux seront congestionnés, les avocats de la Couronne devront faire des ententes qu'ils ne voudraient pas avoir à faire et les tribunaux, congestionnés, entendront moins de causes.
Le procureur de la Couronne peut réagir à cela de deux façons différentes. En effet, il peut dire, d'un côté « Bien, saisissons-nous de l'affaire. En garde! » ou, de l'autre, « Si on concluait une entente? » Ce seront là les deux options de l'alternative à laquelle sera confronté le procureur de la Couronne. Il est probable qu'il se contentera d'un plaidoyer plus modeste, car les provinces n'auront pas les ressources financières nécessaires pour mettre en oeuvre cette mesure législative.
Nous pouvons refuser de tenir compte de ce genre de conseil de la part des experts qui comparaissent ou qui comparaîtront devant le comité. Nous pouvons aussi en tenir compte au moment d'examiner un projet de loi.
Le risque, c'est de compromettre l'article 752 au complet. C'est certain, absolument certain, que si cet article est adopté, que si une personne doit être reconnue coupable en vertu de cet article, cette mesure législative sera contestée devant les tribunaux par l'avocat de la défense, en vertu de la Charte. Cela est certain.
Nous mettons en danger l'intégralité de l'article 752. Le tribunal pourrait démolir soit le projet de loi au complet soit l'article au complet. Ce serait ironique de perdre tout l'article relatif aux délinquants dangereux et de rester les mains vides. D'après moi, aucun parti de la Chambre n'est prêt à risquer une telle conséquence.
Nous jouons une partie où les enjeux sont importants et peuvent clairement entraîner des conséquences graves. Je ne pense pas que les députés doivent me croire sur parole, pas plus que n'importe qui dans cette Chambre d'ailleurs. Ils peuvent en fait écouter ce que des experts dans ce domaine ont à dire à ce sujet.
Si vous le permettez, je voudrais vous citer David Paciocco, un professeur de droit à l'Université d'Ottawa. Il commence son discours en affirmant que le mieux qu'on puisse dire au sujet de ce projet de loi, c'est que c'est une série de dispositions inapplicables et sujettes à caution du point de vue constitutionnel. Le projet de loi va faire porter le fardeau de la preuve à l'accusé qui a été condamné à trois reprises. Il doit prouver qu'il ne pose pas un danger tel qu'il doit être désigné comme délinquant dangereux.
En d'autres termes, on inverse le fardeau de la preuve. Ce sont les individus qui doivent prouver qu'ils ne sont pas susceptibles de récidiver. Ce faisant, nous leur demandons de prouver quelque chose qui ne s'est pas produit. Dans ce cas, les tribunaux, qui sont censés, aux termes de la Constitution, examiner ces dispositions en tenant compte de la Charte canadienne des droits et libertés, auront beaucoup de difficulté à les juger acceptables du point de vue constitutionnel.
L'individu accusé et reconnu coupable doit prouver qu'il est capable de se retenir, qu'il ne va probablement pas tuer ou blesser des gens à l'avenir, qu'il ne reste pas indifférent aux conséquences de ses actes ou qu'il ne manifeste pas une brutalité incorrigible.
Le professeur ajoute que les juges sont forcés de décider que les délinquants posent ce type de risques que je viens de décrire non seulement dans des cas où il y a des motifs raisonnables, mais également dans les cas où il est tout aussi probable que les délinquants ne posent aucun de ces risques. C'est là où le bât blesse pour les députés de notre parti qui doivent lire le projet de loi en tenant compte de la Constitution et du fonctionnement normal de nos tribunaux.
J'ai écouté certaines des belles paroles de nos vis-à-vis et je me suis demandé si ces députés étaient déjà allés voir comment les tribunaux fonctionnaient. Voient-ils en quoi consiste le rôle des causes de ces juges qui comprend quelque 200 ou 300 affaires à n'importe quel moment? Se rendent-ils compte que la négociation de plaidoyer est une réalité dans nos tribunaux et que nous n'aurions plus de système de justice, qu'il serait paralysé si, en fait, tous les articles du Code criminel pouvaient être contestés aux termes de la Constitution? Tout ce que nous avons fait, c'est alerter les avocats de la défense et les amener à contester la constitutionnalité de ces dispositions.
Le professeur poursuit en disant que si cela était vrai, non seulement la disposition ne satisferait pas au critère du lien rationnel, mais elle ne permettrait pas non plus d'en arriver à l'équilibre ultime réalisé en vertu du principe de la proportionnalité. Les effets négatifs de cette disposition sur le droit à la liberté du détenu surpasseraient ses effets positifs. Dans tous les cas, l'article 1 ne justifierait pas l'inversion du fardeau de la preuve.
Les tribunaux cherchent constamment à atteindre l'équilibre entre les droits des accusés et la sécurité de la société. Cela s'appelle le principe de la proportionnalité, et tout juge l'a constamment en tête. Est-ce que la peine d'emprisonnement ou la proposition de peine d'emprisonnement pour une durée indéterminée contrebalance les craintes légitimes au sujet de la sécurité de la société?
J'entends les grands discours réclamant une plus grande sévérité à l'endroit des criminels. Je dis respectueusement aux députés d'en face qu'ils devraient plutôt faire preuve d'un peu plus d'intelligence dans la manière dont ils s'attaquent à la criminalité. Ils ne devraient pas présenter de mesures législatives qui seront presque inévitablement contestées devant les tribunaux, ou qui feront l'objet d'une contestation fondée sur la Charte de la part des avocats de la défense.
J'affirme de ce côté-ci de la Chambre que nous ne pouvons absolument pas appuyer ce projet de loi. Il ne respecte pas le principe de la proportionnalité. Il ne passe pas non plus le test de la constitutionnalité. Nous ne pouvons pas inverser le fardeau de la preuve dans une telle situation. Nous disons en fait aux tribunaux qu'une personne devrait être emprisonnée indéfiniment et qu'elle devrait aussi prouver qu'elle ne commettra plus d'infraction à l'avenir. C'est là un projet de loi très mal rédigé. Il ne mérite pas d'aller plus loin.
Je suis ouvert à toute question que les députés d'en face pourraient vouloir poser.
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Monsieur le Président, permettez-moi d'en finir avec ce dernier point avant de prononcer mon discours. Il y a de multiples précédents dans le Code criminel en ce qui concerne les dispositions prévoyant l'inversion du fardeau de la preuve. De plus, le fardeau pèse sur l'accusé, un accusé qui a déjà été reconnu coupable. C'est là un élément clé. La personne a déjà été reconnue coupable.
Le projet de loi n'est pas insensé. C'est plutôt l'analyse juridique du député d'en face qui correspond mieux à cette description.
Il est presque comique de regarder le député imaginer, presque avec allégresse, les efforts des avocats de la défense. Il signale qu'il a passé beaucoup de temps aux palais de justice, mais, en réalité, ceux que nous devrions écouter, ce sont les citoyens du Canada qui nous élisent à la Chambre, qui suivent nos délibérations à la télévision, qui n'ont peut-être pas passé de temps au palais de justice, mais qui savent, parce que le bon sens le leur dit, que c'est ce qu'il faut faire dans le cas de gens qui ont commis de multiples crimes odieux. Il s'agit ici des pires d'entre les pires. Il s'agit des Peter Whitmore de ce monde.
Cela fait partie des éléments qui ont incité le ministre de la Justice à déposer ce projet de loi. Il s'agit d'enfermer pour une période indéterminée, pendant au moins sept ans, les pires d'entre les pires. Les Canadiens, d'un océan à l'autre, savent que c'est ce qu'il faut faire. Il n'y a que les députés libéraux, bloquistes et néo-démocrates qui ne le savent pas.
J'ai l'honneur, aujourd'hui, d'intervenir en faveur du projet de loi , qui propose de renforcer et de clarifier certaines dispositions relatives aux délinquants dangereux et aux délinquants à contrôler ainsi qu'à deux types d'engagements de ne pas troubler l'ordre public. Le projet de loi vise à réaliser les réformes suivantes.
Premièrement, le projet de loi propose un certain nombre de modifications aux dispositions du Code criminel touchant les délinquants dangereux. Ces modifications visent à remédier aux problèmes qu’on connaît depuis 2003 pour obtenir qu’un délinquant soit déclaré délinquant dangereux. Parmi ces changements, notons l’inclusion de nouvelles dispositions prévoyant l’inversion du fardeau de la preuve, codifiant la détermination de l’à-propos de la peine ou permettant de déclarer un délinquant dangereux ou à contrôler, ainsi que certaines modifications à la procédure relative à l’évaluation psychiatrique.
Deuxièmement, il propose un certain nombre de modifications visant à renforcer les articles 810.1 et 810.2 portant sur les engagements de ne pas troubler l’ordre public, lesquels permettent à la police et au ministère public d’imposer toute une liste de conditions aux individus qui évoluent dans la collectivité et qui présentent un risque élevé de commettre de graves infractions d’ordre sexuel ou avec violence.
Ces réformes sont certes importantes dans le contexte global de la gestion des délinquants, dont la responsabilité incombe au Service correctionnel du Canada, le SCC, qui relève du ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile. Mon intervention d’aujourd’hui portera sur le Service correctionnel du Canada, le gestionnaire canadien des délinquants à risque élevé, et sur la façon dont les dispositions proposées aideront les autorités à surveiller et à superviser les criminels qui présentent un risque de commettre des infractions avec violence ou d’ordre sexuel ou les deux.
Il est très important de souligner le rôle du SCC dans le contexte des modifications proposées aux dispositions législatives touchant la détermination de la peine. Le SCC est généralement responsable de la gestion de tous les délinquants qui se voient imposer une peine d’incarcération dans un établissement fédéral, c’est-à-dire une peine d’une durée de deux ans ou plus à purger dans un pénitencier.
Le rôle du SCC débute dès l’imposition de la peine. Il consiste à concilier l’aide à apporter au délinquant pour préparer sa réinsertion sociale et l’application des mesures de contrôle qui s’imposent. Le SCC assume ce rôle pendant toute la durée de la peine. La sécurité publique est le facteur qui revêt le plus d’importance.
Dès son admission, le délinquant est évalué pour déterminer les interventions ou programmes appropriés dans son cas. L’évaluation en question porte sur de nombreux aspects et comporte l’établissement des facteurs de risque liés aux antécédents du sujet de même que des besoins en matière d’intervention correctionnelle.
L’établissement des facteurs de risque liés aux antécédents du sujet se fait à l’aide d’outils comme son dossier criminel et ses antécédents d’infraction sexuelle de même qu’à l’aide des lignes directrices établies par le Service correctionnel pour évaluer le préjudice grave. Les besoins en matière d’intervention correctionnelle sont déterminés au moyen d’une analyse de facteurs comme l’emploi, la situation matrimoniale et familiale, la toxicomanie, le comportement en société et l’attitude du délinquant.
Les facteurs utilisés pour déterminer les besoins en matière d’intervention sont dynamiques. De ce fait, ils nécessitent un suivi continuel pour établir les risques de récidive que présente le délinquant en n’importe quel temps. Une fois que tous les facteurs ont été pris en considération, on peut classer le délinquant comme présentant un risque élevé, déterminer le niveau d’intervention nécessaire pour que sa réintégration dans la société se fasse en toute sécurité et au moment opportun et établir un plan correctionnel adapté à son cas.
Le plan correctionnel fournit des renseignements sur la gestion de la peine du délinquant du début à la fin. Il peut comprendre des interventions correctionnelles comme l’aiguillage vers un des nombreux programmes correctionnels approuvés, y compris le programme de prévention de la violence ou le programme national de traitement de la toxicomanie, afin de répondre aux besoins particuliers du délinquant.
D'autres interventions peuvent prendre la forme de rencontres plus fréquentes entre le délinquant et l'agent de libération conditionnelle, de consultations psychologiques ou de participation à des programmes locaux de traitement des toxicomanies. Ces interventions sont essentielles pour aider les délinquants à réussir leur réinsertion sociale.
J'ai brièvement décrit le rôle du Service correctionnel, qui intervient dès le départ. Je parlerai maintenant des libérations conditionnelles en général en établissant un lien avec le projet de loi à l'étude.
Selon le Code criminel, un juge peut accorder ou refuser une libération conditionnelle. Avant d'être admissibles à une libération conditionnelle, les délinquants doivent purger un tiers de leur peine. Dans le cas de certains délinquants violents, un juge peut interdire toute libération conditionnelle avant que la moitié de la peine ait été purgée ou avant 10 ans, selon le moindre des deux. Dans le cas des délinquants dangereux, aucune libération conditionnelle n'est permise au cours des sept premières années de la peine et, par la suite, une demande ne peut être présentée qu'à tous les deux ans.
Les délinquants qui ne peuvent pas être admissibles à une libération avant d'avoir purgé la moitié de leur peine doivent avoir été poursuivis par voie de mise en accusation, leur peine ne doit pas être la peine minimale et doit être de deux ans ou plus. Les infractions ainsi visées incluent certains des crimes les plus répugnants dont les contacts sexuels et l'exploitation sexuelle dont les victimes ont moins de 14 ans.
La libération conditionnelle d'un délinquant se fait de façon graduelle et n'est pas une simple remise en liberté. Par exemple, la Commission des libérations conditionnelles peut recommander des conditions comme l'imposition d'un couvre-feu afin de réduire le risque de récidive.
Les délinquants qui n'ont pas été admissibles à une libération conditionnelle en vertu des dispositions du Code criminel sont admissibles à une libération d'office. Il s'agit d'un droit juridique des détenus sauf des individus condamnés à vie ou ayant des peines d'emprisonnement pour une période indéterminée, qui ne sont remis en liberté qu'après avoir purgé les deux tiers de leur peine.
La Commission nationale des libérations conditionnelles revoit le cas de tous les délinquants relevant du fédéral admissibles à une libération conditionnelle à moins que le délinquant renonce à ce droit. En évaluant un cas, la commission doit tenir compte d'une liste de principes dont la protection de la société, qui est le critère prédominant dans tous les cas. La commission doit également se fonder sur certains critères. Elle doit estimer que le délinquant ne récidivera pas.
La Commission nationale des libérations conditionnelles doit déterminer si la société court un risque indu avant l'expiration de la peine du délinquant. Elle doit aussi être convaincue que la libération d'un délinquant contribuera à la protection de la société en facilitant sa réinsertion sociale en tant que citoyen respectueux des lois.
C'est aux délinquants dangereux qu'il incombe de prouver qu'ils ne constituent pas une menace pour la société si on leur accorde une libération conditionnelle. Il est très rare qu'on accorde même une libération conditionnelle plus encadrée aux délinquants dangereux. Selon la Commission nationale des libérations conditionnelles, environ 99 p. 100 des demandes de libération conditionnelle concernant des délinquants dangereux sont rejetées d'office. Si on compare ce pourcentage à celui des demandes de libération faites par des délinquants trouvés coupables de meurtre au premier degré ou au deuxième degré, on constate que dans le cas de ces derniers, les demandes sont rejetées dans environ 65 p. 100 des cas.
Par conséquent, on considère souvent que l'emprisonnement pour une période indéterminée imposé aux délinquants dangereux est la peine la plus sévère que prévoit le droit pénal canadien. Lors de l'examen d'une demande de libération conditionnelle, la commission évalue trois éléments principaux: les antécédents criminels et sociaux du délinquant, son comportement pendant son incarcération et le résultat des interventions et, enfin, le plan de libération et la stratégie de gestion envisagée dans la collectivité.
En ce qui concerne les antécédents criminels et sociaux du délinquant, nombre de facteurs sont évalués, notamment les détails de l'acte criminel, les antécédents criminels, l'abus d'alcool ou d'autres drogues et la santé physique et mentale. Quand la commission examine le comportement carcéral et évalue les interventions en milieu carcéral, elle tient compte de tout élément montrant un changement chez le délinquant suite à un traitement ou à la participation à un programme donné pendant l'incarcération. Elle tient également compte de la compréhension qu'a le délinquant, d'une part, de l'acte pour lequel il purge une peine et, d'autre part, de son comportement criminel antérieur.
Lorsqu'elle évalue le plan de libération et la stratégie de gestion dans la collectivité, la Commission nationale des libérations conditionnelles tient compte de la disponibilité de programmes ou de counselling et de contrôles de supervision et se demande en outre si des conditions spéciales sont nécessaires à la gestion du risque dans la collectivité.
Compte tenu de ces considérations et de ces critères ainsi que des politiques internes de la commission, il est possible que la libération conditionnelle ne soit pas accordée aux délinquants considérés comme présentant un haut risque et de très fortes chances de récidive.
Les Canadiens d'un bout à l'autre du pays nous ont demandé de nous attaquer au crime. Avec ce projet de loi marquant, nous accédons à leur demande, mais nous ne pouvons pas le faire tout seuls. Nous avons besoin de l'appui des députés de l'opposition pour que soit adoptée cette importante mesure que nous avons présentée pour lutter contre le crime.
Malgré tous ses beaux discours, l'opposition a fait peu de chose pour durcir le ton face au crime dans la présente législature. L'opposition a beaucoup parlé de la nécessité de durcir le ton face au crime durant la campagne électorale, mais c'est maintenant le temps de passer aux actes. C'est maintenant le temps de représenter nos électeurs et de voter selon leurs voeux.
Il n'y a qu'un seul parti qui garde le cap sur l'objectif d'avoir des rues et des collectivités plus sûres et sur la sécurité de nos enfants et de nos aînés, c'est le Parti conservateur du Canada, c'est le gouvernement actuel. Je demande à l'opposition de cesser de diluer les mesures de lutte contre le crime et de faire ce qu'elle a promis durant la campagne électorale. Laissez-nous faire notre travail qui consiste à rendre nos rues plus sûres pour tous les Canadiens.
Je voudrais mentionner quelques députés qui ont retroussé leurs manches. Ils connaissent l'importance de durcir le ton face au crime. D'abord, le ouvre la marche. Il y a les députés de , de , de , de , de , d', d' et bien d'autres encore de ce côté-ci de la Chambre. Je vois le député, qui me regarde. Je vois le député de . Ils sont tous déterminés et travaillent très fort dans cette lutte contre le crime. Je souhaite que les députés de l'opposition se joignent à nous dans cette lutte.
Je pensais que j'aurais 10 minutes, mais il semble que je disposerai plutôt de 20 minutes de sorte que je voudrais parler un peu des effets du crime dans ma circonscription, celle de Palliser, et dans toute la province de la Saskatchewan.
Pour le cas où des députés ne le sauraient pas encore, la Saskatchewan est toujours la capitale du crime au Canada sous un gouvernement néo-démocrate. À titre d'information pour la Chambre et les députés d'en face, je voudrais faire savoir aux Canadiens ce qu'est la vie sous un gouvernement néo-démocrate.
Le taux de criminalité par habitant est plus élevé en Saskatchewan qu'en Ontario. La Saskatchewan est la capitale du meurtre au Canada. C'est effarant. C'est en Saskatchewan que le taux d'infractions avec violence est le plus élevé. La Saskatchewan continue d'avoir le plus haut taux de crimes contre la propriété au Canada. Les taux de criminalité pour vol dans ma ville natale de Regina sont les troisièmes en importance de toutes les villes du pays. C'est à Regina que le nombre de vols d'automobiles par habitant est le plus élevé au Canada.
Tous les députés et tous ceux qui nous écoutent sont d'accord pour dire que c'est une honte. Les gens de Palliser tout comme ceux de la Saskatchewan ont le droit de se sentir en sécurité à la maison et dans les rues. Au contraire, chaque année, ils constatent qu'ils vivent dans la province la plus dangereuse du Canada et ils le doivent aux gouvernements néo-démocrates au provincial et libéraux au fédéral qu'ils ont eus depuis des années.
On aurait cru que les députés de l'opposition, devant une initiative comme le projet de loi , auraient appuyé les nouvelles mesures rigoureuses de notre gouvernement visant à sévir contre les délinquants dangereux. Il est question ici, je le répète, de la pire racaille. Nous parlons d'environ deux douzaines de personnes par année. C'est de cela qu'il s'agit.
Les députés d'en face et les députés du NPD refusent d'appuyer ce projet de loi, un projet de loi qui impose aux délinquants déjà condamnés à trois infractions à caractère violent ou à caractère sexuel le fardeau de justifier pourquoi ils devraient être libérés dans une collectivité. Voilà qui est tout à fait raisonnable.
Les gens qui nous écoutent comprennent que cette mesure est tout à fait raisonnable. En fait, bon nombre de mes électeurs ont communiqué avec moi en me demandant pourquoi nous accordons trois chances à ces gens. La raison en est que les Canadiens sont des gens compatissants qui sont soucieux de réinsertion sociale mais, à un moment donné, il faut tirer la ligne. Les Canadiens nous comprennent. Pour moi et les gens de Palliser, l'approche du gouvernement est fort sensée.
Les députés de l'opposition ne l'entendent pas de la même manière aujourd'hui. Je n'arrive pas à croire que ces députés ne vont pas appuyer le projet de loi. Le nouveau gouvernement du Canada est disposé à agir sans tarder pour rendre la vie difficile aux délinquants dangereux. J'invite les députés d'en face, et tout particulièrement ceux du NPD, à se tenir debout et à participer à nos efforts.
Je les invite à faire ce qui s'impose, à appuyer nos efforts visant à faire en sorte que nos quartiers soient des endroits sûrs. Je rêve peut-être en couleurs. Après tout, les réalisations du NPD en matière de crime et de projets de loi concernant la justice pénale ne sont pas reluisantes. Le NPD a fait cause commune avec les libéraux pour vider de son contenu une mesure législative importante de notre gouvernement, le projet de loi , qui aurait supprimé la détention à domicile pour les pyromanes, les voleurs d'automobiles et les criminels qui s'introduisent par effraction dans les maisons de nos citoyens.
Il me semble tout à fait raisonnable qu'une personne aille en prison si elle incendie un édifice, vole une voiture ou entre dans un domicile par effraction. Les députés des partis d'opposition ne sont pas de cet avis. Ils croient que ces délinquants devraient pouvoir purger leurs peines dans le confort de leur salon. Les Canadiens savent que ce n'est pas correct.
Je sais que les néo-démocrates préconisent des peines allégées pour les criminels et qu'ils cherchent des façons de justifier pourquoi nous ne devons pas être plus durs à l'endroit des criminels, mais les Canadiens comprennent qu'il est tout simplement inacceptable de démolir des projets de loi importants concernant la criminalité et de ne pas appuyer des mesures législatives comme le projet de loi .
Le porte-parole néo-démocrate en matière de justice n'a pas fait ce qui s'imposait en refusant d'appuyer le projet de loi . Il a critiqué le gouvernement conservateur d'avoir présenté des mesures législatives qui ciblent les délinquants dangereux. Il a laissé entendre que le projet de loi, y compris les dispositions renversant le fardeau de la preuve, vont à l'encontre de la Charte des droits et libertés.
Cependant, durant la dernière campagne électorale, le NPD a dit être en faveur d'inverser le fardeau de la preuve dans le cas des cautions relatives aux crimes commis avec des armes à feu. Les néo-démocrates ne peuvent pas jouer sur les deux tableaux. Ils ne peuvent pas dire une chose pendant la campagne électorale et faire volte-face une fois à la Chambre. Pendant que j'y suis, je dois dire que l'ancien ministre libéral de la Justice a aussi carrément rejeté ce projet de loi. C'est honteux.
Il est clair que les néo-démocrates sont prêts à dire n'importe quoi pour être élus, mais quand vient le moment de passer de la parole aux actes et faire ce qui doit être fait, on ne peut tout simplement pas leur faire confiance. Je crois que les faits parlent d'eux-mêmes. Il n'y a qu'un seul parti au Canada aujourd'hui qui se bat pour améliorer la sécurité des collectivités, des quartiers et des rues: le Parti conservateur et de son nouveau gouvernement.
Je suis très fier d'appuyer le projet de loi au nom des citoyens de Palliser. C'est la chose à faire. C'est l'attitude plus sévère envers la criminalité que réclament les résidents de Palliser. On me dit constamment qu'assez, c'est assez, et c'est là la chose à faire.
J'aimerais profiter de l'occasion, en cette semaine du Souvenir et avec le jour du Souvenir, samedi, pour inviter tous les Canadiens à partager l'histoire du souvenir et à prendre le temps de penser à nos anciens combattants ainsi qu'aux soldats qui servent actuellement dans les Forces canadiennes partout dans le monde, y compris nos braves militaires en Afghanistan. Les anciens combattants et les membres des Forces canadiennes sont des gens à qui l'ont doit tout ce dont nous bénéficions aujourd'hui. Nous devons tout à ces soldats. J'invite les députés à prendre le temps de se souvenir, comme le feront, j'en suis certain, tous les Canadiens.
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Monsieur le Président, je prends aujourd'hui la parole relativement à ce projet de loi. Je ne suis pas juriste, mais je suis assez intelligent pour lire des projets de loi. Je sais voir, par rapport à ce qui se passe dans la réalité, si un projet de loi est pertinent ou tout à fait impertinent. Mes 13 ans d'expérience en tant que député et législateur en cette Chambre m'ont appris à distinguer les bons projets de loi de ceux qui n'apportent rien à la société québécoise ou à la société canadienne.
Le projet de loi , qui est devant nous, n'aide strictement en rien à combattre la criminalité, à réduire cette criminalité et à décourager des criminels potentiels de commettre des actes. Ce projet de loi est tout à fait inutile et n'atteint pas ces objectifs.
J'écoutais plus tôt mon collègue conservateur qui disait que si on est contre ce projet de loi, c'est qu'on est contre les victimes d'actes criminels. Quelle démagogie!
Un projet de loi de ce type, qui n'apporte rien, peut même nuire au processus normal des tribunaux. Si on se fie à l'expérience américaine des dernières années alors que les Américains avaient mis de l'avant des mesures similaires, ce genre de projet de loi pourrait nuire à la lutte contre la criminalité plutôt que de lui donner des outils supplémentaires. Aucune étude ne prouve que cette politique de « trois prises, retiré » peut apporter une contribution positive.
Aux États-Unis, où l'on retrouve le plus haut taux de criminalité au monde, l'expérience des dernières années nous a prouvé que même avec une politique de cette nature, le taux de criminalité n'avait pas été réduit. Il y a surtout des études qui associent la durée de l'incarcération à l'augmentation des probabilités de récidive pour ces criminels. C'est donc tout le contraire de ce qu'on vient de nous énoncer par rapport à ce projet de loi.
De plus, ce projet de loi bafoue un principe fondamental en droit, et c'est celui de la présomption d'innocence. Avant même qu'un criminel passe à un autre acte, c'est à lui de faire la démonstration qu'il n'est pas délinquant dangereux, et qu'il n'a pas besoin d'être incarcéré pour une période indéterminée. C'est à lui de faire cette preuve. Je ne crois pas que de mettre un individu devant cette responsabilité face au système de justice soit la bonne méthode ni que cela respecte les chances auxquelles tout individu a droit. Ce renversement de la preuve ne fait pas partie de la tradition du droit britannique, sauf dans quelques exceptions précises, comme les biens acquis par des activités criminelles.
Récemment, par l'entremise du Bloc québécois, nous avons adopté un projet de loi en vertu duquel, après une condamnation, quelqu'un ayant participé à des activités du crime organisé doit faire la preuve que tous les biens qu'il possède ont été acquis légalement: Mercedes, maison, résidence secondaire. C'est ce type d'exception qui est souhaitable lorsqu'on regarde tous les groupes criminalisés.
L'opération Printemps 2001 nous a permis de mesurer ce qu'il a fallu de ressources judiciaires et de ressources des contribuables, et ce qu'on a dû déployer pour faire la preuve que tous les biens acquis par les Nomades, les Hells Angels ou les autres groupes criminalisés étaient des biens acquis de façon illégale.
Lorsque nous regardons ce projet de loi, nous pouvons constater qu'il peut même nuire au processus judiciaire. J'écoutais plus tôt mon collègue conservateur. Il disait avoir reçu des appels téléphoniques de ses commettants qui lui demandaient pourquoi attendre la troisième fois avant de déclarer un délinquant « délinquant dangereux » et l'incarcérer pour une période indéterminée.
Je lui pose la même question mais dans un autre sens.
Pourquoi attendre la troisième infraction, alors qu'à l'heure actuelle, un procureur de la Couronne peut demander, en fonction de la gravité et de la brutalité d'un crime, que cet individu soit considéré délinquant dangereux dès le premier crime?
Il n'est pas nécessaire d'attendre la troisième fois. Dès le premier crime, s'il s'agit d'un crime particulièrement brutal, un procureur de la Couronne peut demander que cet individu soit considéré délinquant dangereux. Le juge peut acquiescer à cette demande et déclarer cet individu délinquant dangereux dès la première infraction.
Je pose la question: pourquoi attendre trois fois, alors que dans le système actuel, avec la flexibilité donnée aux procureurs et aux juges, on peut en arriver, avec intelligence et aussi avec discernement, à voir s'il y a des chances de réhabilitation dès le premier crime commis à la lumière de la nature, de la gravité et de la brutalité d'un crime?
Je disais tout à l'heure qu'aux États-Unis, on avait expérimenté ce genre de politique. Là-bas, on se retrouve avec des prisons pleines. Lorsqu'on dit que le du Canada est une copie conforme de George W. Bush, c'est également dans ce sens-là. Ce n'est pas seulement au niveau des politiques guerrières, au niveau des politiques économiques ou au niveau du soutien aux pétrolières, par exemple, mais aussi au niveau du système de justice et du système pénitencier qu'on veut instaurer au Canada par rapport à ce qu'on a à l'heure actuelle.
Aux États-Unis, les prisons sont pleines à craquer. On emprisonne sept fois plus qu'au Canada. Pourtant, même avec une politique de « trois crimes équivalent à délinquant dangereux », aux États-Unis, il y a un taux d'homicides trois fois supérieur à ce qu'on retrouve au Canada et quatre fois supérieur à ce qu'on retrouve au Québec. Cela doit être significatif quelque part. Lorsqu'un système ne fonctionne pas, comme aux États-Unis par exemple, un des pays les plus criminalisés au monde, cela veut dire qu'il ne faut pas copier ce système et qu'il faut faire les choses autrement. Il ne faut pas prendre une copie conforme du système américain. Pour se faire une belle jambe, les conservateurs nous présente un projet de loi de cette nature en donnant l'impression qu'ils sont les seuls garants de la sécurité des individus, de la poursuite des criminels jusque dans leur dernier retranchement, les seuls garants aussi de la justice dans ce pays. C'est une prétention qui est tout à fait dénaturée par rapport au discours et au contenu du projet de loi.
Lorsqu'on est un législateur, on a une énorme responsabilité. Cette responsabilité va bien sûr au traitement des victimes, les victimes passées comme les victimes potentielles de criminels. Il faut s'en préoccuper, mais il faut se doter d'outils corrects pour faire cela. Si on regarde au cours des 10 dernières années, les crimes graves au Canada ont connu une diminution. Qu'on ne vienne pas nous dire, en prenant les données de 2004-2005, que la situation est tout à fait terrible et qu'elle est tellement terrible qu'il faut prendre des mesures. Soit, mais pas des mesures qui sont tout à fait décrochées de la réalité comme celles-là.
Il faut prendre des vraies mesures et ces vraies mesures, les conservateurs ne les prennent pas. Ce sont des apparences de mesures. Ils veulent montrer qu'ils ont pris des engagements politiques tout à fait dénués de sens au cours de la dernière campagne électorale, dont, justement, d'en arriver à cette politique de « trois crimes équivalent à délinquant dangereux ». Là, ils nous présentent ce projet de loi. Cela n'a ni queue ni tête. Cela ne colle pas à la réalité et n'ajoute rien à la démonstration. Cela n'ajoute aucun outil de lutte contre les crimes graves au Canada.
Parmi les choses à faire — et qu'ils ne font pas —, il y a un outil qui est fondamental, c'est le contrôle des armes à feu. On vient d'avoir les dernières données de Statistique Canada. Ce ne sont pas nos inventions, c'est Statistique Canada. Cet organisme nous dit que, au Québec, par exemple, et à l'Île-du-Prince-Édouard, le taux de criminalité est beaucoup moins élevé que dans le reste du Canada. La ville championne au plan du taux de criminalité et des crimes graves est Edmonton. Calgary est deuxième. C'est significatif.
Lorsqu'on vient d'une région où le taux de criminalité est le plus élevé, peut-on avoir un peu plus d'intelligence pour trouver une approche pour contrer cette criminalité? Le contrôle des armes à feu et le registre des armes à feu, c'est ce dont nous avons besoin. Hier, on disait par exemple dans les bulletins d' informations, qu'à Edmonton, 80 p. 100 des crimes ont été commis à partir d'armes qui n'étaient pas enregistrées. Donc 20 p. 100 des armes étaient enregistrées. N'est-ce pas un indice qu'il faudrait augmenter les contrôles? Il faudrait faire en sorte qu'il y ait un registre bien tenu.
Des voix: Oh, oh!
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Monsieur le Président, je suis très heureux que vous soyez disposé à entendre jusqu'à la fin ce que j'ai à dire.
Lorsqu'on est confronté à une réalité comme celle-ci, on s'assoit tranquillement et on prête attention au taux de criminalité. Dans certaines régions du pays, il a diminué. Pourquoi? Au Québec, on a misé sur la réhabilitation. On a des délinquants dangereux, mais pas à profusion, et avant de déclarer un individu délinquant dangereux, on y va d'une première étape: on le considère comme un délinquant à contrôler. Ce criminel peut être surveillé et contrôlé pendant 10 ans.
Jetons un regard sur le taux de criminalité au Québec. Il parle de lui-même. Le Québec est l'endroit où il y a le moins de crimes graves, mais c'est l'endroit où on a misé sur la réhabilitation. C'est aussi l'endroit du Canada où la population est très sensibilisée à l'importance du contrôle des armes à feu. Il me semble que cela aussi parle. Il y a des prédispositions, il y a de l'intelligence dans une approche.
De leur côté, le et son gouvernement décident d'abolir le registre des armes à feu, d'enlever tous les contrôles, et de pleines pelletées d'armes entrent à partir du Montana, traversant les frontières canadiennes qui sont de vraies passoires. Elles entrent à grandes pelletées. Tout le monde est armé et c'est le party.
Cela ne fonctionne pas ainsi. Il faut premièrement conserver le registre des armes à feu; deuxièmement, sécuriser davantage les frontières. Qu'on mette en place des contrôles aux frontières, pour éviter le trafic des armes! On peut aller n'importe où, dans un bar ou une taverne, — peu importe — demander une arme de poing. On l'aura en peu de temps. Il y a un trafic incroyable de ces armes. C'est la deuxième mesure à prendre, au lieu de projets de loi cosmétiques comme celui-ci, qui fera une belle jambe aux conservateurs, qui veulent montrer qu'ils sont les seuls défenseurs de la justice. Mon oeil!
Je viens de vous mentionner qu'il s'agit de deux mesures importantes; or les conservateurs sont tout à fait contre ces mesures.
Troisièmement, peut-on investir dans la prévention? On voit des jeunes qui côtoient, en très bas âge — 10 à 12 ou 13 ans — des hommes de main de groupes criminels pour récolter, par exemple, les plantations de cannabis dans les champs de l'Ontario, du Québec ou d'ailleurs, moyennant 20 $ l'heure. Or ils côtoient le crime organisé et la facilité. Se pourrait-il que ces jeunes, en vieillissant, continuent à côtoyer le monde criminel et s'y intègrent plutôt que de s'intégrer dans une société correcte? Le rôle de la prévention est de les en empêcher. C'est de faire en sorte que les jeunes à problèmes puissent s'intégrer et se réhabiliter, avant de devenir des adultes et de joindre les rangs du crime organisé.
Quand entend-on parler de prévention de la criminalité chez les jeunes? Quand entend-on parler de réhabilitation par les conservateurs? Jamais.
En conclusion, j'aimerais simplement dire que les conservateurs se disent aussi de grands défenseurs de la gestion des fonds publics. Cette gestion, c'est ma marotte. Ils se disent de grands défenseurs des fonds publics. Or, leurs mesures vont gonfler les prisons de gens qui, après trois infractions — peu importent l'intelligence du cas et le jugement des juges et des coroners — vont joindre les rangs de la population carcérale. On va gonfler la population des prisons.
Je vais fournir quelques chiffres, les coûts engendrés par un prisonnier au regard de la réhabilitation. En moyenne, au Canada, le maintien d'une personne dans le système carcéral coûte 88 000 $. Et je ne parle pas de sécurité maximale. La sécurité maximale, donc l'incarcération des délinquants dangereux, pour la plupart, coûte 120 000 $ par année. C'est beaucoup d'argent.
Savez-vous combien coûte un délinquant à contrôler? Environ 26 000 $ par année; donc, 26 000 $ contre 120 000 $ et 88 000 $: ces chiffres parlent.
Premièrement, les conservateurs optent pour des mesures, des réformes au Code criminel qui n'apportent strictement aucun outil pour combattre les criminels. Deuxièmement, ils le font seulement pour se faire une belle jambe et montrer qu'ils sont de grands défenseurs de l'État policier et des victimes, alors qu'ils n'aident aucunement les victimes. En effet, ils créent des criminels, ils créent de la récidive et ils vont créer des victimes potentielles.
Troisièmement, ils ne pensent pas à la prévention et à la réhabilitation; pourtant, c'est ce qui fonctionne. Partout où cela a été appliqué, le taux de criminalité et les crimes graves ont diminué; partout où on a le sentiment que les représentants du peuple ne sont pas favorables à la réhabilitation, on se retrouve comme à Edmonton et Calgary, avec un taux de criminalité très élevé.
Est-ce que cela veut dire quelque chose?
De plus, à cause de mesure inefficaces, de mesures complètement inappropriées pour protéger les victimes potentielles, les victimes futures, on se retrouve avec des coûts astronomiques, des gaspillages de fonds publics. Or, comme je le dis, avec une mesure comme celle-là, on est en terreau fertile pour préparer des récidivistes. Il y a des gens qui un jour vont être emprisonnés et vont rester 10, 12 ou 15 ans dans le système carcéral. Or, comme le disent la plupart des études, lorsqu'ils vont en sortir, le risque de récidive est encore plus grand que lorsqu'ils peuvent bénéficier de la réhabilitation, à l'exemple de ce qui se fait au Québec et dans d'autres pays dans le monde. Il faut y penser et il faut arrêter de jouer à la droite policière en disant être les seuls défenseurs de la justice. Mon oeil!