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FEWO Rapport du Comité

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COMPRENDRE LES TROUBLES DE L’ALIMENTATION

Le Comité a appris que « [l]es troubles de l’alimentation constituent une forme de maladie mentale caractérisée par une perturbation persistante du comportement alimentaire ou lié à l’alimentation, qui entraîne une modification de la consommation ou de l’absorption d’aliments et qui détériore considérablement la santé physique ou le fonctionnement psychosocial[3] ».

Des témoins ont parlé de trois troubles de l’alimentation précis[4] :

  • L’anorexie mentale, qui se caractérise par une distorsion de l’image corporelle et l’imposition de sévères restrictions alimentaires, à l’origine d’une masse corporelle très faible compte tenu de l’âge, du sexe, de la croissance et de la santé physique, et qui s’accompagne d’une peur intense de prendre du poids.
  • La boulimie mentale, qui se caractérise par des épisodes récurrents de consommation excessive d’aliments accompagnés d’une perte de contrôle, ce qu’on appelle la frénésie, suivis de purges par vomissements auto-induits ou consommation abusive de laxatifs, pour éviter de prendre du poids.
  • La frénésie alimentaire, qui se caractérise par des épisodes récurrents de consommation de quantités excessives d’aliments dans un court laps de temps, sans purge, et qui s’accompagne de sentiments de gêne, de dégoût de soi, de perte de contrôle et de détresse.

Les témoins ont présenté des statistiques sur le nombre de personnes aux prises avec des troubles de l’alimentation (voir la section ci-après) et ils ont brossé un tableau des torts incommensurables qui en résultent pour les personnes atteintes et leur famille[5]. Le Comité a appris qu’il faut de deux à sept ans pour se rétablir d’un trouble de l’alimentation, mais que seulement 50 % des malades se rétabliront complètement[6]. Comme l’a dit Joanna Anderson, directrice exécutive de Sheena’s Place, un centre de soutien et de ressources de Toronto sur les troubles de l’alimentation, les troubles de l’alimentation sont source de « douleurs incessantes, de haine de soi, d’isolement, de tristesse, de faim, de dégoût et de mépris de soi », et pour ceux et celles qui en souffrent, « c’est la première chose qui leur vient en tête lorsqu’ils se réveillent le matin, et la dernière avant de s’endormir le soir[7] ».

La psychiatre Dre Wendy Spettigue, de l’Académie canadienne de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent (ACPEA), a décrit l’expérience de certains de ses jeunes patients atteints d’anorexie mentale en ces termes :

Imaginez un patient qui souffre d'un trouble obsessionnel compulsif grave et qui a une peur excessive des microbes. Il croit que ses mains sont recouvertes de microbes, et la seule façon de se débarrasser de son anxiété, c'est de se laver les mains à répétition. Le soulagement n'étant que temporaire, le patient est à nouveau hanté par des pensées irrationnelles du genre : « Il reste des microbes sur tes mains. Tu ne les as pas tous enlevés. Ils vont s'incruster en toi et te rendre malade, voire te faire mourir. » Le patient ne peut tolérer l'agitation, et pour se calmer, il va se laver les mains. Un traitement individuel serait comme d'essayer d'amener la personne à ne pas choisir de se laver les mains. Même si elle est motivée à le faire, elle ne sera probablement pas capable de surmonter ce sentiment de besoin intense.
Il est en de même pour l'anorexie mentale chez les jeunes filles. Ces personnes sont hantées par des pensées obsessives qui sont la source d’une grande anxiété. Elles sont obsédées à l'idée de trop manger et de prendre du poids. Elles se sentent donc obligées de se limiter ou d'éliminer ce qu'elles ont mangé, de quelque façon que ce soit. On ne peut tout simplement pas leur dire d'arrêter d'agir de la sorte. Tout d'abord, elles ne sont pas motivées à le faire parce qu'elles ont peur de prendre du poids. Ensuite, même si elles étaient motivées, elles ne pourraient tolérer l'anxiété générée par cette obsession[8].

Des témoins ont exposé les difficultés de vivre avec un trouble de l’alimentation, mais le Comité a été néanmoins impressionné par la force manifestée par ceux et celles qui sont aux prises avec un tel trouble débilitant. Patricia Lemoine a témoigné de sa bataille personnelle avec un trouble de l’alimentation :

Le diagnostic de ma maladie mentale ne m'a pas définie. Les troubles alimentaires affichent les plus hauts taux de mortalité de tous les diagnostics psychiatriques. Je suis en vie devant vous aujourd'hui. J'ai 32 ans, et je suis guérie[9].


[3]       American Psychiatric Association, Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders – Fifth Edition (DSM-5), American Psychiatric Association, Arlington, 2013, p. 329. [disponible en anglais seulement]

[4]       Témoignages, 24 février 2014, 1540 (Giorgio A. Tasca, Ph. D., psychologue clinicien, titulaire de la chaire de recherche en psychothérapie de l’Université d’Ottawa et de l’Hôpital d’Ottawa, Société canadienne de psychologie); American Psychiatric Association, Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders – Fifth Edition (DSM-5), American Psychiatric Association, Arlington, 2013, et American Psychiatric Association, « Feeding and Eating Disorders », Fact sheet, 2013. [disponible en anglais seulement]

[5]       Témoignages, 12 février 2014, 1635 (Dre Monique Jericho, M.D., psychiatre et directrice médicale, Calgary Eating Disorder Program, Alberta Health Services).

[6]       Témoignages, 24 février 2014, 1530 (Dre Wendy Spettigue, M.A., M.D., FRCPC, psychiatre, Académie canadienne de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent).

[7]       Témoignages, 12 février 2014, 1540 (Joanna Anderson, directrice exécutive, Sheena’s Place).

[8]       Témoignages, 24 février 2014, 1610 (Dre Wendy Spettigue).

[9]       Témoignages, 3 mars 2014, 1535 (Patricia Lemoine, à titre personnel).