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Monsieur le Président, le gouvernement s'est engagé à aider les entreprises canadiennes à soutenir la concurrence à l'échelle internationale.
Au Canada, des entreprises font ce qu'on appelle du repostage. La plupart des députés ne savent probablement pas ce qu'est le repostage. Les entreprises de repostage collectent auprès de grands expéditeurs commerciaux le courrier destiné à d'autres pays. Ces entreprises, aussi appelées groupeurs, expédient le courrier à l'extérieur du pays dans des pays où les tarifs postaux sont moins élevés, idéalement des pays désignés pays en développement par l'Union postale universelle.
L'Union postale universelle est un organisme des Nations Unies qui a été créé à la fin du XIXe siècle. De nos jours, elle compte quelque 200 membres et s'occupe de questions ayant trait aux postes. Elle n'intervient pas dans les affaires qui relèvent des postes nationales. Elle est le principal forum de coopération entre tous les acteurs du secteur postal. Elle fixe des règles pour les échanges de courrier international et formule des recommandations « pour stimuler la croissance des volumes de courrier et améliorer la qualité du service offert aux clients ».
C'est l'Union postale universelle qui a établi un territoire postal unique pour l'échange du courrier international, ce qui est de toute évidence nécessaire. Ainsi, lorsque nous postons une lettre à l'extérieur du pays, nous pouvons l'affranchir d'un timbre international.
La Société canadienne des postes conserve les recettes tirées de ce timbre, mais c'est une autre administration postale qui achemine la lettre. C'est cette autre administration qui assume la majeure partie des coûts liés à la livraison de la lettre.
Par conséquent, conformément au système d'échange de courrier international de l'Union postale universelle, la Société canadienne des postes doit indemniser le pays de destination de la lettre. Cette indemnisation est aussi connue sous le nom de frais terminaux.
L'union postale universelle a établi un classement de ses pays membres selon deux catégories: les pays industrialisés ou développés, et les pays en développement. Évidemment, les pays font partie d'une catégorie ou de l'autre. Ce classement a une incidence sur les frais terminaux que les pays peuvent percevoir des autres pays pour le courrier reçu de l'étranger et sur les frais qu'ils doivent verser aux autres pays pour le courrier envoyé à l'étranger.
C'est compliqué, mais les entreprises de repostage n'ont pas de frais terminaux à payer et peuvent donc offrir des taux plus avantageux que la Société canadienne des postes. L'Union postale universelle permet aussi le repostage. D'autres pays permettent aussi cela, mais pas le Canada.
Il y a quelques années, la Société canadienne des postes a poursuivi un grand nombre d'entreprises de repostage. Les tribunaux ont jugé, avec raison, que le repostage contrevient au privilège exclusif de la Société canadienne des postes. Cette compétence exclusive est inscrite dans la Loi sur la Société canadienne des postes, qui a été promulguée par la Chambre des communes il y a plus de 20 ans.
Comme le privilège exclusif est consacré dans la loi, la seule façon de l'ajuster est de modifier la loi. Seul le Parlement peut modifier la loi, et ce, seulement après la tenue d'un débat public.
Le gouvernement est fier d'avoir présenté le projet de loi , dont l'objectif est de soustraire tout le courrier destiné à l'extérieur du Canada au privilège exclusif de la Société canadienne des postes. Cela permettrait aux entreprises de repostage de mener leurs activités au Canada sans porter atteinte au privilège exclusif de la Société canadienne des postes. Ces entreprises n'enfreindraient donc plus la loi et ne risqueraient plus de se faire poursuivre.
Bien que le projet de loi ait une portée plus vaste que le repostage, son effet réel sur la Société canadienne des postes ne devrait pas être différent. En effet, les entreprises de repostage cueillent de grandes quantités de lettres envoyées par des sociétés. Elles ne s'intéressent pas à votre courrier, monsieur le Président, ni au mien.
Elles offrent aux sociétés canadiennes des tarifs postaux avantageux, ce qui réduit les coûts de ces sociétés. Il leur en coûte ainsi moins cher pour fournir des produits et des services aux consommateurs canadiens, ce qui est en fin de compte une bonne chose pour eux puisqu'ils peuvent se procurer les produits et les services à meilleur coût.
En fait, nombre de ministères et d'organismes fédéraux ont déjà eu recours aux services d'entreprises de repostage pour le courrier à destination de l'étranger. Ils avaient fait le tour du marché pour y trouver les tarifs les plus bas, de manière à utiliser efficacement l'argent des contribuables.
Le projet de loi qui nous est soumis ne vise pas à permettre le retour du courrier au Canada. Ce n'est pas ce qui y est proposé, et cette question mérite nettement qu'on l'explique de nouveau. Le destinataire de la lettre devra se trouver dans un pays étranger. Nous ne visons pas le courrier à destination du Canada. Le destinataire devra être à l'extérieur du Canada. Les entreprises de repostage qui essaieront de renvoyer le courrier au Canada violeront toujours le privilège exclusif de Postes Canada, même une fois la loi modifiée.
Nous ne proposons pas de laisser d'autres acteurs du secteur postal mettre des timbres sur leur courrier au Canada. Dans d'autres pays également, on permet l'établissement d'un bureau d'échange extraterritorial, que l'Union postale universelle décrit comme suit:
[...] un bureau ou un établissement géré par ou en liaison avec un opérateur postal en dehors de son territoire national, sur le territoire d'un autre pays. [...] à des fins commerciales pour développer [ses] activités en dehors de [son] territoire national.
Si un timbre est apposé sur une lettre au Canada, ce timbre devra avoir été approuvé par Postes Canada. Si le Canada décide de permettre l'établissement de bureaux d'échange extraterritoriaux, il devra se doter d'un régime de délivrance de permis pour ces bureaux. Ce n'est pas ce que nous proposons ici. Nous n'allons pas permettre à d'autres pays d'exploiter des comptoirs postaux au Canada. Nous voulons plutôt aider les entreprises canadiennes à soutenir la concurrence à l'échelle internationale, et nous comptons y arriver avec ce projet de loi.
Le gouvernement a étudié la question. Postes Canada nous a dit que son manque à gagner, selon ses estimations, serait de 50 à 80 millions de dollars par année. Pour cette évaluation, la société s'est fondée sur la tendance qui s'est dégagée quant à ses revenus depuis l'adoption des nouvelles règles de l'Union postale universelle en 2001. Postes Canada ne sait pas exactement quelle proportion de son chiffre d'affaires lui ont fait perdre les entreprises de repostage illégales qui oeuvrent au Canada.
De son côté, l'industrie a déclaré que des millions de dollars et même des centaines de millions de dollars étaient en jeu. Comme les tribunaux ont statué que le repostage est illégal, nous ne pouvons obtenir de l'industrie des données pouvant être validées. Il s'agit souvent de petites entreprises et de quelques compagnies importantes qui se trouvent habituellement à des endroits comme Vancouver, Toronto et Montréal.
Les estimations de Postes Canada et de l'industrie sont considérables. Elles ne se ressemblent guère toutefois. Une partie de la différence peut s'expliquer par le fait qu'elles sont basées sur des hypothèses différentes et, bien sûr, des attentes différentes.
L'estimation de Postes Canada représente l'impact sur Postes Canada; ce n'est pas une mesure de l'industrie. L'estimation de l'industrie est davantage une évaluation de l'impact économique puisqu'elle comprend les entreprises de soutien, notamment les fabricants d'enveloppes et les ateliers d'imprimerie à l'échelle du pays, comme je l'ai mentionné.
Si cette mesure législative entre en vigueur, la Société canadienne des postes prévoit une perte supplémentaire de 45 à 50 millions de dollars par année, ce qui signifie qu'il y a des répercussions financières. Les employés de la société craindront qu'il ne s'agisse d'une première étape en vue de la privatisation. Soyons clairs. L'actuel gouvernement ne privatisera pas la Société canadienne des postes et n'envisage absolument pas une telle initiative.
Postes Canada est une très vaste institution. C'est l'un des plus grands employeurs au Canada. Elle possède l'un des plus grands réseaux de vente au détail du Canada. Elle fournit des services aux Canadiens d'un océan à l'autre. Certains diront qu'il s'agit vraiment d'un symbole canadien.
Pour ma part, j'estime que dans les collectivités rurales de ma circonscription, il n'y a pas d'institution fédérale plus importante pour les gens que Postes Canada. Voilà pourquoi le gouvernement prend des mesures positives pour les Canadiens.
La Société canadienne des postes est confrontée à de nombreux problèmes et défis. Il serait facile de se laisser distraire par plusieurs de ces questions. Il suffit d'interroger les députés qui ont siégé au Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités. Leurs discussions ont notamment porté sur les entreprises de repostage, comme le confirmera mon ami d'en face.
Les députés ont présenté des motions et ont proposé des amendements à ces motions. En fin de compte, ils ont dit dans leur rapport qu'ils souhaitaient avoir plus de temps pour étudier la question. Le gouvernement a décidé qu'on l'avait suffisamment étudiée. Il a décidé qu'il était temps d'agir et des mesures positives seraient prises.
Le projet de loi vise précisément ce but. Nous ne voulons pas nous laisser distraire de notre objectif qui est de régler ce problème. Il va sans dire que nous ne voulons pas généraliser les modifications apportées à la Société canadienne des postes. Le gouvernement ne vise ni à anéantir, ni à privatiser Postes Canada. Nous n'ouvrons pas la porte à la concurrence à l'égard du service postal national.
Il ne s'agit pas de la première étape de la privatisation de Postes Canada. C'est la troisième fois que je le répète. J'assure à la Chambre que nous sommes sincères à cet égard.
Nous intensifions la concurrence à l'égard de la livraison du courrier destiné à l'étranger pour favoriser les Canadiens et les petites entreprises de partout au Canada, tout en continuant à appuyer les entreprises canadiennes.
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Monsieur le Président, je commençais à me demander si nous allions finir par traiter du projet de loi comme tel. Si les députés n'y voient pas d'objection, j'aimerais revenir sur la question posée par le dernier intervenant dans le débat. Le projet de loi vise une toute petite disposition, à l'article 15 de la Loi sur la Société canadienne des postes, qui est modifié par adjonction, après le paragraphe (2), de ce qui suit:
Le privilège exclusif octroyé au paragraphe 14(1) ne s'applique pas aux lettres à livrer à un destinataire à l'étranger.
C'est tout. Telle est la portée du projet de loi. Depuis une bonne vingtaine de minutes, on nous a dit ce que cette mesure ne fait pas, et je n'ai rien contre. Toutefois, je pense qu'au lieu de nous préoccuper de ce que le projet de loi ne fait pas, nous devrions nous concentrer sur ce qu'il accomplit. Selon moi, à titre de membre du comité auquel l'intervenant précédent a fait allusion, cette modification à la Loi sur la Société canadienne des postes vise en fait à protéger les emplois des petites entreprises qui exercent leur activité en fonction des paramètres de ladite loi, tels que ceux-ci étaient interprétés jusqu'à il y a deux ans. C'est tout.
On peut être d'accord ou non que les emplois des personnes qui exercent une activité commerciale légitime, et les entreprises qui exercent leur activité dans un cadre légitime, méritent d'être pris en considération et protégés. À partir du moment où nous convenons que ces femmes et ces hommes exercent une activité qui est productive pour eux, pour leurs familles et pour l'économie canadienne, nous devons considérer le projet de loi d'une façon objective et positive. Pourquoi?
Parce que si l'on veut bien comprendre ce dont nous parlons, il faut songer à tous les aspects de la question, notamment les aspects financiers.
Dans son rapport annuel de 2006, Postes Canada signale que, malgré une économie forte, les envois postaux ont essentiellement stagné en 2006. Postes Canada a connu une croissance nulle, mais la société est préoccupée par la concurrence que lui livrent les petites entreprises et les travailleurs et travailleuses qu'elles emploient.
Examinons de nouveau ce contexte. On dit dans le même rapport que les recettes consolidées de l'activité de Postes Canada se sont chiffrées à 7,3 milliards de dollars, ce qui représente une hausse de 4,6 p. 100 par rapport à l'année précédente. Ainsi, selon l'exposé récapitulatif de la société, en dépit du fait que le secteur des envois postaux ait stagné, ses recettes ont augmenté de 4,6 p. 100, pour atteindre 7,3 milliards de dollars.
Y a-t-il un autre chiffre pour illustrer cette croissance? Que signifie une augmentation de 4,6 p. 100? Selon le rapport annuel, cela représente une augmentation des revenus de 320 millions de dollars. La société a 320 millions de dollars de plus en revenus que l'année précédente pour s'acquitter de son mandat, garantir les emplois des hommes et des femmes dans les villes et les campagnes du Canada et fournir les services prévus dans son mandat.
Lorsque la société ne réussit pas à s'acquitter de son mandat, je lis dans la Loi sur la Société canadienne des postes que le gouvernement du Canada est toujours là pour éponger les déficits au moyen des deniers publics, mais cela n'est pas nécessaire en ce moment. Nous ne parlons pas de cela, mais bien d'une augmentation des revenus de 320 millions de dollars qui porte le total des revenus de la société à 7,3 milliards de dollars.
Je ne pense pas qu'il faille trop s'arrêter à cela. C'est une somme astronomique. Même dans mes rêves je n'ai jamais imaginé gagner autant. Cependant, avec des revenus de 7,3 milliards de dollars, la Société canadienne des postes dit se retrouver parmi les plus gros employeurs du Canada. En fait, la société est fière d'affirmer qu'elle a été nommée parmi les 100 premiers employeurs au Canada en 2007 par le magazine Maclean's. Apparemment, les choses ne vont pas trop mal.
Quels sont les compétiteurs de cette société qui emploie 55 000 personnes et a des revenus de 7,3 milliards de dollars?
Nous avons entendu le secrétaire parlementaire déclarer tout à l'heure que les compétiteurs sont un groupe d'entreprises qui envoient du courrier, le ramassent et l'expédient à l'étranger. En d'autres mots, ils n'interfèrent pas avec le privilège exclusif d'envoyer du courrier au Canada. Ils n'interfèrent pas avec le mandat de la société, qui consiste à fournir un réseau de communications et des emplois partout au Canada. Ils n'interfèrent pas avec le mandat qui consiste à faire flotter le drapeau du Canada dans des collectivités de tout le Canada afin que nous puissions voir notre fédération au travail. Ces entreprises et ces hommes et ces femmes qui gagnent leur argent et occupent leurs emplois légitimement représentent une compétition dont le poids s'établit entre 45 et 55 millions de dollars, selon le secrétaire parlementaire, qui répétait ce que les meilleures estimations de la Société canadienne des postes lui ont permis de constater.
Lors de la réunion du comité, j'ai insisté sur la question auprès des entreprises de repostage. J'ai affirmé que le montant ne pouvait pas être de seulement 45 à 55 millions de dollars. Elles ont concédé qu'il pouvait s'élever jusqu'à 60 millions de dollars, peut-être même à 70 millions de dollars. En tout cas, en faisant des calculs rapides sur un BlackBerry ou un ordinateur, nous pouvons constater que 60 millions de dollars de revenu brut pour ces petites entreprises, comparativement à 7,3 milliards de dollars, représentent environ 0,8 p. 100. C'est moins que 1 p. 100. C'est cela la menace. C'est le cheval de Troie dont les gens commencent maintenant à parler. C'est pourquoi j'ai affirmé que nous ne pouvons pas discuter de ce que le projet de loi ne fera pas. Nous devons parler de ce qu'il vise à faire.
Il doit sauver les emplois des gens qui travaillent pour ces entreprises qui font des revenus totaux de moins de 60 millions de dollars comparativement au 7,3 milliards de dollars de la Société canadienne des postes. La Société canadienne des postes gagne sept milliards et trois cents millions de dollars.
Si nous tentons de sauver les emplois de ces hommes et femmes, si nous croyons que leur valeur, leur dignité, leur droit de travailler est au moins aussi important et légitime que ceux des employés de la Société canadienne des postes, nous n'avons pas de problèmes avec ce projet de loi, car la Société canadienne des postes n'en a pas.
En fait, la Société canadienne des postes, en plus de signaler que ses revenus avaient augmenté de 320 millions de dollars, a affirmé que son revenu net pour l'exercice se terminant en décembre 2006 était de 119 millions de dollars. Sur des revenus de 7,3 milliards de dollars, elle a fait un bénéfice net d'approximativement 120 millions de dollars. Cette somme est au moins le double de la valeur brute de toutes ces petites compagnies et de leurs employés qui vont travailler toutes les journées afin de pouvoir élever leurs familles dans un milieu productif, qui est digne du rêve canadien.
Le projet de loi devrait aller dans ce sens et je crois que c'est ce que le gouvernement voulait proposer à tous. C'est pour cette raison que le projet de loi est si court. Il dit seulement qu'il faut laisser ces gens travailler. Où travaillent-ils, selon le secrétaire parlementaire? Ils ne sont pas dispersés partout au Canada pour diminuer le mandat de Postes Canada consistant à offrir un réseau de communication à tous les Canadiens et à rassembler les gens. Non.
Selon le secrétaire parlementaire et d'après les meilleures estimations de Postes Canada, ces gens travaillent dans des entreprises qui sont là où elles peuvent exister. En d'autres mots, celles-ci ne peuvent livrer concurrence nulle part ailleurs. Elles peuvent seulement le faire dans trois régions.
Ces régions seraient la région du Grand Toronto, le Montréal métropolitain et la région du Grand Vancouver. Ce ne sont pas des marchés insignifiants. Ce sont des marchés très grands et importants qui disposent de l'infrastructure requise pour que certaines de ces très petites entreprises fonctionnent.
Il n'y a pas de concurrence ailleurs. On ne livre pas concurrence pour la distribution du courrier dans les petites localités rurales où Postes Canada est peut-être un employeur important, sinon le plus important. Personne ne livre concurrence à Postes Canada pour être le porte-étendard de notre présence au Canada, le point de liaison entre les citoyens et le gouvernement partout au pays.
Depuis plus de 20 ans, le secteur a prospéré. Évidemment, son succès n'est pas écrasant au point de miner de façon importante les recettes de Postes Canada. La société a engrangé des recettes totales de 7,3 milliards de dollars l'an dernier, tandis que le secteur des envois postaux était stable et que les entreprises de ce secteur n'ont pas pu engendrer beaucoup plus de 50 millions de dollars.
À nouveau, je me demande ce que nous devrions faire comme parlementaires responsables si nous nous soucions des emplois des hommes et des femmes qui travaillent pour ces petites entreprises qui pratiquent leurs activités ici au Canada. Les députés remarqueront que je n'ai pas dit qu'il fallait nécessairement que ces entreprises soient canadiennes, mais il faut qu'elles reçoivent des investissements canadiens et qu'elles emploient des Canadiens. Qu'arrivera-t-il aux emplois des travailleurs de ces entreprises? Seront-ils absorbés par Postes Canada, société qui essaie désespérément d'être aussi productive, efficace et concurrentielle que n'importe quel autre géant de l'industrie? Je ne sais pas. Comment ferait-elle?
Si ce domaine d'entreprise dont la Société canadienne des postes vient de découvrir l'existence est exigeant en main-d'oeuvre, et ce serait effectivement le cas dans des villes comme Toronto, Montréal et Vancouver alors que ce type d'entreprises n'existerait même pas ailleurs, la société absorberait-elle ces emplois et en créerait-elle de nouveaux? Pourrions-nous ainsi, en tant que législateurs responsables, affirmer que nous ne supprimons pas d'emplois et n'empêchons personne de gagner sa vie et d'assurer son avenir et celui de sa famille, que nous ne faisons que transférer ces emplois de petites entreprises à une grande société liée à l'État?
Si nous pouvions le faire, ce serait très bien, mais dans un environnement concurrentiel, la Société canadienne des postes n'absorbera pas ces emplois. Elle demandera à ses employés syndiqués, membres du STTP, de faire plus de travail. Quelqu'un sait-il pourquoi? Parce que le travail effectué par ces petites entreprises et ces employés consciencieux qui travaillent tous les jours pour gagner de l'argent afin de pouvoir faire vivre leur famille ne représente que 0,8 p. 100 des recettes brutes de Postes Canada.
Y a-t-il vraiment quelqu'un qui croie un seul instant que la Société canadienne des postes absorbera tous ces emplois, qu'elle en créera de nouveaux pour chacun de ces employés, ce qui lui occasionnerait plus de dépenses? Cela ne serait certainement pas le cas. Les membres du STTP devraient accepter du travail supplémentaire, et sans recevoir plus d'argent en échange. On peut présumer que, dans un environnement où prime l'efficacité, la société ne voudrait pas débourser davantage. Elle leur demanderait de faire plus de travail pour le même salaire.
Quel est l'intérêt d'acculer à la faillite ces entreprises qui emploient des membres de la collectivité? La mesure ne touchera pas ceux qui ne sont pas de Toronto, de Montréal, ou du Lower Mainland de la Colombie-Britannique. Elle ne touchera pas le député de Thunder Bay et elle ne dérangera même pas les députés d'Ottawa. Elle aura une incidence sur les gens du grand Toronto, du grand Montréal ou du grand Vancouver, où des gens travaillent avec diligence pour faire prospérer le Canada.
Que se passera-t-il? Les personnes qui travaillaient dans ces entreprises trouveront-elles un emploi à la Société canadienne des postes? La réponse est non. Cela ne se passera pas.
L'obligation première des députés est de veiller à ce qu'aucun projet de loi adopté à la Chambre n'amoindrisse les possibilités offertes aux Canadiens. Parallèlement, les députés ont aussi l'obligation de créer un milieu offrant à tous les Canadiens les mêmes possibilités.
Si nous respectons nos obligations, nous adopterons ce projet de loi, qui n'est qu'un bien petit pas vers la réalisation d'une initiative positive qu'on ne devrait pas avoir honte de. Je viens de commettre une faute de style. On ne devrait pas terminer une phrase par une préposition. On devrait plutôt dire qu'il s'agit d'une mesure qui permet à une activité productrice de fleurir dans un contexte légitime. Voilà ce qu'accomplirait le projet de loi.
Monsieur le Président, ne laissez pas les députés embrouiller les aspects positifs, c'est-à-dire l'intention du projet de loi, formulée par un comité qui a examiné, étudié et débattu des motions et qui a déclaré qu'il faudrait rédiger un projet de loi qui accomplirait des choses positives comme protéger les emplois, appuyer les créateurs d'emploi et veiller au maintien de l'infrastructure que nous avons déjà et qui, sauf le respect que j'ai pour Postes Canada, est représentée par cette dernière. On a donné suite aux recommandations du comité et on a rédigé un projet de loi en termes très simples, un projet de loi très court, qui décrit bien les mesures qui s'imposent.
J'encourage tout le monde à appuyer cette mesure.
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Monsieur le Président, cela me fait plaisir de prendre la parole au sujet du projet de loi qui se veut une modification à la Loi sur la Société canadienne des postes.
Je vais le résumer bien brièvement en le lisant. En effet, ce n'est pas un projet de loi compliqué. C'est probablement l'un des plus petits projets de loi jamais présentés en cette Chambre. Il comporte un seul article où l'ajout proposé à la loi se lit comme suit:
Le privilège exclusif octroyé au paragraphe 14(1) ne s’applique pas aux lettres à livrer à un destinataire à l’étranger.
Il est important de comprendre et de dresser l'historique pour savoir pourquoi on présente aujourd'hui ce projet de loi à la Chambre. En fait, les versions anglaise et française de la Loi sur la Société canadienne des postes comportaient un problème de terminologie. La version française appliquait ce pouvoir exclusif aux lettres à un destinataire à l'étranger, ce que la version anglaise ne faisait pas.
Évidemment, en raison de cette dichotomie qui a duré pendant plus de 20 ans, des entreprises ont infiltré le marché de la poste, ce qu'on appelle les compagnies de repostage. Cela consiste à prendre le courrier d'une entreprise destiné à l'étranger, à l'envoyer dans un conteneur et à l'acheminer au client à partir d'autres pays qui offrent des tarifs plus bas que ceux de Postes Canada en vigueur ici, au Canada.
Je crois que tous nos téléspectateurs et téléspectatrices comprennent pourquoi un privilège exclusif est effectivement accordé à Postes Canada. Cela permet, entre autres, que chacun puisse recevoir son courrier à son domicile, peu importe où il réside dans la grande et vaste province de Québec ou dans le grand et vaste Canada. C'est la raison pour laquelle la Chambre des communes avait adopté, à l'époque, la Loi sur la Société canadienne des postes: pour permettre justement ce privilège exclusif, de façon à ce que tout le monde puisse recevoir, peu importe où il demeurait, son courrier à la maison.
Depuis ce temps, évidemment, des changements sont survenus. Comme je l'expliquais plus tôt, des entreprises oeuvrant dans le domaine du repostage, entre autres, se fiaient à la version anglaise. Étant donné qu'elles étaient déjà dans le domaine, elles s'en sont servies pour envoyer d'autres types de colis qui n'étaient pas des lettres. Ces entreprises étaient déjà en opération et elles ont décidé de faire la même chose avec le courrier en général et de mettre à profit la version anglaise pour être capables de faire des affaires.
Finalement, il y a maintenant trois ans, la Société canadienne des postes a décidé d'aller devant les tribunaux. C'est probablement le genre de questions que nous, du Bloc québécois, aurions souhaité pouvoir poser autant aux représentants de Postes Canada et à ses employés qu'aux reposteurs et à leurs employés, afin d'aller au fond des choses et de savoir ce qui a fait que Postes Canada est allée devant les tribunaux, il y a trois ans. Ces derniers lui ont donné gain de cause, c'est-à-dire qu'ils étaient prêts à donner des injonctions contre des entreprises qui faisaient du repostage de lettres vers l'étranger.
Finalement, dans sa grande sagesse, le comité voulait être capable de mener une analyse approfondie avant que des citoyens et des citoyennes travaillant dans ces entreprises ne perdent leur emploi.
C'est ce que je reproche un peu autant au Parti conservateur qu'au Parti libéral, soit d'avoir déposé un projet de loi avant qu'on fasse une analyse approfondie. En effet, le rapport unanime présenté par le Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités avait pour objectif de demander tout simplement à Postes Canada de mettre fin aux procédures judiciaires jusqu'à ce qu'une analyse approfondie du dossier soit réalisée en comité. Tel était l'objectif.
Cela avait finalement atteint son but, c'est-à-dire que les reposteurs étaient non pas pleinement satisfaits, mais quand même assez satisfaits. Cela leur évitait, à court terme, d'avoir à faire subir des pertes d'emplois à leurs employés jusqu'à ce que nous puissions faire une analyse approfondie.
Ensuite est survenue la prorogation de la Chambre. Ceux qui s'intéressent un peu à la politique ont suivi ces événements. On a recommencé toutes les discussions au Parlement. Nous sommes finalement dans une nouvelle session parlementaire et c'était le choix des conservateurs. On a décidé de déposer un projet de loi, avant même que le comité puisse tenir sa première réunion. De fait, la réunion d'organisation a eu lieu ce matin. Lorsque le gouvernement proroge la Chambre, les comités recommencent à zéro. Cela prend 14 jours après le choix des membres. C'est donc trop long. Bref, la plupart des comités siègent seulement depuis quelques semaines.
Le gouvernement a donc décidé de déposer un projet de loi tout simplement pour mettre fin au privilège exclusif de Postes Canada. Il a décidé de le soumettre à la Chambre des communes et de faire travailler le comité pour que nous puissions voter à ce sujet. Cette partie est évidemment inacceptable, car on aurait souhaité pouvoir orienter le gouvernement.
C'est très difficile d'adopter des amendements lorsque le projet de loi déposé n'a que trois lignes. Le gouvernement savait donc très bien ce qu'il faisait. Le projet de loi qui a été déposé compte trois lignes, et l'on ne pourra pas y ajouter un paragraphe et demi ou deux paragraphes. C'est impossible. Cela signifie que, théoriquement, nous serons obligés de voter pour ou contre ce projet de loi et que, finalement, nous n'aurons jamais fait de véritable analyse.
En comité, nous essaierons par tous les moyens et toutes les stratégies possibles de faire comparaître tous les témoins, un tant soit peu que le Parti libéral et le Parti conservateur ne se donnent pas la main et ne décident pas de limiter les débats à une seule journée. Ensemble, ils ont la majorité et ils pourraient décider de faire cela. De fait, ils pourraient tout simplement passer le balai sous le tapis en ce qui concerne tout ce dossier, afin que nous ne puissions jamais aller au fond des choses, et ce, parce qu'ils auraient décidé, eux, que ce serait réglé.
C'est un peu pour cela que je suis un peu déçu de l'allocution de mon collègue libéral qui semble finalement avoir classé cela dans sa tête: c'est fini, Postes Canada ne perdra pas d'argent.
Cependant, nous, du Bloc québécois, sommes inquiets. En effet, le privilège exclusif est à notre avis un signe d'équité entre tous les citoyens du Québec et du Canada, et tout le monde a le droit de recevoir son courrier chez lui. C'était ainsi, et c'est pour cette raison que Postes Canada a été formé. Je n'aime pas utiliser le mot, mais dans l'ancien temps, c'était le courrier de la reine. Cependant, aujourd'hui, je vais vous dire franchement, que le courrier en a pris pour son rhume et la reine aussi, c'est-à-dire que c'est vrai que le courrier de la reine s'en va. Que chacun puisse le recevoir à sa porte, oublions cela! Ce temps est terminé et on en a évidemment la preuve.
Le secrétaire parlementaire, un chic type, est venu nous expliquer que personne ne perdrait quoi que ce soit. Oublions cela! Le processus est déjà enclenché, et 30 p. 100 des citoyens qui reçoivent leur courrier à la maison perdront ce service pour des raisons de sécurité expliquées par Postes Canada et sa présidente.
Il existe des solutions: aux États-Unis, des véhicules plus petits et mieux adaptés distribuent le courrier aux portes, etc. On aurait pu faire un tel investissement, mais non, on a finalement décidé de faire en sorte que 30 p. 100 de la population perde son service à domicile pour diverses raisons: la largeur de la route, la façon dont les employés travaillent avec leur véhicule traditionnel, le fait qu'on doive pouvoir en descendre au bord de la route, le peu de place, la vitesse, etc.
En tout cas, je n'invente rien. Appelez n'importe quel responsable de Postes Canada et il vous dira le résultat suivant: 30 p. 100 de personnes n'auront plus le service à domicile.
En effet, ils pourront se déplacer vers les grosses boîtes vertes. Et, comme le disait plus tôt le collègue libéral, tous les nouveaux lotissements urbains possèdent de telles boîtes vertes. Ces nouveaux lotissements possèdent peut-être tous des boîtes vertes et des boîtes regroupées, mais telle n'est pas la solution idéale. Si l'on avait voulu véritablement, on aurait été en mesure d'offrir le service à domicile aux citoyens comme cela se faisait à l'époque.
On constate actuellement une réduction de ce service. Nous sommes inquiets. Le secrétaire parlementaire peut bien déchirer sa chemise en disant que Postes Canada ne sera pas privatisé, mais le jour où il n'y aura plus de service à domicile, ce sera très, très intéressant de privatiser Postes Canada. Il y aura alors moins d'employés et moins de personnel, soit tout ce qu'il faut pour être en mesure de privatiser cette société.
C'est là l'inquiétude du Bloc québécois. En effet, on ne peut pas croire les conservateurs. Ils nous ont dit qu'il n'y aurait aucune affectation et que la poste rurale serait toujours là. Le ministre déchirait sa chemine en disant que rien ne serait touché. Or, d'ici à deux ans, 30 p. 100 des citoyens en milieu rural ne recevront plus leur courrier. Telle est la réalité cachée sous le déchirement de la chemise du .
Pourquoi le croirait-on aujourd'hui, quand il nous dit que Postes Canada ne sera jamais privatisé? On ne peut pas plus le croire que les citoyens ne pourront le croire. Allez en parler à ceux perdront leur boîte aux lettres et qui devront se rendre dans des boîtes communautaires et demandez-leur s'ils croient les paroles du ministre. Plus personne ne le croit. Il travaille pour nous tous les jours de sorte que nous nous fassions élire, et cela ne nous pose aucun problème. Cela nous permet de gagner nos élections, l'une après l'autre.
Toutefois, à certains égards, ce n'est rien de bon pour un objectif qui se voulait intelligent. On avait décidé de créer une société d'État et de lui donner le privilège exclusif afin de permettre à tous les citoyens et citoyennes d'un grand pays comme le Québec ou comme le Canada de recevoir leur courrier à domicile. C'était un objectif louable.
Plus ça va, plus on écoute et plus on sabre, et ce, sans débat. C'est ce que reproche le Bloc québécois. Je ne vous dis pas que le résultat ne serait pas différent à la fin. Le problème, c'est qu'on a décidé de déposer un projet de loi qui ne sera plus amendable. On n'aura pas d'autre choix que de voter pour ou contre ce projet de loi. Comme il n'a que trois lignes, ce sera très difficilement amendable. C'est impossible. On aura soit l'obligation de voter contre le projet de loi, ou, au contraire, de voter en sa faveur. Que le gouvernement ne dise pas qu'il ne le savait pas. Il a des légistes et il sait très bien ce qu'il fait.
Tout ce qu'il voulait était de nous mettre devant le fait accompli et nous demander si nous sommes pour ou contre le projet de loi. Il s'agit justement de cette situation que ne voulaient pas vivre à l'époque les membres du comité. J'ai beaucoup de difficulté à comprendre aujourd'hui mes collègues du comité qui étaient alors présents. On souhaitait tous que Postes Canada mette fin à ses poursuites pour que personne ne perde son emploi. On était contre les pertes d'emplois, mais on voulait une analyse approfondie. C'était l'objectif.
Aujourd'hui, on arrive avec un projet de loi dans lequel on nous dit: « Vous n'aurez pas le choix. Vous pouvez discuter de ce que vous voulez, mais, à la fin, cela se résume à êtes-vous pour ou contre? ». Si on avait fait l'analyse auparavant, on serait probablement arrivés à une solution beaucoup plus intelligente et intéressante qui aurait probablement permis à Postes Canada de protéger son privilège exclusif, tout en maintenant les emplois dans les reposteurs. Cela aurait pu être envisagé. On avait même des collègues libéraux qui étaient prêts. On avait des discussions. Toutefois, on ne verra pas cela parce que le gouvernement a décidé de trancher la question. Je trouve décevant que les libéraux aient dit oui à cela. J'espère qu'on pourra faire ce débat en comité.
Postes Canada a des chiffres d'affaire très importants, mais les revenus sont très réduits. Il faut comprendre que la Société canadienne des postes paie ses taxes et ses impôts dans les provinces où elle fait affaire. C'est donc une corporation, une société dite d'État, mais qui a à payer ses taxes et ses impôts, ce qui est bien. Il s'agit d'un contribuable corporatif comme toute autre entreprise. Vous avez vu et vous comprendrez qu'une partie de ces revenus est affectée aux taxes et aux impôts. Par la suite, puisqu'il s'agit d'une société d'État, elle doit donner des redevances au gouvernement fédéral. En 2007, sa redevance était de 48 millions de dollars. Cela signifie qu'elle doit remettre son surplus véritablement dégagé au gouvernement du Canada. Cela avait été décidé de cette façon et je ne suis pas contre cela.
Sauf que, si on décide de baisser son chiffre d'affaire et si jamais l'objectif était qu'elle perde 49 ou 50 millions de dollars de profits nets, quelle serait alors la réaction du gouvernement qui voudrait encore avoir des redevances à la fin de l'année? En discute-t-on dans ce projet de loi? C'est impossible. On ne peut plus amender ce projet de loi. Tous les légistes le diront: on ne peut pas ajouter des éléments qui changent la teneur du projet de loi. On ne pourra donc pas discuter de cela.
C'est sur ce point que le Bloc québécois accroche. On ne peut pas mettre en danger toute une toile tissée depuis des générations, un service qui est probablement le plus vieux service rendu par le gouvernement fédéral dans toutes les régions du Canada. La poste est probablement le plus vieux service. On est en train de l'attaquer directement, bien gentiment et tout bonnement en laissant faire des entreprises, et ce, sans que l'on soit capables d'interroger, de poser des questions, d'avoir un vrai débat public et d'inviter tous les intervenants. On l'a fait en étant à la fois juge et partie et en disant que ce n'est pas important pour Postes Canada. Il y a des revenus de 7 ou 8 milliards de dollars, mais seulement 49 millions de dollars vont à la fin en redevances au gouvernement fédéral.
Imaginez-vous les dépenses. C'est 119 millions de dollars de profits nets et 49 millions de dollars de redevances que l'on verse au gouvernement. Si on ampute le chiffre d'affaire de 150 ou 200 millions de dollars, on commencera à avoir moins de revenus nets et de redevances et on sera obligés de couper dans les autres services pour maintenir les redevances au gouvernement qui a besoin de cet argent pour faire autre chose, comme il le fait avec l'assurance-emploi. Il pige dans la caisse de l'assurance-emploi. La caisse de l'assurance-emploi n'est pas une caisse autonome. Les citoyens et les citoyennes qui versent leurs cotisations à l'assurance-emploi le font dans une caisse ici, à Ottawa, qui n'est pas autonome. Cela fait donc partie des fonds consolidés, et le gouvernement a besoin de cet argent pour réduire la dette et pour investir dans l'armement ou dans la guerre.
C'est un choix que les conservateurs font. Ils n'investissent sûrement pas en environnement, on le sait. Dans les industries pétrolières, par contre, ils y vont joyeusement ainsi que dans l'armement. C'est un choix. Le problème est qu'on décide de faire la même chose avec les redevances que verse Postes Canada et qu'on exige encore de l'argent afin d'investir dans l'armement et dans les ressources pétrolières, mais pas dans les services à la population.
Il n'y a pas un député conservateur qui peut me garantir cela, aujourd'hui, parce que le débat à ce sujet n'aura pas lieu. Le débat aura lieu sur trois lignes d'un projet de loi qui demandera si on est pour ou contre le fait que les reposteurs puissent envoyer des lettres à l'étranger. Nous ne pourrons y apporter absolument aucune nuance. Il n'y aura pas d'intervention, il n'y aura rien, et on ne pourra pas rien faire.
Ce sera oui ou non.
Finalement, étant donné que les libéraux et les conservateurs ont déjà annoncé leurs couleurs, ce sera oui à ce projet de loi, dès le départ. C'est ce qui est décevant. En effet, le vrai débat n'aura jamais eu lieu, ni en comité, ni à la Chambre des communes, parce que, finalement, ici, on n'entend pas les témoins.
Donc, c'est très décevant cette façon dont les conservateurs amènent ce dossier ici, à la Chambre des communes, par l'intermédiaire de ce projet de loi. En effet, sous l'ancienne législature, avant que le gouvernement conservateur ne proroge la Chambre, ce n'était pas ce que le Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités avait décidé. Il y avait eu une résolution unanime en comité. Je le répète pour qu'on le comprenne bien et que Postes Canada n'aille pas davantage de l'avant et mette fin à ses procédures contre les compagnies de « repostage » de façon à ce que personne ne perde d'emploi, jusqu'à ce qu'une analyse approfondie du dossier soit faite. Cette analyse n'a pas été faite et elle ne le sera pas.
En effet, le projet de loi est tellement limité que tout ce qu'on a à dire, c'est si l'on est pour ou contre le fait que les reposteurs distribuent les lettres à l'étranger. Cela risque — je le maintiens — de mettre en danger l'équilibre du service postal partout au Canada.
Sur ce point, le Bloc québécois fera tout ce qui est en son pouvoir pour faire la lumière. On ne peut pas laisser faire le gouvernement, les conservateurs et les libéraux sans déchirer notre chemise pour faire comprendre à la population, aux citoyens, que ce projet de loi met en danger les services à la population. C'est ce dont nous allons nous assurer. Vous pouvez vous fier au Bloc québécois. Les Québécoises et Québécois qui ont élu des députés du Bloc en majorité au Québec seront contents d'avoir le Bloc québécois pour défendre leurs points de vue.
Il n'y a rien de rose. Dire toujours oui aux demandes des entreprises privées, comme le font les conservateurs, c'est très inquiétant. Évidemment, pour nous, ce qui est important, c'est aussi de protéger le service dans toutes les régions du Canada. Le Québec est un vaste territoire et les citoyennes et citoyens des régions ont droit, autant que ceux des grandes villes, à un service à domicile. Dans les grandes villes, vous avez votre service à la maison, et personne n'est jaloux de cela. Vous le méritez probablement bien. Vous payez vos taxes et vos impôts. Toutefois, les citoyennes et citoyens des régions aussi ont le droit d'avoir leur service et leur livraison de courrier à la maison parce qu'eux aussi paient leurs taxes et leurs impôts. Ils sont les égaux des citoyennes et citoyens des villes.
Vous aurez compris que le Bloc québécois ne se lassera jamais de discuter de cette injustice qui est en train de se passer au moment où l'on se parle. Je le répète, monsieur le Président, si vous interrogez tous ceux qui sont en charge de la sécurité à Postes Canada, ils vous diront que dans les régions rurales, 30 p. 100 du service à domicile sera coupé une fois que les analyses de sécurité seront faites. Ils ne proposent pas de changer les véhicules de ceux qui livrent à domicile pour des véhicules qui occupent moins d'espace, qui sont capables de rouler sur l'accotement, comme aux États-Unis. Non, pas du tout. On ne discute pas de cela; cela coûte trop cher. Je comprends cela parce que, par ce projet de loi, on leur coupe et on leur ampute des revenus possibles, ou encore, on leur fera perdre de l'argent.
Il faut comprendre pourquoi Postes Canada a décidé de poursuivre en cour les compagnies de « repostage ». Est-ce parce que la plaie s'agrandit et que le marché qu'elles vont prendre doublera, triplera ou quadruplera d'ici à 10 ou 12 ans? Postes Canada se fera-t-il cannibaliser par ces entreprises? Personne au gouvernement ne se pose cette question. C'est déjà réglé. Le projet de loi est déjà déposé et on a déjà dit qu'il faudra faire affaire aux « reposteurs ». On ne le saura donc jamais.
Évidemment, c'est très inquiétant pour le service en région. L'équité entre toutes les régions, qu'elles soient urbaines ou rurales, aura toujours l'appui du Bloc québécois. Jamais on ne se lèvera en cette Chambre pour mettre en danger le service offert aux citoyens, qu'ils soient d'une région rurale — comme je vous le disais plus tôt — ou d'une région urbaine. Ces hommes et ces femmes du Québec et du Canada travaillent fort et ils ont droit à leur service de poste à domicile, qu'ils soient en région rurale ou en région urbaine. Le Bloc québécois sera toujours là pour les défendre.
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Monsieur le Président, je suis ravi d'avoir l'occasion de participer au débat aujourd'hui.
Le NPD croit qu'avant même de nous entendre ou non sur le projet de loi, il faudrait donner suite à l'engagement de procéder à un examen de l'ensemble du mandat de Postes Canada. Nous aurions alors une meilleure idée de la façon dont ces dispositions cadrent avec nos attentes collectives à l'égard de Postes Canada pour l'avenir.
Il est regrettable que cet examen n'ait pas lieu. Il se peut, j'imagine,qu'il y ait une bonne raison pour qu'il n'ait pas lieu. Le gouvernement n'aimerait peut- être pas l'image qu'il projette dans le contexte d'un mandat nouvellement examiné, mais je n'en dirai pas plus. Nous continuerons d'exercer des pressions en faveur d'un tel examen et nous continuerons de nous opposer à ce projet de loi.
Je n'arrive pas à trouver ce que Postes Canada pense du projet de loi . J'espère simplement que la société n'est pas bâillonnée. J'espère que très prochainement, soit à la fin de la journée ou demain au plus tard, nous pourrons avoir une idée de ce que pense l'une des plus importantes sociétés d'État du pays au sujet d'un projet de loi qui vise directement sa capacité de générer des recettes et de respecter le mandat que lui a donné le Parlement.
Il ne faut surtout pas oublier, dans toute cette discussion, que Postes Canada, en plus d'offrir les services définis par la loi, a pour mandat d'être autonome et de réaliser des bénéfices. Autrement dit, Postes Canada ne peut venir demander d'argent au Parlement. Les produits et les services offerts par Postes Canada sont suffisamment bons pour générer des recettes suffisantes pour couvrir toutes les dépenses.
Il ne faut pas oublier non plus que notre tarif d'envoi universel est le plus bas du monde industrialisé, même si, du point de vue de la masse terrestre, le Canada est le deuxième pays au monde. C'est là toute une réussite. Même si tout le monde aime bien critiquer Postes Canada une fois de temps en temps, pour une raison ou pour une autre, c'est finalement une très belle réussite. Postes Canada fait des bénéfices, sans accumuler de déficit, sans venir demander d'argent au Parlement.
Si Postes Canada est en mesure d'assurer un service dont la qualité est reconnue dans le monde entier et de répondre aux besoins des Canadiens à un prix abordable, c'est en raison de son privilège exclusif. Postes Canada jouit d'un privilège exclusif ou elle n'en jouit pas. Le gouvernement ne peut avoir à la fois le beurre et l'argent du beurre. En fait, il le peut, mais pas dans tous les cas: pour le gouvernement conservateur, les services publics représentent des recettes potentielles.
Là-dessus, les néo-démocrates et les conservateurs divergent. Dans ce dossier, nous pensons que le gouvernement obéit à des mobiles idéologiques. Les conservateurs n'aiment pas beaucoup les services publics. S'il y a dix cents à gagner, aussi bien que ce soit un de leurs copains qui en profite.
La notion de ce qu'il y a de mieux dans l'intérêt du public ne figure habituellement pas dans un bilan, dans celui d'une société d'État certes, mais jamais dans celui d'une entreprise privée, et personne ne suggère que ce soit le cas. Les conservateurs veulent s'accaparer ce marché parce qu'il y a de l'argent à faire. C'est la seule raison et tout porte à croire qu'avec le temps il y aura de plus en plus d'argent à faire.
Ce qui est en train de se produire, c'est que certaines entreprises privées ont commencé à faire un travail qui relève exclusivement du mandat d'une société d'État. Qu'est-il donc arrivé au parti de la loi et de l'ordre dans notre pays? En toutes autres circonstances, si quelqu'un enfreignait ouvertement la loi en commençant à exploiter un commerce appartenant de droit à quelqu'un d'autre, les conservateurs exigeraient des comptes. Ils engageraient des poursuites parce que la loi aurait été enfreinte, selon eux. Les conservateurs traiteraient une telle personne de criminel de la pire espèce,
Que va-t-il se passer dans ce cas-ci? Les conservateurs vont modifier la loi parce qu'il y a beaucoup d'argent à faire et que les contrevenants agiront maintenant en conformité avec la loi. C'est un bon tour de passe-passe.
Examinons certains des points saillants du projet de loi. Je suis d'accord avec mon collègue du Bloc. Il est difficile de croire un instant que simplement parce qu'il s'agit d'un petit projet de loi, et c'en est vraiment un, il n'aura pas d'incidence majeure. Voilà un processus rondement mené. La loi interdit à des gens de faire quelque chose. Ils le font quand même. Ceux qui ont un droit exclusif de le faire les dénoncent, mais ils continuent néanmoins.
Si je comprends bien, Postes Canada a passé quelques années avec l'Union postale universelle à tenter de faire la quadrature du cercle au sujet de ce que cet organisme représente et de la loi, qui accorde un droit et un privilège exclusifs à Postes Canada. Cela n'a pas fonctionné.
Postes Canada a donc déclaré vouloir aller en cour pour rendre très clair le fait que le travail réalisé par des sociétés privées empiétait sur des activités qui étaient de son ressort selon la loi. Postes Canada a gagné. Ces sociétés, qui, j'imagine, avaient tant à coeur le service au public et la livraison du courrier, ont interjeté appel. Elles ont perdu de nouveau.
Ce que les juges ont dit dans cette affaire mérite d'être cité. La juge MacFarland, qui a rédigé le jugement unanime au nom des trois juges, a écrit ceci:
Le privilège prévu dans la loi a pour unique but de permettre à Postes Canada de s'acquitter du mandat que lui confère la loi et d'atteindre ses objectifs. Postes Canada doit faire ses frais tout en fournissant des services comparables dans l'ensemble de notre vaste pays. Les profits réalisés dans les régions densément peuplées servent à financer les services fournis dans les régions moins peuplées.
Il n'y a rien de nouveau pour notre pays dans une telle entreprise. Compte tenu de nos valeurs, nous croyons que, peu importe où les Canadiens vivent au pays, ils devraient pouvoir trouver relativement près de chez eux des services comparables à ceux qui sont offerts partout ailleurs au Canada.
Est-ce que nous parvenons à atteindre entièrement cet objectif? La réponse est non. Nous pouvons poser la question à n'importe qui. Demandez à mon ami de Sault Ste. Marie si les services de santé y sont les mêmes qu'à Toronto. Bien qu'il puisse y avoir des difficultés à Toronto, celles-ci sont bien moindres qu'à Sault Ste. Marie. Pourquoi? Parce que cette ville a une population plus petite répartie sur un grand territoire.
Je n'ai même pas encore parlé des territoires et des confins du pays. C'est un pays immense. Nous croyons que les soins de santé, les services de transport, la protection de l'environnement et les autres services publics devraient autant que possible être les mêmes partout, ou du moins presque les mêmes, dans des limites raisonnables, et que l'on ne devrait jamais renoncer à nous approcher de cet objectif.
Nul besoin d'aller chercher très loin des exemples. On en trouve même dans ma province, notamment dans les nombreux milieux ruraux à proximité de Hamilton. S'il fallait fournir dans ces petits milieux des services proportionnels à la marge bénéficiaire qu'on peut y réaliser, la population y serait privée de services postaux. Elle ne serait qu'une quantité négligeable, contrairement à ce qui se passe actuellement.
Pour un prix identique, on peut envoyer par la poste une lettre ou un colis de n'importe où au Canada vers n'importe quelle autre destination au Canada, et le tarif est raisonnable. Pourquoi? Parce que le privilège exclusif permet à Postes Canada d'utiliser les profits réalisés avec les services offerts à certains endroits pour réduire le coût des services aussi semblables que possible qui sont offerts ailleurs. C'est ainsi qu'on peut fournir le même service dans une région rurale que dans le centre-ville de Toronto. Dans le deuxième pays du monde par sa superficie, c'est tout un tour de force.
Ce qui est proposé dans la mesure législative affaiblira cette capacité de Postes Canada. Certains diront que Postes Canada ne fait pas le travail du tout à l'heure actuelle. À ma connaissance, ce n'est pas ainsi dans les faits. Une partie du travail est faite par Postes Canada. Une partie est faite par des gens qui ne devraient pas le faire, parce que c'est illégal.
Nous affichons actuellement un excédent. Dans l'ensemble de l'économie, pas dans le secteur manufacturier, mais dans de nombreux autres secteurs de l'économie, les affaires vont plutôt bien. Il y en a qui font des profits.
Mais, que se passera-t-il demain? L'année prochaine? Dans cinq ans, dans dix ans? Une fois qu'on s'engage sur la pente glissante, qui consiste à réduire un privilège exclusif, nous sapons la capacité de Postes Canada à fournir le service d'envergure mondial qu'il donne.
C'est aussi simple que cela. C'est la raison pour laquelle nous devrions revoir son mandat. Si nous ne voulons pas que la Société fasse cela, arrêtons de nous faire des illusions et créons un tout autre type de bureau de poste.
Il ne s'agit pas ici de déterminer si nous sommes pour des services privatisés, si nous voulons privilégier le secteur privé ou le secteur public et lequel devrait dominer, être plus important et pouvoir se servir en premier. Vraiment, ce n'est pas la question. Cette question est secondaire. La vraie question est de savoir comment nous voulons que fonctionnent nos services postaux au Canada. Si nous voulons continuer de la même façon, nous devons nous assurer que Postes Canada a les moyens de le faire. C'est aussi simple que cela.
Je ne connais aucune entreprise commerciale qui voudrait prendre en charge le service postal dans les régions rurales seulement, ou tout autre service de livraison dans des conditions difficiles au Canada, et ce, sans parler des conditions météorologiques. Pas du tout. Il y a beaucoup d'argent en cause et c'est pourquoi les principaux intervenants étaient prêts à engager des avocats chèrement payés pour détruire tout cela devant les tribunaux. Toutefois, lorsqu'ils ont vu que cela ne fonctionnerait pas, ils ont levé la tête et remercié le ciel d'avoir un gouvernement conservateur en poste qui leur permettrait de faire changer la loi. Et voilà l'objectif du projet de loi .
Il suffit de quelques petites lignes de textes:
1. L’article 15 de la Loi sur la Société canadienne des postes est modifié par adjonction, après le paragraphe (2), de ce qui suit:
(3) Le privilège exclusif octroyé au paragraphe 14(1) ne s’applique pas aux lettres à livrer à un destinataire à l’étranger.
On pourrait aussi bien dire que chaque fois que la Société canadienne des postes aurait la possibilité d'enregistrer des profits, nous privatiserions le service. C'est ce que cela veut dire.
Je sais que les conservateurs protesteront haut et fort et affirmeront qu'il ne s'agit pas de privatisation mais bien de déréglementation fraternelle. Il n'y a pas de différence.
Il ne faut pas se leurrer. Si ce projet de loi est adopté aujourd'hui et que nous continuons d'être gérés par un gouvernement aux vues similaires, et je ne peux rien dire à ce sujet sur l'opposition puisque j'ai entendu deux intervenants qui ont chacun présenté un côté de la médaille, ce qui n'a rien d'inhabituel. Il est donc difficile de dire que de telles choses ne pourraient se produire que sous un gouvernement conservateur. La philosophie libérale est assez similaire pour qu'ils puissent obtenir ce qu'ils veulent de l'un comme de l'autre.
Ce qu'il faut retenir, c'est que s'ils gagnent sur ce point, pourquoi n'en demanderaient-ils pas plus? Pourquoi ne s'adresseraient-ils pas au conseil d'administration pour dire quelque chose comme « D'accord. Voici comment cela fonctionne. Voyons s'il y a d'autres secteurs lucratifs à la Société canadienne des postes et allons-y. Si la Société des postes s'insurge, nous ne serons même pas obligés d'avoir recours aux tribunaux cette fois-ci. Nous nous adresserons directement au gouvernement et le gouvernement dira “Pourquoi vous montrer aussi méchants envers ces pauvres petites entreprises”? »
Je tiens à préciser d'ailleurs que bon nombre de ces pauvres petites entreprises exercent une large influence. Il y a beaucoup d'argent en cause. Cela me fait un peu penser à la Commission des accidents du travail de l'Ontario. Dans ce cas, bon nombre de compagnies d'assurance se tiennent aux portes de la province et salivent à l'idée de mettre la main sur tout cet argent.
S'ils ont gain de cause, qu'est-ce qui les empêcherait de recommencer à l'égard d'un autre point, tant et si bien qu'un jour viendra où des reproches seront formulés en cet endroit parce que Postes Canada affiche un déficit? On partira alors à la recherche de boucs-émissaires. Et après? C'est la question qu'a posée mon ami d'. Justement, et après? Si Postes Canada était déficitaire, ou bien nous allons lui donner de l'argent que nous n'avions pas eu besoin de lui donner jusque là parce que les profits ne se retrouvent plus dans les poches des Canadiens par l'intermédiaire d'un service public, mais dans celles de l'entreprise privée.
J'entends quelqu'un chahuter et demander si c'est une mauvaise chose. Je dirais que c'est une mauvaise chose quand le prix des timbres et des services postaux augmente, quand il faut majorer taxes et impôts pour financer la subvention ou encore réduire les services. Ce sont les choix qui s'offrent. Je vous dirai, monsieur le Président, en réponse à la question du député, que c'est effectivement une mauvaise chose.
Je serais peut-être d'un avis différent si je me prélassais dans un fauteuil de pont, sur un beau gros bateau de plaisance quelque part, aux frais de ceux qui empochent tout cet argent. Mais, à titre de personne qui se préoccupe des services postaux au Canada et qui est ici pour défendre les droits des Canadiens ordinaires, je trouve que c'est la structure qui convient.
Le gouvernement n'a même pas eu le courage de dire qu'il voulait modifier la mission. Il a tout simplement privé l'organisme des moyens financiers de remplir sa mission. C'est fourbe quelque part, si l'on me passe l'expression, ce qui semble être le cas.
Ce qu'on fait là tient de la tromperie. D'aucuns prétendent qu'on harcèle les gens et demandent à quoi bon, laissant entendre que ce n'est pas grave, qu'il n'y a pas de quoi s'en faire; après tout, c'est juste les bloquistes et les néo-démocrates qui se portent encore une fois à la défense des travailleurs et des services publics. C'est du moins l'avis de certains libéraux. Je ne m'avancerai pas trop avant de mieux savoir qui tient de tels propos. Cela importe peu de toute façon, car ils s'abstiennent de voter; ils ne sont rien de plus qu'un club de discussion.
Je veux lire quelque chose à l'appui de la notion de pente glissante. Il faut soit laisser en place le privilège exclusif dans son intégralité, soit repenser le mandat de la société et créer une structure complètement différente. C'est l'un ou l'autre. Je suis d'accord avec le député du Bloc lorsqu'il dit qu'il faut aller dans un sens ou dans l'autre. On ne peut pas se contenter de demi-mesures, de modifications. Nous croyons en cela ou nous n'y croyons pas.
Voici ce que l'on disait dans un rapport publié il y a 11 ans, soit la dernière fois que le mandat de Postes Canada a fait l'objet d'un examen: « Supprimer le privilège exclusif serait équivalent à lancer dans les airs le système postal du Canada, à permettre que celui-ci se brise en morceaux, et à espérer que ces morceaux se recollent pour former un ensemble cohérent qui soit meilleur, ou à tout le moins aussi bon que le système en place ».
À l'époque, Postes Canada ne semblait pas éprouver autant de difficulté à trouver sa voix et la société avait déclaré qu'aussi longtemps que le Canada aurait comme politique d'assurer un service postal généralisé à tarif fixe, il serait nécessaire de préserver le privilège exclusif lié aux lettres.
C'est de cela dont il s'agit. Il s'agit de légitimer et de légaliser quelque chose qui, à l'heure actuelle, n'est pas prévu dans la loi. C'est la même chose que dans le cas de Microsoft, de Disney, ou de toute autre grande entreprise. Postes Canada protège sa source de revenu, son marché.
Pourquoi diable bricolerions-nous un système qui, en grande partie, sert bien les Canadiens et ne coûte rien aux contribuables à part le prix du service payé au bureau de poste? Pourquoi chambarderions-nous ce système? Pourquoi le modifierions-nous? Il ne peut y avoir qu'une seule raison, et ce n'est que mon opinion. C'est de la pure spéculation, mais je vais m'exprimer, car c'est mon droit. J'ai vraiment l'impression que ces entreprises privées n'ont pas pu avoir gain de cause en cour; elles ont donc eu recours au lobbyisme, ont exercé des pressions auprès du gouvernement et, maintenant, le gouvernement est disposé à faire ce qu'elles demandent en légalisant une pratique qui est aujourd'hui illégale.
Je suis curieux d'entendre de meilleurs arguments, particulièrement de la part de mon collègue dans le coin équipé d'un laptop. Je suis sûr que le poste de commande central lui envoie des renseignements en temps réel à propos des questions qu'il devrait me poser et de sa stratégie d'attaque contre ces néo-démocrates enflammés. J'attends ce moment, mais ce que j'attends plus que tout autre est un argument qui tienne la route, bien que les chances soient minces qu'il nous en présente un.
Ne nous sortez pas tout ce bla-bla comme quoi on ne se préoccupe pas des emplois dans le secteur privé. Nous nous en préoccupons.
Une voix: Ce n'est pas vrai.
M. David Christopherson: Bien sûr que si.
Une voix: Ce n'est pas vrai.
Une voix: Y a-t-il un écho?
M. David Christopherson: Je dirais plutôt que c'est comme un yo-yo, ces voix qui vont et qui viennent, monsieur le Président.
Au bout du compte, c'est de cela qu'il s'agit. Si c'était le cas, le gouvernement conservateur adopterait une approche bien différente en matière de justice.
Monsieur le Président, je finirai là-dessus puisque vous me faites savoir que mon temps est écoulé.