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Monsieur le Président, de toute évidence, le gouvernement a élaboré ce projet de loi en réaction à la décision que la Cour suprême a rendue dans l'affaire Charkaoui. La Cour suprême a statué que la non-divulgation d'éléments de preuve était préjudiciable aux droits de la personne dans une mesure dépassant le niveau d'acceptabilité. La Cour suprême a donc suspendu cette disposition jusqu'en février 2008. Elle s'est également penchée sur la différence de traitement entre les non-résidants du Canada et les résidants permanents du Canada et elle a examiné la question de la détention pour une période indéterminée. Cette décision était très importante.
Ces dispositions sont très importantes. Il ne fait aucun doute que, pour assurer la sûreté et la sécurité des Canadiens, notre société doit parfois se pencher sur le cas de personnes qui viennent de l'étranger et qui possèdent peut-être des antécédents que nous ignorons. À un certain moment, l'État est mis au courant de ces antécédents, et nous voulons protéger notre société contre des actes de violence et des choses de ce genre. Ces dispositions sont donc importantes. Les directives que la Cour suprême a données sont également très importantes. Le projet de loi répond essentiellement aux préoccupations qu'a exprimées la Cour suprême. Je veux aborder trois ou quatre éléments de sa décision.
La Cour suprême a examiné les divers systèmes en place au Canada et dans d'autres pays et a conclu que nous devions modifier ces dispositions et que nous pouvions adopter n'importe quel de ces systèmes ou élaborer un système permettant une divulgation significative des renseignements à la personne traduite en cour. Dans ce projet de loi, le gouvernement a importé essentiellement en bloc du Royaume-Uni la notion de défenseur qui, dois-je l'ajouter, a fait l'objet de critiques de la part d'un comité mixte des lords et des Communes au Royaume-Uni.
Il vaut la peine d'examiner la question sous cet angle, car nous pourrions nous apercevoir que le projet de loi que le gouvernement a présenté répond aux préoccupations de la Cour suprême, mais qu'il ne dissipe pas certaines des autres préoccupations. Permettez-moi de dire tout de suite que nous appuierons ce projet de loi à cette étape-ci pour qu'il soit renvoyé à un comité, mais pendant son étude au comité, quelques modifications permettront peut-être de l'améliorer.
Pour en arriver à son jugement dans le cas de l'affaire Charkaoui, la Cour suprême a examiné le Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité, ou CSARS, comme on l'appelle au Canada, notre propre comité. La cour l'a examiné d'un oeil favorable et a déclaré que le système conçu par le CSARS au sujet de la divulgation de renseignements, celui-ci ayant accès à tous les renseignements, et au sujet des droits de la personne visée par le CSARS, respectait les intérêts en matière de justice naturelle de cette personne tout en maintenant la confidentialité des renseignements.
Le CSARS existe depuis de nombreuses années et jamais aucun renseignement de nature délicate n'a été divulgué par inadvertance, que ce soit à la personne concernée ou au public. C'est là une des meilleures approches que le gouvernement aurait pu adopter. Notre système maison qu'est le CSARS aurait pu être combiné au système de certificats de sécurité, mais le gouvernement a préféré le système de défenseurs du Royaume-Uni.
La Cour suprême a ensuite examiné la Loi sur la preuve au Canada. Selon cette loi, tout participant qui, dans le cadre d’une instance, est tenu de divulguer, prévoit divulguer ou s’attend à ce que soient divulgués des renseignements qu’il croit sensibles ou potentiellement préjudiciables doit aviser le procureur général de la possibilité de divulgation. Ce dernier peut alors demander à la Cour fédérale de rendre une ordonnance interdisant la divulgation des renseignements.
La cour a ensuite examiné l'affaire Arar, dans le cadre de laquelle on a eu recours à l'amicus curiae relativement aux demandes fondées sur la confidentialité et on a instauré un système selon lequel l'information était vérifiée et traitée de façon appropriée.
La cour a examiné la commission sur l'immigration et le système de défenseurs du Royaume-Uni. Le gouvernement a importé certains éléments de ce système dans le projet de loi. Malheureusement, ce système lui-même est devenu l'objet d'un examen minutieux et de nombreuses critiques de la part de divers comités et experts au Royaume-Uni, ainsi que de certains défenseurs de ce pays. Le Comité mixte de la Chambre des communes et de la Chambre des lords sur les droits de la personne a également sévèrement critiqué ce système dans un rapport rendu public en juillet dernier.
Quoi qu'il en soit, les comités de la Chambre et du Sénat ont fait rapport sur certaines de ces questions. Lorsqu'ils ont procédé à l'examen requis par la loi de la Loi antiterroriste, les comités se sont également prononcés sur les certificats de sécurité. Le comité de la Chambre et celui du Sénat ont estimé nécessaire de contester les prétentions du gouvernement qui affirme que le secret s'impose, notamment en ce qui concerne les renseignements secrets présentés au juge qui doit se prononcer sur le caractère raisonnable du certificat de sécurité. Les deux comités ont conclu que la personne visée devrait avoir le droit de choisir un défenseur inscrit sur une liste d'avocats ayant obtenu une habilitation de sécurité. Si je ne m'abuse, dans un des rapports, on propose la constitution d'un groupe de défenseurs financé par le gouvernement mais indépendant de celui-ci.
Les comités ont fait plusieurs autres recommandations, notamment qu'on modifie la loi pour rendre inadmissible dans les procédures toute information obtenue sous la torture, pour accélérer l'examen de la détention d'un ressortissant étranger en vertu d'un certificat de sécurité et pour donner le droit d'interjeter appel auprès de la Cour d'appel fédérale de la décision d'un juge de la Cour fédérale concernant le caractère raisonnable d'un tel certificat.
Les trois points que j'ai mentionnés sont abordés dans le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui, mais pas de façon satisfaisante. Permettez-moi d'exposer certaines de mes préoccupations à cet égard.
En ce qui concerne la divulgation, le projet de loi prévoit uniquement la communication de certains renseignements au défenseur. Il n'y a pas de mécanisme pour permettre à ce dernier de savoir si on a fourni toute l'information ou le dossier complet au juge et, par conséquent, s'il est lui-même au courant de tous les faits. Il n'y a pas non plus de mécanisme, et partant, pas de base qui permette au défenseur de demander au juge de lui fournir plus d'information parce que ce dernier ne saurait même pas s'il y en a davantage.
L'information fournie au juge est ensuite transmise, à la discrétion du juge, au défenseur. Par contre, ni le défenseur, ni le juge ne peut aller au-delà de cette information, à moins que le juge sache qu'il existe de plus amples renseignements.
Par conséquent, bien que le CSARS, l'agence que nous avons créée au Canada et à laquelle nous avons toujours recours, détiennent l'ensemble des faits, ce projet de loi ne garantit pas que le juge chargé de l'affaire ait un jour accès au dossier complet. C'est possible, mais le projet de loi n'offre aucune garantie. C'est une lacune du projet de loi.
Il y a aussi la question de l'accès continu du défenseur à la personne visée. Selon le projet de loi prévoit, le défenseur recevra un résumé de la preuve, pourra ensuite parler à la personne visée, et enfin obtenir du juge toute l'information disponible. Par la suite, le défenseur ne pourra plus communiquer avec la personne visée sans avoir la permission du juge.
Notre expérience avec le CSARS nous a permis de constater qu'aucun conseiller ayant fait l'objet d'une vérification de sécurité n'a causé de divulgation involontaire. Notre expérience nous permet aussi de conclure que les défenseurs, puisqu'il existe un processus de vérification de sécurité les visant, doivent jouir d'une certaine liberté et ne pas avoir à demander la permission au juge chaque fois qu'ils veulent parler à la personne visée.
Il y a actuellement une disposition autorisant le défenseur à demander la permission d'avoir des contacts supplémentaires avec la personne visée, mais le simple fait d'avoir à présenter une telle demande au juge rend le processus contraignant et limitatif. Si possible, il faudrait remédier à cela. S'il est le moindrement possible d'améliorer le projet de loi, tous les partis devraient travailler en ce sens lorsque la mesure législative sera renvoyée au comité. En fin de compte, l'objectif de tous les parlementaires est de faire en sorte que, dans un pays libre et démocratique, nous puissions établir le meilleur système possible pour traiter jusqu'aux cas les plus difficiles, comme ceux dont ces tribunaux sont saisis.
Il y a ensuite la question bien concrète de la sélection et du soutien des défenseurs. Le projet de loi ne dit rien sur la manière de les sélectionner. Il devrait y avoir dans le projet de loi un système qui garantit un processus de sélection des défenseurs ou de groupes de défenseurs indépendants du gouvernement. Le projet de loi ne prévoit rien pour cela.
Le projet de loi devrait également prévoir un fonds indépendant du gouvernement, mais constitué par lui pour payer les défenseurs. Cette mesure ferait en sorte que les défenseurs n'auraient pas l'impression de travailler sous les ordres du gouvernement ou de devoir tenir compte de ce que pense le gouvernement parce qu'ils ont été choisis avec la participation du gouvernement ou parce qu'ils sont rémunérés par le gouvernement de temps à autre. Il nous faut inclure dans le projet de loi un processus de sélection indépendant du gouvernement, peut-être avec la participation du Barreau canadien ou d'autres ONG et par un représentant du pouvoir judiciaire. C'est important.
Il est également important de constituer un fonds indépendant où les défenseurs pourraient puiser de temps à autre. Ce fonds serait constitué par le gouvernement, mais resterait indépendant de lui.
Ensuite, je crois qu'il est important que les personnes touchées puissent choisir le défenseur de leur choix parmi ceux qui ont obtenu une habilitation de sécurité. Je ne crois pas que le juge devrait jouer un rôle dans la nomination d'un défenseur. Le projet de loi manque de clarté à cet égard.
Je ne crois pas qu'une autre personne devrait avoir le droit d'imposer un défenseur particulier à une personne se retrouvant devant un juge. Si la personne décidait de ne pas exercer son droit de choisir son défenseur, comme cela se fait normalement devant les tribunaux, c'est le tribunal qui choisirait un défenseur sur la liste. Cependant, il devrait être clairement mentionné dans le projet de loi que la personne a le droit de choisir son défenseur sur la liste des défenseurs présélectionnés.
Selon un principe très important de notre système de justice, lorsqu'une liste existe, les personnes peuvent choisir, même si leur choix reste limité. Dans un tel cas, elles devraient être libres de choisir X ou Y plutôt que d'être prises avec A ou B parce que le juge ou quelqu'un d'autre l'a décidé. C'est très important.
J'estime que la relation entre le défenseur et la personne visée est aussi très importante. Nous reconnaissons qu'ils ne peuvent pas avoir une relation avocat-client, pour des raisons évidentes. Toutefois, parallèlement, nous devons aussi protéger le défenseur; celui-ci ne doit pas avoir un devoir de confidentialité ni de divulgation envers le gouvernement.
Nous sommes d'accord pour dire que le défenseur n'entretient pas un lien avocat-client avec la personne visée. Nous ne voulons pas que le défenseur ait à divulguer de l'information qu'il ne pourrait divulguer à la personne visée. Cependant, nous devrions aussi avoir la garantie que le défenseur ne se retrouvera pas dans une position où il doit relever du gouvernement et lui divulguer de l'information qu'il pourrait avoir obtenue en communiquant avec la personne visée. Cette garantie devrait fonctionner dans les deux sens. Il importe de protéger ce droit au silence qu'a la personne visée, soit directement ou indirectement.
Enfin, j'en arrive à la question des éléments de preuve obtenus sous la torture. Dans le projet de loi, il est question d'éléments de preuve dignes de foi ou appropriés, si je me souviens bien. Qu'on me corrige si je me trompe. Il s'agit du genre d'éléments de preuve que le juge devrait admettre dans ces enquêtes. Rien n'empêche expressément l'utilisation d'éléments de preuve obtenus sous la torture ou pouvant avoir été obtenus sous la torture. J'estime que nous pouvons faire mieux que ce qui se trouve dans le projet de loi.
Nous pouvons interdire expressément l'utilisation de renseignements obtenus sous la torture, peu importe où dans le monde. Nous voulons un système de justice qui fasse l'envie de tous à l'échelle internationale et nous ne pouvons y prétendre si nous n'interdisons pas expressément les éléments de preuve obtenus sous la torture. Nous pouvons le faire indirectement en employant des termes comme « dignes de foi » et « appropriés », mais il ne fait aucun doute, à mon humble avis, que les éléments de preuve obtenus sous la torture ne sont pas appropriés et ne devraient jamais servir dans ce genre d'enquête où il n'y a aucune garantie de divulgation complète, même à la personne visée.
J'admets qu'il y a des gens que nous ne voulons pas sur notre territoire. Nous pouvons nous sentir menacés par eux. Nous pouvons craindre pour notre sécurité et c'est ce qui explique nos gestes à l'égard de ces personnes. Toutefois, nous avons l'obligation, conformément aux principes de justice de notre pays, de ne pas tomber dans les pièges où sont tombés d'autres pays, là où les éléments de preuve obtenus...
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Monsieur le Président, j'ai remarqué dans les discussions sur les certificats de sécurité que nous utilisons hélas un mauvais titre. La majorité des gens qui commencent à discuter de cette question, qui est d'ailleurs très complexe et qui apparaît dans des textes divers et fort mal écrits, amorcent rapidement des débats qui sont incorrects vis-à-vis ce qu'est véritablement un certificat de sécurité.
J'avoue que je n'ai pas encore trouvé une meilleure façon de nommer ce sujet, mais il faut bien comprendre que les certificats de sécurité sont une partie d'une procédure par laquelle deux ministres, qui ont estimé qu'un étranger — mais jamais un citoyen canadien — représente un danger pour le Canada, s'adressent à la Cour fédérale afin qu'elle émette un ordre d'expulsion. Ainsi, l'essence même de la procédure, qui est prévue par ce qu'on appelle les certificats de sécurité, est d'avoir une sanction quasi judiciaire d'une cour pour que cette personne soit expulsée du Canada. Retenons toujours qu'il s'agit d'une procédure d'expulsion et non d'un procès.
D'ailleurs, le droit des Canadiens de vivre au Canada et d'y revenir est consacré par la Charte et s'applique à tous les citoyens canadiens. Cette procédure n'est donc prévue que pour les étrangers. En fait, tous les pays du monde reconnaissent que c'est un droit des pays souverains de recevoir sur leur territoire, de façon discrétionnaire, les gens qui le veulent et, par conséquent, d'expulser ceux qu'ils ne veulent pas, pour quelque raison que ce soit. Généralement, si on désire les expulser — surtout dans un pays comme le nôtre qui a été bâti sur l'immigration et qui continue à vouloir être bâti sur l'immigration —, on expulse ceux qu'on estime dangereux.
On obtient généralement ces informations par l'entremise des services de sécurité. Il faut bien comprendre que les services de sécurité ne sont pas des services de police. La fonction des services de sécurité est d'évaluer les dangers et d'informer le gouvernement de ces dangers afin qu'il prenne des mesures. Par essence même, les services de sécurité fonctionnent d'abord sur des soupçons, sur des hypothèses posées et des vérifications qui sont faites. Dès lors, ils élaborent les scénarios des situations les plus dangereuses pour informer le gouvernement en fonction des décisions qu'ils prendront. Ce ne sont pas des policiers.
Lorsque les policiers enquêtent sur un crime, ils commencent sans doute à émettre des hypothèses et à établir une liste de suspects. Parfois, l'enquête leur démontre que certains de ces suspects n'ont pas commis le crime sur lequel ils sont en train d'enquêter. Toutefois, au cours de leur enquête, ils sont toujours soucieux de chercher à savoir quelle preuve sera éventuellement faite, de conserver ces preuves et de ne poursuivre que lorsqu'ils pensent que cette preuve établira la culpabilité de la personne qu'ils croient, hors de tout doute raisonnable, être coupable d'avoir commis un crime.
Il faut bien comprendre que dans ces cas-ci, ce n'est pas un procès. Remarquez que comme c'est le cas de bien des pays qui ne nous ressemblent pas, on aurait pu ne pas demander à un juge d'évaluer la conviction que cette personne est dangereuse en fonction des informations communiquées au par les services de sécurité.
Dans les pays qui nous ressemblent, c'est d'ailleurs le cas des pays du Commonwealth et de l'Europe de l'ouest en général, on demande de s'adresser à un juge. Comme le désir n'est pas de punir mais plutôt d'expulser la personne, le fardeau de preuve n'est pas le même.
Beaucoup de gens nous demandent pourquoi ne pas les condamner si nous avons la preuve que ces personnes sont dangereuses.
Effectivement, dans certaines circonstances, si l'on a la preuve que ces personnes sont dangereuses et qu'elles ont commis un crime, la meilleure solution est de les accuser et de les traduire devant les tribunaux. Toutefois, il s'agit ici de cas de personnes que l'on veut pas non pas punir, mais expulser.
D'ailleurs, le gouvernement défend souvent sa position en disant que les personnes incarcérées ici le sont dans une prison à trois murs. « A three wall prison », dit-on. Cependant, il existe des gens pour qui le quatrième côté de la prison est un précipice. Si, effectivement, on les sort de cette prison qui n'a que trois murs, ils risquent la mort ou, encore, ils risquent d'être expulsés dans un pays où ils seront torturés. Cela va pour ceux qui sont incarcérés ici en vertu de certificats de sécurité; les autres sont expulsés.
Il y a eu un cas, d'ailleurs, cet été. Le en a parlé dans son discours. Les gens s'en souviendront peut-être. L'individu en question avait beaucoup de monnaie de différents pays dans ses poches. Les services de sécurité, les ministres et la cour ont estimé qu'il était dangereux, alors il a été expulsé. Ceux qui restent ici, c'est parce qu'ils risquent la mort ou sont en danger d'être soumis à des sévices graves s'ils sont envoyés ailleurs. On ne peut donc les envoyer nulle part.
Dans ces circonstances exceptionnelles — et cela reste exceptionnel —, combien de temps durera une incarcération? C'est une réponse que le gouvernement n'a pas voulu donner. La réponse qu'apporte la cour, en vertu de la loi, est que, à tout le moins, cette incarcération ou ses motifs devraient être révisés tous les six mois.
On a peu utilisé les certificats de sécurité. Toutefois, depuis le 11 septembre, les services de sécurité manifestent cette crainte. Ils ont conclu que certaines des personnes avaient été envoyées aux États-Unis pour mener une vie parfaitement normale, sans devoir garder aucun contact avec des organismes de sécurité, et qu'un jour, on les a appelées pour leur demander de participer à une opération quelconque. Ils sont même convaincus que plusieurs d'entre ceux ayant participé à cette opération ne savaient pas exactement ce qu'ils allaient faire, mais étaient prêts à participer à une opération illégale de terrorisme. C'est ce qu'on a appelé les cellules dormantes. Et cette crainte des cellules dormantes fait que, aujourd'hui, on a eu tendance à utiliser un peu plus les certificats de sécurité qu'on ne l'avait fait par le passé.
Nous sommes donc conscients des limites de la procédure actuelle et des raisons qui la sous-tendent. Je dois dire que, personnellement, ayant lu les raisons données par les juges, je suis convaincu que les certificats de sécurité demeurent nécessaires pour des cas tout à fait exceptionnels. Cependant, notre procédure doit tout de même correspondre à nos principes de droit.
Évidemment, les juges devaient décider de cela seuls. Ils ont eux-mêmes manifesté un certain inconfort quant à cette procédure qui se fait en l'absence d'avocats. Celui qui a le mieux exprimé cet inconfort est le juge Hugessen. Il disait, dans une conférence qu'il a donnée et qui est citée abondamment dans les textes de jurisprudence:
Je peux vous le dire parce que nous [les juges de la Cour fédérale] en avons parlé, nous détestons cela. Nous n’aimons pas devoir siéger seuls, entendre une seule partie et examiner les documents produits par une seule partie, essayer de voir par nous-mêmes ce qui cloche dans la cause qui nous est présentée et comment les témoins qui comparaissent devant nous devraient être contre-interrogés. Si j’ai appris une chose dans la pratique du droit... c’est qu’un bon contre-interrogatoire exige une préparation très soigneuse et une bonne connaissance de sa cause. Par définition, les juges n’ont pas cela… Nous n’avons aucune connaissance autre que ce qui nous est présenté, et quand cela nous est présenté par une seule partie, nous ne sommes pas bien placés pour évaluer ce qui nous est présenté.
Ensuite, les juges n'aimaient pas être seuls à décider de cela.
À mon avis, le projet de loi que présente le gouvernement fait beaucoup pour soulager l'inconfort des juges, mais il ne démontre aucunement le même souci que les juges eux-mêmes ont démontré dans la poursuite de l'équité dans ce processus.
Par exemple, on fait le strict minimum sur la création du nouveau poste d'avocat spécial et également sur la question des appels. L'appel ne sera accordé que si le juge, qui a entendu la représentation du gouvernement et de l'avocat spécial, maintient l'ordonnance d'expulsion ou d'incarcération. Si la personne ne peut pas être expulsée ailleurs, il n'y a d'appel que sur une question de droit et d'intérêt général que le juge lui-même expose.
Il est certain que pour la personne concernée, ce n'est pas très rassurant de savoir que la personne qui confirme son expulsion est celle qui rédige l'avis d'appel. Je ne vois pas pourquoi le gouvernement est allé aussi loin. Un pareil fardeau n'existe nulle part dans notre droit. Même quand la Couronne n'a d'appel que sur une question de droit, c'est encore les avocats de la Couronne qui rédigent l'avis d'appel.
À mon avis, le gouvernement aurait dû en profiter pour revoir en profondeur la procédure des certificats de sécurité. Il aurait dû aussi tenir compte de l'expérience des avocats spéciaux dans d'autres pays comme l'Australie, la Nouvelle-Zélande et l'Angleterre. Il aurait dû aussi tenir compte de notre propre expérience dans le cas d'avocats spéciaux qui sont justement ceux qui représentent certaines personnes qui portent plainte contre les agissements des services canadiens de sécurité.
Très justement, le député qui m'a précédé rappelait que ces avocats peuvent rester en contact avec la personne qui a porté plainte, donc qui se plaint des services de sécurité. On leur donne des informations secrètes et il n'y a jamais eu une plainte que ces avocats aient communiqué ces secrets au plaignant.
Notons d'abord que l'avocat spécial est traduit en français par « défenseur ». C'est un titre absolument inapproprié. L'avocat spécial n'est pas le défenseur. Il est important aussi de réaliser qu'il n'a pas l'obligation d'avoir le secret professionnel. Par conséquent, je ne comprends pas pourquoi on ne lui a pas permis cela. Cela veut dire que la personne concernée peut se douter que l'avocat qui va la rencontrer pour lui exposer sa cause pourrait, si elle fait des aveux, voir ceux-ci être retenus contre elle.
Je ne vois aucune utilité d'empêcher que la règle existe, soit que l'avocat spécial doive garder secrètes les confidences qui lui sont faites par la personne concernée. C'est difficile à dire quelle sera la défense, parce qu'il n'est pas là pour la défense. Il est là pour donner un autre point de vue.
Je crois aussi qu'il aurait fallu répondre à la question que la cour laisse en suspens, à savoir combien de temps allons-nous garder ces gens contre lesquels on n'a pas de preuves qu'ils ont commis de crimes. On n'a pas de preuves qu'ils ont conspiré pour commettre des actes criminels. En effet, s'ils avaient conspiré pour commettre des actes criminels, la solution est de les accuser et de les amener devant les tribunaux. On a simplement que des raisons de penser qu'ils seraient ici pour commettre éventuellement des actes terroristes.
Pendant combien de temps? Cela ira de six mois en six mois. Cela durera-t-il dix ans ou vingt ans? Dans certains cas, cela a déjà duré huit ans, au maximum.
Eu égard à ce projet de loi qui nous est présenté, j'ai l'impression que le gouvernement cherche à faire le minimum de ce que la cour demande. Ce faisant, il a pris un gros risque. D'abord, je suis absolument certain que la question reviendra tôt ou tard devant la Cour suprême. Également, la Cour suprême risque d'estimer que les mesures prises sont insuffisantes et qu'il y a encore des choses contraires à la Constitution. Même dans le cas contraire, comprenons bien que la Charte des droits et libertés est une charte de droits fondamentaux. Dans un pays comme le nôtre, nous voulons certainement que les citoyens aient plus que des droits fondamentaux. Par exemple, en ce qui concerne l'équité procédurale, lors d'une procédure dont dépend une incarcération, l'incarcération pour un temps indéfini serait l'une des pires punitions. Pire que cela, il y a la punition pour meurtre.
Donc, nous pourrions apporter une série d'amendements, sans aucun danger, tout d'abord pour que soient livrés les secrets des services de sécurité qui ne devraient pas l'être. De même, la loi n'atteint pas son but qui est d'expulser du Canada des étrangers qui représentent véritablement un danger pour la sécurité du pays.
Nous avons donc l'intention de voter en faveur du principe du projet de loi.
Le gouvernement a raison quand il dit que nous devons répondre à la cause Charkaoui. Nous devons répondre à l'ordonnance de la Cour suprême d'améliorer le processus, mais nous devrions en profiter pour faire en sorte qu'il ne soit pas nécessaire d'amender ce projet de loi dans quatre ou cinq ans. Le gouvernement devrait avoir l'humilité de reconnaître que sa proposition n'est pas parfaite et que, dans une démocratie, le débat parlementaire est essentiel pour atteindre un juste équilibre. En effet, ce que l'on recherche, c'est un équilibre entre la nécessité d'assurer la sécurité et le respect de certaines valeurs procédurales d'équité.
Nous allons donc proposer plusieurs amendements. L'orateur qui m'a précédé représente un parti qui a déjà été au pouvoir et qui a utilisé ces certificats de sécurité. Ce député a suggéré plusieurs amendements. Le fait, justement, que ce parti ait utilisé ces certificats dans le passé démontre pertinemment que ces améliorations ne mettent pas en danger l'atteinte de la sécurité.
On devrait clairement éliminer toute preuve obtenue sous la torture et déclarer qu'un avocat spécial doit le secret professionnel à la personne concernée. Les personnes concernées devraient avoir le choix des avocats ayant un statut de sécurité, à même la liste du ministère de la Justice.
On doit corriger le terme français « défendeur » qui est non seulement inapproprié, mais qui induit en erreur. De même, la décision est tellement importante — il s'agit d'une incarcération pour une durée indéterminée dans le cas où on ne peut pas expulser la personne vers un pays où elle ne risque pas la peine de mort ou la torture — que le fardeau de la preuve doit être important. Le juge doit être convaincu hors de tout doute raisonnable. On devrait aussi s'assurer que les avocats spéciaux ont les ressources nécessaires pour exercer leurs fonctions. On devrait aussi établir qu'ils aient droit à toutes les informations concernant la personne en cause, et non seulement à certaines informations.
Également, le droit d'appel devrait être élargi.
Nous pourrions améliorer cette loi et l'adopter rapidement, comme le veut le gouvernement.
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Monsieur le Président, je suis depuis peu la porte-parole néo-démocrate en matière de sécurité publique et je suis heureuse que le projet de loi soit le premier au sujet duquel je prends la parole à ce titre.
La protection du public sert essentiellement à garantir la qualité de vie des Canadiens, ce qui nous tient tous à coeur, indépendamment de nos allégeances politiques. Les néo-démocrates estiment que la qualité de vie, c'est un juste équilibre entre la liberté et la sécurité. Or, dans l'élaboration de leur projet de loi , les conservateurs se sont une fois de plus montrés incapables de trouver un équilibre.
Cette mesure n'améliore pas la sécurité des Canadiens, comme le député d'en face vient de le mentionner, je crois; ce qu'elle fait, par contre, c'est porter atteinte à nos libertés fondamentales. Voilà pourquoi le NPD s'oppose au projet de loi , et nous espérons que les autres partis de l'opposition feront de même.
Nous avons deux grosses réserves en ce qui concerne les certificats de sécurité. Premièrement, c'est tout simplement un mauvais moyen de lutter contre les activités de terroristes présumés, étant donné que ce ne sont pas les organisateurs d'actes terroristes qui sont punis. En vertu des certificats de sécurité, les terroristes présumés sont renvoyés dans leur pays d'origine. Y a-t-il quelqu'un chez les conservateurs ou ailleurs qui croit que la sécurité des Canadiens s'en trouvera accrue?
Nous, néo-démocrates, jugeons que le terrorisme constitue un crime grave. Il ne s'agit pas d'une activité licite, mais bien criminelle, et ceux qui s'y livrent devraient s'exposer à des conséquences graves. Quiconque au Canada planifie des actes terroristes devrait être appréhendé, inculpé, déclaré coupable et emprisonné. Voilà comment améliorer la sécurité au Canada.
Lorsque le a parlé de ce projet de loi, il a dit que les certificats de sécurité constituaient un instrument important pour assurer la sécurité publique. Mais, comment les Canadiens peuvent-ils être mieux protégés si les personnes soupçonnées de terrorisme sont tout simplement expulsées du pays, ce qui leur permet de poursuivre leurs activités, ou du moins leurs prétendues activités?
Le secrétaire parlementaire a aussi dit dans son discours que le gouvernement souhaitait la même chose que les Canadiens: protéger le public au pays. Je pense que le secrétaire parlementaire et le gouvernement conservateur sont un tantinet déconnectés de la réalité. C'est le NPD qui souhaite la même chose que les Canadiens. Nous voulons que les terroristes soient arrêtés et incarcérés. Voilà ce qui protégerait le public canadien.
L'approche des conservateurs en matière de sécurité nationale, qui consiste à balayer la poussière sous le tapis, ne suffit tout simplement pas. Le gouvernement aime durcir le ton quand vient le temps de parler de sécurité publique, mais lorsqu'on y regarde de près, on s'aperçoit que les conservateurs ne font que soigner leur image devant les caméras de télévision pour convaincre les Canadiens de leur donner la majorité qu'ils cherchent si désespérément à obtenir.
La sécurité nationale du Canada ne doit pas être réduite au rang de simple accessoire d'une mise en scène politique. Le NPD croit que les conservateurs devraient joindre le geste à la parole. Qu'ils fassent donc le choix courageux d'abandonner ce mécanisme défaillant qu'est le certificat de sécurité et qu'ils aient recours aux lois de notre pays pour punir les terroristes.
Le terrorisme est un crime. Les terroristes sont des criminels, et les autorités devraient s'employer énergiquement à les poursuivre en vertu du Code criminel du Canada, plutôt que d'avoir recours aux procédures prévues dans la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. Il me semble profondément troublant que l'expulsion des terroristes soit la meilleure solution qu'ait pu trouver le gouvernement pour maintenir la sécurité au pays.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, le NPD a deux grandes réserves au sujet du projet de loi . Le deuxième problème concernant les certificats de sécurité est qu'ils minent sérieusement les valeurs fondamentales du système de justice canadien. N'oublions pas que le maintien de la sécurité publique consiste à trouver le juste équilibre entre la liberté et la sécurité. Or, ce projet de loi est tout aussi loin du juste équilibre que le mécanisme qui existait avant la décision de la Cour suprême.
Avec le projet de loi , les conservateurs essaient d'établir, autour des certificats de sécurité, un mécanisme qui ne viole pas la Charte, mais qui, de l'avis de nombreux experts, risque lui aussi d'être contesté devant la Cour suprême et jugé invalide par celle-ci.
Les certificats de sécurité minent notre système de justice en contournant le droit à une procédure équitable, qui est fondamental dans n'importe quelle démocratie. Les conservateurs ont décidé d'essayer de bricoler une loi libérale fondamentalement viciée, mais ce bricolage ne sera pas suffisant pour régler le problème. Les personnes visées par un certificat de sécurité risquant de subir des conséquences très graves, la procédure doit être balisée de solides garde-fous. Ce projet de loi ne protège pas suffisamment les libertés civiles.
Il y a de lourdes conséquences à être nommé dans un certificat de sécurité, notamment la perte de liberté, l'expulsion et, possiblement, le renvoi vers la torture. Le droit à la défense pleine et entière, le droit de connaître les allégations formulées contre une personne et l'occasion de répondre à ces allégations sont des principes reconnus de justice fondamentale, mais ces droits n'existent pas dans le processus des certificats de sécurité.
De même, le juge qui préside peut être saisi d'éléments de preuve cruciaux en l'absence des détenus et de leurs avocats, ce qui est tout simplement inacceptable. Même si ces éléments ne sont pas révélés aux détenus ou à leurs avocats, le juge peut examiner la preuve pour déterminer si le certificat est raisonnable. Les détenus risquent de ne jamais être informés des raisons pour lesquelles ils sont expulsés du Canada. Il n'ont alors aucune occasion de contester ces raisons.
Les conservateurs essaieront de dire qu'ils ont fait le ménage dans le fouillis dans lequel les libéraux ont laissé les certificats de sécurité en introduisant un défenseur dans le processus, mais nous savons déjà que le défenseur à lui seul n'est pas la solution à tous les problèmes fondamentaux que présentent les certificats de sécurité.
La Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni ont également recours aux défenseurs, mais, dans ces deux pays, le processus comporte aussi de graves lacunes. Le Royaume-Uni est souvent cité en exemple par les tenants de la modification plutôt que de l'abolition du système des certificats de sécurité. Cependant, ces procédures, lorsque les preuves de nature sensible sur le plan de la sécurité ne sont pas révélées et qu'un défenseur a le droit d'assister et de participer aux séances à huis clos, ont fait l'objet de plusieurs jugements rejetant les limites imposées arbitrairement.
Comme les lords d'appel du Royaume-Uni ont rejeté les dispositions du processus le 31 octobre dernier, il est évident que le système comporte des lacunes. Ian Macdonald, un défenseur ayant plus de sept ans d'expérience dans le système britannique, a démissionné parce que le gouvernement britannique n'a pas réussi à corriger ces problèmes. Les conservateurs le savent. En effet, M. Macdonald a même témoigné devant le Comité de la sécurité publique pour dire ce qu'il pense du processus des défenseurs.
MM. Craig Forcese et Lorne Waldman ont présenté une excellente critique du projet de loi . Je veux souligner l'excellent travail qu'ils ont accompli pour s'opposer à ce système boiteux. Selon leur analyse, que je serais heureuse de remettre au , même si je soupçonne qu'il l'a eue entre les mains et a choisi de n'en pas tenir compte, Forcese et Waldman concluent qu'un certain nombre de lacunes nuiront aux défenseurs.
Il est intéressant de constater que quelques-unes de ces lacunes ont été mentionnées à la Chambre par le parti de l'opposition libérale. Si j'ai bien compris, les libéraux appuieront le projet de loi malgré toutes ces lacunes que leur porte-parole en matière de sécurité publique a énumérées tout à l'heure.
Les auteurs de cette analyse ont critiqué le projet de loi parce qu'il ne permet pas la divulgation complète et qu'il ne permet pas aux personnes détenues et à leur avocat de connaître toute l'information pertinente qui sera utilisée pour les incriminer. Ils disent que les conservateurs ont tort de ne pas permettre aux défenseurs de rester en contact avec le détenu pendant toute la durée du processus. Il reprochent au gouvernement de ne pas s'être fermement opposé à l'utilisation d'information obtenue sous la torture aux fins des certificats de sécurité.
Le NPD est convaincu qu'un système qui nie le droit à une réponse complète et à une véritable défense ne peut pas être corrigé par de simples modifications de la procédure.
Comme je l'ai dit au début de mon intervention, le NPD s'oppose fermement aux certificats de sécurité. Nous espérions que les autres partis de l'opposition à la Chambre feraient de même. J'ai été très déçue d'entendre les libéraux dire qu'ils n'empêcheraient pas l'adoption de cette mesure. Ce n'est pas ce qu'on pourrait appeler un appui retentissant.
J'ai été choquée de l'apprendre, puisque le caucus libéral était divisé sur cette question par le passé. Cela montre encore une fois la situation au Parlement.
Nous avons une minorité conservatrice qui se livre à toutes sortes de manoeuvres politiques dans un effort désespéré pour devenir majoritaire, et une opposition libérale qui a peur de son ombre, tellement qu'elle fera n'importe quoi pour éviter le déclenchement d'élections. Les libéraux s'abstiennent de voter ou brillent par leur absence, et vont maintenant jusqu'à voter en faveur d'une mesure législative que bon nombre d'entre eux désapprouvent fondamentalement, après avoir présenté une longue liste des imperfections de cette mesure.
On dirait que les libéraux ont formé le gouvernement tellement longtemps qu'ils ne savent plus comment faire le travail de l'opposition. Ils devraient peut-être s'inspirer du NPD. C'est un parti qui ne craint pas de s'opposer aux conservateurs quand ils entraînent le Canada dans une voie qui n'est pas la bonne.
Permettez-moi de terminer en résumant pourquoi le NPD s'oppose au projet de loi . Nous voterons contre ce projet de loi parce que le Code criminel nous offre déjà tous les outils dont nous avons besoin pour assurer notre sécurité nationale tout en respectant notre Charte canadienne des droits et libertés.
Si les conservateurs voulaient vraiment assurer la sécurité publique, ils puniraient les personnes soupçonnées et reconnues coupables d'actes terroristes au lieu de se limiter à les expulser.
Le NPD s'oppose également au projet de loi parce qu'il mine les valeurs canadiennes de base. Le fait d'inclure des personnes pouvant agir à titre de défenseur dans le processus des certificats de sécurité ne répond pas de façon adéquate aux préoccupations concernant le droit à l'application régulière de la loi.
Quoi qu'il en soit, même si toutes les libertés civiles étaient protégées par ce projet de loi, les certificats de sécurité prévus par la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, qui, comme il a été mentionné il y a quelques instants, existent depuis très longtemps, ne seraient pas la bonne façon de faire face aux menaces à la sécurité nationale.
Malheureusement, du fait que les libéraux ont choisi d'appuyer le projet de loi , il va sans doute être adopté et envoyé au Comité de la sécurité nationale pour y être étudié. Si cela se produit, le NPD fera tout en son pouvoir pour faire en sorte que ce projet de loi cause le moins de dégâts possibles. Mais que ce soit clair pour nos collègues de la Chambre et les Canadiens qui nous regardent aujourd'hui, le projet de loi va dans le mauvais sens.
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Monsieur le Président, je suis heureux de participer au débat concernant cet important projet de loi. Le projet de loi aurait de larges répercussions aussi bien sur notre système de protection des immigrants et des réfugiés que sur notre capacité d'assurer notre sécurité nationale.
Une fois de plus, le Canada agit comme chef de file dans ce domaine. Comme mes collègues l'ont déjà dit, la raison d'être de la mesure coule de source. Le gouvernement a la responsabilité fondamentale de défendre la sécurité publique et la sécurité nationale du Canada. Cela est primordial. Comme nous le savons, nous devons disposer d'instruments pour protéger les Canadiens. La sécurité et la sûreté du pays ont une importance capitale.
Parallèlement, nous reconnaissons la nécessité de garantir les valeurs fondamentales du Canada que sont la liberté, la démocratie, les droits de la personne et la primauté du droit. Par conséquent, il faut arriver à un équilibre délicat entre ces deux exigences, et j'estime que le projet de loi à l'étude le fait.
Protéger la sécurité nationale veut dire protéger notre qualité de vie, ce qui englobe également le respect des droits de tous les Canadiens. Ainsi, l'équilibre délicat dont j'ai parlé exige que nous protégions notre sécurité nationale et la sécurité des personnes en intervenant le moins possible, selon les circonstances, à l'encontre de droits et libertés des personnes.
Il est crucial de promouvoir parallèlement la sécurité nationale et les libertés civiles pour bâtir au Canada une société vigoureuse et ouverte. C'est la raison pour laquelle nous avons présenté le projet de loi .
Dans sa décision, la Cour suprême du Canada a reconnu que le gouvernement avait la responsabilité de protéger les Canadiens des terroristes et d'autres non-citoyens qui constituaient une menace grave et qu'il pouvait être opportun pour lui de recourir aux certificats de sécurité pour atteindre cet objectif. Également, elle a déclaré que le processus du certificat de sécurité devait être modifié pour assurer une meilleure protection des droits des particuliers assujettis à un tel certificat.
La Cour suprême a fourni au gouvernement d'excellentes pistes de réflexion sur cette question tout en énonçant diverses possibilités. Par ailleurs, le gouvernement a pu bénéficier du travail des comités parlementaires qui l'ont étudiée.
Je vais maintenant me pencher sur les recommandations du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration, qui a étudié les centres de détention et les certificats de sécurité. J'ai eu pour ma part l'occasion de visiter le centre de détention de Kingston. J'ai pu parler aux détenus et prendre connaissance de leurs inquiétudes.
Le Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration a notamment recommandé que le gouvernement respecte la décision de la Cour suprême du Canada dans l'affaire Charkaoui c. Canada et qu'il modifie la loi pour prévoir la nomination d'un défenseur devant la Cour fédérale pour déterminer le caractère raisonnable de tout certificat de sécurité. C'est exactement ce qui est prévu dans le projet de loi.
La deuxième recommandation portait que le défenseur devrait être un avocat qui détiendrait une habilitation de sécurité appropriée et qui serait nommé pour représenter les intérêts de la personne visée par le certificat et pour contester les éléments de preuve confidentiels ou secrets présentés par le gouvernement. Le projet de loi donne suite à cette recommandation.
Finalement le comité a dit que le processus mis en place et faisant appel à un défenseur devrait, sous réserve de considérations liées à la sécurité nationale et en affectant le moins possible les droits des détenus, permettre aux détenus de prendre connaissance de ce qui leur est reproché, en les informant et en leur permettant de contester les faits ou de se défendre. Là encore, le projet de loi autorise cette démarche.
Le comité a aussi recommandé que le gouvernement institue une politique selon laquelle des accusations portées en vertu du Code criminel constitueraient la méthode privilégiée de traiter les résidents permanents ou les étrangers soupçonnés de participer à des activités terroristes, d'y contribuer ou d'en faciliter l'exécution. Toutefois, il existe une distinction entre, d'une part, un acte criminel et l'intention requise pour que cet acte soit criminel et, d'autre part, une personne qui n'en est pas rendue là, mais qui posera un danger potentiel à la sécurité nationale ou à la sécurité des personnes. Par conséquent, ces deux types d'actes doivent être traités séparément l'un de l'autre.
Je vais essayer d'expliquer un peu pourquoi les certificats de sécurité sont essentiels à la sécurité de tous les Canadiens.
Premièrement, les certificats de sécurité sont nécessaires afin de protéger les Canadiens contre les individus qui sont interdits de territoire au Canada. Permettez-moi de donner une brève description du processus de délivrance d'un certificat de sécurité. Ce processus existe depuis plus de 20 ans dans la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, et dans d'autres lois.
Contrairement à ce que prétendent certains députés, seulement 28 certificats ont été délivrés depuis 1991. Sur ces 28 certificats, six sont toujours en vigueur. Dix-neuf personnes ont été expulsées du Canada et la Cour fédérale a déterminé que trois certificats étaient déraisonnables. Ces chiffres montrent bien que les certificats de sécurité sont délivrés relativement peu souvent, et seulement quand la situation l'exige.
Quand on pense qu'environ 95 millions de personnes entrent au Canada tous les ans, dont 260 000 immigrants, il est évident que les certificats sont utilisés très rarement et seulement dans des circonstances exceptionnelles.
Un certificat de sécurité ne peut être délivré qu'à l'endroit de ressortissants étrangers ou de résidents permanents qui ne sont pas admissibles au Canada pour des raisons de sécurité, pour atteinte aux droits de la personne ou aux droits internationaux, ou encore pour avoir participé à des crimes graves ou à des activités criminelles organisées. Il ne s'agit pas de délits mineurs. Nous parlons de cas graves de violation des droits humains ou internationaux, de crimes graves ou de crime organisé. Voilà le groupe et la catégorie de personnes dont il est question.
Ces certificats ne sont délivrés que dans les cas où les renseignements nécessaires pour déterminer l'admissibilité de la personne au Canada sont confidentiels ou protégés parce qu'ils risquent de porter atteinte à la sécurité nationale ou à celle d'une personne. À un certain point, la sécurité nationale et celle des particuliers doivent avoir préséance sur les droits individuels tout en interférant le moins possible avec ces derniers. C'est l'idée derrière le projet de loi.
Ceux qui sont inadmissibles au Canada pour d'autres raisons font l'objet d'une mesure de renvoi, mais dans la plupart de ces cas, les renseignements nécessaires ne sont pas confidentiels. Afin de protéger ces renseignements et éviter qu'ils ne soient divulgués, dans l'intérêt de la protection de la sécurité des Canadiens, ces personnes ne sont pas visées par des certificats de sécurité puisque leur dossier ne contient aucun renseignement délicat pour la sécurité. Par conséquent, dans de nombreux cas, en fait dans la majorité des cas, tous les renseignements sont divulgués et la question ne se pose même pas.
À la première étape de la procédure liée à un certificat de sécurité, le et le examinent le cas à la lumière de l'information qui leur est fournie, notamment les renseignements de sécurité. Les deux ministres doivent signer le certificat pour le valider. Ils ne signent pas sans tenir compte de l'information qui leur a été présentée. Il faut l'aval de deux ministres avant que le certificat ne soit renvoyé à un juge de la Cour fédérale chargé de tenir une audience pour établir si le certificat est raisonnable. Cette façon de procéder assure une certaine protection à la personne visée, mais d'autres mesures de protection sont également prévues.
Pendant les procédures judiciaires, le gouvernement fédéral peut présenter au juge des renseignements classifiés. Cette information n'est communiquée ni à la personne visée, ni à son avocat. Cependant, le tribunal fournit à la personne mise en cause un résumé non confidentiel de la preuve pour qu'elle soit raisonnablement informée des motifs entourant l'établissement du certificat. Ce résumé donne une explication passablement détaillée de la preuve qu'elle doit contester ou à laquelle elle doit répondre. Si le juge établit que le certificat est raisonnable, celui-ci devient alors une mesure de renvoi.
Durant l'audience sur le caractère raisonnable du certificat ou une fois qu'il a été jugé raisonnable, la Cour fédérale évalue généralement le risque et le danger que court la personne visée pour décider si elle doit être renvoyée du Canada. Il s'agit notamment d'établir si, une fois de retour dans son pays d'origine, la personne est susceptible d'être torturée ou soumise à d'autres traitements cruels ou inusités. Ce type d'enquête fait également l'objet d'un examen par la Cour fédérale. Le Canada n'a jamais sciemment renvoyé des personnes qui couraient un risque substantiel de torture.
Comme les députés peuvent le constater, avant que le gouvernement ne recoure à un certificat de sécurité, de nombreuses personnes examinent les faits et interviennent pour assurer l'intégrité du processus.
Dans la décision rendue en février dernier dans l'affaire Charkaoui, la Cour suprême du Canada a déclaré qu'il fallait resserrer certains aspects du processus entourant le certificat de sécurité pour donner aux personnes mises en cause davantage de possibilités de contester les accusations du gouvernement.
Aujourd'hui, j'expliquerai aux députés pourquoi, dans certains cas particuliers, on invoque ce processus prévu dans la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés plutôt que les dispositions du Code criminel. J'ose espérer que mes explications aideront les députés à comprendre le caractère crucial d'une telle mesure et à quel point il est important de voter en faveur du projet de loi .
Le processus relatif aux certificats de sécurité n'a pas les mêmes objectifs que les poursuites criminelles.
Permettez-moi de dire d'entrée de jeu que les instances en immigration et les instances criminelles ne doivent en aucun cas être considérées interchangeables. Elles remplissent chacune un objectif qui leur est propre et la marche à suivre dans chaque cas a évolué au fil du temps de façon à convenir à chacune.
Les instances criminelles visent à condamner et, advenant une condamnation, une peine décidée par le tribunal est imposée. C'est ce qui se produit lorsqu'on soupçonne un crime ou que les gestes ou intentions d'une personne constituent une infraction à la loi canadienne. Or, il peut arriver qu'une personne n'en soit pas là, mais qu'elle présente néanmoins une menace pour la sécurité du pays ou la sûreté d'une personne.
Le processus relatif aux certificats de sécurité a pour but d'expulser du Canada les personnes qui n'y sont pas admissibles, mais il ne comporte aucun volet punitif. La décision d'intenter ou non des poursuites criminelles ou d'expulser une personne du Canada doit être prise en fonction de chaque cas. Il ne faut jamais présupposer du recours qui sera invoqué.
Chaque décision doit être prise à l'issue d'une évaluation indépendante des faits, des circonstances et du contexte. Comme je l'ai déjà dit, avant de recourir au processus relatif aux certificats de sécurité prescrit par la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, il faut déterminer si la personne en cause est admissible au Canada et, par conséquent, si elle est passible de renvoi. Lorsque c'est le cas, il y a nécessairement des renseignements sensibles qui ne peuvent pas être divulgués pour des raisons de sécurité nationale ou pour protéger d'autres personnes.
Je souligne encore une fois que ces cas mettent en cause des personnes qui sont d'une façon ou d'une autre impliquées dans des activités liées au terrorisme, au crime organisé ou à des crimes graves ou encore qui portent atteinte à des droits humains ou internationaux. On n'invoque pas ce processus simplement parce qu'on juge qu'une personne n'est pas admissible au Canada.
En revanche, on intente seulement des poursuites criminelles lorsque, à l'issue d'une enquête indépendante menée par la police, les preuves indiquent qu'il y a matière raisonnable à condamnation et que le poursuivant juge qu'il est dans l'intérêt du public de porter des accusations. La décision d'intenter ou non une poursuite relève de la compétence indépendante du poursuivant et les questions en cause sont différentes dans les deux cas.
Il existe d'autres différences entre les deux: les droits et les garanties qu'elles confèrent. Le gouvernement estime qu'il ne serait pas correct de choisir un type de procédure plutôt que l'autre pour s'assurer que des dispositions particulières de la Charte ou d'autres garanties s'appliquent ou ne s'appliquent pas.
Certains droits, comme le droit d'être présumé innocent et le droit à un procès avec jury, par exemple, ne conviennent qu'aux procédures pénales, tandis que d'autres, comme le droit à un procès équitable, sont d'application plus générale. Toute question quant aux droits ou aux garanties applicables doit dépendre de la nature de la procédure et le gouvernement estime que la nature de la procédure doit être fonction des faits et du contexte de chaque affaire.
En ce qui a trait au processus d'établissement du certificat de sécurité proprement dit, un juge impartial est saisi de l'affaire et il y a une disposition pour le processus de mise en accusation. Ce dernier point est amélioré par l'introduction du défenseur dans la procédure, comme le propose le projet de loi.
Comme le voient les députés, chaque système sert à une fin fondamentale distincte. Le gouvernement croit qu'il ne faut pas confondre les deux ou les voir comme étant interchangeables et qu'il ne serait pas indiqué de privilégier un type de procédure.
Permettez-moi de vous expliquer ce qu'apporte le projet de loi.
Il prévoit un défenseur pour défendre les intérêts de l’intéressé dans le cadre de certaines instances où la preuve est entendue en son absence et en celle de son conseil et à huis clos. Le défenseur peut contester les affirmations du ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile à l’égard de la confidentialité de la preuve et, d’autre part, la pertinence, la fiabilité et la suffisance de celle-ci ainsi que l’importance qui devrait lui être accordée. Il peut en outre présenter au juge ses observations, contre-interroger les témoins et exercer, avec l’autorisation du juge, tout autre pouvoir nécessaire à la défense des intérêts de l’intéressé.
C'est beaucoup plus que ce que permettait précédemment la loi. La nouvelle mesure législative permet de vérifier et d'évaluer la preuve, de mener des contre-interrogatoires et de contester la preuve, comme le ferait un avocat de la défense dans une affaire ordinaire. Elle permet également à un juge d'intervenir.
Une autre différence dont j'aimerais parler est le volet du processus des certificats de sécurité qui porte sur la détention. Ce n'est pas la même chose que l'incarcération dans le système de justice pénale. L'incarcération imposée comme peine au criminel est un outil de punition et de réhabilitation. Ce genre de punition est appliqué selon les faits établis lors de la condamnation et se fonde sur des principes de détermination de la peine, dont la proportionnalité entre la durée de l'emprisonnement et la gravité de l'infraction commise.
Par contre, la détention en attendant le renvoi est fondée sur une évaluation périodique du risque pour le public ou pour la sécurité nationale. Il ne s'agit pas d'une mesure punitive et elle n'a aucune fonction de réhabilitation. Autrement dit, les personnes visées sont détenues jusqu'à ce qu'elles quittent le pays. L'objectif est leur renvoi du Canada. Les personnes visées par des certificats de sécurité sont libres de quitter le Canada et de retourner dans leur pays d'origine n'importe quand.
Dans sa décision sur l'affaire Charkaoui, la Cour suprême a réitéré que la détention était appropriée en vertu de nos lois sur l'immigration, y compris, au besoin, la détention prolongée. Plus précisément, la Cour suprême a déclaré que de longues périodes d'incarcération n'enfreignent pas la Charte des droits et libertés, en autant que le processus permette une évaluation régulière et tienne compte des facteurs liés à chaque cas.
La décision de la Cour suprême vient préciser les garanties applicables prévues par la Charte et les exigences quant à l’exercice de contrôles périodiques vigoureux de la détention . Ce projet de loi respectera ces exigences.
Le projet de loi consacre le fait que les ressortissants étrangers auront les mêmes droits à l'examen des motifs de détention que les résidents permanents, soit dans les 48 heures suivant l'arrestation et au moins tous les six mois par la suite. Je crois que le Canada est à cet égard un chef de file par rapport aux autres pays. Même si le certificat de sécurité est rarement utilisé, c'est un outil absolument essentiel dont nous devons disposer pour la sécurité nationale.
J'ai mentionné plus tôt certaines statistiques qui démontrent à quel point ce processus est utilisé avec parcimonie au Canada. Sur les millions de personnes admises au Canada, seules quelques-unes ont fait l'objet de certificats de sécurité.
L'utilisation peu fréquente de ce processus ne signifie aucunement qu'il n'a pas sa place dans nos efforts de sécurité nationale. Il ne faudrait pas du tout croire que nous pouvons traiter ces cas autrement. La Cour suprême a confirmé l'utilisation générale des certificats de sécurité et reconnu que l'une des responsabilités les plus fondamentales d'un gouvernement consiste à assurer la sécurité et la protection de ses citoyens. C'est primordial.
En fait, en retardant d'un an l'entrée en vigueur de son jugement, la Cour suprême a donné au gouvernement fédéral et, au bout du compte, au Parlement l'occasion de modifier la loi afin de pouvoir garder les certificats de sécurité comme outils de sécurité publique, et c'est ce que nous avons fait.
Le temps commence à manquer pour modifier la loi. Elle sera invalidée si le Parlement n'adopte pas le projet de loi d'ici février 2008. Les individus visés par un certificat de sécurité remporteront sans aucun doute leur demande d'annulation de ces certificats. Cela signifie qu'ils ne seront plus détenus ni soumis à quelque condition de libération que ce soit, ce qui pourrait poser de graves risques pour la sécurité publique. Cela signifie aussi que nous perdrons un outil nous permettant d'être en sécurité.
On a réellement besoin des certificats de sécurité et du processus qui s'y rattache. Même si certains députés croient que nous pouvons nous occuper efficacement de ces cas par des poursuites au criminel, c'est tout simplement faux, car il s'agit de deux questions totalement différentes.
J'espère que cette explication du rôle des poursuites au criminel contribuera à amener les députés à voter en faveur du projet de loi. Les certificats de sécurité et les poursuites au criminel n'ont pas les mêmes buts, les mêmes processus ni les mêmes résultats. Il est impossible de les interchanger.
Nous devons maintenir notre capacité de renvoyer du pays les personnes inadmissibles qui posent une grave menace aux Canadiens. Qu'il s'agisse d'un espion étranger, d'un terroriste, d'un membre d'une organisation violente du crime organisé ou d'une personne qui a commis des atrocités odieuses au chapitre des droits de la personne à l'étranger, on ne peut permettre à ces personnes de demeurer au Canada. Ce serait un peu comme fermer la porte de l'écurie une fois que les chevaux se sont enfuis. Nous ne faisons pas cela. Nous ne laissons pas la porte ouverte. Nous devons surveiller la porte.
Grâce au projet de loi , nous pourrons continuer de défendre notre société contre ces menaces importantes. J'encourage les députés à montrer qu'ils veulent vraiment protéger les Canadiens contre les personnes qui présentent une menace en votant en faveur du projet de loi.
Je réitérerai que le projet de loi en soi contient une série de mesures de protection qui, selon moi, fournissent aux particuliers la sécurité nécessaire sans compromettre la sécurité nationale.
Le rôle du défenseur serait de protéger les intérêts du résident permanent ou du ressortissant étranger dans certaines instances. Ce rôle consiste donc à protéger ces intérêts. Le défenseur peut contester les affirmations quant au besoin de divulgation ou de confidentialité. Il peut contester la pertinence, la fiabilité et la suffisance de l'information ou de la preuve ainsi que l’importance qui devrait leur être accordée. Il peut présenter des observations orales et écrites. Il peut contre-interroger les témoins et exercer, avec l’autorisation du juge, tout autre pouvoir nécessaire à la défense des intérêts du résident permanent ou du ressortissant étranger. Cela couvre de nombreux aspects.