Que, de l’avis de la Chambre, le gouvernement ne devrait pas renouveler l’amnistie relative aux obligations sur le contrôle des armes à feu qui vient à échéance le 16 mai 2009 et devrait maintenir intégralement l’enregistrement de tous les types d’armes à feu.
— Monsieur le Président, d'abord, je voudrais que tous ceux qui nous écoutent comprennent pourquoi nous présentons cette motion. C'est qu'effectivement, le gouvernement a renouvelé à trois reprises une amnistie pour permettre aux personnes de ne pas enregistrer des armes de chasse, alors que la loi prévoyait que toutes les armes à feu devaient être enregistrées.
On dira sans doute, de l'autre côté de la Chambre, que cela a été prévu dans la loi sous les libéraux. C'est vrai, mais il y avait alors une bonne raison pour qu'on amende ainsi la loi. Il y avait tellement de gens qui enregistraient leur arme à feu à la dernière minute, que le système informatique était incapable de prendre tous les enregistrements, de sorte que des gens auraient fini par enregistrer leur arme trop tard. On a donc décidé de la possibilité d'une amnistie pour permettre aux gens qui enregistreraient leur arme à feu après les délais requis de ne pas subir de conséquence d'infraction. C'était donc ce but que visait l'amnistie.
Cependant, lorsque les conservateurs sont venus au pouvoir, ils ont systématiquement renouvelé cette amnistie, alors que cette raison n'existait plus. L'amnistie ne sert donc qu'à une chose: permettre aux gens qui ne veulent pas enregistrer leur arme de chasse de rester dans la légalité. Ainsi, il y a un effet pernicieux, parce que le registre lui-même devient de moins en moins fiable, puisqu'il y a de plus en plus d'armes qui ne sont pas enregistrées. Les conservateurs espèrent ainsi que les policiers, qui sont les premiers défenseurs — la quasi-totalité de ceux-ci — du registre des armes à feu, finissent par dire que ce registre n'est pas fiable, et que cela devient donc une raison pour l'abolir.
Pourquoi veut-on enregistrer les armes à feu? Parce qu'il y a une relation directe entre le contrôle des armes à feu et le taux d'homicides. Par exemple, il y a une énorme différence entre le taux d'homicides aux États-Unis et le taux d'homicides au Canada, puisque le taux aux États-Unis est trois fois supérieur au taux canadien.
Soit dit en passant, le taux d'homicides aux États-Unis est de loin le plus élevé parmi à peu près tous les pays occidentaux. Il est sans doute dépassé par d'autres pays, mais parmi les pays qui nous ressemblent, le taux américain est champion.
Pourquoi? Si on demande à n'importe quel Américain intelligent pourquoi il y a tant d'homicides chez lui, il répondra que la première raison est que l'accès aux armes à feu y est tellement plus facile. D'ailleurs, au Canada, on contrôle depuis longtemps les armes à feu, bien avant l'instauration de ce registre. Cela a fait de nous une société différente.
À mon avis, tous ceux qui ont voyagé un peu aux États-Unis observeront que la culture des armes aux États-Unis est totalement différente de la culture des armes au Canada. Je crois que la majorité de la population canadienne considère que ce sont des objets dangereux qui ne doivent être laissés que dans des mains responsables. Tel est le but fondamental d'un registre des armes à feu. Et je pense que la majorité des députés conservateurs y sont favorables. Les armes à feu ne doivent être laissées que dans des mains responsables.
C'est évident que les mesures de contrôle des armes à feu n'empêcheront pas tous les crimes qui sont commis par arme à feu. Peut-être même aussi que ces mesures n'auraient pas empêché certains événements dramatiques qui ont beaucoup frappé la société, comme des tueries. L'important, c'est de réaliser qu'il y a un parallélisme évident entre la culture des armes à feu, le manque de contrôle des armes à feu et le taux d'homicides, d'où les effets bénéfiques d'un registre.
D'ailleurs, on peut dire la même chose des lois sur les drogues. Ce ne sont pas les lois sur les drogues qui empêcheront les drogués de se procurer de la drogue de façon illégale.
Y a-t-il quelqu'un qui prétende qu'on devrait alors abolir les lois qui défendent la consommation des drogues? Ici, nous ne voulons pas que le Canada devienne comme les États-Unis quant à la circulation des armes à feu. On dit souvent que cela n'empêchera pas les grands bandits de se procurer des armes, mais il faut bien comprendre que ce ne sont pas les grands bandits qui tuent le plus. On tue pour toutes sortes de raisons: on tue par haine, on tue par colère, on tue par vengeance. On a déjà vu le cas d'un avocat qui a tué son associé pour encaisser l'assurance-vie qu'il avait souscrite. Donc, on tue aussi par intérêt. Aux États-Unis, lorsqu'une querelle commence, on peut aller se procurer une arme à feu et revenir sur le lieu de la querelle. Ici, au Canada, on ne peut pas faire cela. Il y a donc une différence. Les armes à feu sont des instruments de mort. Ce sont des instruments dangereux. Il est bon que l'État s'en occupe, comme il s'occupe d'autres objets dangereux, comme les véhicules, par exemple.
L'utilisation des armes à feu constitue aussi la façon la plus facile et la plus rapide de tuer, celle qui implique le moins de gestes. D'un seul doigt, on met en jeu la vie d'un autre et on peut enlever cette vie. Menacer avec une arme à feu, c'est aussi la plus grande intimidation que l'on puisse faire. Toutes les armes à feu ont ces possibilités dangereuses, et c'est pourquoi elles doivent toutes faire l'objet d'un contrôle.
Notre résolution porte sur les conséquences de l'amnistie car moins on enregistre d'armes à feu, plus il y en a sur lesquelles on n'a pas de contrôle et moins le registre est fiable. Il est aussi important et nécessaire, pour appliquer pleinement certaines dispositions de la loi qui a été adoptée et avec laquelle, j'en suis convaincu, une bonne partie des députés de cette Chambre sont d'accord, d'avoir un enregistrement des armes à feu. Par exemple, on pourra empêcher qu'un membre d'un gang de rue qui réussit à obtenir un permis d'acquisition d'armes à feu puisse acheter plusieurs armes à feu pour les distribuer ou les vendre aux gens qui sont du même groupe et qui n'auraient pas pu obtenir de permis.
Il existe aussi des applications particulières. Par exemple, si une ordonnance de la cour est rendue interdisant à quelqu'un de posséder une arme à feu, on peut alors vérifier s'il en a et combien d'armes on doit aller chercher chez lui pour s'assurer que cette ordonnance de la cour est bien appliquée. Certaines dispositions de la loi permettent aussi d'agir, la plupart du temps dans des situations maritales qui ont mal évolué, par exemple lorsqu'une femme craint pour sa sécurité parce que l'attitude de son mari a complètement changé depuis un certain temps déjà et qu'elle craint qu'il n'utilise un jour ses armes contre elle. C'est arrivé à Montréal. La Fraternité des policiers et des policières de Montréal nous a fait part d'un cas où la femme savait que son mari avait des armes à feu. Elle craignait que, lors d'une de ses nombreuses colères, il en utilise contre elle, mais elle ne savait pas combien il en avait. Les policiers ont consulté le registre. Il en avait franchement tout un arsenal. Je ne me souviens pas du nombre exact, mais c'était au-dessus de 50 armes et munitions de toutes sortes. Les policiers, ayant obtenu une ordonnance de la cour, savaient quoi aller chercher. Ils ont pu sortir de chez elle, assurés que toutes les armes avaient été enlevées.
D'autres dispositions de la loi sont très efficaces pour empêcher des tentatives de suicide. En effet, il faut savoir que 75 p. 100 des morts par arme à feu au Canada sont des cas de suicide. Si une famille voit la dépression gagner un membre de sa famille et qu'elle a peur que cette personne n'utilise son arme de chasse ou une autre arme mais qu'elle ne sait pas où aller, elle peut donc demander une ordonnance de la cour.
Cette ordonnance est rendue, et encore là, le registre permet de s'assurer qu'effectivement, on retirera les armes à feu. C'est pourquoi les organismes de prévention du suicide sont les plus fervents souteneurs de cette loi et du fait qu'elle couvre toutes les armes à feu. C'est important aussi dans la planification d'opérations policières. Cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas d'opérations policières se terminant mal, comme il y en a malheureusement chaque année, mais cela permet de prendre des précautions. Il est significatif que tous les corps policiers veuillent que les policiers sachent, quand ils se rendent à un domicile, combien d'armes à feu s'y trouvent.
Il faut aussi comprendre que beaucoup de reproches ont été faits à ce registre. On a dit que c'était un gaspillage d'argent. C'es vrai, je reconnais que l'établissement du registre des armes à feu a coûté très cher. À mon avis, c'est un scandale financier. Mais il existe, il est là et il sert tous les jours. Ce serait un véritable gaspillage que de ne pas s'en servir pleinement.
D'ailleurs, aurait-on idée, même s'il y a eu scandale, de détruire un pont qui a coûté 10 fois le prix pour en reconstruire un autre à meilleur coût? Voyons donc! Maintenant qu'il est construit, utilisons-le.
Combien coûte maintenant l'enregistrement des armes à feu?
La GRC nous dit qu'elle a dépensé l'an dernier 9,1 millions de dollars pour l'enregistrement de toutes les armes. Elle estime que deux tiers de cette somme ont servi à l'enregistrement des armes de chasse. Il en coûte maintenant 6 millions de dollars pour tirer pleinement partie de la loi que ce Parlement a adoptée. On ne peut pas dire que c'est du gaspillage. Je ne veux pas faire d'exagération inutile, mais bon Dieu, combien vaut une vie humaine? Je crois que 6 millions de dollars dans le budget fédéral est une dépense bien faible par rapport aux objectifs visés.
Pour l'individu qui doit enregistrer son arme, cela ne coûte plus rien depuis 2004, et ceux qui ont payé ont été remboursés. Où est le désavantage? Il est très facile d'enregistrer son arme à feu. D'abord, il est très facile de l'enregistrer chez l'armurier quand on l'achète ou chez un armurier lorsqu'on l'achète d'un autre particulier. On peut aller au poste de police ou encore le faire par Internet. On peut même le faire par téléphone au moment de l'achat. Évidement, il est bien important, quand on a une arme à feu qui est enregistrée à son nom et que quelqu'un veut l'acheter, que l'enregistrement soit transféré. Celui-ci commande aussi une certaine attention à porter à cet objet. On ne vendra pas son arme à feu à n'importe qui, sachant qu'elle ne sera pas enregistrée, au cas où elle serait mal utilisée à un moment donné. C'est la même chose avec sa voiture. On enregistre sa voiture, et on ne la confie pas à n'importe qui.
L'obtention d'un permis de possession est plus compliquée. Cela dit, l'obtention du permis ne fait pas l'objet du présent débat, mais même les conservateurs sont en faveur de la continuation de cette politique. Encore une fois, l'enregistrement est nécessaire pour s'assurer que les armes ne tombent pas dans des mains irresponsables.
Maintenant, je sais que nous avons affaire à rude partie sur le terrain. La National Rifle Association est un des lobbys les plus puissants du monde et des mieux organisés. Je sais que, particulièrement dans les campagnes, les députés peuvent être assaillis de représentations contre le registre des armes à feu et que beaucoup de faussetés sont dites sur celui-ci.
Je sais que les membres de ces lobbies sont experts pour impressionner les élus, pour leur envoyer des délégations, pour leur faire dire qu'ils ont voté pour eux, mais qu'ils ne le feront plus.
Ce n'est peut-être pas une bonne raison, mais, nous-mêmes croyons quand même aux sondages. Même en 2006, quand le scandale du coût du registre des armes à feu a éclaté, dans la province la plus hostile à l'enregistrement des armes à feu, selon un sondage d'une grande maison — Ipsos Reid, sauf erreur —, 51 p. 100 des Albertains étaient en faveur d'une forme d'enregistrement pour les gun owners, les propriétaires d'armes à feu. Gun owners était l'expression utilisée dans la question du sondage. Au Québec, 76 p. 100 des gens étaient en faveur. Donc, vous comprenez sûrement qu'un député ne peut pas sonder ses 85 000 électeurs — c'est à peu près la moyenne —, et des organisations peuvent venir vous voir pour chercher à vous faire peur afin de vous faire voter dans un autre sens.
En conclusion, nous sommes tous d'accord pour maintenir cette différence de culture qui existe entre les États-Unis et le Canada quant aux armes et au contrôle des armes à feu. Comme le demandent beaucoup d'Américains chaque fois que des incidents violents surviennent, il faut que cela passe par une loi sur le contrôle des armes à feu. Il faut que cette loi s'étende à toutes les armes à feu, même en sachant que la majorité des gens les utiliseront de façon sage et prudente. C'est d'ailleurs notre objectif, de la même façon qu'on a un enregistrement pour toutes les voitures.
L'amnistie présentée est une brèche dans l'application de cette loi qui a de si bons effets et qui nous est enviée par d'autres pays. Il faut que le registre demeure fiable pour la préparation des opérations policières et pour l'application de toutes les ordonnances des tribunaux concernant les armes à feu. Je vous ai parlé de la façon dont cela pouvait être utilisé en matière de prévention de violence conjugale, avant qu'elle ne dégénère en mort. Il doit être effectivement utile dans les cas de prévention du suicide. Il faut aussi que le registre continue à couvrir toutes les armes pour qu'il soit moins facile pour les petits voyous de se procurer des armes à feu par personnes interposées.
Enfin, réalisons aussi que cette possibilité d'amnistie n'a plus la raison d'être qu'elle avait lorsqu'elle a été adoptée la première fois. La congestion informatique n'existe pas actuellement pour l'enregistrement des armes à feu, et on ne voit pas pourquoi il y en aurait si on ne renouvelait pas l'amnistie qui s'en vient. C'est donc une raison qui, si elle est donnée, frôle l'hypocrisie.
Enfin, je comprends que les députés veulent être réélus. Il y a quelque chose de noble en cela, puisque c'est aussi vouloir exprimer la volonté de ses concitoyens. Toutefois, ne soyons pas victimes des lobbies. Quant à moi, quand bien même on me démontrerait que 75 p. 100 de mes électeurs sont contre le registre des armes à feu, je continuerai à le soutenir. En effet, toute mon expérience professionnelle en matière de criminalité, que ce soit comme jeune procureur de la Couronne, comme avocat criminaliste, comme ministre de la Sécurité publique ou comme ministre de la Justice, m'a démontré que s'il y a bien une mesure de prévention du crime qui fonctionne, c'est le contrôle complet des armes à feu.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de Regina—Lumsden—Lake Centre.
Je suis très reconnaissant de pouvoir exprimer mon point de vue sur la motion dont la Chambre est saisie aujourd'hui et qui soulève certaines questions très importantes au sujet du contrôle des armes à feu et d'une prévention efficace contre les crimes commis au moyen d'armes à feu au Canada. Comme certains députés le savent, j'ai été agent de police durant 30 ans avant de me lancer en politique et, pour cette raison, la motion d'aujourd'hui m'intéresse tout particulièrement au même titre, je le sais, qu'elle intéresse tous les Canadiens laborieux et respectueux de la loi.
Personne, à la Chambre, n'est contre l'idée de s'assurer que les armes à feu ne se retrouvent pas entre de mauvaises mains, celles de criminels, de gangs criminels, du crime organisé et de déséquilibrés. Chacun de nous, des deux côtés de la Chambre, voulons faire en sorte que nos rues soient sans danger et que nous puissions continuer à bâtir des collectivités plus sûres pour tous. C'est ce à quoi s'est engagé le gouvernement conservateur lors de son élection en 2006. C'est ce que nous faisons aujourd'hui et ce que nous continuerons à faire demain, en instaurant, au cours des prochains mois, des mesures concrètes et tangibles de lutte contre le crime, particulièrement les crimes commis au moyen d'armes à feu.
Ceci dit, je profite de l'occasion pour féliciter le député de l'intérêt qu'il porte à la prévention du crime. Malheureusement, la motion d'aujourd'hui ne permettrait d'atteindre aucun des objectifs visés. Le député tente de jumeler deux concepts très différents, en l'occurrence la prolongation de l'amnistie pendant une année et, en parallèle, la poursuite du registre des armes d'épaule, une initiative mal conçue et inefficace. Ces deux concepts sont distincts l'un de l'autre et ne sont pas interreliés comme l'opposition aimerait nous le faire croire.
Le député ne s'en rend peut-être pas compte, mais si sa motion à double objectif était adoptée et devenait loi, elle ne servirait qu'à affaiblir le contrôle des armes à feu au Canada en éliminant des mesures que le gouvernement a mises en place pour qu'il y ait justement davantage de personnes qui se conforment à la loi et qui, par conséquent, soient soumises aux dispositions de surveillance automatique actuelles. L'adoption de la motion signifie également que nous continuerions à gaspiller des ressources de plus en plus limitées au titre du registre des armes d'épaule qui s'est révélé un échec.
L'objectif de notre gouvernement est d'aborder avec prudence les problèmes liées à la criminalité et d'utiliser nos ressources financières de façon responsable et efficace. Cela me rappelle que le député de a dit que nous devrions nous débarrasser du registre des armes d'épaule et que ce milliard de dollars aurait été mieux utilisé s'il avait été investi dans le domaine des soins de santé ou de l'éducation ou s'il avait servi à renforcer la GRC qui est sous-financée depuis plusieurs années. Nous partageons ce point de vue. En rétrospective, ces propos sont encore plus percutants aujourd'hui que lorsqu'ils ont été tenus la première fois, il y a plus de cinq ans.
Au cours des trois dernières années, le gouvernement du Canada a adopté un nombre considérable de mesures législatives visant à lutter contre les crimes violents. Nous avons présenté des mesures prévoyant entre autres des peines d'emprisonnement obligatoires pour les crimes commis avec une arme à feu et l'inversion du fardeau de la preuve pour les libérations sous caution dans le cas de crimes graves. Ces modifications étaient attendues depuis trop longtemps déjà.
Je ne saurais passer sous silence le fait que le Parti libéral a été au pouvoir pendant plus de 13 ans, mais qu'à part l'idée de criminaliser les pratiques de milliers de chasseurs, de tireurs sportifs et d'agriculteurs respectueux de la loi, il n'a pas fait grand-chose pour s'attaquer aux véritables criminels et à la criminalité.
Notre gouvernement conservateur a fourni plus de ressources financières aux provinces et aux territoires pour la formation de policiers additionnels. Le gouvernement s'est également engagé à aider la GRC à recruter et à former davantage de personnes, de sorte que plus de 1 500 nouveaux agents de la GRC sont désormais en mesure d'assumer leurs fonctions partout au Canada.
Ces deux initiatives, que je connais fort bien, vont faire plus pour aider à empêcher et contrer les crimes graves commis avec des armes à feu au Canada, que ne l'a fait ou ne le fera jamais le registre des armes d'épaule. Également, le gouvernement a agi pour aider les jeunes à faire les bons choix et à éviter de s'impliquer dans les activités des gangs, grâce à des programmes financés par le Centre national de prévention du crime.
Plus récemment, le gouvernement a présenté une mesure législative qui créera notamment une nouvelle infraction de portée générale pour cibler les fusillades au volant et les autres décharges d'armes à feu intentionnelles effectuées sans le moindre souci de la vie et de la sécurité d'autrui. Toute personne condamnée pour de tels actes serait assujettie à une peine minimale obligatoire de quatre ans de prison avec une période maximale d'incarcération de 14 ans. Si de tels actes étaient commis par une organisation criminelle ou pour son compte, ou avec une arme restreinte ou prohibée comme une arme de poing ou une arme automatique, la peine minimale augmenterait à cinq ans.
Le gouvernement actuel a également présenté une mesure législative visant à neutraliser le crime organisé et le trafic des drogues en imposant des peines de prison obligatoires aux personnes qui participent à des crimes graves liés à la drogue. La nouvelle mesure propose une échelle croissante de peines de prison obligatoires en fonction d'un facteur aggravant ou d'un risque à la sécurité, afin de refléter la menace croissante qu'imposent les crimes de ce type à notre société.
Grâce à ces mesures, le gouvernement a donné la preuve de son sérieux dans la lutte à la criminalité, notamment pour les crimes commis avec une arme à feu.
Nous devons aussi veiller à ce que le système de contrôle des armes à feu soit efficace. C'est la raison pour laquelle notre gouvernement a également investi 7 millions de dollars par année pour renforcer l'évaluation faite au départ des demandeurs d'un premier permis d'arme à feu, de manière à ce que les armes à feu ne tombent pas entre les mains de personnes qui ne devraient pas en avoir. Il s'agit là d'une première étape essentielle pour toute mesure législative visant à résoudre les problèmes des crimes commis avec des armes à feu et de l'irresponsabilité de certains propriétaires d'armes à feu.
Nous devons veiller à ce que nos lois sur les armes à feu empêchent ceux qui menacent nos collectivités, notre sécurité ou nos vies d'en posséder. C'est la raison pour laquelle le gouvernement a entrepris diverses initiatives au cours des trois dernières années pour que la loi soit mieux observée et pour améliorer la sécurité publique, tout en allégeant le fardeau administratif des propriétaires d'armes à feu qui agissent de façon responsable et légale.
Nous avons pris des mesures pour aider près de 11 000 propriétaires d'armes à feu dont les permis de possession sont échus à se conformer aux nouvelles dispositions des lois fédérales sur les armes à feu. Nous avons pris des mesures pour qu'il soit plus facile pour les citoyens canadiens respectueux des lois de le faire. Nous avons établi un processus d'amnistie de manière à ce que les personnes qui se conforment à la loi à la faveur de telles mesures ne soient criminalisées de ce fait.
La raison en est bien simple: pour protéger les Canadiens. Nous faisons en sorte que le plus grand nombre possible de propriétaires d'armes à feu possèdent un permis en bonne et due forme et fassent l'objet d'un contrôle continu de l'admissibilité. C'est un élément crucial de l'amnistie qui prendra fin si nous ne la prolongeons pas. Sans cette amnistie, l'observation générale chutera radicalement et beaucoup moins de propriétaires d'armes à feu auront un permis en bonne et due forme.
Le gouvernement du Canada est déterminé à maintenir un système efficace de contrôle des armes à feu tout en luttant contre les crimes commis à l'aide d'armes à feu et en durcissant le ton envers les criminels. Nous sommes aussi déterminés à investir dans les mesures de lutte contre la criminalité qui fonctionnent et à abandonner celles qui ne fonctionnent pas ou qui ne sont pas efficaces, comme le registre actuel des armes d'épaule qui pénalise des Canadiens respectueux des lois en fonction de l'endroit où ils habitent ou de leur gagne-pain.
Les députés savent que le gouvernement a présenté un projet de loi à l'autre endroit pour maintenir l'obligation pour les propriétaires d'armes à feu d'avoir un permis, tout en levant l'obligation pour les citoyens respectueux des lois d'enregistrer leurs carabines ou leurs fusils de chasse à utilisation non restreinte, un fardeau qui n'a eu aucune incidence sur la réduction du nombre de crimes commis à l'aide d'armes à feu ou de crimes graves au Canada.
L'approche de notre gouvernement face au contrôle des armes à feu est à la fois équilibrée et prudente. Les changements que nous proposons lèvent l'obligation d'enregistrer les carabines et les fusils de chasse achetés et utilisés en toute légalité. Les données montrent qu'un grand nombre de ces armes appartiennent à des Canadiens honnêtes et travailleurs qui habitent en région rurale ou éloignée. Ces gens-là n'ont jamais eu de problèmes avec la loi et sont bien loin des gangs et des organisations criminelles qui infestent nombre de nos collectivités. Les maigres ressources dont dispose le gouvernement devraient financer des initiatives qui rendent nos collectivités plus sûres. C'est ce que les Canadiens veulent. Ils souhaitent des politiques sensées. Ils veulent des mesures de lutte contre la criminalité qui visent les criminels et non les agriculteurs et les chasseurs de canards. Ils veulent des mesures de contrôle des armes à feu qui améliorent la sécurité publique au lieu de criminaliser des citoyens respectueux des lois.
Je ne peux donc pas appuyer la motion du député de , une motion malavisée qui va à l'encontre de l'intérêt des Canadiens.
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Monsieur le Président, c’est un plaisir de prendre part au débat sur la motion proposée aujourd’hui. Je tiens à remercier mon collègue, le député de , de l’avoir proposée.
En toute déférence, je soutiendrais que la motion à l’étude dit l’inverse de ce qu’elle devrait dire. La motion que le député a présentée dispose que le gouvernement devrait éliminer la période d’amnistie et maintenir l’enregistrement des armes d’épaule. Je soutiendrai respectueusement qu’il faudrait maintenir l’amnistie et éliminer le registre des armes d’épaule.
Mon collègue d’ a passé en revue un certain nombre de points à propos de la raison d’être de l’amnistie. Je ne reviendrai pas sur ce qu’il a dit à l’instant, mais je voudrais ajouter rapidement un ou deux points.
Le but de l’amnistie est fort clair. Il s’agit d’essayer d’amener les propriétaires d’armes à feu qui, pour l’instant, ne respectent pas la loi à s’y conformer. Autrement dit, tout ce que nous essayons de faire au moyen de cette période d’amnistie d’un an, c’est faire comprendre aux propriétaires d’armes à feu qui, actuellement, dérogent à la loi, à ceux qui n’ont pas pris de permis pour leurs armes, qu’ils ne feront l’objet d’aucune poursuite s’ils renouvellent ces permis. Nous essayons d’inciter les gens à se conformer à la loi. Voilà la raison d’être de l’amnistie.
Je dirais que la question plus large, c'est le registre des armes d'épaule lui-même, la raison pour laquelle il est totalement inefficace et, ce qui est plus important, son coût épouvantable pour les contribuables.
J'ajouterai, simplement pour mettre les choses en contexte, qu'en 1995, lorsque le projet de loi C-68, qui créait le registre a été présenté, les députés bloquistes en ont débattu ici. Je rappelle que 18 d'entre eux ont voté contre le projet de loi C-68. Ils savaient alors que ce registre serait inefficace parce que nous avons toujours eu un système de permis au Canada.
L'hon. Marlene Jennings: Leur façon de penser a évolué.
M. Tom Lukiwski: Monsieur le Président, la députée de m'interrompt constamment. Puisqu'elle ne peut pas présenter d'argument solide, elle doit se contenter de chahuter, mais c'est bien. Nous la laisserons continuer.
À mon avis, les raisons pour lesquelles le projet de loi C-68 était inefficace restent valables aujourd'hui. Le registre des armes à feu ne fait rien pour réduire la menace à la sécurité publique. Il ne fait rien pour réduire la criminalité. Il ne fait rien pour réduire le nombre d'actes de violence commis au moyen d'une arme.
Il a souvent été signalé à la Chambre que les criminels qui commettent les pires crimes contre des Canadiens utilisent des armes illégales, qui ont peut-être été amenées au Canada en contrebande. Les criminels n'enregistrent pas leurs armes de poing. Ils n'enregistrent pas non plus leurs armes d'épaule. Le registre des armes à feu ne fait donc qu'imposer un fardeau aux honnêtes citoyens, aux agriculteurs, aux tireurs sur cible et aux chasseurs. Ce ne sont pas des criminels, mais ils sont soumis à cette loi odieuse alors qu'ils n'ont pas du tout l'intention d'enfreindre un jour la loi ou d'utiliser leur arme à des fins illégales.
Je viens d'une province où l'association de policiers est tout à fait opposée au registre et pour la bonne raison. Cette association reconnaît que la majorité des propriétaires d'armes à feu respectueux de la loi dans notre province n'utilisent pas leur arme d'épaule comme une arme, mais plutôt comme un outil. Les agriculteurs de ma province, et, je dirais, de tout le Canada, ont une arme d'épaule parmi leurs outils. Pour eux, c'est la même chose que la machinerie agricole qu'ils utilisent pour cultiver leurs champs. Une arme d'épaule entre les mains d'un agriculteur respectueux de la loi est un outil légitime. Elle n'est utilisée que comme outil. Pourtant, ce sont les gens à qui on impose le fardeau de ce registre des armes d'épaule coûteux et encombrant. J'ai dit coûteux et c'est tout à fait le cas.
En 1995, lorsque le gouvernement libéral a présenté le projet de loi C-68, il a déclaré qu'il en coûterait 2,2 millions de dollars pour que le registre soit pleinement mis en oeuvre et fonctionnel. Nous savons maintenant qu'il n'y a rien de plus faux. Jusqu'à maintenant, selon la vérificatrice générale du Canada, sur la foi de chiffres qui datent de trois ans, le contribuable canadien a déjà versé plus de 1 milliard de dollars sous forme de coûts directs pour le registre lui-même, sans compter les coûts indirects, autrement dit les sommes que les autres ministères ont dû débourser pour se conformer au registre. Ces chiffres excluent également les coûts engagés par les propriétaires d'armes à feu pour se conformer au registre.
En soi, ces coûts sont odieux, mais qui plus est, le Centre canadien de contrôle des armes à feu, selon le rapport de 2006 de la vérificatrice générale, a déclaré qu'il n'avait pas la moindre preuve pour démontrer que le registre permettait effectivement d'atténuer la menace à la sécurité publique ou de réduire les décès et les actes criminels. Cet organisme a pourtant été créé pour gérer le registre. Selon la vérificatrice générale, il n'a pas été en mesure de donner l'ombre d'une preuve de son efficacité.
Les contribuables canadiens ont payé une note de plus de 1 milliard de dollars pendant les 15 années qui se sont écoulées depuis la mise en place du registre. Pourtant, rien ne prouve que le registre ait atténué la menace à la sécurité publique ni qu'il ait réduit les actes criminels ou les incidents violents. Je me demande donc à quoi il sert vraiment.
Selon moi, il y a une différence marquée entre les dispositions relatives à l'enregistrement des armes à feu et le registre lui-même. Il y a toujours eu des dispositions relatives à l'enregistrement des armes d'épaule. On parlait alors d'autorisations d'acquisition d'armes à feu ou d'AAAF. À l'époque, en Saskatchewan, pour obtenir une AAAF, il fallait présenter une demande au ministère de l'Environnement. Selon un bon nombre de propriétaires légitimes d'armes à feu de ma province à qui j'ai parlé, ce système était efficace. Auparavant, et depuis toujours, personne ne pouvait acquérir une arme d'épaule sans obtenir un permis, dans certains cas une AAAF ou encore un certificat quelconque, deux termes qui signifiaient en fait la même chose et qui étaient interchangeables.
Nous ne suggérons pas d'y changer quoi que ce soit. Nous continuons à dire que la possession de toute arme d'épaule devrait être assujettie à l'obtention d'un permis, qui est partie intégrante de la culture des propriétaires d'armes à feu. Ceux-ci approuvent cette exigence. C'est le registre des armes à feu lui-même qui choque les propriétaires légitimes d'armes d'épaules. Il est superflu et impose un fardeau bureaucratique inutile.
J'aimerais également souligner, comme chacun ici le sait, que l'enregistrement des armes de poing et des armes à autorisation restreinte comme les armes automatiques a toujours été obligatoire. Le fait que nous souhaitions éliminer le registre des armes d'épaule n'y changera rien. Nous ne tentons pas d'éliminer les dispositions du registre concernant les armes de poing. Nous admettons et convenons qu'il faut enregistrer les armes de poing et les armes à autorisation restreinte telles les armes automatiques. Il faut conserver cette exigence.
En fait, on enregistre les armes de poing dans ce pays depuis 1933. Il n'est question des armes d'épaule que parce que le registre, qui a coûté si cher aux contribuables canadiens et s'est révélé totalement inefficace, n'est pas nécessaire. Il est totalement inutile. Tout cet argent, soit bien au-delà de 1 milliard de dollars sur une période de 15 ans, pourrait servir plus efficacement à la prévention de la criminalité. À défaut de prévenir la criminalité, cet argent pourrait servir à d'autres initiatives gouvernementales, les soins de santé par exemple.
Il est très clair pour moi et pour des centaines de milliers d'habitants des régions rurales d'un bout à l'autre de ce grand pays que le registre des armes d'épaule n'aurait jamais dû être créé. Il n'aurait jamais fallu adopter la mesure législative prévoyant sa création. Il est maintenant temps de s'en débarrasser.
J'irais jusqu'à affirmer que le registre des armes d'épaule disparaîtrait du jour au lendemain si tous les députés de l'opposition pouvaient voter librement au sujet d'un projet de loi destiné à l'éliminer.
Merci de votre patience, monsieur le Président. J'ai hâte d'entendre les observations et les questions de mes collègues.
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Monsieur le Président, c'est avec énormément de plaisir que je prends la parole aujourd'hui en cette Chambre, au nom du caucus libéral, en faveur de la motion déposée aujourd'hui par notre collègue de . Ce député est quelqu'un qui a une longue et distinguée carrière en matière de sécurité publique. C'est un de nos collègues qui est extrêmement connaissant quant à ce qui est nécessaire pour améliorer la sécurité publique, par exemple, pour lutter contre le crime organisé, comme il l'a fait pendant tant d'années durant sa carrière à l'Assemblée nationale du Québec. Je le salue aujourd'hui et je lui dis que le caucus libéral votera en faveur de sa motion.
J'aimerais aussi souligner le travail important qui a été fait par de nombreux Canadiens et Canadiennes sur cette question très difficile du contrôle des armes à feu. Par exemple, Mme Suzanne Laplante-Edward, la mère d'une victime du massacre à l'École Polytechnique, est une personne qui s'est dévouée à la cause du contrôle des armes à feu. Elle est à Ottawa aujourd'hui pour rappeler aux parlementaires l'importance d'appuyer des mesures qui contrôleront les armes à feu et augmenteront la sécurité publique et pour nous rappeler les tragédies du passé qui nous confirment l'importance de continuer de lutter pour améliorer toutes ces mesures si nécessaires pour la sécurité publique. Le contrôle des armes à feu et le registre des armes à feu vont sûrement dans ce sens.
[Traduction]
Je tiens à être très clair. Les libéraux appuieront cette motion présentée par notre collègue de . Nous croyons que le contrôle et le registre des armes à feu sont indispensables pour améliorer la sécurité publique à la grandeur du Canada. Cependant, les libéraux sont aussi conscients que des personnes partout au pays et dans les collectivités rurales, comme celles que je représente, sont des utilisateurs légitimes d'armes à feu, d'armes non prohibées, à des fins sportives, pour la chasse et le tir à la cible.
Nous sommes conscients que des Canadiens ont un besoin légitime de posséder des armes à feu et nous respectons cela. Toutefois, ils doivent aussi reconnaître que la nécessité légitime d'assurer la sécurité publique et de suivre les conseils des policiers de première ligne et les chefs de police partout au Canada exige que toutes les armes à feu doivent être inscrites dans un registre efficace, qui est un élément essentiel du travail effectué par les agents de police pour maintenir la sécurité publique.
Dans une question qu'elle a posée il y a quelques minutes, je pense que ma collègue de a rappelé à la Chambre l'existence d'un important document qui a été envoyé à notre chef par l'Association canadienne des policiers, groupe qui représente 57 000 agents de police de première ligne. Le 7 avril, le président élu de cette association a écrit au chef du Parti libéral pour demander à son parti de continuer d'appuyer le registre des armes à feu. Il a demandé aux députés de notre parti et des autres partis de s'opposer au projet de loi , qui est examiné actuellement au Sénat, et au projet de loi , un projet de loi d'initiative parlementaire très irresponsable, qui est inscrit au Feuilleton de la Chambre.
Je tiens à citer le président élu de l'Association canadienne des policiers qui, dans une lettre, a déclaré ceci:
Il serait irresponsable de suspendre ou d'abandonner un élément ou un autre du [programme de contrôle des armes à feu du Canada].
En 2008, les services policiers ont utilisé le registre des armes à feu en moyenne 9 400 fois par jour. L'an dernier seulement, ils ont consulté ce registre plus de 3,4 millions de fois. Toujours en 2008, ils ont fait des recherches dans le registre sur plus de 2 millions de personnes et ils y ont effectué plus de 900 000 vérifications d'adresse.
L'Association canadienne des chefs de police est une autre organisation qui, à notre avis, est éminemment plus qualifiée que les députés ministériels pour parler de sécurité publique. Dans une lettre envoyée à notre chef, le 9 mars, les dirigeants de cette association demandent aux députés de s'opposer au projet de loi et de lutter pour conserver le registre des armes à feu.
[Français]
C'est précisément le sens de la motion déposée aujourd'hui devant cette Chambre. C'est important de maintenir l'intégrité du registre des armes à feu et d'arrêter l'amnistie qui, à notre avis, a fait en sorte que l'intégrité du registre des armes à feu a été diminuée. Cela ne va pas tout dans le sens d'appuyer la sécurité publique.
Nous avons devant nous un gouvernement qui prétend être intéressé par la sécurité publique. Vous avez sûrement vu, monsieur le Président, à maintes reprises, des ministres du gouvernement et des députés qui aiment se faire photographier devant des policiers. Les députés font l'annonce de projets de loi ou d'amendements au Code criminel. Souvent, des policiers sont debout en arrière du ministre qui annonce un tel changement à une proposition qui vise à modifier le Code criminel.
Il est évident que les députés conservateurs voient de façon symbolique l'appui des policiers et le considèrent comme très important pour leurs supposées améliorations au Code criminel. Toutefois, lorsque ces mêmes policiers, par la voie de leurs représentants dûment élus dans leurs associations, leur demandent d'arrêter une politique qui, selon eux, est irresponsable et va à l'encontre de l'idée partagée — j'espère — par tous les députés de cette Chambre, soit d'améliorer la sécurité publique, les députés du gouvernement ne sont pas d'accord avec ces mêmes personnes avec qui ils se sont fait photographier quelques semaines plus tôt.
À notre avis, il n'y a aucun doute que l'idée de continuer ou de prolonger l'amnistie met en danger la sécurité publique. C'est pourquoi nous avons l'intention de nous opposer à l'idée de prolonger, de continuer ou de renouveler cette amnistie.
[Traduction]
C'est une façon plutôt étrange de légiférer en matière pénale au Canada que de songer à accorder une amnistie à l'égard d'une disposition du Code criminel. J'estime qu'il n'est ni vraiment courageux ni légitime de la part d'un gouvernement de légiférer en matière criminelle au Canada en suspendant tout simplement l'application d'un article du Code criminel ou d'une autre loi pénale.
Même s'il avait le courage de présenter un projet de loi qui ferait ce qu'un grand nombre de députés ministériels affirment vouloir faire, notamment dans leurs interventions ainsi qu'à la période réservée aux questions et observations, le gouvernement sait pertinemment qu'une telle mesure serait rejetée. Que fait alors le gouvernement? Il signe un décret ou demande à un ministre de simplement enjoindre les procureurs de la Couronne de ne pas appliquer la loi pénale pendant un certain temps, pour une raison ou pour une autre.
C'est aussi irresponsable que de décider, par exemple, de suspendre pendant les deux semaines des fêtes de fin d'année l'application des articles du Code criminel concernant la conduite avec facultés affaiblies. Le gouvernement n'agirait pas autrement s'il disait aux procureurs ou aux membres de l'appareil judiciaire qu'il y aura une amnistie.
Plus tôt, nous avons entendu des députés prétendre que l'objectif était seulement d'amener les propriétaires d'armes à feu à faire enregistrer volontairement leurs armes. Si tel était le but de l'amnistie d'un an annoncée il y a près de trois ans, pourquoi continuellement la renouveler? Parce que le a prouvé clairement qu'il n'est pas en faveur de mesures efficaces de contrôle des armes à feu au Canada et qu'il veut trouver une façon détournée de faire ce qu'il ne peut pas faire directement à la Chambre, c'est-à-dire d'affaiblir le registre des armes à feu qui est si important pour la sécurité publique.
Il y a deux mesures qui montrent bien le véritable objectif du gouvernement en ce qui concerne les armes à feu. On le voit dans le projet de loi . Le gouvernement aime prétendre qu'il s'agit d'un projet de loi d'initiative parlementaire, mais c'est bien la première fois que je vois le prendre la parole devant une foule et les journalistes et exhorter la Chambre à adopter un projet de loi d'initiative parlementaire, comme le l'a fait avec le projet de loi .
Or, quand le cabinet du a constaté que ce projet de loi était odieux et irresponsable, car, comme certains de mes collègues l'ont souligné, il permettrait notamment à des gens de transporter des armes automatiques comme des mitrailleuses dans des quartiers résidentiels en chemin vers un champ de tir, il a déclaré que le gouvernement n'appuierait pas le projet de loi, le jour même où le exhortait publiquement les députés à l'appuyer. Puis, pour essayer de sauver la face, le gouvernement a présenté le projet de loi à l'autre endroit.
La raison pour laquelle le gouvernement a agi ainsi est évidente: il n'a pas le courage de présenter à la Chambre des communes un projet de loi qui compromettrait la sécurité publique des agents de police et du grand public en affaiblissant les mesures de contrôle des armes à feu au Canada.
[Français]
Le gouvernement aime faire en sorte que cette question se solde par une division entre des régions rurales et des régions urbaines du pays — il l'a fait à plusieurs reprises.
Pour ma part, j'ai eu la chance d'être élu quatre fois dans une circonscription rurale du Nouveau-Brunswick. La plus grande municipalité dans ma circonscription est probablement la ville de Sackville, qui compte à peu près 5 000 habitants. Le reste de ma circonscription est composé de petites municipalités ou de régions qui ne sont pas incorporées et qui ne bénéficient finalement pas d'une administration municipale.
J'ai donc été élu quatre fois dans une circonscription rurale et j'ai visité des clubs de chasse et pêche dans ma circonscription. Où j'habite, dans la région de Grande-Digue au Nouveau-Brunswick, une fois par mois, le club de chasse et pêche de Grande-Digue organise un déjeuner communautaire le dimanche matin. Je suis allé à plusieurs reprises à ce déjeuner communautaire.
Or ce n'est pas vrai que nous sommes favorables à l'enregistrement de toutes les armes à feu dans un registre, parce que cela signifierait que nous sommes contre l'usage légitime des fusils de chasse dans des régions du pays où la chasse est un sport couramment pratiqué.
Le essaie de faire en sorte que cette question divise des gens. Je peux assurer que le Parti libéral, à tout moment, respecte l'usage légitime des armes à feu, que ce soit pour le sport ou par ceux qui collectionnent ces armes à feu. Nous respectons aussi la vie des gens qui ont la responsabilité d'assurer la sécurité des Canadiens et Canadiennes partout dans notre pays, y compris dans les régions rurales, et qui nous demandent de maintenir le registre des armes à feu.
L'idée que des régions rurales sont à l'abri des menaces, quant à la sécurité publique, ou des tragédies causées par des armes à feu n'est pas réaliste non plus. Dans la ville de Shediac, où j'ai mon bureau de circonscription, il y a quelques mois, quelqu'un est décédé à cause d'un acte criminel. Trois personnes sont entrées dans une maison, ont tué un jeune homme avec un fusil de chasse. Des accusations criminelles ont été déposées il y a quelques semaines, et cette affaire est maintenant devant les tribunaux du Nouveau-Brunswick.
La sécurité publique intéresse donc des gens dans la petite ville de Shediac au Nouveau-Brunswick, au bord du détroit de Northumberland, comme cela intéresse les gens dans les grands centres urbains du Canada, que ce soit Vancouver, Toronto, Winnipeg ou Montréal. Nous sommes donc tous intéressés par des mesures qui amélioreront la sécurité publique, mais nous sommes aussi tous intéressés d'avoir un équilibre entre le respect quant à l'usage légitime des armes à feu et le besoin d'avoir un registre complet et intègre servant au-delà de 9 400 fois par jour aux policiers du Canada, qui ont besoin de consulter ce registre des armes à feu pour leur propre protection et pour mener des enquêtes criminelles.
[Traduction]
Les libéraux s’intéressent et s’intéresseront toujours aux moyens d’améliorer le processus d’enregistrement des armes à feu. Nous reconnaissons que des améliorations ont été apportées avec les années, mais il reste toujours possible de faciliter et de simplifier les démarches d’enregistrement pour les propriétaires légitimes d’armes à feu non prohibées.
Le fait de s’intéresser à l’amélioration du registre pour ceux qui présentent une demande d’enregistrement de leur arme est tout aussi légitime que le désir de préserver l’intégrité du registre et de ne pas permettre une amnistie, qui n’est rien d’autre qu’un moyen détourné et irresponsable de faire ce que le gouvernement n’a pas le courage de faire par voie législative, c’est-à-dire affaiblir le registre des armes à feu partout dans le pays.
Nous passons beaucoup de temps à la Chambre à parler de sécurité publique et des moyens d’améliorer les lois pénales. Nous avons vu un certain nombre d’exemples où les libéraux ont collaboré avec d’autres partis et avec le gouvernement pour apporter au Code criminel des modifications pouvant renforcer la sécurité publique.
Hier, la Chambre a adopté à l'étape de la deuxième lecture le projet de loi , qui ira maintenant au Comité de la justice. Cette mesure est importante parce qu’elle a pour objet de réduire le double crédit actuellement accordé à l’égard de la détention préventive, ce qui augmentera la confiance du public dans le système de justice. Nous avons également appuyé les projets de loi et . Hier soir, de concert avec mon collègue qui préside le Comité de la justice, j’ai voté avec les autres membres du comité en faveur de l’adoption sans modification du projet de loi C-14, qui reviendra donc à la Chambre. Ce projet de loi s’attaque à quelques-uns des problèmes difficiles que pose le crime organisé. Il aidera la police à porter des accusations criminelles dans des situations tragiques comme celles que nous avons vues à Vancouver.
De ce côté-ci de la Chambre, les libéraux sont tout à fait disposés à travailler d’une manière responsable et équilibrée, qui tienne compte de l’importance de la Charte canadienne des droits et libertés, mais qui reconnaisse en même temps que le Code criminel doit être modernisé et renforcé et doit donner aux agents de police et aux procureurs les moyens dont ils ont besoin pour préserver et renforcer la sécurité publique.
L’un de ces moyens, c’est un système national de contrôle des armes à feu. Partout dans le pays, les Canadiens appuient l’idée de mesures efficaces de contrôle des armes à feu. Au grand chagrin des députés conservateurs, cela comprend, de l’avis des agents et des chefs de police, l’enregistrement de toutes les armes à feu au Canada, comme moyen essentiel d’assurer la sécurité publique.
[Français]
Notre collègue de a eu raison de déposer cette motion. Nous avons l'intention de l'appuyer.
[Traduction]
Nous appuierons cette motion lorsqu’il sera temps pour la Chambre de se prononcer. Nous ne jouerons pas le jeu des conservateurs, qui prétendent que cette question divise profondément le Canada rural et urbain.
Je vous parle ici au nom des électeurs d’une circonscription rurale qui m’ont envoyé à la Chambre. Je suis la preuve vivante que les gens de ma circonscription appuient des mesures efficaces de contrôle des armes à feu et comprennent que, lorsque les agents de police du pays nous disent que c’est l’un des nombreux moyens de renforcer la sécurité publique, nous devons prendre garde de ne pas agir d’une façon inconsidérée et de ne pas nuire à la sécurité de nos collectivités, de nos maisons et de nos rues partout au Canada.
:
Monsieur le Président, je discutais avec mon collègue de du fait que nous tenions encore une fois un débat sur le registre des armes à feu alors que ce dernier est entré en vigueur depuis plusieurs années déjà.
Je lui disais que je m'étais penché sur l'expérience vécue à cet égard en Australie, une expérience qui ressemble beaucoup à la nôtre sur le plan des tentatives de contrôle, d'enregistrement et de réglementation des armes à feu. Notre projet a été motivé en grande partie par le massacre survenu à l'école Polytechnique de Montréal alors qu'en Australie, c'est une tuerie qui a fait 45 victimes sur l'île de Tasmanie qui a lancé le projet. Ces incidents ont poussé nos deux gouvernement à agir.
Le débat est terminé en Australie. La réglementation en matière d'armes à feu est plus forte et plus étendue qu'elle ne l'est au Canada. Toutefois, nous continuons ici de discuter de la question, et cela est dû en grande partie à la grossière incompétence du gouvernement libéral de l'époque en ce qui a trait à la mise en oeuvre de ce registre, particulièrement en ce qui concerne les armes d'épaule, et à l'incapacité de ce gouvernement de s'assurer la participation des gouvernements provinciaux.
Je ne sais pas si mes renseignements sont fiables, mais on me dit que le gouvernement libéral de l'époque avait décidé d'aller de l'avant avec ce projet, en affirmant qu'il n'avait pas besoin de l'approbation des provinces. On m'a dit que cela s'était fait avec une certaine arrogance, mais je ne suis pas certain de la véracité de ces renseignements.
En Australie, les six gouvernements étatiques étaient favorables au projet. L'Australie a un système fédératif comme le nôtre. Des lois sont adoptées au niveau des États et au niveau fédéral. Comme je l'ai souligné précédemment, la réglementation australienne en matière d'armes à feu est beaucoup plus sévère qu'elle ne l'est au Canada.
En lisant toute cette documentation, l'une des choses que j'ai remarquées, c'est que pendant les dix années qui ont suivi l'adoption de ces lois et règlements, il n'y a pas eu une seule tuerie en Australie. Ce n'est qu'au bout de dix ans que des incidents semblables se sont à nouveau produits en Australie, mais ils étaient mineurs comparativement à certains de ceux qui s'étaient produits avant que la loi et les règlements aient été adoptés.
Pour ce qui est de mon analyse, je crois que toute cette affaire relève autant des émotions que des faits. C'est malheureux que nous en soyons arrivés là, mais je le comprends assez bien.
Ma circonscription comporte des zones rurales. Je compte parmi mes électeurs de nombreux chasseurs qui sont passablement opposés au registre. Dans les discussions que j'ai avec eux, ils soulèvent toujours l'aspect des coûts, l'incompétence de l'administration libérale qui, à l'époque, a permis aux coûts d'augmenter à ce point.
La vérificatrice générale a déclaré que les coûts sont désormais maîtrisés. C'est maintenant la GRC qui assume la gestion du système et exerce son contrôle. Selon la vérificatrice, le mécanisme est efficace.
Cependant, la colère suscitée par le gaspillage continue de faire beaucoup d'ombre à de tels arguments factuels. Je ne crois pas que ces gens soient disposés à m'écouter et il est malheureusement probable que plusieurs députés conservateurs vivent la même situation. Les gens sont si obnubilés par tout ce qui s'est passé avant qu'ils n'arrivent pas à voir clair.
Un autre groupe fort restreint de personnes s'oppose au registre des armes à feu dans une large mesure pour des raisons de principe et de philosophie de vie. Ce sont des gens qui s'opposent à toutes formes de contrôle, qu'ils visent les armes de poing, les armes d'épaule, les armes à tir rapide ou les armes d'assaut. Ils ne veulent tout simplement pas que le gouvernement se mêle de leur utilisation d'armes à feu. Heureusement, ce groupe constitue un pourcentage relativement faible de notre population, qui n'excède vraisemblablement pas les 5 p. 100.
Puis, il y a un troisième groupe. Ce sont les personnes qui contestent le mode de fonctionnement du registre. J'ai à l'esprit tout particulièrement des gens des régions rurales et des régions nordiques du pays. Nos Premières nations en constituent peut-être le meilleur exemple. Les gens de ce troisième groupe estiment que le système pourrait peut-être être modifié pour ces régions. Je suis passablement sensible à leurs revendications. Il me semble que toute réforme éventuelle de la Loi sur les armes à feu devrait viser cet aspect.
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député d'. Je n'utiliserai que la moitié du temps prévu.
L'Australie, un pays très semblable au nôtre, a connu la même expérience. Il est fort vrai de dire que, au Canada, le registre a été efficace. Il a entraîné une réduction importante, allant jusqu'au deux tiers, des meurtres familiaux commis avec une arme d'épaule. Ce sont des résultats incontestables. Le taux de suicide à l'aide d'une arme d'épaule a baissé de façon spectaculaire depuis que le registre a été établi.
Fait tout aussi significatif, à mon sens, que les deux précédents, le nombre de morts accidentelles liées à l'utilisation d'armes à feu a baissé de façon spectaculaire. On doit ce résultat au fait que nombre d'armes à feu ont été retirées de la circulation.
Vers 2001-2002, il y a eu un sondage auprès des propriétaires d'armes. On leur demandait notamment quand ils avaient utilisé leur arme pour la dernière fois. Plus de 50 p. 100 ont déclaré qu'ils n'avaient jamais utilisé leur arme d'épaule.
Lorsque le registre a été créé, les gens devaient payer pour enregistrer leur arme d'épaule et beaucoup de propriétaires de ce type d'armes ont déclaré qu'ils n'en avaient plus besoin, qu'ils ne l'utiliseraient jamais, qu'ils ne voulaient pas dépenser pour cela et ils ont donc remis leur arme. Beaucoup d'armes qui ont été rendues n'étaient, du point de vue de la sécurité, ni entreposées convenablement ni bien entretenues.
Lorsque les gens ont dû respecter les dispositions de la loi, ils se sont simplement débarrassés de leurs armes parce qu'ils ne les utilisaient plus. Ils n'étaient pas de vrais chasseurs et n'utilisaient pas leurs armes à des fins récréatives. Cela a eu pour effet de réduire radicalement le nombre de décès accidentels, notamment d'enfants qui mettaient la main sur les armes que leurs parents ou tuteurs n'avaient pas entreposées correctement.
Le registre a eu ces effets. Le nombre de meurtres commis à la maison a diminué radicalement, le nombre de suicides au moyen d'armes d'épaule aussi, tout comme le nombre de décès accidentels.
En présentant ma position sur le contrôle et le registre des armes à feu, je sais qu'il y a des arguments valables des deux côtés. Je ne nierai pas la validité des arguments des opposants au registre. Au bout du compte, nous les députés devons évaluer tous les arguments, examiner d'autres sources, entendre des experts et des gens qui s'y connaissent avant de décider quelle direction prendre. Dans ce domaine, je dois me tourner vers nos corps policiers, car ils sont aux premières lignes.
Nous avons entendu dire aujourd'hui par d'autres députés que l'Association canadienne des chefs de police maintient catégoriquement que nous avons besoin du type de système que nous avons mis en place, qu'il est efficace et utile, et que les corps policiers s'en servent. Nous avons entendu ces derniers jours une position très ferme allant dans le même sens de la part de l'Association canadienne des policiers. Les conservateurs, surtout eux, nous affirment qu'il s'agit d'une question de leadership. Ce n'est pas le cas.
Ce matin, j'ai rencontré des membres de l'Association canadienne des policiers sur la Colline pour discuter de leurs mesures de lobbying et de leurs efforts. Ces gens venaient de Windsor. Ils soutiennent que les agents de police estiment avoir besoin du système, qu'ils l'utilisent, qu'ils en ont besoin pour leur propre protection et pour protéger la société. Ce sont ces gens que nous devrions écouter.
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Monsieur le Président, il y a de ces dossiers dans notre société qui peuvent être utilisés pour creuser les divisions qui existent déjà. Le débat sur le registre des armes à feu en fait partie. Mon collègue de vient d'énumérer, preuves à l'appui, les secteurs où on a connu des réductions de décès grâce à l'existence d'un registre sur les armes à feu, y compris pour les armes de chasse, c'est-à-dire les carabines et ainsi de suite.
Il a mentionné que le nombre de meurtres est en baisse au Canada et c'est palpable. Le nombre de meurtres avec ce genre d'arme est en baisse de manière dramatique. Le nombre d'accidents, parce que très souvent les armes étaient mal entreposées, où les jeunes se retrouvaient avec une arme dans leurs mains a aussi baissé de manière dramatique. Par ailleurs, le nombre de suicides avec ce genre d'arme a aussi diminué radicalement.
Quand on voit qu'un instrument de politique publique peut produire un tel résultat, c'est-à-dire réduire le nombre de meurtres, le nombre de suicides et le nombre de morts par accident, c'est la chose la plus normale de s'attendre à ce qu'il y ait une belle unanimité en cette Chambre. Toutefois, par le ton et le contenu de la question du député conservateur à mon collègue tout à l'heure, on voit qu'encore une fois, les conservateurs cherchent par tous les moyens à créer un problème là où il n'y en a pas et à faire avancer leur idéologie d'extrême droite.
En effet, la question parlait d'une modification factice, inutile, redondante, proposée par les conservateurs, parce qu'il y a déjà des dispositions dans le Code criminel qui s'occupent de cette question des armes à feu. Ils veulent pouvoir retourner à leur base du Reform Party et dire qu'ils proposent des amendements et souhaitent des peines minimales plus sévères pour les gangs qui ont des armes à feu, alors que les séparatistes et les socialistes essaient de les en empêcher.
Toutefois, c'est complètement faux. Le Code criminel s'en occupe déjà. Les peines minimales sont déjà là. Ce fut une pure manoeuvre partisane de leur part en comité parlementaire cette semaine. Toutefois, cela ne les empêche pas de se lever, de se dresser ici en Chambre. Ils se convainquent qu'ils sont là pour protéger, alors que le fait d'enlever le registre des armes à feu rendra plus facile l'accès à ces armes.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'irritants dans le système mis en place et ce n'est certainement pas notre propos de nier le cafouillage administratif des incompétents libéraux qui ont mis en place ce registre. Les libéraux sont d'une incompétence notoire chaque fois qu'ils mettent en place un programme. Ils ont signé le Protocole de Kyoto, mais au lieu de diminuer les gaz à effet de serre de 6 p. 100, ils les ont augmentés de 30 p. 100. Pour eux, tout est toujours question d'optique. Eddie Goldenberg, l'ancien chef de cabinet de Jean Chrétien a déjà dit qu'ils avaient signé le Protocole de Kyoto to galvanize public opinion. CQFD. C'était un exercice de relations publiques pour eux. Ici, ils ont fait adopter une loi sur le registre des armes à feu. Cela a coûté au-delà d'un milliard de dollars. Il faut y penser, des années plus tard, ce n'est toujours pas fait, c'est cher et c'est mal administré.
Au Québec, lorsqu'on a mis en place le système d'assurance parentale, les premiers chèques sortaient dans les six semaines suivant la création du programme. Ça, c'est de la bonne administration publique, mais on confond allègrement mauvaise administration publique des libéraux avec l'impérieux besoin de maintenir le registre des armes à feu. Il est vrai qu'il y a eu de l'incompétence, mais maintenant que c'est là, l'argument se retourne contre eux, comme si leurs carabines avaient une courbe dans le baril de fond pour tirer contre eux. Ils disent qu'ils ont été incompétents, donc il faut abolir le registre. Non, cela a coûté trop cher, c'était incompétent en le mettant en place, mais le registre existe maintenant. La dernière chose à faire maintenant, c'est d'ajouter l'insulte à l'injure. Non seulement le registre réduit les décès comme on vient de le démontrer, mais il existe, il est là et il a coûté cher. Pour l'amour des contribuables qui l'ont payé, ça devient un argument de plus pour le maintenir.
Il y a des gens comme Louis-Gilles Francoeur dans Le Devoir, chasseur émérite, qui explique qu'il y a des exemples à l'intérieur des lois existantes où une personne échappe une carabine de chasse. Cela peut fausser ses visées et elle emprunte une carabine d'une autre personne qui est à la chasse avec lui.
Dans les circonstances, ça pourrait constituer une infraction criminelle si on n'a pas obtenu les papiers en même temps. C'est le genre de chose que l'on peut corriger. Cela s'appelle un irritant. Cela n'enlèverait jamais l'obligation de l'un ou de l'autre d'inscrire ses armes au registre. Il y a des frais. Sont-ils trop élevés? Peut-être. Il faudrait étudier la question. Y a-t-il des moyens de rendre l'enregistrement des armes plus facile et plus accessible? Il faudrait s'assurer qu'il y a plus d'endroits où on peut le faire ou obtenir de l'aide. Tous ces irritants peuvent être corrigés. Il ne s'agit pas d'éliminer le registre des armes à feu.
Des gens du Canada rural sont convaincus qu'ils sont en train de faire les frais des problèmes dans les milieux urbains. Toutefois, les chiffres cités par mon collègue de tendent à prouver que ce n'est pas seulement une question de crime en milieu urbain et que même à la campagne, on peut avoir un accès trop facile à ces armes, ce qui peut provoquer des accidents, des suicides et des meurtres.
Je n'insisterai jamais assez sur l'avis des chefs de police du Canada qui travaillent au nom de la sécurité publique. C'est sensé être le monde des conservateurs. Ils se targuent d'être les grands défenseurs de la loi et de l'ordre. S'ils croient que les forces policières doivent être écoutées, peuvent-ils pour une fois joindre le geste à la parole et écouter les chefs de police? J'ai un fils qui est père et policier depuis 10 ans, aujourd'hui sergent de police dans les Laurentides. Quand il approche une maison où il y a signalement d'un conflit domestique, j'aime bien qu'il puisse savoir s'il y a des armes à feu de l'autre côté de la porte. J'ai assisté aux funérailles de la constable de police de Laval, Valérie Gignac. J'étais là. Elle a été abattue à bout portant à travers une porte et à travers son gilet pare-balles. Voilà la réalité des policiers et des policières au Canada.
Au nom de la loi et de l'ordre, au lieu d'écouter leur désir de faire plaisir à leur base réformiste, les conservateurs peuvent-ils écouter les policiers du Canada qui leur demandent d'une seule voix de maintenir le registre des armes à feu? Il en va de la sécurité du public. C'est sensé être le monde et la base des conservateurs, alors qu'ils l'écoutent pour une fois. Mais non. C'est exactement la même chose à laquelle on a eu droit l'année dernière. Ils ont déposé un projet de loi émanant des députés pour imposer une double peine si une femme enceinte était victime d'un acte criminel. C'était transparent, j'étais assis à côté d'eux, et les députés d'arrière-banc le disaient ouvertement: leur manoeuvre visait à revenir sur les lois sur l'avortement au Canada. C'était patent, transparent. C'est toujours la même chose. Sous prétexte de faire autre chose, ils essaient de faire adopter leurs politiques ou leurs visées sociales issues directement de l'aile réformiste de ce qu'était jadis le Parti progressiste-conservateur. Le mot « progressiste » a été enlevé à bon escient.
Ce serait un recul net pour notre société que de revenir sur l'inscription des armes à feu. On fait face à l'un des plus puissants lobbys qui soit. Le lobby des armes à feu est extrêmement bien rodé et bien financé. Il opère partout aux États-Unis depuis des années, et il est maintenant bien implanté au Canada. De plus, il a ses hommes de bras, les conservateurs, pour exécuter ici ses basses oeuvres.
Convaincus de la sagesse qu'a inspirée l'Association canadienne des chefs de police en faveur du maintien du registre des armes à feu, les députés du NPD se lèvent en cette Chambre pour dire non aux conservateurs lorsqu'ils veulent abolir cette protection du public et oui à toute modification qui peut être faite pour rendre ce registre plus accessible, plus simple, plus malléable et moins coûteux pour les citoyens et le public, tout en garantissant la protection du public.
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Madame la Présidente, je félicite d'ailleurs le député d' de son excellente allocution, mais mes premières félicitations vont bien sûr au député de , qui est très engagé depuis déjà quelques années dans cette politique de sécurité publique.
Cette politique de sécurité publique consiste à nous rappeler que c'est un geste éminemment important que d'enregistrer les armes et de permettre aux policiers de faire des interventions éclairées dans un certain nombre de circonstances où la connaissance de cette information — et j'y reviendrai — peut faire toute la différence.
Je me suis rappelé, en écoutant les débats, que certains de nos concitoyens disent parfois que tous les politiciens, c'est du pareil au même. Il m'arrive d'entendre cela lors de rencontres avec mes concitoyens. Un certain nombre de gens nous disent qu'il n'y a pas de différence entre les partis politiques. Or, aujourd'hui, ceux qui écoutent ce débat — et nous débattrons de cette question de 10 heures jusqu'à 17 h 30 — se rendront bien compte de certaines choses.
N'oublions pas que je partage mon temps avec mon collègue de . Nous prendrons chacun 10 minutes.
Certains de nos concitoyens qui pensent qu'il n'y a pas de différence entre les partis politiques auront aujourd'hui une expression très claire de cette différence. En effet, certains partis croient que ce n'est pas un droit constitutionnel ni un privilège d'avoir une arme. Or, c'est une responsabilité qui doit être balisée. Bien sûr, nos citoyens peuvent être en possession d'armes, être absolument responsables et agir avec évidemment beaucoup de diligence. Cependant, ce n'est pas en soi un droit; c'est un privilège.
On demande à nos concitoyens, pour des raisons de sécurité publique, d'enregistrer leurs armes et d'avoir un certificat de possession. Je fais d'ailleurs une parenthèse pour dire que mon collègue de nous rappelait que l'enregistrement en soi ne donne pas lieu à une imposition. Il n'y a pas de coût pour l'enregistrement; il y a des coûts pour le certificat de possession d'arme, mais il n'y a pas de coût pour l'enregistrement.
Je voudrais donner une seule statistique. Pour la quatrième année consécutive, on demande un registre des armes à feu qui doit comprendre des armes à autorisation restreinte, mais également, dans un monde idéal, des armes de chasse sans restriction. Alors, ce n'est pas rien. Depuis 2006, les chasseurs, qui ont en leur possession des armes de chasse sans restriction et qui ne se sont pas conformés, pour une raison ou pour une autre, à l'obligation d'enregistrer leurs armes, ne peuvent pas faire l'objet de poursuites, parce qu'on leur accorde une amnistie à répétition depuis 2006. Or, le Bloc québécois demande aujourd'hui qu'on ne renouvelle pas cette procédure en vertu de laquelle on n'intervient pas auprès de ceux qui ne se sont pas conformés pour l'enregistrement des armes de chasse sans restriction.
Regardons maintenant d'un peu plus près la réalité. J'étais à la Chambre lorsque le débat a commencé avec Mme McLellan, et c'est M. Allan Rock qui a poursuivi le débat. Cela avait bien sûr donné lieu à des débats extrêmement passionnés de part et d'autre. Au Bloc québécois, à l'époque où mon collègue M. Michel Bellehumeur était alors le responsable du dossier, nous avions en tête cet impératif de sécurité publique.
Comment doit-on apprécier l'existence de ce registre et cette obligation de faire connaître, à une autorité habilitante, l'existence et la présence d'armes à feu dans un endroit en particulier?
Depuis que ce registre existe, on a retiré près de 20 000 permis à des gens dont on avait des raisons de penser, toujours au nom de la sécurité publique, qu'ils auraient pu faire une mauvaise utilisation d'armes à feu.
Je ne vous parle pas de la révocation de 1, de 2 ou de 3 permis, mais bien de 20 000.
J'ai aussi un frère policier, mon frère aîné, qui était le plus costaud de la maison; j'étais le deuxième; j'espère que personne n'en doute. On sait qu'il est aujourd'hui plus difficile d'être admis au programme de techniques policières — j'espère que je ne décevrai pas le député de en disant cela — qu'à la faculté de droit. Le programme de techniques policières est plus contingenté que les grandes universités canadiennes qui accueillent des étudiants et des étudiantes en droit. La responsabilité policière est extrêmement importante. Elle requiert du jugement, de la dextérité intellectuelle et une habilité à penser rapidement. Être policier n'est pas seulement une question de force physique. Les policiers sont des intervenants de première ligne extrêmement importants dans la communauté.
J'ai un frère policier et je n'aimerais pas savoir qu'il se rend pour faire une intervention dans une situation d'urgence, dans un contexte de crise où il y a une dispute familiale. Je crois que c'est utile, nécessaire et indispensable de savoir s'il y a présence d'armes dans le foyer où le policier intervient. On m'a donné de donner un exemple que je veux partager avec les parlementaires de cette Chambre.
À l'hiver de 2003, les policiers du Service de police de la Ville de Montréal, le SPVM, ont à intervenir dans une histoire de violence conjugale. Le Québec a des politiques de tolérance zéro en matière de violence, mais on est encore plus vigilant quand il est question de violence conjugale parce qu'il y a un potentiel réel que la situation dégénère. La conjointe qui a sollicité l'intervention du SPVM craignait le retour de son mari qui avait été hospitalisé. Son mari était en possession d'un véritable arsenal, soit 26 armes de poing, 16 armes de chasse et 45 000 balles. Ne pensez-vous pas qu'il aurait été utile de connaître cette information pour le policier qui a fait l'intervention? Dans ce cas, des mesures ont immédiatement été prises pour que les armes soient saisies. Si la fouille s'était révélée infructueuse, les policiers auraient pu faire des recherches. Ils savaient, en raison même de l'existence du registre, que cet individu possédait l'arsenal que je vous ai décrit.
Voilà des raisons qui nous amènent à être extrêmement solidaires, comme nous l'avons été dès le début de ce débat lorsque le projet de loi C-68 a été déposé par le précédent gouvernement. Nous n'avons pas le droit, comme parlementaires, de remettre en cause l'existence d'un tel outil ni de rester impassibles lorsqu'il est question de prolonger année après année l'armistice pour des armes de chasse sans restriction, comme si les armes de chasse n'avaient pas un potentiel délétère, ne pouvaient pas tuer quelqu'un ou être utilisées de façon très réelle au cours d'un homicide, d'un accident ou par quelqu'un qui a des tendances suicidaires. Ce sont des situations d'exception, mais elles sont potentielles et réelles.
Je veux terminer en disant que l'argument des coûts n'est pas un bon argument. Bien sûr, le Bloc était en cette Chambre lorsqu'on a assisté à des scénarios de 1 milliard de dollars et, après cela, de 2 millions de dollars. Le fait est que la vérificatrice générale a confirmé devant le Comité permanent de la sécurité publique et nationale et a donné des garanties aux parlementaires que les coûts sont maîtrisés. C'est le genre de garantie que l'on doit avoir et que l'on a.
Je termine en félicitant mon parti d'avoir utilisé son temps pour saisir la Chambre de cette question. J'espère que tous les parlementaires appuieront cette motion du Bloc québécois.
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Madame la Présidente, il y a quelques semaines, je suis allé voir le film
Polytechnique, qui sera présenté ce soir ici et qui rappelle douloureusement une tuerie à Montréal qui a eu des effets terribles sur les familles.
Par suite de cela, les législateurs en cette Chambre — je suis arrivé en 1993 — se sont attardés, au début de 1994, à trouver une solution à ces problèmes, à essayer de mettre en place un régime qui soit le plus adéquat possible pour éviter qu'une arme soit disponible alors qu'elle ne devrait pas l'être.
Dans les régions rurales comme la mienne, qui ne sont pas exemptes des possibilités de violence, surtout de violence spontanée, par exemple, de violence conjugale ou de chicanes dans les familles, on a vu une diminution très significative du nombre de tueries causées par l'utilisation de ces armes par suite de la mise en place du registre et de l'ensemble de l'opération connexe.
Aujourd'hui, le Bloc québécois fait oeuvre de consensus pour sensibiliser le gouvernement par la motion qu'on a déposée et que je vais relire:
Que, de l'avis de la Chambre, le gouvernement ne devrait pas renouveler l'amnistie relative aux obligations sur le contrôle des armes à feu qui vient à échéance le 16 mai 2009 et devrait maintenir intégralement l'enregistrement de tous les types d'armes à feu.
Effectivement, pour s'assurer de l'efficacité de l'enregistrement, il faut pouvoir maintenir intégralement l'enregistrement de tous les types d'armes à feu. Cela m'apparaît important que cela puisse continuer à se faire.
On a eu des témoignages ce matin, entre autres, de représentants des associations de policiers, qui nous ont démontré comment cet outil est utile pour les policiers et les policières. Il leur permet d'intervenir de façon beaucoup plus sensée et réfléchie, de connaître autant que possible l'état des personnes qu'ils vont rencontrer et la présence potentielle d'armes à feu dans une situation donnée. Selon moi, il faut absolument qu'on puisse aller de l'avant en ce sens.
Je vais faire la deuxième partie de mon intervention en essayant de déboulonner un certain nombre de mythes qu'on retrouve dans ce domaine. Premièrement, il y a le fait que le registre des armes à feu serait coûteux. Dans son dernier rapport sur le sujet, la vérificatrice générale du Canada, Mme Sheila Fraser, indique que les coûts du programme de contrôle des armes à feu sont maîtrisés depuis 2002. Il n'y a donc plus ce type de problème. Le coût annuel du programme de contrôle a nettement diminué, passant de 200 millions de dollars en 2001 à 73 millions de dollars. En outre, si le programme coûte 73,7 millions de dollars par année, le coût de l'enregistrement est de 14,6 millions de dollars par année, soit 10 millions de dollars sous le plafond des 25 millions de dollars fixés en 2005-2006. Par conséquent, le premier mythe est dégonflé: le registre des armes à feu n'est pas si coûteux que cela compte tenu des résultats qu'il nous permet d'atteindre.
Voici le deuxième mythe: abolir le registre permettrait au gouvernement d'économiser des millions de dollars qui pourraient être investis dans des programmes plus efficaces de prévention du crime. Ce n'est pas le cas. Selon le plan annoncé par les conservateurs, les modifications apportées au registre des armes à feu afin d'exclure l'enregistrement des armes d'épaule devraient permettre au gouvernement d'épargner à peine un peu plus de 10 millions de dollars annuellement, puisque le registre devrait être maintenu pour les armes de poing et les armes prohibées. Ces sommes sont insuffisantes pour financer de meilleures initiatives dans le but de réduire la criminalité. L'effet, au bout du compte, serait négatif.
Ce n'est donc pas vrai qu'abolir le registre permettrait au gouvernement d'économiser des millions de dollars qui pourraient être investis dans des programmes plus efficaces. L'existence du registre est un programme de prévention efficace en soi.
Selon le troisième mythe, la vérificatrice générale aurait indiqué que le registre des armes à feu ne sert à rien. La vérificatrice générale n'a jamais dit rien de tel. Elle a identifié certaines lacunes dans les données du registre sur la qualité du contrôle des armes. Elle soulève ces faits, mais elle est on ne peut plus claire quant à l'efficacité du registre: « Nous n'avons pas examiné l'efficacité du programme ni ses répercussions sur le plan social. » Effectivement, lorsqu'on argumente que la vérificatrice générale aurait indiqué que le registre ne sert à rien, c'est totalement faux.
C'est important qu'on apporte des précisions sur ces mythes parce qu'on est dans un domaine où il y a beaucoup de diffusion d'information populaire, et on voudrait faire croire à des gens des choses qui ne sont pas des réalités. Cette journée consacrée à cette question par le Bloc est aussi une occasion de faire mourir ces mythes.
Voici le quatrième mythe: il y a de plus en plus de crimes violents, et cela illustre donc l'échec du registre et le besoin d'instaurer des mesures plus efficaces. C'est totalement faux. Bien que la couverture médiatique des crimes violents puisse laisser croire qu'ils augmentent d'une année à l'autre, la réalité est bien différente.
On voit une proportion démesurée de reportages sur la question des crimes violents par rapport à la réalité qui est vécue. Dans les années 1990, la criminalité a été en baisse constante au Québec, comme au Canada. Statistique Canada confirmait même récemment que pour l'année 2006, le taux global de criminalité au pays a atteint son plus bas niveau depuis plus de 25 ans. Plus encore, le Québec a connu son plus faible taux d'homicides enregistrés depuis 1962. C'est donc un autre mythe qui disparaît.
Le cinquième mythe consiste à dire que l'enregistrement des armes à feu est un processus coûteux, long et compliqué. Ce n'est pas le cas.
J'ai un problème avec ma voix qui va m'obliger à mettre fin à mon discours plus tôt que prévu. Toutefois, la démonstration est faite au chapitre des corrections qui sont apportées et des améliorations qui ont été apportées par le registre des armes à feu.
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Madame la Présidente, j'interviens dans le débat entourant la motion présentée par l'honorable député de la circonscription de .
Je suis tout à fait consciente que la question du contrôle des armes à feu, tout comme l'ensemble des questions touchant le crime, ont une grande importance aux yeux de ce député et de l'ensemble des députés de la Chambre.
Le gouvernement a établi une approche équilibrée en matière de contrôle des armes à feu au Canada, et cette approche ne vise pas à criminaliser les propriétaires légitimes d'armes à feu ou à leur imposer un fardeau supplémentaire.
Les Canadiens et Canadiennes, Québécois et Québécoises ont, dans une large mesure, accordé leur confiance au présent gouvernement parce que celui-ci s'est engagé à se tenir debout devant les criminels pour assurer l'intégrité et le respect des droits des victimes. Notre approche équilibrée s'inscrit dans un plan d'ensemble qui vise également à accroître la sécurité de nos rues et de nos collectivités.
Le gouvernement a effectué des investissements importants au cours des trois dernières années dans la prévention du crime et a fourni aux services d'application de la loi des outils nouveaux et améliorés. Le gouvernement sévit contre les gangs et les auteurs de crimes liés aux drogues. Nous transformons la façon dont le système judiciaire traite avec les criminels en nous assurant que leurs victimes ont tout le respect auquel elles ont droit.
La lutte contre l'utilisation d'armes à feu à des fins illégales est l'un des piliers du programme de sécurité publique du gouvernement. Nous avons instauré des peines d'emprisonnement obligatoire plus longues pour des crimes commis au moyen d'une arme à feu, et nous avons mis en place de nouvelles règles sévères pour la mise en liberté sous caution de personnes accusées d'infraction grave impliquant une arme.
Nous renforçons également la présence policière dans les collectivités afin de lutter contre les crimes à main armée dans le but d'augmenter la sécurité des Québécois et des Canadiens ainsi que de l'ensemble de leurs familles. Je privilégie l'approche de mon gouvernement, en tant que femme et mère de famille, notamment pour que les victimes aient enfin l'espoir de voir la lumière du jour et de se sentir en sécurité dans notre pays.
Nous avons investi 7 millions de dollars par année pour resserrer le contrôle initial des personnes qui font une première demande de permis d'arme à feu, et ce afin de tenir les armes à feu loin des personnes qui ne sont pas dignes de confiance. Tout récemment, nous avons présenté un projet de loi qui, entre autres, institue une nouvelle infraction criminelle pour les fusillades à partir d'un véhicule et les autres décharges délibérées d'une arme à feu au mépris de la vie ou de la sécurité d'autrui.
En plus de prendre des mesures qui auraient dû être en place depuis longtemps, le gouvernement a proposé d'apporter des changements fondamentaux à la loi en ce qui concerne l'enregistrement des armes à feu. Comme on le sait, notre intention est d'utiliser une approche qui vise l'efficacité sans imposer un fardeau supplémentaire aux agriculteurs, aux chasseurs de canards et aux autres Canadiens respectueux des lois, le tout agencé à des mesures précises pour prévenir les crimes commis à l'aide d'armes à feu.
Nous allons, par exemple, financer des initiatives visant à renforcer les services de police de première ligne, la sécurité frontalière et la lutte contre le crime organisé. Nous estimons que les lois en matière de contrôle des armes à feu doivent cibler les criminels et non les milliers de Canadiens et Canadiennes, Québécois et Québécoises honnêtes qui utilisent des carabines ou des fusils de chasse pour se protéger, chasser et vivre leur vie.
Notre but est d'empêcher les criminels de mettre la main sur les armes à feu et non pas de causer des cauchemars bureaucratiques et d'occasionner des coûts inutiles aux propriétaires légitimes d'armes à feu et sans restriction.
Dans cet objectif, le gouvernement a introduit un certain nombre de mesures pour qu'il soit plus facile pour les propriétaires d'armes à feu de se conformer aux exigences actuelles de la loi puisque les propriétaires d'armes à feu dont les armes sont inscrites sont assujettis à une vérification continue de l'admissibilité.
La motion actuellement à l'étude présentée par le député de vise à éliminer l'une de ces mesures.
En 2006, l'ancien ministre de la Sécurité publique a annoncé une période d'amnistie d'un an pour protéger de toute poursuite criminelle les propriétaires d'armes à feu sans restriction dont le permis était expiré, pourvu que ceux-ci prennent les mesures nécessaires durant cette période pour se conformer de nouveau à la loi. Cette amnistie, à laquelle le député veut mettre fin, a depuis été prolongée, et le gouvernement a récemment annoncé son intention de la prolonger de nouveau jusqu'en mai 2010.
J'aimerais dire que je partage mon temps avec le député de .
Cette amnistie est l'une de plusieurs mesures prises par le gouvernement pour améliorer le respect des lois. En 2006, l'ancien ministre de la Sécurité publique a également annoncé une dispense des frais de renouvellement de permis. Autrement dit, les particuliers n'auraient plus à payer des frais pour le renouvellement d'un permis, la mise à jour d'un permis existant ou le remplacement d'un permis expiré. Les personnes qui avaient déjà payé ces frais ont déjà été remboursées. Il est à noter que les personnes qui font une première demande de permis d'armes à feu doivent payer ces frais. Tout comme l'amnistie, la dispense des frais a été prolongée pour une période d'un an.
En mai dernier, le gouvernement a mis en place une autre mesure pour assurer le respect de la loi en apportant une modification au règlement qui permet aux détenteurs d'un permis de possession simple expiré de présenter une nouvelle demande de permis sans avoir à suivre le Cours canadien de sécurité dans le maniement des armes à feu. La plupart des personnes concernées sont âgées de plus de 50 ans et habitent dans des régions rurales ou éloignées où l'accès à l'information est très limité.
Prises ensemble, ces trois initiatives forment une série complète de mesures réglementaires visant à accroître le taux de conformité. Cela semble d'ailleurs fonctionner. En trois ans seulement, soit de 2006 à 2008, le taux de renouvellement des permis de possession simple a augmenté de 15 p. 100. Ainsi, l'initiative lancée l'an dernier pour permettre le renouvellement de ces permis a amené environ 11 000 détenteurs de permis de possession simple expiré à se conformer de nouveau à la Loi sur les armes à feu.
Comme je l'ai mentionné tout à l'heure, le gouvernement a l'intention de prolonger ces mesures pour une autre année, soit jusqu'en mai 2010. Ce prolongement donnera la chance à plus de gens de se conformer aux mesures de contrôle des armes à feu prévues dans la loi. Tel est l'objectif du présent gouvernement, et les députés d'en face devraient vouloir la même chose. Ce prolongement permettra également au gouvernement de mettre au point et d'introduire des mesures à long terme qui contribueront à accroître la sécurité publique et à réduire le fardeau administratif pour les propriétaires d'armes à feu.
Comme je l'ai dit dès le début, le gouvernement a adopté une approche équilibrée en matière de contrôle des armes à feu. Nous sommes tout à fait déterminés à protéger la sécurité des Québécois et Québécoises et de l'ensemble de tous les Canadiens, tout en s'assurant que les citoyens respectueux des lois n'auront pas à faire face à une bureaucratie excessive dans le cas d'armes à feu sans restriction obtenues de manière légitime.
Malheureusement, la motion à l'étude n'est pas prudente. Les mesures proposées par l'honorable député auraient pour effet de criminaliser sans raison les habitudes de vie nécessaires pour des milliers d'agriculteurs, de chasseurs et d'habitants des régions rurales qui sont des propriétaires responsables d'armes. Il vaut mieux travailler à protéger les victimes d'actes criminels dans ce beau pays qu'est le Canada.
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Madame la Présidente, je suis très heureux de pouvoir, moi aussi, participer à ce débat sur la motion présentée par mon honorable collègue, le député de .
Les Québécois et Québécoises, comme tous les Canadiennes et Canadiens, se rappellent la tragédie survenue à l'École polytechnique de Montréal en 1989. Ce sont des événements qui nous ont tous touchés profondément et qui servent encore aujourd'hui à mettre en lumière la nécessité de prendre des mesures efficaces de contrôle des armes à feu et ainsi à voir l'importance de la lutte contre le crime. Les incidents tragiques survenus dans d'autres villes rappellent aussi à plusieurs d'entre nous qu'il reste encore beaucoup à faire pour lutter contre le crime et pour veiller à ce que les armes à feu ne se retrouvent pas entre les mains de personnes qui menaceraient la sécurité de nos familles, de nos rues et de nos collectivités.
Le gouvernement a déjà beaucoup fait à ce sujet, et on a l'intention d'en faire encore plus. J'ose espérer que la motion proposée aujourd'hui démontre que les députés d'en face comprennent toute l'importance de mettre en oeuvre des mesures efficaces de prévention du crime et de collaborer avec le gouvernement pour sévir contre la criminalité et, particulièrement, contre les crimes commis au moyen d'une arme à feu.
J'aimerais féliciter l'honorable député de d'avoir présenté sa motion qui, malgré toutes les bonnes intentions, compte tout de même de graves lacunes.
En fait, par cette motion, on suggère au gouvernement d'abandonner toutes les mesures prises au cours des trois dernières années pour veiller à ce que les propriétaires d'armes à feu se conforment aux lois actuelles régissant les armes à feu — des mesures qui servent à accroître la sécurité publique et à prévenir les crimes commis au moyen d'une arme à feu tout en veillant à ce qu'un plus grand nombre de propriétaires d'armes à feu fassent l'objet d'une vérification, continue de l'admissibilité.
En abandonnant ces mesures, on mettrait plus de Canadiens et de Canadiennes en danger d'être victimes de crimes commis au moyen d'une arme à feu et on affaiblirait, plutôt que renforcerait, le contrôle des armes à feu en général.
On sait maintenant que de nombreux propriétaires d'armes à feu sans restriction, comme des carabines et des fusils de chasse — des armes d'épaule —, ne renouvellent pas leur permis après qu'il soit expiré, et ce, en grande partie à cause du lourd processus mis en place par le gouvernement précédent, qui s'est soldé par un échec administratif.
On sait aussi que la plupart des personnes concernées ont plus de 50 ans et habitent dans des régions rurales ou éloignées, où l'accès à la formation est plus limité. Enfin, on sait d'expérience que seul un petit nombre de ces personnes se conformera au programme sur les armes à feu, à moins que l'on ne s'efforce de faciliter leur tâche.
C'est pourquoi notre gouvernement a commencé par adopter une série de mesures administratives en mai 2006. On a simplifié le processus de renouvellement de permis d'armes à feu en prévoyant une dispense temporaire de deux ans et en visant les frais de renouvellement pour les Canadiens, réduisant ainsi les frais que ces derniers doivent assumer. Dans le cadre de cette initiative, les personnes ayant déjà payé ces frais ont d'ailleurs reçu un remboursement.
Le gouvernement a aussi décrété une amnistie en ce qui concerne les poursuites pénales pour les propriétaires d'armes à feu sans restriction qui prennent les mesures nécessaires pour satisfaire aux exigences visant les permis.
En 2008, on a prolongé d'une autre année la période d'application de cette amnistie, alors qu'on entreprenait des mesures visant à encourager un plus grand nombre de propriétaires d'armes à feu à renouveler leur permis et à s'inscrire au Programme canadien des armes à feu en permettant aux détenteurs de permis de possession simple de faire une nouvelle demande de permis. De cette façon, on élimine l'exigence fastidieuse pour les personnes expérimentées de suivre la formation sur la sécurité des armes à feu pour obtenir un permis de possession et d'acquisition.
Quel résultat ces mesures ont-elles donné? Cette démarche sensée a permis d'augmenter la conformité dans certains cas, et ce, même lors de l'étape préliminaire. Le taux de renouvellement du permis pour possession simple, par exemple, a augmenté de 50 à 65 p. 100.
Il s'agit donc de près de 11 000 détenteurs d'un permis de possession simple expiré qui se sont conformés de nouveau aux dispositions législatives fédérales sur les armes à feu. On compte plus d'inscription au Programme canadien des armes à feu. Un plus grand nombre de propriétaires d'armes à feu sans restriction sont en train de renouveler leur permis et, par conséquent, font l'objet d'une vérification continue de l'admissibilité.
Cette vérification veille à ce que tout comportement à risque élevé connu soit automatiquement signalé aux contrôleurs des armes à feu et aux agents d'application de la loi. Un plus grand nombre de Canadiens et Canadiennes sont protégés contre des crimes qui pourraient être commis au moyen d'une arme à feu. C'est le résultat qu'on espérait obtenir par nos initiatives et notre détermination à mettre en place des mesures de contrôle des armes à feu. À la lumière de ces résultats positifs, en mars de cette année, notre gouvernement a annoncé son intention de prolonger d'une année, soit jusqu'en mai 2010, la période de validité de ces mesures.
Notre gouvernement est déterminé à veiller à ce que notre pays dispose d'un système efficace de contrôle des armes à feu. C'est pourquoi on a pris les mesures nécessaires pour accroître le nombre de propriétaires d'armes à feu conforme aux lois existantes.
En outre, on investit 7 millions de dollars par année pour resserrer le contrôle initial des personnes qui font une première demande de permis d'arme à feu et pour tenir ces dernières loin des personnes qui ne sont pas dignes de confiance. On doit veiller à ce que les mesures de contrôle des armes à feu gardent celles-ci hors de la portée de ceux qui menacent nos collectivités, notre sécurité et nos vies.
Les mesures prises pour assurer le contrôle des armes à feu doivent contribuer à accroître la sécurité publique et celle de nos collectivités en empêchant les individus dangereux de se procurer des armes à feu et en prévoyant de graves conséquences s'ils les utilisent pour commettre des crimes. C'est ce que veulent les Québécois, les Québécoises, les Canadiennes et les Canadiens.
Le gouvernement est résolu à conserver un système de contrôle des armes à feu efficace tout en luttant contre l'utilisation d'armes à feu à des fins criminelles et à se montrer dur envers ces derniers. Par conséquent, je ne peux pas appuyer la motion présentée aujourd'hui par mon collègue, puisqu'elle aurait pour conséquence d'affaiblir le contrôle des armes à feu et de nous exposer tous à de plus grands risques.
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Madame la Présidente, il me fait plaisir de prendre la parole sur la motion qui a été présentée par le Bloc québécois. Je vous indique que je partagerai mon temps avec mon collègue de .
Cette motion se lit comme suit:
Que de l'avis de la Chambre, le gouvernement ne devrait pas renouveler l'amnistie relative aux obligations sur le contrôle des armes à feu qui vient à échéance le 16 mai 2009 et devrait maintenir intégralement l'enregistrement de tous les types d'armes à feu.
Je me servirai de mon expérience personnelle pour élaborer ma pensée par rapport à cette motion. Je suis moi-même détenteur d'armes d'épaule, chasseur et maintenant accompagnateur parce que la politique m'empêche de pratiquer de la manière dont je le souhaiterais le sport de la chasse.
Mes amis qui me côtoient connaissent très bien ma position par rapport au registre. Quand on a une excursion de chasse ou autre, le véhicule est enregistré et souvent la chaloupe l'est également. On a nos permis pour aller à la chasse qui sont payés avant de partir. Il faut enregistrer le gibier, mais on n'aurait pas à enregistrer les armes avec lesquelles on chasse. J'ai beaucoup de difficultés avec cela.
Le gouvernement, en décrétant cette amnistie, maintient le flou. C'est le but des conservateurs. Ils ont toujours été contre l'instauration du registre des armes à feu et c'est leur façon de faire en sorte que le système ne fonctionne pas. Beaucoup de choses se disent en cette Chambre par rapport, entre autres, aux bons chasseurs de canards. Essayons de mettre fin au mythe du chasseur de canards. Il faut une arme de calibre 12 pour chasser le canards. Ce sont ces armes qu'on tronçonne pour faire des vols à main armée. Il faut arrêter le mythe du chasseur de canards. En quelque part, je veux bien que les chasseurs soient des gens honnêtes. J'en suis un et mes amis qui me côtoient le sont aussi. Pour le reste, on se sert d'armes pour aller à la chasse. Ces armes peuvent servir à d'autres fins que ce pourquoi on les a achetées ou on les utilise.
J'ai dit que je me servirais de mon expérience personnelle parce qu'en tant que conseiller juridique, j'ai eu à conseiller, il y a quelques années, un couple qui était en instance de séparation et le conjoint avait des armes. Une des recommandations de l'épouse était que, compte tenu de la situation du couple, le conjoint se départisse de ses armes.
Encore une fois, j'ai rencontré l'homme en question et j'ai constaté son état personnel. D'après moi, il ne méritait pas d'avoir ses armes en sa possession. Il a bien compris, mais quand est venu le temps de remettre les armes à la Sûreté du Québec ou aux gardiens qui avaient été nommés par la cour, il en avait omis. C'est une chance qu'il y avait le registre. L'épouse n'était pas trop au courant des armes que pouvait détenir son conjoint. Ce ne sont pas des choses faciles et des gens qui ont peur des armes ne font pas l'inventaire de tous les biens qui sont dans les maisons. Ne serait-ce que pour cela, il faut être capables, si nous sommes chasseurs, de se sentir à l'aise. Je parle aux chasseurs et aux femmes qui, de plus en plus, vont à la chasse. Les gens doivent être responsables. Une façon responsable de pratiquer ce sport est d'enregistrer toutes nos armes de façon à ce que si jamais il y avait quoique ce soit qui arrivait dans la famille ou que notre état de santé se détériorait, on ne soit pas une menace pour ceux qui nous entourent. C'est la réalité et c'est la responsabilité.
J'ai beaucoup de difficultés avec le discours conservateur parce que souvent, ce qu'ils nous mentionnent, c'est qu'il faut protéger nos biens. Quand on arrive à la protection des biens et qu'il faut absolument s'armer pour être capables de les protéger, j'ai d'autant plus de difficultés avec ce discours. Cela veut dire que si le but de l'achat d'armes d'épaule est de protéger nos biens, il faudrait les enregistrer. J'ai eu la chance dans ma pratique notariale de voir des chicanes de voisins et je ne suis pas certain qu'il y a des voisins qui méritent d'avoir des armes en leur possession pour protéger leurs biens. On voit des débats assez houleux sur des vétilles et des choses qui sont absolument une abomination. Des voisins se chicanent pour des peccadilles.
J'espère que l'idéologie conservatrice n'est pas de dire qu'on conserve des armes, qu'il ne faut pas les enregistrer parce qu'on a le droit de protéger nos biens. Ce n'est pas tout le monde qui protège ses biens de la même façon, et cela m'inquiète. Ce que demande le Bloc québécois, c'est simple. Mettre fin à l'amnistie c'est de dire à tous les chasseurs qu'ils vont devoir enregistrer leurs armes.
Parmi tous les amis que je connais et toutes les personnes que j'ai rencontrées en tant que député de région, et bien que j'aie reçu des pressions de la part de groupes de chasseurs, jamais un chasseur ne s'est présenté devant moi sans avoir enregistré ses armes. Cependant, ils étaient bien conscients qu'un fort pourcentage de leurs collègues de l'Ouest canadien, entre autres, n'avaient pas enregistré leurs armes. Ce n'est pas pour rien qu'ils n'ont pas enregistré leurs armes: c'est parce que les conservateurs ont décidé de ne pas appuyer ce registre depuis le début et qu'ils encouragent leurs concitoyens à ne pas enregistrer leurs armes.
Mes collègues du Québec me causent un problème lorsqu'ils adhèrent à cette philosophie, et je les mets au défi de s'adresser à des chasseurs et de leur demander s'ils ont, oui ou non, enregistré leurs armes à feu. Ils constateront qu'au Québec, 99 p. 100 des citoyens sont respectueux de la réglementation et ont enregistré leurs armes, ont les permis requis.
Ils n'ont pas de difficulté, ils n'ont pas eu de difficulté, sinon un peu au début. En fait, ce qui les irritait le plus, c'était le paiement des frais, mais on l'a aboli, et c'est bien. Pour les personnes qui veulent enregistrer leurs armes, c'est gratuit. On se doit de le faire si l'on est un citoyen responsable et, une fois de plus, si on veut pratiquer un sport comme la chasse et sécuriser tout notre entourage. Or, s'il survenait un jour, dans notre vie personnelle, un problème qui ferait en sorte que des gens douteraient de notre capacité d'utiliser des armes, ces derniers pourraient faire les plaintes requises. Dans le cas d'une séparation, les armes sont souvent remises entre les mains d'un tiers qui les conserve jusqu'à ce qu'il y ait une autorisation, et c'est correct comme cela.
Aux citoyennes et citoyens, aux chasseurs qui ont eu la chance de discuter avec moi, je fais comprendre cette situation. Au Québec, compte tenu du fait que les armes des chasseurs sont déjà enregistrées, le registre ne pose aucun problème. Même que ça va bien.
Évidemment, si vous dites à ces personnes que le registre sera aboli, tout le monde sera d'accord. À mon avis, ce n'est pas plaisant de compléter un formulaire, mais une fois qu'un chasseur comprend qu'il faut enregistrer un véhicule ou une chaloupe lorsqu'on les utilise, tout est correct. Il en est de même pour le permis de chasse, il est nécessaire, donc il faut s'enregistrer. Il faut aussi enregistrer le gibier. Je m'explique mal qu'on ne comprenne pas qu'il faille enregistrer l'arme.
Voilà pourquoi je suis bien à l'aise de voter pour la motion du Bloc québécois. Je suis à l'aise de voter en cette Chambre contre toute loi qui pourrait mettre de côté ce registre des armes à feu, qui n'était pas parfait lorsqu'il a été créé. C'est vrai qu'il y a eu du gaspillage du côté libéral à l'époque, mais c'est le problème des libéraux. Il y a eu des contrats répétés pour des ordinateurs, etc. Ils en ont payé le prix au Québec et ils vont continuer à le payer.
Cependant, comme le système est mis en place, puisque les représentants de l'ordre nous disent qu'ils ont besoin de ce système, selon mon expérience et ce que j'ai vu, ce registre ne me pose aucun problème. Personnellement, j'ai enregistré mes armes et j'ai obtenu les permis requis, et cela ne me pose aucun problème. Les amis qui m'entourent, même si tout le monde n'aime pas nécessairement que son nom soit enregistré, maintenant que c'est fait, acceptent raisonnablement bien le système mis en place et comprennent très bien que si on veut être responsable, il faut enregistrer nos armes, comme on doit enregistrer le véhicule, le bateau, le gibier, et comme il faut obtenir un permis pour chasser.
Ce système est bien accepté. Toutefois, tant et aussi longtemps qu'un gouvernement décidera que cela ne l'intéresse pas et qu'il fera savoir à la population que pour ce qui est des armes longues, il y aura un changement, cela ne fonctionnera pas. C'est sûr qu'il y aura toujours des gens — surtout dans l'Ouest canadien —, qui n'auront pas enregistré leurs armes dès le départ, qui continueront à se battre pour que ce registre ne soit pas mis en place. Souvent, comme l'ont dit plusieurs collègues conservateurs en cette Chambre, ils nous diront que c'est pour protéger nos biens. Dès lors, la protection des biens me pose beaucoup de problème, car tout le monde ne protège pas ses biens de la même façon.
J'espère donc que les collègues comprendront, surtout ceux du Québec. En ce qui concerne ceux de l'Ouest, je comprends qu'ils ne comprennent pas. Néanmoins, les collègues du Québec doivent pouvoir nous suivre à cet égard et reconnaître l'équité et la justice au regard de ce que nous proposons.
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Madame la Présidente, vous en êtes convaincue vous-même, j'en suis certain, je vais parler en faveur de la proposition de mon parti.
Je suis d'avis qu'on ne devrait pas renouveler l'amnistie relative aux obligations sur le contrôle des armes à feu qui vient à échéance le 16 mai 2009, et qu'on devrait maintenir intégralement, je le répète, intégralement l'enregistrement de tous les types d'armes à feu.
Le Bloc québécois est le parti fédéral qui défend le mieux les intérêts des Québécoises et des Québécois, et qui demande le respect du consensus québécois. Conséquemment, le Bloc québécois est fermement engagé à améliorer le contrôle des armes à feu et à maintenir intégralement, comme je l'ai dit tantôt, l'enregistrement de tous les types d'armes à feu.
Pour une énième fois, le gouvernement conservateur s'attaque au registre des armes à feu et désire y soustraire les armes sans restriction, c'est-à-dire les carabines et les armes de chasse. Cet entêtement que l'on ne peut qualifier que d'idéologique est difficilement justifiable dans la mesure où le registre des armes à feu a permis de diminuer le nombre de drames impliquant des armes à feu. Mais ce constat, les conservateurs en font fi.
Déjà, on savait que, en matière de justice et de sécurité publique, les conservateurs n'ont en tête que leur intérêt partisan. N'est-ce pas le lui-même qui déclarait le 17 juillet 2008: « Nous ne gouvernons pas avec des statistiques. Nous gouvernons à partir de ce que nous avons promis aux Canadiens lors des dernières élections et de ce que les Canadiens nous ont dit »?
Les projets de loi présentement soumis au Parlement sur le registre font tout simplement la preuve que les conservateurs s'aveuglent volontairement pour ne pas voir la réalité. Or les avantages, ce ne sont pas que les députés du Bloc québécois qui les voient, ce sont les corps policiers du Québec et du Canada, qui indiquent que le registre est un outil pertinent et efficace; ce sont les agences de santé publique qui font état de la situation sur le terrain et qui notent des diminutions sensibles, tant des homicides que des suicides et des accidents impliquant des armes à feu; ce sont finalement les statistiques — c'est très important — qui révèlent qu'un contrôle des armes à feu réduit le nombre de crimes dont le plus violent, soit le meurtre.
Cette situation est évidente quand on compare le bilan québécois à celui des États-Unis d'Amérique. Le taux du Québec est cinq fois moins élevé que celui de nos voisins du Sud.
Or, en matière de justice et de sécurité publique, le Bloc québécois croit fermement que l'approche la plus efficace demeure encore et toujours la prévention. Il faut notamment s'attaquer au déterminant de la criminalité et aux conditions qui facilitent les drames familiaux. Ainsi, s'attaquer aux causes de la délinquance et de la violence plutôt que d'attendre les pots cassés pour tenter ensuite de les réparer est l'avenue la plus judicieuse et surtout la plus profitable, tant socialement que financièrement.
Cela peut être plus clair et j'en fais mention. Il faut, en premier lieu, s'attaquer à la pauvreté, aux inégalités et à l'exclusion qui, toutes, forment un terreau fertile aux frustrations, à leurs échappatoires, soit la violence et la criminalité.
En plus de cela, il faut limiter l'accès aux armes à feu qui rendent plus aisée la commission d'infractions graves. À ce chapitre, la preuve est faite que le contrôle des armes à feu constitue l'une des mesures les plus efficaces de prévention du crime, notamment du plus grand danger de tous, à savoir l'homicide.
Il existe un lien direct entre la facilité avec laquelle on peut avoir accès aux armes à feu et le taux d'homicides. L'un va avec l'autre. Maintenant que les coûts d'implantation du registre des armes à feu sont assumés, que l'enregistrement ne coûte qu'environ une quinzaine de millions de dollars par année, ce serait une grave erreur que de se priver d'un tel outil qui a fait ses preuves.
Surtout, il est faux de penser que de soustraire les armes sans restriction du registre nous ferait épargner des sommes faramineuses. C'est tout à fait faux. Il faut faire comprendre aux conservateurs que le coût d'enregistrement des armes de chasse ne représente qu'une fraction des coûts du registre.
Le Bloc québécois s'est montré favorable à la levée de certains obstacles pouvant rebuter les chasseurs et les tireurs à la cible, dont la gratuité de l'enregistrement. Or, c'est chose faite depuis 2004. C'est déjà fait. Considérant les avantages du registre des armes à feu, son faible coût annuel et le peu d'inconvénients qu'il occasionne aux personnes qui se conforment aux obligations, le Bloc québécois est convaincu qu'il doit être maintenu et que le contrôle des armes doit être amélioré. De plus — et je tiens à le souligner —, l'Assemblée nationale à Québec s'est prononcée de façon unanime en faveur du maintien du registre des armes à feu à deux reprises.
Le gouvernement du Québec a manifesté son intention d'assumer davantage de responsabilités quant au contrôle des armes à feu. Ainsi, le 17 mai 2007, le ministre québécois de la Sécurité publique a fait parvenir une lettre à son homologue fédéral, l'invitant à modifier la Loi sur les armes à feu pour donner au Québec et aux provinces qui en manifesteront la volonté, un pouvoir de réglementation accrue à l'égard des armes à feu. Le gouvernement du Québec y aurait demandé spécifiquement le pouvoir de resserrer les règles sur le contrôle et l'entreposage des armes à feu à usage restreint. Par la même occasion, Québec rappelait sa position en faveur du maintien intégral du registre des armes à feu. Cette demande, le gouvernement l'a réitérée lors de la dernière campagne électorale, alors que le premier ministre du Québec a écrit à son homologue fédéral pour lui demander de maintenir l'enregistrement de toutes les armes à feu.
Voici le texte du document d'information qui accompagnait la lettre du premier ministre du Québec au premier ministre du Canada.
Afin d’éviter que des événements comme ceux de Polytechnique et de Concordia ne se reproduisent, le gouvernement du Québec a posé des gestes pour protéger la population québécoise.
Récemment, le gouvernement du Québec a adopté la Loi Anastasia. Cette loi vise à protéger la population du Québec en resserrant le contrôle des armes à feu, en réglementant la possession d'armes à feu dans certains endroits et en créant un régime québécois destiné à encadrer la pratique du tir à la cible avec des armes à feu à autorisation restreinte ou prohibées.
Le gouvernement du Québec aurait voulu aller plus loin dans la protection du public, mais le droit criminel est, comme vous le savez, de compétence fédérale. Le gouvernement du Québec, après consultation avec les corps de police sur son territoire, a demandé que le registre des armes à feu soit maintenu.
Le gouvernement du Québec demande un engagement de la part du gouvernement fédéral de maintenir le registre des armes à feu.
Le gouvernement du Québec demande également un engagement de la part du gouvernement fédéral afin de renforcer le contrôle des armes à feu en resserrant les règles de transport et d’entreposage des armes à feu.
En conclusion, le premier ministre du Québec soulignait:
Si vous ne souhaitez pas procéder ainsi, [vous, du fédéral] nous demandons [nous, du Québec] d'obtenir une délégation de pouvoirs qui nous permettrait d'atteindre le même objectif que celui qui est susmentionné.
Il faut agir en conséquence, il faut maintenir le registre de toutes les armes à feu.
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Madame la Présidente, je suis ravi d'avoir l'occasion d'intervenir au sujet de cette question qui suscite énormément de débat à la Chambre depuis de nombreuses années. D'entrée de jeu, j'explique comment je me suis formé une opinion globale sur la question des armes.
Mon grand-père était chasseur. Il avait un camp de chasse où je suis allé et où j'ai eu l'occasion de tirer en sa compagnie. J'ai énormément appris au sujet de la possession d'une arme à feu, de la chasse et de l'importance de cette pratique dans la vie de mon grand-père. J'ai également appris à quel point il est important d'être responsable en tant que propriétaire d'armes à feu et j'ai vu le sérieux avec lequel mon grand-père prenait cet engagement et l'importance qu'il attachait au fait de ranger les armes de façon sûre. À l'instar de la plupart des propriétaires d'armes, il était incroyablement responsable et très prudent avec les armes qu'il possédait. J'ai pu voir ce côté de la médaille. J'ai constaté ce que la possession d'une arme signifiait pour mon grand-père et la valeur qu'il accordait à cette expérience.
L'autre expérience qui a contribué à former mon opinion sur la question a été mon passage au conseil régional des services de police de Durham. J'ai collaboré avec des policiers de première ligne et j'ai pu voir comment le registre fonctionne vraiment, comment il est mis en oeuvre et comment il est utilisé quand on met de côté les beaux discours et les arguments et qu'on parle de sa véritable raison d'être.
Lorsque j'étais au conseil régional des services de police, c'est une conversation avec un agent de police concernant une intervention policière dans un cas de violence familiale qui s'est révélée extrêmement importante pour moi. Grâce au registre, la police a pu confirmer qu'il y avait une arme sur les lieux. Le policier m'a expliqué comment cette information avait changé son approche à l'égard de la situation. Il a précisé que, dans la plupart des cas, la violence, notamment familiale, n'est pas planifiée longtemps à l'avance et qu'elle se produit spontanément dans le feu de l'action. La présence d'une arme dans la maison et d'une personne qui n'a jamais commis de crime auparavant ajoute un risque incroyable pour l'agent de police et pour la victime de violence familiale.
Nous ne savons évidemment pas qui est susceptible de se trouver dans cette situation et qui ne l’est pas. C’est beaucoup la même chose quand on demande aux gens d’enregistrer leur voiture. Nous n’affirmons pas que tout le monde aura un accident un jour. Nous disons simplement que les véhicules peuvent constituer une grave menace pour la société et pour les gens, et qu’il est important de les enregistrer et de s’assurer que ceux qui les conduisent possèdent les compétences nécessaires.
Il en est de même pour les armes. La plupart des gens qui possèdent une arme à feu ne seront jamais impliqués dans un crime. La plupart se montreront responsables. Toutefois, nous ne pouvons pas savoir d’avance qui commettra un crime et qui ne le fera pas. Il est extrêmement important que les propriétaires d’armes à feu reçoivent une formation adéquate, que nous sachions où se trouvent ces armes et, en cas de violence domestique, que nous puissions déterminer d’avance si, oui ou non, une arme est présente sur les lieux.
Quand j’entends les agents de police dire à quel point cet outil est important, je dois dire que ces affirmations me touchent. À titre de législateur, j’écoute les agents de police qui travaillent en première ligne. Mon point de vue ne tient pas seulement à ce que m’ont dit des agents de police ou à ce que j’ai pu constater moi-même lorsque je siégeais à la commission des services policiers. L’Association canadienne des chefs de police a déclaré d’une façon très catégorique que le registre des armes à feu est un outil essentiel pour protéger aussi bien les agents que le public. Et, si ce n’est pas encore assez, l’Association canadienne des policiers a exprimé la même opinion dans une lettre. L’Association a très clairement dit que le registre constitue un outil essentiel pour ses membres, un outil dont ils se servent plus de 9 400 fois par jour et dont ils se sont servis près de 3,5 millions de fois l’année dernière. Les agents n’utilisent pas cet outil parce qu'ils n'ont rien à faire ou qu'ils s'ennuient. Ils l’utilisent parce qu’il joue un rôle essentiel dans la lutte contre le crime et dans la protection du public.
Pour moi, le débat devrait s’arrêter là. Si les agents de police parlent avec une telle unanimité, si beaucoup d’entre eux affirment que c’est un outil essentiel qu’ils utilisent aussi souvent, on ne peut pas s’empêcher de penser que cela devrait mettre fin au débat. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Cette situation semble, d’une façon ou d’une autre, avoir déformé la réalité en donnant l’impression que le registre est dirigé contre les chasseurs et les propriétaires d’armes à feu.
Je n’ai jamais entendu personne dire que l’enregistrement des véhicules et l’obligation d’avoir un permis de conduire sont dirigés contre les conducteurs, comme si les autorités en avaient contre eux. L’argument serait jugé grotesque. Si nous avions été contre la chasse, nous l’aurions interdite. Bien entendu, ce n’est pas le cas. Si nous avions été contre les armes d’épaule, nous en aurions rendu la possession illégale. Bien entendu, ce n’est pas le cas. C’est un argument fallacieux, conçu pour semer la division. Nous devrions le dire clairement. Voilà à quoi cela a servi: à avancer de faux arguments, à semer faussement la division, à susciter des discordes qui n’ont pas leur raison d’être et à troubler les esprits au lieu de tenir des propos clairs.
À cet égard, je vais vous citer quelques statistiques au sujet des armes d'épaule. On parle beaucoup de la possibilité d'exclure les armes de ce genre, mais permettez-moi d'abord de vous faire part de quelques statistiques.
Les homicides entre conjoints mettant en cause des armes à feu se produisent deux fois plus souvent au moyen d'une arme d'épaule que d'une arme de poing. Les suicides sont cinq fois plus susceptibles d'être commis à l'aide d'une arme d'épaule que d'une arme de poing. La majorité des armes retrouvées ou saisies par la police sont des armes d'épaule sans restrictions. Le nombre de meurtres commis à l'aide de carabines et de fusils a diminué de façon spectaculaire depuis 1991, surtout grâce à un contrôle plus serré des armes à feu. En fait, 107 meurtres ont été commis à l'aide d'une arme d'épaule en 1991, contre 32 en 2007.
Les personnes qui ne croient pas la police et qui souhaitent l'ignorer, soit la vaste majorité, sont mises en présence de ces statistiques. En fait, s'agissant de la sécurité des policiers, ces derniers signalent qu'au cours des dix dernières années, sur les 15 agents qui ont été tués, seulement deux l'ont été à l'aide d'une arme de poing. Les 13 autres ont été assassinés au moyen d'une carabine ou d'un fusil.
Affirmer que les armes d'épaule ne font pas partie de l'équation en matière de sécurité publique est un argument erroné. Les statistiques le confirment et la police le répète. Cependant, certaines personnes continuent de mal interpréter les faits et prétendent que le registre n'est d'aucune utilité.
Et si ce n'était pas assez, permettez-moi de citer une lettre de l'Association canadienne des policiers datée du 7 avril. Dans cette lettre, l'association énonce clairement les motifs pour lesquels le registre est si important. Voici les mots utilisés par les policiers de première ligne eux-mêmes:
L'enregistrement est un élément important du Programme canadien des armes à feu.
La délivrance de permis aux propriétaires d'armes à feu et l'enregistrement des armes à feu sont des mesures importantes qui permettent de réduire l'usage abusif et le commerce illicite d'armes à feu, et cela notamment pour les raisons suivantes:
1. Le contrôle rigoureux des propriétaires d'armes à feu et l'obligation qui leur est faite d'obtenir un permis réduisent le risque couru par les personnes dangereuses pour elles-mêmes et pour les autres. On peut déjà démontrer l'efficacité du système. Il a permis d'empêcher des gens qui ne devraient pas posséder d'armes d'y avoir accès.
2. En obligeant les détenteurs d'une arme à feu à se procurer un permis, on décourage également la possession désinvolte des armes à feu. Le fait de posséder une arme à feu engage une grande responsabilité et l'exigence d'un permis est raisonnable. L'obligation du permis ne pénalise pas les propriétaires responsables, mais elle encourage les gens à se débarrasser des armes dont ils ne veulent plus, qu'ils n'utilisent plus ou qui sont devenues inutiles.
3. L'enregistrement rend les propriétaires d'armes à feu plus responsables en établissant un lien entre l'arme à feu et son propriétaire. Cela encourage le respect des les lois sur l'entreposage des armes à feu et oblige les propriétaires à déclarer le vol d'armes à feu quand l'entreposage n'a pas été un facteur. L'entreposage sûr des armes à feu:
-- Réduit le nombre d'armes à feu en circulation sur le marché noir à la suite de cambriolages;
-- Réduit l'utilisation non autorisée des armes à feu;
-- Réduit l'utilisation impulsive des armes à feu;
-- Réduit les accidents, particulièrement chez les enfants.
4. L'enregistrement fournit aux policiers de précieux renseignements sur le propriétaire dans le cadre de l'application des ordonnances d´interdiction des armes à feu et des enquêtes policières. Nous avons déjà plusieurs exemples concrets de situations où les enquêtes policières ont été facilitées par l'accès au renseignements contenus dans le registre.
Je rappellerai ici l'incident survenu en 2005, au cours duquel quatre agents de police ont été assassinés par balle à Mayerthorpe en Alberta. Dans cette affaire, les éléments de preuve qui ont permis l'arrestation et la condamnation des deux coupables provenaient directement du registre. Celui-ci a donc contribué à la condamnation de ces deux individus. La lettre continue comme suit:
5. Bien que la police ne se fie jamais uniquement aux renseignements contenus dans le registre, il est utile de savoir si la présence d'armes à feu est probable lorsqu'elle intervient dans une situation potentiellement explosive, par exemple dans les cas de violence familiale. L'agent de police peut tenir compte de l'information appropriée pour jauger le risque et la menace.
6. L'enregistrement facilite l'établissement de la preuve de possession d'armes volées ou passées en contrebande et aide dans les poursuites de ce genre. Auparavant, il était très difficile de prouver la possession de carabines et de fusils de chasse illégaux.
7. L'enregistrement fournit une meilleure information dans les enquêtes sur les vols et autres incidents impliquant des armes à feu.
8. Les armes à feu récupérées permettent de remonter à leur propriétaire grâce à l'information d'enregistrement que contient le registre.
9. L'enregistrement joue un rôle crucial dans l'application de l'obligation de se procurer un permis. En l'absence d'enregistrement, rien n'empêcherait le propriétaire d'une arme à feu titulaire d'un permis de vendre une arme non enregistrée à une personne non titulaire d'un permis.
10. Les armes illégales sont à l'origine légales. L'enregistrement contribue à prévenir la transition d'une situation de légalité à une situation d'illégalité sur le plan de la propriété et à déterminer à quel moment survient le passage à l'illégalité.
Nous devrions tenir compte de la masse de preuves de l'importance de cet outil pour les services de police. Je le répète, ce ne sont pas mes propos ni quelque chose que j'ai concocté. C'est l'Association canadienne des policiers qui nous explique pourquoi le registre doit être maintenu.
Compte tenu de toutes les preuves que je viens d'étaler, j'aurais cru que l'affaire serait classée, que nous n'aurions pas besoin d'une motion du Bloc pour protéger le registre et pour régler la question de l'amnistie. Je crois que toute personne raisonnable qui examinerait ces preuves innombrables constaterait que toute distinction ou division n'est que pure fabrication. Et c'est le cas.
Au lieu d'agir en fonction de ces renseignements et de travailler avec les agents de police et les propriétaires légitimes d'armes à feu pour veiller à ce que le programme fonctionne le mieux possible, les conservateurs veulent s'en débarrasser. En fait, un projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi , en plus de porter sur les armes d'épaule, dont j'ai parlé abondamment, affaiblirait le registre en ce qui concerne les armes prohibées et à autorisation restreinte et les armes de poing. De plus, le député qui a présenté ce projet de loi à la Chambre avait l'intention de prendre la parole lors d'un événement célébrant la mort du registre des armes à feu et dont le prix de présence était un Beretta. Mais pas seulement un Beretta ordinaire: un Beretta conçu spécialement pour une utilisation discrète.
Pourquoi un tireur qui veut s'entraîner dans un champ de tir aurait-il besoin d'un Beretta conçu pour une utilisation discrète? C'est un manque de sensibilité monumental. Où cet événement a-t-il eu lieu? À Mississauga, dans le Grand Toronto, près de chez nous, où le nombre de crimes commis à l'aide d'armes à feu est alarmant. On peut s'imaginer la réaction des gens.
Comme si l'affaiblissement du registre et la destruction du bon travail effectué jusqu'à maintenant n'étaient pas suffisants, ce projet de loi irait même plus loin. Il rendrait légal le transport d'une mitraillette automatique, permettant à une personne possédant un Uzi de transporter cette arme dans sa voiture, dans les rues de la ville, pour se rendre au champ de tir. Nous parlons ici d'un Uzi, c'est-à-dire d'une mitraillette automatique, et c'est ce que les conservateurs proposent de faire.
Le projet n'a pas été bien reçu au Sénat. Comme vous pouvez l'imaginer, bon nombre de gens se sont montrés inquiets et les conservateurs ont dû se reprendre et ils ont présenté un projet de loi au Sénat dans une autre tentative de vider le registre des armes à feu de sa substance.
Je reviens aux commentaires formulés par l'Association canadienne des policiers sur les répercussions du projet de loi qui a été, de façon fort opportune, présenté au Sénat où il n'a pratiquement aucune chance d'être adopté. On peut se demander si les conservateurs jouent vraiment des jeux ou à tout le moins où ils veulent en venir. Voici les commentaires de l'Association canadienne des policiers:
Le projet de loi S-5 rendra la tâche plus difficile pour les policiers qui devront faire enquête sur les crimes à main armée et compromettra la sécurité des policiers et du public.
Le projet de loi S-5 aurait pour effet:
D'abroger l'obligation d'enregistrer une arme à feu sans restrictions ... ainsi que les infractions et les peines imposées pour ne pas avoir enregistré des armes à feu sans restrictions. Au cours des dernières années, le gouvernement actuel a permis que les gens qui ont enfreint la loi se soustraient à l'obligation de respecter la loi et évitent les poursuites en accordant plusieurs périodes d'amnistie successives. Nous ne comprenons pas pourquoi le gouvernement accepte d'assouplir les règles en faveur de ceux qui décident délibérément d'éviter de rendre des comptes à l'égard de leurs armes à feu.
Le deuxième point qu'il importe de souligner est le suivant:
Fait disparaître l'obligation, pour ceux qui désirent transférer des armes à feu sans restrictions, d'en informer le directeur de l'enregistrement des armes à feu, mais les oblige à obtenir l'autorisation du contrôleur des armes à feu ... ce qui modifie la responsabilité du contrôleur provincial qui devra vérifier si le destinataire a le droit de posséder une telle arme et s'assurer que l'arme est bien sans restrictions. ... Cette vérification devra être faite pour tous les transferts. Il sera toutefois impossible de déterminer si ces exigences sont respectées puisque les dossiers qui lient les armes à feu à leur propriétaire ne seront plus conservés.
De nombreux autres commentaires viennent démontrer pourquoi le projet de loi est si destructeur.
Pourquoi les conservateurs veulent-ils tant détruire un registre qui permet clairement d'accroître la sécurité du public et qui représente un outil aussi important pour les policiers?
La réalité, c'est qu'il y a un monde entre ce que disent les conservateurs sur le crime et ce que font les conservateurs en matière de crimes. Les conservateurs ont beau parler de sévir contre les criminels, ce qu'ils proposent, c'est de semer la zizanie, d'être malhonnêtes à ce sujet, d'essayer de présenter les choses sous un angle purement politique et non de rendre nos rues plus sûres. C'est un exemple tout à fait typique d'eux.
Je vais donner à la Chambre un autre exemple: le budget consacré à la prévention des crimes. L'année dernière, il s'élevait à 43 milliards de dollars et, sur cette somme, seulement 13 milliards de dollars ont été dépensés. Ils parlent de sévir à l'endroit des criminels et pourtant, les conservateurs n'ont pas dépensé la moitié de ce budget. En fait, lorsque notre parti a quitté le pouvoir, ce budget était bien plus élevé que maintenant et a été mis à contribution et dépensé en totalité.
Les conservateurs parlent de mettre fin au compte double de la détention provisoire, proposition que nous appuyons, mais ils ne font rien au chapitre de la toxicomanie en milieu carcéral, ce qui perpétue un cycle infernal dans lequel les gens reviennent constamment dans le système. Ils ne font rien pour les problèmes mentaux. Environ 60 p. 100 des personnes incarcérées ont un problème de toxicomanie. Or, nous continuons de les remettre en prison. Elles en sortent, elles récidivent puis nous les renvoyons en prison. On ne fait rien pour les aider.
Les conservateurs peuvent parler de sévir à l'endroit des criminels. Nous n'avons pas peur de sévir à l'endroit des criminels, mais les conservateurs doivent aussi s'attaquer aux causes de la criminalité. Ils doivent adopter des mesures vigoureuses pour s'assurer que les contrevenants ne sont pas eux-mêmes des victimes et c'est à cet égard que le gouvernement échoue lamentablement et que son discours ne tient pas compte de la réalité.
Nous devons demander aux propriétaires d'armes à feu de faire preuve de responsabilité. Personne n'aime être obligé d'enregistrer son véhicule ou son animal de compagnie ou de produire une déclaration de revenus, mais si le gouvernement dit que ce n'est pas nécessaire parce que ce n'est pas important, alors naturellement les gens deviennent confus et se mettent en colère. Ce qu'il faut faire, c'est de communiquer aux honnêtes propriétaires d'armes à feu tous les faits que j'ai présentés aujourd'hui. Nous devons leur faire comprendre collectivement que nous avons besoin de ces renseignements pour assurer la sécurité publique, pour travailler avec eux afin de rendre nos collectivités et nos rues plus sûres, pour prévenir des choses comme la violence familiale, ou pour répondre à un appel de suicide, et que ces renseignements sont essentiels. Si nous approchons la situation sous cet angle, nous agirons correctement et de manière responsable.
On se sert plutôt de ce dossier en ce moment pour semer la zizanie, pour créer de fausses divisions et pour séparer le Canada rural du Canada urbain. Les questions de sécurité publique sont les mêmes que l'on parle d'une petite ville de l'Alberta, de ma ville, Ajax, ou de Pickering. Il est temps de faire preuve d'honnêteté et de responsabilité et de passer outre aux arguments insensés qui sont invoqués dans ce dossier.