Le Comité reconnaît que les ressources humaines en
santé (RHS) au Canada présentent de nombreux défis qui font l’objet de la
présente étude. Selon la définition de Statistique Canada, tirée de la Classification
nationale des professions, RHS désigne les dispensateurs rémunérés de soins de
santé qui, au sein du système de santé, ont le mandat d’assurer aux Canadiens
la prestation de soins de santé de grande qualité, sécuritaires, efficaces et
axés sur le patient.
Il est à souligner que l’appellation RHS s’applique à tout un éventail de
professionnels qui ne participent pas tous directement à la prestation de soins
de santé, tels que les médecins, les infirmières, les sages-femmes, les
chiropraticiens, les docteurs en naturopathie, les dentistes, les pharmaciens,
le personnel de laboratoires, des professionnels de la santé environnementale
ou publique, les statisticiens de la santé, les épidémiologistes, les
gestionnaires de l’information sur la santé, les économistes de la santé, ainsi
que les agents de santé communautaire.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) applique une définition encore plus
vaste des RHS, puisqu’elle considère comme dispensateur de soins de santé toute
personne participant à des activités visant principalement à améliorer la santé,
qu’elle soit rémunérée ou non.
Cette vaste définition comprend un plus large éventail de participants,
notamment les bénévoles et les aidants membres de la famille. Le présent
rapport se fonde sur la conception plus vaste de l’OMS, qui comprend les
professionnels de la santé rémunérés ou non.
D’après l’Institut canadien d’information sur la
santé (ICIS), les ressources humaines en santé représentent également le plus
gros poste de dépenses du système de soins de santé : sur chaque dollar
dépensé en soins de santé au Canada, de 60 à 80 cents sont alloués aux
RHS, et ce, sans compter le coût de formation des professionnels de la santé. Ce qui
signifie que sur les 160 milliards de dollars dépensés en soins de santé
au Canada en 2007, de 96 à 128 milliards de dollars ont été alloués aux
RHS.
Cependant, la capacité du système de santé à
fournir aux Canadiens des soins de santé sûrs et de qualité dépend en partie « d’un
ensemble de prestataires de services couvrant toute la gamme des compétences
requises »,
ainsi que d’autres déterminants de la santé.
Le Canada connaît pourtant, depuis un certain
nombre d’années, des pénuries de RHS dans de nombreuses professions. Ainsi,
estimait-on en 2007 à 11 000 équivalents temps plein la pénurie d’infirmières
et d’infirmiers autorisés au Canada.
L’Association médicale canadienne estime par ailleurs que de 4 à 5 millions de
Canadiens n’ont actuellement pas de médecin de famille.
Il est important de souligner que l’ICIS a indiqué
dans son rapport qu’on a observé, de 2003 à 2007, une augmentation variable
selon les professions et, notamment, chez les médecins, les infirmières, les
ergothérapeutes, les sages-femmes et les pharmaciens. On prévoit
cependant toujours des pénuries de RHS en raison de divers facteurs tels que le
vieillissement de la population active des professionnels de la santé, la
réduction du nombre d’heures travaillées par les dispensateurs de soins de
santé afin de garantir un meilleur équilibre travail/vie privée, et des
problèmes de milieux de travail qui suscitent un absentéisme et un taux de
renouvellement du personnel élevés.
De plus, les zones rurales et reculées du Canada
subissent des pénuries de RHS particulièrement graves en raison des mouvements
de migration des dispensateurs de soins de santé qui, comme le reste de la
population, ont tendance à migrer vers les centres qui connaissent une plus
forte croissance économique.
Ainsi, de 1991 à 2001, les médecins, les technologues de laboratoire
médical et les assistants dentaires ont eu tendance à déserter les zones
rurales.
La situation est encore plus difficile dans les réserves, dans les communautés
des Premières nations et des Inuits, ainsi que dans le Nord, où les soins
primaires sont principalement assurés par des infirmières autorisées, de sorte
que ces groupes de population doivent également voyager sur de grandes
distances pour recevoir des soins actifs et tertiaires.
Le Canada a traditionnellement fait appel à des professionnels
de la santé formés à l’étranger (PSFE) pour pallier les pénuries de personnels
de santé, mais ces professionnels étrangers éprouvent des difficultés à faire
reconnaître leurs titres et doivent attendre avant de pouvoir s’intégrer dans
le système de soins de santé canadien.
Ainsi, la moitié des diplômés en médecine formés à l’étranger qui présentent
chaque année au Canada une demande au programme d’études supérieures en sont à
leur deuxième demande, parce qu’ils n’ont pas obtenu une place la première fois.