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Bonsoir, mesdames et messieurs.
Il s'agit de la troisième séance du Comité législatif chargé du projet de loi C-18. Comme nous en avons discuté plus tôt, sur la liste des témoins qui présenteront un exposé aujourd'hui, nous avons M. Ian McCreary, agriculteur et ancien administrateur de la Commission canadienne du blé. Au nom de la Commission canadienne du blé, nous accueillons Allen Oberg, président. Stewart Wells, directeur, District 3 l'accompagne. Et M. Kenneth Rosaasen est professeur à l'Université de la Saskatchewan.
Messieurs, aux termes des règles qu'a adoptées le comité, chaque témoin présente un exposé de 10 minutes qui sera suivi des questions des membres du comité.
Comme nous avons ici trois témoins qui souhaitent présentera un exposé de 10 minutes, je vais vous demander de faire des interventions le plus concises possibles. Si vous n'avez pas besoin des 10 minutes, je vous encourage à seulement utiliser le temps nécessaire. La substantifique moëlle de la discussion se révélera probablement durant les questions.
Nous entreprendrons ensuite des séries de questions et réponses de cinq minutes avec les membres du comité. Comme nous avons si peu de temps dans la première heure, je serai un peu plus ferme que d'habitude en ce qui concerne l'utilisation de la période de cinq minutes.
Qui aimerait parler en premier? Monsieur Oberg, voulez-vous y aller? Vous avez 10 minutes, monsieur. La parole est à vous.
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Bonsoir, merci de m'avoir donné l'occasion de m'adresser au comité.
Je vais faire une déclaration préliminaire, puis Stewart et moi serons heureux de répondre à toutes vos questions.
J'ai l'intention de m'entretenir à la partie 1 du projet de loi C-18 — les articles 2 à 6 et l'article 12, qui éliminent l'administrateur élu par les producteurs — et à la partie 2, qui retire à la Commission canadienne du blé sa fonction de guichet unique.
Permettez-moi de vous décrire d'abord le contexte. Je suis le président du conseil d'administration de la Commission canadienne du blé, et Stewart et moi-même sommes les représentants élus des producteurs dans le District 3 et le District 5, respectivement, mais nous sommes aussi des agriculteurs. Avec mon frère, j'exploite une ferme céréalière et bovine de 6 500 acres près de Forestburg, en Alberta. À l'instar de la ferme de Stewart près de Swift Current — et, en effet, de toutes les fermes céréalières des Prairies —, notre exploitation est axée sur la qualité et la production de l'aliment qui nourrit le monde. Nous avons aussi l'esprit d'entreprise, nous sommes novateurs et nous connaissons bien le marché.
Je vous dis cela non pas pour me vanter, mais, parce que la dynamique qui sous-tend le projet de loi que vous examinez, c'est qu'Ottawa dit à des agriculteurs prospères comme Stewart, mon frère et moi-même que nous n'avons plus besoin de la Commission canadienne du blé, et le gouvernement fait fi du souhait de la majorité des agriculteurs de l'Ouest canadien qui ont voté pour le maintien du guichet unique.
Selon notre ministre de l'Agriculture, Internet, pour une raison que j'ignore, a éliminé les avantages dont nous profitons en commercialisant nos produits ensemble dans le cadre d'un système céréalier mondial dominé par quelques géants. Je sais que cela a l'air ridicule formulé ainsi, mais c'est en fait l'essence de l'argument — ça, et l'idée voulant que, si un seul producteur de blé ou d'orge ne veut pas commercialiser son produit par l'intermédiaire du système à guichet unique, on devrait abolir ce système, peu importe ce que veulent la majorité des producteurs.
Bien entendu, les règles du marché libre ne s'appliquent pas également à tous les agriculteurs. Les exploitants de ferme laitière, d'élevage de poulets et d'élevage de dindons peuvent avoir des agences de commercialisation entièrement soutenus par le gouvernement — à tout le moins, pour l'instant. Je dis « pour l'instant » non pas pour essayer de faire peur à mes collègues en gestion de l'approvisionnement, mais simplement pour refléter la réalité suivante : ce que promet le gouvernement et ce qu'il fait sont deux choses différentes.
Les conservateurs ont obtenu une majorité et ont décidé que cela leur donne le droit de prendre l'initiative d'apporter des changements irréversibles dans l'industrie céréalière du Canada sans consulter les agriculteurs comme ils avaient promis de le faire. Par exemple, dans un communiqué d'agriculture Canada daté du 16 juin 2007, le ministre de l'époque — Chuck Strahl — a déclaré ce qui suit :
J'annonce aujourd'hui que le nouveau gouvernement du Canada tiendra à un moment opportun un autre plébiscite sur la commercialisation du blé. Le gouvernement promet aux agriculteurs de l'Ouest canadien qu'il ne changera pas le rôle de la Commission canadienne du blé en ce qui a trait à la commercialisation du blé avant que le vote n'ait lieu.
Le ministre Ritz a fait une promesse semblable à un groupe d'agriculteurs de l'Ouest du Manitoba en mars cette année, lorsqu'il a déclaré que le gouvernement Harper respectait le vote des agriculteurs qui avaient constamment élu une majorité d'administrateurs de la Commission canadienne du blé en faveur du guichet unique. Il n'y aurait aucune tentative d'imposer la commercialisation mixte au CCB sans qu'une majorité de producteurs ait voté en ce sens, leur a-t-il dit, dans le cadre d'une allocution qualifiée par les médias de discours à saveur électorale. Je le cite: « Tant que les agriculteurs ne se prononceront pas en faveur de ce changement, je ne suis pas prêt à travailler de façon arbitraire [...] ». Et il a ajouté: « [...] ils [les agriculteurs] ont entièrement raison de croire en la démocratie. J'y crois moi aussi. »
Comme il est ironique de voir des gens qui se sont lancés en politique fédérale à l'aide d'un programme en faveur de la démocratie participative, des plébiscites et de la réforme prendre aujourd'hui des mesures diamétralement opposées. À quoi bon la démocratie participative et la primauté du droit si, selon le gouvernement, les élections générales du 2 mai ont amplement suffit à obtenir l'avis des agriculteurs?
Je ferais respectueusement valoir au comité que l'obtention d'une majorité au gouvernement ne confère pas un pouvoir absolu. Le Parlement est souverain, mais pas même lui ne peut faire fi des lois du pays simplement parce qu'elles ne cadrent pas avec son programme.
Le gouvernement Harper a enfreint la loi en introduisant le projet de loi C-18 le 18 octobre. Il a enfreint la loi parce qu'il n'a pas d'abord tenu un scrutin parmi les producteurs touchés, comme l'exige l'article 47.1 de la Loi sur la Commission canadienne du blé, qui est toujours en vigueur. En faisant fi de l'article 47.1, le gouvernement Harper a retiré à tous les agriculteurs leur droit garanti par la loi d'avoir leur mot à dire dans l'avenir de la CCB, que ces agriculteurs soient gros ou petits, jeunes ou vieux, biologiques ou classiques.
Comme le gouvernement a refusé de tenir un scrutin parmi les agriculteurs, nous avons tenu notre propre plébiscite cet été. Presque 40 000 agriculteurs y ont participé. La majorité a décidé de conserver le système de commercialisation à guichet unique pour le blé et l'orge.
Pourquoi? Parce que le système à guichet unique est plus payant pour eux. C'est aussi simple que ça. Vous pouvez interpréter cela comme vous voulez. Vous pouvez comparer le prix au comptant et le prix commun. Vous pouvez crier jusqu'à en perdre haleine, mais rien ne va changer le simple fait économique suivant: un vendeur unique pourra toujours obtenir pour son produit un prix plus élevé que de multiples vendeurs. C'est pourquoi les agriculteurs ont voté en faveur du maintien du guichet unique, mais le gouvernement refuse d'écouter les agriculteurs.
J'aimerais parler précisément de la partie 1 du projet de loi C-18, les article 2 à 6 et l'article 12 en particulier. Ce sont les dispositions qui éliminent les 10 administrateurs élus qui, avec cinq personnes nommées par le gouvernement, dirigent la CCB. Ces dispositions mettent effectivement fin à la capacité des agriculteurs d'exercer un contrôle direct sur l'organisation à laquelle ils cotisent. Ces dispositions nous ramènent dans le passé, à une époque où le gouvernement exerçait un contrôle total. Loin de placer les agriculteurs en premier — ce que le gouvernement se dit déterminé à faire —, cela place les agriculteurs en dernier et les marginalisent dans leur propre industrie. Ces dispositions annulent tous les progrès qu'a fait la Commission canadienne du blé depuis qu'elle est devenue une organisation contrôlée par les agriculteurs.
Le secrétaire parlementaire Anderson a été cité dans un communiqué de presse récent; il aurait déclaré que le mandat du comité était de — encore une fois, je le cite: « [...] s'attacher à l'avenir plutôt que de passer en revue ce que nous avons déjà entendu ». Une chose que le gouvernement n'a pas entendue dans le cadre de ce pseudo débat, c'est la voix des agriculteurs. Je ne parle pas des groupes d'intérêt financés par de grands joueurs du négoce agricole, qui ne représentent qu'une part modeste des agriculteurs, mais qui se trouvent à avoir l'oreille du gouvernement. Non, je parle de la voix de tous les agriculteurs — la voix qui s'est exprimée et qui s'exprimerait encore dans le cadre d'un plébiscite axée sur une question claire et simple afin de déterminer ce qu'ils veulent. Nous avons tenu notre propre plébiscite, et 57 p. 100 des agriculteurs y ont participé — essentiellement la même proportion que ceux qui ont voté aux dernières élections fédérales. Ce taux de participation a été obtenu malgré des efforts concertés pour que les agriculteurs boycottent le processus. Pourtant, un nombre record d'agriculteurs a voté dans le cadre du plébiscite, et leur décision est le seul vrai mandat de la CCB, un mandat clair et fort qui consiste à maintenir le guichet unique.
Le gouvernement s'est attaqué à plusieurs reprises au processus et aux résultats, mais ce à quoi il s'attaque en réalité, c'est au droit de parole des agriculteurs. Si le problème tenait à notre processus, alors il ne fait aucun doute que le gouvernement aurait respecté la loi et honoré ses engagements antérieurs envers les agriculteurs des Prairies et aurait tenu un plébiscite.
Je vais conclure en vous demandant tous de penser à l'avenir, comme le souhaitait M. Anderson. Songez au sort d'une industrie céréalière future où les agriculteurs sont réduits à un rôle accessoire dans la chaîne d'approvisionnement mondiale, où le contrôle et l'influence des agriculteurs sont choses du passé, où les agriculteurs sont bâillonnés, où les agriculteurs ne pourraient pas rétablir une agence de commercialisation du blé à guichet unique s'ils le désiraient, parce que le guichet unique est disparu, il est disparu pour toujours.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président, mesdames et messieurs.
J'exploite une ferme à temps plein, avec l'aide de ma femme et de mes deux fils, dans le centre de la Saskatchewan, dans le village de Bladworth. Comme il a été mentionné dans l'introduction, j'ai été élu au premier conseil d'administration élu par les producteurs lorsque la Commission canadienne du blé a été privatisée et placée entre les mains des agriculteurs, en 1998.
J'aimerais communiquer quatre idées bien précises au comité.
La première tient au processus. Je vois qu'Allen a parlé de certains des enjeux touchant le processus, et je vais tenter de ne pas répéter ce qu'il a dit.
La deuxième est la perte du bénéfice sur le plan de la commercialisation. Dans le processus de renationalisation de la Commission canadienne du blé entrepris par le gouvernement, cet élément sera une perte que devront essuyer les agriculteurs des Prairies. Encore une fois, je ne vais pas consacrer beaucoup de temps à cette idée.
L'élément qui revêt la plus grande importance à mes yeux tient aux problèmes accessoires qui surviendront ultérieurement en raison de l'approche irréfléchie du gouvernement à l'égard de la Commission canadienne du blé.
Et, enfin, la quatrième idée que j'aimerais soulever, c'est qu'il y avait beaucoup d'autres solutions. Le processus — sa rapidité — et l'omission de tenir des audiences ouvertes ont placé le gouvernement dans une position où il ne peut pas examiner les solutions qui se présentent à lui pour réaliser ce que je considère être une grande partie des objectifs énoncés par le gouvernement sans faire autant de ravages dans la chaîne d'approvisionnement que la loi actuelle le permet.
Alors, pour ce qui est du processus, comme je l'ai mentionné, j'ai été élu au moment de la première élection, lorsque la Commission a été placée entre les mains des agriculteurs, en 1998. À cette époque, le ministre responsable de la Commission canadienne du blé était venu rencontrer le conseil d'administration de la Commission canadienne du blé.
Il est probablement important de noter que, pour remporter une élection dans le cadre de ce processus, il fallait obtenir 50 p. 100 plus une voix dans son district. Alors, nous avions, tous les 10, accompli cela. Le ministre de l'époque a dit que voilà, au bout du compte, le contrôle de cette organisation était passé du gouvernement aux agriculteurs. Pour la période qui a suivi, le ministre responsable de la Commission canadienne du pays à l'époque, l'honorable Ralph Goodale, avait une lettre type selon laquelle le contrôle de l'organisation avait été transféré aux agriculteurs et que, si on avait une préoccupation à cet égard, on devrait s'adresser à son administrateur agriculteur.
Au bout du compte, les administrateurs élus et les politiciens ont répété aux agriculteurs, dans le cadre d'une multitude de réunions, que tout changement relatif à l'avenir de l'organisme serait soumis à un vote des agriculteurs et que tout changement relatif au contrôle et à la façon dont la Commission est administrée serait apporté par l'entremise du représentant élu. Comme j'étais ce représentant élu, je peux vous assurer que ces voix se sont fait entendre par les gens qui, comme moi, siégeaient au conseil.
Allen a mentionné le processus proposé dans le projet de loi, qui revient à la reprise par le gouvernement du contrôle et à un processus qui, dans le milieu agricole, commence à être appelé « renationalisation de notre organisation de commercialisation ». Je n'ai pas besoin de m'attarder sur ce sujet davantage. Je crois qu'Allen a bien abordé les points du processus.
Pour ce qui est des avantages sur le plan de la commercialisation, à ses débuts, le conseil d'administration rassemblait des gens aux points de vue aussi différents que ceux dans le milieu agricole en général. Nous devions entreprendre un processus qui mesurerait le rendement marketing de l'organisation et sa capacité de réaliser des bénéfices grâce au guichet unique, parce que nous avions des points de vue très divergents. Comme nous avions des opinions très divergentes, nous avions convenu d'un processus. Ce processus a ensuite été vérifié par des théoriciens externes, dont des partisans et des détracteurs de l'organisation. Ensuite, à l'aide de cette méthode, le conseil a évalué le personnel, et nous avons conclu que de 400 à 600 millions de dollars par année seraient perdus en l'absence d'un guichet unique.
Cela était crucial à la mobilisation du conseil. Les voix qui avaient été élues en tant que tenants de la commercialisation mixte, comme Ken Ritter, décédé lundi dernier, Rod Flaman et Ross Keith, qui était un des joueurs nommés, auraient tous adopté ce point de vue avant leur élection, et ils auraient entrepris ce processus et auraient dit que la valeur était réelle et importante dans l'Ouest canadien.
Et il n'y a aucun débat parmi les gens qui connaissent ce processus. Comme l'a dit Allen, le guichet unique permet aux agriculteurs de toucher plus d'argent, et le gouvernement est en train de sortir un montant de l'ordre de 400 à 600 millions de dollars des poches de nos agriculteurs chaque année, à cause de ce qu'il fait au processus de commercialisation du grains.
Ce sont des faits reconnus et généralement acceptés.
L'élément que j'aimerais aborder concernant l'avenir tient à ce que j'appelle les répercussions accessoires sur le système de manutention et de transport du grain causées par les activités qui découleront de la démarche du gouvernement — un élément prospectif, si vous voulez.
Le conseil a joué un rôle important et crucial à l'égard du système de manutention et de transport du grain et, au bout du compte, il y aura de graves contrecoups après le retrait du conseil. Le contrecoup le plus chargé sur le plan politique sera peut-être la pression commerciale exercée sur les wagons de producteurs. La dynamique économique est la suivante: la présence d'un négociant central uniformise les règles du jeu qui déterminent comment les agriculteurs veulent interagir avec l'agent de mise en marché. En l'absence d'un joueur unique, les entreprises qui finissent par s'occuper de la commercialisation internationale — les très gros joueurs — seront dans une position qui leur permettra de fixer la valeur lorsque le grain changera de mains à Vancouver.
On n'a pas besoin d'avoir une maîtrise en économie pour comprendre; on n'a qu'à regarder les données. En réalité, les wagons de producteurs non-membres de la Commission transportés au cours des quatre dernières années représentent en moyenne 2,825 p. 100 des wagons de producteurs totaux. Et, s'il vous vient l'envie de faire le tour de l'Ouest canadien pour dire aux agriculteurs que les chemins de fer secondaires vont être en marche lorsque vous obtiendrez les 2,8 p. 100, alors, bonne chance, car les agriculteurs ne sont pas dupes.
En termes simples, le problème, c'est que vous ne pouvez pas contrôler le processus de détermination du prix. Vous ne pouvez pas obtenir un marché de revente à Vancouver et profiter de la transparence d'un processus de détermination du prix dans un port qui doit fonctionner à un rythme rapide. C'est non pas une question, mais un problème, et vous avez accéléré le processus au point où vous n'avez plus de solution à ce problème.
Une fois que vous aurez retiré ces wagons de producteurs... Au bout du compte, les chemins de fer secondaires sont complètement dépendants des wagons de producteurs. Il y a la question de l'infrastructure que les provinces et les municipalités devront prendre en main lorsqu'elles verront la dévastation qui surviendra probablement en l'absence de solutions économiques à ce qui est actuellement offert à l'égard des wagons de producteurs.
Le port de Churchill, qui n'est pas la propriété de l'une des sociétés exploitant la ligne principale, dépend entièrement d'un programme d'exportation continue de la côte Est, où une capacité de transporter des clients de Churchill dans le cadre d'une entente d'acheminement en continu est requise, où une organisation comme la Commission canadienne du blé pouvait mener ses activités commerciales avec succès. À une autre époque, j'étais le directeur de la mise en marché pour l'Europe de l'Est et l'Europe de l'Ouest. Je sortais tout juste de l'université. Je faisais partie du programme qui amenait des clients au port de Churchill, et j'avais réussi à faire cela en générant un énorme rendement économique pour les intérêts communs, car on pouvait transférer de façon continue ces grains qui, autrement, auraient été acheminés par voie maritime. Il faut tout un ensemble d'éléments commerciaux pour rendre cela viable, et aucun des exploitants indépendants n'a le même ensemble d'incitatifs qu'un groupe d'exploitants lorsqu'on utilise le rendement à la production comme unique indicateur économique.
Le port de Churchill éprouvera probablement beaucoup de difficultés commerciales en l'absence d'une telle chose et, au fond, on ne s'est jamais interrogé sur les raisons qui mèneront à cela, alors on ne saurait comprendre ces raisons.
Quant à ceux qui n'ont pas accès à un port, j'ai noté avec intérêt l'absence d'un facteur d'ajustement du fret dans le projet de loi actuel, lorsqu'on songe aux dispositions supprimées. Certes, une société céréalière privée qu'on voudrait établir — votre nouvel organisme de la Couronne ou j'ignore comment vous voulez appeler votre société céréalière fédérale — ne pourrait pas être exploitée en fonction d'un FAF. Je ne dis pas que ce devrait être le cas, mais le FAF est un élément important à comprendre, car il s'agit de l'outil commercial employé pour répartir la capacité restreinte des installations de manutention de la côte Ouest de façon économique, ce qui permettait le transfert des plus grands clients à l'autre port. En l'absence d'un tel outil, chacun insistera pour que sa marchandise soit transférée à la côte Ouest. La côte Ouest sera exposée à une énorme pression économique.
Je peux vous dire ce qui arrive à un marché où on exerce une pression sur la capacité portuaire. Est-ce que quelqu'un sait ce qui est arrivé au coût du transport des grains dans les terminaux de la côte Ouest américaine lorsque l'embargo sur les exportations de l'Union soviétique était en place? Pour ceux qui observent les marchés, la différence entre une offre ferroviaire et une offre portuaire dans le cas du blé de printemps foncé du nord à la suite de l'introduction de l'embargo sur le fret équivalait à 3 $ le boisseau.
C'est exact. C'était 100 $ la tonne.
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Merci, monsieur le président, et bonsoir.
Je m'appelle Kenneth Rosaasen. Je suis économiste agricole et professeur à l'Université de la Saskatchewan. J'ai grandi sur une ferme familiale qui date de 1905 et je continue à y pratiquer l'agriculture avec ma famille.
J'aimerais exposer certaines répercussions à long terme qu'entraînerait le projet de loi C-18 sous sa forme actuelle et expliquer l'incertitude qu'il crée.
D'abord, il faut examiner les répercussions de la perte de revenus sur le secteur agricole. D'autres intervenants ont mentionné que ces pertes seraient de l'ordre de 400 à 600 millions de dollars par année et ont fait état des études menées à ce sujet par des économistes de renom. Comme l'a souligné Ian, les administrateurs qui n'étaient pas convaincus au moment où ils sont entrés en postes sont vite devenus de chauds partisans de Commission une fois qu'ils ont pris connaissance de son fonctionnement à l'interne.
L'abolition du comptoir unique prive les agriculteurs de revenus et les transfère vers des consommateurs vivant pour la plupart à l'étranger. Cela créé aussi de meilleures perspectives, peut-être, au chapitre des marges commerciales des compagnies céréalières.
Le gouvernement du Canada, tout comme celui de la Saskatchewan, a fortement appuyé le maintien de Canpotex, comptoir unique pour la potasse. Sur le plan conceptuel, les variables économiques sont semblables. La potasse de la Saskatchewan a été reconnue à juste titre par le gouvernement fédéral comme une ressource stratégique. Les ressources relatives à la production alimentaire et les récoltes obtenues ne sont-elles pas tout aussi importantes dans l'Ouest canadien?
Sous sa forme actuelle, le projet de loi C-18 abolira tous les conseils d'agriculteurs élus et les remplacera par cinq administrateurs désignés par le gouvernement. J'appelle cela l'« agence de commercialisation du gouvernement », car les biens qui appartiennent aux agriculteurs font essentiellement l'objet d'une expropriation. Il n'est donc pas simplement question de frais de fermeture, qui sont également envisagés par vos vérificateurs.
Quelqu'un a laissé entendre que la Commission canadienne du blé a également de la valeur en soi, comme elle génère environ de 400 à 600 millions de dollars de revenus par année. Quelle est la valeur capitalisée de cette mesure? Dans certaines lois, lorsque des changements sont apportés, on convient d'une indemnité à verser aux personnes lésées. Des indemnités ont été versées en application de la Loi sur le transport du grain de l'Ouest en raison de la perte des paiements liés aux services marchandises ferroviaires. Votre gouvernement a récemment fait la même chose en versant des indemnités forfaitaires relativement au tabac, reconnaissant ainsi ce qu'il en coûte aux personnes lésées. Parfois, on verse des indemnités; d'autres fois, le litige se règle devant les tribunaux.
Certains affirment qu'une CCB dépourvue de comptoir unique peut être viable. Je ne suis pas de cet avis, et ce, pour plusieurs raisons. La nouvelle agence de commercialisation du gouvernement ne comptera aucun point de livraison physique, ni au pays ni dans des terminaux. Pour ce qui est de l'accès, elle s'appuiera seulement sur la bonne volonté de puissantes compagnies céréalières — ce qui, selon moi, est à tout le moins naïf. Les PDG sont récompensés en fonction des bénéfices nets qu'ils engrangent, pas de leur gentillesse à l'égard de leurs nouveaux concurrents.
En outre, si nous n'avons pas la capacité de contrôler physiquement le produit, les possibilités relatives au mélange reviendront aux entreprises et non aux agences de commercialisation du gouvernement. Vraiment, il ne faut pas s'étonner que les compagnies céréalières fassent des revendications pour s'approprier ces marges commerciales accrues au détriment des personnes qui auraient pu livrer le grain à cette nouvelle agence gouvernementale de commercialisation. Cette agence pourrait agir comme courtier et peut-être comme mécanisme de mise en commun. À mon avis, sa survie est hautement improbable.
Lorsque la commission australienne du blé est allée de l'avant dans cette direction, elle disposait d'une période de transition beaucoup plus longue, elle avait des atouts et s'était vu accorder des avantages législatifs considérables sur le plan de la livraison et de l'accès, entre autres choses. Pourtant, elle n'existe plus, ayant été vendue à Cargill.
La troisième composante de toute organisation, y compris de cette nouvelle agence de commercialisation du gouvernement, consiste en les administrateurs et en les compétences qu'ils possèdent. Nous ne savons pas de qui il s'agit et nous ne savons pas non plus quel genre d'employés compétents pourraient demeurer en poste durant une période de transition et d'incertitude.
Aux termes du projet de loi actuel, notre ferme ne signerait aucun contrat afin de livrer des récoltes à cette nouvelle agence de commercialisation. Et de nombreux agriculteurs avec qui j'ai parlé sont du même avis. Notre ferme mise sur les outils de commercialisation déjà en place et sur la capacité de conclure des marchés à terme. Je donne des cours sur la commercialisation des grains. Nous vendons notre canola à contrat, et j'ai déjà vendu les cultures que je compte planter pour l'automne 2012. Je ne peux pas faire la même chose pour le blé. Il n'y a aucun marché à terme en place, et personne n'a encore pris ce risque.
Au Canada, nos antécédents relatifs au fonctionnement des marchés à terme ne sont pas très reluisants. Nous n'avons pas réussi à en organiser un pour le lin, le seigle, les pois, l'avoine et le blé fourrager, et maintenant, il n'y a pratiquement aucun intérêt en cours ni volume de livraison pour l'orge fourragère. Il n'y a pas de quoi être fier.
La principale difficulté est d'en créer un pour le blé, et certains disent qu'il faut s'inspirer de l'exemple du canola. Mais combien de personnes se donnent la peine d'examiner le contrat, c'est-à-dire le contrat numéro un où le grade livrable correspond à un taux d'impuretés de 8 p. 100? Cela signifie que, à 12 $ le boisseau — le prix du marché —, je ne reçois aucun paiement en fonction du taux d'impuretés. On soustrait le montant de ce qui me revient, mais c'est ce qui doit être livré selon le contrat. Dans les marchés à terme, on ne laisse pas les agriculteurs livrer leurs récoltes et se faire payer au comptant. On ne les laisse pas se regrouper, et c'est un des éléments clés.
Ian a traité de la question des wagons de producteurs. Selon la loi, on peut faire la livraison, mais cela n'a pas d'importance si on n'est pas en mesure de décharger sa cargaison. Il faut revoir le cadre législatif afin qu'il reflète les changements qui se produisent dans le monde.
La Commission canadienne du blé a défendu les intérêts des cultivateurs de blé, de blé dur et d'orge dans le cadre d'actions en recours de droits compensateurs intentées par les États-Unis ou d'autres pays. Qui jouera ce rôle, à présent? L'Union européenne et certains pays ont cherché à faire abolir la Commission canadienne du blé. Les États-Unis s'en prennent à elle en disant qu'elle est une société d'État. J'ai demandé à notre négociateur si nous nous en tirions bien. Or, il est plutôt difficile de négocier quelque chose quand le gouvernement cède.
Le projet de loi C-18 aura des répercussions majeures sur les producteurs de céréales des Prairies, et la rapidité avec laquelle les choses évoluent est sans précédent. J'ai suivi les activités du gouvernement -— la subvention du Nid-de-Corbeau, le débat autour de la politique concernant les céréales fourragères —, et aucune mesure n'a été adoptée de façon aussi précipitée.
Je vous fais remarquer que, dans nombre de cas, nous procédons à l'analyse de nouvelles variétés et que nous utilisions de petits lots pour mettre à l'essai les engrais chimiques ainsi que d'autres choses afin d'être certains de notre coup. J'estime que nous devrions faire la même chose dans ce cas-ci. Si le gouvernement est déterminé à aller de l'avant, je suggérerais qu'on le fasse d'abord, au moyen de cette approche rationnelle, avec un marché continental de l'orge en août 2012 et qu'on reporte d'un an la mise en œuvre de cette mesure pour le blé et le blé dur à cause de toute l'incertitude.
Dans un an, le gouvernement sera encore majoritaire. Les dates d'élection sont fixes. Sur la ferme où j'ai grandi, mon père et mon oncle m'ont donné ce conseil: « Quand tu construis quelque chose, mesure deux fois et coupe une fois. » Il faut se doter d'un plan plus précis que celui qui est exposé dans le projet de loi C-18 pour favoriser une transition en douceur au chapitre du système de transport et de la commercialisation du grain des Prairies, ce qui donnerait lieu à beaucoup moins d'incertitude et qui entraînerait beaucoup moins de coûts à long terme.
Merci de votre attention.
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Merci, monsieur le président.
Messieurs, merci d'être avec nous ce soir. Merci pour le temps que vous nous consacrez.
Je regarde ce qui se passe et je suis stupéfait. Cela fait 20, 30, 40 ans que l'on débat la question dans les Prairies. Rien de ce que vous avez dit aujourd'hui, monsieur Rosaasen, n'a pas déjà été abordé et débattu. Nous pourrions débattre la question durant 30 heures, cela ne changerait rien à l'opinion des gens, qu'ils soient d'accord avec vous ou non. Personne ne discutera non plus de la possibilité que vous ayez été payé par la Commission pour des études antérieures menées par vous-même ou par vos collègues.
En ce qui concerne les Prairies, ce n'est pas le fait de tenir un plébiscite qui compte, mais la question. Qui pose cette question? Quelle est la question posée? Voilà ce qui compte.
Ce qui est dit n'a pas d'importance, car les gens ont déjà dit qu'ils ont examiné la question sous tous ses angles. Ce sont les députés de l'opposition qui sont décevants. Je ne les blâme pas. Ils ne vivent pas dans la région et n'ont donc pas nécessairement la même expérience que certains d'entre nous, du Parti conservateur, ont à titre d'agriculteurs. Ce débat existe depuis toujours.
Quand j'étais agriculteur, j'ai suivi le cours « Combine to Customer », entre autres. J'ai suivi la formation de la Commission canadienne du blé et j'ai vu le travail que vous faisiez au chapitre de la valeur ajoutée. J'ai été en fait très impressionné par ce travail. J'ai même été très impressionné par les employés et par les gens de votre organisation qui travaillaient avec moi.
Voilà ce que je trouve un peu déroutant. Vous saviez ce qui s'en venait. De fait, en 2005-2006, vous avez publié un rapport intitulé Une récolte de possibilités. Monsieur McCreary, si je ne m'abuse, vous l'avez même présenté à Ottawa. Vous avez parlé de se tourner vers l'avenir et de prendre des mesures pour que la Commission puisse tirer son épingle du jeu. Vous avez examiné divers types de programmes de détermination des prix ainsi que les moyens d'essayer d'en arriver à un compromis avec les agriculteurs. Mais vous n'étiez jamais prêt à mettre assez d'eau dans votre vin pour satisfaire le groupe d'agriculteurs qui voulaient plus de liberté.
Lorsque vous avez discuté avec les agriculteurs qui souhaitaient bâtir une usine de blé dur à Weyburn, vous avez finalement refusé leur demande, alors qu'il existe sept usines de blé dur de l'autre côté de la frontière, dans le Dakota du Nord. Il y a eu de l'intimidation. Votre organisation a recours de l'intimidation dans les Prairies, et ce, depuis trop longtemps. Il faut que ça change.
Une chose qui me déçoit beaucoup, c'est que vous saviez que ce changement allait se produire. Il est annoncé depuis bien assez longtemps — les premiers signes ne remontent peut-être pas à un an ni à deux ans, mais bien à cinq ans, compte tenu des mesures prises par l'OMC. Qui sait? Mais vous deviez élaborer un plan en vue de ce changement. Je vous ai demandé à maintes reprises si vous aviez un plan de rechange pour protéger ces employés et pour vous assurer que les agriculteurs qui souhaitaient avoir recours à leur CCB auraient la possibilité et la capacité de le faire. Avez-vous bien réfléchi à un tel processus?
Nous avons demandé à des personnes de votre camp de vous joindre au groupe de travail et de prendre part au processus de changement et de transition. Je crois comprendre que M. White y a participé, mais que vous, monsieur Oberg, ne l'avez pas fait. Vous avez choisi de ne pas y participer.
Vous auriez pu aller voir les agriculteurs et leur demander de faire front commun avec leurs acres, puis vous auriez pu aller voir vos clients et vos exportateurs accrédités et leur dire: « Vous savez quoi? Le changement va se produire, mais un certain nombre d'agriculteurs — 22 000, supposément — nous appuient et nous ont réservé leurs acres, et nous avons obtenus leur signature et nous aurons plein de boisseaux de grains pour les deux ou trois prochaines années. » Mais vous ne l'avez pas fait. Vous auriez pu le faire. Vous auriez pu dire aux clients et aux usines de blé dur:« Nous avons tout ce volume, alors, du calme, tout va bien se passer. »
Si vous aviez fait cela, vous ne seriez pas venu à Ottawa pour me dire que les agriculteurs ne pourront pas fournir de blé ou de blé dur de mouture en mars ou en avril de l'an prochain. Mais ce n'est pas ce que vous avez fait. Vous avez continué à mener un combat idéologique, et c'est ce qui me déçoit le plus.
Au lieu de chercher à défendre les intérêts des agriculteurs — comme je le fais moi-même et comme l'a fait le ministre lorsqu'il a modifié le conseil d'administration —, vous avez choisi de faire comme Thelma et Louise, disant que si vous n'obtenez pas ce que vous souhaitez, vous allez mener ce projet jusqu'au précipice et vous assurer que rien ne fonctionne pour personne.
Monsieur Rosaasen, vous avez parlé de l'instabilité du marché. Eh bien, c'est exactement ce que vous avez causé en vous comportant de la sorte. Et c'est décevant, car vous n'avez pas été élu pour déstabiliser le marché. Vous n'avez pas été élu pour créer de l'insécurité sur le marché. Vous avez été élu pour commercialiser le grain. Voilà ce qu'était votre mandat, et vous avez choisi de ne pas le remplir. Vous avez choisi d'emprunter l'autre voie et de faire plus de mal que de bien en agissant selon une idéologie. C'est très décevant.
Monsieur Oberg, comment pouvez-vous justifier cela? Comment allez-vous justifier cela aux agriculteurs de votre comté lorsque vous y retournerez? Allez-vous leur dire: « J'ai dit au NPD de déstabiliser les choses et de mettre des bâtons dans les roues »? Comment justifiez-vous cela? Comment justifiez-vous le fait que vous dépensez de l'argent pour défendre le comptoir unique, alors que la majorité des agriculteurs ne souhaitent pas que vous le fassiez? Comment justifiez-vous cela, alors qu'une ordonnance du tribunal vous interdit de le faire?
D'abord, je vais me pencher très rapidement et simplement sur la qualité des grains.
C'est la Commission canadienne des grains qui établit les grades, mais la valeur finale de chaque grade peut varier en fonction de la discrimination de prix exercée par le comptoir unique. C'est aussi simple que cela, mais cela joue un grand rôle dans la destination des grains. Vous dites que, sur le marché, il y a des pois et des lentilles de grades nos 1 et 2, mais qu'on reçoit le même montant pour ces deux grades. Il n'y a pas de prime pour les lentilles et les pois de grade no 1. Cela est dû au fait qu'il n'y a aucun comptoir unique qui exercerait une discrimination de prix pour ces cultures. Une telle discrimination de prix existe pour le blé. C'est ce qui explique en partie la prime du marché.
En ce qui concerne les wagons de producteurs et le système de comptoir unique, il y a deux liens très importants. Le plus important, pour un expéditeur de wagons de producteurs, c'est de disposer d'un marché liquide permettant des changements de propriétaires au port, car, au lieu de le vendre en fonction de la situation au silo, les expéditeurs le vendent en fonction de celle au port.
Dans les années 1970 et 1980, le Canada — dont la production se chiffrait à 2 millions de tonnes — a essayé de suivre un processus de détermination du prix au port, mais il n'avait pas la capacité voulue pour le gérer. Comme il y a 20 millions de tonnes de blé, un tel processus est hors de question. La valeur tient à ce qui sort du wagon, et, au final, si ce n'est pas assez profitable, on ne l'expédie pas, car il est bien plus simple de l'apporter à un silo local. Cela n'implique aucun travail, et c'est pourquoi, finalement, il n'y a pas de wagons de producteurs, ou, du moins, très peu. Moins de 3 p. 100 du grain ne provient pas de la Commission.
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Merci, monsieur le président. Je suis heureux d'être ici ce soir.
Je devrais peut-être rappeler certains faits, car je ne suis pas certain que les membres du comité en comprennent l'importance, puisqu'ils affirment qu'il n'existe aucune étude à l'appui des avantages du comptoir unique.
Hier soir, nous avons entendu qu'un certain nombre d'études ont été menées sur la question. Je pense qu'elles soulignaient toutes des avantages de l'abolition du comptoir unique. Parmi ces études, il y a The Economics of Single Desk Selling of Wertern Canadian Grain, qui date de 1996; A Bushel Half Full: Reforming the Canadian Wheat Board, publiée par le C.D. Howe Institute en 2008; Pulling the Plug on Monopoly Power: Reform for the Canadian Wheat Board, aussi publiée par le C.D. Howe Institute en 2011; Benefits and Costs of a Voluntary Wheat Board for the Province of Alberta, publiée par le George Morris Centre en 2002; The Move to a Voluntary Canadian Wheat Board: What Should Be Expected?, également publiée par le George Morris Centre en 2011; et An Open Market for CWB Grain: A study to determine the implications of an open marketplace in western Canadian wheat, durum and barley for farmers, publiée par Informa Economics en 2008.
En fait, hier soir, je crois, nous avons lu un passage de l'étude menée par Informa indiquant que l'ouverture du marché permettra aux agriculteurs de gagner un revenu additionnel de 400à 600 millions de dollars par année.
Je veux souligner, monsieur le président, que les agriculteurs passent toute l'année à travailler en vue de la récolte. Ils plantent leurs semences. Ils passent des marchés. Ils ensemencent leurs terres et veillent sur leurs cultures toute l'année. S'ils font tout cela, c'est dans le seul but d'avoir une bonne récolte.
Aujourd'hui, j'ai constaté que les PDR pour le blé roux de printemps 11,5 sont à 7,50 $. C'est le prix moyen auquel les agriculteurs canadiens peuvent s'attendre pour l'année, s'ils livrent le grain. La semaine dernière, au Montana, le prix au comptant était de 11,50 $. C'est donc induire en erreur les gens que de dire que le comptoir unique nous fournit un quelconque avantage.
Je suis très préoccupé par les montants d'argent investis aux fins de cette campagne, monsieur le président. Aujourd'hui, seulement pour faire paraître une annonce dans un journal national qui n'est guère disponible dans mon comté, ces messieurs ont dépensé l'équivalent de 8 500 boisseaux à 7,50 $ chacun.
Je crois comprendre que, pour mener leur sondage et tâcher d'obtenir la réponse qu'ils souhaitaient, ils ont gaspillé l'équivalent de 40 000 boisseaux de grains à même les ressources des agriculteurs.
Ma question à monsieur Oberg ce soir est la suivante. Vous avez déjà reconnu avoir dépensé des centaines de milliers de dollars afin d'obtenir la réponse que vous souhaitiez dans le cadre de votre sondage bidon. Pourriez-vous me dire combien d'argent vous avez dépensé pour lutter contre ce projet de loi? Quel est votre budget?
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Merci. C'est une question importante.
Le rôle économique du port de Churchill — pour un organisme comme la Commission canadienne du blé ou pour un exploitant agricole dont la valeur est calculée à partir de la ferme — consiste simplement à tracer une ligne de la ferme jusqu'au client. On se demande: « Quelle est la façon la plus rentable de transporter ce grain? Peu importe que je sois propriétaire ou non du terminal. Les autres détails n'ont aucune importance. Comment puis-je transporter ce grain du point A au point B? » Pour les clients qui expédient leur marchandise vers l'est, le port de Churchill procure un avantage d'environ 22 ou 23 $ par rapport au trajet de Thunder Bay jusqu'à un silo de transbordement situé le long du Saint-Laurent — c'était du moins le chiffre exact lorsque j'étais directeur de la mise en marché. À l'époque, la différence entre les taux de fret maritime — c'est-à-dire que le consommateur procède de cette façon au lieu de prendre les marchandises le long du Saint-Laurent et de les expédier via le port de Churchill — variaient bien sûr selon la saison et le client, tout dépendant si on utilisait des navires renforcés contre la glace. Quoi qu'il en soit, le montant était d'environ 8 $, ce qui aurait fortement incité les clients à parcourir la distance supplémentaire sur l'eau. Il s'agit d'un montant approximatif, mais, dans le cas d'un agriculteur des Prairies, on parle d'une perte de 14 $ la tonne lorsque le transbordement ne se fait pas par Churchill.
Au bout du compte, la Commission canadienne du blé est le seul grand expéditeur. Il y a d'autres joueurs qui expédient de petits volumes de marchandise via Churchill, mais c'est parce qu'il faut un programme commercial imposant. Bien entendu, le port de Churchill fonctionne pendant une très courte saison. Les clients veulent du grain à longueur d'année, alors il doit y avoir un programme suffisamment important pour servir les clients ailleurs lorsque le port de Churchill n'est pas en activité et être tout de même capable de le faire de la façon la plus économique qui soit jusqu'à ce que Churchill reprenne ses activités.
C'est la raison pour laquelle il est très rentable pour un guichet unique d'utiliser le port de Churchill et pour laquelle il sera difficile d'offrir des incitatifs économiques en l'absence d'un guichet unique. Franchement, on ne réalisera en grande partie que de fausses économies en essayant d'amener des intérêts privés à répliquer un mécanisme semblable, à moins qu'il s'agisse d'exploitants commerciaux très imposants qui exercent surtout leurs activités le long du Saint-Laurent et qui veulent soudainement utiliser un port qui ne leur appartient pas. Il s'agit simplement d'un paquet de morceaux qui sont vraiment difficile à coller ensemble.
Il faut reconnaître que les entrepreneurs qui ont participé à ce projet — tant les propriétaires de la voie que le port — ont déployé beaucoup d'efforts. Ils ont fait leur possible. Je connais des gens qui ont pris part à ce processus de développement depuis que j'ai quitté l'industrie. Ils ont fait des pieds et des mains pour essayer de créer des débouchés, mais ils ne peuvent tout simplement pas obtenir la même valeur sans la transférabilité d'un programme à guichet unique.
Je vous remercie de me donner l'occasion de m'exprimer devant vous ce soir.
L'une des premières choses que je voudrais mettre au clair, c'est que je ne suis pas producteur de céréales; je suis éleveur de bovins. Cependant, je suis également président de la Fédération canadienne de l'agriculture. Bien que la fédération ne représente pas directement les producteurs de céréales, elle compte un certain nombre d'organismes membres qui le font, comme les Wild Rose Agricultural Producers, les Keystone Agricultural Producers et l'Agricultural Producers Association of Saskatchewan; ces organismes regroupent un grand nombre de producteurs de céréales. Par conséquent, lorsque je m'exprime au nom de ces groupes, j'aborde certaines des principales préoccupations soulevées par nos membres. Aujourd'hui, je parlerai de certaines des questions qui se sont dégagées des discussions menées au sein de notre conseil, pas plus tard que la semaine dernière.
L'une des choses que j'ai apprises dès que j'ai été élu président de la Fédération canadienne de l'agriculture, c'est que le dossier de la Commission canadienne du blé déchaîne les passions. Il y a des gens qui appuient la commission et d'autres qui préféreraient avoir accès au libre marché. Chaque camp défend farouchement son point de vue sur la situation.
Je me ferais l'écho d'une préoccupation soulevée par d'autres témoins avant moi, à savoir la rapidité avec laquelle le projet de loi franchit les étapes. Je crois qu'un certain nombre de groupes pourraient être invités à témoigner, notamment les producteurs de céréales de l'Ouest, qui connaissent très bien les caractéristiques de l'industrie céréalière et qui ont certaines inquiétudes. Je crois qu'il serait bien que ces groupes aient la possibilité de se mêler à la discussion.
La Fédération canadienne de l'agriculture a toujours défendu le principe selon lequel les agriculteurs doivent avoir le droit de choisir les types de système qui leur conviennent. Qu'il s'agisse d'un système de mise en marché ou de la définition des priorités en matière de recherche, les agriculteurs doivent être au coeur du processus décisionnel. Je crois que cet aspect était pris en compte dans l'ancienne loi, qui disposait que les agriculteurs avaient leur mot à dire au sujet de tout changement touchant la Commission du blé. Je crois que ce principe devrait être appliqué dans l'avenir. À mon avis, les changements qu'on propose d'apporter à la Commission du blé, y compris la destitution des administrateurs élus, pourraient susciter le mécontentement des agriculteurs s'ils n'ont plus d'autorité directe sur la Commission du blé.
La fédération n'a pas encore pris position à l'égard du guichet unique ou du libre marché. Nous sommes d'avis que les agriculteurs concernés — en l'occurrence, les producteurs de céréales de l'Ouest du Canada — devraient avoir le dernier mot dans cette décision, et que cette décision devrait être prise de façon éclairée.
Cela dit, un certain nombre de points ont retenu l'attention. Le projet de loi actuel prévoit la nomination des administrateurs au lieu de leur élection. Nous croyons que cela va à l'encontre du principe selon lequel les agriculteurs ont le droit de diriger les organismes qui les représentent. Le projet de loi prévoit également du financement pour la Fondation de recherches sur le grain de l'Ouest, l'Institut international du Canada pour le grain et le Centre technique canadien pour l'orge brassicole, mais fournit très peu de détails sur la façon dont les frais seront prélevés. Le projet de loi est également assorti d'une disposition de temporarisation. Je crois que, lorsqu'il est question de la recherche et de la technologie, on doit se doter d'une vision à long terme. Je pense que cela devrait être pris en compte dans le projet de loi.
J'ai mentionné plus tôt que la répartition des wagons de producteurs suscitent encore des préoccupations. On se demande comment on procédera à la répartition et si les petits producteurs auront accès à ces wagons.
L'un des autres aspects qui sont ressortis des discussions est la question de la garantie de paiement pour les grains qui sont vendus. Actuellement, les agriculteurs ont la certitude que la Commission canadienne du blé versera les paiements qui leur sont dus. Il existe un système de caution auquel sont assujettis les petits exploitants de silos. Toutefois, je crois que l'une des choses qu'il ne faut pas oublier à mesure que vous allez de l'avant avec ce projet de loi, c'est que le projet de loi C-13, présenté auparavant, prévoyait déjà d'éliminer les exigences relatives à la caution. Donc, si vous allez de l'avant, n'oubliez pas de vous pencher sur toute la question de la garantie de paiement pour les producteurs qui vendent le grain.
Du côté de la mise en marché, l'un des autres points sur lesquels nos membres ont insisté est la façon dont nous présentons des grains de marque canadienne. La Commission canadienne du blé a pris l'initiative de créer une marque canadienne et d'exploiter des marchés de grande valeur.
L'accès aux silos est l'un des autres aspects soulevés par les producteurs qui craignent que la nouvelle commission du blé n'ait pas accès... Ils se demandent s'il faudrait mettre en place des outils législatifs pour assurer l'accès aux silos.
Comme je l'ai mentionné au début, la fédération ne prétend pas être un expert de la commercialisation des grains, mais nous croyons que les agriculteurs devraient avoir le droit de diriger les organisations qui agissent en leur nom. Nous avons la possibilité de vous faire part de certains des aspects qui préoccupent les agriculteurs, et j'ai attiré votre attention sur ces aspects. Nous devons faire en sorte que les producteurs soient aux faits des changements qui s'en viennent, ce qui rejoint les commentaires que j'ai faits au sujet de la vitesse à laquelle les choses évoluent et de la nécessité de veiller à ce que les producteurs de tout le pays participent à la discussion.
Je répondrai volontiers à vos questions.
Je voudrais remercier le comité de me donner l'occasion de m'exprimer ce soir.
Les producteurs de céréales, d'oléagineux et de légumineuses de l'Ouest du Canada comptent parmi les personnes les plus innovatrices, les plus progressistes et les plus résilientes que je connaisse. Nous avons pu voir la croissance continue dans ces secteurs et la valeur ajoutée aux oléagineux, aux légumineuses et aux autres cultures spéciales. Maintenant, grâce à l'adoption de la Loi sur le libre choix des producteurs de grains en matière de commercialisation, je sais que nous pourrons enfin voir et explorer les mêmes possibilités dans les secteurs du blé et de l'orge.
En pouvant enfin jouir de cette liberté, les producteurs pourront accroître la rentabilité de leur exploitation et la prospérité des collectivités rurales. Toutefois, la majorité des administrateurs de la Commission canadienne du blé veut faire avorter ce projet de loi qui permettrait pourtant aux producteurs de blé et d'orge d'être à la tête d'exploitations progressistes et innovatrices, à l'instar des producteurs de canola et de légumineuses.
J'aimerais aborder un certain nombre d'aspects interreliés. Il y a d'abord le fait que la Commission canadienne du blé fait depuis des années la sourde oreille aux demandes des agriculteurs qu'elle représente. Deuxièmement, le manque d'écoute de la majorité des administrateurs a nuit à la relation entre la commission et le gouvernement fédéral. Enfin, pour cette raison, et parce qu'ils font preuve d'un total manque de respect à l'égard de leurs collègues administrateurs, ces administrateurs du guichet unique ont carrément perdu contact avec la réalité.
Pour ce qui est du fait que la commission n'a pas écouté ce qu'avaient à dire tous les agriculteurs de l'Ouest canadien, je vais revenir rapidement sur le plébiscite sur l'orge tenu en 2007. Les résultats montraient que les agriculteurs étaient en faveur du libre choix en matière de commercialisation. Le président de l'époque, Ken Ritter, avait alors déclaré : « Les résultats du plébiscite sur l'orge annoncés aujourd'hui ne sont pas très surprenants. La CCB a commencé à mener des sondages annuels auprès des agriculteurs il y a 10 ans. Ces résultats semblent cadrer avec les résultats de nos sondages. »
Lorsque j'étais administrateur, j'ai pu examiner les résultats de tous les sondages menés par la commission, jusqu'au dernier, dont les résultats ont été publiés en juin. Les agriculteurs ne se sont jamais prononcés en faveur de la commercialisation de l'orge à l'aide d'un guichet unique. A-t-on jamais écouté les producteurs d'orge durant toutes ces années?
En 2007, le secteur brassicole a clairement fait savoir qu'il n'y aurait aucune nouvelle installation ni aucun investissement dans les installations existantes tant que le guichet unique serait en place. Je suis donc heureux de dire que les choses changeront bientôt. J'étais ravi, hier, d'entendre à Alix, en Alberta, le représentant de Rahr Malting parler des projets d'expansion qu'entend réaliser cette société et de son engagement à établir des partenariats à long terme avec les producteurs pour veiller à ce que ceux-ci approvisionnent Rahr Malting en orge de qualité et à ce que Rahr Malting puisse offrir des produits de malt de qualité à ses clients.
L'association canadienne des engraisseurs de bovins a récemment déclaré que l'essor des activités et la création de variétés, de même que l'apparition de signaux plus clairs sur le marché de l'orge, contribueront à accroître l'utilisation de l'orge et la superficie de culture une fois la disparition du guichet unique.
Que réserve l'avenir au secteur de l'orge? Assisterons-nous à une intensification des activités de fractionnement alimentaire associées à la production de produits de santé? Pourquoi ne pas créer une variété d'orge à haute teneur en amidon destinée à l'industrie des biocarburants?
Je suis également heureux d'entendre que les producteurs de blé dur sont excités d'apprendre qu'une nouvelle usine de production de pâtes ouvrira ses portes dans l'Ouest.
Pour revenir aux sondages, nous avons observé une hausse du nombre de jeunes agriculteurs — ceux qui sont âgés de moins de 45 ans — qui veulent plus de liberté au chapitre de la commercialisation. La Commission du blé doit aussi penser à son avenir. Qui produira les grains dans l'avenir? Ce sera ces jeunes agriculteurs. Nous devons répondre aux besoins de ces jeunes agriculteurs.
Nous avons vu les fermes prendre de l'expansion, et la majorité de leur propriétaire sont en faveur du libre marché. Les données de Statistique Canada révèlent qu'il y a environ 20 000 producteurs de grains dans l'Ouest du Canada. Alors, pourquoi avons-nous envoyé 66 000 bulletins de vote en vue du plébiscite, s'il n'y a que 20 000 producteurs de grains dans l'Ouest?
M. Oberg lui-même a déjà fait une déclaration intéressante. En 2006, devant le comité sénatorial de l'agriculture, il a déclaré que, s'il y avait un plébiscite, « tous les producteurs devraient avoir le droit de voter. La Loi sur la Commission canadienne du blé définit le producteur comme toute personne qui cultive les six grandes catégories de grains ».
La question portant sur un système de commercialisation mixte est posée dans les sondages de la Commission canadienne du blé depuis des années. Les résultats révèlent chaque fois qu'une forte majorité des agriculteurs veulent que la Commission canadienne du blé maintienne un système mixte.
Bien franchement, les agriculteurs savent ce que signifie « système de commercialisation mixte ». Cela signifie que le recours à la Commission canadienne du blé est volontaire. Le fait de présumer que nous ignorons en quoi consiste un système de commercialisation mixte et de ne pas ajouter la question relative à ce système dans le bulletin de vote du plébiscite de l'été dernier est une insulte à l'intelligence de tous les agriculteurs.
Au cours des trois années que j'ai passées à la commission, j'ai observé des tensions constantes entre la majorité des administrateurs et le gouvernement canadien. Nous avons été témoins de l'achat du cargo des lacs; du fait que l'argent des agriculteurs a été dépensé pour tenir un plébiscite non vérifié et non exécutoire; d'une série de pseudo réunions de producteurs auxquelles des groupes d'intérêts, comme le Parti communiste du Canada, ont pu participer pour y faire de la propagande; et, récemment, de la contestation juridique du projet de loi C-18, procédure qui a amené la commission à dépenser encore plus d'argent provenant du compte collectif des agriculteurs. Et j'ai vu la commission aller jusqu'à empêcher la direction de bouger, de commencer à travailler...
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Merci, monsieur le président.
Dans un premier temps, je dois faire une rectification aux fins du compte rendu. Je suis un agriculteur du Nord de l'Alberta. J'ai déjà exercé les fonctions d'administrateur à la Commission du blé. Merci. Je représentais la région qui comprend tout le secteur situé au nord et à l'ouest d'Edmonton, y compris le secteur de la rivière de la Paix, en Colombie-Britannique.
J'ai été élu il y a cinq ans sur la promesse de donner une nouvelle orientation à la Commission canadienne du blé afin qu'elle accorde aux agriculteurs plus de liberté et plus de souplesse dans la gestion de leur exploitation. Je comprenais pleinement le mandat de l'organisme et j'essayais de remplir mon rôle dans les limites de ce mandat, qui consistait à apporter les changements réclamés par les agriculteurs. L'an dernier, j'ai été élu pour un deuxième mandat après avoir fait campagne sur le même thème.
Le 26 octobre, j'ai démissionné du conseil d'administration. En effet, le conseil avait décidé de prendre des mesures auxquelles je ne souscrivais pas. Les principes que je défendais étaient inconciliables avec les mesures préconisées par l'organisme. J'ai démissionné parce que je m'opposais à la poursuite engagée par la commission contre le gouvernement en raison des coûts directs de cette procédure et des coûts indirects liés à l'incertitude que cette poursuite susciterait non seulement dans l'industrie, mais également chez les clients, et j'étais également très préoccupé par les mesures que l'organisme semblait prendre à l'endroit des personnes qui avaient des points de vue différents.
J'ai été suspendu de mes fonctions pendant trois mois à compter de janvier parce que j'avais exprimé certaines opinions en public. Jeff a été exclu de la réunion du conseil de novembre parce qu'il avait fait part de son avis. Cette situation me préoccupait. J'ai remarqué que le fonctionnement de l'organisme était dicté par une idiologie plutôt que par le sens des affaires, ce qui, selon moi, n'est pas une bonne façon d'administrer un organisme de commercialisation des grains. Lorsque je me suis rendu compte que le conseil privilégiait l'approche « c'est ma façon ou rien », c'en était trop. Je trouvais cela tout à fait inacceptable.
À mon avis, les agriculteurs veulent avoir le droit démocratique de commercialiser leur propre grain. Le projet de loi que vous avez sous les yeux est une bonne chose pour le pays. C'est une bonne chose pour l'économie, et je crois que c'est une bonne chose pour les agriculteurs. C'est une bonne façon d'assurer la transition vers une nouvelle entité.
L'idée d'une loi gouvernementale visant à réglementer les prix du grain pour contribuer à l'effort de guerre — ce qui a mené à la Commission canadienne du blé, telle que nous la connaissons aujourd'hui — a fait son temps. Les agriculteurs se sont fait dire quoi faire pendant assez longtemps. La guerre est terminée depuis plus de 67 ans.
Au cours des 30 dernières années, j'ai produit de nombreux types de cultures sur ma ferme. J'ai cultivé du canola, de la fétuque, de l'avoine, du lin, du tournesol et de la luzerne. Seules trois des cultures que j'ai produites sont considérées comme des substances réglementées. L'une d'elles est le chanvre. J'ai cultivé du chanvre industriel pendant un an. J'ai dû obtenir un permis auprès de Santé Canada, et on a vérifié si j'avais un casier judiciaire. Les deux autres substances réglementées étaient le blé et l'orge.
Chaque agriculteur au Canada doit obtenir la permission de la Commission canadienne du blé de vendre son blé et son orge destinés à la consommation humaine. Excusez-moi, je voulais dire tous les agriculteurs de l'Ouest du Canada. Soyons bien clairs: je parle des agriculteurs de l'Ouest du Canada. Je vous pose la question suivante: le blé et l'orge ont-il au Canada une importance si stratégique que le gouvernement doit en régir la commercialisation? Non.
Les agriculteurs sont-ils irrationnels, irresponsables ou ignorants au point qu'ils ne peuvent commercialiser leurs propres récoltes? Non. Les agriculteurs veulent avoir la liberté individuelle et démocratique de commercialiser leurs récoltes. Tous les gens de l'industrie sont fatigués des querelles incessantes, du monopole et du caractère vindicatif de tout le système. La plupart des agriculteurs veulent passer à autre chose.
Donnez à l'industrie la certitude et la capacité de travailler directement avec les agriculteurs, et vous serez témoin de l'essor et du fleurissement de l'industrie. Vous verrez de l'énergie, de l'enthousiame et de l'investissement. Je crois que le projet de loi constitue une bonne transition vers une nouvelle entité avec laquelle les agriculteurs pourront collaborer si cela leur convient.
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C'est une bonne question.
Quand je travaillais pour la Commission canadienne du blé, je cherchais à défendre les intérêts de l'organisme et à m'acquitter de mes responsabilités d'administrateur. J'ai eu l'occasion de fréquenter le Directors College au cours de mon mandat. C'est une bonne organisation et on m'a expliqué clairement ce en quoi consistait le rôle d'administrateur, le fait que certaines choses leur étaient permises et que certaines autres leur étaient interdites.
Je comprenais très bien ce que représentaient les informations confidentielles. L'an dernier, tout au long de la période des élections, je savais que la décision au sujet des bateaux des Grands Lacs était à l'étude. Je n'en ai soufflé mot à personne, parce que, à la Commission, on s'était entendu pour que cela reste confidentiel en raison de la nature délicate de ces discussions. Je ne pouvais même pas en parler à mes agriculteurs, car je devais respecter cette exigence de confidentialité. Je la respectais: c'est correct, c'est bien, nous avions pris cette décision et il s'agissait de renseignements commerciaux sensibles. On savait très bien qu'il fallait toujours faire attention à ce que l'on disait, car, si quelqu'un se trouvait offensé, on avait des problèmes.
Un journaliste est venu me voir; il ne connaissait que la moitié des faits — et il avait autant de talent — et il voulait rédiger à mon sujet un article selon lequel j'aurais brisé le sceau du secret de la Commission. Selon notre cotre de conduite, nous avons le droit d'utiliser les services d'un avocat indépendant. Au bout du compte, grâce aux agriculteurs de l'Ouest du Canada et à une somme d'environ 6 000 $, il s'est avéré que je n'avais pas manqué à cette obligation de confidentialité — mais j'en avais retiré toute une leçon. Il y avait donc toujours dans cette pièce quelque chose qui faisait que l'on se tenait sur ses gardes, de peur de recevoir —
J'aimerais distribuer une lettre, si on me le permet. Il y a aussi une version en français.
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Merci, monsieur le président.
Merci aussi, monsieur Rousseau.
Monsieur Bonnett, vous avez suggéré que l'on prolonge la période d'étude des répercussions de tout cela et de la façon dont on pourrait s'organiser. Si j'ai bien compris, votre expertise touche à un autre domaine, vous êtes un agriculteur indépendant. Mais dans l'ensemble, quand on parle d'échéances...
D'ailleurs, je suis d'accord avec vous sur la question des échéances. Pour vous rafraîchir la mémoire, le groupe de travail chargé d'élaborer le projet de loi C-18 a été constitué en juillet 2011, et il devait avoir fini le travail à la mi-septembre. On lui a donc accordé deux mois, au départ, pour faire la synthèse des différents points de vue, semble-t-il. On pourrait soutenir que ce groupe de travail n'a peut-être pas recueilli l'ensemble des différents points de vue, peu importe la raison. Cela se peut, pour toutes sortes de raisons.
Mais on peut penser que, si on charge un groupe de travail de réfléchir à ce qu'il nous faut faire et ce qu'il nous faudra faire... combien de temps auriez-vous accordé à ce groupe de travail, pour qu'il poursuive ce travail, et combien de temps lui donneriez-vous aussi pour qu'il détermine ce qu'il faudra faire si le projet de loi est adopté? Est-ce que deux mois suffisent pour qu'il finisse par dire: « Voilà ce que nous ferons et qui touchera des milliers de personnes »? Je ne juge pas, ni dans un sens, ni dans un autre. Nous parlons de centaines de milliers d'agriculteurs des Prairies, qui seront touchés par ce travail, et, dans deux mois, le document de travail sera prêt, et nous allons aller de l'avant.
Combien de temps dû lui être accordé, à votre avis, si on vous avait demandé une échéance, monsieur Bonnett?
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Merci, monsieur le président.
Je suis bien évidemment heureux de prendre part aux échanges d'aujourd'hui. Nous avons suivi les débats à la télévision et grâce à certains des documents qui ont été fournis par la suite. Il y a eu des discussions très intéressantes, et je m'en réjouis.
Comme je l'ai répété à maintes reprises, le gouvernement en place veut aider les agriculteurs à tirer leurs revenus du marché, et non de la boîte aux lettres. Nous voulons tout simplement créer un environnement favorable à la réussite des agriculteurs en travaillant en collaboration avec les représentants de l'industrie. Nos industries bovine, porcine, du canola et des légumineuses, pour n'en nommer que quelques-unes, affrontent la concurrence mondiale et réussissent à tirer leur épingle du jeu. Malheureusement, cela n'a pas été le cas des producteurs canadiens de blé et d'orge dans l'Ouest canadien. Le monopole de la Commission canadienne du blé, dont la création remonte à une époque où les besoins étaient différents, a ralenti le développement de l'Ouest canadien, et de tout le secteur des grains.
En fait, de nos jours, les exploitants agricoles qui ont l'esprit d'entreprise ne cessent de prouver qu'ils ont les atouts pour contribuer à notre économie lorsqu'ils contrôlent tous les aspects de leurs entreprises, y compris leurs revenus. Pour les céréaliculteurs, cela suppose de pouvoir choisir le moment de la vente de leur récolte, l'acheteur de leur récolte et le prix de vente de leurs produits. Dès le début, le gouvernement Harper a annoncé clairement que le libre-choix du mode de commercialisation était la pierre angulaire de sa plate-forme électorale, et tout comme les agriculteurs scellent leurs ententes par une poignée de mains, nous avons serré la main des agriculteurs de l'Ouest canadien le 2 mai dernier lorsqu'ils nous ont reportés au pouvoir avec un mandat clair.
Non seulement le gouvernement a-t-il le droit d'adopter des lois, de les modifier ou de les abroger, mais il doit aussi tenir ses promesses. Nous prenons cette responsabilité au sérieux. Le gouvernement en place ne permettra jamais qu'un groupe d'agriculteurs supprime les droits d'un autre groupe. Chaque agriculteur doit avoir le droit de disposer de ses récoltes comme il l'entend et pouvoir participer à une mise en commun des récoltes, s'il le souhaite, par le truchement d'une Commission canadienne du blé nouvelle et revigorée. Au moyen de la Loi sur le libre choix des producteurs de grains en matière de commercialisation, nous allons tenir cette promesse.
Le libre choix en matière de commercialisation des grains, voilà ce que les céréaliculteurs de l'Ouest canadien revendiquent et méritent. Qu'importe dans quel sens il a voté lors du coûteux sondage de M. Oberg, chaque agriculteur de l'Ouest canadien pourra vendre son grain de la manière dont il le souhaite. Les agriculteurs qui voudront continuer de vendre leur grain à la Commission canadienne du blé seront libres de le faire. Qu'on me comprenne bien, le gouvernement en place fournira à la Commission les outils nécessaires et la possibilité d'être prospère.
Toutefois, au bout du compte, il appartiendra aux agriculteurs de décider si la commercialisation par le truchement de la Commission est l'option qui convient le mieux à leur entreprise agricole. Les agriculteurs qui souhaitaient depuis longtemps commercialiser librement leurs récoltes, mais qui ne pouvaient le faire par crainte d'être emprisonnés, jouiront désormais de cette liberté. Non seulement un marché ouvert offrira-t-il aux céréaliculteurs la liberté de commercialisation qu'ils souhaitent et méritent, mais il attirera de nouveaux investissements et favorisera l'innovation et la création d'emplois.
Hier, j'était en Alberta lorsque Rahr Malting a annoncé un investissement de 6 millions de dollars qui fera plus que tripler les stocks de grains. Ceux-ci passeront de 400 000 à 1,2 million de boisseaux. Ce sont d'excellentes nouvelles, monsieur le président. Comme vous le savez, l'orge pourra ainsi aller directement de la moissonneuse-batteuse au marché. Les agriculteurs disposeront de liquidités, et leurs bénéfices nets s'en verront améliorés.
Il y a quelques semaines à peine, le premier ministre et moi étions à Regina pour souligner l'annonce d'une nouvelle usine de fabrication de pâtes alimentaires qui achètera le blé dur des producteurs locaux. La nouvelle usine créera 60 emplois locaux et 150 emplois dans le domaine de la construction. Les agriculteurs et l'Alliance Grain Traders attendent avec impatience le jour où le monopole de la Commission sers aboli. Ils pourront alors transiger directement leurs grains sans avoir à les racheter ou à passer par une lourde administration. M. Malting a clairement déclaré que cet investissement en Alberta n'aurait jamais pu se concrétiser sans le projet du gouvernement d'abolir la mainmise du monopole.
Ces annonces laissent clairement présager des possibilités de croissance, et je sais qu'il y en aura d'autres comme elles. Après tout, la promesse du libre choix de commercialisation des grains attire déjà des investissements susceptibles de créer des emplois à valeur ajoutée dans l'Ouest canadien. Alors, pourquoi faire attendre les agriculteurs de l'industrie? Dès que le projet de loi aura reçu la sanction royale, les agriculteurs et les sociétés céréalières pourront commencer à conclure des contrats à terme pour des livraisons après le 1er août 2012. Les agriculteurs, de même que toute la chaîne de valeur, ont besoin de clarté et de certitude, car ils commencent à planifier leur prochaine campagne agricole. Plus tôt ils seront certains, mieux ce sera.
Un prélèvement temporaire sera instauré au point de vente afin de soutenir la recherche en cours et le développement des marchés. Nous savons tous à quel point cela est important. La Commission canadienne du blé intérimaire devra élaborer un plan d'activités pour compter sur ses propres ressources et fonctionner comme une société privée. Le conseil d'administration intérimaire devra soumettre un tel plan, et la Commission sera appelée à devenir une entité privée dans cinq ans. Elle pourra prendre la forme d'une société par actions, d'une coopérative de producteurs ou d'un organisme sans but lucratif. Ce sera à la Commission et aux agriculteurs de décider du modèle à adopter.
Comme vous pouvez le constater, le gouvernement a choisi une approche évolutive, qui offre à la Commission canadienne du blé toutes les possibilités de réussir à titre d'organisme à adhésion volontaire pour la commercialisation des grains cultivés par les producteurs dans l'Ouest canadien. Cette approche donnera le temps à toute la chaîne de valeur de s'adapter à l'ouverture du marché, et ce faisant, les conditions deviendront plus stables pour les céréaliculteurs de l'Ouest canadien au cours de la période de transition.
Le gouvernement prend aussi des mesure sans précédent pour aider la collectivité et le port de Churchill au cours de la période de transition. Le gouvernement offrira un incitatif économique pouvant aller jusqu'à 5 millions de dollars par année au cours de la période de transition de cinq ans pour appuyer l'expédition des grains, notamment les grains hors-Commission comme les oléagineux et les légumineuses qui transiteront par le port.
En collaboration avec le propriétaire portuaire, Transports Canada investira plus de 4 millions de dollars au cours des trois prochaines années pour la réparation des installations portuaires en place et l'amarrage sécuritaire des navires. Le ministère de la Diversification de l'économie de l'Ouest prolongera également les dates butoirs associées au projet en cours, de manière à ce que le port puisse utiliser pleinement les fonds. Ces initiatives s'ajoutent aux 38 millions de dollars que notre gouvernement a déjà engagés pour Churchill.
Comme en témoigne notre plan exhaustif, notre gouvernement travaille avec toute la chaîne de valeur et prend toutes les précautions nécessaires pour s'assurer que la transition vers un marché libre se fasse de la façon la plus harmonieuse possible.
Cette loi ne se limite pas seulement à des clauses et à des paragraphes. Elle vise à offrir aux producteurs de blé et d'orge de l'Ouest canadien les mêmes droits et possibilités que ceux dont jouissent les agriculteurs dans d'autres productions ou d'autres régions du Canada. Elle vise à offrir aux agriculteurs de l'Ouest le droit de faire ce qu'ils veulent avec les cultures qui ont été ensemencées à leurs frais et pour lesquelles ils ont travaillé sans relâche pendant des mois jusqu'à ce qu'elles soient prêtes à être récoltées. Notre gouvernement fait confiance aux agriculteurs, qu'importe où ils vivent ou ce qu'ils cultivent, pour qu'ils choisissent le mode de commercialisation qui convient le mieux à leur entreprise.
Nous voulons redonner aux agriculteurs leur autonomie pour qu'ils continuent d'être un moteur de l'économie canadienne. Les producteurs de l'Ouest canadien pourront ainsi exploiter au mieux les nouvelles possibilités qui s'annoncent des plus stimulantes. Ce projet de loi est une importante avancée, et j'espère que les membres du comité continueront de lui donner leur plein appui.
Merci, monsieur le président. Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président et monsieur le ministre.
Monsieur le ministre, vous vous apprêtez à changer de fond en comble l'économie agricole des Prairies rurales, et nous n'avons pas vu d'analyse de rentabilisation relative aux changements que vous proposez. Votre gouvernement n'a pas présenté d'analyse coût-avantages qui montrerait, hors de tout doute raisonnable, que la loi que vous proposez améliorera la situation des producteurs des Prairies. Tout ce que nous entendons, ce sont vos opinions personnelles, auxquelles vous avez droit, et de l'information anecdotique fournie par d'autres.
Lorsque nous soulevons l'absence d'un plébiscite et d'un sondage mené par le gouvernement, vous dites que vous avez réalisé un sondage la fin de semaine dernière. Vous dites que vous êtes rentré chez vous et que vous avez parlé à tous les agriculteurs sur votre chemin, et qu'ils sont tous d'accord avec vous. Toutefois, cela n'est pas suffisant si vous voulez démanteler une agence de commercialisation dont les revenus s'élèvent à 6 milliards de dollars par année, qui appartient aux agriculteurs des Prairies, et qui est administrée et dirigée par eux avec succès. C'est cela qui nous inquiète. Vous n'avez pas présenté d'analyse de rentabilisation aux Canadiens et vous n'avez pas donné au Parlement le temps qu'il lui faut pour faire preuve de diligence raisonnable.
Que l'on soit pour ou contre la Commission canadienne du blé, vous ne pouvez pas nier que les changements que vous proposez sont radicaux et qu'ils changeront la manière dont nous fonctionnons depuis 75 ans. Assurément, cela exige un processus un peu plus complet que deux séances de quatre heures et une séance demain soir où tout sera adopté à toute vitesse.
Je sais que je parle et que je ne pose pas de questions, mais permettez-moi de vous demander ce que vous pensez des déclarations suivantes. En août 2011, le président des U.S. Wheat Associates a affirmé que l'élimination du comptoir unique pourrait créer un vide en ce qui concerne la défense des droits des agriculteurs, le développement des marchés, le soutien au client, la promotion des exportations et l'assurance de la qualité. Un autre Américain, Robert Carlson, qui est président du North Dakota Farmers Union, a déclaré être convaincu que la Commission assurait aux agriculteurs canadiens des primes beaucoup plus importantes que celles touchées aux États-Unis, et que, au bout du compte, l'abolition du monopole affaiblirait davantage les agriculteurs et donnerait un plus grand pouvoir aux grandes multinationales. Il a ajouté que cela « s'est toujours révélé être le cas ».
Les Américains semblent comprendre que le monopole du comptoir unique a été un avantage pour les agriculteurs canadiens. Votre cécité volontaire et votre étroitesse d'esprit en ce qui concerne cette réalité va coûter une fortune à l'économie des Prairies. En cette période d'incertitude et d'instabilité économique, il est imprudent et irresponsable de votre part de faire subir cette situation encore plus incertaine à l'industrie agricole de l'économie des Prairies rurales.
Je ne m'attends pas à pouvoir vous convaincre. Je ne m'attends pas à gagner ce débat. Grâce à vous, nous allons être témoins du dernier souffle de la Commission canadienne du blé. C'est ça, votre objectif, et je suppose que vous avez le droit de faire ce que vous voulez. Vous avez la majorité. Toutefois, pouvez-vous au moins admettre que vous nous avez pas fourni d'analyse de rentabilisation pour justifier vos projets?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci, monsieur le ministre, d'être ici avec nous ce soir.
Vous avez parlé de l'avantage qu'un marché ouvert procurera aux producteurs de l'Ouest en ce qui concerne le prix du blé.
J'aimerais parler d'un autre avantage. Je représente des milliers d'agriculteurs dans la circonscription de Portage—Lisgar, qui est une circonscription où l'agriculture et l'industrie à valeur ajoutée prennent beaucoup d'importance. Nous avons Can-Oat. Nous avons Bunge. Nous avons des usines de traitement des graines de tournesol. Nous avons des usines de traitement pour presque toutes les sortes de céréales — à l'exception du blé et du blé dur, évidemment.
Je me demandais si vous pouviez nous parler un peu des choses suivantes pour le citoyen moyen qui n'est pas agriculteur et qui suit les débats, soit ici, soit à la télévision. Comment le monopole a-t-il empêché l'établissement et l'expansion des industries à valeur ajoutée dans l'Ouest canadien, et comment cette nouvelle liberté permettra-t-elle la création d'un plus grand nombre d'emplois et de possibilités pour les agriculteurs? Je vous pose cette question, monsieur, parce que, au bout du compte, comme vous le savez, ils veulent plus d'argent dans leurs poches, et c'est ce qui se passe dans tous les secteurs, sauf celui du blé.
Pourriez-vous nous expliquer cela, s'il vous plaît?
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Monsieur le ministre, merci de votre comparution devant le comité.
Le Parti libéral ne s'étonne pas de votre position, mais j'aimerais vous poser des questions précises sur le sujet suivant. En mars dernier, à Minnedosa, vous avez affirmé que le gouvernement ne tenterait pas d'imposer un système de commercialisation mixte à la Commission canadienne du blé, à moins qu'une majorité de producteurs votent en faveur. Vous l'avez dit dans une allocution qui a été qualifiée d'électoraliste. Vous connaissez bien la citation tirée du Manitoba Co-operator: « Tant que les fermiers n'auront pas fait ce changement, je ne suis pas disposé à travailler de manière arbitraire, a affirmé le ministre Ritz. Ils ont parfaitement raison de croire à la démocratie. Moi aussi, j'y crois.»
Après avoir dit cela, vous avez été élu. Tout le monde sait que vous estimez que 39 p. 100 du vote était suffisant pour vous permettre de mettre en place ces changements. Nous connaissons votre réponse. Vous l'avez répétée à bien des reprises.
Pourtant, les agriculteurs vous implorent de conserver la stabilité conférée par la Commission du blé et la protection qu'elle offre contre les entreprises de chemin de fer, les wagons de producteurs et les grandes sociétés céréalières. Ils vous l'ont demandé et vous ont imploré sans relâche. Au Parlement, nous vous avons prié de tenir votre propre plébiscite, si vous ne croyez pas à celui qu'ils ont fait et concluez que ce n'est qu'un sondage onéreux. Vous avez fait fi de leurs supplications.
Cela dit, passons au projet de loi. Monsieur le ministre, je vais vous poser des questions précises, et je vous demande d'y répondre de même, par oui ou non. D'après les réponses que vous avez données pendant la période de questions, vous faites confiance aux agriculteurs.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais aussi dire que c'est la première fois que je vois cela. Nous accueillons le député de Crowfoot et le sénateur Plett, par exemple, qui ont passé toute la séance assis à l'arrière. Voilà qui démontre l'importance de cet enjeu pour les agriculteurs et les Canadiens de l'Ouest, monsieur le président. Nous pourrions peut-être prolonger la table de notre côté et emprunter une place de l'autre.
Au nom d'électeurs comme la famille Adair, la famille Bower ainsi que de milliers d'autres partout dans mon comté, j'aimerais remercier le ministre Ritz d'avoir déposé ce projet de loi. Cela fait fort longtemps qu'ils attendaient le libre choix pour les agriculteurs.
Je pourrais peut-être ramener le ministre au moment de son premier mandat en tant que ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire.Je siégeais au comité et j'exigeais de savoir quand il allait enfin se passer quelque chose dans le cas de ce projet de loi. Monsieur le ministre, c'est formidable de voir ce projet de loi, et c'est une occasion historique. Je tiens à vous féliciter.
L'une des choses qui me préoccupent, monsieur le ministre, c'est l'attitude d'oiseau de malheur des opposants à ce projet de loi. Leurs tactiques d'épouvantails semblent sans effet dans l'Ouest du Canada. Au sein de ce comité même, de jeunes agriculteurs, entrepreneurs et propriétaires de petites entreprises s'avancent pour venir nous dire que ce projet de loi leur offre des possibilités.
J'aimerais que vous nous parliez des occasions que vous entrevoyez pour les entreprises de mon comté comme Westlock Terminals, ainsi que l'ensemble des terminaux indépendants. Pourriez-vous nous parler des possibilités que ce projet crée pour eux?
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, merci de vous être joint à nous.
Plus tôt, vous avez parlé des autres agriculteurs ailleurs au pays, comme vous l'avez souvent fait par le passé. Comme je siège au comité sur l'agriculture, je vous l'ai souvent entendu dire. Je crois que vous savez — et je suis convaincu que vous allez le confirmer — que, dans le cas de l'Ontario, ce sont les agriculteurs de blé eux-mêmes qui ont effectivement pris la décision. Le gouvernement n'a pas pris la décision; ce sont les agriculteurs qui ont pris la décision définitive, parce qu'ils ont voté pour décider eux-mêmes de ce qu'ils souhaitaient faire, ce qui me paraît juste, au bout du compte.
Si vous vérifiez dans le hansard — et je suis certain que les membres de votre personnel l'ont fait —, vous constaterez que, au cours du débat sur cette motion précise, j'ai dit qu'il nous faudrait avoir une discussion et nous entendre sur une question, puis la soumettre aux agriculteurs des Prairies et leur demander ce qu'ils souhaitent tout comme nous l'avons fait en Ontario. Ce que j'ai dit à la Chambre, comme je l'ai souligné à mes collègues de l'autre côté, c'était que, s'ils avaient raison, nous allions nous rallier, mais que si c'était nous qui avions raison, alors, c'était à eux de se rallier. Je l'ai dit parce que, au bout du compte, les gens que nos décisions touchent sont ces agriculteurs dont nous parlons, dont certains de mes collègues de l'autre côté font partie. Nous le comprenons tous, et je sais que c'est également votre cas, monsieur le ministre.
L'essentiel de notre propos est le suivant: si c'était une bonne idée de faire voter les agriculteurs de l'Ontario, alors formulons la question et présentons-la aux agriculteurs des Prairies en leur disant « Que voulez-vous faire? »
Je vous ai entendu dire que vous n'aimez pas le plébiscite, et vous en avez le droit. En passant, je rappellerais à chacun que l'on peut aussi trouver des morts sur la liste d'Élections Canada et bien d'autres choses encore. Cela n'arrive pas souvent, mais ça arrive. Nous le savons tous, n'est-ce pas? Chacun d'entre nous s'est retrouvé confronté à cela. Il n'est pas rare de se retrouver avec des personnes décédées quand on travaille avec des listes. Les listes ne sont pas parfaites, rien n'est parfait en ce monde; les listes ne sont tout simplement pas l'outil parfait.
Je vous pose donc la question précisément: s'il était valable de demander aux agriculteurs de l'Ontario de voter et de prendre leurs propres décisions, pourquoi ne pouvons-nous pas trouver le moyen de formuler la bonne question puis de la soumettre aux agriculteurs des Prairies et de dire que nous respecterons la décision qu'ils auront prise ensemble?
Une voix: C'est une bonne question.
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La CCB aurait pu profiter de cette occasion unique pour veiller à ce que la nouvelle entité dispose de grain et puisse aller de l'avant, mais elle a plutôt décidé de mettre fin à ses activités. Cela est vraiment dommage, car cela aurait pu se produire. C'est la raison pour laquelle, après l'octroi de la sanction royale, d'autres groupes seront en mesure d'aller de l'avant, y compris la nouvelle entité. Nous serons en mesure de commencer à offrir ces contrats à terme et à effectuer des opérations de couverture à ce moment-là. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous déployons de grands efforts pour que cela se passe le plus rapidement possible.
En outre, je trouve qu'il est très perturbant de constater que, au moment où la CCB n'avait plus la cote auprès des agriculteurs, elle a dépensé, pour autant que l'on sache, de 65 à 70 millions de dollars pour des cargos hors-mer, et ce, sans mener la moindre consultation auprès des agriculteurs. Elle a pris cet argent directement dans les comptes de mise en commun, et cela est vraiment regrettable. À présent, elle dépense de l'argent pour des services d'avocat et pour mener des campagnes de publicité, là encore sans qu'elle ait consulté les agriculteurs au préalable. En fait, tout cela revient en quelque sorte la hanter — les agriculteurs s'éloignent d'elle et affirment qu'elle a exagéré.
Si j'avais un avertissement à formuler à l'intention de la CCB, je lui dirais de prendre le temps d'examiner ce qu'elle fait, et de collaborer avec nous pour faire en sorte que la nouvelle entité puisse aller de l'avant. Je lui dirais que nous ferons tout ce que nous pouvons pour nous assurer qu'elle aura la possibilité d'obtenir du grain, et que les agriculteurs lui en fournissent.
Par ailleurs, des agriculteurs ont intenté une poursuite contre la CCB pour avoir utilisé leur argent aux fins que je viens de mentionner. À mon avis, il s'agit d'une option qui s'offrira toujours aux agriculteurs. Il est regrettable que cela doive se régler devant les tribunaux. D'après les avis juridiques dont j'ai pris connaissance, les choses ne sont du tout en train de se régler. À coup sûr, j'ai hâte d'entendre la décision qui sera rendue à cet égard. Comme vous l'avez souligné à juste titre, M. Martin a convenu avec nous de la souveraineté du Parlement.
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Monsieur le président, je vais commencer mon intervention, mais je n'aurai peut-être pas besoin de ces cinq minutes. S'il me reste du temps, je le céderai à mon collègue.
Monsieur le ministre, nous ne sommes toujours pas convaincus. Si vous voulez accorder aux agriculteurs une plus grande liberté quant à la manière dont ils peuvent commercialiser leurs grains, pourquoi ne leur permettez-vous pas de voter sur la question? Nous en revenons sans cesse à cela.
Au moment de l'élaboration des dispositions législatives, les agriculteurs ont envisagé le fait qu'il était possible que, à un moment donné, nous souhaitions ajouter les grains visés par la loi, ou les retirer de la loi. Par conséquent, on a doté la loi d'un article selon lequel il est obligatoire de consulter les agriculteurs avant que toute mesure unilatérale soit prise. Vous avez tenté d'agir de façon unilatérale, et les tribunaux vous ont rabroué.
Vous avez parlé de dépenses. Les administrateurs de la CCB ont l'obligation fiduciaire d'agir dans l'intérêt des agriculteurs et de leur verser tous les produits de leurs activités. Monsieur le ministre, vous avez mené, dans la région des Prairies, une véritable opération de désinformation et de propagande en utilisant l'argent des contribuables. Tous les députés de votre parti ont mené une campagne-éclair au moyen de dix-pour-cent, et au même moment, on a imposé un bâillon à la Commission canadienne du blé de manière à ce qu'elle ne puisse même pas se défendre elle-même. Elle s'est vu refuser le droit de dépenser le moindre dollar pour rectifier les faux renseignements que vous avez répandus.
Encore aujourd'hui, vous continuez de déployer des efforts en ce sens. Je ne sais pas combien il en coûte pour faire imprimer des centaines de milliers d'affiches colorées sur papier brillant où l'on peut lire des slogans comme « À bas la CCB, vive le libre choix en matière de commercialisation » ou « CCB = un acheteur = monopole; libre choix = nombreux acheteurs ». Dans le bas de l'affiche, à côté d'un astérisque et en caractères si petits qu'ils en sont presque invisibles, on peut lire ce qui suit: « Sous réserve de l'approbation du Parlement ». Cela montre le respect que vous éprouvez pour le processus parlementaire.
Vous dépensez l'argent des contribuables pour mener cette campagne-éclair de relations publiques, laquelle découle du principe idéologique et peu rigoureux selon lequel on accédera en quelque sorte au paradis du libre marché lorsque l'on se sera débarrassé du diable, la Commission canadienne du blé. J'aimerais vous poser quelques questions à propos de ce mythe que vous véhiculez selon lequel tout cela donnera lieu à une manne de valeur ajoutée.
N'est-il pas vrai que, dans la région des Prairies de l'Ouest du Canada, au cours des 10 dernières années, la capacité de mouture a augmenté de 11 p. 100 grâce à quatre nouvelles usines de traitement? J'ai sous la main des chiffres à l'appui de cette affirmation, et je peux les déposer avant que vous ne partiez. En outre, jusqu'à 75 p. 100 des activités de maltage ont lieu dans l'Ouest du Canada, ce qui représente une hausse de 50 p. 100 par rapport à la situation qui régnait il y a 15 ans.
En fait, on a créé de la valeur ajoutée sous le régime de la CCB. Vous n'avez de cesse de nous rebattre les oreilles avec des exemples anecdotiques d'une portée limitée, et ces exemples pourraient devenir une réalité puisqu'on croit que l'on sera en mesure d'acheter des produits à un coût moindre. Si cela est le cas, cela ne signifie-t-il pas que les agriculteurs obtiendront moins d'argent, puisqu'ils vendront leurs produits moins cher?
Sommes-nous en train de mal interpréter tout cela? Cela ne signifie-t-il pas que des centaines de millions de dollars qui s'en allaient dans les poches des agriculteurs des Prairies iront dorénavant dans les poches des actionnaires des sociétés qui achètent des grains, et qui s'empareront de cette part de marché?
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En fait, il a commencé à parler de l'article 47.1 de la Loi sur la Commission canadienne du blé, lequel oblige le gouvernement en place — s'il ajoute ou retire un produit — à collaborer avec les agriculteurs concernés, ceux qui cultivent le produit en question — un point c'est tout. C'est tout ce qu'énonce cet article. Il n'empêche pas le ministre de modifier les dispositions législatives. Aucun gouvernement ne peut prendre de mesures qui empêcheront les agriculteurs ou le ministre d'apporter des modifications dans l'avenir. Cela ne fait pas partie de nos intentions, et nous sommes heureux de nous présenter devant les tribunaux pour l'affirmer.
Nous n'agissons pas de façon unilatérale; comme le député le sait sûrement, quatre provinces sont visées par la Commission canadienne du blé, à savoir le Manitoba, la Saskatchewan, l'Alberta et, en Colombie-Britannique, la région de la rivière de la Paix. Pour des raisons idéologiques, le Manitoba s'oppose à ce que nous faisons, mais les trois autres provinces adhèrent et souscrivent entièrement à notre projet. Elles sont tout à fait d'accord avec ce que nous faisons, et elles produisent de 85 à 90 p. 100 des produits visés par la CCB. Quant au Manitoba, il en produit de 10 à 15 p. 100, proportion qui varie selon les années et les conditions météorologiques.
Nous bénéficions du soutien des Producteurs de grains du Canada, de la Western Canadian Wheat Growers et de la Western Barley Growers. Ainsi, nous n'agissons pas de façon unilatérale.
Nos publications coûtent probablement beaucoup moins cher que celles de la CCB, car elles sont axées sur les producteurs proprement dits. Nous ne tirons pas dans tous les sens. Notre liste est probablement beaucoup plus courte et beaucoup plus concise que la sienne, car nous cherchons à communiquer avec les agriculteurs sur le terrain, ceux qui doivent prendre des décisions commerciales.
Vous avez évoqué la croissance dans le secteur de la mouture — oui, deux ou trois petits moulins à grains biologiques ont ouvert leurs portes. J'adore cette idée selon laquelle la capacité est fonction de la population. Cela n'a rien à voir avec la capacité — cela dépend bien davantage de la population. Comme vous le savez, le Manitoba, la Saskatchewan et l'Alberta regroupent quatre millions ou quatre millions et demi de personnes. Il s'agit d'une petite portion de la population canadienne.
Ainsi, les déclarations farfelues concernant le fait que la capacité de mouture a augmenté en raison de la population sont extrêmement ridicules.
Monsieur le président, vous vous rappelez que nous avons fourni hier au comité quelques tableaux exposant les étapes de la mise en œuvre du projet de loi, de même que les étapes de la transition. À présent, j'aimerais présenter un survol du projet de loi qui est présenté.
Le projet de loi a été conçu de manière à être mis en œuvre de façon graduelle afin de permettre la mise en place d'un système de commercialisation mixte. En outre, le projet de loi prévoit une période de transition de cinq ans.
Le projet de loi comprend cinq parties. La première porte sur la gouvernance de la CCB, qui a été modifiée afin de renforcer la collaboration et de faire en sorte que la CCB se concentre sur un nouvel environnement de commercialisation. Plus précisément, dès que le projet de loi aura reçu la sanction royale, il sera possible de conclure des contrats. La Commission, qui sera à adhésion volontaire, continuera d'administrer les comptes de mise en commun de l'année courante. Les autres principaux éléments de la Loi sur la Commission canadienne du blé demeureront en vigueur durant la phase préliminaire, qui devrait s'étendre de janvier au 1er août.
La deuxième partie traite de l'abrogation de la Loi sur la Commission canadienne du blé, qui entrera en vigueur le 1er août 2012 et qui sera remplacée par la Loi sur la Commission canadienne du blé (activités en période intérimaire). Le monopole sera ainsi aboli, et n'importe qui pourra acheter et vendre du grain; en d'autres termes, les agriculteurs ne seront plus obligés de passer par la Commission pour vendre leur grain. Le gouvernement aidera la Commission à assumer les coûts de transition pour une période pouvant aller jusqu'à cinq ans. En vertu de cette législation intérimaire, la Commission canadienne du blé continuera d'offrir la mise en commun des grains, qui bénéficierait d'une aide gouvernementale pour les acomptes à la livraison, et de garanties d'emprunt. Un prélèvement temporaire sera instauré au point de vente afin de soutenir les recherches en cours et le développement des marchés.
La troisième partie de la loi mandate la Commission canadienne du blé intérimaire d'élaborer un plan de fonctionnement pour compter sur ses propres ressources et fonctionner comme une société privée. L'objectif est de faire en sorte que la Commission établisse elle-même ce plan de fonctionnement. Le conseil d'administration devrait soumettre un tel plan, et la Commission serait appelée à devenir une entité privée dans les cinq ans. À ce chapitre, l'intention de la loi consiste évidemment à ce que l'argent des contribuables soit utilisé avec toute la diligence requise. Cette société pourrait prendre la forme d'un société par actions, d'une coopérative de producteurs ou d'un organisme sans but lucratif. Ce sera la Commission qui décidera du modèle à adopter.
La cinquième partie abrogerait la Loi sur la Commission canadienne du blé (activités en période intérimaire) et mettrait un terme à la période de transition.
Comme vous pouvez le constater, il s'agit là des cinq phases énoncées dans le projet de loi à des fins de discussion.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci aux témoins du ministère d'être ici pour répondre à nos questions au moment où nous nous penchons sur la suite des choses. Nous en sommes à la fin de nos débats avec les témoins, et au moment d'évaluer ce que nous avons entendu, je constate que vous nous permettez, en quelque sorte, de faire une synthèse de tout ce qui a été dit.
Monsieur Allen a fait valoir que le sondage n'avait pas été vraiment travesti, et qu'il arrive de temps à autre qu'un sondage contienne des réponses de personnes décédées. Cela est peut-être vrai.
J'ai été agriculteur toute ma vie. Mon fils a repris la ferme familiale. Je ne sais pas depuis combien de temps je fais cela — un demi-siècle, voire davantage. On ne nous a jamais demandé de participer à ce sondage truqué. D'emblée, nous avons décelé des anomalies. Ainsi, vous ne pouvez pas considérer ce sondage comme une justification, ni comme un sondage valide.
En outre, on a soulevé la question de savoir si le terme « commercialisation mixte » était légitime. Nous croyons comprendre que ce terme est tiré du sondage que la CCB a elle-même mené.
Nous avons entendu les représentants de la CCB, et je crois que l'on peut résumer leurs propos de la manière suivante: une fois que les agriculteurs pourront choisir de recourir à la commercialisation mixte pour vendre leur propre blé et leur propre orge, cela coûtera de l'argent aux agriculteurs de l'Ouest. D'après d'autres sondages, et selon des témoins qui se sont présentés ici, ce système offrira énormément de possibilités aux agriculteurs, et leur permettra de faire des économies substantielles. Un peu plus tôt, le ministre a évoqué l'ampleur des occasions qui s'offriraient aux nouveaux moulins — les usines de fabrication de pâtes et le minoteries —et le nombre d'emplois qui seront créés.
Vous savez, je suis agriculteur. J'essaie d'examiner tout cela autant selon le point de vue d'un agriculteur que selon celui d'un politicien. À mes yeux, du moment où l'on offre le choix aux agriculteurs, ceux d'entre eux qui tiennent à la CCB et croient que celle-ci leur offre le meilleur rapport qualité-prix se prévaudront de cette option — pourquoi ne le feraient-ils pas? Je n'ai jamais vu d'agriculteur vendre ses produits au plus bas soumissionnaire lorsqu'il était mis en présence de plus de un soumissionnaire. Les agriculteurs vendront leurs produits à l'acheteur qui représente à leurs yeux l'option la plus avantageuse. Ceux qui peuvent trouver une option plus avantageuse auront recours à cette option. Nous débattons de la question de savoir si cela est bon ou mauvais pour les agriculteurs de l'Ouest — en réalité, ce sont les agriculteurs qui trancheront la question. Si ce texte législatif me plaît, c'est qu'il offre une telle option aux agriculteurs — il leur offre quelque chose qu'ils connaissent bien, à savoir une Commission du blé et une option de mise en commun; en outre, il offre à ceux qui souhaitent se prévaloir d'une autre option la possibilité de le faire.
Au bout du compte, ce sont les agriculteurs qui décideront. Je trouve cela très intéressant.
Il existe quelques interrogations sur le plan technique, et nous avons mentionné à quel point il était important que nous nous occupions de l'Examen des services de transport ferroviaire des marchandises, et de conclure des ententes de services avec ces expéditeurs. Quelques-unes des grandes sociétés de transport des grains, entre autres Viterra et Cargill, se démènent pour que des ententes en matière de transport ferroviaire soient en place en prévision de cela.
J'ai une question de nature technique à poser aux représentants du ministère. Elle concerne les lignes de chemin de fer. Il se peut que des petits agriculteurs regardent le débat à la télévision et tentent d'évaluer comment tout cela va se dérouler; il est important que ces gens sachent si le système de transport de leurs grains sera un système bancal de transport par wagons de producteurs. Est-ce qu'il y aura des modèles d'entente qui permettront de faire en sorte que la transition et la mise en place de ce système se fassent en douceur?
Il s'agit du type de questions qu'ils se posent. En fait, je me demande si le ministère s'est penché sur ces questions. Je sais que le ministre a mentionné quelques-uns des travaux qu'il a menés à propos du transport des produits par voie ferroviaire dans l'Ouest du Canada. Je me demande si l'un ou l'autre d'entre vous avez des observations à formuler à ce sujet.