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Monsieur le Président, c'est pour moi un honneur et un plaisir de parler du projet de loi , qui favorise la libéralisation du commerce et l'accès aux marchés.
Le projet de loi figure au nombre des mesures que prend le gouvernement pour aider les Canadiens à soutenir la concurrence et à réussir dans l'économie mondiale. Notre stratégie commerciale mondiale prévoit un programme revitalisé de libéralisation du commerce avec nos partenaires du monde entier.
Dans un pays commerçant comme le Canada, les entreprises, les producteurs et les investisseurs doivent avoir accès aux marchés internationaux pour soutenir la concurrence. Nous sommes entrés dans une ère de concurrence féroce à l'échelle mondiale, alors que les économies émergentes continuent de grimper dans la chaîne de valeur et de solidifier leurs assises dans une gamme de secteurs de plus en plus vaste.
En cette période d'incertitude économique, où le ralentissement de l'économie aux États-Unis — de loin notre principal partenaire économique — et les turbulences incessantes sur les marchés financiers internationaux continueront d'affecter les exportateurs et les investisseurs canadiens, nous tirons remarquablement bien notre épingle du jeu. Nous nous tirons bien d'affaire surtout en raison des points forts du Canada, comme le faible taux de chômage, la situation financière la plus solide de tous les pays du G7, un régime d'emprunt sain et la mise en valeur de nos richesses naturelles qui continuent d'être recherchées partout dans le monde.
Nous pourrions ajouter à ces avantages financiers le fait que le système bancaire canadien est aujourd'hui le plus stable et le meilleur du monde.
Nous devons également reconnaître que, contrairement à ce qui existe dans bon nombre de pays, nos régimes de retraite publics ont de solides assises financières.
Il est clair toutefois que nous devons nous montrer vigilants. Le Canada doit continuer de lutter contre les pressions protectionnistes à l'échelle internationale et de prendre des mesures pour s'assurer que les sociétés canadiennes demeurent concurrentielles, conservent leurs marchés et ont accès à de nouvelles occasions d'affaires.
Nous avons pris des mesures à cet égard. Notre gouvernement comprend le défi. Le Canada s'est engagé à jouer un rôle actif dans les Amériques et à établir des relations stratégiques avec nos principaux partenaires qui se trouvent près de nous, ce qui signifie bien sûr les pays des Amériques. La politique d'engagement du gouvernement conservateur envers les Amériques s'est avérée très logique au plan économique. Le Canada a adopté une politique extérieure et commerciale raisonnable, pratique et sensée en décidant de collaborer plus activement avec nos partenaires des Amériques qui sont nos voisins.
En Amérique latine, le Pérou est un chef de file, un pilier de la stabilité politique et économique de la région. Il dispose d'un moteur économique qui a assuré un taux de croissance du produit intérieur brut de 9,1 p. 100 en 2008, ce qui est presque le meilleur résultat de tous les pays de l'Amérique latine. Le Pérou a également une solide ouverture vers l'extérieur. Chef de file au niveau de la libéralisation du commerce, le Pérou participe actuellement à des négociations commerciales avec bon nombre de pays. Nous avons besoin de partenaires comme le Pérou, particulièrement en cette période où nous cherchons à collaborer avec des pays aux vues similaires dans les Amériques. Les Canadiens en tireront des avantages. Le Pérou constitue déjà un marché établi et croissant pour nous. Les exportations de blé, de légumineuses et d'équipements miniers ne sont qu'une partie de ces échanges.
Les Canadiens offrent également des services dans les domaines des finances et de l'ingénierie, ce qui représente un commerce bilatéral fort qui a atteint les 2,8 milliards de dollars en 2008. Les exportations canadiennes de céréales, de légumineuses, de papier, d'instruments techniques et de machinerie ont toutes joué un rôle dans cette réussite.
Le Pérou est un important fournisseur d'or, de zinc, de cuivre et de pétrole pour notre pays.
Les investisseurs canadiens sont également très présents sur les marchés péruviens. Le Canada est même l'un des plus importants investisseurs étrangers au monde, ayant fourni un stock brut de capital évalué à 1,8 milliard de dollars au Pérou en 2007, particulièrement dans les secteurs des mines et des services financiers. Il n'est pas étonnant que les entreprises canadiennes de bon nombre de secteurs aient si ardemment milité en faveur de cette entente. Leur appui a été essentiel tout au cours du processus qui a été enclenché en juin 2007.
Nous pouvons être fiers des résultats. Avec ce nouvel accord, nos pays font un pas très important en vue d'intensifier nos relations commerciales au cours des années à venir et d'ouvrir de nouvelles possibilités pour que les citoyens des deux pays puissent prospérer.
Nous avons négocié un accord de libre-échange complet et de grande qualité, un accord qui couvre tous les domaines, de l'accès des produits au marché aux échanges de services commerciaux transfrontaliers en passant par les investissements et les marchés publics. Les exportateurs canadiens en bénéficieront assurément. L'accord ouvrirait de nouvelles possibilités aux entreprises et aux producteurs canadiens sur le marché péruvien. En vertu de l'accord, le Pérou supprimera immédiatement ses droits de douane sur pratiquement toutes les importations canadiennes, puis il supprimera graduellement les droits restants sur une période comprise entre cinq et dix ans.
Les producteurs canadiens jouiront immédiatement d'une franchise de droits de douane sur des produits péruviens tels que le blé, l'orge, les lentilles et les pois. Il en ira de même pour une gamme de produits du papier, de machines et de pièces d'équipement.
Cependant, un accord de libre-échange efficace devrait faire davantage que de supprimer des droits. Il devrait s'attaquer aux barrières non tarifaires qui empêchent une relation commerciale de réaliser son plein potentiel. Dans ce sens, nous avons inclus de nouvelles mesures visant à assurer une plus grande transparence, y compris des mesures visant à garantir une meilleure prévisibilité en ce qui concerne les nouveaux règlements et le droit de l'industrie d'être consultée aux toutes premières étapes de l'élaboration des règlements, à promouvoir l'utilisation de normes internationales et à créer des mécanismes permettant de résoudre promptement les problèmes.
Nous agissons sur plusieurs fronts en vue de libérer le potentiel commercial inhérent à la relation canado-péruvienne.
Toutefois, cet accord est aussi important pour d'autres raisons. Il renferme des accords parallèles importants qui témoignent de notre engagement commun à l'égard de la responsabilité sociale des entreprises, des droits des travailleurs et de la protection de l'environnement naturel. Nos pays reconnaissent que la prospérité ne saurait avoir lieu au détriment de l'environnement et des droits des travailleurs.
Cet accord prépare le terrain pour un dialogue important dans d'autres domaines d'intérêt mutuel, y compris la réduction de la pauvreté et la coopération liée au commerce. En fait, cette approche fait fond sur nos réussites avec des partenaires de libre-échange tels que les États-Unis, le Mexique, le Chili et le Costa Rica. L'accord ouvrira des possibilités bilatérales pour les investissements et les entreprises au Canada et au Pérou. Nous croyons que la libéralisation du commerce favorisera la croissance économique et l'emploi et aidera les Péruviens à réduire les niveaux élevés de pauvreté.
L'ACDI a contribué de façon importante à préparer et à créer un environnement propice pour le commerce et les investissements au Pérou en améliorant la gouvernance économique grâce à la création de cadres réglementaires dans les secteurs des mines et du gaz naturel péruviens, en accroissant les capacités du Pérou de protéger l'environnement, en gérant les conflits sociaux par le biais de la promotion de la responsabilité sociale des entreprises, en appuyant les efforts en vue de l'amélioration de l'administration professionnelle dans le domaine du travail, en favorisant une gouvernance démocratique, en réalisant les objectifs environnementaux et en soutenant les négociations entourant la coopération liée au commerce en vue d'un accord de libre-échange entre le Canada et le Pérou.
L'Accord de libre-échange Canada-Pérou s'appuie sur notre travail puisqu'il inclut un certain nombre de dispositions qui favorisent le développement. Il donne au Pérou un accès accru au marché canadien et permet à ce pays de s'adapter à des échanges plus libres avec le Canada. Pour la première fois dans un accord de libre-échange conclu par le Canada, notre pays a accepté d'y inclure un chapitre sur la coopération commerciale, qui aidera le Pérou à maximiser ses possibilités en vertu de l'accord de libre-échange. Grâce à ces mesures, ainsi qu'aux accords parallèles sur le travail et l'environnement dont mes collègues ont parlé, l'Accord de libre-échange Canada-Pérou est une entente globale très vaste.
Il s'agit aussi d'un autre exemple de l'engagement renouvelé du Canada au sein des Amériques. Notre gouvernement est déterminé à travailler en étroite collaboration avec nos partenaires dans tout l'hémisphère pour resserrer nos liens en matière d'économie et de sécurité et pour promouvoir la stabilité, la sécurité et la prospérité. L'Accord de libre-échange Canada-Pérou est une partie importante de ces efforts. Il nous aidera aussi à solidifier l'amitié et la coopération entre nos deux pays et à créer de nouvelles possibilités économiques tant pour les Canadiens que pour les Péruviens.
Nous partageons la croyance selon laquelle les marchés libres et le commerce international sont nos meilleures chances de favoriser le développement et notre sécurité commune au sein de l'hémisphère.
Nous reconnaissons qu'il ne peut y avoir prospérité sans sécurité ou en l'absence de la liberté et de la primauté du droit que procure la gouvernance démocratique. Une bonne et saine démocratie ne peut fonctionner sans les solides piliers que sont la sécurité personnelle et la chance d'améliorer le niveau de vie grâce à un accroissement du commerce et des investissements. C'est pourquoi nous sommes déterminés à travailler en étroite collaboration avec des partenaires comme le Pérou pour tenter d'amener des changements positifs dans la toute la région et promouvoir la saine gouvernance, la sécurité et la prospérité.
Ensemble, ces accords marquent le début d'un nouveau chapitre dans les relations Canada-Pérou, un chapitre qui verra les liens entre nos deux pays se resserrer encore davantage au cours des années à venir. Ils marquent aussi un autre jalon dans la politique commerciale du Canada. En cette ère de concurrence mondiale féroce et d'incertitude économique généralisée, je suis fier de dire que nous prenons les mesures nécessaires pour continuer de bâtir une économie canadienne solide et concurrentielle pour l'avenir.
Je demande à tous les députés de nous appuyer dans nos efforts continus en vue de créer de nouvelles possibilités pour permettre à l'ensemble des Canadiens de s'épanouir et de prospérer dans l'économie mondiale.
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Madame la Présidente, je suis ravi de parler aujourd'hui du projet de loi , Loi de mise en oeuvre de l’Accord de libre-échange Canada-Pérou.
Le Parti libéral reconnaît l'importance du libre-échange et de l'occasion de créer des emplois et de faire prospérer non seulement les Canadiens, mais aussi nos partenaires commerciaux. En particulier pendant cette récession économique mondiale, il est important d'accroître nos rapports de libre-échange et de lutter contre les tendances protectionnistes, qu'elles soient manifestées par des membres du Congrès ou des sénateurs des États-Unis ou par des Européens.
Partout dans le monde, on craint le protectionnisme. Nous avons vu ce qui s'est produit dans les années 1930, à l'époque de la loi tarifaire Smoot-Hawley, aux États-Unis, qui a transformé la récession en dépression. Cette loi a suscité des réactions dans le monde entier, de même que des représailles contre le protectionnisme américain. Heureusement, la communauté internationale et le G20 ont été très cohérents dans leurs actions et leurs déclarations contre les mesures protectionnistes. Nous espérons que cette sagesse persistera, mais nous devons être vigilants et énergiques dans notre opposition aux mesures protectionnistes.
Le Canada dépend du commerce. Son économie est petite et ouverte. Il est troublant de constater que, sous le gouvernement conservateur, le Canada a connu son premier déficit commercial en 30 ans. Il est inquiétant de voir qu'une petite économie ouverte comme la nôtre, dont la prospérité et les emplois dépendent du commerce extérieur, achète davantage qu'elle ne vend à l'heure actuelle. L'économie mondiale est affaiblie. Nous devons par conséquent élargir nos relations commerciales. Nous devons rechercher de nouveaux débouchés commerciaux.
L'économie du Canada dépend du commerce avec les États-Unis, le pays le plus durement touché par la crise économique. C'est la preuve que nous devons diversifier nos relations économiques, non seulement pendant cette période difficile, mais de façon permanente. Ainsi, nous ne serons plus aussi vulnérables ou dépendants d'un marché unique à l'avenir. Les États-Unis représentent un marché important pour nous. Tous le reconnaissent. Nous devons continuer d'approfondir et de renforcer nos liens commerciaux avec les États-Unis, mais il nous faut également diversifier radicalement nos liens commerciaux de façon à réduire notre dépendance.
En ce sens, la Chine, l'Inde et le Brésil sont des pays très importants. Mon collègue, le , vient tout juste de dire que la Chine est maintenant notre deuxième partenaire commercial en importance. Il a demandé qui aurait pu prédire cela il y a quelques années. Eh bien, le gouvernement libéral et les premiers ministres Chrétien et Martin l'avaient prévu.
Le gouvernement libéral a travaillé très fort pour approfondir les relations avec la Chine, des relations qui datent de l'époque du Dr Bethune et de Pierre Trudeau. Pierre Trudeau et Richard Nixon étaient presque toujours en désaccord, sauf sur l'importance de percer le marché chinois, et ils avaient raison. Cette percée au niveau des échanges et des relations économiques nous a permis d'accroître notre capacité à influencer les Chinois sur la question des libertés et des droits de la personne et sur la libéralisation des marchés.
D'ailleurs, les engagements économiques peuvent nous permettre de renforcer notre capacité à influencer d'autres pays ainsi que nos partenaires commerciaux sur la question des droits, du travail et de l'environnement. Nous avons déjà utilisé nos relations économiques avec d'autres pays pour mieux influer sur d'autres questions.
Je reviendrai sur nos relations avec la Chine dans mes observations, mais en ce qui concerne le sujet dont nous débattons, l'Accord de libre-échange Canada-Pérou, le Parti libéral croit fermement qu'il existe des possibilités pour le Canada d'approfondir ses relations commerciales avec le Pérou. Nous croyons également qu'il nous incombe, en tant que Parlement, d'évaluer chacune de ces ententes commerciales au comité et de les examiner attentivement dans une perspective multipartite et, autant que possible, non partisane pour s'assurer qu'elles sont profitables pour le Canada.
Dans cette optique, le Parti libéral appuiera le projet de loi lors de la deuxième lecture pour que l'Accord de libre-échange Canada-Pérou puisse être examiné attentivement au comité. Nous voulons connaître l'opinion des intervenants canadiens. Si, après l'étude au comité, nous sommes d'avis qu'il s'agit d'un accord profitable pour les Canadiens, nous l'appuierons.
Nous croyons aux principes qui sous-tendent le libre-échange et visent une prospérité accrue pour nos citoyens et des économies comme celle du Pérou, mais nous croyons aussi que le Canada sera exposé à de grands risques économiques si nous ne cherchons pas à conclure des accords de libre-échange avec des pays comme le Pérou.
Le Pérou cherche activement à conclure des accords bilatéraux de libre-échange avec un certain nombre de pays. Depuis 2005, le Pérou a conclu des accords de libre-échange avec les États-Unis, le Chili, la Thaïlande, les pays du MERCOSUR, c'est-à-dire l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay, ainsi que Singapour.
L'accord de libre-échange que le Pérou a conclu avec les États-Unis, le plus important partenaire commercial du Canada, a été approuvé par le Congrès américain et est entré en vigueur le 1er février dernier. Maintenant que cet accord est en place, certains exportateurs américains jouissent d'un avantage comparatif par rapport aux exportateurs canadiens sur le marché péruvien. Par exemple, les exportations de blé des États-Unis sont maintenant exemptes de droits de douane au Pérou. Or, les exportateurs de blé du Canada continuent de devoir verser des droits de 17 p. 100.
Il est clair que les producteurs de blé canadiens sont désavantagés sur ce marché par rapport à leurs concurrents américains et le blé représente 38 p. 100 des exportations totales du Canada au Pérou. Par conséquent, nous pourrions dire que le fait de ne pas avoir d'accord de libre-échange avec le Pérou va à l'encontre des intérêts canadiens. Nous devons nous efforcer de combler cet écart avec les États-Unis, non seulement pour nos producteurs de blé, mais également pour ceux de tous les autres secteurs.
En ce qui concerne l'accord de libre-échange Canada-Pérou, en 2008, les échanges de marchandises entre le Canada et le Pérou se sont élevés à environ 2,8 milliards de dollars. L'année dernière, le Canada a importé des marchandises du Pérou d'une valeur d'environ 2,5 milliards de dollars. En 2008, nos exportations au Pérou ont totalisé approximativement 400 millions de dollars, ce qui représente une augmentation de 18 p. 100 de plus qu'en 2007.
Les exportateurs canadiens ont d'importantes possibilités de croissance au Pérou, surtout pour fournir de l'équipement minier et de l'équipement de transmission hydroélectrique, deux domaines d'expertise des Canadiens.
Le Pérou impose actuellement des tarifs allant de 4 p. 100 à 12 p. 100 sur les exportations canadiennes de machinerie, d'équipement, de papier, de pétrole, de plastique et de caoutchouc. L'élimination de ces tarifs contribuera à améliorer la position concurrentielle du Canada ainsi qu'à maintenir et augmenter le nombre d'emplois au Canada.
Le Pérou offre également des possibilités pour le secteur financier canadien. La Banque de Nouvelle-Écosse est en fait la troisième banque en importance au Pérou. Ses dirigeants en étendent la présence dans ce pays car ils estiment que le marché péruvien offre de grandes possibilités.
C'est en améliorant l'accès du Canada aux marchés étrangers que nous pourrons aider les entreprises canadiennes à croître et à créer des emplois, tant ici que dans des économies en développement comme celles du Pérou.
En ce qui concerne notre secteur financier, la solidité relative des banques et institutions financières canadiennes par rapport à la concurrence étrangère s'est accrue à la suite de la crise financière mondiale actuelle. Il existe donc d'excellentes possibilités de tirer parti de cet avantage comparatif, qui fait la force de notre secteur financier, afin de solidifier nos relations et d'étendre notre secteur financier à certaines de ces économies émergentes.
En examinant l'Accord de libre-échange conclu entre le Canada et le Pérou le 29 mai, on constate qu'il protège effectivement la gestion de l'offre. Nous devons appuyer et défendre la gestion de l'offre pour ce qu'elle est. Il s'agit d'un système fondé sur le marché qui assure aux agriculteurs canadiens un prix juste et raisonnable pour leurs produits. Il ne s'agit pas d'une subvention gouvernementale. Nous devons contrer les détracteurs de la gestion de l'offre qui fondent leurs arguments sur ce qu'elle n'est pas. Ils décrivent en effet souvent la gestion de l'offre comme une sorte de subvention gouvernementale, ce qui n'est pas le cas. Il s'agit simplement d'un solide mécanisme d'établissement des prix qui fait en sorte que les agriculteurs canadiens obtiennent un prix raisonnable pour leurs produits.
L'Accord de libre-échange conclu avec le Pérou comprend également des accords parallèles sur l'environnement et la coopération en matière de travail, ainsi que des dispositions sur la responsabilité sociale des entreprises. Ces deux accords parallèles comprennent un processus de plainte et de résolution des différends permettant à n'importe quel citoyen canadien ou péruvien de demander la tenue d'une enquête s'il croit que le Canada ou le Pérou ne respecte pas ses engagements en vertu de l'accord.
L’Accord de coopération dans le domaine du travail permet aussi à un comité d'examen indépendant d'imposer annuellement une amende pouvant aller jusqu'à 15 millions de dollars en cas de violation des dispositions de l'accord.
À l’étape de l’étude en comité, nous collaborerons avec les intéressés et les spécialistes canadiens pour déterminer si ces dispositions et accords parallèles tiennent la route. Nous nous assurerons que cet accord de libre-échange est bon pour le Canada, dans l’ensemble. Nous continuerons à croire que la diversification de nos relations commerciales est un moyen important de progresser dans le contexte d’une reprise économique mondiale.
Je crois très fermement que le multiculturalisme canadien peut nous aider à diversifier nos relations commerciales — que nos communautés multiculturelles représentent des liens naturels avec certaines des économies du monde qui connaissent une croissance foudroyante. Nous devrions nous appuyer sur la force de nos communautés multiculturelles. Il faut cesser de penser au multiculturalisme seulement comme à une politique sociale fructueuse du Canada et considérer les fruits qu’il donne aujourd'hui.
De nos jours, la situation économique mondiale évolue rapidement, et c'est un fait que le multiculturalisme n’est plus seulement une politique sociale. Cela peut être un moteur économique si nous savons en tirer les avantages en travaillant avec les chefs d’entreprise. Certains des entrepreneurs qui connaissent le plus de succès au Canada sont des leaders de communautés multiculturelles. Nous devons tirer profit des talents d’entrepreneurs de diverses cultures et s’en servir comme d’un lien naturel avec ces économies qui se développent rapidement.
Le Parti libéral s’assurera que l'Accord de libre-échange Canada-Pérou est un bon accord pour le Canada. Nous continuerons à insister sur la nécessité que le Canada diversifie ses relations commerciales et nous ferons valoir les possibilités de formation qui s’offrent partout dans le monde.
Je reviens maintenant à la question du commerce entre le Canada et la Chine. Il existe d’immenses possibilités pour le Canada sur cet important marché émergent qu’est la Chine. Malgré les préoccupations que suscite le ralentissement économique mondial, on s’attend toujours à ce que le PIB réel de ce pays connaisse une croissance de 6 p. 100 en 2009 et de 7 p. 100 en 2010. Le gouvernement de la Chine vise une croissance encore plus marquée, mais ce sont déjà des chiffres impressionnants si on les compare aux résultats économiques du Canada ou de tout autre État industrialisé, où le PIB diminue dans le contexte de ce ralentissement.
Le gouvernement de la Chine a annoncé un train de mesures de stimulation représentant 725 milliards de dollars qui comporte des investissements dans l’infrastructure, dans les transports, dans l’environnement et dans la production énergétique. La Chine a besoin des marchandises produites par le Canada et des technologies que le Canada a mises au point et qu’il peut continuer à perfectionner. Par exemple, la Chine a énormément besoin d’énergie verte et de modes de production d’énergie verte. Nous devrions renforcer nos relations avec la Chine, l’Inde et le Brésil pour aider ces pays à trouver les solutions qu’il leur faut, les technologies dont ils ont besoin et l’énergie nécessaire tout en protégeant la planète des effets des changements climatiques.
Alors que le gouvernement chinois est en train de donner suite à son engagement d'améliorer la qualité de l'air, du sol et de l'eau et de produire de l'énergie plus propre, la Chine va avoir besoin d'une plus grande quantité d'énergie propre et de technologies vertes. En tant que chef de file mondial dans le domaine, le Canada est devenu le partenaire de la Chine en matière d'énergie propre et de technologies vertes. Cependant, en Chine, l'État a une forte influence sur l'activité économique, alors les entreprises canadiennes ne peuvent pas profiter des occasions qui se présentent à moins que les gouvernements du Canada et de la Chine entretiennent une relation solide.
Après trois années à miner les relations du Canada avec la Chine, le gouvernement conservateur semble enfin admettre que l'économie chinoise et les perspectives qu'elle offre sont importantes pour le Canada et que le maintien de bonnes relations est bel et bien important.
Samedi, dans le Globe and Mail, voici ce que disait la chronique de Jeffrey Simpson:
Enfin, bien que tardivement, les conservateurs se mettent au diapason de la réalité chinoise et abandonnent la vision unidimensionnelle qu'ils avaient élaborée pendant qu'ils étaient dans l'opposition et qu'ils ont conservée depuis qu'ils forment le gouvernement. Ils sont en train d'arriver à la même conclusion élémentaire qu'ont tirée tous les observateurs le moindrement lucides sur la planète depuis un bon bout de temps: la Chine a une importance énorme.
M. Simpson écrit encore que « la partisanerie puérile qui marque les politiques des conservateurs et leur ignorance renversante du monde » ont été préjudiciables à la relation entre le Canada et la Chine.
Il est absolument essentiel que le Canada entretienne une solide relation avec la Chine, autant pour profiter des débouchés économiques qu'ouvre aux deux pays le commerce entre le Canada et la Chine que pour nous donner les moyens d'influencer la Chine en ce qui a trait au respect des droits de la personne.
Nous devrions nous demander ce qui suit: le Canada a-t-il davantage d'influence aujourd'hui sur la Chine, en matière de respect des droits de la personne, qu'il n'en avait il y a trois ans alors que le gouvernement du Canada entretenait avec le gouvernement de la Chine une relation solide qui n'a rien à voir avec la relation actuelle complètement dégradée?
Il est évident pour tous les observateurs attentifs, y compris les principaux intéressés, les organisations syndicales et les dirigeants du monde des affaires, que nous avons perdu du terrain depuis les trois dernières années, en Chine, en raison de la perspective étroite et fortement teintée d'idéologie du à l'égard de la Chine. Nous devons inverser cette situation.
Au cours des dernières semaines, le gouvernement a changé de ton, mais le ne s'est toujours pas rendu en Chine. Il n'a toujours pas fait preuve d'une volonté d'approfondir et de renforcer la relation ainsi que de réparer une partie du tort qu'il a causé à la relation entre le Canada et la Chine au cours des trois dernières années.
Depuis deux ans, nos exportations ont à peine suivi la cadence de la croissance des importations de la Chine. Par contre, les États-Unis ont accru leurs exportations de 60 p. 100 au cours des deux dernières années, un pourcentage nettement supérieur au taux de croissance des importations chinoises. L'Australie exporte cinq fois plus que nous vers la Chine. Le premier ministre de l'Australie, Kevin Rudd, comprend l'importance de l'économie chinoise. Le premier ministre Rudd parle même le mandarin. Alors que nous n'arrivons même pas à convaincre notre de se rendre en Chine, le premier ministre de l'Australie s'est donné la peine d'apprendre le mandarin pour favoriser un approfondissement des rapports.
Le s'est rendu récemment en Chine pour refaire l'annonce de certains bureaux commerciaux déjà prévus par le gouvernement libéral précédent. Cela ne suffit pas. Le gouvernement, tout gouvernement canadien, doit mettre les bouchées doubles pour maintenir et approfondir nos rapports commerciaux avec la Chine et y élargir nos possibilités. Le Canada ne doit rien négliger pour viser la libéralisation des échanges partout dans le monde. Puisque le Canada est un pays qui dépend du commerce, le libre-échange est dans son intérêt, en définitive.
Le Canada est en mesure d'être concurrentiel et de réussir à l'échelle planétaire s'il en a l'occasion. Le protectionnisme ne nous est pas nécessaire pour défendre les emplois du Canada et pour assurer la prospérité des Canadiens. C'est d'occasions dont nous avons besoin. Les milieux d'affaires et les entrepreneurs du Canada sont tout à fait capables d'être concurrentiels et de réussir. Nous devons travailler avec eux comme partenaires, pour diversifier les rapports commerciaux du Canada, pour miser sur les avantages comparatifs du Canada dans le domaine de l'énergie, des services financiers et des matières premières en approfondissant nos rapports commerciaux avec certains pays qui ont besoin de technologies énergétiques propres, de services et d'institutions financières plus solides et de nos matières premières pour construire leurs infrastructures.
Nous sommes tout à fait capables comme pays d'être un chef de file mondial dans ces secteurs et de transformer la crise économique actuelle en occasions pour le Canada à mesure que nous faisons des progrès. Cependant, il faut pour cela faire preuve de cohérence, ce qui veut dire que notre façon d'envisager les droits de la personne et le commerce doit être la même partout dans le monde.
S'agissant de la Colombie, du Pérou et d'autres économies en développement, le gouvernement a déclaré que le resserrement des liens économiques nous permet d'exercer davantage d'influence en matière de droits de la personne. Je suis d'accord. Cependant, je souhaite, comme citoyen canadien, que mon gouvernement applique les mêmes principes à des pays comme la Chine, et tout particulièrement à ce pays, qui offre tant d'occasions aux Canadiens et aux Chinois à mesure que nous progressons sur la voie de l'édification d'une économie mondiale plus solide.
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Madame la Présidente, le projet de loi . Comme je l'ai dit tout à l'heure, lors d'une question au député conservateur, l'importance relative du commerce avec le Pérou est plutôt faible et négligeable. Ce n'est pas nécessairement l'axe que je prendrai pour vous présenter mon discours cet après-midi. J'aborderai plutôt d'autres éléments qui sont tout aussi importants — sinon plus importants, à la limite — que les simples chiffres absolus des transactions qui s'opèrent entre le Pérou et le Canada.
Comme je le disais tout à l'heure, compte tenu des chiffres pris en considération, on a un déficit commercial assez important avec le Pérou. Il est question d'exportations dans une proportion de 300 millions de dollars et d'importations dans une proportion de 2,4 milliards de dollars. Proportionnellement, le déficit est assez important.
Plusieurs éléments interviennent au niveau de l'Accord de libre-échange avec le Pérou, et je voudrais en souligner quelques-uns. Premièrement, l'accord sur la protection des investissements contenu dans cet accord avec le Pérou est pratiquement une copie du chapitre 11 de l'ALENA. On sait très bien comment cela fonctionne et que cela conduit des multinationales à intenter de plus en plus des poursuites contre les gouvernements. Au chapitre 11, on retrouve aussi l'élément du mécanisme de règlement des différends qui présente des problèmes et des faiblesses importantes.
Le Bloc québécois est favorable à la protection des investissements, mais il faut que ce soit bien fait. De plus, il y a aussi cet engouement quasiment maladif du gouvernement à signer des accords bilatéraux à profusion le plus rapidement possible, en négligeant, bien sûr, l'aspect du multilatéralisme. Depuis quelque temps, l'OMC est un peu mise de côté, le Cycle de Doha est plutôt boiteux et cela n'avance pas tellement. On sait très bien qu'il faut, effectivement, que le commerce international — la mondialisation — fasse l'objet de règles égales pour tout le monde et surtout que ce soient les mêmes règles.
Si j'ai le temps, j'aimerais aussi vous parler des compagnies minières. En effet, il y a beaucoup de compagnies minières au Pérou, près de 80. On sait très bien qu'énormément de compagnies minières ont leur siège social au Canada, mais dans le fond, elles sont étrangères. Sachant que, au Canada, la réglementation en ce qui concerne les compagnies minières à l'étranger est très faible, celles-ci viennent effectivement profiter de ces conditions.
Tout à l'heure, un député parlait du commerce équitable et des différents éléments que sont l'environnement, les droits des travailleurs, les droits des personnes. Ce sont des éléments excessivement importants dans le commerce, ils le sont de plus en plus, et ce sont des dimensions qui, souvent, ont été mises de côté par les multinationales qui ont tenté de mondialiser un peu partout sur la planète. On sait que c'est pour faire de l'argent. Souvent, c'était au détriment des populations dans les pays où elles allaient s'installer parce qu'elles pouvaient profiter de plusieurs faiblesses. Maintenant, ce sont des choses qu'on devrait de plus en plus considérer comme regrettables, choses du passé, et on devrait regarder vers l'avenir pour un développement beaucoup plus équitable.
Comme je le disais tout à l'heure, l'importance relative du commerce avec le Pérou est plutôt faible. Le Pérou se trouve au 48e rang, c'est-à-dire 0,079 p. 100, pour ce qui est des exportations canadiennes et au 19e rang pour ce qui est des importations du Canada. Le Pérou est donc le 25e partenaire commercial du Canada, bien que je trouve important de souligner davantage sa faible position quant à nos exportations.
Dans ce cadre, le Pérou compte pour moins de 1 p. 100, c'est-à-dire 0,31 p. 100 du commerce international canadien. C'est ainsi que le Canada et le Québec ont une balance des échanges négative avec le Pérou. Cependant, il est à noter que le Canada importe surtout des matières premières du Pérou, notamment du cuivre, et exporte surtout du blé et des produits manufacturés.
Comme je le mentionnais tantôt, le solde des échanges en exportations totales se chiffre à 382 millions de dollars, alors que les importations totales représentent 2,458 milliards de dollars, donnant un déficit de 2 milliards de dollars. On voit donc la proportion des exportations et des importations. Ce résultat parle de lui-même.
Au Québec, les exportations sont de 50 millions de dollars et les importations de 223 millions de dollars, donnant un déficit de 173 millions de dollars.
Pour ce qui est de l'agriculture, il s'agit d'un accord typique. La gestion de l'offre n'est heureusement pas touchée; les droits hors contingents sur les produits et offres réglementés, par exemple les produits laitiers, la volaille, les oeufs et le sucre raffiné, sont exclus des réductions de tarifs.
L'environnement et le droit du travail sont aussi touchés par l'accord. L'Accord de libre-échange Canada-Pérou est accompagné de deux rapports parallèles sur les droits du travail et l'environnement. Sur le plan des droits de l'homme et du travail, le Pérou n'est pas un pays problématique comme l'est la Colombie. Cependant, le niveau de vie est bas, et nous pouvons légitimement remettre en question la capacité de l'État péruvien de faire appliquer les normes tant environnementales que relatives au droit du travail sur l'ensemble de son territoire.
Le principal danger se trouve du côté des compagnies minières canadiennes opérant dans ce pays. En effet, le potentiel minier du Pérou est important, et plus de 80 compagnies minières canadiennes y sont présentes. Le Canada est le premier investisseur sur le plan minier au Pérou. Étant donné la feuille de route peu reluisante des compagnies minières canadiennes et le manque total de volonté du gouvernement canadien à réglementer leurs agissements, leur donner une protection des investissements supplémentaires sous forme d'un nouveau chapitre 11 est hautement critiquable.
Le Bloc québécois est contre la stratégie du gouvernement conservateur d'effectuer des ententes commerciales à la pièce, et le Bloc privilégie l'approche multi-latérale. La présente crise économique nous démontre qu'une économie de marché ne peut fonctionner correctement que si elle est régulée et stabilisée par un cadre institutionnel, politique et éthique. Plutôt que de faire des accords à la pièce, le Canada doit travailler au sein de l'OMC pour s'assurer que les règles qui régissent le commerce international sont les mêmes pour tous.
Le Bloc québécois considère que le commerce peut contribuer à l'enrichissement des peuples et, en ce sens, devenir un instrument de développement socioéconomique important. Or, pour que ce soit le cas, les accords commerciaux doivent contenir des mesures qui assurent le développement durable et l'épanouissement des populations concernées.
L'Accord de libre-échange Canada-Pérou contient une clause de protection des investissements, calquée sur le chapitre 11 de l'ALENA, qui permettra aux entreprises de poursuivre les gouvernements. La présence d'un chapitre sur la protection des investissements pourrait constituer un frein au développement social et économique du Pérou. Le Pérou est un partenaire commercial mineur du Québec.
Comme je le disais, les exportations québécoises au Pérou représentent 0,14 p. 100 des exportations totales québécoises, et le Québec y affiche une balance commerciale négative de 174 millions de dollars.
La principale activité commerciale du Canada au Pérou est le secteur minier, et le Pérou a un bilan peu reluisant en matière de protection des travailleurs de ce secteur.
En l'absence d'une véritable politique de responsabilisation des compagnies minières canadiennes, la ratification de cet accord permettra à ces compagnies d'étendre leurs activités sans qu'elles ne soient soumises à des règles ou à des conséquences lorsqu'elles polluent ou bafouent les droits de la personne. Le Bloc québécois est donc effectivement contre ce projet de loi.
Le contexte du chapitre 11 de l'ALENA sur les investissements permet aux investisseurs de pays membres de la Zone de libre-échange nord-américaine de réclamer une compensation aux gouvernements d'une autre partie à l'ALENA lorsqu'ils considèrent subir un préjudice suite à l'adoption de mesures réglementaires qui modifient les conditions d'opération de leur entreprise. Ces modifications réglementaires ou législatives doivent cependant être assimilables à une expropriation directe ou indirecte ou à une mesure équivalente à une expropriation.
L'ALENA est le seul accord de libre-échange majeur qui lie le Canada et qui renferme des dispositions aussi étendues sur le traitement devant être accordé aux investisseurs des autres parties. Comme l'accord de libre-échange avec le Pérou contient une clause similaire, le Bloc québécois estime qu'il n'est pas dans l'intérêt du Québec d'adhérer à un tel accord et s'opposera à sa ratification.
Dans les faits, la libre circulation des produits peut difficilement ne pas s'accompagner de la libre circulation des capitaux. Lorsque les dispositions spécifiques ne sont pas intégrées aux accords de libre-échange, des accords bilatéraux assurent généralement la protection des investissements en provenance de l'autre partie et tous ces accords prévoient des dispositions sensiblement similaires, à savoir une procédure d'arbitrage neutre en cas de mésentente entre l'investisseur étranger et le pays hôte de l'investissement. Il existe présentement plus de 1 800 accords bilatéraux de ce type dans le monde.
Or, les dispositions du chapitre 11 de l'ALENA sur les investissements ont été questionnées. Elles sont à l'origine de nombreuses poursuites contre différents gouvernements tant au Mexique, aux États-Unis qu'au Canada. Elles se sont parfois soldées par des indemnisations de plusieurs millions de dollars. Bref, le chapitre 11 définit tout un régime pour les investissements. La définition de ces derniers est d'ailleurs très large. Certaines des dispositions de ce chapitre ont donné lieu à de nombreuses poursuites, dont la notion d'expropriation. D'ailleurs, la tendance actuelle est d'étendre cette notion pour englober les pertes de profits.
J'aurais une multitude d'exemples de poursuites à donner en fonction du chapitre 11. On voit souvent que c'est en fonction de la notion d'expropriation et de la perte de profits des entreprises. On sait très bien que le sens de l'expropriation dans les transactions immobilières touche directement un actif et l'entreprise qui opère, mais quand les multinationales poursuivent pour des profits qu'elles ne font pas, il s'agit d'autre chose.
Il y a donc une multitude de poursuites qui ont eu lieu. À titre d'exemple, parlons d'une poursuite relative à l'adoption d'une réglementation sur les BPC. Dans cette affaire, le gouvernement canadien est poursuivi par la compagnie S.D. Myers qui a entrepris une poursuite contre le Canada à la suite de l'adoption par ce dernier de l'arrêté d'urgence sur l'expropriation de déchets contenant des BPC, qui a été en vigueur entre le 20 novembre 1995 et le 4 février 1997. La compagnie américaine allègue que cet arrêté l'a empêché de faire des affaires au Canada et réclame une indemnité de 20 millions de dollars américains. Selon la décision rendue, l'interdiction temporaire par le Canada de l'exportation de déchets contenant des BPC contrevenait à deux dispositions de l'ALENA.
Il est évident que le Canada est encore en appel de cette décision, mais on parle d'intérêt public et de protection. Cela veut dire que les multinationales étrangères ont un droit de regard sur ces éléments tellement essentiels pour la population et la souveraineté des nations.
Il y a une autre poursuite qui démontrera ce que peut avoir de vicieux le chapitre 11 portant sur l'investissement. Une autre poursuite découlait de l'interdiction d'un site d'enfouissement de déchets toxiques. Le 19 février, la Cour d'appel de la Colombie-Britannique entendait l'appel d'une décision d'un tribunal de l'ALENA par laquelle une firme américaine, Metalclad Corporation, s'était vu accorder 16,7 millions de dollars états-uniens en dommages. Le tribunal a rendu son jugement en août dernier après qu'un municipalité du Mexique eut refusé à Metalclad un permis de construction pour exploiter un site d'enfouissement de déchets toxiques. Chose assez surprenante, le Canada interviendra au nom du Mexique dans cette affaire pour faire valoir notamment que toute interprétation de l'ALENA doit promouvoir la capacité d'un gouvernement à protéger ses intérêts publics.
Ce qui me surprend, c'est que le gouvernement copie pratiquement le chapitre 11 dans cet accord de libre-échange. Cela rend plus sensible et plus évidente la possibilité de poursuites de compagnies multinationales contre des gouvernements. Par exemple, si jamais il y a un développement important en matière de politiques environnementales au Pérou, les multinationales canadiennes minières, qui n'ont potentiellement pas de réglementation, pourraient poursuivre le gouvernement péruvien dans le même sens.
Il y a aussi le règlement des différends, comme je le disais plus tôt. De nombreuses questions sont posées quant au mécanisme de règlement des différends prévu dans ce chapitre. Ce mécanisme prévoit qu'une compagnie qui estime qu'un gouvernement contrevient aux dispositions concernant les investissements peut exercer un recours directement contre cet État devant un tribunal arbitral. Les tribunaux arbitraux qui entendent ces litiges sont formés pour l'audition d'un litige précis. Les délibérations de ces arbitres et leurs décisions sont secrètes à moins que les deux parties en litige n'en décident autrement.
Bien que l'accord de libre-échange avec le Pérou comporte certaines avancées en matière de transparence, le Bloc québécois estime que le règlement des différends devrait se faire sur une base multilatérale et centralisée, plutôt que pièce par pièce, entre les différents États signataires d'accords bilatéraux.
À vrai dire, les dispositions de l'ALENA en matière d'investissement sont semblables à celles contenues dans le projet d'accord de libre-échange avec le Pérou. Elles donnent un très large pouvoir aux entreprises et nous font craindre ultimement pour la souveraineté des États et leur capacité à prendre des mesures visant notamment à protéger la santé des populations et la qualité de l'environnement.
Je n'aurai peut-être pas le temps de terminer tout ce que j'avais à dire aujourd'hui, mais je vais passer tout de suite au multilatéralisme.
Le cours actuel de la mondialisation, qui est un phénomène porteur de grandes espérances mais aussi de grandes injustices, doit être infléchi. La disparité de la richesse, le non-respect des droits et libertés et le commerce libre de toute réglementation environnementale et du travail créent plus de désespoir que le contraire. L'ouverture au commerce et la création de règles internationales pour contrer le protectionnisme et protéger les investissements sont de bonnes choses auxquelles adhère le Bloc. Cela ne signifie pas que les règles commerciales doivent avoir préséance sur le bien commun et la capacité des États à redistribuer la richesse, à protéger l'environnement et la culture et à assurer à leurs citoyens des services publics fondamentaux comme la santé et l'éducation.
Le Québec est une nation commerçante. Nos entreprises, en particulier nos entreprises de pointe, ne pourraient survivre sur le marché intérieur. Pour le Bloc québécois, pour le Québec, les affaires commerciales internationales sont d'une importance quasi capitale, et nous sommes aussi pour les accords de libre-échange, mais dans un contexte particulier. Et dans ce cas, l'accord de libre-échange avec le Pérou possède des éléments fondamentaux qui font qu'on ne peut pas l'appuyer.
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Madame la Présidente, de façon générale, nous nous opposons aux accords comparables à l'ALENA qui font passer les intérêts des grandes entreprises avant ceux des travailleurs et de l'environnement, qui accentuent l'inégalité et qui diminuent la qualité de vie de la majorité des travailleurs.
Dans le cas de l'accord entre le Canada et le Pérou, nous craignons qu'une économie nettement plus prospère et plus développée ne tire profit d'une économie en développement et que de grandes sociétés ne finissent par façonner la prétendue architecture de libre-échange pour servir leur intérêt, non l'intérêt public des deux pays signataires de l'accord.
Les aspects préoccupants les plus flagrants de cet accord de libre-échange sont semblables à ceux qu'on trouve dans l'accord entre le Canada et la Colombie dont nous parlerons bientôt.
Je me penche en premier lieu sur les droits des travailleurs. L'accord de libre-échange entre le Canada et le Pérou ne contient pas de normes de travail strictes. Les dispositions concernant le travail figurent dans une entente parallèle distincte qui ne prévoit aucun mécanisme d'application vigoureux. Au Pérou, les syndicats ont exprimé des préoccupations du fait que les lois péruviennes en matière de travail laissent à désirer à plusieurs égards.
Le député de a parlé plus tôt d'améliorer les droits des travailleurs et il a mentionné que les accords de libre-échange pouvaient permettre d'atteindre cet objectif. J'aimerais citer quelques observations du conseil des affaires hémisphériques en ce qui concerne l'accord de libre-échange entre les États-Unis et le Pérou. Il dit ceci:
Malgré la condition de l'ALE selon laquelle les normes du travail ne doivent pas être abaissées au Pérou, certains décrets récents du président Garcia ont précarisé la situation des fonctionnaires du pays. [L'an dernier, en 2008], la Confédération intersectorielle des employés de l'État [...] a organisé une grève de protestation à l'égard des décrets législatifs 1025, 1026 et 1057, lesquels, selon le syndicat, compromettent les droits des travailleurs du secteur public. Les nouvelles mesures législatives visent à « moderniser » le secteur public par le recours à des « évaluations punitives » du rendement d'employés actuels ainsi que par la réorganisation des postes et des salaires. Le pouvoir de mettre en oeuvre ces changements est attribué à l'Agence nationale de la fonction publique, ce qui exclut toute possibilité de négociation collective. Il reste donc aux organisations syndicales peu de possibilités de protéger les emplois de leurs membres.
Bien que les difficultés soulevées par les organisations syndicales du Pérou soient importantes, celles auxquelles doit faire face la majorité de la population du pays sont beaucoup plus grandes. Puisqu'une petite partie seulement de la population active est syndiquée, peu de gens ont la possibilité de contester collectivement les modifications apportées aux lois du travail. Pis encore, même les rares normes de travail établies sont loin de s'appliquer à la majorité des travailleurs péruviens. Selon un rapport de 2007 sur les droits de la personne, 9 p. 100 des membres de la population active du Pérou sont représentés par des syndicats et 70 p. 100 d'entre eux font partie du secteur informel. Ainsi, la réglementation visant le salaire minimum et les conditions de travail ne protège pas la plupart des Péruviens et toute inquiétude au sujet des lois du travail dans ce pays devient presque théorique.
Bien que le salaire minimum national ait été relevé à 176 $ par mois en octobre 2007, bon nombre des travailleurs du secteur informel gagnent seulement entre 20 $ et 30 $ par mois, selon le U.S. Bureau of Democracy, Human Rights, and Labor. Selon le même bureau également, le gouvernement péruvien « n'a souvent pas les ressources, la capacité ou l'autorité pour faire observer les lois sur le travail ». La plupart des travailleurs péruviens ne sont donc pas protégés des effets potentiellement nocifs de l'ALE, qui pourrait les exposer encore davantage aux exigences égoïstes des multinationales étrangères.
Permettez-moi maintenant de parler brièvement d'environnement. Puisque la question de l'environnement est reléguée à un accord parallèle, il n'existe aucun mécanisme efficace d'application pouvant obliger le Canada et le Pérou à respecter les droits environnementaux. L'accord Canada-Pérou en matière d'environnement engage les deux pays à coopérer dans le domaine de l'environnement et à s'efforcer d'améliorer leurs lois et leurs politiques dans ce domaine. Cependant, il ne peut obliger les deux parties qu'à veiller à l'application de leurs propres lois et leur non-application n'entraîne aucune conséquence.
Permettez-moi de parler brièvement des investisseurs. Calqué sur le chapitre 11 de l'ALENA sur les droits des investisseurs, l'Accord de libre-échange Canada-Pérou accorde des droits puissants aux sociétés privées pour qu'elles puissent poursuivre les gouvernements au sujet de leurs politiques d'intérêt public par l'entremise de conseils d'arbitrage entre un État et un investisseur. Depuis l'entrée en vigueur de l'ALENA, nous avons vu comment ce type de régime de droits des entreprises nuit au rôle légitime du gouvernement dans la protection et l'amélioration de la vie de ses citoyens et de l'environnement.
L'accord entre le Canada et le Pérou est une copie quelque peu améliorée de l'approche commerciale désuète à la George Bush, mais il accorde tout de même plus d'importance aux grandes entreprises qu'aux citoyens. L'accord ne prévoit pas l'application efficace des droits de la personne et fait semblant de protéger l'environnement, ne contenant aucune mesure véritable ni mécanisme de règlement des différends.
Les accords de ce genre calqués sur l'ALENA sont conçus pour favoriser les échanges commerciaux entre des pays très industrialisés et développés. Or, le Pérou est un pays en voie de développement. Cet accord n'aidera pas le Pérou à se développer de manière durable et à augmenter le niveau de vie de ses citoyens. Il exposera plutôt le pays à l'exploitation par des multinationales. Des entreprises canadiennes jouent un rôle très actif dans le secteur des ressources naturelles du Pérou et y investissent beaucoup d'argent. Ce type de régime commercial néo-libéral est dénoncé vigoureusement par des groupes de la société civile, des syndicats, des groupes environnementaux et des citoyens, tant au Canada qu'au Pérou.
Comme l'a fait remarquer le député du Bloc, le Pérou n'est pas un partenaire commercial important pour le Canada. Les échanges commerciaux bilatéraux entre les deux pays n'ont atteint que 2,8 milliards de dollars en 2008. De cette somme, plus de 2 milliards de dollars représentaient des importations canadiennes. Plus de la moitié de celles-ci provenaient en effet de compagnies aurifères canadiennes exploitant des mines au Pérou, à la faveur de l'augmentation du prix de l'or en 2008.
L'entente commerciale a été négociée à la vitesse de l'éclair, ce qui devrait inquiéter tous les députés. Elle a été négociée sans aucune consultation auprès des syndicats, des groupes environnementaux, de la société civile et des citoyens.
L'entente commerciale est loin de garantir des chances égales aux investisseurs et à la main-d'oeuvre. Bien que les investisseurs aient le droit, en vertu des dispositions du chapitre 11, de demander un processus d'arbitrage exécutoire qu'ils peuvent mener indépendamment, au Pérou, un syndicat ne peut soumettre une affaire à l'arbitrage. Il peut déposer un plainte qui pourrait éventuellement aboutir à une enquête et à un rapport, mais il revient toujours au gouvernement de décider des mesures correctives et des dommages causés. Notre expérience avec le modèle de l'ALENA montre que le gouvernement se refuse à jouer ce rôle. L'expérience nous porte à croire que le ministre du moment ne donnera pas suite à l'affaire.
La question de l'accès aux marchés est préoccupante. Je vais en faire la démonstration en mettant en parallèle, dans certains cas, des aspects techniques de l'Accord de libre-échange entre le Canada et le Pérou et de l'entente de libre-échange entre les États-Unis et le Pérou.
Avant de parler de l'accès aux marchés, je vais d'abord faire une petite introduction.
Dès son entrée en vigueur, l'accord élimine la vaste majorité des tarifs. Du côté du Canada, la plupart des tarifs qui ne seront pas abolis immédiatement le seront graduellement, sur une période de trois ans pour des produits comme certains types de gants, de bottes, de textiles et de similicuirs, et sur une période de sept ans pour les bateaux et autres structures flottantes.
En ce qui concerne le Pérou, la plupart des tarifs qui ne seront pas abolis immédiatement le seront progressivement sur une période de cinq à dix-sept ans. Cela inclut des aliments tels que le riz et certaines coupes de viande.
Le Canada ne s'est aucunement engagé à réduire les droits hors contingents visant les produits sous gestion de l'offre, et cela est inquiétant. Au Canada, nous avons un système de gestion de l'offre pan-canadien qui protège les agriculteurs, les producteurs et les consommateurs. Le Canada ne s'est aucunement engagé à réduire les droits hors contingents visant les produits sous gestion de l'offre tels que les produits laitiers, la volaille, la viande et les oeufs. En Ontario, on pense tout de suite aux oeufs. Toutefois, il s'est engagé à éliminer graduellement le droit intracontingent visant ces produits. Par ailleurs, le Canada permettra un accès partiel au marché national du sucre, et le Pérou impose la même restriction aux importations de sucre canadien.
Le Canada a cherché à obtenir l'accès au marché selon les mêmes conditions qui s'appliquent aux États-Unis. Sur le plan tarifaire, le Canada a obtenu les mêmes concessions que les États-Unis pour le blé, l'orge et les légumineuses. Cependant, le Canada n'a pas obtenu les mêmes concessions pour le porc et le boeuf.
Pour ce qui est des dispositions touchant la protection des investissements, l'accord avec le Pérou a été négocié à l'aide du modèle de 2003, basé sur le chapitre 11 de l'ALENA. Malgré l'amélioration que les leçons apprises ont prétendument permis d'apporter au chapitre 11, ce dernier s'appuie toujours sur le principe d'une charte des droits des entreprises qui l'emporte sur la volonté démocratique d'une nation et désavantage les travailleurs.
Aux termes de l'accord, le Canada et le Pérou se sont engagés à ce que leurs lois sur le travail soient conformes à la Déclaration de l'OIT sur les principes et droits fondamentaux au travail de 1998. L'accord renferme un processus de règlement des différends et prévoit l'imposition d'une amende aux pays qui ne respectent pas les principes de l'OIT ou n'appliquent pas les lois nationales sur la main-d'oeuvre. C'est à un groupe spécial qu'il appartient de déterminer le montant de l'amende pour non-conformité. Ce groupe a le pouvoir d'exiger du pays délinquant qu'il verse jusqu'à 15 millions de dollars annuellement dans un fonds de coopération. Selon nos alliés dans le domaine du travail, bien qu'il s'agisse d'un pas dans la bonne direction, ces accords parallèles ne sont que cela, des accords parallèles; ils ne sont pas assortis de mécanismes d'application sévères et efficaces et il appartient à un bureaucrate de trancher.
Dans l'accord entre les États-Unis et le Pérou, les parties concernant la main-d'oeuvre et l'environnement ne sont pas des accords parallèles, elles constituent plutôt des chapitres du texte de l'accord, les chapitres 17 et 18, respectivement. Dans l'accord avec les États-Unis, les premiers articles du chapitre 17 reprennent explicitement l'énoncé des normes et de la déclaration. L'accord canadien mentionne les accords parallèles dans le préambule, puis renvoie à ces accords dans tout le reste du texte.
L'ALENA a seulement ciblé l'application des normes du travail, laissant à chaque partenaire le plein contrôle en matière de réglementation pour établir ou modifier ses normes du travail et d'emploi. L'accord Canada-Pérou est plus substantiel et cherche à interdire la violation des normes du travail essentielles quand elles ont des répercussions sur le commerce et l'investissement. Toutefois, il n'existe aucune preuve empirique qu'un mécanisme d'application de ce genre soit efficace.
Permettez-moi de parler brièvement de l'environnement.
L'application du droit national l'emporte sur toutes les autres considérations. L'accord sur l'environnement ne comprend pas de mécanisme de résolution des différends et n'établit pas de sanctions précises en cas d'inobservation. Essentiellement, l'accord parallèle dit que les parties doivent accepter de respecter l'engagement qu'elles ont conclu.
Contrairement à l'entente de libre-échange Canada-Pérou, l'accord avec les États-Unis incorpore les accords parallèles en matière d'environnement et de travail. Il prévoit un processus de consultation, après quoi les parties ont recours à un mécanisme de règlement des différends.
En fait, même si les dispositions relatives à l'environnement paraissent plus rigoureuses dans l'accord de libre-échange entre le Pérou et les États-Unis, le Conseil des affaires hémisphériques rapporte que l'accord donne au président une excuse pour diminuer, par anticipation, les normes en matière d'environnement et de protection des travailleurs, en prenant une foule de décrets visant à faciliter la propriété étrangère et l'acquisition de terres. Environ 40 p. 100 de ces décrets présidentiels ont été jugés inconstitutionnels par le Tribunal constitutionnel péruvien.
Au NPD, cette entente nous pose beaucoup de problèmes -- et pas seulement les parties du chapitre 11 qui ressemblent beaucoup aux parties du chapitre 11 de l'ALENA que nous avons conclu avec les États-Unis et qui nous créent tant de problèmes ces jours-ci; il comporte de nombreux problèmes.
Je termine ici et il me ferait plaisir de répondre aux questions des députés.
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Monsieur le Président, cet après-midi, j'ai le plaisir de parler du projet de loi .
Un accord de libre-échange est un dossier important pour le développement économique. Cela permet de voir comment deux pays peuvent faire des affaires, dans un sens comme dans l'autre.
Avant d'être député fédéral, je faisais de l'aide au développement économique et de l'aide aux entreprises du côté du financement commercial. Lorsqu'on fait du développement économique, on dit souvent qu'il faut tenter de diversifier son économie. Même nous, en tant que députés fédéraux, nous le disons. La diversification de l'économie est importante car elle permet à une région d'avoir différentes bases, ce qui est important dans les moments où on vit davantage de difficultés, comme c'est le cas aujourd'hui avec la crise économique. Une diversification de l'économie aurait peut-être permis d'atténuer, jusqu'à un certain point, la crise à laquelle nous faisons face.
Il en va de même pour la diversification des marchés. Quand de 75 à 80 p. 100 d'une économie sont concentrés au même endroit, on appelle ça mettre ses oeufs dans le même panier. Dans ma province, le Nouveau-Brunswick, près de 80 p. 100 des exportations se font vers le seul marché américain. Il est clair que lorsque le marché américain est en difficulté, les entreprises de chez nous le sont aussi, ce qui signifie certainement que les emplois de chez nous sont en danger.
Lorsque j'avais cet emploi en développement économique et en aide aux entreprises, je répétais souvent une chose à mes clients: c'est bien de diversifier son l'économie, mais il faut s'assurer que l'entreprise cherche aussi une diversification des marchés. Cela permet de réagir lorsqu'un secteur est en difficulté. Lorsqu'un pays est en difficulté, il peut avoir accès à d'autres pays pour l'aider à s'en sortir. Aujourd'hui, on fait face à une crise qui est mondiale et non limitée à un seul pays. Par contre, dans les faits, la diversification de notre marché par l'entremise de différents pays du globe nous donne au moins la chance d'identifier des marchés potentiels, un client potentiel ou une région potentielle. Si on n'a pas les outils pour identifier différents marchés, il est difficile pour un entrepreneur ou pour une entreprise de conserver des emplois.
Or nous avons fait exactement ce dont je parlais: nous avons mis nos oeufs dans le même panier. À bien des égards, c'est exactement ce que nous avons fait, au Canada, parce que nous croyions que c'était facile. Les Américains sont nos voisins immédiats. Toutefois, lorsqu'ils vont mal, on voit le résultat, comme c'est la cas aujourd'hui. Mais c'était un moyen facile. Ils étaient plus près. Souvent, cela représentait un gros volume.
Aujourd'hui, certains députés ont mentionné que cet accord nous donne accès à un petit volume, à un petit marché. C'est peut-être vrai, par contre, lorsqu'on regarde la spécificité de bien des provinces et de bien des régions, on voit que certaines de nos entreprises ont besoin de ces petits marchés pour faire la différence.
Prenons l'accord avec le Pérou. Il y avait, dans ma circonscription, une entreprise pour laquelle je me suis battu longtemps afin qu'elle survive. C'était la compagnie Atlantic Yarns d'Atholville. Cette manufacture avait notamment besoin qu'il y ait une entente entre le Canada et le Pérou pour faciliter certains passages de biens vers ce pays et pour produire d'autres biens. J'ai été surpris tout à l'heure d'entendre certains députés, surtout du NPD, dire que ce n'était pas une bonne chose. Cela m'a surpris. En effet, lorsque je travaillais conjointement avec les membres syndiqués de cette entreprise, ils espéraient et demandaient régulièrement quand le gouvernement signerait un accord de libre-échange avec le Pérou. C'était urgent pour la survie de leur emploi.
Aujourd'hui, c'est le 20 avril 2009. Il est trop tard parce que le gouvernement a erré, et on constate l'absence de mesures concrètes pour avancer rapidement.
Souvent, le mouvement syndical et le NPD se rapprochent. Cependant, je peux comprendre pourquoi le mouvement syndical dans ma circonscription commence à s'éloigner du NPD, parce qu'on constate que les néo-démocrates ne sont pas nécessairement toujours en mesure de soutenir ce mouvement syndical.
J'ai dit que le gouvernement a erré dans ce dossier. Cela a débuté en 2006. Cela n'aurait peut-être pas sauvé complètement une entreprise de chez nous, par exemple, mais on aurait peut-être pu sauver les meubles par contre. Du début du processus en 2006 à aujourd'hui, le 20 avril 2009, plus de trois ans se sont écoulés avant que l'on soit en mesure d'avancer dans ce dossier.
Bien que j'aie parlé en bien de l'accord, on comprendra qu'à un moment donné, en tant que gouvernement, on ne peut pas prendre une éternité pour faire des choses. Il faut parfois avancer un peu plus rapidement et prendre l'initiative. Si le gouvernement arrêtait de proroger la Chambre, ce dossier avancerait peut-être plus vite. De plus, si le gouvernement n'avait pas déclenché d'élections il n'y a pas si longtemps — alors qu'étaient prévues des élections à date fixe au pays —, la situation aurait peut-être déjà avancé.
Je me souviens avoir entendu des gens dire, précisément au sujet de ce dossier, qu'ils ne souhaitaient pas d'élection ni de prorogation, qu'ils avaient besoin qu'on mette en avant ces mesures, entre autres pour l'entreprise Atlantic Yarns, d'Atholville au Nouveau-Brunswick, dont j'ai fait mention. Ce sont des réalités que vivent les gens de ma circonscription et d'ailleurs, et des choses dont ils ont besoin.
Cela dit, il faut tout de même se pencher sur d'autres éléments. Lorsqu'on fait affaire avec d'autres pays, il faut protéger certaines choses, comme toute la question de la gestion de l'offre. Ce qui m'a soulagé et qui m'a vraiment rassuré, en regardant l'Accord de libre-échange Canada-Pérou, c'est le fait que soit protégé tout ce qui a trait à notre gestion de l'offre, à la sécurité et à l'avenir de notre gestion de l'offre. C'est un peu surprenant de la part du gouvernement conservateur, parce qu'il a parfois un double discours. C'est à se demander, parfois, si les conservateurs ne veulent pas tout simplement l'élimination de la gestion de l'offre. Du moins, dans ce document, ils ne l'ont pas oubliée.
Maintenant, il va falloir continuer à leur rappeler l'importance de la gestion de l'offre pour s'assurer de la survie de différentes industries: industrie laitière, industrie des oeufs, de la volaille — qu'on parle du poulet ou de la dinde. Ces dossiers sont importants. Le gouvernement conservateur nous a du moins écoutés cette fois et a compris l'importance de la gestion de l'offre, que nous retrouvons clairement dans ce projet de loi.
Au regard de ce dossier, il faut s'assurer, lorsqu'on fait des ententes semblables, que le droit des individus est respecté. On me permettra d'en nommer quelques-uns, plus précisément cinq: le droit à la liberté d'association, le droit à des négociations collectives, l'abolition du travail des enfants, l'élimination du travail forcé ou obligatoire et l'élimination de la discrimination. Ce sont des choses importantes pour la société canadienne et pour les citoyens canadiens. En tant que citoyen, on veut que ces choses soient respectées au Canada. On souhaite également, lorsqu'on fait affaire avec d'autres pays et qu'on adopte des ententes de libre-échange avec d'autres pays, que ces pays avec qui on négocie respectent aussi les valeurs du gouvernement et de la population canadienne.
Les valeurs canadiennes, c'est une chose qu'on ne peut pas nous enlever. Ce que nous sommes en tant que citoyens canadiens, peu de gens peuvent nous l'enlever. Nous vivons dans un démocratie et nous avons travaillé dur pour l'obtenir. Lorsque je dis nous, cela inclut certainement nos prédécesseurs en cette Chambre et ailleurs qui ont bâti ce pays. Ces gens se sont battus pour s'assurer que nous pouvons garder la liberté et la démocratie que nous connaissons aujourd'hui.
Revenons sur ce que j'ai mentionné plus tôt. Si on veut avancer et prospérer, il ne faut pas être juste des « suiveux »; il faut parfois prendre un peu d'initiative. Lorsque j'ai soulevé en cette Chambre l'entente entre le Canada et le Pérou il y a quelque temps, quelques années, c'était justement parce que nos voisins du Sud, les Américains, avaient pour leur part déjà fait des démarches pour entreprendre des négociations avec le Pérou en vue d'obtenir un accord de libre-échange.
Maintenant, regardons la réalité. Notre population est 10 fois moins nombreuse que celle des États-Unis, et c'est certain que notre économie, en volume, est beaucoup plus petite que l'économie américaine. Pour leur part, les Américains ont trouvé qu'il était important de faire affaire avec ce pays, même s'il s'agissait d'un petit marché.
Lorsque je regarde cette situation, je me demande pourquoi en cette Chambre des députés disent que c'est tellement un petit marché que cela ne vaut pas la peine de s'y attarder, alors que des pays avec un marché beaucoup plus grand que les nôtres et avec une plus grande population ont vu un intérêt important d'avoir une entente de libre-échange entre le Pérou et leur pays? En tant que Canadiens et que gouvernement, on ne doit pas seulement être des « suiveux », il est parfois important d'être des leaders. Pour ce faire, il aurait fallu commencer les démarches plus rapidement et les accélérer. On ne serait peut-être pas dans les derniers à prendre des mesures afin d'avoir de tels accords.
Comme je l'ai mentionné, pendant que l'industrie américaine vivait des avantages, nos compagnies canadiennes devaient subir l'inaction du gouvernement au regard des délais afin de faire avancer cette mise en oeuvre de l'accord de libre-échange. Il faut espérer qu'il n'y aura plus de pertes d'emplois comme celles qui ont eu lieu dans ma circonscription, chez la compagnie Atlantic Yarns. Il faut regarder vers l'avenir, on n'a pas le choix. Si le gouvernement avait bougé plus rapidement, on aurait peut-être eu le choix, mais aujourd'hui, on n'a plus le choix.
C'est une responsabilité pour l'ensemble des parlementaires de voir l'avantage. Dans toute entente, il peut arriver que des gens porteront des commentaires plus négatifs. Je me répète à ce sujet parce que c'est très important. Le mouvement des travailleurs de ces usines chez nous disait qu'il fallait avancer rapidement. Ce serait donc un genre de leçon ou certainement un commentaire que certains députés, entre autres ceux du NPD, devraient considérer dans leur position.
La question du textile a été mentionnée tout à l'heure. S'ils trouvent que cela prend un peu trop de temps, mais il faut mettre les choses en place à un moment donné si on veut que cela avance. Si on va contre cela, cela n'arrivera jamais. Des mesures peuvent parfois prendre un peu plus de temps, mais c'est encore mieux que de ne prendre aucune mesure et de ne jamais pouvoir aider les travailleurs de nos communautés.
Aujourd'hui, il faut s'assurer de regarder vers la diversification des marchés qui nous permettra, lorsqu'on sera sortis de la crise, de rebâtir notre économie et de diversifier nos marchés. Cela nous permettra d'être encore plus forts et de nous diriger un peu partout dans le monde pour faire des affaires. Cela permettra à nos entreprises d'aller un peu partout dans le monde, ce qui garantira aussi la création d'emplois à long terme et non à court terme. La prochaine fois qu'on aura une crise, on sera en mesure de la traverser. On ne vivra pas des situations dramatiques comme celles qu'on vit aujourd'hui dans l'ensemble des secteurs canadiens.
On sait que le gouvernement conservateur a été inactif à bien des égards sur les plans de la relance de l'économie et de l'industrie forestière qui est une grande part de l'économie chez nous. Il a été inactif de façon générale. Lors de la dernière élection fédérale aux mois de septembre et octobre, le lui-même disait qu'il n'y avait pas de crise. Je m'excuse, mais la crise dans avait déjà débuté quelques mois auparavant, pour ne pas dire un peu plus d'un an avant. Toutefois, le gouvernement conservateur se disait probablement que même si cette région était en crise, le reste du pays ne la vivrait peut-être pas. C'est dommage car s'il nous avait écoutés à l'époque, il aurait pu apprendre de la crise chez nous et, aujourd'hui, on ne vivrait peut-être pas la crise actuelle.
Essayer d'expliquer cela à un gouvernement qui a les deux yeux et les deux oreilles bouchés n'est pas nécessairement facile. C'est encore plus difficile quand il joue à l'autruche et qu'il se met la tête dans le sable en pensant que rien ne se passe de mal et que tout est beau. En tant que député et citoyen, quand tout le monde autour de nous, y compris nos voisins, perd son emploi, ce n'est pas efficace ni amusant pour personne. Quand quelqu'un perd son travail, c'est encore pire sur le plan de l'économie parce qu'encore moins d'argent sera investi dans l'économie de nos régions respectives.
L'inaction a fait mal. L'inaction fait encore mal, mais à un moment donné, il faut agir pour garantir un meilleur avenir à nos gens.
Pendant que certaines entreprises veulent avoir des mesures semblables, pendant que les travailleurs de ces entreprises demandent aussi de telles mesures, en tant que parlementaires, il faut peut-être ouvrir nos oreilles et nos yeux, sortir notre tête du sable et nous demander ce que nous avons ici: cela va-t-il améliorer le sort de nos concitoyens et concitoyennes, de nos travailleurs et travailleuses, dans un avenir rapproché?
Personnellement, je crois que cela le fera. C'est peut-être un plus petit élément, peut-être une goutte d'eau dans un océan. En réalité, c'est peut-être un petit pays, mais ce n'est pas pour cela que certaines de nos entreprises et de nos manufactures ne pourraient pas en bénéficier.
Donc, si c'est le cas, veillons au mieux-être de nos gens. Assurons-nous que nos gens travaillent. Assurons-nous aussi d'écouter nos travailleurs, nos chefs d'entreprise. Il faut qu'ils nous disent l'importance d'accords de libre-échange tels que celui-ci.
Nous serons alors peut-être en mesure, dans un proche avenir, de créer ce dont nous avons besoin: la richesse. Nos gens pourront se remettre au travail, ils pourront dépenser à nouveau, et lorsqu'ils dépenseront, on pourra générer encore plus d'économie pour que d'autres personnes puissent travailler. Puis, il faudra s'assurer de ne pas refaire les erreurs du passé, soit de négliger les délais pour aller de l'avant avec un tel plan, une telle mise en oeuvre, soit, encore pire, de ne pas écouter les gens, les parlementaires, nos citoyens, nos travailleurs, nos gens syndiqués, comme les gestionnaires de nos entreprises. Ils auraient peut-être pu faire avancer les choses plus vite et faire en sorte d'éviter les crises que nous traversons aujourd'hui.
En terminant, je vais juste réitérer une chose que j'ai mentionnée au début. On recherche une diversification de nos économies. On est là pour cela et on prêche cela à tout un chacun. Dans chacune de nos régions, on dit à nos gens qu'il faut diversifier l'économie s'ils veulent éliminer des risques. Quand une va mal, d'autres sont là pour les soutenir. Utilisons cette même logique.
Bien sûr, je ne vous dis pas nécessairement qu'il faut se baser sur l'ensemble des pays. En effet, il y a certainement des pays dans le monde qui ont pas mal plus de difficulté avec des choses que nous croyons être de bonnes choses. Toutefois, dans ce cas, assurons-nous de travailler pour pouvoir fournir ce qu'on appelle la diversification des marchés. Permettons à nos entreprises d'avoir accès à des marchés additionnels, de diversifier leurs marchés. Alors, il serait beaucoup plus facile de passer au travers de moments plus difficiles, comme ceux qu'on vit aujourd'hui.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui sur le projet de loi .
Il y a quelques semaines, j'ai participé à une mission parlementaire au Pérou dans le cadre des activités du Forum interparlementaire des Amériques. Ce forum m'a permis de rencontrer des parlementaires péruviens, des représentants du gouvernement, des représentants de l'industrie minière canadienne et des acteurs de la coopération internationale. J'ai trouvé qu'il y avait beaucoup d'affinités possibles entre les deux pays et qu'il y avait intérêt à développer des liens.
Toutefois, une lumière rouge s'est allumée dans mon esprit lorsque les parlementaires péruviens nous ont invités à étudier en détail le contenu de l'accord. Effectivement, la volonté d'avoir des échanges et de créer de la richesse dans les deux pays est souhaitable, mais dans le cas présent, le gouvernement canadien a décidé d'intégrer à cet accord un équivalent de l'article 11 de l'ALENA. Cet article permet à une entreprise de poursuivre un gouvernement si elle n'est pas satisfaite d'une application ou d'une nouvelle loi.
Dans le cas présent, il est dit que ces modifications réglementaires ou législatives doivent cependant être assimilables à une expropriation directe ou indirecte ou à une mesure équivalente à une expropriation.
On comprend encore mieux quels sont les intérêts du gouvernement conservateur. Je suis un peu étonné de la position des libéraux là-dessus. Les intérêts du gouvernement conservateur sont de permettre aux minières canadiennes de fonctionner au Pérou sans presque aucune limite. Elles ont un pouvoir financier, et elles font face à un État démocratique qui veut prendre sa place mais qui n'a pas nos capacités.
On y ajoute un argument. Par exemple, si le gouvernement péruvien décidait de réorganiser la façon dont les terres des indigènes Quechua sont réparties et voulait assurer une meilleure propriété aux gens de la place, aux gens qui sont là depuis des centaines d'années, avant même l'arrivée des Espagnols, l'application de l'accord tel qu'il est écrit permettrait à une compagnie de dire que l'État n'a pas le droit de faire cela sans la dédommager. Ces choses-là existent, je n'invente rien. Cette situation existe déjà dans l'ALENA. Le gouvernement canadien lui-même, sous les libéraux, a été traduit en justice relativement à l'interdiction du MMT.
Le MMT est un additif dans l'essence, une toxine connue de la nervure. Le gouvernement canadien avait décidé d'interdire cet additif. La compagnie américaine est allée en cour et a gagné sa cause. Finalement, le gouvernement canadien a été obligé de dédommager cette entreprise. C'est le monde à l'envers. La présence d'un article dans un accord comme celui-là fera tout simplement en sorte qu'une république comme le Pérou cessera de mettre de l'avant des mesures pour protéger son territoire, parce qu'elle ne pourra jamais faire face à des entreprises du type de celles que l'on rencontre ici.
Cette visite m'a aussi permis de constater à quel point ces accords de libre-échange devraient être le résultat d'une pré-consultation entre les parlementaires de chacun des pays.
Si les parlementaires de la Chambre des communes et ceux du Pérou avaient eu la chance d'échanger avant que l'on commence à rédiger l'accord entre les deux pays, je pense qu'on aurait tiré des leçons d'expériences comme celles-là et qu'on aurait signé un accord qui ne contient pas ce type d'élément.
C'est assez paradoxal et c'est un peu négatif pour la réputation du Canada. On a signé un accord avec les pays européens nordiques. Nous étions en faveur de cet accord qui ne contenait pas d'article comme le chapitre 11. Parce qu'il s'agissait de pays développés, on a accepté de traiter d'égal à égal et de ne pas donner de pouvoirs accrus aux compagnies. Parce qu'on signe des accords bilatéraux avec des pays qui sont en développement, on se permet de créer un cadre qui ne correspond pas à la volonté et au développement de chacun des pays.
De ma visite au Pérou, j'avais retenu qu'il y avait effectivement la volonté de changer les choses. Il y avait aussi la volonté que cet accord, négocié en période de croissance économique, survive maintenant en période de décroissance économique. Les experts qui nous ont fait des présentations nous ont mis en garde quant à l'impact que cet accord aurait sur l'agriculture, autant sur celle du Pérou que sur celle du Québec et du Canada. On a protégé le système de la gestion de l'offre. Il n'est pas contenu dans l'accord comme tel, tant mieux, mais on permettrait de continuer à considérer tout le secteur agricole comme tout autre secteur de marché. Ce n'est pas une voie d'avenir, ni pour notre agriculture ni pour l'agriculture péruvienne.
J'ai aussi pu aller sur le terrain, notamment dans le beau petit village de Chincha Baja, qui a connu d'importants problèmes suite à des catastrophes, dont un tremblement de terre. L'ACDI y a fait un projet de reconstruction de maisons. Ce village est situé en dehors de la grande capitale qu'est Lima, cette immense ville de 8 millions d'habitants où l'on retrouve tous les niveaux de richesse et de pauvreté. Là, en milieu rural, j'ai pu voir l'importance de s'assurer que l'on puisse donner au monde agricole, dans un pays comme le Pérou, la chance de s'organiser suffisamment et de pouvoir accéder à nos marchés, mais dans un contexte de compétition égale.
J'ai cru voir la même situation qu'en Afrique. Certains pays d'Afrique produisent du coton qui leur coûte plus cher que de l'importer des États-Unis à cause des subventions données par les Américains. Les producteurs agricoles au Pérou pourraient se retrouver dans la même situation parce qu'on a un secteur agricole et un monde syndical agricole très structurés. Dans le passé, on s'est donné des moyens, et ils n'ont pas nécessairement l'équivalent au Pérou.
Pour que cet accord devienne acceptable, il faudrait en retirer les articles comparables au chapitre 11 de l'ALENA. Ceux-ci donnent un pouvoir démesuré aux entreprises qui peuvent poursuivre les gouvernements lorsqu'ils sont touchés dans leurs pratiques. Dans le cas présent, il ne s'agit pas d'un détail, puisqu'il s'agit du secteur minier. Les entreprises canadiennes sont les principales intervenantes au Pérou dans ce secteur. Par cet accord, elles auront un pouvoir accru. C'est dangereux. Cela arrive au moment où le gouvernement lui-même a refusé de donner suite aux tables rondes qui visaient à encadrer de façon satisfaisante l'action des compagnies minières extractives. On était rendu à un point tel qu'il a fallu qu'un député dépose un projet de loi pour dire que la position du gouvernement est insuffisante et qu'on veut quelque chose qui ressemble davantage à ce qui était proposé dans les tables rondes. Le Bloc québécois a aussi préparé un projet de loi allant en ce sens. Aujourd'hui, le gouvernement conservateur va complètement dans l'autre sens. Il ouvre ainsi les vannes pour que les sociétés minières puissent vraiment avoir libre cours.
Tout à l'heure, un député conservateur parlait de la réputation des compagnies canadiennes à l'étranger. La vaste majorité des compagnies canadiennes ont une bonne réputation, mais un certain nombre d'entre elles ont vraiment fait des excès importants et il faudrait pouvoir les discipliner et les encadrer. Une des façons de le faire serait de donner suite aux recommandations des tables rondes. Une autre façon serait que, dans les accords, comme celui qu'on a devant nous, il s'agirait au moins de ne pas leur donner un pouvoir accru comme celui que va leur donner le chapitre correspondant au chapitre 11 de l'ALENA.
Il ne faut pas oublier qu'on parle d'un pays qui est une démocratie et qui essaie d'aller de l'avant, mais qui, en même temps, vit des situations difficiles. Le Sentier lumineux est un groupe terroriste qui agit encore, il a posé des gestes la semaine passée. Il faut faire très attention avant d'aller de l'avant avec des accords qui accentueront les problèmes qui existent déjà. Il faut donner plus de chances de voir que ces problèmes diminuent, qu'ils disparaissent et qu'on puisse avoir en fait une réalité beaucoup plus congruente et plus concrète qui donnera les résultats souhaités.
Pourquoi le Bloc québécois est-il contre cet accord, en plus de cette question de la protection des investissements?
L'accord bilatéral mène souvent à un accord qui avantage les pays plus riches par rapport aux pays moins riches. C'est la situation que l'on vit actuellement. On favorise nettement plutôt le développement du multilatéralisme, c'est-à-dire qu'un ensemble de territoires de la planète s'entendent sur des conditions afin que les négociations s'équilibrent. Un ensemble de pays en voie de développement peuvent se regrouper et se donner une force de négociation. Il peut y avoir des intérêts conjoints entre un pays développé et un pays en voie de développement face à d'autres pays. On arrive en bout de ligne à un accord beaucoup plus équilibré.
Un accord bilatéral comme celui avec le Pérou n'est pas le plus problématique; l'accord avec la Colombie l'étant beaucoup plus. En Colombie, on a des difficultés reliées à la non-reconnaissance des droits des travailleurs et des droits environnementaux. Cela est inscrit dans la vie quotidienne de la Colombie alors qu'on n'a pas cette réalité au Pérou. On souhaiterait toutefois aller vers une amélioration plutôt que vers une détérioration de la situation.
L'accord signé par le gouvernement canadien l'est un peu dans la perspective que le gouvernement est une compagnie. Il regarde les avantages purement économiques à court ou à moyen terme pour sa population, mais il ne tient pas suffisamment compte des impacts qu'il y aura dans l'autre pays et se permet d'agir — ce qui n'était pas dans la tradition du Canada — en pays envahisseur. Comme députés du Bloc québécois, on a la responsabilité de souhaiter que ces choses soient corrigées.
Le problème est que, devant un tel accord de libre-échange, on ne peut pas le modifier. On doit décider si on sera en faveur ou contre celui-ci. Il s'agit d'une problématique importante. On fera évidemment le débat et on manifestera que l'accord est pour nous insuffisant. Dans le passé, les accords collatéraux sont parfois venus atténuer un peu les effets négatifs, mais ils n'ont pas la même force d'action. Dans le cas présent, la forme actuelle de cet accord n'est pas acceptable pour les raisons que j'ai données, notamment sur la question des investissements.
C'est dommage parce que le Pérou est un pays qui a beaucoup de ressources et de potentiel. Il n'a pas peut-être pas développé dans le passé les structures de répartition de la richesse que le Québec et le Canada ont pu développer. Lors de mon séjour, j'ai été très surpris de voir qu'il n'y avait aucun régime d'assurance-emploi, ni d'assistance sociale. Il y a une économie informelle qui est très présente. Il s'agit d'une économie dans laquelle on ne déclare pas son salaire et on ne paie pas d'impôt. On fait du troc dans des échanges qui ne contribuent pas à la richesse collective. Une autre pratique serait à développer à cet égard.
Dans l'avenir, si on voulait signer des accords qui soient le reflet d'une mondialisation à visage humain, il faudrait qu'ils contiennent aussi ce volet qui dit que les deux pays conviendront que, par exemple, il y aura une contribution du pays développé pour permettre au pays en voie de développement d'avoir une meilleure structure de soutien à la répartition de la richesse et qu'il mettra une expertise à la disposition du pays en développement pour que ce dernier puisse mettre en place ces richesses.
Le Pérou a actuellement une croissance économique de l'ordre de 7 à 9 p. 100. Il s'agit d'une très bonne croissance qui est beaucoup liée au secteur minier. Lorsque l'économie ralentit comme elle l'a fait dernièrement, la situation est beaucoup plus difficile. On est devant une situation très paradoxale. On signe un accord au moment où il y a une croissance économique. Autant les entreprises canadiennes et le marché canadien avaient besoin de ces ressources, autant il y a actuellement un ralentissement et nous nous retrouvons devant une nouvelle réalité.
Le Pérou, qui dépend beaucoup de ses exportations, signe de multiples accords de ce genre. Il l'a fait avec différents pays. Quand j'y suis allé il y a quelques semaines, il était à négocier un accord de principe avec la Chine qui veut aller chercher les ressources naturelles de la même façon. On comprend que ce volet concernant le fait que seules les règles du marché régissent la situation donne une responsabilité additionnelle au secteur minier canadien qui est très présent à cet égard afin que nos entreprises aient un comportement éthique et soient un modèle.
C'est le cas de plusieurs entreprises, mais ce n'est pas le cas de toutes les entreprises. Par exemple, c'est le cas des sociétés minières juniors qui travaillent davantage à la recherche de sites pour faire de l'exploitation minière. Souvent, les entreprises font elles-mêmes l'exploitation minière, mais les petites entreprises ne respectant pas les conditions de base sont aussi tolérées par le système.
On aurait souhaité que le Canada, lors de la signature d'un tel accord de libre-échange, s'impose des normes qui pourraient ensuite devenir un modèle. On nous sert cet argument lorsqu'on nous vend l'accord de libre-échange en disant qu'avec ce type d'accord, on sera obligé de corriger la situation chez nous. Toutefois, dans les faits, l'article qui contrôle la question des investissements et le droit de poursuite pour les entreprises aura exactement l'effet contraire. Cela donnera un pouvoir accru aux entreprises face à l'État, qui aurait bien besoin d'avoir une meilleure assise et un meilleur contrôle.
On a vécu cela au Québec. On ne réinvente rien. Il y a 50 ou 60 ans — les députés du Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord le savent —, on faisait souvent des concessions très importantes pour attirer les entreprises. Cela a pris des années pour essayer de corriger cette situation, et on se rend compte même aujourd'hui que souvent, quand les entreprises sont vendues, on fait encore de telles concessions.
On l'a fait lors de la vente d'Alcan à Rio Tinto, selon des accords secrets, en vertu d'une loi au Canada qui n'était pas suffisamment sévère pour imposer des conditions en matière d'emploi. En tout cas, le gouvernement conservateur n'a pas voulu le faire.
En ce qui concerne le Pérou, un pays que j'ai visité très rapidement, je me dis qu'on devrait se donner une chance pour lui éviter ce type de situation, plutôt que d'accroître les risques que se présente la même réalité.
Comme en ce qui concerne l'échange avec le Costa Rica, dans le cas présent, même si des échanges entre le Québec et le Pérou et entre le Canada et le Pérou sont possibles et significatifs, il y a des entreprises qui sont sur le terrain là-bas et il y a également des échanges de coopération internationale. Toutefois, après avoir échangé avec divers organismes non gouvernementaux de coopération internationale, je constate qu'ils font très attention pour qu'une ligne de démarcation claire soit établie entre les entreprises de type purement capitaliste de marché — comme le secteur minier — et l'aide aux milieux, pour ne pas qu'il y ait un lien entre les deux qui leur enlève leur indépendance face à l'action qu'ils ont à poser.
De ce côté, le gouvernement canadien n'est pas un modèle. On a vu qu'il a retiré, de sa liste, des pays d'Afrique où il devait apporter de l'aide, pour pouvoir faire affaire avec le Pérou et la Colombie.
Cela signifie-t-il que le Pérou et la Colombie n'ont pas besoin d'aide? Non. Nous sommes d'accord, et, de toute façon, le gouvernement canadien aurait pu faire un effort accru et important en matière d'aide internationale. Ce qui est inacceptable, c'est de retirer l'aide à l'Afrique, qui en a terriblement besoin, pour faire de la politique de coopération internationale une politique de soutien au développement économique plutôt qu'une vraie politique d'aide internationale. De ce côté, le gouvernement conservateur se comporte vraiment comme s'il gérait une entreprise privée ou une compagnie, plutôt que de gérer un gouvernement. Je ne crois pas que les Québécois et les Canadiens s'attendent à ce type de comportement de la part de leur gouvernement.
Je vais conclure là-dessus. Le Pérou est un pays qui mérite une collaboration saine. Ce n'est pas ce que cet accord de libre-échange permettra. Et comme il n'est pas possible de modifier l'accord comme tel en cours de négociation, le Bloc québécois préfère voter contre le projet d'accord de libre-échange avec le Pérou, quitte à demander au gouvernement d'aller refaire son travail pour s'assurer que les règles du jeu seront précisées et seront à l'avantage des deux pays concernés, autant le Pérou, en voie de développement, que le Canada et le Québec.
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Monsieur le Président, nous sommes ici pour parler d'une .
D'entrée de jeu, je signale que le Bloc québécois est contre ce projet de loi parce qu'il estime que s'il est important de faire des accords pour le commerce et pour des débouchés pour nos entreprises, ce n'est pas à n'importe quel prix. Nous estimons qu'un pays très organisé et très développé comme le Canada doit absolument contribuer à accroître l'enrichissement du peuple d'un pays qui est peut-être moins bien nanti, qui pourrait être en voie de développement et qui a moins de richesses. Le Canada pourrait devenir un instrument de développement socioéconomique important, ce qu'on ne retrouve pas dans cet accord de libre-échange entre le Canada et le Pérou.
Pour que cet accord contribue à l'enrichissement du peuple péruvien, il faut qu'il contienne des mesures qui assureront le développement durable et l'épanouissement de la population. De plus, l'accord de libre-échange entre le Canada et le Pérou contient, entre autres, une clause de protection des investissements, qui permettra aux entreprises de poursuivre les gouvernements, une clause d'investissement calquée sur le chapitre 11 de l'ALENA. Nous considérons que cette clause pourrait constituer un frein au développement social et économique du Pérou.
Le chapitre 11 de l'ALENA portant sur l'investissement permet donc aux investisseurs d'un pays membre de la zone de libre-échange nord-américaine de réclamer une compensation au gouvernement d'une autre partie de l'ALENA lorsqu'ils considèrent subir un préjudice à la suite de l'adoption de mesures réglementaires modifiant les conditions d'opération de leur entreprise.
Par exemple, si un pays décide de faire un règlement ou d'apporter des modifications à ses lois sur la santé, l'environnement ou le travail des individus sur son territoire, et que cela apporte des modifications à l'exploitation d'une entreprise, celle-ci peut alors poursuivre le gouvernement de ce pays.
On l'a vu, cela s'est produit par le passé aux États-Unis, au Mexique et même au Canada, et cela s'est soldé par des indemnisations de plusieurs millions de dollars. Cela veut dire que le gouvernement lui-même n'est plus maître chez lui, n'est plus maître sur son territoire à cause de cette fameuse clause qui est similaire à celle du chapitre 11 de l'ALENA. Cela crée un affaiblissement de la richesse du gouvernement. Par exemple, on utilise cette clause dans des causes d'expropriation de terrain, mais on l'utilise de plus en plus quand une entreprise peut prouver qu'elle a perdu des profits. À ce moment-là, elle peut poursuivre le gouvernement de l'État.
On a prévu, au chapitre 11, un mécanisme de règlement des différends en cas de litige.
Le Bloc québécois estime que les règlements des différends devraient se faire de façon très ouverte et transparente, ce qui n'est pas le cas.
Dès lors, les arbitres, bien souvent, ne sont pas au courant de la cause qui est en jeu et n'ont pas nécessairement les prérequis pour la juger. Ils peuvent donc se tromper et porter un jugement défavorable.
Nous nous opposons aussi à l'accord de libre-échange avec le Pérou parce que nous considérons que sur le plan environnemental et dans le domaine du travail, nous n'avons pas les garanties que nos entreprises peuvent faire des affaires avec ce pays en respectant à la fois les droits humains, les droits du travail et les droits en matière d'environnement. À ce sujet, je veux rappeler qu'il existe un rapport très peu élogieux et qui a même été mis de côté par le gouvernement conservateur actuel. Ce rapport concerne la responsabilité sociale des entreprises canadiennes à l'étranger. Ce n'est pas d'hier qu'on parle de la responsabilité sociale des entreprises minières canadiennes.
De nombreuses entreprises font un excellent travail, et respectent l'environnement et les principes de l'Organisation internationale du travail, mais certaines compagnies minières sont épouvantables et veulent faire du profit à tout prix. Elles ont été pointées du doigt par Human Rights Watch et l'ONU. C'est ce que le Bloc québécois veut éviter. En effet, cet accord ne donne aucune garantie que les lois sont suffisamment puissantes et ont suffisamment de mordant pour obliger nos compagnies minières canadiennes à respecter les droits humains et l'environnement.
Les accords conclus dernièrement et dont on discutera cette semaine, soit l'accord de libre-échange avec le Pérou et celui avec la Colombie, ont des similitudes qu'il faut absolument faire ressortir. Tout d'abord, le Pérou et la Colombie ne sont pas des partenaires commerciaux très importants pour le Canada. Les exportations canadiennes dans ces pays sont de l'ordre de 0,1 à 0,7 p. 100. Il est toutefois important de noter que nos compagnies minières et pétrolières font des investissements canadiens importants dans ces pays. Pour protéger ces compagnies, il faut faire des accords bilatéraux qui n'ont pas été entérinés par les parlementaires d'un pays ou de l'autre. Il s'agit d'accords bien souvent faits en catimini, très vite, et qui ne comportent pas de clauses de protection. S'ils en ont, elles sont tellement vagues et tellement générales qu'elles ne veulent finalement rien dire.
Un des plus gros attraits du Pérou pour les investisseurs canadiens réside évidemment dans les ressources naturelles, plus particulièrement dans les ressources minières. C'est exactement la même chose en Colombie. Les investissements canadiens dans le secteur minier péruvien oscillent autour de 5 milliards de dollars. On nous dit que 80 sociétés minières canadiennes mènent des activités d'exploration minière au Pérou. Le Canada représente donc le premier investisseur dans l'exploitation ou l'exploration minière du Pérou.
Bien sûr, pour le Pérou, il peut être tentant de faire affaire avec le Canada. On dit que les compagnies minières vont amener de l'argent, créer du commerce, faire de l'exploitation et faire travailler les gens. Cependant, il faut aussi faire attention aux retombées du travail de ces entreprises. Elles ont des responsabilités. Je reviens toujours sur le fait qu'il faut protéger l'environnement, protéger les droits humains et répondre aux normes de l'Organisation internationale du travail.
Sous prétexte de créer des débouchés pour nos entreprises canadiennes, la véritable intention de notre gouvernement, c'est de permettre aux entreprises minières canadiennes d'aller encore plus loin. On sait que, jusqu'à maintenant, les compagnies minières canadiennes ne sont astreintes à aucune norme en termes d'appropriation du territoire.
Par les années passées, l'OCDE a même demandé au Canada de mettre de l'avant des normes auxquelles nos compagnies minières seraient astreintes, et ce afin d'exploiter un territoire sans nuire aux autochtones ou aux populations de ce territoire et sans les délocaliser.
Le Canada n'a jamais répondu à cela. Le Canada a toujours dit que le pays hôte, celui qui reçoit nos compagnies minières, devrait s'organiser pour mettre de l'avant des lois pour protéger son territoire. Or les pays hôtes ne sont pas toujours en mesure de le faire, soit parce qu'ils manquent de ressources parlementaires, soit parce qu'ils n'osent pas le faire ou soit parce que, comme dans le cas de la Colombie, l'État est tellement corrompu et tellement près des paramilitaires — ces derniers pourront utiliser les terres des autochtones — qu'il laissera s'installer une compagnie minière canadienne qui elle, aura le droit d'exploiter le territoire sans avoir à rendre de comptes.
On dit ici qu'il y a eu des tables rondes nationales sur la responsabilité sociale et l'industrie extractive dans les pays en voie de développement auxquelles ont siégé des représentants de l'industrie extractive. Ces gens ont fait d'excellents rapports.
Cela s'est passé il y a un an ou un an et demi. Jamais le gouvernement du Canada ne leur a donné de réponse. Ils ont présenté des rapports très bien faits, preuves à l'appui, en demandant, par exemple, que l'on établisse un cadre canadien de responsabilité sociale des entreprises. On a demandé l'adoption de normes obligatoires en matière de responsabilité sociale que les compagnies minières canadiennes devraient respecter à l'étranger. On a demandé des mesures punitives pour les sociétés fautives. On a demandé la création d'un poste d'ombudsman indépendant capable de mener des enquêtes impartiales afin de valider le fondement des plaintes.
Jamais ce gouvernement, le gouvernement conservateur, n'a répondu aux rapports de ces tables rondes. Dernièrement, lorsque l'accord de libre-échange avec le Pérou et celui avec la Colombie ont été signés, le a tout simplement dit qu'on allait créer un poste d'ombudsman qui relèverait du ministre.
Il ne sera donc pas indépendant, et cet enquêteur n'aura pas nécessairement la marge de manoeuvre pour mener ses enquêtes et valider si, oui ou non, l'entreprise canadienne est fautive.
Jamais l'entreprise canadienne ou le gouvernement du Canada ne mettra en avant des mesures préventives afin d'encadrer le travail des compagnies minières canadiennes à l'étranger. En effet, comme je le disais plus tôt, tout ce que l'on fait, c'est demander aux pays hôtes de mettre en avant ces barrières au développement sauvage que font les entreprises canadiennes.
De plus, je voudrais ajouter que, sur le plan de l'environnement et en ce qui concerne l'Organisation internationale du travail, l'accord dont nous sommes saisis devrait être en mesure de nous donner des garanties, à savoir que l'entreprise respectera effectivement l'environnement. En Colombie, notamment, on a vu que des entreprises minières canadiennes polluaient à un point tel que les rivières d'un secteur donné sont devenues roses parce qu'on utilise des nitrites et des produits extrêmement forts nécessaires à l'extraction. Des populations ont été empoisonnées à la suite de cela. On a vu qu'au Pérou, une entreprise a déjà été montrée du doigt parce qu'autour de la mine, des sulfures dans l'air étaient préjudiciables aux habitants.
N'ayant pas de garanties, étant donné que l'entente sur l'environnement est tellement large, on ne peut bien sûr pas voter pour cet accord.
Comme il ne me reste pas beaucoup de temps, je terminerai en disant que, lorsque l'on fait des affaires avec un pays, il faut absolument avoir au moins le coeur, la précaution et l'idée de faire des affaires non pas à tout prix — coûte que coûte —, mais en pensant à protéger les individus et l'environnement.
C'est dommage, parce que comme pour ce qui est de l'accord de Colombie, l'accord du Pérou est décrié par plusieurs groupes sociaux environnementaux. La société civile péruvienne est aussi contre cet accord. Le Canada est en train de perdre de la crédibilité. On fait du commerce et, apparemment parce que l'on est dans une crise mondiale, on fait la promotion de débouchés, mais en réalité, on promeut l'entreprise minière ou, en Colombie, l'entreprise pétrolière et gazière canadienne.
Le Bloc québécois propose des changements dans les attitudes commerciales du Canada. Le Canada doit se concentrer sur l'établissement de règles plus équitables. Il n'y a pas de politique de responsabilisation des entreprises. C'est dommage. Il s'agit d'une philosophie où l'on met les droits humains de côté au profit du commerce.
Des collègues me regardent de façon sceptique. Je trouve assez bizarre que, lorsque l'on fait partie d'un parti politique au Canada et que l'on se fait dire en pleine face que l'accord va à l'encontre des droits humains et de l'environnement, on n'ait pas le coeur d'aller fouiller et d'aller voir effectivement ce que les groupes environnementaux et en matière de protection des droits humains pensent de cela.
J'aimerais que mes collègues aillent voir le Conseil canadien pour la coopération internationale. Un beau rapport de 45 pages a été publié sur les accords du Pérou et de la Colombie. Il s'agit d'un beau document élaboré par des avocats et des environnementalistes qui disent que le Canada devrait avoir honte de signer de tels accords. J'aimerais que mes collègues d'en face y pensent et puissent avoir le coeur de penser que des individus perdront leur chemise dans ces affaires.