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Je déclare la séance ouverte.
Je souhaite à tous la bienvenue à cette 37e réunion du Comité permanent du patrimoine canadien, qui se tient conformément à l'ordre de renvoi du vendredi 6 mars 2009 sur le projet de loi
Nous allons commencer par entendre un bref exposé des représentants de Postes Canada, à qui nous pourrons ensuite poser une série de questions, mais en nous efforçant de nous limiter à une vingtaine de minutes, afin de disposer du temps nécessaire pour la seconde partie de cette réunion.
Je vais donc demander aux représentants de Postes Canada de se présenter, tout comme je le ferai pour le second groupe de témoins, parce que ma maîtrise de l'italien laise à désirer, tout comme celle du français d'ailleurs.
Messieurs de Postes Canada, la parole est à vous.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je m’appelle Robert Waite. Je suis le premier vice-président, Responsabilité sociale de l'entreprise, de la Société canadienne des postes et je préside aussi le Comité consultatif sur les timbres-poste. Je suis accompagné d’Elia Anoia, notre directrice du Service de livraison des produits détaillés, qui sera en mesure de me fournir des renseignements techniques, si besoin est.
Monsieur le président, merci de m'avoir invité à témoigner aujourd'hui. En tant que président du Comité consultatif sur les timbres-poste de Postes Canada, je suis heureux d'être ici pour vous donner les grandes lignes de la Politique sur le choix des sujets des timbres-poste et discuter des timbres-poste en général.
Les timbres canadiens sont reconnus à l'échelle internationale. Ils sont depuis longtemps une source de fierté pour les Canadiens. À travers le programme de timbres, nous célébrons l'héritage de notre pays tout en essayant de capturer l'essence du Canada et ce que c'est que d'être Canadien pour le partager avec le monde entier. Les timbres canadiens célèbrent et promeuvent notre histoire, nos héros et personnalités de renom, ainsi que les réalisations et passions du peuple.
La sélection des timbres est effectuée de manière non politique et à distance du gouvernement, de même que toutes les opérations de Postes Canada. Le processus de sélection des sujets de timbres s'articule autour d'une invitation lancée à tous les Canadiens à participer en proposant des sujets d'illustration.
Peu importe l'année, Postes Canada reçoit entre 500 et 600 propositions de sujets ou événements qui pourraient être célébrés par un timbre ou une enveloppe commémorative. En moyenne, seulement 20 sujets se mériteront un timbre-poste, et à peine deux ou trois auront une enveloppe commémorative. Le Conseil d'administration de Postes Canada approuve le programme selon les recommandations du comité consultatif.
La plupart des pays ont un tel comité. Le nôtre est composé de Canadiens provenant des quatre coins du pays, choisis pour leurs connaissances en histoire, en conception graphique ou en philatélie. Créé en 1969, il avait pour but de guider la sélection des sujets de timbres. Sa composition reflète les populations de langue française et anglaise ainsi que la diversité géographique et ethnique du pays.
Le comité consultatif utilise les critères suivants pour étudier les suggestions de sujets.
Premièrement, le sujet doit exercer un attrait sur de vastes segments de la population canadienne et encourager les citoyens de tous âges à collectionner des timbres.
Ensuite, les sujets doivent être en relation avec le Canada et avoir une certaine importance nationale. Par exemple, ils doivent faire référence à l'histoire du Canada, à ses traditions, à ses réalisations ou à son patrimoine naturel. Ces sujets peuvent également illustrer la vie sociale, culturelle, politique ou économique du Canada.
Souvent, ils rendent hommage à des gens, à leur travail, leur naissance ou un événement marquant de leur vie. De cette façon, leur contribution remarquable au développement du pays est reconnue et célébrée.
Le comité favorise les sujets qui contribuent à accroître la réputation d'excellence des timbres-poste canadiens et du Canada, tant au pays que dans les cercles philatéliques internationaux. De plus, Postes Canada ne ménage pas ses efforts pour maintenir un équilibre régional et culturel dans le choix des sujets et des motifs afin que les timbres reflètent fidèlement tous les aspects de notre nation.
J'ai apporté des exemplaires des programmes des timbres-poste de 2009 et de 2010 pour vous donner des exemples de sujets retenus. Parmi les sujets les plus populaires, mentionnons les Artistes canadiens de la chanson, le timbre du Jour du souvenir récent et celui marquant le centenaire des Canadiens de Montréal. Notons parmi les sujets d'importance les timbres pour célébrer les Jeux olympiques d'hiver 2010 de Vancouver et le 100e anniversaire de la marine canadienne.
La procédure de sélection des timbres est longue. Il faut faire une évaluation compréhensive des centaines de propositions reçues. Lorsqu'un sujet est choisi, on doit allouer du temps pour effectuer les recherches requises ainsi que concevoir et produire les timbres et en faire la promotion.
Conséquemment, nous informons les personnes intéressées à proposer des sujets de timbres qu'elles doivent le faire au moins deux ans avant le début de l'année d'émission visée. Il s'agit d'un aspect important à considérer pour les personnes recommandant des sujets se rapportant à des anniversaires ou d'autres manifestations rattachées.
Nous recevons des suggestions de la part d'un large éventail de personnes qui reflètent la diversité des intérêts du pays. Nous avons aussi déjà reçu bon nombre de suggestions concernant, par exemple, le traitement imposé à des groupes ethniques par le passé.
En ce qui à trait à notre sujet aujourd'hui, la clause concernant les timbres-poste du projet de loi , remettons-nous dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale. À cette époque-là, plusieurs groupes ont été internés, dont des Canadiens d'origine allemande, italienne et japonaise. Récemment, des Canadiens d'origine ukrainienne et croate nous ont envoyé des demandes similaires de timbre.
Jusqu'à présent, après avoir considéré les suggestions avec attention, le Comité consultatif n'a pas recommandé ces sujets pour qu'ils soient inclus dans le programme. J'aimerais inviter les membres à lire le dépliant concernant la Politique sur le choix des sujets des timbres-poste que j'ai amené ici.
J'aimerais également réitérer que Postes Canada est ouverte à toutes les propositions de sujets et qu'elle les étudiera avec diligence si elles sont soumises par la procédure établie.
Je me permets de vous remercier à nouveau de m'avoir donné l'opportunité de venir vous parler d'un programme qui est une des grandes fiertés de la société et, je crois, de tous les Canadiens.
Si les membres du Comité ont des questions, je me ferai un plaisir d'y répondre.
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Merci, monsieur le président
Je tiens aussi à remercier les témoins de s'être déplacés.
[Français]
Bonjour. C'est un peu particulier de commencer la réunion avec vous, parce que le projet de loi est beaucoup plus vaste et seulement un petit volet porte sur la création d'un timbre commémoratif.
Comme vous l'avez lu, le projet de loi est donc un projet de loi très vaste.
On s'intéresse maintenant à un élément très spécifique du projet de loi, et vous l'avez sûrement lu au dernier paragraphe, qui demande que:
5. Le ministre du Revenu national donne instruction à la Société canadienne des postes d’émettre un timbre-poste ou un jeu de timbres-poste pour commémorer l’internement des personnes d’origine italienne pendant la Seconde Guerre mondiale.
Si ce projet de loi est accepté, et puisque cette disposition se trouve dans le projet de loi, est-ce qu'une telle directive peut être donnée par un membre du gouvernement afin que la Société canadienne des postes émette ce timbre?
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Si je comprends bien, oui. La procédure normale est qu'un groupe nous adresse une proposition. Comme je vous l'ai dit, nous recevons même des lettres de premiers ministres, mais toutes sont traitées de la même façon, qu'elles proviennent d'un député ou d'un enfant. Certains des timbres que nous avons produits ont d'ailleurs été proposés par des enfants canadiens.
Je ne veux en rien vous manquer de respect au sujet de l'adoption de ce projet de loi. Si celui-ci doit être adopté, nous devrons l'étudier et nous demander comment procéder. Je tenais simplement à vous souligner qu'il est tout à fait inhabituel de recevoir une directive nous imposant de faire quelque chose comme ceci. Cela aurait des conséquences pour nous. Les collectivités japonaises, allemandes, ukrainiennes, etc. se manifesteraient sûrement et nous aurions alors du mal à prétendre que leurs causes ne sont pas comparables.
Au cours des décennies, nous avons voulu avec ce programme mettre en lumière les aspects positifs de la vie dans ce pays, y compris des collectivités qui y vivent. Au cours des années, nous avons produit de nombreux timbres ayant des thèmes italo-canadiens. J'en ai la liste, mais je ne veux pas perdre de temps précieux. Nous essayons d'honorer ainsi les diverses collectivités.
Comme je vous l'ai dit, nous devrions y réfléchir.
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Oui. Je vais partager mon temps avec M. Gourde.
Merci à tous deux d'être ici aujourd'hui. Vous pouvez me compter parmi les partisans du timbre Charlie Angus-Jack Munroe. Je m'en excuse, mais c'est un timbre que j'aimerais voir dans ma collection, même si je n'ai pas mon mot à dire.
Vous avez soulevé une question très importante, celle de la manipulation de Postes Canada à des fins politiques. En toute franchise, je crois que nous pourrions nous heurter à un problème réel, en particulier si nous avions un gouvernement majoritaire, avec toutes sortes d'ordres, de demandes et de suggestions de timbres qui pourraient avoir pour effet de manipuler les modalités que vous avez adoptées.
Vous avez mis en œuvre un processus indépendant et non partisan, sans manipulation, qui est dans les faits, indépendant du gouvernement, et j'imagine que vous souhaitez que les choses restent ainsi.
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Bien sûr. Nous recevons environ 500 à 600 demandes par an. Tout comme le personnel, je prends connaissance de toutes. Nous en dressons la liste pour les membres du comité, pour qu'ils les voient toutes. Il arrive cependant que certaines demandes soient inadaptées ou qu'il n'y ait, tout simplement, aucun intérêt à poursuivre leur étude.
Il y a deux ans, nous avons reçu une suggestion d'émission d'un timbre décrivant un futur premier ministre du Canada provenant des jeunes de notre pays. Nous ne voyions pas très bien comment nous pourrions concrétiser cette idée. Je suis convaincu qu'il y avait des parents qui auraient pu proposer certains candidats pour un tel timbre, mais nous avons décidé de ne pas consacrer beaucoup de ressources à cette proposition.
En règle générale, la sélection est ramenée à 50 ou 60 sujets parmi lesquels nous devrons en retenir une vingtaine. Cela devient une tâche très difficile, parce que nous nous efforçons de garder un équilibre illustrant les diversités régionales de notre pays. Quand nous avons consacré des timbres à des artistes ayant enregistré des disques, nous avons tenu à nous assurer que nous honorions aussi bien des artistes francophones qu'anglophones du Canada, ce que nous avons effectivement fait. Nous devons donc garder à l'esprit beaucoup de dimensions.
Nous accordons une attention toute particulière à une suggestion si elle vise à célébrer un anniversaire important de quelque chose. Nous fêtons cette année le 100e anniversaire de la Marine canadienne. Pourquoi aurions-nous dû retenir ce sujet? Eh bien, c'est une institution importante, et nous savons également, par expérience, que les timbres représentant des navires militaires sont vivement appréciés par les collectionneurs du monde entier.
Le processus de sélection impose donc la recherche intéressante d'un équilibre. Nous étudions les 40 à 60 sujets retenus en profondeur, et en discutons plusieurs fois. Les réunions durent toute la journée et sont parfois passablement animées. Tout comme M. Angus, nous avons parfois d'ardents défenseurs d'un sujet précis...
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je tiens à remercier l'ensemble des membres du comité pour avoir invité notre fédération nationale à cette réunion.
Je vais prendre quelques minutes pour vous présenter les objectifs de la fédération nationale. Il s'agit de promouvoir et de favoriser des activités de loisirs, culturelles, sociales, artistiques, de bienfaisance, d'affaires et professionnelles au sein de la communauté italo-canadienne du Canada.
Nous sommes un groupe apolitique. Nous comptons de nombreux chapitres à travers le pays. Nous sommes ici pour défendre le projet de loi .
Notre exposé est probablement très court. La Fédération nationale des associations des gens d'affaires et professionnels italo-canadiens a toujours été à l'avant-scène de la campagne de réparation pour notre communauté italo-canadienne. La fédération a été mise sur pied deux années entières avant le Congrès national des Italo-canadiens et elle a fait équipe avec le Congrès national en 1990, ainsi qu'avec le Comité consultatif de la communauté italo-canadienne, pour tenter d'obtenir justice et un règlement équitable pour toutes les générations.
Notre principal objectif est de participer au processus de négociation du projet de loi .
Sal Mariani a été président de la fédération pendant les trois dernières années. Il m'accompagne aujourd'hui pour m'aider à répondre à vos questions. Je suis le président en exercice.
Good morning.
Je m’appelle Pal Di Iulio. Je suis le président du Comité consultatif de la communauté italo-canadienne pour le Programme de reconnaissance historique pour les communautés. Comme vous le savez sans doute, celui-ci relève de Patrimoine canadien.
Nous avons été invités à siéger à ce comité, au bon plaisir du ministre, dans le but d'aider à susciter des demandes au Programme de reconnaissance historique pour les communautés, d'aider à traiter ces demandes et, au bout du compte, de formuler au ministre, dans le cadre d'une bureaucratie parallèle, des recommandations sur les demandes émanant de la communauté italo-canadienne pour promouvoir, reconnaître et célébrer les activités, louables et parfois moins louables, de l'histoire canadienne. C'est ce que nous faisons.
M. Périn est vice-président. M. Papa est membre. Je suis de Toronto. M. Papa vient de Montréal et M. Périn est à la fois de Montréal et de Toronto. Nous sommes les trois seuls membres jusqu'à maintenant.
Comme le président l'a indiqué, la Fédération nationale des associations des gens d'affaires et professionnels italo-canadiens a été à l'avant-scène de cette question de réparation depuis la fin des années 1980 et le début des années 1990. Nous avons participé au processus avec d'autres associations, comme le Congrès national et, à l'époque, le Comité consultatif de la communauté italo-canadienne.
Depuis cette époque, nous avons participé à tous les processus, aussi bien en ce qui concerne la réparation que comme signataires du Programme de reconnaissance, de commémoration et d’éducation. La fédération nationale et les autres associations ont donc participé au Programme de reconnaissance, de commémoration et d’éducation et ont paraphé ce document.
La fédération nationale a donc fait partie du processus.
Je remercie nos témoins.
Comme Canadien très fier de son héritage italien, je vous déclare que je m'oppose au projet de loi . Je suis d'avis qu'il pose des problèmes très graves et je suis en vérité surpris, à plusieurs titres, que vous lui apportiez votre appui. Il me semble qu'il va diviser la communauté italienne de façon tout à fait dommageable.
Je suis fier d'avoir siégé à la direction du Peterborough and District Italian Club. Je suis fier d'avoir levé des fonds pour le programme de secours l'Aquila. Nous allons remettre un chèque d'un montant élevé à Oshawa. J'y ai travaillé avec quelqu'un s'occupant des levées de fonds à St. Catharines. J'ai visité les sites endommagés avec M. Di Iulio l'été dernier. J'ai perdu mon grand-père, il y a quelques années, qui était dans ma famille mon dernier lien direct avec l'Italie, mais je me sens toujours lié à l'Italie et, très certainement, à la communauté italo-canadienne.
Pourtant, quand je lis le projet de loi, je relève des problèmes, comme le fait que le Congrès national des Italo-canadiens soit le seul organisme à y être mentionné.
Votre groupe est évincé, monsieur.
Et votre groupe aussi est certainement évincé, monsieur.
Il met en place un fonds de dotation dont ils seront seuls à décider de la répartition. Ne pensez-vous pas que cela va diviser la communauté italo-canadienne? Je peux vous dire, uniquement parce que je siège au conseil d'administration de mon club italien local, que l'argent dépensé par le club sur quelque initiative que ce soit soulève des passions au sein de la communauté italienne.
Je suis d'avis que s'ils doivent ne pas tenir compte d'organisations importantes au pays, ce que ce projet de loi fait, cela va diviser et non pas unir la communauté italienne. N'êtes-vous pas d'accord?
Monsieur Di Iulio, est-ce que l'idée d'instituer un fonds de bourses, qui est l'un des éléments qu'ils veulent créer, a quelque chose à voir avec la reconnaissance ou la commémoration de ce qui s'est passé?
Je peux vous dire que ma famille s'est développée dans le Nord de l'Ontario. Mon grand-père a eu la chance d'obtenir un emploi au Chemin de fer Canadien Pacifique peu de temps après être arrivé à Halifax et il a été victime d'une très grande discrimination. Il est arrivé avec sa famille en 1927. Quand la guerre a été déclenchée, c'était la seule famille italienne de la ville, et c'est pour cela qu'on leur en voulait. Mon père s'appelait Enrico Guiseppe, mais a changé son prénom pour Hank, parce qu'il ne voulait pas qu'on sache qu'il était italien.
C'est le genre de honte que cette mesure a fait subir à ma famille. Je ne vois pas en quoi un fonds de dotation, qui permettrait de mettre sur pied un fonds de bourse dont l'utilisation serait décidée de façon arbitraire par un conseil, va faire quoi que ce soit pour faire reconnaître que les brimades dont des familles comme la mienne ont été victimes étaient une profonde injustice.
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Les fonds de bourses sont une bonne chose, mais la raison pour laquelle je suis impliqué avec passion est que je suis d'avis que, malheureusement, nous ne connaissons pas toute notre histoire canadienne et, dans de nombreux cas, la communauté italo-canadienne de toutes les régions du Canada l'ignore. Cela varie selon les régions. Ainsi, les gens s'intéressent un peu plus à ces questions à Montréal. Dans d'autres régions du pays, ils ignorent ce qui s'est passé ou l'ont oublié.
Il est important de rendre hommage, de conserver des traces et de célébrer. Il est important de veiller à ce que cela figure dans les livres d'histoire, à tous les niveaux de scolarité, en particulier au secondaire, parce que les Canadiens ont tendance, à tort, à abandonner rapidement l'étude de l'histoire. Lorsque de nombreuses personnes arrivent à l'université, ou même au-delà, elles ignorent l'histoire, la façon dont étaient traités les Japonais, les Chinois et les Italo-canadiens. Ce n'est pas mon cas.
Le plus important est que nous tous ayons le sentiment d'avoir contribué à la construction de ce pays. À mes yeux, la communauté italo-canadienne constitue au choix les derniers pionniers ou les premiers immigrants. Je crois que c'est important. Nous tous, quel que soit le groupe dont nous venons, aimerions qu'on parle de nous dans ce miroir qu'on appelle l'histoire.
Ce programme, le Programme de reconnaissance historique pour les communautés, essaie précisément de faire cela et y arrive. Pourrait-il faire plus? Le fait de disposer de plus de temps, de plus d'argent et de gens plus compétents permet toujours de faire un meilleur travail, mais c'est au moins une tentative. C'est un bon début.
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Il s'agissait de 12,5 millions de dollars. C'était le chiffre, mais...
Une voix: Il s'agissait au début de 12,5 millions de dollars.
M. Frnck Moceri: Il s'agissait donc au début de 12,5 millions de dollars, mais depuis cette époque, je peux dire que des programmes ont été lancés, mais qu'ils n'ont jamais abouti, comme le Programme de reconnaissance, de commémoration et d’éducation qui a été mis de l'avant et jamais finalisé.
Y a-t-il eu d'autres programmes? Non, ce fut tout mais il ne s'est rien passé... Maintenant, nous avons le projet de loi qui constitue à l'évidence une étape dans la bonne direction pour nous assurer que les choses avancent.
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Merci, monsieur le président.
Je crois savoir que c'est le député de Saint-Léonard—Saint-Michel qui s'est levé à la Chambre et qui a présenté ce projet de loi. Je me suis personnellement félicité de cela parce que je connais très bien la communauté italienne. Mon père était un constructeur dans les années 1950, et les premières personnes qui sont arrivées d'Italie se sont presque toutes installées dans le quartier Villeray, où mon père pratiquait la construction. Plusieurs ont travaillé pour nous et ne disaient pas un mot de français ou d'anglais, ils travaillaient avec des foulards sur la tête. C'est ainsi qu'est née la communauté italienne de Montréal.
Je sais que, depuis longtemps, une partie de la communauté a été touchée par la Loi sur les mesures de guerre appliquée durant la guerre. Comme vous le savez, les Québécois sont, en principe, d'accord sur l'objectif du projet de loi qui est de reconnaître les injustices commises. Des Québécois ont subi le même type d'injustices. Vous vous rappelez la Loi sur les mesures de guerre appliquée en 1970 au Québec. On a arrêté 400 Québécois pour absolument rien. On n'a jamais déposé d'accusations contre eux, ils n'ont jamais été amenés en cour, ils ont été mis en prison pour des raisons politiques, sans aucune indication qu'ils étaient coupables de quoi que ce soit. On comprend donc parfaitement l'injustice qui a été commise et on est d'accord pour la réparer de quelque façon que ce soit.
Ma question correspond un peu à celle qu'a posée M. McCallum. Je suis un peu sceptique à l'égard des choses que je ne comprends pas. M. Perin, vous avez dit tout à l'heure qu'il y avait actuellement unprocess in place. Quelle est exactement la différence entre ce qui est actuellement en place et ce qu'il y a dans le projet de loi ?
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Non. Il est scandaleux de les mettre sur le même pied.
Tout d'abord, le problème que pose ce projet de loi, et le problème qu'il y a à suivre ce processus, est que cela nous amène à nous éloigner de la question de la reconnaissance historique et à faire preuve de partisanerie politique.
M. Di Iulio a précisé un certain nombre de fois que les questions le mettent mal à l'aise. Elles le mettent mal à l'aise parce que vous essayez de prendre l'ensemble de la communauté italienne et de la diviser.
Une voix: [Note de la rédaction: inaudible]
M. Dean Del Mastro: Oui, tout à fait. C'est bien le problème que pose ce projet de loi.
La communauté italienne... Je vous dirais que mon grand-père, que j'adorais et respectais tant, est arrivé dans ce pays les poches complètement vides et qu'il a commencé à y faire sa vie. Toute la famille a réussi. Ce sont des gens qui ont travaillé fort. Ils ont gagné tout ce que ce pays leur a donné. Ils l'ont bien gagné.
Mais tous sont très fiers d'être Canadiens, extrêmement fiers, et au grand jamais... En réalité, je me souviens de façon très précise que mon grand-père m'a dit, en revenant d'Italie où il était allé rendre visite à sa famille, qu'il avait été très content d'y retourner, mais qu'il savait qu'il vivait dans le pays le plus génial de la planète. Je crois que beaucoup de Canadiens sont de cet avis, y compris ceux qui se trouvaient ici pendant l'internement.
Ce que beaucoup de membres de ce Parlement doivent comprendre est qu'il y a eu plusieurs vagues d'immigrants italiens au Canada. Il y a eu ceux qui sont venus avant la Seconde Guerre mondiale, puis il y a un trou, et une vague importante est arrivée dans les années 1950, qui s'est amplifiée dans les années 1960. Il y en a eu peu à venir dans les années 1970 et ils ont été peu nombreux, en regard de la taille de la communauté italienne, à être venus depuis. Leurs expériences n'ont pas été les mêmes selon l'époque à laquelle ils sont arrivés.
Il est certain que ceux qui sont venus dans les années 1950 et 1960, ceux qui étaient là avant eux et ceux qui sont venus plus tard ont travaillé dur pour gagner le respect des Canadiens, parce qu'ils n'étaient pas toujours traités sur un pied d'égalité. Il y a eu beaucoup de discrimination.
Comme enfant, j'ai été victime de discrimination parce que mon nom était inhabituel. Mon nom de famille est composé de deux mots, ce qui est rare. Beaucoup de gens étaient incapables de l'épeler ou de le prononcer. Face à ce type de situation, vous devez travailler dur pour gagner le respect des autres. Je suis fier d'être la première personne d'origine italo-canadienne à avoir jamais été élue dans ma circonscription. En réalité, je suis l'un des rares catholiques romains à avoir jamais été élu dans ma circonscription, ou au moins d'origine catholique romaine.
Je veux en venir maintenant à cette question des 12,5 millions de dollars promis par le Parti libéral. Ce parti a fait beaucoup de promesses. Alors que le Sommet de Copenhague s'en vient, ils ont promis de réduire nos émissions de gaz à effet de serre, alors qu'ils les ont fait augmenter de 35 p. 100. C'est une promesse qu'ils ont faite et ils ont même signé un contrat à cet effet. Ils ont promis d'instaurer un programme national de garderie. Ils ne l'ont pourtant pas fait. Ils ont promis d'éliminer la TPS, et ils ne l'ont pas fait non plus.
Ce sont eux qui formaient le gouvernement dans les années 1940. Ils ont été majoritairement au pouvoir des années 1940 jusqu'à nos jours. Ils ont pratiquement tout le temps formé le gouvernement. Ils ont dirigé le pays de 1993 à 2005. Si cette question était prioritaire pour eux, si ce projet de loi ne vise tout simplement pas à en retirer un avantage politique, et à diviser les gens, alors je ne sais pas comment le caractériser, parce qu'ils ont disposé de 13 ans pour faire ce qu'ils voulaient dans ce domaine.
Ce n'était pas une nouveauté. En 1988, Brian Mulroney a annoncé, au nom de tous les Canadiens, qu'il voulait s'excuser auprès de la communauté italienne. Si cela n'était pas suffisant... c'est ce que dit ce projet de loi: cela n'était pas suffisant.
D'accord, mais ils ont été au gouvernement pendant 13 ans. En 1988, dans le cadre du Programme de reconnaissance historique pour les communautés, un budget de 10 millions de dollars a été attribué à la fondation Taras Shevchenko pour commémorer l'internement de Canadiens pendant la Première Guerre mondiale. Il y avait donc un modèle. S'ils estimaient que ce que M. Mulroney avait fait à l'époque était insuffisant... Pendant 13 ans, ils n'ont rien fait à ce sujet, jusqu'à ce qu'ils se retrouvent sur leur lit de mort. Ils ont également signé l'accord de Kelowna littéralement quelques heures avant d'être mis dehors pour avoir volé l'argent des Canadiens.
Ensuite, ils magouillent comme c'est le cas aujourd'hui. Ils reviennent avec un projet de loi qui va diviser la collectivité. Celui-ci désigne un congrès italien précis qui va apparemment représenter tous les Italiens, alors que je sais fort bien que ce n'est pas vrai, parce que je connais tous les groupes.
J'ai participé à des déjeuners avec la Fédération nationale des associations des gens d'affaires et professionnels italo-canadiens de Toronto. J'ai assisté à des activités de la fondation Columbus. J'ai fréquenté les clubs italiens partout dans ce pays. Je me suis rendu à Vancouver à l'occasion de la remise des prix annuels des entrepreneurs italo-canadiens.
Ce sont des organismes distincts. Il n'y a pas d'organisme parapluie. Mettre sur pied un fonds qui aurait pour effet de diviser les gens, et croyez-moi, c'est ce que ce projet de loi ferait, serait revenir en arrière. Voilà ce que j'en pense.