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HESA Rapport du Comité

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CHAPITRE 1 : LE DÉFI DES RESSOURCES HUMAINES
EN SANTÉ AU CANADA

Le Comité reconnaît que les ressources humaines en santé (RHS) au Canada présentent de nombreux défis qui font l’objet de la présente étude. Selon la définition de Statistique Canada, tirée de la Classification nationale des professions, RHS désigne les dispensateurs rémunérés de soins de santé qui, au sein du système de santé, ont le mandat d’assurer aux Canadiens la prestation de soins de santé de grande qualité, sécuritaires, efficaces et axés sur le patient[3]. Il est à souligner que l’appellation RHS s’applique à tout un éventail de professionnels qui ne participent pas tous directement à la prestation de soins de santé, tels que les médecins, les infirmières, les sages-femmes, les chiropraticiens, les docteurs en naturopathie, les dentistes, les pharmaciens, le personnel de laboratoires, des professionnels de la santé environnementale ou publique, les statisticiens de la santé, les épidémiologistes, les gestionnaires de l’information sur la santé, les économistes de la santé, ainsi que les agents de santé communautaire[4]. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) applique une définition encore plus vaste des RHS, puisqu’elle considère comme dispensateur de soins de santé toute personne participant à des activités visant principalement à améliorer la santé, qu’elle soit rémunérée ou non[5]. Cette vaste définition comprend un plus large éventail de participants, notamment les bénévoles et les aidants membres de la famille. Le présent rapport se fonde sur la conception plus vaste de l’OMS, qui comprend les professionnels de la santé rémunérés ou non.

D’après l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS), les ressources humaines en santé représentent également le plus gros poste de dépenses du système de soins de santé : sur chaque dollar dépensé en soins de santé au Canada, de 60 à 80 cents sont alloués aux RHS, et ce, sans compter le coût de formation des professionnels de la santé[6]. Ce qui signifie que sur les 160 milliards de dollars dépensés en soins de santé au Canada en 2007, de 96 à 128 milliards de dollars ont été alloués aux RHS[7].

Cependant, la capacité du système de santé à fournir aux Canadiens des soins de santé sûrs et de qualité dépend en partie « d’un ensemble de prestataires de services couvrant toute la gamme des compétences requises[8] », ainsi que d’autres déterminants de la santé.

Le Canada connaît pourtant, depuis un certain nombre d’années, des pénuries de RHS dans de nombreuses professions. Ainsi, estimait-on en 2007 à 11 000 équivalents temps plein la pénurie d’infirmières et d’infirmiers autorisés au Canada[9]. L’Association médicale canadienne estime par ailleurs que de 4 à 5 millions de Canadiens n’ont actuellement pas de médecin de famille[10].

Il est important de souligner que l’ICIS a indiqué dans son rapport qu’on a observé, de 2003 à 2007, une augmentation variable selon les professions et, notamment, chez les médecins, les infirmières, les ergothérapeutes, les sages-femmes et les pharmaciens[11]. On prévoit cependant toujours des pénuries de RHS en raison de divers facteurs tels que le vieillissement de la population active des professionnels de la santé, la réduction du nombre d’heures travaillées par les dispensateurs de soins de santé afin de garantir un meilleur équilibre travail/vie privée, et des problèmes de milieux de travail qui suscitent un absentéisme et un taux de renouvellement du personnel élevés[12].

De plus, les zones rurales et reculées du Canada subissent des pénuries de RHS particulièrement graves en raison des mouvements de migration des dispensateurs de soins de santé qui, comme le reste de la population, ont tendance à migrer vers les centres qui connaissent une plus forte croissance économique[13]. Ainsi, de 1991 à 2001, les médecins, les technologues de laboratoire médical et les assistants dentaires ont eu tendance à déserter les zones rurales[14]. La situation est encore plus difficile dans les réserves, dans les communautés des Premières nations et des Inuits, ainsi que dans le Nord, où les soins primaires sont principalement assurés par des infirmières autorisées, de sorte que ces groupes de population doivent également voyager sur de grandes distances pour recevoir des soins actifs et tertiaires[15].

Le Canada a traditionnellement fait appel à des professionnels de la santé formés à l’étranger (PSFE) pour pallier les pénuries de personnels de santé, mais ces professionnels étrangers éprouvent des difficultés à faire reconnaître leurs titres et doivent attendre avant de pouvoir s’intégrer dans le système de soins de santé canadien[16]. Ainsi, la moitié des diplômés en médecine formés à l’étranger qui présentent chaque année au Canada une demande au programme d’études supérieures en sont à leur deuxième demande, parce qu’ils n’ont pas obtenu une place la première fois[17].


[3] Définition fondée sur celle de Statistique Canada, dont la Classification nationale des professions limite l’appellation de dispensateurs de soins de santé aux personnes rémunérées. Elle diffère en cela de celle de l’Organisation mondiale de la santé qui considère comme dispensateur de soins de santé toute personne participant à des activités visant principalement à améliorer la santé. ICIS, Les dispensateurs de soins de santé au Canada, 2007, 2007, http://secure.cihi.ca/cihiweb/products/HCProviders_07_FR_final.pdf.

[4] Ibid.

[5] Ibid.

[6] Ibid.

[7] Ibid.

[8] Comité consultatif sur la prestation des soins de santé et les ressources humaines fédéral-provincial-territorial, Un cadre de planification concerté des ressources humaines de la santé à l’échelle pancanadienne, 2007, http://www.hc-sc.gc.ca/hcs-sss/alt_formats/hpb-dgps/pdf/pubs/hhr/2007-frame-cadre/2007-frame-cadre-fra.pdf.

[9] Associations des infirmières et infirmiers du Canada, Solutions éprouvées à la pénurie d’infirmières et d’infirmiers autorisés au Canada, mai 2009, http://www.cna-aiic.ca/CNA/documents/pdf/publications/RN_Highlights_f.pdf.

[10] Association médicale canadienne, « Plus de médecins pour plus de soins » : Une promesse qui reste à remplir, Mémoire présenté par l’Association médicale canadienne au Comité permanent de la santé de la Chambre des communes au sujet des ressources humaines de la santé, 28 avril 2009.

[11] ICIS, Les dispensateurs de soins de santé, 2007, http://secure.cihi.ca/cihiweb/products/HCProviders_07_FR_final.pdf.

[12] Associations des infirmières et infirmiers du Canada, Solutions éprouvées à la pénurie d’infirmières et d’infirmiers autorisés au Canada, mai 2009, http://www.cna-aiic.ca/CNA/documents/pdf/publications/RN_Highlights_f.pdf, et Association médicale canadienne, « Plus de médecins pour plus de soins » : Une promesse qui reste à remplir, Mémoire présenté par l’Association médicale canadienne au Comité permanent de la santé de la Chambre des communes au sujet des ressources humaines de la santé, 28 avril 2009.

[13] ICIS, Mémoire présenté au Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, 23 avril 2009.

[14] ICIS, Les dispensateurs de soins de santé, 2007, http://secure.cihi.ca/cihiweb/products/HCProviders_07_FR_final.pdf.

[15] Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, Témoignages, réunion nº 41, 2e session, 40e législature, 2 novembre 2009, /content/Committee/402/HESA/Evidence/EV4198199/HESAEV41-F.PDF, et Santé Canada, Santé des Premières nations, des Inuits et des Autochtones : Services de soins de santé, http://www.hc-sc.gc.ca/fniah-spnia/services/index-fra.php.

[16] ICIS, Mémoire présenté au Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, 23 avril 2009.

[17] Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, Témoignages, 2e session, 40e législature, 9 décembre 2009, /content/Committee/402/HESA/Evidence/EV4314977/HESAEV50-F.PDF.