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Merci beaucoup, monsieur le Président. Je vous ai demandé d'intervenir car je pense que le projet de loi est très important et qu'il est tout aussi important pour nous de comprendre les mesures qu'il contient et celles qu'il ne contient pas.
Comme je l'ai mentionné, la mesure législative étend le principe du pollueur-payeur en rendant les exploitants responsables de la perte de la valeur de non-usage liée aux ressources publiques — mesure fort appréciée —, mais elle limite aussi le pouvoir de la Couronne fédérale d'obtenir réparation pour de telles pertes, et certains estiment que l'Office national de l'énergie ne cherchera pas nécessairement des indemnisations importantes pour dommages.
Le projet de loi renforce le pouvoir de l'Office national de l'énergie d'exiger que les sociétés prennent des mesures lorsqu'il y a des risques pour la sécurité ou la sûreté du public, des employés de la société, des pipelines ou des pipelines abandonnés, ou encore pour les biens ou l'environnement.
Cependant, il convient également de signaler que les prévisions budgétaires pour l'exercice 2015-2016 qui ont été déposées récemment font état d'une réduction du budget de l'Office national de l'énergie consacré à la réglementation des pipelines, activité qui contribue à la sécurité des Canadiens et à la protection de l'environnement. Et dire qu'on prétendait accorder la même attention à la protection de l'environnement qu'au développement des ressources. On n'accorde à l'office aucune ressource supplémentaire, ni pour s'acquitter de ce mandat, ni pour s'acquitter de son nouveau mandat qui consiste à s'occuper des pipelines abandonnés.
Ressources naturelles Canada subira des réductions générales de 320 millions de dollars, ce qui équivaut à 12,6 % de son budget. Puisque des dédommagements seront certainement versés au titre du projet de loi , ce n'est pas le moment de chercher à combler le déficit aux dépens des localités qui doivent vivre avec les conséquences de déversements.
Si le gouvernement créait un fonds d'urgence, il serait plus facile de croire qu'il souhaite véritablement remédier aux conséquences de déversements. Plus nous discuterons du projet de loi, plus il deviendra manifeste que ce sont les contribuables qui pourraient devoir payer la note sous le régime de cette loi.
On prévoit aussi que le budget de l'Agence canadienne de protection de l'environnement subira des coupes de 13,6 millions de dollars, ce qui correspond à 44 % de son budget. Une grande partie du budget de l'agence a servi au financement de consultations des groupes autochtones par le passé. Beaucoup d'oléoducs traversent des terres qui appartiennent aux Premières Nations ou qui font l'objet de revendications territoriales.
Le nombre de projets d'exploitation des ressources proposés est élevé et l'Office national de l'énergie ne consulte pas suffisamment la population dans le cadre de son processus décisionnel. Il semble donc impossible, dans les circonstances, que le gouvernement puisse s'acquitter de son obligation de consultation des peuples autochtones ou qu'un projet obtienne l'approbation sociale nécessaire.
Nous reconnaissons que ces budgets pourraient très bien être bonifiés au moyen du Budget supplémentaire des dépenses. Toutefois, il est stupéfiant de constater que, au moment même où nous débattons d'un projet de loi visant à améliorer la sécurité des pipelines, le gouvernement dépose des prévisions budgétaires ne prévoyant aucune augmentation de fonds qui permettrait à l'Office national de l'énergie — le tribunal — de remplir son mandat élargi ou au gouvernement de verser des indemnités en cas de déversement, encore moins d'assumer les coûts de nettoyage en pareille situation.
Cette situation est troublante à bien des égards. L'ampleur des risques potentiels et les répercussions éventuelles de l'accroissement considérable des volumes transportés quotidiennement ont augmenté, en particulier compte tenu de la nature des produits que l'on propose d'acheminer par pipeline, c'est-à-dire du bitume dilué. Premièrement, Enbridge envisage l'acheminement de 525 000 barils de pétrole par jour au moyen de l'oléoduc Northern Gateway. Le prolongement de l'oléoduc Trans Mountain par la société Kinder Morgan ajouterait 890 000 barils de pétrole par jour, tandis que, s'il est approuvé, l'oléoduc Énergie Est de TransCanada acheminerait 1,1 million de barils supplémentaires par jour.
On peut seulement espérer que le gouvernement a l'intention d'appliquer de façon rétroactive ces limites de responsabilités accrues aux projets d'oléoduc qui auront été approuvés avant l'adoption de ce projet de loi. Il faut aussi espérer que cette mesure législative augmentera considérablement la capacité d'inspection et d'intervention en cas de bris et de déversements. C'est important, compte tenu du piètre bilan de l'Office national de l'énergie et des exploitants d'oléoducs en matière de détection des bris et des déversements ou de conformité.
La majorité des accidents relatifs à un pipeline qui sont survenus récemment dans ma province, l'Alberta, ainsi que dans les Territoires du Nord-Ouest, ont été découverts et signalés par des citoyens ou des Autochtones qui faisaient de la chasse et du piégeage sur leurs terres, et non par l’Office national de l’énergie, les organismes de réglementation provinciaux ou les compagnies elles-mêmes. Je pense par exemple à ce qui s'est passé à Wrigley.
J'ai pu le constater par moi-même il y a quelques années, alors que j'assistais à un rassemblement de Dénés à Fort Providence. Un chasseur est venu à la réunion, et il a nous a raconté qu'il était assis près d'un marais, sur sa terre, quand un ours a soudainement surgi. Il a tout fait pour faire partir l'ours, mais en vain. Il réussissait à faire fuir l'ours pendant un instant, mais celui-ci revenait toujours. Le chasseur a donc finalement décidé d'enquêter sur ce qui était à l'origine de l'étrange comportement de cet ours. Il a découvert qu'un pipeline avait subi un bris majeur et que cela avait provoqué un déversement massif. Voilà un exemple d'occasion où les exploitants n'ont pas détecté et signalé un accident, et où ils n'ont pas informé les habitants du coin de ce qui s'était passé.
Par ailleurs, dans ce cas, nous avons dû intervenir et exiger de l'aide pour la Première Nation, qui essayait d'atténuer les répercussions de ce déversement. Si nous n'étions pas intervenus, l'Office national de l'énergie n'aurait rien fait.
Je pourrais parler encore longtemps des incidents liés aux pipelines en Alberta. Par exemple, il y a eu une fuite du pipeline de Plains Midstream près de Sundre, en Alberta, qui a d'abord touché une rivière, puis un réservoir d'eau potable. La fuite n'a pas été signalée aux propriétaires fonciers touchés.
La plus importante fuite de pipeline de l'histoire est survenue en avril 2011, et elle était encore une fois attribuable au pipeline de Plains Midstream. Au total, 4,5 millions de litres de pétrole se sont déversés au nord-est de Peace River. Encore une fois, la fuite a été détectée par la Première Nation Dene Tha', et non par l'exploitant du pipeline. Au bout du compte, il a fallu fermer l'école de l'endroit à cause des émanations provenant du pétrole. La Première Nation était très inquiète des répercussions de cette fuite sur l'eau, les poissons, les oiseaux et la faune en général, dont elle dépend, et préoccupée par les nombreux puits et pipelines abandonnés. Bien entendu, cet exemple montre bien que si les Premières Nations ne peuvent pas obtenir de dédommagement lorsqu'une fuite a des répercussions sur l'eau, les poissons, les oiseaux et la faune en général, dont elles dépendent, un problème se posera si le gouvernement n'assume pas ses responsabilités.
Rappelons-nous du déraillement et du déversement de Wabamun. Il n'y avait pas de pipeline en cause, mais il a fallu attendre une semaine avant que les organismes fédéraux se manifestent et viennent en aide aux Premières Nations directement touchées.
Qu'est-ce qui ne va pas dans le projet de loi ? Eh bien, les nombreuses réformes qu'il propose et les pouvoirs accrus et nouveaux droits qu'il confère soulèvent des préoccupations.
Les réformes en soi sont les bienvenues, notamment celles qui visent à étendre la responsabilité aux puits abandonnés et à augmenter la limite de responsabilité. Toutefois, une limite de 1 milliard de dollars est-elle adéquate? Il en a coûté 600 millions de dollars pour nettoyer le déversement de bitume dans la rivière Kalamazoo, sans compter les indemnités versées aux localités et aux propriétaires fonciers touchés.
Ecojustice déplore le fait que le projet de loi ne prévoit pas de mécanisme pour évaluer les risques en tenant compte du type de matériau expédié — sa corrosivité, par exemple —; des dommages potentiels pour l'environnement, et j'ajouterais pour la santé; des antécédents d'accidents ou d'infractions; de l'âge du pipeline; et j'ajouterais aussi du bilan sur le plan de l'entretien.
Aucune disposition dans le projet de loi ne précise quels sont les facteurs à considérer par l'Office national de l'énergie ou l'éventuel tribunal.
Deuxièmement, les répercussions liées à une éventuelle faillite soulèvent des préoccupations. La crainte, c'est que les dispositions relatives au principe du pollueur-payeur soient annulées en cas de faillite d'un propriétaire ou d'un exploitant de pipeline, étant donné que la Loi sur la faillite l'emporte. Cela mérite d'être discuté au comité.
Troisièmement, le pouvoir discrétionnaire de l'Office national de l'énergie et du tribunal soulève lui aussi des préoccupations. Il semble que le processus soit discrétionnaire et possiblement politisé. Par exemple, la compagnie doit être désignée avant que le tribunal puisse faire l'examen.
En outre, il n'est pas clair si un tribunal permanent serait constitué et si ses membres se croiseraient les bras en attendant qu'une compagnie ou un pipeline soit désigné ou si un tribunal serait constitué uniquement s'il y a un incident et qu'il faut traiter des demandes d'indemnisation.
Cela aurait lieu uniquement si le Cabinet, à sa discrétion, a déterminé, sur la recommandation d'un ministre, qu'une compagnie n'a pas assez de ressources pour payer les coûts ou le nettoyage ou qu'elle ne s'est pas conformée à une ordonnance de l'Office national de l'énergie.
L'Office national de l'énergie pourrait alors directement rembourser les coûts liés aux répercussions ou les frais engagés. En outre, le paiement pourrait être versé à même un fonds commun. Les coûts pourraient être recouvrés comme une dette, mais c'est peu probable en cas de faillite.
Comme je l'ai dit, le tribunal ne serait constitué que si une compagnie est désignée. Autrement dit, il le serait si un incident survient; il ne s'agirait pas d'un tribunal permanent.
Le paragraphe 48.18(2) proposé est un peu déroutant. Il prévoit que le gouverneur en conseil, autrement dit le Cabinet, pourrait constituer un tribunal que si cette mesure est dans l'intérêt public, eu égard à l'ampleur des dommages indemnisables. Il n'est pas clair si c'est la crainte d'une demande d'indemnisation pas assez ou trop importante qui a motivé cette disposition.
Le tribunal aurait toute la latitude de décider comment informer le public. Plusieurs intervenants qui ont participé à d'autres tribunaux ont suggéré qu' il faudrait préciser qui doit informer le public de son droit de présenter une demande d'indemnisation et de la marche à suivre.
À cela s'ajoute une autre question: pourquoi nommer uniquement des juges à la retraite? Dans bien des cas, dans ces tribunaux, il convient peut-être mieux de nommer des personnes qui ont des connaissances techniques et qui comprennent les pipelines, les répercussions, etc.
Si cette question a été soulevée, c'est parce que la nomination des membres du tribunal et la sélection des experts affectés à celui-ci sont à la discrétion de l'Office national de l'énergie. Toutefois, rien ne garantit la création d'un secrétariat quelconque, doté des compétences pertinentes pour aider le tribunal à rendre ses décisions.
Il est encourageant de savoir que le Cabinet pourrait prendre des règlements qui autorisent le tribunal à accorder des indemnités, des frais de déplacement et d'autres coûts, de quoi permettre aux demandeurs de défendre leur cause. Cependant, le tout se fera par voie réglementaire, et on ne sait pas trop dans quel délai seront pris ces règlements qui permettront de fournir l'orientation nécessaire.
Il a été mentionné que les règlements pourraient établir une indemnité maximale, mais nous ignorons sur quels facteurs reposerait ce montant, comme je l'ai dit tout à l'heure. Ce serait peut-être une bonne idée de préciser les critères utilisés dans le calcul des coûts des répercussions.
Pour ce qui est d'imposer des droits, des redevances ou des frais, les paiements peuvent provenir du Trésor. Cependant, il y a lieu de se demander si on cherchera réellement à recouvrer ces fonds auprès de l'exploitant ou si on ne se contentera pas de compter sur les fonds publics.
L'Office national de l'énergie serait habilité à fixer des taux par voie de règlement, mais rien n'indique qu'il serait tenu de consulter les exploitants de pipeline ou la population pour déterminer comment établir les taux relatifs aux droits et aux redevances. L'Office national de l'énergie devra absolument rendre régulièrement compte de ses efforts de recouvrement des frais de nettoyage des lieux d'un déversement et des indemnités payées, mais le projet de loi reste muet à ce sujet.
En ce qui concerne les avances en vue d'une réclamation, rien ne permet de savoir avec certitude si la loi permettrait le versement d'une avance dans l'éventualité d'un déversement et du nettoyage subséquent des lieux ou encore le consentement d'une avance à quiconque voudrait retenir les services, essentiels, d'un avocat, d'un expert ou de toute autre personne nécessaire pour faire valoir ses droits devant les tribunaux.
L'approche réglementaire applicable aux pipelines soulève de plus en plus de réserves au sein de la population et des Premières Nations étant donné les échecs constatés sur les plans de la prévention, de la détection et du nettoyage des déversements ainsi que l'incapacité de l'Office national de l'énergie et d'autres organismes gouvernementaux à obliger les promoteurs de pipeline à soumettre leurs plans d'urgence et d'intervention en cas de déversement à un examen public.
C'est manifestement ce qui se passe par rapport à l'examen du projet de prolongement de l'oléoduc Trans Mountain de Kinder Morgan. Le fait de ne pas avoir accès au plan d'intervention d'urgence en cas de déversement inquiète vivement les Canadiens qui habitent le long du tracé de l'oléoduc.
La même chose s'est produite pour la nation des Chipewyans d'Athabasca lors du processus d'examen d'un projet d'oléoduc en Alberta. Elle s'est pour ainsi dire retirée du processus d'examen de l'Office national de l'énergie parce qu'après lui avoir refusé de consulter le plan d'intervention d'urgence en cas de déversement, on lui a finalement laissé moins de 24 heures pour en prendre connaissance.
La nation d'Alexis réclame aussi plus d'information sur les fuites provenant des mines.
Les Canadiens préfèrent qu'on prévienne d'éventuels dommages à leur milieu et à l'environnement plutôt que de recevoir des indemnisations après coup. En effet, mieux vaut prévenir que guérir.
Les mesures que le projet de loi prévoit pour améliorer les choses sont les bienvenues et permettront de venir en aide aux gens touchés par d'importants déversements. Par contre, il est peu probable qu'elles soient suffisantes pour rétablir la confiance de la population à l'égard du gouvernement et de l'Office national de l'énergie, étant donné qu'on n'a pas permis aux localités et aux Premières Nations susceptibles d'être touchées de prendre connaissance des plans d'intervention d'urgence en cas de déversement, que les lois fédérales en matière d'environnement et de pêches ont été affaiblies et qu'on a réduit la participation des Premières Nations aux processus d'examen des projets d'oléoducs.
À vrai dire, bien des craintes ont été formulées lors des processus d'examen mis en oeuvre par l'Office national de l'énergie et les provinces. J'ai déjà donné l'exemple des membres de la nation des Chipewyans d'Athabasca, qui étaient outrés qu'on envisage de faire passer l'oléoduc sur leurs terres ancestrales et qu'on ne leur permette pas de consulter les principaux documents.
Les modifications qui seraient apportées au règlement de l'Office national de l'énergie réduiraient la participation des intervenants. J'ai déjà mentionné les propos tenus par l'ancien ministre des Ressources naturelles; celui-ci avait qualifié certains intervenants dans le processus d'examen de « groupes radicaux » qui menaçaient « de détourner notre régime réglementaire en vue de réaliser leur programme idéologique radical ». Ces groupes ne réclamaient pourtant que de pouvoir participer aux processus d'examen pour exprimer leurs inquiétudes en ce qui concerne les projets d'oléoducs.
Dans son rapport de 2011, le commissaire à l'environnement et au développement durable déplore que Transports Canada et l'Office national de l'énergie n'aient pas encore réussi à faire respecter le règlement et à faire adopter des mesures correctives, et que l'office n'ait pas examiné les procédures d'urgence de 39 % des sociétés régies par la réglementation. En l'absence de ressources suffisantes, il est peu probable que ce problème soit bientôt réglé.
Les Canadiens sont conscients qu'ils dépendent de l'utilisation des combustibles fossiles, qu'ils profitent des revenus de leur vente et de leur exportation, et que les pipelines sont nécessaires pour transporter les combustibles. Il est toutefois raisonnable que les Canadiens s'attendent à ce que leur gouvernement réglemente le secteur de manière à assurer la protection de leur santé et de l'environnement.
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Monsieur le Président, le débat de ce matin m'a beaucoup plu, parce qu'il est question de l'équilibre souhaitable dans les règlements en question.
Plus tôt cette année, dans le cadre de l'étude du projet de loi sur la réduction de la paperasse, la Chambre a débattu de la façon dont le gouvernement devrait aborder les règlements en général. J'estime pertinent de le rappeler en début d'intervention, afin de contextualiser mes observations.
Pour ce qui est du projet de loi à l'étude, nous souhaitons assurer la santé et la sécurité des Canadiens et un grand respect de l'intégrité environnementale en ce qui concerne le transport des produits énergétiques. Nous voulons faire en sorte que les règlements soient basés sur des faits, une analyse historique, des probabilités solides statistiquement parlant et des consultations avec l'industrie et les Autochtones. Nous désirons également — et je reviens ici à la question d'équilibre — que l'analyse des faits et le désir d'assurer au maximum la sécurité publique tiennent compte du calcul du coût d'option, afin d'offrir stabilité, transparence et prévisibilité à l'industrie.
D'après des conversations non officielles avec des représentants de l'industrie et même des ONG, je suis portée à croire qu'ils reconnaissent l'importance du secteur énergétique au Canada, dont je vais parler dans un moment. J'estime toutefois que le projet de loi parvient réellement à établir un équilibre entre ces trois points et c'est pourquoi je l'appuie.
En effet, le projet de loi propose une réglementation robuste en matière de santé et de sécurité pour les Canadiens qui, évidemment, mise sur le programme de développement responsable des ressources instauré dans le budget de 2012. Il fait aussi en sorte que certains critères et certaines limites de responsabilité sont basés sur une analyse des faits, tout en étant raisonnables. Ainsi, le projet de loi pourra avoir un impact important tout en imposant à l'industrie des attentes raisonnables quant à son fonctionnement — il est donc équilibré sur le plan économique.
Premièrement, je crois qu'il convient de commencer par le début en parlant de l'importance de cette industrie pour l'économie canadienne, car je trouve que, dans le débat sur les infrastructures et les politiques énergétiques, on a tendance à se demander si cette industrie devrait exister, si on devrait en réduire l'ampleur, ou si on ne devrait pas mettre en place divers règlement pour en restreindre les activités. Or, je crois que la réglementation devrait tenir compte de l'importance de cette industrie et viser à en stimuler la croissance, dans un cadre de développement durable qui protège à la fois la santé des Canadiens et l'environnement.
J'aimerais d'abord expliquer très clairement ma position et celle du gouvernement. Nous croyons que le secteur de l'énergie est très important pour l'économie canadienne. Cela ne fait aucun doute. Cette industrie crée des centaines de milliers d'emplois. Je sais que, selon les chiffres qui sont publiés régulièrement, cette industrie soutient environ 500 000 emplois. Ce ne sont pas que des emplois directs; il y a également des emplois dans des secteurs secondaires comme le secteur manufacturier et le secteur des services. C'est d'ailleurs ce que font valoir des organisations importantes comme la Canadian Association of Oilwell Drilling Contractors. Bref, cette industrie apporte une contribution énorme à l'économie, notamment au chapitre de la création d'emplois.
Ce secteur a une influence énorme sur les recettes du gouvernement. Bon nombre des programmes sociaux et des programmes d'innovation sont financés par les recettes provenant du secteur énergétique.
Il faut reconnaître, d'entrée de jeu, que ce secteur représente une pièce maîtresse de l'économie canadienne, une pièce importante. Comment peut-on le faire progresser? Comment pouvons-nous faire en sorte, dans ce cas-ci, que le transport des produits énergétiques soit propre et viable?
Je tient à rappeler que nous avons besoin d'énergie. Nous ne le disons jamais ici. Quand nous parlons de l'importance de l'industrie énergétique, nous oublions parfois de mentionner que nous avons besoin de nos ressources, non seulement pour assurer la sécurité énergétique du pays, mais aussi parce qu'elles nous servent à faire mille et une choses.
Nous avons besoins du gaz naturel livré à nos maisons pour alimenter les fournaises pendant les froides nuits d'hiver comme celles que nous connaissons actuellement. Nous avons besoin d'une source d'énergie viable, sûre, sécuritaire, qui encourage les entreprises manufacturières à investir dans la construction du Canada, favorise la croissance du secteur agricole et facilite la mobilité.
Pendant cette conversation, il ne faudrait pas oublier qu'il s'agit d'un secteur essentiel sur le plan économique, non seulement en raison de son incidence directe sur l'économie, mais aussi parce qu'il contribue à la sécurité énergétique et à la croissance économique que peut générer cette sécurité.
Nous avons besoin d’énergie et les ressources énergétiques sont importantes pour l’économie, mais comment en assurer le transport? Voilà la question et voilà pourquoi nous sommes saisis aujourd’hui de la Loi sur la sûreté des pipelines. Le projet de loi reconnaît que les produits énergétiques sont en demande et qu'ils constituent un secteur important pour l’économie. Voici une statistique intéressante. Selon l’Agence internationale de l’énergie, en 2040, la demande mondiale en énergie sera supérieure de 37 % à ce qu'elle est aujourd’hui.
Comment transporter ces produits? Les sociétés de pipelines transportent actuellement environ trois millions de barils de pétrole par jour. Si on devait fermer ces pipelines du jour au lendemain, il faudrait ajouter chaque jour environ 15 000 camions-citernes sur nos routes ou 4 200 wagons-citernes sur nos chemins de fer pour répondre à la demande actuelle. Or, ces moyens de transport consomment plus d’énergie, ce qui augmente bien entendu les émissions de gaz à effet de serre. Il s’agit d’une discussion importante dans notre débat sur la manière dont le Canada doit s’attaquer à la question des changements climatiques. Les pipelines offrent une solution propre et efficace pour transporter l’énergie dont nous avons besoin quotidiennement.
L'industrie le sait, et nous le savons. Nous avons justement présenté ce projet de loi pour dissiper certaines craintes concernant le régime actuel, dont le bilan est par ailleurs excellent. Mon collègue, le , a mentionné que 99,999 % du transport par oléoduc s'était fait sans anicroche. La réglementation canadienne en matière de sécurité des oléoducs est manifestement fondée sur les pratiques exemplaires à l'échelle mondiale, et le projet de loi nous permettrait d'aller encore plus loin.
Je tiens à revenir sur ce que j'ai dit au début de mon intervention. Voici les trois éléments dont il faut tenir compte pour établir, dans la réglementation, un équilibre sur le plan économique en ce qui concerne les mesures de sécurité et de protection de la santé et ce que nous avons appris des analyses fondées sur les faits: la prévention des incidents, la préparation aux urgences ainsi que la responsabilité et l'indemnisation.
Le projet de loi prévoit un certain nombre de mesures en matière de prévention. Je tiens à donner quelques exemples d'initiatives qui ont été lancées dans l'Ouest. Ces initiatives ne sont peut-être pas directement visées par le projet de loi, mais elle sont importantes pour établir le contexte du présent débat. Le ministère de la Diversification de l'économie de l'Ouest, que je dirige, cherche notamment à trouver les forces de nos industries primaires afin de pouvoir les utiliser — grâce à un personnel hautement qualifié et aux débouchées économiques — pour créer des industries secondaires qui permettraient de diversifier l'économie. C'est intéressant, car certains règlements que nous avons pris dans la foulée du plan Développement responsable des ressources, présenté en 2012, ont été des vecteurs d'innovation et ont permis la création de nouvelles industries. Bref, la réglementation a permis de créer des occasions que l'industrie a su saisir.
Je tiens à parler de deux exemples précis concernant la préparation aux urgences.
Le premier est un centre très intéressant à qui Diversification de l'économie de l'Ouest verse du financement; il s'agit de C-FER Technologies à Edmonton. J'aimerais m'y attarder un instant parce que je sais que, pendant la ronde de questions précédente, un de mes collègues d'en face a demandé ce que l'industrie faisait en ce moment.
Ce qui me plaît vraiment chez cet organisme en particulier c'est qu'il s'attache à faciliter l'utilisation de technologies de pointe par les exploitants d'oléoducs et de gazoducs pour le développement de ressources difficiles à exploiter. L'élément de ce projet de loi que nous essayons de faire valoir est la création et l'adoption des meilleures technologies dont l'on dispose. Ces types de technologie changent et croissent quotidiennement, et notre gouvernement a pris des mesures pour les financer. On vient récemment de terminer un programme d'agrandissement des installations, projet qui supposait la location et l'exploitation d'une nouvelle installation dans le secteur gazier et pétrolier ainsi que la conception, la construction et l'installation de systèmes d'essais de chargement à capacité élevée, de mises à niveau et d'instrumentations. Grosso modo, ce centre donne à l'industrie un endroit où faire l'essai de nouvelles technologies relatives à la sûreté des pipelines. Il offre notamment différents gadgets capables de détecter les fuites dans les pipelines. Il s'agit de technologies de pointe.
J'y suis allée et j'encourage les collègues d'en face à visiter cette installation. Encore une fois, il s'agit d'un centre de démonstration qui permet de commercialiser de nouvelles technologies. Il fait deux choses: premièrement, il favorise la sécurité à long terme de ces pipelines et, deuxièmement, il crée des emplois, car nous commercialisons des inventions brevetées au Canada. C'est un centre absolument stupéfiant, et je suis très fière que nous l'ayons appuyé.
L'autre organisme dont je veux parler est Technologies du développement durable Canada. Ce groupe, qui est financé par le gouvernement, voit à l'élaboration et à la commercialisation de technologies propres. L'industrie se trouve d'ailleurs au centre de sa démarche. Je représente une circonscription de Calgary, alors on me permettra sans doute de choisir, pour donner un exemple d'entreprise qui collabore avec Technologies du développement durable Canada, une société extrêmement innovatrice de ma ville, Pure Technologies. Cette dernière a créé un robot servant à inspecter les pipelines. J'ai justement un diagramme avec moi. On dirait un ballon, mais un ballon extrêmement complexe et sophistiqué qu'on envoie dans les pipelines et qui, grâce à la dynamique des fluides, peut détecter les fractures les plus minimes sur les canalisations. Il est ainsi possible de prévenir et de réparer les fuites avant qu'il ne soit trop tard.
Nous cherchons des moyens de prévention qui tirent parti des plus récentes technologies. Nous avons là un autre exemple des efforts que fait le gouvernement, en collaboration avec l'industrie, pour trouver l'équilibre entre la santé, la sécurité et le développement économique. C'est fascinant de voir les technologies qui se créent parallèlement à l'émergence d'une industrie secondaire axée sur les technologies propres et la sécurité des pipelines.
Pour aborder le deuxième élément du projet de loi, qui porte sur les mesures préventives et les interventions, je vais me fier à mes notes, mais pas seulement, puisque j'aimerais parler d'un autre projet qui se rapporte à la mesure législative à l'étude et qui favorise la diversification économique.
La Loi sur la sûreté des pipelines prévoit une réponse énergique dans le cas improbable d'un incident. Souvenez-vous que le taux de succès est de 99,999 %. La nouvelle loi exigerait des exploitants de pipelines qu'ils aient un certain niveau de ressources financières. Elle exigerait également d'eux qu'ils gardent une partie de ces ressources financières facilement accessible pour assurer une intervention rapide en cas d'incident.
Le projet de loi donnerait également à l'Office national de l'énergie le pouvoir de prendre les mesures qui s'imposent en cas d'incident et les ressources nécessaires pour le faire, et de gérer le nettoyage si, dans des circonstances exceptionnelles, l'entreprise n'est pas disposée à agir ou n'a pas les moyens de le faire. Autrement dit, le gouvernement garantirait que l'office ait les ressources nécessaires pour procéder au nettoyage et prendre les mesures qui s'imposent. Tous les fonds versés par le gouvernement seraient recouvrés auprès de l'industrie, autre mesure qui cadre avec le principe du pollueur-payeur du gouvernement dont nous avons si souvent parlé à la Chambre.
Parlant d'état de préparation, j'aimerais maintenant attirer votre attention sur l'importance de la formation des employés en cours d'emploi. C'est parfois difficile dans le secteur de l'énergie étant donné les conditions dans les régions éloignées du Nord. Nous oeuvrons, de concert avec l'industrie et certaines institutions, à dresser une liste de pratiques exemplaires afin de pouvoir offrir une telle formation.
Il y a quelques semaines, j'ai annoncé un projet avec le Justice Institute of British Columbia. Cet institut est un chef de file mondial en matière de formation en sécurité. Il exécute actuellement un projet qui aura des avantages commerciaux; intitulé Praxis, il propose des simulations dans le cadre de formations web. L'institut travaille avec l'industrie afin d'assurer une capacité d'intervention rapide.
Ce qu'il y a d'intéressant, c'est que la propriété intellectuelle associée à ces simulations pourra ensuite être appliquée à une suite de logiciels qui se prêtent bien à la commercialisation. Je répète que des retombées économiques sont générées par la prestation de services, la commercialisation de nouvelles technologies et aussi les services permettant de veiller à ce que les sociétés aient pris les mesures nécessaires pour pouvoir intervenir rapidement en cas d'incident. J'espère vraiment que les gens s'intéresseront à ce projet très intéressant qui se déroule ici même, au Canada.
En ce qui a trait à la responsabilité et à l'indemnisation, le troisième pilier du projet de loi, comme je l'ai dit, le principe du pollueur-payeur serait enchâssé dans la loi. J'aimerais parler de deux aspects très brièvement, étant donné que les critères à ce sujet seront examinés plus à fond au comité. Premièrement, à l'heure actuelle, la question de la responsabilité illimitée est traitée par l'entremise du régime de la common law, mais le projet de loi préciserait le niveau de responsabilité illimitée lorsque les entreprises sont fautives ou coupables de négligence. Ce serait expressément inscrit dans la loi au Canada. En ce qui concerne la responsabilité absolue, un montant de 1 milliard de dollars serait fixé, peu importe s'il y a eu faute ou négligence de la part des entreprises qui exploitent des pipelines.
Je sais que certains ont des réserves concernant ce montant; on se demande pourquoi il a été fixé, comment on est arrivé à ce montant et si c'est suffisant. Cette analyse des faits et cette analyse historique qui ont été effectuées dans le cadre de l'élaboration de la réglementation indiquent que ce niveau de responsabilité absolue et cette capacité financière fourniraient une couverture de calibre mondial. Le coût moyen du nettoyage des déversements majeurs survenus en Amérique du Nord varie entre 20 et 50 millions de dollars dans les cas de responsabilité absolue.
Avec le temps qu’il me reste, je devrais probablement parler un peu des mesures gouvernementales visant les changements climatiques, parce que le secteur de l’énergie et les changements climatiques sont invariablement liés. Cela a certainement été le cas cette semaine dans certaines décisions prises par nos voisins du Sud en ce qui concerne l’infrastructure énergétique.
Il est important de parler de ce que nous en avons fait à ce sujet, parce que le thème de mon discours est la manière dont nous mettons en place des mesures réglementaires équilibrées. Il en va de même quant à nos mesures pour lutter contre les changements climatiques.
Nous devons adopter une approche réglementaire sectorielle en collaborant avec l’industrie pour établir des cibles qui réduiront véritablement les émissions de gaz à effet de serre. Il y a l’exemple du secteur des véhicules de tourisme légers. Les mesures réglementaires réduiront les dépenses en carburant des consommateurs et les émissions de gaz à effet de serre. Tout le monde y gagne. Nous collaborons étroitement avec le secteur des centrales électriques au charbon. Ces deux secteurs émettaient énormément de gaz à effet de serre, et nous constatons une diminution de ce côté. C’est une grande réussite du présent gouvernement.
En ce qui concerne les mesures sur la scène internationale, nous avons déjà dit que, pour constater de réelles réductions à l’échelle internationale, tous les grands émetteurs de gaz à effet de serre doivent prendre des engagements en ce sens, et non un faible pourcentage d’entre eux. Nous essayons d’atteindre cet objectif en participant aux Conférences des parties.
En outre, nous investissons beaucoup dans la recherche et le développement relativement à l'adaptation aux changements climatiques, et nous travaillons en collaboration avec les collectivités pour diminuer les changements climatiques. Nous finançons aussi la recherche en matière de nouvelles technologies, de normes de surveillance et de pratiques exemplaires. La Fondation canadienne pour l'innovation et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada mènent les recherches relatives aux nouvelles technologies. D'ailleurs, nous consacrons des sommes assez élevées à la recherche sur les changements climatiques effectuée par ce conseil dans le cadre de son programme de recherche sur l'atmosphère et les changements climatiques. Ce programme s'appuie aussi sur la recherche fondamentale dans d'autres disciplines pour alimenter la recherche dans ce domaine.
Pendant les quelques minutes qui me restent, j'aimerais revenir sur ce que je disais au début de mon intervention au sujet de l'équilibre qu'il faut atteindre et du pragmatisme dont il faut faire preuve lorsqu'on propose des règlements.
Le projet de loi vise à prendre des mesures concrètes pour lutter contre les changements climatiques. Il vise à assurer la santé et la sécurité des Canadiens, et il cherche à établir des règlements fondés sur une analyse des faits, c'est-à-dire sur ce que l'on a observé dans le passé et sur ce qui risque de se passer dans le futur, sans toutefois ébranler l'industrie. Les règlements que l'on propose ont été élaborés avec l'étroite collaboration de l'industrie et ont fait l'objet de consultations auprès de groupes des Premières Nations. Nous voulons nous assurer que la mise en place de ces règlements nous permette d'atteindre l'équilibre visé.
Je m'en voudrais de ne pas parler de la réaction des députés de l'opposition à cet égard, que j'ai trouvée irresponsable. Je vais parler plus spécifiquement de la position du Parti libéral.
J'ai écouté avec une certaine curiosité les commentaires des libéraux au sujet des oléoducs. Le 19 juin 2004, le chef libéral a déclaré: « Je soutiens aussi l'idée d'un pipeline ouest-est. » Puis, le 29 mai 2014, il a dit ceci: « Je suis très en faveur du pipeline ouest-est. » Enfin, le 13 décembre, il a affirmé que le pipeline Énergie Est n'est pas socialement acceptable.
Je crois qu'il est raisonnable de tenir un débat à la Chambre pour examiner ce que sont les limites en matière de responsabilité, la façon d'atteindre un juste équilibre et ce qui pourrait causer un choc pour l'industrie, lequel serait nécessaire pour qu'on puisse implanter un mécanisme concernant la santé et la sécurité. Cela serait préférable à une discussion idéologique qui ne répondrait pas aux intérêts de l'industrie et de la population et qui ne permettrait pas d'améliorer la situation sur le plan de la santé et de la sécurité.
Je suis encouragée par une partie du débat jusqu'ici. J'espère que les députés d'en face voteront en faveur du renvoi du projet de loi à un comité. On pourra ainsi étudier plus à fond certaines hypothèses concernant les faits et les statistiques avancés pour calculer des limites et des règles précises en matière de responsabilité. Cependant, j'espère que, au cours de ce débat, nous n'aurons pas droit à des volte-face, chose que nous avons déjà constatée chez le chef du troisième parti.
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Monsieur le Président, je me lève avec plaisir pour discuter du projet de loi . Cela me fait d'autant plus plaisir qu'il s'agit du premier projet de loi portant sur les ressources naturelles que j'ai l'honneur de débattre à la Chambre en tant que porte-parole de l'opposition officielle en matière d'énergie et de ressources naturelles.
Ce dossier est extrêmement important, particulièrement en raison des différents enjeux et projets présentement en cours. Dans ma circonscription, le projet Énergie Est passerait par le Témiscouata. C'est donc un projet majeur. Évidemment, partout au pays, plusieurs autres grands projets sont directement touchés par le projet de loi , qui vise à accroître la sécurité du transport de pétrole au moyen des pipelines et oléoducs du pays.
Le gouvernement nous a demandé de quelle manière nous allions voter à l'étape de la deuxième lecture. Effectivement, nous allons voter en faveur du projet de loi à cette étape, et je peux le confirmer; non pas que le projet de loi soit parfait, et durant les prochaines minutes, j'aurai l'occasion d'en expliquer les imperfections auxquelles le Comité permanent des ressources naturelles devrait travailler.
À notre avis, il s'agit d'un bon premier pas. Finalement, après que nous ayons mis tant de pression sur le gouvernement, nous sommes réellement heureux que le gouvernement ait la volonté d'aller vers l'application du principe du pollueur-payeur non seulement dans les mots, mais aussi dans la législation.
Comme mes collègues le savent sans doute, depuis qu'il a pris les rênes du Nouveau Parti démocratique, notre chef, le député , a parlé amplement du besoin de ce pays d'appliquer le principe du pollueur-payeur non seulement dans le domaine des ressources naturelles, mais aussi dans l'ensemble des domaines industriels et économiques de ce pays.
Il a parlé également du besoin de prendre en compte les effets externes économiques, par exemple, en tenant compte des coûts de pollution entraînés par différentes industries, pour refléter le coût réel de la production, non seulement du point de vue économique pour le consommateur ou pour le producteur, mais également pour l'environnement et pour tout ce qui pourrait toucher de grandes communautés.
De ce côté-ci de la Chambre, nous reconnaissons l'importance de l'industrie pétrolière et gazière partout au pays. Nous savons que cette industrie compte pour environ 7 % ou 8 % du PIB canadien et qu'elle a des répercussions non seulement dans l'Ouest du pays, mais également dans des régions comme le Québec et l'Ontario. Toutefois, si nous voulons enchâsser le principe du pollueur-payeur, il va falloir le faire d'une manière cohérente et exhaustive.
En décrivant le projet de loi, ce que je vais le faire au cours des prochaines minutes, nous nous sommes aperçu que des éléments positifs dans leur ensemble pourraient ne pas aller assez loin, comme l'établissement d'une responsabilité sans faute. Ainsi, au bout du compte, toutes les compagnies pourraient être responsables dans le cas d'un désastre; même si ce n'est pas la faute de la compagnie ou même si la négligence n'est pas démontrée, la responsabilité pourrait aller jusqu'à 1 milliard de dollars, selon le montant d'argent qui serait établi par l'Office national de l'énergie, par le Cabinet ou par le gouverneur en conseil.
Si cette question des 1 milliard de dollars est positive dans la mesure où il n'y avait pas de telle responsabilité implicite dans la législation ou la réglementation canadienne, elle minimise et dilue un peu le principe du pollueur-payeur. Même si la compagnie n'est pas en faute, il s'agit tout de même d'un pipeline ou d'un oléoduc construit et opéré par une compagnie qui devrait un jour ou l'autre en assumer la responsabilité pleine et entière. Nous nous retrouvons donc avec une limitation: cette responsabilité, même s'il n'y a pas de faute, pourrait être replacée sur les épaules du contribuable.
Si nous avions le cas d'un désastre dont les coûts de nettoyage et les coûts environnementaux seraient supérieurs à 1 milliard de dollars, une portion pourrait effectivement être imposée aux contribuables par l'intermédiaire du gouvernement. Pour nous, il s'agit là d'une faiblesse du projet de loi.
Si nous voulons vraiment être fidèles au principe du pollueur-payeur, nous devrions aller jusqu'au bout du raisonnement et appliquer la responsabilité pleine et entière à la compagnie.
Évidemment, s'il y a un défaut dans le pipeline dont la compagnie n'est pas directement responsable et dont une tierce partie l'est, alors la responsabilité pourrait être attribuée à la tierce partie. Par contre, dans le cas où il s'agit d'une question d'opération et où la compagnie est responsable du pipeline, à ce moment-là, elle devrait être responsable de l'entièreté des dommages et des coûts environnementaux créés.
Cependant, si la compagnie est reconnue fautive ou négligente, en vertu du projet de loi, les coûts et les dommages pourraient être bien supérieurs. Ce montant serait déterminé soit par le gouverneur en conseil, soit par l'Office national de l'énergie.
Nous voyons d'un bon oeil le fait que cette législation tienne enfin les compagnies pour responsables des pipelines abandonnés. Auparavant, la responsabilité était implicite, mais pas nécessairement très claire. Ma collègue d' a mentionné dans son discours que le problème était criant en Alberta. Il y a plusieurs puits de pétrole abandonnés, reliés par des pipelines qui ont eux aussi été abandonnés. Cette question d'abandon pose un problème, puisque les compagnies qui en étaient propriétaires n'existent plus la plupart de temps, ce qui crée un flou concernant la responsabilité du coût du nettoyage.
C'est donc une bonne chose que la responsabilité des compagnies vis-à-vis de ces pipelines soit indiquée explicitement dans ce projet de loi, même après la fin des opérations des installations dans le sous-sol canadien, puisqu'il s'agit de grands projets et de compagnies relativement stables du point de vue économique et financier.
De quelle manière pouvons-nous nous assurer que ces coûts sont assumés par les compagnies? En vertu du projet de loi, chacune des compagnies opérant un type de pipline correspondant aux normes indiquées dans le projet de loi, soit des pipelines transportant plus de 250 000 barils de pétrole par jour, devront faire un dépôt de 1 milliard de dollars. Encore une fois, nous voyons cela d'un bon oeil. Cet argent servira à assurer la responsabilité immédiate de la compagnie en cas de désastre, et servira également de dépôt dans le cas où un pipeline cesserait ses opérations, afin que la compagnie demeure responsable d'éventuels coûts de nettoyage ou de coûts reliés à un affaissement, par exemple.
On a donc prévu une protection contre tous les dommages pouvant survenir sur un terrain sous lequel se trouve un oléoduc. Elle est peut-être minime en comparaison aux coûts grandissants qui sont entraînés par ces pipelines, mais c'est tout de même une reconnaissance de la responsabilité de la compagnie.
J'ai l'impression de lancer des fleurs au gouvernement, mais il faut quand même reconnaître les progrès effectués en matière de sécurité des pipelines et les éléments positifs. Par exemple, on prévoit la possibilité pour l'Office national de l'énergie d'instituer un tribunal pour des réclamations à la suite d'un désastre ou d'une fuite de pipeline.
Auparavant, il était extrêmement complexe et onéreux pour un propriétaire de terrain de se faire indemniser, par exemple, dans le cas où il était touché par une fuite importante de pipeline. Le système juridique étant très complexe, cela entraîne des coûts de démarrage pour une personne qui a subi un préjudice.
Ce projet de loi prévoit donc une disposition permettant à l'Office national de l'énergie et au gouverneur en conseil, à leur discrétion, de former un tribunal administratif à la suite d'un désastre afin d'entendre et d'indemniser des parties qui se sont senties lésées par rapport à ce désastre. Il s'agit d'un progrès, car cela facilitera le processus administratif, si l'Office national de l'énergie et le gouverneur en conseil utilisent leur discrétion de manière judicieuse, bien sûr.
Cela résume les éléments positifs que je peux relever dans ce projet de loi. Ils constituent un progrès et les raisons pour lesquelles nous allons voter en faveur de ce projet de loi à l'étape de la deuxième lecture. Nous pourrons ainsi en traiter davantage en comité et proposer des amendements pour améliorer ces éléments, qui nous semblent plus dilués par rapport à ce qu'ils pourraient être en réalité.
En ce qui concerne les faiblesses du projet de loi, on peut en nommer trois. Premièrement, j'ai mentionné à plusieurs reprises la question de la discrétion de l'Office national de l'énergie ou du gouverneur en conseil, c'est-à-dire le Cabinet.
Il aurait été bien d'avoir assuré plus de certitude et donné plus de dents, si l'on veut, à ce projet de loi, afin que des éléments puissent s'enclencher, sans avoir à espérer que l'Office national de l'énergie ou le gouverneur en conseil fasse preuve de bonne gouvernance ou de sagesse dans ses décisions.
En fait, plusieurs de ces outils qui, en principe, devraient entraîner l'amélioration de la sécurité du transport par pipeline ne sont pas garantis. Cela dépendra du bon vouloir de l'Office national de l'énergie et du gouverneur en conseil, ce qu'on espère tous qui va arriver, mais ce qui n'est pas garanti au cas par cas.
En outre, on aurait bien voulu que le gouvernement comprenne que si la question de la sécurité des pipelines touche grandement le transport pétrolier, elle touche également le transport du gaz naturel et d'autres produits, tels que les diluants utilisés dans l'industrie des sables bitumineux. Bien souvent, ceux-ci sont traités dans un endroit et le diluant, après avoir été séparé des sables bitumineux, sera réexpédié vers l'endroit d'extraction. Ces diluants sont hautement toxiques et très dangereux. Il aurait été bien qu'un tel projet de loi inclut le transport de ces produits dont les risques pour l'environnement sont à peu près similaires à ceux du pétrole.
De plus, on s'explique mal pourquoi le gouvernement s'est arrêté, en fait, à imposer ces nouvelles normes de sécurité du transport par pipeline à des pipelines qui transportent plus de 250 000 barils par jour. Pourquoi n'a-t-on pas imposé ces normes et ces nouvelles restrictions relatives à la sécurité du transport par pipeline à l'ensemble des pipelines interprovinciaux dont l'Office national de l'énergie et le gouvernement fédéral sont responsables?
Alors, oui, le fait que le gouvernement applique maintenant, même partiellement, le principe du pollueur-payeur est un pas dans la bonne direction. C'est la raison pour laquelle nous allons appuyer le projet de loi. C'est aussi une question importante pour le gouvernement et pour l'industrie, parce que c'est une question de confiance dans l'industrie. Je peux en parler en connaissance de cause, puisque l'une des grandes préoccupations de ma circonscription et du Québec dans l'ensemble, compte tenu de ce que j'ai entendu par rapport au projet Énergie Est, c'est effectivement la sécurité du transport pour les rivières, les cours d'eau et les bassins hydrographiques, entre autres. C'est une grande préoccupation qui a été exprimée récemment dans le cadre d'un sondage effectué par Harris/Décima et qui portait justement sur la perception des Canadiens en ce qui concerne le transport du pétrole et du gaz, que ce soit par chemin de fer ou par pipeline. Moins de la moitié des Canadiens font confiance au système de transport par pipeline.
Beaucoup de gens ont parlé d'acceptabilité sociale. Par conséquent, il va de soi que pour l'étude approfondie et pour que les gens soient rassurés que le transport par pipeline n'aura pas d'effet négatif sur leur communauté, des éléments doivent être mis en place pour assurer la sécurité et une réaction rapide dans le cas d'un désastre. Il faut aussi faire en sorte que tous les désastres environnementaux survenus dans des propriétés privées, par exemple, ou même dans le domaine public, soient compensés adéquatement par la compagnie. Le gouvernement se devait d'aller dans cette direction.
On pourrait même argumenter qu'ils ont tardé d'aller dans cette direction, parce que ce n'est pas d'hier que le gouvernement se fait rappeler ses devoirs en matière de sécurité pour le transport par pipeline ainsi que pour le transport du pétrole et de l'énergie fossile en général. Il aurait dû agir dans ce dossier bien avant, et c'est un reproche qui lui a été fait par plusieurs membres de la société civile, non seulement par les environnementalistes, mais également par les communautés directement touchées par ce transport, qu'il soit souterrain ou par chemin de fer.
Bref, si l'on regarde l'ensemble des projets, certains seront assurément influencés ou touchés par ce projet de loi. Cela va peut-être aider les communautés qui doivent intervenir dans ces dossiers. Je parle, entre autres, d'Énergie Est, bien sûr. Northern Gateway est également l'un de ceux touchés. Cela va peut-être permettre aux communautés de considérer la question d'un angle différent.
Il ne faut pas nécessairement s'attendre à ce que le gouvernement ait maintenant un laissez-passer gratuit pour faire approuver ses projets par les communautés. En effet, autant il peut y aller d'une manière positive, ou relativement positive dans ce cas-ci, autant il reste encore bien des préoccupations qui ont été exprimées par les différentes communautés. Je ne parle pas uniquement des municipalités, je parle également des communautés autochtones. Par exemple, dans le cas de Northern Gateway, Kitimat pourrait être affectée largement par un désastre, et cela a été soulevé à plusieurs reprises. Or le gouvernement ne semble pas pouvoir rassurer cette communauté. Le gouvernement devrait notamment avoir une responsabilité d'intervention directe pour traiter des oléoducs avec les Premières Nations et que cela ne soit pas nécessairement laissé à la discrétion de la compagnie. Il faudrait que le gouvernement, qui a une responsabilité envers les Premières Nations, puisse s'impliquer dans ces dossiers.
Or il refuse de le faire. Cela donne des situations où l'acceptabilité sociale de ces projets est absente. Au bout du compte, non seulement le gouvernement n'accroît pas les normes de sécurité, mais selon la plupart des experts, il réduit également les périodes de consultation ainsi que l'efficacité de l'évaluation environnementale. Il a permis d'expédier le processus dans des délais supersoniques. Je m'exprime dans ces termes parce que, dans le cas du projet Énergie Est, l'Office national de l'énergie, ne dispose que de 15 mois. En fait, la période limite pour intervenir ou encore pour commenter le projet Énergie Est au Québec est fixé au 3 mars, soit la semaine prochaine. Le problème est que TransCanada qui, évidemment, est à la tête du projet Énergie Est, n'a même pas encore décidé s'il y aurait un port pétrolier à Cacouna. Plusieurs rumeurs parlent du fait que le tracé pourrait changer de manière significative. On entend dire que Cacouna pourrait être remplacée, par exemple, par Baie-des-Sables, par Bécancour ou encore par Lévis. Ce n'est pas clair que le projet est final présentement, mais l'office semble penser qu'il doit absolument agir immédiatement en raison des délais extrêmement courts qui lui ont été imposés par législation par le gouvernement fédéral.
Il en va de même pour la question de l'évaluation environnementale puisqu'il y avait des processus séparés auparavant. L'Office national de l'énergie traitait de l'oléoduc lui-même. Les questions environnementales suivaient un processus séparé. Pour pallier certaines lacunes, on aurait évidemment pu modifier les deux processus pour s'assurer peut-être d'accroître leur efficacité. Cependant, finalement, en fusionnant les processus et en en remettant la responsabilité à l'Office national de l'énergie, le gouvernement n'a pas rendu service à l'industrie, bien au contraire. Aujourd'hui, on a beaucoup plus de résistance par rapport à ces projets, justement parce que le processus semble hautement inadéquat pour les gens qui veulent intervenir et pour ceux qui se sentent concernés et préoccupés et qui se sentent dépassés par la vitesse où vont les choses. Dans le cas d'Énergie Est, on parle d'un projet majeur de 1,1 million de barils qui devrait être traité par l'office en l'espace de 15 mois.
On parle donc du principe du pollueur-payeur; on parle donc du principe de responsabilité du gouvernement fédéral; et on parle donc du principe selon lequel le gouvernement fédéral devrait s'assurer des meilleures dispositions pour l'industrie. Or ces dernières ne servent pas uniquement à faciliter le transport ou l'expansion économique. Le gouvernement a également la responsabilité de faire en sorte que les conditions économiques, réglementaires et législatives dans lesquelles évolue l'industrie pétrolière et gazière soient suffisamment stables pour s'assurer d'une cohérence à long terme. Il faut que les compagnies et l'industrie puissent voir qu'à long terme, leur environnement économique est assuré. Présentement, vu la manière dont fonctionne le gouvernement et les modifications qui ont été implantées, les compagnies ont raison de douter du bien-fondé des politiques adoptées par le gouvernement.
Dans le cas du projet de loi , les mesures constituent un pas en avant pour la sécurité dans les pipelines; c'est la raison pour laquelle nous l'appuyons. Toutefois il reste encore bien des incertitudes pour assurer effectivement que le domaine des ressources naturelles, qui est un domaine extrêmement important d'un point de vue économique pour le Canada, pourra croître d'une manière responsable et durable, en attendant, évidemment, une transition graduelle vers une économie canadienne qui sera fondée davantage sur une énergie renouvelable.
Monsieur le Président, je suis ravi de parler aujourd'hui de la nouvelle loi du gouvernement sur la sûreté des pipelines. Je partagerai mon temps de parole avec la nouvelle députée de .
Au cours du débat, tous les députés nous ont rappelé la grande importance de l'infrastructure énergétique canadienne. On nous a expliqué comment le réseau de pipeline du Canada fonctionne comme une route énergétique vitale permettant de livrer du pétrole et du gaz naturel aux particuliers, aux entreprises et à l'industrie, et d'approvisionner en énergie tous les types de moyens de transport. Même si les néo-démocrates préfèrent le nier, il est clair que nous bénéficions tous quotidiennement de l'énergie que transportent les pipelines canadiens. Nous pensons rarement à cette infrastructure clé, car, honnêtement, elle est si sûre qu'elle pose rarement problème.
Le Canada compte un vaste réseau de pipelines sous réglementation fédérale — il s'étend, en fait, sur plus de 73 000 kilomètres. En plus de ceux-ci, 70 pipelines transportent chaque jour du pétrole et du gaz naturel de façon sûre et fiable par-delà la frontière canado-américaine.
En 2013, la valeur des échanges commerciaux entre le Canada et les États-Unis dans le domaine de l'énergie s'est élevée à 140 milliards de dollars, soit beaucoup plus que la valeur totale des échanges commerciaux entre deux autres pays sur la planète. Aujourd'hui, le Canada fournit aux États-Unis un volume sans précédent de ressources énergétiques. En fait, le Canada et les États-Unis ont considérablement réduit la quantité de pétrole qu'ils importent de l'étranger. Je pense que la plupart des députés conviendront que c'est une bonne chose. Parallèlement, l'importation de pétrole entre les deux pays atteint des sommets inégalés, ce qui contribue à rehausser la sécurité énergétique de l'Amérique du Nord et à favoriser la croissance économique des deux pays.
Bien que le réseau de pipelines du Canada soit très grand, celui des États-Unis l'est encore plus. Selon la Pipeline and Hazardous Materials Safety Administration, une agence du ministère américain des Transports, plus de 2,6 millions de milles de pipelines permettent d'acheminer du pétrole et du gaz naturel partout aux États-Unis. La taille du réseau américain de pipelines est plus de 50 fois supérieure à celle du réseau routier inter-États. Cela illustre vraiment l'immensité de ce réseau ainsi que sa sécurité. Je le répète, depuis que les pipelines se sont révélés le moyen le plus efficace, le plus sûr, le plus fiable et le plus éconergétique de transporter du pétrole et du gaz, on pense rarement à ces autoroutes énergétiques et au fait qu'elles relient la plupart des localités de toute l'Amérique du Nord.
Lorsqu'il est question de la sûreté des pipelines, la feuille de route du Canada est exceptionnelle. Nos pipelines sont parmi les plus sécuritaires au monde. Entre 2008 et 2013, 99,999 % du pétrole et des produits transportés dans des pipelines sous réglementation fédérale est arrivé à destination sans anicroche. Les Canadiens peuvent être fiers de cela, et ils devraient l'être. En lieu et place, j'entends des critiques et des doutes de la part de certains députés, notamment des néo-démocrates. Dans les rangs des libéraux, il y a eu ce que l'on pourrait appelé une conversion miraculeuse. Je suis content qu'ils se soient ralliés à nous après avoir constaté qu'il s'agissait là d'un projet de loi qu'ils devaient absolument appuyer.
Pour transporter la même quantité de pétrole par camion ou par train, il faudrait 15 000 camions-citernes ou 4 200 wagons par jour, ce qui demanderait une plus grande consommation d'énergie et entraînerait une augmentation des gaz à effet de serre. Pour le transport de ces produits, le choix du pipeline est manifestement le bon choix. Il n'y a aucun doute là-dessus, et je crois sincèrement que personne ici ne peut nier cette vérité.
Lorsqu'il est question de sécurité, les Canadiens exigent ce qu'il y a de mieux, et ils le méritent. Nous voulons que nos collectivités soient en sécurité et nous voulons que notre environnement soit protégé. Voilà pourquoi la Loi sur la sûreté des pipelines est si importante. En bref, nous reconnaissons que la sécurité du public et la protection de l'environnement sont des conditions nécessaires au développement de l'énergie. Ce projet de loi est un outil de plus pour bâtir la confiance du public à l'égard de nos 73 000 kilomètres de pipelines.
Le projet de loi renforcerait le bilan impressionnant du Canada en matière de sûreté des pipelines en mettant l'accent sur trois domaines clés, soit la prévention, la préparation et l'intervention, ainsi que la responsabilité et l'indemnisation.
Le projet de loi comprendrait des mesures préventives qui préciseraient les règles s'appliquant aux propriétaires de pipeline et les responsabilités de ces derniers, de façon à prévenir les incidents liés aux pipelines, à améliorer la sécurité pour les Canadiens et à mieux protéger l'environnement.
Le projet de loi exigerait que les entreprises qui exploitent des pipelines majeurs aient 1 milliard de dollars à leur disposition et aient toujours des ressources suffisantes prêtes à intervenir immédiatement et efficacement.
Nous inscririons le principe du pollueur-payeur dans la loi afin que les pollueurs, et non les contribuables canadiens, soient tenus financièrement responsables des coûts et des dommages que tout incident pourrait entraîner.
Le projet de loi créerait aussi la responsabilité absolue ou sans faute. Les exploitants de pipeline seraient donc tenus responsables même si la faute ou la négligence n'est pas prouvée. C'est un aspect important qui, à mon avis, est un peu passé inaperçu, même s'il y a déjà eu plusieurs débats sur cette mesure législative.
Pour les sociétés exploitant des pipelines majeurs, le montant de la responsabilité absolue serait fixé à 1 milliard de dollars.
Bien entendu, notre priorité consiste à empêcher les fuites. C'est pour cette raison que nous proposons des modifications à la Loi sur l'Office national de l'énergie, qui seraient fondées sur d'autres améliorations récentes mises en oeuvre par le gouvernement. Par exemple, ces modifications viseraient à accroître le nombre d'inspections et de vérifications effectuées chaque année et à donner à l'Office national de l'énergie le pouvoir d'imposer des amendes.
Par ailleurs, nous demanderions à l'Office national de l'énergie de fournir des conseils en ce qui concerne l'utilisation des meilleures technologies existantes dans les projets de pipeline, notamment les matériaux, les méthodes de construction ainsi que les techniques d'intervention en cas d'urgence. Par conséquent, l'Office national de l'énergie, qui est l'un des organismes de surveillance du secteur de l'énergie les plus respectés à l'échelle mondiale, participerait à toutes les étapes des projets, y compris la construction de nouveaux pipelines.
Même si nous sommes fiers du bilan du Canada en matière de sûreté des pipelines, nous n'avons aucunement l'intention de nous reposer sur nos lauriers. En effet, nous ne pouvons pas relâcher notre vigilance lorsqu'il est question de la sécurité des Canadiens ou de notre environnement. Le projet de loi témoignerait de l'engagement du gouvernement à faire encore mieux, et ce, même si le bilan des entreprises qui exploitent des pipelines est déjà impeccable.
Nous comprenons également la nécessité de consulter les Canadiens, y compris les peuples autochtones, qui sont souvent ceux qui vivent le plus près des sites où l'on trouve des ressources naturelles. C'est pourquoi, en plus de proposer ce nouveau projet de loi, le gouvernement adopte une approche inclusive en matière de sûreté et d'exploitation des ressources. Nous sommes tout à fait déterminés à collaborer directement avec les peuples autochtones de l'ensemble du pays en ce qui concerne tous les aspects de l'exploitation sécuritaire des pipelines, y compris la planification, la surveillance, l'intervention en cas d'incident, ainsi que les possibilités d'emploi et d'affaires qui s'y rattachent.
Le gouvernement du Canada a l'obligation constitutionnelle de consulter les communautés autochtones lorsqu'un projet risque de porter atteinte à leurs droits issus de traités, et c'est ce que nous faisons. Nous croyons que les peuples autochtones doivent être des partenaires à tous points de vue, que ce soit pour assurer la sécurité de notre réseau de pipelines, protéger l'environnement marin contre les incidents, ou partager les bienfaits liés à l'exploitation de nos ressources. Voilà pourquoi le gouvernement est déterminé à conclure un partenariat fort et durable avec les peuples autochtones afin d'assurer l'exploitation responsable de nos ressources et la sûreté des pipelines.
Le NPD a constamment voté contre toutes les mesures de sûreté des pipelines que nous avons proposées, et les Canadiens savent qu'ils ne peuvent tout simplement pas compter sur le NPD pour protéger avant tout leur sécurité ou l'environnement. Les Canadiens peuvent compter sur le gouvernement actuel. Avec le projet de loi , nous rendrions encore plus sécuritaire le système de sûreté des pipelines de calibre mondial dont le Canada s'est doté.
J'exhorte l'ensemble des députés des deux côtés de la Chambre à appuyer les mesures vraiment efficaces qui sont proposées dans ce projet de loi, et j'ai hâte d'entendre le reste du débat sur cette question.
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Monsieur le Président, il y a de nombreuses bonnes raisons d'appuyer le projet de loi . D'abord et avant tout, il permettrait d'améliorer encore l'excellent bilan du Canada en matière de sécurité des pipelines. Le bilan de sécurité des pipelines sous réglementation fédérale étant de 99,999 %, nous savons que les pipelines offrent un moyen sûr et efficace pour transporter l'énergie. Toutefois, même si ce bilan est presque parfait, nous savons que les Canadiens s'attendent à ce que nous l'améliorions encore plus. Notre objectif est simple: pas de déversement. Voilà l'objet du projet de loi.
Comme le l'a précisé très clairement, le gouvernement fédéral tient à ce que le système canadien de réglementation de la sécurité des pipelines soit de premier ordre. Il a indiqué sans équivoque qu'aucune exploitation des ressources ne se fera tant que des examens environnementaux et réglementaires rigoureux n'auront pas déterminé que le projet ne pose aucun danger pour les Canadiens et l'environnement, car la santé publique et la performance environnementale ne sont pas négociables.
La Loi sur la sûreté des pipelines offre un bon exemple de développement responsable des ressources. Elle renforcerait la protection de l'environnement et créerait des emplois au Canada, tout en assurant la sécurité énergétique de nos partenaires commerciaux à l'échelle mondiale. Ce projet de loi n'est que la plus récente mesure concrète prise dans le cadre de cet engagement.
Le projet de loi s'appuie sur les précédentes mesures gouvernementales régissant la sécurité des pipelines, lesquelles ont conféré de nouveaux pouvoirs à l'Office national de l'énergie pour imposer des sanctions administratives pécuniaires et pour augmenter le nombre des inspections et des vérifications effectuées par cette entité.
Je sais que les Canadiens peuvent compter sur le gouvernement pour agir. La Loi sur la sûreté des pipelines irait encore plus loin: elle améliorerait la prévention, la préparation et les interventions relatives aux accidents et elle hausserait la responsabilité et l'indemnisation en cas d'accident. La loi conférerait à l'Office national de l'énergie des pouvoirs accrus pour exiger que l'industrie des pipelines rende des comptes et elle ferait en sorte que tout non-respect des normes environnementales entraîne de lourdes amendes.
Ces mesures, à elles seules, sont une raison suffisante pour appuyer le projet de loi. Cependant, il est tout aussi important de prendre en considération que nous avons la possibilité, pendant un temps limité, de veiller à ce que le secteur énergétique du Canada continue à réussir, en assurant la prospérité future de tous les Canadiens.
Comme nous le savons, le Canada possède la troisième réserve avérée de pétrole et est le cinquième producteur de gaz naturel en importance dans le monde. Ces précieuses ressources constituent déjà un important moteur économique au pays. Le secteur pétrolier et gazier crée plus de 190 000 emplois directs et représente près de 7,5 % du produit intérieur brut du pays. En 2013, le Canada a vendu dans le monde entier des produits énergétiques d'une valeur de 117 milliards de dollars. Cela représente plus du quart de nos exportations totales de marchandises. Cet argent aboutit dans les poches de tous les Canadiens, que ce soit directement, par l'activité commerciale et la création d'emplois, ou indirectement, par les redevances provenant du secteur des ressources.
Depuis cinq ans, tous les ordres de gouvernement ont reçu en moyenne 23,3 milliards de dollars par année du secteur pétrolier et gazier. C'est l'équivalent de ce que nous dépensons pour l'éducation de 1,6 million d'enfants canadiens dans les écoles publiques ou pour les soins de santé de près de cinq millions de Canadiens. Ce montant n'est qu'une fraction de ce qu'il pourrait être. Des centaines de grands projets d'exploitation des ressources d'une valeur de plus de 675 milliards de dollars sont en cours ou seront mis en branle au cours de la prochaine décennie. C'est une occasion qui ne se présente qu'une fois par génération.
L'Institut canadien de recherche énergétique affirme qu'au cours des 25 prochaines années, la valeur totale des biens, des services et des emplois créés grâce aux sables bitumineux pourraient atteindre 2 billions de dollars, ce qui représente 85 milliards de dollars par année, et je n'ai parlé que du pétrole jusqu'à présent.
Selon le Conference Board du Canada, de 2012 à 2035, le secteur du gaz naturel pourrait investir plus de 386 milliards de dollars au Canada. Près de la moitié de cette somme, soit 181 milliards de dollars, irait à la Colombie-Britannique.
Mais rien de tout cela ne sera possible si nous n'avons pas l'infrastructure nécessaire pour acheminer nos produits énergétiques jusqu'aux ports aux fins d'exportation. Sans pipelines, le pétrole et le gaz canadiens resteront coincés. Nous faisons déjà les frais de ce manque de pipelines. La baisse des prix du pétrole en 2012 a créé un manque à gagner de quelque 13,3 milliards de dollars pour les producteurs canadiens.
Il nous faut des pipelines pour accéder à de nouveaux et différents marchés que ceux sur lesquels nous comptons habituellement. À l'heure actuelle, la quasi-totalité des exportations canadiennes de pétrole et de gaz sont destinées aux États-Unis. Le Canada demeurera un principal fournisseur de pétrole pour son voisin du Sud, mais en raison des changements qui s'opèrent dans l'offre et la demande à l'échelle mondiale, il est impératif que le Canada élargisse sa clientèle. Fort heureusement pour nous, de nouveaux marchés en pleine croissance s'ouvrent à nous; il suffit de mettre nos réserves énergétiques à leur disposition.
L'Agence internationale de l'énergie prévoit que la demande mondiale en énergie augmentera d'un tiers dans les 25 prochaines années. Pratiquement la moitié de cette augmentation sera attribuable à la Chine et à l'Inde. Certains diront que les sources d'énergie renouvelables et de remplacement allègent la demande en matière de pétrole et de gaz. À cela, l'Agence internationale de l'énergie répond qu'à la vitesse où il se développe, ce nouveau secteur ne pourra répondre à la demande, ajoutant que d'ici 2035, les trois quarts de la demande mondiale d'énergie devrait être comblée par les combustibles fossiles.
Le Canada est en mesure de saisir cette occasion historique de créer des emplois de haute qualité et de stimuler la croissance économique et la prospérité à long terme pour tous les Canadiens. Les circonstances sont idéales. Le Canada a certains avantages importants, autres que ses sources d'énergie abondantes, qui favorisent le développement responsable de nos ressources naturelles et des infrastructures connexes. Par exemple, le Canada est l'un des meilleurs pays au monde où investir. Il se classe au deuxième rang du dernier classement Bloomberg des meilleurs pays ou faire affaires, et KPMG a déterminé que le Canada est le pays du G7 où les coûts d'entreprise sont les plus faibles. Ils sont inférieurs à ceux des États-Unis de plus de 40 %.
Afin de miser sur ces forces, le gouvernement conservateur a lancé un ambitieux programme de libre-échange. Nous avons conclu des accords de libre-échange avec 10 pays, et c'est sans parler de l'accord avec l'Union européenne, soit le plus vaste accord commercial que le Canada ait jamais conclu. Le marché de l'Union européenne compte 500 millions de personnes, et son activité économique annuelle représente 18 billions de dollars. Il s'agit du plus grand marché du monde.
Plus récemment, le Canada a conclu un accord de libre-échange avec la République de Corée, la quatrième économie en importance d'Asie. Grâce à cette réalisation historique, les entreprises canadiennes auront accès à un marché de 50 millions de personnes.
Tout joue en notre faveur: la demande mondiale d'énergie augmente, nos réserves d'énergie s'accroissent, et le contexte économique favorise les échanges de produits énergétiques partout dans le monde. Le Canada pourrait en ressortir gagnant.
Grâce aux améliorations des mesures de sécurité visant les oléoducs prévues dans le projet de loi afin de renforcer la prévention des incidents, la préparation aux urgences ainsi que la responsabilité et l'indemnisation, le Canada sera prêt à saisir ces nouveaux débouchés. La mesure législative démontre clairement l'engagement du gouvernement à l'égard de la sécurité publique, de la protection environnementale et des Autochtones, avec qui nous voulons établir un partenariat enrichissant. La loi mettrait l'accent sur la prévention et l'intervention rapide en cas d'incident et elle ferait en sorte que ce soit les sociétés, et non les Canadiens, qui doivent assumer les coûts; nous maintiendrions ainsi un système de sécurité de calibre mondial.
Pour toutes ces bonnes raisons, j'exhorte tous les partis à appuyer ce judicieux et nécessaire projet de loi. Il faut agir dès maintenant.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je suis ravi de prendre la parole aujourd’hui à la Chambre pour parler du projet de loi .
D’entrée de jeu, j’aimerais dire que les ressources naturelles du Canada sont un atout précieux et que le secteur de l’énergie est une composante essentielle de notre économie. Les néo-démocrates reconnaissent le rôle vital que jouent les ressources naturelles — le pétrole, le gaz naturel, la forêt, le poisson, les mines — dans l’économie canadienne.
Cependant, contrairement aux conservateurs et aux libéraux, le NPD a clairement présenté une approche qui tire parti de notre capital naturel pour créer de la richesse et de la prospérité, tout en maintenant un haut niveau d’intégrité sociale, culturelle et environnementale. L’approche néo-démocrate en ce qui concerne l’extraction des ressources met l’accent sur trois principes fondamentaux du développement durable.
Le premier principe est l’intégrité environnementale. Ce principe nous oblige à nous assurer que les pollueurs paient pour les dommages environnementaux qu’ils causent au lieu de laisser les générations futures assumer la facture.
Le deuxième principe concerne les partenariats. Ce principe exige que le gouvernement s’assure que les collectivités, les provinces, les territoires et les Premières Nations bénéficient de la mise en valeur des ressources, et que soient créés au Canada des emplois à valeur ajoutée pour la classe moyenne.
Le dernier principe est la prospérité à long terme. Il met l'accent sur l'investissement des revenus provenant de nos ressources naturelles dans des technologies modernes et vertes afin de garder le Canada à la fine pointe de l’innovation énergétique et de maintenir des tarifs d’énergie abordables à l’avenir.
Depuis beaucoup trop longtemps, on dit aux Canadiens qu’ils doivent faire un choix entre l’économie ou l’environnement. Mais ce choix-là est trompeur. Il fait partie d'une vision dépassée. Dans le cadre de leur approche équilibrée, les néo-démocrates croient que nos ressources naturelles doivent être exploitées de manière durable. Les pollueurs doivent payer pour les dommages qu'ils causent. Cette approche est juste et elle relève du bon sens.
Les ressources naturelles sont évidemment un élément crucial de l'économie canadienne, mais les néo-démocrates canadiens sont les seuls à dire que nous devons cesser d'être aussi dépendants des combustibles fossiles et adopter une vision du développement qui favorise la prospérité économique et la création d'emplois, tout en assumant nos responsabilités sur les plans social, économique et environnemental.
La plupart des résidants de la vallée du bas Fraser, en Colombie-Britannique, qui comprend ma circonscription, New Westminster—Coquitlam, et Port Moody, ne sont prêts à appuyer des projets d'exploitation des ressources naturelles que si le gouvernement adopte une approche à cet égard axée sur la collaboration, qui repose sur les principes de durabilité.
Les libéraux et les conservateurs sont heureux d'approuver automatiquement les projets d'oléoduc, tandis que les néo-démocrates estiment que les projets importants d'exploitation des ressources naturelles doivent être jugés en fonction de leur bien-fondé. Par conséquent, les projets doivent être assujettis à un processus d'évaluation environnementale à la fois rigoureux et solide. Les critères doivent comprendre une évaluation des répercussions des émissions et des changements climatiques sur les emplois au pays et sur la sécurité énergétique à l'échelle nationale et régionale.
Les consultations publiques doivent être crédibles et démocratiques, plutôt que superficielles et restreintes, et elles ne doivent pas se faire sur papier. Les projets sdoivent être conformes aux obligations juridiques liées à notre devoir de consulter les Premières Nations. Après examen, on s'est bien rendu compte que cette rigueur est absente des propositions de Northern Gateway et de Kinder Morgan en Colombie-Britannique. De surcroît, on applique maintenant le même processus boiteux à l'oléoduc Énergie Est.
En dépit de la politique de division créée autour des pipelines par le gouvernement, le projet de loi constitue une première mesure grandement nécessaire qui aurait dû être prise il y a longtemps pour instaurer un régime fondé sur le principe du pollueur-payeur pour les pipelines au Canada. Bien que le projet de loi puisse être davantage vu comme une première étape qu'un pas de géant, le fait que les pollueurs seront entièrement responsables du tort causé par un déversement de pipeline est un pas dans la bonne direction.
Une fois adopté, le projet de loi garantira que toute société exploitant un pipeline sera responsable dans l'éventualité d'un déversement, même si elle n'a pas été négligente et n'a enfreint aucune loi. Pour les sociétés dont les pipelines ont une capacité d'au moins 250 000 barils par jour, la limite de la responsabilité pourra atteindre 1 milliard de dollars. Le gouvernement pourra par la suite la hausser, mais le projet de loi empêcherait le Cabinet de l'abaisser. Cela aussi est une bonne chose.
En dépit du but annoncé, qui serait d'appliquer le principe du pollueur-payeur, les Canadiens pourraient quand même courir un risque puisque le plafond de la responsabilité prévu dans le projet de loi est fixé à 1 milliard de dollars en l'absence de preuve de faute ou de négligence, ce qui signifie que les contribuables pourraient quand même avoir à assumer une partie des coûts des déversements, advenant que ceux-ci soient plus élevés.
La limite fixée à 1 milliard de dollars dans le cas de certaines sociétés représente une grande amélioration par rapport au statu quo. Toutefois, une telle somme ne couvrirait pas totalement les coûts de nettoyage à la suite d'accidents comme la fuite du pipeline d'Enbridge dans la rivière Kalamazoo, au Michigan. Selon de récentes estimations, ce déversement — le plus important de l'histoire des États-Unis — a entraîné des coûts de nettoyage de plus de 1,2 milliard de dollars, somme qui n'inclut pas l'indemnisation pour les dommages causés, dont certains subsistent toujours.
Bien qu'il ne s'agisse pas d'une fuite de pipeline, j'estime que le déversement désastreux de la mine Mount Polley qui a eu lieu dans ma province, la Colombie-Britannique, en août dernier illustre bien que la fuite d'un bassin de résidus miniers peut avoir d'importantes répercussions environnementales qu'on ne voit pas nécessairement sur le coup. On prévoit que l'étendue des dommages causés par l'incident de Mount Polley, qui selon les dires de nombreuses personnes est la pire catastrophe environnementale de l'histoire de la Colombie-Britannique, demeurera inconnue pendant des années, voire des décennies, car les toxines peuvent s'accumuler lentement dans l'environnement: au fond des lacs, chez les poissons et la faune, et chez les gens. Voilà qui met en évidence que la somme de 1 milliard de dollars n'est peut-être pas suffisante, étant donné que le temps de nettoyage requis pour ces types de catastrophes est indéterminé.
Enfin, le projet de loi constituerait un recul puisque le gouvernement perdrait la capacité, prévue dans la Loi sur les pêches, de recouvrer les coûts de nettoyage en cas de déversement de pétrole provenant d'un pipeline. Dans certaines circonstances, cette loi permet d'imputer entièrement la responsabilité financière au pollueur, sans limite. En l'absence d'une telle responsabilité illimitée, l'État peut être obligé de payer les dégâts en cas de déversement de pétrole, ce qui revient à dire que les contribuables canadiens risquent d'être obligés de régler la note. C'est très injuste et tout simplement inadmissible.
Si le gouvernement est convaincu que les entreprises qui exploitent les pipelines sont responsables, alors elles devraient être capables de réparer leurs pots cassés et ce sont elle qui devraient payer. Mais, le projet de loi n'enchâssant pas complètement le principe du pollueur-payeur, il constitue un autre cadeau fait par les conservateurs à leurs amis des champs pétrolifères, avec l'argent des contribuables, qui devront assumer les risques financiers associés aux déversements de pétrole.
Je suis pour l'idée de tenir les exploitants de pipeline financièrement responsables. Cependant, il est essentiel qu'avant toute chose, nous prévenions les déversements de pétrole, au lieu de nous contenter d'attribuer la responsabilité du nettoyage.
Ainsi, nous avons besoin d'une meilleure réglementation et d'une meilleure surveillance. Les néo-démocrates s'engagent à rétablir le dispositif d'évaluation environnementale que le gouvernement conservateur a sérieusement miné et qui doit au contraire être solide.
Les néo-démocrates comprennent qu'il faut cesser de trop compter sur les combustibles fossiles et adopter une vision du développement qui favorise la prospérité économique et la création d'emplois, de pair avec la responsabilité sociale et environnementale. Toutefois, tant que la société moderne n'aura pas réduit sa dépendance aux combustibles fossiles, il sera essentiel de voir à ce que les précautions les plus strictes soient en place pour prévenir la dégradation de l'environnement causée par les déversements, notamment en imposant une responsabilité financière aux exploitants de ces pipelines.
Comme nous avons pu le constater, l'absence d'une réglementation appropriée des ressources naturelles peut avoir des conséquences désastreuses pour les habitats naturels et l'environnement dans lequel nous vivons. Parlant de répercussions, j'aimerais rappeler un déversement qui est survenu dans une collectivité voisine de la mienne.
Kinder Morgan s'est fait ordonner par les tribunaux de payer la piètre somme de 150 000 $ pour avoir déversé 224 000 litres de pétrole brut lourd synthétique de la mine Albian Sands dans le quartier de Westridge, à Burnaby, et dans la baie Burrard, à laquelle est rattachée ma circonscription. Près de 78 000 litres ont été déversés dans la baie Burrard, ce qui a endommagé 1 700 kilomètres de littoral. Après cet incident, Kinder Morgan a dépensé près de 15 millions de dollars pour les mesures d'assainissement et des millions de plus pour les dommages aux biens personnels. Imaginons un peu la situation si ce pipeline était agrandi et que le trafic de pétroliers dans la baie était le double ou le triple du volume actuel.
Ceux qui habitent le long de ce pipeline sont très inquiets des répercussions que pourrait avoir un déversement de pétrole sur leur propriété, leur quartier, leur collectivité et, de surcroît, l'environnement local. C'est une crainte que partagent bien des gens, et c'est pourquoi nous devons aborder ces questions. Comme je l'ai dit, le projet de loi est un pas dans la bonne direction, mais il ne va pas assez loin.
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Monsieur le Président, c'est un grand honneur de prendre la parole, et je félicite mon collègue de pour sa brillante allocution de tout à l'heure. J'essaierai d'éviter de répéter certains des excellents arguments qu'il a soulevés, mais je dois d'entrée de jeu préciser deux choses.
Premièrement, comme il l'a si bien expliqué, la fausse dichotomie opposant l'environnement et l'économie est une notion désuète. Ce n'est qu'un autre exemple des efforts déployés par les conservateurs pour diviser les Canadiens, comme ils l'ont fait avec tant d'efficacité en brandissant la terreur comme argument. C'est aussi ce qu'ils font constamment avec l'environnement. La rhétorique de la taxe sur le carbone à 20 milliards de dollars me vient à l'esprit, et ils devraient en avoir honte. Mais il n'est pas nécessaire que ce soit la même chose avec un projet de loi comme celui-ci.
Deuxièmement, je veux féliciter le gouvernement de s'être enfin décidé à proposer quelque chose sur la responsabilité associée à l'exploitation des pipelines. Il y a longtemps qu'il aurait dû le faire. Après tout ce temps, les conservateurs se sont finalement réveillés et ils ont fait ce qui devait être fait.
Je vous avertis tout de suite que je vais parler de trois choses qui sont dans le projet de loi et qui méritent d'être soulignées.
J'aimerais d'abord parler de l'énorme pouvoir discrétionnaire qui est accordé au Cabinet et à l'Office national de l'énergie. Il semble formidable de dire que nous allons prendre plein de mesures. Or, il y a une grande différence entre le cadre législatif et la réalité. Ce n'est que lorsque l'organisme de réglementation décide d'aller de l'avant qu'on peut faire quelque chose de concret. J'espère seulement que les Canadiens ne sont pas dupes au point de croire que quelque chose va changer. Il pourrait y avoir du changement — c'est un excellent début —, mais seulement si les organismes de réglementation décident d'exercer le pouvoir discrétionnaire qui leur est accordé aux termes de ce projet de loi. La question se pose souvent à l'égard des mesures de ce projet de loi.
Le deuxième aspect dont il faut tenir compte lorsqu'il est question des mesures législatives en matière d'environnement et de responsabilité, c'est la question de l'application. Citons à ce sujet une métaphore shakespearienne:
[...] plein de bruit et de fureur,
Et qui ne signifie rien.
Voilà ce que sera ce projet de loi à moins que les fonctionnaires mettent en place les règles qu'il prévoit. Encore une fois, il est question d'une loi habilitante. Si ces règles, une fois établies, ne sont pas appliquées parce que les sociétés et les organismes de réglementation sont de connivence, à quoi serviront-elles? Cette réalité doit être au coeur du débat sur ce projet de loi habilitante.
Je tiens aussi à parler des pipelines abandonnés, car j'estime que c'est un sujet dont nous devons discuter. Tout d'abord, il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'un effort visant à augmenter la confiance de la population à l'égard de la réglementation de nos pipelines. Un récent sondage de Harris/Decima effectué pour le compte du gouvernement indiquait que seulement 27 % des Canadiens croient que le gouvernement du Canada est capable d'intervenir efficacement en cas de déversement majeur de pétrole dans l'eau. Pour ce qui est des déversements terrestres, ce chiffre est à peine plus élevé, à 32 %. Les Canadiens ne jugent pas que le transport de marchandises dangereuses par pipeline, pétrolier ou train ne présente aucun danger. C'est ce que le sondage révèle. Ainsi, seulement 29 % des Canadiens sont convaincus de la sécurité du transport ferroviaire, alors que seulement 37 % sont convaincus de la sécurité du transport par pétrolier, et que 47 %, soit près de la moitié, sont convaincus de la sécurité du transport de pétrole par pipeline. Je le mentionne, car nous devons parler de l'énorme quantité de bitume dilué que l'on transporte, que ce soit sur l'eau, par train ou encore par pipeline. Si les Canadiens n'ont à peu près aucune confiance dans ces mesures, il ne fait aucun doute que nous devons agir. Il faut cependant reconnaître que le gouvernement a le mérite d'avoir présenté ce projet de loi, qui vise en partie à régler ce problème, pourvu, bien sûr, que l'on prenne des mesures concrètes en ce qui concerne les pouvoirs qui seraient conférés.
Je déclare d'emblée qu'il s'agit en fait bon premier pas et que par conséquent, c'est dans cette optique qu'il faut examiner le projet de loi.
Lorsque le ministre a parlé de ce projet de loi à l'étape de la première lecture, il a mentionné que celui-ci stipulerait que les entreprises ont l'obligation juridique de répondre aux éventuelles demandes de l'Office national de l'énergie en ce qui concerne les vérifications. À mon avis, il est passablement étrange que les entreprises ne soient pas actuellement tenues de le faire. C'est plutôt troublant.
Le projet de loi prévoit que l'Office national de l'énergie s'efforcerait d'harmoniser les zones fédérales et provinciales de sûreté des pipelines. Cela ne suffit pas. La Loi sur le transport des marchandises dangereuses est un excellent exemple de fédéralisme coopératif: le transport par camion ou autre des marchandises dangereuses est assujetti à toute une panoplie de règlements incorporés par renvoi dans chaque province. Nous avons une approche unique d'un océan à l'autre à l'égard du transport des marchandises dangereuses. Il ne suffit pas que le ministre dise que nous nous efforcerons d'harmoniser les normes de sûreté en matière de pipelines.
En ce qui concerne les lacunes, ce qui me préoccupe le plus est la notion que les entreprises demeurent responsables à perpétuité des pipelines abandonnés. J'en ai fait l'expérience. Une fois qu'une entreprise a abandonné un pipeline, a fermé ses portes et a été fusionnée ou a changé de propriétaire, quelles mesures concrètes l'Office national de l'énergie pourrait-il prendre pour faire en sorte qu'elle continue d'être responsable de ce bien abandonné?
Certains connaissent sûrement la mine de Britannia Beach qui se trouve à proximité de Whistler en Colombie-Britannique. Pendant la Première Guerre mondiale, c'était une mine de cuivre. Ses propriétaires ont été poursuivis pour plusieurs milliards de dollars à la suite d'une infiltration de drainage rocheux acide dans la baie Howe. Lorsque la province a enfin ordonné aux entreprises de décontaminer le site en application de l'Environmental Management Act, on a dû faire une expertise judiciaire pour retrouver les personnes qui avaient repris les titres de propriété au fil du temps. Il a fallu beaucoup de temps et d'argent, mais on a fini par les retrouver.
L'ennui c'est qu'il est très difficile de poursuivre les gens. Il ne suffit pas de dire qu'une entreprise doit être responsable à perpétuité des pipelines abandonnés. Il est très compliqué d'intenter une action en dommages-intérêts.
Comme je l'ai dit, le projet comporte aussi des éléments positifs. Je tiens à dire que c'est une excellente idée qu'il n'y ait pas de limite à la responsabilité dans certaines circonstances. C'est aussi une excellente idée de fixer la responsabilité absolue à 1 milliard de dollars, sans égard à la faute. Je me demande malgré tout ce qui se passera si les dégâts dépassent 1 milliard. J'imagine que la négligence devra être prouvée devant un tribunal.
Pour les gens qui regardent le débat, ça peut sembler énorme, 1 milliard de dollars, mais il faut mettre les choses en contexte et bien comprendre de quoi il s'agit. Par exemple, le nettoyage du déversement dans la rivière Kalamazoo, au Michigan, a déjà coûté 1,2 milliard de dollars, et c'est sans compter les dommages à autrui. Ce pipeline appartenait à Enbridge, qui veut aujourd'hui construire un autre pipeline dans notre province, le fameux pipeline Northern Gateway.
Bref, ça peut sembler élevé, 1 milliard de dollars — je félicite par ailleurs le gouvernement d'avoir introduit la notion de responsabilité absolue —, mais en réalité, ce ne sera peut-être pas suffisant. Une fois ce seuil atteint, la négligence devra être prouvée devant un tribunal. Or, ce n'est pas toujours évident de prouver qu'il y a eu faute, ou négligence.
Je félicite aussi le gouvernement d'avoir prévu dans son projet de loi que les autorités pourront recouvrer les coûts associés à des préjudices à l'environnement entraînant une perte de la valeur de non-usage. Ce concept n'est pas défini, mais la Cour suprême du Canada a conclu que les préjudices à l'environnement et les torts qui s'ensuivent doivent être réparés. Je me réjouis qu'une telle chose soit inscrite dans la loi canadienne, et j'en félicite les rédacteurs. Espérons seulement que les tribunaux nous éclaireront quant à la signification de « préjudices à l'environnement ».
Comme je le disais, la nouvelle version de l'article 48 de la Loi sur l'Office national de l'énergie, qui porte sur les pipelines abandonnés, demeure problématique. L'office aurait le pouvoir de prendre les mesures qui s'imposent lorsqu'une compagnie qui s'est fait ordonner de nettoyer un site refuse de s'exécuter, mais seulement pour les pipelines qu'elle a abandonnés ou dont elle cesse l'exploitation. On ne parle pas des pipelines fonctionnels. Ce n'est pas clair. J'imagine que le comité va chercher à déterminer s'il serait possible de préciser le tout — si tant est que le gouvernement soit ouvert aux amendements, parce que, selon mon expérience, le gouvernement conservateur l'est rarement, pour ne pas dire jamais. À moins évidemment que les amendements ne viennent d'un député d'en face.
Il s'agit d'un projet de loi exhaustif. J'ai déjà mentionné certaines de ses faiblesses, et j'aimerais maintenant revenir à la confiance du public et souligner un point particulier. Il y a déjà plusieurs années, en 2011, le commissaire à l'environnement a signalé que l'Office national de l'énergie ne faisait pas le nécessaire pour corriger des problèmes connus et assurer un entretien adéquat des pipelines. Quatre ans ont passé depuis, mais les conservateurs n'ont toujours pas mis en oeuvre de règlement sur la supervision et l'inspection des pipelines. Il faudrait agir.
Bref, le projet de loi représente un premier pas dans la bonne direction. Il contient de bons éléments, mais tous requièrent l'exercice de discrétion et des mesures d'application. J'espère que nous pourrons améliorer cette mesure à l'étape de l'étude en comité.