propose que le projet de loi soit lu pour la troisième fois et adopté.
— Monsieur le Président, c'est un honneur pour moi de prendre la parole devant mes collègues aujourd'hui pour défendre mon projet de loi d'initiative parlementaire à l'étape de la troisième lecture.
Depuis qu'il a été présenté à la Chambre, le projet de loi , Loi modifiant la Loi sur les aliments et drogues (lentilles cornéennes qui ne corrigent pas la vue), a reçu le soutien unanime de tous les partis, à toutes les étapes du processus. Même à l'étape de l'examen en comité, les parlementaires des divers partis l'ont appuyé sans réserve.
Dans les mois suivant la présentation de mon projet de loi, des millions de lentilles cornéennes qui ne corrigent pas la vue ont été rappelées en Amérique du Nord, en raison de problèmes liés au contrôle de la qualité. Ce genre de situations sont plus fréquentes et les Canadiens commencent seulement à prendre conscience de l'importance de leur santé oculaire. Tandis que nous faisons la lumière sur ce problème, nous continuerons à entendre parler de rappels de tels produits dans les médias. C'est pourquoi tous les partis et presque tous les professionnels de la santé oculaire appuient le projet de loi . Les décideurs canadiens sont parfaitement conscients des répercussions que mon projet de loi aurait au Canada, tout comme bon nombre de mes collègues qui ont suivi les progrès de ma mesure législative.
Divers organismes, notamment l'Association canadienne des optométristes, ont joué un rôle clé pour sensibiliser les consommateurs à ce grave problème de santé. L'Association canadienne des optométristes, l'Association des opticiens du Canada et la Société canadienne d'ophtalmologie se sont toutes prononcées en faveur de ce projet de loi, à l'instar de nombreux organismes provinciaux et de leurs représentants. Je ferai part de certains de leurs points de vue à la Chambre en temps opportun.
J'aimerais remercier les optométristes et ophtalmologues qui, en dépit de leur emploi du temps chargé, ont pris le temps de m'écrire et de m'exprimer leur appui. Je reconnais que beaucoup de ces professionnels ont également pris le temps d'écrire à leur propre député, leur demandant d'appuyer ce projet de loi d'initiative parlementaire, et je les en remercie.
J'ai l'intention de profiter du présent débat à l'étape de la troisième lecture pour présenter à la Chambre des données médicales qui illustrent la nécessité d'adopter mon projet de loi. Cependant, avant de parler du projet de loi , j'aimerais ramener les députés à l'automne 2007, soit à la 39e législature.
Une de mes premières responsabilités en tant que députée nouvellement élue a été de siéger au Comité permanent de la santé. Quand je repense à cette époque, je constate que j'ai été particulièrement frappée par l'absence de surveillance réglementaire visant ce qu'on appelle les lentilles cornéennes à but esthétique, lacune que m'ont signalée des organisations de professionnels de la vue de l'ensemble du Canada.
Il est très facile de décortiquer le coeur de la question qui m'a été présentée à l'époque. Les lentilles cornéennes à but esthétique et celles qui corrigent la vue ont exactement le même effet sur l'oeil humain, à part le fait que les lentilles cornéennes à but esthétique ne visent pas à corriger un problème de la vue. Cependant, et malgré le fait qu'elles sont identiques à celles qui corrigent la vue, les lentilles cornéennes à but esthétique n'ont jamais été assujetties à une surveillance réglementaire semblable à celle qui vise les lentilles cornéennes qui corrigent la vue. C'est en tenant compte de cette situation que j'ai commencé mes travaux en 2007 pour mieux comprendre les risques liés au port de lentilles cornéennes à but esthétique.
Après une étude approfondie et des entretiens avec des chercheurs en santé et des professionnels de la vue et après avoir rencontré des spécialistes de Santé Canada et avoir discuté avec le porte-parole de l'opposition en matière de santé, j'ai élaboré une stratégie visant à protéger la santé oculaire des Canadiens. Mes démarches ont débouché sur la présentation de la motion d'initiative parlementaire no 409, qui proposait que les lentilles à but esthétique soient considérées comme des instruments médicaux et qu'elles soient réglementées en conséquence par la Loi sur les aliments et drogues. La motion no 409 se lisait comme suit:
Que, de l'avis de la Chambre, le ministre de la Santé devrait réglementer les lentilles de contact non correctrices à but esthétique à titre de matériel médical, en vertu de la Loi sur les produits dangereux ou de la Loi sur les aliments et drogues.
Cette motion a été adoptée à l'unanimité, le 7 mars 2008, et en plus, dans un Parlement où le gouvernement était minoritaire, et où régnait la division, ce qui démontre, à mon avis, que nous discutons d'un problème de santé important qui pourrait avoir des conséquences pour beaucoup de Canadiens, en particulier les jeunes. Lorsqu'il a pris connaissance des faits concernant les lentilles cornéennes qui ne corrigent pas la vue, le Parlement a pris la bonne décision en adoptant, en 2008, la motion no 409. Et nous comptons poursuivre dans cette voie grâce au projet de loi .
J’ai été heureuse que le gouvernement donne suite à cette motion adoptée à l’unanimité. En effet, en 2008, le gouvernement du Canada, sur les conseils de Santé Canada, a présenté ma motion comme amendement au projet de loi . Ce projet de loi a été présenté en avril 2008, mais il est mort au Feuilleton lorsque des élections ont été déclenchées, l’automne suivant.
Il est malheureux que, parce que je m'étais déjà prévalue de la possibilité de présenter une motion d’initiative parlementaire pendant la 39e législature, mon nom se soit retrouvé au bas de la longue liste des initiatives parlementaires. Cela peut prendre un bon moment avant qu'un député qui a déjà présenté une mesure législative ait l'occasion d'en présenter une autre.
À la fin de 2010, pendant la 40e législature, il est devenu évident que je pourrais vraisemblablement présenter une mesure d’initiative parlementaire. Sachant que les Canadiens étaient encore préoccupés par les politiques canadiennes actuelles concernant les lentilles cornéennes qui ne corrigent pas la vue, j'ai demandé à mon personnel de recherche de déterminer les types de mesures législatives qui pourraient être présentées. Ils ont immédiatement formulé des avis pour peaufiner ma mesure d'initiative parlementaire précédente afin d'en faire un projet de loi distinct.
J'ai dû attendre encore un certain temps. Puis, nous avons eu d'autres élections, et j'ai été réélue par les résidants de . À la reprise des travaux du Parlement, à la 41e législature, mon nom s'est retrouvé presque au début de la liste des initiatives parlementaires, ce qui signifiait que les mois de recherches et d'efforts réalisés par mon bureau allaient porter fruit, et nous allions enfin pouvoir combler les lacunes de la réglementation concernant les lentilles cornéennes qui ne corrigent pas la vue.
Ce processus législatif s'est étendu sur trois différentes législatures, et le projet de loi est maintenant à l'étape de la troisième lecture à la Chambre des communes.
Maintenant que j'ai fait un bref historique de ma mesure législative, dont la Chambre est saisie, je veux maintenant m'exprimer directement sur le projet de loi .
Les spécialistes de la santé oculaire disent depuis longtemps ce que nous savons aujourd'hui être une stricte vérité: l'utilisation, à l'échelle nationale, de ces produits, sans aucune supervision, adaptation et formation de la part d'un professionnel, augmente considérablement le risque couru par le public. Voilà la principale conclusion de travaux de recherche indépendants. C'est ce qu'ont découvert des organismes canadiens en santé oculaire. Des travaux examinés par des pairs qui ont été menés par des chercheurs et des institutions réputés du monde entier soutiennent intégralement ces résultats.
Parler des problèmes de santé qu'est susceptible d'entraîner le port de lentilles qui ne corrigent pas la vue et considérer les lentilles cornéennes à but esthétique comme des produits potentiellement dangereux, voilà qui peut sembler quelque peu exagéré pour certains. Pourtant, des chercheurs en médecine ont démontré le contraire.
Quand on porte des lentilles mal adaptées à l'oeil et qu'on les manipule de façon non sécuritaire, on risque plusieurs complications. En voici une courte liste: conjonctivite, ulcères cornéens, conjonctivite papillaire géante, kératite microbienne et autres formes d'infection bactérienne, allergique et microbienne énumérées par l'industrie des soins de la vue.
On sait déjà que les lentilles cornéennes d'ordonnance peuvent donner lieu à toutes ces complications. C'est exactement pour cette raison que Santé Canada régit l'utilisation de ces produits par l'entremise des opticiens et des organismes de réglementation. De plus, des études évaluées par des pairs ont montré hors de tout doute que les lentilles qui ne corrigent pas la vue sont beaucoup plus susceptibles de causer des complications aux utilisateurs en raison d'une combinaison de facteurs, notamment le fait qu'aucune surveillance n'est assurée en ce qui concerne la qualité du produit et la façon dont le consommateur l'utilise.
Le marché Internet pour ces produits a augmenté énormément, même depuis 2006. On parle d'un marché de l'ordre de millions et de dizaines de millions de dollars. Une bonne partie des recettes ainsi générées vont à l'étranger. Nous devons veiller à ce que les consommateurs canadiens soient protégés dans de telles opérations.
Jusqu'à maintenant, plusieurs études ont été menées au sujet des lentilles cornéennes à but esthétique et du tort qu'elles peuvent causer aux consommateurs. L'étude qui est probablement la plus connue au Canada est l'évaluation des risques pour la santé liés au port de lentilles cornéennes à but esthétique menée par Dillon Consulting Limited, qui est mieux connue sous le nom de « rapport Dillon ». L'évaluation finale a été remise à Santé Canada en septembre 2003. Selon les preuves scientifiques énoncées dans l'évaluation, dont les responsables de la santé publique discutaient encore à l'époque, le niveau de risque associé à l'utilisation de lentilles cornéennes à but esthétique était comparable, et sans doute même supérieur, à celui associé au port de lentilles cornéennes d'ordonnance, qui elles font l'objet d'un suivi professionnel et d'une surveillance réglementaire appropriée, ce qui n'est pas le cas des lentilles cornéennes à but esthétique.
Le rapport Dillon recommandait également l'adoption des stratégies de gestion du risque suivantes: veiller à ce que le client fasse l'objet d'un dépistage individuel avant qu'il achète des lentilles cornéennes à but esthétique; assurer l'ajustage adéquat des lentilles; donner au client des directives appropriées sur le nettoyage et la stérilisation des lentilles; familiariser le client avec les symptômes pouvant être liés à l'état de l'oeil; et, enfin, assurer un suivi régulier après l'achat.
Jusqu'ici, aucune des stratégies de gestion du risque recommandées dans le rapport n'a été adoptée, alors que les lentilles correctrices sont définies de façon rigoureuse par Santé Canada.
La longue liste de problèmes liés au port de lentilles cornéennes qui ne corrigent pas la vue a déjà été perçue par les législateurs comme étant matière à controverse, mais ces problèmes de santé sont maintenant généralement reconnus en raison d'une étude dont les résultats ont été publiés récemment dans Acta Opthalmologica, le journal médical officiel des optométristes et des ophtalmologistes en Europe. L'étude, réalisée au département d'ophtalmologie de l'Hôpital universitaire de Strasbourg, en France, indique clairement que:
Les patients qui achètent des lentilles cornéennes à but esthétique sont moins susceptibles d'être renseignés sur la façon d'en faire un usage approprié et sur les règles d'hygiène de base en la matière. Par conséquent, les personnes qui portent ce genre de lentilles subissent des infections aiguës qui mettent leur vue en danger.
L'étude en question était axée sur une infection bactérienne appelée kératite microbienne, une infection courante, mais évitable, qui peut se produire chez les personnes qui portent des lentilles cornéennes correctives ou à but strictement esthétique. Cette étude a aussi révélé que les risques étaient plus grands chez les porteurs de lentilles à but esthétique. En effet, 79 p. 100 des membres du groupe témoin composé de porteurs de lentilles cornéennes à but esthétique souffraient d'égratignure cornéenne. En contrepartie, l'étude a aussi montré que seulement 51 p. 100 des porteurs de lentilles cornéennes correctrices souffraient de complications analogues. En outre, plus de la moitié des personnes portant des lentilles à but esthétique qui souffraient d'égratignure cornéenne étaient aussi atteintes d'une infection microbienne grave aux yeux.
Selon les conclusions de l'étude, les risques de mieux en mieux documentés liés aux lentilles cornéennes à but esthétique facilement accessibles suscitent de grandes inquiétudes en France, où s'est déroulée l'étude. Il n'y a aucune raison de croire que la situation est différente au Canada. D'ailleurs, les conclusions du rapport Dillon de 2003, qui, à bien des égards, a été avant-gardiste dans ce dossier, sont les mêmes que celles de l'étude réalisée en France en 2011.
Compte tenu des données médicales prouvant clairement que les dispositions prévues dans le sont nécessaires, il faut souligner que le Canada accuse au moins une dizaine d'années de retard par rapport à d'autres pays tels que les États-Unis et certains États européens puisque nous ne nous sommes pas encore dotés d'une réglementation adéquate régissant les lentilles cornéennes à but esthétique qui ne corrigent pas la vue.
En 2008, la motion M-409 a obtenu l'appui de tous les partis de l'opposition et de leurs porte-parole en matière de santé, de même que l'appui du gouvernement et du ministre de la Santé.
Aujourd'hui, je demande aux députés de se joindre à moi une fois de plus afin d'aborder l'importante question à l'origine du projet de loi . Voici ce que d'éminents spécialistes de la vue du Canada pensent de cette mesure législative.
Un optométriste de Terre-Neuve a déclaré ceci: « Dans ma province, des boutiques et des pharmacies vendent ces lentilles sans toutefois se préoccuper des répercussions qu'elles pourraient avoir sur la vue d'une personne. Tous nos opticiens souhaitent que ces lentilles ne puissent plus être offertes dans un contexte où aucune loi ne régit leur distribution. » En outre, un représentant de Clearlycontacts.ca, une entreprise canadienne qui vend des produits associés aux soins de la vue par Internet, a aussi affirmé ce qui suit: « Clearlycontacts appuie la surveillance réglementaire de la vente des lentilles cornéennes à but esthétique qui ne corrigent pas la vue et appuie entièrement le projet de loi C-313. »
Dana Cooper, de l'Association canadienne des optométristes, a déclaré ceci:
Le projet de loi C-313 est une initiative sensée qui fera en sorte que toutes les lentilles cornéennes seront assujetties à un seul et unique cadre réglementaire à l'échelle fédérale. Le projet de loi C-313 est logique, car il permettra d'assurer la santé oculaire des Canadiens et de protéger les consommateurs, et il est aussi justifié compte tenu des préoccupations qui ont été exprimées et des mesures qui ont déjà été prises par les gouvernements partout dans le monde.
J'ai aussi reçu l'appui des opticiens du Manitoba, du Saskatchewan College of Opticians ainsi que de la School of Optometry and Vision Science de Waterloo, en Ontario.
À l'échelle internationale, le projet de loi a reçu l'appui de groupes reconnus, comme le Contact Lens Institute of Florida et l'American Optometric Association of Virginia.
À l'heure actuelle, nous avons plus que jamais besoin de cette mesure législative, car le marché que représente Internet a ouvert des portes à ceux qui achètent et vendent ces produits partout dans le monde. En tant que décideurs, il nous incombe de protéger autant que possible la santé oculaire des Canadiens.
Je crois que le projet de loi est un premier pas dans cette direction. J'invite donc aujourd'hui tous les députés à appuyer mon projet de loi d'initiative parlementaire.
:
Madame la Présidente, je suis heureuse aujourd'hui de parler de ce projet de loi.
Je vais faire une petite introduction pour qu'on comprenne bien l'impact de ce projet de loi, qui en est à ses dernières étapes.
À l'heure actuelle, il existe plusieurs genres de lentilles cornéennes. Il y a de lentilles correctrices qu'on peut avoir à la suite d'une rencontre avec un spécialiste de la vue, et d'autres qui ne corrigent pas la vue et qui sont utilisées à des fins esthétiques pour changer la couleur des yeux ou y ajouter quelques motifs.
Les lentilles correctrices sont réglementées par Santé Canada, alors que celles qui ne corrigent pas la vue ne le sont pas. Ce projet de loi a pour but d'uniformiser la réglementation de tous les genres de lentilles cornéennes pour la santé et la sécurité des Canadiens.
Selon le projet de loi, les lentilles cornéennes à but esthétique qui ne corrigent pas la vue doivent être considérées comme des instruments médicaux. En conséquence, ce genre de lentilles va être assujetti aux exigences de la Loi sur les aliments et drogues et du Règlement sur les instruments médicaux.
Au NPD, on soutient ce projet de loi, car il établirait des règles de sûreté encadrant l'utilisation de ces lentilles, comme le demandent des spécialistes de la santé depuis plusieurs années.
Santé Canada demande également depuis 2003 la réglementation de lentilles cornéennes à but esthétique. Par ailleurs, la première mise en garde de Santé Canada date de 2000. Je crois donc qu'il est très approprié, à l'instant même, d'agir sur le sujet assez rapidement.
En 2003, Santé Canada a publié le rapport « Human Health Risk Assessment of Cosmetic Contact Lens », qui concluait qu'il n'y avait aucune différence dans la façon dont les lentilles cornéennes à but esthétique et les lentilles correctrices étaient insérées dans l'oeil et interagissaient avec celui-ci, et qu'elles devraient donc faire l'objet du même règlement. Les risques et l'utilisation de ces produits sont donc tout à fait similaires.
La vente des lentilles à but esthétique ont connu une explosion, ces dernières années.
Les lentilles cornéennes à but esthétique et les lentilles correctrices sont essentiellement des produits similaires, sauf que les unes corrigent la vue et les autres, non. Elles interagissent avec l'oeil et, par conséquent, représentent des risques similaires.
Or, à l'heure actuelle, la réglementation et les normes ne sont pas les mêmes, alors que les risques sont les mêmes.
Les lentilles esthétiques qui ne corrigent pas la vue ne sont même pas réglementées par Santé Canada. Il faudrait donc changer la législation, car l'utilisation des lentilles à but esthétique est de plus en plus répandue, et des problèmes surviennent de plus en plus à cause de ce manque de réglementation.
De plus, ce genre de lentilles est souvent utilisé par des jeunes, qui sont souvent moins bien informés sur les risques sur la santé associés à l'utilisation de ces produits.
Sur le site de Santé Canada, on peut lire que de nombreux risques sont associés au port des lentilles de contact. Ces risques sont notifiés pour les lentilles correctrices, mais elles s'appliquent aussi aux lentilles qui ne corrigent pas la vue. Par exemple, on sait qu'il peut y avoir du larmoiement, du prurit oculaire, une sensation de brûlure, une sensibilité à la lumière et de la sècheresse oculaire. Il y a également des risques d'infection oculaire. Ces problèmes peuvent être aggravés si on n'entretient pas bien les lentilles cornéennes.
L'utilisation prolongée de lentilles cornéennes, particulièrement pendant la nuit, accroît sérieusement le risque d'ulcère de la cornée. Il faut rappeler qu'un ulcère peut perforer ou marquer d'une cicatrice la cornée en un jour ou deux, y laissant une cicatrice permanente pouvant même entraîner, dans les cas les plus graves, la cécité.
On estime que les complications et les lésions causées par le port des lentilles qui ne corrigent pas la vue sont plus importantes que les complications dues aux lentilles correctrices.
Une étude faite en France récemment parle de 12 fois plus de complications.
Cela vient du manque de réglementation. Il peut y avoir une mauvaise qualité du produit comme tel, une mauvaise adaptation à l'oeil, une mauvaise adaptation aux besoins de l'acheteur ou un manque d'informations données à l'acheteur sur ces risques et sur les précautions à prendre.
Il faut réaliser qu'on peut se procurer ces lentilles dans plusieurs endroits tout à fait inusités, si je peux m'exprimer ainsi.
On peut en trouver au Centre Rideau, ici à Ottawa. On peut en acheter dans quelques commerces qui ne sont pas des cliniques d'optométrie, mais des boutiques de vêtements. On peut s'en procurer très facilement. Dans ces boutiques, on ne donne pas d'instructions sur leur utilisation comme le ferait un optométriste ou un ophtalmologiste qui nous prescrit des lentilles correctrices. Dans ce dernier cas, on nous apprend comment les utiliser de manière sécuritaire. Cet enseignement n'est pas dispensé dans les boutiques.
Santé Canada a recommandé que les lentilles cornéennes qui ne corrigent pas la vue soient utilisées sous la supervision d'un spécialiste de la vue en fonction des risques qu'elles peuvent entraîner.
Tous les ans, des professionnels de la santé traitent des patients avec des problèmes oculaires causés par le port de lentilles à but esthétique, des problèmes qui auraient pu être évités avec une réglementation adéquate, réclamée depuis près de 10 ans.
On voit bien le besoin urgent de légiférer et d'encadrer ce produit pour réduire les risques au maximum. Il est important que toutes les lentilles soient régies de la même façon pour réduire au maximum ces risques pour la santé des Canadiens et des Canadiennes.
L'un des risques les plus graves est la cécité, soit la perte de la vue. Selon Santé Canada, 75 p. 100 des cas de perte de la vue auraient pu être évités. Bien évidemment, ces cécités ne résultent pas toutes du port de lentilles, mais si on légiférait sur le port de ce type de lentilles cornéennes, cela pourrait sincèrement aider à faire baisser ce pourcentage.
Ce projet de loi demanderait que les lentilles cornéennes qui ne corrigent pas la vue soient homologuées par Santé Canada et que les distributeurs détiennent un permis de vente d'instruments médicaux. Compte tenu des complications que peut engendrer le port de lentilles, cette mesure paraît tout à fait appropriée. Elle permettra de faire baisser les complications et les maladies, ou même les conséquences graves, comme la cécité, qui auraient être pu être évitées et qui, éventuellement, ne pèseront plus sur le système de santé.
Les activités de prescription et de distribution de lentilles cornéennes à but esthétique sont de compétence provinciale. On encourage donc le gouvernement à travailler avec les provinces pour s'assurer qu'une réglementation et que des mesures soient prises pour la santé des Canadiens. Il faut que le gouvernement fasse preuve de leadership sur le sujet et encourage les provinces à faire de même.
Pour terminer, j'aimerais ajouter une dernière note à mon discours. Bien que le projet de loi soit tout à fait correct, je suis quand même déçue du fait que cela ait pris 10 ans avant qu'on l'ait et qu'il ne soit pas venu directement de la . Je trouve cela particulièrement dommage que la ministre ne l'ait pas jugé assez important pour le présenter comme un projet de loi émanant du gouvernement et que ce soit une députée qui ait dû se pencher sur la question.
Je vais bien sûr appuyer ce projet de loi, mais je crois qu'il y aurait dû y avoir de l'action bien avant de la part de la .
:
Madame la Présidente, je suis heureuse de prêter ma voix, littéralement, à la député de , qui semble souffrir d'un malaise aujourd'hui.
[Français]
Je remercie aussi la députée de d'avoir présenté le projet de loi .
[Traduction]
Ce projet de loi a reçu l'appui de tous les partis ce soir, ce qui n'est pas monnaie courante à la Chambre. Par miracle, on a aussi renvoyé le projet de loi au comité pour qu'il y soit amélioré, ce qui est quelque peu inhabituel dans cette enceinte ces temps-ci.
Au départ, le projet de loi visait à classer les lentilles cornéennes à but esthétique dans la catégorie visée par la règle 2(1) de la première partie de l'Annexe 1 du Règlement sur les instruments médicaux, qui dispose:
Sous réserve des paragraphes (2) à (4), les instruments effractifs qui pénètrent dans le corps par un de ses orifices ou qui entrent en contact avec la surface de l’oeil sont classés dans la classe II.
Tous les instruments médicaux de classe II sont ceux qui présentent un risque faible, dont les verres de contact, les tests de grossesse, les tomodensitomètres et les endoscopes. Avant de pouvoir vendre des instruments médicaux de classe II ou d'en faire la publicité, les fabricants doivent les faire homologuer chaque année par Santé Canada.
Santé Canada a fait remarquer au comité qu'étant donné que ces lentilles cornéennes à but esthétique n'ont aucune vertu thérapeutique ni ne corrigent la vue, il vaudrait mieux les ajouter à la liste des instruments aux termes de la Loi sur les aliments et drogues plutôt que de les considérer comme des instruments médicaux. Il convient de noter que les fabricants de lentilles cornéennes à but esthétique ne seront pas tenus d'en attester l'efficacité puisque ces lentilles ne visent pas à corriger la vue. Comme elles entreront dans la catégorie des instruments médicaux, la réglementation de la FDA s'applique et, par conséquent, le comité a adopté cet amendement. L'ajout des lentilles cornéennes à but esthétique à la liste des instruments médicaux permet d'améliorer la sécurité de ces produits lors de leur fabrication et de leur vente.
En novembre 2005, les États-Unis ont fait valoir que toutes les lentilles cornéennes, correctrices et non correctrices, appartiendront à la catégorie des instruments médicaux pour lesquels il faut une ordonnance.
Voici ce qu'a affirmé la Food and Drug Administration des États-Unis:
Sans ordonnance valide et sans l'ajustement, la supervision et les examens réguliers qu'assurent les spécialistes de la vue, les lentilles cornéennes à but esthétique, comme toutes les lentilles cornéennes, peuvent donner lieu à diverses blessures et maladies. Ainsi, le port de lentilles a été associé à des ulcères cornéens qui, lorsqu'ils ne sont pas traités, peuvent rapidement déclencher une infection intra-oculaire. Une infection non maîtrisée peut à son tour causer des cicatrices cornéennes, qui peuvent entraîner une dégradation de la vue et, dans les cas extrêmes, la cécité, voire la perte d'un oeil. Parmi les autres risques, mentionnons la conjonctivite, l’oedème de la cornée (enflure); les réactions allergiques; les égratignures dues au mauvais ajustement des lentilles, la perte d'acuité visuelle et de sensibilité différentielle ainsi que d'autres complications visuelles susceptibles d'entraver la conduite d'un véhicule ou d'autres activités.
Comme la députée l'a mentionné, une motion demandant que les lentilles cornéennes qui ne corrigent pas la vue soient considérées comme des instruments médicaux a été adoptée à l'unanimité à la Chambre des communes en mars 2008.
Les lentilles cornéennes qui ne corrigent pas la vue et qui sont utilisées pour modifier la couleur ou l'apparence des yeux devraient être considérées comme des instruments afin de protéger les consommateurs. Placer sur la surface de l'oeil des lentilles cornéennes qui ne sont pas bien ajustées ou fabriquées peut entraîner beaucoup de problèmes de santé, comme il a été mentionné par la Food and Drug Administration des États-Unis.
Les libéraux appuient les politiques fondées sur des données probantes et reconnaissent que cette mesure législative a reçu l'appui aux États-Unis de groupes comme l'American Academy of Ophthalmology, l'American Optometric Association, la Contact Lens Association of Ophthalmologists, Prevent Blindness America et le Contact Lens Institute. Elle a également reçu l'appui de l'Association canadienne des optométristes, qui a demandé au Parlement de l'adopter dans les plus brefs délais.
Au comité, un amendement a été apporté au projet de loi afin de supprimer le mot « esthétique », soit la traduction du mot « cosmetic » qui lui est défini dans la version anglaise de la Loi sur les aliments et ne doit pas s'appliquer à un instrument médical. On a également retiré l'expression « instruments médicaux de classe II » parce que tous les instruments de cette classe doivent démontrer leur efficacité et que les lentilles cornéennes qui ne corrigent pas la vue n'ont pas comme objectif d'être efficaces.
Finalement, on a amendé le projet de loi afin qu'il entre en vigueur à une date fixée par le gouverneur en conseil.
Le projet de loi a reçu l'appui de tous les témoins au Comité de la santé et tous les membres du comité ont adopté le projet de loi.
Nous félicitons la députée de Sarnia—Lambton de cette importante initiative. Comme elle, nous croyons que cette mesure législative se fait attendre depuis longtemps, et nous avons hâte qu'elle soit adoptée ici.
:
Madame la Présidente, ce n'est pas la première fois que j'ai l'occasion de me prononcer sur ce projet de loi. Je me suis exprimée en deuxième lecture et au Comité permanent de la santé lorsque le projet de loi y a été référé. À ce que j'ai pu observer, ce projet de loi a l'appui de tous les partis de cette Chambre.
Les lentilles cornéennes qui ne corrigent pas la vue, ainsi que nous les appelons maintenant après les modifications apportées au projet de loi en comité, sont utilisées pour modifier la couleur ou l'apparence des yeux. Au cours des dernières années, le marché de ces lentilles s'est accru de façon considérable. En fait, il n'existe aucune différence fondamentale entre les lentilles correctives et les lentilles à but esthétique pour ce qui est de leur interaction avec l'oeil.
Même si elles présentent les mêmes risques pour la santé, les lentilles cornéennes qui ne corrigent pas la vue ne sont pas encore classées comme des instruments en vertu de la Loi sur les aliments et drogues et elles ne sont pas réglementées par Santé Canada. Les dangers rattachés à l'utilisation des lentilles cornéennes qui ne corrigent pas la vue sans encadrement professionnel sont abondamment documentés.
Les problèmes surviennent lorsque ces lentilles ne sont pas adaptées aux besoins particuliers d'un acheteur, qu'elles sont de taille inappropriée et n'épousent pas correctement la forme de l'oeil, ou lorsque leur qualité est douteuse et qu'elles sont fournies par un fournisseur inconnu. Les problèmes surviennent souvent lorsque les consignes appropriées ne sont pas fournies aux consommateurs sur l'utilisation correcte et sécuritaire des lentilles, notamment sur la façon de les mettre et de les retirer et à l'entretien qu'elles nécessitent.
Santé Canada a averti le public et le gouvernement des risques liés aux lentilles qui ne corrigent pas la vue. Dans un rapport daté de 2003, le ministère affirme que le taux de lésions graves chez les personnes qui utilisent des lentilles cornéennes correctrices chaque jour est d'environ 1 p. 100, alors que le taux global de complications est d'environ 10 p. 100.
On a estimé que le taux de lésions et de complications comme des infections, des inflammations ou des ulcérations est beaucoup plus élevé chez les utilisateurs des lentilles cornéennes qui ne corrigent pas la vue que chez ceux qui utilisent les lentilles qui corrigent la vue. En 2007, la perte de la vue représentait le coût direct le plus élevé pour le système de soins de santé canadien, en comparaison avec d'autres maladies.
Par ailleurs, 75 p. 100 des cas de perte de la vue peuvent être évités. Le projet de loi prévoit de modifier la Loi sur les aliments et drogues pour classer les lentilles cornéennes qui ne corrigent pas la vue comme des instruments. Cette modification exigerait que l'ensemble des lentilles cornéennes qui ne corrigent pas la vue vendues au Canada soient homologuées par Santé Canada et que les distributeurs de produits exigent un permis de vente d'instruments médicaux.
Je reste tout de même, comme je l'avais exprimé lors de la dernière lecture, surprise et déçue de savoir que nous discutons toujours d'un tel projet de loi en 2012. Dès 2000, Santé Canada a émis une mise en garde au sujet des lentilles cornéennes qui ne corrigent pas la vue et a recommandé qu'elles soient utilisées uniquement sous la surveillance d'un professionnel des soins ophtalmiques.
En 2003, Santé Canada a recommandé que le gouvernement fédéral réglemente l'utilisation des lentilles cornéennes qui ne corrigent pas la vue. Et pourtant, la situation n'est toujours pas résolue 12 ans plus tard. Je tiens toutefois à exprimer ma reconnaissance à la députée de pour son projet de loi et sa persévérance dans ce dossier.
Je sais qu'elle travaille sur ce dossier particulier depuis au moins 2008, alors qu'elle présentait une motion qui a été adoptée à la Chambre des communes. Nous sommes toutefois dans une période où nous discutons du budget et j'espère qu'il le sera encore un certain temps, même s'il n'est plus en cette Chambre.
Les compressions budgétaires se feront sentir par les familles canadiennes et elles nous en parlent et nous en parleront encore. Lorsque je vois des mesures comme celle-ci qui sont essentielles, je me demande si elles auront des effets réels lorsque je vois le budget de 2012.
Des mesures réglementaires, comme ce projet de loi, ne peuvent être efficaces sans une certaine surveillance. Lorsque je vois les compressions budgétaires imposées par ce gouvernement, dont celles à Santé Canada, je doute que le ministère puisse continuer à faire les suivis nécessaires auprès des fabricants.
Comment pouvons-nous protéger la santé et la sécurité du public avec des moyens de surveillance limités et minimums?
Je sais que le gouvernement va dire que la sécurité des Canadiens et Canadiennes ne sera pas compromise, mais je ne suis absolument pas convaincue de cela. Je n'ai pas à regarder trop loin pour trouver la source de mes doutes: je n'ai qu'à lire le rapport du vérificateur général sur les F-35 et le comparer avec ce que les députés de ce gouvernement ont affirmé en cette Chambre.
En parlant justement du vérificateur général, j'aimerais souligner qu'il a justement blâmé ce gouvernement hier pour ce qui est de la performance de l'Agence des services frontaliers. Le vérificateur général a souligné ceci, et je cite:
Dans les quelques cas où l'entrée au pays de produits ne répondant pas aux exigences en matière d'importation a été autorisée, la plupart de ceux-ci ne faisaient pas l’objet d’un accord entre Santé Canada et l'Agence des services frontaliers du Canada [...] L'ASFC a conclu des accords officiels avec trois des organisations visées par notre audit, mais elle n’a pas encore d’accord officiel avec Santé Canada, qui précise les rôles, les responsabilités, les politiques et les procédures des deux organisations quant à la mise en œuvre des contrôles visant plusieurs produits qui relèvent de Santé Canada, dont [ce dont on parle aujourd'hui] les instruments médicaux et les produits antiparasitaires. En l'absence d’un tel accord, les agents des services frontaliers n’ont pas d’instructions uniformes quant aux procédures à suivre pour ces produits.
Les lentilles cornéennes qui ne corrigent pas la vue sont souvent commandées par l'entremise d'Internet. Je souhaite que ce gouvernement prenne au sérieux les recommandations du vérificateur général à ce sujet et s'assurera de donner les moyens à l'Agence des services frontaliers et à Santé Canada afin de protéger la santé et la sécurité des Canadiens. Sinon, ce projet de loi ne servira pas à grand-chose.
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Madame la Présidente, je suis très heureux de prendre la parole aujourd'hui pour appuyer le projet de loi d'initiative parlementaire inscrit au nom de la députée de . Le projet de loi modifierait les dispositions de la Loi sur les aliments et drogues portant sur les lentilles cornéennes qui ne corrigent pas la vue.
Les lentilles cornéennes à but esthétique ne corrigent pas la vue des gens qui les portent. Elles changent plutôt la couleur et l'aspect de leurs yeux. Si ces lentilles ne corrigent pas la vue, elles ont les mêmes effets sur les yeux que les autres lentilles. Autrement dit, les lentilles cornéennes à but esthétique présentent les mêmes risques pour la santé que les lentilles cornéennes correctrices. Or, malgré les risques de complications ou de lésions oculaires, les lentilles à but esthétique ne figurent pas dans la liste des instruments médicaux de classe II aux termes de la Loi sur les aliments et drogues et, par conséquent, ne sont pas soumises à la réglementation de Santé Canada.
Moi qui suis porte-parole néo-démocrate en matière de protection des consommateurs, je peux dire que cette évidente lacune est inquiétante. De nombreuses études font état des problèmes qui peuvent survenir si les lentilles cornéennes à but esthétique sont mal utilisées, par exemple si elles ne conviennent pas à la personne qui les portent, si elles ne sont pas de la bonne taille, si elles sont mal ajustées ou si elles proviennent d'un fournisseur inconnu qui vend des lentilles de qualité douteuse.
Comme c'est souvent le cas pour les lentilles cornéennes à but esthétique, des renseignements essentiels ou des instructions adéquates ne sont pas inclus avec les lentilles, par exemple, en ce qui concerne l'application, le retrait et le nettoyage de celles-ci.
Modifier la Loi sur les aliments et drogues pour que les lentilles cornéennes à but esthétique soient considérées comme un instrument médical de classe II signifierait qu'elles seraient soumises à la même réglementation que les lentilles correctrices. De la sorte, toutes les lentilles à but esthétique vendues au Canada devraient être homologuées par Santé Canada, et les distributeurs de ces lentilles devraient obtenir une licence pour pouvoir les vendre.
Pour comprendre les risques causés par l'absence de réglementation, il suffit d'examiner les statistiques associées aux lentilles cornéennes. En 2003, un rapport de Santé Canada indiquait que le taux de blessures graves parmi les utilisateurs qui portent tous les jours des lentilles correctrices tournait autour de 1 p. 100, tandis que le taux global de complications était d'environ 10 p. 100. Selon les nombreux rapports, le taux de blessures et de complications causées par une infection, une inflammation ou une ulcération est beaucoup plus élevé chez les utilisateurs de lentilles cornéennes à but esthétique.
Le problème n'est pas seulement lié à la santé publique, il est aussi d'ordre économique. En 2007, la perte de vision représentait le coût direct le plus élevé pour le système de soins de santé canadien, soit plus que toute autre maladie. Comme 75 p. 100 des cas de perte de vision peuvent être évités, une réglementation visant à protéger les utilisateurs de lentilles cornéennes à but esthétique contribuerait grandement à préserver leur vision et leur argent, de même que les fonds publics.
Cela m'amène au travail exceptionnel qu'accomplit l'Institut national canadien pour les aveugles dans ma circonscription. Je pense notamment au directeur général Paul Belair, qui rappelle inlassablement l'importance de ce dont nous avons parlé un peu plus tôt, à savoir l'adoption d'un règlement préventif pour protéger la vue des Canadiens, parce que celle-ci est cruciale.
Je félicite la députée de d'avoir présenté cette mesure législative. Cela soulève cependant une question. Qu'a fait le gouvernement dans ce dossier jusqu'à présent? Il ne peut pas dire qu'il n'était pas au courant de la situation. En 2000, Santé Canada a émis une mise en garde au sujet des lentilles cornéennes à but esthétique et a recommandé qu'elles soient utilisées uniquement sous la surveillance d'un professionnel des soins ophtalmiques. Puis, en 2003, Santé Canada a recommandé que le gouvernement fédéral réglemente l'utilisation des verres de contact à but esthétique.
Que faut-il comprendre? Il faut comprendre que le gouvernement actuel et le gouvernement libéral avant lui n'ont rien fait sur cette question, à l'encontre des recommandations de leurs propres ministères. Quand on pense à toutes les occasions qu'ont eues les gouvernements, au cours des 12 dernières années, d'instaurer ce simple changement, cela en dit long sur le peu d'intérêt que ces gouvernements portaient à la protection des consommateurs.
Encore une fois, même si je félicite la députée de d'avoir présenté ce projet de loi, je suis profondément troublé que nous devions traiter cette question dans un projet de loi d'initiative parlementaire en 2012. Pour dire les choses simplement, on n'aurait jamais dû en arriver là.
Il faut être conscients que le projet de loi n'est qu'une première étape. C'est une étape importante, certes, mais seulement une étape. La prescription et la vente de lentilles cornéennes à but esthétique est du ressort des provinces et des territoires. Ainsi, si les modifications proposées sont adoptées, la prescription et la vente de ces lentilles cornéennes relèveront désormais des ministères de la Santé provinciaux et territoriaux. Toute proposition à long terme visant à accroître la qualité et la sécurité de ces lentilles devra donc être le fruit d'une collaboration entre les ordres de gouvernement. Le gouvernement fédéral doit absolument collaborer avec les provinces: c'est la seule façon d'établir un régime réglementaire efficace.
Cette nécessité soulève toutefois également une question plus inquiétante à long terme. Puisque le gouvernement n'a pas agi comme il se doit en ne proposant pas les modifications législatives nécessaires pour réglementer les lentilles cornéennes à but esthétique, comment pouvons-nous nous attendre à ce qu'il collabore avec les provinces et qu'il établisse un plan réglementaire à long terme à leur intention? Je m'interroge.
Je suis certain que Santé Canada se tiendra au courant du dossier, comme elle le faisait déjà d'après ses rapports de 2000 et de 2003. Mais le gouvernement aura-t-il la volonté politique d'agir, de travailler de concert avec les provinces afin d'en arriver à une mesure législative exhaustive qui protégera les consommateurs canadiens? Étant donné son bilan dans ce dossier et dans de nombreux dossiers liés à la protection des consommateurs, on peut en douter.
Le gouvernement a négligé ses responsabilités envers les consommateurs en de nombreuses occasions: il a fermé les yeux lorsque les pétrolières les arnaquaient à la pompe; il a laissé les banques se retirer d'un système d'ombudsman indépendant et impartial; il a négligé de réglementer les cartes de crédit en instaurant un code de conduite volontaire élaboré en vase clos avec les sociétés émettrices de cartes de crédit; il a attendu des années avant d'exiger que les compagnies aériennes affichent les prix complet de leurs services. Et voilà que, dans le budget de cette semaine, le gouvernement sabre dans le financement de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, à qui il impose des coupes de 56,1 millions de dollars.
J'aimerais bien croire que le gouvernement se montrera proactif et protégera les consommateurs qui utilisent des lentilles cornéennes à but esthétique, mais étant donné son bilan plutôt mince, ce serait pour le moins naïf de ma part.
Je suis heureux d'accorder mon appui à la députée de pour ce projet de loi. Il s'agit d'une modification peu coûteuse mais très porteuse. Le fait qu'une mesure d'initiative parlementaire soit nécessaire pour régler ce problème indique combien les politiques du gouvernement en matière de protection des consommateurs sont inadéquates. Nous devons pousser le gouvernement à se montrer plus proactif en ce qui concerne la protection des consommateurs canadiens.
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Madame la Présidente, je suis très heureuse de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi, en particulier après mon collègue le député de , qui fait un travail colossal dans le dossier de la protection des consommateurs canadiens. Je dirais même que c'est un véritable défenseur des droits des consommateurs. C'est fantastique de pouvoir prendre la parole après son discours sur les problèmes de protection des consommateurs qui sont associés à ce projet de loi.
J'ai beaucoup appris en examinant le projet de loi. Je ne savais pas que les lentilles cornéennes à but esthétique ne faisaient pas partie des instruments médicaux de classe II. Je ne savais même pas ce qu'était un instrument médical de classe II, même si j'ai déjà porté des lentilles cornéennes colorées. Je porte des lentilles cornéennes présentement, mais elles ne changent pas la couleur naturelle de mes yeux. Je ne savais rien de tout cela parce que j'ai pu acheter mes lentilles cornéennes colorées il y a plusieurs années chez un optométriste. Ce n'est pas la situation que vise ce projet de loi.
Comme j'avais besoin de lentilles correctrices, j'ai dû voir un optométriste. Je dois le rencontrer et subir des examens régulièrement. Il m'a montré comment manipuler mes lentilles, comment les mettre dans mes yeux et comment les nettoyer. Il prend toujours le temps de m'informer lorsqu'un nouveau type de lentilles fait son apparition, qui laisse davantage d'oxygène pénétrer dans l'oeil. Je n'y connais rien. Je fais confiance à l'expert qui me conseille lorsqu'il me dit qu'une nouvelle sorte de lentilles cornéennes sera meilleure pour mes yeux parce qu'elle laisse passer davantage d'oxygène. Je bénéficie de ces conseils parce que ce sont des lentilles correctrices. Lorsque j'étais à l'école secondaire, mes lentilles cornéennes étaient légèrement teintées de vert, mais c'étaient quand même des lentilles correctrices, alors j'étais dûment conseillée et suivie.
L'année dernière, je suis allée chez mon optométriste pour un examen de suivi. Une photographie a révélé une tache noire dans un de mes yeux. L'optométriste a dit que cette tache pouvait être bénigne ou se révéler un grave problème. Pour en avoir le coeur net, il fallait attendre de voir si sa taille allait changer. J'ai eu tellement peur sur le coup que je ne voulais pas retourner le consulter. Je sais que ce n'était pas la chose à faire, mais parfois l'instinct l'emporte sur la raison. Je ne voulais pas savoir si cette tache représentait un danger. Mon raisonnement défiait toute logique, je le sais, mais c'est ainsi que je me sentais.
Or, quand j'ai voulu commander de nouveaux verres de contact, j'ai été obligée de revoir mon optométriste et de passer un nouvel examen, ce qui est une bonne chose.
Certains disent que nous sommes réglementés à outrance, mais c'est la santé des Canadiens que nous tentons ici de protéger.
Si quelqu'un comme moi, une consommatrice avisée qui connaît bien le produit, a trop peur de retourner chez le spécialiste pour qu'il prenne une photo de l'arrière de son oeil et connaître la vérité sur sa santé visuelle, alors imaginez les jeunes, qui sont de grands consommateurs de lentilles cornéennes à but esthétique qui ne corrigent pas la vue, qui ne savent pas comment les utiliser adéquatement et qui ne connaissent pas les risques qui y sont associés. Car les risques sont énormes. Les gens pensent porter ces lentilles juste pour l'Halloween afin d'avoir l'air d'un chat, d'un vampire ou peu importe. Cela semble assez inoffensif. Porter des lentilles n'a rien d'exceptionnel. Ces lentilles peuvent toutefois causer de graves blessures à l'oeil. Elles peuvent provoquer une réaction allergique ou une infection bactérienne. Elles peuvent causer une inflammation, l'enflure de la cornée ou une égratignure et peuvent même conduire à la cécité. Ces lentilles que l'on porte à l'Halloween peuvent provoquer ces réactions en aussi peu que 24 heures.
On pense que ce n'est qu'un élément de costume amusant, mais c'est très sérieux. Il en va de la santé de l'oeil. Nous n'avons qu'une seule chance pour la préserver. Imaginez que ces complications surviennent en aussi peu que 24 heures. Certaines d'entre elles sont très difficiles à traiter et peuvent parfois causer des dommages permanents.
J'ai regardé un reportage de la CBC à propos d'une femme qui est allée au Panama se faire implanter des lentilles cornéennes permanentes. L'opération consistait à insérer un disque rigide dans l'oeil pour en changer la couleur de façon permanente.
Aujourd'hui, cette femme est considérée aveugle au sens de la loi. Elle peut seulement discerner les formes et les couleurs. Elle a dû subir une intervention chirurgicale pour enlever les disques, puis de nombreuses chirurgies cornéennes. C'était un reportage qui faisait de la peine à voir. C'était une belle jeune femme. Le reportage a très bien illustré ce que certaines personnes sont prêtes à faire pour changer leur apparence. Dieu merci, cette chirurgie n'existe pas au Canada. Certaines personnes, cependant, sont prêtes à vider leur compte d'épargnes pour aller se faire poser des yeux bleus au Panama. C'est difficile à imaginer, mais c'est la vérité.
Et si c'est la vérité, nous devons faire tout en notre pouvoir pour assurer la sécurité des Canadiens. Les lentilles cornéennes correctrices devraient absolument être considérées comme un instrument médical de classe II. Cela semble évident.
Mon collègue de a parlé d'une « modification peu coûteuse mais très fructueuse ». La modification ne nous coûtera rien. On nous a déjà demandé de l'apporter. On l'a réclamée. Cela fait dix ans que les professionnels de la santé cherchent à sensibiliser les Canadiens à ces risques. Ils encouragent depuis tout ce temps le gouvernement à prendre l'initiative et à apporter cette modification.
Protéger les Canadiens contre les effets néfastes que des produits potentiellement dangereux pourraient avoir sur leur santé et leur sécurité devrait être une responsabilité fondamentale du gouvernement. Cela va de soi, peu importe qu'on soit un partisan de l'interventionnisme gouvernemental ou non. C'est l'une des raisons d'être fondamentales du gouvernement. Son rôle est de nous aider, de nous protéger et de garantir notre sécurité.
Un des points que j'aimerais souligner — et je crois que certains députés en ont parlé —, c'est que le projet de loi n'est que la première étape, car la réglementation des lentilles cornéennes relève principalement des provinces. C'est une bonne première étape. Elle est nécessaire. Toutefois, le gouvernement fédéral devra faire preuve de davantage de leadership et collaborer avec les provinces, afin de veiller à ce qu'un régime de réglementation efficace soit mis en place pour les lentilles cornéennes à but esthétique.
À ce sujet, je souligne le leadership de la députée de , qui a présenté ce projet de loi. Je la félicite de son travail. En réalité, elle a fait le travail que sa ministre aurait dû faire. Cela fait des années que nous entendons parler de ce problème. En 2000, Santé Canada a émis une mise en garde au sujet des lentilles cornéennes et a recommandé qu'elles soient utilisées uniquement sous la surveillance d'un professionnel de la vue. Qu'a fait la ? Elle brille par son absence dans tous les dossiers qui lui ont été confiés et ne joue pas un rôle de chef de file dans la protection de la santé des Canadiens.
J'aimerais parler des champions de cette cause dans la société civile, qui font preuve du genre de leadership dont devrait faire preuve le gouvernement: l'Association canadienne des optométristes — une vraie championne de la cause —, la Société canadienne d'ophtalmologie et l'Association des opticiens du Canada. Tous ces organismes ont sensibilisé le public aux risques liés à l'utilisation des lentilles cornéennes à but esthétique et ont demandé à Santé Canada de les assujettir à la Loi sur les aliments et drogues.
Ils sont conscients des problèmes liés aux champs de compétences, puisque la réglementation des lentilles cornéennes relèverait principalement des provinces. Selon eux, des mesures législatives fédérales et provinciales sont nécessaires pour faire en sorte que les lentilles cornéennes à but esthétique soient traitées comme des lentilles correctrices.
Pour en revenir aux preuves, j'ai parlé de groupes qui proposent cette idée et jouent un rôle de champion. Les preuves et les recherches ne manquent vraiment pas...