Il s'agit de la 90e séance du Comité permanent des finances. Conformément à l'ordre de renvoi du mercredi 14 mars 2012, nous poursuivons l'étude du projet de loi .
Chers collègues, huit personnes feront un exposé pendant cette séance de deux heures.
Sont représentés aujourd'hui l'Association Labourwatch du Canada, le Conseil du patronat du Québec, Leith Wheeler Investment Counsel Ltd., Merit Canada, l'Institut économique de Montréal, le Conseil du régime des prestations interentreprises du Canada, le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada et la Fraternité unie des charpentiers et menuisiers d'Amérique.
Bienvenue à tous et merci d'être venus. Comme vous le voyez, nous sommes très nombreux. Je vous demanderai donc de respecter le délai maximum de cinq minutes que chacun d'entre vous avez pour votre exposé. À la fin du dernier exposé commencera la période de questions des membres du comité.
Nous commençons par M. Mortimer.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais vous présenter les objectifs qui figurent dans notre exposé.
J'aimerais tout d'abord rectifier les déclarations faites par des leaders syndicaux et des critiques du projet de loi . Notre exposé détaillé fournit d'autres exemples et preuves qui rétablissent les faits.
Deuxièmement, il y a dans la Loi de l'impôt sur le revenu un article qui précise les conditions dans lesquelles les cotisations syndicales ne sont pas déductibles. Les seules interprétations que nous ayons pu trouver de cet article renforcent notre position. Un pourcentage élevé des cotisations perçues par les syndicats ne sont pas déductibles.
Est-ce que les Canadiens ont un manque à gagner en recettes fiscales de 1 million ou de 100 millions de dollars?
Les articles détaillés que précisent les annexes du projet de loi, et notamment le seuil de 5 000 $, sont essentiels pour mettre fin à la situation actuelle. Si la loi était effectivement appliquée, les syndiqués paieraient moins de cotisations, ce qui réduirait les dépenses fiscales du gouvernement.
Deux éminents présidents de syndicats, Ken Lewenza, président du Syndicat national de l'automobile, de l'aérospatiale, du transport et des autres travailleurs et travailleuses du Canada, et Dave Coles, président du Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier, ont écrit et je cite: « La plupart des juridictions au Canada exigent que les états financiers soient déposés par tous les syndicats accrédités où ils peuvent être examinés par le public. » Cette affirmation est fausse.
L'annexe C de notre exposé comprend un tableau d'une page couvrant les 14 juridictions fiscales du Canada, établies aux termes des lois qui figurent en annexe D. Nous avons discuté avec plusieurs présidents de commission du travail du Canada qui nous ont confirmé qu'aucune commission ou autre instance gouvernementale où que ce soit au Canada ne conserve des états financiers à disposition du public.
Il est vrai cependant que huit juridictions permettent à des syndiqués d'obtenir un état financier de leur seul syndicat. Mais aucune d'elles n'autorise des non-membres qui paient des cotisations à obtenir aucune information que ce soit sur l'utilisation de ces dernières. Ces deux groupes constituent un sous-ensemble très distinct des objectifs du projet de loi — qui vise à servir la population canadienne.
Dans l'annexe A, on relate l'expérience qu'a vécue un courageux syndiqué lors de réunions locales et de congrès nationaux du Syndicat canadien de la fonction publique. Celui-ci contredit publiquement les prétentions de transparence interne des dirigeants syndicaux. L'annexe D contient des faits exacts sur les affaires de Colombie-Britannique dont on a discuté ici le mois dernier. Les réponses que M. Georgetti a données à Mme Glover étaient tout simplement inexactes. Le fait de parler de l'accès à l'information que pourraient ou non avoir les membres est une tentative de diversion pour ne pas permettre aux Canadiens d'évaluer dans sa pleine mesure le manque d'efficacité de la fiscalité actuelle.
Et ce n'est pas le seul exemple. Je pense entre autres aux affirmations exagérées à propos des éventuels coûts de conformité. Ces affirmations sont contredites par la situation réelle constatée aux États-Unis, par des déclarations indéfendables à propos de la jurisprudence canadienne relative à la protection de la vie privée, par les vaines tentatives qui ont été faites de mettre sur un même pied les syndicats et les associations professionnelles et par les fausses déclarations selon lesquelles aucune organisation du travail américaine ne doit présenter de rapport. Certaines doivent encore rendre des comptes, même après que le président Obama ait dû utiliser ses pouvoirs pour aider certaines d'entre elles à garder de nouveau secrètes leurs activités.
Nous exhortons tous les membres du comité à examiner attentivement notre exposé et à s'interroger sur tout ce que disent les dirigeants syndicaux et les critiques par rapport aux modifications à apporter au projet de loi.
S'agissant de la non-déductibilité des cotisations, l'article 8(5)(c) de la Loi de l'impôt sur le revenu stipule essentiellement que les cotisations ne sont pas déductibles dans la mesure où elles sont prélevées « à toute autre fin qui n'est pas directement liée aux dépenses ordinaires de fonctionnement » du syndicat.
Notre exposé cite les seuls documents de l'Agence du revenu du Canada que nous ayons pu trouver indiquant que la Loi de l'impôt sur le revenu a été soigneusement rédigée et interprétée de façon cohérente. Même avec les connaissances très limitées que nous avons pour le moment sur les dépenses financées par les cotisations syndicales, des centaines de millions de dollars de cotisations sont déduites et des recettes fiscales ont un manque à gagner, ce qui ne devrait pas être le cas.
S'agissant du problème de politique publique, personne ne semble disposer de l'information permettant de tenir le gouvernement responsable de l'application appropriée de cet article de la loi. Si les syndiqués en avaient connaissance, ils n'auraient pas intérêt à mettre en lumière les dépenses syndicales ne respectant pas la Loi de l'impôt sur le revenu, car leurs impôts pourraient augmenter si leur syndicat n'arrêtait pas de dépenser leurs cotisations à des fins non admissibles.
De façon similaire, les organisations syndicales exemptes d'impôts qui prélèvent des déductions à des fins non admissibles n'ont aucun intérêt à en informer le gouvernement ou les gens qu'elles représentent. Il faut prendre des mesures pour faire en sorte que les cotisations syndicales prélevées à des fins admissibles et celles qui sont prélevées à des fins non admissibles soient rapportées comme telles et inscrites séparément sur les borderaux T4 des Canadiens qui doivent payer ces cotisations sous peine d'être renvoyés.
L'article 8(5)(c) respecte totalement la formule Rand. La décision arbitrale rendue par la Cour suprême en 1946 stipule essentiellement que tous les employés syndiqués, qu'ils soient membres ou non du syndicat
… devraient assumer leur part des dépenses nécessaires à l'application de leurs conditions de travail, la convention syndicale.
On constate aujourd'hui que des milliards de dollars de cotisations déduites tous les ans vont à l'encontre de la loi et du but visé par le juge Rand.
Finalement, les expériences de corruption syndicale de pays tels que les États-Unis et l'Allemagne ont abouti à des régimes de divulgation qui ont permis de récupérer d'énormes montants d'argent et de faire le ménage dans les syndicats.
Tous les Canadiens — y compris les Canadiens syndiqués — méritent mieux que le statu quo.
Merci.
Je m'appelle Norma Kozhaya et je suis économiste en chef au Conseil du patronat du Québec. Le conseil remercie le Comité permanent des finances de lui fournir l'occasion de présenter ses commentaires au sujet du projet de loi .
D'emblée, je dirais que le conseil accueille très favorablement ce projet de loi qui, par souci de transparence, vise à exiger que les associations syndicales rendent publics leurs états financiers et dévoilent l'usage qu'elles font des cotisations versées par les travailleurs.
À titre de représentant des employeurs du Québec, le Conseil du patronat du Québec s'est d'ailleurs déjà prononcé à plusieurs reprises en faveur de changements qui vont dans ce sens. Il estime tout à fait approprié que le montant des cotisations que versent obligatoirement les travailleurs à leur syndicat en vertu de la formule Rand, et qui donne d'importants avantages fiscaux, soit rendu public. Il en va de même de l'utilisation qui en est fait.
Les résultats d'un sondage effectué pour le Conseil du patronat du Québec par la firme Léger Marketing en 2012 vont d'ailleurs dans le même sens. Ils révèlent que le grand public estime, dans une proportion de 97 p. 100, que les syndicats devraient être tenus légalement de rendre des comptes sur l'utilisation des cotisations syndicales.
Le gouvernement, les organismes publics, les entreprises cotées en bourse et la plupart des organisations qui regroupent de nombreux membres sont sujettes à des normes strictes de divulgation d'informations financières. Il semble normal que des organisations d'aussi grande envergure que les syndicats soient soumises à des exigences similaires. La situation actuelle se caractérise généralement par un manque de transparence, non seulement auprès des contribuables et du grand public, mais également auprès des travailleurs syndiqués eux-mêmes.
Par ailleurs, on a deux commentaires plus spécifiques à formuler, tout en appuyant l'approche générale. Il y a un questionnement pour savoir si, par exemple, certains allègements pourraient être faits. Au Conseil du patronat du Québec, comme vous le savez peut-être, on milite toujours pour un allègement réglementaire et administratif. En ce sens, on se demande si, par exemple, certains points ne pourraient pas être regroupés en vue d'avoir des allègements.
Par contre, la ventilation des dépenses, selon qu'elle soit liée ou non à des fins de relations de travail, est particulièrement intéressante et importante. Elle représente pour nous un élément central du projet de loi. Cette distinction ne devrait pas causer de problèmes. Des critères peuvent même être développés en vue de la rendre plus facile. D'ailleurs, cette distinction se fait déjà dans plusieurs pays.
Certains leaders syndicaux et d'autres intervenants prétendent que les nouvelles exigences infusent beaucoup de complexité au processus. Selon plusieurs experts consultés, une codification appropriée et une systématisation dans la comptabilisation pourraient rendre la tâche relativement facile, du moins à moyen terme. Il pourrait toutefois y avoir moyen de simplifier — comme je l'ai dit — certaines exigences.
Pour ce qui est de la situation du Conseil du patronat du Québec, à ceux qui plaident que les associations patronales, comme le Conseil du patronat du Québec, ne sont pas soumises aux exigences introduites par ce projet de loi, nous aimerions spécifier que, comme association patronale, contrairement aux associations syndicales, nous sommes financés principalement par des cotisations volontaires des associations et des entreprises qui choisissent d'être membre chez nous.
Nos états financiers sont vérifiés annuellement par une firme externe et présentés au conseil d'administration. De plus, en cas d'insatisfaction d'un membre sur l'utilisation des sommes cotisées, ce dernier peut se retirer en tout temps et ne plus contribuer à l'organisation. Malheureusement, une telle décision n'est pas possible pour un travailleur dans un environnement syndiqué.
Ce projet de loi exige donc la divulgation de plusieurs détails concernant l'utilisation des cotisations syndicales, mais ne se prononce pas sur la justification de ces dépenses. Pour nous, d'autres mesures sont nécessaires pour donner plus de pouvoirs aux travailleurs et plus de légitimité à l'action syndicale. Même si le Conseil du patronat du Québec comprend l'application de la formule Rand, il estime que les associations de travailleurs devraient être tenues de consacrer les cotisations obligatoires uniquement à des fins de relations de travail et non à d'autres fins.
En conclusion, nous estimons que ce projet de loi vient corriger une anomalie qui existe et qu'il a le mérite d'harmoniser et de clarifier les exigences.
Je vous remercie.
:
Merci d'avoir donné à Leith Wheeler Investment Counsel l'occasion de témoigner devant le comité.
Leith Wheeler Investment Counsel est une firme de placement détenue par les employés. Elle gère, pour le compte de ses clients, des portefeuilles d'investissement qui totalisent plus de 11 milliards de dollars. Près de 10 p. 100 des portfolios gérés appartiennent à des clients dont les actifs ont une valeur nette élevée et 90 p. 100, à des clients institutionnels. Sur le plan institutionnel, nous gérons des portefeuilles pour le compte de fondations, de fonds de dotation, de sociétés, de Premières nations, de caisses de retraite en fiducie et de fonds de fiducie de santé et de bien-être. Bon nombre de ces fiducies sont liées aux organisations ouvrières, mais certaines ne le sont pas.
En tant que gestionnaire de fonds, nous sommes favorables à la communication des renseignements. Sans renseignements adéquats sur les sociétés ou les titres dans lesquels nous investissons, nous ne pourrions déterminer le bien-fondé d'un investissement. À notre avis, l'intention du projet de loi , c'est-à-dire l'amélioration de la communication des renseignements, est compréhensible. Ce qui nous préoccupe, cependant, c'est que si le projet de loi est adopté, tous les avantages que l'on pourrait en retirer seraient plus que neutralisés par les conséquences négatives imprévues.
Ces dernières années, les régimes de retraite et les fonds de fiducie de santé et de bien-être ont connu des difficultés. Le passif non capitalisé a augmenté en raison de la baisse des taux d'intérêt et de l'augmentation de l'espérance de vie, tandis que les marchés des capitaux n'ont pas suivi la hausse du passif non capitalisé. Selon Mercer, la solvabilité des régimes de pension canadiens s'établissait à 80 p. 100 au 30 septembre 2012. Les fiducies d'avantages sociaux sont aux prises avec des problèmes semblables et la hausse des coûts de soins de santé.
Nous avons constaté que les fiduciaires de régimes de pension et de fiducies de santé et de bien-être ont fait preuve d'une très grande diligence à l'égard de leur obligation fiduciaire envers les membres des régimes. Cela comprend le coût du régime. Sans cette intendance prudente, nous croyons qu'au chapitre de l'insolvabilité, les fonds en fiducie seraient en moins bonne posture.
Il est dans l'intérêt de tous les Canadiens que tous aient accès à une pension décente. Je suis certain que M. Hiebert et les membres du comité ont le même objectif. Cependant, nous croyons que l'une des conséquences imprévues du projet de loi est que les coûts d'observation de la mesure législative proposée entraîneront une hausse considérable des coûts des régimes de retraite et d'avantages sociaux des membres d'une organisation ouvrière. Une bonne partie de la main-d'oeuvre sera touchée. Le résultat sera soit la réduction des pensions ou des avantages sociaux pour les membres du régime touché, soit l'augmentation des cotisations de l'employeur ou des employés.
Si l'augmentation des coûts a un effet négatif sur la solvabilité des régimes, cela pourrait menacer leur existence, ce qui accentuera les pressions pour que le gouvernement — et les contribuables, en fin de compte — comble l'écart. Ce n'est pas un résultat souhaitable.
Cela entraîne aussi des inégalités, puisque d'autres régimes de retraite et d'avantages sociaux — parfois auprès du même employeur — n'auraient pas à assumer ces coûts. Cela nous semble injuste. Les régimes de retraite et d'avantages sociaux doivent déjà satisfaire à d'importantes exigences en matière de communication des renseignements, tandis que les fiduciaires sont assujettis, aux termes de la loi, à l'obligation fiduciaire de gérer le régime dans l'intérêt supérieur des bénéficiaires. Actuellement, ils sont tenus de présenter des états financiers annuels à l'ARC et sont aussi assujettis à des règlements et des exigences relatives à la communication des renseignements en vertu de lois fédérales et provinciales. Nous ne croyons pas que les mesures supplémentaires de communication des renseignements prévues dans le projet de loi sont nécessaires.
Une liste publique de l'achat et la vente de titres d'un portefeuille pourrait aussi avoir un effet négatif sur les gestionnaires de placements et inciter certains d'entre eux à s'abstenir de gérer les actifs des organisations ouvrières. Nous sommes heureux de fournir tous les renseignements requis aux organismes de réglementation, aux fiduciaires, aux consultants indépendants et aux vérificateurs, et c'est ce que nous faisons.
En résumé, nous croyons que les conséquences imprévues de la mesure législative proposée l'emportent sur les avantages et nous demandons qu'elle soit retirée.
Merci d'avoir écouté notre exposé.
:
Monsieur le président, merci de nous donner l'occasion de témoigner au sujet du projet de loi .
Merit Canada est le porte-parole national des huit associations provinciales de la construction à atelier ouvert du Canada, un secteur qui représente environ 70 p. 100 des projets de construction réalisés au pays chaque année. Nous sommes favorables au libre choix des employés et à une concurrence libre et ouverte entre les entreprises de construction exempte de toute politique gouvernementale qui favoriserait un genre d'entreprise au détriment d'un autre.
Nos 3 500 sociétés membres, qui emploient plus de 60 000 travailleurs, appuient fortement le projet de loi.
Il est important de préciser les effets du projet de loi . Les organisations ouvrières continueront de percevoir les cotisations obligatoires des employés syndiqués. De plus, le projet de loi ne fixe aucune modalité quant à l'utilisation des fonds perçus.
Au lieu de cela, le projet de loi ne traite que des exigences en matière de transparence auxquelles doivent satisfaire les entités qui bénéficient de la confiance du public. Il permettra au Canada de rattraper les autres économies avancées sur le plan de la divulgation de renseignements financiers. C'est important, et ce, pour deux raisons principales.
D'abord, il y a le modèle de financement des syndicats, qui est protégé par la loi et qui permet aux organisations ouvrières canadiennes d'engranger plus de 4,5 milliards de dollars par année. Si vous travaillez dans un milieu de travail syndiqué, la loi exige que vous versiez une cotisation. Si vous refusez, vous êtes congédié. Ce pouvoir lié au financement devrait en soi justifier la demande d'une plus grande transparence.
Les travailleurs qui sont tenus de verser ces cotisations ont le droit de savoir comment cet argent sera dépensé, au même titre que les contribuables qui subventionnent ce revenu par l'intermédiaire du régime fiscal.
Si vous cherchez des appuis à ces mesures, vous n'avez qu'à regarder du côté de l'ancien dirigeant de l'AFL-CIO — la plus importante organisation ouvrière aux États-Unis —, George Meany, qui a témoigné lors des audiences du Sénat américain sur la divulgation par les syndicats. Je cite:
Tous ces projets de loi [sur la transparence] sont fondés sur... la théorie de l'aquarium, le concept selon lequel le dépôt des états financiers des syndicats et leur divulgation... permettra soit d'éliminer, soit de réduire les abus... L'AFL-CIO est convaincu du bien-fondé de cette théorie.
J'inviterais les syndicats qui comparaîtront aujourd'hui — et aussi ceux qui l'ont fait dans le passé — à tenir compte de ces paroles.
Il y a d'innombrables exemples de situations où les syndicats financent des initiatives qui vont à l'encontre des intérêts de leurs membres. Parmi celles-ci, notons les campagnes contre les sables bitumineux et les projets de pipeline, l'appui au mouvement étudiant du Québec, aux organisation qui demandent la fermeture de tous les réacteurs nucléaires et, bien entendu, l'exemple le plus probant: l'appui de l'AFPC au Parti Québécois.
À la lumière de ces exemples, personne ne devrait être surpris d'apprendre qu'un récent sondage Nanos révèle que 86 p. 100 des Canadiens syndiqués sont favorables à une plus grande transparence de la part des organisations ouvrières. Donc, lorsque les dirigeants syndicaux comparaissent au comité et s'opposent au projet de loi, ils ne parlent pas au nom des Canadiens syndiqués.
Deuxièmement, les organisations ouvrières reçoivent plus de 400 millions de dollars par année en avantages fiscaux, étant donné que les cotisations syndicales sont déductibles et que tous les revenus sont exonérés d'impôt. Ces fonds exonérés d'impôt tirés de cotisations obligatoires sont ensuite utilisés pour un large éventail de causes, dont beaucoup n'ont rien à voir avec le processus de négociation collective. Les Canadiens ont le droit de savoir comment on utilise leurs impôts pour infléchir la politique gouvernementale, car contrairement aux organismes de bienfaisance, les organisations ouvrières ne sont soumises à aucune contrainte relativement aux activités politiques.
À titre d'exemple, voici ce qu'a affirmé le président du Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier après le vote sur la fusion de ce syndicat avec le TCA: « Pouvez-vous imaginer ce que cela signifiera pour le SCEP et le TCA, lorsque nous serons le premier parti syndiqué à gouverner un pays? »
Je pense que les Canadiens ont le droit de savoir comment ce soi-disant « supersyndicat » prévoit utiliser les centaines de millions de dollars dont il dispose pour atteindre cet objectif. En toute franchise, les organisations ouvrières jouissent, dans notre société et notre économie, d'une position privilégiée que l'on ne trouve nulle part ailleurs. Or, on ne leur impose aucune exigence en matière de divulgation des renseignements, contrairement aux organismes de bienfaisance, aux sociétés cotées en bourse, au gouvernement fédéral, aux gouvernements provinciaux, aux administrations municipales, aux organismes gouvernementaux, aux conseils, aux sociétés d'État, aux bandes des Premières nations, aux fondations, aux partis politiques, aux députés, aux sénateurs et aux bureaux des membres d'une Assemblée législative.
En s'opposant au projet de loi , les dirigeants syndicaux laissent entendre que le Canada propose de nouvelles mesures draconiennes. En réalité, le Canada tente simplement de rattraper le reste du monde développé. L'Australie, la Nouvelle-Zélande, l'Allemagne, la France, l'Irlande, le Royaume-Uni et les États-Unis ont tous des exigences de divulgation des renseignements financiers qui surpassent celles du Canada.
Avant de terminer, permettez-moi d'aborder trois derniers points. Premièrement, nos membres reconnaissent que le projet de loi a soulevé des préoccupations légitimes en ce qui a trait à la protection des renseignements personnels et nous sommes favorables à des amendements visant à régler ces questions.
Deuxièmement, nous sommes contre toute modification qui permettrait aux dirigeants syndicaux de divulguer des données d'ensemble plutôt que des données précises sur les dépenses de plus de 5 000 dollars.
Enfin, nous sommes contre toute tentative de réduction des amendes prévues dans le projet de loi. Ces exigences de divulgation ne sont pas coûteuses et les amendes visent à en assurer le respect.
Merci encore une fois de nous avoir donné l'occasion de témoigner aujourd'hui.
:
Tout d'abord, je remercie le Comité permanent des finances de l'invitation faite à l'Institut économique de Montréal.
Je voudrais dire un mot sur notre institut. C'est une organisation dédiée à la recherche et à l'éducation économique. Nous sommes indépendants, non partisans et à but non lucratif. Nous n'acceptons aucun financement gouvernemental.
Il y a un an, nous avons publié un cahier de recherche intitulé Le financement et la transparence des syndicats. Les auteurs de ce cahier sont Louis Fortin, Michel Kelly-Gagnon et moi-même.
C'est sur cette base que je fais ma présentation aujourd'hui et elle touche trois points. Il y a tout d'abord le principe général, ensuite une distinction importante par rapport aux ordres professionnels et finalement quelques exemples concrets.
Tout d'abord, pour le principe général, nous appuyons l'idée d'une transparence financière accrue des organisations syndicales sur la base d'un principe général bien simple: un financement obligatoire entraîne une obligation morale de faire preuve de transparence, contrairement à un financement volontaire. Seul l'État peut légitimement imposer des obligations financières à ses citoyens et c'est ainsi qu'il finance les organisations publiques. Les entreprises doivent convaincre leurs clients, les associations doivent attirer des membres et les organismes de charité doivent solliciter des dons. Tout cela se fait sur une base volontaire.
Les syndicats sont les seules organisations privées qui disposent d'un financement non volontaire. C'est un pouvoir inusité octroyé par les lois et les décisions des cours de justice. En bref, la formule Rand correspond à un pouvoir de taxation. Le principe général veut donc qu'à ce pouvoir de taxation corresponde une transparence accrue des syndicats auprès des citoyens, et c'est le coeur du projet de loi .
Pour ce qui est des syndicats et des associations professionnelles, il est vrai que, d'un certain point de vue, la situation des syndicats se rapproche en partie de celle d'un ordre professionnel. Par exemple, pour exercer la médecine, le droit ou d'autres professions, il est obligatoire de verser une cotisation à un tel ordre. Par contre, il existe une différence très importante qu'il convient de souligner. Les ordres professionnels sont établis par les gouvernements pour protéger le public alors que les syndicats sont établis par leurs membres pour protéger leurs propres intérêts. La cotisation professionnelle à un ordre finance un service public d'intérêt général, alors que la cotisation syndicale finance une organisation privée servant les intérêts particuliers de ses membres. C'est tout à fait louable, mais ce n'est pas une situation identique à celle d'un ordre professionnel.
Je vais citer quelques exemples concrets. Au-delà du principe général, il y a des problèmes concrets que le projet de loi vise à régler. Je vais donner quelques exemples à ce sujet.
En décembre 2010, les médias révélaient que la Fraternité Inter-Provinciale des Ouvriers en Électricité avait prêté 5 millions de dollars à Tony Accurso, un important entrepreneur en construction au coeur de nombreuses allégations, reconnu coupable de fraude et formellement accusé de corruption et d'abus de confiance. Il est très problématique de voir qu'un syndicat ait pu mener ce genre de transactions à l'abri des regards.
En septembre 2011, Le Devoir révélait que des organisations syndicales achetaient des espaces publicitaires au congrès du NPD, contrevenant potentiellement aux règles de financement des partis politiques. Le NPD a depuis remboursé ces sommes. Le point intéressant de cette affaire est que la journaliste, Hélène Buzzetti, a établi l'existence de ces transactions en utilisant l'information rendue publique sur le site Internet du Département du Travail des États-Unis, bien qu'il s'agisse d'organisations syndicales canadiennes et d'un parti politique canadien.
La différence est que les États-Unis ont des normes de transparence plus élevées pour les organisations syndicales que celles qu'on retrouve au Canada.
:
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, merci de nous donner l'occasion de témoigner aujourd'hui.
Je représente le Conseil du régime des prestations interentreprises du Canada, un organisme sans but lucratif dont le mandat est de représenter les intérêts des régimes canadiens de retraite et d’indemnisation interentreprises auprès du gouvernement fédéral et des gouvernements provinciaux concernant les lois ou projets de loi touchant ces régimes.
Les fonds en fiducie représentés par le Conseil du régime des prestations interentreprises du Canada concernent plus d'un million de travailleurs canadiens et leur famille. Notre conseil d'administration est composé de bénévoles élus, de gens issus de toutes les professions et disciplines liées au régime interentreprises. On y trouve des fiduciaires des syndicats et des employeurs, des administrateurs professionnels, des actuaires, des avocats, des comptables et des experts-conseils en avantages sociaux.
Le Conseil du régime des prestations interentreprises du Canada a aussi présenté un mémoire sur le projet de loi , dans lequel ont décrit de façon détaillée nos préoccupations à l'égard du projet de loi. Nous croyons que le projet de loi aura des effets néfastes et injustifiés sur les régimes de pension et d'avantages sociaux. Le conseil est d'avis que le projet de loi dépasse largement l'objectif de transparence et de reddition de comptes et qu'il imposerait des coûts énormes et d'autres contraintes à beaucoup d'entités privées et publiques ayant des activités au Canada.
Le projet de loi propose d'exiger la divulgation de renseignements personnels, dont des renseignements sur la santé, le dossier médical et des renseignements relatifs au bénéficiaire, ce qui est contraire aux lois en vigueur. De plus, on y propose le dédoublement des exigences de divulgation de renseignements financiers imposées aux fiducies de pension et d’avantages sociaux. Nous ne voyons pas l'avantage que peut représenter la divulgation de cette information à des personnes autres que celles qui participent à ces régimes de pension et d'avantages sociaux. Actuellement, tout renseignement de cette nature n'est divulgué qu'au participant.
Le projet de loi comporte une définition vague de ce qui constitue une fiducie de syndicat; elle engloberait tout fonds d’indemnisation destiné à des participants syndiqués, dont les régimes du secteur public et ceux des entités publiques ou privées concernées. Les régimes de pension et d'avantages sociaux sont déjà assujettis à des règles strictes en matière de protection des renseignements personnels. Ils font aussi l'objet d'exigences de divulgation importantes en vertu d’autres lois provinciales et fédérales, y compris la présentation de rapports à l'Agence du revenu du Canada. Ces exigences s'ajoutent aux obligations fiduciaires rigoureuses qui les contraignent à agir uniquement dans l’intérêt supérieur du régime et de ses participants.
Le projet de loi entraînera la mise en place de formalités administratives supplémentaires et inutiles pour un secteur déjà en difficulté. La loi actuelle garantit déjà un que les participants aux régimes et d'autres acteurs reçoivent des renseignements adéquats sur les régimes. Le coût associé à la divulgation inutile de renseignements pourrait être élevé, selon les informations demandées. Peu importe le coût, toute dépense supplémentaire liée à de tels rapports ne fera que réduire le montant réservé aux prestations versées par les fiducies, dont le mandat est d'assurer la sécurité financière des travailleurs et de leur famille.
L'application de ces nouvelles exigences aura aussi un coût pour le gouvernement. Je n'ai aucune idée de l'ampleur de l'augmentation des coûts pour le gouvernement, mais je crois comprendre que les provinces ont consacré beaucoup de ressources à la cueillette de tels renseignements.
Nous sommes aussi grandement préoccupés par l'atteinte à la vie privée des participants au régime. La divulgation de toute transaction de plus de 5 000 dollars obligerait les fiduciaires à divulguer des données on ne peut plus personnelles au sujet des participants au régime, c'est-à-dire des renseignements sur le paiement de prestations de retraite, de prestations d'invalidité, de prestations de décès, des renseignements sur les médicaments d'ordonnance et les soins dentaires, etc. C'est tout simplement inapproprié.
De plus, ce sont des fiducies importantes qui effectuent quotidiennement beaucoup de transactions financières. Divulguer toute transaction financière de plus de 5 000 dollars entraînerait un grand volume de rapports. Cela pourrait aussi faire en sorte que les conseillers en placements, les conseillers juridiques et les conseillers financiers au service des fiducies seront tenus de divulguer des stratégies d'affaires confidentielles, ce qui pourrait nuire à la capacité des fiducies de retenir les services de conseillers qualifiés.
Enfin, le projet de loi pourrait ne s'appliquer qu'à l'une de deux fiducies de même taille et ayant la même expérience simplement du fait que l'une d'entre elles compte des participants syndiqués et l'autre, non.
:
Il semble injuste d'imposer des coûts additionnels et des exigences contraignantes en matière de divulgation à un seul de ces fonds en fiducie.
Nous savons que M. Hiebert a suggéré qu'on étudie des amendements à apporter au projet de loi pour les raisons que l'on vient d'énoncer. Nous croyons que toutes les fiducies de pension et d'indemnisation devraient être exemptées des exigences du projet de loi . Citons les plus évidentes: les fiducies de pension, les fiducies de santé et de bien-être, les fiducies de soins de santé au bénéfice d'employés et les fiducies de prestations supplémentaires de chômage.
Il y a d'autres organismes également qui devraient être assujettis aux dispositions du projet de loi, dont le programme Helmets to Hardhats, qui offre des emplois dans le secteur de la construction à des anciens combattants qui rentrent au pays, et le programme de lecture efficace en contexte, qui vise à perfectionner les compétences de lecture et d'écriture des travailleurs. Il semble injuste d'être obligé de divulguer les avantages qu'offrent ces organismes.
Nous croyons que de nombreux organismes de bienfaisance seront assujettis au projet de loi, dont Centraide, la Société canadienne de la sclérose en plaques et l'Association canadienne du diabète. À notre avis, il n'est pas pratique de fournir une liste exhaustive de ces fiducies, de ces entreprises ou de ces organismes. Nous estimons que la meilleure approche à adopter pour amender le projet de loi , c'est de simplement supprimer la définition des fiducies de syndicat.
:
Merci beaucoup, mesdames et messieurs les députés.
Comme nous le savons, la transparence et la reddition de comptes sont des éléments essentiels d'une bonne gouvernance et d'une démocratie efficace et solide. Cependant, en ma qualité de commissaire à la protection de la vie privée du Canada, je dois dire que l'étendue de l'obligation de divulgation publique proposée dans le projet de loi soulève de sérieuses préoccupations en matière de protection de la vie privée.
Je sais que M. Russ Hiebert, le parrain du projet de loi, a déjà proposé des modifications qui viendraient atténuer certaines des dispositions portant atteinte à la vie privée. Le fait d'exempter les bénéficiaires de pensions et de prestations pour soins de santé et d'exclure les adresses domiciliaires de l'obligation de divulgation publique est un pas dans la bonne direction. Je tiens toutefois à souligner en toute déférence que le projet de loi soulève d'autres préoccupations liées à la protection de la vie privée.
[Français]
Vous avez sans doute déjà entendu parler du cadre d'analyse que nous utilisons dans de telles situations. Il s'articule autour des quatre grandes questions suivantes.
Premièrement, la mesure est-elle nécessaire pour répondre à un besoin démontrable? Deuxièmement, la mesure est-elle susceptible de répondre efficacement à ce besoin? Troisièmement, l'atteinte à la vie privée est-elle proportionnelle à l'avantage obtenu? Quatrièmement, y a-t-il un moyen moins envahissant de parvenir aux mêmes fins?
Tel que je le comprends, le projet de loi actuel a pour objet d'accroître la responsabilisation et la transparence des syndicats. À l'égard des deux premières questions, il est à noter que les organisations ouvrières des secteurs public et privé obtiennent leur financement principalement par l'entremise des cotisations des membres.
Ce projet de loi vise à accroître la transparence et la responsabilisation des syndicats à l'égard de leurs membres en exigeant la divulgation détaillée des salaires et d'autres dépenses personnelles par l'entremise d'une diffusion en ligne. Ce projet, cependant, va encore plus loin en exigeant la divulgation de ces renseignements au grand public, ce qui, à mon humble avis, n'est pas nécessaire pour atteindre l'objectif énoncé.
[Traduction]
Quant à la troisième question sur la proportionnalité, je souhaite mentionner dans un premier temps que la rémunération d'une personne constitue un renseignement personnel qui ne peut être divulgué sans le consentement de l'intéressé. Exceptionnellement, il existe des cas au Canada où des salaires précis sont divulgués publiquement lorsque ceux-ci sont financés directement par le public, comme les salaires des représentants élus, y compris les députés, et les salaires de certains hauts fonctionnaires fédéraux et provinciaux. Cependant, des cas exceptionnels de divulgation publique ne créent pas un précédent clair pour les organisations syndicales puisque celles-ci doivent rendre des comptes à leurs membres, et non au grand public.
Quelques-uns des intervenants précédents ont affirmé que les organisations syndicales devraient avoir une plus grande responsabilité en matière de reddition de comptes auprès de la population puisqu'elles sont exonérées d'impôt en vertu de la Loi de l'impôt sur le revenu et puisque les cotisations syndicales sont déductibles d'impôt. Cependant, rien n'indique que les noms, les salaires et les débours de plus de 5 000 $ de tous les employés et fournisseurs des organisations syndicales doivent être publiquement divulgués pour atteindre cet objectif plus restreint. Je pense qu’il s’agit là d’une importante atteinte à la vie privée, et la divulgation de ces renseignements semble grandement disproportionnée.
Je vais maintenant conclure en vous présentant les solutions de rechange possibles, monsieur le président.
Je crois que limiter la portée du projet de loi de sorte que les exigences en matière de divulgation publique ne s'appliquent qu'à un groupe beaucoup plus restreint de personnes ou n'exiger que des données agrégées permettrait d'avoir un régime tout aussi efficace, mais plus équilibré. Par exemple, puisqu'ils sont sans but lucratif, les organismes de bienfaisance enregistrés au Canada doivent divulguer publiquement les renseignements sur la rémunération de haut niveau des 10 postes les mieux rémunérés dans leurs déclarations annuelles. Mais même dans ce cas, les données relatives aux postes dont les salaires se situent dans une fourchette précise sont divulguées.
:
Je suis Jim Smith, vice-président de la Fraternité unie des charpentiers et menuisiers d'Amérique pour le Canada.
Le projet de loi compromet de nombreux gains que le gouvernement a réalisés dans le cadre de projets que nous avons mis sur pied pour vous. J'aimerais vous expliquer comment fonctionne l'économie de libre marché dans le secteur de la construction, car vous êtes sur le point de nuire à cette économie.
Dans le secteur de la construction, sur lequel repose votre Plan d'action économique, les promoteurs de projet achètent des services de construction. Des entreprises comme Suncor, Bruce Power, Irving et Nalcor décident de réaliser un projet et lancent un appel d'offres. Des entrepreneurs syndiqués et non syndiqués soumissionnent. Le contrat est ensuite adjugé au soumissionnaire le moins-disant. C'est ainsi que notre libre marché fonctionne.
De nombreux entrepreneurs qui sont heureux d'être syndiqués accueillent un syndicat dans leur lieu de travail et voient l'avantage d'avoir des travailleurs syndiqués.
Ce qui donne aux entrepreneurs syndiqués un avantage concurrentiel, ce sont les employés bien formés, productifs et aptes au travail que nous leur trouvons. Les syndicats nous paient pour ce service, et le projet de loi nous obligera à divulguer les coûts. Le projet de loi nuit au libre marché car il se sert du Parlement du Canada pour nous obliger à divulguer les avantages commerciaux de nos entrepreneurs à leurs concurrents. En outre, le projet de loi et les coûts élevés qui y sont associés, que ce soit pour la reddition de comptes ou la conformité, ne sont rien d'autre qu'une taxe imposée aux entrepreneurs syndiqués pour faire pencher la balance en faveur de leurs concurrents non syndiqués. Ces derniers sont présents aujourd'hui, mais nos partenaires, les entrepreneurs syndiqués, n'ont pas été invités.
Comment cela peut-il être une taxe? Les cotisations que nos membres choisissent de payer sont déduites sur leurs chèques de paie. Ils choisissent de payer ces sommes pour faire partie de l'association plutôt que de faire cavalier seul. Un grand nombre de travailleurs non syndiqués ont décidé eux-mêmes de ne pas faire partie du syndicat et de ne pas verser cette taxe, sous forme de cotisations.
Les coûts associés à la compilation de données, à la reddition de comptes et à la divulgation de nos secrets commerciaux à nos concurrents feront augmenter la taxe que doivent payer nos membres et réduira les services offerts à nos entrepreneurs. Dans un cas comme dans l'autre, les règles du jeu seront inégales. Comme ce sont les entrepreneurs qui versent les salaires de nos membres, on refilera la taxe aux membres. Comment est-ce une mesure raisonnable?
Le gouvernement ne devrait pas envisager de nuire au libre marché du secteur de la construction. Les intervenants qui se prononcent en faveur du projet de loi aujourd'hui tentent d'utiliser le Parlement pour avoir une longueur d'avance sur leurs concurrents. Comment est-ce une mesure raisonnable?
J'ai dit que nos entrepreneurs reconnaissent les avantages que les syndicats de la construction offrent aux entreprises. Vous vous demandez peut-être quels sont ces avantages. Permettez-moi de vous les décrire brièvement.
Nous dépensons 250 millions de dollars par année pour former nos membres. Ces formations permettent d'avoir des travailleurs prudents, productifs et hautement qualifiés dans l'industrie. Les entrepreneurs syndiqués ont besoin de moins d'heures-personnes pour effectuer le même travail que leurs homologues non syndiqués. Cet argent provient des cotisations; ce sont des sommes que le gouvernement n'a pas à dépenser pour former des gens à l'emploi. Nous préparons les gens pour occuper les emplois que le gouvernement du Canada crée.
L'un des plus grands avantages que nous offrons à nos entrepreneurs et aux industries qui dépendent d'eux, c'est le placement syndical. C'est une expression dépassée que peu de gens comprennent, mais dans le monde d'aujourd'hui, elle signifie que nous offrons une infrastructure et une base de données à l'échelle du pays auxquelles nos entrepreneurs peuvent avoir accès à tout moment. Nous gérons les fluctuations de l'emploi dans notre industrie pour que le gouvernement n'ait pas à le faire.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie nos nombreux témoins et invités d'être parmi nous aujourd'hui et de nous livrer des présentations aussi intéressantes.
Dans le cadre de ce comité, nous avons commencé à démontrer que ce projet de loi contient trop de failles pour être adopté, qu'il représente des dommages collatéraux importants et qu'il met même en danger la santé économique du Canada, en période de fragilité. Ce projet de loi est clairement inutile, discriminatoire, anticonstitutionnel, coûteux et excessivement bureaucratique.
Il est inutile parce que les syndicats sont responsables d'abord et avant tout face à leurs membres et que la nécessité de la transparence existe déjà. D'ailleurs, je ferai remarquer à tout le monde que c'est l'article 110 du Code canadien du travail qui le prévoit.
Il est discriminatoire parce qu'il cible seulement les organisations syndicales, les fonds de pension et les fiducies qui sont associés aux travailleurs syndiqués, mais qu'il écarte complètement toutes les autres organisations de notre société qui profitent d'avantages fiscaux provenant du gouvernement fédéral.
Il est anticonstitutionnel. À cet égard, je me réfère ici aux propos de l'Association du Barreau canadien qui, la semaine dernière, soulevait cette préoccupation qui n'est pas la moindre.
Il est coûteux. Le professeur Logan nous a expliqué la semaine dernière qu'aux États-Unis, la gestion d'exigences moins importantes que celles prévues dans le projet de loi de M. Hiebert coûtait au gouvernement fédéral 6,5 millions de dollars.
Il est excessivement bureaucratique parce que l'ensemble des organisations, fiducies et fonds de pension touchés par ce projet de loi se verraient imposer une montagne de paperasse et une lourdeur administrative épouvantable. C'est vraiment un exemple de big government.
Ce n'est pas tout. Le projet de loi est aussi intrusif. Il constitue une menace en matière de vie privée et de renseignements personnels. Par exemple, une personne retraitée d'un syndicat touchant un montant d'un fonds de pension pourrait voir son nom, son adresse et le montant de la transaction exposés sur la place publique sur un site Web. Un pompier qui a subi un accident de travail et qui est en état d'invalidité pourrait voir les montants qu'il reçoit être divulgués sur la place publique, incluant son nom, son état de santé et son adresse.
Ma question s'adresse à la commissaire à la protection de la vie privée.
Selon vous, quels impacts aura ce projet de loi sur la vie privée de l'ensemble des individus qui risquent d'être touchés? Est-ce que cela soulève de graves questions en ce qui concerne la Loi sur la protection des renseignements personnels?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à tous d'être venus aujourd'hui.
Nous avons avec nous deux ou trois pères qui emmènent leurs enfants à l'école. Nous voulons les saluer. Je suis sûr qu'ils préféreraient être à l'école en ce moment.
Des voix: Oh, oh!
M. Rodger Cuzner: Les promoteurs du projet de loi se plaisent à dire que nous l'imposons aux organismes de bienfaisance, alors pourquoi pas aux syndicats? Je veux vous montrer le formulaire de l'un des plus grands organismes de bienfaisance au pays. Il s'agit d'Alberta Health Services. De tous les organismes de bienfaisance, ils jouissent du revenu le plus élevé, du plus grand nombre d'employés et leur déclaration fait 11 pages. L'ARC compte plus de 300 employés, et l'administration du programme des organismes de bienfaisance coûte 33 millions de dollars par année, alors cela vous donne une idée de notre situation.
Le gros méchant formulaire que je tiens est recto verso et en anglais seulement. C'est celui de la United Steelworkers of America. Il fait 715 pages, ce qui correspond à peu près au formulaire que nous demandons à nos syndicats organisés de remplir au Canada. C'est ce que nous leur demandons de remplir. Aux États-Unis, à l'Office of Labor-Management Standards, il leur coûte 41,3 millions de dollars en frais d'administration. Ils ont 249 employés.
Je vais déposer deux motions à la fin de la présente réunion, dont une pour inviter l'ARC à nous donner une estimation de ce que cela coûtera aux contribuables. Nous demanderons aussi au directeur parlementaire du budget de nous donner la sienne.
Est-ce que vous estimez qu'il vaille la peine d'inviter ces gens pour qu'ils nous disent combien cela va coûter?
Monsieur Chassin, votre organisme est très axé sur l'éducation. Croyez-vous que cela soit une bonne idée?
:
Merci, monsieur le président, et merci aussi aux témoins d'être ici aujourd'hui.
Je tiens seulement à préciser pour les témoins et pour quiconque regarde les témoignages d'aujourd'hui que nous n'avons reçu aucun amendement à ce projet de loi, ou même le moindre avis écrit d'amendement, alors nous étudions ce projet de loi tel que M. Hiebert l'a déposé. Même si bien des témoins ont dit comprendre qu'il y avait des amendements, nous n'avons reçu aucun avis à cet effet ou même d'amendements à ce projet de loi.
Nous croyons comprendre que ce projet de loi vise la transparence. Il est ironique que le gouvernement dépose un projet de loi sur la transparence alors que le directeur parlementaire du budget signale qu'il sera peut-être contraint d'aller devant les tribunaux pour que le gouvernement fasse preuve de transparence et lui fournisse des renseignements financiers.
Néanmoins, nous étudions ce projet de loi. Il vise les membres des syndicats, et contrairement à ce que certains ont dit, que les syndicats ne sont pas des organismes bénévoles, je veux faire valoir qu'ils en sont et que les gens sont libres de ne pas y adhérer. Cela dit, parce qu'il jouissent des avantages du syndicat, ils sont toujours tenus de payer des cotisations en application de la formule Rand. Le groupe peut décider de ne pas se joindre au syndicat et de révoquer l'accréditation, alors il peut revenir à un groupe de se joindre ou non à un syndicat, pour préciser ce point.
Bien sûr, les syndicats sont déjà tenus de divulguer pas mal d'informations. Nombreux sont ceux qui déposent leurs conventions collectives et leurs états financiers. J'ai remarqué que nombre d'entre vous vous connaissez peut-être et siégez aux conseils des uns et des autres, mais je constate, par exemple, monsieur Oakey, que les noms des membres de votre conseil d'administration ne figurent pas sur le site Web, alors j'ignore dans quelle mesure vous divulguez des renseignements.
Je m'adresse maintenant à Mme Stoddart.
Si le but est de rendre les syndicats plus responsables à l'égard de leurs membres, des personnes qui leur versent des cotisations, pouvez-vous clarifier, vu que vous vous êtes dit très inquiète des questions de protection des renseignements personnels que soulève ce projet de loi, si vous croyez qu'il serait préférable qu'il prévoie une obligation limitée de rendre compte pour les particuliers ou une obligation de rendre compte globale? Quelle serait la meilleure solution à la lumière du fait, encore une fois, que nous n'avons reçu aucune proposition d'amendement pour ce projet de loi?
Comme je suis très objectif sur ce point, je veux en arriver à comprendre quelques points. Je peux comprendre le but des syndicats. Personne ne remet en question le fait qu'ils soient nécessaires. Les syndicats, comme les sociétés, sont des instruments sociaux légitimes, mais il y a une chose que je ne saisis pas. L'Australie, la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande, les États-Unis et même des députés, des sénateurs, tous les échelons de gouvernement, les sociétés cotées en bourse, les organismes de bienfaisance, les fondations — toutes ces entités doivent divulguer publiquement leurs dépenses.
Aidez-moi, monsieur Oakey. Premièrement, si une divulgation publique est bonne pour tous les autres, pourquoi pas pour les syndicats? Deuxièmement, cette loi empêcherait-elle les syndicats de s'adonner aux types d'activités qu'elles mènent actuellement, comme le financement du lobbyisme et des groupes qui ne s'attachent pas à défendre les intérêts des travailleurs? Ce projet de loi limiterait-il leur capacité de le faire?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Traduction]
Je pense que, par souci de transparence, il aurait été intéressant, monsieur Mortimer, que vous mentionniez que vous représentez 15 associations membres, dont six sont des éléments provinciaux de l’organisme Merit, le Conseil du patronat du Québec, et la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante. Donc, nous avons essentiellement entendu ce que vous et plus de la moitié de vos membres pensiez du projet de loi et, évidemment, vous étiez d’accord les uns avec les autres. Il aurait été intéressant que vous mentionniez cela au début de vos déclarations.
[Français]
Je peux répéter une chose que j'ai déjà mentionnée plus tôt. Ce projet de loi tient en trois pages, à l'exception des définitions. De l'aveu même de M. Hiebert, le nombre d'amendements requis pour le rendre acceptable ne demanderait pas de changer le projet de loi, mais de le réécrire entièrement.
Nous vous entendons donc parler de la version d'un projet de loi qui ne sera vraisemblablement pas finale, s'il y a des amendements. En effet, il a besoin d'être entièrement réécrit.
De plus, si on se fie au témoignage de Mme Stoddart, il comporte de sérieuses lacunes sur le plan de la vie privée. Par conséquent, ce projet de loi, dans sa mouture actuelle, est tout simplement bâclé, mal ficelé, et ce, malgré le fait qu'il s'agisse de la deuxième mouture, après que le projet de loi — soit la première version — ait été déclaré non recevable.
J'aimerais poser ma première question à M. Smith. Vous l'avez mentionné brièvement, mais j'aimerais que vous puissiez nous donner plus de détails sur l'impact que ce projet de loi aurait sur la compétitivité des contractants syndiqués par rapport aux contractants non syndiqués, comme les membres de Merit.
:
Oui. Selon moi, les coûts que les contribuables canadiens devraient assumer seraient énormes.
J’ai en ma possession un rapport du département du Travail des États-Unis qui date de 10 ans. Il indique les coûts occasionnés par le contrôle des rapports qui sont exigés aux États-Unis. Je pense que les rapports qui devront être établis au Canada seront considérablement plus nombreux qu’aux États-Unis mais, il y a dix ans, le gouvernement américain dépensait 28 millions de dollars et employait 300 travailleurs à temps plein et ce, simplement pour contrôler la conformité des travailleurs américains.
Il a fallu 28 millions de dollars pour contrôler 13,4 millions de travailleurs américains syndiqués. Le Congrès du travail du Canada représente 4,2 millions de travailleurs canadiens syndiqués, ce qui correspond à environ un tiers de ce nombre. Si l’on calculait le tiers du chiffre qui figure dans le rapport vieux de 10 ans, c’est-à-dire 28 millions de dollars, et que l’on tenait compte de l’inflation, le nombre obtenu pourrait représenter une partie des coûts. Les autres coûts seraient liés à la mise sur pied des programmes et de l’infrastructure nécessaire. Ces coûts seraient énormes.
Je pense que les contribuables canadiens aimeraient savoir combien cette entreprise coûterait et, selon moi, ses coûts d’établissement seraient supérieurs à ceux du registre des armes à feu.
:
Merci, monsieur le président. Je remercie également les témoins de leur présence.
L’une des choses dont je suis fier est le travail que j’accomplis relativement à la bonne gouvernance. Comme je fais partie du gouvernement, je suis fier de veiller à ce que toute organisation dans laquelle je joue un rôle, que ce soit une association parlementaire ou d’autres d’organisations, possède des structures de gouvernance appropriées et qu’elle soit bien gouvernée afin d’assurer une transparence et une reddition de comptes adéquates. Cette approche est avantageuse non seulement pour les membres de l’organisation, mais aussi pour ses dirigeants, parce qu’ils disposent ainsi de bonnes lignes directrices qu’ils peuvent utiliser pour guider leurs actions et suivre en cas de crise ou lorsque les circonstances sont anormales.
Comme je viens de la Saskatchewan, à mes yeux, il ne fait aucun doute qu’un lien existe entre le NPD et les syndicats. Selon moi, personne ne remettra cela en question. En fait, au cours d’un congrès tenu en Saskatchewan, l’une des organisations syndicales insistait pour que tous ses membres adhèrent au NPD. Ce genre de mesures m’amène souvent à m’interroger sur les actions du mouvement syndical.
Si son but est de représenter les employés et de protéger leurs intérêts, je comprends ses actions mais, si son but est d’intervenir dans des enjeux sociaux qui dépassent le milieu de travail de ces employés, je remets en question son rôle. Toutefois, je suppose que cette décision lui revient.
Lorsque je parle à certains dirigeants syndicaux et à certains syndiqués de ma circonscription, ils m’affirment qu’ils consultent déjà leurs membres, qu’ils franchissent déjà les diverses étapes de ce processus, que leurs membres sont au courant de tout ce qui se passe, qu’il n’y a pas de surprise et qu’un processus permettant aux membres de communiquer leurs objections est déjà en place.
Monsieur Mortimer, vous qui représentez l’Association LabourWatch du Canada, vos propos ont piqué ma curiosité. Vous dites, et j’entends certains membres de syndicats dire, que certaines consultations peuvent avoir lieu, mais qu’elles sont toujours cachées ou menées de manière à ce qu’on ne connaisse jamais tous les faits, et que, lorsqu’on soulève des questions concernant les dépenses précises de divers membres, on subit de l’intimidation.
Pouvez-vous nous donner quelques exemples de ce comportement? Ai-je raison ou tort?
M. Hoback a parlé de transparence et de la nécessité de faire preuve d’une grande franchise. Je pense que cela est très important et que les Canadiens s’attendent à cela de notre part.
Même si l’on fait abstraction du fait que le projet de loi comporte de graves lacunes, nous avons entendu, à plusieurs reprises, des témoins parler des gens qui sont touchés indirectement par celui-ci. Mme Stoddart a parlé de problèmes concernant la protection de la vie privée, un autre aspect du projet de loi qui présente de sérieux défauts.
Monsieur Smith, êtes-vous conscients que M. Oakey de Merit Canada — je tiens à préciser son nom pour éviter toute ambiguïté ici, parce qu’il s’agit de l’un de nos témoins —, une entreprise qui entre directement en concurrence avec la vôtre, a eu un accès sans précédent au CPM et à d’autres conservateurs haut placés non pas une, mais 72 fois, et qu’il a rencontré des députés conservateurs et du personnel de haut niveau, une douzaine de fois du 22 au 24 octobre seulement? Après avoir entendu les témoignages apportés aujourd’hui, diriez-vous, monsieur, que Merit Canada aurait la possibilité de réaliser des gains financiers substantiels si le projet de loi était adopté?
:
Je suis absous. Merci. Je ne peux même pas le prononcer.
Monsieur le président, je trouve amusant que seul le gouvernement canadien accorderait un allégement fiscal aux gens qui exercent des pressions contre la politique du gouvernement, comme les fondations. J'ai toujours trouvé cela très intéressant.
Par rapport à la question qui nous occupe, j'ai vendu des fournitures de bureau et offert des services d'imprimerie à des syndicats. J'ai aussi été avocat et j'ai représenté des travailleurs syndiqués et non syndiqués. En fait, j'ai vendu des fournitures de bureau et offert des services d'imprimerie à Suncor pendant 15 ans. Je ne vois absolument pas comment la publication de ces renseignements dans un site Web donnerait un avantage concurrentiel à qui que ce soit. Je ne le vois tout simplement pas, et je suis dans le domaine depuis très, très longtemps.
Tout d'abord, monsieur Mortimer, je tiens à vous féliciter de votre témoignage. Je l'ai trouvé excellent. Ce que vous avez dit concordait exactement avec mon souvenir de mon ancienne vie d'avocat et de l'époque où je représentais des syndiqués.
:
Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins de leur présence.
Monsieur Smith, je vais vous demander un service. Je ne vais pas vous poser une longue question précise. Je vous demanderais simplement de trouver, dans les rapports annuels que vous avez apportés, la page qui donne le pourcentage de l'argent des cotisations qui a été versé dans des activités politiques. Pendant que vous faites cela, je vais poser mes autres questions, puis je reviendrai à vous.
Je remercie la commissaire de sa présence. Je sais que vous travaillez très fort, madame la commissaire.
J'aimerais parler de ce que vous avez dit au sujet des cas exceptionnels de divulgation publique des salaires. « Exceptionnel » veut dire qu'il y a exception. À mon sens, le fait est que c'est plutôt la règle de divulguer les salaires financés directement par le public.
Je suis policière. Je ne suis pas haut placée: je suis seulement sergente de patrouille. Parmi mes supérieurs, il y a les sergents et les sergents-chefs, ainsi que les inspecteurs et les chefs de police. Je ne me trouve pas à ces échelons. Toutefois, les salaires de centaines d'employés municipaux comme moi sont divulgués. L'emploi du mot « exceptionnel » me choque un peu, car comme mon collègue l'a dit, c'est une chose fréquente. Les salaires des ambulanciers, des pompiers et des policiers — les personnes qui reçoivent des fonds publics — sont souvent divulgués.
Puisque vous avez dit que vous ne vous opposeriez pas à un niveau de rémunération, j'aimerais savoir ce que serait ce niveau. Est-ce que ce serait 50 000 $ ou 100 000 $? Que proposeriez-vous comme niveau de divulgation des salaires?
:
D'accord. Une fois que vous y aurez pensé, nous aimerions connaître votre réponse.
[Français]
Je veux vous remercier. Vous avez parlé des
[Traduction]
Steelworkers AFL-CIO. Comme M. Cuzner, j'ai une copie papier d'un document américain de l'AFL-CIO. Il contient des renseignements sur les représentants canadiens parce que la loi les oblige à rendre des comptes. Le salaire et les dépenses du directeur national pour le Canada sont inclus.
Ce qui m'a beaucoup intéressée sur cette page, c'est le fait que les activités de représentation constituent 33 p. 100 des dépenses; les activités politiques et de lobbying, 33 p. 100; et la gestion, 33 p. 100. J'ai trouvé fascinant que comparativement aux autres représentants haut placés, c'est celui du Canada qui verse le plus d'argent dans les activités politiques et de lobbying. En parcourant plusieurs pages, j'ai vu qu'un autre vice-président est à 2 p. 100, un autre à 5 p. 100 et un autre encore à 1 p. 100, mais à 33 p. 100, le Canadien l'emporte facilement sur les autres. En tant que Canadienne, j'ai le droit de savoir — et je veux savoir — combien les syndicats dépensent.
Je suis une travailleuse syndiquée — je suis en congé autorisé — et je veux savoir où vont les cotisations sur le plan des activités politiques. Je demande donc encore une fois à la commissaire pourquoi les Américains ont le droit d'avoir accès à toutes ces données, y compris les salaires, sans que cela soulève de préoccupations liées à la protection de la vie privée. Pourquoi pensez-vous que l'atteinte à la vie privée est une préoccupation ici et non là-bas?
Très bien. Je vais utiliser ma prérogative de président pour poser des questions.
Je veux m'attaquer à la question des fiducies de syndicat. Lors de notre dernière séance, sur le projet de loi, deux témoins ont dit que si le projet de loi les visaient, la loi américaine n'en faisait aucun cas.
Monsieur Mortimer, je pense que vous avez abordé la question dans votre déclaration préliminaire. J'allais vous demander à vous et, peut-être, à M. Hunter, si vous pouvez nous dire si ces fiducies sont visées par la loi américaine et, dans l'affirmative, s'il existe des différences à ce sujet entre le projet de loi et la loi américaine.
Pouvons-nous entendre d'abord M. Mortimer?