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Monsieur le Président, je suis très heureux de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi . Les Canadiens s'intéressent beaucoup à la nécessité d'accroître la responsabilité de la Gendarmerie royale du Canada, et je suis heureux d'avoir la chance d'en parler aujourd'hui.
Les Canadiens ont de grandes attentes à l'égard de la GRC. Ils s'attendent à ce que les hommes et les femmes de la GRC les servent de façon honorable et intègre. Nous avons besoin qu'ils nous servent, nous protègent et assurent la sécurité de la population. Nous leur demandons de risquer leur vie pour nous protéger.
L'agent de la GRC en uniforme rouge, la police montée, est un symbole emblématique du Canada. En général, ce corps policier rend des services exemplaires aux Canadiens. Nous sommes très fiers de cette institution. Il s'agit d'un symbole du Canada, que connaissent les gens d'un peu partout dans le monde.
Toutefois, certains incidents très médiatisés, notamment des plaintes de harcèlement sexuel de la part d'anciennes agentes de la GRC et d'agentes actuellement en service de même que, très important, l'absence de sanction contre les agents qui contreviennent à la loi, montrent que la culture de la GRC comporte de graves problèmes de fond. Dans certains milieux, on dit que celle-ci est dysfonctionnelle. La nécessité de changer radicalement la culture de la GRC fait l'unanimité.
Lorsqu'il s'est adressé à la CBC en novembre dernier, le commissaire de la GRC, M. Paulson, a dit que la culture de l'institution en était une de harcèlement et de mauvais usage de l'autorité. Cela est vrai à un point tel que, malheureusement, la confiance de la population à l'égard de la GRC a été ébranlée. Un changement du cadre de responsabilisation se fait attendre depuis longtemps à la GRC.
À la télévision et dans l'actualité, nous avons entendu parler des inquiétudes et des griefs de nombreux employés, anciens et actuels, de la GRC. Il s'agissait surtout de femmes, qui exprimaient leurs préoccupations quant à la culture de l'institution et à l'absence de réaction à leurs inquiétudes et à leurs plaintes. Ce sont manifestement des problèmes difficiles qui ont des effets considérables sur la carrière et sur la vie de ces agents et anciens agents de la GRC.
Le a dit ce qui suit au sujet du projet de loi C-42:
[...] au cours des dernières années, la confiance que manifestent les Canadiens à l'égard de la GRC a été ébranlée, et le projet de loi fera en sorte que la GRC soit pleinement responsable de ses actes et transparente dans les services qu'elle fournit aux Canadiens.
Cependant, le projet de loi ne donne pas lieu à une surveillance plus indépendante et plus transparente de la GRC. En fait, la même entité, qui porte un nouveau nom, présente simplement des recommandations non exécutoires au ministre.
Le projet de loi C-42 représente l'idée que le gouvernement se fait de la responsabilisation, mais, de ce côté-ci de la Chambre, nous avons un point de vue tout à fait différent. Nous comprenons vraiment ce qu'est la responsabilisation, ce qu'elle signifie, ce qu'elle vaut, et nous y croyons. Selon nous, c'est l'absence de responsabilisation qui rend le projet de loi C-42 insuffisant.
Bien que nous soyons d'accord avec le principe du projet de loi, nous trouvons qu'il comporte de graves lacunes. Cette mesure législative ne reconnaît pas les besoins des agents de la GRC qui ont été victimes de harcèlement en milieu de travail, ni les attentes très raisonnables et appropriées des Canadiens en matière de surveillance civile d'un corps policier. La surveillance civile et la transparence sont essentielles pour accroître la responsabilité de cette institution.
Nous avons voté en faveur du projet de loi à l'étape de la deuxième lecture, dans l'espoir que ses lacunes seraient abordées en comité. Malheureusement, fidèles à leur habitude, les conservateurs ont voté contre chaque amendement proposé par le NPD. En conséquence, nous avons raté une occasion de régler les problèmes évidents du projet de loi que nous avons soulevés à l'étape de la deuxième lecture, problèmes que de nombreux témoins ont soulevés et expliqués lors de l'étude en comité.
Certains des amendements que nous avons proposés au comité comportaient des éléments que les députés devraient, à mon avis, trouver d'une importance cruciale pour un projet de loi qui est censé assurer la responsabilité et la transparence d'un organisme policier. Nous avons proposé notamment d'insérer dans la Loi sur la Gendarmerie royale du Canada une disposition obligeant les membres de la GRC à suivre une formation sur le harcèlement; de mettre sur pied un organe civil totalement indépendant pour examiner les plaintes contre la GRC; d'ajouter une disposition visant à créer un organisme civil national d'enquête afin d'éviter que la police enquête sur la police; d'établir des politiques plus équilibrées en matière de ressources humaines en éliminant certains des pouvoirs particulièrement draconiens et despotiques prévus pour le commissaire de la GRC et en renforçant le comité externe d'examen dans les cas où le renvoi de la GRC est envisagé.
Les conservateurs ont rejeté chacune de ces propositions très raisonnables visant à modifier le projet de loi . Il s'ensuit que le projet de loi n'a pas ce qu'il faut pour créer un solide organisme civil indépendant de supervision de la GRC comme — c'est important de le souligner — celui qui avait été proposé en 2006 par la Commission d'enquête O'Connor ou qui figurait en 2007 parmi les recommandations du Groupe de travail sur la gouvernance et le changement culturel à la GRC.
La nouvelle commission civile d'examen et de traitement des plaintes qui a été proposée remplacerait la Commission des plaintes du public contre la GRC et aurait plus de pouvoir pour mener des enquêtes, recueillir des preuves et des documents et obliger des gens à témoigner. Il faut reconnaître que c'est un pas dans la bonne direction.
Toutefois, ce n'est pas au Parlement, ou à nous, que le nouvel organisme devrait faire rapport, mais au commissaire et au ministre. Il ne s'agit donc manifestement pas d'un organisme indépendant. Il est tout à fait clair qu'il ne permettra pas d'atteindre les buts visés par le projet de loi, soit la transparence et la responsabilité de la GRC.
De surcroît, les conclusions de la commission ne seraient pas contraignantes. Nous ratons là une occasion d'avoir une commission d'examen des plaintes entièrement indépendante qui serait comptable devant tous les Canadiens et non pas uniquement devant le .
Le gouvernement adore le mot « responsabilité », qu'il lance à tous propos. J'ai cependant l'impression qu'il n'en a pas bien saisi le sens. Je dirais plutôt qu'il l'a amoindri et atténué et qu'il ne lui accorde tout simplement aucune valeur.
Le projet de loi vise à accroître la responsabilité d'un corps policier. À mon avis, cela suffit amplement à démontrer que le gouvernement ne croit pas au concept de la responsabilité et qu'il n'en respecte pas les principes. Cela ne transparaît tout simplement pas dans ce projet de loi.
La nouvelle commission aurait le statut d'observateur uniquement dans le cadre d'enquêtes sur des incidents graves mettant en cause la GRC. Cela démontre qu'on ne comprend pas le concept de la responsabilité.
Le nouveau cadre d'enquête de ces incidents proposé dans le projet de loi n'est rien d'autre qu'un système disparate, car il changerait selon la province. Une province pourrait choisir de nommer un organisme d'enquête ou un service de police, ou encore de laisser la possibilité à la GRC de confier l'enquête à un autre service de police ou même de mener l'enquête elle-même. Ces dispositions permettent tout simplement la poursuite des pratiques actuelles, qui laissent la police enquêter sur elle-même. Cette pratique est manifestement problématique, car elle a mené aux problèmes que vit actuellement la GRC. Il s'agit manifestement d'un des éléments clés auxquels le projet de loi devrait s'attaquer, ce qui n'est pas le cas. Malheureusement, cette mesure législative ne prévoit pas la création d'un organisme national de surveillance totalement indépendant. Même si une surveillance civile indépendante est nécessaire, le projet de loi ne livre pas la marchandise à cet égard.
Non seulement le projet de loi ne prévoit pas un tel mécanisme de surveillance, mais il concentre en plus des pouvoirs considérables entre les mains du commissaire, qui pourrait ainsi nommer et renvoyer des agents, et mettre en place un processus d'enquête sur les plaintes de harcèlement et de règlement de ces plaintes. Au lieu de prendre la responsabilité de régler les problèmes au sein de la GRC, le ministre a décidé de simplement déléguer cette responsabilité au commissaire.
Le NPD croit qu'une approche plus équilibrée pourrait consister à renforcer le comité externe d'examen au lieu de concentrer entre les mains d'une seule personne le pouvoir de congédier des agents. Hélas, tous les amendements proposés à cet effet ont été rejetés à l'étape du comité.
Les agents de la GRC font un travail dangereux et difficile pour protéger les Canadiens. Ce travail leur fait parfois courir des risques considérables, et certains ont perdu la vie dans l'exercice de leurs fonctions. Il s'agit là d'une grande tragédie pour tous les Canadiens, mais surtout pour les familles de ces agents.
Nous, députés à la Chambre, devons nous demander ce que nous devons en retour à ces agents de la GRC. Nous n'avons même pas encore réussi à créer un milieu de travail ouvert et respectueux pour l'ensemble des membres de la GRC; pourtant tous les travailleurs canadiens ont droit à un tel milieu. Dans le contexte de travail des policiers, qui mettent leur vie en danger et qui la perdent parfois dans l'exercice de leurs fonctions, il s'agit vraiment du minimum essentiel auquel on serait en droit de s'attendre dans tout contrat tacite avec les membres de la GRC.
Certains agents sont victimes de harcèlement au travail et hésitent à en parler. En fait, ils craignent de perdre leur emploi. Plusieurs agents ont d'ailleurs quitté leur emploi à cause de ce qu'ils vivaient au travail.
Le projet de loi est censé constituer une réponse aux plaintes de harcèlement sexuel formulées par des agentes de la GRC, mais il est étrangement muet sur cette question pourtant cruciale. Certaines agentes sont membres de la GRC et protègent les Canadiens depuis presque 40 ans. Au cours de cette période, nous n'avons pas réussi à mettre en oeuvre des mesures de protection contre les mauvais traitements de ce genre, que les lois fédérales et provinciales de protection des droits de la personne interdisent. Or, tous les travailleurs du Canada, quels que soient leur milieu de travail ou leur région, ont le droit d'être protégés.
Le gouvernement conservateur rate ici l'occasion, en 2013, de se servir de cette mesure législative pour faire en sorte que les agents de la GRC, comme tous les autres travailleurs, n'aient pas peur de formuler des plaintes de harcèlement dans leur milieu de travail. Les députés néo-démocrates siégeant au Comité de la sécurité publique ont proposé un amendement qui aurait obligé les agents de la GRC à suivre une formation sur le harcèlement. Comme c'est le cas pour tous les amendements, les conservateurs l'ont rejeté.
Il faut que la GRC adopte une politique claire contre le harcèlement afin de fixer des normes de comportement dans son organisation, ce qui permettrait d'instaurer des mesures disciplinaires équitables en cas de harcèlement. Malgré les efforts du NPD, le gouvernement a raté l'occasion de régler cette question dans le projet de loi.
Ce mois-ci, la Commission des plaintes du public contre la GRC a publié un rapport sur le harcèlement en milieu de travail à la GRC. Voici ce qu'on peut y lire:
La GRC a la responsabilité de favoriser la confiance du public dans la mesure du possible, et lorsque le public a l'impression que l'organisation n'a pas la volonté de protéger et de réprimander adéquatement ses propres employés, il est difficile de concevoir que les interactions avec la police et sa confiance envers l'organisation puissent rester intactes. C'est pour cette raison que la GRC doit prendre des mesures rapides et efficaces pour régler les conflits et les cas de harcèlement en milieu de travail et qu'elle doit prendre ces mesures de manière à susciter la confiance des membres et du public.
Ce projet de loi ne contient pas de mesures rapides et efficaces. En fait, il ne contient aucune mesure du tout.
Nous, de ce côté-ci de la Chambre, croyons qu'il est primordial que les membres de la GRC et le public puissent faire confiance à la GRC. Nous pourrions prendre d'importantes mesures législatives pour accroître la confiance des membres et des Canadiens à l'égard de la GRC, ainsi que l'obligation de rendre compte. Or, le projet de loi est loin d'atteindre son objectif à cet égard. Il est malheureux que les conservateurs, dans leur hâte d'adopter ce projet de loi, n'aient même pas pris le temps de faire en sorte que la nouvelle mesure législative permette à la GRC et au public d'obtenir la surveillance transparente et indépendante à laquelle ils s'attendent et qu'ils méritent.
Les membres de la GRC fournissent un service essentiel à l'ensemble des Canadiens. Souvent, ils travaillent dans des conditions difficiles et dangereuses, et mettent leur vie en danger pour protéger les autres. Le projet de loi est une occasion manquée de les protéger à leur tour. Ils méritent d'être protégés par une surveillance indépendante et ils ne devraient pas avoir peur de dénoncer le harcèlement en milieu de travail. Les membres de la GRC méritent d'être informés lorsqu'un des leurs enfreint les règles et méritent que cette personne soit tenue responsable. Cette obligation de rendre compte permettra de renforcer le lien de confiance entre cette force de police et le public, un lien de confiance qui a été affaibli par des incidents survenus récemment.
Les membres de la GRC et les Canadiens méritent mieux que ce que leur offre le projet de loi . Surtout, les femmes qui travaillent à la GRC ont le droit de travailler dans un milieu de travail exempt de harcèlement sexuel et, en fait, de toute forme de harcèlement. Elles méritent que nous les protégions et elles en ont besoin. Le projet de loi ne leur fournit pas cette protection, et cette raison justifie à elle seule qu'il soit rejeté par cette Chambre.
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Monsieur le Président, il arrive que les débats de la Chambre éveillent en nous des souvenirs. Je suis heureux d'avoir pu entendre ce qu'avait à nous dire le député de , qui est un agent de la GRC et qui peut apporter au présent débat la perspective très claire d'une personne qui a oeuvré au sein de ce service de police.
J'ai grandi dans une municipalité du nom de Plaster Rock, au Nouveau-Brunswick, où des agents de la GRC faisaient respecter la loi, comme ailleurs dans la province. Ma famille a dû interagir avec eux à une certaine époque. Alors que j'étais encore très jeune, ma soeur est morte aux mains de quelqu'un. Nous avons appris par la suite que le coupable était un membre de la famille très malade.
Pendant longtemps, après ce drame, mon père nous a parlé des enquêteurs de la GRC qui s'étaient occupés de l'affaire. Au départ, ils l'avaient emmené pour l'interroger. Mon père nous a toujours dit qu'il avait été traité avec beaucoup de professionnalisme par les policiers, lui qui avait le coeur brisé par la perte de sa fille. D'ailleurs, cette épreuve l'a affecté pour le reste de sa vie. Il est devenu alcoolique.
Ma famille a eu à interagir encore avec des agents de la GRC, qui étaient obligés de ramasser mon père de temps en temps. Nous avons toujours eu l'impression qu'ils traitaient mon père avec une dignité qu'ils n'auraient peut-être pas eue dans d'autres circonstances. Je ne sais pas.
Quand j'étais jeune garçon, je rêvais de devenir agent de la GRC. Mais, comme les députés peuvent le constater, je porte des lunettes et je suis beaucoup trop petit de taille pour être un agent de la GRC, alors j'ai dû renoncer à cette carrière, mais, pendant longtemps, je me suis beaucoup intéressé à la GRC et j'ai eu beaucoup de respect pour cette institution.
J'éprouve encore du respect pour la GRC, quoiqu'elle traverse une période difficile. Au cours des dernières années, un changement s'est produit dans sa culture, du moins à mon point de vue, pour ce qui est du traitement que ses membres se réservent les uns les autres. Nous sommes au fait des rapports à ce sujet.
Je me souviens d'un groupe qu'on surnommait l'escouade des coups fourrés. C'était pendant les années 1970, je crois. À la suite d'une enquête, ce groupe a été démantelé.
Des signes avant-coureurs se sont manifestés pendant assez longtemps avant que certains comportements finissent par s'enraciner à la GRC. Rappelons-nous les recommandations très importantes que le juge O'Connor a adressées à la GRC, après l'affaire Maher Arar. Le juge a pointé du doigt certains problèmes, et le gouvernement devait s'en occuper. À ce que je sache, les suites données à ces recommandations laissent beaucoup à désirer.
Les députés se souviennent qu'au cours de la dernière législature, le projet de loi avait été présenté pour régler ce problème. Mais, évidemment, il a été emporté par le cycle des élections, comme bien d'autres mesures.
Pour en revenir à mon collègue de , il a une vision particulière de cette institution et de certains de ses problèmes et de solutions possibles. J'ai donc hâte d'entendre ce qu'il aura à nous dire aujourd'hui.
À l'époque où j'étais chef syndical, nous devions assez souvent régler des problèmes de harcèlement en milieu de travail. En collaboration avec l'entreprise, nous élaborions des stratégies de sensibilisation à l'intention des employés concernés.
Dans le mouvement syndical lui-même, je me souviens que, pendant les années 1980, dans le cadre de nos conférences et de nos activités internes, nous nous sommes sérieusement employés à faire valoir l'importance du respect mutuel.
Dans les deux cas, la sensibilisation a joué un rôle clé. Je dis souvent que les gens qui sont au fait peuvent assumer leurs responsabilités. Nous savons maintenant que, selon certaines accusations, des abus se seraient produits à la GRC. Nous en savons assez pour reconnaître qu'il faut vraiment agir.
Notre parti avait des réserves à propos de ce projet de loi, car nous pensions qu'il n'allait pas assez loin. Nous avons proposé des amendements lors de l'étude en comité. À titre d'exemple, il faudrait ajouter une disposition exigeant que les agents de la GRC suivent une formation obligatoire sur le harcèlement.
Cette formation est nécessaire pour toutes les personnes, sans exception, qui travaillent avec le public et qui subissent autant de pressions que les agents de la GRC.
Je repense encore une fois à mon expérience personnelle, plus précisément à l'époque où j'étais agent d'entretien des signaux pour les Chemins de fer nationaux du Canada. Il y avait, à Niagara Falls, une route que certains députés connaissent peut-être: la route Thorold Stone. Quatre personnes y ont perdu la vie quand leur voiture a été frappée par un train.
Si j'en parle, c'est pour rappeler que les agents de la GRC, les policiers et les pompiers doivent chaque jour composer avec des événements terribles. J'ai lu dans le journal d'aujourd'hui que la tempête de neige avait causé un carambolage impliquant six voitures à Hamilton. La première personne sur les lieux de l'accident est souvent un policier, qui doit composer avec la pression que crée ce genre de situation. Si on y pense un peu, il est possible que ces pressions, bien qu'elles ne justifient aucunement le harcèlement, puissent tout de même y contribuer dans une certaine mesure. Si nous en prenons conscience, nous comprendrons peut-être mieux ce que vivent les agents et comment cette expérience se répercute sur leur vie de tous les jours.
Dans chaque milieu de travail, il faut donner aux employés les outils dont ils ont besoin pour composer avec toutes les situations. Dans le cas de la GRC, mon parti et moi avons insisté sur la nécessité de mettre en place une formation obligatoire. Nous croyons également qu'il faudrait faire appel à un organisme civil indépendant. Lorsqu'on est trop près des dossiers, il arrive souvent qu'on répète les mêmes erreurs et qu'on ne s'attaque pas efficacement aux problèmes. En revanche, un organisme civil indépendant pourrait considérer la situation sous un angle différent. Il est très important que le gouvernement prenne le temps d'examiner cette idée et de considérer sérieusement la mise en place d'un organisme de surveillance civil.
Nous sommes d'avis que certaines politiques en matière de ressources humaines sont trop sévères, voire draconiennes, mais je ne m'étendrai pas trop sur ce sujet, car je ne veux pas que ce débat se transforme en séance de dénigrement de la GRC. Mon parti et moi avons beaucoup de respect pour cette institution, mais la Chambre doit notamment faire ce qu'il faut pour l'aider à apporter les correctifs que le gouvernement juge nécessaires.
Avec ce projet de loi, le gouvernement a tenté d'enclencher un processus, mais nous croyons qu'il n'est pas allé assez loin. Au comité, des témoins ont fait des recommandations, mais le gouvernement n'a pas jugé bon d'y donner suite, pas plus qu'il ne l'a fait pour ce que notre parti a proposé dans le même contexte.
Si ma mémoire est bonne, le projet de loi a été présenté en juin 2012. Il s'agissait de renforcer la confiance et de rétablir la responsabilité au sein de la GRC. Pour rétablir la responsabilité, il faudra mettre en place le mécanisme de surveillance dont nous avons parlé. Il faudra faire appel à un organisme indépendant.
Le projet de loi vise notamment à donner plus de pouvoir au commissaire. Or, plutôt que de donner davantage de pouvoir au plus haut gradé, il faudrait exercer une diligence raisonnable.
Je crois fermement au droit d'être entendu. Les gens font des erreurs dans le cadre de leur travail, qu'ils soient agents de la GRC ou travailleurs dans une usine. Ils font des choses incorrectement et peuvent se retrouver dans une situation où leur employeur les congédie de façon arbitraire. J'ai travaillé pour Bell Canada, qui bien souvent, à mon avis, congédiait les employés trop raidement. Bell n'écoutait même pas leur version des faits à l'époque. J'espère que cela a changé depuis — il y a près de 20 ans que je n'y travaille plus —, mais le fait est que les travailleurs étaient convoqués, des accusations étaient portées contre eux et ils étaient congédiés. L'employé devait alors faire appel au syndicat et préparer un recours pour rectifier les accusations. Il est très préoccupant que ce genre de pouvoir soit assigné à un gestionnaire ou à un commissaire dans un milieu de travail.
En ce qui concerne les allégations contre la GRC, qui dévoilent un problème généralisé qui s'est assurément installé sur bien des années, il faut se rappeler la pression avec laquelle vivent ces personnes. Prenons tous un instant pour y réfléchir. La pression ne justifie pas les mauvais comportements des travailleurs ou des agents, mais nous devons faire preuve de diligence raisonnable et permettre à ces personnes d'examiner et de comprendre la situation et les aider à demeurer en poste et à corriger le comportement déploré.
Je regarde les déclarations faites par notre parti et les mesures que nous suggérons et il m'apparaît comme évident que le ministre doit faire de la question du harcèlement sexuel sa priorité. Dans tout ce dossier, c'est l'élément qui a le plus attiré l'attention des médias. Je sais d'expérience que les médias ne s'intéressent parfois qu'au point chaud d'un dossier et ne parlent pas des autres problèmes apparentés sous-jacents ou d'ordre culturel au sein de l'organisation en cause. Le harcèlement sexuel, quelle qu'en soit la forme et quel que soit l'endroit, que ce soit dans un milieu de travail ou ailleurs, est certainement inacceptable et doit être éliminé.
Toutefois, il faut regarder la vie des policiers en général et la formation de type militaire qu'ils reçoivent. Encore une fois, je me reporte à 1963-1964, lorsque j'étais un apprenti sapeur dans l'armée canadienne. À l'époque, il y avait des séances d'initiation. Ces rituels étaient considérés comme faisant partie de la formation d'un soldat. Nous devions être assez forts pour affronter tout ce qui se produisait, tout ce qui était fait. Heureusement, dans le milieu où j'étais, il n'y avait pas de harcèlement sexuel comme tel, mais il y avait d'autres formes de harcèlement. Avec le temps, les autorités militaires se sont occupées de ce problème.
Sauf erreur, le milieu militaire actuel est complètement différent de ce qu'il était à l'époque. Dans la formation de type militaire dispensée aux policiers, l'environnement propice à ce genre de culture existe et l'écart entre le harcèlement comme tel et les blagues entre collègues est très mince.
Lorsque des femmes deviennent membres de la police, leur perception de ce que les hommes jugent être des blagues est souvent très différente. Ce qu'un homme peut trouver vraiment drôle peut être très blessant pour une femme. Les policières vivent dans un environnement où elles ont le sentiment que les hommes détiennent le pouvoir et qu'elles n'ont pas la possibilité de se défendre. Si l'on regarde les cas qui ont été rendus publics par des femmes dans la GRC, on constate que c'est précisément ce qu'elles ont ressenti. Elles ont été marginalisées et troublées par ce qui leur arrivait. Lorsqu'elles se sont adressées à leurs supérieurs afin d'obtenir de l'aide, elles ont eu le sentiment de ne pas obtenir le respect qu'elles méritaient.
Cela dit, je reviens à la question de savoir si les personnes auxquelles ces femmes se sont adressées avaient vraiment la formation, la compréhension et la sensibilité voulues pour comprendre leur situation. Ces personnes comprenaient-elles vraiment la situation? Il est facile de dire qu'elles ont fait preuve de négligence et qu'elles n'ont pas été réceptives, mais peut-être ne mesuraient-elles pas vraiment les conséquences provoquées.
Il faut dispenser une formation et changer un système qui a évolué d'une façon très négative. Il faut donner à la GRC des outils pour s'attaquer à ce problème. Ces lacunes ne peuvent pas être corrigées de l'extérieur. On pourrait appliquer des solutions ponctuelles et temporaires, mais la culture doit absolument évoluer. Encore une fois, il faut prévoir des séances de sensibilisation aux relations entre les hommes et les femmes en milieu de travail, ainsi qu'aux relations avec les minorités visibles, qui sont une nouvelle réalité au sein de la GRC. Tous ces aspects viennent s'ajouter aux pressions quotidiennes subies par de bons policiers. Malheureusement, la culture a évolué au point où des poursuites sont intentées et des personnes font publiquement état de leurs cas.
Si je me fie à mon expérience de représentant syndical, étaler publiquement son cas en public est bien la dernière chose qu'une victime de harcèlement souhaite. Dans son esprit, sa situation s'apparente à celle des victimes d'intimidation dans les cours d'école et les coupables vont récidiver, sinon ils vont perdre le respect de leurs collègues. Il faut se pencher sur toutes ces questions.
Lorsque le projet de loi a été renvoyé au comité, le NPD était de bonne foi. Nous comprenions qu'il fallait se pencher sur la question, mais nous ne pouvons pas appuyer le projet de loi dans sa forme actuelle parce qu'il ne va pas assez loin.
Le gouvernement estime qu'il serait judicieux de conférer tous les pouvoirs à une seule personne, soit le dirigeant de la GRC. Il croit que cette personne pourra instaurer un nouvel environnement de travail. Or, cette personne aura besoin d'aide de l'extérieur, notamment d'experts en matière de harcèlement et de formateurs chevronnés qui pourraient aider les gens à la tête des différents départements de son organisation. Il faut qu'un cycle de formation poussée soit mis en oeuvre, sans quoi cette initiative est vouée à l'échec.
De nombreuses années se sont écoulées avant d'en arriver là. Nous n'entendions jamais d'histoire de la sorte auparavant, et ce n'est pas parce que les gens se taisaient, ça n'arrivait tout simplement pas. De nos jours, les services de police sont exposés à une pression sans commune mesure.
J'ai vécu mon enfance dans les années 1950, et, à cette époque, personne ne verrouillait les portes de sa maison et de son automobile. Les agents de police avaient rarement affaire à des bandits armés. C'était une autre époque. Je tiens de nouveau à souligner que je ne suis pas en train de justifier ce qui est arrivé. Il faut par contre tenir compte du stress pour que nous puissions comprendre ce qu'ont vécu ces agentes ainsi que les répercussions de cette culture malsaine qui s'est progressivement installée. Nous avons perdu le contrôle de la situation.
De nombreuses agentes de la GRC ont dénoncé la situation, et je les incite toutes à faire de même. Elles doivent comprendre qu'il y a des gens qui veulent sincèrement que les choses changent. Nous voulons rétablir la réputation entachée de la GRC. Et nous souhaitons aussi que les dirigeants de la GRC disposent des outils nécessaires pour instaurer et maintenir un milieu de travail sain, je ne saurais trop insister là-dessus.
Les députés ont certainement constaté que cette situation m'attriste beaucoup; je suis peiné parce que, comme je l'ai dit plus tôt, je voulais, il y a bien longtemps, dans les années 1950, être membre de la GRC.
Le NPD voulait vraiment améliorer le projet de loi à l'étape de l'étude en comité. Nous pouvons améliorer les choses pour la GRC, et rester ainsi fiers de ces gens qui travaillent si fort pour nous et qui risquent leur vie, mais qui oeuvrent dans un milieu de travail si éprouvant. La culture au sein de la GRC a été viciée, et nous devons tout faire pour rétablir la situation.
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Monsieur le Président, c'est très difficile de prendre la parole après un discours comme celui qu'a prononcé mon collègue de .
Il a parlé de faits vécus et il a relaté des histoires personnelles. Selon moi, il s'attaque ainsi au noyau du projet de loi. On parle des répercussions que cela implique sur le plan personnel et de ce qui peut arriver à des gens qui vivent une situation problématique en milieu de travail, notamment en cas de harcèlement sexuel.
Lorsqu'on tient un débat sur un enjeu de ce genre, c'est très important de dire que ce n'est pas en critiquant les gens qui se donnent corps et âme pour servir leur communauté, comme les membres des forces policières ou de la GRC, qu'on fera avancer le débat.
Quand on parle des dossiers de la Défense nationale, des Anciens combattants ou de la GRC, on entend souvent des critiques à propos de notre point de vue, et on entend souvent un argument réducteur. En effet, certains diront que c'est normal pour nous de tenir ces propos, car nous n'appuyons pas nos policiers ou nos forces armées. C'est très important de dire que rien n'est plus faux.
Contrairement à ce que l'on croit, lorsqu'on entreprend un débat et qu'on a le courage de prendre position et de dire que le projet de loi ne va pas assez loin, c'est parce qu'on a beaucoup de respect envers le travail qui est effectué et qu'on juge important de mettre en place des mesures qui permettront aux membres de la GRC d'évoluer dans un environnement de travail sain, en plus d'améliorer la relation de travail entre la police et les gens qu'elle a le devoir de protéger et de servir.
Bien sûr, on va s'opposer au projet de loi à l'étape de la troisième lecture. C'est avec un brin d'optimisme, comme toujours, et en vain que l'on a tenté d'apporter des modifications au projet de loi, en se basant sur les témoignages entendus en comité.
Je souligne notamment le travail du député d', notre porte-parole en matière de sécurité publique, et celui de la députée d', porte-parole adjointe. Ils ont certainement travaillé très fort pour mettre de l'avant ces amendements.
Ce qui est intéressant, c'est que ces amendements ne découlent pas d'une idéologie radicale, comme le prétend le gouvernement, mais plutôt des témoignages des experts entendus en comité. Ce sont des gens qui s'intéressent à ce dossier depuis très longtemps. Ce n'est pas nouveau.
Il y a eu une première version de ce projet de loi lors du 40e Parlement, le projet de loi , qu'il ne faut pas confondre avec le projet de loi omnibus du printemps dernier.
Les amendements découlaient des témoignages, mais ils ont malheureusement tous été rejetés, comme d'habitude. À mon avis, cela est très désolant. Lorsqu'on entend les points soulevés par les témoins et qu'on propose des modifications qui ne changent pas nécessairement l'esprit du projet de loi, mais qui apportent plutôt davantage de spécificité, d'efficacité et de transparence sur le plan des mesures que l'on veut instaurer par le biais du projet de loi, on devrait, selon moi, être plus réceptif aux amendements proposés. Toutefois, fidèle à son habitude, le gouvernement a rejetés les amendements d'un coup sec.
Le collègue qui a pris la parole avant moi a parlé de son expérience dans le milieu syndical. À propos du harcèlement au sein de la GRC, on constate que cette dernière est la seule force policière au Canada qui n'est pas dotée d'une convention collective.
Les gens diront que d'autres mesures seront mises en place pour assurer que les droits de ces travailleurs sont respectés. Ce sont des travailleurs, puisqu'ils travaillent pour nous. Cependant, lorsqu'il n'y a pas de mesures adéquates en place, ça devient difficile de défendre ces droits en cas de harcèlement. Ce n'est pas le seul milieu de travail où le harcèlement est un problème, mais comme l'a souligné mon collègue précédemment il s'agit d'un environnement très chargé à cet égard.
Les membres de la GRC ont à traiter certains dossiers et on peut comprendre que, dans certaines situations, il y ait un poids psychologique très lourd à porter. Parfois, cela fait en sorte que les relations entre les différentes personnes peuvent être tendues et des comportements négatifs peuvent en résulter. Quand on prend tout cela en considération, on réalise à quel point il est important de se doter de façons de faire qui permettront une meilleure gestion de ces problèmes.
D'ailleurs, en restant dans le sujet du harcèlement, quand on parle de harcèlement sexuel, on parle d'un enjeu qui affecte surtout les femmes. Ça peut sembler un préjugé, mais c'est la malheureuse réalité. Dans l'optique de l'égalité entre les sexes, alors qu'on veut encourager les femmes à envisager n'importe quel rôle dans notre société, réduire le problème du harcèlement devient davantage important.
Les députés du gouvernement vont certainement nous dire que ce projet de loi met en place un système qui va régler ce problème. Nous ne pensons pas que ce soit le cas, notamment en raison de la structure qui serait mise en place pour régler le problème. C'est vraiment notre plus importante revendication quand on parle de ce projet de loi.
Pour vulgariser un peu la chose, on veut que la police enquête sur la police et la commission serait redevable au ministre et non pas au Parlement. Le manque de volonté politique démontré par ce ministre depuis un certain temps devient problématique. Après tout, quand un pouvoir discrétionnaire ou décisionnel reste uniquement entre les mains d'un ministre, on doit se fier à sa volonté politique, volonté qui ne semble pas exister à l'heure actuelle.
Au contraire, si on demandait à cette commission de rendre des comptes directement au Parlement, il y aurait plus de transparence, plus de réponses et une structure davantage redevable à la population, que la GRC est censée servir. Ce serait aussi bien pour les gens à l'interne, les membres de la GRC, notamment ceux qui sont victimes de harcèlement.
Pour utiliser la même vulgarisation, quand on parle de police qui enquête sur la police, c'est vraiment le problème qui est ressorti du rapport du juge O'Connor dans le cas de Maher Arar. Ce dossier m'intéresse beaucoup. Au risque de me rajeunir énormément, quand ce rapport-là est sorti est 2006, je n'étais qu'un simple étudiant, mais j'étais très impliqué et très intéressé à la politique et à l'actualité et je militais pour différentes causes.
Je me souviens d'avoir vu ce rapport à ce moment-là. En effet, un des dossiers qui m'intéressaient beaucoup, c'était la façon d'agir de nos forces policières et de nos forces armées. Bien que cinq ans plus tard, nous étions encore dans la phase de l'après-11 septembre. En tant que société, au Canada, comme aux États-Unis et en Europe, on essayait de s'ajuster à cette nouvelle réalité et de donner des pouvoirs à nos forces policières tout en protégeant les droits des citoyens.
Ce rapport a découlé du fait qu'on a voulu conjuguer ces deux réalités. Or ce projet de loi ne prend pas en compte ces recommandations. Celles-ci suggéraient la mise sur pied d'une commission indépendante qui aurait vraiment été en mesure d'aller plus loin pour changer la culture de la GRC et pour régler le problème du harcèlement, notamment.
Au NPD, nous voulons voir des mesures plus concrètes. C'est pour cette raison que nous nous opposons à ce projet de loi qui est beaucoup trop déficient. Nous voulons quelque chose de beaucoup plus concret, et c'est certainement le genre de mesures que nous mettrons en place en 2015 si nous avons l'opportunité de former le gouvernement, afin de changer cette culture, de protéger les membres de la GRC et aussi qu'il y ait une meilleure relation entre eux et nos communautés.
J'attends vos questions et commentaires.
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Monsieur le Président, c'est un honneur pour moi de prendre la parole à la Chambre au nom des habitants de , dans la belle ville de Toronto. Cette question revêt pour eux une grande importance et un grand intérêt. En effet, les gens de ma circonscription et d'ailleurs à Toronto souhaitent ardemment voir la GRC soumise à une surveillance civile et à une obligation redditionnelle plus grande, surtout compte tenu des événements qui sont survenus en juin 2010. Je veux parler des incidents entourant la conférence du G20 à Toronto. Nous avons assisté à la plus grande arrestation de masse de l'histoire canadienne, et la GRC était le principal responsable du maintien de l'ordre.
Le projet de loi cherche à réformer la Commission des plaintes du public contre la Gendarmerie royale du Canada en la remplaçant par une toute nouvelle commission d'examen et de traitement des plaintes et en proposant un nouveau cadre de gestion des incidents graves impliquant des membres de la GRC.
Le hic, c'est que le nom de la commission a beau changer, les pouvoirs de celle-ci restent essentiellement les mêmes. Elle ressemble terriblement à la commission actuelle des plaintes du public contre la GRC, d'autant plus qu'il ne s'agirait pas d'un organisme complètement indépendant faisant rapport à la Chambre des communes. Elle continuerait de relever du .
Cet état de choses n'a rien pour rassurer notre parti, car nous avons quelques inquiétudes au sujet du ministre. Nous avons du mal à oublier que ce ministre a houspillé et morigéné les Canadiens en disant que ceux qui ne les appuyaient pas, lui et son projet de loi boiteux sur le piratage informatique, étaient du côté des pédophiles. Ce commentaire scandaleux et choquant a été accueilli avec dédain par les Canadiens de partout au pays, et à juste titre.
Ainsi, aux termes du projet loi, toute enquête d'importance se fera sous la supervision du ministre, qui aura le dernier mot.
Par ailleurs, la capacité de la nouvelle commission d'entreprendre des enquêtes indépendantes serait sérieusement limitée et les conclusions des enquêtes prendraient la forme de recommandations non contraignantes présentées au commissaire et au . Ces restrictions à l'indépendance de la nouvelle commission posent un énorme problème, à notre avis.
Comme nous l'avons fait dans le cas de beaucoup d'autres mesures que la Chambre a étudiées, nous avons présenté un grand nombre d'amendements sensés à ce projet de loi. Ces amendements auraient permis de renforcer le concept de surveillance civile et de rendre la commission indépendante. Une fois de plus, le gouvernement a rejeté toutes nos recommandations, tous nos amendements.
C'est particulièrement inquiétant, compte tenu du rapport publié en 2006 par le juge O'Connor qui a présidé la Commission d'enquête sur les actions des responsables canadiens relativement à Maher Arar. Dans ce rapport, le juge O'Connor a recommandé que la structure de l'organisme de surveillance soit calquée sur celle du Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité, chargé d'examiner les activités du SCRS. Cet organisme aurait le droit de vérifier tous les dossiers et toutes les activités de la GRC et le pouvoir d'exiger la production de documents et le témoignage de n'importe quelle personne ou entité du gouvernement fédéral, d'un gouvernement provincial, d'une administration municipale ou du secteur privé.
La Commission des plaintes du public contre la GRC actuellement en place n'a pas les pouvoirs nécessaires pour vérifier systématiquement que les activités de la GRC en matière de sécurité nationale sont menées dans le respect de la loi ainsi que des droits et des libertés.
Cette question concernant la surveillance civile et l'indépendance de l'organisme qui serait chargé de traiter les plaintes est importante dans une société civile. Elle est aussi importante pour la démocratie.
Comme bon nombre de mes collègues néo-démocrates l'ont fait au cours du présent débat, je pense qu'il est important de souligner que nous éprouvons énormément de respect à l'endroit des agents de la GRC. Nous sommes conscients qu'ils doivent souvent travailler dans des conditions et des situations très difficiles, voire chaotiques, et prendre des décisions en une fraction de seconde.
Nous sommes conscients qu'il s'agit parfois d'un emploi extrêmement exigeant et soumis à d'intenses pressions. Les Canadiens demandent aux agents de la GRC de faire ce travail pour eux. C'est pourquoi il est tellement important de créer et de maintenir un organisme de surveillance indépendant de la GRC. C'est exactement ce que nous avions recommandé.
Nous avons pu constater les réactions de divers intervenants canadiens relativement à ce projet de loi. Nous devrions également signaler que l'ancien président de la Commission des plaintes du public contre la GRC, Paul Kennedy, a dit ce qu'il pensait de la version précédente de cette mesure législative, le projet de loi — et j'ajouterais que cette partie du projet de loi a très peu changé. M. Kennedy a déclaré que la mesure législative était lacunaire et qu'elle ne répondait pas aux normes établies par le juge O'Connor.
Le projet de loi permettrait au d'édicter des règlements sur l'accès, par l'organisme de surveillance, à des renseignements protégés, comme des renseignements classifiés ou des documents sur des opérations clandestines. Il permettrait également au commissaire de la GRC d'empêcher l'organisme de surveillance d'avoir accès à ces renseignements. Par ailleurs, le projet de loi ne prévoit pas de délais quant aux réponses de la GRC aux rapports provisoires de la commission.
Pour bien des gens, ce débat peut sembler un peu obscur et pointu et intéresser uniquement les initiés. Regardons cependant ce qui se passe dans la rue. Reportons-nous à juin 2010 et pensons à ce qui est arrivé dans les rues de ma ville, la plus grande ville du pays, son moteur économique, son centre culturel. Rappelons-nous ce qui s'est passé en particulier à l'angle des rues Queen et Spadina.
Des centaines de personnes tout ce qu'il y a de plus ordinaires, dont la plupart vivaient dans le quartier, ont été encerclées et contenues pendant plusieurs heures sous la pluie par des policiers qui appliquaient une tactique appelée l'encerclement. Parmi les nombreux problèmes entourant ce qui s'est passé cette nuit-là, il se trouve que l'encerclement est une tactique que la GRC n'est pas censée employer. Elle n'est pas prévue dans son règlement. Elle ne fait pas partie de son code, et pourtant, ses membres qui se trouvaient là y ont eu recours.
Un rapport sur les activités de la GRC au cours du G20 a été présenté en mai 2012. Il expose de façon assez détaillée certains des problèmes qui se sont posés cette nuit-là. Il y est très clairement précisé que, même si l'encerclement ne fait pas partie du mandat de la GRC, ses agents l'ont employé.
Cet exemple montre bien pourquoi il faut un organisme civil indépendant de surveillance pour gagner la confiance du public. Je dois dire que les événements entourant le G20 ont sérieusement ébranlé la confiance du public en la capacité de nos forces de l'ordre de maintenir la paix et de protéger les personnes qui se réunissent pacifiquement pour exprimer leur point de vue en vertu du droit à la liberté de parole que leur confère la démocratie.
Je m'arrête ici. Je suis disposé à répondre aux questions.
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Monsieur le Président, il y a des journées comme aujourd'hui où c'est décourageant d'entendre le point de vue de nos adversaires d'en face. Ce n'est pas possible!
Effectivement, je suis profondément déçu, mais pas surpris de l'approche de ce gouvernement, une approche aussi peu productive, une approche insoucieuse et peu attentionnée dont les échecs sont maintenant mis en évidence. Aujourd'hui, le gouvernement est mis sur la défensive à cause de son insouciance. D'ailleurs, on le voit bien ce matin. Parmi les amendements proposés par le NPD, on retrouvait notamment: une formation obligatoire sur le harcèlement pour les membres de la GRC; un organisme civil pour les plaintes contre la GRC et un groupe d'enquête indépendant pour éviter les enquêtes policières sur les policiers. De toute évidence, tous ces amendements étaient très raisonnables et conformes aux nombreux témoignages entendus. Or toutes ces propositions ont été refusées.
Contrairement aux recommandations du rapport O'Connor sur l'affaire Maher Arar et des nombreux témoins en comité, le gouvernement a rejeté les amendements et préfère encore une approche interne à la GRC, qui sera potentiellement arbitraire, on s'en doute bien malheureusement, plutôt qu'une approche indépendante, externe et transparente.
Malheureusement, les problèmes très graves qui sont ceux de la GRC ne seront pas résolus par le projet de loi , de toute évidence, et ils resteront en attente de solution. En attendant, un grand nombre de personnes souffriront, et on pense évidemment à toutes ces femmes qui ont fait l'objet de harcèlement sexuel.
C'est donc très à regret que nous devons nous opposer à ce projet de loi, pour toutes ces raisons mentionnées et surtout tout cet obscurantisme et toute cette fermeture du gouvernement face à la proposition d'amendements que peut amener l'opposition officielle.
Les gens de ma circonscription de me demandent parfois si je ne suis pas tanné de voir le comportement de ces gens devant nous. C'est certain qu'on est tannés. On n'en peut plus de cette fermeture, de cette espèce d'impression de pouvoir divin, de savoir, de ne pas chercher à entendre et à tenir compte des points de vue des autres, de cette mauvaise foi, de cette façon de toujours faire de leur programme idéologique une priorité, mais surtout, depuis quelques temps en particulier, de se gargariser avec le mot « transparence », de toujours parler d'imputabilité alors qu'ils sont les champions du silence, les champions du travail derrière des portes closes.
D'ailleurs, je ne peux pas m'empêcher de voir dans l'attitude des conservateurs quelque chose de très louche. Qu'est-ce que ça cache de toujours demander cette transparence et de parler officiellement d'imputabilité, quand de toute évidence ils ont un programme qu'ils ne dévoileront pas?
C'est une grande déception pour nous, et surtout pour mes collègues qui demandent des réformes depuis longtemps, comme mon collègue assis juste à côté de moi. Je constate que nous en sommes encore avec ce dossier du harcèlement à la GRC. Depuis des lustres, le NPD demande que le gouvernement se préoccupe de cette situation qui affecte un grand nombre d'hommes et surtout de femmes. C'est un problème de gouvernance de la GRC, un problème de culture interne.
Le projet de loi que nous offre le gouvernement ne constitue aucunement une solution. On espérait une prise en main proactive et une stratégie pour prévenir la répétition de ces cas malheureux, mais malheureusement, on ne voit aujourd'hui que l'aboutissement d'un projet de loi sec, disciplinaire, déshumanisé et irréfléchi où le mot harcèlement n'apparaît qu'une seule fois dans tout le texte du projet de loi, il faut le faire. Comme je le disais tout à l'heure, nos propositions en comité, pourtant très positives, ont été rejetées et les avis de nombreux témoins et experts ont été ignorés.
Encore une fois, comme souvent, les conservateurs ont été mis devant un problème grave et systémique qui touche la Gendarmerie royale du Canada et ils ont abordé ce problème de façon simpliste et franchement paresseuse. Ce qui est nécessaire aujourd'hui pour changer la GRC et rassurer la population, c'est un profond changement de culture dans cet organisme, ce que ne permet pas ce projet de loi. Au contraire, dans quelques années, nous allons nous retrouver encore une fois devant le même problème et ramenés devant une situation où le harcèlement sera toujours un fléau à l'interne. Le public, lui, ne sera pas assuré que les plaintes qu'il formule en bonne et due forme seront étudiées avec l'attention qu'elles méritent.
Ce besoin d'un changement de culture, on l'entend encore et encore, de la bouche de Robert Paulson, le commissaire de la GRC, qui a dit ceci au Comité permanent de la condition féminine:
C'est la culture de l'organisation qui n' a pas évolué. [...] Nous n'avons pas été capables de changer nos pratiques et nos politiques [...]
[...] le problème dépasse largement le harcèlement sexuel.
On l'entend de David Brown qui a mené un groupe de travail sur la question, demandé par le fédéral en 2007. Imaginez-vous que cela s'appelait le Groupe de travail sur la gouvernance et le changement culturel à la GRC; ça ne pouvait pas être plus clair que ça.
Pourtant, plutôt qu'un changement réel de culture mené de l'intérieur et de l'extérieur par un leadership et une écoute sans ambiguïté du bureau du ministre, nous avons plutôt eu droit à une espèce de « réformette » qui, finalement, ne changera rien aux problèmes fondamentaux que nous avons soulevés à la Chambre depuis plusieurs mois, voire depuis plusieurs années. Cela ne changera rien aux problèmes qui nous ont menés jusqu'ici et que veut supposément régler ce projet de loi.
Le système que propose ce projet de loi pour les enquêtes sur les policiers sort complètement du domaine de la raison et du bon sens. Déjà, lors du projet de loi , cloné pour produire le projet de loi se trouvant devant nous aujourd'hui, on prévoyait que la GRC réalise des enquêtes sur elle-même dans certains cas.
Selon l'étrange construction que nous offre ce projet de loi dans les cas d'incidents graves impliquant la GRC — on parle ici de morts et de blessures graves —, il est prévu que les provinces interviennent en confiant l'enquête à un organisme d'enquête ou à un service de police. Sinon, la GRC peut confier l'enquête à un autre service de police, et si une telle éventualité n'est pas possible, la GRC effectue elle-même l'enquête.
Le soin de la surveillance de la GRC est donc en premier lieu confié à des organismes provinciaux, malgré le fait que ces organismes n'existent que dans quatre provinces: la Colombie-Britannique, l'Ontario, l'Alberta et la Saskatchewan. Ultimement, on rejette malheureusement assez fréquemment sur les provinces le besoin de surveiller la GRC. C'est une abdication des responsabilités du gouvernement fédéral et une nouvelle méthode pour pelleter les factures du fédéral dans la cour des provinces.
J'ai bien compris que les conservateurs souhaitent réduire la taille de l'État, car ils nous l'ont dit, mais cela ne peut pas impliquer qu'il faille remettre aux provinces la responsabilité de la surveillance des institutions fédérales à leur place.
Ce système byzantin, on s'y oppose, parce qu'on peut être plus simple et plus efficace. Nous avons proposé de le faire par un amendement en comité en proposant l'établissement d'un groupe d'enquête national, civil et indépendant, qui agirait systématiquement et qui ferait son rapport devant le Parlement. Or cet amendement a évidemment été refusé. Il faut mettre fin à ce système où la police enquête sur la police. Même les maires de certaines municipalités s'y opposent.
Les propositions que nous avons faites ici et en comité vont dans ce sens. Nos amendements et les recommandations de rapports, de groupes d'études, de commissions et de témoins sont balayés du revers de la main par un gouvernement qui fonce droit dans le mur. Son entêtement à ne rien faire réellement est bouleversant, et surtout lassant pour nous.
Le projet de loi devant nous est aussi un abandon de responsabilités du ministre. La proposition d'accroître substantiellement les pouvoirs du commissaire de la GRC, c'est courir vers la porte de sortie la plus proche; c'est la solution facile.
Voici une nouvelle abdication: le gouvernement aurait dû mener la charge contre le harcèlement à l'intérieur de la GRC par une réforme vigoureuse. Il choisit plutôt de mettre sur pied et d'endosser un système qui accroît massivement les pouvoirs du commissaire dans l'espoir que ça change quelque chose.
Selon tous les témoins et les experts qui connaissent ce dossier, nous n'avons pas besoin de plus de pouvoirs concentrés entre les mains d'une seule personne, mais au contraire, d'un nouveau régime de transparence et de surveillance indépendante.
Le Groupe de travail sur la gouvernance et les changements culturels à la GRC, qu'a créé le gouvernement en 2007, avait une autre idée en tête. Il proposait des réformes qui rapprocheraient la GRC des modes et des structures de gouvernance interne des organismes civils, avec un conseil d'administration qui surveille et qui peut contester les décisions du commissaire, qui exige des comptes, qui peut entendre les plaintes des employés et qui existe à l'intérieur d'une structure transparente.
Malheureusement, c'est encore une fois tout le contraire que propose le gouvernement. Il est clair que la solution de ce projet de loi, qui est de mettre plus de pouvoirs que jamais entre les mains d'une seule personne alors qu'il est question de pallier un problème d'organisation, ne réglera rien. Au contraire, cela risque de créer encore plus de problèmes et de malaises à l'interne.
On oppose ici deux philosophies différentes. Face à un problème complexe, les conservateurs proposent plus de pouvoirs entre les mains d'une seule personne, plus d'ordre, plus de hiérarchie, plus de décisions incontestables ou arbitraires et plus de discipline. Face à ce même problème, ce que nous demandons, c'est un système construit, transparent, réfléchi et systématique qui agirait dans l'intérêt public et dans le respect des droits des gendarmes, certes, mais surtout des citoyens.
Les conservateurs nous proposent dans ce projet de loi du jamais vu, une gigantesque réforme qui remplacera l'actuelle commission qui étudie les plaintes à la GRC et qui rapporte ses conclusions au ministre, par une commission qui étudie les plaintes à la GRC et qui rapportera ses conclusions au ministre. C'est impressionnant!
Pour conclure, les gens de ma circonscription ne sont pas dupes de cette espèce d'obsession pour une rhétorique de transparence et de responsabilité et espèrent que nous allons nous opposer tant que nous le pourrons à ce genre de supercherie.
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Monsieur le Président, je suis heureux de parler du projet de loi à l'étape de la troisième lecture. La Chambre doit se pencher sur ce genre de politique publique importante. Malheureusement, nous sommes d'avis que la Chambre ne s'est pas acquittée correctement de cette tâche, puisque le projet de loi n'atteindra pas son objectif.
Comme l'ont dit les intervenants précédents, la GRC est une institution canadienne historique. Comme le député de l'a indiqué, elle remonte à 1873. Nous savons tous qu'elle n'a pas toujours été parfaite. Au cours de son histoire, elle a parfois essuyé des critiques pour la façon dont elle a été mise à contribution par les divers gouvernements.
Lorsque j'ai commencé à pratiquer le droit, la GRC était considérée comme la plus grande force policière au pays. Partout au pays, les autres forces de police prenaient la GRC en exemple en raison des principes disciplinaires et des normes qu'elle appliquait, de la formation qu'elle offrait et des procédures adéquates qu'elle avait mises en place.
Malheureusement, depuis peu, les gens commencent à s'inquiéter de la manière dont la GRC gère les dossiers, en particulier les dossiers internes. Depuis quelques années, on voit surgir des plaintes pour des cas de harcèlement, dont les victimes sont surtout des femmes. Il y a actuellement 200 femmes qui ont engagé des poursuites en raison du harcèlement qu'elles ont subi au sein de la GRC et de l'incapacité dont semble faire preuve ce service de police lorsqu'il s'agit de gérer de tels dossiers. Grâce aux charges répétées du NPD à la Chambre, des démarches législatives ont été jugées nécessaires et ont été prises. Malheureusement, le projet de loi ne s'attaque pas aux problèmes qui ont mené à son élaboration.
Nous avons dit qu'il faut mettre en place une méthode appropriée et plus respectueuse pour gérer les cas de harcèlement sexuel, qu'il faut prendre des mesures adéquates à l'égard du problème de harcèlement, qu'il faut adopter une approche plus large et plus équilibrée en matière de ressources humaines, et qu'il faut éliminer certains pouvoirs excessifs qu'on propose d'accorder au commissaire de la GRC. Aucune de ces recommandations n'a été adoptée au comité.
La réaction du gouvernement à ces problèmes consiste à créer une hiérarchie encore plus puissante au sein de la GRC et à donner au commissaire des pouvoirs plus draconiens que jamais. Comme le député de l'a dit, le commissaire va déléguer tous ces pouvoirs, notamment à divers commissaires adjoints. Au lieu d'adopter une approche plus équilibrée, qui permettrait de régler les griefs et les problèmes des gens, nous allons avoir une hiérarchie autoritaire, qui n'inspirera pas la confiance, mais créera une organisation quasi paramilitaire. Quel anachronisme que de gérer des forces de l'ordre de cette manière, de nos jours.
De toute évidence, un corps policier doit prévoir et exercer des mesures disciplinaires, mais quand il est question de choses comme des plaintes de harcèlement sexuel, il faut prévoir un endroit où les gens savent qu'on les écoutera et qu'on réglera le problème. Les gens doivent être en mesure de s'attendre à ce que tous les agents de police, de haut en bas, comprennent bien en quoi consiste le harcèlement sexuel et soient conscients des répercussions que cela peut avoir. Certains intervenants qui m'ont précédé ont donné des exemples de façons dont il faudrait procéder.
À l'étape de l'étude en comité, 18 amendements ont été proposés pour répondre à certains de ces besoins, mais ils ont tous été rejetés par le gouvernement. Nous avions notamment proposé d'obliger les membres de la GRC à suivre une formation sur le harcèlement et d'inscrire une disposition à cet effet dans la Loi sur la Gendarmerie royale du Canada, pour montrer clairement que nous nous attaquons au problème. Nous voulions veiller à la création d'un organe civil totalement indépendant qui serait chargé d'examiner les plaintes formulées contre la GRC.
C'est important. Le modèle proposé était similaire à celui du CSARS, qui supervise le SCRS. Il prévoyait la création d'un organe indépendant investi d'un pouvoir de décision, et pas seulement d'un pouvoir de recommandation comme il est prévu dans le projet de loi. Cette proposition a été rejetée par le gouvernement.
Nous voulions également ajouter une disposition visant à créer un organisme civil national. Le projet de loi permet encore à la GRC d'enquêter sur elle-même quand il y a des plaintes sur le comportement inapproprié de policiers. Ce n'est pas correct. Une procédure complexe est envisagée, selon laquelle les provinces seraient les premières à intervenir ou, sinon, la GRC s'en occuperait et un organe civil quelconque aurait alors un rôle à jouer. Ce n'est pas suffisant. Certaines des provinces n'ont pas les capacités nécessaires pour mener un examen indépendant. De plus, les trois territoires n'ont pas de corps policier indépendant, et leurs services de police sont assurés par la GRC, ce qui signifie que les agents de la GRC enquêteront encore sur leurs propres activités.
Finalement, et je viens juste d'en parler, nous voulions élaborer une politique de ressources humaines plus équilibrée en éliminant certains des pouvoirs prévus pour le commissaire de la GRC et en renforçant le Comité externe d'examen afin que les cas où le renvoi de la GRC est envisagé puissent être examinés à l'externe. Maintenant, c'est le commissaire de la GRC qui détient le pouvoir final, et il n'y a aucune possibilité d'appel ou d'examen par un organisme indépendant. Ce n'est pas correct.
Le président de l'Association canadienne des policiers, M. Tom Stamatakis, s'est plaint de cette situation. Voici ce qu'il a dit: « Je dirais que, sans possibilité additionnelle d'interjeter appel ou — chose encore plus importante — de le faire à un organisme indépendant, il est possible que les membres de la GRC perdent confiance dans l'impartialité du processus auquel ils sont soumis, surtout dans les situations où le commissaire a délégué son pouvoir disciplinaire. » M. Stamatakis compare cette situation à celle de l'Ontario, où un policier qui fait l'objet d'un processus disciplinaire conserve le droit d'interjeter appel de la décision à la Commission civile des services policiers de l'Ontario.
L'un ne va pas sans l'autre. Il faut une politique et un processus disciplinaire adéquats, mais si les agents de police savaient que le processus est juste et impartial, cela favoriserait le changement de culture requis. Le commissaire l'a dit, un changement de culture est nécessaire, mais ce n'est pas une mesure législative qui fera tout le travail. En fait, il a dit que la culture de l'organisation n'avait pas évolué au même rythme que la société. Je cite le commissaire Paulson:
[...] le problème dépasse largement le harcèlement sexuel. Il s'agit de l'idée qu'on se fait du harcèlement. L'idée que nous avons d'une organisation hiérarchique qui surveille des hommes et des femmes qui ont des pouvoirs extraordinaires sur leurs concitoyens et l'exercice de tels pouvoirs demande énormément de discipline.
Selon le commissaire, c'est le système hiérarchique qui a contribué au problème. Au lieu de faire de la formation obligatoire sur le harcèlement sexuel un élément de la solution, au lieu de favoriser une approche plus équilibrée au sein de la direction, et peut-être de créer un conseil de gestionnaires pour surveiller la direction, nous avons renforcé le système hiérarchique. Nous n'avons pas trouvé de solution au problème qui a entraîné la nécessité de légiférer. Au lieu de régler le problème, cette mesure a aggravé la situation.
Le député de a demandé pourquoi des députés s'opposeraient au projet de loi puisque qu'il va dans la bonne direction, du moins en partie. En fait, nous pensons que le fait de voter en faveur de cette mesure législative n'apporterait aucune solution au problème.
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Monsieur le Président, il est important de rappeler certaines statistiques, car parfois, pour comprendre pourquoi un projet de loi est présenté à la Chambre, il faut comprendre ce qui le sous-tend.
Plusieurs personnes à la Chambre en ont déjà parlé, mais il est extrêmement important de se rappeler que plus de 200 femmes qui travaillent ou qui ont travaillé à la GRC se sont jointes à Janet Merlo, gendarme, afin d'amorcer un recours collectif contre la GRC pour harcèlement sexuel.
Cela a créé tout un émoi dans la société, et avec raison. Il est difficile d'égaler un crime plus abject en milieu de travail que le harcèlement sexuel, ou le harcèlement sous toutes ses formes. J'ai passé presque 30 ans de ma vie en tant qu'avocate en droit du travail pour des entreprises, où la question des relations de travail internes est extrêmement importante. On se préoccupait d'avoir des politiques pour contrer le harcèlement. Plus ils se parlent, plus les gens sont familiers et plus ils prennent les disposition qui se doivent pour tenter de l'enrayer. C'est une obligation de l'employeur que de fournir un endroit exempt de toute forme de harcèlement.
Ce sont souvent les causes les plus dramatiques auxquelles j'ai eu affaire dans mon domaine de pratique. Je pensais qu'en arrivant ici comme députée, j'en verrais moins. Il y a une belle politique qui existe au sein du Conseil du Trésor, et je n'ai rien à redire nécessairement contre la politique. Mais comme je le dis souvent, c'est dans les détails que le diable se situe. C'est dans l'application.
Je suis convaincue que certains de mes collègues vivent la même chose que moi, c'est-à-dire qu'ils sont contactés par des concitoyens qui sont des employés de la fonction publique, de la GRC ou de différents organismes, et qui nous racontent leurs histoires d'horreur.
Je ne m'insère pas dans les dossiers juridiques entre l'État et ses employés, mais par contre, je ne peux m'empêcher de frissonner en écoutant certaines des histoires qui m'ont été racontées. Je vois des gens qui, il y a cinq ans, ont suivi la procédure, déposé une plainte, parlé au harceleur, décrié une certaine attitude, et ont été encore plus harcelés qu'ils ne l'étaient auparavant. Après ça, ils sont allés voir leur supérieur, et ce dernier a pris la situation en main et a réalisé que c'était effectivement le cas.
Au sein de la fonction publique canadienne, il semblerait que lorsqu'il y a un harceleur, un contrevenant, on lui donne une promotion après l'avoir envoyé suivre un cours de perfectionnement pour devenir un peu plus sensible à ces cas. Bien que le gouvernement se fait fort d'être toujours derrière les victimes, la victime est souvent prise dans les dédales des procès juridiques. Si on passait autant de temps à essayer de régler la situation et à changer certains comportements, qui n'existent parfois que par un manque d'éducation et de volonté politique de régler une situation, nous éviterions de telles situations.
Des gens brisés viennent nous raconter des choses, et bien souvent, les gens ne comprennent pas ce qu'est le harcèlement. Le harcèlement, c'est une forme de contrôle, c'est une façon d'essayer d'abaisser une personne. Si le harcèlement est psychologique, on va jouer avec la tête de la personne. S'il est sexuel, ce seront des gestes répétés. Par contre, parfois, un seul geste non voulu de la part de la victime peut être suffisamment grave. Puisqu'il y a souvent un rapport de force entre le harceleur et la victime, celle-ci se sent prise entre l'arbre et l'écorce, c'est-à-dire, son emploi et un comportement abject.
Il faut se rappeler ce qui a conduit au dépôt du projet de loi . Rappelons-nous les grandes déclarations du .
Il disait qu'il allait régler le problème, qu'il présenterait un projet de loi et qu'il s'assurerait que la GRC s'occupe du problème. Comme je le disais, 200 personnes se sont jointes à un recours collectif en matière de harcèlement sexuel contre cet organisme, la GRC, qui n'a pas su protéger ses victimes. Il faut donc présenter quelque chose de solide.
Même, le commissaire, M. Paulson, lorsqu'il a été nommé, a dit que, selon lui, il s'agissait d'une priorité.
Lorsque j'ai à me prononcer sur un projet de loi, j'aime bien le lire, n'en déplaise aux conservateurs qui pensent que nous ne lisons pas les projets de loi. Au contraire, au NPD, nous les lisons. Selon certaines questions que j'entends parfois en Chambre, il est cependant clair que d'autres n'ont pas lu le projet de loi, parce qu'ils ne poseraient pas les questions qu'ils posent.
Le préambule dit tout. En fait, il dit tout ce que nous devrions voir par la suite, mais qui finalement n'apparaît nulle part quand on lit les dispositions. Nous pouvons donc lire ce qui suit:
que la population canadienne devrait pouvoir faire confiance à sa force de police nationale;
Il me semble que cela va de soi.
que l’examen civil est indispensable pour promouvoir l’obligation de rendre compte au public et la transparence des forces de l’ordre;
Cela aussi va de soi, mais il s'agit de concepts avec lesquels le gouvernement en place a beaucoup de difficultés. D'après moi, il n'a pas les définitions qui s'imposent en la matière.
que l’examen civil devrait accroître la responsabilité de la Gendarmerie royale du Canada envers les gouvernements des provinces avec lesquels des arrangements sont conclus pour l’utilisation de la Gendarmerie;
que tous les membres de la Gendarmerie royale du Canada sont responsables de la promotion et du maintien de la bonne conduite et sont guidés en cela par un code de déontologie qui tient compte des attentes et des valeurs des Canadiens;
que le gouvernement du Canada s’est engagé à fournir un cadre qui servira à accroître la responsabilité de la Gendarmerie royale du Canada et qui permettra sa modernisation continue,
Un tel préambule augure vraiment très bien. À sa lecture, on se dit, « Enfin, bravo! ». Encore une fois, le problème se situe dans les détails. Plusieurs dispositions incluses dans le projet de loi donnent énormément de pouvoir discrétionnaire au commissaire.
Mon collègue de a fait une excellente analyse pour démontrer comment nous sommes en train de hiérarchiser la GRC de façon militaire. Nous savons que la police aime bien enquêter sur elle-même. Il s'agirait de sa préférence, si nous acceptions qu'elle le fasse à chaque fois. Toutefois, dans un contexte de transparence et d'imputabilité, ces concepts ne vont pas très bien ensemble. Il est préférable d'avoir des organismes indépendants.
Cependant, en matière de relations de travail, dans certaines sections incluses dans le projet de loi, soit les articles 2 à 34, nous voyons comment le commissaire peut prendre certaines décisions. Il ne prendrait pas nécessairement les mauvaises décisions, mais il existe un réel danger de mettre tous les oeufs dans le panier du commissaire. De telles dispositions sont de mauvais augure quant à la transparence. Le commissaire ferait des rapports et des recommandations dans le cadre de certains comités, mais la mise en oeuvre de ces recommandations ne serait pas nécessairement obligatoire.
Nous avions noté des problèmes majeurs, sérieux lors du débat en deuxième lecture. Nous étions confiants qu'en l'envoyant au Comité permanent de la sécurité publique, une étude approfondie serait faite. L'étude semble tout de même avoir été effectuée sérieusement. Par contre, là où le bât blesse, comme c'est le cas de façon constante et dans plusieurs comités, c'est quand vient le temps d'écouter les conseils de quiconque autre que le gouvernement en place. Les conservateurs ne font preuve d'absolument aucune écoute attentive ou active et sont absolument bouchés.
Ils ont tellement peur de laisser une phrase qui ne soit pas la leur inscrite dans un projet de loi, de ne pas pouvoir dire que c'est grâce à eux, qu'ils sont les meilleurs, etc., qu'ils préfèrent fermer les yeux, faire de l'aveuglement volontaire et adopter des lois faibles qui risquent d'être contestées et ne pas rencontrer les résultats recherchés. Cette attitude est malheureuse et ne règle pas le problème.
À ceux qui pensent que les femmes pousseront un soupir de satisfaction aujourd'hui grâce au projet de loi , en se disant qu'enfin elles pourront régler la question du harcèlement, se sentir respectées et sentir qu'il y aura de la transparence et de l'imputabilité, je dis zéro.
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Monsieur le Président, je tiens d'abord à préciser que j'avais fait un discours sur ce projet de loi à l'étape de la deuxième lecture. J'avais alors exprimé clairement mes craintes et avais fait part de ce qui manquait à ce projet de loi à mon avis.
Maintenant, après l'étude en comité, on voit le résultat. On avait décidé de laisser une chance aux conservateurs, en se disant qu'ils seraient peut-être disposés à faire un bon projet de loi pour la GRC.
Il est ici question de la GRC, de responsabilité, de transparence et de harcèlement sexuel. Il ne s'agit pas d'un projet de loi où il est question de changer la couleur des napperons, mais bien de la GRC. Je m'attendais donc à trouver une certaine ouverture, une certaine volonté d'aller vraiment plus loin.
Les 23 amendements présentés par les conservateurs servaient, pour la plupart, à apporter des corrections grammaticales en français. N'est-ce pas un peu amateur, de la part d'un ministre de la Couronne, de présenter un projet de loi et d'être obligé de faire autant d'amendements pour corriger la grammaire? Il me semble qu'il y a quelque chose de bâclé, ici. Ce n'est pas normal.
Ce serait compréhensible si c'était un projet de loi émanant d'un député qui a été obligé de le présenter rapidement en raison du fait que son nom a été tiré au hasard dès le début. Or il s'agit d'un projet de loi présenté par un ministre de la Couronne, qui reçoit l'aide du ministère et de plusieurs personnes, et il n'est même pas capable de présenter un produit fini adéquat sur le plan grammatical. Dès le départ, cela nous montre à quel point c'était bâclé parce que cela n'avait pas été approfondi. Ce n'est vraiment pas terrible.
Les amendements que le NPD a présentés touchaient beaucoup le volet du harcèlement sexuel. On se rappelle que, dans l'ensemble du projet de loi, le harcèlement sexuel n'est mentionné qu'une seule fois, alors que cette question est revenue sur la table à plusieurs reprises compte tenu des poursuites des femmes qui ont dénoncé publiquement le fait qu'elles subissaient du harcèlement sexuel. C'est un problème important.
Si on veut que nos institutions soient fonctionnelles, il faut des mesures concrètes pour agir contre le harcèlement sexuel. On ne peut pas simplement penser que ça va s'effacer comme par magie, il faut des mesures concrètes.
Quand j'étais militaire, dès les premiers moments de mon cours de recrue, on a reçu des formations sur le harcèlement sexuel. On en recevait régulièrement, presque tous les ans. Je ne peux pas me rappeler combien il y en a eu exactement, mais je sais qu'il y en a eu plusieurs. Les militaires prenaient cette question au sérieux à cause des femmes qui l'avaient justement dénoncée à l'époque. Bien sûr, les formations sur le harcèlement sexuel et les mesures qui ont été prises ne règlent pas tous les problèmes. Cela dit, après avoir discuté avec des femmes militaires, des anciennes combattantes qui ont servi dans les années 1970 et 1980, par exemple, et après la formation que j'ai reçue, je peux dire que les choses ont changé et que le problème a été pris au sérieux. Il reste encore du travail à faire, mais la situation s'est grandement améliorée. Or c'est aussi une institution fédérale.
Il est donc important d'arrêter de se mettre la tête dans le sable. On dit qu'on veut qu'il y ait davantage de femmes, mais encore faut-il aussi vouloir qu'elles restent. Cela n'a absolument aucun sens de lancer des programmes, de partir sur un pied de guerre pour encourager les femmes à venir dans la GRC et dans nos institutions fédérales si on ne prend pas de mesures pour s'assurer qu'elles restent. Cela n'a absolument aucun sens.
Les conservateurs ont rejeté tous les amendements du NPD qui visaient justement le harcèlement sexuel. C'est inacceptable. Je crois qu'ils n'ont même pas regardé les amendements comme tels. Ils ont simplement regardé à côté de l'amendement et s'y sont opposés en voyant les lettres « NPD ». Ce n'est pas une attitude responsable. Si on veut vraiment améliorer nos lois et nos institutions, surtout la GRC, il faut mettre la partisanerie de côté. Si certains députés de la Chambre ont de la difficulté à le faire, il faudrait alors masquer le nom du parti qui présente l'amendement et l'étudier afin de donner une réponse logique au lieu de fonctionner de manière arbitraire. C'est important pour améliorer les projets de loi.
On veut éviter d'être obligés de revenir trois, quatre, cinq, six ou sept fois sur un projet de loi qui concerne le même sujet, soit la GRC, pour y apporter des correctifs qui auraient pu être apportés dès le départ. Le gouvernement aurait pu faire un très bon projet de loi, un projet de loi complet, en faisant preuve d'ouverture d'esprit. Toutefois, il a décidé de ne pas le faire. À mon avis, c'est un problème majeur.
Qui en paie le prix? Ce sont les femmes qui sont dans la GRC et ce sont les membres de la GRC qui ne disposeront pas d'un système législatif pour les aider et les appuyer dans leurs démarches. Cela n'est pas acceptable. Le gouvernement s'entête par partisanerie à ne pas accepter des amendements. Honnêtement, cela me déçoit que les amendements du NPD n'aient pas été retenus. C'est dommage. Ce qui me peine, c'est de savoir que ce sont les femmes dans la GRC qui en paieront le prix.
Depuis que je suis jeune, je me suis toujours battue pour avoir la chance de faire ce que je veux dans la vie et de ne jamais être limitée parce que je suis une femme. J'ai fait une carrière militaire de quelques années et j'en suis fière. Je ne voudrais pas que d'autres femmes s'empêchent d'exercer un métier au sein de la GRC parce qu'elles se disent que la situation n'est pas vivable et que le gouvernement n'est pas en mesure de leur apporter le soutien nécessaire. Ce n'est pas acceptable. À mon avis, il faut vraiment aller plus loin, protéger les femmes et leur assurer un milieu de travail sécuritaire.
J'aimerais revenir sur un autre sujet. On parle de syndicalisation à la GRC depuis plus de 35 ans, mais on n'en a pas du tout parlé dans le projet de loi. Je pense que cela aurait été quelque chose d'intéressant à approfondir et que cela aurait ajouté au projet de loi.
Contrairement à ce que croient les conservateurs, la syndicalisation apporte beaucoup de bienfaits. Habituellement, les mouvements syndicaux se consacrent au bien-être de leurs membres. Beaucoup de mesures sociales ont été implantées dans les milieux de travail grâce aux pressions des syndicats. Or on n'en parle pas du tout dans ce projet de loi. On passe à côté de cela. Au fond, le gouvernement s'intéresse à ce à quoi il veut bien s'intéresser, et c'est dommage. Il aurait pu présenter un projet de loi vraiment intéressant et complet en menant une étude vraiment approfondie et en étant prêt à accepter des amendements et prêt à en discuter. Le gouvernement aurait pu faire cela pour les membres de la GRC. Au contraire, il a plutôt choisi de ne pas le faire, ce qui est extrêmement dommage.
Je tiens aussi à revenir brièvement sur le problème de la GRC qui, dans certains cas, enquête sur la GRC. Je crois qu'on aurait vraiment pu ici améliorer la situation. On a parlé dernièrement des allégations de femmes qui n'auraient pas été prises au sérieux par la GRC. Ce sont des choses importantes. Il faut s'assurer que les membres de la GRC se consacrent adéquatement à ce problème. Malheureusement, si la GRC enquête sur elle-même ou si quelqu'un enquête sur lui-même, on n'en arrivera peut-être pas à des conclusions adéquates.
Il faut comprendre que le but de tout cela n'est pas d'aller taper sur les doigts des gens. Quand on veut enquêter pour trouver ce qui s'est passé et ce qui a mal fonctionné, ce n'est pas pour aller taper sur des gens et leur dire qu'ils sont de mauvaises personnes et qu'ils n'ont pas bien fait les choses. Lorsqu'un processus n'est pas respecté et qu'il semble y avoir un problème, le but d'une enquête est justement de trouver le problème, d'y remédier et d'apporter des solutions. Toutefois, si ce processus n'est pas suivi, on n'en arrive pas à régler le problème.
En terminant, je crois qu'on aurait vraiment pu faire quelque chose de mieux pour les femmes et pour les membres de la GRC. C'est vraiment dommage de voir une telle attitude de la part du gouvernement. Lorsqu'on étudie les projets de loi, il faut comprendre que l'objectif final pour certains projets de loi d'une telle importance est vraiment d'améliorer l'organisation et non pas d'aller marquer des points partisans.
Je pense qu'il y aurait eu moyen de faire quelque chose d'extrêmement intéressant. Malheureusement, dans ce projet de loi, on n'en a pas couru la chance, et c'est extrêmement dommage.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de me lever aujourd'hui pour parler du projet de loi .
J'aimerais commencer en disant à quel point la GRC et la police, de façon générale, sont importantes pour moi. Mon collègue l'a aussi mentionné dans son discours. Quand nous étions jeunes, plusieurs d'entre nous, y compris moi-même, voulions être policiers. Nous trouvions qu'il s'agissait d'un métier noble, qu'il fallait une véritable conviction pour le faire et qu'il permettait de se dévouer à la société. Cela fait partie du processus, de l'importance que j'accorde personnellement à la Gendarmerie royale du Canada. J'ai donc un énorme respect pour tous ces gens qui ont servi, et je sais que mon collègue d'en face a déjà servi. Je leur lève mon chapeau. Dans le cadre de divers comités, j'ai eu la chance de questionner des membres de la GRC et de discuter avec eux. En toute franchise, je dois dire que je leur voue un énorme respect.
Le projet de loi vise à régler certains problèmes qui existent présentement. Bien que nous affirmons admirer ces personnes et que nous trouvons qu'elles font un bon travail, comme dans toute organisation, il y a toujours un petit problème et des choses à régler. Dans ce cas-ci, nous voulons vraiment régler ces problèmes. Initialement, le but du projet de loi allait en ce sens. Le NPD l'avait appuyé à l'étape de la deuxième lecture, afin de l'étudier plus en profondeur. Par contre, nous savions dès le départ qu'il comportait certaines lacunes.
J'aimerais donner plus de détails sur les lacunes et les positions qui avaient été prises. En fait, le projet de loi s'attaque au système de traitement des plaintes de harcèlement sexuel au sein de la GRC. Il fait suite aux scandales qui ont fait les manchettes. Il s'agit d'une réaction du gouvernement par rapport à ce problème. Malheureusement, il semble que sa réaction ait été improvisée, puisque son projet de loi contient beaucoup de lacunes, au sujet desquelles j'élaborerai plus tard.
Avec le projet de loi , selon la volonté du gouvernement et ce que nous pensions, nous voulions régler les problèmes qui existaient dans le milieu de travail et les mauvaises conduites. Il y avait abus de pouvoir, intimidation et harcèlement. Nous voulions donc donner au commissaire le pouvoir de décider des mesures disciplinaires à entreprendre à cet égard. Par contre, un des problèmes du projet de loi C-42, c'est qu'il ne règle pas le problème et même, selon certains témoins, qu'il en crée. Pour répondre à la question de mon collègue libéral, voilà pourquoi il crée plus de problèmes. J'y reviendrai un peu plus tard.
Le projet de loi cherchait aussi à ajouter des clauses relatives aux relations de travail et à donner au commissaire de la GRC le pouvoir de nommer et de renvoyer les membres selon son gré. Nous observions entre autres un problème à cet égard. De plus, le projet de loi ne va pas assez loin. Le commissaire Paulson avait affirmé que les mesures législatives n'étaient pas suffisantes pour conserver la confiance du public et que de profondes réformes étaient nécessaires. C'est ce qui a mené à la création du projet de loi C-42. Nous savions qu'il y avait des lacunes et un problème en ce qui a trait à la confiance du public envers le système.
Encore une fois, je répète à quel point il est important pour moi de protéger les membres de la GRC, des hommes et des femmes qui font un travail extraordinaire et nécessaire pour assurer un équilibre au sein de la société dans laquelle nous vivons. En tant que législateurs, il est important que nous protégions la GRC. Nous avons l'occasion de le faire. Nous voyons ce que le public demande et ce qu'exige le commissaire Paulson, notamment. Il y a eu une réaction de la part du public, et voilà pourquoi le gouvernement a finalement décidé d'avancer.
Lorsque nous regardons ce qui s'est passé et vers où nous nous dirigeons, nous voyons que ce n'est pas suffisant. Nous aimerions que le projet de loi amène un environnement de travail plus ouvert, plus coopératif et, surtout, plus respectueux de tous. Cela avantagerait aussi la GRC si nous amenions des mesures législatives qui aideraient à avoir une plus grande transparence et un meilleur milieu de travail. C'est bon pour le public et pour la GRC.
Par contre, le ministre n'a pas vraiment fait ses devoirs et n'est pas allé assez loin à ce niveau-là, surtout lorsqu'on parle des procédures en matière d'enquêtes disciplinaires.
Voici ce qui se passe. On crée une nouvelle commission, sauf que, dans les faits, lorsqu'on regarde et qu'on analyse le projet de loi, on voit que la Commission des plaintes du public contre la GRC existe déjà. Toutefois, ici, il n'y a pas de séparation, c'est-à-dire qu'on n'a pas une commission totalement indépendante. On sait que la commission existe déjà, mais on fait encore en sorte que ce sont des policiers qui gèrent des policiers ou des gens de la GRC qui gèrent les gens de la GRC.
Si on parle de transparence et de quelque chose davantage public, il faut que cette commission soit indépendante. Ses membres doivent se rapporter à d'autres personnes que les mêmes personnes qui doivent gérer tout ça. Selon moi, c'est l'un des facteurs assez important qui n'a pas été abordé dans le projet de loi et pour lequel nous avions fait des recommandations.
Nous avons aussi d'autres restrictions sur ce plan, notamment quant à la capacité de la nouvelle commission à entreprendre des enquêtes indépendantes. Donc, ses conclusions prendraient uniquement la forme de recommandations non contraignantes. Donc, des recommandations seraient données au commissaire ou au ministre de la Sécurité publique, mais elles ne seraient pas contraignantes. Encore une fois, on voit que la « nouvelle commission » — selon mes collègues d'en face — n'est pas indépendante et elle ne fait que des recommandations non contraignantes. Donc, on se retrouve à ne pas changer grand-chose à ce niveau. C'est l'un des gros problèmes qu'on avait.
Le deuxième grand point qui me dérange vraiment par rapport à ce projet de loi, c'est qu'on ne s'attaque pas au problème du harcèlement sexuel au sein de la GRC. De l'autre côté, j'ai parfois entendu dire que s'il n'y en a pas vraiment, ce n'est pas très problématique. Il faut être honnête, ouvrir nos yeux et enlever nos lunettes roses. C'est un problème, mais qui n'existe pas seulement à la GRC. Il ne faut pas nécessairement la pointer du doigt, elle seule. Encore une fois, je répète à quel point je respecte énormément les hommes et les femmes qui travaillent au sein de la GRC.
Par contre, il faut justement protéger les femmes qui travaillent à la GRC. On sait qu'il y a une évolution au sein de notre société. De plus en plus, les femmes entrent sur le marché du travail. À certains endroits, une certaine mentalité n'a pas encore évolué. Je ne dis pas nécessairement que c'est le cas spécifiquement à la GRC, mais il existe des problèmes et c'est ce qu'on voulait cibler. On voulait vraiment aborder ce problème, arrêter de faire l'autruche et regarder réellement ce qu'on pouvait faire pour régler le problème du harcèlement sexuel. Malheureusement, encore une fois, dans ce projet de loi, ce n'est pas là.
À l'époque, le juge O'Connor avait fait beaucoup de recommandations. Entre autres, parmi 23 recommandations, 15 touchaient vraiment la GRC. Comme je l'ai expliqué, et je le rappelle à mes collègue, au début, nous avions appuyé ce projet de loi. Nous trouvions qu'il y avait justement un pas dans la bonne direction. Nous voulions faire des propositions raisonnables pour en arriver à régler les problèmes que j'ai mentionnés un peu plus tôt. Entre autres, nous avons présenté 18 amendements que je trouve très raisonnables et très réfléchis.
Par exemple, nous voulions obliger les membres de la GRC à suivre une formation sur le harcèlement, en lien avec la Loi sur la GRC. Comment peut-on s'opposer à ça? Encore une fois, c'est certain que si on fait l'autruche et qu'on met nos petites lunettes roses, on peut dire que le harcèlement n'existe pas. Là, on dit que ça existe peut-être, que ça existe sûrement, qu'en fait, ça existe. Donc, il faut prendre des mesures. Au sein du NPD, nous avons compris que la prévention et l'éducation étaient importantes. De l'autre côté, on parle beaucoup de répression. Toutefois, si on peut se sauver de certains maux dans la société, il faut faire de la prévention et de l'éducation. C'est, entre autres, ce que nous proposons ici.
Nous demandions aussi qu'un organisme civil complètement indépendant soit chargé d'étudier les plaintes contre la GRC. Il me semble évident qu'une certaine indépendance est nécessaire. Encore une fois, ce n'est pas seulement pour le bénéfice de la GRC, mais aussi pour celui du public. Tous deux en sortiraient gagnants.
Nous voulons rassurer le public en mettant sur pied un organisme indépendant. Obtenir la confiance du public aide directement la GRC. Il ne faut pas oublier que la GRC travaille de pair avec le public. Il importe de faire montrer d'une certaine transparence et d'une certaine écoute, et d'indiquer que tout ne se fait pas derrière des portes closes. On sait à quel point les conservateurs en sont capables, et malheureusement, cela transparaît dans leurs projets de loi.
Nous, nous souhaitons vraiment une ouverture et des consultations. Incluons donc le public.
Par ailleurs, nous souhaitons aussi éviter que la police enquête sur la police.
[Traduction]
Le projet de loi ne va pas vraiment au coeur du problème, et ce qui est très décevant, c'est qu'aucun des amendements que nous avons proposés — je les ai d'ailleurs tous mentionnés — n'a été accepté. Les députés ministériels n'écoutent et ne consultent personne. Malheureusement, c'est pour cette raison que la mesure législative comporte des lacunes.
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Monsieur le Président, c'est un honneur d'intervenir à la Chambre au sujet de ce projet de loi très important sur la GRC.
Cette mesure législative est importante pour moi et pour les habitants de Surrey puisque, comme le savent probablement les députés, Surrey compte le plus gros détachement de la GRC au pays. Les hommes et femmes qui travaillent pour la GRC à Surrey contribuent beaucoup à la sécurité de nos habitants. En effet, j'étais très fier, le mois dernier, de présenter une médaille du jubilé de diamant à un membre en service et à un membre retraité de la GRC. Je suis fier de collaborer avec la GRC, et de me pencher sur des questions concernant la GRC, sur une base régulière.
Il est du devoir de la Chambre des communes de rétablir la confiance du public envers la GRC, et ce projet de loi nous donne l'occasion de le faire.
Selon son préambule, le projet de loi vise à accroître la transparence, améliorer la conduite des agents, renforcer l'organe d'examen et de traitement des plaintes et régler le problème de harcèlement sexuel qui perdure à la GRC. Ces objectifs sont louables, et nous les avons appuyés à l'étape de la deuxième lecture dans l'espoir de pouvoir examiner le projet de loi de plus près au comité.
Cependant, à l'étape de l'étude en comité, les témoins qui se sont succédé ont fait remarquer que le projet de loi ne règle pas certains des problèmes qui affligent la GRC depuis plusieurs années. D'ailleurs, dans les six ou sept dernières années, les conservateurs ont tellement mal géré le dossier que la réputation de la GRC en a pris un coup.
Le projet de loi ne donne suite à aucune des recommandations que le juge O'Connor a formulées au terme de son enquête sur l'affaire Maher Arar en vue d'améliorer les normes d'examen de la GRC de manière à répondre aux besoins des Canadiens. Ce seul projet de loi est censé compenser des années de mauvaise gestion de la GRC par les conservateurs. Ils ont présenté le projet de loi C-42 en guise de solution au dysfonctionnement de la GRC, mais il n'apporte aucune réelle amélioration.
Le projet de loi s'attaque ni au problème de harcèlement sexuel, ni à d'autres problèmes auxquels le NPD a tenté de remédier lors de l'étude en comité. Le NPD a présenté des amendements qui auraient permis à la GRC de surmonter certains des obstacles auxquels elle est confrontée.
Depuis que j'ai été élu en 2011, le NPD a proposé des centaines, voire des milliers d'amendements à l'étape de l'étude en comité. Je suis très surpris qu'aucun n'ait été accepté par le gouvernement. On penserait qu'au moins un, deux, trois ou peut-être même une dizaine d'amendements auraient semblé raisonnables aux yeux du gouvernement; mais non. Celui-ci rejette systématiquement tous les amendements.
Or, il s'agit d'amendements fondés sur les consultations qui se déroulent au comité. Des experts comparaissent devant le comité et expriment leur opinion professionnelle, mais nous savons que les conservateurs n'aiment pas consulter. Dans le dossier des Autochtones, nous les voyons omettre de consulter les peuples autochtones encore et encore. La situation présente est similaire.
Lors de leur témoignage devant le comité, des experts sont suggéré de bonnes solutions pour rétablir la confiance envers la GRC. Ici encore, les conservateurs ont rejeté tous les amendements proposés par le NPD. Certains de ces amendements visaient à instaurer une formation obligatoire sur le harcèlement à l'intention des membres de la GRC et à créer un organisme d'examen civil entièrement indépendant pour enquêter sur les plaintes logées contre la GRC.
La crédibilité de la GRC a été ébranlée à la suite de plusieurs affaires retentissantes survenues en Colombie-Britannique au cours des dernières années. J'ai parlé à des gens dans ma circonscription et un peu partout en Colombie-Britannique et j'ai aussi entendu des gens qui parlaient à la radio; tous réclament qu'un organisme civil fasse enquête sur la GRC. Partout au pays, les Canadiens réclament un organisme d'enquête qui soit indépendant de la GRC.
Le projet de loi donnait aux conservateurs l'occasion de remettre la GRC sur la bonne voie et de rétablir la confiance des Canadiens envers cette institution. Malheureusement, ils ne l'ont pas saisie. Le projet de loi qui nous est proposé ne permettrait d'atteindre ni l'un ni l'autre de ces objectifs.
Un autre des amendements que nous avons proposés visait à ajouter une disposition afin de créer un organisme d'enquête civil national qui permettrait d'éviter que la police enquête sur la police. Une fois de plus, les conservateurs ont choisi de ne pas l'accepter.
Nous avons aussi proposé de créer une politique de gestion des ressources humaines plus équilibrée en retirant certains des pouvoirs draconiens que le projet de loi confère au commissaire de la GRC et en renforçant le comité externe chargé d'examiner les cas pouvant possiblement entraîner l'expulsion du corps policier.
J'insiste sur le fait que nous avons vu la détérioration s'amorcer lorsque les libéraux formaient le gouvernement et qu'elle s'est poursuivie depuis que les conservateurs sont au pouvoir.
Les libéraux n'ont même pas proposé d'amendement à l'étape de l'étude en comité. Nous en avons proposé 18, mais le gouvernement conservateur n'en a accepté aucun. Les conservateurs les ont tous rejetés, ne tenant pas compte des nombreuses recommandations formulées par les témoins au comité. L'un après l'autre, ces derniers ont expliqué que le projet de loi ne suffirait pas à lui seul à favoriser un lieu de travail plus ouvert et plus respectueux pour chacun.
Ce qu'il nous faut, c'est un effort continu de la GRC et du gouvernement pour moderniser ce corps de police. Or, la transparence et la reddition de comptes nécessaires à ce changement font défaut au projet de loi . Celui-ci ne va pas assez loin pour aborder directement les préoccupations des agentes de la GRC, qui demandent qu'on agisse de toute urgence pour que le milieu de travail à la GRC soit plus inclusif et plus sûr pour les femmes. En outre, le projet de loi a été déposé sans qu'on puisse profiter des conclusions de la vérification interne sur l'égalité entre les sexes demandée par le commissaire, laquelle est actuellement en cours, mais n'est pas terminée.
Les conservateurs ne font pas des femmes une priorité à la GRC; c'est pourtant ce qu'il faudrait pour régler le problème de harcèlement à la GRC. Je déplore de voir le gouvernement tenter constamment de masquer les véritables problèmes au sein de la GRC et recourir à des solutions simplistes, au lieu de chercher les causes des problèmes et de les éliminer. Encore une fois, les conservateurs avaient l'occasion d'agir, mais ils ne l'ont pas saisie; à la Chambre, nous nous devons pourtant, envers les Canadiens, de régler ces problèmes.
Le harcèlement sexuel à la GRC est un problème de grande envergure. Plusieurs femmes ont dénoncé publiquement le harcèlement à la GRC, et les tribunaux sont actuellement saisis de plusieurs poursuites à ce sujet. Nous avions l'occasion d'aborder ce problème, mais encore une fois, les conservateurs ne l'ont pas saisie.
Pour conclure, j'insiste sur le fait que dans la ville de Surrey, d'où je viens, comme dans l'ensemble du pays, la criminalité et la violence sont bien réelles. De nombreuses fusillades se sont produites en plein jour dans l'agglomération de Vancouver. Or, au lieu d'investir dans des programmes de prévention de la criminalité, le gouvernement conservateur met des bâtons dans les roues à la GRC. Notre tâche consiste pourtant à l'aider, à doter ses membres d'outils et de ressources et à investir dans nos corps de police.
Les conservateurs avaient l'occasion de rehausser la réputation de la GRC. Il faut chercher les causes profondes du problème culturel interne de harcèlement sexuel à la GRC et enfin, mettre en place une autorité civile indépendante de surveillance contraignante afin de traiter les questions de reddition de comptes et de transparence et de parvenir, en bout de ligne, à rétablir la confiance de la population envers la police fédérale.
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Monsieur le Président, je suis très heureux de participer au débat sur le projet de loi , qui revêt une grande importance, non seulement pour tous les députés, mais aussi pour la population en général, de partout au pays.
pour mettre les choses en contexte, j'aimerais reprendre quelques thèmes abordés par mon collègue d', qui a donné l'une des allocutions les plus réfléchies sur ce sujet ou sur tout autre sujet traité à la Chambre depuis des années. Ce qu'il a mentionné, et qui est important, c'est la relation toute spéciale qu'ont les Canadiens avec la Gendarmerie royale du Canada. À mon avis, il n'existe pas dans le monde d'emblème plus mémorable de notre pays que l'image de l'agent de la GRC. Celle-ci a joué un rôle central dans l'histoire et le développement du Canada, en plus d'être responsable d'assurer la sécurité publique et fournir des services de police dans des collectivités partout au pays.
Cette longue et riche histoire n'est pas sans taches. Comme toute autre organisation, la GRC n'a pas été parfaite. Elle a rencontré des difficultés dans le passé, et en connaît encore aujourd'hui.
La tâche qui incombe aux membres de la GRC assignés partout au pays est de la plus haute importance pour les Canadiens. C'est un travail qui compte parmi les plus difficiles et exigeants qui existent. Nous nous attendons à ce que ces hommes et ces femmes répondent à des appels et interviennent en plein milieu de la nuit, souvent seuls, et d'être les premiers répondants en des moments de crise, de tragédie et d'urgence; qu'ils soient les premiers sur les lieux d'un accident avec morts et blessés; qu'ils mettent leur vie en jeu pour veiller sur nos collectivités et assurer la sécurité des gens. Pour tout cela, tous les députés unissent leurs voix pour exprimer leur profonde gratitude et leur respect pour les hommes et les femmes qui oeuvrent au sein de la GRC.
Par ailleurs, la GRC doit faire face à de graves problèmes. Est-il possible, en 2013, de créer une force de police nationale assujettie à un mécanisme adéquat de surveillance civile? Est-il possible de bâtir un cadre de relations de travail qui, d'une part, donne à la direction les outils dont elle a besoin pour imposer à ses employés des normes de conduite pertinentes et, d'autre part, procure aux hommes et aux femmes un accès à la justice et un traitement juste et équitable? Est-il possible d'avoir une organisation nationale qui traite promptement, équitablement et convenablement les problèmes graves comme le harcèlement sexuel? Est-il possible d'avoir une force de police moderne qui répond aux attentes des Canadiens? Je pense que tous les députés néo-démocrates s'entendent pour dire que c'est tout à fait possible et que c'est ce que nous devrions viser.
Le projet de loi est la réponse du gouvernement conservateur aux allégations de harcèlement sexuel au sein de la GRC, qui ne datent pas d'hier, et à quelques scandales pénibles qui ont fait les manchettes et découlent de problèmes liés au processus disciplinaire — à vrai dire, à l'imposition de mesures disciplinaires clémentes à l'endroit d'agents accusés d'inconduite grave.
Le projet de loi propose de modifier la Loi sur la Gendarmerie royale du Canada à trois égards. Premièrement, il ajoute de nouvelles dispositions aux articles sur les relations de travail et habilite le commissaire de la GRC à nommer et à congédier les membres comme bon lui semblera. Deuxièmement, il propose de réformer les processus liés aux mesures disciplinaires, aux griefs et à la gestion des ressources humaines. Enfin, il cherche à remplacer la Commission des plaintes du public contre la Gendarmerie royale du Canada par une « nouvelle » commission civile d’examen et de traitement des plaintes et à mettre en place un cadre régissant les enquêtes sur les incidents graves impliquant des membres.
Si nous pouvons parler des problèmes de la GRC, c'est parce que nous la respectons énormément. Il y a eu des cas de décès de personnes en détention. Dans ma province, la Colombie-Britannique, la conduite d'agents de la GRC a été sérieusement mise en cause dans des affaires de civils morts aux mains de la police. Plus de 200 femmes ont intenté un recours collectif fondé sur des allégations de harcèlement sexuel contre des membres de la GRC et sur l'allégation troublante voulant qu'il existe un système généralisé et bien établi de harcèlement sexiste au sein de l'organisation.
Le projet de loi reprend de nombreuses dispositions du projet de loi , qui avait été présenté au cours de la 40e législature. À l'époque, le NPD avait critiqué ce projet de loi en disant qu'il n'allait pas assez loin relativement à ces questions très importantes. Il y a une différence majeure entre l'ancien projet de loi C-38 et le projet de loi soumis actuellement à la Chambre. Le projet de loi à l'étude est muet sur la question de la syndicalisation à la GRC. Permettez-moi de commencer par cette question et de m'y attarder un instant.
Un tribunal a jugé que la structure de relations de travail de la GRC était inconstitutionnelle. Comme je l'ai dit lorsque j'étais porte-parole en matière de sécurité publique, la GRC est le seul service de police au pays dont les membres, hommes et femmes, n'ont pas le droit de choisir librement leur agent négociateur et de négocier collectivement et librement leur contrat de travail. C'est une honte nationale. Et c'est injuste envers les hommes et les femmes que tous les députés disent appuyer et respecter. Si nous respectons vraiment les hommes et les femmes auxquels nous demandons d'affronter des situations dangereuses, ne devrions-nous pas respecter également leur droit de décider qui négociera leurs conditions de travail et soulèvera leurs griefs, comme n'importe quel groupe au pays a le droit de le faire? Je pense que oui.
Il n'est pas acceptable qu'à ce jour, le gouvernement n'ait pas encore remplacé la structure de négociation des contrats de travail à la GRC par une structure libre de négociation collective respectant les normes que tous les travailleurs du pays considèrent comme normales et qui sont contenues dans des traités internationaux dont le Canada est signataire. La principale raison pour laquelle nous nous opposons au projet de loi est que cette question très importante n'en fait pas partie.
Comme mon ami d' l'a souligné avec tant d'éloquence, les syndicats ont participé à la lutte contre le harcèlement au travail, en particulier le harcèlement sexuel, comme ils ont oeuvré pour résoudre beaucoup d'autres problèmes liés aux milieux de travail du pays. Nous ne réaliserons de vrais progrès concernant ce problème que si nous changeons la culture et les attitudes qui se manifestent au travail, non seulement au sein de la direction, mais également parmi les exécutants et les exécutantes qui font partie d'une unité de négociation ou qui accomplissent un travail donné.
Le refus du gouvernement d'agir comme la justice le lui a indiqué, c'est-à-dire de remplacer la structure inconstitutionnelle de relations de travail par une structure conforme à nos lois et aux désirs légitimes des hommes et des femmes de la GRC, est l'un des facteurs qui, selon moi, créent le contexte et la situation empoisonnés dans de nombreux détachements de la GRC du pays.
Le NPD a appuyé l'objet du projet de loi , qui est de moderniser la GRC pour régler des problèmes comme celui du harcèlement sexuel dans cet organisme. Nous avons voté en faveur du projet de loi au comité, car nous considérions important de travailler avec le gouvernement pour adopter des lois efficaces. Nous avons fait cette tentative de bonne foi.
Les députés néo-démocrates siégeant au comité ont proposé 18 amendements pour renforcer le projet de loi et rendre celui-ci conforme non seulement aux fondements des bonnes lois, mais aussi aux directives des commissions précédentes et aux demandes d'intervenants fort respectés, qui connaissent bien la GRC. Je pense à l'ancien commissaire des plaintes du public contre la GRC, Paul Kennedy, à la Cour suprême du Canada et au juge O'Connor, qui a formulé des recommandations indiquant comment la GRC pourrait améliorer ses règles dans la foulée de l'affaire Arrar. Il s'agit d'éminents spécialistes en la matière, qui sont non partisans et qui ont présenté une série de recommandations fort réfléchies sur les moyens à prendre pour moderniser et améliorer la GRC. Le NPD souhaitait participer à l'élaboration de cette mesure législative.
Malheureusement, les conservateurs ont rejeté chacun des 18 amendements. Pour les Canadiens qui nous écoutent, c'est actuellement la règle plutôt que l'exception à la Chambre.
Je siège à la Chambre depuis suffisamment longtemps pour savoir qu'aucun parti n'a le monopole des bonnes idées. Parfois elles viennent de droite; parfois, de gauche; et, parfois, du centre. Toutefois, les conservateurs gouvernent en rejetant pratiquement toute idée issue d'un autre parti à la Chambre, car ils sont ultra-partisans et extrémistes. C'est sans précédent.
Les députés applaudissent quand on les qualifie d'extrémistes. Je laisse aux Canadiens le soin de juger le mode de pensée que cela révèle.
Je tiens également à souligner que le projet de loi ne s'attaque pas directement au problème de harcèlement sexuel à la GRC. Il ne prévoit pas un organisme civil de surveillance vraiment indépendant. Il ne tient pas compte des exigences en matière de syndicalisation du personnel. De plus, il ne met pas en place un système adéquat permettant de régler le problème du harcèlement sexuel.
Les néo-démocrates restent prêts à travailler avec le gouvernement pour régler ces problèmes. Nous l'invitons à le faire. Les membres de la GRC et la population méritent une GRC moderne, une GRC qui respecte ses plus nobles traditions tout en se préparant pour le prochain siècle.
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Monsieur le Président, comme toujours, c'est un grand honneur pour moi de prendre la parole à la Chambre au nom des gens de Timmins—Baie James et de parler de la réforme de la GRC, une question très sérieuse.
Oh, oh!
Monsieur le Président, je vois que le député de tente de me priver de ma capacité de m'exprimer, mais il devrait comprendre qu'il n'est pas à la petite école. J'ai bien l'intention de parler.
Dans ma région aussi, la police a son lot de problèmes: la police de Nishnawbe-Aski est sous-financée et les agents de première ligne souffrent de stress post-traumatique. Nos agents et nos citoyens s'attendent à ce que les personnes que nous envoyons au front travaillent dans un milieu sûr. C'est primordial, s'ils veulent pouvoir assurer la sécurité dans nos collectivités. Qu'il s'agisse ou non de la police de Nishnawbe-Aski qui, dans le Nord de l'Ontario, manque cruellement de financement et dessert les différentes localités sans aucun soutien, sans radios efficaces dans leurs détachements et avec des cellules dignes du tiers monde, nos policiers se surpassent sans cesse.
Prenez la GRC, qui est peut-être un des symboles les plus connus du Canada. Comme Canadiens, nous ne nous vantons pas souvent de notre histoire. Nous pensons que notre histoire est sans éclat, mais nous pouvons nous enorgueillir d'avoir une longue tradition du respect de la loi et de l'ordre. Les Sioux du Dakota parlaient de traverser le 49e parallèle, la fameuse Medicine Line, pour passer d'un régime anarchique à un régime où prime le droit et ce, parce qu'il y avait la police montée du Nord-Ouest à l'époque.
La GRC compte beaucoup pour les Canadiens, de toutes les allégeances politiques et de toutes les régions. Nous convenons tous qu'il est très pénible que nous ayons une force en proie à des difficultés, que l'on pense au travail de sape dont elle a été l'objet ou aux problèmes de harcèlement et de leadership qu'elle a connus.
Le projet de loi vise à régler les problèmes de harcèlement à la GRC, où, dans un cas sans précédent, 200 policières ont entamé un recours collectif pour harcèlement, autrement dit, pour intimidation, menaces et pression pour obtenir des services sexuels. C'est totalement inacceptable. C'est une culture d'organisation qui dure depuis trop longtemps. J'aimerais citer Robert Paulson, commissaire de la GRC, qui croit en la nécessité d'une réforme. Il a dit: « C'est la culture de l'organisation qui n'a pas évolué. »
Nous n'avons pas été capables de changer nos pratiques et nos politiques ou d'offrir des systèmes qui permettraient aux femmes de gravir les échelons dans l'organisation et de contribuer au maintien de l'ordre, ce qu'elles doivent faire. [...]
Je l'ai dit publiquement, et je le répéterai. Je crois que le problème dépasse largement le harcèlement sexuel. Il s'agit de l'idée qu'on se fait du harcèlement. L'idée que nous avons d'une organisation hiérarchique qui surveille des hommes et des femmes qui ont des pouvoirs extraordinaires sur leurs concitoyens et l'exercice de tels pouvoirs demande énormément de discipline.
Comment pouvons-nous nous attaquer à ce poison qui corrompt et mine notre service de police national? Nous espérions pouvoir travailler avec les conservateurs pour présenter une mesure législative qui serait allée au coeur du problème et l'aurait éradiqué une fois pour toutes. Malheureusement, le gouvernement se croit au-dessus de la démocratie, n'accepte aucun amendement et ne veut pas qu'il y ait de débat. Il l'a prouvé une fois de plus. Comme jamais auparavant, le gouvernement étouffe le débat à la Chambre des communes, et il met fin aux activités d'organismes comme la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie.
Les conservateurs se sentent très menacés par tous ceux qui les contestent. Ils présentent un certain degré de colère et de paranoïa. Jamais de ma vie je n'ai vu d'aussi mauvais gagnants. C'est troublant, car l'idée qu'on se fait de la démocratie c'est que les Canadiens nous élisent à la Chambre des communes pour que nous travaillions ensemble. Or, les murmures et la colère que j'observe chez les députés d'en face sont caractéristiques des gens sur la défensive et peu sûrs d'eux qui ont peur d'aller au fond des choses.
Les néo-démocrates ont proposé de bonne foi plusieurs recommandations, dont certaines sont essentielles pour régler le problème dont nous sommes saisis, notamment en ce qui concerne la question du harcèlement. C'est l'objet du projet de loi, mais le gouvernement ne veut pas le dire. L'autre recommandation concerne la nécessité de créer un organisme de surveillance civile. Si l'on demande aux Canadiens comment garantir la responsabilisation des services de police, ils diront qu'il faut un organisme civil indépendant.
Malheureusement, nous constatons que tout ce que le gouvernement donnera au commissaire de la GRC, c'est le pouvoir de congédier une personne qui, selon lui, a enfreint les règles.
Il est important de faire avancer les choses afin de régler le problème posé par les gens qui font du harcèlement. Cela dit, nous devons aussi reconnaître qu'il est nécessaire, encore une fois dans le cadre d'un examen civil indépendant, d'être en mesure d'évaluer la situation dans son ensemble. Il ne s'agit pas seulement d'obliger les gens à rendre des comptes: il faut aussi que les agents aient en fait droit à un traitement équitable.
Le gouvernement refuse de reconnaître que la GRC souhaite mettre en place un syndicat pour ses agents afin qu'ils puissent être protégés et qu'un équilibre soit ainsi établi.
Voyons ce que le président de l'Association canadienne des policiers, M. Tom Stamatakis, a dit au sujet de cette mesure législative:
[...] le projet de loi C-42 accorde au commissaire des pouvoirs extraordinaires qui vont au-delà de ceux qu'on pourrait trouver dans d'autres services de police au Canada.
Encore une fois, on constate un déséquilibre. Le gouvernement ne tient pas compte de ce qui se fait au sein des autres services de police. On pourrait croire que le gouvernement se renseignerait sur les pratiques couronnées de succès d'autres organisations et s'en inspirerait, mais malheureusement, il est très paranoïaque et semble croire qu'il est infaillible. Il ne se renseigne pas sur les pratiques des autres services: il les ignore, tout simplement. Il ignore le président de l'Association canadienne des policiers.
Le président de l'Association canadienne des commissions de police, M. Alok Mukherjee, a quant à lui déclaré ceci:
[...] nous partageons les préoccupations qui vous ont déjà été exposées au sujet [des] dispositions du projet de loi. Nous craignons qu'elles nuisent à une véritable surveillance efficace.
Ainsi, l'Association canadienne des commissions de police s'oppose aux plans du gouvernement.
Le président par intérim de la Commission des plaintes du public contre la GRC, M. Ian McPhail, a déclaré ce qui suit:
N'importe quel processus d'examen civil perdra sa crédibilité si l'organisation soumise à l'examen est en mesure de déterminer si des enquêtes sont menées ou pas.
Ce sont là des objections très importantes. Elles ne sont pas futiles. Si nous étions déterminés à travailler pour le bien commun dans cette enceinte, nous aurions pu corriger les défauts de ce projet de loi. Nous aurions pu veiller à ce que le projet de loi permette d'aborder le problème posé par le harcèlement, voir à la création d'un conseil de surveillance civil et entreprendre la mise en oeuvre de la formation obligatoire en matière de harcèlement. C'est ce dont cette organisation a besoin. Le fait que 200 agentes aient présenté un recours collectif montre à quel point c'est nécessaire.
Pour ce qui est de rétablir la confiance des Canadiens en réglant la crise relative à la légitimité, plus particulièrement dans le contexte où il y a maintenant des allégations de crimes sexuels en ce qui concerne la route des pleurs, Ies Canadiens devraient être convaincus que, s'ils font des allégations, une enquête sera menée, et que cette enquête se déroulera de façon équitable et indépendante. Or, ce n'est pas ce que prévoit la mesure législative.
En fait, ce projet de loi protège encore davantage les dirigeants de la GRC et, ce faisant, le gouvernement, puisqu'on pourrait restreindre les examens, congédier les fauteurs de trouble et éviter de s'attaquer aux problèmes fondamentaux.
Les parlementaires doivent se rendre compte qu'il faut aller au-delà des attaques lancées régulièrement par le Cabinet du premier ministre. Il faut reconnaître qu'il existe un problème généralisé et récurrent, que ce problème a été identifié, qu'il nuit aux policiers et aux collectivités desservies par ceux-ci, et que la Chambre doit commencer à s'attaquer à ce problème.
Voyons certains amendements qui ont été rejetés: mettre en place une formation obligatoire sur le harcèlement destinée aux membres de la GRC et inscrire cette mesure dans la Loi sur la Gendarmerie royale du Canada; mettre en place une commission civile d'examen entièrement indépendante pour faire enquête sur les plaintes déposées contre la GRC; inclure des dispositions visant la création d'un organisme d'enquête civil national pour éviter que les enquêtes sur les policiers soient menées par des policiers; créer des politiques en matière de ressources humaines plus équilibrées en éliminant certains pouvoirs draconiens qui sont déjà accordés au commissaire de la GRC.
Il ne s'agit pas de mener une chasse aux sorcières, mais de faire en sorte que les agents de la GRC, hommes et femmes, qui mettent leur vie en danger partout au pays, puissent bénéficier d'un milieu de travail sécuritaire, exempt de toute forme d'intimidation et de menace à caractère sexuel, et où les gens peuvent enfin obtenir une promotion fondée sur le mérite, plutôt que sur le sexe.
Malheureusement, le gouvernement n'a tenu compte d'aucun de ces amendements, comme il l'a fait pour chaque projet de loi proposé à la Chambre. Il refuse de collaborer avec qui que ce soit et se croit infaillible. Une fois de plus, il démontre qu'il a tort, et le projet de loi ne s'attaquera pas au problème fondamental, c'est-à-dire le harcèlement au sein de la GRC.
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Monsieur le Président, c'est avec plaisir que j'interviens pour parler des préoccupations qu'inspire le projet de loi .
On ne peut absolument pas reprocher à un député ou à quiconque de présenter un projet de loi prônant une meilleure transparence, une meilleure reddition de comptes ou de meilleures méthodes de travail au sein d'un organisme. Mais le projet de loi néglige malheureusement de nombreux enjeux.
Il y a déjà plusieurs années que je me tiens informé des activités de la GRC et que je suis un de ses fidèles partisans. Je regarde comment les carrières évoluent et, dans le cadre de mes activités de promotion des droits des anciens combattants, j'essaie de faire en sorte que les retraités de la GRC reçoivent les avantages qu'ils méritent.
J'aimerais revenir sur certains événements récents. C'est le gouvernement actuel qui a nommé un civil au poste de commissaire de la GRC. Cela ne s'était jamais vu, autant que je sache. Si les conservateurs avaient tenté de faire la même chose dans les forces armées, s'ils avaient tenté de nommer un civil comme chef d'état-major de la Défense, on aurait vu une révolte et un tollé de protestations. Mais étrangement, il leur semblait raisonnable qu'un civil, M. Elliott, s'occupe de la GRC. On a pu voir immédiatement que les agents de la GRC, d'un bout à l'autre du pays, étaient très contrariés par cette nouvelle. Plusieurs agents de ma propre circonscription étaient irrités. Selon eux, ce n'était pas la bonne solution.
Des jeunes entrent au centre de formation de la GRC, réussissent le programme et reçoivent leurs galons jaunes. Bon nombre d'entre eux, hommes et femmes, ressentent probablement une fierté sans égale la première fois qu'ils portent leur tunique rouge. Certains peuvent avoir de l'ambition et espérer gravir les échelons jusqu'à devenir un jour commissaire de la GRC. Mais les conservateurs leur ont passé fondamentalement ce message: « Ne vous inquiétez pas. Nous allons embaucher un de nos copains et le nommer commissaire de la GRC. » C'était une erreur de leur part. Je n'ai rien contre M. Elliott lui-même, mais il n'a jamais porté l'uniforme. Je crois sincèrement que les postes de commissaire de la GRC et de chef d'état-major de la Défense ne devraient être confiés qu'à des personnes qui ont déjà porté l'uniforme. J'en suis intimement convaincu.
Seuls les conservateurs peuvent faire une telle chose. La GRC a le Conseil de la solde, un organisme chargé de négocier la rémunération et les avantages sociaux avec le gouvernement. En 2009, après plusieurs mois de négociations, le gouvernement avait consenti à une hausse de 3,5 %, ce qui était juste en 2009. Cette hausse avait été négociée entre le gouvernement du Canada et le Conseil de la solde de la GRC. C'était une entente. Dans l'après-midi du 23 décembre, le bureau du ministre a envoyé un courriel annonçant que la hausse de 3,5 % qui avait été négociée était annulée et qu'elle serait plutôt de 1,5 %, point à la ligne. C'était juste avant Noël. Ce sont les conservateurs qui ont agi ainsi, pas le NPD, pas le Parti libéral, pas le Bloc, pas le Parti vert et pas les députés indépendants. Ce sont les conservateurs. Juste avant Noël, ils ont réduit la hausse de salaire des membres de la GRC sans aucune consultation. Pas plus compliqué que cela. M. Elliott a déclaré qu'il était impossible de faire quoi que ce soit à l'époque.
De plus, une demande des membres de la GRC et de leurs familles concernant l'accès au Programme pour l'autonomie des anciens combattants, un excellent programme pour les militaires qui en bénéficient, même s'ils sont nombreux à ne pas en bénéficier, attendait depuis longtemps sur le bureau de l'ancien ministre de la Sécurité publique, M. Stockwell Day. Ce programme permet aux militaires et à leur famille de vivre chez eux plus longtemps lorsqu'ils deviennent plus âgés et qu'ils ont besoin d'aide pour l'entretien de leur terrain et certaines tâches ménagères. Les anciens membres de la GRC souhaitent bénéficier du même programme depuis des années. Que font les conservateurs? Ils font la sourde oreille, même si la demande est sur leur bureau depuis des années.
Plus récemment, les anciens membres de la GRC ont dû traîner le gouvernement devant les tribunaux pour régler la question de la récupération du Régime d'assurance-revenu militaire. Voilà un autre exemple de ces abus dont sont victimes les anciens membres de la GRC. Il s'agit de versements en compensation pour la douleur et la souffrance. Le gouvernement a dû faire marche arrière. Tout cela a fini par coûter 880 millions de dollars aux contribuables, dont 150 millions de dollars d'intérêts et de frais juridiques qui n'auraient jamais dû être versés si le gouvernement n'avait pas fait la sourde oreille en 2003, en 2005, en 2006 et surtout en 2007, avant le début des procédures judiciaires. Le gouvernement aurait alors pu économiser beaucoup d'argent et s'épargner bien des désagréments dans le dossier de la récupération du Régime d'assurance-revenu militaire. Les anciens membres de la GRC ont eu gain de cause, et ils vont maintenant finir par recevoir leurs chèques. Nous sommes heureux de ce dénouement.
Les conservateurs ont-ils tiré des leçons de cette erreur? Non. Qu'ont-ils fait dernièrement? Ils ont pris une décision qui a incité quelque 1 000 anciens membres invalides de la GRC à intenter une poursuite contre le gouvernement portant sur la même question, à savoir la récupération des indemnités pour la douleur et la souffrance à même les allocations de retraite. Les conservateurs ont-ils tiré des leçons des onéreuses procédures juridiques, qui ont duré cinq ans, au sujet de la récupération des prestations du Régime d'assurance-revenu militaire? Non. Leur réponse, c'est « Traînez-nous devant les tribunaux ».
Eu égard à ces trois exemples de l'attitude que les conservateurs adoptent à l'égard des membres actifs et retraités de la GRC, ainsi que de leur famille, il n'est pas étonnant que nous, de ce côté-ci de la Chambre, ne leur fassions pas confiance lorsqu'ils présentent une mesure législative que je qualifierais, au mieux, d'imparfaite.
Nous convenons qu'il fallait apporter des modifications internes et structurelles à la GRC. Nous en sommes conscients et nous sommes prêts à collaborer avec le gouvernement afin de les mettre en oeuvre.
Lorsque mes collègues ont présenté des amendements à l'étape de l'étude au comité, les conservateurs, sans trop de débat, ont répondu: « Non, nous n'acceptons aucun amendement de l'opposition. Nous ne faisons aucun compromis. »
Comme je l'ai déjà mentionné, lors de l'étude d'un projet de loi sur la justice au Comité de la justice, mon collègue de a présenté des amendements très pertinents et importants qui auraient consolidé le projet de loi et l'auraient, à bien des égards, rendu conforme à la Constitution. Le député est l'un des meilleurs défenseurs des droits de la personne au monde. Il est l'une des personnes les plus respectées que je connaisse. Il ne fait pas les choses à la hâte ou au petit bonheur la chance. Il est réfléchi et intelligent. Il a présenté des amendements et les conservateurs ont dit: « Non merci. »
À l'étape de la troisième lecture, alors qu'il n'est plus possible de présenter des amendements, le gouvernement s'est tout à coup rendu compte qu'il aurait peut-être dû écouter le député de . Le projet de loi a été renvoyé au Sénat, où un sénateur a présenté des amendements qui reprenaient presque mot pour mot les amendements que le député avait présentés au comité de la Chambre. C'est incroyable. Le gouvernement, qui pense que les idées des députés de l'opposition ne permettent jamais d'améliorer les mesures législatives qu'il présente, n'est-il pas au faîte de l'arrogance? C'est inouï.
Je dis depuis des années que les libéraux ont mis beaucoup de temps avant de développer une telle arrogance. Les conservateurs l'ont développée très rapidement et je ne comprends pas pourquoi. Individuellement, les députés du Parti conservateur sont de très bonnes personnes. Je ne sais pas pourquoi ils pensent être les seuls à avoir toutes les réponses. De nombreux témoins sont venus au comité et ont proposé des amendements que nous, l'opposition, avons retenus pour les soumettre au gouvernement. La réponse était non.
Les trois exemples que j'ai donnés montrent exactement la façon dont le gouvernement traite les membres de la GRC et leur famille. Ce n'est pas étonnant qu'il y ait de la méfiance. Ce n'est pas surprenant que le moral soit si bas chez les membres de la GRC.
Depuis des années, j'aide un ancien membre de la GRC qui demeure dans ma circonscription dans ses démêlés avec le ministère des Anciens Combattants. Il dit qu'il n'a jamais été aussi fier que le jour où il a revêtu l'uniforme de serge rouge à la division Dépôt et qu'il n'a jamais été aussi heureux que le jour où il l'a retiré. Qu'a donc fait la GRC ou le gouvernement entre-temps pour le rendre aussi mécontent de l'organisation pour laquelle il avait été prêt à consacrer et à risquer sa vie?
Nous, les néo-démocrates, voulons faire savoir au gouvernement que nous comprenons ce qu'il tente de faire. Nous sommes disposés à collaborer avec lui à cet égard. Il devra céder pour apporter d'énormes améliorations au projet de loi. S'il n'est pas prêt à faire cela, alors, de toute évidence, nous n'aurons d'autre choix que de nous opposer au projet de loi.
En terminant, j'aimerais mentionner que les hommes et les femmes qui servent au sein de la GRC doivent assumer une immense responsabilité. C'est à nous, le gouvernement et l'opposition, qu'il incombe de voir à ce que leurs besoins et ceux de leur famille soient satisfaits.
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Monsieur le Président, je remercie mon collègue de Sackville—Eastern Shore du sens et du contenu de son intervention. Je crois qu'il a résumé de façon très complète les critiques que nous inspire ce projet de loi, aussi bien en fonction de nos convictions qu'au plan des principes.
Étant donné la nature et le sujet du projet de loi, je tiens également à rendre hommage à mes collègues de London—Fanshawe, de Churchill, d'Halifax, et à tous ceux qui se sont portés volontaires pour intervenir aujourd'hui, à l'exception du député de , pour leur contribution à cet important débat, qui porte non seulement sur la grave question du harcèlement sexuel en milieu de travail, mais également sur le rétablissement de la confiance envers notre police nationale, la Gendarmerie royale du Canada, et de la fierté qu'elle doit nous inspirer.
Quelles qu'en soient les raisons, nous savons que l'image de la GRC a souffert, ces dernières années, à cause d'allégations, d'enquêtes et de plaintes non résolues concernant ce qui se passe en milieu de travail dans un contexte de harcèlement et, plus généralement, d'intimidation; ce mot est apparu à plusieurs reprises dans les commentaires des députés. L'intimidation est presque devenue un thème central dans de nombreuses doléances entendues ici, et je pense qu'on ne peut pas séparer l'intimidation du harcèlement.
Par ailleurs, je suis fier de la motion d'opposition qui a été présentée par mon collègue et qui concernait la stratégie à adopter dans notre pays contre l'intimidation. Il est honteux que cette initiative de lutte contre l'intimidation ait été rejetée, car la question dont nous traitons aujourd'hui aurait pu être utilement abordée dans le contexte d'un projet de loi de lutte contre l'intimidation.
Je tenais à féliciter mon collègue de Sackville—Eastern Shore, parce qu'il est allé au coeur du problème, à savoir qu'il est trop tard, maintenant que le projet de loi en est à l'étape de la troisième lecture, pour débattre de son bien-fondé.
Nous avons essayé d'y apporter des amendements en comité. Nous l'avons appuyé à l'étape de la deuxième lecture, dans l'espoir que, par souci de coopération, les députés du parti gouvernemental allaient convenir de certaines des préoccupations légitimes que nous avons formulées. Mon collègue de Sackville—Eastern Shore a fait état, dans son intervention, de l'arrogance sans précédent affichée par le gouvernement, puisqu'il n'a pas accepté le moindre amendement à un projet de loi depuis le début de la 41e législature.
J'étais déjà député du temps du gouvernement libéral majoritaire. Nous étions un petit parti, comparable au Parti libéral actuel, et presque aussi insignifiant que le sont les libéraux actuellement. Néanmoins, nous avions un représentant dans chaque comité, comme les libéraux actuellement. Je peux dire, sans craindre d'être contredit, que du temps où les libéraux étaient majoritaires, mes collègues et moi-même avons réussi à faire aboutir des amendements en comité. Et c'est bien légitime, car dans une démocratie de type britannique, le parti au pouvoir a l'obligation d'accueillir certains des arguments légitimes formulés par la majorité des Canadiens qui n'ont pas voté pour le parti majoritaire.