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La séance est ouverte. Nous en sommes à la 89
e réunion du Comité permanent des finances. Conformément à l'ordre de renvoi du mardi 30 octobre 2012, nous poursuivons notre étude du projet de loi .
Chers collègues, nous accueillons deux groupes de témoins aujourd'hui. Dans le premier groupe, nous entendrons d'abord le témoignage de la Banque du Canada, suivi des Manufacturiers et exportateurs du Canada. Nous accueillons aussi l'Association des comptables généraux accrédités du Canada, l'Alliance de la Fonction publique du Canada et TSGI-Chartered Accountants.
Bienvenue à tous. Merci d'être ici aujourd'hui. Vous disposez de cinq minutes chacun pour votre déclaration préliminaire.
Nous allons commencer par M. Turnbull, puis nous passerons au suivant, et ainsi de suite. Viendront ensuite les questions des députés.
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Je crois que je ferais mieux de me dépêcher. Merci beaucoup, monsieur le président, et merci aux membres du comité. C'est avec grand plaisir que la Banque du Canada comparaît devant le comité aujourd'hui. Pour vous aider dans votre étude, vous nous avez demandé de parler des modifications à la section 3 de la partie 4 du projet de loi . Ce sont des modifications à une mesure législative qui, j'en suis certain, vous empêche de dormir: la Loi sur la compensation et le règlement des paiements.
J'aimerais faire une déclaration plutôt brève. C'est un sujet assez technique. J'ai fait de mon mieux pour que ce soit clair. Ensuite, c'est avec plaisir que je répondrai à vos questions sur ces modifications.
[Français]
Je vais commencer en français.
Au Sommet des dirigeants du G20 tenu à Pittsburgh en 2009, il avait été convenu que tous les contrats de produits dérivés de gré à gré standardisés devraient être compensés par des contreparties centrales d'ici à la fin de 2012.
Une contrepartie centrale est une infrastructure des marchés financiers qui s'interpose entre deux parties à une transaction, soit entre l'acheteur et le vendeur, en veillant au respect des obligations découlant de tout contrat qu'elle est chargée de compenser.
En atténuant et en gérant le risque de contrepartie, les contreparties centrales ont de grandes chances de réduire le risque systémique, tant sur le plan mondial que sur celui du Canada. Elles réduisent le risque de propagation des chocs financiers au sein du système financier et permettent au marché de rester constamment ouvert, y compris en période de tension.
Il y a environ un mois, les autorités canadiennes ont réitéré leur volonté de respecter l'engagement du G20 à l'égard de la compensation centrale et ont indiqué que les établissements canadiens participant au marché des produits dérivés pourraient s'y tenir en compensant le contrat par l'entremise des systèmes de compensation transfrontalière qui sont actuellement mis en place au Royaume-Uni et aux États-Unis.
Que les produits dérivés soient compensés par une contrepartie centrale au Canada ou à l'étranger, ce sont les lois canadiennes qui s'appliqueront pour l'établissement des droits et des obligations des participants canadiens et de leurs clients. Il est donc important pour la stabilité financière au pays que les transferts d'actifs qui s'opéreront entre les contreparties centrales, les participants canadiens et leurs clients, dans le cadre de la compensation et de leurs règlements des opérations dérivées, soient protégés de recours juridiques possibles s'il advenait qu'un participant canadien devienne insolvable.
[Traduction]
La principale mesure législative canadienne qui protège les systèmes de compensation et de règlement de recours juridiques en cas de défaillance d'un participant est la loi dont il est question, la Loi sur la compensation et le règlement des paiements ou, comme nous l'appelons, la LCRP. Aux termes de cette loi, la Banque du Canada est chargée de surveiller les systèmes de compensation susceptibles de présenter un risque systémique. La LCRP confère également un certain nombre de protections juridiques. En particulier, elle garantit que les droits des chambres de compensation à être payées, à régler les opérations et à traiter les biens remis en garantie par les participants ne puissent être entravés par des mesures de suspension ou d'annulation prévues par des lois sur l'insolvabilité en cas de défaut d'un participant.
Ces protections visent à faire en sorte que les chambres de compensation puissent exercer leurs droits légaux pour régler dans des délais raisonnables les opérations dans le système à la suite d'un défaut, et qu'elles disposent de droits suffisants sur les biens remis en garantie par les participants pour éviter, elles-mêmes, de s'effondrer à cause de la défaillance d'un ou plusieurs participants, ce qui entraînerait la propagation du risque systémique.
Lorsqu'elle a été adoptée, en 1996, la LCRP visait principalement les systèmes chargés de régler les obligations de paiement. Bien que sa portée ait été élargie depuis aux systèmes de compensation des titres et des contrats dérivés, beaucoup des protections qu'elle confère sont encore formulées d'une façon qui donne à penser qu'elles ne s'appliquent pas à la compensation des contrats dérivés. Par exemple, les protections garantissant le caractère exécutoire des règles applicables au règlement de l'article 8 sont limitées aux règles des chambres de compensation qui servent au calcul, à la compensation ou au règlement des obligations de paiement. Il n'est pas clair que ces protections nécessaires s'étendent à la compensation des contrats dérivés et aux transferts de biens cédés en garantie et d'autres actifs qui étayent les systèmes de compensation de produits dérivés.
En résumé, étant donné le temps qui m'est imparti, ces modifications ne visent qu'à corriger le libellé de la Loi sur la compensation et le règlement des paiements de façon à préciser que les protections qu'elle confère s'appliquent aux activités de compensation des contreparties centrales de compensation de produits dérivés qui jouent maintenant un rôle primordial.
J'ajouterais un dernier point. C'est aussi lié à la concurrence, parce qu'à l'heure actuelle, les banques canadiennes qui étaient auparavant très actives sur le marché des produits dérivés ne peuvent agir à titre de contrepartie centrale à l'étranger en raison des préoccupations des contreparties centrales et des organismes de réglementation à l'étranger à l'égard des lacunes possibles dans la loi canadienne.
Merci.
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Merci, monsieur le président, et merci aux membres du comité. Merci de nous avoir invités à comparaître pour parler du projet de loi .
Manufacturiers et exportateurs du Canada représente environ 10 000 manufacturiers et exportateurs de partout au Canada dont les activités représentent 80 p. 100 de la production manufacturière canadienne et plus de 90 p. 100 des exportations de biens et services. De toute évidence, l'innovation et la productivité sont deux moteurs de plus en plus importants de la croissance du secteur manufacturier dans les pays industrialisés, et le Canada ne fait pas exception.
Au cours des 10 dernières années, les manufacturiers canadiens ont dû composer avec la concurrence accrue des marchés en développement et avec l'appréciation très rapide du dollar canadien. À long terme, la seule stratégie durable est d’être axé davantage sur l'innovation et la productivité. Dans cette optique, mon exposé d'aujourd'hui sera centré sur les modifications proposées au crédit d'impôt à l'investissement pour la recherche scientifique et le développement expérimental, le crédit pour la RS&DE, qui est, pour nos membres, l’enjeu le plus important de cette mesure législative.
Bien que le secteur manufacturier canadien représente actuellement environ 14 p. 100 du PIB du Canada, ses dépenses en recherche et développement représentent 55 p. 100 des dépenses totales des entreprises canadiennes à cet égard. Au pays, il s'agit, de loin, de l'industrie la plus axée sur la recherche et le développement. En fait, près de la moitié des entreprises qui demandent le crédit pour la RS&DE sont des manufacturiers.
La semaine dernière, MEC a publié un rapport spécial sur l'impact économique des modifications proposées au crédit d'impôt à l'investissement pour la recherche scientifique et le développement expérimental. La première conclusion était que les mesures proposées entraîneraient une diminution nette des activités de recherche et développement au Canada. Nous estimons que l'ensemble des mesures proposées par le gouvernement aura pour effet de réduire les incitatifs fiscaux pour la R-D au Canada de 750 millions de dollars par année à compter de 2016-2017. Pour vous donner une idée de l'importance de ce montant, cela représente 5 p. 100 des investissements en recherche et développement faits l'an dernier par l'ensemble des entreprises canadiennes. En raison de ces changements, dans notre secteur, selon notre dernier sondage sur les enjeux de gestion, 69 p. 100 des manufacturiers réduiront leurs dépenses en recherche et développement tandis que 20 p. 100 songent à s'établir ailleurs pour y mener leurs activités de recherche et développement. Nous estimons que l'impact de ces changements sur les dépenses des entreprises en recherche et développement s'élèvera à environ 1,5 milliard de dollars par année.
Dans notre rapport, on compare aussi la générosité du crédit d'impôt à l'investissement pour la recherche et le développement destiné aux grandes entreprises dans divers pays. Au chapitre de la compétitivité à l'échelle internationale, notre crédit d'impôt pour la R-D passera du 13e au 17e rang parmi les pays de l'OCDE en raison de la réduction de 5 p. 100 du crédit d'impôt qui est proposée.
Dans le budget, on propose aussi l'élimination complète des dépenses en immobilisations de l'assiette fiscale. Encore une fois, aucun autre secteur de l'économie ne sera touché aussi durement que le secteur manufacturier, qui tend à avoir des activités de recherche et développement à forte intensité de capital. Dans l'ensemble de l'économie, en moyenne, seulement 5 p. 100 des dépenses en recherche et développement sont liées au capital, tandis que dans notre secteur, ce pourcentage s’élève à plus de 30 p. 100.
Dans notre rapport, on compare le régime fiscal relatif aux dépenses en immobilisations liées à la R-D dans d'autres pays. La grande majorité des pays étudiés, comme le Royaume-Uni, par exemple, offre un crédit d'impôt ou un taux d'amortissement accéléré pour les dépenses en immobilisations liées à la R-D. Encore une fois, sur la scène internationale, l'attrait du Canada comme destination pour la R-D sera réduit.
Un autre changement prévu dans le budget est la réduction du taux utilisé dans le cadre de la méthode d’approximation pour les réclamations des coûts indirects dans le cadre du programme de RS&DE. En proposant de baisser le taux d'approximation de 65 p. 100 à 55 p. 100, le gouvernement estime que le taux est trop généreux et que sa réduction correspondrait davantage aux coûts indirects réels des entreprises. Or, nous constatons que le ministère des Finances n'a pas fourni de preuves ou d'analyses pour étayer cette hypothèse. Nous croyons plutôt que le recours à la méthode d'approximation vise à simplifier le processus de réclamations, comme le groupe d'experts Jenkins le suggère dans son rapport. En conséquence, le gouvernement devrait faire une analyse exhaustive avant de faire un changement qui incitera plus d'entreprises à se tourner vers la méthode habituelle pour la réclamation des coûts indirects plutôt que d'utiliser la méthode d'approximation. Nous pensons que cela entraînera, pour les entreprises, une augmentation des coûts de conformité et que cela représentera un fardeau supplémentaire pour les vérificateurs de l'ARC. C'est aussi une recommandation clé du rapport Jenkins.
En conclusion, il y a trois façons d'examiner les répercussions des modifications proposées sur les activités de recherche et développement des entreprises. Sur le plan financier, comme je l'ai indiqué, les modifications entraîneront une baisse des dépenses des entreprises en recherche et développement que l'on évalue à 1,5 milliard de dollars par année lorsque toutes les mesures seront mises en oeuvre. En ce qui concerne le traitement fiscal des grandes entreprises, l'impact négatif de la réduction de 5 p. 100 du crédit d'impôt pour la recherche scientifique et le développement expérimental dépasse de loin tous les avantages qui ont découlé des diverses réductions de l’impôt sur le revenu des sociétés accordées au fédéral depuis 2008, si on tient seulement compte des grands manufacturiers.
Pour ce qui est de la compétitivité internationale et de notre capacité d'attirer les investissements des grandes entreprises étrangères du secteur de la recherche et du développement, nous passerons du 13e au 17e rang. Fait encore plus important, la plupart des principaux pays en développement — comme l'Inde, la Chine, la Turquie et le Brésil — offriront maintenant des crédits d'impôt pour la recherche et le développement plus avantageux, selon notre rapport.
Nous avons trois principales recommandations qui permettront de réduire les effets négatifs des modifications proposées.
La première consiste à offrir plus de soutien direct aux grandes entreprises au moyen de crédits d'impôt partiellement remboursables pour les projets liés à l'amélioration de la productivité. La deuxième est de permettre aux entreprises d'amortir plus rapidement le coût de la machinerie du matériel utilisé à des fins de recherche et développement. La troisième est de procéder à l'analyse plus détaillée des coûts indirects et de l'utilisation de la méthode d'approximation avant la mise en oeuvre de la réduction de 10 p. 00.
Je vous remercie de votre temps. Je suis prêt à répondre à vos questions.
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Monsieur le président, membres du comité, je m'appelle Carole Presseault. Je suis la vice-présidente aux Affaires gouvernementales et réglementaires de l'Association des comptables généraux accrédités du Canada, un organisme qui représente plus de 75 000 CGA partout au Canada. Nous sommes heureux d'avoir reçu votre invitation à participer à votre étude au sujet du projet de loi .
Ce projet de loi est très imposant. Beaucoup de son contenu représente un grand intérêt pour nos membres. Cependant, mes commentaires porteront aujourd'hui sur deux aspects principaux, soit l'Accord sur le commerce intérieur, qui est traité à la section 14, et le système fiscal.
[Traduction]
Aujourd'hui, nos commentaires porteront sur deux mesures précises liées à l'Accord sur le commerce intérieur prévues dans la section 14 et aux mesures sur le régime fiscal. Les mesures incluses dans la section 14 prévoient des sanctions pécuniaires et des dispositions d'application pour appuyer les décisions des tribunaux administratifs créés pour statuer sur les litiges entre des parties à l'Accord sur le commerce intérieur.
Excusez-moi, j'ai sauté une page. Je retourne en arrière.
Ces mesures mettent en oeuvre les modifications à l'Accord sur le commerce intérieur sur lesquelles se sont entendus le gouvernement fédéral et les gouvernements des provinces et des territoires au cours des dernières années. Permettez-moi de vous rappeler que la raison d'être de l'Accord sur le commerce intérieur et de réduire et, lorsque c'est possible, d'éliminer les barrières inutiles en ce qui a trait au commerce interprovincial et à la mobilité de la main-d'oeuvre.
L’accord n'est pas parfait; le Comité sur le commerce intérieur a été créé, d'une part, pour s'assurer que l'accord répond toujours aux objectifs et, d'autre part, pour améliorer un accord qui a été signé il y a plus de 12 ans. La mise en œuvre des dispositions prévues à la section 14 démontre la volonté du gouvernement fédéral de satisfaire à l'obligation prévue dans l'accord.
Les mesures incluses dans le projet de loi prévoient des sanctions pécuniaires et des dispositions d'application pour appuyer les décisions des tribunaux administratifs créés pour statuer sur les litiges entre des parties à l'Accord sur le commerce intérieur. Ces mesures visent à corriger une lacune importante. Auparavant, peu de choses incitaient les gouvernements à se conformer aux jugements des tribunaux administratifs, comme nous l'avons découvert par nos propres expériences.
Soit dit en passant, il faut aussi noter que jusqu'à l'entrée en vigueur des mesures prévues à la section 14, le gouvernement canadien a perdu son droit de se prévaloir des dispositions relatives au règlement des différends de l'Accord sur le commerce intérieur. Nous appuyons les mesures prévues dans le projet de loi, mais nous savons que le Comité sur le commerce intérieur a peu de marge de manoeuvre pour améliorer l'accord davantage, particulièrement en ce qui a trait à l'amélioration de l'efficacité et de l'accessibilité du processus de règlement des différends.
Le processus est long et coûteux et les citoyens ne peuvent y recourir sans passer par le gouvernement. Il faut aussi améliorer la gouvernance de l’ACI, ce qui permettrait une plus grande participation des intervenants et une amélioration de la transparence. Cependant, le fait que les ministres ont accepté de créer un chapitre sur les barrières techniques au commerce est encourageant. Il s'agit d'un problème lié à la stratégie en matière de commerce, tant au chapitre du commerce interprovincial que du commerce international. Réussir à régler les problèmes à cet égard aiderait le gouvernement à enregistrer des progrès par rapport à deux enjeux importants: l'intensification du commerce international et la réduction des formalités administratives.
C'est le moment idéal pour régler ces questions. En décembre, le gouvernement fédéral assurera la présidence du Comité sur le commerce intérieur et pourra alors jouer le rôle de catalyseur. Nous encourageons le gouvernement à saisir l'occasion de façon à faire de l'accord un outil efficace du renforcement de l'union économique.
Les membres du comité ne seront pas surpris de nous entendre encore parler de fiscalité. C'est avec intérêt que nous avons remarqué la partie 1 du projet de loi met en oeuvre les mesures sur l'impôt sur le revenu et les mesures connexes proposées dans le budget de mars 2012. Parmi les mesures sur lesquelles nous avons eu l'occasion de nous prononcer lors de consultations intérieures, on trouve le régime enregistré d'épargne invalidité et, comme mon collègue M. Lavoie l’a indiqué, le crédit d'impôt pour la recherche scientifique et le développement expérimental et aussi, évidemment, la fiscalité internationale. Beaucoup de ces mesures découlent du travail de groupes consultatifs; par exemple, le régime canadien de fiscalité internationale et les mesures sur le crédit d'impôt pour la recherche scientifique et le développement expérimental présentées par le comité Jenkins.
Cela me mène à souligner encore une fois l'importance des groupes consultatifs d'experts en ce qui a trait à la modification des politiques publiques. Je suis certaine que les membres du comité seront d'accord avec nous, étant donné les recommandations formulées lors des consultations budgétaires de l'an dernier.
J'aimerais parler d'une mesure que nous n'avons pas vue dans le budget de 2012 et qui demeure une priorité pour nos membres et pour tous les contribuables. Il s'agit de la question d'une disposition de réexamen visant à garantir un délai raisonnable pour l'entrée en vigueur des modifications fiscales présentées dans un budget.
Aujourd'hui, vous centrez vos efforts sur l'amélioration des modifications apportées aux politiques annoncées dans le plan budgétaire de 2012, mais il faut se rappeler que des centaines de mesures fiscales prévues dans des budgets fédéraux antérieurs n'ont toujours pas été mises en oeuvre. Nous vous invitons à étudier l'application d'une disposition de réexamen pour garantir qu'à l'avenir, ces modifications se feront dans un délai raisonnable.
J'aimerais vous rappeler que le titre court du projet de loi est: Loi de 2012 sur l'emploi et la croissance. Nous sommes d'avis que l'élimination des barrières au commerce intérieur et à la mobilité de même que l'adoption de mesures visant à simplifier le régime fiscal du Canada sont des éléments essentiels pour ce qui est de l'emploi, la croissance et la prospérité à long terme du Canada.
[Français]
Je vous remercie. Je serai heureuse de participer à la période des questions.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, merci de me donner l'occasion de témoigner aujourd'hui.
Je m'appelle Chris Aylward. Je suis le vice-président exécutif national de l'Alliance de la Fonction publique du Canada. Nous représentons environ 170 000 travailleurs de la fonction publique fédérale.
L'Alliance de la Fonction publique du Canada est extrêmement préoccupée par le dernier projet de loi d'exécution du budget, le projet de loi .
Mes premiers commentaires portent sur les modifications proposées aux régimes de pension de la fonction publique fédérale. Ces changements unilatéraux comprennent l'augmentation de l'âge normal de la retraite de 60 à 65 ans pour les nouveaux employés, à compter de 2013. L’AFPC est contre le projet de loi parce qu'il constitue une attaque contre les générations montantes, dont sont issus la majorité des nouveaux employés de la fonction publique fédérale. L'augmentation de l'âge de la retraite entraînera la création d'un système à deux vitesses, créant ainsi des injustices entre les diverses générations de travailleurs de la fonction publique, obligeant les plus jeunes travailleurs à prendre leur retraite à un âge plus avancé. Le régime de pension de la fonction publique est viable et rien ne justifie que l'on pénalise les jeunes travailleurs. Les membres du comité devraient aussi savoir que les paiements du Régime de pensions du Canada et du Régime des rentes du Québec sont intégrés au régime de pensions de la fonction publique fédérale et qu'en 2011, la pension annuelle moyenne des fonctionnaires fédéraux retraités était de 25 991 dollars. L’AFPC demande au gouvernement d'axer ses efforts sur l'amélioration des pensions de tous les casiers plutôt que d'affaiblir les régimes de pension et la sécurité de la retraite de ceux qui ont consacré leur vie à la fonction publique.
J'aimerais aussi parler de la modification à la Loi sur l'Agence du revenu du Canada prévue dans le projet de loi . À cet égard, j'adopte un point de vue très personnel. Cette modification fera en sorte que l'agence relèvera de nouveau du Conseil du Trésor, qui devra approuver le mandat de négociation de l’ARC de même que certaines conditions d'emploi. C'est un important pas en arrière. La modification des pouvoirs ne va pas seulement à l’encontre des raisons mêmes qui ont mené initialement à la création de l’agence, mais elle mine les efforts considérables déployés une décennie durant par l’AFPC et par l’agence pour garantir des relations de travail efficace. En fait, lors des deux dernières rondes de négociations, les deux parties ont fait des efforts considérables pour conclure une entente avec l'agence avant l'expiration de la convention collective actuelle. Il s'agit d'une première dans la fonction publique fédérale.
L’AFPC a d'autres préoccupations par rapport au projet de loi . Elles reprennent une bonne partie des critiques exprimées par les organisations environnementales, scientifiques et autochtones et par les Canadiens. Étant donné le peu de temps dont nous disposons aujourd'hui, je n'aborderai pas ces questions. Cependant, pour votre gouverne, je fournirai au greffier du comité un résumé de nos autres préoccupations.
Nous sommes d'avis que les projets de loi omnibus ne servent pas les intérêts des Canadiens. Le projet de loi devrait être scindé en diverses mesures législatives distinctes de façon à ce que les parlementaires et les Canadiens aient amplement l'occasion d'étudier et de comprendre les conséquences des modifications proposées.
Avant de conclure, je vais prendre quelques instants pour vous rappeler notre préoccupation à l'égard de modifications importantes aux programmes et services qui ont une incidence sur les moyens de subsistance, l'environnement et la sécurité des Canadiens, de modifications qui sont apportées sans transparence et sans écouter le point de vue de ceux qui dépendent des services. Des postes de recherche et sauvetage et des postes de la Garde côtière sont fermés malgré le fait que les collectivités côtières demandent que l'on revoie la décision. On ferme des bureaux de district d’Anciens Combattants Canada partout au pays, y compris le seul bureau de l'Île-du-Prince-Édouard, à Charlottetown. Le nombre de cas a presque doublé, malgré la situation désespérée dans laquelle se trouvent nos anciens combattants. Au ministère des Pêches et des Océans, le budget et le service chargé de la gestion de l'habitat des poissons ont été réduits. Or, le rapport récemment publié de la Commission d'enquête Cohen sur le déclin des populations de saumon rouge du fleuve Fraser a réaffirmé l'importance de la restauration du mandat et des ressources du ministère des Pêches et des Océans pour ce qui est de la protection de l'habitat des poissons.
Nous croyons qu'il faut une plus grande transparence au sujet de l'ampleur et des répercussions de l'ensemble des compressions prévues aux services et programmes fédéraux et qu'il faut écouter les Canadiens qui sont touchés.
Merci beaucoup. C'est avec plaisir que je répondrai aux questions.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, bonjour.
En guise d'introduction, j'aimerais vous parler brièvement de mon expérience en ce qui a trait à la recherche scientifique et le développement expérimental et au financement de la R-D.
J'ai plus de 30 ans d'expérience en tant que comptable agréé; j'ai un diplôme en informatique et une maîtrise en administration des affaires. Dans le passé, j'ai été membre à temps plein du corps enseignant à l'Université de Calgary et j'ai donné les cours les plus récents sur la recherche scientifique et le développement expérimental à l'Institut des comptables agréés de l'Alberta. Ces 10 dernières années, ma pratique est composée d'environ 10 scientifiques et comptables agréés qualifiés qui oeuvrent uniquement dans le domaine de la recherche scientifique et du développement expérimental auprès de sociétés multinationales et de petites entreprises, principalement dans l'Ouest du Canada.
Je crois avoir un point de vue multidisciplinaire unique sur la recherche scientifique et le développement expérimental. J'ai aussi de l'expérience par rapport au Programme d'aide à la recherche industrielle du Conseil national de recherches du Canada, le PARI. Notre société a été la première au Canada à voir approuvée sa demande liée à la technologie des gaz de schiste. J'ai été le premier président, pour la région des Prairies, du comité mixte mis sur pied par l'ARC et l'industrie, le comité de surveillance de la recherche scientifique et le développement expérimental sur les technologies de l'information. Je suis un investisseur providentiel actif dans l'Ouest du Canada, tant du fait d'investissements directs que de ma participation à Venture Alberta, qui est reconnu comme l'un des forums sur le capital-risque les plus dynamiques au Canada. Cela me permet d'avoir une meilleure connaissance des entreprises en démarrage du secteur de la technologie.
Pour commencer, j'aimerais vous présenter un résumé des répercussions globales que pourraient avoir les modifications proposées dans le projet de loi loi sur les acteurs de la recherche scientifique et du développement expérimental qui sont sur le terrain.
Pour connaître les effets du budget de 2012 sur les activités de recherche scientifique et de développement expérimental de nos clients, que l'on devrait considérer comme un échantillon représentatif des entreprises de l'Ouest canadien, nous avons créé un modèle de simulation détaillé. Nous avons agi ainsi parce que les nuances micro-économiques de l'incidence des décisions en matière de politiques sur chacune des entreprises ne sont pas toujours visibles d'un point de vue macro-économique. Nous en sommes venus à la conclusion que les sociétés privées sous contrôle canadien, les SPCC, seront probablement touchées par une réduction de 5 à 10 p. 100 des crédits d'impôt à l'investissement, tandis que les entreprises qui ne sont pas des SPCC — c'est-à-dire les grandes entreprises — peuvent s'attendre à une réduction plus substantielle, de l'ordre de 30 à 40 p. 100.
Nos clients et nos contacts nous ont indiqué qu'au sein de l'industrie, il y a consensus sur le fait que la réduction des incitatifs à la recherche scientifique et au développement expérimental entraînera inévitablement une baisse de la capacité de la volonté de mener des activités de recherche au Canada et, de ce fait, des pertes d'emploi. Cela devrait préoccuper tous les Canadiens.
Je suis aussi particulièrement préoccupé par rapport à l'incidence des modifications proposées sur l'industrie de l'énergie, ce qui aura des effets à l'échelle nationale. À long terme, cela pourrait avoir des répercussions pour de nombreux secteurs industriels au Canada.
Au Canada, l'industrie pétrolière et gazière n'a plus rien à voir avec le forage sauvage et les incertitudes de l’exploration. C'est une question de technologie, c'est-à-dire l'utilisation de nouvelles technologies pour libérer les ressources non conventionnelles autrefois inaccessibles. Cette évolution fondamentale est mise en lumière par le fait qu'en 2010, la production des sables bitumineux a dépassé le pétrole conventionnel en tant que principale technique de production au Canada, avec 51,9 p. 100 de la production. La technologie nécessaire à la transformation des ressources non conventionnelles en réserves exploitables qui contribuent au PIB est extraordinairement perfectionnée et extrêmement coûteuse, et les exigences en matière d'approvisionnement vont bien au-delà des frontières de l'Alberta.
Tous les jours, nous voyons des sociétés canadiennes du secteur de l'énergie prendre d'énormes risques pour développer les nouvelles technologies. En général, les entreprises qui dépensent le plus pour la recherche pétrolière et gazière sont dans la catégorie des sociétés qui ne sont pas des SPCC, et ce seront les plus touchés par la réduction des crédits d'impôt à l'investissement. En particulier, la réduction du taux du crédit d'impôt à l'investissement — de 20 à 15 p. 00 — et l'élimination des déductions pour les dépenses en capital toucheront durement ces sociétés.
À notre avis, l'impact de ces modifications sur l'industrie de l'énergie justifie la révision des modifications proposées aux politiques. Nous croyons que la meilleure façon de mettre en oeuvre une politique publique en matière d'innovation consiste à le faire de façon indirecte. Fondamentalement, cela se fait en tirant parti des industries dans lesquelles le Canada détient un avantage naturel sur le plan du développement, de la commercialisation et des technologies d'exploitation.
Au Canada, peu d'industries peuvent miser sur les avantages que l'on trouve dans le secteur de l'énergie. Actuellement, nous sommes des chefs de file à l'échelle mondiale et nous devons le demeurer assez de protéger l'avenir économique du Canada. Nous devons améliorer notre compétitivité dans ce domaine de plus en plus technologique pour créer des entreprises de renommée internationale. Les réductions au programme de RS&DE modifieront profondément le parcours positif sur lequel s'est engagé le secteur de l'énergie et les nombreux secteurs qui y sont liés.
En terminant, j'aimerais parler de l'aspect essentiel, c'est-à-dire l'incidence des modifications proposées sur les emplois au Canada.
Dans l'Ouest du Canada, les acteurs de la R-D nous disent que leur réaction par rapport aux préoccupations soulevées plus tôt sera de réduire leurs activités de recherche au Canada. C'est déjà commencé. Les capitaux destinés à la recherche sont volatiles, et ces sociétés ne craignent pas de redistribuer leurs fonds vers d'autres pays. Elles reconnaissent également que sur la scène internationale, on se dispute les innovateurs de talent et qu'elles doivent donc soit les attirer et les garder au Canada, soit s'installer là où ils sont.
Nous sommes extrêmement inquiets que les modifications proposées pour le programme de RS-DE aient pour effet net de provoquer la perte d'emplois de haute valeur dans le domaine de l'innovation et aient ainsi des répercussions néfastes importantes à long terme sur notre compétitivité à l'échelle internationale.
Merci de m'avoir donné l'occasion de témoigner.
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Merci, monsieur le président.
Je veux faire un bref résumé du programme de RS-DE, mais j'ai des questions précises à poser à Mme Presseault.
J'ai été membre de la Commission sur la réduction de la paperasse. À dire bien franchement, quand nous avons parcouru le pays, il n'y a pas un endroit où les gens ne se plaignaient pas de la complexité et des lourdes exigences du crédit d'impôt à la RS-DE. C'était toute une industrie commerciale en soi.
Le rapport Jenkins est certainement un document très important, préparé par un groupe d'experts. Je comprends qu'une partie des fonds de ce programme complexe et très difficile sera réaffectée pour faciliter le processus. On ne réduit pas l'argent accordé à l'innovation et à ce domaine; on ne fait que réaffecter les fonds.
Madame Presseault, par le passé, vos membres ont-ils formulé des commentaires et des préoccupations concernant la complexité de ce programme? C'est étonnant d'entendre maintenant chanter les louanges de ce programme, alors que partout où je me suis rendue, on ne parlait que de lacunes et de problèmes.
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Je pourrais parler pendant des heures, pas tant du programme de RS-DE que de l'Accord sur le commerce intérieur. Nous possédons beaucoup d'expérience et nous sommes intervenus directement dans les trois contestations soulevées aux termes de cet accord. Deux démarches avaient été intentées par une personne contre un gouvernement et l'autre opposait des gouvernements, les provinces de la Colombie-Britannique, de l'Alberta et de la Saskatchewan, sous la houlette du Manitoba, étant intervenues en notre nom contre des mesures prises en Ontario. Pour résumer brièvement l'affaire, cette mesure empêchait la mobilité interprovinciale de nos membres. Nous avons constaté que jusqu'à ce que ces changements soient proposés, il n'existait aucun mécanisme d'application ou de pouvoir coercitif. Aucune disposition ne rendrait comptable le gouvernement ayant failli à l'engagement pris dans l'Accord sur le commerce intérieur ou ne permettait la mise en oeuvre des recommandations du groupe d'experts.
J'ai indiqué que ces dernières années, le Comité du commerce intérieur a apporté un certain nombre d'améliorations, essentiellement au sujet de la question des sanctions pécuniaires, qui sont moindres pour les plus petites provinces, comme l'Î.-P.-E., où l'amende est de 250 000 $, par exemple, alors que les grandes provinces comme le Québec, l'Ontario et la Colombie-Britannique, s'exposent à des amendes à hauteur de 5 millions de dollars.
Nous pensons que nous disposons maintenant d'un moyen d'agir. Il en existe un autre dont il est moins question, car on met toujours l'accent sur l'aspect monétaire. Il s'agit de la perte des privilèges de résolution de différends si une province ne met pas en oeuvre des recommandations du groupe d'experts, une mesure que nous considérons également importante. En juin, le comité a envisagé ces mêmes changements concernant les différends opposant une personne et un gouvernement. Il subsiste toutefois encore bien des problèmes au sujet de l'accessibilité permettant aux citoyens et aux parties d'entreprendre des démarches en matière de différends sans l'aval du gouvernement.
De façon générale, c'est une démarche salutaire. Le pouvoir d'application était au coeur du problème. Il nous reste encore à résoudre la question de l'accessibilité.
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Merci, monsieur le président.
Madame Presseault, je dois dire qu'il est évident qu'il faut intervenir et apporter une réforme fiscale; comme vous l'avez indiqué quand vous êtes intervenue précédemment dans le cadre de nos consultations prébudgétaires, c'est quelque chose que nous devrions prendre très au sérieux. En outre, le laps de temps entre la présentation de la disposition dans un budget et sa concrétisation en vertu d'une loi a pour effet de créer de très importantes zones grises dans notre régime fiscal. Nous devrions en tenir compte lors de nos consultations prébudgétaires.
Messieurs Lavoie et Cudmore, vous avez souligné avec beaucoup d'éloquence l'importance du programme de RS-DE. Or, parmi nous aujourd'hui se trouve Ted Hsu, député de Kingston et les Îles, critique libéral en sciences et technologie et expert en tout ce qui concerne la RS-DE.
Monsieur Hsu.
J'ai trouvé intéressant, monsieur Cudmore, que vous disiez avoir mené des simulations de l'effet des changements relatifs au programme de RS-DE sur votre clientèle et que le point de vue de ceux qui sont sur le terrain dans l'Ouest passe en bonne partie inaperçu à Ottawa. Il semble, si j'ai bien compris, que vous considériez que les gens en poste ici, à Ottawa, ne s'aperçoivent pas que les réductions apportées à ce programme auront une incidence sur les emplois dans les entreprises pétrolières et gazières parce que ces dernières seront moins encouragées à effectuer de la recherche-développement. De plus, comme il s'agit d'un secteur de l'économie canadienne qui se démarque sur la scène internationale, la mesure aura un effet indirect sur l'emploi partout au pays.
Je crois avoir bien compris, mais j'aimerais savoir si vous êtes certain. Votre clientèle est restreinte et principalement constituée d'entreprises de l'Ouest canadien. Avez-vous une preuve quelconque que l'incidence serait généralisée, outre les renseignements que vous glanez auprès de votre clientèle?
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La différence réside dans le fait qu'ils calculent l'impact de ces mesures sur les revenus du gouvernement alors que nous calculons l'impact sur les incitatifs destinés aux entreprises. Étant donné que le crédit d'impôt n'est pas remboursable, les grandes compagnies qui ne sont pas dans une situation de profitabilité peuvent inscrire cela dans leurs livres et le demander un an, deux ans, cinq ans ou dix ans plus tard. En fait, je pense que cela peut même aller jusqu'à 20 ans plus tard. Si une compagnie procède de cette façon, ça n'a pas d'impact sur les revenus du gouvernement cette année-là. C'est ce que ces gens ont calculé.
Selon nous, ce n'est pas parce que la compagnie ne le demande pas l'année même où elle fait la dépense que ce n'est pas un incitatif à la réalisation de R&D. Ça revient en quelque sorte à jouer avec la méthodologie. De leur côté, ils considèrent les revenus du gouvernement, et du nôtre, nous considérons les incitatifs fiscaux.
Les incitatifs fiscaux au niveau fédéral vont donc être réduits de 660 millions de dollars. Il ne faut pas oublier que plusieurs provinces offrent leurs propres crédits d'impôt de R&D et que ceux-ci sont administrés par l'Agence du revenu du Canada. Les changements apportés au système fédéral vont probablement se refléter automatiquement dans le système provincial. Il faut donc ajouter une réduction des incitatifs fiscaux de 84 millions de dollars pour toutes les provinces du Canada, et ce, pour un total de 750 millions de dollars.
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J'ai déjà eu plusieurs rencontres avec votre organisation. En fait, j'ai rencontré quatre de vos collègues et je dois vous dire qu'ils n'en ont pas vraiment parlé. Je comprends bien que ce soit une préoccupation. On a certes indiqué que la disparition du programme aurait une incidence énorme, et je suis sûr que M. Jean en parlera, notamment en ce qui concerne les sables bitumineux, mais la plupart des témoignages recueillis montrent que ce n'est pas la plus grande préoccupation.
Le plus gros problème, c'est la grave pénurie de travailleurs. Nous l'avons entendu non seulement des organisations représentant les secteurs des pipelines et du forage pétrolier, mais également des collèges. Je ne trouve pas la citation, mais je sais que l'Association des collèges communautaires du Canada avait indiqué que le plus grand défi serait de trouver des travailleurs qualifiés.
Votre organisation a également dit que c'était le programme d'amortissement accéléré qui était le plus important à ses yeux et semblait contribuer grandement à la réussite dans votre industrie.
Je pourrais continuer, car ce n'est pas tout. Je suis en train de chercher des citations. On nous a parlé de la réduction du fardeau administratif. Encore une fois, je sais que le projet de loi contient de nombreuses mesures, mais ce sont celles qui visent la réduction du fardeau administratif auxquelles notre gouvernement accorde le plus d'importance. D'après ce que j'ai vu, votre organisation abonde dans le même sens, et même si l'élimination du crédit fiscal pour la recherche scientifique et le développement expérimental est un problème, ce n'est pas le problème principal. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette divergence?
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Je vous remercie pour votre question. Je vais me fier à mon expérience personnelle, parce que j'ai déjà été membre de cinq équipes de négociation avec l'AFPC, où l'ARC était l'employeur.
Depuis la création de l'agence en 1999, les relations de travail se sont améliorées graduellement, ce qui fait que lorsque nous nous retrouvons à la table de négociation avec l'agence, nous savons que nous négocions avec l'agence et pas une personne sans nom, sans visage dépêchée de l'autre côté de la rue. Lorsque nous rencontrons les représentants de l'agence, la confiance en est accrue, ainsi que la qualité des relations patronales-syndicales.
Comme je l'ai dit, lors des deux dernières rondes de négociations, l'une en 2007 et l'autre en 2010, nous avons conclu des accords préliminaires avant l'expiration de la convention en vigueur, et je vous dis que c'est du jamais vu. C'était une première au sein de la fonction publique fédérale qui ne s'est jamais vue depuis. Dans l'avenir, malheureusement, les relations patronales-syndicales au sein de l'agence vont se détériorer, c'est sûr.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier les témoins qui sont venus aujourd'hui.
Parlons un peu plus du programme de la recherche scientifique et du développement expérimental.
J'ai fait des recherches en ligne et j'ai trouvé des gens qui se déclarent experts dans le domaine du crédit fiscal pour la recherche scientifique et le développement expérimental. Les Partenaires R&D, par exemple, indiquent qu'ils ont une réputation bien établie comme conseiller fiscal canadien indépendant en R-D, qui exerce depuis plus de 10 ans, et qui a défendu avec succès plus de 1 000 projets pour lesquels 100 millions de dollars en crédits fiscaux pour la R-D ont été reçus. Ce cabinet indique qu'il comprend tout à fait les jugements en matière de fiscalité dans le domaine de la R-D, et bénéficie d'une excellente relation avec les autorités fiscales fédérales et provinciales ici au Canada.
Connaissez-vous cette société, Partenaires R&D? On trouve leur site Web en ligne. C'est l'une des trois premières occurrences. Je me le demandais. Selon le site, le cabinet jouit d'un excellent bilan. Il a pu défendre avec succès 1 000 projets et obtenir des crédits fiscaux pour la R-D d'une valeur de 100 millions de dollars. Il me semble qu'il y a des experts qui s'y connaissent, même si ce n'est pas mon cas.
J'aimerais confirmer ce que j'ai compris au sujet des changements apportés au programme de la recherche scientifique et du développement expérimental. Le montant d'argent disponible demeurera le même. En fait, il me semble que certains de vos groupes ont fait du lobbying en vue d'obtenir plus de financement direct et moins de crédit en vertu du programme. Ai-je raison de dire, monsieur Lavoie, qu'il y a davantage de financement direct? Je crois savoir que les économies réalisées dans le cadre du programme de la recherche scientifique et du développement expérimental ne serviront pas à renflouer les revenus généraux. Elles serviront à financer directement des projets qui auraient été admissibles au programme de la recherche scientifique et du développement expérimental. Ai-je bien raison? Le montant d'argent ne sera pas réduit.
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En plus, le rapport coût/efficacité du programme sera amélioré grâce à un certain nombre de mesures. Par exemple, les coûts indirects de la recherche scientifique et du développement expérimental passeront de 65 à 5 p. 100 des salaires des employés.
Exactement. Je vous vois hocher la tête, monsieur Lavoie.
En fait, l'élément profit sera éliminé des contrats avec des tiers sans lien de dépendance pour les besoins du calcul des crédits d'impôt pour la recherche scientifique et le développement expérimental. Exactement. Vous hochez encore la tête, monsieur Lavoie.
Enfin, le crédit d'impôt général à l'investissement pour la recherche scientifique et le développement expérimental sera diminué de 15 à 20 p. 100. Exactement.
Voilà des mesures qui ont été proposées. En fait, on augmentera aussi la prévisibilité du programme de la recherche scientifique et du développement expérimental par des mesures dont je n'ai pas le temps de parler aujourd'hui, mais, visiblement, vous en connaissez certaines.
Ne diriez-vous pas que le gouvernement suit le bon chemin pour les initiatives que vous réclamez?
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L'opposition officielle est inquiète des répercussions, sur les jeunes, d'un éventuel régime de retraite à deux niveaux. Ce ne sera pas long, d'après moi, avant qu'ils ne se trouvent devant une double grille de rémunération.
M. James Infantino: C'est exact. Il n'y a pas si longtemps, les femmes qui faisaient exactement le même travail que les hommes gagnaient un salaire différent. C'est ce qui semble devoir se produire chez les jeunes.
M. Wayne Marston: Je suis déjà très inquiet à cause des dettes écrasantes qu'ils ont accumulées, quand ils sortent de l'université.
M. James Infantino: Tout à fait.
M. Wayne Marston: C'est vraiment tout ce que j'avais à dire sur les pensions.
Monsieur Turnbull, ma question est pour vous.
Quand vous parliez des produits dérivés, en 2008 — je suis loin d'être un spécialiste — j'ai cru percevoir une espèce d'insouciance pendant la crise qui a frappé les États-Unis. Là-bas, on titrisait les produits dérivés, en sachant que les titres hypothécaires étaient pourris. Ils savaient que, derrière tout cela...
Le Canada, pendant ce temps, a très bien tiré son épingle du jeu. C'est parce que nous n'avons pas investi dans les marchés dérivés? Est-ce la raison?
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Nous savons que, dans les petites villes du pays, l'effet sera dévastateur, par exemple dans des localités comme Montague, dans l'Île-du-Prince-Édouard, et St. Andrews, au Nouveau-Brunswick, où des emplois fédéraux ont été perdus. Relativement à la perte des emplois fédéraux, nous avons noué le dialogue avec le gouvernement de l'Île-du-Prince-Édouard et la municipalité de Charlottetown. Ils craignent beaucoup l'effet de ces pertes.
D'un bout à l'autre du pays, nous sondons les propriétaires de cafés-restaurants et de boutiques de bicyclettes, par exemple, qui craignent pour leur emploi, parce que l'argent sortira de la collectivité.
Chaque perte d'emploi fédéral, particulièrement dans les petites localités du Canada, a un effet de ricochet. Comme je l'ai dit, l'activité des petits entrepreneurs risque de diminuer. Ils sont donc menacés de perdre leur propre entreprise.
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Merci, monsieur le président, et bienvenue aux témoins.
Commençons par quelques mesures dont nous n'avons pas parlé et qui sont prévues dans le projet de loi . Je pense qu'il importe aussi de connaître votre avis à leur sujet.
Monsieur Lavoie, vous et moi avons eu l'occasion de discuter de certaines réalisations du gouvernement, dans le passé, qui visaient à créer des emplois et à aider les entreprises. Il y a eu, par exemple, la diminution de la TPS, celle de l'impôt des entreprises, la limitation des primes d'assurance-emploi à 5 ¢ plutôt qu'à 15, le refus de doubler les cotisations au Régime de pensions du Canada, comme le proposait le NPD, celui d'adopter l'année de travail de 45 jours, une mesure qui aurait entraîné la disparition d'entreprises. Je pense que votre organisation appuyait fermement ces mesures, en majorité, pour aider vos membres. Je le vois bien. Vous hochez la tête. J'espère que cela signifie que c'est encore le cas.
Je ne vous ai pas entendu parler de quelques mesures prévues dans le projet de loi. Saisissez l'occasion. Je me demande comment la déduction pour amortissement accéléré de l'équipement de production d'énergie propre aiderait vos entreprises. Est-ce que c'est une bonne mesure du projet de loi ?
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En fait, nous avons entendu des fonctionnaires du ministère.
J'ai été tout à fait surprise d'apprendre que 534 000 entreprises ont profité du crédit d'impôt à l'embauche qui était en place auparavant. Nous prolongeons donc la mesure. Elle leur a permis d'économiser environ 205 millions de dollars que, visiblement, elles ont pu réinvestir ailleurs: dans la R-D, l'innovation ou autre chose. C'est leur choix, mais c'est de l'argent économisé.
En ce qui concerne le Régime de pension agréé collectif, le RPAC, le dépôt du projet de loi sur ce régime a suscité beaucoup de discussions. Maintenant que nous essayons de terminer notre étude sur le régime, est-ce que vos sociétés membres ont exprimé une opinion à ce sujet? Avez-vous des anecdotes à raconter sur ce que vous pensez de cette mesure?
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Nous pensons que le REEI est excellent. Nous avons participé aux consultations qui ont conduit à l'inclusion des propositions dans le Budget de 2012 et, apparemment, nous pensons tout à fait que l'impact est positif. Bien sûr, nous aimerions que ça aille un peu plus loin. Nous recommandons, par exemple, des options de refinancement pour les régimes d'épargne-retraite. Actuellement, ces options ne s'adressent qu'aux régimes enregistrés d'épargne-études. Nous avons eu les réactions de certains de nos membres qui donnent un excellent service à cette catégorie de clients.
Actuellement, le REEI pose des difficultés. Il est inaccessible, je dirais, aux personnes qui deviennent handicapées à un âge avancé. Par exemple, ceux qui sont
[Français]
atteints de sclérose en plaques ou de
[Traduction]
dystrophie musculaire, n'en tireraient pas bénéfice, mais, la mesure semble bonne.
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Les entrepreneurs semblent unanimes à ce sujet.
J'aimerais vous citer quelques extraits du budget, tirés du rapport Jenkins:
Au Canada, relativement à d’autres pays comparables, les investissements dépendent des encouragements fiscaux dans la composition de l’aide fédérale à la recherche-développement en entreprise par rapport aux dépenses directes visant à soutenir les entreprises innovatrices et la recherche en collaboration entre les secteurs public et privé.
Dans le budget toujours, on énumère les principales recommandations du rapport Jenkins, dont celle-ci:
Réaffecter des ressources actuellement affectées à des mesures de soutien indirect dans le cadre du Programme d’encouragements fiscaux pour la recherche scientifique et le développement expérimental (RS&DE), à des mécanismes de soutien direct, comme le Programme d’aide à la recherche industrielle.
On poursuit en disant:
Le Plan d'action économique de 2012 contient les premières mesures qui donnent suite à cet engagement: c'est ainsi qu'il réserve 1,1 milliard de dollars sur cinq ans en soutien direct à la recherche-développement et qu’il prévoit des fonds de 500 millions de dollars qui seront disponibles sous forme de capital de risque.
La logique est assez simple. Il y a un programme en place. Le plus important programme fédéral venant en aide aux entreprises canadiennes dans le domaine de la recherche-développement est le programme de la RS&DE. Plus de 3,6 milliards de dollars en fonds publics ont été injectés dans ce programme en 2011. L'idée est de réaffecter une partie de ces fonds à des programmes de financement direct, comme le PARI.
Vous le savez, messieurs, les gouvernements ont des décisions à prendre en ce qui concerne les coûts de renonciation. Nous ne pouvons pas tout financer. L'argent ne pousse pas dans les arbres à Ottawa. Nous devons parfois trancher. Il a été décidé de réaffecter une partie du très généreux financement public versé en appui à la recherche-développement, pour financer davantage de programmes de soutien direct comme le PARI.
Êtes-vous contre cette approche? J'aimerais avoir votre avis personnel, et celui de votre organisation.
Monsieur Cudmore, je vous prie de commencer. Nous entendrons ensuite M. Lavoie.
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Je dirais premièrement qu'il y a effectivement un déséquilibre accru au Canada entre le soutien direct et le soutien indirect. Rien ne prouve cependant qu'une approche plus équilibrée favoriserait nécessairement les investissements privés dans la recherche-développement au Canada.
Deuxièmement, il faut préciser que ce déséquilibre remonte à 2006, année où on a supprimé le programme Partenariat technologique Canada, qui offrait 350 millions de dollars par année en soutien direct à la recherche-développement. Ce programme posait de nombreux problèmes, notamment en ce qui a trait à la sélection des bénéficiaires. Le Bureau du vérificateur général a publié plusieurs rapports à ce sujet, et on a décidé d'abolir le programme. C'est en partie à cela que le déséquilibre est attribuable.
Du soutien direct est encore offert par l'Initiative stratégique pour l'aérospatiale et la défense, mais il y a toujours un écart. Je ne veux pas trop m'avancer, parce que 2 600 entreprises vont être touchées par la réduction du taux du crédit d'impôt à l'investissement, et je ne pense pas qu'elles auront accès à un mécanisme de soutien direct.
Pourriez-vous faire de même, monsieur Cudmore, si vous avez des renseignements qui pourraient être utiles au comité? À titre de parlementaires, nous devons rendre des comptes aux contribuables, de même qu'à la Fédération canadienne des contribuables, qui est représentée ici aujourd'hui. Quelque 3,6 milliards de dollars, c'est une somme énorme à verser en fonds publics. Le groupe d'experts dirigés par M. Jenkins a produit un rapport précisément sur le sujet, que vous réfutez tous les deux. Cependant, vous devez étayer vos dires d'exemples concrets en ce qui concerne les innovations qui ont pu être réalisées grâce aux investissements des entreprises dans le cadre du programme de la RS&DE.
J'aimerais que vous nous donniez cette information tous les deux, d'accord?
Il s'agit de la 89e réunion du Comité permanent des finances. Nous poursuivons notre étude du projet de loi .
Nous accueillons quatre témoins pour notre deuxième groupe cet après-midi.
Tout d'abord, de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, nous recevons Mme Corinne Pohlmann. Bienvenue à cette séance du comité. Accueillons ensuite Mme Angela MacEwen, du Congrès du travail du Canada. Bienvenue. De la Fédération canadienne des contribuables, M. Gregory Thomas. Bienvenue à vous. Nous attendons également M. Albert De Luca, associé chez Deloitte & Touche.
Vous avez cinq minutes chacun pour votre déclaration liminaire. Nous passerons aux questions après avoir entendu le dernier témoin.
Nous allons commencer par la FCEI.
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Merci de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui. La FCEI est une organisation sans but lucratif et non partisane représentant plus de 109 000 petites et moyennes entreprises à l'échelle du Canada, qui emploient collectivement plus de 1,25 million de Canadiens et qui représentent 75 milliards de dollars du PIB. Nos membres sont issus de tous les secteurs de l'économie et proviennent de toutes les régions du pays.
Mes commentaires porteront principalement sur trois dispositions du projet de loi qui sont importantes pour les propriétaires de petites entreprises. Il s'agit du crédit d'assurance-emploi pour l'embauche, des régimes de pension agréés collectifs, et des modifications aux régimes de retraite du secteur public.
Vous devriez avoir reçu une copie papier des diapositives, et j'aimerais prendre quelques minutes pour les passer en revue avec vous.
Les mesures favorisant la croissance des petites entreprises sont très importantes, car ce sont elles, plus que toute autre chose, qui vont contribuer à l'économie globale du Canada et à la création d'emplois au pays.
Comme vous pouvez le voir à la diapositive 2, les cotisations sociales ont de loin la plus grande incidence sur la croissance. Pourquoi? Parce qu'il s'agit d'une taxe sur l'emploi. Ces cotisations doivent être versées peu importe les profits. C'est pourquoi le crédit d'assurance-emploi demeure primordial pour nous, et nous allons continuer à faire pression pour qu'il soit prolongé et étendu tant et aussi longtemps que le taux de chômage va augmenter, comme cela a été le cas en 2012 et encore en 2013.
Tout récemment, nous avons demandé à nos membres ce qu'ils pensaient du crédit à l'AE, et presque les deux tiers nous ont répondu que c'était une mesure moyennement ou très efficace pour...
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Je leur en ai donné une copie.
Pour 64 p. 100 des répondants, le crédit d'AE à l'embauche était moyennement ou très efficace pour maintenir ou accroître le rendement de l'entreprise. Le crédit permet de compenser au moins en partie pour la hausse des cotisations que les entrepreneurs doivent absorber quand ils embauchent de nouveaux employés. C'est particulièrement important pour les petites entreprises, qui ont généralement les reins moins solides pour supporter des augmentations de ce genre. Bien que les petites entreprises préféreraient voir un gel des cotisations, le crédit d'AE à l'embauche allège tout de même quelque peu leur fardeau.
Je tiens toutefois à mentionner que nous sommes préoccupés par la suspension de la Loi sur l'Office de financement de l'assurance-emploi du Canada et la dissolution de l'office. Nous reconnaissons qu'il faut couper dans les coûts et c'est logique de suspendre les activités de l'office s'il n'y a pas de travail pour lui. Cependant, nous avons toujours milité en faveur de l'établissement d'un compte distinct et indépendant des recettes globales du gouvernement, de façon à ce qu'on ne puisse plus jamais affecter à d'autres priorités gouvernementales les surplus accumulés de l'assurance-emploi, comme cela a déjà été le cas, à hauteur de 57 milliards de dollars. Nous comprenons qu'il soit pratique de suspendre les activités de l'office, mais nous insistons pour que la caisse de l'assurance-emploi soit tenue à l'écart des recettes globales.
Les prochaines dispositions du projet de loi qui touchent les petites entreprises prévoient la création de régimes de pension agréés collectifs. C'est important, car la majorité des propriétaires de petites entreprises n'ont pas de régime de pension pour eux-mêmes ou pour leurs employés. Pourquoi? C'est que la plupart d'entre eux pensent que c'est trop cher et trop compliqué d'administrer un régime d'épargne-retraite.
Nous croyons que les RPAC permettront de régler une partie du problème. Nous avons demandé aux petites entreprises qu'est-ce qui pourrait rendre les RPAC particulièrement intéressants selon elles. Selon les réponses obtenues, on constate que donner le choix aux employeurs, maintenir les coûts peu élevés, éviter les cotisations sociales sur les contributions de l'employeur, et réduire le fardeau administratif sont des avantages qui arrivent à égalité. En théorie, avec ce cadre de travail en place, les RPAC permettraient, dans une certaine mesure, d'offrir ces avantages; ce sera toutefois aux provinces et aux institutions financières de rendre la chose attrayante pour les petites entreprises. La bonne nouvelle est que le tiers des propriétaires de petites entreprises envisageraient d'offrir un RPAC, et 30 p. 100 pourraient être intéressés de le faire après avoir reçu plus d'information. La FCEI et ses membres voient d'un bon oeil la possibilité d'offrir différentes options pour la planification de la retraite.
Les dernières dispositions du projet de loi dont je veux vous parler sont celles portant sur les modifications aux régimes de pensions du secteur public. Nous accueillons favorablement ces changements, étant donné qu'ils permettront de rétablir quelque peu la situation, puisque les régimes publics sont inéquitables et non viables à l'heure actuelle. Permettez-moi de vous expliquer pourquoi cela préoccupe les propriétaires de petites entreprises. Plus de la moitié, 58 p. 100 plus précisément, des propriétaires de petites entreprises estimaient ne pas avoir suffisamment de revenus disponibles pour tirer profit des différentes options d'épargne-retraite qui leur sont offertes.
En outre, plus de la moitié d'entre eux ne croient pas être en mesure de prendre une retraite confortable avant l'âge de 65 ans, et encore. En revanche, au cours des cinq dernières années, neuf nouveaux pensionnés fédéraux sur dix ont pris leur retraite avant l'âge de 65 ans, avec revenus de retraite garantis. Une grande partie de ces régimes sont payés par ces mêmes contribuables qui n'ont pas les moyens d'épargner pour leur retraite, entre autres parce qu'ils doivent payer des impôts pour contribuer aux régimes de retraite du gouvernement.
L'an dernier, la FCEI a lancé une campagne demandant plus de transparence concernant les obligations découlant des régimes de retraite du secteur public et plus d'équité envers les contribuables. Au cours de la dernière année, nous avons reçu plus de 55 000 appels à l'action de la part de propriétaires de petites entreprises inquiets de l'état du régime de pensions du secteur public du Canada. Plusieurs d'entre vous avez probablement reçu le même genre d'appel dans vos bureaux. Ces propriétaires de petites entreprises sont particulièrement inquiets de la viabilité du régime fédéral, car on estime qu'il accuse en ce moment un déficit actuariel de 140 à 220 milliards de dollars.
Nous sommes heureux de voir que le projet de loi s'attaque à quelques-uns de ces problèmes en prévoyant une augmentation graduelle des cotisations des fonctionnaires fédéraux, pour arriver à une proportion de 50-50, au lieu des 37 p. 100 actuels. Cela permettra également d'harmoniser davantage le régime du secteur public fédéral avec ceux de la plupart des provinces. Cette mesure a été bien accueillie par les propriétaires de petites entreprises.
Nous appuyons également les dispositions du projet de loi qui feront passer à 65 ans l'âge de la retraite pour les nouveaux employés dès 2013. Bien d'autres organisations, y compris des organismes fédéraux comme Exportation et développement Canada et la Banque du Canada, ont également modifié leur régime de retraite pour les nouveaux employés, en faisant passer notamment l'âge de la retraite à 65 ans. C'est rassurant de voir que le secteur public fédéral s'engage aussi dans cette voie. Nous pensons que ces dispositions constituent un pas dans la bonne direction pour régler certains de ces problèmes.
Toutes les dispositions dont j'ai parlé sont importantes pour les petites entreprises. Nous voudrions ainsi les voir mises en oeuvre le plus rapidement possible.
Merci.
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Au nom des 3,3 millions de membres du Congrès du travail du Canada (CTC), je tiens à vous remercier de me donner l'occasion de vous présenter nos points de vue concernant le projet de loi d'exécution du budget de 2012.
Le CTC rassemble des travailleurs d'à peu près tous les secteurs de l'économie canadienne; toutes les professions et toutes les régions du pays y sont représentées.
La section 22 du projet de loi propose la suspension temporaire de l'Office de financement de l'assurance-emploi du Canada (OFRAEC). C'est une décision logique en ce sens que l'Office devait s'en remettre au paragraphe 66(7) de la Loi sur l'assurance-emploi qui limite les fluctuations du taux à 0,05 p. 100 de la rémunération assurable.
L'Office n'a jamais trouvé grâce aux yeux du CTC, parce qu'il n'a pas cru bon de prendre en compte le point de vue des cotisants, à savoir les travailleurs et les employeurs.
Lors de représentations antérieures auprès du gouvernement et des comités parlementaires, le CTC a préconisé la création d'un compte distinct pour l'assurance-emploi, qui serait administré par une commission de l'assurance-emploi ou un organisme semblable sans lien de dépendance avec le gouvernement fédéral. À l'instar des gens de la FCEI, nous voyons d'un mauvais oeil les ponctions effectuées à même l'excédent au compte. Nous sommes d'avis que le compte d'assurance-emploi et toutes les sommes supplémentaires placées dans un fonds de réserve ou de stabilisation des cotisations ne devraient servir qu'aux fins de l'assurance-emploi.
Les ressources financières de l'assurance-emploi ont été administrées sans vraiment reconnaître le fait que ce sont les cotisations versées par les employeurs et les travailleurs qui financent le régime. Si l'on n'avait pas retiré 57 milliards de dollars du compte sans le consentement des cotisants, il serait encore aujourd'hui en situation excédentaire. Le gouvernement n'aurait pas à faire autant de coupures dans le programme d'assurance-emploi, et celui-ci remplirait plus efficacement un de ses rôles clés à titre de stabilisateur économique automatique.
Lorsque l'OFRAEC reprendra ses fonctions, les cotisants, travailleurs et employeurs, devront participer de plus près au processus d'établissement des cotisations et contrôler de concert avec le gouvernement la gestion des éventuels fonds de réserve et l'utilisation des excédents.
Nous voulons en outre souligner à quel point le système de financement de l'assurance-emploi actuellement en place est inefficace à intervenir de façon contracyclique.
Même si le gouvernement fédéral a épongé directement le coût des mesures d'assurance-emploi prévues dans son plan d'action économique, y compris le gel des cotisations durant la récession, les prestations de formation, le travail partagé et la prolongation temporaire de cinq semaines des prestations ordinaires, le compte d'assurance-emploi est devenu déficitaire en raison de la forte hausse des sommes versées en prestations ordinaires. Cette hausse était attribuable à l'augmentation du taux de chômage national qui est passé d'environ 6 p. 100 avant la récession à un sommet de 8,6 p. 100 en 2009. Il demeure d'ailleurs élevé depuis et s'est maintenu aux alentours de 7,4 p. 100 au cours de la dernière année.
Les cotisations ont été gelées, plutôt que d'être réduites, au plus fort de la récession; elles augmentent maintenant à la faveur d'une très faible reprise. Les revenus tirés des cotisations sont censés surpasser les dépenses de l'assurance-emploi en 2012, et il faudra que l'on poursuive dans le même sens pour radier le déficit de 9,2 milliards de dollars accumulé au compte de l'assurance-emploi à la fin de 2011.
Tout indique que les cotisations vont continuer d'augmenter pendant plusieurs années pour éliminer le déficit accumulé. Je répète que l'on se retrouve dans une telle situation malgré les importants excédents enregistrés dans le compte d'assurance-emploi avant la récession.
Nous estimons que le gouvernement fédéral devrait verser dans le compte distinct de l'assurance-emploi un montant équivalent au déficit enregistré dans le compte de 2009 jusqu'à l'établissement d'un compte distinct, en plus d'éponger tous les déficits à venir jusqu'à ce que le taux de chômage national baisse sous la barre des 6,5 p. 100.
Je veux aussi vous parler du changement fiscal inattendu que propose le projet de loi . Ainsi, on supprime une échappatoire non souhaitée en précisant le mode d'imposition des conventions de retraite. Par ailleurs, le projet de loi étend également à ces conventions la formule du partage des pensions.
Voici ce que l'on peut lire dans le budget de 2012:
En vertu de la Loi de l'impôt sur le revenu, une convention de retraite (CR) est un type de mécanisme d'épargne-retraite capitalisé, parrainé par l'employeur. Les CR servent habituellement à financer l'excédent de la prestation de retraite d'un employé à revenu plus élevé sur la prestation de retraite maximale selon les limites de cotisations à un régime de pension agréé (RPA).
Il s'agit en fait d'un allégement fiscal pour les aînés bien nantis qui n'apportera pas grand-chose à la plupart des Canadiens. Les dispositions touchant le partage des revenus de pension ne rapportent rien aux personnes âgées seules, soit 30 p. 100 des aînés canadiens, qui sont les plus vulnérables à la pauvreté. Il n'y a aucun avantage également pour les couples d'aînés dont le revenu est si faible qu'ils ne paient pas d'impôt de toute manière.
Les économies fiscales provenant du partage des revenus de retraite varient en fonction du niveau de revenu, ce qui fait que les plus fortes réductions profitent à la petite proportion d'aînés qui sont les plus riches, pendant que la majorité d'aînés dont le revenu est moyen ne bénéficient, dans le meilleur des cas, que d'une faible diminution. C'est d'autant plus vrai dans le cas du partage des revenus pour les conventions de retraite, car bon nombre d'aînés n'ont pas les ressources nécessaire pour s'en prévaloir de toute façon.
En outre, les différents types de partage des pensions ont des impacts différents. Lorsque les REER de conjoint sont autorisés, le conjoint ayant le revenu le plus élevé est incité à transférer les fonds sous le contrôle de l'autre conjoint. Si l'on autorise simplement le partage des revenus de retraite à des fins fiscales, on réduit le fardeau fiscal du couple pour l'année en cours, sans exiger le transfert de fonds au conjoint dont le revenu est inférieur. Ces questions peuvent avoir une incidence en cas de divorce ou lors du décès du conjoint dont le revenu est supérieur. Lorsque le partage des revenus de pension est encouragé au moyen des REER de conjoint, celui dont le revenu est moins élevé s'en tire beaucoup mieux qu'avec les autres formes de partage.
Une analyse sexospécifique approfondie du budget et de ses dispositions, comme celle recommandée sur le site web de Condition féminine Canada, permettrait d'y voir plus clair quant aux impacts différenciés de ces mesures stratégiques qui n'apparaissent pas au premier coup d'oeil.
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Monsieur le président, nous vous remercions de l'invitation à comparaître devant le comité aujourd'hui.
Avec plus de 70 000 adhérents d'un océan à l'autre, la Fédération canadienne des contribuables est le plus important groupe de défense des droits des contribuables au Canada. Voilà maintenant 22 ans que nous préconisons un gouvernement de taille réduite, des impôts inférieurs et une plus grande responsabilisation de nos élus.
Nous nous réjouissons des réformes touchant le régime de pensions de la fonction publique qui sont proposées dans le projet de loi . Nous estimons que l'augmentation de l'âge de la retraite à 65 ans pour les nouveaux fonctionnaires embauchés est un premier pas dans la bonne direction pour assurer la pérennité du régime fédéral de pensions gouvernementales. Nous félicitons les députés de tous les partis qui ont montré l'exemple en réformant leur propre régime de pensions et en accélérant le processus législatif jusqu'à la sanction royale. Voilà plusieurs décennies que nous trimons dur en ce sens et vous êtes parvenus à le faire en 48 heures à peine lorsque le moment est venu. C'était fort impressionnant.
Par ailleurs, il suffit de consulter les estimations de l'Institut C.D. Howe et les comptes publics pour constater que, contrairement au Régime de pensions du Canada, le régime de pensions des fonctionnaires est entièrement financé à même les recettes générales. Il n'existe aucun fonds réservés pour garantir les revenus de retraite des employés du gouvernement fédéral. Nous croyons que le Parlement devrait examiner de près ces questions.
Le gouvernement a pu établir le Régime de pensions du Canada sur des bases durables. Grâce aux modifications apportées à la Sécurité de la vieillesse, dont l'âge de la retraite qui passe à 67 ans et les incitatifs à continuer de travailler jusqu'à 70 ans, vous consolidez aussi les bases des prestations de Sécurité de la vieillesse. Nous pensons que vous devriez envisager des mesures semblables pour les fonctionnaires.
Pour ce qui est de l'assurance-emploi, nous souscrivons sans réserve aux arguments soulevés par le Congrès du travail du Canada. On est tout à fait justifié de s'offusquer lorsqu'on voit le gouvernement s'emparer de 57 milliards de dollars dans le compte d'assurance-emploi pour réduire son déficit. La saisie des excédents théoriques des pensions dans les années 1990 est tout aussi répréhensible. Nous estimons que les parlementaires, des gens qui travaillent sur le terrain et doivent retourner chaque week-end dans leur circonscription pour expliquer tout cela à leurs concitoyens, devraient se méfier grandement des projections et hypothèses actuarielles, des excédents théoriques et des déficits qui surviennent. Lorsque ce ne sont plus les particuliers qui économisent en prévision de leur propre retraite, d'innocents citoyens sont à la merci des manoeuvres du gouvernement et du système financier, ce qui n'est profitable pour personne.
Pour ce qui est du financement de l'assurance-emploi, nous notons que les employeurs et les travailleurs participant au régime à part entière versent chaque année au fonds de l'assurance-emploi une somme combinée dépassant 2 000 $ par employé, jusqu'à concurrence du salaire moyen dans l'industrie. De nombreuses personnes ne demanderont jamais de prestations d'assurance-emploi, alors qu'on retrouve des régions entières du pays où les gens sont considérés comme des réitérants pour en avoir fait trois fois la demande au cours des cinq dernières années. C'est tout particulièrement injuste pour les travailleurs ontariens pour lesquels il est très difficile dans la plupart des cas d'accumuler suffisamment d'heures pour établir son admissibilité à l'assurance-emploi. Nous nous demandons pourquoi vous ne pourriez pas mettre en place un programme similaire au Régime de pensions du Canada aux fins duquel employeurs et travailleurs cotiseraient en vue de constituer un fonds de prévoyance auquel les travailleurs auraient directement accès.
Je vous remercie.
Désolé de ne pas avoir de document à vous remettre, mais c'est hier seulement que j'ai été convoqué. Un mémoire a été déposé devant votre comité par ma firme le 13 septembre dernier.
Mes remarques préliminaires porteront sur le régime d'incitatifs pour les activités de recherche et développement. Chez Deloitte, je suis responsable national pour les questions touchant les incitatifs et les investissements étrangers au Canada. Je suis également président du conseil d'administration de l'Association de la recherche industrielle du Québec (ADRIQ). C'est dans le cadre de ces fonctions que j'entretiens des liens avec des représentants de l'industrie dans tout le pays. J'aimerais donc me faire leur porte-parole relativement aux modifications proposées concernant le régime fiscal pour la recherche scientifique et le développement expérimental (RS&DE).
Nous croyons nécessaire d'inscrire les discussions au sujet des incitatifs dans le débat plus général concernant les mesures à prendre pour attirer ou conserver les investissements aux fins de l'innovation. Il va de soi que les incitatifs pour les activités de recherche et développement contribuent à l'accroissement de la productivité. Cependant, ces activités doivent également servir à créer de la richesse économique via la mise au point des technologies de la prochaine génération.
Le Canada attire les investisseurs qui s'intéressent à ses ressources naturelles. Malheureusement, les investissements connexes en matière d'innovation ne suivent pas toujours. Le Canada est donc moins efficace que ses concurrents étrangers dans ses efforts pour attirer les investisseurs, préserver ses acquis ou se démarquer dans le secteur de l'innovation technologique.
Il est généralement reconnu que notre régime de RS&DE contribue grandement à favoriser les investissements aux fins de l'innovation au Canada. Nous sommes d'avis que les réductions proposées au titre du soutien gouvernemental vont rendre le régime canadien d'incitatifs moins attrayant que celui de nos concurrents étrangers, qui s'emploient d'ailleurs à bonifier le leur. De fait, le Canada a déjà glissé du 3e au 5e rang pour ce qui est de la générosité de ses incitatifs fiscaux pour les petites entreprises, et de la 9e à la 13e place pour les plus grandes. On compare ici les chiffres de 2012 à ceux de 2008.
Compte tenu des changements annoncés dans le budget, nous prévoyons que cette chute au classement va s'accentuer, surtout pour les grandes entreprises. Selon le récent sondage postbudgétaire que nous avons mené auprès des entreprises canadiennes, la réduction du soutien gouvernemental dans le cadre du régime de RS&DE est généralement mal accueillie, ce qui laisse entrevoir un régime fiscal canadien de moins en moins attrayant au fil de la mise en oeuvre de ces changements.
À notre avis, l'élimination des incitatifs pour les investissements en immobilisations ne tient pas compte de l'importance de tels investissements pour les activités de recherche et développement et de la position défavorable dans laquelle se retrouveront certaines industries en raison de cette suppression. Le secteur du logiciel, par exemple, a besoin d'ordinateurs et d'équipement connexe pour la recherche et le développement. Plutôt que d'exclure complètement toutes les dépenses en immobilisations, nous recommandons que le gouvernement établisse une distinction entre celles engagées à court terme, comme pour les ordinateurs et le matériel informatique, et celles à plus long terme, et qu'il accorde aux investissements à court terme le même traitement fiscal que pour les coûts d'équipement, c'est-à-dire qu'ils seraient admissibles au crédit de RS&DE.
En outre, de préférence à une suppression générale de l'admissibilité des dépenses en immobilisations au régime de RS&DE, nous préconisons la mise en place d'un processus de restrictions. On pourrait envisager par exemple une approche semblable à celle utilisée pour le matériel à vocations multiples. On pourrait également plafonner les montants admissibles.
Si les propositions touchant les investissements en capital sont retenues, nous croyons que le libellé du projet de loi devrait être précisé afin que les choses soient bien claires. Je vous fais grâce de nos différentes recommandations concernant le libellé, mais notons que le projet de loi dans sa forme actuelle laisse planer certains doutes.
Comme nous l'indiquions dans notre mémoire d'octobre 2011 en vue de la préparation du budget de 2012, nous estimons que l'on devrait améliorer le régime fiscal canadien pour la recherche et le développement en faisant en sorte que les crédits fiscaux soient tout au moins partiellement remboursables pour toutes les entreprises, comme cela se fait dans de nombreux pays et dans plusieurs provinces. Citons par exemple le Royaume-Uni qui a décidé, non pas d'éliminer son programme, mais bien de rendre le crédit d'impôt entièrement remboursable pour toutes les entreprises. La France a fait de même.
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Nos membres sont essentiellement d'avis que le régime de pensions et de rémunération de la fonction publique devrait s'apparenter à ce qui se fait dans le secteur privé. Je crois que si l'on considère certains postes, surtout au niveau intermédiaire, il y a certains avantages à travailler dans le secteur public par rapport au secteur privé. Cela se manifeste notamment au chapitre des avantages sociaux, et surtout du régime de pensions.
Les changements proposés ici sont un pas dans la bonne direction, mais nous souhaiterions voir, et nous devrons exercer des pressions en ce sens, des mesures comme un régime de pension à prestations déterminées et l'établissement de l'âge de la retraite à 65 ans pour tous les fonctionnaires de manière progressive, comme cela se fait pour la sécurité de la vieillesse. Les changements n'auraient pas nécessairement d'incidence sur les personnes s'apprêtant à prendre leur retraite, mais ils toucheraient celles qui le feront peut-être dans 15 ou 20 ans, plutôt que d'uniquement s'appliquer à ceux qui amorceront leur carrière en 2013. Cela fait partie des améliorations possibles.
Il y aurait peut-être aussi lieu de se pencher sur les mesures comme les prestations de raccordement. Cela fait partie des avantages qui ne sont pas offerts dans le secteur privé et qu'il conviendrait d'examiner de plus près dans le contexte de la fonction publique.
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Nous avons environ 75 000 adhérents.
Nous tenons à souligner qu'il n'y a qu'environ 12 p. 100 des Canadiens qui ne travaillent pas dans la fonction publique qui ont un régime de retraite défini.
Nous croyons que le gouvernement doit offrir des salaires, des avantages sociaux et de l'épargne-retraite concurrentiels. Le gouvernement doit embaucher du personnel qualifié s'il veut avoir du personnel de qualité. Il veut que ses employés soient bien rémunérés, mais ils ne devraient pas gagner plus que les autres.
Nous pensons que l'une des façons dont les gouvernements attirent les employés, c'est en leur offrant toutes sortes d'avantages en différé qui leur semblent abordables. Ils se disent qu'ils vont payer leurs employés moins cher dans l'immédiat, mais qu'en revanche, ces derniers vont recevoir des prestations de retraite.
Il y a plus d'une centaine de membres du régime de retraite des enseignants de l'Ontario qui ont au moins 100 ans. Il y en a plus de 1 000 qui ont au moins 90 ans. Il y en a 10 000 qui ont au moins 80 ans. Les enseignants de l'Ontario compilent beaucoup de statistiques, mais l'âge moyen de la retraite, cette année, est de 59 ans. Bon nombre de ces personnes vont être à la retraite plus longtemps qu'elles n'ont travaillé comme enseignants.
C'est le piège dans lequel tombe le gouvernement en offrant un revenu indexé garanti à vie à ses employés, qui prennent leur retraite dès 55 ans. C'est fantastique que vous commenciez à vous pencher sur la question. Nous pensons qu'il faut que vous pensiez davantage à la comptabilité de trésorerie. Peut-être que vous devriez payer ce qu'il faut pour convaincre les gens de travailler pour vous, mais ne leur offrez pas pendant 40 ans des prestations que le reste de la population ne peut pas se permettre.
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Mes questions s'adressent surtout à Mme MacEwen, mais je suis un peu surpris de constater que nous nous entendons sur certaines choses. Madame Pohlmann, quand vous avez dit qu'il ne faudrait pas reporter la limite de 2015 à 2017 pour nous occuper du déficit, vous avez publiquement exprimé votre accord avec le NPD.
Monsieur Thomas, vous avez parlé de la nécessité d'instaurer des régimes de retraite dans votre groupe. Je suis d'accord avec vous. Il y a douze millions de Canadiens qui n'ont pas de pension. J'aimerais vous présenter mon point de vue. Je ne sais pas si Mme Pohlmann est d'accord, mais je peux voir que mon ami, ici, va approfondir la question.
Je vais passer à Mme MacEwen. Je soulève la question des régimes de retraite, parce que le CTC milite en faveur d'une bonification du régime de pensions national. Ce serait une façon de résoudre le problème sans toutes les complications associées aux RPAC. Mme Pohlmann a raison de dire qu'on ne sait pas si l'industrie et les provinces vont suivre les recommandations concernant les RPAC. Il y a au moins une province qui a déclaré qu'elle n'en avait pas l'intention, je pense que c'est l'Ontario. Cela pourrait changer avec le nouveau chef. La question des pensions préoccupe toutefois beaucoup tout le monde, de toute évidence.
Le CTC et le NPD sont tous deux en faveur d'une bonification du RPC, donc je ne pense pas devoir m'attarder sur la question et je vais changer de sujet. Je voulais simplement souligner ce que je percevais comme un accord. J'avais entendu des rumeurs selon lesquelles il y avait des personnes au CTC qui s'inquiétaient des dispositions sur le financement de l'AE contenues dans le projet de loi.
J'ai un lien particulier avec le CTC et je dois le mentionner. Le CTC compte 3,3 millions de membres. Il a été fondé en 1883. Pendant 14 ans, j'ai été président du conseil du travail de Hamilton.
Ce que je veux dire, c'est que le CTC défend les travailleurs depuis longtemps, et dans ce cas-ci, nous avons des inquiétudes sur l'assurance-emploi dont j'aimerais que vous nous parliez.
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Je remercie tous les témoins d'être avec nous aujourd'hui. J'ai deux ou trois questions sur l'assurance-emploi.
La plupart des citoyens espèrent ne jamais avoir recours à cet avantage conçu pour aider des personnes en transition, qui ont été frappées par la catastrophe d'une perte d'emploi. Malheureusement, seuls 40 p. 100 des Canadiens sans emploi y ont droit aujourd'hui.
Les trois premiers témoins, Mmes Pohlmann et MacEwen, et M. Thomas, ont parlé du fait que le gouvernement a utilisé les cotisations d'assurance-emploi versées par les citoyens et les employeurs comme s'il s'agissait de recettes générales. Nous en avons discuté un peu hier, et les représentants du ministère ont affirmé qu'il s'agissait d'une simple modification comptable, que l'argent n'avait pas réellement été retiré du fonds d'assurance-emploi.
Avez-vous quelque chose à dire là-dessus? Je n'étais pas de cet avis, mais c'est ce que les représentants du ministère nous ont dit.
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Merci, monsieur le président.
Madame Pohlmann, je suis moi aussi un grand admirateur de votre fédération. J'en ai été membre à partir de 1985, lors de mon arrivée dans le monde des affaires. Je comprends beaucoup de choses, et j'ai rempli tous les questionnaires. Comme M. Jean l'a dit, j'ai vécu bien des frustrations que ressentent les gens d'affaires d'aujourd'hui.
Monsieur De Luca, votre organisation est la troisième en importance à l'échelle mondiale. Vous travaillez certainement auprès de certains gouvernements. Je ne vous demande pas de nous confier des secrets d'État, mais vos actuaires ont-il examiné certains régimes de pension, peut-être pas au Canada, mais aux États-Unis ou ailleurs? À quel point sont-ils viables? En tiennent-ils un compte régulier?
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Merci, monsieur le président.
Monsieur De Luca, un peu plus tôt, plusieurs témoins sont venus nous parler du crédit d'impôt pour la recherche scientifique et le développement expérimental. Ils disaient que les mesures prises par le gouvernement n'étaient pas avantageuses pour le secteur manufacturier, entre autres, qui allait subir des pertes d'emploi parce qu'il y a des pertes d'investissement.
On a aussi dit, du côté gouvernemental, que la raison d'être, notamment, de ces mesures qu'on retrouve dans le projet de loi , c'est d'enlever tout ce qui est paperasse
[Traduction]
et fardeau administratif.
[Français]
Par contre, selon un commentaire, ça n'aide pas à cet égard.
Pouvez-vous nous dire quelle est l'incidence sur le secteur manufacturier? Pourquoi ceux que vous représentez s'opposent-ils aux mesures que le gouvernement a prises par rapport aux réductions?
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Un taux d'accumulation de 2 p. 100 est courant dans les régimes de pension gouvernementaux.
Bien des régimes municipaux permettent les pics. Ils ne tiennent parfois compte que des trois dernières années de travail. Les gens disent donc qu'ils piquent un sprint jusqu'au fil d'arrivée. Soudain, 50 policiers font des heures supplémentaires et travaillent beaucoup au palais de justice. En Ontario, ces nouveaux retraités ont des revenus très élevés qui se situent aisément dans les six chiffres. Ces pics de travail ont une grande influence sur les revenus de retraite dont les gens profitent durant 10, 20, 30 ou 40 ans.
Les mesures pour réduire certains avantages et pour repousser l'âge normal de la retraite diminuent beaucoup le risque auquel s'expose le gouvernement du Canada. Il faut appliquer d'autres mesures, mais les réformes dans le projet de loi feraient économiser 2 milliards de dollars aux contribuables canadiens, peut-être 2,6 milliards. Nous applaudissons ces mesures.