La Chambre reprend l'étude, interrompue le 3 juin, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
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Monsieur le Président, c'est un honneur d'intervenir au sujet du projet de loi , appelé la Loi de Quanto.
Je sais que le projet de loi s'intéresse principalement aux animaux d'assistance policière, ce qui est tout à fait approprié étant donné le risque accru auquel ces animaux sont confrontés lorsqu'ils aident les agents de police et autres agents d'application de la loi dans la lutte contre la criminalité. Ils méritent notre respect et l'excellente protection que propose le projet de loi.
Tâchons de ne pas oublier, cependant, que le projet de loi améliorerait également la protection des animaux d'assistance. Ces animaux sont dressés pour venir en aide aux personnes handicapées en effectuant diverses tâches. Les animaux d'assistance ne sont pas considérés comme des animaux de compagnie. La plupart d'entre eux sont des chiens — la plupart d'entre nous connaissons bien le rôle des chiens-guides dans la vie des personnes aveugles, qui ont une vision partielle ou qui veulent avoir une plus grande mobilité afin d'être plus libres et indépendantes.
La socialisation et le dressage des chiens d'assistance commencent très tôt. Des familles d'accueil donnent des cours d'obéissance de base aux chiots, leur apprennent à bien se comporter à l'intérieur et les habituent à divers environnements. Les chiots se familiarisent ainsi à diverses situations, expériences et personnes. Ce sont des compétences qu'utiliseront à bon escient ces chiens lorsqu'ils auront à venir en aide à une personne handicapée à l'avenir.
Les chiens d'assistance viennent traditionnellement en aide aux personnes handicapées — notamment celles atteintes de cécité et, plus récemment, de surdité ou d'incapacité motrice — mais ils aident aussi des personnes atteintes de toutes sortes de handicaps, y compris les déficiences psychiatriques. Un chien d'assistance psychiatrique est dressé afin d'aider les personnes atteintes de déficiences psychiatriques, comme le stress post-traumatique ou la schizophrénie.
Comme tous les chiens d'assistance, les chiens d'assistance psychiatrique apprennent à effectuer des tâches particulières de manière à pallier le handicap de leur maître. Les chiens qui sont dressés pour pallier une incapacité psychiatrique apprennent, entre autres, à évaluer l'environnement en cas de paranoïa et d'hallucinations; à détecter certains comportements afin d'interrompre ceux qui sont répétitifs et autodestructeurs; à rappeler à leur maître de prendre ses médicaments; à récupérer des objets; à guider leur maître dans des situations difficiles; et à lui servir d'appui s'il souffre d'étourdissements.
Je remarque que selon la définition établie dans le projet de loi, tout animal d'assistance doit faire l'objet d'un certificat attestant qu'il a été dressé par un organisme professionnel de dressage des animaux d'assistance pour aider une personne ayant une déficience. Cet aspect du projet de loi est conforme à la Partie VII du Règlement sur les transports aériens.
Pour donner suite aux préoccupations liées à la façon de rendre le transport aérien le plus accessible possible pour les passagers handicapés, tout en respectant à la fois les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des autres passagers et des membres d'équipage, en vertu de la partie VII du Règlement sur les transports aériens, les transporteurs aériens qui effectuent des vols intérieurs et qui utilisent des aéronefs d'une capacité de 30 sièges passagers ou plus sont tenus d'accepter la présence à bord des animaux d'assistance qui accompagnent des personnes handicapées. L'animal doit porter un harnais convenable et conforme aux normes d'un organisme de dressage des animaux d'assistance.
Cependant, conformément au Règlement sur les transports aériens, un certificat doit attester que l'animal a été dressé par un organisme professionnel de dressage des animaux d'assistance.
L'approche du projet de loi est semblable, et un certificat est exigé pour l'animal. Par exemple, l'organisme Chiens-guides canadiens pour aveugles remet des cartes d'identité certifiant que le passager handicapé ainsi que le chien ont tous les deux terminé la formation dispensée par l'organisme.
La plupart des organismes de dressage d'animaux d'assistance fournissent une carte d'identité, mais certains peuvent remettre un certificat, une licence, des papiers d'identification ou une lettre confirmant que l'animal a terminé le dressage.
Air Canada accepte qu'un animal certifié et dressé par des professionnels et qui aide un client handicapé voyage gratuitement dans la cabine passagers aux pieds de son maître. L'animal doit porter un harnais. Il faut également présenter un certificat pour prouver qu'il a été dressé par un organisme professionnel de dressage.
La politique d'Air Transat est semblable. Lorsqu'un certificat et que la documentation nécessaires sont présentés et qu'ils voyagent avec une personne handicapée, les chiens d'assistance sont les bienvenus dans la cabine passagers de ses aéronefs.
Il est tout à fait approprié que l'on exige un certificat.
Le certificat laisse supposer que l'animal a été dressé dans un centre de dressage autorisé selon les normes établies. Par exemple, en Colombie-Britannique, pour obtenir un certificat d'animal-guide — les chiens ne sont pas les seuls animaux qui peuvent être certifiés... Le chien-guide, ou le chien d'assistance, doit avoir été dressé par un centre de dressage approuvé par le ministère de la Justice de la Colombie-Britannique. Les chiens certifiés par Assistance Dogs International ou par l'International Guide Dog Federation sont également acceptés. Le ministère de la Justice britanno-colombien a aussi approuvé d'autres écoles dans lesquelles les mêmes normes sont suivies. Une fois que l'animal a réussi le programme, l'école remet un certificat.
Une fois qu'un chien d'assistance fait l'objet d'un certificat, une personne handicapée qui est accompagnée de ce chien a les mêmes droits, privilèges et obligations qu'une personne qui n'est pas accompagnée d'un chien. Plus précisément, cette personne peut entrer dans n'importe quel immeuble, moyen de transport en commun, restaurant, hôtel ou autre endroit ouvert au public et se prévaloir des services qui y sont offerts.
Le projet de loi exigerait que le rôle particulier joué par les animaux d'assistance policière, les animaux d'assistance militaire et les animaux d'assistance soit reconnu comme tel en droit criminel.
J'aimerais poursuivre en parlant d'un aspect que je connais bien, en l'occurrence les chiens que nous avons vus ici, dans cette enceinte, hier, les chiens d'assistance qui sont utilisés par la GRC, la Police provinciale de l'Ontario et le Service de police d'Ottawa. Ce sont surtout à ces chiens que nous pensons lorsque nous entendons parler d'événements de ce type. J'aimerais parler plus particulièrement des chiens d'assistance de la GRC, car ce sont ceux que je connais le mieux.
Le programme des chiens d'assistance de la GRC a été créé en 1935 par le commissaire MacBrien. Ce dernier savait que ces chiens étaient utilisés à titre bénévole depuis 1908 et qu'ils pourraient être extrêmement utiles aux policiers. En 1937, il a donc créé une école visant à former les policiers de la GRC pour qu'ils puissent travailler avec ces chiens. En 1940, la GRC a remporté la première cause au Canada découlant de recherches ayant été effectuées avec des chiens d'assistance.
Très rapidement, d'autres programmes de chiens d'assistance ont été créés au pays, notamment par d'autres corps policiers, en tenant compte de l'exemple de la GRC. Ils sont devenus indispensables.
En 1965, le programme des chiens d'assistance de la GRC a été déménagé de Calgary à Innisfail, en Alberta, où il est encore offert à l'heure actuelle. Tous les chiens d'assistance de la GRC sont formés à Innisfail. Ce programme est dirigé par un officier responsable, dix sous-officiers et six employés civils.
Comme nous l'avons constaté hier dans cette enceinte, les chiens d'assistance policière peuvent être utilisés à bien des fins, qu'il s'agisse de trouver des personnes disparues, de suivre des gens, de trouver des narcotiques ou des explosifs ou de chercher des preuves sur une scène de crime. Ils peuvent trouver des preuves qui ont été abandonnées par une personne soupçonnée par les policiers d'avoir commis un acte criminel. Ces chiens sont aussi utilisés pour protéger des personnes importantes. Ainsi, sur la Colline, nous voyons des chiens d'assistance policière lorsqu'une personne importante rend visite au . Ces chiens sont utilisés pour le contrôle des foules et lors des prises d'otage, mais plus important encore, comme je l'ai mentionné, on les a beaucoup utilisés hier. Nous ne les avons peut-être pas vus, mais ils étaient ici. Nous devons adopter rapidement le projet de loi , notamment à cause du rôle joué par ces chiens.
Je tiens à rappeler à la Chambre quelques incidents dont ont été victimes des chiens de police au Canada. Je remonterai loin dans le temps pour que les députés puissent comprendre où nous en sommes aujourd'hui.
Le 25 mai 1965, un chien de police a été tué pour la première fois au Canada. Cindy était affectée à Crescent Valley, en Colombie-Britannique. Un homme s'était barricadé, et Cindy et son maître ont été appelés à intervenir. La chienne a essayé de maîtriser l'individu, mais elle a été poignardée à mort. En attaquant l'homme de la sorte, Cindy a sauvé deux vies: celle de son maître et celle d'un autre enquêteur.
Le 18 décembre 1967, un chien du service de police de Vancouver, Valiant, a été tué pendant qu'il essayait d'appréhender un criminel en fuite qui avait été emprisonné pour meurtre. Valiant a été envoyé sur le terrain, il a trouvé le suspect qui se cachait sous un lit et il a été atteint par balle. Le chien a continué à surveiller le suspect jusqu'à ce dernier soit placé en détention.
Dans le cadre du débat sur le projet de loi et sur les mesures concernant les chiens de police blessés en service que nous souhaitons faire adopter, il faut garder à l'esprit que ces chiens sont implacables: ils protègent coûte que coûte leur maître et toute personne qu'ils doivent protéger.
Un autre chien de police a été tué en service le 31 août 1975. Il s'agissait de Cloud II, un chien de la Police provinciale de l'Ontario. Le chien cherchait lui aussi quelqu'un soupçonné de meurtre. Il a trouvé la trace du suspect et l'a appréhendé, mais l'individu avait une arme à feu et il a tiré sur le chien de police.
Voici ce qui importe de savoir au sujet du projet de loi . Dans cette dernière affaire, aucune accusation n'a été portée contre la personne pour avoir tué le chien, absolument aucune. Cette mesure législative est importante parce qu'elle reconnaît que ces chiens sont différents de ceux que les gens gardent à la maison. Ces chiens jouent un rôle dans la société, ils nous protègent. Ils comprennent qu'ils doivent parfois faire des choses qu'il nous serait impossible de faire. Nous avons beaucoup de difficultés à pister quelqu'un et à faire bien d'autres choses que les chiens sont capables de faire.
Le 11 mai 1976, on a tiré sur un chien de la police de Vancouver, Justin. Le chien avait appréhendé le suspect, mais il a par la suite été poignardé à plusieurs reprises. Le chien a continué de tenir le suspect jusqu'à ce que son maître et d'autres enquêteurs mettent la main au collet du suspect. Le chien est décédé quelques minutes plus tard.
Cela démontre encore une fois l'importance du projet de loi en vue de reconnaître la valeur inestimable de ces chiens. La GRC a accueilli ses premiers chiens il y a environ 80 ans, et d’autres services de police avaient déjà fait de même plusieurs années auparavant. Nous reconnaissons la contribution importante et inestimable de ces chiens non seulement dans le travail des policiers, mais aussi dans la vie d'autres Canadiens au pays dans d'autres circonstances.
Le chien suivant a été abattu à Chilliwack le 13 septembre 1993. C'était encore une fois dans le cadre d'une chasse à l'homme. L'individu s'était réfugié dans les bois après avoir volé de l'essence et avoir refusé de s’immobiliser à la demande de policiers. Le chien a suivi l’odeur du suspect dans les bois. Il a été en mesure d’attraper le suspect, mais il a malheureusement été poignardé plusieurs fois.
Comme je l'ai déjà mentionné à maintes reprises, le chien oriente les forces de l'ordre dans ces types d'enquête. Les maîtres-chiens ont une confiance absolue en leurs chiens, et c'est réciproque. Le projet de loi reconnaît cette importance.
Le prochain chien policier qui a été tué dans l'exercice de ses fonctions s'appelait Caesar, du service de police de la ville d’Edmonton; c'était le 23 juin 1998. Il y a eu un affrontement armé, et le chien a été utilisé pour attaquer l'assaillant. Le chien a été tiré à bout portant et est mort presque immédiatement. Néanmoins, ce sacrifice a donné suffisamment de temps aux forces de l'ordre pour arrêter le suspect, et aucun autre policier n’a été blessé.
Un autre chien a été tué dans l'exercice de ses fonctions le 25 juin 2000, en Nouvelle-Écosse. Il s'agit de Bandit. Bandit suivait la trace d'un suspect qui avait été impliqué dans une querelle de ménage. Il a réussi à retrouver la trace du suspect. Malheureusement, ce dernier avait un couteau, et il a poignardé le chien à plusieurs reprises. Bandit est mort, mais le maître-chien et d'autres enquêteurs ont été en mesure d'arrêter le suspect sans autre incident.
Le 20 mai 2001, Cyr, un chien de la GRC de Saskatoon, a été atteint de trois balles par un suspect armé qu'il avait été chargé d'appréhender.
Les députés comprennent où je veux en venir. Les chiens jouent un rôle extrêmement important au sein des services de police de l'ensemble du pays, en les aidant à traquer, à trouver et à arrêter des suspects. Malheureusement, de temps en temps, ils payent le prix ultime, un sacrifice qu'on a tendance à oublier parce qu'il s'agit d'animaux.
Il y a plusieurs autres chiens d'assistance policière qui sont morts en service, mais le dernier dont je parlerai est celui mentionné dans le projet de loi . Quanto était un chien policier du service de police d'Edmonton. Il tentait d'appréhender une personne qui avait volé une voiture. La police a trouvé le suspect, mais Quanto a été poignardé plusieurs fois et a succombé à ses blessures. Cependant, la police a été en mesure d'arrêter le suspect.
Dans chacun de ces cas, les chiens d'assistance policière ont protégé instinctivement leur maître et ont sacrifié leur vie pour leurs collègues humains. Ces chiens sont vraiment les meilleurs amis de l'homme. Lorsqu'on leur en donne l'ordre, et parfois même instinctivement, ils sont prêts à protéger leur maître, à n'importe quel prix. Comme je l'ai démontré de nombreuses fois, ils se battront et ils se sacrifieront avant de laisser leur maître être exposé au danger. Le projet de loi rend hommage à ces animaux. Il précise que, si une personne fait mal à un animal, elle en subira les conséquences, comme il se doit.
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Monsieur le Président, je suis très heureux de prendre la parole à la Chambre aujourd'hui au sujet du projet de loi. Je dois vous informer et informer la Chambre que je partagerai mon temps de parole avec la formidable députée de .
Je tiens à dire, avant de commencer, qu'il est important pour nous tous de remercier les hommes et les femmes en uniforme qui ont fait preuve de tant de courage hier. Les termes « devoir » et « bravoure » ont pris tout leur sens pour nous, en particulier là où nous nous trouvions avec de nombreux autres députés. J'ai vu un gardien de sécurité, dans notre salle de caucus, se dresser entre nous et l'horreur; cette image restera gravée pour toujours dans ma mémoire. Je ne peux parler au nom de tous les députés, mais pour ceux qui étaient dans cette pièce à ce moment-là, je dirai que nous serons éternellement reconnaissants envers ce gardien de sécurité. Je lui rends hommage et je lui présente les sincères remerciements de tous les députés de ce côté-ci.
Dans de nombreuses coupures de presse et séquences vidéo de l'horrible incident d'hier, nous pouvions voir des chiens policiers, des chiens d'assistance policière. Il est donc à propos que nous discutions du projet de loi . C'est le moment opportun pour nous de penser aux agents qui travaillent avec ces brillants animaux.
Le député de a fait un excellent discours. Je pense qu'il est important pour nous de discuter de ce projet de loi aujourd'hui.
Lorsque j'ai parlé du titre du projet de loi, j'ai mentionné qu'on l'appelle également la « Loi de Quanto », à la mémoire d'un chien d'assistance du service de police d'Edmonton qui a été tué à coups de couteau en essayant d'arrêter un suspect en fuite. C'est arrivé l'an dernier à peu près à pareille date. L'auteur du crime a plaidé coupable de cruauté envers un animal et d'autres infractions, dont fuite devant la police. Il a été condamné à 26 mois d'emprisonnement et on lui a interdit de posséder un animal pendant 25 ans.
Il nous incombe de trouver des moyens de protéger ces animaux d'assistance. Il est important pour nous d'appuyer le projet de loi et de le renvoyer au comité. Une partie du projet de loi porte sur les peines minimales obligatoires et les peines minimales en général. Il nous appartient, en tant que parlementaires, de nous assurer que tous les projets de loi que nous examinons sont étudiés en comité et que nous convoquons des intervenants et des experts pour parler de l'importance que les mesures législatives présentées par le gouvernement respectent les valeurs de la société et protègent les animaux et les gens.
Lorsqu'il est question de cruauté envers les animaux, surtout lorsque nous pensons à ce qui est arrivé à Quanto à Edmonton, cela nous rappelle qu'il faut protéger tous les animaux. Je pense à un incident qui est survenu à Sudbury où la collectivité s'est mobilisée pour un chien dénommé Buddy, qui avait été abandonné sur le bord de la route après que son propriétaire lui eut tiré une balle en plein visage. Des gens formidables l'ont amené à une clinique vétérinaire d'urgence, où on l'a opéré. La collectivité s'est mobilisée pour Buddy et a amassé suffisamment d'argent pour payer les frais de vétérinaire, mais il est malheureusement mort quelques jours plus tard.
Nous discutons ici des chiens d'assistance, mais nous devons également tenir compte de l'importance de la cruauté envers les animaux. Ce qui est arrivé à Buddy le chien ne devrait pas rester impuni.
En ce qui concerne d'autres chiens policiers dont nous avons entendu parler au cours des dernières années, j’ai mentionné le cas de Quanto. La GRC a dévoilé un monument à sa mémoire, ce qui est un hommage que je considère comme assez important. Récemment, dans les Territoires du Nord-Ouest, nous avons vu un chien aider des agents de la GRC qui intervenaient auprès d'un homme armé et barricadé dans une maison. L'individu a été arrêté cinq heures plus tard sans incident. La GRC a eu recours à son groupe tactique d'intervention, à son équipe de négociation en situation de crise et à un chien policier lors de l'arrestation. Un chien policier joue encore une fois un rôle important dans le travail des forces de l'ordre.
Par contre, nous devons aussi traiter des chiens d'assistance en général, parce que le projet de loi les concerne également. Avant d'être élu au Parlement, j'ai eu l'occasion d'occuper deux ou trois emplois dans lesquels je côtoyais des animaux. Dans le premier emploi, je m’occupais de résidences pour personnes vivant avec des handicaps liés au développement, et ces personnes avaient des chiens qui les aidaient dans leur vie de tous les jours.
J'aimerais particulièrement mettre l'accent sur les chiens d'assistance qui sont actuellement dressés pour travailler avec des autistes.
On constate une incidence accrue de l'autisme au pays. Plus de gens vivent avec l'autisme au quotidien. Toutefois, nous avons maintenant la preuve que ces chiens d'assistance aux autistes aident ces personnes, en particulier les enfants, sur le plan de l'interaction sociale, des relations et du développement des aptitude à la communication verbale et non verbale. Ils leurs enseignent des aptitudes nécessaires à la vie quotidienne, en rehaussant leur intérêt dans les activités et réduisant leur stress.
Quiconque a déjà travaillé avec une personne autiste, en connaît une ou en compte une dans sa famille sait que bon nombre des aptitudes que je viens de mentionner viennent difficilement à certains. Il est fantastique d'apprendre que nous pouvons fournir à ces personnes un chien d'assistance pour les aider à mener une vie active, à contribuer pleinement à la société et à devenir plus autonomes. Voilà un souhait commun à tous les députés, je crois.
Partout au pays, de la Colombie-Britannique à St. John's, Terre-Neuve, nous aimerions faire en sorte que ces animaux soient protégés, car ils aident certains de nos citoyens les plus vulnérables, les sortent de leur état de vulnérabilité et les rendent plus autonomes.
Juste avant d'être élu, j'ai été directeur général de Centraide. J'ai alors eu l'occasion de collaborer étroitement avec l'Institut national canadien pour les aveugles, qui a évidemment des chiens d'assistance pour les personnes ayant une déficience visuelle. Le programme d'Ambulance Saint-Jean à Sudbury a des animaux d'assistance qui sont des chiens de thérapie certifiés, et il est question dans le présent projet de protéger les animaux certifiés. Ces chiens servent à la zoothérapie auprès d'aînés et de personnes qui traversent des moments difficiles, comme un état de stress post-traumatique.
Je suis très heureux de parler aujourd'hui du projet de loi et de son importance. Je suis ravi d'avoir pu parler de son renvoi au comité, où nous pourrons véritablement étudier certaines dispositions que le gouvernement a inclus et nous assurer qu'elles sont judicieuses. Il me semble que c'est important.
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Monsieur le Président, c'est un honneur pour moi de pouvoir prendre la parole à la suite de mon estimé collègue de . Dans son discours, il a relayé la position de notre parti concernant le projet de loi , qui, comme nous le savons, vise à modifier le Code criminel pour y introduire des dispositions sur les animaux d'assistance policière, les animaux d'assistance militaire et les autres animaux d'assistance.
Les néo-démocrates ont indiqué clairement qu'ils appuieraient le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture. Nous voulons que le comité l'étudie plus attentivement pour que nous puissions entendre les avis des experts sur deux dispositions problématiques: les peines minimales obligatoires et les peines consécutives. Nous savons que, concrètement, le projet de loi modifierait l'article 445 du Code criminel afin de créer une nouvelle infraction, c'est-à-dire l'acte de tuer ou de blesser un animal d'assistance policière ou un animal d'assistance militaire pendant qu'il assiste un policier ou un militaire dans l'exercice de ses fonctions, ou encore l'acte de tuer ou de blesser un autre animal d'assistance. Le projet de loi aurait aussi comme effet d'établir une peine minimale de six mois d'emprisonnement pour toute personne déclarée coupable d'avoir tué un tel animal dans ces circonstances. Enfin, le projet de loi prévoit que la peine infligée pour une infraction de cette nature serait purgée consécutivement à toute autre peine sanctionnant une autre infraction qui résulte des mêmes faits.
Comme nous l'avons souligné, nous convenons tout à fait de la nécessité d'appuyer le personnel de sécurité et de garantir la sécurité et le traitement humain des chiens qui lui sont grandement utiles. D'ailleurs, les événements tragiques d'hier nous ont rappelé l'importance de pouvoir disposer de tous les outils possibles pour maintenir la sécurité. Ce matin, j'ai remarqué qu'un agent accompagné d'un chien d'assistance veillait sur notre sécurité au Parlement.
À l'instar de mes collègues, j'éprouve beaucoup de gratitude envers les femmes et les hommes courageux, des services de police, des Forces canadiennes et des Services de sécurité de la Chambre des communes, qui ont tout fait hier pour nous protéger et qui le font encore aujourd'hui. Comme nous l'avons vu hier, ils courent souvent de grands risques lorsqu'ils s'acquittent de leurs fonctions.
Mais, pour revenir au projet de loi, les néo-démocrates craignent qu'encore une fois, ce soient les détails qui posent problème. Il s'agit d'un projet de loi louable, mais qui a le défaut de prévoir des peines minimales obligatoires, éléments tangibles du programme axé sur la répression que le gouvernement met constamment en oeuvre. Le gouvernement manifeste en outre le désir de priver les tribunaux de la latitude dont ils disposent dans la détermination de la peine. Nous croyons que les conservateurs devraient être plus conscients des effets des peines minimales obligatoires et des peines consécutives sur le système de justice pénale. C'est pourquoi nous croyons qu'il est important que le projet de loi soit étudié par le comité pour que nous puissions entendre les avis des experts sur les conséquences des peines minimales et consécutives.
Nous savons que le projet de loi , appelé communément Loi de Quanto, vise à rendre hommage à un chien du service de police d'Edmonton qui, en octobre 2013, a été tué à coups de couteau en tentant d'arrêter un suspect en fuite. Nous croyons qu'il est important d'imposer des sanctions aux individus qui s'en prennent à des animaux d'assistance policière. Toutefois, nous craignons qu'il s'agisse d'une tentative détournée du gouvernement d'imposer des peines minimales, chose que nous avons constatée à maintes reprises dans diverses mesures législatives.
Malheureusement, comme nous l'avons vu dans d'autres projets de loi, comme celui sur la vie privée sur Internet, qui s'inspirent d'un événement traumatisant — qu'il s'agisse du suicide de jeunes femmes victimes d'intimidation ou, en l'occurrence, d'un animal d'assistance policière tué dans l'exercice de ses fonctions —, le gouvernement choisit les moyens les plus rétrogrades qui soient afin de souligner l'importance des peines minimales obligatoires et, encore une fois, de priver les tribunaux de leur capacité d'exercer leur pouvoir discrétionnaire.
Ce qui me préoccupe tout particulièrement, c'est que le gouvernement se sert de ces événements traumatisants pour tenter de faire croire qu'il est le seul à se soucier des victimes et que quiconque dénonce un projet de loi ou s'interroge ou exprime des réserves à ce sujet se trouve automatiquement du mauvais côté du débat. Les mêmes inquiétudes m'habitent lorsque je pense à la façon dont nous allons faire face aux contrecoups de la tragédie survenue hier.
Je suis très fière que nous ayons tous exprimé notre solidarité envers nos collègues et les Canadiens, mais je crains le dénigrement et la possible mise à l'écart des personnes qui n'approuvent pas le programme politique du gouvernement et qui expriment des divergences d'opinion pourtant légitimes, fondées sur des principes et indissociables de la démocratie.
En l'occurrence, à l'instar de mes collègues, je suis fermement convaincue qu'il faut renvoyer le projet de loi au comité pour qu'il fasse l'objet d'un vigoureux débat et qu'on puisse connaître l'avis de spécialistes. Il faut aussi qu'on trouve une façon de supprimer les dispositions les plus rétrogrades du projet de loi, qui ne permettront en rien d'éviter que des animaux d'assistance policière soient tués, mais qui servent plutôt à étoffer le programme conservateur de répression de la criminalité.
Je m'en voudrais de ne pas ajouter une chose.
Ce projet de loi suscite beaucoup d'intérêt. Nous avons d'ailleurs annoncé notre intention de l'appuyer, mais il est intéressant de voir que cette question passionne autant de ministériels. Il s'agit bien sûr d'un grave problème, et je sais qu'il est question de cruauté envers les animaux, une pratique absolument navrante qui existe toujours au Canada et qu'il faut éradiquer. Mais je trouve étrange que les ministériels ne soient pas toujours aussi empressés de lutter contre d'autres façons irrespectueuses, voire cruelles de traiter des personnes ici même, au Canada.
C'est ce qui me revient à l'esprit cette semaine alors que des membres et des chefs des communautés autochtones témoignent devant le Tribunal des droits de la personne afin de parler des conditions cruelles dans lesquelles les jeunes des Premières Nations doivent vivre. Malheureusement, ces conditions témoignent de la négligence du gouvernement fédéral et de son incapacité à respecter son obligation fiduciaire à l'égard de la santé, de l'éducation et du bien-être général des jeunes des Premières Nations. Le gouvernement continue plutôt de proposer un programme et de tenir un discours qui correspondent au statu quo. Le gouvernement dit qu'il fait tout ce qu'il peut et qu'il a fait davantage que les autres gouvernements, mais ce n'est pas une excuse suffisante.
En tant que députée d'une région du pays aux prises avec un taux élevé de pauvreté qui touche particulièrement les enfants et les jeunes des Premières Nations, j'ai l'habitude de visiter des collectivités où les enfants n'ont pas de vêtements adaptés au froid, vont à l'école le ventre vide et vivent dans des maisons envahies par la moisissure qu'ils partagent avec une quinzaine de leurs proches. Il me semble toujours inacceptable que, en 2014, des enfants de n'importe quel milieu soient obligés de vivre dans de telles conditions au Canada. Ce n'est pas par choix que ces enfants vivent dans des conditions cruelles, mais parce qu'ils subissent les conséquences d'une longue tradition de politiques systémiques honteuses.
Pendant que nous sommes ici à parler de l'importance du respect et de la protection des animaux d'assistance policière, j'aimerais également que notre discours et nos gestes fassent preuve d'un engagement et d'un intérêt similaires à l'égard des humains, en particulier les enfants, qui sont les plus vulnérables de notre société.
Je crois que c'est la raison pour laquelle nous sommes ici. Nous sommes ici pour prendre les bonnes décisions. Qu'il soit question des forces de sécurité ou des collectivités, les Canadiens attendent ce genre de leadership de la part de tous les députés.
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Monsieur le Président, je signale d'entrée de jeu que je partagerai mon temps de parole avec le député de .
À l'instar de tous mes collègues, je suis heureux d'avoir le privilège de prendre la parole au lendemain de la tragédie que nous avons connue. À l'extérieur de cette enceinte, j'ai déjà eu l'occasion de remercier les Services de sécurité de la Chambre des communes et l'agent de sécurité Samearn Son, qui a été blessé en tentant d'empêcher l'assaillant d'entrer dans cet auguste endroit, sans oublier, bien sûr, le sergent d'armes Kevin Vickers, qui a neutralisé la menace.
J'ajouterais que, au lendemain d'une journée comme celle d'hier et compte tenu de l'objet du projet de loi , je ne peux m'empêcher de penser à un monument qui n'est pas très éloigné du lieu de l'assassinat du caporal Nathan Cirillo.
Le parc de la Confédération se trouve juste un peu plus loin, du côté gauche de la rue Elgin. C'est là qu'a été érigé en 2012 le mémorial en hommage aux animaux en temps de guerre. C'est un monument bouleversant. Il représente notamment un berger allemand de la Première Guerre mondiale vêtu d'une cape qui renferme les divers articles qu'un chien de guerre aidait un soldat à transporter. Sur une photo prise le jour du dévoilement du mémorial, on peut voir à côté de celui-ci un caporal de la GRC, Luc Patenaude, en compagnie de son propre chien policier, Cujo.
J'aimerais lire le texte qui figure sur la plaque « Les animaux en temps de guerre », texte qui évoque très bien l'idée de sacrifice dont nous avons été témoins hier — le thème du sacrifice et, au bout du compte, le caractère fondamentalement humain qui imprègne nos relations avec les animaux, ce dont le député de a parlé avec éloquence.
Voici ce qu'on peut lire sur la plaque:
Pendant des siècles, les animaux ont été les partenaires indéfectibles des humains en temps de guerre. Ils ont servi de moyens de transport, de bêtes de somme, de messagers, de protecteurs et de mascottes. Encore de nos jours, les chiens se servent de leur instinct exceptionnel pour détecter les champs de mines et mener des opérations de recherche et de sauvetage. Nous saluons la contribution et le sacrifice de tous les animaux.
C'est un monument remarquable qui nous rappelle le lien étroit entre les animaux et les êtres humains. La façon dont nous traitons les animaux dans notre société est aussi une mesure de notre propre humanité. Malheureusement, je crois que nos lois pénales, sans compter les lois provinciales partout au pays, accusent un retard en la matière par rapport à celles d'autres pays.
Je suis fier et heureux de dire que j'ai un animal domestique, que je considère littéralement comme un membre de ma famille. C'est ainsi que je traite mon schnauzer miniature. Personnellement, j'estime que la présence d'animaux dans notre vie humanise notre existence. Songeons à certains des exemples donnés par mon collègue de et aux récits détaillés du député de au sujet de l'importance particulière des animaux dans les services policiers, mais pensons aussi à la zoothérapie dans les foyers pour personnes âgées, dans les hôpitaux, et cetera. Il s'agit là d'une thérapie qui est de plus en plus reconnue comme un traitement avant-gardiste où l'on revient à l'essentiel.
J'ai été touché par les observations du député de . Il a utilisé le mot « meurtre ». Il l'a souligné à quelques reprises dans son discours, puis dans ses réponses aux questions. Il veut que nous considérions cet incident non pas comme l'abattage ou la mort d'un animal, mais comme son meurtre. C'est là un mot que nous utilisons uniquement lorsque nous parlons d'une relation profonde, et ce lien de partenariat, d'amitié ou même de parenté devient manifeste quand nous songeons à la perte de notre animal.
Selon moi, le député a frappé en plein dans le mille. C'est exactement ainsi que nous devrions considérer les animaux en service dans les professions qu'il a mentionnées: animaux d'assistance policière, animaux d'assistance militaire et animaux d'assistance.
Nous devons aussi nous rappeler que, dans certains contextes — par exemple, celui des chiens d'assistance militaire, mais celui des chiens policiers en particulier — ces animaux ne sont pas uniquement des partenaires. Si nous étions honnêtes envers nous-mêmes, nous dirions que leurs services tiennent du sacrifice. On recourt à eux dans des cas où ils risquent encore plus d'être blessés ou tués que leur partenaire ou maître. De là, je n'ai aucune difficulté à concevoir que nous avons une dette supplémentaire envers ces animaux.
Cependant, le principe qui sous-tend ce projet de loi ne peut se limiter à ces animaux en particulier. Si nous poussions plus loin la réflexion sur ce qui motive exactement la protection accrue de ces animaux dans les circonstances où ils peuvent se faire blesser ou tuer, nous verrions les droits de tous les animaux de manière bien différente. Nous songerions à la cruauté envers les animaux au Canada de manière plus générale.
Je vous rappelle, monsieur le Président, qu'alors que vous étiez vice-président, vous avez présenté un projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi , qui a été repris par la députée de . Vous avez déposé ce projet de loi le jour où j'ai été assermenté à la Chambre et j'ai eu l'immense plaisir de l'appuyer.
Pour la gouverne de tous à la Chambre, j'aimerais citer votre discours de présentation de ce projet de loi. Vous avez dit:
Le projet de loi accomplirait deux choses fondamentales. Premièrement, il reconnaît que les animaux sont des êtres sensibles, car actuellement le Code criminel les traite comme s'ils étaient des bouts de bois ou des meubles. Deuxièmement — et cela aurait des conséquences très concrètes — le nombre de condamnations pour cruauté envers les animaux, en vertu du Code criminel, augmenterait de façon spectaculaire. On estime que seule une infraction de cruauté envers les animaux sur mille se traduit par une condamnation pénale. Ce projet de loi réglerait ce problème.
Le projet de loi, auquel j'ai fait allusion et qui est maintenant repris par le projet de loi , s'inscrit dans le cadre de l'engagement ferme que le NPD a pris de mettre un terme à toutes les formes de cruauté envers les animaux, y compris les actions comme la reproduction forcée. Cela ne peut être accompli qu'en abrogeant d'anciens articles du Code criminel qui traitent de la cruauté envers les animaux et en proposant de nouvelles lois plus strictes visant à protéger les animaux. Je ne crois pas qu'on puisse y arriver en se contentant de modifier des dispositions à la pièce. Il faut plutôt que le gouvernement présente des mesures législatives qui réalisent une réforme adéquate. Bien que la présente mesure législative soit un projet de loi d'initiative ministérielle, elle modifie des dispositions à la pièce. J'exhorte le gouvernement à envisager la possibilité que le projet de loi soit le début d'une initiative qui ressemble davantage à une réforme, qui examine la situation d'un point de vue plus général que le seul cas méritoire des animaux d'assistance policière, militaire ou autre.
Cela dit, je tiens à souligner que j'appuie sans réserve le renvoi de ce projet de loi à un comité. Je pense que mes collègues partagent mon opinion à cet égard. Cependant, j'inviterais les parrains du projet de loi, les députés de Richmond Hill et de Kootenay, qui assument le leadership dans ce dossier, à vérifier si les dispositions relatives aux peines minimales obligatoires, et aux sentences qui en découlent inévitablement, sont vraiment nécessaires pour atteindre l'objectif qu'ils visent. Ils peuvent compter sur l'appui de ce côté-ci de la Chambre. L'essentiel est de faire en sorte que la criminalisation de ces actes soit incontournable, du point de vue des poursuites judiciaires, et de veiller à ce que les circonstances favorables aux poursuites soient présentes. À mon avis, l'idée de retirer aux juges leur pouvoir discrétionnaire en ce qui concerne les peines est une question totalement différente de celle qui motivait en fin de compte le député dans son discours. Cela n'est tout simplement pas nécessaire pour atteindre le but qu'il vise.
En dernier lieu, la constitutionnalité de ce projet de loi pourrait être remise en question, en raison des peines minimales obligatoires qui y sont prévues. Cela nous rappelle une fois de plus que, pour certains projets de loi présentés à la Chambre, nous devons nous fier à la compétence et à la bonne foi du et considérer qu'il a vérifié le projet de loi pour s'assurer que celui-ci respecte les normes constitutionnelles actuelles en matière de détermination de la peine. Or, je ne suis jamais convaincu que cette vérification a été faite parce qu'on ne nous soumet jamais les avis juridiques.
C'est la troisième fois en deux semaines que je demande au gouvernement, lors de l'étude en comité, de présenter l'avis juridique pertinent, pour que nous soyons assurés que la présente peine minimale obligatoire ne contrevient pas à la Charte.
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Monsieur le Président, je suis très heureux de pouvoir me lever à la Chambre. Comme plusieurs de mes collègues, d'ailleurs, c'est la première fois que j'ai la chance de le faire depuis les incidents d'hier. J'aimerais en profiter pour remercier le sergent d'armes Vickers, évidemment, mais également les services de sécurité de la Chambre. Ils ont accompli un travail absolument extraordinaire, tout comme les forces policières qui sont venues à la rescousse et qui ont appuyé le travail des agents de sécurité du Parlement.
J'aimerais également en profiter pour remercier mon personnel. En effet, on parle des députés et des employés du Parlement qui ont été directement en contact avec les incidents, mais autour du Parlement, autour de la Colline, il y a également plusieurs bureaux qui sont occupés par des gens proches de nous, entre autres les employés dans nos bureaux ou les gens qui sont reliés au greffe du Parlement, par exemple. Ces gens-là ont également été touchés, et j'aimerais les remercier de leur travail et les féliciter aussi pour leur conduite exemplaire durant ces heures difficiles.
J'aimerais finalement en profiter pour remercier les citoyens de ma circonscription, Rimouski-Neigette—Témiscouata—Les Basques, de l'appui et du soutien dont ils ont fait preuve par divers messages qui ont été envoyés à mon bureau ou encore par l'entremise des médias sociaux. Je l'ai beaucoup apprécié et j'aimerais les remercier de leur appui et de leurs prières.
J'ai donc le plaisir de me lever à la Chambre pour discuter du projet de loi . Comme cela a été mentionné par plusieurs de mes collègues, nous allons appuyer ce projet de loi en deuxième lecture, car nous appuyons le principe de base de ce projet de loi. Nous espérons qu'il sera bien étudié en comité. Cependant, nous espérons que le comité prêtera une attention particulière à un élément qui a souvent été mentionné ici, et sur lequel je vais me concentrer dans ce discours, soit celui des peines minimales obligatoires.
En effet, ce projet de loi impose des peines minimales obligatoires. Il modifierait l'article 445 du Code criminel et imposerait une peine minimale de six mois si un animal d'assistance policière était tué lors de la perpétration d'un crime.
La création d'une infraction si on blesse ou on tue ces animaux dans l'exercice de leurs fonctions est un objectif louable. Il existe déjà des dispositions du Code criminel en lien avec la cruauté envers les animaux. Nous cherchons à renforcer également ces dispositions, mais le gouvernement profite d'une mesure qui semble acceptable à une grande partie, sinon la totalité de la Chambre — je crois — pour y insérer encore des peines minimales obligatoires.
C'est très problématique. Depuis 2008, ce gouvernement impose des peines minimales. Or celles-ci ne réduisent pas la probabilité qu'un acte soit commis. Cela a été démontré à maintes et maintes reprises. Aucune étude scientifique ou sociologique digne de ce nom ne peut démontrer le contraire. Le gouvernement ne se base pas sur des études des conséquences de l'imposition de cette mesure pour adopter ou proposer des projets de loi qui peuvent être acceptables ou qui peuvent être effectivement efficaces. Selon moi, il le fait par idéologie. Si on ne procède pas au moyen de la science ou de faits démontrables, il n'y a pas d'autre explication à mes yeux, et je trouve cela vraiment regrettable.
J'ai mentionné entre autres à mon collègue de , dans la question que je lui ai posée, l'un des cas les plus récents traités par une cour provinciale. Dans deux cas impliquant deux dispositions relatives à la possession d'armes, la peine minimale a été invalidée par la Cour supérieure de l'Ontario, parce il s'agissait d'une mesure cruelle et inusitée et parce que la peine n'avait aucune commune mesure avec l'acte qui avait été commis. Ce n'est pas une expression nouvelle. Cela a été mentionné à maintes et maintes reprises par des organisations extrêmement respectables en matière de droit, comme l'Association du Barreau canadien et celle du Barreau québécois. Ce ne sont que deux d'un grand nombre d'associations ou d'organisations qui nous ont dit exactement la même chose.
On ne peut pas être surpris de voir des cours provinciales invalider des propositions ou des lois fédérales. En effet, on s'était déjà fait avertir au Parlement, à la Chambre de communes ou encore même durant les travaux du comité, que ce serait exactement le résultat et les conséquences de cette disposition d'une peine minimale obligatoire.
Le gouvernement a évidemment fait adopter cette mesure, entre autres, pour la question de possession d'armes. Tout récemment, le gouvernement a même couronné le tout avec le projet de loi omnibus sur la loi et l'ordre, soit le projet de loi modifiant le Code criminel, en saupoudrant de peines minimales les diverses dispositions du projet de loi . Il l'a fait en particulier pour des infractions reliées à la drogue, à la possession et à la possession avec intention d'en faire le trafic. Peu importe l'infraction visée par une loi du gouvernement, le raisonnement est le même .La possibilité de commettre le crime en raison de l'existence d'une peine minimale obligatoire ne diminue pas, parce que la personne qui voudra commettre ces crimes, pour quelle que raison que ce soit, ne considérera pas cette disposition. Cela a été démontré à de multiples reprises.
Par ailleurs, j'aimerais souligner qu'il ne s'agit pas d'une question cosmétique ou même d'une question d'efficacité; c'est une question fondamentale sur le fonctionnement de notre gouvernement. En effet, la disposition relative aux peines minimales obligatoires a pour effet de modifier notre système d'imputabilité. Pourquoi? Parce que le pouvoir d'établir une sentence, qui devrait appartenir à un juge, et donc à l'aile judiciaire du gouvernement, est complètement rayée de la carte. On transfère ce pouvoir à l'une des trois grandes composantes du gouvernement que sont les volets exécutif, législatif et judiciaire. À partir du volet législatif, on le transfère à celui de l'exécutif. Même si on parle d'exécutif provincial car, généralement, les procureurs, l'application des peines et l'administration de la justice sont de compétence provinciale, il n'en demeure pas moins que les procureurs ont à répondre, au bout du compte, aux divers ministres de la Justice, quand ils ne sont pas évidemment des procureurs fédéraux qui répondent directement au ministre de la Justice, à l'échelle fédérale, à la Chambre. On prend donc un pouvoir entièrement juridique pour le donner à l'exécutif.
Pourquoi dis-je cela? Parce que les juges qui déterminent la sentence ne peuvent plus le faire, et les procureurs sont ceux qui, au bout du compte, lors de l'examen qui précède la mise en accusation, peuvent utiliser toute cette panoplie de peines minimales obligatoires pour déterminer la peine eux-mêmes. Maintenant, en raison des peines minimales obligatoires , les procureurs sont davantage capables de décider de la peine qui sera appliquée, que le juge qui entend la preuve et les arguments de la Couronne et de la défense.
Il me semble que cela relève du gros bon sens que de permettre au juge, qui a tous les éléments en main, d'avoir la possibilité de déterminer la sentence, et non pas de la laisser à l'une des parties, c'est-à-dire à la Couronne qui n'a pas à coeur la partie défenderesse, auquel cas le processus est biaisé.
Quand on parle de peines minimales obligatoires, il y a une question d'efficacité dont le standard n'est pas respecté par le gouvernement. Il y a également une question de gouvernance. On transfère des pouvoirs importants des juges vers l'exécutif du gouvernement. En ce sens, il est très déplorable que malgré tous les avertissements qui ont été fournis, le gouvernement s'obstine à aller dans cette direction.
Je pense que l'ensemble des députés de l'opposition officielle, et je présume des autres partis à la Chambre auraient été tout à fait favorables à l'idée de pouvoir étudier ce projet de loi très rapidement afin d'en arriver à une résolution qui aurait rendu beaucoup plus sévères les peines relatives à la cruauté envers les animaux des services militaires, des services policiers ou encore d'assistance pour les personnes handicapées. Cela n'a pas été le cas. Le gouvernement a choisi de prendre la voie difficile et, encore une fois, de mettre cette question de peines minimales obligatoires sur la table. C'est la question que nous allons mettre en avant au comité. Nous espérons que le gouvernement y prêtera une oreille attentive.
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Monsieur le Président, je dois dire que je suis très fière de me lever à la Chambre aujourd'hui et de reprendre mon travail de députée et de représentante de mes concitoyens de LaSalle—Émard. Je suis très heureuse que nous ayons la possibilité aujourd'hui de débattre du projet de loi .
Je dois également dire que je suis très heureuse de partager mon temps de parole avec le député de .
Je ne peux pas passer outre les événements d'hier et ne pas en parler quelque peu. Je dois avouer que je me suis toujours sentie en sécurité. Dès les premiers moments de l'événement, nous avons tout de suite eu l'aide d'un garde de sécurité qui est entré dans la salle où nous étions rassemblés. Il a vraiment pris en charge notre groupe et fait en sorte que nous soyons en sécurité et protégés. Je joins ma voix à celles de tous les députés qui se sont exprimés auparavant pour remercier tout le personnel du Parlement, notamment celui de la sécurité, et également les policiers et les membres de la GRC qui se sont joints à eux pour faire en sorte que nous soyons à la Chambre aujourd'hui pour débattre d'un projet de loi et continuer notre travail.
J'aimerais aussi remercier mon équipe de même que tout le personnel du Parlement qui a vécu avec nous ces événements perturbants et qui ont également fait un travail formidable. Je salue mon équipe à la Chambre et aussi mon équipe de circonscription avec qui j'ai pu communiquer et qui a pu communiquer avec la communauté au sujet de ce qui se passait et rassurer les gens que nous étions entre bonnes mains avec le personnel de la sécurité.
Le projet de loi que nous étudions aujourd'hui parle, en fait, de la relation spéciale qu'ont les êtres humains avec les animaux, pas seulement les animaux d'assistance, mais également avec ceux qui nous entourent. Je suis agronome de formation et j'ai eu la chance, comme agronome et en tant que guide-interprète à un musée de l'agriculture, de pouvoir en apprendre davantage sur les animaux de la ferme, qui sont eux aussi de service. Je sais que les agriculteurs et les producteurs agricoles du Canada apportent un soin particulier à ces animaux, et une de mes préoccupations est de faire en sorte qu'on continue toujours d'avoir de très hauts standards lorsqu'on a des animaux d'élevage. La même chose s'applique dans le transport des animaux et dans toutes les usines d'abattage. Il faut que cela soit toujours fait en bonne et due forme. Je crois que le Canada doit continuer à avoir de très hauts standards, que ce soit sur le plan de l'élevage, du transport ou de l'abattage des animaux de ferme.
Je soulève ce point parce qu'on n'en parle pas très souvent. On est de plus en plus éloigné de notre agriculture primaire. On en est quand même proche, car on se nourrit chaque jour, mais il faut également penser qu'il y a des agriculteurs et des animaux qui sont aussi à notre service d'une toute autre façon. Les animaux de ferme méritent, autant que les autres animaux de service, un traitement adéquat et même plus qu'adéquat.
En général, les animaux de service et d'assistance sont des chiens. Comme le dit l'expression, le chien est le meilleur ami de l'homme. Au fil des années, on a trouvé aux chiens plusieurs façons d'aider les humains, grâce à certaines caractéristiques.
Personnellement, en général, je suis un peu appréhensive des chiens. Lorsque je fais du porte-à-porte, j'avoue avoir parfois des rencontres plus ou moins heureuses avec l'espèce canine. Je crois que tous les politiciens, un peu comme tous les facteurs, ont cette ambivalence face à l'espèce canine, parce que ces rencontres ne sont pas toujours heureuses.
Par contre, dans le cadre du porte-à-porte, j'ai la chance de rencontrer plusieurs personnes aînées qui vivent seules et qui ont un animal de compagnie, qui est souvent un chien. Pour ces personnes qui habitent seules, ces animaux sont une compagnie très importante dans leur vie. C'est pourquoi je dois souligner le travail, le service et l'assistance que ces animaux offrent aux gens de ma communauté de LaSalle—Émard.
Mon collègue de a également noté l'assistance importante des chiens et des animaux de compagnie pour des personnes handicapées. On connaît très bien les animaux de Mira, qui accompagnent des personnes aveugles. Il y a également les animaux de compagnie pour les personnes handicapées, ou encore, comme mon collègue l'a mentionné, pour les personnes atteintes d'autisme. Ces animaux sont non seulement des compagnons et des assistants, mais également des intermédiaires dans les relations entre humains.
Par ailleurs, je salue l'escouade canine qui a permis de sécuriser des périmètres hier. Ces chiens ont rendu un très grand service.
Maintenant, je voudrais m'attarder au projet de loi , que nous appuyons en deuxième lecture. Nos seules réserves sont très importantes et nous les avons exprimées à plusieurs reprises. Nous ne venons pas tout juste de les découvrir, nous en avons largement débattu à la Chambre en tant qu'opposition officielle et les avons portées à l'attention du gouvernement. Il s'agit de l'imposition de peines minimales.
Nous appuyons les services que rendent l'escouade canine et les animaux d'assistance, mais nous ne comprenons pas pourquoi ce projet de loi devrait prévoir des peines minimales, car cela mine les pouvoirs discrétionnaires des juges. Je vais donner un exemple.
J'ai avoué avoir peur des chiens en général. Je n'ai pas l'intention de commettre un délit, on s'entend, mais je ne sais pas quelle serait ma réaction si un chien m'attaquait. À ce moment-là, on réagit en se défendant. C'est pourquoi j'aimerais laisser aux juges et non au pouvoir législatif la discrétion d'imposer une peine minimale.
Les juges, les avocats de la défense et les avocats de la poursuite sont les mieux placés pour décider de la peine juste et appropriée pour chaque cas.
Nous saluons tous le travail des animaux d'assistance à la suite des événements d'hier dont nous avons été témoins. Toutefois, je dois exprimer mon opposition à l'imposition de peines minimales qui minent le pouvoir discrétionnaire des juges.
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Monsieur le Président, je remercie mes collègues, et surtout la députée de d'avoir partagé son temps de parole avec moi. Je veux aussi la féliciter pour sa déclaration, plus tôt aujourd'hui, sur l'état de la sécurité sur la Colline du Parlement. Elle a rendu hommage de façon vraiment extraordinaire aux agents de sécurité.
Je trouve très pertinent que le débat d'aujourd'hui touche le projet de loi . Le titre le dit très clairement, c'est la . Nous avons vu récemment une violence assez extrême sur la Colline du Parlement. Nous devons rendre hommage à ceux qui sont là quotidiennement pour nous protéger et pour protéger l'institution parlementaire, les parlementaires, les élus, les sénateurs, les travailleurs, les adjoints et les adjointes qui travaillent sur la Colline du Parlement. Nous sommes grandement redevables aux agents de sécurité qui étaient au rendez-vous pour nous protéger, hier.
Qu'on débatte aujourd'hui du projet de loi met en lumière le fait que ce ne sont pas seulement les agents, mais également les animaux d'assistance qui sont au rendez-vous. Nous l'avons vu hier et nous le constatons régulièrement dans la société. Finalement, ces animaux sont prêts à risquer leur vie, sciemment ou pas, pour protéger notre société. Nous leur devons beaucoup. C'est pour cela que le projet de loi devant nous aujourd'hui est louable. C'est un beau projet de loi, qu'on a appelé la Loi de Quanto.
[Traduction]
La Loi de Quanto honore la mémoire d'un chien d'assistance policière poignardé à mort en tentant d'arrêter un fuyard en octobre 2013. Le suspect a plaidé coupable à une accusation de cruauté envers un animal et à d'autres accusations, dont celle d'avoir fui la police. Il a été condamné à 26 mois de prison, et il lui est interdit pour 25 ans de posséder un animal de compagnie.
Il est particulièrement intéressant de noter que la loi actuelle, à l'article 445 du Code criminel, prévoit déjà des sanctions pour des infractions telles que tuer, mutiler, blesser ou empoisonner un animal, par exemple.
Le projet de loi vise les infractions relatives aux chiens d'assistance policière, mais nous avons une loi qui couvre les infractions visant les animaux. Actuellement, la loi prévoit que quiconque commet une telle infraction, en l'occurrence un acte criminel, est passible d'un emprisonnement maximal de cinq ans. Si la personne est reconnue coupable d'une infraction punissable sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire, elle est passible d'une amende maximale de 10 000 $ et d'un emprisonnement maximal de 18 mois, ou de l'une de ces peines. Cette mesure législative changerait cela.
[Français]
C'est subtil, mais je vais tenter de l'expliquer. Le projet de loi va amender l'article 445, de manière à ce que les personnes qui sont reconnues coupables d'avoir attaqué un animal pourraient recevoir une peine pouvant aller jusqu'à cinq ans de prison avec une peine minimale obligatoire de six mois de prison.
On impose une peine minimale, encore une fois, et j'y reviendrai dans un instant, dans le cas où un animal d'assistance policière est tué en aidant un policier à faire respecter la loi et où l'infraction fait l'objet de poursuites par voie de mise en accusation. Par contre, si un animal policier est blessé ou tué en service, la peine imposée par cette infraction sera purgée de manière consécutive à toute autre peine imposée à son auteur.
Aujourd'hui, quand les juges imposent des sentences, celles-ci peuvent être concordantes ou consécutives. Quand elles sont consécutives, cela veut dire qu'on va additionner le temps et que la sentence va être cumulative. Dans la situation qu'on voit ici, si on tue un animal en service qui est en train d'essayer de façon active d'empêcher la perpétration d'une infraction, la sentence va être consécutive. Elle ne le sera pas si l'animal en question est en train d'aider un policier, qui lui, essaie d'empêcher une infraction. La nuance est subtile, mais elle est là.
Le projet de loi est quand même entaché. On y parle encore d'une sentence minimale dans des situations où on enlève la discrétion du juge. Le juge de première instance connaît les faits. Il est capable de vraiment évaluer la sentence appropriée qui doit être imposée.
Quand on impose aux juges une sentence, on voit qu'ils sont très réticents à l'imposer, au point où certains d'entre eux ont même refusé de le faire. On se retrouve donc à la Cour d'appel, si ce n'est pas à la Cour suprême, pour qu'on décide de la constitutionnalité de tout cela.
Pourquoi se diriger vers une inconstitutionnalité, quand on aurait pu tout de suite aller de l'avant avec un projet de loi tout simplement louable en soi? La sentence minimale fait en sorte qu'il est très difficile de l'approuver. Les députés, du moins ceux du côté de l'opposition, devraient l'adopter à l'étape de la deuxième lecture. Ainsi, on pourrait l'étudier en comité et avoir un débat plus élargi. On pourrait inviter des experts qui nous expliqueraient quelles seraient les conséquences.
Je crois qu'il y auraitun consensus. Le projet de loi est louable et l'amendement à l'article 445 du Code criminel est une bonne idée en soi, mis à part le fait qu'on va imposer une sentence minimale.
Si le gouvernement était prêt à enlever cet aspect du projet de loi, je crois qu'on serait plus susceptibles d'avoir un consensus, compte tenu des témoins qui viendraient au comité pour participer à un débat sur le projet de loi. Selon moi, beaucoup d'experts ne seraient pas accord avec le projet de loi en raison de l'ajout de sentences minimales. Quoi qu'il en soit, j'aimerais entendre ces experts, connaître leur point de vue et mieux comprendre s'ils estiment que l'ensemble du projet de loi est constitutionnel, louable et devrait aller de l'avant.
On a le temps de l'envoyer en comité. J'espère qu'on aura un débat très intéressant, complet et entier. Malheureusement, les conservateurs ont encore une fois fait une erreur assez fondamentale dans le libellé du projet de loi. C'est quelque chose que le gouvernement conservateur semble s'attarder à faire. Il ne semble pas gêné d'ajouter à maintes reprises des sentences minimales.
J'aimerais bien que le gouvernement examine ce qui se passe dans les autres juridictions. Au Québec, on estime que la question de la cruauté envers les animaux doit être redéfinie. On devrait avoir des sentences plus sévères. Il faut vraiment examiner cette question et avoir des sentences plus appropriées. Au Québec, ce débat aura certainement lieu, quoi qu'il advienne du projet de loi devant nous.
Dans le cadre de ce projet de loi, surtout compte tenu de la peine minimale, la province concernée va se retrouver avec des gens reconnus coupables dans ses prisons de juridiction provinciale. La province aura à défrayer les coûts. Encore une fois, le gouvernement fédéral va imposer un coût à la province sans lui venir en aide.
Les sentences minimales ne fonctionnent pas pour plusieurs raisons. L'une des raisons principales est que la province se retrouvera, encore une fois, avec des coûts que le gouvernement fédéral lui impose, sans que ce dernier ne lui vienne en aide. N'oublions pas que selon l'article 718 du Code criminel, il y a des principes sur lesquels les sentences devraient se fonder. Je me demande si la sentence minimale reflète les principes de l'article 718.
Certes, la Cour suprême s'est déjà penchée sur cette question et il est important qu'on l'examine aussi à la Chambre et en comité.
J'appuie ce projet de loi à l'étape de la deuxième lecture, mais j'espère que les experts nous en expliqueront pleinement les conséquences.
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Monsieur le Président, j'aimerais d'abord dire que je suis très heureuse d'intervenir à la Chambre aujourd'hui pour parler du projet de loi . Le débat sur ce projet de loi concernant les animaux d'assistance policière, d'assistance militaire et d'assistance tombe vraiment à point. On pourrait même parler d'ironie du sort.
Je veux parler brièvement de ce qui s'est produit à la Chambre hier. Les députés ont fait état aujourd'hui de leurs réflexions personnelles. Il était vraiment merveilleux d'entendre les discours ce matin des chefs des divers partis politiques, du et du , ainsi que d'entendre les déclarations à la Chambre. Je pense que la journée d'hier est inoubliable.
Je siège ici depuis 17 ans, et je n'aurais jamais cru vivre une journée comme celle d'hier. Il est vrai que nous étions très anxieux et stressés parce que nous ne savions pas ce qui se passait autour de nous. Cependant, je pense que, ce dont je vais me souvenir, c'est l'esprit de camaraderie, le professionnalisme, le calme et l'esprit de corps dont ont fait preuve les gens. Nous avons tous notre propre histoire à raconter sur l'endroit où nous étions, les personnes avec qui nous nous trouvions et les récits que nous avons entendus. Cependant, il a été tout à fait remarquable aujourd'hui d'entendre, dans l'antichambre, les pages, les employés, le personnel de sécurité et notre propre personnel parler de la situation et de l'état d'esprit dans lequel ils se trouvent. Je suis parvenue à la conclusion que, dans l'ensemble, tout le monde a gardé son sang-froid.
Cela prend quelque temps pour se rendre compte que nous avons échappé de peu à une catastrophe terrible. La situation aurait pu être bien plus grave, et nous sommes reconnaissants que cela n'a pas été le cas.
Il y a des choses à retenir, mais nous sommes de retour au travail. C'est bien la marque de notre institution. Les affaires publiques. Nous revenons, nous nous remettons au travail et nous recommençons à débattre de projets de loi, car c'est pour cela que nous avons été élus. Nous ne nous plaignons pas lorsque notre travail est difficile, car nous avons une mission à accomplir et une très bonne idée de qui nous sommes et ce que nous devons faire. Je suis très heureuse d'être de retour à la Chambre aujourd'hui, de voir mes collègues de tous les partis et, surtout, de débattre de ce projet de loi.
J'ai suivi le débat d'aujourd'hui. Je vais répéter certains des arguments qu'ont soulevés mes collègues. Je pense que la cruauté délibérée envers les animaux est quelque chose que personne ne tolère. C'est quelque chose qui nous touche tous et qui nous oblige à agir. Nous avons la loi, bien évidemment. Le système de justice pénale protège non seulement les particuliers et la propriété mais aussi le bien-être des animaux. C'est très important, et je pense que les Canadiens sont très en faveur de ce système.
Comme nous l'avons entendu dans le débat d'aujourd'hui, le projet de loi découle d'un incident qui a eu lieu en 2013 et à l'occasion duquel un chien d'assistance policière a été poignardé a mort alors qu'il était en service.
J'estime qu'il est très important que les législateurs étudient le projet de loi attentivement car, de prime abord, on pourrait penser que le projet de loi mérite notre appui. Il apporterait une modification et créerait une nouvelle infraction qui interdirait de tuer, de mutiler, d'empoisonner ou d'estropier un animal d'assistance dressé pour travailler avec la police, des personnes handicapées ou des membres des Forces armées canadiennes.
Le principe du projet de loi est digne d'appui, et c'est justement ce dont nous débattons aujourd'hui, à l'étape de la deuxième lecture. Le NPD appuiera le renvoi du projet de loi au comité.
Cela dit, en tant qu'opposition officielle, notre travail consiste à nous pencher sur les détails, à examiner les mesures législatives, à gratter la surface pour comprendre ce que le projet de loi ferait vraiment et, surtout, quelles en seraient les conséquences. Comme nous l'avons appris, à la Chambre — et avec le gouvernement actuel —, il est important d'examiner les détails. Combien de projets de loi omnibus avons-nous examinés et dans combien d'entre eux avons-nous trouvé de mauvaises surprises? De très mauvaises mesures législatives ont déjà aboli d'autres mesures législatives. Les détails d'un projet de loi sont donc très importants.
Le projet de loi dont nous discutons aujourd'hui ne fait pas exception. Lorsque j'examine le projet de loi, je dirais qu'il est inquiétant. Bien qu'il parte de bonnes intentions, lorsque nous en examinons les détails, nous constatons qu'il prévoit des peines minimales et qu'il reflète une tendance que nous avons vue de la part du gouvernement à maintes reprises. C'est très inquiétant.
J'ai déjà mentionné à la Chambre à plusieurs reprises que nous devrions avoir une liste des changements importants apportés au Code criminel. De nombreux projets de loi ont été adoptés. Certains d'entre eux étaient des projets de loi d'initiative ministérielle. Un grand nombre d'entre eux étaient des projets de loi d'initiative parlementaire. On dirait de petits projets de loi fragmentaires; chacun porte sur un article quelconque du Code criminel. Je suppose que quelqu'un tient compte de tout cela.
Je me souviens que parmi les choses terribles que l'on a faites à la Chambre par voie législative, il y a eu l'abolition de la Commission de réforme du droit du Canada. Je suis convaincue que le s'en souvient, parce que la mesure législative aurait fait l'objet de débat lorsque la Chambre en a été saisie. La Commission de réforme du droit du Canada était chargée d'examiner la mesure législative, de l'évaluer de façon objective et de nous donner un aperçu. Elle a été abolie.
La grande question est de savoir qui tient compte de tous les changements, de leur effet cumulatif et de leurs répercussions. C'est ce que nous essayons de faire en tant que parti d'opposition. Nous essayons de tenir compte de tous les projets de loi, ainsi que des lacunes et des changements introduits dans le Code criminel, et nous tentons d'établir quelles en sont les répercussions. C'est beaucoup de travail.
Voilà un autre exemple de projet de loi qui, en surface, peut sembler assez inoffensif, mais, quand on y regarde de plus près, on s'aperçoit qu'il n'est pas sans conséquence. En effet, il comprend des dispositions relatives à des peines minimales et à des peines consécutives.
Certains se demanderont peut-être « Quel est le problème? Pourquoi en faire tout un plat? » Eh bien notre système judiciaire repose sur une histoire et des traditions concernant le rôle de la poursuite, celui de la défense, ainsi que le pouvoir discrétionnaire accordé aux juges, qui peuvent considérer chaque cas séparément. Lorsque nous créons des lois rigides qui obligent à appliquer une solution universelle, il s'ensuit des problèmes. Lorsque cette approche est poussée à l'extrême, les lois ne conviennent plus nécessairement aux circonstances particulières d'une affaire donnée. C'est pourquoi nous avons des juges qui étudient les lois et appliquent certains articles en usant de discrétion. Je crains parfois que le mot « discrétion » soit devenu un mot tabou à la Chambre. Et pourtant, il s'agit d'une des principales caractéristiques de notre système judiciaire.
Je parle de la présence envahissante des peines minimales obligatoires. Combien de projets de loi avons-nous étudiés qui proposaient de telles dispositions? L'actuel gouvernement n'est pas le seul à en avoir proposé, soit dit en passant. Le gouvernement précédent a lui aussi instauré des peines minimales obligatoires. Ce genre de peine a toujours existé. Je ne prétends pas que celles-ci ne s'appliquent en aucune circonstance. Le hic, c'est qu'elles sont devenues si répandues qu'elles sont maintenant l'option adoptée par défaut — tiens, ajoutons-y une peine minimum obligatoire.
J'ai à l'esprit l'image d'un groupe de stagiaires ou d'employés rassemblés, qui passent le Code criminel au peigne fin en se disant: « Ah, nous pourrions glisser une peine minimale obligatoire ici et une autre là. »
J'exagère peut-être, mais j'ai encore l'impression parfois que c'est ce qui se passe, que le gouvernement essaie de dénicher les cas où il peut imposer des peines minimales obligatoires. Cette pratique modifie fondamentalement notre système judiciaire. Cela pose certainement problème dans le projet de loi dont nous sommes saisis et je pense qu'il est très important que nous l'examinions plus en détail au comité.
J'espère vraiment que, lorsque le projet de loi sera renvoyé au comité de la justice, je présume, les ministériels n'utiliseront pas leur majorité pour limiter le débat. C'est ce qu'ils font actuellement au comité de la sécurité publique à l'égard d'un projet de loi qui porte sur les centres d'injection supervisée au pays, un sujet qui me tient à coeur. C'est un projet de loi complexe et important et je trouve incroyable que seulement deux réunions soient prévues au comité pour entendre les témoins. En ce qui concerne les amendements, je crois que, aux termes de la motion, nous disposerons d'au plus cinq minutes. La censure et les limites imposées au débat et à l'examen des projets de loi dépassent les bornes et sont, en soi, très néfastes.
Nous ne sommes pas ici pour retarder l'adoption de mesures législatives. Bien sûr, il arrive parfois que nous campions sur nos positions et essayions de retarder l'adoption d'un projet de loi aussi longtemps que possible, mais, dans l'ensemble, ce n'est pas pour cette raison que nous sommes ici. Nous sommes ici pour en faire un examen approfondi à l'étape de la deuxième lecture à la Chambre, au comité en apportant des amendements, puis à l'étape du rapport et à l'étape de la troisième lecture à la Chambre.
Par conséquent, lorsque le projet de loi sera renvoyé au comité, j'espère que ce dernier sera juste et ne limitera pas le temps alloué à son étude, de sorte que le comité puisse examiner les questions que certains députés ont soulevées dans le cadre du débat d'aujourd'hui.
Je ne siège pas au comité de la justice, mais je suis certaine que d'autres soulèveront ce point. Des rapports du ministère de la Justice nous disent que les peines minimales obligatoires n'ont pas d'effet dissuasif démontrable. Il faut en tenir compte. Nous faisons des efforts considérables pour modifier les lois en passant par tout le processus à la Chambre et au Sénat; or, rien ne prouve il s'agisse réellement d'un moyen de dissuasion. En fait, c'est peut-être le contraire, en ce sens que la mauvais utilisation des peines minimales obligatoires, comme l'a dit mon collègue plus tôt, refile le fardeau aux provinces et mène à une surpopulation carcérale et à une explosion des coûts. Les conséquences sont réelles. Les budget des provinces sont serrés. Encore une fois, il y a lieu de se demander qui fait le compte de cela.
J'ai vu quelques renseignements publiés sur l'incidence des peines minimales obligatoires. Je crois que l'Association du Barreau canadien travailler à en recenser les répercussions, et des travaux en ce sens ont aussi été faits relativement à un projet de loi visant à imposer des peines minimales obligatoires pour les crimes liés à la drogue. D'ailleurs, dans un procès judiciaire en Colombie-Britannique, un juge a refusé d'appliquer la peine minimale obligatoire, et ce cas fait actuellement l'objet d'un examen.
Des questions très sérieuses doivent être examinées relativement au présent projet de loi, et ce, dans le contexte de l'incidence générale sur notre Code criminel et notre système judiciaire. Je crois que cela est très important et qu'il est de notre devoir de ne pas négliger cet aspect. Si nous ne considérons que chaque cas individuellement, nous ne comprendrons jamais le tableau d'ensemble.
Le plus préoccupant, c'est que j'ai fortement l'impression que, pour chaque problème qu'ils relèvent, les conservateurs sont convaincus que la solution est d'imposer des lois plus sévères.
Certains de ces problèmes constituent des enjeux sociaux d'une grande complexité, et rien ne permet de croire que c'est en adoptant des lois plus sévères et en misant sur la loi et l'ordre qu'on va régler quoi que ce soit. En fait, cela pourrait même aggraver la situation. Toutes ces choses me dérangent vraiment, et j'ai été témoin de bien des changements en ce sens au fil des ans.
Mais revenons plutôt au projet de loi lui-même. Nous sommes d'avis qu'il contient des dispositions intéressantes qui méritent que nous les appuyions. Je sais que mes collègues de et de ont toutes deux proposé des initiatives visant à mettre fin à la cruauté envers les animaux. J'ai moi-même présenté un projet de loi sur le sujet. J'ai aussi présenté des milliers de pétitions dénonçant la cruauté contre les chiens et les chats, y compris l'usage que l'on fait de leur fourrure ailleurs dans le monde, et demandant que cette pratique soit interdite de la même manière qu'elle a été interdite par certains pays.
Le NPD a proposé un certain nombre d'initiatives visant à protéger les animaux contre les actes de cruauté, et nous nous réjouissons du rôle que jouent les animaux d'assistance policière, les animaux d'assistance militaire et les autres animaux d'assistance dans notre société. Nous en avons d'ailleurs eu la preuve lors des événements d'hier, auxquels je reviens encore. Ces animaux sont extrêmement bien entraînés et très bien traités. Ils sont intelligents, et nous ne voudrions surtout pas qu'il leur arrive quoi que ce soit de fâcheux. Nous ne voulons pas qu'ils se fassent attaquer sauvagement, pas plus que nous ne voulons que les gens se fassent attaquer. Ce n'est pas comme si nous nous en fichions, au contraire, nous sommes très loin de nous en ficher, comme en font foi les projets de loi d'initiative parlementaire que nous avons présentés.
Quoi qu'il en soit, c'est de ce projet de loi-ci qu'il est question. J'ai comme l'impression qu'il va nous filer entre les doigts et que nous ne pourrons pas l'étudier adéquatement, alors que nous voudrions que les sanctions et amendes prévues dans le projet de loi soient les mêmes que celles qui figurent à l'article 445 du Code criminel pour tous les animaux autres que les bestiaux. C'est ce que nous devrions faire, et il y a beaucoup de choses à prendre en considération.
Je suis heureuse que mes collègues soient intervenus aujourd'hui. Voici ce que nous voulons dire aux ministériels. Pourquoi est-il si important pour le gouvernement de retirer aux tribunaux le pouvoir discrétionnaire en matière de détermination de la peine? Les conservateurs sont-ils au courant du travail accompli par leur propre ministère de la Justice pour déterminer si les peines minimales obligatoires ont un effet dissuasif? Savent-ils à quel point ces peines portent atteinte à tout le processus juridique? Je ne sais pas si les ministériels sont informés. J'ignore s'ils sont curieux de connaître la réponse à ces questions. Tout ce je peux dire, c'est que nous le sommes, et je pense que nous devrions y donner suite.
Pour terminer, j'aimerais ajouter ma voix à celle de mes collègues en disant que nous appuyons le renvoi du projet de loi au comité. Il faut l'examiner davantage. Il faut l'étudier dans le contexte d'autres lois auxquelles on a ajouté des peines minimales obligatoires. Nous devons examiner les éventuelles répercussions sur le système provincial de même que les coûts. Nous devons poser des questions difficiles. Pour ce genre de mesures, nous devons faire preuve d'intelligence et de logique dans notre façon de procéder. Nous devons nous fier aux faits, pas à une doctrine politique. Au bout du compte, c'est ce qui est le plus important. Nous sommes ici pour défendre l'intérêt public, la notion de mérite, un processus décisionnel fondé sur des éléments probants et sur l'analyse. Ne l'oublions pas au moment de poursuivre l'étude du projet de loi, et espérons que nous réussirons à prendre des décisions sensées.
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Monsieur le Président, après la journée d'hier, je voudrais d'abord exprimer la fierté que j'éprouve à me lever à la Chambre et à parler librement dans ce Parlement et dans cette démocratie. Je veux remercier toutes les équipes de sécurité qui ont veillé sur nous et qui nous ont protégés.
[Traduction]
Les mots me manquent pour exprimer la gratitude infinie de toutes les personnes ici présentes aux hommes et aux femmes qui sont chargés de protéger la Chambre des communes et les Canadiens qui, chaque jour, visitent ce lieu. C'est donc avec une fierté bien particulière que j'interviens aujourd'hui à propos de ce projet de loi.
Je suis très fier d'appuyer le projet de loi et ce qu'il représente en principe. Ma circonscription regorge d'amis des animaux. Pour ma part, j'adore les chats. Je viens d'ailleurs de perdre ma petite compagne. Chaque fois que j'ouvre mon iPad, je vois son petit minois. Notre volonté de défendre ces compagnons à quatre pattes, ces partenaires, ne saurait être surestimée.
Avant d'oublier, monsieur le Président, je signale que je partagerai mon temps de parole avec le député d'.
Nous commençons à peine à comprendre les avantages qu'il y a à côtoyer un animal pour sa simple compagnie plutôt qu'à des fins strictement utilitaires. Nous consacrons beaucoup de temps, d'argent et d'énergie à en prendre soin. En situation professionnelle, cette relation devient très particulière. L'animal de service mettra volontiers sa vie en jeu pour protéger son maître, allant sans hésiter au-devant des balles ou d'un couteau pour les lui éviter. Ce n'est donc que justice que nous rendions aux animaux de service les hommages qu'ils méritent pour leurs sacrifices et leur loyauté à toute épreuve. Sur ce point, le projet de loi fait l'unanimité.
Il faut absolument reconnaître que le fait de blesser un animal de service s'apparente au fait de blesser un humain. Malheureusement, c'est là où nous divergeons d'opinion avec les députés d'en face. Comment peut-on quantifier la vie d'un animal? Hélas, ce projet de loi fort louable est en quelque sorte entaché par la volonté d'y inscrire, une fois de plus, des peines minimales obligatoires. Sauf erreur, l'État comporte trois pouvoirs — exécutif, législatif et judiciaire —, et il existe des freins et des contrepoids afin qu'aucun ne puisse l'emporter sur les autres.
L'imposition de peines minimales obligatoires constitue une ingérence dans le pouvoir de l'appareil judiciaire. Cela a pour effet de priver les juges — en qui nous avons confiance compte tenu de leur sagesse et de leur connaissance de la loi et des subtilités de la nature et des actions humaines — de leur capacité d'appliquer équitablement la loi.
Le système de justice s'appelle ainsi pour une bonne raison. On ne parle pas d'un système de vengeance, d'un système vindicatif. C'est le système de justice. Pour rendre justice, il faut être en mesure de tenir compte de tous les facteurs. La justice est peut-être aveugle, mais elle n'est ni sourde ni stupide. Nous devons protéger la capacité des juges de prendre en considération tous les éléments de preuve. Il nous incombe de veiller à ce que cela soit fait d'une manière qui satisfait la société.
Malheureusement, le gouvernement tente encore une fois d'imposer des peines minimales obligatoires. C'est comme s'il utilisait un canon pour tuer une mouche. Ce qui caractérise avant tout notre système de justice, c'est qu'il doit être en mesure de tracer un portrait complet de ce qu'une personne a fait, du crime qu'elle a commis. J'utilise l'analogie du canon pour souligner le fait que, pour une raison ou une autre, il semble que le gouvernement ne s'embarrasse pas des détails pendant le processus législatif. Voici ce qu'il se dit: « Élaborons un projet de loi. Criminalisons tel ou tel acte et emprisonnons à perpétuité les personnes qui le commettent. »
Ce n'est pas notre travail. Notre travail, en tant que législateurs, et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous tenons des débats, consiste à étudier minutieusement un concept, une idée, un projet de loi. Ainsi, nous nous assurons qu'à la fin du processus, tous les détails mènent à un projet de loi qui sert les intérêts des Canadiens; protège les intérêts de ceux que nous tentons de protéger et les droits de ceux qui pourraient être accusés à tort; et permet à nos juges de tenir compte de circonstances atténuantes et de tous les renseignements qui leur sont soumis pour imposer une peine. Le projet de loi ne contient pratiquement aucun détail.
Nous sommes sensibles à l'origine du projet de loi, qui est surnommé Loi de Quanto. Nous comprenons d'où il vient et nous sommes tout à fait d'accord pour dire qu'il faut protéger nos animaux de compagnie et ceux qui servent les gens chargés de nous protéger et qui aident à trouver les produits de contrebande à nos frontières, à trouver des mines dans les zones de guerre et à trouver les gens perdus lors d'avalanches. Nous nous demandons toutefois si l'imposition de peines minimales obligatoires les protégera vraiment.
Ma collègue a parlé des répercussions des peines minimales obligatoires. Elle a mentionné que rien ne prouve véritablement qu'elles fonctionnent.
Dans l'esprit de camaraderie qui a été exprimé aujourd'hui, j'espère que nous pouvons renvoyer ce projet de loi généreux au comité pour étudier de quelle manière nous pouvons donner aux juges la latitude nécessaire pour imposer un châtiment approprié aux individus qui font du tort à nos amis, sans pour autant adopter une approche qui revient à tuer un moucheron avec une massue.
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Monsieur le Président, j'aimerais aussi parler en faveur du projet de loi , que nous débattons aujourd'hui.
Je tiens à exprimer ma gratitude aux gardiens, les premiers intervenants, qui nous ont ni plus ni moins sauvé la vie hier. Ils en ont vu de toutes les couleurs hier et nous ne les remercierons jamais assez. Pour être franc, j'avoue que, dans notre quotidien ici, nous les tenons pour acquis. Nous sommes de tout coeur avec eux non seulement pour ce qu'ils ont fait pour nous hier, mais pour ce qu'ils font pour nous tous les jours.
J'aimerais aussi exprimer ma gratitude à la GRC et à la police d'Ottawa. Nous avons encore tout frais dans notre mémoire les événements d'hier. Comme c'est la première occasion que j'ai de prendre la parole à la Chambre depuis les événements horribles d'hier, j'en profite pour les remercier. Je leur suis reconnaissant de l'aide qu'ils nous ont fournie. Ils ont bien fait leur travail. Dans le cas contraire, nous ne serions peut-être pas ici aujourd'hui. Nous ne devrions jamais les tenir pour acquis.
Je veux tous les remercier non seulement pour ce qu'ils ont fait pour nous par le passé, mais surtout pour ce qu'ils ont fait hier et continueront de faire.
Nous comprenons le contexte entourant le projet de loi . Ce projet de loi honore la mémoire de Quanto, un chien policier d'Edmonton. Je me souviens de nombreux projets de loi qui étaient liés à un événement ou à une personne en particulier, mais ce projet de loi est tout à fait exceptionnel. Ceux qui ne connaissent pas le contexte entourant ce projet de loi ne pourraient pas vraiment comprendre pourquoi nous sommes en train de parler de la protection des animaux et de l'importance de leur rôle.
Il y a des gens qui pourraient se demander ce que nous faisons parce que nous tenons un débat sur les chiens au Parlement du Canada. Cela pourrait leur sembler étrange.
Cependant, le contexte entourant ce projet de loi est important en raison des gestes de violence horribles qui ont été commis envers ce chien policier. Cela nous oblige à redoubler d'efforts pour protéger ceux qui sont à notre service et les premiers intervenants. C'est une bonne mesure que nous devrions saluer. Encore une fois, je songe aux événements d'hier. Aujourd'hui, plus que jamais, nous pouvons être reconnaissants à l'égard de tout ce qui peut servir à protéger la population.
Ce projet de loi est inspiré par l'histoire de Quanto, le chien policier d'Edmonton qui a subi un traitement horrible. Il a été poignardé à mort alors qu'il poursuivait un suspect en fuite. Les événements, qui ont suscité beaucoup d'intérêt dans la population en octobre 2013, ont poussé les gens à agir. Le et un de mes collègues ont présenté un projet de loi d'initiative parlementaire sur cette même question.
Nous devons examiner la question des premiers intervenants dans son ensemble. Nous devons nous pencher non seulement sur les chiens d'assistance et leur rôle au sein des services de police, mais aussi sur les chiens de secours et le rôle qu'ils jouent pour sauver des gens en détresse. Bon nombre de mes collègues nous ont raconté leurs histoires. L'automne dernier, nous avons entendu des histoires à propos d'enfants qui avaient quitté leur foyer. Des chiens de secours les ont retrouvés, et ils ont été ramenés sains et saufs à la maison. Ces histoires m'ont inspiré.
Il est important de considérer la question des premiers intervenants dans son ensemble, et c'est ce que propose ce projet de loi. Évidemment, les premiers intervenants sont aidés par la technologie, mais aussi par des outils de logistique et de communication. C'est ce que nous avons constaté hier.
Cela dit, les premiers intervenants qui peuvent compter sur des chiens bien formés ont l'assurance qu'ils bénéficieront d'un appui.
Si les gens ne comprennent pas le type de travail que nos corps policiers et nos militaires accomplissent, ils ne comprendront peut-être pas pourquoi les animaux d'assistance sont aussi importants. Les animaux d'assistance existent depuis très longtemps; il ne s'agit pas d'une nouveauté. Ce qui est nouveau, par contre, c'est le fait que nous reconnaissons leur importance et que nous voulons modifier le Code criminel en conséquence.
Je vais maintenant m'éloigner un peu du sujet des chiens d'assistance policière. En tant que porte-parole en matière d'affaires étrangères, j'ai voyagé un peu, et je sais qu'à l'étranger, l'armée canadienne a recours à des chiens d'assistance, qui accompagnent les soldats. Des chiens ont été formés en Afghanistan pour participer à la détection d'engins explosifs improvisés, d'explosifs et de munitions. Grâce à leur travail, ils assurent la sécurité de nos militaires à l'étranger et des civils qui peuvent être touchés par les conflits là-bas. Ces chiens sont là pour détecter les explosifs afin que ceux-ci puissent être désamorcés et ne puissent pas être utilisés pour tuer des gens. Ces chiens offrent un service extrêmement important.
Nous devons comprendre le rôle joué par les animaux de secours dans ce contexte. Cette approche est importante, plus particulièrement en ce qui concerne les chiens, l'animal que je connais le mieux.
Nous devons aussi comprendre l'importance de ces animaux en pensant à ce qu'ils sont en mesure d'offrir. Ils ne sont pas uniquement formés pour aider dans leur travail les premiers répondants, les policiers, les militaires ou d'autres personnes; ils offrent également un soutien important à ces gens, qui travaillent dans des situations extrêmement stressantes.
Nous en savons maintenant beaucoup sur le rôle important joué par les animaux dans le domaine de la santé mentale et sur l'effet que les chiens peuvent avoir. Je pense par exemple aux anciens combattants. Une grande partie du travail accompli auprès d'eux est effectué avec des animaux, plus particulièrement des chiens, qui sont là pour les aider. J'ai aussi constaté qu'on fait de même avec les aînés, les enfants autistes et bien d'autres personnes. Il importe de comprendre que ces animaux ont cette capacité et qu'il est fort judicieux d'offrir ces services aux gens, car ils sont efficaces.
Nous avons un chien à la maison, Wesley. Il était autrefois un chien de secours à Iqaluit, au Nunavut. C'est un petit terrier blanc west-highland, mais il n'est pas de race pure; on peut dire que c'est un heureux mélange. Je sais quel genre de soutien il offre à notre famille. Mes deux adolescents n'osent peut-être pas aborder tous les sujets avec moi, mais je sais qu'ils peuvent se confier à Wesley. Nous savons qu'un chien est d'un grand soutien.
Ces animaux ont beaucoup à apporter. Ils aident notamment les premiers intervenants à assurer la sécurité des gens, en plus de leur offrir un soutien personnel. Il arrive toutefois que les chiens se trouvent dans des situations dangereuses, comme on a pu le voir en octobre dernier, d'où l'intérêt de la réforme qu'on propose d'apporter au Code criminel. Nous avons en mémoire les promesses faites par le gouvernement lors du discours du Trône. Nous nous attendons à ce que des règlements viennent concrétiser certains de ces engagements.
Quand on parle de modifier le Code criminel, il est important de garder à l'esprit un point qu'ont mentionné mes collègues. Peu après mon arrivée à la Chambre, mon collègue de Windsor, le vice-président, a commenté le programme du gouvernement en matière de justice en disant qu'un aperçu du Code criminel serait d'une grande utilité. Parmi les choses qu'il faudrait toutefois éviter, notons l'ajout de peines minimales obligatoires à toutes les lois, une intervention qui a la faveur du gouvernement conservateur. Le Code criminel a été adopté par le Parlement, et il faut le rendre aussi efficace que possible, certes. Mais comme l'a souligné mon collègue de Montréal, les tribunaux doivent avoir une certaine marge de manoeuvre — et j'insiste sur le mot « certaine » —, de façon à pouvoir établir une peine appropriée après avoir pris connaissance de tous les faits de l'affaire.
C'est un aspect qu'il faut garder à l'esprit, qu'il s'agisse de la mesure législative à l'étude ou d'autres mesures. Quand des peines minimales obligatoires ont été mises en place par le passé, les juges étaient d'avis qu'elles les empêchaient parfois d'établir une peine appropriée. C'est donc dire qu'à cause de la peine minimale obligatoire, il était parfois impossible que justice soit faite.
C'est pourquoi les députés de ce côté-ci croient que l'imposition de peines minimales obligatoires devrait se limiter à quelques cas seulement. Notre collègue de Windsor a enseigné le droit, et il comprend ces questions. Il n'y a pas de preuve que cette approche fonctionne, à part peut-être dans le cas de conduite en état d'ébriété.
Nous croyons que cette mesure législative est une bonne initiative qui devrait aller de l'avant, être renvoyée au comité et améliorée. Nous devons faire comprendre au gouvernement qu'il doit résister à la tentation d'imposer des peines minimales obligatoires dans le cadre de ce projet de loi et d'autres projets de loi liés à des questions de justice.
En ce jour, j'aimerais dire qu'il y a un large consensus à l'égard de cette question. Elle bénéficie d'un grand appui, et son importance est reconnue. C'est une bonne chose. Nous devons travailler ensemble pour améliorer le projet de loi et nous assurer qu'il est le meilleur possible.