:
Merci, monsieur le président.
[Français]
Bonjour à mes collègues. C'est un peu différent et énervant d'être de ce côté-ci de la table, mais j'espère que vous serez gentils envers moi.
[Traduction]
Je ne voudrais pas répéter ce que j'ai déjà dit au Parlement au cours de la deuxième lecture et du débat au sujet du projet de loi d'initiative parlementaire. En revanche, j'aimerais souligner certains points.
[Français]
Il n'y a aucun doute quant aux injustices qui ont été commises durant la Seconde guerre mondiale à l'égard des personnes d'origine italienne en raison de leur désignation comme sujets d'un pays ennemi.
[Traduction]
En gros, j'aimerais parler de la manière dont l'internement a été fait. Nous ne savons toujours pas combien de gens ont été internés. Il y a eu plusieurs évaluations. Nous savons que 6 000 personnes ont été arrêtées. Certains ont été détenus pour une nuit, et d'autres pendant trois à quatre années. L'on désigne d'habitude ces derniers comme étant les gens qui ont été internés.
Le nombre de personnes qui ont été envoyées à Petawawa est élevé. Je crois que 100 p. 100 de ces gens étaient des hommes, âgés de 16 à 70 ans. Étrangement, ils n'étaient pas tous Italiens. Certains ont été détenus tout simplement parce que leur nom de famille se terminait avec une voyelle.
[Français]
Beaucoup de personnes qui avaient un nom francophone ont été arrêtées.
[Traduction]
En ce qui concerne le nombre précis de gens détenus à Petawawa... L'on évalue ce chiffre à environ 700 personnes, mais il y a eu également des détenus dans trois autres camps. Il y avait un camp à l'île Sainte-Hélène et deux camps à Fredericton. Certaines personnes ont été transférées à Petawawa et d'autres n'ont jamais été transférées alors nous les avons perdues de vue. Il se peut qu'il y ait plus de 1 000 internés dont nous ne sommes pas au courant. Cela pose un autre problème.
Mettons cela en contexte. Ça s'est produit dans les années 1940, lorsqu'il y avait environ 112 000 Canadiens d'origine italienne. Sur ce chiffre, environ 40 000 étaient nés au Canada. Alors... Il y a eu 700 internés sur environ 112 000 Canadiens d'origine italienne. Si l'on compare ce chiffre avec les États-Unis, l'on y a interné 228 personnes sur environ 300 000 Américains d'origine italienne.
J'aimerais parler de l'incidence que cela a eue sur la vie de ces personnes. L'on a tendance à oublier l'incidence que cela a eue sur leur vie. Il faut se rappeler qu'il s'agissait des années 1940. C'était une époque différente. La culture était différente. Il s'agissait d'immigrants. Mais n'oublions pas que les gens qui ont été internés n'étaient pas tous des immigrants. Certains étaient au Canada depuis des générations et ne parlaient même pas italien. On les a accusés tout simplement parce que leur nom de famille était italien.
J'aimerais vous lire un extrait d'un article.
[Français]
C'est écrit en anglais, mais cela donne une bonne idée de la façon dont fonctionnait la culture italienne à cette époque.
[Traduction]
Le voici:
Mais ma grand-mère n'a pas parlé avec sa fille de l'internement jusqu'aux années 1950. Et elle n'en a parlé que brièvement. « Il n'y avait pas de raison d'en parler » a dit fermement ma grand-mère, une citoyenne américaine d'origine anglaise. « Nous avons chassé ce souvenir de nos esprits. Nous n'en avons pas parlé avec nos enfants jusqu'à ce qu'ils soient des adultes. Nous avions tellement honte. »
Cela explique le côté culturel de la chose. C'est une grand-mère qui en parlait.
Si vous lisez un peu plus loin dans l'article, vous verrez que:
Quand mon grand-père est mort en 1957, l'histoire de ce qui s'est passé est morte avec lui, comme il le souhaitait. Ma grand-mère nous dira uniquement qu'il était extrêmement déprimé au cours de son internement, qu'il craignait que cela gâcherait sa carrière et qu'il avait eu des problèmes de santé.
Bon nombre des histoires que l'on raconte sont racontées par des gens qui ne se trouvaient même pas dans les camps d'internement. Ce sont des histoires racontées par les familles. Elles ont été touchées même si elles n'étaient pas dans les camps d'internement.
Certaines personnes ont été tout simplement arrêtées car leurs parents étaient Italiens. Croyez-le ou non, la plupart d'entre eux étaient analphabètes.
[Français]
Ils ont été accusés d'être des espions. Ils ne savaient ni lire ni écrire, mais ils ont été accusés d'être des espions. Imaginez des familles qui reçoivent du courrier sur lequel est inscrit « POW ». À cette époque,
[Traduction]
Tout le monde regardait le courrier de leur voisin et observait qui rentrait et qui sortait. Et tout d'un coup vous receviez une lettre sur laquelle les initiales PG étaient estampées en rouge. Comment est-ce que vous pensez que cela a touché votre famille? Ces gens ont été détenus. Cela pouvait durer une semaine ou plus. Et l'on parle de gens qui étaient les seuls gagne-pain de leur famille. À l'époque, il fallait avoir un salaire hebdomadaire, si non, l'on perdait sa maison. Ils n'avaient pas assez d'argent pour payer le loyer.
Et malheureusement, ces histoires ont continué même après leur libération. Il y a des gens qui ont perdu leur entreprise. Les rumeurs, les insinuations et toutes sortes d'histoires continuent à circuler. Cela a détruit des familles.
[Français]
C'est pourquoi un grand nombre de personnes de la communauté ont changé leur nom. La communauté a perdu plusieurs professionnels, médecins ou docteurs, parce que c'est toute une génération qui a été perdue. Évidemment, elle a été privée de sa liberté et de ses droits.
[Traduction]
Rapidement, ce projet de loi demande une excuse. C'est assez clair. J'aimerais parler sans être partisan et vous dire que le Parti libéral avait la chance de le faire. Ils ne se sont jamais excusés. J'aimerais reconnaître que — et j'ai un exemplaire du discours — le 4 novembre 1990, le premier ministre Mulroney, devant le Congrès national des Italo-Canadiens et l'Association des gens d'affaires et professionnels italo-canadiens a dit que l'internement était « fautif d'un point de vue légal et immoral. » En revanche, il n'a jamais fait une excuse officielle à la Chambre des communes. C'est ce qu'exige ce projet de loi. Il faudrait mettre l'accent là-dessus.
[Français]
Ce projet de loi demande simplement qu'on reconnaisse le traitement injuste subi par les Canadiens d'origine italienne.
[Traduction]
En ce qui concerne les précédents, nous ne sommes pas en train d'en établir un. Des excuses officielles ont été offertes à la collectivité japonaise en 1988. Bon nombre d'entre vous étaient ici en 2006, lorsque des excuses officielles ont été offertes aux Canadiens d'origine chinoise. Il y a eu également des excuses offertes pour l'incident du Komagata Maru en 1914. Je crois qu'il y en a eu également pour l'incident du St-Louis en 1939. D'autres excuses ont été faites, bien qu'elles n'aient pas toutes eu lieu à la Chambre des communes. Je ne veux pas nécessairement copier les excuses aussi prodiguées aux premières nations, car cela peut également créer un précédent. Je veux simplement dire qu'il y a eu d'autres excuses qui ont été faites à la Chambre des communes.
En ce qui concerne le dédommagement, mon projet de loi ne comporte pas de montant précis. L'objectif est de sensibiliser les Canadiens et plus particulièrement les Italo-Canadiens qui ne connaissent pas ce sujet. Je pense qu'il n'est jamais nocif d'éduquer les gens, afin que l'on ne répète pas les erreurs du passé. J'aimerais réitérer que ce projet de loi porte sur le fait que les Canadiens doivent donner des excuses à d'autres Canadiens. Il ne s'agit pas de demander aux Canadiens de présenter des excuses aux Italiens. Certains ont mentionné ce fait auparavant. Je veux que les députés autour de la table le comprennent bien. Ce projet de loi ne porte pas sur les Italiens. Il porte sur les Canadiens d'origine italienne. Il s'agit de Canadiens qui ont commis des injustices auprès d'autres Canadiens.
Merci de votre temps. Je suis prêt à répondre à vos questions. Je ne veux pas prendre trop de votre temps parce que je sais que quand je suis assis dans l'opposition certains d'entre vous cessent de m'écouter.
Je suis prêt à répondre aux questions, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président.
Merci de votre initiative, monsieur Pacetti.
[Français]
Il est clair que la communauté italienne a joué un rôle extraordinaire dans le développement du Canada. Aujourd'hui, elle fait même partie du tissu social canadien. Pour cette raison et pour bien d'autres, le projet de loi est pertinent et nécessaire, car la communauté a beaucoup souffert au cours de cette période noire. C'est pourquoi il est important qu'on en discute, qu'on en débatte et, idéalement, qu'on adopte ce projet de loi.
Les partis de l'opposition, donc le Parti libéral, le Bloc et le NPD, l'appuient. Seul le gouvernement conservateur est contre le projet de loi. À mon grand étonnement, la semaine dernière, les conservateurs nous ont dit que c'était un projet de loi qui venait diviser la communauté italienne. Je voudrais vous entendre à ce sujet car, personnellement, au contraire, je pense que c'est un projet qui est plutôt rassembleur, qui vise à obtenir des excuses officielles du Parlement et des gestes précis par la suite, formulés dans le projet de loi.
Selon vous, est-ce un projet de loi qui, comme le disent les conservateurs, divise ou un projet de loi qui vise plutôt à unir la communauté par des actions concrètes?
:
Merci, monsieur le président.
Oui, les Italiens ont aidé à bâtir le Canada, mais le Canada a été bâti par des immigrants. Alors, je ne pense pas qu'on devrait cibler la communauté italienne en particulier. Ce projet de loi rend justice à une communauté qui le mérite. Comme je le disais dans mon discours, les Japonais et les Chinois ont reçu des excuses, mais il y a d'autres communautés qui s'attendent à en recevoir également. La communauté est-elle unie? Oui. Y a-t-il unanimité à 100 p. 100? Non. Par contre, je crois qu'il y a unanimité à 95 p. 00.
Vous allez entendre des présentations d'autres organismes de la communauté italienne. En fait, dans tout le travail qui a été fait dans le passé par le Congrès national des Italo-Canadiens, tous les grands organismes italo-canadiens du Canada ont été inclus. Alors, si on parle de division, je n'en vois pas. Il y a toujours des individus spécifiques qui ont des problèmes. Il y en a même au Parlement, lors de débats entre les partis. Alors, je pense que c'est normal. Plusieurs conservateurs ont appuyé le projet de loi, mais je pense qu'il y a peut-être chez certains une incompréhension de ce qui s'est produit. En fait, les conservateurs ont toujours pris les devants pour faire des excuses officielles.
:
Permettez-moi de vous interrompre, car on n'a pas beaucoup de temps.
En 2005, il y avait une entente de principe. Je vois plusieurs personnes dans la salle qui ont participé aux discussions ou aux négociations sur cette entente de principe. Le processus est-il le même, d'une certaine façon? Les différents organismes qui jouent un rôle fondamental dans la communauté — on va leur parler un peu plus tard — vont-ils pouvoir faire partie du processus de négociation et, à la fin, le tout serait géré par le congrès national?
Par exemple, la semaine dernière, la CIBPA disait qu'elle voulait faire partie des négociations. Personnellement, je ne vois pas cela comme un problème, puisque plusieurs groupes ont négocié l'entente et que, par la suite, il y a eu un organisme parapluie pour gérer l'ensemble de l'entente.
Est-ce que c'est la direction qu'on va prendre?
:
Merci, monsieur Pacetti, de comparaître aujourd'hui. Merci d'avoir répondu à cette dernière question, parce que c'était une des préoccupations du Nouveau Parti démocratique.
En gros, je suis très satisfait de ce projet de loi. Je pense qu'il s'attaque à une question non résolue qui doit l'être afin de pouvoir clore un chapitre de notre histoire.
J'ai trouvé intéressant ce que vous avez dit au début concernant le nombre d'expériences qui ne sont pas racontées à cause d'un sentiment de honte familiale. J'ai raconté une expérience la semaine dernière, mais pour moi, c'est quelque chose qui m'a accompagné tout au long de ma vie. Mes grands-parents étaient écossais et vivaient dans le quartier italien de Timmins. Ils savaient très bien ce qui est arrivé aux Italiens pendant la guerre, et c'est quelque chose dont on ne devait pas parler. De temps en temps, je commençais à poser des questions et on me disait que cela ne faisait pas partie de l'histoire, qu'il ne fallait pas en parler. C'est à cause de ce sentiment de honte.
J'ai commencé à faire des recherches à ce sujet. Il faut placer les choses dans le contexte de l'époque et de la perception qu'avaient les gens à cette époque. J'ai fait de nombreuses lectures sur des microfilms des journaux locaux des années 1930, et dans les éditoriaux locaux, on adorait Mussolini. Les journaux locaux louangeaient Mussolini, disant que c'était quelqu'un qui se tenait debout, et qui allait accomplir des choses; c'était quelqu'un qui osait confronter les bolcheviks.
Ensuite, ils se tournaient vers les Finlandais et les attaquaient. Il y avait beaucoup d'éditoriaux demandant une déportation de masse de tous ces Finlandais pourris qui étaient des communistes et n'étaient pas des Canadiens loyaux. Dans les années 1930, dans les journaux du Nord de l'Ontario, on ne disait jamais que les Italiens manquaient de loyauté ou qu'ils étaient une menace à l'empire — pas avant 1940. Soudainement, les journaux locaux ont commencé à demander à ce que les Italiens soient victimes du traitement auquel ils avaient voulu auparavant soumettre les Finlandais et les Ukrainiens.
Cela démontre la nature arbitraire de l'histoire, lorsque l'on commence à dire que certaines personnes sont des étrangers ennemis alors qu'ils avaient été auparavant perçus comme loyaux. Personne au début de la guerre n'a dit aux éditorialistes des journaux locaux, vous avez fait la promotion de Mussolini pendant des années, pourquoi est-ce qu'on ne vous interne pas? Ils n'étaient plus traités comme des citoyens respectables, et d'excellents chefs de la communauté italienne ont été visés suite à ces attaques dans les journaux.
Je crois que ce que vous dites est très vrai. Pour ces familles qui en ont souffert et pour celles qui ont honte d'en parler même de nombreuses années plus tard, ce projet de loi permet de guérir une blessure.
Il est clair que le Nouveau Parti démocratique appuiera ce projet de loi. Mes collègues et moi n'avons qu'une seule préoccupation, c'est qu'il n'y a que le Congrès national des Italo-Canadiens qui soit identifié comme groupe pour la restitution. Il y a un autre groupe qui a comparu devant nous et qui demandait aussi à y participer.
Y aurait-il un libellé que nous pourrions utiliser dans ce projet de loi qui nous permettrait d'éviter de donner l'impression qu'il n'y a qu'un groupe de la communauté italo-canadienne qui soit mis de l'avant?
:
Merci, monsieur Angus. Je remercie votre parti de son soutien. C'était très important que le projet de loi soit adopté avec le soutien de votre parti.
Laissez-moi d'abord répondre à votre dernière question. En ce qui concerne le consensus, il existe déjà un consensus et une fondation et toutes ces organisations participent déjà à l'administration de la fondation. Je n'étais pas à cette réunion, mais si vous lisez le procès-verbal, vous verrez qu'elles veulent participer à ces négociations et je crois que les organismes qui témoigneront après moi vous diront la même chose.
Elles font partie de l'organisation. Elles veulent continuer à participer aux négociations mais je ne crois pas qu'il soit nécessaire de parler de six entités distinctes dans le projet de loi. La communauté est suffisamment large. Autrement, c'est sans fin. Il y a des tonnes d'organisations qui pourraient être citées mais le congrès national, comme c'est le cas pour d'autres collectivités, représente les Canadiens italiens. Je crois qu'il y aura d'autres témoins qui vous parleront de son mandat et de son rôle éventuel.
Je suis tout à fait à l'aise avec cette idée. Je ne crois pas qu'il y ait lieu d'avoir une discussion à ce sujet. Lors de mes discours au Parlement, j'ai dit que les autres organisations feront partie du processus de négociation. La discussion que nous avons eue ici au comité figure au compte rendu et nous avons dit qu'elles participeront. Je ne vois pas pourquoi il faudrait modifier le projet de loi. Nous allons nous faire prendre dans un autre cafouillis bureaucratique pour rien.
En ce qui concerne la honte, je suis d'accord avec vous. Je représente la circonscription canadienne où la concentration d'Italiens est la plus élevée. Je suis un des rares députés urbains à avoir grandi dans sa circonscription. Je n'avais jamais entendu parler de cet internement avant de devenir député. Je ne suis pas expert en la matière; j'ai simplement pensé qu'il était important d'en parler. Vous parlez de honte. Mes parents n'ont pas été touchés par ce phénomène. Notre communauté a été touchée, mais pas nous, directement.
Pour remettre les choses en contexte, je crois que ces choses-là doivent être révélées. Des excuses officielles au Parlement vont permettre de donner l'exemple. C'est une façon de reconnaître ce qui s'est passé et d'éduquer les Canadiens pour qu'on ne répète pas les erreurs du passé.
:
Merci, monsieur le président et merci, monsieur Pacetti.
D'emblée, j'aimerais vous dire que je crois que vous êtes un Canadien qui est fier de son patrimoine italien. J'ai beaucoup de respect pour cela. Je me considère moi aussi comme faisant partie de cette catégorie. Bien que je ne sois pas d'accord avec vous au sujet de ce projet de loi, cela n'a rien à voir, à mon avis, avec le fait que vous êtes à la fois un Canadien fier de l'être et un Canadien fier de ses origines italiennes. Je veux que ce soit bien clair dès le départ. J'ai beaucoup de respect pour le travail que vous avez fait au nom de la communauté italienne.
J'aimerais dire plusieurs choses avant d'en venir à mon argument. D'abord, si vous créez un fonds qui sera géré par un seul groupe, qu'il soit ou non impliqué dans les négociations au début du projet, s'il est le seul administrateur du fonds, je crois qu'à long terme, il y aura des conflits. Comme je l'ai dit plus tôt, j'ai participé à quelques organisations modestes, comme le Peterborough and District Italian Club, et je peux vous dire que l'octroi de fonds cause toujours des frictions. Je peux vous dire que votre modèle causerait beaucoup de frictions.
En ce qui concerne la honte, je crois qu'à une époque, au Canada... Je sais tout cela, parce que ma propre famille l'a vécu. La famille de mon père comptait sept garçons et deux filles. Ils ont été élevés dans les années 1940 dans le Nord de l'Ontario — ce que moi j'appelle le Nord de l'Ontario et que Charlie appellerait le Sud. Ils ont vécu ces événements. Ma mère n'avait pas le droit de voir mon père, même s'ils étaient tous deux catholiques. Mon père était Italien et la famille de ma mère était d'origine canadienne française et c'était tout simplement inacceptable. Ça ne se faisait pas.
Je sais que ces choses-là ont existé. Je vous dirais même que la discrimination à l'encontre des Canadiens italiens a continué jusque dans les années 1970 au Canada, mais c'est de l'histoire ancienne. Je ne crois pas qu'aujourd'hui, au Canada, ce soit une honte d'être Italien. Je peux vous dire que mon grand-père parlait souvent de la chance que le Canada lui a donnée d'accomplir des choses qu'il n'aurait jamais pu accomplir chez lui en Italie. Il a toujours été fier d'être Canadien. Je pense que nous avons dépassé tout cela.
J'aimerais parler de la question des excuses, parce que je crois que c'est la plus importante. J'aimerais revenir sur les paroles du premier ministre Brian Mulroney dans un discours au Congrès national des Italo-Canadiens. Voici un extrait:
Notre diversité est la source d'une immense fierté pour les Canadiens. Et à juste titre. Mais le défi auquel nous sommes confrontés consiste à nous assurer qu'en respectant notre diversité et notre patrimoine, nous ne fragmentons pas notre citoyenneté.
Le 8 mars de cette année, j'ai déclaré que la page ne sera pas tournée tant que nous n'aurons pas reconnu les torts qu'ont subis les autres groupes de Canadiens. Le 23 mai, à la Chambre des communes, j'ai dit clairement que cet engagement comprenait les outrages subis par la communauté italo-canadienne entre 1940 et 1943, une communauté dont les racines canadiennes remontent à plus de 100 ans. Je suis ici aujourd'hui, en partie, dans ce contexte.
Ce que beaucoup de ces Italo-Canadiens ont vécu va à l'encontre de la notion même de respect de la dignité humaine et de la présomption d'innocence. Cette injustice brutale a été infligée de façon arbitraire, non seulement contre des personnes soupçonnées de représenter des risques à la sécurité, mais aussi contre des gens dont le seul crime était d'être d'origine italienne. En fait, beaucoup des arrestations étaient fondées sur la participation des personnes aux organisations italo-canadiennes — comme celles qui sont représentées ici aujourd'hui. Aucune des 700 personnes internées n'a jamais été rendue coupable d'une telle infraction et aucune procédure n'a jamais été entamée. Il s'agissait tout simplement de préjugés — organisés et orchestrés en vertu de la loi, mais de préjugés quand même.
En 1988, mon gouvernement a révoqué la Loi sur les mesures de guerre afin que l'on n'inflige jamais plus ce genre d'injustices à des Canadiens innocents et qui n'éveillent pas de soupçons. En créant la Fondation canadienne des relations raciales, nous disons également: « Plus jamais ». Mais dire « Plus jamais » sans reconnaître explicitement et formellement que des torts ont été commis, ça ne suffit pas.
Ce genre de comportement n'était pas acceptable alors, ne l'est pas aujourd'hui et ne le sera jamais dans une nation civilisée qui promeut la primauté du droit. Au nom du gouvernement et du peuple canadien, je vous présente des excuses sincères et sans réserve pour les torts infligés à vos concitoyens canadiens d'origine italienne pendant la Seconde Guerre mondiale.
Ce sont les mots du premier ministre du Canada après qu'il a pris l'initiative de mettre un terme à la Loi sur les mesures de guerre, à la Chambre des communes. Ce sont des actions significatives du premier ministre Mulroney. Notre premier ministre a présenté des excuses concrètes à la communauté italienne au nom de tous les Canadiens. C'est un moment important de notre histoire.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
C'est un moment particulièrement intéressant pour moi. J'étais présidente du Congrès national des Italo-Canadiens en 1992 lorsque nous nous sommes battus pour obtenir ces excuses. Je me souviens avoir rencontré à cette époque des ministres de M. Mulroney, et j'étais accompagnée de représentants des communautés allemande et sino-canadienne, pour demander à ce que les excuses soient présentées dans la Chambre des communes, au Parlement. Lorsque j'étais présidente du Congrès national des Italo-Canadiens, nous n'avons jamais accepté ces excuses comme excuses officielles, et nous ne l'acceptons toujours pas aujourd'hui. Elles doivent être faites au Parlement du Canada, comme cela a été le cas pour d'autres organisations, comme la communauté canadienne japonaise et d'autres. Je voulais rétablir les faits car j'ai participé directement à ces discussions à cette époque alors que nous essayions de résoudre la situation.
En ce qui concerne les commentaires, je vais dire deux choses pour clarifier la situation.
En ce qui concerne les inquiétudes de mon collègue de l'autre côté au sujet des désaccords, il y a toujours des désaccords dans une communauté lorsqu'on essaie de régler une situation. Le Congrès national des Italo-Canadiens est l'organisation chapeautant la communauté des Italo-Canadiens au Canada. Ce n'est pas au gouvernement de décider qui représente cette communauté. C'est la communauté elle-même qui le fait, par l'entremise de ses membres. Les gens ici pourront en témoigner plus tard ce matin.
Je pense que le projet de loi de mon honorable collègue est bien rédigé.
Je voulais clarifier ces choses et les dire, parce que je comprends très bien la structure de cette communauté, y ayant travaillé comme bénévole.
J'aimerais dire à mon honorable collègue M. Del Mastro, que je peux lui garantir qu'il y a eu de la discrimination jusque dans les années 1970 et 1980, en ayant moi-même fait l'expérience directement, comme de nombreux membres de cette communauté.
Merci, Massimo, d'avoir présenté ce projet de loi. Il est très important. Cependant, je voulais vous demander quelle a été votre motivation à déposer ce projet de loi, car j'imagine que vous y avez songé. Je présume que c'était pour que les excuses soient faites au Parlement, comme vous l'avez dit, et pour faire en sorte qu'il y ait une bonne relation entre les chefs de la communauté dans le cadre de l'affectation et de la gestion des fonds, pour qu'il y ait un effort coordonné de la part de la communauté, et pour que la volonté de la communauté soit respectée, plutôt que d'aller voir des petits groupes ou d'autres personnes. Ai-je raison?
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Pacetti, je vous remercie beaucoup de votre présentation. Je vous remercie aussi de vous être levé à la Chambre pour déposer ce projet de loi. J'ai demeuré boulevard Langelier, près de chez M. Gagliano, en fait, pendant des années. Je connais très bien le secteur de la construction à Saint-Léonard. En tant que menuisier, j'ai travaillé à peu près pour tout le monde, comme Mayori, Naskali, Pavage Del Papa et Fils, etc.
La communauté italienne a été victime d'ostracisme à cause de ce qui est arrivé à cette époque, au moment de la guerre. Dans les faits, les Italiens étaient en guerre contre le Canada et ses alliés. Ici, on en a profité pour les faire tenir tranquilles en jetant en prison, sans aucune raison, des gens qui ne participaient pas au combat, qui n'envoyaient pas d'argent en Italie, qui n'étaient pas des combattants. On les a emprisonnés pour s'assurer que la communauté demeurerait tranquille.
Lors de la dernière réunion du comité, j'ai fait un parallèle, qui a d'ailleurs été repris dans certains journaux. Je vais en reparler aujourd'hui. Le Québec a vécu la même situation lors de l'imposition de la Loi des mesures de guerre. Quatre cents Québécois ont été enfermés sans raison. Ils n'étaient pas membres du FLQ, ils n'ont jamais été accusés ni amenés en cour. On a profité de la situation pour faire taire les Québécois, parce que des groupes de la société posaient des gestes pas corrects. Par contre, on a enfermé les mauvaises personnes. C'est similaire à ce qui s'est passé avec les Italiens.
Mon parallèle est le suivant. Si des gens de ma circonscription me demandent mon avis — jusqu'à maintenant, une personne me l'a demandé —, je suis d'accord pour que les torts causés à la communauté italienne soient reconnus. Je suis d'accord pour que, d'une façon ou d'une autre, on offre des compensations, tout en sachant que cela ne réparera jamais tous les torts qu'elle a subis.
Si des gens de ma circonscription me demandent comment il se fait que les Québécois indemnisent la communauté italienne, alors que les Québécois qui ont été enfermés ne seront pas dédommagés et qu'aucune déclaration ou excuse ne leur sera présentée en Chambre, que devrai-je leur répondre? Ce n'est pas une question à laquelle il est simple de répondre.
:
Merci, monsieur le président.
J'ai eu l'honneur de me rendre à Halifax cette année pour voir où mes parents avaient débarqués du bateau. Mon père avait une sixième année, ma mère, sa troisième année. Mes tantes et oncles sont tous arrivés dans les années 1950 et au début des années 1960.
Mon père est mort très tôt, mais il a accompli énormément de choses. Il a été enterré avec un drapeau canadien sur son cercueil.
J'en ai parlé à mon oncle l'autre jour. Nous avons eu une longue conversation à ce sujet. Chez nous, nous n'avons jamais abordé la question avec tristesse ou embarras. Ces propos étaient bien réfléchis. Il m'a dit: « S'excuser de quoi — d'avoir permis à un million d'entre nous d'émigrer dans ce pays? Tu sièges au Parlement. Moi, je profite de ma retraite dans une magnifique maison. Mes enfants sont tous allés à l'université. Nous avons vécu une vie extraordinaire. Tu es retourné à Calabria. À Roiano. Ce n'est certainement plus comme c'était dans les années 1950, lorsque nous sommes partis. Sans ce pays, tu n'aurais jamais eu tous les avantages dont tu jouis aujourd'hui. »
J'étais à Markham ce dimanche, pour l'ouverture du Markham Centennial Bocce Club, ce tout nouveau club de jeu de boules. Si vous me l'aviez dit lorsque nous avons emménagé à Markham dans les années 1970 qu'il y aurait un maire, un député, trois conseillers et un conseiller régional, tous italiens, et que c'est moi qui couperait le ruban d'inauguration du Markham Centennial Bocce Club, je vous aurais traité de fou, et dit que ça ne se pouvait pas.
Ce qui me préoccupe, c'est que cette question est source de division. Dimanche dernier, lors de l'activité, personne a dit que le Canada devait s'excuser de quoi que ce soit. Tous ces gens, comme vous, comme Mme Minna, sont fiers d'être Canadiens. Ils sont aussi fiers de leur patrimoine italien.
Or, ce qui m'inquiète le plus au sujet de ce projet de loi — et j'en ai parlé en Chambre — c'est qu'il est indéniable que c'était le premier ministre libéral Mackenzie King qui a interné les Italiens. Le premier ministre libéral Louis Saint-Laurent a refusé de s'excuser auprès des Italiens. Le premier ministre libéral Pierre Elliott Trudeau également. Jean Chrétien, un premier ministre libéral, a lui aussi refusé de présenter ses excuses aux Italo-Canadiens.
Mme Minna a parlé de sa présidence du congrès en 1992. Un an plus tard, elle siégeait au Parlement et ne pouvait pas convaincre Jean Chrétien de s'excuser auprès des Italo-Canadiens. Elle a été ministre, mais elle n'a pu convaincre ses collègues au sein du Cabinet de présenter des excuses. Le premier ministre Martin a lui aussi refusé de s'excuser auprès de cette communauté. Ce n'est finalement qu'un premier ministre conservateur qui a pris des mesures pour reconnaître ce qui s'était passé. Il s'est excusé directement à la communauté, disant que des erreurs avaient été commises, et qu'au nom du gouvernement du Canada, il s'en excusait.
Je ne suis pas d'accord avec vous pour dire que ce projet de loi ne sème pas la division. J'ai discuté avec mes électeurs — et je représente une vaste communauté italienne à Markham, Richmond Hill et King —, ils sont fiers que le gouvernement a récemment octroyé des fonds au Programme de reconnaissance historique pour les communautés — je crois qu'il s'agissait de cinq millions de dollars — afin de sensibiliser les gens et de mettre l'histoire en lumière.
Ils y voient clair, et comprennent que ce projet de loi est une tentative, de la part du Parti libéral, de diviser la communauté et regagner, en partie, l'appui de celle-ci. C'est une tentative désespérée de diviser les Canadiens par groupe ethnique, encore une fois. C'est tout ce à quoi sert ce projet de loi. Il ne s'intéresse pas à ce que ressentent les Italo-Canadiens. Il ne cherche qu'à soutirer des millions de dollars pour financer le projet de prédilection de quelqu'un d'autre — peut-être le vôtre — et faire perdurer la division.
Je vous demande, pourquoi les premiers ministres libéraux que j'ai énumérés — Mackenzie King, Saint-Laurent, Pearson, Trudeau, Chrétien et Martin — ont-ils tourné le dos aux Italiens?
S'il est vrai que la seule façon pour les Italiens de se sentir acceptés dans ce pays c'est qu'on leur présente des excuses au Parlement, et que celles du premier ministre du Canada de 1988 ne leur suffisent pas, pourquoi le Parti libéral a-t-il tourné le dos aux Italiens pendant de si nombreuses années? Vous siégez ici depuis plus longtemps que moi, et pourtant vous avez choisi de présenter ce projet de loi, que vous saviez pertinemment source de division — dans un gouvernement minoritaire. Vous avez obtenu des majorités écrasantes pendant des années, et pourtant, pendant tout ce temps, vous avez choisi de faire fi de la communauté italienne. Maintenant, vous présentez cette proposition parce que vous pensez que vous pouvez causer davantage de dommages en situation de gouvernement minoritaire et diviser davantage la communauté. C'est ce qui me trouble dans ce projet de loi.
:
Avec tout le respect que je vous dois, je ne sais pas comment ce comité fonctionne, mais nous devrions montrer assez de respect envers les témoins pour les laisser répondre aux questions. Je ne suis pas d'accord avec certains des propos prononcés.
Je n'ai jamais dit que ce projet de loi allait me permettre de me sentir mieux. C'est peut-être le cas pour vous, mais pas pour moi. Je crois qu'il ne va que rendre les Italiens conscients de ce qui s'est produit par le passé. Les gouvernements libéraux précédents ne se sont pas excusés. Je l'ai dit dans ma déclaration, et vous l'auriez remarqué si vous aviez écouté. Le Parti libéral n'a pas fait son travail, mais ce sont les conservateurs qui ont joué sur la division. Ils ont choisi de s'excuser auprès des communautés chinoise, japonaise, et ukrainienne, mais pas à la communauté italienne. La division n'a pas sa source dans la communauté italienne, mais chez les conservateurs.
La communauté italienne ne se résume pas aux clubs de jeux de boules. Le problème, ce n'est pas votre père qui a réussi sa vie ici. C'était la même chose pour mon père. Je pense que Dean disait que son père avait bien réussi. Là n'est pas la question. Le problème, c'est que les Italiens qui sont arrivés ici ont dû changer leurs noms, et aujourd'hui, ne se souviennent même plus qu'ils sont Italiens. Il est question de professionnels qui ont immigré ici dans les années 1940 et 1930. On a perdu toute une génération de professionnels. Ces gens auraient pu siéger au Parlement. En fait, c'était probablement déjà le cas, et ils avaient des noms italiens, mais ont dû les changer. C'est ça le problème.
Merci monsieur le président. Merci également aux députés.
:
Merci, monsieur le président.
J'aurais quelques mots à dire avant de vous présenter mes collègues, si vous me le permettez.
[Français]
Monsieur le président et membres du Comité permanent du patrimoine canadien, permettez-moi, au nom de tous mes confrères de la communauté italo-canadienne ici présents, de vous remercier de nous recevoir ici aujourd'hui et de remercier formellement tous les députés, peu importe leur affiliation politique, qui ont appuyé et continuent d'appuyer ce projet de loi.
[Traduction]
Je m'appelle Michael Stante. Je suis le président du Congrès national des Italo-Canadiens, connus sous le sigle CNIC. Je suis également un ancien président de l'Association des gens d'affaires et professionnels italo-canadiens, région du Québec et ancien vice-président à la fois du CNIC pour le Québec et de la Fondation communautaire italo-canadienne.
Je suis accompagné aujourd'hui par M. Nino Colavecchio, ancien président national du CNIC, ancien président de la fédération nationale de la CIBPA, ancien président de la CIBPA à Montréal, ou à Québec et enfin, ancien président du CNIC de la région de Québec, et enfin par M. Dominic Campione, ancien président du CNIC, membre du conseil d'administration du Conseil ethnoculturel du Canada et membre du CIBPA de Toronto. M. Colavecchio et M. Campione vont tous les deux exposer la position du CNIC par rapport au projet de loi .
M. Galella et M. Tony Sciascia représentent tous les deux la Fondation communautaire italo-canadienne. M. Sciascia est le président du CNIC de la région de Québec, ancien président national du même organisme et administrateur de la Fondation communautaire italo-canadienne. Quant à M. Mario Galella, il est l'ancien président de la Fondation communautaire italo-canadienne. C'est M. Tony Sciascia qui fera l'exposé au nom de la fondation.
La Casa D'Italia, est aussi représentée, en la personne de M. Ciro Cucciniello, qui est le membre du conseil de cet organisme ayant servi le plus longtemps. Je me permets de penser qu'un jour ou l'autre, il en deviendra le président.
Fait également partie du groupe M. Fernando Forcucci, précédant président de l'Ordre des fils d'Italie du Canada. C'est lui qui vous fera part de la position de cet organisme.
Si j'ai pris le temps d'énumérer les états de service des membres de notre collectivité qui m'accompagnent, c'est tout simplement pour vous faire comprendre qu'il s'agit de personnes qui oeuvrent dans leur milieu depuis longtemps et qui, dans certains cas, ont discuté vigoureusement du sujet qui nous occupe pendant au moins une vingtaine d'années. Ça n'a donc rien de nouveau pour eux.
J'aimerais aussi souligner le fait, d'ailleurs illustré par notre présence collective à cette table, qu'encore une fois, le CNIC cherche à obtenir une convergence des idées de la part des divers groupes du milieu italo-canadien, comme nous l'avons fait lorsque nous avons négocié le Programme de reconnaissance, de commémoration et d'éducation.
Monsieur le président, si vous le permettez, j'aimerais maintenant demander à M. Nino Colavecchio et à M. Dominic Campione de vous exposer la position du congrès national.
:
Je vous remercie de nous entendre aujourd'hui.
Monsieur le président, d'entrée de jeu, j'aimerais préciser hors de tout doute que le Congrès national des Italo-Canadiens est un organisme non partisan. Il réunit des membres appartenant à tous les partis politiques du Canada. Nous ne sommes donc pas ici aujourd'hui pour participer à des jeux partisans mais pour poursuivre une quête qui a commencé il y a plus de 20 ans au nom de notre collectivité et partant, de notre congrès.
Le Congrès national des Italo-Canadiens n'est ni un club ni une association. Il s'agit d'un groupe de coordination qui représente la collectivité italienne répartie dans l'ensemble du pays. En fait chacun des organismes italo-canadiens ayant été entendus par votre comité est représenté auprès du congrès d'une manière ou d'une autre.
Le CNIC a réussi à créer une convergence des idées au sein des milieux italiens lorsqu'il pilotait les négociations avec le gouvernement du Canada par rapport au Programme de reconnaissance, de commémoration et d'éducation. Quand ledit programme a été annulé, le congrès a maintenu la communication avec divers groupes communautaires de manière à ce que se poursuivent les efforts en faveur de cette cause.
Certains d'entre ceux qui sont assis à cette table se sont efforcés d'alimenter les débats sur cette question pendant plus de 20 ans. Le document que nous déposons aujourd'hui...
Une voix: Non, nous ne l'avons pas déposé.
M. Nino Colavecchio: Nous n'avons donc pas déposé le document. Toutefois, ce rapport portant sur ce long périple est à votre disposition. Nous espérons d'ailleurs que cette longue marche aboutira par l'adoption du projet de loi .
Le CNIC appuie très fermement le projet de loi . Ce texte législatif répond aux demandes exprimées de longue date par notre communauté, en ce qu'il contient des excuses et des réparations pécuniaires.
Il importe ici de noter que les excuses constituent l'élément essentiel nécessaire pour clore le dossier de cette malheureuse période de l'histoire du Canada. Bien que le premier ministre Mulroney ait déjà présenté ses excuses sous son mandat, lors d'un événement tenu par la collectivité italo-canadienne, il n'y a jamais eu d'excuses officielles formulées par le gouvernement du Canada au moyen d'une motion de la Chambre des communes, et il a été précisé que des excuses de ce genre avaient déjà été présentées à d'autres groupes qui avaient connu des circonstances semblables.
Les mesures de réparations pécuniaires revêtent une importance particulière, en ce qu'elles permettront de commémorer l'événement et de faire en sorte qu'on ne l'oublie pas. Les historiens ont tout à fait raison d'affirmer que ceux qui ne tirent aucune leçon de l'histoire sont condamnés à la répéter. Nous estimons donc que le fait de renseigner les Canadiens sur ces événements et sur l'apport positif des Italo-Canadiens à l'évolution du Canada sera à l'avantage non seulement des Italo-Canadiens eux-mêmes mais de tous les Canadiens qui ont subi des préjudices pour des raisons ethniques, raciales ou de caractérisation politique.
Je vais maintenant donner la parole à mon collègue et à notre ancien président, M. Dominic Campione.
:
Je ne suis pas sûr ce que veut dire « ancien »; ça pourrait être le premier président ou le président sortant. Je suis le président sortant. C'est moi qui ai signé le protocole d'entente.
Merci, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, de nous donner l'occasion de vous entretenir de cette question des plus importantes pour la collectivité italo-canadienne.
Nous sommes ici devant vous, remplis de gratitude et de passion, mais aussi démoralisés et consternés par les injustices qu'ont subies 17 000 Canadiens d'origine italienne qui ont été désignés ennemis étrangers en vertu de la Loi sur les mesures de guerre et qui étaient obligés de se présenter constamment à la GRC. Il y a 6 000 hommes et femmes qui ont été arrêtés et 700 qui ont été détenus. Parmi eux, des enfants de 16 ans et des adultes de 70 ans. Des médecins, des avocats, des prêtres, des charpentiers, des boulangers, des entrepreneurs — il y en avait de toutes les couches de la société — ont passé en moyenne de 16 mois à 5 ans à Petawawa, à St. Helen's, à Fredericton.
De ce nombre, pas un seul n'a été accusé de quoi que ce soit. On leur a refusé le droit à un avocat — en tant qu'avocat, je pense que c'est très important — ils n'ont eu ni instruction équitable ni procès. Toute une collectivité assiégée, victime de discrimination, dévastée, vit depuis 69 ans, 5 mois et demi, depuis le 10 juin 1940, sous le poids de ces injustices qui n'ont jamais été corrigées. Jusqu'à quand faudra-t-il attendre pour que ce terrible tort soit corrigé?
Nous croyons fermement que le protocole d'entente signé par le gouvernement du Canada le 12 novembre 2005, en vertu du programme de reconnaissance, de commémoration et d'éducation, dont le budget total est administré par la fondation du Congrès national des Italo-Canadiens, allait être le moyen de corriger ce tort. Cet accord entre le gouvernement du Canada et les quatre signataires représentant la collectivité italo-canadienne était l'aboutissement de nombreuses années de travail par le CNIC et d'autres sur la question de l'internement. La collectivité italienne a négocié de bonne foi, unie de coeur et dans le même objectif, afin de pouvoir tourner la page sur ces internements.
Une disposition essentielle du projet de loi concernait l'éducation et prévoyait la création d'un fonds de dotation. Grâce à l'éducation, non seulement nous nous rappelons le passé, mais nous l'enseignons afin d'éviter de répéter ces erreurs. Le projet de loi prévoyait également la création d'une chaire d'études italienne.
À notre étonnement et désarroi, la correction de ce tort était reportée encore une fois. En juin 2006, le gouvernement du Canada a unilatéralement remplacé le programme RCE par le Programme de reconnaissance historique pour les communautés, sans la moindre consultation.
Malgré les discussions et les rencontres que nous avons eues par la suite avec les ministres compétents, Bev Oda et Jason Kenney, où c'est le CNIC qui a pris l'initiative de réunir les parties pour discuter de la question et pour essayer de trouver un consensus et l'unité au sein de notre collectivité, aucune solution n'est apparue.
La collectivité italo-canadienne est une collectivité forte et unie. Nous félicitons l'honorable Massimo Pacetti et nous appuyons son projet de loi, le , qui encore une fois corrige clairement les torts, reconnaît les injustices qui ont été infligées aux personnes d'origine italienne pendant la Seconde Guerre mondiale au moyen d'excuses prononcées à la Chambre des communes et en prévoyant la restitution et en préconisant l'enseignement de l'histoire italo-canadienne.
On dit qu'une nation ne peut pas aller de l'avant avant d'avoir reconnu son passé. Le temps est venu. Combien de temps faudra-t-il encore attendre? Serons-nous traités différemment des Canadiens japonais, des Canadiens chinois, des autres? Ne permettez pas que la collectivité italienne soit traitée moins bien. L'éducation, comme je l'ai déjà mentionné, est essentielle.
La collectivité italo-canadienne a fait preuve d'endurance tout au long de ces années. Elle s'est serré les coudes de nombreuses fois, que ce soit pour lever des fonds pour aider les victimes d'un tremblement de terre ou d'autres tragédies, nous sommes unis. Travaillons ensemble et portons témoignage et, par l'adoption de ce projet de loi, corrigeons ces torts.
Merci.
:
Je m'appelle Antonio Sciascia. Je suis le président du Congrès national des Italo-Canadiens pour la région du Québec. Je suis un gouverneur de la Fondation de la communauté italo-canadienne. En ma capacité d'ancien président du Congrès national des Italo-Canadiens, il m'est arrivé à deux occasions de traiter de cette question particulière, et de bien d'autres, au cours des 25 dernières années.
Aujourd'hui, je parle au nom de la Fondation de la communauté italo-canadienne, qui a été créée en 1975 avec pour objet de récolter des fonds pour aider et développer la communauté italo-canadienne et la société dans son ensemble. J'insiste sur l'expression « la société dans son ensemble » parce qu'aujourd'hui, la fondation distribue la plupart des sommes amassées — et je dois dire qu'il s'agit de millions de dollars — à des organisations non italiennes, comme des hôpitaux et d'autres organismes caritatifs partout au pays.
J'insiste là-dessus parce qu'aujourd'hui, il ne s'agit pas d'une question d'argent. Nous ne sommes pas ici pour obtenir de l'argent, mais bien pour obtenir des excuses pour les Canadiens d'origine italienne qui ont subi toutes les injustices pendant la Deuxième Guerre mondiale.
[Français]
Nous appuyons sans réserve le projet de loi . La fondation était l'un des signataires de l'entente de principe signée avec le gouvernement du Canada, le 5 novembre 2005. À la suite de l'élection du gouvernement conservateur, nous avons négocié en vain pendant quelques années avec la ministre précédente, Bev Oda, puis avec le ministre actuel, Jason Kenney. Le ministre Kenney a décidé unilatéralement, pour des raisons incompréhensibles, de mettre en oeuvre un nouveau programme qui n'a pas l'appui des organismes principaux de la communauté italo-canadienne.
[Traduction]
Le PRHC est une insulte à notre communauté pour les raisons qui ont déjà été communiquées, et expliquées dans le mémoire qui a été présenté le 31 mars 2009 à l'honorable Jason Kenney, le ministre responsable. J'attire votre attention aux notes en bas de page de ce mémoire, qui donnent un bref aperçu d'un certain nombre des interventions faites par le congrès national au fil des ans. Il y en a eu de nombreuses, en commençant par le rapatriement de la Constitution, la question de la Loi sur le multiculturalisme ainsi que celle sur l'immigration. Le congrès national a présenté des observations au gouvernement sur bien des enjeux qui ont été étudiés par le Parlement.
Sur cette question en particulier portant sur la réparation de l'injustice faite aux internés, nous avons fait des représentations au Parlement à maintes reprises. Et cela remonte au début des années 1990, lorsque nous avons présenté au premier ministre de l'époque un mémoire intitulé Une honte nationale: l'internement de Canadiens d'origine italienne. Au terme des réunions tenues par un comité du Congrès national qui a parcouru l'ensemble du Canada, ce mémoire a été présenté au très honorable Brian Mulroney. Par la suite, M. Mulroney avait présenté des excuses devant un banquet organisé par le congrès devant les membres de l'Association des gens d'affaires et professionnels italo-canadiens à Toronto, mais ces excuses n'ont jamais été présentées de façon officielle.
Comme vous le savez, le gouvernement actuel a présenté des excuses aux Canadiens d'origine chinoise en raison de la taxe d'entrée. Il a présenté des excuses aux Canadiens d'origine japonaise, il y a de cela bien longtemps. Et il a également régler cette question avec les Canadiens d'origine ukrainienne, et il a versé un fonds de dotation de 10 millions de dollars à la Fondation ukrainienne du Canada, laquelle administre ce fonds.
Pourquoi ne sommes-nous pas capables de gérer ce fonds? Par le passé, notre fondation a amassé des millions de dollars pour venir en aide aux trois principaux tremblements de terre qui ont touché l'Italie: en 1976 à Friuli, en 1980, lorsque nous avons amassé 12 milliards de dollars et fait construire des maisons pour la population de la Campania et de Basilicata, et cette année lorsque nous avons amassé près d'un million de dollars pour la population d'Abruzzo. Alors, nous ne comprenons pas pourquoi nous ne pourrions pas administrer un fonds de 10 ou 12 millions de dollars, peu importe le montant. Toutefois, le fonds ne revêt pas une si grande importance. Nous sommes là pour faire corriger les injustices du passé.
J'admets que des excuses ne résoudront pas tous les problèmes, mais au moins cela fera en sorte que les gens et les familles qui s'en souviennent encore... Et si vous parliez aux personnes qui ont été internées, vous comprendriez pourquoi des excuses permettraient de réparer les torts qui ont été commis pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Il s'agit d'agir comme il se doit, peu importe qui a fait quoi par le passé. On ne répare pas une injustice par une autre, par conséquent, réparons cette injustice.
Merci, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Ciro Cucciniello. Je suis né à Montréal il y a un peu plus de 50 ans. Mon père, Carmen Cucciniello, a émigré au Canada en 1953 à partir d'un village appelé Taverna la San Felice près d'Avellino en Italie. Ma mère émigra en 1956, et ils se sont mariés ici au Canada en 1957.
En 1982, pendant que j'étudiais le droit à l'Université McGill, des étudiants en droit d'origine italienne m'ont parlé d'un endroit qui s'appelle la Casa d'Italia, un centre communautaire situé au 505 de la rue Jean-Talon Est à Montréal. Ils voulaient établir des services d'aide juridique semblables à ceux offerts par des étudiants de l'Université McGill. Toutefois, ces services s'adresseraient aux membres de la Casa d'Italia. Quelque chose m'a dit d'examiner cette possibilité en tant que jeune étudiant en droit.
C'est à la Casa d'Italia que j'ai rencontré pour la première fois Sam Capozzi. Il était le président de la Casa d'Italia et un ancien combattant des Forces armées spéciales du Canada, qui ont servi en Asie et dans le Pacifique. Il m'a posé quelques questions sur ma famille. Il m'a souhaité la bienvenue et m'a remercié de donner du temps bénévole à la collectivité. Nos discussions sur la Casa d'Italia, les différentes vagues d'immigrants et les endroits où les Italiens se sont installés à Montréal et dans d'autres villes canadiennes nous ont menés peu à peu à des récits sur l'intégration de la communauté italienne et de la Casa d'Italia au mode de vie canadien.
Permettez-moi de vous présenter un bref historique de cette institution de 73 ans qui constitue l'épine dorsale de notre collectivité depuis 1934.
En 1934, plus de 4 200 Montréalais ont donné entre 10 ¢ et 100 $ pour l'établissement d'un fonds pour la construction de la Casa d'Italia, un second chez-soi. La Casa d'Italia a ouvert ses portes le 1er novembre 1936. Le 12 juin 1940, lors d'une descente surprise menée par la Gendarmerie royale du Canada et la Police provinciale du Québec, le bâtiment de la Casa d'Italia et tout son contenu ont été séquestrés, tandis que la liste des membres a servi à rassembler les étrangers ennemis.
Après la guerre, et sous le leadership du maire de Montréal de l'époque, Camilien Houde, qui, soit dit en passant, avait été interné avec des Canadiens d'origine italienne locaux, un projet de loi d'initiative parlementaire, le 174, a été présenté à l'Assemblée nationale exigeant que la propriété soit restituée. Dès qu'elle le fut, la Casa d'Italia s'est préparée à soutenir la plus importante vague d'immigrants italiens au Canada. Les récents immigrants pouvaient y obtenir leurs premiers repas et de l'hébergement, les services d'un bureau de placement pour se trouver du travail ainsi que des cours de français et d'anglais. J'aimerais souligner le rôle important qu'a joué la Casa d'Italia dans le processus permettant aux résidents permanents d'obtenir leur citoyenneté canadienne.
À titre d'information, la Casa d'Italia est la plus ancienne institution basée sur des membres après l'Ordre fils d'Italie. Bien des organisations ont vu le jour entre ses murs, y compris le Congrès national des Italo-Canadiens. Au moment où nous nous parlons, le bâtiment d'époque de style art déco datant de 1936 qui abrite la Casa d'Italia est en voie de restauration et d'expansion afin que nous puissions y archiver l'expérience de la communauté italo-canadienne, pour fournir du soutien pédagogique à l'occasion d'excursions scolaires et pour permettre aux gens de découvrir l'histoire de notre intégration à la vie au Canada. Le projet a notamment pour mission de promouvoir les Canadiens exemplaires d'origine italienne et de renseigner les gens sur leur histoire et leur biographie.
C'est au cours des leçons d'histoire faites par Sam que j'ai appris que les personnes d'origine italienne avaient été internées au Canada pendant la Deuxième Guerre mondiale. Je n'avais jamais entendu parler du camp militaire de Petawawa, qui avait servi de prison. J'avais déjà entendu parler de l'internement de Canadiens d'origines japonaise et ukrainienne, mais j'ai été très surpris d'apprendre l'internement de personnes d'origine italienne.
En 1983, Sam m'a demandé de devenir membre du conseil d'administration de la Casa d'Italia. En participant à ces réunions, j'ai été littéralement surpris par les préoccupations, les histoires et les récits de vie de certains de nos membres qui faisaient partie du conseil d'administration et de leur famille.
Je me souviens de feu le sénateur Pietro Rizzuto qui était venu offrir de l'aide à la Casa d'Italia. Je me souviens que John Turner m'a dit d'écouter ce que Sam Capozzi avait à dire en ce qui a trait au service communautaire. Je me souviens de l'ancien premier ministre du Québec, Robert Bourassa, qui nous a parlé de la question de l'internement et qui disait: « Ne vous en faites pas, quand ce sera le bon moment, vous obtiendrez des excuses ». Je me souviens d'Herbert Marx, l'ancien ministre québécois de la Justice, qui, à l'invitation de Sam Capozzi, nous offrait des conseils sur la marche à suivre pour obtenir des excuses officielles de manière adéquate et digne.
De nombreux membres du conseil de la Casa d'Italia ont connu Petawawa et ses conséquences. L'un d'eux s'appelle Gentile Dieni. Il a été interné pendant la Seconde Guerre mondiale en raison de son association avec la colonie italienne. Gentile Dieni représentait un petit groupe de personnes déterminées à obtenir du gouvernement canadien ce qui leur revenait de droit en réparation d'une injustice qui avait été commise contre eux et leurs familles.
On nous a constamment dit que nous, Canadiens d'origine italienne, devrions demander au gouvernement du Canada d'adresser des excuses aux familles de ceux qui ont été internés pendant la Seconde Guerre mondiale. Je ne vais pas lire l'article 3 du projet de loi, mais à mon avis et de l'avis de nos membres, c'est exactement ce que fait cette disposition. Il prévoit des excuses claires comme nous, les membres de la collectivité italienne, le demandons depuis tant d'années.
Il y a près de 300 000 Canadiens d'origine italienne dans la région métropolitaine de Montréal et plus de 600 000 Canadiens d'origine italienne dans le Grand Toronto. Il y a près de 1,2 million de Canadiens d'origine italienne qui vivent aujourd'hui au Canada. Bon nombre de ces Canadiens et leurs enfants s'intéressent de très près à ce projet de loi.
Des membres de notre collectivité, y compris des groupes de gens d'affaires, de professionnels ainsi que des groupes religieux et culturels, ainsi que les médias italo-canadiens locaux voient dans ce projet de loi l'occasion pour le gouvernement du Canada et ses députés, quelle que soit leur affiliation politique, de corriger une fois pour tout les torts commis. Je crois que l'adoption de la Loi de reconnaissance et d'indemnisation des Canadiens d'origine italienne permettrait au gouvernement canadien de mettre du baume sur ce qui est une plaie vive pour bon nombre d'entre nous.
En ce qui concerne l'article 4 qui prévoit l'indemnisation, je m'en remets au bon jugement du gouvernement pour déterminer le montant approprié, le cas échéant, pour les programmes communautaires et les documents éducatifs. Les membres de la Casa d'Italia, qui ont souffert directement des conséquences de la désignation comme sujets d'un pays ennemi et de leur internement croient vraiment que les excuses constituent l'aspect principal de ce projet de loi.
Je souhaite remercier Massimo Pacetti, député de , d'avoir déposé ce projet de loi, ainsi que le gouvernement du Canada d'apporter une résolution à ce dossier et de fournir l'indemnisation appropriée dans les circonstances. Monsieur le président, j'aimerais souligner la présence de Pasquale Cobacci, secrétaire général de l'Ordre fils d'Italie, et Angela Minicucci, membre du conseil de la Casa d'Italia.
:
Bonjour, monsieur le président. Je m'appelle Fernando Forcucci et je suis le président sortant de l'Ordre fils d'Italie au Canada. Je ne veux pas vous ennuyer avec trop de détails, mais permettez-moi d'en mentionner quelques-uns.
Comme l'ont mentionné plusieurs honorables députés du gouvernement canadien, ce projet de loi ne concerne pas seulement les Italiens. Il s'agit de corriger des torts dans l'intérêt de tous les Canadiens, car la plupart des personnes internées étaient des citoyens canadiens. Les Canadiens d'origine italienne comme moi ont été traités comme des citoyens de seconde classe par mon propre gouvernement, qui a choisi d'offrir des excuses à d'autres groupes de Canadiens, comme les Canadiens japonais et les Canadiens chinois, mais pas les Canadiens d'origine italienne.
Je m'occupe de ce dossier depuis 20 ans environ. Le printemps de 2005 a été merveilleux pour la collectivité italienne, car le gouvernement du jour a annoncé qu'il était disposé à trouver une résolution à cette question. Après des mois de négociations, notre collectivité étant unie, le gouvernement canadien et les quatre principales associations — le Congrès National des Italo-Canadiens, l'Ordre fils d'Italie au Canada, l'Association des gens d'affaires et professionnels italo-canadiens et la Fondation communautaire canadienne italienne du Québec — ont signé un protocole d'entente en novembre 2005.
On a annoncé qu'une entente de principe avait été signée en vertu du programme RCE et prévoyait une indemnisation totale de 12,5 millions de dollars, qui devait être administrée par la fondation du CNIC pour la collectivité italienne. À ce jour, la collectivité attend toujours. Nous avons rencontré de nombreux honorables députés de l'actuel gouvernement pour essayer de trouver une solution à ce dossier, mais en vain. En juin 2006, le gouvernement du jour a annulé totalement l'accord en vertu du programme RCE sans consulter la collectivité italienne et l'a remplacé par le programme de reconnaissance historique pour les communautés.
En outre, c'est Patrimoine Canada qui administre les fonds du PRHC, alors que les Canadiens d'origines japonaise et ukrainienne administrent leurs propres fonds. Est-ce que ce gouvernement n'a pas confiance en notre collectivité? Encore une fois, ma collectivité et moi avons l'impression d'être traités comme des Canadiens de seconde classe.
En tant que président sortant de l'Ordre fils d'Italie au Canada, et à titre de membre de l'une des plus vieilles associations nationales au Canada — elle a été créée en 1915 —, j'appuie sans réserve, tout comme l'association que je dirige, le projet de loi et j'espère sincèrement que nous pourrons enfin clore le dossier de l'internement des Italiens.
Merci, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président.
Je veux attirer votre attention sur le fait que vous avez devant vous certains des plus illustres représentants de la communauté italienne, des gens qui sont respectés et qui font un travail remarquable. Je tiens à les remercier de leur présence aujourd'hui.
Du même souffle, monsieur le président, je vais vous demander qu'on s'assure que les membres du comité respectent les témoins. Je n'ai pas apprécié la façon dont vous avez présidé le premier tour, en permettant aux conservateurs de faire un discours de cinq minutes et en ne laissant pas le temps aux témoins de s'exprimer. Ces gens sont ici aujourd'hui pour nous parler, et j'espère qu'indépendamment de ce qu'ils font, ils auront le temps de s'expliquer et de dire tout ce qu'ils ont à dire.
J'aimerais faire un tour de table rapide. Veuillez me répondre par oui ou par non: êtes-vous en faveur du projet de loi?
Des voix: Oui.
M. Pablo Rodriguez: Tout le monde est d'accord.
[Traduction]
Aux fins du compte rendu, tous ces groupes importants appuient ce projet de loi. L'autre jour, l'Association des gens d'affaires et professionnels italo-canadiens a également exprimé son appui à ce projet de loi.
[Français]
Je veux comprendre. Si les groupes les plus importants, qui en plus travaillent bien ensemble, appuient ce projet de loi, comment ce projet de loi pourrait-il diviser la communauté, comme le mentionne le gouvernement?
Monsieur Sciascia, vous pouvez répondre.
:
Le projet de loi ne divise pas la communauté, c'est le Programme de reconnaissance historique pour les communautés qui a causé une grande division dans la communauté, parce que personne ne sait qu'il y a un programme.
Au Québec, deux sénateurs sont venus, il y a deux semaines. Lors de cette réunion, personne ne connaissait l'existence d'un tel programme. Est-ce un programme conçu strictement pour Toronto? On se pose des questions.
Ce programme n'a aucun sens parce que les membres nommés aux comités représentatifs ne représentent aucunement la communauté italo-canadienne. Aucunement! Si on regarde le curriculum vitae de ces membres, on voit qu'ils n'ont jamais été impliqués dans le dossier des gens internés pendant la Seconde Guerre mondiale.
Je ne sais pas de quelle façon le ministre opère ni pourquoi il a décidé de mettre de côté les organisations qui représentent la communauté depuis les 35 dernières années, et même les 100 dernières années, dans certains cas.
Comment a-t-il décidé de mettre de côté ces organisations et de nommer des gens qui n'ont absolument aucune représentativité?
:
Mon professeur de droit en première année était le professeur Cotler, qui se trouve être mon député aujourd'hui. Il y a des coïncidences comme ça. Lorsque nous étions étudiants, nous avons appris à connaître un peu la Charte des droits et libertés et nous avons essayé de l'appliquer plus tard dans notre vie.
Je pense que la liberté de conscience, la liberté de religion, sont essentielles. Je pense que notre nation a évolué depuis l'époque où elle étiquetait les gens et je ne pense pas que nous soyons ici pour discuter d'étiquette. Ce projet de loi prévoit des excuses. Il vise à clore cet incident du passé pour que nous puissions tourner la page, ce qui a été fait pour d'autres collectivités.
Gentile Dieni, qui a été membre de notre conseil, avait des idées fascistes. Je me suis retrouvé assis à côté de lui pendant de nombreuses réunions. Il reste une bonne personne qui croit à la famille, qui croit au travail, qui croit à de nombreux aspects de la collectivité canadienne et de la réalité canadienne. Nous avions peut-être des croyances politiques différentes, mais je pense que nous respectons tous les idées politiques des autres; du moins, j'espère que c'est le cas dans cet édifice. Si nous traitons quelqu'un de fasciste ou d'autres choses, il faudrait se rappeler qu'il y a probablement eu des communistes qui sont venus dans cet édifice dans le passé et qui ont probablement été accueillis au Parlement. Je ne pense pas que nous soyons ici pour mettre des étiquettes sur les gens.
Nous sommes ici pour essayer d'obtenir des excuses auxquelles ont droit les familles qui représentent plus d'un million de Canadiens aujourd'hui. Je pense et j'espère que l'étiquetage des gens est chose du passé. Ce que quelqu'un croit, ça le regarde. Je pense que l'adoption de ce projet de loi va au coeur du problème, qui est d'obtenir des excuses, afin de pouvoir tourner la page, pour ensuite s'occuper d'une manière appropriée et digne de la question de l'indemnisation. C'est de cela qu'il s'agit.
Messieurs, je suis ravi de vous avoir ici parmi nous. Je me ferai l'écho de ce que mon collègue libéral disait au début, quoique je devrais ajouter quelque chose. Vous représentez probablement un bon échantillon des organisations italiennes les plus crédibles du pays, à l'exception du Dante Club, à Timmins, dont les représentants ne sont pas ici, et je voulais qu’on l'inscrive au compte rendu parce qu'ils représentent notre communauté depuis la guerre, de même que les familles concernées à l'époque de l'internement.
Mon collègue vous a demandé ce pour quoi il faudrait s'excuser. Il ne s'agit pas seulement de l'internement. Ils ont été harcelés physiquement. La milice parcourait les rues, tirait les gens de leurs maisons et les tabassait. C'est un fait historique. Des gens ont été licenciés. Le temps est venu de passer à l'action.
Cela dit, je dois admettre, et vous l'avez probablement compris, que je ne suis qu'un « mangia-cake » du Nord de l'Ontario, donc je ne connais pas tous les groupes. J'essaie de régler les problèmes contenus dans ce projet de loi. Je l'ai lu. Il me semble assez simple. Mon collègue conservateur a lu une déclaration de Brian Mulroney, et je trouve que c'est très bien, tout est fini. Mais ensuite, ils commencent à dire qu'il s'agit d'une pomme de discorde et d'une tentative pour diviser la communauté. Puis, je vois qu'ici, il y a unanimité.
Je voulais m'assurer que tout le monde est sur la même longueur d'onde.
Monsieur Sciascia, vous avez écrit une lettre le 31 mars à Jason Kenney, ministre de la Citoyenneté, de l'Immigration et du Multiculturalisme, dans laquelle vous affirmez: « Votre plan d'action annoncé dans le cadre du Programme de reconnaissance historique pour les communautés n'est pas légitime et n'a tout simplement aucun sens ».
Vous êtes allé plus loin et avez expliqué les tentatives que vous avez faites au fil des années pour régler ce problème:
Malheureusement, après des années de négociations, le gouvernement a choisi d'annuler l'accord en vertu du Programme de reconnaissance, de commémoration et d'éducation et de le remplacer par un nouveau programme.
Pour toutes les raisons ci-dessus, nous affirmons que de passer outre les organisations communautaires légitimes qui ont négocié avec le gouvernement de bonne foi est simplement peu judicieux et inacceptable.
Nous espérons sincèrement, monsieur Kenney, que vous allez légitimer le processus en traitant avec ceux qui représentent la communauté et qui travaillent depuis plus de 20 ans à cette question de l'internement.
À défaut de quoi nous n'aurons pas d'autre option que d'exhorter le Congrès national des Italo-Canadiens à mobiliser notre communauté d'un océan à l'autre et à prendre toutes les mesures nécessaires pour dénoncer ce programme inacceptable proposé par le ministère du Patrimoine canadien.
Vous avez employé manifestement des mots durs. Avez-vous l'unanimité?
:
Ils n'ont reçu aucune réponse.
Peu judicieux? Oui. Nous avons pris très au sérieux la possibilité de prendre des mesures contre le gouvernement pour violation de l'accord en vertu du Programme de reconnaissance, de commémoration et d'éducation. Pour des raisons qui seraient trop longues à expliquer, nous avons décidé de ne pas emprunter cette voie de crainte qu'on pense qu'il s'agisse d'un coup politique contre le gouvernement. La plupart des membres du comité ont décidé qu'il ne serait pas sage de poursuivre le gouvernement pour violation de l'accord en vertu du Programme de reconnaissance, de commémoration et d'éducation.
Une ébauche des documents de poursuite a été préparée, mais nous avons décidé de ne pas aller de l'avant. Nous avons décidé de continuer les négociations avec le gouvernement, avec la ministre Bev Oda et le ministre Jason Kenney pour se retrouver, au bout du compte, insultés, balayés du revers de la main lorsqu'ils ont mis en œuvre ce programme, dont on n'avait jamais discuté et qui n'avait jamais été approuvé par quiconque ni par les membres du comité consultatif. Je dois vous dire que l'un des membres de ce comité est un professeur. Je crois qu'il était ici jeudi. Ce professeur, Roberto Perin, a écrit un livre intitulé Enemies Within. À son avis, les gens qui ont été arrêtés étaient des ennemis du Canada. Il prétend qu'ils étaient tous fascistes et qu'ils avaient peut-être mérité le traitement qu'ils ont reçu. C'est ce genre de personne qui siège au comité? C'est une double insulte pour la communauté italienne.
:
Merci, monsieur le président. Je l'apprécie.
Merci à nos témoins.
Je vais commencer par un petit historique, étant donné que certains faits ont été contestés. Des déclarations ont été faites au sujet de ma position et de celle de mon gouvernement, des déclarations qui ne sont pas fondées.
Soyons clair. L'histoire de ma famille au Canada commence à Halifax, au quai 21, en 1927. Mon grand-père a travaillé pour les chemins de fer du CP. C'est dans le cadre de cet emploi qu'il s'est installé dans une petite ville appelée Britt, près de Parry Sound. Mon père y est né. Il a été victime d'un grave accident de travail, en raison des mauvaises conditions de travail, puisqu'à ces gens-là, on ne donnait pas les bons emplois, mais simplement des emplois. Il a perdu une jambe et a failli mourir. Il s'en est remis et marchant sur une jambe artificielle, il y a travaillé aussi longtemps qu'il a pu. Il réparait des locomotives, mais il a dû se trouver un autre emploi parce qu'avec sa prothèse, il en était physiquement incapable. Il lui a fallu passer un test d'anglais, qu'il a réussi, pour devenir bagagiste. Il n'avait pas d'instruction. Il ne parlait pas couramment l'anglais, d'un point de vue littéraire. En fait, ma femme vous dira qu'il était assez difficile à comprendre en anglais. Moi, je le comprenais. Il l'a fait, il a réussi.
Il est devenu bagagiste et a travaillé jusqu'à l'âge de 70 ans et le jour où on l'a mis à la retraite, il en pleurait. La seule autre fois où je l'ai vu pleurer, c'est quand ma grand-mère est morte. Ils ont passé à travers ces épreuves. Le nom de mon père, c'était Enrico Giuseppe. Je ne l'ai su qu'à l'âge de 12 ans, quand j'ai vu son certificat de naissance. Je croyais qu'il s'appelait Henry Joseph et tout le monde l'appelait Hank. C'est ce qu'a vécu ma famille. C'est important. Ce qui est arrivé à la communauté italienne est inacceptable. Inacceptable.
Le fait que cela se soit produit dans ce pays-ci est remarquable, notre pays n'est pas parfait. Nous avons commis de nombreuses erreurs, et franchement, nous ne l'avons jamais vraiment bien reconnu. En grandissant, je ne comprenais pas. Je pense que le guide destiné aux immigrants au Canada en tient bien compte. Le test qu'ils auront à passer montre bien que ce pays n'est pas parfait, et qu'on y a commis des erreurs.
C'était une grave transgression. Je veux que ce soit clair.
Revenons à certains des propos entendus ici.
Monsieur Campione, vous dites que la communauté italienne est fière et unie mais, monsieur Sciascia, vous avez dit que les membres du programme de reconnaissance historique pour les communautés ne représentent pas la communauté italienne, que les principaux groupes visés n'appuient pas le programme. Comment peut-on conclure que la communauté italienne est fière et unie? En passant, la communauté italo-canadienne est certainement fière d'être canadienne, et très certainement fière de ses racines. Comment réaliser la quadrature du cercle, et dire que nous sommes unis, mais ces groupes ici prétendent que c'est une insulte que ces Italo-Canadiens se soient avancés pour nous représenter parce qu'ils ne représentent pas les Italiens? Comment peut-on faire cette distinction?
:
J'aimerais ajouter quelque chose.
Je ne suis pas ici pour juger les qualités des personnes qui sont membres de ce comité, mais, malgré cela, le principal problème, c'est qu'au milieu des négociations avec le gouvernement, des réunions qui avaient lieu régulièrement avec les ministres, quelqu'un a décidé de contourner les associations qui participaient au processus. Ils ont fait volte-face, ont créé un programme et ont nommé trois personnes qui n'avaient rien à voir avec ce processus, supposément pour gérer ces fonds.
C'était une insulte pour les associations communautaires qui travaillaient pour la collectivité depuis 25, 30, 40, et dans certains cas, 75 ans. C'est cette décision du gouvernement qui nous a insultés — il négociait, et comme il ne semblait pas pouvoir arriver à ses fins, il a décidé de nous laisser de côté et de trouver d'autres personnes avec qui négocier.
:
Tout d'abord, j'aimerais dire un certain nombre de choses que j'estime importantes. Nous connaissons tous des personnes qui ont été internées. J'ai connu un professeur qui a enseigné à l'Université de Toronto jusqu'à sa retraite: plusieurs d'entre vous devez connaître Johnny Lombardi, le radiodiffuseur. Johnny a fait la guerre. C'est bizarre, n'est-ce pas? Johnny est né ici et il a fait la guerre pour le Canada, mais lorsqu'il s'est présenté on lui a demandé d'où il venait. Il a dit du Canada, qu'il était né ici. Ils ont insisté pour qu'il leur dise ses origines et il a dit que ses parents étaient d'origine italienne. Ils lui ont dit que dans ce cas-là, il était Italien. Il m'a dit qu'il avait fait la guerre en tant qu'Italien né au Canada. Il ne pouvait être Canadien — ce n'était pas acceptable. Cela montre les choses étranges qui se sont passées.
M. Del Mastro a parlé d'anciens premiers ministres. Oui, ils ont eu tort, mais on ne corrige pas le mal par le mal. Je pense qu'il faut le dire clairement ici. Je n'ai aucune hésitation à le faire.
On a aussi parlé du premier à la table de négociations. C'était Paul Martin qui a offert 12,5 millions de dollars. Le fait est qu'après la conclusion de l'entente, il y a eu des élections et l'entente est tombée à l'eau. Mais le gouvernement actuel aurait pu continuer à négocier avec la collectivité, mais il a décidé de rompre les négociations.
Nous savons tous qu'il est possible d'aller dans n'importe quelle collectivité, de trouver deux ou trois personnes qui n'ont jamais établi de liens avec les autres et les encourager à diviser pour pouvoir mieux régner. C'est toujours possible. C'est même facile. Nous savons tous cela autour de cette table. N'ayons pas peur des mots. Le fait est que le gouvernement a choisi d'ignorer la collectivité et de s'adresser à un groupe de personnes qui n'ont ni l'expérience ni la capacité de s'en occuper. Bien sûr, l'argent ne s'élève pas à 12,5 millions de dollars.
Monsieur Stante, avez-vous participé à la négociation du fonds de 12,5 millions de dollars? Est-ce que tout le monde avait compris que c'est l'engagement que prenait le gouvernement?
:
Il y a deux aspects aux revendications historiques de notre communauté à ce sujet.
[Français]
revendications de notre communauté à ce sujet.
[Traduction]
Il y a d'abord bien sûr cet aspect des excuses, mais il y a aussi l'aspect de l'indemnisation. L'entente de RCE qui avait été conclue — et j'y reviens parce que cette entente avait fait consensus au sein de la communauté — comportait un volet financier.
Ce que nous essayons tous de dire, c'est que la communauté italienne n'a pas besoin de ce financement pour sa survie. Nous ne demandons pas l'aumône, pas du tout, mais si nous voulons entreprendre un projet d'éducation, de commémoration, si nous voulons nous assurer de faire connaître ce qui s'est produit, il faut qu'il y ait un mécanisme d'éducation.
C'est pourquoi nous appuyons sincèrement le projet de loi , puisque le député a indiqué dans le projet de loi qu'il a proposé que le fonds créé serve à des fins purement éducatives. Autrement dit, il ne s'agit pas de bâtiments. Ce que nous souhaitons, c'est la mise sur pied d'un programme éducatif, en collaboration avec toute la communauté bien sûr, et quand nous disons que l'argent n'est pas important, nous entendons par là que la communauté italienne n'en a pas besoin pour sa survie.
:
Qui vient de la Colombie-Britannique, levez la main?
Une voix: Personne n'est de la Colombie-Britannique.
Une voix: Nous avons toutefois une section très active dans cette province.
M. Paul Calandra: Du Manitoba?
Une voix: Oui.
M. Paul Calandra: De la Saskatchewan?
Des Territoires?
Des provinces de l'Atlantique?
De l'Ontario?
Une voix: Oui, de l'Ontario.
M. Paul Calandra: Du Québec?
Une voix: Oui.
M. Paul Calandra: Antonio, vous avez dit que seules les personnes qui ont travaillé au sein d'une organisation peuvent représenter la communauté. C'est ce que vous avez dit précédemment. Mon père a vécu au Canada. Mon oncle, mes tantes, tous ont vécu au Canada et travaillé très fort. Ils ne sont pas membres de votre association. Mon père est décédé. Toutes vos organisations combinées comptent combien de membres? Est-ce 100 000 Italiens?