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Merci beaucoup, monsieur le président, et merci à tous mes collègues.
Je suis heureux de pouvoir vous entretenir du projet de loi . Je vous prie de m'excuser; je dois laisser mes yeux s'habituer à la lumière. Je suis aveuglé.
Monsieur le président, je tiens à remercier tous mes collègues de l'attention qu'ils ont accordée au projet de loi C-511. Si vous voulez bien faire preuve de patience, je vais exposer quelques-uns des principaux aspects. Je sais que vous connaissez tous le projet de loi et la dynamique qui l'entoure. Si vous le voulez bien, je vais prendre un moment pour répéter certaines conclusions. Il y a eu des changements au sein du comité depuis que le projet de loi a été présenté pour la première fois.
Chers collègues, sachez que cela fait maintenant 14 mois que les problèmes liés à la sécurité automobile ont été rapportés à l'étranger. Ces incidents, qui concernent une compagnie en particulier, sont d'abord survenus en Europe, puis aux États-Unis. Aux États-Unis, à la suite des plaintes des consommateurs et des problèmes liés à sécurité du produit, plutôt qu'à la qualité, le Congrès américain a tenu des audiences avec la NHTSA, l'équivalent de Transports Canada aux États-Unis, pour entendre le président de la compagnie en question. C'était la première fois qu'une compagnie d'une telle envergure, soit le plus important fabricant automobile au monde, comparaissait devant un comité afin d'expliquer les raisons pour lesquelles ses produits causaient autant de problèmes aux consommateurs, c'est-à-dire les usagers et les propriétaires d'automobile.
Les principales questions qui ont ressorti de cette audience se rapportaient à la responsabilité des fabricants de mettre sur le marché un produit qui soit sécuritaire pour les utilisateurs et tous ceux avec qui ils partagent la route. Parallèlement, Transports Canada menait des discussions, des négociations et des enquêtes avec la même compagnie. Au départ, plusieurs ministres étaient derrière les consommateurs, mais ils se sont tranquillement ravisés pour appuyer le fabricant automobile et, enfin, toute l'industrie.
Vous vous rappellerez que notre comité a convoqué les représentants canadiens de ce constructeur. Jusqu'à maintenant, j'avais évité de mentionner le nom de la compagnie pour ne pas que les gens croient que ce projet de loi la visait directement. Comme vous le savez, il s'agit de Toyota. Les représentants de Toyota ont donc témoigné et ont fait valoir des arguments semblables à ceux qui ont été présentés aux États-Unis. D'après eux, ce n'était pas vraiment une question de sécurité du produit. On a évoqué des problèmes de qualité à la source et une possible erreur du conducteur.
Plusieurs d'entre vous se rappelleront que nous avons eu des échanges assez dynamiques avec les représentants de Toyota. Certains députés voulaient qu'on accorde aux Canadiens un traitement semblable à celui que les Américains avaient réussi à négocier, en sachant qu'il était très inhabituel que le Congrès convoque à une audience des représentants d'une compagnie étrangère, surtout une qui domine le marché.
Plusieurs mesures ont été prises à la suite de ces audiences.
Pour calmer les autorités, Toyota s'est vu infliger la plus importante amende jamais vue pour une compagnie d'une telle envergure. Le constructeur d'automobiles a dû débourser les sommes de 16 et 26 millions de dollars, ce qui sous-entendait qu'il reconnaissait sa culpabilité.
Ce n'est pas ce que visait le comité. Le comité voulait simplement s'assurer que les produits mis sur le marché par la compagnie, ou par toute autre compagnie, respectent les normes et les attentes des consommateurs et de tous ceux qui partagent la route avec eux.
Toyota a continué de se dérober devant la nécessité de collaborer comme elle l'a fait aux États-Unis, même si les Américains sont allés plus loin et ont dit: « Afin que nous puissions prendre des décisions justes et équitables à l'égard d'une entreprise d'envergure mondiale, nous devons avoir accès à des renseignements provenant de sources internationales. Les automobiles peuvent varier d'un marché à l'autre, mais essentiellement, il s'agit de la même voiture. » Toyota a indiqué qu'il se peut qu'elles soient identiques, mais que ce n'est pas la même voiture.
Je pense que tout le monde a convenu que sur les plans de l'ingénierie et de la conception des structures, les éléments essentiels de la voiture étaient les mêmes et que toutes les décisions relatives à ces aspects étaient prises au bureau principal. C'est donc l'argument qu'ont fait valoir les Américains, lors des audiences du Congrès. Ils ont dit: « Pour être en mesure de prendre ces décisions, vous devez recueillir de l'information partout dans le monde. Nous voulons la même chose. Nous devons tenir quelqu'un pour responsable. »
Le comité, avec divers degrés de satisfaction, a obtenu l'information de Toyota. Je précise « avec divers degrés de satisfaction », parce qu'il s'avère que certains membres étaient moins satisfaits que d'autres. Je dois ajouter que, malgré toutes les dénégations de la compagnie, ceux qui ont insisté pour obtenir l'information ont eu raison de le faire, quand on sait que la semaine dernière, la compagnie a rappelé près de 140 000 véhicules, à quelques milliers près, au Canada.
Le comité a obtenu l'information auprès d'enquêteurs indépendants de Transports Canada. On a soulevé plusieurs préoccupations dans tous les cas.
Tout d'abord, le concept de « défaut relatif à la sécurité » n'était pas défini explicitement dans la loi actuelle, même si des décisions des tribunaux avaient déjà établi ce qui constituait un défaut relatif à la sécurité dans le cas d'une automobile.
Deuxièmement, le ministre, c'est-à-dire le ministère, n'avait pas le pouvoir de prendre des mesures, même si la Loi sur la sécurité automobile prévoit qu'on peut intenter des poursuites criminelles s'il y a une raison valable de le faire. On n'a jamais eu recours à cette disposition en partie parce qu'elle est trop extrême. Il fallait ajouter une autre disposition. Le ministre, pour le compte du ministère, n'intervenait pas car, en vertu de la loi, il ne pouvait rien faire d'autre que d'intenter des poursuites criminelles.
Troisièmement, il était impossible de rendre une décision judicieuse et objective en raison du manque de données pertinentes et internationales.
Enfin, étant donné qu'on ignorait si les problèmes étaient liés à la conception structurale des véhicules ou à une défaillance électronique, la solution immédiate était d'installer un système de priorité des freins sur les véhicules munis d'un système de contrôle électronique de l'accélérateur.
Je vous rappelle que les États-Unis sont allés plus loin que nous. Ils ont demandé à la NASA de mener une enquête à savoir si une défaillance électronique ou un défaut de conception était en cause. Elle a conclu qu'il y avait des problèmes au niveau de la conception structurale et non pas de l'électronique.
Ce sont donc les quatre principaux problèmes. Je sais que le président veut que je m'arrête ici, mais si vous me le permettez, j'aimerais brièvement repasser les quatre mesures.
Le projet de loi vise quatre objectifs: définir le concept de « défaut relatif à la sécurité »; autoriser le ministre à prendre des règlements afin d'ordonner un rappel; permettre au ministre de recueillir de l'information provenant de partout dans le monde et ainsi obliger une compagnie internationale à communiquer, chaque trimestre, des rapports et des renseignements; et enfin, installer un système de priorité des freins sur les véhicules munis d'un système de contrôle électronique de l'accélérateur.
Ce n'est pas une mesure partisane. Il s'agit de veiller à la sécurité publique sur les routes en autorisant un organisme de réglementation à assurer la conformité des véhicules automobiles.
Voilà. Monsieur le président, chers collègues, je tiens à vous remercier de votre patience.
L'amendement du gouvernement propose de remplacer les lignes 15 à 39, mais l'amendement libéral remplacerait les lignes 23 à 39. Nous conserverions le paragraphe (2) proposé initialement, et après la ligne 23, nous ajouterions ce qui suit... Je n'ai que quelques exemplaires de la version anglaise seulement. Je ne peux pas les distribuer.
Au lieu du paragraphe (4) proposé par le gouvernement, nous aurions le paragraphe (3), qui se lirait comme suit... Je suis à la ligne 23, où l'on pourrait lire:
(3) Après avoir reçu avis d'une décision provisoire concernant un défaut relatif à la sécurité, l'entreprise communique au ministre, dans le délai précisé par celui-ci, les constatations des recherches, essais, études et évaluations qu'elle a menés, sa décision quant à la présence du défaut relatif à la sécurité ainsi que les mesures qu'elle prend pour corriger ce défaut, et elle publie le résumé de ces constatations et conclusions dans la Gazette du Canada.
À la suite de ce nouveau paragraphe (3), nous aurions un paragraphe (4), qui se lirait comme suit:
(4) Si le ministre estime insatisfaisantes les constatations ou les mesures prévues que l'entreprise lui a communiquées en application du paragraphe (3), il peut lui ordonner de prendre les mesures qu'il juge indiquées dans l'intérêt de la sécurité publique.
Nous éliminerions les paragraphes (2), (3) et (4) de l'amendement du gouvernement, et nous aurions le paragraphe (3) proposé et le nouveau paragraphe (4), que je viens tout juste de vous lire. Nous conserverions les nouveaux paragraphes (5) et (6) proposés par le gouvernement.