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Monsieur le Président, je propose que le septième rapport du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration, présenté le jeudi 13 mars 2008, soit adopté.
Je suis honorée de demander à la Chambre d'appuyer le Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration. Le jeudi 13 mars, une motion proposant l'adoption du rapport a été présentée. La motion dont la Chambre est maintenant saisie dit ce qui suit:
Le Comité recommande que le gouvernement permette à toute personne (sauf si elle a commis un crime grave) qui a présenté une première demande de parrainage au Canada de son époux ou conjoint de fait d’obtenir un permis de travail temporaire et un sursis de renvoi automatique jusqu’à ce qu’une décision soit rendue à l’égard de sa demande.
Les députés peuvent imaginer que les gens qui se sont mariés veulent que leur conjoint reste au Canada pour qu'ils puissent vivre, fonder une famille et passer du temps ensemble. Immédiatement après le mariage, on est en lune de miel et on veut vraiment passer du temps avec notre conjoint.
Il existe une politique d'immigration que très peu de Canadiens et probablement très peu de députés connaissent. Aux termes de cette politique, tout Canadien qui épouse un non-Canadien rencontré au Canada — il peut s'agir d'un visiteur ou d'un étudiant — risque de voir son conjoint déporté. On veut bien sûr que ces gens restent au Canada. Cependant, après leur déportation, il faut recommencer à zéro la demande de parrainage à l'étranger. Entre-temps, ces couples sont séparés pendant plus d'un an.
Je vous donne un exemple. Le jour de la Saint-Valentin cette année, j'ai exposé le cas de M. et Mme Chen de ma circonscription. M. Chen est au Canada depuis plusieurs années. Il a une entreprise prospère qui vaut environ 13 millions de dollars et c'est l'unique source de revenu de sa famille. Il y a quelques années, il est tombé amoureux d'une collègue de travail, une jeune Canadienne. Les deux sont dans la trentaine et ils forment un couple bien assorti. Mme Chen a décidé de parrainer M. Chen au Canada.
La demande de parrainage qui permettra à M. Chen de rester au Canada est en cours depuis six ou sept mois. Entre-temps, on a informé ce dernier qu'il serait déporté. C'est très étrange. Par l'entremise de son avocat, il a déclaré que son épouse dépendait de lui sur les plans financier et affectif et qu'elle souffrirait beaucoup s'il était déporté. Mme Chen avait un beau-fils de onze ans qui s'est attaché à ce père merveilleux. Ils sont très près. Ils vivent ensemble depuis deux ou trois ans. Quelques jours avant la Saint-Valentin, les policiers se sont présentés au domicile de M. Chen pour l'arrêter et le déporter.
Il y a aussi le cas de Brigitta Sallay qui a vécu sept ans au Canada. Elle a épousé Arpad Vadasz ou est devenue sa conjointe de fait. Ils ont un enfant de huit mois. En avril de cette année, elle a été déportée même si époux parrainait sa demande pour rester au Canada. On l'a arrêtée le 9 avril et quelques jours plus tard, le 12 avril, on l'a déportée vers la Hongrie avec son enfant de huit mois.
C'est tout à fait bizarre puisque la mère de ce bébé a un conjoint de fait qui vit au Canada. En outre, l'agent de renvoi a oublié d'aviser leur fille de 10 ans, qui vit également au Canada. La fille de 10 ans était à l'école lorsque sa mère a été expulsée et n'était même pas au courant, et le père a donc dû la ramener de l'école. Ils attendent maintenant que la mère revienne au Canada.
Nous voyons que des couples mariés sont séparés de façon cruelle en raison d'une politique d'immigration sans compassion. J'entends parler de nombreux cas tragiques de couples vivant au Canada qui sont sur le point d'être séparés, alors que leur demande de parrainage d'un conjoint est à l'étude. J'ai demandé au Comité de l'immigration d'adopter cette motion très importante parce que les immigrants méritent d'être traités de façon équitable. L'adoption de très petits changements peut avoir une forte incidence sur bon nombre de familles. Il n'est pas nécessaire que le système soit si compliqué.
Voilà des décennies que les ministres, l'un après l'autre, nous parlent de soutenir les familles. Pourtant, ils n'ont pas été capables de soutenir des couples qui s'aiment. Il est à la fois absurde et cruel de séparer des familles. Cela entraîne des difficultés très grandes sur les plans tant émotif que financier, et tout cela parce que nous manquons de volonté politique ou parce que le Parlement n'est pas à l'écoute.
Selon moi, le temps est venu de faire preuve d'équité à l'égard des familles d'immigrants. Il est temps de mettre un terme à l'expulsion de conjoints dont la demande de parrainage par leur conjoint canadien est en traitement.
L'un des objectifs de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés consiste à « veiller à la réunification des familles au Canada », mais nous laissons tomber un beaucoup trop grand nombre de familles que nous séparons alors qu'elles vivent ensemble ici au Canada.
Certains députés se souviennent peut-être de la controverse à la Chambre des communes en 2005 impliquant l'ancienne ministre de l'Immigration. On l'a accusée d'avoir accordé un permis ministériel permettant à une femme de rester au Canada en attendant l'étude de la demande de parrainage par son conjoint. Le fait que cette femme était une ancienne effeuilleuse a suscité une controverse importante. On a fini par parler de « scandale des effeuilleuses » et, à cette époque, son mari la parrainait. Si la politique avait été modifiée, elle n'aurait vraisemblablement pas eu besoin d'approcher un ministre ou un député. Son mari aurait été en mesure de la parrainer ici au Canada sans aucune difficulté.
Ainsi, en 2005, un nouveau ministre libéral de l'Immigration a modifié la politique à cette époque en déclarant que la plupart des Canadiens pouvaient parrainer leur mari ou leur femme au Canada et que ces derniers ne seraient pas menacés d'expulsion.
La politique était claire à l'époque. Elle portait qu'on devrait permettre aux Canadiens qui souhaitaient parrainer un conjoint au Canada de présenter une demande depuis le Canada, indépendamment du statut de leur conjoint. Cela paraît assez simple. C'est ce que disait la politique. Cela n'a soulevé ni objection ni tollé de protestation à l'époque. Les gens dans les collectivités trouvaient que cela avait du bon sens de permettre à ces couples de vivre ensemble au Canada pendant que l'on traitait leur demande de parrainage.
Mais que s'est-il passé ensuite? Ce qui s'est passé, c'est que le ministère... Permettez-moi de lire ceci:
En 2005, on a modifié la politique afin de faire également bénéficier de la catégorie ECFC — la catégorie des époux et conjoints de fait au Canada, pour être exacte — les époux et conjoints de fait qui se trouvent au Canada sans statut, sous réserve des exceptions dont il sera question plus loin.
L'intention était donc de permettre à tous les demandeurs déjà au pays de présenter une demande pour leur époux. Plutôt que de faire les choses selon les règles, l'ancien gouvernement libéral n'a pas porté toute l'attention qu'il aurait dû à la question. Il a un peu modifié la politique, mais n'a pas vraiment mené la tâche à bon terme. Il n'a pas fini ce qu'il avait entrepris. Il a failli à la tâche.
Selon des documents de la Bibliothèque du Parlement, cela touche de nombreuses personnes, des couples qui s'aiment. On ne parle pas de cas isolés. Depuis que j'ai soulevé le problème, on a porté à mon attention de nombreux exemples de personnes qui ont été déportées. Il n'est pas question de demandes frauduleuses ou de personnes qui tentent de flouer le système. Il est question de permettre aux gens de rester au Canada.
Ce qu'il y a d'absurde dans tout cela, c'est que le Canada dépense beaucoup d'argent pour arrêter les gens qu'on veut renvoyer dans leur pays d'origine. Il faut ensuite s'assurer qu'ils quittent bien le pays et parfois même leur fournir les moyens de le faire, ce qui coûte très cher. Après quoi, les demandes en cours de traitement au Canada, depuis plus de huit mois dans bien des cas, doivent être détruites.
Lorsqu'une personne est renvoyée en Chine, par exemple, le conjoint canadien doit entreprendre un tout nouveau processus de demande pour faire revenir cette personne au Canada. Pensons aux dépenses, à tout ce qu'il faut faire deux fois et au cauchemar administratif que cela suppose. Il faut soumettre un nouveau jeu de formulaires de demande, au Canada et outre-mer, tous les formulaires applicables à la première demande étant devenus inutilisables. Le demandeur devra en outre subir un autre examen médical et obtenir une habilitation de sécurité.
Nous avons entendu la ministre dire récemment que l'arriéré dans les bureaux à l'étranger était de 925 000 demandes et, pourtant, au Canada, nous l'alourdissons tout à fait inutilement. Nous n'avons pas besoin de procéder ainsi et, pourtant, nous expulsons des gens même en sachant qu'ils vont revenir au Canada.
C'est presque comme si la main droite, en l'occurrence le Centre d'Immigration Canada, ignorait ce que fait la main gauche, à savoir l'Agence des services frontaliers du Canada, l'ASFC. Il s'ensuit que, pendant que le système canadien d'immigration étudie une demande, la personne est expulsée. Puis, l'étude de la demande est arrêtée et il faut tout recommencer. C'est absurde. Procéder ainsi est un pur gaspillage de l'argent des contribuables. Non seulement y a-t-il gaspillage des deniers publics, mais les couples sont fortement éprouvés sur le plan émotif.
Permettez-moi de donner quelques autres exemples. À Thunder Bay, il y a un couple: Marcel et Cindy Stubbe. Cindy, qui a 44 ans, est atteinte d'un cancer du poumon en phase terminale, qui s'est répandu jusque dans son cerveau. Son époux de 42 ans, qui vit avec elle, est constamment menacé d'expulsion dans son pays d'origine, la Hollande. Bien que sa femme soit citoyenne canadienne, le statut de Marcel est celui d'un visiteur, ce qui signifie qu'il est passible d'expulsion.
Il pensait, au début, que le gouvernement ferait preuve de compassion en raison de l'état de santé de son épouse. Rappelez-vous: elle a un cancer du poumon, en phase terminale. Le couple habite dans un parc de maisons mobiles, avec des moyens très limités et, comme Marcel n'a pas le droit de travailler, lui et sa femme subsistent avec la prestation de 1 061 $ qu'elle reçoit dans le cadre du Programme ontarien de soutien aux personnes handicapées. Une fois toutes les factures payées, il leur reste environ 100 $ par mois pour l'épicerie et la nourriture pour leurs chats. En raison du statut de visiteur de Marcel, lui et son épouse ne répondaient pas aux conditions requises pour être considérés comme une famille de deux personnes, ce qui leur aurait permis de recevoir plus d'argent du programme.
Marcel et sa femme ont une vision très positive de la vie. Ils disent avoir de bons et de mauvais jours. Les gens de Thunder Bay ont bon coeur. Ils sont très bons et généreux. Un groupe de leurs voisins, des étrangers, ont rassemblé plus de 800 $ pour que Marcel puisse payer les frais de demande de statut d'immigrant. Les frais s'élevaient à 550 $ et le couple a pu utiliser le reste pour acheter de la nourriture.
Parmi les bons samaritains, il y avait les Infirmières de l’Ordre de Victoria, des travailleurs sociaux et des bénévoles locaux. Le couple a dit croire aux miracles. Ne serait-ce pas merveilleux s’il n’y avait pas cette menace d’expulsion et si le mari pouvait vivre au Canada avec sa femme malade?
Il y a un autre cas à Toronto. C’est un couple qui a eu deux enfants au Canada. L’un est âgé de deux ans et l’autre n’a que six mois et est encore allaité par sa mère. Ils sont nés en Ontario, l’un en 2005 et l’autre en 2007. La femme est actuellement menacée d’expulsion même si elle est parrainée par son mari. Elle doit démissionner de son poste de technicienne en échographie et laisser tous ses biens derrière elle. Le couple doit présenter une nouvelle demande de l’étranger et attendre encore pendant à peu près un an. Les deux enfants vivront soit avec le père au Canada, soit avec la mère en Chine, son pays d’origine.
C’est tout simplement incroyable. Pourquoi demanderait-on à une famille de décider si les enfants doivent rester avec le père ou la mère? Ce ne sont pas des criminels.
L’arriéré touche 22 000 personnes, dont des couples, qui attendent l’expulsion. Même s’ils sont parrainés par des Canadiens, nous les expulsons. Nous dépensons 23 millions de dollars par an pour expulser des gens et pourtant le a dit hier que le Canada a besoin de familles, d’enfants et de travailleurs. Il a dit que c’était nécessaire car, à cause du déclin de la population et de la baisse de la natalité, nous avons un besoin criant de travailleurs et de jeunes, et pourtant nous dépensons tout cet argent pour expulser des gens. La moitié de ces gens ont des entreprises et l’autre moitié occupent d’excellents emplois au Canada. Même quand ils ont des enfants nés au Canada, nous les expulsons. C’est insensé.
Il y a aussi le cas d’un couple marié depuis avril 2004, dont l’Agence des services frontaliers du Canada tente d’expulser le mari. Il n’a pas de casier judiciaire. C’est un bon mari et un bon père qui travaille et qui paie ses impôts. Le couple a acheté une maison en octobre 2007, mais voici que le mari est menacé d’expulsion alors que sa femme essaie de le parrainer.
Ces gens écrivent à leur député, exhortant la Chambre des communes à modifier les règles.
Il y a également une personne qui vit ici, mais dont le fiancé est en Italie. C’est une Canadienne. Ils sont ensemble depuis sept ans. La situation est totalement absurde. En plus de coûter cher, cela empire notre arriéré et cause des souffrances indicibles à des familles.
J’invite la Chambre à approuver cette motion d’une façon unanime, ou nettement majoritaire, pour que cette question ne revienne pas à la Chambre dans un an. J’espère que le ministre fera ce qu’il faut et modifiera la règle afin que, d’ici quelques mois, ou peut-être avant la prochaine Saint-Valentin, nous ne soyons plus témoins de la séparation cruelle de couples strictement à cause de l'incompréhension manifestée par l'administration.
J’espère que tous les députés appuieront cette motion et le Comité de l’immigration, et permettront à ces couples de rester ensemble au Canada.
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Monsieur le Président, la motion ne propose pas l’approbation de la demande en principe. Elle dit simplement que, sur présentation de la demande, il y aurait automatiquement un sursis de renvoi, et un permis de travail serait accordé. Il me semble que ce genre de logique ouvre la porte à des abus. Je ne songe pas aux cas légitimes ni à ceux où il y a approbation de principe, car c’est déjà ainsi que les choses se passent. La motion propose de pousser plus loin, jusqu’à une conclusion illogique.
Je prends la parole pour exprimer mon opposition à la motion de la députée de . Nous sommes contre cette motion.
Le Comité permanent de la citoyenneté et de l’immigration a voté sur la motion qui accorderait, à tous ceux qui présentent une demande, un sursis de renvoi automatique et un permis de travail jusqu’à ce qu’une décision soit rendue sur la demande de parrainage d’un époux ou d’un conjoint de fait. L’octroi de sursis automatiques et de permis de travail risque de saper gravement l’intégrité du programme d’immigration du Canada.
Nous avons mis en place un processus juste et adéquat qui assure une protection aux personnes, mais qui leur permet aussi de faire les diverses démarches qui peuvent exiger des années avant d’aboutir à une décision. Dans une situation semblable, certains pourraient abuser. Il y aurait presque certainement une augmentation du nombre de demandes dans la catégorie des époux et conjoints de fait présentées par des personnes dont la relation n’est pas authentique et qui cherchent à entrer au Canada par tous les moyens. Il ne s’agit pas ici des cas évidents. Les demandes qui reposent sur des raisons humanitaires devraient être acceptées, tout comme celles qui ont été approuvées en principe. Le problème, ce sont les cas où il y a des risques d’abus.
Comme les députés le savent, toutes les demandes d’immigration sont étudiées de près, car il faut s’assurer de leur bien-fondé. Dans le cas des demandes présentées au Canada pour des époux ou des conjoints de fait, des mesures sont prises pour garantir que la relation qui fonde la demande est authentique, de façon à protéger l’intégrité du programme d’immigration.
Le gouvernement du Canada doit répondre aux besoins de l’économie canadienne tout en favorisant le regroupement des familles et en protégeant les réfugiés. Ce sont là les trois piliers de la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés.
Le regroupement des familles est un élément clé de la loi, car il aide les immigrants à s’intégrer à la société canadienne et contribue à leur réussite. Nous estimons que la politique actuelle est fidèle à cet objectif.
La Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés permet à des personnes qui habitent déjà au Canada de demander la résidence permanente sans quitter le Canada pour le faire. On distingue deux types de cas selon que le demandeur est avec ou sans statut.
Les époux et conjoints de fait qui se trouvent déjà au Canada et ont un statut reconnu peuvent demander la résidence permanente dans la catégorie des époux ou conjoints de fait qui se trouvent au Canada. Pour être admissible dans cette catégorie, les demandeurs doivent avoir une relation authentique, vivre avec l’époux ou conjoint de fait qui les parraine au Canada et avoir un statut de résident temporaire. C’est ainsi que notre système doit fonctionner. Il faut que ce soit équilibré. Pendant l’étude de leurs demandes, les époux et conjoints de fait peuvent demander le maintien de leur statut de résident temporaire.
En outre, une fois qu’il est confirmé que les demandeurs satisfont aux exigences d’admissibilité à titre d’époux ou de conjoints de fait qui se trouvent au Canada, ils peuvent rester au Canada et demander des permis de travail ouverts pendant qu’on procède aux examens sécuritaires et médicaux nécessaires à l’approbation finale.
Nous avons un système en place qui fonctionne bien. Il permet d’accorder des permis de travail ouverts. Mais il y aussi des questions de sécurité dont il faut tenir compte.
Cette évaluation initiale d'admissibilité, aussi appelée l'approbation de principe, joue un rôle important pour préserver l'intégrité du programme d'immigration, en donnant à Citoyenneté et Immigration Canada l'occasion de déterminer si le statut matrimonial du requérant est authentique avant de l'autoriser à présenter une demande de permis de travail. C'est logique. Par contre, il serait insensé de présenter une telle demande seulement sur la foi d'une déclaration relative au statut matrimonial. Ce serait ouvrir la porte à tous les abus.
La majorité des requérants mariés sont de bonne foi et leur statut matrimonial est légitime, mais il y aura toujours quelqu'un pour abuser de nos programmes. Nous devons en tenir compte.
Pour contrer ces abus, les fonctionnaires de Citoyenneté et Immigration vérifient les antécédents des requérants. Ils procèdent à des entrevues personnelles et examinent les preuves disponibles pour s'assurer que les liens matrimoniaux sont authentiques. Notre politique actuelle, qui consiste à limiter l'accès aux autorisations d'emploi ouvertes jusqu'à l'obtention d'une approbation de principe, empêche les requérants de se servir de la catégorie des conjoints mariés ou des conjoints de fait déjà au Canada comme une voie de contournement des procédures d'immigration légitimes.
Ce sont des mesures qui sont déjà en place pour les personnes dont le statut leur permet de séjourner au Canada pendant le traitement de leur requête. Cependant, le système d'immigration du Canada est encore plus généreux que cela. Certaines mesures permettent en effet à des membres d'une famille sans statut de demeurer au pays de façon permanente. En ce qui concerne les conjoints mariés et les conjoints de fait qui résident au Canada sans statut légal, une politique publique a été mise en place en 2005 afin de permettre à ces personnes, y compris les demandeurs du statut de réfugié dont la requête a été rejetée, de présenter une demande qui est alors traitée dans la catégorie des demandeurs déjà au Canada.
Cette politique publique a été mise en oeuvre dans le but de faciliter la réunification des familles dans les cas où les époux ou les conjoints de fait vivaient déjà ensemble au Canada, mais où certaines inadmissibilités pouvaient entraîner une absence de statut. Cette mesure a certainement permis de régler bien des problèmes, mais pas tous, car dans ce cas, des demandes non légitimes seraient acceptées et on pourrait abuser du système.
Les inadmissibilités dont j'ai parlé comprennent, entre autres, le fait d'avoir excédé la durée de son droit de séjour temporaire, le fait de travailler ou d'étudier sans en avoir reçu l'autorisation et l'entrée au Canada sans passeport, visa ou autre document valide. Elles s'appliquent aussi aux demandeurs du statut de réfugié.
La capacité de présenter une demande dans ces cas, qui sont exemptés, permet aux personnes visées de rester au Canada pendant une période de 60 jours si des mesures de renvoi doivent être prises. Cette période permet le traitement des demandes jusqu'à l'étape de l'approbation en principe. Comme pour ceux qui ont déjà le statut, ces demandeurs peuvent demander une autorisation d'emploi dès qu'ils obtiennent l'approbation en principe.
En plus de ce délai de 60 jours avant le renvoi, lorsque la demande est approuvée en principe, le processus de renvoi est suspendu jusqu'à ce qu'une décision finale soit prise. La politique qui régit le système est équitable et humaine et tient compte de bien des paramètres mentionnés comme étant problématiques.
Dans certains cas où la détermination de l'admissibilité est complexe et peut prendre plus de 60 jours, Citoyenneté et Immigration Canada et l'Agence des services frontaliers du Canada se consultent pour trouver une façon de procéder. C'est une autre étape du processus.
La politique actuelle est très généreuse et souple et facilite la présentation et le traitement des demandes de réunification des familles à l'intérieur de nos frontières. Dans la plupart des cas, elle permet aux gens de demeurer au pays pendant le traitement de leur demande. Une fois que le bien fondé de la demande est établi, ils peuvent demander une autorisation d'emploi ouverte.
Le gouvernement fait preuve de diligence en veillant à ce que les demandes soient traitées en temps opportun, sans nuire à l'engagement du Canada en matière de réunification des familles. Ce principe n'a pas changé. Nous continuons de respecter ce principe et d'en tenir compte, comme les autres qui sont inscrits dans la loi.
De plus, les mesures actuelles minimisent les possibilités de recours abusif. Elles équilibrent nos objectifs de réunification des familles et l'importance de protéger l'intégrité du programme d'immigration.
Pour les raisons que j'ai décrites, j'encourage mes collègues de la Chambre à voter contre la motion dont nous sommes saisis. Il est facile de présenter une motion inclusive, qui englobe tout, et de dire qu'elle s'applique à des circonstances atténuantes existantes. La motion ne tient pas compte de ce qui pourra arriver si on accorde un sursis de renvoi automatique et un permis ouvert chaque fois qu'une demande est produite, et ce, sans analyser la demande ni le bien-fondé de la relation et sans examiner de documents. Ce serait inapproprié. Ce ne serait pas faire preuve du genre de diligence raisonnable que les Canadiens attendent de leur gouvernement.
Ils voudraient au moins qu'on remplisse un critère de base avant de prendre ces mesures. Comme je l'ai indiqué dans mon discours, en examinant les dispositions déjà en vigueur, on se rend compte que l'équité, la justice et la compassion font déjà partie intégrante du système. Celui-ci permet aux personnes sans statut de demeurer ici, garantit un délai pour l'obtention de l'approbation de principe et permet les discussions entre deux ministères touchés afin que, dans les cas qui exigent de la compassion et de l'équité, on exerce le pouvoir discrétionnaire de manière appropriée.
Si on compare le système en place et les besoins, on constate qu'un juste équilibre a été atteint entre les mesures nécessaires pour répondre aux besoins et la protection de l'intégrité du système. Les attentes des Canadiens vont en ce sens. Il n'est pas toujours facile d'atteindre l'équilibre, mais c'est essentiel. Prétendre que nous pouvons produire des documents et nous attendre à des conséquences sans égard au contenu des documents ne serait pas convenable. Ce ne serait pas faire preuve de diligence raisonnable et ce serait abdiquer dans un domaine où les Canadiens veulent que nous agissions pour que les exigences de base soient remplies.
Pour cette raison, nous nous opposons à la motion.
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Monsieur le Président, je suis heureux de participer au débat.
Je veux dire au secrétaire parlementaire qu'il est vraiment regrettable que celui-ci ait lu ici des notes rédigées pour lui, au lieu de s'exprimer de façon rationnelle, comme il l'a fait devant le comité, parce que la politique sur laquelle nous nous penchons n'a aucun sens.
Pour résumer à l'essentiel, il s'agit d'une personne qui demande le statut de résident permanent à titre de conjoint, en étant déjà au Canada. C'est légal. Cette façon de faire n'a absolument rien d'inapproprié. Le système a été conçu pour fonctionner de cette façon. Toutefois, le traitement de la demande est amorcé, mais étant donné qu'il n'est pas terminé à temps, la demande est rejetée pour le seul motif qu'elle n'a pas été traitée. Où est le bon sens là-dedans?
Une personne fait ce qu'elle est censée faire et présente une demande à titre de conjoint afin de pouvoir rester au Canada, ce qui est tout à fait légitime. Toutefois, parce que la bureaucratie ne traite pas son dossier assez rapidement, cette personne va être expulsée. Où est le bon sens dans cette façon de faire? C'est cela qu'il faut regarder.
Je suis abasourdi — et je suis certain qu'il en est de même pour tous les partis de l'opposition — parce que, pendant des années, nous avons écouté ce parti défendre les valeurs familiales à la Chambre. Y a-t-il une valeur familiale plus importante que le fait de ne pas séparer un mari de sa femme, un père de ses fils et de ses filles, une mère de ses enfants? Voilà ce dont il est question ici.
Dans les cas où l'on découvre qu'il ne s'agit pas d'une relation de bonne foi, qu'il s'agit en fait d'un mariage de convenance, personne ne dit qu'on devrait permettre au demandeur de rester ici. Ce que nous disons, c'est que lorsqu'une personne présente une demande de parrainage pour que la famille puisse rester ensemble au Canada, la demande devrait être traitée avant qu'un des conjoints ne fasse l'objet d'une mesure de renvoi.
Monsieur le Président, vous devez certainement vous poser des questions aussi parce que je suis certain que vous avez entendu les mêmes discours sur les valeurs familiales de la bouche des conservateurs. Cela me fait penser à ce que représentent les valeurs familiales pour un pays comme le Mexique, qui refuse de reconnaître les mariages religieux pour ce qui est de la citoyenneté acquise par filiation.
J'ai déjà mentionné que c'est vraiment dommage que le secrétaire parlementaire se contente de lire à la Chambre les notes que lui a préparées le ministère parce que, lorsque le comité a tenu des audiences sur le sujet, on pouvait voir d'après ses questions qu'il comprenait vraiment le problème et savait que quelque chose n'allait pas.
Je vais citer un extrait de la réunion du comité où cette question a été étudiée. Le secrétaire parlementaire a posé la question suivante au représentant du gouvernement:
Je sais qu’on se préoccupe des demandes multiples, mais si j’ai bien compris, si une demande n’est pas traitée en 60 jours, les deux ministères font en sorte d’en accélérer le traitement. Si vous oubliiez la question des demandes multiples et traitiez celles-ci au cas par cas, y aurait-il une raison pour ne pas modifier la politique afin qu’on puisse terminer le traitement accéléré d’une demande avant de prendre une mesure de renvoi?
Voilà ce sur quoi nous nous sommes entendus. Je crois que tous les membres du comité étaient d'accord sur ce point.
Comme la plupart des députés, j'ai eu à m'occuper de beaucoup d'affaires d'immigration. Je vais citer deux d'entre elles. La première est celle d'un jeune couple qui s'est marié l'été dernier. Le jeune homme, fils d'un immigrant guyanien, est né au Canada. Il est allé à l'Université de Waterloo, où il a rencontré sa future épouse, qui a émigré de la Guyane pour étudier à l'Université Wilfrid Laurier. Ils se sont rencontrés et sont restés en contact.
Bien que la jeune femme avait à l'origine un statut au Canada, elle est rentrée en Guyane. Ils ont maintenu leur relation, elle est revenue en visite et le jeune couple a décidé de se marier. Le même été, la femme a fait une demande à partir du Canada. Pendant que celle-ci était en cours d'autorisation, la jeune femme ne pouvait obtenir un permis de travail temporaire. Elle est professionnelle dans le domaine financier.
Je représente la circonscription de Kitchener—Waterloo, qui compte beaucoup de compagnies d'assurances. On y trouve, entre autres, le siège social de la Sun Life et de Manulife. Les compétences de la femme en question sont en demande, mais elle ne pouvait obtenir un permis de travail avant d'avoir obtenu une approbation de principe, ce qui est insensé. Quand deux jeunes se marient, nous voulons qu'ils puissent commencer à travailler tout de suite. Les couples peuvent avoir des difficultés financières, surtout les jeunes couples qui remboursent leurs prêts étudiants, ou que sais-je.
On ne lui a pas donné de permis de travail tant que l'approbation de principe ne lui a pas été accordée, ce qui est insensé. Nous embauchons bien au-delà de 100 000 travailleurs étrangers temporaires au Canada, mais nous empêchons ceux qui veulent venir s'établir au Canada et y élever leur famille de travailler en attendant que les bureaucrates traitent leur dossier.
L'autre affaire s'est passée à Chilliwack. Le fils d'un de mes amis, enseignant de profession, fréquentait une vétérinaire qui venait de la Hollande. Quand les deux ont décidé de se marier, la femme savait que son statut allait expirer. Elle a quitté le pays dans le seul but de faire une demande, afin de pouvoir continuer de travailler.
Ce sont deux situations très semblables qui sont traitées tout à fait différemment par les fonctionnaires de l'immigration.
Je suis convaincu que la plupart des députés qui étaient à la Chambre à ce moment-là se souviendront d'une ancienne ministre qui s'est retrouvée dans le pétrin pour avoir accordé des permis ministériels à des gens qui voulaient se marier et demeurer au Canada avec leur partenaire.
Le problème venait du fait que de tels cas n'étaient plus traités automatiquement par les fonctionnaires, comme cela se faisait auparavant, parce que les règles avaient été changées pour rendre le permis ministériel nécessaire. C'était une mauvaise décision et la ministre s'est retrouvée dans le pétrin pour avoir fait preuve de compassion. Dans le cas auquel je fais allusion, il y a eu dérapage. Les députés se souviendront qu'il avait fini par être appelé le « strippergate ».
La femme qu'un Canadien avait épousée pouvait donc demeurer au Canada parce qu'elle avait obtenu un permis. Étant donné les problèmes que cela a entraînés, nous avons rétabli les anciennes règles. Selon les règles, lorsque des Canadiens se marient, ils peuvent demander que leur conjoint reste au Canada pendant le traitement de leur dossier. Cela ne pose aucune difficulté.
J'ai entendu des questions à la Chambre au sujet du temps qu'il faut avant qu'un dossier soit traité et des préjudices que cela peut causer.
J'ai une suggestion à formuler. L'Agence des services frontaliers du Canada consacre des ressources à l'expulsion de gens hors du Canada. Parce que leur demande n'a pas été traitée, il faudra recommencer le traitement de cette demande à l'étranger une deuxième fois, ce qui prend beaucoup de temps et allonge la file d'attente. Plutôt que de procéder ainsi, pourquoi les ressources que l'agence consacre à poursuivre les gens qui ont présenté des demandes légitimes pour rester au Canada avec leur famille ne seraient-elles pas consacrées au traitement rapide des demandes? Ce n'est pourtant pas sorcier.
Les règles actuelles sont indéfendables. Elles n'ont aucun sens. Diviser les familles est le comble du ridicule pour une bureaucratie. Nous savons que des problèmes surgissent lorsqu'une famille est divisée pendant un certain temps. Les gens souffrent financièrement et psychologiquement.
Il arrive trop souvent que nos fonctionnaires divisent des familles sans bonne raison. Ils affirment que les enfants ne sont pas expulsés s'ils sont nés au Canada, mais lorsque les parents sont expulsés du pays, les enfants en sont séparés. Dans le cas des travailleurs sans papier, les enfants suivent les parents, même s'ils sont nés au Canada.
Je ne comprends pas pourquoi le secrétaire parlementaire a changé son approche. Pourquoi ne fait-il pas preuve de bon sens, comme il le faisait en comité?
Le gouvernement conservateur se pose en grand défenseur des valeurs familiales. Pourtant, il n'hésite pas à séparer des familles sans raison valable. Pourquoi? Parce que la bureaucratie ne va pas assez vite. Pourquoi donc? Parce qu'on a gaspillé de l'argent pour que les services frontaliers arrêtent des gens, qui ne devraient jamais être arrêtés, et les expulsent. Il faut donc déployer plus d'efforts pour faire rentrer ces gens au Canada et, pendant ce temps, des familles sont séparées.
Je demande au secrétaire parlementaire de reprendre l'approche sensée qu'il avait en comité. Je lui demande de faire comprendre à la ministre et à ses collègues du caucus conservateur que garder les familles unies c'est bien, et que les séparer inutilement c'est mal. Cela ne devrait pas être trop difficile. Je suis sidéré de constater que les conservateurs n'ont jamais compris cela avant, surtout le secrétaire parlementaire, qui connaît pourtant ce dossier.
L'argent que nous consacrons à expulser des gens hors du Canada, ce qui correspondrait, je crois, à 10 ou 11 p. 100 des cas liés à ce dossier, me semble être un gaspillage de ressources. Le gouvernement prétend que nous devons faire venir de plus en plus de travailleurs temporaires étrangers parce que nous avons trop de postes à combler. Il est donc insensé de refuser des permis de travail aux conjoints pendant le traitement des demandes.
Les gens qui demandent le statut de réfugié ont droit à un permis de travail parce que nous voulons qu'ils aient une chance de subvenir à leurs besoins. Nous ne voulons surtout pas dire aux immigrants qui arrivent au Canada qu'ils doivent se fier sur l'aide d'autres personnes; il faut plutôt les inciter à travailler. C'est une bonne chose. Compte tenu de cela, je suis surpris de voir que cela n'a aucun sens aux yeux des conservateurs.
D'un côté, le gouvernement défend cette politique. Les conservateurs répètent essentiellement les idioties que les responsables nous ont exposées au Comité de la citoyenneté et de l'immigration. De l'autre côté, avec le projet de loi , ils ne veulent pas ouvrir le débat comme il se doit. Ils disent que tout le système est mauvais.
Je demande au secrétaire parlementaire et au gouvernement de faire preuve d'un peu de bon sens. Ils doivent examiner la politique, utiliser leur bon jugement et régler le problème. Ce n'est pas compliqué. Quelqu'un présente une demande légale et nous le renvoyons, parce que la bureaucratie ne traite pas la demande à temps.
Quand j'ai demandé aux responsables au comité s'ils pouvaient nous dire quel était le taux d'approbation dans ces cas, ils ont répondu 90 p. 100. Je leur ai ensuite demandé s'ils pouvaient nous dire de combien de gens ils s'étaient débarrassés parce que le ministère n'avait pas pu traiter les demandes à temps et combien de ces personnes étaient revenues parce que leur relation était légitime. Les responsables m'ont répondu qu'ils ne le savaient pas et qu'ils n'avaient pas de statistiques à cet égard, ce qui m'a surpris.
Pourquoi le ministère n'aurait-il pas de statistiques sur quelque chose d'aussi simple? Il pourrait alors juger de la qualité des décisions prises dès le départ, au lieu de prendre ces décisions ridicules, de renvoyer des gens, de leur faire traverser tout le processus de demande à l'étranger et de séparer les familles. Cela n'a aucun sens. Seuls les conservateurs semblent trouver cela logique, eux qui pourtant se targuent d'être des modèles de vertu dans leurs efforts pour protéger les valeurs familiales. Ils laissent nonchalamment des familles se faire séparer.
Je ne crois pas qu'il y ait grand-chose à ajouter à ce sujet, si ce n'est de demander au secrétaire parlementaire de mieux s'employer à convaincre ses collègues et la ministre, au caucus, qu'il vaut la peine de garder les familles unies et de défendre les valeurs familiales.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'intervenir au sujet du 7
e rapport du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration — comité auquel je participe depuis quelques mois avec un grand plaisir et un grand intérêt —, étant donné toutes les sérieuses difficultés auxquelles fait face notre système d'immigration qui connaît de sérieux dérapages.
La motion qui a été adoptée en comité et dont on débat aujourd'hui visait à corriger un peu la situation. C'est une très petite contribution et un très petit pas en avant. À mon avis, il faudrait aller beaucoup plus loin, puisqu'il y a beaucoup d'autres choses à régler dans notre système qu'il faudrait probablement repenser.
En ce qui a trait plus particulièrement à la problématique dont nous sommes saisis, comme le secrétaire parlementaire l'a suggéré, j'aimerais dans un premier temps m'en tenir au texte avant d'aborder la question de façon un peu plus exhaustive. Voici ce que dit le rapport:
Le Comité recommande que le gouvernement permette à toute personne (sauf si elle a commis un crime grave) qui a présenté une première demande de parrainage au Canada de son époux ou conjoint de fait d’obtenir un permis de travail temporaire et un sursis de renvoi automatique jusqu’à ce qu’une décision soit rendue à l’égard de sa demande.
En somme, cela concerne quelqu'un qui fait une demande de parrainage — qui fait partie de la famille d'un autre individu. Il faut savoir qu'au Canada, un individu peut parrainer une seule personne dans sa vie. Donc, lorsqu'une demande est faite à ce sujet, le Parlement se prononcerait sur le fait qu'on ne croit pas bon d'expulser cette personne tant qu'on n'a pas rendu une décision sur la question. D'autre part, on dit qu'en attendant, cette personne devrait finalement avoir un permis de travail pour gagner sa vie, comme la plupart d'entre nous.
On doit donc examiner deux volets de cette question. Il y a d'abord la question du renvoi. En vertu des questions que j'ai posées aux officiels du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration et de l'Agence des services frontaliers du Canada, on nous a répondu que, de façon quasi systématique — même si l'on n'a jamais pu nous donner de chiffres —, en pratique, on ne renvoyait pas les gens qui étaient dans cette situation et que l'Agence des services frontaliers du Canada n'expulsait pas les gens qui attendaient une décision de parrainage, sauf exception. On n'a jamais été capable de les chiffrer, mais, sauf exception, on n'expulsait pas de personnes en attente d'une réponse.
Le secrétaire parlementaire en a parlé dans son exposé un peu plus tôt, en nous disant qu'une approche équilibrée et des mesures pour éviter des expulsions inutiles étaient déjà en place. Puisque c'est déjà ce qui se fait pratiquement dans la quasi-totalité des cas, je vois mal quelle difficulté auraient les députés conservateurs à appuyer cette motion.
Ensuite, il y avait autre chose dans l'exposé du secrétaire parlementaire qui semblait l'agacer davantage, soit la question d'accorder un permis de travail à ces personnes. Cela me semble plutôt étrange, puisque ces personnes ont le droit de résider au Canada. Elle sont ici et elles attendent la réponse du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration — réponse qui peut être très longue à avenir, selon l'aveu même du gouvernement. Et là, on leur dira qu'elles devront attendre, mais que ce faisant elles ne pourront pas travailler; elles devront donc rester chez elles à se tourner les pouces et à faire je ne sais trop quoi. Ces personnes ne pourront donc pas contribuer à enrichir le pays, payer des impôts, faire tourner l'économie ni aider leur famille à subsister.
C'est faire souffrir inutilement des gens, d'autant plus que — et le gouvernement nous le rappelle souvent — le Canada fait face à une pénurie de main-d'œuvre. On nous dit qu'il manque de travailleurs pour accomplir du travail, et ce n'est pas uniquement dans le milieu des travailleurs qualifiés. En effet, même pour les emplois non qualifiés, il manque beaucoup de main-d'œuvre au Canada. Enfin, c'est ce qu'on nous a dit au Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration, lorsque nous avons parcouru le Canada au cours du dernier mois, en ce qui concerne la question, entre autres, des travailleurs étrangers temporaires.
À mon avis, ce gouvernement, qui a carrément ouvert les vannes en ce qui concerne les travailleurs étrangers temporaires en augmentant le nombre d'admissions de ces travailleurs au Canada et en manifestant son intention de continuer à en augmenter le nombre, tient un double discours.
D'une part, des gens de l'étranger veulent venir travailler temporairement au Canada, et on veut augmenter ce nombre de personnes pour combler nos besoins en main-d'oeuvre. D'autre part, il y a de ces gens qui se trouvent déjà au Canada et dont la conjointe ou le conjoint a déjà le statut de résident permanent ou de citoyen canadien. La demande de ces gens a de très bonnes chances d'être acceptée, étant donné le taux de succès assez élevé des démarches de parrainage. Ils ont donc toutes les chances de faire leur vie au Canada. Pourtant, on ne leur permettrait pas de travailler pendant qu'ils attendent la réponse du gouvernement. Par contre, on est prêt à faire venir des gens de l'étranger pour travailler de façon temporaire. Cela me semble complètement incohérent.
Le secrétaire parlementaire a tenté de justifier l'opposition de son gouvernement à cette motion. J'ai l'impression que c'est essentiellement cela: il voulait justifier son opposition et voter contre la motion pour le simple fait de voter contre la motion. Personnellement, je ne vois pas ce qu'il y a de compromettant pour le gouvernement. Il aurait très bien pu voter en faveur de la motion.
Certains craignent que cette méthode n'entraîne des abus à grande échelle. La procédure dont on parle est très particulière: c'est la procédure de parrainage. Cela ne s'appliquerait pas à tous les gens qui font des demandes d'immigration, qui veulent obtenir le statut de réfugié ou autres. Il est question ici de gens qui ont déjà un conjoint ou une conjointe ayant un statut légal au Canada et pouvant, une fois dans sa vie, faire un parrainage. On ne peut donc pas penser que ce serait une technique utilisée de façon massive pour obtenir des privilèges indus, d'autant plus que ces privilèges ne s'appliqueraient que le temps de traiter la demande.
Ainsi, quelqu'un qui utiliserait cette technique — le faux mariage — n'aurait le droit de travailler légalement au Canada que quelques mois, soit le temps du traitement de la demande. D'ailleurs, j'aimerais rappeler qu'au Canada, on ne peut se marier qu'une seule fois ou, du moins, qu'il faut obtenir le divorce entre deux mariages. On ne peut pas se marier à répétition. Le secrétaire parlementaire le sait déjà. Il me semble que quiconque voudrait contourner les lois et enfreindre notre système procéderait de façon beaucoup plus simple et irait simplement travailler illégalement. D'ailleurs, lors de notre tournée, nous avons pu constater qu'il était encore facile de travailler illégalement au Canada. Alors pourquoi se donner la peine de faire une procédure bidon quand on peut tout simplement ne pas respecter la loi?
Bref, l'argument de l'abus me semble fallacieux. Comme je l'ai mentionné plus tôt, cette procédure de parrainage a un taux de rejet assez faible. La demande d'une personne qui se soumet à ce processus a de bonnes chances d'être acceptée. On ne lui accorderait donc pas un privilège indu. Somme toute, si cela devait se produire, c'est-à-dire si une personne devait, après avoir travaillé quelques mois, voir sa demande rejetée parce qu'elle était inappropriée, mensongère ou fausse, les conséquences pour le Canada ne seraient pas dramatiques. En effet, qu'une personne travaille pendant quelques mois, fasse rouler l'économie, paie des impôts et procure de l'argent à sa famille, cela me semble négligeable par rapport aux bénéfices qu'on en tirerait si on lui permettait de travailler en attendant la réponse du gouvernement.
Évidemment, le noeud du problème réside dans le délai d'attente. D'ailleurs, si les délais étaient très courts, on peut raisonnablement penser que cette motion n'aurait jamais été soumise à ce Parlement. Or, si ce problème existe, c'est parce que les délais sont beaucoup trop longs, de l'aveu même du gouvernement.
J'ai trouvé pour le moins spécial et ironique que le secrétaire parlementaire parle de l'équilibre et de l'intégrité du système d'immigration. Soyons sérieux. Plusieurs exemples démontrent que le système d'immigration ne fonctionne pas bien, et ce n'est certainement pas ce qu'on propose qui créera une faille supplémentaire dans ce système. Au contraire, cela vise à apporter au système d'immigration un meilleur équilibre et une meilleure intégrité.
Mais puisque le secrétaire parlementaire en a parlé, parlons de l'équilibre et de l'intégrité du système d'immigration.
Dans un premier temps, parlons des délais d'attente. Le gouvernement a déposé un projet de loi où il prétend vouloir réduire les délais d'attente. Quiconque connaît un peu le fonctionnement d'une file d'attente sait bien que faire passer en tête de file des gens qui se trouvaient à la fin de la file ne réduit pas en soi la longueur de la file. La longueur de la file reste la même, sauf que certains devront respecter de plus petits délais. En contrepartie, ceux qui sont à la fin de la file doivent respecter de plus longs délais, ce qui fait que le délai moyen reste évidemment le même pour tout le monde. Ce n'est pas sorcier. La seule façon de faire diminuer la longueur d'une file d'attente est de traiter plus de cas ou de restreindre le nombre de cas à l'entrée.
La véritable façon d'y parvenir serait de traiter plus de cas. Pour ce faire, il faudrait plus de commissaires à l'assermentation. Il en manque présentement une cinquantaine. Quand ce gouvernement a pris le pouvoir, il manquait environ cinq commissaires sur les quelque 150 prévus par la loi. Aujourd'hui, le nombre varie. J'ai vu quelques décrets dernièrement, mais, grosso modo, une cinquantaine de postes sont toujours à pourvoir. Voilà une bonne partie du problème des délais d'attente. Si l'on avait le nombre de commissaires prévu par la loi pour traiter les cas d'immigration, on obtiendrait des résultats plus rapidement.
Cela serait plus efficace pour le Canada. On aurait un système d'immigration plus attirant pour des gens qui, considère-t-on, peuvent apporter une contribution au Canada.
De plus, on aurait un système plus sécuritaire. Parmi les demandes d'immigration ou de statut de réfugié, certaines sont rejetées pour des raisons de sécurité nationale ou en raison d'une criminalité importante. Cela implique que plus on attend pour traiter le dossier de ces gens, plus ils peuvent, par exemple dans le cas d'un réfugié, rester au Canada pour une période plus longue. On ne peut pas promouvoir la loi et l'ordre et, en même temps, laisser dans la file d'attente des gens dont la demande n'est pas traitée et qui sont peut-être dangereux pour le Canada, tout simplement parce qu'on refuse de nommer des commissaires et de pourvoir aux postes nécessaires.
Il existe une autre situation assez absurde où l'on ne peut certainement pas parler d'équilibre du système d'immigration et encore moins de son intégrité. Il s'agit de l'examen des demandes de résidence permanente pour motifs humanitaires qui se font, dans bien des cas — je l'ai souligné à la Chambre la semaine dernière —, par la même personne qui a fait l'examen des risques avant renvoi. Cela me semble assez curieux. J'ai posé la question à la ministre en cette Chambre, la semaine dernière. Des fonctionnaires avaient signalé certains cas à mon bureau de comté, alors j'ai demandé à la ministre de me confirmer si c'était le cas. Elle m'a répondu que le système d'immigration au Canada était bon et que les conservateurs étaient fins, même si ce n'était manifestement pas le but de ma question.
En effet, on a signalé à mon bureau, et sûrement dans d'autres bureaux partout au Canada, plusieurs cas de personnes ayant fait une demande d'examen des risques avant renvoi. Voici ce qui se passe dans pareil cas. L'agent qui étudie le dossier de cette personne donne une réponse négative, prétextant qu'elle ne court aucun risque si elle retourne dans son pays, et il lui demande par conséquent d'y retourner. La personne utilise alors une autre procédure, soit une demande de résidence permanente pour motifs humanitaires. C'est le même agent qui a déjà rendu une décision défavorable qui traitera la nouvelle demande. Il le fera sous la base d'un autre article de la loi, soit, mais il n'en reste pas moins que c'est la même personne.
Il semble que ce soit la procédure au gouvernement et que cela ne dérange personne. Quand j'ai posé la question à la ministre, cela ne semblait pas l'émouvoir. Pourtant, il y a une apparence d'injustice. Quand on parle de droit et de justice, il est aussi question d'apparence de droit. Comment un individu qui a tenté une procédure et dont la demande a été rejetée peut-il se sentir traité avec justice, alors que la personne qui évaluera son dossier est la même qui a déjà rejeté sa demande à une étape précédente?
Cela n'a aucun sens. Si on voulait un système équilibré faisant preuve d'intégrité, on ne tolérerait pas ce genre de pratique. D'autant plus que dans sa réponse, vendredi dernier, la ministre a souligné qu'il y avait plus de 4 000 agents au Canada qui étaient tous très compétents. S'il y en a 4 000, il me semble que ce ne serait pas compliqué de trouver un autre agent pour étudier une demande basée sur des motifs humanitaires puisqu'il en reste 3 999 autres. Cela ne devrait pas être très compliqué.
J'aimerais souligner que ce genre de politique ne serait jamais tolérée par aucun député en cette Chambre si elle était appliquée à un citoyen canadien. Jamais personne ici n'accepterait d'être impliqué dans une procédure d'appel ou une procédure subséquente et d'être jugé par le même juge qui nous a déjà condamné à l'étape précédente. Tout le monde dirait que ce n'est pas une vraie procédure d'appel, que nos chances sont à peu près nulles, car c'est la même personne qui évalue notre dossier. Si la ministre était sérieuse, elle corrigerait cette situation.
L'autre situation où il y a manifestement un bris de l'équilibre dans l'intégrité de notre système, c'est la question de la section d'appel des réfugiés. Lorsque la loi avait été modifiée pour ramener le nombre de commissaires qui évaluaient les demandes de statut de réfugié de deux à un — il y en avait deux pour chaque demande, maintenant une demande est évaluée par une personne —, les parlementaires avaient créé cette section d'appel des réfugiés, qui est dans la loi actuellement, pour dire que bien qu'il n'y aura qu'une personne qui va rendre une décision, on aura un dispositif d'appel pour s'assurer qu'il n'y a pas d'erreurs, pas d'abus, pas de problèmes majeurs, pas de personnes qui seront renvoyées à la torture ou à la mort dans leur pays.
Le gouvernement n'a jamais mis en place cette section d'appel des réfugiés. Même si c'était prévu par la loi, il refuse toujours de le faire. C'est pourquoi le Bloc québécois a déposé un projet de loi en ce sens pour forcer la mise en vigueur d'un simple droit d'appel pour ces gens, comme le prévoit déjà la loi. C'est un peu paradoxal que ce doit être le Bloc québécois qui dépose des projets de loi pour faire respecter les lois du Parlement. Cela me semble étonnant puisque je croyais que c'était la tâche du gouvernement de faire respecter les lois, surtout que c'est ce gouvernement qui prétend être le gouvernement de la loi et de l'ordre.
Présentement, cette loi a été adoptée par la Chambre des communes et elle traîne au Sénat. J'espère que les libéraux et les conservateurs vont se dépêcher pour la faire adopter très rapidement.
J'ai un exemple concret dans mon comté des problèmes de déséquilibre et de perte d'intégrité de notre système qui résulte de l'absence d'une section d'appel des réfugiés. C'est un cas évident, soit celui d'Abdelkader Belaouni, qui est dans le sanctuaire de l'église à Pointe-Saint-Charles depuis 2006. En fait, je faisais campagne lors de la dernière élection et il était déjà dans ce sanctuaire. Cet homme, qui est aveugle et qui a vécu des situations difficiles dans son pays d'origine, est menacé de déportation par le gouvernement canadien s'il devait quitter son sanctuaire. Or, lorsque Abdelkader Belaouni a fait sa demande de statut de réfugié, il a été évalué par le commissaire Laurier Thibault. Ce commissaire, à l'époque, rejetait 98 p. 100 des demandes qui lui étaient présentées.
Monsieur le Président, je soumets à votre attention que si un jour vous deviez vous présenter en cour et que le juge qui est devant vous condamnait 98 p. 100 des personnes qui se présentent devant lui, vous vous diriez que vous n'avez aucune chance de gagner. Vous ne croiriez pas qu'il y aurait eu justice. C'est le cas de M. Abdelkader Belaouni. Celui-ci n'a jamais pu interjeter appel parce que cette section d'appel des réfugiés n'est toujours pas en place. C'est proprement honteux pour le Canada.
Je vais terminer là-dessus. Cela va me permettre de répondre aux questions et peut-être laisser aussi le secrétaire parlementaire répondre à un appel sur son téléphone cellulaire auquel il semble tenir tout particulièrement.
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Monsieur le Président, je suis très heureux de pouvoir prendre la parole au sujet de cette motion.
J'aimerais parler du rapport ainsi que de l'opinion dissidente. Voici ce que dit le rapport du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration:
Conformément au mandat que lui confère le paragraphe 108(2) du Règlement, votre Comité a examiné la question des demandes de parrainage et des renvois.
Le Comité recommande que le gouvernement permette à toute personne (sauf si elle a commis un crime grave) qui a présenté une première demande de parrainage au Canada de son époux ou conjoint de fait d’obtenir un permis de travail temporaire et un sursis de renvoi automatique jusqu’à ce qu’une décision soit rendue à l’égard de sa demande.
J'aimerais aussi lire officiellement devant la Chambre l'opinion dissidente exprimée par le secrétaire parlementaire au nom du Parti conservateur. Voici cette opinion:
Opinion dissidente du Parti conservateur du Canada
Les mesures en place assurent un équilibre entre l’objectif visant à favoriser la réunion des familles et la nécessité d’assurer l’intégrité du programme d’immigration. Les dispositions existantes permettent aux demandeurs, y compris ceux sans statut, qui font partie de la catégorie de l’époux ou conjoint de fait au Canada de demeurer et de demander un permis de travail après avoir obtenu l’approbation de principe.
Les mots « approbation de principe » sont très importants. J'y reviendrai dans quelques instants.
J'aimerais décrire le fonctionnement du parrainage d'un conjoint se trouvant au Canada. On procède alors à partir du Canada. Voici de quoi il est question exactement. Les gens qui écoutent se demandent peut-être ce que l'on entend par une demande visant un conjoint au pays et une demande visant un conjoint à l'étranger. Il est très important de prendre le temps de bien comprendre.
Une demande visant un conjoint au pays peut être faite dans le cas suivant. Deux personnes vivent en union de fait, ou vivent ensemble pendant quelques mois, puis se marient. Il peut s'agir d'un mariage homosexuel ou hétérosexuel. Puis, parce qu'elles veulent se faciliter la vie, elles décident que l'un des conjoints, qui n'est pas citoyen canadien et qui séjourne au Canada avec un visa de visiteur ou après avoir obtenu le statut de réfugié, va faire une demande de citoyenneté avec le parrainage de son conjoint. Il arrive que des gens viennent au Canada, y obtiennent le statut de réfugié, trouvent un partenaire et se marient.
Alors, comment le couple procède-t-il? Une fois qu'une personne a décidé de demander la citoyenneté avec le parrainage de son conjoint, le couple télécharge le formulaire à partir du site du ministère de l'Immigration et le remplit. Le formulaire demande toutes sortes de renseignements. Puis, le couple envoie le formulaire au centre de traitement des demandes, à Vegreville.
Pendant que le processus suit son cours, la personne qui est parrainée par son conjoint ou sa conjointe ne peut pas sortir du Canada; elle doit rester au Canada. Mettons qu'il s'agit d'une femme, d'une épouse. Si jamais elle tombait enceinte, elle pourrait accoucher au Canada, mais aux frais de son époux cependant. Il s'agit là de considérations importantes.
Il est important d'examiner quelques exemples pour être mieux à même de comprendre. La demande est envoyée à Vegreville à des fins d'examen. Les fonctionnaires vérifient tous les formulaires. S'ils croient le demandeur, ils envoient ensuite la demande au centre local d'Immigration Canada qui invite le demandeur à venir remplir les formalités d'obtention du statut d'immigrant admis ou convoque le couple en entrevue pour déterminer la validité de la demande relative au conjoint, autrement dit de l'authenticité du mariage.
Il est très troublant que le gouvernement conservateur se soit permis de gâcher la vie de gens comme ceux dont je vais parler. Dans ma circonscription, une jeune femme originaire de Chine a revendiqué le statut de réfugiée au Canada. Sa demande a été refusée. Elle a épousé un citoyen canadien, et le couple a eu deux enfants de nationalité canadienne. Le 31 mars, la jeune femme a été renvoyée en Chine.
Les deux enfants sont Canadiens, et leur père est Canadien, il travaille et il a les moyens de parrainer son épouse. Malgré tout, l'ASFC est intervenue pour exécuter le renvoi de la dame. Les enfants sont âgés de deux ans et d'un an. Ils ne peuvent évidemment pas rester au Canada avec leur père. Ils sont partis pour la Chine avec leur mère. Il faut maintenant reprendre le processus de parrainage, mais depuis l'extérieur du Canada cette fois, processus qui prend d'un à trois ans, selon les pays.
On a détruit cette famille. On a détruit la cellule familiale, on a ébranlé la loyauté et le bien-être de cette famille. On a renvoyé l'épouse, puis les enfants. Les enfants sont en Chine et l'époux reste au Canada. Je crois que sa pensée sera ailleurs; je ne crois pas qu'ils puisse concentrer son attention au travail pendant que son épouse et ses deux enfants sont à l'autre bout du monde. Bien sûr, il fera plusieurs voyages en Chine pour voir sa famille. Cela entraînera des coûts additionnels.
Plutôt que de soutenir et défendre les jeunes familles le gouvernement conservateur sépare les époux, puis il sépare les enfants de leur père, ce qui aura probablement pour effet d'anéantir le père, car il ne pourra plus concentrer son attention au travail. Il perdra peut-être son emploi, puis sa maison.
Permettez-moi de donner un autre exemple pour illustrer la façon dont le système a trahi une autre famille canadienne. J'ai parlé de ce cas à la ministre lorsqu'elle a comparu devant le comité l'an dernier. Les médias ont parlé de cette affaire. Quelques mois après son arrivée au Canada, M. Masood Firoozian a rencontré celle qui allait devenir son épouse. Celle-ci l'a parrainé et le couple a présenté une demande de parrainage au centre de traitement de Vegreville. Cette demande de parrainage d'un époux a donc été présentée au Canada. Le couple voulait fonder une famille. Il ne voulait pas se séparer, si bien que la demande de parrainage a été faite au Canada.
La dame avait deux enfants d'un mariage précédent. Le centre de Vegreville a reçu la demande le 13 juillet 2006. On a informé mon bureau que la demande avait été reçue et qu'on traitait, en juillet, les demandes reçues en 2006.
J'aimerais lire la note datée du 8 janvier 2007 que le centre de Vegreville m'a envoyée par télécopieur. On y dit ceci: « La demande a été reçue le 13 juillet 2006. Notre bureau traite actuellement des demandes de ce type datées du 27 mars 2006. »
Sous le règne des libéraux, les demandes de conjoints présentées à Vegreville étaient traitées dans un délai de cinq mois. Dans ce cas-ci, le bureau a reçu la demande en juillet 2006, époque à laquelle il traitait les demandes reçues en mars 2006.
J'ai fait un autre suivi. On m'a alors dit que la demande avait été envoyée à Etobicoke en mars 2007, soit exactement un an après la présentation de la demande.
On a envoyé fax après fax au bureau d'Etobicoke pour savoir quel serait le temps de traitement de la demande. Le 13 août 2007, nous avons reçu la réponse suivante: la demande à titre de conjoint avait été transférée du centre de Vegreville au bureau d'Etobicoke en mars 2007. La lettre indiquait qu'il faudrait compter de 12 à 14 mois avant que le dossier ne soit confié à un agent pour étude.
Le fax que nous avons reçu était daté du 13 août 2007; il indiquait que la demande avait été transférée au bureau d'Etobicoke en mars 2007, ce qui fait un peu plus d'un an. Sous l'ancien gouvernement libéral, cela prenait entre huit à douze mois pour traiter une demande du début jusqu'à la fin. Le délai a maintenant augmenté de 50 p. 100.
Le couple m'a contacté en avril 2008. Le processus dure depuis presque 25 mois. Une demande de renseignements a été envoyée au bureau d'Etobicoke, qui a répondu que la demande à titre de conjoint lui avait bel et bien été transférée en janvier 2008. La réponse précédente que j'avais reçue d'Etobicoke disait que la demande lui avait été transférée en mars 2007. Je me suis demandé si nous avions sauté une année ou si nous étions toujours la même année. On indiquait qu'il faudrait compter au moins 12 mois avant que la demande ne soit confiée à un agent pour étude.
Nous sommes maintenant à près de 24 mois de la date à laquelle la demande a été présentée, mais elle n’a pas encore été examinée. L’homme en cause a toujours un statut légal, ayant réussi à prolonger son visa de visiteur. Il a essayé à plusieurs reprises d’obtenir un permis de travail, mais toutes ses demandes ont été rejetées.
C’est un peu comme si on est au volant d’une voiture et qu’on se trouve soudain devant un mur. Cette famille se trouve face à un mur. La femme est malade et a besoin d’une opération tout de suite. Elle devra aller à l’hôpital, puis rester chez elle pendant six mois pour récupérer.
Le 16 avril, on nous a dit qu’il faudrait attendre 12 mois de plus. Entre le moment où la demande a été présentée et celui où elle aura fini d’être traitée, le délai sera proche de 36 mois. Je me demande ce qu’on me dira l’année prochaine quand je reviendrai à la charge pour demander ce qui se passe. On prétendra probablement que la demande n’a été présentée qu’en 2009, en oubliant les années précédentes, et qu’il faudra attendre encore 12 mois supplémentaires.
Si j’en crois la dernière télécopie que j’ai reçue le 16 avril dernier, le traitement de cette demande devrait être terminé dans trois ans. C’est sans conteste une augmentation de 300 à 500 p. 100 du délai par rapport au régime précédent. Ces faits ont été présentés à la ministre au comité. J’attends toujours sa réponse.
Pourquoi en sommes-nous là? Quel est le problème? Le problème, c’est qu’à son arrivée au pouvoir, le gouvernement conservateur a voulu mettre en œuvre son programme réformiste afin de plaire à ses partisans réformistes et conservateurs. Il a commencé à expulser massivement des gens. Il a transféré leur dossier des services d’immigration à l’Agence des services frontaliers du Canada. Cette agence fait plus d’efforts pour expulser des gens que pour essayer de les garder au Canada.
Oui, il y a des dispositions permettant aux gens frappés d’un ordre d’expulsion de faire une dernière tentative. C’est ce qu’on appelle l’évaluation des risques avant le renvoi, mais jusqu’ici, je n’ai pas vu un seul cas où cette évaluation a abouti à des résultats favorables.
J’ai mentionné, il y a quelques instants, cette femme venant de Chine qui a deux enfants et qui est sur le point d’être expulsée. Elle a fait l’objet d’une évaluation des risques avant le renvoi. S’il y a un cas où cette évaluation aurait dû donner des résultats positifs, c’est bien celui de cette mère et de ses deux enfants canadiens. À leur naissance, le père a dû payer des frais de 10 000 $ à 15 000 $ pour chaque accouchement. Il a dû débourser au total 25 000 $ à 30 000 $. Sa seule faute était d’avoir épousé cette femme et d’avoir eu des enfants au Canada. Il voulait contribuer à l’augmentation de la population du pays. C’est un citoyen canadien qui voulait fonder une famille au Canada.
Le Parti conservateur a-t-il agi rapidement pour régler le problème de cette famille? Non. Sa seule réaction a consisté à renvoyer cette femme en Chine.
L’approbation de principe constitue l’élément clé que j’ai mentionné. Quand une demande est présentée à Vegreville et que ce bureau estime que tout est en règle, il devrait pouvoir donner une approbation de principe. D’après les cas que nous avons vus, cette démarche qui prenait cinq à six mois du temps des libéraux dure maintenant 12 mois sous le régime conservateur.
Je sais que le secrétaire parlementaire se précipitera pour dire que ce n’est pas le cas, mais il faut penser à ce qui s’est produit l’année dernière lorsque la ministre a comparu devant le comité. Je lui ai présenté les faits, mais elle ne m’a encore donné aucune réponse.
D’un total de cinq à six mois à Vegreville et d’un autre délai de deux mois du temps des libéraux, nous en sommes maintenant à six à huit mois et même un an avant qu’une demande soit traitée et que la personne en cause reçoive ses papiers d’immigrant admis. Et voilà tout à coup le cas de M. Masood Firoozian qui va prendre trois ans.
La femme de M. Firoozian ira à l'hôpital et il devra attendre de 300 à 500 p. 100 plus longtemps avant d'obtenir l'approbation de principe, de pouvoir présenter une demande de permis de travail et de pouvoir dire qu'il est résident permanent et qu'il voudrait bénéficier du Régime d'assurance-maladie de l'Ontario. S'il subit un accident ou tombe malade demain, il ne disposera d'aucune assurance-maladie. La raison en est que nous avons pris les agents d'immigration et nous les avons affectés aux renvois. Au lieu d'essayer de réunir les familles, les agents les renvoient. Nous nous trouvons devant un dilemme. Allons-nous faire des efforts pour garder les familles unies? Allons-nous aider les immigrants qui sont au Canada et qui voudraient subvenir aux besoins de leur famille?
J'ai cinq filles. Qu'arriverait-il si l'une d'elles rencontrait un jeune homme au Canada et décidait de se marier avec lui et de fonder une famille? À cause des conservateurs, parti qui retourne à ses racines réformistes, si ma fille parrainait ce jeune homme, il pourrait devoir attendre trois ans et plus avant d'être en mesure de se trouver un emploi. Qu'est-ce que je dis à mes filles? Est-ce que je leur dis de ne pas avoir d'enfants parce qu'elles ne pourront pas rester à la maison pour s'en occuper si leur mari ne peut aller travailler et subvenir aux besoins de la famille?
Où sont la compassion et la décence? Faisons-nous des efforts pour garder les familles unies? Faisons-nous des efforts pour pourvoir aux besoins des familles? Comme pays, faisons-nous des efforts pour aider les familles? Ne voulons-nous pas collaborer de près avec les gens qui commencent leur vie, qui se marient, ont des enfants, passent du temps avec eux et travaillent pour subvenir à leurs besoins? Malheureusement, cette compassion, cet intérêt et cet amour de la famille font défaut. Tout cela a disparu quand les conservateurs sont arrivés au pouvoir et ont décidé de transférer les ressources de l'immigration aux renvois.
Des mesures immédiates s'imposent. Je suis heureux de voir que des députés conservateurs sont présents à la Chambre, parce qu'ils pourront informer la ministre et peut-être que celle-ci va les écouter, au lieu de faire preuve d'intransigeance.
La ministre dit qu'aucun amendement ne sera apporté au projet de loi . Lorsque les députés conservateurs qui siègent au comité ont dit qu'il y aurait un rapport dissident, je me demande s'ils ont parlé à leurs électeurs. Je me demande s'il y en a parmi eux qui se sont occupés de ce dossier dans leur circonscription et qui ont constaté ces problèmes, ou si ma circonscription est la seule où de tels problèmes existent. Je me demande si ces problèmes existent uniquement dans les circonscriptions représentées par des députés libéraux au Parlement.
Lorsque le était le chef de l'opposition, je me souviens qu'il avait dit que toutes les circonscriptions à l'ouest de Winnipeg était dominées par des nouveaux immigrants venus d'Asie, ou de nouveaux migrants venus de l'Est du Canada. Je me demande si ce point de vue a changé. Je ne crois pas.
Si nous prenons des mesures immédiates, un certain nombre d'initiatives s'imposent. Premièrement, il faut établir un équilibre entre l'ASFC et CIC, c'est-à-dire prendre des employés de l'ASFC et les réaffecter à CIC. Il faut accorder immédiatement un permis de travail lorsqu'une personne parraine son conjoint. Il faut aussi augmenter le nombre d'employés chargés de traiter les demandes à Vegreville et dans d'autres bureaux. Nous ne voulons pas que des employés soient retirés d'autres services où ils s'occupent des parrainages parentaux et des cas liés à des motifs d'ordre humanitaire. Nous avons besoin d'un plus grand nombre d'employés. Il a été prouvé que, sous le gouvernement conservateur, les délais de traitement ont augmenté, et je suis certain que nous sommes tous d'accord pour dire que, dans le cas de M. Firoozian, le traitement de sa demande a pris entre 300 p. 100 et 500 p. 100 plus de temps que cela n'aurait dû être le cas.
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Monsieur le Président, je suis heureux de participer au débat sur la motion d’adoption du septième rapport du Comité permanent de la citoyenneté et de l’immigration, présentée par ma collègue, la députée de . À mon avis, il est important que nous ayons cette occasion de parler du travail du Comité permanent, en particulier en ce qui concerne ce rapport.
Le rapport porte sur le parrainage de conjoint et les renvois du Canada. Plus précisément, le comité recommande que le gouvernement permette à toute personne, sauf si elle a commis un crime grave, qui a présenté une première demande de parrainage au Canada de son époux ou conjoint de fait d’obtenir un permis de travail temporaire et un sursis de renvoi automatique jusqu’à ce qu’une décision soit rendue à l’égard de sa demande. Il s'agit d'une recommandation très importante.
J’ai siégé pendant bon nombre d'années à ce comité permanent. Je sais que ses membres étudient très soigneusement les propositions et les mémoires qui leur sont soumis, et je sais aussi qu’ils connaissent bien le système d’immigration du Canada. Cette recommandation fait suite à l’inquiétude exprimée par des personnes au sujet du traitement accordé à des proches par notre système d’immigration.
Je souligne qu’il est question ici d’une première demande. L’objet n’est pas de retarder l’application d’une mesure de renvoi. La recommandation ne s’applique qu’à la première demande.
Chose importante, cette mesure permettrait à la personne qui est parrainée de travailler pendant que sa demande est examinée. On sait que de nombreuses familles qui ont fait une demande de parrainage de conjoint et qui ont une famille ici, au Canada, ont désespérément besoin de ce revenu. C’est très important pour elles. Le rapport de Statistique Canada, qui est paru la semaine dernière et qui décrit la situation financière des familles d’immigrants au Canada, montre à quel point leur situation est difficile. Cela fait bien comprendre le bien-fondé et l’importance de cet aspect de la recommandation du comité.
Selon la partie essentielle de la recommandation, aucune mesure de renvoi ne devrait être prise tant qu’une décision n’est pas rendue à l’égard d’une demande. Il est question ici de gens qui n’ont peut-être pas un statut au Canada au moment de la présentation de la demande. Il faut absolument éviter de séparer les familles dans de telles circonstances.
Le comité a décidé de faire valoir ce point aussi dans la manière dont il a formulé sa recommandation, en précisant qu’un crime grave pourrait toujours entraîner l’expulsion. Si un crime grave a été commis, c’est toujours ce crime qui prime dans les circonstances.
Quand il a étudié la question, le comité a entendu les témoignages de représentants du ministère de la Citoyenneté et de l’Immigration. En fait, le comité a entendu M. Rick Stewart, sous-ministre adjoint délégué des Opérations au ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration. Il a décrit de façon très succincte la politique en place et son fonctionnement.
M. Stewart a fait remarquer que la réunification des familles est un élément clé de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. Il a dit que le ministère et le gouvernement reconnaissent que l'intégration à la société canadienne est facilitée lorsque les membres d'une même famille peuvent rester ensemble, et que ces derniers ont ainsi plus de chance de réussir. Il est excellent que le ministère ait réitéré ce point.
M. Stewart a parlé des deux situations où sont traitées des demandes de parrainage de conjoint au Canada. Il y a d’abord le cas des demandeurs en règle: les époux et conjoints de fait se trouvant déjà au Canada peuvent présenter une demande de résidence permanente au titre de la catégorie des époux ou conjoints de fait au Canada. Pour être admissible au titre de cette catégorie, le demandeur doit résider au Canada avec son époux ou conjoint de fait répondant et doit être autorisé à séjourner temporairement au Canada.
Le deuxième type de demande dont M. Stewart a parlé est celui des demandeurs qui n'ont pas de statut. Il a fait remarquer que beaucoup des demandeurs appartenant à la catégorie des époux ou conjoints de fait au Canada ont un statut légal temporaire. Cependant, en 2005, une politique publique a été adoptée afin de permettre aux époux et conjoints de fait qui sont au Canada sans statut d'immigrant, y compris les personnes dont la demande de statut de réfugié a été rejetée, de faire une demande dans la catégorie des époux ou conjoints de fait au Canada, et leur demande sera traitée comme telle.
Il a ajouté que cette mesure a été mise en oeuvre pour faciliter la réunification des familles dont les époux ou conjoints de fait vivent déjà ensemble au Canada, mais qui ne jouissent d'aucun statut à cause de certains facteurs techniques qui les rendent inadmissibles. Il a précisé que ces facteurs comprennent le fait d'être resté plus longtemps que ne le permettait leur permis temporaire, le fait d'avoir travaillé ou étudié sans autorisation, d'être entré au Canada sans avoir un passeport en règle, le visa requis ou d'autres papiers , ou le fait qu'une demande de statut de réfugié a été rejetée.
Il a indiqué que la possibilité, pour ces personnes, de faire une demande dans ces cas-là leur permet de rester au Canada pour une période de 60 jours, afin de faciliter le traitement de la demande à l'étape du renvoi en principe. Cependant, pendant cette période, les demandeurs n'ont pas le droit de demander un permis de travail jusqu'à ce qu'ils aient obtenu l'approbation de principe. Outre la période de 60 jours applicable au sursis de renvoi, une fois obtenue l'approbation en principe, le demandeur se voit accorder un sursis supplémentaire jusqu'à ce qu'une décision finale soit rendue.
Voilà la politique en vigueur et son fonctionnement.
Le comité veut faire valoir la nécessité de tenir compte de ces circonstances précises. Quand le demandeur n'a absolument aucun antécédent criminel et qu'aucune question d'ordre légal n'est en cause, si ce n'est des questions se rapportant au statut légal au Canada, le statut d'immigrant, la personne devrait pouvoir rester au Canada jusqu'à ce que la demande présenté au Canada ait été entièrement traitée et qu'une décision ait été rendue. C'est très raisonnable.
Nous avons toujours dit que la politique d'immigration du Canada ne visait pas à séparer les familles. Je me souviens d'avoir répété cela à bien des électeurs au fil des ans, lorsque je travaillais au bureau de circonscription et maintenant à titre de député. Cela a toujours été considéré comme l'un des principes fondamentaux de notre système d'immigration. Le Canada ne cherche pas à séparer les familles, et nous devrions faire de cela une des grandes priorités, sinon la priorité numéro un, de notre politique d'immigration.
Nous savons tous le terrible traumatisme et la frustration que cause la séparation des familles. Nous avons entendu ce matin, au cours du débat, des exemples de situations qui se produisent lorsque des familles sont séparées à cause de la façon dont notre politique d'immigration et notre système de traitement sont appliqués. Nous savons que c'est très difficile pour toute famille confrontée à cette situation. C'est particulièrement traumatisant lorsqu'on a l'impression que c'est à cause d'une technicalité ou d'un excès de zèle dans l'application de la loi que ces gens seront séparés, particulièrement lorsque nous savons qu'ils finiront par pouvoir revenir au Canada. Ils se trouvent forcés de quitter le pays, à grands frais pour les contribuables canadiens, et de soumettre ensuite une autre demande qui devra être traitée, à grands frais pour les contribuables canadiens. Cela ne semble pas être une approche raisonnable.
Il y a de nombreux cas où cela est très pénible pour les personnes concernées. Je pense que nous en avons probablement tous des exemples.
J'ai travaillé auprès d'une famille de ma circonscription dont un membre avait fait une demande au Canada. Une erreur a été commise et la personne parrainée a quitté le Canada. Lorsqu'elle est revenue, on lui a refusé l'entrée et elle a été renvoyée sur le champ. À ce moment-là, son conjoint n'a pas eu la permission de la voir avant son renvoi. Cette personne était tellement traumatisée et bouleversée qu'elle a été malade dans l'avion avant qu'il décolle et elle a dû être admise à un hôpital près de l'aéroport. Là encore, le conjoint n'a pas pu la voir, ce qui était incroyablement dur pour eux, étant donné le traumatisme subi, de même que les espoirs et les attentes qu'ils avaient. La situation était compliquée du fait que la femme était enceinte. Ils attendaient leur premier enfant, dont la naissance n'allait pas tarder, et ils étaient heureux à l'idée de fonder leur famille au Canada.
La situation était très difficile à vivre. On a finalement renvoyée la femme, puis son conjoint au Canada a dû aller à l'étranger pour être à ses côtés lorsque l'enfant est né. Maintenant, ils attendent qu'elle et l'enfant reviennent au Canada. Difficulté de plus: le conjoint a dû quitter son emploi pendant un certain temps. Pendant ce temps, le revenu familial est menacé, alors qu'ils tentent de démêler la situation et que lui essaie d'être avec son épouse et leur enfant à ce moment très important de leur histoire familiale.
Nous voyons tous des cas semblables. Bien sûr que des erreurs sont commises, mais ce qui pose problème, c'est la façon dont le gouvernement, le ministère et la société réagissent à ces situations très difficiles, qui font appel aux sentiments humanitaires et à la compassion et qui se produisent constamment.
Même si je ne pense pas que cela vise précisément le cas dont je viens de parler, les membres du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration jugent que nous devrions avoir la souplesse nécessaire pour aborder ces situations de façon équitable et humaine et ne pas soumettre ces gens à des délais arbitraires.
Un des éléments clés de la motion concerne le sursis de renvoi de 60 jours de la politique actuelle. Il est très arbitraire. J'ai lu dans les témoignages entendus par le comité que le nombre de personnes renvoyées n'était peut-être pas si élevé et qu'on n'appliquait pas la période de 60 jours de façon très rigoureuse, ce qui est probablement une bonne chose. Toutefois, le fait est qu'on l'applique de temps à autre et c'est une cause de grandes difficultés pour les personnes concernées.
Le comité a recommandé d'accorder un sursis illimité lors de la première demande jusqu'à ce qu'une décision ait été prise, ce qui est tout-à-fait raisonnable. Nous ne devrions pas tenter de renvoyer qui que ce soit pendant cette période tant qu'une décision n'a pas été prise au sujet de la demande de parrainage. Si la période de 60 jours est appropriée, je ne comprends pas pourquoi il n'est pas approprié d'attendre la fin du traitement d'une demande puis d'admettre la personne au pays, ou la renvoyer si sa demande pose problème. Le rapport du comité nous semble très pertinent et je l'appuie entièrement.
Il y a d'autres questions connexes. Pourquoi expulserions-nous une personne qui a présenté une demande fondée sur un motif d'ordre humanitaire au ministère et au gouvernement? Toute demande fondée sur un motif d'ordre humanitaire sérieux devrait faire l'objet d'une décision finale avant que le demandeur ne soit renvoyé du pays.
Je sais que la motion ne porte pas sur cette question, mais il s'agit de toute évidence d'un autre secteur où nous pourrions modifier la politique pour qu'elle réponde mieux aux besoins des familles canadiennes. Cela ferait en sorte que leurs priorités figurent en tête de liste des politiques du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration et de celles du gouvernement du Canada. Espérons que le Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration aura l'occasion d'examiner la politique et de trouver la meilleure formule pour les familles canadiennes à cet égard.
Quand j'entends le gouvernement s'insurger contre une recommandation raisonnable du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration, comme celle dont nous sommes saisis, je m'interroge sur son engagement à l'égard de la réunification des familles au Canada. Pendant de nombreuses années, la réunification des familles a été un des principes clés de notre programme d'immigration. C'est l'un des principes sur lesquels a reposé l'immigration au Canada. C'est l'une des pierres angulaires sur lesquelles l'immigration au Canada est censée reposer et l'une des raisons pour lesquelles notre programme dans ce domaine a connu tant de succès.
Le gouvernement a remis en question la nécessité de modifier cette politique en présentant un rapport dissident à celui du comité. C'est regrettable parce que cela montre que, sur bien des plans, l'actuel gouvernement affaiblit l'engagement du gouvernement à l'égard de la réunification familiale. Le comité nous demande d'examiner une politique tout à fait raisonnable qui contribuerait à renforcer les liens familiaux et la place de la famille au Canada. Malheureusement, les conservateurs ont nié cette réalité et ils n'ont pas voulu appuyer cette politique lorsque le comité en a discuté.
Le gouvernement a également trouvé d'autres façons de faire marche arrière en ce qui concerne la réunification des familles au Canada. Je me rappelle la première fois où le ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration, qui est actuellement , a témoigné devant le Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration, après l'arrivée au pouvoir des conservateurs. C'était une occasion très importante. C'était la première fois qu'un ministre d'un nouveau gouvernement comparaissait devant un comité permanent pour discuter de questions importantes liées à des politiques concernant le fonctionnement de ce ministère. Ce fut très instructif. Le ministre a exclu la réunification des familles de la liste des principes clés du système d'immigration.
C'était peut-être un oubli. Cependant, on pourrait croire que, pour la première comparution d'un nouveau ministre d'un nouveau gouvernement devant un comité permanent justement chargé d'examiner les politiques de ce ministre, sa déclaration serait très réfléchie, que tous les mots seraient bien pesés, que chaque phrase et chaque paragraphe seraient le fruit d'une grande réflexion. On ne s'attendrait pas à ce que soit une déclaration de dernière minute, une déclaration rédigée à toute vitesse. Qui plus est, on ne s'attendrait même pas à ce que le ministre lui-même se soit assis devant son ordinateur pour la rédiger juste avant sa comparution devant le comité. Je pense que la déclaration du ministre avait soigneusement été réfléchie auparavant.
Dans le passé, même dans notre droit de l'immigration, nous pouvions discerner les principes directeurs de notre politique de l'immigration. Ces principes sont une sorte de mantra qui a été récité par tous les partis de la Chambre pendant des années. Nous avons dit que l'immigration était importante pour l'édification du Canada. Nous avons parlé de la politique en matière d'immigration et de réfugiés. Nous avons dit que cette politique était déterminante pour la protection des réfugiés vulnérables. Nous avons toujours affirmé, dans ce mantra, que la réunification des familles était un principe cardinal de notre politique en matière d'immigration.
Par conséquent, le fait que le ministre précédent ait laissé tomber la réunification des familles de la liste voulait tout dire. Je ne crois pas qu'il s'agissait d'un simple oubli. C'était sûrement voulu. En examinant les diverses politiques et décisions du gouvernement, nous avons constaté que c'était probablement une indication de l'orientation du gouvernement. Il ne fait pas de doute que sa position au sujet du rapport du comité en est une autre manifestation.
Nous pouvons visiter le site web du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration. Lorsqu'on parcourt les pages principales du site web du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration à la recherche de catégories et de descriptions générales de notre politique de l'immigration, il est impossible de trouver la phrase « réunification des familles ». Personnellement, je n'ai rien trouvé. On peut y trouver la demande de parrainage familial, mais, dans les descriptions de notre politique en matière d'immigration et de ses objectifs, le gouvernement a laissé tomber la réunification des familles. Encore une fois, il s'agit d'un grave oubli qui montre bien l'orientation du gouvernement en matière d'immigration.
Nous constatons encore la même chose dans tout le débat entourant le projet de loi et dans la tentative du gouvernement d'enfouir dans un projet de loi budgétaire une mesure concernant l'immigration, mesure qui conférerait au ministre l'important pouvoir de rejeter d'emblée des demandes conformes sans même les examiner. Les conservateurs disent que c'est un moyen de réduire l'arriéré et d'accélérer le traitement des nombreuses demandes soumises. Cependant, dans ce coin-ci de la Chambre, nous ne pensons pas qu'autoriser le ministre à rejeter d'emblée les demandes de son choix constitue une manière acceptable d'appliquer la politique en matière d'immigration et de trancher les demandes. Toutes les demandes recevables devraient être soigneusement examinées par le ministère et le gouvernement.
Ici aussi, les familles craignent, avec raison, que leur besoin d'être réunies et d'accueillir les leurs au Canada soit facilement écarté au profit d'autres priorités qui retiendraient davantage l'attention du gouvernement.
Nous savons que le traitement des demandes d'immigration au Canada présente un énorme arriéré. Le gouvernement s'est fixé des objectifs. Il veut traiter environ 265 000 demandes cette année. Cependant, il a aussi créé une nouvelle catégorie de demandes permettant aux travailleurs étrangers temporaires et aux étudiants étrangers de présenter une demande à partir du Canada pour pouvoir y rester à titre de résident permanent. Sauf erreur, on acceptera 25 000 demandes dans cette catégorie, mais ce nombre est inclus dans l'objectif total du gouvernement. Cela signifie que la part réservée aux demandes de réunification familiale sera moindre.
L'attitude du gouvernement envers la réunification des familles est tout à fait inacceptable. Son refus d'appuyer la recommandation raisonnable et circonscrite du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration témoigne encore une fois de son incapacité à saisir l'importance de réunir les familles et de leur permettre de rester ensemble une fois au Canada. J'espère que le gouvernement reconsidérera la chose et qu'il décidera ultimement d'appuyer la motion en vue d'adopter le rapport du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration.
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Monsieur le Président, j’apprécie l’intervention du secrétaire parlementaire et son travail dans ce dossier. Je sais qu’il est souvent difficile pour un secrétaire parlementaire de participer aux discussions d’un comité sur des politiques tout en étant là pour défendre la position du gouvernement à l’égard de ces politiques. Je sais que le secrétaire parlementaire a travaillé fort pour composer avec tous ces aspects qui entrent parfois en contradiction au comité.
Je ne pense pas qu’il soit nécessaire aujourd’hui de définir ce qu’est un crime grave. Cette définition devrait venir au cours du processus, si jamais la motion était adoptée. C’est le gouvernement qui y verrait. Je pense que c’est clair. Nous pouvons tous faire la distinction entre un acte grave et un acte bénin. À mon avis, une infraction au code de la route n’est pas un crime grave.
Ma tâche ici ne consiste pas à fournir une définition, car le débat porte sur une motion d'approbation d'un rapport de comité qui demande au gouvernement de revoir une politique qui est en place depuis des années. Je pense que c’est quelque chose à élaborer. Cela pourrait bien revenir au comité à un moment donné. Je doute qu’en ma qualité de député, il me revienne de fournir une telle définition.
Quant au permis de travail, je suis convaincu que c’est un aspect essentiel de la recommandation. Je pense qu’il est très important que les familles qui se trouvent au Canada et qui sont visées par le processus de l’immigration aient la possibilité de gagner un revenu décent. Nous savons tous que le travail des deux conjoints est une réalité pour la plupart des couples canadiens, et pas seulement chez les immigrants. Pour gagner le revenu nécessaire, pour avoir le niveau de vie souhaité, les deux conjoints doivent travailler. Insister pour que, dans le cas d’une demande de parrainage de conjoint au Canada, un des époux ne soit pas admissible au travail, c’est faire indûment des difficultés à cette famille. D’après moi, le comité a formulé une recommandation très raisonnable, et j’espère que le gouvernement y donnera suite.
Le secrétaire parlementaire a demandé ce qui se passerait dans le cas d’une décision négative. Je réponds que je suis d’accord avec l’idée d’avoir un programme de renvoi. Je pense que si une personne n’est pas admissible, si elle a commis un acte criminel, si, pour une raison ou une autre, son statut d’immigrant lui est refusé à la fin d’un processus équitable, après un appel, cette personne doit être renvoyée du Canada.
Je pense que le renvoi est un aspect de notre politique en matière d’immigration qui mérite d'avoir toute l'attention nécessaire. Je ne nie pas que ce soit un aspect important de notre politique en matière d’immigration, un de ces aspects qu'il y aurait moyen de retravailler.
L’absence de toute politique de renvoi signifierait que nous n’avons pas une politique efficace en matière d’immigration au Canada. Nous devons nous intéresser à ces questions. Je ne crois pas dans un interminable processus d’appel. La personne qui fait quelque chose de mal devrait en subir les conséquences. Je crois vraiment que, si une décision a été rendue d’une manière équitable et appropriée, le renvoi est un élément du processus qui devrait être engagé, et que c’est tout à fait correct.
Je ne pense pas qu’il y ait lieu d’hésiter à engager un processus de renvoi quand la demande a échoué et que le processus d’appel a échoué; c’est la mesure à prendre dans les circonstances.
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Monsieur le Président, comme vient de le dire le député de , les députés du Nouveau Parti démocratique, et tous les députés je crois, participent de près au débat concernant l'immigration ces derniers temps justement parce que nous avons constaté le démantèlement systématique, sinon quelque peu subversif, par le gouvernement, de certaines des traditions et des pratiques les plus importantes auxquelles nos politiques d'immigration doivent leur succès au fil des années.
Si notre pays est fort et fait l'envie du monde, c'est en raison de notre politique d'ouverture à l'égard des personnes qui viennent dans notre pays, décident de s'y établir pour améliorer leur sort et contribuent à l'édification d'un monde meilleur. C'est un fait et c'est une réalité. Nous avons donc dû être ouverts aux familles qui fuyaient des situations désespérées. Nous avons dû être ouverts à des politiques qui permettaient à de nouveaux immigrants d'occuper des emplois grâce auxquels nous bâtissions les infrastructures de notre pays. Et la politique de réunification des familles est au coeur même d'une politique d'immigration réussie.
Or, nous avons assisté ces derniers temps à un glissement discret, quoique très mal déguisé, de la part de notre gouvernement, dans l'élaboration de politiques visant nos pratiques futures en matière d'immigration. De telles pratiques sont beaucoup plus axées sur la notion étroite de l'exploitation d'une main-d'oeuvre étrangère à bon marché, ce qui est tout le contraire de l'idée de faire preuve d'ouverture et d'accueillir de nouveaux immigrants à titre de participants à part entière à la famille canadienne. On constate également un resserrement des exigences concernant la réunification des familles.
C'est la raison pour laquelle la porte-parole en matière d'immigration du Nouveau Parti démocratique, avec l'appui du caucus, a proposé aujourd'hui une motion d'adoption visant à appuyer une proposition fort simple, proposition qui avait été entérinée par la majorité des membres du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration.
Le comité recommande que le gouvernement permette à toute personne, sauf si elle a commis un crime grave, qui a présenté une première demande de parrainage au Canada de son époux ou conjoint de fait d'obtenir un permis de travail temporaire et un sursis de renvoi automatique jusqu'à ce qu'une décision soit rendue à l'égard de sa demande.
Nous appuyons fermement cette recommandation puisqu'il est établi que le fait de renforcer les liens de couples et les rapports familiaux est une des clés de la réussite pour l'établissement de nouveaux immigrants dans notre pays. Nous ne pouvons rien faire de plus important pour garantir que les familles s'épanouissent, et que les personnes qui participent à la population active soient épaulées par leur famille et que, d'une façon générale, elles s'intègrent plus facilement et plus harmonieusement à la société dans son ensemble.
Ce que nous reconnaissons ici, c'est que, compte tenu de ces constatations et des pratiques antérieures, il est incohérent de notre part d'envisager cela, sauf si nous savons qu'il existe un dossier criminel. Tous ceux qui sont intervenus ont soutenu, comme nous, qu'un dossier criminel est un motif raisonnable pour refuser quelqu'un, pour ne pas lui donner le bénéfice du doute, et c'est vraiment cela que nous disons. Autrement, nous devons reconnaître qu'exiger la rupture d'une relation et le renvoi d'une personne coincée dans un arriéré de plus de 900 000 cas dans notre système d'immigration est une politique contre-productive qui manque de vision. Exiger que ces gens quittent le pays alors que, dans la vaste majorité des cas, on les acceptera, car ils sont exactement le genre de personnes que nous voulons pour construire le Canada, est une politique contre-productive à très courte vue.
Nous avons besoin de beaucoup plus d'immigrants au pays. Nous le répétons sans cesse au monde et nous le disons entre nous. D'ailleurs, il s'agit là d'une politique pratique et humanitaire. Dans le contexte du Canada atlantique, j'ai déjà entendu quelqu'un, mais j'oublie qui, parler des problèmes d'exode. Nous perdons une bonne partie de notre main-d'oeuvre qui cherche de meilleures conditions ailleurs. En outre, beaucoup de nos jeunes n'ont pas d'autre choix que de quitter le Canada atlantique de nos jours simplement pour payer leur lourde dette d'études. Ils doivent partir pour s'établir là où les revenus leur permettront de payer leur dette en temps voulu. Ils sont donc attirés dans des endroits où ils auront, entre autres avantages, des emplois mieux rémunérés.
Je me souviens d'avoir entendu quelqu'un dire que tout ce qu'il fallait aux provinces atlantiques pour résoudre leurs problèmes, c'était deux ou trois millions d'immigrants. C'est la situation qui se présente au pays. Le Canada a besoin d'un plus grand nombre d'immigrants, alors pourquoi ne pas adopter des politiques qui garantiront aux néo-Canadiens les meilleures conditions de départ qui soient pour qu'ils se bâtissent leur nouvelle vie?
Pourquoi n'adoptons-nous pas des politiques qui, à l'instar de la recommandation que vient de faire le Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration, permettront aux étrangers d'obtenir un permis de travail temporaire lorsqu'ils sont en attente d'une décision concernant leur demande pour demeurer au pays avec leur conjoint ou partenaire? De nombreux emplois ne trouvent pas preneur ou trouvent preneur seulement au bout d'une longue recherche de la part de l'employeur en raison des pénuries de main-d'oeuvre à bien des endroits au pays.
Je reviens à la question de la réunification familiale. Nous savons qu'il n'y a rien de plus dévastateur pour une famille que d'être obligée de se scinder à cause de pressions ou de difficultés économiques ou encore à cause d'une mauvaise politique d'immigration. Un membre de la famille doit quitter non seulement son milieu, mais aussi le pays.
De pareils cas nécessitent une décision reposant sur des considérations non seulement pratiques, mais également humanitaires.
Comme mes collègues, je suis consternée du changement radical de politique que l'on a essayé de maquiller maladroitement. Malgré ce maquillage, nous sommes parfaitement capables de voir le danger. Le gouvernement est en train d'essayer d'apporter certains changements importants dans l'orientation de la politique canadienne d'immigration en dissimulant ces changements au fond d'un budget et en sachant fort bien que ce n'est pas la voie à suivre.
Je suis très heureuse qu'aujourd'hui, on puisse débattre de cette question. Je pense que le débat permet de mettre en évidence la compassion qui anime la plupart des Canadiens, mais aussi de traduire cette compassion sous la forme d'une politique très concrète pour faire de l'immigration une réussite, pour aider les immigrants à s'établir et pour doter le pays d'une solide économie.