propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
-- Monsieur le Président, aujourd'hui, je suis très heureux de pouvoir discuter avec les députés de tous les partis du projet de loi .
Une des bizarreries de la prorogation, c'est qu'on reprend l'étude des initiatives parlementaires au début de l'étape où elles en étaient avant la prorogation. Cela me donne l'occasion unique de parler une deuxième fois de mon projet de loi à cette étape, cette fois avec l'avantage d'avoir entendu ce que chaque parti de l'opposition avait à dire à son sujet.
La plupart de ce que je vais dire aujourd'hui ressemblera à ce que j'ai dit à la Chambre la première fois, le 5 juin dernier, mais je vais aussi tenter de répondre à certaines des observations que mes collègues de l'opposition ont faites au cours de la première heure de débat.
J'ai été très encouragé d'entendre tous les intervenants de l'opposition témoigner de leur appui général pour le principe du projet de loi.
En rédigeant le projet de loi, j'ai fait des efforts pour parvenir au plus grand commun dénominateur, ce qui a été assez difficile compte tenu de la nature de plus en plus partisane de nos débats dans un contexte de gouvernement minoritaire. Avant d'aller plus loin, je résume le projet de loi pour le bénéfice de ceux qui n'ont peut-être pas encore eu le temps de l'examiner.
Comme il est précisé dans le sommaire, le projet de loi modifierait la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents afin de prévoir qu’un agent de police doit, avant d’engager des poursuites ou de prendre d’autres mesures sous le régime de la loi contre l’adolescent à qui est imputée une infraction, déterminer s’il est préférable de le renvoyer à un spécialiste en toxicomanie pour confirmer la toxicomanie et, s’il y a lieu, recommander le traitement nécessaire.
Le deuxième aspect du projet de loi, c'est que, si l’adolescent ne complète pas le traitement recommandé par le spécialiste en toxicomanie, des poursuites pourraient être engagées contre lui.
La dernière fois que je suis intervenu à la Chambre dans le débat sur ce projet de loi, j'avais commencé en tentant de délimiter l'étendue du problème. Le coût cumulatif des toxicomanies pour la société canadienne est incroyablement élevé et, en plus, il est extrêmement complexe à évaluer. Nous ne parlons pas ici uniquement du coût économique, mais de tous les coûts subjectifs personnels et psychologiques incalculables pour les personnes, les familles et les collectivités de tout le Canada.
Au cours du débat précédent, le porte-parole du Bloc pour les questions de justice, le député d', s'est souvenu d'avoir examiné en comité le coût des toxicomanies pour la société canadienne. Il a déclaré que des études économiques montraient qu'il pourrait représenter 16 milliards de dollars en perte de productivité pour le PIB du Canada en raison des investissements nécessaires dans les forces policières et des répercussions négatives sur la société.
Le coût est donc difficile à calculer. Il n'est pas qu'économique. Les toxicomanies ont beaucoup de conséquences dont les décès précoces, les maladies mentales provoquées par les drogues, la violence en milieu familial, la destruction de familles, la pauvreté, l'augmentation du taux de criminalité et la liste est encore longue. La question est très complexe. Une des choses qui la complique davantage, c'est que la plupart de ces conséquences et leurs coûts sont interreliés.
La qualité de vie au Canada est touchée. Le coût total représente un lourd tribut quotidien sur le plan du capital humain, la richesse du Canada.
Le problème a un effet composé. Au Canada, les toxicomanies sont entretenues par une machine bien huilée. La plupart des jeunes commencent à consommer des drogues avant 18 ans et les premiers produits qui leur sont offerts calment leurs craintes. Il existe une variété de drogues qui ne suscitent pas trop de craintes chez les jeunes, ce qui les amène à faire des expériences.
J'aimerais dire deux mots, en passant, sur ce que la députée néo-démocrate de a dit la dernière fois qu'elle a pris la parole, à propos des écoles où on dit aux jeunes que s'ils fument de la marijuana, ils deviendront inévitablement des cocaïnomanes. Elle a ajouté que cela revient à dire que tous ceux qui prennent le volant finissent par tuer quelqu'un.
Tout d'abord, je n'ai jamais entendu quelqu'un expliquer le problème de la sorte, c'est-à-dire que quiconque fume de la marijuana deviendra inévitablement un cocaïnomane. Je pense que la plupart des personnes raisonnables diraient que quand on commence à consommer quelque chose, on est plus susceptible de passer à quelque chose de plus puissant à l'avenir.
À propos de son rapprochement avec les conducteurs d'automobiles, j'estime qu'il serait plus approprié de dire que ce n'est pas tout le monde qui prend le volant en état d'ébriété qui finira par tuer quelqu'un, mais nous avons quand même des lois qui interdisent la conduite en état d'ébriété. La plupart des gens pensent que ces lois sont raisonnables.
Pour en revenir à l'effet composé, quand ces jeunes entrent dans le monde de la drogue, quand ils commencent à consommer des drogues, ils finissent tôt ou tard par en consommer davantage ou par consommer des substances plus puissantes. Ils les partagent avec leurs amis et partagent leurs expériences avec ceux-ci. À cette étape-là, au début du processus, il n'y a toujours aucun inconvénient apparent. Certains jeunes sont attirés plus profondément dans le monde de la drogue. Ils y participent plus activement. Ils deviennent membres de gangs. Les avantages qu'ils en tirent sont, entre autres, l'argent, l'estime et le pouvoir.
D'autres jeunes n'ont pas ce qu'il faut pour faire partie d'un gang, mais ils deviennent des clients à vie. Ils ne peuvent se passer du sentiment d'euphorie que leur procure les drogues, mais ils en ont toujours besoin de plus pour y parvenir. Ils commencent à commettre des délits mineurs, et cette habitude nourrit leur dépendance. Ils s'enfoncent dans une spirale de toxicomanie et de criminalité.
J'ai récemment visité un centre de réadaptation pour toxicomanes d'Edmonton appelé Our House. Le programme primé de ce centre aide des hommes à régler leurs graves problèmes de dépendance. Les gens y séjournent pendant un an et les résultats sont phénoménaux. Ce centre accueille 32 personnes et fait un travail exceptionnel.
J'ai parlé à Patricia Bencz, la directrice exécutive de cette organisation. Elle m'a dit qu'un seul des 122 hommes qui ont suivi le programme n'avait pas de casier criminel. Cela montre bien le lien entre la consommation de drogues et la criminalité auquel nous devons nous attaquer.
Les estimations varient en ce qui a trait au lien entre l'activité criminelle et la consommation de drogues; entre 40 et 80 p. 100, dépendamment de la personne à qui on pose la question. C'est un problème sérieux.
Pour trouver une solution, il faut séparer le problème en composantes logiques. Il pourrait être utile d'aborder le problème en utilisant un modèle, même si aucun modèle n'est parfait. Notre stratégie nationale antidrogue comporte trois volets: application de la loi, traitement et prévention.
Je vais parler des gens qui correspondent à ces trois volets. Il y a les organisations — qu'on peut comparer à une industrie, celle des drogues illicites — les consommateurs de l'industrie et les clients éventuels. Le quatrième groupe est composé du reste d'entre nous qui voulons lutter contre ce problème. C'est une industrie que nous ne voulons pas appuyer; nous voulons la faire disparaître.
Quand on parle des organisations, on parle des chefs de gangs, des producteurs, des réseaux de trafiquants et de tous ceux qui appuient ces réseaux. Les responsables de l'application de la loi doivent traiter ce groupe avec sévérité pour enrayer l'approvisionnement. Notre stratégie nationale antidrogue prévoit l'allocation de 21,6 millions de dollars sur deux ans pour lutter contre ce fléau du point de vue de l'application de la loi.
Il y a ensuite les consommateurs, ceux qui utilisent les drogues. Nous savons que bon nombre d'entre eux sont des enfants. Certains grimperont les échelons des organisations, et le gang deviendra leur milieu de vie. Certains, comme je l'ai dit plus tôt, deviendront simplement toxicomanes pour toujours. Des clients à vie, si on veut.
D'autres participeront à des activités criminelles sans faire partie d'organisations. Ils voleront pour financer leur habitude. Ils pourront devenir violents sous l'influence de certaines des drogues qu'ils consomment. Je reviendrai à ce groupe dans quelques minutes puisque le projet de loi d'initiative parlementaire vise l'une de ses composantes.
Le troisième groupe est celui des clients potentiels, dont j'ai parlé. Il est presque entièrement composé de jeunes de moins de 18 ans. L'industrie de la toxicomanie, comme toute autre entreprise, cible la croissance et cible donc notre jeunesse. Il importe, dans notre façon d'envisager toute intervention en matière de lutte contre les drogues, de tenir compte de l'aspect de la prévention.
Pour vous donner un exemple de certaines des mesures que prennent ces gens pour cibler nos enfants, dans mon premier discours j'avais parlé de Maralyn Benay, qui fait partie d'un groupe qui s'appelle Parents Empowering Parents. Elle habite ma circonscription. Elle m'a parlé d'un produit qu'on appelle le Quick aux fraises, dans le jargon de la rue. Il s'agit d'une version rose de la méthamphétamine en cristaux, conçue tout particulièrement pour cibler les jeunes filles. Voilà donc ce à quoi nous avons affaire. Voilà ce à quoi les parents de nos enfants et jeunes adolescents ont affaire, à ce genre de marketing qui cible nos jeunes.
De toute évidence, notre objectif principal par rapport à ce groupe des clients potentiels, des personnes qui n'ont jamais utilisé de drogues auparavant, est celui de la prévention. La stratégie nationale antidrogue prévoit l'affectation de 10 millions de dollars pour la prévention sur deux ans.
Je tiens à dire que les mesures d'application de la loi ont également une incidence sur la prévention. Les gens qui vivent dans une petite ville, et j'ai moi-même grandi dans une ville d'environ 5 000 habitants, savent très bien si un producteur ou un vendeur important y est actif et sont en mesure de mettre un terme à son activité. Ainsi, faire observer la loi constitue une mesure importante en matière de prévention.
Et puis il y a nous tous. Il nous arrive parfois de penser, à tort, que certains Canadiens ne sont pas touchés par les drogues. Or, tel n'est pas le cas. Nos enfants sont ciblés, comme je l'ai dit, de sorte que, comme parents, nous sommes visés également. Certaines personnes sont victimes de la criminalité. Il y a évidemment aussi des répercussions sur le système de soins de santé et sur les coûts de ce système, que nous assumons, et aussi sur la perte de productivité à l'échelle du pays.
Et quel est donc notre rôle? Nous sommes ceux qui devons imposer une solution. La question est urgente et nous devons la traiter comme telle. J'ai parlé de Maralyn Benay et de Patricia Bencz. Elles ont vu l'urgence et elles agissent en conséquence.
Beaucoup de groupes dans ma collectivité travaillent en ce sens. Par exemple, la Mill Woods Community Patrol est une organisation de bénévoles de la collectivité qui patrouillent en voiture les zones problématiques les vendredis et samedis soirs. Ces bénévoles veillent sur la collectivité. Ils travaillent avec la police. S'ils voient quelque chose de suspect, ils peuvent le signaler à la police. C'est un exemple de citoyens qui contribuent à changer les choses dans cette région.
D'autres groupes comprennent les agents de la GRC de Beaumont, une petite ville de ma circonscription, qui coordonnent un programme DARE. Ils parlent aux jeunes et leur apprennent les dangers liés à l'abus de drogues. Il y a également les organismes bénévoles, les organisations de jeunes et les centres d'accueil où les jeunes peuvent aller et faire d'autres choses que consommer de la drogue et se tenir dans les rues et dans des endroits où ils peuvent trouver des ennuis, sans nécessairement les chercher.
Puis, il y a les gens dont j'ai parlé auparavant, Patricia et Maralyn, et les organismes dont elles font partie ainsi que les organismes dans l'ensemble du pays qui font un travail similaire.
Je veux remercier ces personnes et les groupes semblables aux leurs pour leur contribution, car cela influe sur la qualité de vie de tous les Canadiens, y compris ma famille et moi.
Revenons maintenant à la question des clients de l'industrie des toxicomanies.
De simples calculs montrent que plus il y a de consommateurs de ces drogues, plus le trafic augmente. Plus le trafic augmente, plus cela crée un autre cycle et plus on compte d'utilisateurs de ces drogues. Plus on aide de gens qui ont une dépendance à la drogue, plus il y en a qui cessent d'en consommer. Plus on enlève de clients à cette industrie, plus on prive les organisations criminelles, d'une part, de l'argent dont elles ont besoin et, d'autre part, de revendeurs potentiels. Notre stratégie nationale antidrogue investit à juste titre plus d'argent, soit 32,2 millions de dollars, dans le Plan d'action sur le traitement des toxicomanes.
Le projet de loi vise un sous-groupe de clients de cette industrie, les jeunes contrevenants. Il s'agit d'un projet de loi simple. Il tient sur une seule page et, mis à part quelques corrections au texte original, il ajoute essentiellement deux nouvelles phrases à la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents.
Je tiens à ce qu'il soit très clair que le projet de loi n'indique aucunement un appui à l'égard de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents sous sa forme actuelle. Je souscris de tout coeur à l'engagement que nous avons pris pendant la campagne de renforcer la loi, ce que nous ne pourrions pas faire bien, et à fond, au moyen d'un projet de loi d'initiative parlementaire.
Je peux cependant tenter d'améliorer la loi. Le projet de loi est axé sur les dispositions actuelles de la loi qu'il améliore d'un cran. Il est aussi conforme à la déclaration que nous avons faite pendant la campagne électorale, lorsque nous avons dit qu'il fallait donner aux jeunes de meilleures possibilités de réadaptation.
La première chose que fait le projet de loi, c'est d'ajouter la possibilité de traitement à la liste des mesures extrajudiciaires accessibles aux policiers peuvent lorsqu'ils ont affaire à un adolescent, particulièrement si celui-ci est accusé d'une première infraction qui n'est pas de nature violente.
Afin de mettre les choses en contexte, je précise que les articles 3 à 12 de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents se retrouvent sous la rubrique « Mesures extrajudiciaires ». Les modifications que je propose portent sur l'article 6, mais, pour bien comprendre le projet de loi, il faut revoir les principes et les objectifs énoncés aux articles 4 et 5.
Voici un principe particulièrement important énoncé à l'alinéa 4 c):
il est présumé que la prise de mesures extrajudiciaires suffit pour faire répondre les adolescents de leurs actes délictueux dans le cas où ceux-ci ont commis des infractions sans violence et n’ont jamais été déclarés coupables d’une infraction auparavant;
Le paragraphe 6(1), qui est visé par la première modification proposée, dit actuellement ceci:
L'agent de police détermine s'il est préférable, compte tenu des principes énoncés à l'article 4, plutôt que d'engager des poursuites contre l'adolescent à qui est imputée une infraction ou de prendre d'autres mesures sous le régime de la présente loi, de ne prendre aucune mesure, de lui donner soit un avertissement, soit une mise en garde dans le cadre de l'article 7 ou de le renvoyer, si l'adolescent y consent, à un programme ou organisme communautaire susceptible de l'aider à ne pas commettre d'infractions.
Le projet de loi ajoute ce qui suit:
s’il y a lieu, à un spécialiste en toxicomanie pour confirmer que l’adolescent est toxicomane et recommander le traitement nécessaire.
La raison de ce changement est que, étant donné le cycle de la criminalité et la relation entre le crime et la consommation de drogues, omettre de mentionner un traitement pour toxicomanes dans les mesures extrajudiciaires prévues dans la loi semble une lacune.
La deuxième partie de mon projet de loi ajoute à la fin de l'article 6 le nouveau paragraphe (3) qui est ainsi libellé:
Lorsqu'il prend la décision d'engager ou non des poursuites contre l’adolescent, l'agent de police tient compte du fait que l’adolescent a abandonné le traitement recommandé par le spécialiste en toxicomanie auquel il a été renvoyé aux termes du paragraphe (1), le cas échéant.
C'est un élément absolument crucial du projet de loi. L'agent de police a fait preuve de clémence à l'égard de l'adolescent. Il lui a donné une chance. L'adolescent, j'utiliserai le masculin pour mon exemple, ne reconnaîtra probablement pas cette chance jusqu'à ce qu'il ait pu arrêter de consommer et, pour ce, il ne doit pas avoir de drogue à sa disposition.
La députée néo-démocrate de a exprimé certaines réserves à ce sujet. Elle a fait une comparaison avec le tribunal spécialisé en matière de drogues, qu'elle n'appuie pas. Elle a dit:
Pourquoi attendre aussi longtemps avant d'intervenir? Pourquoi attendre que des accusations aient été portées et même que ces jeunes soient sur le point d'être reconnus coupables pour offrir une solution de rechange? Cela devient presque coercitif.
J'aimerais dire deux choses à ce sujet, d'abord sur l'intervention tardive. Nous devons intervenir là où en est la personne. Il arrive que nous ne cernions un problème qu'assez tard dans le processus. Nous devons intervenir là où ils en sont. Je pense que personne ne contredirait la nécessité de programmes de prévention et de traitement précoce efficaces dans le cadre d'une stratégie globale de traitement de la toxicomanie.
Si nous prenons en considération le projet de loi dans son ensemble, il propose de modifier la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents dans le but justement de permettre une intervention précoce.
En ce qui a trait à ce qui a été dit sur la coercition, je vais citer quelques députés qui se sont exprimés à propos du projet de loi la dernière fois qu'il a été débattu. Le député libéral de a dit:
En fait, un individu peut fort bien être davantage enclin à accepter le traitement nécessaire s'il est conscient que son refus peut entraîner des accusations criminelles contre lui.
Je trouve que cette citation décrit bien ce que j'essaie de faire.
Le député d' a déclaré que ce projet de loi offre un très bon équilibre entre la réhabilitation possible et la vigilance qu'il nous faut observer lorsque des gens refusent de saisir les opportunités qui leur sont offertes.
Je veux demander à mes collègues de tous les partis d'appuyer cet important projet de loi. Je veux répéter l'objet principal du projet de loi. Il ne porte pas sur les sanctions. Il vise à donner aux adolescents l'aide dont ils ont besoin à un moment de leur vie où ils peuvent ne pas se rendre compte qu'ils en ont besoin.
:
Monsieur le Président, je suis heureuse de pouvoir prendre la parole au sujet du projet de loi . Ce projet de loi revêt une grande importance pour moi, ainsi que pour ma collègue de Brampton-Ouest. Je la remercie d'ailleurs d'avoir accepté de partager son temps de parole avec moi. Elle a dit qu'il s'agissait d'une question de santé mentale.
En tant que législateurs, nous ne pouvons pas négliger les causes profondes de la dépendance aux drogues et de la toxicomanie chez les jeunes, ni les raisons pour lesquelles ils ont des démêlés avec la justices. C'est l'une des choses dont je vais parler dans mon discours.
[Français]
Par conséquent, les changements apportés par ces mesures législatives visant à réformer la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents (traitement pour toxicomanie) arrivent à point nommé. En effet, lorsqu'on parle de donner aux responsables de l'application des lois les pouvoirs de recommander qu'un jeune fasse l'objet d'une évaluation et se fasse traiter pour alcoolisme ou toxicomanie, c'est de sa santé mentale qu'il est question.
À mes yeux, il s'agit effectivement d'une question de justice sociale, si nous voulons vraiment exercer une influence positive sur les jeunes aujourd'hui. Les agents de police sont les travailleurs de première ligne qui interviennent pour servir et protéger. Cette responsabilité signifie entre autres de protéger les jeunes contre eux-mêmes dans bien des cas. Ce projet de loi, sous réserve de quelques modifications, peut aider nos jeunes à devenir des citoyens adultes actifs, responsables et utiles.
[Traduction]
La question consiste à savoir comment guider nos jeunes vers la vie adulte avec patience, compréhension et amour. Voilà l'aspect crucial de la responsabilité qui nous incombe en tant que législateurs chargés d'élaborer des politiques publiques réfléchies, viables et souples à moyen et à long terme.
Je rappelle à mes collègues que ce projet de loi complémente le Programme de la stratégie antidrogue et des substances contrôlées de Santé Canada. Ce programme fait la promotion d'initiatives visant à réduire et à prévenir les méfaits causés par les drogues et l'alcool. Il relève de plusieurs mesures législatives, y compris de la Loi réglementant certaines drogues et autres substance, qui est entrée en vigueur en 1996.
L'un des éléments de cette approche globale à l'égard des jeunes était la Stratégie nationale antidrogue, que l'ancien gouvernement libéral a renouvelé en 2003 en y investissant 237 millions de dollars sur cinq ans. Les quatre piliers de notre stratégie étaient la prévention, le traitement, l'application de la loi et la réduction des méfaits. Si elle avait été consacrée dans la loi, la stratégie aurait joué un rôle crucial au sein de tous les programmes de prévention de la toxicomanie.
Les études révèlent que les mesures de coercition ne suffisent pas pour lutter contre la consommation de drogue. On ne peut pas s'attaquer à la criminalité chez les jeunes en brandissant le fouet, surtout lorsqu'on a affaire à des délinquants primaires.
Les sites d'injection supervisés comme celui de Vancouver — qui, soit dit en passant, est à peine maintenu en vie par le gouvernement conservateur — sont un exemple de stratégie de réduction des méfaits dont les résultats ont été prouvés.
Toutes ces mesures doivent faire partie d'une stratégie plus vaste comprenant l'accès au logement, à des soins psychiatriques et médicaux, à des centres de désintoxication et de traitement, à des possibilités de formation et au marché du travail.
[Français]
La nouvelle stratégie antidrogue du gouvernement conservateur annoncée le 4 octobre dernier ne parle que de prévention, de traitement et d'application de la loi. Elle est absolument muette sur la question des moyens à prendre pour assurer la réhabilitation des jeunes.
Les 63,8 millions de dollars que les conservateurs investissent sur deux ans indiquent à quel point ils n'ont rien à offrir pour venir en aide aux jeunes, car tout ce qui les intéresse, c'est de les jeter en prison.
Les programmes de prévention et de sensibilisation sont très bien en soi, mais aucun programme de prévention n'aidera les jeunes qui sont en difficulté, qui vivent dans la pauvreté, qui ont l'impression d'être en marge de la société et qui sont isolés. On n'empêche pas un enfant de tomber en plaçant simplement une barrière devant une porte, car l'enfant trouvera sûrement le moyen de contourner la barrière.
Selon les statistiques compilées par l'Institut canadien de l'information sur la santé dans son profil de l'état de santé des adolescents canadiens de 2002, 16 p. 100 des élèves de 8e année ont admis avoir consommé de l'alcool pour se rendre en état d'ivresse au moins déjà deux fois. Chez les élèves de 9e et de 10e année, cette proportion avait augmenté jusqu'à 31 p. 100 et 44 p. 100 respectivement. En 2000-2001, 31 p. 100 des jeunes hommes et femmes âgés de 12 à 17 ans ont admis avoir utilisé...
:
Monsieur le Président, j'ai le grand plaisir de participer à ce débat. Je crois qu'il faut reconnaître le mérite de notre collègue d' d'avoir présenté un projet de loi qui me semble équilibré.
Il s'agit d'un projet de loi qui s'inspire de ce que l'on appelle au Québec la stratégie de la réduction des méfaits. Avant de judiciariser un jeune, cette stratégie nous invite à lui proposer un certain nombre de mesures. Recourir à l'incarcération a un coût social. Il faut voir quels sont les facteurs, les motifs et les parcours de vie qui amènent les jeunes à commettre quelquefois des actes de délinquance.
Au Québec, j'ai souvent eu l'occasion d'en discuter avec mon collègue de, qui a lui-même été un ancien ministre de la Justice, un solliciteur général et même un ministre responsable de la Sécurité publique. Depuis les années 1980, tous les gouvernements qui se sont succédé à l'Assemblée nationale et qui ont formé le gouvernement ont eu comme stratégie d'intervention ce que l'on a appelé « la bonne mesure au bon moment ». Notre collègue d' a bien raison de rappeler qu'il faut prendre le jeune avant que les cours de justice aient été amenées à lui donner une sentence. Son projet de loi, qui veut amender la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents, est un projet de loi plein de bons sens.
À l'article 6 du projet de loi, il est déjà prévu qu'il soit envisageable de recourir, dans certaines circonstances, à des mesures extrajudiciaires. Bien sûr, l'engagement de recourir ou de s'inscrire à un traitement en toxicomanie est une mesure éminemment défendable sur le plan social. Il est évident qu'il faille s'assurer que les provinces auront la responsabilité. Ce sont d'abord elles qui ont la responsabilité de planifier des traitements en toxicomanie. Au Québec, cela se fait dans le cadre d'agences de santé et de services sociaux. Il est important de prévoir qu'il y aura une dotation de ressources et que les traitements soient disponibles.
Si je fais abstraction de cette réalité, il ne faut qu'encourager les députés. Des mesures comme celle que propose le député devraient être contagieuses dans le caucus du Parti conservateur. Je dois dire que le député d'Edmonton apparaît comme une rose dans un champ d'herbe à poux et je souhaite qu'il ait davantage d'audience dans son parti et qu'il soit capable d'influencer ses collègues, particulièrement le , qui, malheureusement, a parfois eu tendance à envisager un peu inutilement la répression.
Le Bloc québécois s'est beaucoup intéressé à la question de la toxicomanie et au rapport qu'il nous fallait avoir avec les drogues. Je veux rappeler à mon collègue que son ancien collègue, le député Randy White, avait déposé en cette Chambre une motion qui avait été votée à l'unanimité, si mon souvenir est exact. Nous avions créé un comité qui a revu toute la question de l'utilisation des drogues à des fins non médicales. J'ai participé à ce comité. Mon collègue, évidemment, y a participé en tant que membre du parti de l'Alliance canadienne. La leader parlementaire des néodémocrates était également au nombre des députés.
Nous avions été consternés d'apprendre que 90 p. 100 des ressources publiques que nous votions à la Chambre des communes étaient affectées à l'application de la loi. Il y avait très peu de mesures et de budgets disponibles du côté de la prévention. Il faut changer cette façon de faire. Il est évident que, lorsque des délinquants commettent des actes à répétition qui constituent une menace pour la société, il faut encourager l'incarcération. Toutefois, on est bien conscients que, dans une très grande majorité des cas, les jeunes délinquants sont des délinquants qui commettront des actes parce qu'ils sont dans une situation familiale trouble ou parce qu'ils ont décroché socialement.
Très souvent, ils ont décroché socialement parce qu'ils se trouvent dans des situations de pauvreté.
En ce sens, je crois que le projet de notre collègue est bon. Toutefois, pour que ce projet de loi, qui vise à offrir une solution de rechange à la judiciarisation, puisse trouver une pleine application, en tant que société, nous devons tenir un débat à propos de la façon dont nous allons lutter contre la pauvreté.
Au Bloc québécois, nous nous sommes beaucoup intéressés à la question de la pauvreté. Personnellement, je m'y suis intéressé parce que je représente une circonscription où cette réalité est très présente. Ma collègue de s'y est aussi intéressée. Notre porte-parole en matière de développement des ressources humaines, soit le député de , s'est aussi intéressé à cette question. Selon nous, il y a cinq mesures que nous devrions prendre en tant que parlementaires.
Premièrement, il est inacceptable que le Canada — donc le gouvernement fédéral — soit l'une des seules instances qui ne prévoient pas, ni dans le Code canadien des droits de la personne ni dans la Loi canadienne sur les droits de la personne, un motif interdit de discrimination sur la base de la condition sociale. Huit provinces ont légiféré pour prévoir la condition sociale comme motif interdit de discrimination, mais le gouvernement fédéral ne l'a pas fait.
Deuxièmement, nous croyons, au Bloc québécois, que nous devons avoir des mesures à propos des banques. Je suis allé étudier aux États-unis la Community Reinvestment Act, qui a été adoptée en 1977 et qui force les institutions financières à offrir du crédit aux communautés défavorisés. En ce qui a trait à l'accès au crédit, dans ma circonscription, au cours des années 1990, les banques ont quitté mon quartier. Certaines communautés ont énormément de difficulté à avoir accès à du financement ou à du microcrédit, parce que les banques ne sont pas intéressées par ces questions. On pourrait aussi parler, bien sûr, de la tarification excessive pour l'utilisation de guichets automatiques.
Comme troisième mesure très importante, nous croyons qu'il est impossible de s'attaquer à la question de la pauvreté sans s'attaquer à la question du logement. J'ai lu avec énormément de tristesse le rapport présenté par le rapporteur des Nations Unies sur la question du logement au Canada. Celui-ci indique combien nous avons abandonné les sans-abri. Au moins 300 000 personnes se trouvent dans une situation d'itinérance ou proche de l'itinérance au Canada. Pourtant, le gouvernement n'a malheureusement pas prévu de fonds additionnels, dans le dernier budget, pour la question de l'itinérance et du logement abordable.
Comme quatrième mesure, le Bloc québécois a déposé des projets de loi invitant le gouvernement à utiliser les surplus actuariels de la Société canadienne d’hypothèques et de logement pour permettre aux provinces de lancer des initiatives et de construire, en collaboration avec les municipalités, des logements abordables.
Cinquièmement, il faut réformer la Loi sur l'assurance-emploi pour permettre aux gens en transition entre deux emplois d'avoir accès à l'assurance-emploi. C'est là un héritage extrêmement détestable de l'ancien gouvernement libéral. Ce dernier a fait en sorte qu'un régime qui permettait à 90 p. 100 des travailleurs d'avoir accès à l'assurance — qu'ils avaient eux-mêmes payée puisque ce n'est pas un système d'assistance, mais bien un système d'assurance — passe à une couverture pour à peu près le tiers des travailleurs.
Le projet de loi de mon collègue est un bon projet de loi. Il appartient à l'aile progressiste du Parti conservateur. Il faut des députés contre lui, pour lui, comme lui. Nous allons voter en faveur de ce projet de loi, bien qu'il ne soit pas suffisant. Encore faut-il se doter d'un plan pour réduire la pauvreté. C'est un devoir qui interpelle tous les parlementaires. Quoi qu'il en soit, cela ne change rien au mérite de notre collègue d'avoir présenté un tel projet de loi. Je peux l'assurer que tous les députés du Bloc appuieront ce projet de loi.
:
Monsieur le Président, je suis heureuse de pouvoir prendre la parole au sujet du projet de loi . Lorsque le projet de loi a été mis à l'étude pour la première fois, au cours de la dernière session, j'ai également pris la parole. J'aimerais remercier le député d' d'avoir présenté de nouveau son projet de loi et d'avoir cité ce que nous en avions dit la première fois. J'imagine qu'il a consulté le hansard pour ce faire. Je vais essayer de ne pas répéter mes propos de ce moment-là.
Je voudrais remercier le député d'avoir présenté ce projet de loi. Il le fait avec de bonnes intentions, parce que nous avons besoin de programmes de déjudiciarisation. Lorsque des jeunes gens se trouvent pris dans le système de justice pénale, il peut en résulter une exacerbation du problème et des coûts très élevés. Le résultat est souvent néfaste, et les répercussions sont importantes non seulement sur la personne concernée, mais aussi sur la société en général. Le principe de la déjudiciarisation est très important et très bénéfique, en particulier dans les cas où il y a des problèmes de santé, comme une dépendance ou une maladie mentale.
J'adhère certainement aux propos de mon collègue du Bloc et des députés libéraux qui ont également pris la parole. Cependant, nous devons considérer ce projet de loi en prenant du recul pour bien voir dans quelle démarche générale il s'inscrit. Bien que les mesures prévues dans le projet de loi puissent constituer un pas dans la bonne direction et qu'elles méritent mon appui, le député fait partie malheureusement du caucus gouvernemental, qui est en train de faire un pas de géant dans la mauvaise direction en ce qui concerne le problème des drogues.
Le gouvernement conservateur a récemment dévoilé sa prétendue stratégie antidrogue. Partout au pays, beaucoup, beaucoup de gens ont réagi avec énormément d'inquiétude en voyant le gouvernement conservateur exclure totalement l'idée de la réduction des méfaits de sa stratégie antidrogue. Le gouvernement met l'accent sur l'approche policière et sur ce qu'il appelle la prévention, l'éducation et le traitement.
Lorsqu'on regarde la stratégie dévoilée il y a environ deux mois, on y trouve la somme de 64 millions de dollars sur deux ans, c'est-à-dire une somme minime comme peut en témoigner quiconque siège au Parlement. Je pense que, sur le total de 64 millions de dollars, 10 millions sont censés être consacrés aux prétendues mesures d'éducation. C'est une contribution très, très petite de la part du gouvernement fédéral, compte tenu de ce qui doit être fait concrètement pour mettre sur pied les importants programmes d'éducation et de prévention qui doivent s'adresser en particulier aux jeunes du pays.
Ce qui m'inquiète, c'est que si d'un côté il y a cette petite initiative qui a été présentée par un député, cette dernière risque d'être complètement occultée et détruite par l'immense projet lancé par le gouvernement conservateur qui porte presque exclusivement sur les problèmes de consommation d'alcool et de drogues, et plus particulièrement sur les problèmes de consommation de drogues du point de vue de l'application de la loi.
Comme l'a souligné un député du Bloc qui siégeait avec moi au Comité spécial sur la consommation non médicale de drogues ou de médicaments, la vérificatrice générale nous a appris que 95 p. 100 des fonds fédéraux engagés pour lutter contre la consommation de drogues servent à la répression. La vérificatrice générale s'est demandée dans son rapport si ces sommes étaient dépensées efficacement et quels étaient les résultats enregistrés au chapitre de l'amélioration de la santé et de la sécurité des personnes et des collectivités locales touchées par ces problèmes.
Pour être bien franche, je dois dire que je n'ai rien vu dans la stratégie fédérale qui vient d'être présentée qui pourrait nous mener dans une direction différente. En fait, cela ne fait que renforcer le modèle répressif. Je suis très inquiète de voir que le gouvernement conservateur ne fait que copier le programme américain de lutte contre les drogues qui s'est avéré un immense échec, tant du point de vue financier que politique et social. Nous n'arriverons à rien en jetant les gens en prison et en consacrant de plus en plus d'argent à l'aspect répressif. C'est voué à l'échec. Les Canadiens le comprennent, mais c'est tout de même ce que le gouvernement préconise.
Ce faisant, il laisse tomber un principe très bénéfique et une série de programmes canadiens visant la réduction des méfaits. Ces programmes sont réalistes, reposent sur une approche sensée pour traiter la toxicomanie, sont axés sur le bien-être des personnes et cherchent à améliorer la santé des gens et à les amener à faire des choix sains.
Je crois que le projet de loi dont nous sommes saisis peut nous y aider. C'est pourquoi j'estime qu'il mérite grandement notre appui, mais j'ai l'impression qu'il sera complètement éclipsé par l'autre stratégie, qui finance des mesures allant dans la direction complètement opposée.
Dans ma circonscription, , la toxicomanie et les problèmes de drogue préoccupent beaucoup de personnes. Les effets de la consommation de drogue dans nos localités sont visibles. Nous avons pris des mesures très importantes. Nous avons dû nous battre pour que des programmes, comme les essais de délivrance d'héroïne sur ordonnance, le site d'injection sûr Insite et d'autres programmes de réduction des méfaits, soient mis en place, mais la collectivité les appuient très solidement. Le service de police, le conseil municipal et les associations commerciales les appuient; les gens savent qu'une approche axée uniquement sur l'application de la loi ne fonctionne pas et ne change pas la situation dans les localités.
Enfermer ceux qui prennent de la drogue et se débarrasser de la clé n'est pas la solution au problème de la toxicomanie. Cependant, le site d'injection sûr Insite, dans l'est du centre-ville, menace de fermer. Pourquoi? Il semble que le gouvernement conservateur tienne mordicus à appliquer son programme idéologique. C'est notre plus grand écueil.
Malheureusement, le gouvernement s'est engagé et il s'est cantonné dans cette position idéologique voulant que l'application de la loi soit la solution numéro un au problème de la toxicomanie. C'est ce que le gouvernement veut promouvoir. Il pense que sa démarche lui vaudra des votes et de l'appui, mais je pense que c'est un jeu qui ne date pas d'hier. Nous savons que les gens craignent la consommation de drogue, en particulier quand leurs enfants et leurs jeunes en font l'expérience.
J'aimerais m'attarder sur l'idée que nous traitons les jeunes comme des criminels. L'application de la loi comme outil musclé qui va régler le problème est un moyen qui ne fonctionne pas. Or, c'est la direction que le gouvernement emprunte.
En parlant de ce projet de loi aujourd'hui, je veux qu'il soit très clair que nous rejetons la stratégie d'ensemble que le gouvernement a adoptée et semble mettre en oeuvre très rapidement. Nous devrions être en train de défendre avec courage les genres de programmes qui ont si bien fonctionné dans ce pays et qui ont fait la renommée du Canada dans le monde entier.
Je connais un grand nombre des travailleurs et des organismes qui travaillent sur le terrain à Vancouver et qui sont en étroit contact avec des toxicomanes, des jeunes et des jeunes itinérants à risque ainsi que des jeunes qui sont confrontés à des problèmes de toxicomanie et de santé mentale. Je peux dire aux députés que leurs années d'expérience leur ont appris que les mesures coercitives ne fonctionnaient pas et qu'il fallait avoir une approche équilibrée et globale.
J'aimerais demander aux députés de défendre le principe de la réduction des méfaits dans ce pays. En fait, je propose la mise en place d'un réseau de députés s'intéressant à cette proposition afin de montrer qu'elle bénéficie de l'appui d'un grand nombre de députés, de groupes communautaires, de professionnels, d'universitaires, de professionnels de la santé et, à coup sûr, des utilisateurs eux-mêmes. Tous veulent s'assurer que les programmes de réduction des méfaits, la santé publique et la détermination à traiter ce problème comme un problème de santé soient une priorité pour le gouvernement et non l'inverse.
Le projet de loi vaut la peine d'être renvoyé à un comité, mais soyons conscients des graves dangers que présente la stratégie antidrogue du gouvernement conservateur à long terme. Soyons conscients qu'elle pénalisera les gens et s'en prendra à certains groupes. C'est un échec et nous devrions nous y opposer.
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Monsieur le Président, je suis ravi encore une fois de prendre la parole au nom des électeurs de pour appuyer le projet de loi
Je félicite mon collègue du caucus albertain, le député d', des efforts qu'il a déployés au nom des jeunes Canadiens de notre province et de tout le pays. Il a travaillé très fort sur ce dossier et, permettez-moi de l'ajouter, y a consacré pas mal de temps, pour enfin atteindre l'étape de la présentation de ce projet de loi à la Chambre. J'exhorte tous les députés à surveiller attentivement ce qu'il propose dans le projet de loi, car ce dernier aidera les adolescents à risque.
Je suis très heureux d'être parmi d'anciens collègues qui ont siégé avec moi au comité sur la consommation non médicale de drogues. Deux ou trois d'entre eux sont intervenus ici aujourd'hui et ont exprimé quelques-unes de leurs préoccupations.
Le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique sont déçus parce que ce projet de loi ne prévoit pas de remettre gratuitement des seringues aux adolescents. Le Bloc québécois et le NPD sont quelque peu déçus parce qu'il ne traite pas de sites d'injection sûrs pour nos adolescents. Ils sont déçus parce qu'il ne prévoit pas de remettre des drogues propres aux adolescents, car les drogues de la rue sont parfois sales. Ce sont là le genre d'initiatives stratégiques qu'ils ont examinées et qu'ils ont préconisées dans certains cas pendant le mandat de ce comité.
Quoi qu'il en soit, le projet de loi propose d'offrir aux policiers du Canada la possibilité de renvoyer un adolescent à un spécialiste en toxicomanie pour qu'il l'évalue et, s'il y a lieu, pour qu'il recommande le traitement nécessaire. Ainsi, nos policiers de première ligne disposeraient d'un outil supplémentaire pour traiter les adolescents auxquels sont imputés un ou plusieurs crimes.
Bien souvent, il devient évident pour les policiers de première ligne qui interviennent dans un cas de crime que l'auteur, peut-être un jeune délinquant, est en fait victime de toxicomanie. L'agent peut se rendre compte que la toxicomanie est la raison pour laquelle le crime aurait été commis et que l'adolescent aurait participé à la perpétration de ce crime.
Avec son projet de loi d'initiative parlementaire, mon collègue d' offre une solution de rechange pouvant aider des jeunes à ne pas entrer dans le système judiciaire, voire dans le système pénal. Il propose qu'en tant que gouvernement et société nous saisissions l'occasion de tenter d'épargner aux jeunes les chaînes, la dépendance et les horreurs de la toxicomanie.
Mon collègue veut sauver le plus grand nombre de jeunes que possible. Mes électeurs et moi-même le félicitons de sa noble tentative. Nous l'appuyons.
J'ai régulièrement l'occasion de discuter avec des policiers de première ligne aux quatre coins de la circonscription de . Ils veulent aider à protéger les jeunes toxicomanes qu'ils rencontrent. Il y a des drogues qui sont tellement fortes qu'elles peuvent mener à la dépendance dès la première ou la deuxième consommation. En fait, nombre de ces jeunes Canadiens peuvent devenir dépendants dès la première fois qu'ils consomment des drogues telles que la méthamphétamine en cristaux.
Il arrive que des jeunes n'ont pas accès à un programme de désintoxication. Ils ne savent même pas qu'ils peuvent obtenir de l'aide. Quand ils veulent se défaire d'une habitude, ils réalisent qu'ils sont dépendants.
Un jeune qui ne terminerait pas le programme de désintoxication recommandé se retrouverait généralement aux prises avec le système judiciaire. Là d'où je viens, nous pouvons accepter qu'il en soit ainsi.
Nous sommes d'accord pour dire qu'on devrait essayer d'épargner à nos jeunes les ravages de la toxicomanie. Nous sommes aussi d'accord pour dire que les jeunes qui ne saisiraient pas les occasions que leur fournirait le projet de loi, les occasions d'obtenir de l'aide, devraient en subir les conséquences.
Le projet de loi cadre bien dans la stratégie nationale antidrogue de notre gouvernement. Les drogues sont un véritable fléau au Canada. Il est particulièrement troublant de constater qu'il y a de plus en plus de jeunes qui consomment des drogues. Pis encore, il semble qu'on commence à consommer des drogues de plus en plus jeune.
Les députés du Bloc et du NPD se sont unis en un comité lorsqu'il est apparu que, dans certains cas, le problème existait dans les écoles primaires et chez des jeunes. L'accoutumance aux drogues touche tous les groupes d'âge et pas uniquement les jeunes.
Des collectivités de tout le Canada ont fait de la lutte contre l'usage des drogues par les jeunes une priorité. Dans certaines, l'attrait de drogues qui créent une forte accoutumance, comme la méthamphétamine en cristaux, pose un réel défi pour les jeunes. Notre gouvernement écoute les préoccupations exprimées et nous travaillons activement pour atténuer les problèmes.
Mon collègue d' utilise les pouvoirs que lui ont conféré ses électeurs pour lutter contre le problème complexe de la consommation de drogues. Il a rédigé le projet de loi pour aider les collectivités de sa circonscription, de la mienne et de celles de tous les députés. Dans son projet de loi, le député recommande une approche ciblée.
La stratégie de lutte contre la drogue de notre gouvernement établit des buts et des priorités qui sont à la fois clairs et mesurables. Nous consacrons 64 millions de dollars d'argent frais à une stratégie nationale de lutte contre la drogue. Cette stratégie comporte une approche ciblée pour régler le problème de la consommation de drogues illicites.
Elle repose sur trois plans d'action clairs: premièrement, prévenir l'utilisation de drogues illicites, avec 10 millions de dollars sur deux ans; deuxièmement, traiter l'accoutumance à des drogues illicites, avec 32 millions de dollars sur deux ans; troisièmement, combattre la production et la distribution de drogues illicites, avec 22 millions de dollars sur deux ans. La stratégie de notre gouvernement comporte des volets prévention, traitement et exécution de la loi.
Nos efforts de prévention mettront l'accent sur les jeunes. En plus d'une campagne de sensibilisation du public, ils incluent des initiatives locales de lutte contre l'utilisation des drogues et de prévention du crime. Nous pourrions consacrer toute la période à parler des possibilités de prévention à saisir, mais la stratégie de lutte contre les drogues fait plus que cela. Elle vise la production de drogues au Canada, y compris la culture de la marijuana et les laboratoires clandestins. Nous viserons les organisations criminelles qui recherchent le profit en s'en prenant à nos jeunes et à d'autres citoyens vulnérables qu'ils rendent dépendants des drogues.
Le plan va plus loin. La population voit souvent le rôle de la police comme étant uniquement un rôle d'exécution de la loi. Notre gouvernement reconnaît l'excellent travail des corps policiers dans la prévention de l'utilisation des drogues, mais nous devons également porter attention à leur contribution plus large au règlement des problèmes des collectivités. Avec le projet de loi , nous encourageons nos policiers sur le terrain à aider les jeunes qu'ils rencontrent dans leurs fonctions de lutte contre le crime. Parfois, nos policiers sont les premiers citoyens à s'occuper des jeunes en situation conflictuelle. Ils sont parfois très sensibles au fait que ce dont ces jeunes ont besoin, c'est une forme ou une autre de traitement contre leur toxicomanie.
Le projet de loi mettrait ce genre de traitement à leur disposition, et plus encore. Les mesures qui y sont prévues pourront être mises en oeuvre à même les ressources que le gouvernement a mises de côté pour sa stratégie nationale de lutte contre les drogues. Nous offrirons un financement au ministère de la Justice afin que soient appuyées des mesures extrajudiciaires et des programmes de traitement pour les jeunes qui ont des démêlés avec la justice et qui ont des problèmes liés aux drogues.
Nous travaillons avec tous ceux qui se préoccupent des jeunes Canadiens, autant au public qu'au privé et dans toute une gamme de domaines, y compris la santé, l'éducation et le système de justice. Nous, au gouvernement, souhaitons aussi collaborer avec nos collègues afin d'obtenir des résultats. Le projet de loi nous permettra de le faire. La députée prend la défense des jeunes toxicomanes. Je répète que je suis heureux de prendre la parole dans le but de sauver la vie de ces jeunes Canadiens qui sont aux prises avec la toxicomanie.
Ma collègue reconnaît que, depuis longtemps, les agents de police jouent un rôle clé dans la lutte contre les problèmes de toxicomanie auxquels nos collectivités sont confrontées. Nous continuerons de compter sur leur contribution. Le projet de loi reconnaît le rôle que peuvent jouer les agents de police en mettant les jeunes toxicomanes en contact avec les responsables des programmes de traitement.
Il faut que nous veillions à ce qu'une certaine partie du projet de loi soit conforme à l'objectif des mesures extrajudiciaires prévues à l'article 6 de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents et aux principes régissant leur utilisation par la police, notamment, l'exigence du projet de loi selon laquelle l'agent doit tenir compte de la participation, ou non, de l'adolescent au programme de traitement avant d'engager ou non des poursuites contre lui pour l'infraction originale.
Le projet de loi constitue un outil précieux supplémentaire pour aider les jeunes à surmonter leurs problèmes et pour sécuriser nos collectivités. Je souhaite tout le succès du monde à mon collègue d', au projet de loi qu'il a présenté et aux mesures positives prévues dans celui-ci.