propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
—Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion de parler aujourd'hui d'un accord de libre-échange sans précédent entre le Canada et la Corée, et d'expliquer clairement pourquoi il devrait être mis en oeuvre sans tarder.
Le budget et le discours du Trône de 2013 ont tous deux clairement établi que la priorité absolue du gouvernement demeure la création d'emplois, la croissance économique et la prospérité à long terme.
Le Canada, dont l'économie est axée sur l'exportation, a besoin d'une stratégie commerciale internationale dynamique qui continue d'ouvrir de nouveaux marchés pour les entreprises canadiennes.
Au Canada, un emploi sur cinq dépend des exportations et plus de 40 000 entreprises canadiennes exportent activement dans le monde entier. Cela inclut notamment des chefs de file mondiaux dans différents secteurs, de l'aérospatiale au vin de glace, en passant par tout ce qu'il y a entre les deux.
Dans une économie mondialisée concurrentielle, la sécurité économique des travailleurs canadiens dépend de marchés plus libres et plus ouverts. Le gouvernement comprend cette réalité. Nous savons que les entreprises canadiennes peuvent se mesurer aux meilleures entreprises du monde et l'emporter où que ce soit. Le gouvernement conservateur est déterminé à soutenir la croissance et la réussite des entreprises canadiennes.
L'économie mondiale évolue rapidement et les marchés qui émergent en Asie et ailleurs représentent d'importantes possibilités inexploitées de commerce et d'investissement. Il est impératif que nous suivions cette évolution.
C'est pour cette raison que le gouvernement conservateur a lancé le plan de promotion du commerce le plus ambitieux de l'histoire du Canada. Une augmentation des échanges commerciaux entraîne de meilleures perspectives d'emploi, une plus grande prospérité et une meilleure situation économique pour les Canadiens et leur famille. Cela entraîne un choix plus vaste et un meilleur rapport qualité-prix pour les consommateurs. Cela se traduit aussi par des produits à meilleur prix et de meilleure qualité, ce qui permet à nos fabricants canadiens de demeurer concurrentiels dans un marché mondial féroce.
Je me permets de mettre les choses en contexte d'un point de vue historique. Les députés se rappellent peut-être qu'un autre gouvernement conservateur a eu la vision de négocier l'Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis, puis l'Accord de libre-échange nord-américain, qui incluait évidemment le Mexique. Les députés se souviennent peut-être aussi que le Parti libéral et le NPD se sont tous deux farouchement opposés à ces deux accords, sous prétexte que le Canada allait perdre sa culture, son système de santé, la souveraineté sur ses ressources en eau, que notre économie allait s'effondrer et que le Canada allait perdre des millions d'emplois. En fait, le Parti libéral de l'époque a même menacé de déchirer l'ALENA.
Évidemment, aucune de ces sombres prédictions ne se sont réalisées. Au cours des 25 dernières années, l'économie canadienne a créé des millions d'emplois et attiré des centaines de milliards de dollars en investissements étrangers. Nos échanges commerciaux avec les États-Unis ont triplé, et le commerce bilatéral avec le Mexique a plus que septuplé. À ce que je sache, le système de santé est demeuré intact, nous exerçons toujours les pleins pouvoirs en matière de gestion de nos eaux, et la culture canadienne se porte à merveille.
Ce que je veux faire valoir, c'est que bon nombre de ces mêmes opposants et militants contre le commerce ressassent les mêmes vieux arguments éculés chaque fois que le Canada négocie un nouvel accord commercial. Je tiens à assurer aux députés que leurs sombres prédictions sont aussi erronées aujourd'hui qu'elles l'étaient il y a 25 ans.
Avant 2006, l'ancien gouvernement libéral a largement négligé le commerce comme moteur de développement économique. D'ailleurs, pendant la longue et sombre période de 13 ans où ils étaient au pouvoir, les libéraux n'ont réussi à signer que trois modestes accords commerciaux, de telle sorte que les entreprises et les travailleurs canadiens risquaient fort de perdre du terrain sur les marchés mondiaux.
Il y a cependant une bonne nouvelle. Nous avons rempli notre engagement à accroître de manière considérable les débouchés économiques pour les Canadiens grâce au commerce et aux investissements. Au cours de la courte période de huit ans qui s'est écoulée depuis l'élection du gouvernement conservateur, nous avons réussi à conclure des accords commerciaux avec pas moins de 38 pays différents, y compris l'initiative commerciale la plus exhaustive et ambitieuse de l'histoire du pays, c'est-à-dire l'accord de libre-échange Canada-Union européenne. L'été dernier, nous avons annoncé que nous avions mis la dernière main au texte de ce traité, et à la fin de cette semaine, nous allons célébrer cette réussite.
Il ne faudrait toutefois pas penser que nous nous arrêterons là. Notre plan de promotion du commerce s'appuie maintenant sur une nouvelle pièce maîtresse, le Plan d'action sur les marchés mondiaux, lancé l'automne dernier. Ce plan d'action guide les activités du gouvernement en matière de commerce et d'investissements. Il nous aidera à accroître les exportations et à soutenir la participation des entreprises canadiennes dans les divers marchés de la planète. Le plan d'action décrit une vaste gamme d'initiatives commerciales, qui vont de la négociation d'accords sur le commerce et les investissements à de vastes consultations auprès des intervenants, en passant par de nouveaux plans d'accès aux marchés. Fait important, nous avons repéré des marchés étrangers et des secteurs de l'économie canadienne qui revêtent une importance prioritaire pour les exportateurs canadiens. Nous concentrons notre énergie et nos ressources sur ces priorités.
Comme on peut s'y attendre, les pays de l'Asie-Pacifique jouent un rôle clé dans notre Plan d'action sur les marchés mondiaux, étant donné leur importance croissante sur la scène mondiale. Cela m'amène à parler du projet de loi à l'étude aujourd'hui. Lundi dernier, j'ai eu le plaisir de signer le premier accord de libre-échange conclu entre le Canada et un pays asiatique, soit l'Accord de libre-échange Canada-Corée. La Corée du Sud, véritable un miracle économique de l'ère moderne, a connu une croissance économique remarquable au cours des 30 dernières années. Comparativement à 1980, le PIB de la Corée du Sud est maintenant plus de six fois plus élevé, et l'économie a connu une croissance moyenne de 6,5 % par année depuis 1980. La Corée s'est taillée une place de premier plan dans le monde de la technologie. Ses conglomérats internationaux, dont plusieurs sont maintenant bien connus au Canada, servent d'assise à des chaînes de valeur importantes à l'échelle régionale et mondiale.
Étant donné la taille et le dynamisme de la Corée du Sud, amie et alliée de longue date du Canada, la mise en oeuvre de cet accord de libre-échange d'importance historique devrait aller de soi. Comme je l'ai souligné, l'Accord de libre-échange Canada-Corée représente le premier accord commercial bilatéral que le Canada conclut avec un pays d'Asie. Il renforcera nos liens commerciaux avec ce pays qui gagne en importance sur la scène mondiale en plus de constituer un de nos marchés prioritaires, sans oublier que ses caractéristiques complémentaires en font un partenaire naturel du Canada.
En fait, cet accord offre au Canada une porte d'entrée vers le marché asiatique. Les échanges commerciaux entre nos deux pays sont déjà considérables. L'an dernier, le commerce bilatéral des marchandises entre nos deux pays a atteint environ 11 milliards de dollars, tandis que les investissements bilatéraux s'établissent à près de 6 milliards de dollars. Ce partenariat important offre de grandes possibilités de croissance, que l'accord de libre-échange viendra faciliter. En fait, l'Accord de libre-échange Canada-Corée viendra transformer, de façon durable et très positive, notre façon de faire des affaires ensemble.
Au final, cet accord devrait accroître l'économie canadienne de près de 2 milliards de dollars et augmenter de 32 % les exportations de marchandises canadiennes en Corée du Sud, ce qui créera des milliers d'emplois dans toutes les régions du pays et dans tous les secteurs économiques. Outre ces chiffres impressionnants, il existe une autre raison tout aussi impérieuse pour mettre cet accord en oeuvre le plus vite possible. L'Accord de libre-échange Canada-Corée mettra les entreprises canadiennes sur un pied d'égalité sur le marché sud-coréen, où nos compétiteurs les plus féroces, notamment les États-Unis et l'Union européenne, profitent déjà d'un accès préférentiel grâce aux accords de libre-échange qu'ils ont conclus avec la Corée du Sud.
Le Canada ne peut demeurer inactif pendant que les marchandises de ses compétiteurs bénéficient d'un avantage par rapport aux nôtres. La meilleure façon d'appuyer les entreprises canadiennes et leurs vaillants employés est de mettre l'accord en oeuvre sans tarder. On a pas à me croire sur parole. En effet, des représentants de tous les secteurs et de toutes les régions du pays ont réclamé que le gouvernement agisse rapidement pour mettre cet accord en place.
Le 11 mars dernier, à Séoul, en Corée, j'ai eu le bonheur de voir notre et la présidente sud-coréenne, Mme Park, annoncer la conclusion des négociations. Dans les jours qui ont suivi, de nombreuses entreprises et associations de gens d'affaires ont félicité publiquement le gouvernement de cette réalisation. En juin dernier, après le dépôt du texte du traité à la Chambre, dernière étape du processus de mise en oeuvre à avoir été franchie, les Canadiens se sont fait entendre à nouveau. Leur message était clair: cet accord doit entrer en vigueur le plus tôt possible.
Les Canadiens appuient massivement cet accord, et ce n'est pas surprenant lorsqu'on prend le temps de l'examiner. Le gouvernement conservateur a la ferme intention de ne conclure que des accords commerciaux qui sont dans l'intérêt des Canadiens.
Examinons certaines mesures prévues dans l'accord.
Il s'agit d'un accord commercial moderne, bien ancré dans le XXIe siècle et exhaustif; sa portée est ambitieuse. Il vise presque tous les aspects du commerce moderne, y compris le commerce de marchandises et de services, la mobilité dans le secteur des affaires, l’investissement, l’approvisionnement gouvernemental, la propriété intellectuelle, les barrières administratives au commerce, l'environnement et les droits des travailleurs.
L’élément central de l'accord est bien entendu l’élimination des droits de douane sur la quasi-totalité des échanges commerciaux entre le Canada et la Corée du Sud. Parlons chiffres: près de 90 % de nos exportations actuelles vers la Corée du Sud seront exemptes de droits de douane à compter de la date d’entrée en vigueur de l’accord, et cette proportion passera à plus de 99 % lorsque l'accord sera pleinement mis en oeuvre. Ces chiffres se traduisent en occasions et en avantages concrets pour les exportateurs, les importateurs, les investisseurs, les manufacturiers et les consommateurs de partout au pays et de toutes les sphères d'activité de notre économie.
Le Canada est riche de ressources naturelles et de ressources humaines. Les Canadiens ont la créativité et les compétences nécessaires pour transformer les ressources naturelles en une grande variété de produits industriels, notamment dans les domaines de l'aérospatial, du transport ferroviaire, de la technologie de l'information ainsi que dans le secteur des produits chimiques et pharmaceutiques, pour ne nommer que ceux-là.
Je suis heureux de dire que 95 % des exportations industrielles canadiennes en Corée du Sud seront immédiatement exemptes de droits de douane et que l'élimination des autres droits s'échelonnera sur un certain nombre d'années. L'accord entraînera également l'élimination immédiate des droits de douane sur le gaz naturel liquéfié; ce produit a le potentiel de devenir un moteur clé des exportations canadiennes en Corée du Sud, surtout celui provenant de la Colombie-Britannique, de l'Alberta et de la Saskatchewan.
Il ne faut pas oublier le secteur forestier du Canada; il s'agit d'un autre moteur important de l'économie du pays. En 2012, l'exploitation forestière a contribué pour plus de 20 milliards de dollars au PIB du Canada; en outre, près de 250 000 Canadiens occupaient des postes dans ce secteur, et bon nombre de ces emplois étaient bien rémunérés et hautement qualifiés. L'accord profitera aux travailleurs forestiers canadiens, car il éliminera les droits de douane sur les produits forestiers et les produits du bois à valeur ajoutée, et ce, tout en diversifiant encore davantage nos exportations dans les marchés asiatiques et en réduisant la dépendance du secteur envers les États-Unis.
Je tiens à parler un instant des poissons et des fruits de mer canadiens, qui sont de haute qualité.
Le fait que le Canada se trouve à proximité des océans Arctique, Atlantique et Pacifique, des Grands Lacs et d'autres ressources a permis aux Canadiens de développer l'une des industries de la pêche commerciale les plus importantes au monde. Cette industrie contribue au PIB canadien à hauteur de plus de 2 milliards de dollars et fournit plus de 40 000 emplois aux Canadiens dans des secteurs aussi diversifiés que la pêche, l'aquaculture et la transformation du poisson. En outre, elle constitue le moteur économique d'approximativement 1 500 localités rurales et côtières au Canada. Nous savons que la qualité des poissons et des fruits de mer canadiens est sans pareille, et les Sud-Coréens montrent déjà un très grand intérêt pour nos produits.
En fait, peu après l'annonce de la conclusion des négociations relatives à cet accord commercial, la compagnie Korean Air Cargo a mis en place un service hebdomadaire partant d'Halifax et se rendant en Corée du Sud. Elle avait prévu transporter au moins 40 000 kilogrammes de homards vivants au cours de l'été dernier. Le transport de ces marchandises a permis de développer un marché pour le homard canadien frais en Corée du Sud, ainsi que d'exporter nos poissons et fruits de mer vers d'autres marchés asiatiques, surtout le Japon et la Chine.
Il va sans dire que cet accord de libre-échange favorise grandement le secteur canadien du poisson et des fruits de mer, notamment parce qu'il prévoit l’élimination complète, et immédiate dans bien des cas, des droits de douane sud-coréens.
Je n'ai pas à rappeler à mes collègues d'en face, surtout ceux des provinces de l'Atlantique et de la côte du Pacifique, que voter contre la mise en oeuvre rapide de cet accord commercial nuirait à des emplois au Canada.
Je tiens également à mentionner que cet accord commercial sera avantageux pour les agriculteurs canadiens qui travaillent si fort et pour les plus de 2 millions de personnes qui travaillent dans le secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
Outre le boeuf et le porc, le vin de glace canadien devient populaire en Corée du Sud et dans l'ensemble de l'Asie. Nous voulons promouvoir ces produits. L'accord commercial appuie les viticulteurs et les producteurs bovins et porcins canadiens en augmentant leur part du marché.
Les dispositions de l'accord qui concernent l'élimination des tarifs douaniers promettent des retombées considérables pour le Canada, surtout étant donné que les tarifs actuels en Corée du Sud sont, en moyenne, trois fois plus élevés que les nôtres. L'accord contient également toute une gamme d'engagements concernant les mesures non tarifaires, domaine considéré comme étant prioritaire par nos partenaires.
L'accord est assorti d'objectifs ambitieux au chapitre des services et de l'investissement. Il comprend un cadre de mesures de protection raisonnables qui créeront un environnement plus sûr et stable pour les investisseurs des deux pays. Cela fera grimper les investissements bilatéraux, stimulera la création d'emplois, encouragera la créativité et la l'innovation technologique et permettra au Canada de se joindra à la chaîne de valeur mondiale.
Les investisseurs canadiens reconnaissent déjà les importantes possibilités d'investissement de la Corée du Sud, ainsi que son potentiel à titre de marché d'essai pour la région asiatique élargie. En mai dernier seulement, le fabricant de vêtements canadien Joe Fresh a annoncé l'ouverture, à Séoul, en Corée, de sa première boutique à l'extérieur de l'Amérique du Nord, et cette boutique phare n'est que le début de ses investissements en Corée du Sud, la société prévoyant ouvrir neuf autres points de vente au détail dans la capitale d'ici la fin de l'année.
Plus vite l'accord sera mis en oeuvre, plus vite les Canadiens commenceront à en récolter les avantages que je viens de mentionner, et plus vite les entreprises canadiennes pourront transformer l'accès à ce nouveau marché en prospérité économique. Le gouvernement conservateur sera là pour les appuyer tout au long du processus.
En plus d'obtenir un accès sans précédent au marché pour nos entreprises, nous appuyons les entreprises canadiennes au moyen de notre gamme d'outils de promotion du commerce, notamment le Service des délégués commerciaux du Canada, les produits d'assurance et de financement des exportations offerts par Exportation et développement Canada, l'appui à la passation des marchés de gouvernement à gouvernement offert par la Corporation commerciale canadienne, de même que les missions commerciales dirigées par le gouvernement et les ministres partout ailleurs dans le monde.
Bref, nous serons là pour appuyer les petites et moyennes entreprises dans leur découverte des possibilités qu'offre la Corée du Sud.
Le présent accord commercial est complet et de grande qualité. Il créera de nouvelles possibilités pour les entreprises canadiennes et contribuera à la prospérité à long terme du Canada.
Je rappelle aux députés que cet accord apporterait des avantages de taille sur toute la ligne. Dans l'intérêt des entreprises et de la population canadiennes, nous devons ratifier cet accord aussi rapidement que possible. La mise en oeuvre rapide de cet accord de libre-échange permettra aux Canadiens de commencer rapidement à en récolter les avantages, ce qui se traduira en un choix élargi pour les consommateurs canadiens et en prospérité accrue pour l'ensemble du pays.
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Monsieur le Président, à titre de porte-parole de l'opposition officielle en matière de commerce international, je suis heureux de parler du projet de loi , Loi portant mise en oeuvre de l'Accord de libre-échange entre le Canada et la République de Corée, au nom du Nouveau Parti démocratique.
Pour situer les choses dans leur contexte, rappelons que c'est en 2004 que le Canada et la Corée du Sud ont discuté pour la première fois de la possibilité de conclure un accord de libre-échange. Les négociations ont été officiellement entreprises en juillet 2005. Il a fallu environ neuf ans pour que cet accord se concrétise, ce qui confirme que les accords de ce type présentent de nombreux défis et que les divers gouvernements ne font pas preuve de toute la diligence voulue.
Plus précisément, la Corée et d'autres partenaires ont conclu plusieurs autres accords commerciaux au cours des dix dernières années. Un accord commercial entre la Corée et l'Union européenne est entré en vigueur en 2011, tandis que l'accord entre la Corée et les États-Unis est en place depuis 2012. De plus, la Corée et l'Australie ont récemment conclu des négociations.
Comme je l'expliquerai plus tard, les accords conclus par ces pays ont grandement contribué à définir la position de négociation du Canada. En effet, ces pays, qui sont les principaux concurrents du Canada, jouissent de certains avantages puisqu'ils ont été les premiers à percer le marché coréen. Cette situation a causé des torts considérables aux exportateurs canadiens, dans de nombreux secteurs.
L'Accord de libre-échange Canada-Corée a été signé le 11 mars 2014 et soumis au Parlement le 12 juin 2014. Une fois en vigueur, cet accord éliminera 98,2 % des lignes tarifaires de la Corée du Sud et 97,8 % de celles du Canada. Bien que de nombreux tarifs douaniers appliqués au commerce entre nos deux pays soient déjà assez bas, un nombre considérable de tarifs et d'autres barrières commerciales seront soit éliminés d'un seul coup, dès la mise en oeuvre de cet accord, soit éliminés progressivement sur des périodes diverses.
Le NPD applique trois critères importants pour évaluer les accords commerciaux. Premièrement, le partenaire envisagé respecte-t-il la démocratie, les droits de la personne, des normes adéquates en matière de travail et de protection de l'environnement et les valeurs canadiennes? Si ce n'est pas toujours le cas, le partenaire est-il sur la bonne voie à cet égard? Deuxièmement, l'économie du partenaire a-t-elle une importance stratégique pour le Canada? Troisièmement, les conditions prévues dans l'accord sont-elles satisfaisantes?
Les néo-démocrates évaluent aussi les accords commerciaux de manière exhaustive pour déterminer s'ils seront globalement avantageux pour le Canada. Nous estimons que l'accord de libre-échange avec la Corée répond à ces critères.
Je les examine un à un.
Premièrement, depuis que la Corée du Sud est passée d'un régime autoritaire à un régime civil, en 1987, elle a adopté la démocratie et le multipartisme. Elle compte un mouvement syndical actif et une société civile diversifiée. La liberté d'expression y est protégée. Qualifiée de tigre économique, la Corée du Sud a réussi son industrialisation rapide, et le peuple coréen a vu son confort et ses revenus augmenter.
Aujourd'hui, la Corée du Sud est un pays développé, qui se classe au 15e rang selon l'indice de développement humain. En Asie de l'Est, elle est en tête du classement. La Corée du Sud s'est dotée de programmes sociaux, et c'est un solide État de droit, où le degré de corruption est faible. La population a facilement accès à une éducation de qualité et son taux de participation aux études postsecondaires est le plus élevé de tous les pays de l'OCDE.
Au cours des dernières années, la Corée du Sud s'est affirmée en tant que chef de file mondial de l'économie verte. Elle a investi des milliards de dollars dans des stratégies ambitieuses de croissance durable qui visent à améliorer l'efficacité énergétique tout en accentuant le recours aux énergies renouvelables et aux technologies vertes.
Il ne fait aucun doute que la Corée du Sud est un pays démocratique qui possède des normes environnementales et des normes du travail admirables et qui partage d'importantes valeurs avec le Canada, y compris le respect des droits de la personne.
Deuxièmement, l'économie du partenaire envisagé a-t-elle une importance stratégique pour le Canada? La Corée du Sud est un pays du G20, et son PIB la place au 15e rang de ce groupe. En ce qui a trait à la valeur des importations, elle occupe le huitième rang. La Corée du Sud est le septième partenaire commercial du Canada quant à l'importance des échanges, et son troisième en Asie, après les deux économies plus importantes que sont la Chine et le Japon.
En 2013, les échanges commerciaux bilatéraux entre nos deux pays ont totalisé près de 11 milliards de dollars. Les exportations canadiennes vers la Corée du Sud se sont élevées à 3,4 milliards de dollars, tandis que les exportations de la Corée du Sud à destination du Canada se sont chiffrées à 7,3 milliards de dollars. En termes relatifs, les exportations du Canada en Corée du Sud ont la même valeur que ses exportations en France et en Allemagne. Nos importations en provenance de la Corée du Sud ont à peu près la même valeur relative que celles qui nous viennent du Royaume-Uni.
La Corée du Sud est également un maillon important de la chaîne d'approvisionnement asiatique et est une porte d'entrée vers les marchés d'autres pays d'Asie. Cet accord de libre-échange, le premier à être conclu par le Canada avec un pays asiatique, représente une excellente occasion de marquer des points dans la région du Pacifique et de diversifier les marchés d'exportation du Canada. Les modèles économiques prévoient que cette entente entraînera une hausse de 32 % des exportations canadiennes vers la Corée du Sud et fera gagner 1,7 milliard de dollars à notre économie.
En outre, l'économie du Canada et celle de la Corée du Sud sont pratiquement complémentaires, ce qui signifie que la plupart des industries canadiennes ne livrent pas une concurrence directe aux industries coréennes. Puisque la Corée est devenue un chef de file mondial de l'énergie renouvelable et des technologies vertes, et qu'elle a besoin de l'énergie et de la technologie énergétique canadienne en contrepartie, nous pouvons accroître nos échanges commerciaux dans ces secteurs importants et, surtout, bâtir le secteur canadien des technologies vertes.
Au Canada, l'accord commercial avec la Corée offre d'importantes retombées économiques à un large éventail de secteurs économiques de toutes les régions du pays. En fait, cet accord joue en faveur de presque tous les secteurs industriels du Canada.
Les secteurs qui appuient l'accord de libre-échange avec la Corée sont, notamment, le secteur manufacturier, l'industrie lourde, l'aérospatiale et les transports, la foresterie et les produits du bois, l'agriculture, les industries bovines et porcines, l'agroalimentaire et la transformation des aliments, l'énergie et les produits chimiques, les pêches et les fruits de mer, les services financiers et la haute technologie.
En somme, la Corée du Sud est un vaste marché qui offre aux entreprises canadiennes des possibilités considérables pour prendre pied sur d'importants marchés asiatiques.
Il est essentiel de souligner que les exportateurs canadiens ont perdu environ 30 % de leur part de marché en Corée du Sud depuis 2012, année où l'Union européenne et les États-Unis ont mis en oeuvre des accords et obtenu un accès préférentiel pour leurs entreprises. On estime que ces pertes atteignent, annuellement, plusieurs centaines de millions de dollars, et elles augmentent chaque année où les concurrents américains et européens jouissent d'avantages tarifaires et d'un accès accru au marché coréen.
Les industries de l'agroalimentaire, des poissons et fruits de mer et de l'aéronautique, en particulier, ont été lourdement touchées, des industries qui représentent des milliers d'emplois de qualité et souvent syndiqués qui permettent de subvenir aux besoins d'une famille. Ainsi, lorsque la Corée a signé des accords de libre-échange avec les États-Unis et l'Union européenne, les exportations canadiennes en aéronautique y ont chuté de 80 %, passant de 180 millions de dollars à environ 35 millions de dollars.
Yuen Pau Woo, ancien président et chef de la direction de la Fondation Asie Pacifique du Canada, est à mon avis l'un des principaux experts au pays pour tout ce qui concerne la région Asie-Pacifique. Selon lui, le Canada fait:
[...] piètre figure à côté de la plupart de nos concurrents parmi les pays industrialisés à cet égard, à tout le moins au G7 et à l'OCDE, ce qui [le] place en désavantage concurrentiel par rapport aux pays ayant déjà des accords commerciaux avec des partenaires asiatiques. Le meilleur exemple de ce désavantage est celui de la Corée, un pays avec qui nous sommes en négociations depuis presque neuf ans maintenant, comme vous le savez tous. Entretemps, nous avons été dépassés par les États-Unis et plus récemment, par l'Australie. Ces deux pays jouissent désormais d'une marge préférentielle, particulièrement dans le secteur culturel, ce qui place nos exportateurs en situation désavantageuse.
Les exportateurs canadiens doivent pouvoir faire concurrence sur un pied d'égalité en Asie et ainsi protéger les emplois qu'ils offrent ici même, au Canada. Sur ce plan, de l'avis des néo-démocrates, le présent accord est incontournable.
L'accord donnera en effet aux producteurs et aux exportateurs canadiens la possibilité d'intensifier leurs activités commerciales avec un pays moderne et démocratique doté d'une économie riche et complémentaire. Les producteurs canadiens pourront intégrer une variété de secteurs et ainsi accéder plus facilement à une plaque tournante de l'économie asiatique, à un maillon névralgique des chaînes d'approvisionnement mondiales qui ouvrira des débouchés à la fois en Corée et dans d'autres économies asiatiques.
Les exportateurs canadiens pourront enfin livrer concurrence à armes égales aux entreprises les plus florissantes du monde, permettant ainsi au Canada d'accroître sa présence en Asie et de diversifier sa structure commerciale au-delà des marchés nord-américain et européen. Pour le Canada, la Corée est incontestablement un partenaire économique stratégique de première importance.
Cela dit, les modalités de l'accord proposé sont-elles acceptables?
L'accord ne correspond pas exactement à celui qu'auraient négocié les néo-démocrates. En effet, il comprend une disposition sur le règlement des différends entre un investisseur et la partie contractante d'accueil, ce qui permettra aux entreprises d'intenter des poursuites lorsqu'elles estiment qu'une mesure gouvernementale déroge aux modalités de l'accord. Elles auront le droit pour ce faire de s'adresser non pas aux tribunaux nationaux, mais bien aux tribunaux du commerce internationaux, qui présentent des lacunes fondamentales au chapitre de l'impartialité judiciaire et de la primauté du droit.
Les néo-démocrates n'incluraient jamais de telles dispositions dans un accord commercial négocié par le Canada. Nous croyons que ce genre de dispositions sont trop risquées et sont inutiles lorsqu'on fait affaire avec des nations dotées d'un système judiciaire indépendant et efficace, comme c'est le cas au Canada et en Corée du Sud.
Il y a également des préoccupations légitimes et bien fondées concernant les effets de cet accord sur l'industrie canadienne de l'automobile. Des intervenants de l'industrie compétents comme Ford et Unifor, qui représente la plupart des travailleurs de l'automobile au Canada, ont tous deux fait valoir que cet accord réduira la production et la vente d'automobiles au pays, et que la Corée du Sud adopte des politiques visant à limiter l'accès à son marché intérieur.
Toutefois, nous estimons que, dans son ensemble, cet accord procure un avantage net pour le Canada. Il est avantageux pour la vaste majorité des secteurs d'exportation du Canada, et nous croyons que le gouvernement du Canada peut remédier à ses lacunes en adoptant des politiques efficaces.
En examinant les dispositions visant certains secteurs clés, on constate que cet accord est non seulement bon, mais essentiel pour l'agriculture et l'industrie agroalimentaire au Canada. L'industrie agroalimentaire représente 8 % de l'économie canadienne, et on estime que un emploi sur huit en dépend, soit plus de deux millions d'emplois.
Comme on l'a dit, le Canada a perdu des parts considérables du marché des exportations agricoles vers la Corée après la mise en oeuvre de l'accord conclu en 2012 entre la Corée et les États-Unis. Par exemple, les exportations de boeuf canadien vers la Corée du Sud ont chuté dramatiquement, passant de 96 millions de dollars en 2011 à 8 millions de dollars en 2013. Les exportateurs de porc du Canada sont passés du premier au quatrième rang sur le marché coréen. L'Australie, un des principaux concurrents du Canada dans bon nombre de secteurs agricoles, est prête à mettre en oeuvre l'accord qu'elle a elle-même conclu avec la Corée. De plus, c'est le 1er janvier 2015 qu'aura lieu la prochaine réduction tarifaire pour les produits des États-Unis et de l'Union européenne, ce qui aggravera davantage la situation pour les secteurs canadiens.
L'accord de libre-échange avec la Corée élimera progressivement 86,8 % des lignes tarifaires visant le secteur agricole et permettra aux exportateurs canadiens de soutenir la concurrence selon des règles équitables et de récupérer ces parts de marché. Il y a également des débouchés considérables pour les grains, les légumineuses et les huiles du Canada.
Du côté de l'aérospatiale, l'accord de libre-échange avec la Corée mènera à l'élimination graduelle des droits de douane sur les produits industriels. Il reçoit donc un accueil favorable dans les secteurs industriels du Canada, notamment chez Bombardier et d'autres membres de l'Association des industries aérospatiales.
Selon Jim Quick, président de l'Association des industries aérospatiales, la Corée du Sud constitue un marché important parce qu'elle se trouve à proximité d'autres économies d'envergure, dont le Japon, la Chine et la Malaisie. Selon M. Quick, les compagnies aériennes de l'Asie-Pacifique achèteront 37 % des avions produits dans le monde au cours des 20 prochaines années, c'est-à-dire 12 000 avions, d'une valeur totale de 1,9 billion de dollars. De plus, la région du Pacifique sera le point de départ ou d'arrivée de la moitié du trafic aérien.
L'infrastructure nécessaire au train léger et au transport en commun offre un potentiel de croissance tout aussi important. Les chefs de file canadiens d'envergure internationale tels que Bombardier considèrent qu'ils pourront profiter de ces occasions de croissance grâce aux possibilités considérables qu'offre la Corée du Sud.
L'accord avec la Corée pourrait aussi profiter aux producteurs de fruits de mer canadiens, qu'ils soient établis sur la côte Est ou Ouest. Comme l'accord entre la Corée et les États-Unis est en vigueur, les exportateurs de fruits de mer et de produits du poisson de la côte Ouest ne peuvent pas, à l'heure actuelle, soutenir la concurrence des entreprises de l'Alaska sur le marché coréen.
En effet, les droits de douane que la Corée impose actuellement aux exportateurs canadiens de fruits de mer et de produits du poisson peuvent atteindre 47 %. La plupart de ces droits de douane seront éliminés. Les producteurs de homard de la côte Est sont bien conscients des possibilités de croissance qu'offre le marché coréen.
Les entreprises de la foresterie et de la transformation du bois — dont les produits à valeur ajoutée comprennent notamment le papier journal, la pâte de bois et les panneaux de bois — contribuent plus de 20 milliards de dollars au PIB du Canada. Elles emploient plus de 230 000 Canadiens, en grande partie dans des emplois spécialisés et syndiqués. Les exportateurs canadiens sont pénalisés par les droits de douane de 10 % qu'impose la Corée aux produits du bois canadiens. L'accord favorisera donc la croissance des exportations de produits du bois à valeur ajoutée, contribuant du même coup à créer des emplois de qualité dans un secteur crucial pour l'économie canadienne, celui des produits à valeur ajoutée.
Tournons-nous maintenant vers l'énergie et les technologies vertes. De l'avis des néo-démocrates, les technologies durables et l'énergie renouvelable seront des industries de premier plan dans les années à venir. Ce secteur pourrait représenter 3 billions de dollars, selon les prévisions. Il est essentiel que le Canada soit prêt à profiter des possibilités économiques qui se présenteront et à répondre à cet impératif écologique. Comme on l'a dit, la Corée est en train de devenir un leader mondial en la matière. L'accord favorisera le commerce durable et les transferts de technologie, ce qui constitue l'une de ses grandes forces.
Pour l'industrie automobile canadienne, l'accord comporte des avantages et des inconvénients; il ne fait donc pas l'unanimité. General Motors, Chrysler, Toyota et Honda, qui ont toutes des usines au Canada, appuient l'accord. Par contre, Ford et Unifor, d'autres acteurs importants de l'industrie canadienne, ne l'appuient pas. L'accord de libre-échange avec la Corée éliminera graduellement, en trois ans, les droits douaniers de 6,1 % qu'impose le Canada aux produits automobiles importés de la Corée. En contrepartie, les droits de douane de 8 % qu'impose la Corée du Sud sur les produits automobiles seront complètement éliminés dès l'entrée en vigueur de l'accord.
Les dispositions sur les règles d'origine qui tiennent compte des produits intégrés canado-américains sans limites de volumes ainsi qu'un mécanisme de règlement accéléré des différends qui permet d'effectuer un suivi des obstacles non tarifaires constituent d'autres éléments positifs. Il sera ainsi possible de régler les différends liés à l'industrie automobile aussi rapidement, voire plus rapidement que dans le cadre de l'accord Corée—États-Unis et d'obtenir réparation pour des obstacles déloyaux aux exportations canadiennes d'automobiles en Corée. De plus, des mesures de protection transitoires ont été prises dans l'éventualité d'une forte augmentation des importations.
Des préoccupations légitimes ont toutefois été soulevées quant aux répercussions de l'accord sur l'industrie automobile au Canada. Ces préoccupations sont valables, étant donné que l'importation d'un plus grand nombre de véhicules coréens aura une certaine incidence sur les ventes d'automobiles produites ici. La Corée du Sud a en outre déjà été accusée de créer des obstacles non tarifaires qui restreignent l'accès à son marché.
L'accord fait également l'objet de critiques justes parce qu'il ne protège pas aussi bien les fabricants d'automobiles canadiens que l'accord Corée—États-Unis. Dans le cadre de l'accord Corée—États-Unis, les tarifs américains sont éliminés progressivement sur une période plus longue, soit cinq ans, et une disposition sur le retour au droit NPF permet aux États-Unis d'imposer des droits de douane si les importations et les exportations dépassent le plafond établi. Les conservateurs n'ont pas été en mesure d'obtenir de telles mesures de protection dans l'accord Canada-Corée.
Il ne fait aucun doute que le tarif canadien actuel de 6 % sur les automobiles produites en Corée est trop faible pour empêcher les automobiles d'entrer au pays. Les coûts de la main-d'oeuvre plus faibles en Corée et les économies liées à l'intégration verticale dépassent de beaucoup le tarif. En outre, les fabricants d'automobiles coréens alimentent le marché canadien à partir d'usines aux États-Unis, et d'autres usines ouvriront leurs portes au Mexique au cours des deux prochaines années, et l'on sait que les produits qui entrent au Canada en provenance de ces deux pays sont libres de droits de douane en raison de l'Accord de libre-échange nord-américain. En conséquence, de 40 % à 50 % des automobiles coréennes entrent déjà sur le marché canadien à partir des États-Unis, et ce, sans droits de douane. Le statu quo est manifestement insuffisant pour aider la production canadienne.
Il est clair que le secteur canadien de l'automobile doit soutenir une vive concurrence sur le marché mondial. Il est également clair qu'une aide accrue du gouvernement fédéral est nécessaire. En 2013, le Canada n'a pas réussi à obtenir un traître sou des 17,6 milliards de dollars d'investissements faits dans le domaine de l'automobile. Des concurrents comme la Chine, le Brésil et nos partenaires commerciaux en Amérique du Nord redoublent d'efforts en subventionnant jusqu'à 60 % des immobilisations nécessaires pour établir des usines automobiles.
Selon les néo-démocrates, il faut en faire davantage pour appuyer le secteur de la fabrication automobile au Canada, pour stimuler sa croissance et pour aider les marques nord-américaines à soutenir la concurrence mondiale.
Un gouvernement néo-démocrate privilégierait donc des stratégies pour renforcer le secteur canadien de l'automobile. Il adopterait entre autre des politiques qui encourageraient les fabricants coréens à ouvrir des installations de production au Canada; qui aideraient les fabricants canadiens à percer davantage les marchés de la Corée et du reste de l'Asie; qui surveilleraient de près les barrières non tarifaires et qui permettraient le règlement rapide et efficace des différends; qui alloueraient des ressources considérables aux bureaux commerciaux et qui encourageraient l'envoi fréquent de missions commerciales en Corée; et qui favoriseraient la collaboration entre le secteur et les syndicats afin de créer un fonds d'innovation efficace pour le secteur de l'automobile.
L'AECG et l'APIE entre le Canada et la Chine ont tous deux suscité énormément d'inquiétudes au Canada, inquiétudes que partagent les néo-démocrates.
Il importe néanmoins de signaler que l'accord avec la Corée diffère considérablement de ces deux accords. Contrairement à celles de l'APIE avec la Chine, les modalités de l'accord avec la Corée sont réciproques. Contrairement à l'AECG, l'accord avec la Corée ne s'applique ni à l'approvisionnement des secteurs provincial, territorial ou municipal, ni à celui des sociétés d'État, qui constituent la majeure partie du marché de l'approvisionnement au Canada. Contrairement à l'AECG, l'accord avec la Corée n'a aucune conséquence néfaste sur les produits agricoles soumis à la gestion de l'offre. Contrairement à l'AECG, l'accord avec la Corée ne contient aucune disposition nuisible relative à la propriété intellectuelle comme, par exemple, les brevets pharmaceutiques et le droit d'auteur.
En particulier, le professeur Michael Geist, expert en matière de propriété intellectuelle, s'est prononcé en faveur des modalités de l'accord avec la Corée, affirmant qu'il s'agit d'un bon accord à l'égard de ce domaine important. Bien que l'accord de libre-échange avec la Corée contienne des dispositions sur le règlement des différends opposant un investisseur et un État, il est également assorti de modalités garantissant la transparence, et il peut être entièrement annulé moyennant un préavis de six mois. En revanche, aux termes de l'APIE avec la Chine, le Canada est tenu de respecter pendant 31 ans les dispositions relatives au règlement des différends opposant un investisseur et un État, et aux termes de l'AECG, pendant 20 ans, semble-t-il.
Contrairement aux gouvernements conservateurs et libéraux, un gouvernement néo-démocrate inviterait toute une gamme d'intervenants canadiens, notamment l'industrie et les dirigeants syndicaux, à participer à la surveillance et à la mise en oeuvre de l'accord. Contrairement à ces deux partis, le Nouveau Parti démocratique s'emploierait avec diligence à éliminer les obstacles non tarifaires et à surveiller de près l'application des dispositions sur les relations investisseur-État. Contrairement aux gouvernements conservateurs et libéraux, un gouvernement néo-démocrate n'hésiterait pas à renégocier ou à résilier l'accord s'il n'accorde pas aux sociétés canadiennes un accès substantiel au marché ou si les dispositions relatives au règlement des différends opposant un investisseur et un État sont invoquées abusivement.
Plus que tout, les néo-démocrates veulent resserrer les liens commerciaux avec la région Asie-Pacifique, chose qu'ils considèrent comme essentielle pour maintenir la prospérité du Canada au XXIe siècle. Nous sommes pour l'élimination des barrières nuisibles au commerce, mais nous croyons aussi que le gouvernement doit fournir à l'industrie canadienne ce dont elle a besoin pour demeurer concurrentielle dans une économie mondiale plus ouverte. Nous sommes d'accord avec les voix aussi diversifiées que celles de la Chambre de commerce du Canada et du Congrès du travail du Canada, qui considèrent que le gouvernement ne doit pas se contenter de signer des accords commerciaux. Il doit aussi promouvoir les exportations canadiennes, développer des stratégies industrielles judicieuses au Canada, investir dans les services de délégués commerciaux et participer pleinement au sein d'entités régionales et internationales en tous genres.
L'accord commercial avec la Corée est une occasion cruciale de diversifier l'économie du Canada et de stimuler la création d'emplois de qualité au Canada. Il ne faut pas rater cette occasion.
Bien qu'un gouvernement néo-démocrate aurait négocié différemment certaines dispositions de l'accord, il reste que, dans l'ensemble, nous croyons que les Canadiens tireront d'importants avantages de l'accord commercial entre le Canada et la Corée. Par conséquent, nous appuierons le projet de loi.
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Monsieur le Président, je suis très heureuse, au nom du Parti libéral, d'appuyer cet accord. Nous voterons en sa faveur.
Le Canada est un pays commerçant. En tant que 11e économie en importance à l'échelle mondiale, le Canada doit se faire connaître de tous les intervenants de l'économie mondiale, et pour y arriver, il doit conclure des accords commerciaux.
Nous sommes également très heureux de pouvoir enfin dire qu'une entente a été conclue avec la Corée du Sud, une démocratie avant-gardiste qui offre de nombreuses possibilités. Nous avons hâte de faire des affaires avec ce pays remarquable.
Je parlerai d'abord de la position commerciale du Canada, de notre avis sur ce qui devrait être fait et sur ce qui cloche à nos yeux. Je parlerai ensuite de l'accord commercial qui nous occupe aujourd'hui, celui entre le Canada et la Corée du Sud.
Pourquoi le commerce revêt-il une si grande importance, et quelle est la position actuelle du Canada? Le commerce n'a jamais été aussi important qu'au XXIe siècle, autant pour le Canada que pour tout autre pays occidental développé. Nous vivons à l'ère de la mondialisation: les pays qui n'arriveront pas à établir des liens et à prendre leur place au sein de l'économie mondiale laisseront en quelque sorte tomber leurs concitoyens, puisqu'ils ne pourront pas fournir à la classe moyenne les types d'emplois et de salaires qui sont au coeur de l'approche des libéraux.
Les exportations représentent environ 30 % du PIB canadien, et un emploi sur cinq au pays dépend actuellement des exportations. C'est pourquoi il s'agit d'un enjeu extrêmement important et aussi pourquoi le Parti libéral appuie sans réserve le libre-échange et l'élargissement des liens commerciaux entre le Canada et le reste du monde.
Comme mon collègue de Winnipeg l'a déjà dit, il est toutefois très malheureux de constater que, à l'heure actuelle, le Canada prend du retard sur le plan commercial. Nous entendons beaucoup de beaux discours de la part des députés d'en face, mais, en réalité, nous éprouvons des difficultés dans le domaine du commerce, et c'est l'ensemble de la population canadienne qui en souffre.
Le Parti libéral croit qu'il faut écouter les entreprises et les gens qui bâtissent notre économie. C'est pourquoi un rapport publié cette année par la Chambre de commerce du Canada attire tant notre attention et nous inquiète au plus haut point. Le titre de ce rapport, « Un point tournant: Comment rétablir notre succès commercial sur les marchés étrangers », devrait suffire à inquiéter tout le monde. Ce titre est très éloquent. Auparavant, nous étions beaucoup plus efficaces que nous ne le sommes maintenant, alors que le reste du monde ne cesse de s'améliorer sur le plan commercial et au chapitre de la croissance axée sur les exportations.
C'est encore pire quand on prend connaissance du contenu du rapport. J'aimerais lire certains extraits du rapport, car il trace un portrait vraiment inquiétant de la situation commerciale actuelle du Canada. Voici ce que dit la Chambre de commerce du Canada:
[...] l’augmentation des exportations et des investissements extérieurs est lente depuis quelques années, et la diversification ciblant les économies émergentes est limitée.
La Chambre de commerce souligne que le retard commercial du Canada survient au moment même où le reste du monde connaît un regain d'énergie. Nous nous pencherons sur cet aspect lorsqu'il sera question des échanges commerciaux avec la Corée.
La Chambre de commerce présente quelques détails sur la situation actuelle. Voici ce qu'on peut lire dans son rapport:
Bien qu’un nombre croissant d’entreprises se tournent vers l’étranger, plusieurs mesures indiquent que le Canada est en retard sur les pays comparables. La valeur des exportations a augmenté lentement au cours de la dernière décennie [...] Cela malgré les prix beaucoup plus élevés que reçoivent les producteurs canadiens de produits énergétiques, minéraux et agricoles.
Voici maintenant où ça se corse. La Chambre de commerce ajoute ceci:
Tenant compte de ces facteurs, le volume des marchandises expédiées à l’étranger en 2012 était en fait de 5 % inférieur à ce qu’il était en 2000, malgré une hausse de 57 % des échanges à l’échelle mondiale.
Abstraction faite de la croissance du cours des produits de base, nous constatons que le commerce mondial a progressé de 57 % au cours de la dernière décennie et que le volume des échanges du Canada a reculé de 5 %. Nous entendons beaucoup de discours élogieux sur les résultats commerciaux. Les séances photo de signature d'accords commerciaux se multiplient, mais, en réalité, les chiffres indiquent que l'économie canadienne s'en tire moins bien dans le secteur des exportations, tout comme les chiffres auxquels mon collègue a fait allusion en parlant de la balance commerciale qui, d'excédentaire, est devenue déficitaire. Nous estimons que les exportations sont essentielles à la croissance et à la création d'emplois pour la classe moyenne. Les économistes abondent dans le même sens.
Nous avons ici un véritable problème. C'est un énorme problème pour le Canada et pour tous les Canadiens de la classe moyenne.
Parlons donc de la Corée. Comme je l'ai dit, le Parti libéral est heureux et fier d'appuyer un accord de libre-échange avec la Corée du Sud. Toutefois, le moment choisi nous dérange vraiment. Le problème est qu'il arrive trop tard. Ce retard cause des dommages réels et quantifiables à l'économie canadienne et aux exportateurs canadiens.
En disant sa fierté d'avoir obtenu cet accord, le ministre a dit, plus tôt aujourd'hui, comment cet accord allait « mettre les entreprises canadiennes sur un pied d'égalité sur le marché sud-coréen, où nos compétiteurs les plus féroces [...] profitent déjà d'un accès préférentiel [...] ». C'est malheureusement vrai, mais il n'y a pas de quoi être fiers. Nous devrions avoir honte et être affligés que nos concurrents les plus féroces profitent d'un accès préférentiel et qu'il nous ait fallu autant de temps pour conclure cet accord.
Les États-Unis ont déjà conclu un accord avec la Corée du Sud, qui a été ratifié par le Congrès américain en octobre 2011. Autant que je sache, le gouvernement canadien actuel était au pouvoir cette année-là. Cet accord est entré en vigueur en mars 2012. Là encore, le gouvernement actuel était au pouvoir. Nous n'avions pas encore conclu d'accord et cela a fait du tort aux exportateurs canadiens, qui ont été mis en position de faiblesse par rapport aux exportateurs américains.
Un accord avec l'Union européenne est provisoirement en vigueur depuis juillet 2011. Là encore, le gouvernement actuel était au pouvoir. Il a permis à un énorme bloc commercial de conclure un accord avec la Corée du Sud, ce qui a beaucoup nui aux exportateurs canadiens.
L'Australie est un plus petit pays que le Canada. On penserait qu'il aurait moins de poids; pourtant, il a déjà conclu un accord, en avril 2014.
Les torts subis par l’économie et les exportateurs du Canada sont très faciles à quantifier. Nos parts de marché ont diminué de 30 %. Le ministre lui-même a dit que nos plus féroces concurrents jouissaient déjà d’un accès privilégié. Ils en ont profité, ce qui a donné lieu à des pertes d’environ 1 milliard de dollars pour les exportateurs canadiens. Notre économie en pâtit sérieusement.
Même si nous allons voter avec plaisir et fierté pour cet accord, une question demeure: pourquoi n’a-t-il pas été conclu plus tôt, et comment le gouvernement a-t-il pu laisser le Canada perdre 1 milliard de dollars? Nous aurions pu donner un sérieux coup de barre à l’économie avec 1 milliard de dollars.
Le ministre a aussi dit à quel point il était fier de cet accord et a insisté sur son importance, puisqu’il permettra au Canada de se tailler une place en Asie. C’est de la poudre aux yeux. De notre côté, nous croyons qu’à l’heure actuelle, le Canada a tout avantage à percer les marchés émergents d’Asie qui croissent rapidement. Or, vu la manière lamentable dont se sont déroulées les négociations avec la Corée — car, je le rappelle, nous avons toujours été un pas derrière les États-Unis, l’Union européenne et l’Australie, nos pairs et nos concurrents —, nous pourrions rater une autre belle occasion pendant les pourparlers entourant le partenariat transpacifique, pourtant crucial. Même si ces pourparlers ont débuté en 2008, le Canada s’y est joint tardivement. À cette époque, les députés d’en face étaient au pouvoir, mais le Canada n’était pas à la table des négociations. Il ne s’est joint aux discussions qu'en juin 2012. Or, quand on arrive en retard quelque part, on est nécessairement désavantagé, puisqu’il faut accepter des règles qu’on n’a pas contribué à établir.
Le Parti libéral tient à rassurer les Canadiens ainsi que nos amis d’en face: nous allons suivre ces négociations de près afin de voir si le Canada y fait bonne figure. Des rumeurs circulent déjà dans toutes sortes de tribunes multilatérales comme quoi le Canada ne serait pas le plus collaboratif et le plus intéressant des partenaires. Nous allons donc suivre la situation de près.
Je tiens à assurer à nos partenaires dans les pourparlers sur le partenariat transpacifique, et aux Canadiens qui sont très impatients qu'il soit conclu, que si les députés d'en face n'arrivent pas à conclure cette entente au cours des 12 prochains mois environ, nous en ferons une priorité.
Il est également essentiel que nous concentrions nos efforts pour comprendre les autres marchés émergents que nous devons cibler. Nous aimerions que cet exercice soit fait de façon beaucoup plus efficace.
Nous sommes heureux d'appuyer sans réserve l'entente avec la Corée, mais ce qui est triste, c'est que nous ayons entamé les négociations et conclu l'accord tardivement, et que les entreprises canadiennes en aient souffert. Nos entreprises devront travailler très fort pour combler cet écart, cette perte, de 30 %. Elles accusent du retard.
Nous voulons nous assurer que cela ne se reproduira pas. Nous voudrions que le gouvernement s'emploie de façon beaucoup plus dynamique à conclure des accords commerciaux avec d'autres marchés émergents en pleine croissance, particulièrement en Afrique. C'est une partie du monde qui offre de grandes possibilités au Canada et aux entreprises canadiennes, et où des relations commerciales peuvent faire beaucoup de bien.
J'aimerais aussi que le gouvernement soit beaucoup plus actif dans un dossier où l'on entend beaucoup de belles paroles qui, malheureusement, ne correspondent pas toujours à des gestes concrets, à savoir nos relations avec l'Ukraine.
La plupart d'entre nous étaient fiers d'être présents à la Chambre quand le président Petro Porochenko s'est adressé à nous et qu'il nous a dit à quel point il était fier des liens qu'entretiennent le Canada et l'Ukraine. Il nous a aussi invités à conclure rapidement un accord de libre-échange avec son pays.
Encore une fois, malheureusement, le Canada tire de l'arrière. L'Europe a signé un accord commercial avec l'Ukraine mardi dernier. Nous nous plaisons à dire que le Canada est le meilleur ami de l'Ukraine, mais où en est-on dans ce dossier? Il est vraiment temps que nous passions à l'action. Le message demeure le même et les discours sont biens beaux, mais nous voulons vraiment voir des gestes concrets. Nous appuierons fermement le gouvernement et nous travaillerons avec lui pour conclure un accord avec l'Ukraine. Tous les partis appuieraient certainement cet accord, ce qui nous permettrait d'agir rapidement et de le conclure.
Nous sommes très heureux d'appuyer cet accord. Nous sommes d'avis qu'il est important de conclure un accord de libre-échange avec la Corée. Nous savons que le libre-échange est extrêmement important pour le Canada.
Nous aimerions que le gouvernement fasse un meilleur travail et se concentre réellement sur les résultats. C'est très important.
Nous avons déjà mentionné au cours du débat que nous sommes passés d'un excédent commercial à un déficit commercial. Ce n'est pas bon pour le secteur de l'exportation du Canada. C'est ce chiffre que nous devons examiner et sur lequel nous devons nous concentrer. Une bonne partie du problème est attribuable au fait que nous concluons ces accords commerciaux sur le tard.
Je tiens à rappeler à la Chambre que le Congrès des États-Unis a ratifié un accord commercial avec la Corée en octobre 2011 et que celui-ci est entré en vigueur en mars 2012.
L'accord conclu par l'Union européenne est entré en vigueur en juillet 2011.
Même l'Australie, un pays plus petit que le nôtre, a signé un accord en avril 2014.
Donc, il est merveilleux que nous puissions conclure un accord avec une puissance démocratique de l'Asie. C'est très bon pour nos exportateurs puisqu'ils ont maintenant accès à ces économies de l'Asie, qui jouent un rôle essentiel. Cela dit, il importe de souligner que même si nous appuyons cet accord, nous sommes d'avis qu'il aurait dû être conclu beaucoup plus tôt. Nos exportateurs ont subi les contrecoups du retard que nous avons accusé. Ils ont perdu 1 milliard de dollars. Ils ont perdu environ 30 % de leur marché, car comme le ministre lui-même l'a dit, nos concurrents les plus féroces profitent déjà d'un accès privilégié à ce marché.
Toutefois, mieux vaut tard que jamais. Nous sommes heureux d'appuyer cet accord. La Corée est déjà notre septième partenaire commercial en importance. Il s'agit d'un pays démocratique qui a beaucoup de technologies intéressantes à offrir. C'est une combinaison gagnante pour nous.
Plusieurs secteurs nous ont fait part de leur enthousiasme à l'égard de cet accord, notamment le secteur de la production agricole, l'industrie aérospatiale et l'industrie des spiritueux. Nous espérons que grâce à cet accord, les exportateurs canadiens pourront récupérer une partie des sommes qu'ils ont perdues parce que leurs concurrents ont profité d'un accès privilégié à ce marché.
Nous les appuierons dans leurs efforts en ce sens. Nous sommes heureux de pouvoir enfin conclure un accord qui leur donnera cette possibilité.
Cela dit, je le répète, même si nous appuyons cet accord, nous ne devons pas perdre de vue qu'il a fallu beaucoup de temps pour en arriver où nous en sommes aujourd'hui et qu'à l'avenir, il est essentiel que le Canada ne soit pas à la remorque des États-Unis, de l'Union européenne et de l'Australie lorsqu'il est question d'accords commerciaux avec des marchés émergents.
Le Canada doit absolument être en tête de peloton. C'est en arrivant premier à la table qu'on obtient l'entente la plus avantageuse à la fois pour le pays et pour ses entreprises. En effet, il peut être ardu de déloger un concurrent déjà établi qui jouit déjà d'un accès préférentiel puisque son gouvernement a été plus vigilant.
En ce qui concerne le partenariat transpacifique, le Canada doit absolument cesser de faire bande à part et laisser tomber l'attitude individualiste et les manoeuvres d'intimidation qui le caractérisent depuis un certain temps au sein des organisations multilatérales. Il s'agit d'une entente capitale. Comme on l'a abondamment répété aujourd'hui, le Canada espère que l'accord avec la Corée facilitera l'accès aux marchés asiatiques et que le partenariat transpacifique sera alors le nerf de la guerre. Il s'agit d'une étape incontournable pour accéder aux marchés asiatiques.
Nous reconnaissons que certains éléments d'un accord commercial doivent se négocier à huis clos. Nous le comprenons. Il s'agit de négociations très délicates, surtout en ce qui concerne le partenariat transpacifique étant donné le grand nombre de parties en cause. Néanmoins, il ne faut pas oublier que lorsque nous avons commencé à participer aux négociations, nous étions désavantagés car, hormis le Mexique, tous les autres pays négociaient depuis 2008. Nous ne sommes arrivés qu'en 2012. Nous avons été contraints d'accepter les modalités qui avaient déjà été convenues.
Il est important de respecter les règles du jeu, de participer et d'être perçus comme des partenaires à part entière. Pour un matamore, il est peut-être tentant et réjouissant de tenir des paroles dures et d'agir en fier-à-bras à la Chambre. Il reste que notre économie se classe seulement au 11e rang mondial et que, lorsqu'il est question de négociations commerciales, il faut coopérer et gagner la confiance de nos partenaires. Je presse les députés de l'autre côté de la Chambre d'adopter une telle approche — oserai-je l'appeler une approche « libérale » au sens large? — lorsqu'ils s'assoiront à la table des négociations entourant le partenariat transpacifique. C'est vraiment essentiel pour l'économie d'exportation du Canada. Si les conservateurs souhaitent recevoir des conseils à cet égard, qu'ils nous fassent signe.
Bref, nous appuyons l'accord. La Corée du Sud est une puissance économique. C'est aussi une démocratie. Pour les entreprises canadiennes, c'est un excellent endroit où faire des affaires. Nous trouvons regrettable d'avoir perdu 30 % de notre part du marché en raison de la lenteur des négociations de l'accord. Nous sommes toutefois certains que la Chambre l'appuiera et que les entreprises canadiennes sont assez solides pour rebondir.
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Monsieur le Président, il me fait grandement plaisir de me lever à la Chambre pour parler du projet de loi . Je vais partager mon temps de parole avec l'honorable député de .
Il me fait grandement plaisir d'intervenir sur ce projet de loi, surtout parce que je suis membre du Comité permanent du commerce international. J'ai eu l'occasion de travailler avec le député de , notre porte-parole en matière de commerce international, qui a fait un travail important dans ce dossier. Il a bien consulté les intervenants et il a fait un travail excellent sur le projet de loi .
Le NPD emploie trois critères pour évaluer les accords de libre-échange, et ce, sur une base individuelle. Nous faisons donc nos devoirs sur chaque accord de libre-échange. Le premier critère est le respect de la démocratie, des droits de la personne et des normes environnementales. Les accords de libre-échange doivent être négociés avec des pays qui ont des normes élevées en ce qui concerne ces trois aspects ou qui sont en voie d'atteindre ces objectifs.
Le deuxième critère utilisé pour l'étude de ces accords de libre-échange concerne l'économie du partenaire d'échange. Est-ce que l'économie du partenaire proposé revêt une valeur importante ou stratégique pour le Canada? En troisième lieu, les modalités de l'accord proposé doivent être satisfaisantes.
Il est important pour le NPD de lire les accords de libre-échange avant de prendre position sur ceux-ci, contrairement au Parti libéral, qui est prêt à appuyer tout accord de libre-échange sans même l'avoir lu. Ayant étudié l'accord de libre-échange avec la Corée du Sud, on est fiers d'appuyer le projet de loi , parce que nous avons vu que cet accord de libre-échange répond positivement à ces trois critères. C'est un pays démocratique avec des normes environnementales très élevées et qui a une valeur stratégique très importante pour le Canada.
Je vais parler du profil de la Corée du Sud et de notre relation commerciale avec ce pays. La Corée du Sud est un leader mondial en matière de politique environnementale. Au cours des dernières années, elle a investi des milliards de dollars dans une ambitieuse stratégie de croissance verte qui vise à accroître l'efficacité énergétique et à stimuler les technologies renouvelables et vertes. Le gouvernement conservateur pourrait peut-être suivre l'exemple de ce pays innovateur.
Par ailleurs, la Corée du Sud respecte manifestement des normes élevées en matière d'environnement et de main-d'oeuvre, et partage les valeurs canadiennes que sont les droits de la personne et la démocratie. Comme la Corée du Sud est devenue un chef de file à l'échelle mondiale au chapitre de l'énergie renouvelable et des technologies vertes, le Canada peut profiter de cette entente de libre-échange pour intensifier ses échanges dans ces secteurs importants.
La Corée du Sud est le septième plus important partenaire commercial du Canada. C'est le troisième en Asie après les plus importantes économies, la Chine et le Japon. Les entreprises dans ma circonscription de Rivière-des-Mille-Îles vont également appuyer une relation de libre-échange plus poussée avec la Corée du Sud.
En 2013, les exportations canadiennes vers la Corée du Sud ont totalisé 3,4 milliards de dollars, tandis que les exportations coréennes vers le Canada ont atteint 7,3 milliards de dollars.
J'aimerais parler un peu de ma circonscription et des secteurs économiques qui sont essentiels pour l'économie de Rivière-des-Mille-Îles, comté situé dans les Basses-Laurentides. Comme on le sait, cette circonscription compte plusieurs petites et moyennes entreprises de calibre mondial dans l'industrie de l'aérospatiale. Je peux notamment citer Patt Technologies et Metcor, dans la ville de Saint-Eustache, ainsi que DCM Aéronautique et Aéronautique TMH Canada, de Boisbriand. Je suis fière de dire que, dans ma circonscription, 20 entreprises et 4 000 employés oeuvrent dans le domaine de l'aérospatiale.
Je suis donc heureuse d'accueillir les mesures de cet accord de libre-échange qui vont encourager ce secteur si important pour la région de Montréal. L'Accord de libre-échange Canada-Corée améliore les possibilités d'accès au marché du secteur de l'aérospatiale. En fait, dès l'entrée en vigueur de l'accord, la totalité des lignes tarifaires sera exempte de droits de douane. Les droits actuels peuvent atteindre 8 %. Donc c'est une très bonne nouvelle pour le secteur aérospatial.
Je me permettrai de citer un intervenant de ce secteur économique. Il s'agit de Jim Quick, le président et chef de direction de l'Association des industries aérospatiales du Canada:
Notre industrie est tributaire des exportations et de l’accès aux marchés internationaux pour demeurer concurrentielle et continuer de créer des emplois et des revenus ici au pays. Cet accord est essentiel pour rétablir des règles du jeu équitables pour les entreprises canadiennes sur le marché sud-coréen, et d’autant plus important compte tenu de la croissance considérable que connaîtra l’industrie aérospatiale dans la région de l’Asie-Pacifique au cours des prochaines années.
Comme on peut le voir, les gains pour ce secteur important pour notre économie ont été bien étudiés, et j'appuie les mesures qui se trouvent dans cet accord de libre-échange.
Un autre secteur peut aussi profiter de cet accord de libre-échange, et c'est celui des vins et spiritueux. Je le dis à tous les gens visitent ma belle circonscription, Rivière-des-Mille-Îles, nous avons les plus grands vignobles de vin rouge au Québec et je suis très fière de le dire. Dans l'Accord de libre-échange Canada-Corée, les droits de douane sur le vin de glace, qui atteignent actuellement 15 %, seront supprimés. Cela ne peut qu'être une bonne nouvelle pour les vignobles du Québec.
Comme il ne me reste pas beaucoup de temps pour mon discours, j'aimerais parler brièvement de la partie de cet accord de libre-échange qui porte sur les règlements des différends opposant un investisseur et un État. Je vais mettre un bémol à l'appui du NPD à ce projet de loi, mais un gouvernement néo-démocrate n'aurait pas inclus un tel mécanisme de règlement dans un accord de libre-échange avec la Corée. On voit que les deux pays, le Canada et la Corée, sont des pays démocratiques avec des systèmes de justice forts. Il faut noter que le principal parti de l'opposition de la Corée s'oppose également à ce mécanisme. Un gouvernement néo-démocrate négocierait avec la Corée du Sud pour éliminer cette partie de l'entente.
Heureusement, contrairement à l'accord d'investissement entre le Canada et la Chine, cet accord ne lie pas le gouvernement pour une période de 31 ans et peut être négocié ou annulé au bout de six mois. C'est une bonne nouvelle.
J'attends les questions de mes honorables collègues à ce sujet. Je souligne encore une fois mon appui au projet de loi .
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Monsieur le Président, à l'instar de mes collègues, je suis très heureux de prendre la parole à la Chambre au sujet du projet de loi , Loi portant mise en œuvre de l'Accord de libre-échange entre le Canada et la République de Corée.
Je tiens tout d'abord à souligner à quel point je suis content et fier de mon collègue, notre porte-parole en matière de commerce, le député de . Cela fait maintenant deux ans qu'il travaille à ce dossier, et il fait de l'excellent travail pour faire avancer la vision du Nouveau Parti démocratique en matière de commerce.
Le député a analysé tous les accords rendus publics, lesquels sont peu nombreux et peu fréquents, quel que soit l'angle sous lequel on examine la question. Le député fait de l'excellent travail, non seulement pour ce qui est d'examiner et d'analyser chaque détail que nous apprenons, mais aussi pour ce qui est de consulter les intervenants d'un bout à l'autre du pays et partout dans le monde afin d'éclairer l'élaboration de notre politique.
Les néo-démocrates sont partisans d'une politique commerciale stratégique où l'on reprendrait les négociations multilatérales en vue de signer des accords de libre-échange tant avec des pays développés qui appliquent des normes élevées qu'avec des pays en développement progressistes, tels que le Japon, l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud.
Les modalités exactes de l'accord ne correspondent peut-être pas à ce que nous aurions négocié, mais on peut dire sans se tromper que, étonnamment, ce n'est pas un si mauvais accord. Nous avons quelques préoccupations, mais son appui est tout de même justifié.
À la différence de l'Accord sur la promotion et la protection des investissements étrangers entre le Canada et la Chine, celui-ci ne lie pas les mains du gouvernement pendant 31 ans. Il ne ressemble pas non plus à l'accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne, dans le cadre duquel le mécanisme de règlement des différends entre les investisseurs et l'État continuerait de s'appliquer pendant 20 ans après l'annulation de l'accord. Aux termes de l'accord de libre-échange avec la Corée, ce mécanisme peut être complètement annulé après un délai de 6 mois.
Il est essentiel que les députés, plus particulièrement les députés libéraux, comprennent l'importance de veiller à ce que les responsables des négociations réfléchissent au moment de négocier un accord et qu'ils comprennent la teneur de cet accord.
Comme je l'ai indiqué au début, nous appuyons bien évidemment le commerce, mais nous devons l'envisager de manière responsable. Nous devons adopter une approche sensée, comme le ferait tout gouvernement démocratique, afin de servir au mieux les intérêts des habitants de notre pays. Nous devons par exemple veiller à ne pas conclure un accord qui lierait les mains de gouvernements infranationaux, comme le font les dispositions relatives aux mécanismes de règlement des différends entre les investisseurs et l'État.
Il faut comprendre que le Canada est une démocratie, qu'il respecte les principes démocratiques et qu'il n'y renoncera pas. Nous n'allons pas abandonner le droit qu'ont les citoyens et les gouvernements de prendre des décisions concernant les achats qu'ils font et les questions définies par la voie démocratique. Nous n'allons pas céder ces droits aux entreprises d'ici ou d'ailleurs.
Que voulons-nous? Les néo-démocrates veulent approfondir les liens économiques du Canada avec la région de l'Asie-Pacifique, ce qui, pour nous, est essentiel pour que le Canada demeure prospère au cours du XXIe siècle.
Nous voulons par exemple que le gouvernement soutienne davantage le secteur de l'automobile. Nous savons que les conséquences de la réduction tarifaire de 6,5 % sur le secteur de l'automobile suscite des inquiétudes. Il faut reconnaître que des pressions internationales s'exercent de plus en plus sur ce secteur en raison de la concurrence. Le gouvernement devrait donc être très actif dans ce secteur, qui fournit beaucoup de bons emplois permettant de faire vivre une famille, et veiller à lui offrir le soutien nécessaire à sa vitalité et à son dynamisme.
Nous sommes favorables à l'élimination des barrières commerciales, mais nous estimons que le gouvernement devrait fournir aux industries canadiennes l'aide dont elles ont besoin pour demeurer concurrentielles dans un monde de plus en plus ouvert. Nous sommes d'accord avec les organismes et les personnes qui disent que les gouvernements ne devraient pas se contenter de conclure des accords commerciaux. Ceux-ci devraient plutôt favoriser les exportations du Canada, attirer les investissements et aider les firmes canadiennes à pénétrer le marché sud-coréen et d'autres marchés asiatiques.
Enfin, nous voulons une stratégie commerciale qui permettrait, comme je l'ai dit tout à l'heure, de mener des négociations multilatérales et de conclure des accords commerciaux avec des pays développés qui appliquent des normes élevées ainsi qu'avec des pays en développement progressistes.
Que doit-on alors penser de l'accord à l'étude?
Comme l'a expliqué mon collègue, le porte-parole du NPD en matière de commerce, trois principaux critères nous servent à évaluer les accords commerciaux.
Premièrement, le partenaire envisagé respecte-t-il les principes démocratiques, les droits de la personne et les valeurs canadiennes et s'est-il doté de normes acceptables en matière d'environnement et de travail? Je dirais que la Corée du Sud fait tout cela.
Depuis que la Corée du Sud s'est libérée de la dictature, en 1987, elle est devenue une démocratie multipartite florissante, avec un mouvement syndical dynamique, des salaires relativement élevés, une société civile diversifiée et une liberté d'expression. D'ailleurs, au cours des dernières années, nous avons pu apprendre beaucoup d'un pays comme la Corée du Sud. Elle a investi des milliards de dollars dans une ambitieuse stratégie de développement écologique visant à améliorer l'efficacité énergétique et à développer des technologies liés aux énergies renouvelables et vertes. Il est clair que ce pays maintient des normes rigoureuses en matière d'environnement et de conditions de travail, et qu'il partage nos valeurs concernant les droits de la personne et la démocratie.
Deuxièmement, pour ce qui est de dire si le projet de partenariat économique présente un avantage stratégique pour le Canada, à cet égard, je dirais là aussi que la Corée du Sud satisfait au critère.
La Corée du Sud se classe au septième rang parmi les plus importants partenaires commerciaux du Canada, et au troisième rang parmi ses partenaires asiatiques, après les deux plus grandes économies, soit la Chine et le Japon. En 2013, la valeur des exportations canadiennes vers la Corée du Sud a atteint 3,4 milliards de dollars, tandis que la valeur des exportations coréennes vers le Canada s'est chiffrée à 7,3 milliards de dollars. La valeur de nos exportations vers la Corée du Sud équivaut à celle de nos exportations vers la France et l'Allemagne, et la valeur de nos importations en provenance de ce pays est équivalent à celle des importations provenant du Royaume-Uni. Il s'agit du premier accord commercial conclu par le Canada avec un pays asiatique, et il nous permet d'accéder aux marchés de la région du Pacifique, ce qui est extrêmement important.
Troisièmement, pour ce qui est de dire si les dispositions de l'accord proposé sont satisfaisantes, encore une fois, dans le cas qui nous occupe, je dirais qu'elles le sont.
En ce qui concerne les emplois, l'accord établira des règles équitables pour les entreprises et les travailleurs canadiens qui exportent vers la Corée du Sud.
L'accord de libre-échange est essentiel pour le secteur de l'agriculture. Par suite de la mise en oeuvre de l'accord de libre-échange entre la Coré et les États-Unis, la part de marché des exportations agricoles canadiennes vers la Corée a diminué.
Les manufacturiers du secteur aérospatial, notamment Bombardier, ainsi que les associations de l'industrie aérospatiale appuient la mise en oeuvre d'un accord de libre-échange avec la Corée. L'accord éliminera progressivement les droits de douane sur les produits industriels, avec, à la clé, un chiffre d'affaires estimé de 1,9 billion de dollars pour ce secteur de l'économie.
Les exportations canadiennes de fruits de mer vers la Corée sont actuellement frappées d'un droit de douane de 47 %. Ce dernier sera éliminé. Cela change considérablement la donne pour les exportateurs de fruits de mer de ma collectivité, sur la côte Est, et pour ceux de la côte Ouest.
Les droits de douane sur les produits de la forêt et du bois seront également éliminés. C'est un bon accord.
J'ai toutefois mentionné que cet accord pourrait avoir une incidence sur le secteur de l'automobile, ce qui suscite des préoccupations. Nous demandons au gouvernement de tenir compte de ces préoccupations d'ailleurs tout à fait légitimes. Nous voulons que le gouvernement fédéral en fasse davantage pour appuyer l'industrie automobile au Canada.
Nous proposerons des mesures solides et efficaces pour renforcer le secteur canadien de l'automobile. De telles mesures s'imposent et je demande aux députés de les appuyer.
Nous avons analysé cet accord commercial de manière rationnelle et nous y donnons notre aval.