La Chambre reprend l'étude de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
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Monsieur le Président, je suis heureux d’avoir l’occasion de dire quelques mots au sujet du projet de loi . Nous savons que ce projet de loi porte sur toute la question de la responsabilité en cas de fuite provenant d'un pipeline.
Ma circonscription, , est très favorable à la défense et à la protection de l’environnement. Ses habitants sont particulièrement sensibilisés à cette question. Ils sont donc très inquiets des risques considérables que les projets de pipelines, y compris les déversements pétroliers, posent à l’environnement de notre pays. Ils savent également, et c’est important de le souligner, que les pipelines encouragent directement l’extraction et l’exportation accélérées de pétrole, ce qui va à l’encontre des efforts que nous devrons déployer sans tarder pour lutter contre le changement climatique, étant bien entendu que le changement climatique est le défi le plus important auquel la planète est confrontée depuis déjà plusieurs décennies, mais sans qu’aucune action vraiment efficace n’ait été décidée.
Ils sont aussi nombreux à comprendre les risques particuliers que pose le bitume dilué en cas de déversement, sous quelque forme que ce soit, à partir d’un pétrolier ou d’un pipeline, comme l’a fait remarquer la députée de . Les électeurs de ma circonscription sont loin d’être convaincus que le gouvernement, de façon générale, prend les mesures qu’il faut pour éviter ce genre de problèmes environnementaux. Ils veulent avoir la preuve que l’environnement est protégé et que des mesures sont prises en matière de prévention et d’intervention en cas d’urgence.
Je prends bien sûr toutes ces préoccupations très au sérieux. Quand il s’agit de projets d'exploitation des ressources aussi importants que la construction de pipelines, le NPD estime que les communautés concernées doivent être adéquatement consultées, que les droits des peuples autochtones doivent être respectés, et que toute approche de développement durable doit reposer sur des évaluations environnementales rigoureuses. Ce n’est pas l’approche qui a été retenue par le gouvernement, loin s’en faut, dans les cas, par exemple, de Northern Gateway, de Kinder Morgan et de Keystone XL, sans parler du processus tout à fait irrégulier qu’on a utilisé pour la ligne 9 et qu’on va réutiliser pour Énergie Est.
Il n’en reste pas moins que le projet de loi dont nous discutons aujourd’hui est un pas dans la bonne direction. En effet, le projet de loi prévoit, entre autres, que certains pollueurs seront absolument responsables de tout préjudice causé par une fuite provenant de pipelines, y compris les dégâts à l’environnement, ce que le projet de loi appelle la perte éventuelle de la valeur de non-usage. Le texte prévoit une responsabilité absolue pour tous les pipelines réglementés par l’Office national de l’énergie. Cela signifie que les entreprises seront responsables des coûts et des dommages, sans égard à la faute, jusqu’à concurrence de 1 milliard de dollars pour les pipelines majeurs, c’est-à-dire ceux qui acheminent plus de 250 000 barils de pétrole par jour. Lorsqu’il y a faute, y compris négligence, il n’y a pas de plafond, et c’est là un aspect positif de ce projet de loi. Quant aux pipelines acheminant moins de 250 000 barils de pétrole par jour, tout dépendra de la réglementation. On ne sait donc pas précisément quelle sera la responsabilité maximale des petites entreprises.
Je le répète, c'est un bon début, et c'est pourquoi j'appuierai bien entendu l'adoption du projet de loi à l'étape de la deuxième lecture. D'après ce que j'ai entendu, c'est ce que feront la plupart de mes collègues, sinon tous. Le projet de loi doit être renvoyé au comité pour être étudié plus en profondeur et amendé. C'est exactement le genre de projet de loi pour lequel l'expertise réelle de l'ensemble des secteurs d'activité sera mise à contribution. J'espère sincèrement que le comité tiendra suffisamment d'audiences pour entrer dans les menus détails du projet de loi et bien faire les choses. C'est le genre de mesure législative qui ne doit pas être politisée à outrance et tous les partis semblent s'entendre sur le fait que les choses doivent être faites correctement, dans l'ensemble.
Depuis longtemps, le NPD soutient que ce sont les entreprises et les sociétés qui doivent assumer les coûts de la pollution, pas les citoyens qui demandent au trésor public de financer des programmes gouvernementaux. Ce projet de loi, qui se fait attendre depuis longtemps, est un premier pas en vue de la création d'un régime fondé sur le principe du pollueur-payeur pour les pipelines au Canada.
Je tiens à signaler brièvement quelques autres dispositions qui témoignent des efforts louables déployés par le gouvernement dans le projet de loi . L'une d'entre elles concerne les gouvernements autochtones, appelés « tout corps dirigeant autochtone » dans le projet de loi. Ils y sont traités sur le même pied que les autres administrations — municipales, provinciales et fédérales — quant à leur rôle dans le nettoyage et à l'indemnisation pour tout type de nettoyage nécessaire. Le projet de loi leur accorde aussi d'autres pouvoirs et d'autres droits, ce qui est une bonne chose.
Les autres recours prévus, dans le cadre d'un jugement rendu par un tribunal en cas d'infraction à la Loi sur l'Office national de l'énergie, comprennent des solutions novatrices comme la création de bourses d'études destinées à des programmes d'études liés à l'environnement. C'est écrit dans le projet de loi.
Le nouveau tribunal d'indemnisation en matière de pipelines pourrait accorder une indemnité provisionnelle, dans le cas d'une compagnie désignée. Dans le système que le projet de loi vise à établir, une compagnie désignée pourrait puiser autant d'argent dans le fonds commun que l'Office national de l'énergie le jugerait nécessaire afin de verser les indemnités. Par conséquent, pour autant que je sache, une compagnie ayant versé des sommes dans un fonds commun pour s'assurer d'avoir assez d'argent en réserve aurait le droit de puiser dans ce fonds la totalité de l'argent, et non uniquement les sommes qu'elle y aurait versées.
En outre, s'agissant des amendes pouvant être imposées pour les infractions déjà prévues dans la Loi sur l'Office national de l'énergie, le projet de loi prévoit un certain nombre de nouvelles circonstances aggravantes. Autrement dit, lorsque certains facteurs seraient présents, les amendes seraient plus élevées. L'un de ces facteurs serait la preuve que la compagnie a causé le déversement en refusant essentiellement de prendre les mesures préventives nécessaires, dans le but d'économiser de l'argent et d'accroître ses profits.
Toutes ces dispositions du projet de loi sont louables. Toutefois, celui-ci pose problème à bien des égards.
Le premier problème a été signalé à quelques reprises, et c'est la décision de fixer à 1 milliard de dollars la limite de responsabilité dans les cas où il n'est pas nécessaire de prouver qu'il y a eu faute. Cette somme risque de ne pas être suffisante. La députée de a indiqué clairement que, selon les données dont nous disposons, le nettoyage du bassin de la rivière Kalamazoo a déjà coûté plus de 1 milliard de dollars. Nous savons aussi que les opérations de nettoyage n'ont pas donné de bons résultats et qu'elles se poursuivent dans une certaine mesure, alors qu'on ne sait pas vraiment s'il sera un jour vraiment possible de terminer ce nettoyage, compte tenu de la nature du bitume dilué.
Deuxièmement, le projet de loi est en grande partie truffé de dispositions réglementaires et discrétionnaires. Le Cabinet et l'Office national de l'énergie se voient accorder énormément de pouvoirs pour l'élaboration de règlements détaillés. Par exemple, le projet de loi décrit le nouveau tribunal d'indemnisation en matière de pipelines de façon très générale. Cependant, le gouverneur en conseil se verrait accorder le pouvoir de réglementer pratiquement tous les aspects de ce tribunal, notamment aux termes de l'alinéa 48.47a), qui lui permet de « prévoir les conditions de nomination des membres ». Le projet de loi ne nous dit rien sur la nature de ce tribunal. D'où viendront les membres? Comment seront-ils nommés? Comment savoir si ce tribunal pourra remplacer la magistrature de façon juste et équitable au moment de traiter les cas dont il pourrait être saisi? En raison des nombreux détails qui ne sont pas fournis dans le projet de loi, les dispositions concernant ce tribunal d'indemnisation en matière de pipelines comportent bien des risques de manipulation.
D'autres problèmes relèvent davantage de ce qui serait visé par la réglementation, et même du fait que le projet de loi prévoit qu'on ne puisse pas réglementer dans certains cas. Par exemple, selon ce que j'ai lu, il semble que le gouverneur en conseil ne puisse pas procéder au cas par cas pour déterminer si une société doit se voir imposer un montant supérieur à 1 milliard de dollars. Il peut déterminer que, pour un type particulier de pipeline qui transporte beaucoup plus que 250 000 barils par jour, la limite de responsabilité devrait être supérieure à 1 milliard de dollars. Cependant, il ne peut pas procéder au cas par cas pour ce type de pipeline, alors que le projet de loi lui permet expressément de le faire pour les pipelines qui transportent moins de 250 000 barils par jour. Par conséquent, il semble interdit de traiter différemment une société qui poursuit ses activités même si on sait qu'elle pose des problèmes, qu'elle ne respecte pas les règles, et qu'elle présente des risques plus importants. Il y a là une sorte d'égalité formelle qui pose problème.
Pour ce qui est de la somme d'argent qu'une entreprise doit conserver pour couvrir la responsabilité, l'Office national de l'énergie n'est pas tenu de veiller à ce que la somme d'argent dont l'entreprise dispose soit suffisante pour couvrir la perte éventuelle de la valeur de non-usage, autrement dit, les dommages à l'environnement liés à une ressource publique. Cela fait partie intégrante de certains aspects dont nous avons discuté plus tôt, pendant les questions et réponses, en lien avec un discours antérieur. En ce qui concerne certains éléments, même si la loi parle d'abord d'une « valeur de non-usage », les dommages à l'environnement sont couverts; il s'agit de l'un des trois principaux types de dommages visés par les dispositions relatives à la responsabilité qui figurent dans le projet de loi, mais la loi comprend d'autres dispositions qui semblent annuler celles du projet de loi.
En terminant, ce projet de loi est certes un bon début, mais il doit aussi être examiné de près par le comité. Le comité doit l'examiner en bonne et due forme pour faire ressortir ce qui doit être amélioré. J'espère que tous les partis travailleront en collaboration pour atteindre cet objectif.
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Monsieur le Président, c'est toujours un honneur pour moi d'intervenir au nom des habitants de Timmins—Baie James au sujet du projet de loi , la prétendue Loi sur la sûreté des pipelines, qui vient modifier la Loi sur l'Office national de l'énergie. En ce moment même, dans mon coin du pays, les gens sont très préoccupés par le troisième déraillement à avoir eu lieu dans la région au cours du dernier mois. Deux wagons-citernes ont déraillé, le premier dans la petite localité de Gogama, et le deuxième à Hornepayne. Vingt-neuf wagons transportant du pétrole brut lourd ont déraillé. Certains d'entre eux brûlent encore dans la rivière Mattagami, ravagés par un incendie impossible à maîtriser. Cette rivière trouve sa source dans cette région du Nord de l'Ontario, passe au coeur de Timmins, traverse des localités comme Smooth Rock Falls et se jette dans les rivières Missinaibi et Moose, qui vont jusqu'à la baie James. Un énorme bassin hydrographique de 37 000 kilomètres carrés est touché.
Ce pétrole brut lourd se consume dans un habitat du poisson situé très près de la Première Nation de Mattagami et de Gogama. Or, il faut examiner ces événements dans une perspective de politique gouvernementale. Il y a eu l'horrible tragédie survenue à Lac-Mégantic l'été dernier, où les mesures de sécurité ont échoué. On a permis aux sociétés de se surveiller elles-mêmes et on nous avait alors promis que les Canadiens seraient mieux protégés dans un monde privatisé et que tout irait bien quand les sociétés ne seraient assujetties à aucune surveillance de l'extérieur. Beaucoup d'habitants de Lac-Mégantic ont péri en raison de ces décisions.
Si le train avait déraillé dans la localité de Gogama plutôt que dans la rivière quelques kilomètres plus loin, il aurait pu causer une catastrophe comme celle de Lac-Mégantic. De nombreuses régions du pays, notamment dans le Nord, sont desservies par les chemins de fer. En face de chez moi, Ontario Northland transporte de l'acide sulfurique concentré à partir de la fonderie à Rouyn-Noranda. J'habite d'ailleurs au point milliaire 104 du chemin de fer. La question de la sécurité nous touche de très près.
Je parle dans le contexte des énormes retombées économiques de l'industrie pétrolière au pays. Bien que celle-ci soit un énorme moteur économique, il faut aussi nous pencher sur son impact environnemental, afin d'assurer un équilibre. Certains diront: « n'empruntons plus les chemins de fer, bâtissons des pipelines, cela réglera tous nos soucis. » Le problème réside dans le manque de vision à long terme du gouvernement, dont la philosophie, comme l'a dit mon collègue de , en est une qui ne tient compte que de l'extraction et de l'expédition.
Il est fondamentalement aberrant que la vision pour notre économie nationale consiste à extraire du bitume brut pour l'expédier à un port de Québec situé à 2 000 kilomètres et ensuite l'envoyer se faire raffiner en Chine ou ailleurs. C'est absurde. Ce n'est pas là un plan économique. On décharge le risque sur les gens qui vivent le long des pipelines. En effet, le gouvernement a complètement édulcoré les lois en matière de protection environnementale, dont la Loi sur la protection des eaux navigables, de sorte que l'obligation d'installer un robinet d'arrêt le long des rivières n'existe plus.
On nous dit que c'est censé être dans notre intérêt. Je vois des publicités de l'industrie pétrolière partout à Ottawa arborant le slogan « C'est votre pétrole, c'est notre pétrole, faisons le bon choix ». Ce n'est pas notre pétrole. C'est l'intérêt du Canada qui devrait compter. Non, c'est le risque auquel nous sommes exposés. Ce sont les frères Koch aux États-Unis qui empochent les profits. Les profits vont à l'étranger. À la pompe, demandez à n'importe quel habitant du Nord si toutes les répercussions économiques qu'ils ont subies récemment leur ont permis de profiter d'une baisse du prix de l'essence. Nous n'avons jamais eu de répit.
Nous devons nous pencher sur ces questions. Le projet de loi contient de bonnes dispositions concernant la responsabilité. J'interroge les électeurs sur les processus en place pour protéger le public. L'Office national de l'énergie ne me rassure pas vraiment. Si j'étais un lobbyiste de l'industrie pétrolière, je serais probablement très optimiste. Si j'étais une grande compagnie comme Suncor ou Sunoco, je penserais que l'Office national de l'énergie est compétent. Énergie Est est un grand projet en cours de développement. Le public a le droit de participer, parce que si nous voulons transporter du bitume par pipeline, le public doit donner son appui et comprendre l'enjeu.
L'Office national de l'énergie doit écouter ce que les citoyens ont à dire à ce sujet. Toutefois, les citoyens ne peuvent pas simplement envoyer une lettre à l'office, puisqu'ils doivent obtenir une autorisation pour le faire. En effet, l'office n'accepte pas de courrier non sollicité. Les gens qui souhaitent communiquer avec l'office doivent présenter une demande, et c'est l'organisme qui décide ensuite si l'opinion de la personne ayant fait la demande est importante ou non. Ce n'est pas de cette manière qu'on peut établir un climat de confiance, c'est socialement inacceptable. L'Office national de l'énergie décide s'il est prêt à recevoir certaines lettres ou s'il les refuse tout simplement.
Par conséquent, l'acceptation et le refus des demandes dépendent des répercussions directes que le projet pourrait avoir sur les intérêts de la personne, du rapport entre le projet et la personne, du degré de gravité du préjudice auquel la personne est exposée, ainsi que de la fréquence à laquelle la personne se rend dans le secteur où le projet sera mis en oeuvre et de la durée de ses passages dans le secteur. Essayons d'interpréter un peu ce que cela signifie. Si j'habite au-dessus d'un pipeline, j'aurai peut-être le droit de me rendre aux audiences et de dire si j'appuie le projet ou non. Prenons pour exemple le déraillement de Gogama: si c'était un pipeline qui avait explosé, les habitants de Timmins — qui se trouvent dans le périmètre de 37 000 kilomètres carrés et qui ont subi les répercussions du déraillement — auraient-ils été autorisés à prendre la parole dans le cadre des audiences de l'Office national de l'énergie?
L'enjeu dont il est question ici, dans le cas du pétrole brut, c'est une vision nationale, selon laquelle il n'est pas nécessaire de traiter et d'améliorer ce produit au Canada, ce qui permettrait pourtant de créer des emplois à valeur ajoutée et de tirer profit des grands atouts dont nous disposons en termes de ressources pétrolières et gazières, ainsi que de production minière. Il n'existe pas de vision nationale qui nous inciterait à améliorer le produit, à faire en sorte qu'il soit à valeur ajoutée et à en extraire moins parce que l'activité économique serait accrue. Cependant, on nous dit qu'il faut faire confiance à l'industrie des pipelines parce que le gouvernement a fait du Canada un État pétrolier. Or, le gouvernement est corrompu, à l'instar de tous les États pétroliers. On le voit bien quand il s'en prend à des groupes d'ornithologues, à des organisations environnementales et à quiconque ose dénoncer son programme.
Nous sommes censés croire que le bitume est tout simplement comme le pétrole, alors que ce n'est pas le cas. Le projet de loi parle d'une limite de responsabilité de 1 milliard de dollars. Or, cette limite a été dépassée dans le cas des dommages causés par la société Enbridge à la rivière Kalamazoo. L'Agence de protection de l'environnement des États-Unis a ordonné à Enbridge de réparer les dommages qu'elle a causés à la rivière Kalamazoo parce qu'elle ne disposait pas d'un mécanisme de surveillance approprié, mais il se peut que cette société n'y arrive jamais.
Comparons un pipeline qui traverserait le Nord de l'Ontario au train qui circulait à Gogama: si le pipeline transportait du bitume et qu'il explosait, le projet de loi offrirait-il une protection suffisante pour pallier les milliards de dollars de dommages que le sinistre entraînerait? Si le pipeline Northern Gateway avait été approuvé et qu'il déversait du bitume dans les montagnes de la Colombie-Britannique, comment pourrait-on ne serait-ce que se rendre sur les lieux? Après tout, tout en bas des routes de montagne de la Colombie-Britannique, on voit des camions abandonnés après une sortie de route parce qu'il aurait été trop difficile de les récupérer. Comment s'y prendrait-on pour retirer le bitume des cours d'eau? C'est ce qui explique que le président Obama a rejeté le projet Keystone, contrairement à ce que réclamaient les chefs du Parti libéral et du Parti conservateur. M. Obama a dit qu'il n'allait pas dans le sens des intérêts des États-Unis d'assumer des risques sans tirer d'avantages en contrepartie.
Par conséquent, je cherche à déterminer comment notre économie doit évoluer. Nos ressources naturelles revêtent une importance vitale, mais il faut une légitimité sociale pour les exploiter. Il faut agir en toute sûreté et obliger les entreprises qui désirent extraire des produits comme le bitume et le transporter à procéder de manière sûre. Dans le cas du transport ferroviaire, c'est un échec. Il y a eu trop d'accidents. Une responsabilisation s'impose. Cela dit, comment avoir l'assurance que, dans le cas des pipelines, le projet de loi nous protégera étant donné la collusion entre les intérêts pétroliers et le gouvernement conservateur? Je n'ai pas du tout confiance et je crois que les Canadiens sont du même avis.
Le projet de loi nous intéresse. Nous voulons qu'il soit renvoyé au comité. Cependant, n'oublions pas que le véritable enjeu, c'est celui de la responsabilisation environnementale. Le Canada doit l'affronter.
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Monsieur le Président, c'est un grand plaisir pour moi de prendre la parole pour débattre de ce projet de loi.
En effet, comme la plupart de mes collègues l'ont dit, ce projet de loi est important parce qu'il marque un pas de plus vers l'application du principe du pollueur-payeur, et je crois sincèrement que c'est fondamentalement essentiel, considérant l'augmentation effrénée de l'exploitation de diverses sources de pétrole et de gaz au Canada et considérant les conséquences que cela peut apporter. On connaît toutes les réactions et tous les débats que suscitent dans la population cette exploitation et le transport par divers moyens, dont les pipelines. C'est donc vraiment très important d'à avancer et de faire au moins ce pas de la meilleure manière possible.
Comme tous mes collègues néo-démocrates — je n'ai pas entendu de notes discordantes sur ce sujet —, j'appuie en deuxième lecture ce projet de loi, à la fois sur le principe à sa base, mais aussi parce qu'il contient des éléments réellement positifs. Cependant, cet appui est évidemment conditionnel au fait qu'on puisse faire un examen approfondi à l'étape du comité, et q'au bout du compte, on puisse regarder ce qui est bon, ce qui est à améliorer et ce qu'on peut apporter comme améliorations, en espérant que ce débat puisse se faire le plus largement possible et dans les meilleures conditions possibles.
D'ailleurs, je saisis immédiatement cette balle au bond pour me réjouir du fait que ce projet de loi ne fait pas actuellement l'objet d'une motion d'attribution de temps. Je ne sais pas si cela va se produire. Je suis peut-être en zone dangereuse en évoquant ce fait. J'espère que cela ne donnera pas l'idée à mes collègues conservateurs de proposer cette motion d'attribution de temps, mais c'est quand même notable. Il est très important aussi qu'on puisse mener le débat le plus complètement possible et surtout, en apportant l'éclairage de différentes parties du Canada. En effet, on se retrouve à représenter des populations diverses, des populations qui sont parfois disséminées sur un immense territoire. Comme mon collègue l'a mentionné précédemment, il représente un territoire d'une vastitude incommensurable comparativement à celui que je représente, qui est beaucoup plus restreint et très urbain. Toutefois, ce territoire urbain risque, en raison de certains projets de pipelines, d'être affecté profondément en cas d'accident.
Ce qui est vraiment très important dans le principe du pollueur-payeur, c'est qu'il permet d'apporter un facteur encourageant, soit la prévention, donc de meilleures pratiques des compagnies. Celles qui veulent construire et exploiter un pipeline vont beaucoup plus loin dans les mesures de sécurité et dans le doublement ou le triplement des surveillances ou des mesures de contention afin d'éviter le plus possible d'éventuels déversements. Si jamais il y a déversement, elles tentent de le limiter au maximum.
Effectivement, certains de nos collègues l'ont souligné, des accidents déplorables ont eu lieu, il y a quelques années à peine, comme le fameux accident du côté de la rivière Kalamazoo, qui a été largement souillée à la suite d'un déversement majeur. D'après les résultats de l'enquête qui a été menée, ce déversement est troublant quant à la manière dont sont opérés ces genres de pipelines. Finalement, une compagnie qui offre le service minimum afin d'acheminer un produit brut ou raffiné se trouve à avoir trop peu de contrôle, trop peu d'équipes à proximité afin de s'assurer que, quand une anomalie survient dans la conduite, celle-ci est identifiée et, à partir de là, la mesure correctrice est adoptée le plus rapidement possible.
C'est loin d'être bénin parce que, clairement, nous pouvons exploiter nos ressources naturelles de façon responsable.
Nous pouvons le faire sans sacrifier la durabilité environnementale et l'acceptabilité sociale. Si je parle de ces concepts, c'est parce que l'environnement et le développement économique sont deux aspects loin d'être incompatibles, bien au contraire. Nous avons parlé, entre autres, de l'idée d'avoir un produit à valeur ajoutée, par exemple en le raffinant et en ayant des produits dérivés du produit brut. Au-delà de cela, nous pouvons développer une expertise, qui est elle aussi à valeur ajoutée et qui peut être exportée, sans compter son exploitation en terre canadienne, de telle manière à créer des emplois de qualité afin de prévenir les accidents et de réduire les risques et l'empreinte des installations en place.
Après avoir parlé de durabilité environnementale, l'autre aspect très important, c'est l'acceptabilité sociale, et surtout la participation du partenariat que nous pouvons créer avec les collectivités touchées, de près ou de loin, par le passage d'équipement, comme par exemple dans le cas d'un pipeline qui traverse une collectivité ou, à tout le moins, qui passe à proximité de cette dernière. C'est évidemment un pratique exigeante. Tout le monde le reconnaît. C'est toutefois une pratique essentielle parce que si les gens sont entendus et sont convaincus que leurs préoccupations sont prises en compte, cela favorise grandement la collaboration afin d'arriver à une solution, à un résultat, qui va éviter l'imposition unilatérale de mesures. En fait, une telle imposition pourrait mener à une contestation orageuse, très forte et, à la limite, à certains débordements. Nous ne pouvons pas reprocher cela aux gens. Quand ces derniers ont le sentiment que leur sécurité et celle de leurs proches est directement menacée, comment peut-on leur reprocher de réagir durement, de réclamer des choses, de contester ou de vouloir bloquer un projet? Certaines parties de notre pays vivent cela présentement avec des projets qui sont dans l'air, à l'étude ou en développement.
Quand nous répondons aux aspects liés à la durabilité environnementale et à l'acceptabilité sociale, nous pouvons assurer une réelle prospérité à long terme et, surtout, une prospérité largement partagée et qui implique toutes les segments de la société. C'est pour cela qu'il sera très important que ce projet de loi ait droit à un examen complet en comité et qu'on y reçoive un large éventail de témoins. Je ne parle pas seulement de témoins experts, mais aussi de témoins de la société civile et de communautés qui vivent près de pipelines et d'installations existantes. Cela permettra de comprendre en quoi certains aspects plus discutables ou contestables de ce projet de loi ont besoin d'être améliorés.
Évidemment, un des aspects que je tiens à aborder, c'est la limite de responsabilité de 1 milliard de dollars lorsque la faute ou la négligence n'est pas prouvée. Ce montant paraît très élevé, 1 milliard de dollars, c'est quand même un montant énorme. Toutefois, cela suffirait-il, par exemple, pour une communauté comme la ville de Québec, où est située ma circonscription de Beauport—Limoilou, dans le cas d'un projet de pipeline, par exemple, ayant le potentiel de toucher des sources d'eau potable majeures qui alimentent des centaines de milliers de personnes, comme le fleuve Saint-Laurent ou certains lacs ou rivières majeurs, si ces sources d'eau étaient touchées de façon importante et sur des périodes se comptant en mois ou en années? La perte dépasserait largement ce seuil, même si la responsabilité n'était pas prouvée, que la compagnie n'était pas responsable et que c'était vraiment un accident.
Encore là, au-delà de Beauport—Limoilou et de la ville de Québec, quel sens peut-on donner à ce seuil de responsabilité, par exemple, dans le cas de milieux naturels qui sont irrémédiablement souillés?
On peut faire un exercice comptable équivalent, mais il est essentiel que les compagnies comprennent à quel point leur responsabilité doit être absolue de telle manière à ce qu'elles prennent toutes les précautions nécessaires afin d'éviter le plus possible un accident.
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Monsieur le Président, j'interviens pour exprimer mon appui au projet de loi. Quand nous examinons des questions touchant la sécurité publique, j'estime qu'il est important de les soumettre au comité le plus rapidement possible. Je pense que nous avons tous confiance, ou bon espoir, que l'étude en comité permettra de régler les problèmes de sécurité qui découlent de divergences entre des dispositions ou de dispositions potentiellement trop tolérantes. Nous reconnaissons toutefois que le gouvernement essaie de régler un problème qui traîne depuis beaucoup trop longtemps.
Le transport sécuritaire de substances volatiles d'un bout à l'autre du pays est un enjeu qui est là pour rester, quelle que soit notre opinion en matière de changements climatiques, de transport par pipeline ou de transport ferroviaire, et ce, pour une raison bien simple: pour acheminer les ressources jusqu'aux marchés, nous devons manipuler des produits chimiques et des substances problématiques. Bien faire les choses nous donnera une tranquillité d'esprit tout en protégeant les gens. De cette façon, l'environnement sera lui aussi protégé.
Les inquiétudes qui commencent à se faire entendre à propos du projet de loi ne portent pas vraiment sur son intention. Cette intention, nous l'appuyons. Les inquiétudes ne portent pas non plus sur les dispositions visant à renforcer nos lois déjà laxistes, comme en témoignent les derniers incidents liés à des pipelines; elles concernent plutôt la surveillance.
Cela rappelle une autre discussion qui a lieu dans cet édifice au sujet d'une autre question liée à la sécurité publique. Pour être efficaces, les mesures de surveillance doivent être prises de façon indépendante, être énergiques, se fonder sur la recherche et les faits, et être accompagnés de pouvoirs d'enquête, mais aussi d'un cadre de responsabilité.
Les préoccupations actuellement soulevées au sujet du projet de loi ont trait aux aspects que je viens d'énumérer. Je représente une circonscription de la ville de Toronto, un centre urbain traversé par des voies ferrées au nord et au sud. La sûreté des pipelines est donc extrêmement importante pour la sécurité des résidants au nom desquels je prends la parole aujourd'hui.
Dans tous les cas de déraillement qui ont été mentionnés à la Chambre au cours du débat, y compris celui survenu pendant le week-end à Gogama — le deuxième déraillement ce mois-ci —, le train serait passé au coeur de la ville de Toronto s'il n'avait pas eu la malchance de dérailler avant. Ces déraillements auraient pu se produire dans l'une des zones densément peuplée de Toronto, l'une des régions les plus populeuses du Canada, et les conséquences auraient été plus que catastrophiques. Je crois qu'il n'y a pas de mot pour décrire une telle situation.
Nous avons de sérieuses réserves, et c'est précisément à cause du manque de surveillance publique et de surveillance indépendante relativement à ces questions de sécurité publique que, même si nous souscrivons à l'intention générale des projets de loi de ce type, nous hésitons à les appuyer. Ils nous préoccupent beaucoup. Nous pouvons commencer à discuter des amendements qui permettraient d'améliorer le projet de loi s'ils sont présentés et adoptés. Si nous commençons à formuler ces propositions, elles pourraient être étudiées par le comité parlementaire.
Prenons par exemple le transport ferroviaire. Si nous ne transportons pas les produits chimiques volatils par pipeline, ils seront transportés jusqu'aux marchés par train. De toute évidence, à mesure que les accidents se multiplient, on constate que le fait de laisser l'industrie s'autoréglementer et d'affaiblir les modèles de responsabilité a des répercussions dévastatrices sur la qualité du transport et de notre système de gestion des ressources.
C'est précisément parce que nous nous sommes détournés de l'application de la loi, de la réglementation et de la responsabilité, plus particulièrement en ce qui concerne le pétrole et les pipelines, que nos partenaires commerciaux, plus précisément les États-Unis, ne nous font plus confiance et estiment que nous serons incapables de bien gérer ces dossiers. Par conséquent, même ceux qui sont extrêmement favorables à l'exploitation des sables pétrolifères ne peuvent plus faire parvenir ce produit efficacement sur les marchés. À l'heure actuelle, compte tenu des accidents ferroviaires qui sont survenus, il n'est même pas possible d'acheminer ce pétrole jusqu'à la côte Est.
On semble penser que d'une certaine façon, en renonçant à une saine gestion publique, à une bonne surveillance et à des modèles de responsabilité indépendants, on allait améliorer les choses. On a plutôt aggravé la situation.
Puisque la Chambre, puis le comité, examineront cette mesure législative relative aux pipelines, le gouvernement devrait profiter de l'occasion pour montrer qu'il peut être à l'écoute, accepter les bonnes idées proposées par l'industrie, le mouvement écologique, les parlementaires et les citoyens ordinaires, et élaborer une mesure législative offrant une certaine quiétude d'esprit à la population, pour qu'elle ait la certitude qu'il n'y aura pas d'accident grave et que même si un accident survient, il existe des stratégies visant à limiter les dommages, et que si celles-ci échouent, la responsabilité, elle, demeure.
Pour une petite ville, perdre son approvisionnement en eau potable ou sa capacité de gérer son environnement à long terme à cause d'un déversement catastrophique est une conséquence inacceptable du développement économique. On ne viendra pas me faire croire que, de nos jours, nous ne sommes pas assez intelligents pour gérer nos ressources plus efficacement.
Une solution consiste à explorer des possibilités en amont pour le raffinage. Les députés de l'opposition officielle parlent de faire tout le raffinage au Canada. Nous savons que la capacité de raffinage en Amérique du Nord est actuellement supérieure à l'approvisionnement. À moins que nous soyons prêts à subventionner l'industrie pétrolière et gazière pour qu'elle élabore de nouvelles méthodes de raffinage et de traitement en aval, il sera impossible de réaliser la vision qui a été présentée par ces députés pour remplacer le transport par pipeline ou par chemin de fer.
Il nous incombe donc d'établir un équilibre, puisque nous sommes confrontés à des réalités économiques et au fait que les matières premières doivent être acheminées vers le marché. Raffinons tout ce que nous pouvons, absolument. Nous devons parvenir à acheminer les produits lorsqu'il le faut. C'est la sécurité du transport qui pose problème.
Nos réserves concernant la mesure législative touchent principalement, je le répète, à la surveillance. L'Office national de l'énergie est rendu qu'il approuve tout simplement les yeux fermés les décisions que le gouvernement a déjà prises à sa place. Il ne suffit pas d'y nommer des gens de qualité pour nous convaincre qu'en cas de problème, l'intervention se fera rapidement et proactivement, mais surtout de manière responsable. Voilà ce qui nous embête.
Lorsque le projet de loi sera renvoyé au comité, avec notre appui, j'espère que le gouvernement ne fera pas comme il a fait pour de nombreuses autres mesures législatives: refuser d'écouter les idées de l'opposition, l'avis des spécialistes et les préoccupations des citoyens ordinaires et refuser d'agir dans l'intérêt commun. Nous le prions de tenir des audiences dignes de ce nom, de modifier le modèle de reddition de comptes, de le rendre indépendant et d'aller de l'avant.
Je crois que, si le gouvernement se décidait à prendre des mesures judicieuses qui renforceraient ses capacités et qu'au lieu de rester les bras croisés et de chercher à éliminer la bureaucratie, il essayait plutôt de la rendre efficace et de lui donner les moyens de produire les résultats économiques auxquels nous nous attendons tous, il s'apercevrait que nous sommes tout à fait disposés à l'appuyer.
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Monsieur le Président, je vais faire une petite parenthèse au début de mon discours pour souligner la Semaine québécoise de la déficience intellectuelle. Comme cela va durer toute la semaine, j'espère que nous allons en parler beaucoup et qu'il va y avoir moins de préjugés envers les personnes atteintes de déficience intellectuelle. Je voulais en profiter pour le mentionner cette semaine à la Chambre.
[Traduction]
Je prends la parole aujourd'hui pour appuyer le projet de loi , à l'étape de la deuxième lecture.
Le projet de loi modifie le régime de responsabilité relatif aux pipelines réglementés par le gouvernement du Canada et prévoit la mise en place d'un régime de responsabilité absolu pour tous les pipelines réglementés par l'Office national de l'énergie. En vertu de cette mesure, la responsabilité des entreprises en cas de fuite ou de déversement de pétrole serait augmentée à 1 milliard de dollars pour les pipelines majeurs. Cette somme permettrait de couvrir les coûts liés à une fuite de grande envergure, sans égard à la faute. Les pipelines majeurs sont ceux qui peuvent transporter, au minimum, 250 000 barils de pétrole par jour. La responsabilité des entreprises ayant commis une faute ou fait preuve de négligence serait illimitée.
L'Office national de l'énergie est sur le point d'assumer le contrôle des activités de nettoyage à la suite de déversements de pétrole. En tant que décideurs, nous avons le devoir d'analyser en profondeur toutes les dispositions du projet de loi et d'éclaircir les points obscurs. Le projet de loi prévoit des mesures importantes qui permettraient d'augmenter la limite de la responsabilité en cas de catastrophe ou de déversement de pétrole. Toutefois, il y a toujours lieu de s'inquiéter sérieusement, surtout en raison de l'absence de clarté et de certitude. Le projet de loi manque de clarté, car si les coûts de nettoyage excèdent 1 milliard de dollars, il ne dit pas clairement qui assumerait ces coûts s'il n'y a aucune preuve de faute ou de négligence. Le projet de loi manque aussi de certitude, car la mise en oeuvre de bon nombre des changements proposés serait laissée à la discrétion de l'Office national de l'énergie ou du Cabinet.
[Français]
Bien que l'identification des responsables du nettoyage est importante pour que les pollueurs paient la facture de la pollution dont ils sont les auteurs, il faut s'assurer en premier lieu que toutes les mesures de prévention sont méticuleusement élaborées et adéquatement renforcées afin que le transport des énergies fossiles se fasse dans les meilleures conditions possibles. Notre principale priorité devrait donc être d'empêcher que les déversements de pétrole se produisent. La production et le transport de pétrole brut doivent donc être impérieusement accompagnés d'une amélioration des mesures de sécurité, et ce, peu importe le mode de transport utilisé.
Aujourd'hui, une bonne partie des Canadiens ne font pas confiance à la façon dont nous transportons le pétrole. Seulement 29 % des Canadiens pensent que le transport ferroviaire est sécuritaire. Nous pouvons penser à la tragédie de Lac-Mégantic ou au déraillement dans le Nord de l'Ontario survenu en fin de semaine. Dans mon comté, il y a beaucoup de voies ferrées et cela préoccupe les gens. Beaucoup de pétrole passe par ces voies ferrées, et les gens en sont inquiets. Voici encore quelques statistiques: au Canada, seulement 37 % des Canadiens pensent que le transport par pétroliers est sécuritaire, et seulement 47 % d'entre eux pensent que les pipelines sont un moyen sécuritaire de transporter le pétrole. Je trouve que c'est bien peu.
Ces perceptions sont influencées par le nombre croissant des accidents survenus au cours de la dernière décennie. Le plus récent rapport du Bureau de la sécurité des transports du Canada démontre que les accidents de pipeline ont connu une hausse significative, passant de 71 en 2004, à 118 en 2014. C'est une augmentation de 47 accidents par année en 10 ans. En 2011, le commissaire à l'environnement a souligné que l'Office national de l'énergie n'avait pas réussi à régler plusieurs problèmes connus et à assurer que les pipelines étaient bien entretenus. Or les conservateurs n'ont toujours pas mis en oeuvre un système de surveillance et d'inspection adéquat.
Pour contrecarrer ces problèmes, le NPD estime qu'il est impératif de mettre en oeuvre une réglementation solide, une surveillance accrue et un contrôle plus strict des infrastructures utilisées. Reconstruire un processus d'évaluation environnementale rigoureux pour réparer les dommages causés par le gouvernement conservateur est primordial pour nous. Nous avons également besoin de dispositions législatives rigoureuses en matière d'évaluations environnementales, par opposition à des règlements environnementaux qui sont sans cesse transgressés par le gouvernement conservateur. Ce processus doit être mené en collaboration avec les collectivités, les organisations gouvernementales, les provinces, les territoires et les Premières Nations, qui doivent être consultées et mobilisées de manière significative.
Bien que le projet de loi marque un progrès important en vue de bonifier le régime de responsabilité, notamment en renforçant le pouvoir de l'Office national de l'énergie qui, s'il est appliqué convenablement, permettrait de protéger les contribuables et appliquerait le principe de pollueur-payeur, le projet de loi demeure assez vague malgré cela et ne répond pas à des questions cruciales.
En effet, le projet de loi laisse planer le doute quant à savoir si les contribuables devront assumer les coûts de nettoyage supérieurs à 1 milliard de dollars lorsque la faute ou la négligence ne pourra être prouvée. De plus, de trop nombreuses dispositions créent de l'incertitude, parce que leur mise en oeuvre est remise soit à la discrétion de l'Office national de l'énergie soit à celle du Cabinet, d'autant plus que très peu d'éléments du projet de loi sont obligatoires, et l'application d'un bon nombre d'entre eux dépendra des mesures que le gouvernement prendra.
Dans cette perspective, le projet de loi laisse une grande marge de manoeuvre aux décisions prises pour des motifs politiques et aux ententes secrètes entre les exploitants et l'Office national de l'énergie.
Plusieurs intervenants de la société civile ont déjà exprimé des réserves vis-à-vis de ce projet de loi, et ils partagent les mêmes préoccupations que le NPD.
Qu'on me permette d'en citer un exemple. Ian Miron, avocat à Ecojustice, a déclaré que le projet de loi C-46 est trop discrétionnaire en ce sens que son influence est en grande partie tributaire de la façon dont l'ONE et le Cabinet décident de mettre en oeuvre certaines dispositions. Il est possible que certaines mesures puissent être mises en oeuvre pour des motifs politiques ou autres raisons, ce qui enlèverait aux Canadiens la protection et la paix d'esprit que ce projet de loi aspire à leur offrir.
Un gouvernement néo-démocrate veillera à doter le Canada d'une industrie durable, à appliquer les lois environnementales et à prendre en compte les répercussions cumulatives, la sécurité du public et le respect des droits des Premières Nations, dans toutes ses décisions.
Les néo-démocrates comprennent la nécessité de ne plus nous appuyer de manière excessive sur les combustibles fossiles. Notre vision concernant le développement favorise la croissance économique et la création d'emplois, tout en assurant une durabilité sociale et environnementale.
De ce côté de la Chambre, nous accordons une importance particulière au développement des ressources d'énergies renouvelables, comme l'énergie solaire, l'hydroélectricité, l'énergie marémotrice ainsi que la biomasse. Grâce à cette approche, nous créerons un nombre important d'emplois bien rémunérés, tout en faisant du Canada le chef de file dans le domaine.
Les néo-démocrates ont déploré à maintes reprises l'inaction et le manque de leadership du gouvernement en matière d'investissement dans des solutions vertes et renouvelables. En misant sur les énergies renouvelables et l'indépendance énergétique, le Canada va non seulement réduire ses émissions de gaz à effet de serre, mais également favoriser l'innovation et les emplois verts.
Les Canadiens méritent d'être représentés par un gouvernement visionnaire, un gouvernement tourné vers l'avenir et qui a le souci de créer un équilibre entre le développement économique et la protection de l'environnement.
Le NPD s'engage à offrir une meilleure gestion de nos ressources naturelles et à investir dans des énergies renouvelables, des technologies propres et l'amélioration du rendement énergétique pour bâtir une économie plus durable. Les Canadiens savent qu'ils peuvent compter sur le NPD.
Depuis que je suis députée, les gens me disent dans plusieurs courriels et appels, en plus des personnes que je rencontre en faisant du porte-à-porte, que l'environnement est pour eux une priorité. Ils se sentent préoccupés par ce qui va se passer pour nos générations futures. Ils me disent que nous nous dirigeons actuellement vers un monde où nous dépendrons tellement des énergies fossiles qu'il sera très difficile de revenir en arrière.
Je pense qu'il s'agit d'un sujet primordial et crucial. Comme mes collègues l'ont mentionné, c'est un pas dans la bonne direction. J'espère que nous pourrons bonifier le projet de loi en comité. Nous croyons au principe du pollueur-payeur, mais j'ai démontré qu'il y avait des lacunes, et il faut absolument les corriger.
J'espère que tous les partis à la Chambre voudront travailler ensemble, parce que c'est très important pour le Canada et pour l'environnement de notre planète.
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Monsieur le Président, nous sommes en train de débattre du projet de loi .
Notre parti va l'appuyer à l'étape de la deuxième lecture, parce que nous voulons aller plus loin. Nous trouvons que c'est un bon pas en avant, mais il faut continuer, parce que nous rêvons d'un pays capable de vivre, comme en Suède, au Danemark et en Finlande, avec des énergies propres, qui donnent quand même de bons services aux citoyens et qui réduisent notamment les effets nocifs de la pollution.
Nous disons que le projet de loi est un pas vers l'avant, mais il faudra faire beaucoup de propositions et d'amendements pour en faire vraiment un bon projet de loi. Le projet de loi laisse une grande marge de manoeuvre aux décisions prises pour des motifs politiques ou aux ententes secrètes entre les exploitants et l'Office national de l'énergie.
Je suis membre du Comité mixte permanent d'examen de la réglementation, et nous pouvons voir qu'on laisse parfois beaucoup de choses aux ministres, qui vont finir par faire des règlements. Parfois, ils ne suivent pas nécessairement l'esprit de la loi. Je préférerais donc avoir un projet de loi bien établi, qui ne laisse pas de zones vides. Toutefois, malheureusement, ce n'est pas comme cela. C'est un peu trop général à mon goût.
Ce projet de loi n'inclut pas nécessairement la responsabilité absolue pour les sociétés gazières et autres exploitants des pipelines non pétroliers ni pour les petites sociétés d'oléoducs. Cela sera aussi établi au moyen de règlements futurs ou par le Cabinet. Or le Cabinet est le pouvoir exécutif. Ce n'est pas le pouvoir législatif. Encore là, c'est la partisanerie qui va prendre la place. C'est délicat.
Pour nous, au NPD, c'est important de commencer à obliger les compagnies à devenir responsables de ce qu'elles font sur le plan de l'environnement. Nous savons très bien qu'elles transportent le matériel brut par les moyens qu'elles ont, soit les pipelines, les trains, et le reste. Il y a toujours un risque. Or la sécurité est fondamentale et il faut rassurer les citoyens. Nous estimons que le Canada doit prendre des mesures pour s'assurer que nous exploitons et transportons les ressources naturelles, ces ressources si dangereuses, d'une façon sécuritaire, parce que nous devons protéger nos concitoyens. Les collectivités doivent être consultées et mobilisées de manière significative.
Nous avons toujours en tête ce qui est arrivé à Lac-Mégantic. La fin de semaine dernière, nous avons appris qu'il s'est produit encore un accident de transport du pétrole causant un incendie. Heureusement, cette fois-ci, personne n'est décédé. Toutefois, cela fait peur. Nous parlons beaucoup de la sécurité de notre pays, mais cela, c'est aussi de la sécurité.
Si les compagnies pétrolières veulent vraiment avoir l'approbation du public, elles doivent le considérer et l'informer. Elles ne peuvent pas faire tout cela en retrait, seulement entre groupes qui veulent faire de l'argent. Il faut vraiment informer les Canadiens et les considérer dans la prise de décision. Comme l'information n'est pas si fluide et que des choses sont traitées par derrière, les gens commencent à s'organiser contre les pipelines. Voici, par exemple, ce que dit un article du journal Le Devoir, qui parle de la fronde municipale contre le projet Énergie Est: « Au moins 75 villes ont manifesté leur inquiétude au sujet des pipelines de la pétrolière TransCanada ». Ce sont 75 villes seulement au Québec.
Le maire de Mascouche, Guillaume Tremblay, a dit: « On ne veut pas de ce projet chez nous. » Pour lui, plusieurs éléments militent en faveur d'un rejet pur et simple du pipeline que la pétrolière souhaite faire passer sur le territoire de la municipalité, située au Nord de Montréal.
Il s'est dit vraiment inquiet pour la protection des puits artésiens de nombreux citoyens, mais aussi pour la protection des milieux naturels. On se dit que, si les transporteurs de pétrole font des dommages, ils vont payer. Or cela ne suffit pas. Il ne suffit pas de simplement réparer les pots cassés. Il faut envisager la production de l'énergie d'une façon durable qui puisse effacer les craintes des citoyens. Les maires sont déjà contre; pas tous, mais il y en a pas mal.
D'autres groupes de citoyens s'inquiètent. Il n'y a pas seulement ceux et celles qui prennent des décisions. Voici le titre d'un autre article du journal Le Devoir, le mardi 3 mars: « Le projet d’Enbridge inquiète un CPE ». Dans ce cas, le Centre de la petite enfance déplore l'inversion du flux du pipeline 9B qui passe dans sa cour. On pense aux parents qui y envoient leurs petits enfants. S'il y a un déversement, ce sont les petits qui vont en payer le prix.
La directrice générale du CPE Gamin Gamine, à Terrebonne, s’inquiète vivement de l’inversion du pipeline, qui fera bientôt couler 300 000 barils par jour vers Montréal, car cet oléoduc traverse la cour de la garderie.
Les gens nous demandent ce qui va se passer, et nous, les politiciens, sommes obligés de leur donner de vraies réponses. Nous devons prendre cela au sérieux. Les écoles sont aussi inquiètes. Ces gens craignent pour la sécurité de nos enfants. C'est grave.
Du côté de la Communauté métropolitaine de Montréal, on estime néanmoins qu'il reste des questions sans réponse. Les gens sentent qu'ils n'ont pas été consultés et que les réponses ne sont pas claires non plus, notamment concernant les plans d'urgence. En effet, il n'y a rien dans le projet de loi à ce sujet.
Enbridge souligne toutefois que des rencontres avec les premiers intervenants des municipalités concernées doivent avoir lieu dans les prochaines semaines. C'est comme si elle disait qu'elle allait voir cela plus tard et qu'il fallait lui faire confiance. Il ne faut pas prendre les citoyens pour des marionnettes qui acceptent n'importe quoi parce qu'ils ont besoin d'essence pour leurs voitures. Cela va plus loin que cela.
Hydro-Québec a également sonné l'alarme. Elle souhaite faire entendre ses préoccupations relativement au tracé éventuel de l'oléoduc Énergie Est de la compagnie TransCanada lors des audiences publiques de l'Office nationale de l'énergie, qui vont avoir lieu plus tard cette année. Il serait question d'un phénomène prouvé de corrosion.
Dans sa lettre, la société d'État souligne que le tracé préliminaire proposé par la société albertaine longe ses lignes électriques de haute tension sur quelque 700 kilomètres. Hydro-Québec craint que le projet limite l'exploitation et la croissance de son réseau. Pourtant, l'électricité est une énergie propre.
Elle s'inquiète des conséquences que pourrait avoir un bris de l'oléoduc sur ses propres installations. Elle mentionne le risque de la présence de lignes électriques, ce qui est susceptible d'engendrer des problèmes de corrosion sur la structure du pipeline. On a vraiment besoin d'une étude plus approfondie.
TransCanada reconnaît avoir connu des ennuis semblables sur son oléoduc Keystone, dans l'Ouest du pays, après sa mise en service en 2010. Toutefois, la société, par la voix de son porte-parole, Tim Duboyce, dit avoir mis au point depuis une technique appelée protection cathodique, qui permet de protéger la structure en acier. C'est une avancée.
Tous ces enjeux ne rassurent pas les groupes écologistes, notamment Greenpeace: « Hydro-Québec est très claire: il y a des risques ».
En tant que législateurs, nous ne pouvons pas nous contenter de prôner le principe du pollueur-payeur. Il faut être plus ambitieux. Radio-Canada a publié un article à ce sujet:
Les exploitants de pipelines ont l'obligation de rapporter au Bureau de la sécurité des transports du Canada tout déversement d'hydrocarbures.
Le plus récent rapport dit que le nombre d'accidents a diminué, mais si on calcule le nombre d'accidents en fonction du volume de pétrole transporté par pipeline, on constate que le taux est en hausse constante depuis 10 ans.
J'invite maintenant tout le monde à rêver un peu. Nous allons nous comparer à des pays européens. Depuis la crise pétrolière du début des années 1970, la Suède investit massivement dans la recherche de sources d'énergie alternatives, et cela fonctionne. De ce fait même, la population suédoise est une grande consommatrice de l'énergie par habitant, soit environ 16 000 kilowatts par personne chaque année. Toutefois, ses émissions de carbone sont comparativement plus faibles. Ils utilisent principalement l'énergie éolienne ainsi que l'énergie hydroélectrique.
Nous devons continuer à rêver et aller plus loin. Ce projet de loi est un pas dans la bonne direction, mais ce n'est pas le dernier. C'est à nous de prendre cela très au sérieux. Il s'agit de notre santé, de celle de nos enfants et de celle de la planète.
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Monsieur le Président, je suis reconnaissant d'avoir l'occasion de parler d'un projet de loi fort important et qui est à l'étape de la deuxième lecture. C'est un projet de loi fort discutable pour l'instant, même si le NPD prévoit l'appuyer à l'étape de la deuxième lecture.
Je vais en donner le titre pour les gens qui ont l'amabilité de nous écouter sur CPAC. Il s'agit de la . Le projet de loi est à l'étape de la deuxième lecture. Pour que les gens nous suivent bien, l'étape de la deuxième lecture, ce n'est pas l'adoption finale d'un projet de loi. Plusieurs d'entre nous pensent appuyer un projet de loi fortement imparfait afin de pouvoir l'envoyer en comité où énormément d'amendements seront sûrement suggérés. Nous verrons comment cela va se passer en comité pour décider si le projet de loi mérite par la suite un appui à l'étape de la troisième lecture. C'est à ce moment qu'il pourrait être adopté comme loi pour le Canada.
En 2013, 1,3 million de barils de pétrole brut a été transporté dans des pipelines de juridiction fédérale au Canada. C'est dire l'importance du sujet. Dans Montmagny—L'Islet—Kamouraska—Rivière-du-Loup, nous devons actuellement faire avec la présence de l'Office national de l'énergie, parce que pour l'instant les processus qui sont lancés sont absolument problématiques. Comme c'est connu à l'échelle nationale maintenant, il y a dans mon comté un projet de port pétrolier directement associé à un très gros projet d'oléoduc, Énergie Est. Nous sommes dans une situation complètement invraisemblable chez nous où, d'un côté, le promoteur se donne le droit de ne rien clarifier sur son projet avant la fin de mars, pendant que de l'autre côté, l'Office national de l'énergie exige que les acteurs du milieu décident maintenant s'ils vont faire partie des consultations dans quelques mois. Nous avons donc des gens très compétents qui sont en train de passer des centaines, voire des milliers d'heures, à préparer leur participation à une consultation qui va probablement porter sur quelque chose d'autre que ce qui est présenté par le promoteur actuellement. Cela fait de ce projet de loi un sujet d'actualité pour les gens que je représente.
Je vais donner quelques explications par rapport au projet de loi devant nous aujourd'hui. Le projet de loi inclut la responsabilité absolue pour tous les pipelines réglementés par l'Office national de l'énergie. Cela signifie que les compagnies seront responsables des frais et des dommages sans égard à la faute, jusqu'à concurrence de 1 milliard de dollars pour les pipelines de grande capacité, soit ceux qui transportent au moins 250 000 barils de pétrole par jour. C'est une très grande capacité. Pour quelqu'un de la classe moyenne qui est tranquillement assis à Tourville, à Longueuil ou à Trois-Pistoles, 1 milliard de dollars peut sembler un gros montant. Quelqu'un peut dire que 1 milliard de dollars, c'est merveilleux, et que s'il y arrive quelque chose, on sera sécurisé.
Je me permets de rappeler aux gens les rapports de proportionnalité. Je vais prendre Lac-Mégantic comme exemple. Les gens doivent bien comprendre que Lac-Mégantic n'aurait pas été couvert par ce projet de loi. Nous parlons exclusivement des accidents associés à des oléoducs. Dans un contexte comme celui de Lac-Mégantic, l'argent qui a été distribué aux familles des victimes comme dédommagement totalisait 200 millions de dollars. Ce n'est que l'argent qui a été accordé aux familles des victimes. Nettoyer le centre-ville a coûté 190 millions de dollars. Quatre-vingt pour cent des 7,5 millions de litres de pétrole que transportait le train ont fui en grande partie dans la rivière. Le nettoyage va s'échelonner sur des années, et nous ne savons pas encore le montant exact que cela coûtera, mais ce sera plusieurs centaines de millions de dollars. Quand nous examinons simplement la situation de Lac-Mégantic, nous réalisons qu'en ce qui concerne le rapport de proportionnalité, 1 milliard de dollars, c'est presque un minimum. Nous ne venons pas d'avoir l'assurance que le montant qui doit être là pour protéger en cas d'accident est suffisant.
Je donne un autre exemple, qui est très dur. C'est le pire exemple en Amérique du Nord en ce moment, et il a été évoqué par au moins trois de mes collègues depuis quelques heures. C'est l'accident de Kalamazoo au Michigan. Il implique la compagnie canadienne Enbridge et 4 millions de litres de brut lourd qui ont été versés dans la rivière Kalamazoo et dans des marécages. La dernière fois que j'ai vu les chiffres, les dommages s'élevaient à plus de 1 milliard de dollars et il y avait eu plus de cinq ans de nettoyage. Plus de 80 % du bitume qui a été déversé dans la rivière Kalamazoo est encore dans la nature, après des dépenses de plus de 1 milliard de dollars. Là encore, c'est un exemple qui met ce 1 milliard de dollars en proportion.
D'ailleurs, je me pose la question à savoir d'où vient le 1 milliard de dollars. Pourquoi 1 milliard de dollars?
Ce montant de 1 milliard de dollars, cela ressemble à un chiffre électoraliste, qu'on excuse ce terme. On semble se servir de quelque chose de facile à comprendre et qui a l'air important. Toutefois, si on avait installé des spécialistes autour de la table pour évaluer l'espèce de plancher de garantie en cas d'accident pétrolier, ils ne seraient pas arrivés à 1 milliard de dollars. Ils seraient peut-être arrivés à 1,2 milliard de dollars ou 1,3 milliard de dollars. Ce montant de 1 milliard de dollars est complètement arbitraire; c'est un chiffre rond, facile à retenir. J'espère donc que des questions seront posées de front pendant les séances du comité qui se penchera sur le projet de loi.
La responsabilité des compagnies serait illimitée seulement en cas de faute ou de négligence. Qu'arrivera-t-il dans un cas où la faute ne sera pas claire et où elle sera contestée? On parle ici de promoteurs milliardaires. Si, littéralement, ils veulent engager un régiment d'avocats pour essayer de démontrer que la faute ne relève pas d'eux, à combien d'années évalue-t-on un débouché sur un recours qui contesterait la faute avec de pareils moyens? Monsieur le Président, je pense que votre formation vous permet d'être encore meilleur juge que moi là-dessus. Cela peut être vraiment très long.
Cela va à l'encontre d'un autre aspect de la loi que je remets en question et qui plafonne à six ans après l'événement le droit de demander une compensation si on a été victime des conséquences. Cela ne fonctionne plus. À Kalamazoo, cela fait cinq ans qu'on nettoie, et il y a encore des polluants. Au cours des prochaines années, des gens vont donc devoir encore faire le bilan pour savoir si, finalement, leur propriété ou leur santé ont été affectées par cela. On n'a pas encore fini de nettoyer. Ce n'est pas que les gens ne veulent pas conclure, en six ans, s'ils ont été affectés ou non, mais c'est que le phénomène est encore en évolution. Les victimes ne font donc pas preuve de mauvaise foi. Peut-être quelqu'un va-t-il réaliser, après seulement sept, huit, neuf, dix ou douze ans, qu'il a été affecté négativement pas l'événement. Pourquoi, soudainement, plafonner cela à six ans?
Le projet d'Énergie Est représente 1,1 million de barils par jour. Cela veut dire 173 millions de litres par jour. Souvenons-nous de tout le dégât que 4 millions de litres brut ont fait à Kalamazoo. Il y en a eu pour plus de 1 milliard de dollars. Maintenant, on projette d'installer un tuyau où il passera 173 millions de litres par jour, soit 120 000 litres à la minute. Les pipelines sont relativement sécuritaires au début de leur cycle de vie, mais souvent, vers la fin, il se produit plus régulièrement des événements tragiques, des événements assez sérieux. Il ne faudrait pas qu'un accident arrive, comme à Kalamazoo, où les gestionnaires du réseau prendraient un certain temps avant de fermer les valves. On se retrouverait littéralement avec des millions de litres déversés dans l'environnement. Pensons-y, c'est 173 millions de litres par jour. La même question va se poser à propos du montant de 1 milliard de dollars.
Il y a une autre question que je n'ai pas encore entendue. Peut-être un illustre collègue ministre, de l'autre côté, pourrait-il me renseigner. Ce montant de 1 milliard de dollars est-il indexé? À la vitesse où les coûts sont indexés, dans cinq ou dix ans, ces 1 milliard de dollars ne vaudront plus la même chose. Chez moi, on peut se retrouver avec un potentiel majeur d'accident, sur 40 ans, et on nous dit qu'il y aura un plancher de 1 milliard de dollars. Un accident pourrait, déjà demain matin, nous coûter plus cher, et je ne vois rien qui parle d'indexation ou de mécanisme pour garantir qu'on suivrait le rythme du coût de la vie, du coût faramineux des nettoyages de pareils accidents.
Je veux quand même finir sur un ton plus positif et parler un peu des principes clés du NPD. Ce qui nous diffère du gouvernement en place, c'est tout d'abord la durabilité. Pour nous, c'est important de s'assurer que les pollueurs paient la facture de la pollution qu'ils produisent plutôt que de la léguer à la prochaine génération.
Je vais donner un dernier exemple. Maintenant que les effets nocifs des mines sur l'environnement se chiffrent en milliards de dollars, des lois prévoient que le fonds pour protéger l'environnement se fasse pendant l'exploitation, pour qu'on ne se trouve jamais en fin de cycle avec une compagnie qui, entre temps, aurait fait moins de profits, serait partie à l'étranger ou aurait soudainement disparu en fin de vie pour ne pas payer les dégâts dont on doit s'occuper à la fin. C'est ce genre de mécanisme qui n'est pas présent, qui ne me rassure pas et qui ne rassure pas la plupart de mes concitoyens.
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Monsieur le Président, dans la page que j'ai dû sauter aujourd'hui, je parlais du bris de confiance, ce qui rejoint les propos de mon collègue.
En 2011, le commissaire à l'environnement disait que l'Office national de l'énergie n'avait pas réussi à garantir de meilleurs cadres pour sécuriser l'environnement et le public au sujet des pipelines. Nous sommes maintenant en 2015. Il ne s'était rien fait jusqu'à ce petit pas. Cela a pris des années avant qu'un tout petit pas extrêmement discutable ne soit fait.
Alors oui, mon collègue a raison. D'abord, le plancher de 1 milliard de dollars est hautement contestable. Ensuite, une autre des lacunes majeures dans tout ce processus du projet de loi des conservateurs est la sécurité pendant l'exploitation.
Le gouvernement a beau dire aux gens qu'il élèvera le plafond en cas d'accident majeur, ce que mes concitoyens et concitoyennes veulent véritablement savoir, c'est ce qui sera mis en place pour faire en sorte qu'il n'y aura pas d'accident majeur. Il s'agit d'une lacune incroyable.
C'est comme si on disait que c'est une grosse industrie, alors il faut que cela passe, et si cela casse, on paiera pour les dégâts. Si on parle aux producteurs agricoles de mon comté ou aux gens des municipalités inquiets au sujet de leur prise d'eau, ce n'est pas un raisonnement que nous pouvons appliquer.
Ces gens veulent savoir comment on garantit, pendant l'exploitation, la protection de leurs ressources en place, autres que pétrolières, qui peuvent être menacées par un déversement majeur.
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Monsieur le Président, je suis bien contente de pouvoir débattre du projet de loi aujourd'hui.
Je suis enchantée, car pour une fois, c'est un projet de loi qui contient quand même un peu de bon. Aussi, on ne peut pas nier que le transport du pétrole est un enjeu majeur et l'un de ceux qui préoccupent le plus le public. Les gens sont inquiets et ils ont raison de l'être.
Les chiffres qu'on fournit ici parlent d'eux-mêmes et répètent ce que j'ai déjà entendu dans de nombreuses conversations. La confiance du public envers les moyens de transport du pétrole est minimale: 71 % des gens croient que le transport ferroviaire est dangereux. Après ce qui s'est rejoué à Gogoma en fin de semaine, cette opinion risque de s'endurcir.
D'autre part, 63 % des gens jugent que le transport maritime du pétrole est trop risqué. Les Québécois sont terrifiés à l'idée qu'un navire de transport chavire dans le Saint-Laurent. Un tel incident causerait un tort profond et irréparable au Québec, le fleuve étant un milieu tellement unique et fragile et d'une importance capitale pour nous tous. Les pipelines sont jugés le moyen le moins dangereux par le public, avec 47 % d'appui.
Grosso modo, personne n'est vraiment heureux. Les gens craignent le pire. S'ils sont inquiets, c'est à juste titre, si on considère que les conséquences d'un accident sont catastrophiques et irréversibles. Le nombre de barils de pétrole par jour qui transitent par pipeline est gigantesque. Quand on parle d'une démesure de milliards de barils par jour, c'est normal que l'idée d'un déversement prenne tout de suite des dimensions incompréhensibles et terrifiantes.
Le Canada est d'abord et avant tout un pays de ressources naturelles exploitables. Depuis toujours, c'est la raison de notre bien-être et de notre affluence. La diversité de nos ressources communes positionne le Canada et ses provinces sur plusieurs fronts économiques simultanément. C'est aussi la cause de notre grand savoir technique développé au cours de décennies, en réponse aux besoins reliés à cette exploitation et qui fait notre renommée mondiale.
Bref, nous disposons d'une manne, et cette manne est la propriété de tous les Canadiens. C'est notre vrai trésor national. Toutefois, tout en étant à coup sûr une bénédiction, ce trésor a parfois les apparences d'une malédiction. Des événements tragiques ont déjà eu lieu. Les risques d'une réglementation défaillante des moyens d'acheminement du pétrole sont clairs. La catastrophe de Lac-Mégantic est si grave et si clairement reliée à l'insouciance du gouvernement fédéral que je suis surprise de la mollesse des initiatives législatives.
D'ailleurs, le public n'accorde au gouvernement qu'une confiance frileuse en ce qui concerne la capacité ou la volonté de celui-ci de réglementer le secteur de l'énergie. Si ce n'est pas le gouvernement, qui doit le faire? Est-ce l'industrie elle-même? Bien sûr que non. Nous sommes donc devant un déficit de légitimité très grave. Les Canadiens ne pensent pas que le gouvernement du Canada va ou veut les protéger. Cela fait mal.
Je considère que les gens du Canada sont en droit de s'attendre à ce que les députés prennent non seulement de bonnes décisions en ce qui concerne les pipelines, mais bien les meilleures décisions possibles. Nous tous ici avons un devoir de penser à la sécurité du public, à la durabilité de l'exploitation et à la résilience environnementale. Une exploitation responsable et scientifique, l'adjectif préféré des conservateurs, de nos ressources naturelles est la garantie de notre pérennité comme collectivité nantie. Bien sûr, encore faut-il supposer que tout le monde ici désire cette pérennité et ne s'imagine pas que le monde va se terminer la semaine prochaine avec la seconde venue du Sauveur. Toutefois, cela reste à voir.
Je sais pertinemment qu'il ne faut pas s'attendre à trop. Déjà, que le gouvernement fasse un pas vers le régime de pollueur-payeur, c'est encourageant. Cette responsabilisation de l'industrie est essentielle. Elle est en retard d'un quart de siècle et n'était pas très difficile à mettre en avant, mais on va prendre ce qu'on peut.
Le projet de loi introduit la responsabilité absolue pour tous les pipelines dont l'Office national de l'énergie a la supervision. C'est une bonne initiative et c'est la raison de notre appui. Cette responsabilité absolue en cas de faute ou de négligence signifie que l'exploitant aura une responsabilité illimitée.
En cas de tout autre incident, l'exploitant est responsable jusqu'à concurrence de 1 milliard de dollars. Avec cette approche, le gouvernement ne pense clairement qu'aux dommages matériels et aux coûts de réparation possiblement encourus. Cette initiative nous semble valable, mais deux éléments restent flous dans le projet de loi . Il est important que le public sache que sa contribution financière pourrait facilement être requise en cas de catastrophe.
Premièrement, si le cas de négligence ou la faute ne pouvait pas être prouvé, ce serait possiblement l'État qui épongerait les coûts. Aussi, si les coûts encourus dépassaient 1 milliard de dollars, l'excédent nous reviendrait. Dans certains cas, l'addition monte très vite et peut facilement franchir cette limite. J'aimerais moi aussi, comme plusieurs de mes collègues l'ont déjà fait, citer l'accident dû à Enbridge à Kalamazoo, au Michigan, qui a coûté presque 1,2 milliard de dollars.
Ensuite, les dommages environnementaux, on s'en doutait, ne font pas vraiment partie du calcul.
Le dommage possiblement irréparable à l'essence même de notre pays, chose qui n'a pas de prix, n'en aura vraiment pas, au bout du compte.
Le pari, ici, est vite expliqué: considérant la taille du Canada, le gouvernement espère que les accidents vont se produire au milieu de nulle part, où la supervision environnementale est déjà réduite à néant par les compressions budgétaires et que le public oubliera vite les contaminations lointaines; loin des yeux, loin du coeur
Si nous avons un gouvernement idéologique, nous n'avons certainement pas un gouvernement sentimental. Le projet de loi renforce certains des pouvoirs de l'Office national de l'énergie pour s'assurer que le transport du pétrole par pipeline est conforme et que le public est protégé, sauf que l'exploitant aura encore son mot à dire et le projet de loi permet les manoeuvres obscures. Ultimement, c'est le Cabinet qui pourra décider si des sanctions s'imposent.
Si la société exploitante n'obéit pas aux ordres de l'office, celui-ci n'aura pas les pouvoirs nécessaires pour sévir, sauf si le pipeline est à l'abandon. Un pipeline vide, on s'entend, c'est plutôt sécuritaire.
Je tiens à rassurer ceux qui croyaient que les conservateurs s'étaient soudain découvert un penchant pour l'écologie. Le projet de loi n'a que l'économie dans sa mire. Les accidents coûtent cher, et il est injuste que le public doive payer pour la négligence des sociétés. Naturellement, nous sommes d'accord.
Puisque les « dents » que le projet de loi C-46 donne à l'Office national de l'énergie ne sont que des molaires, si le gouvernement ne juge pas opportun de sévir contre un exploitant, l'office ne pourra que mâcher ses réprimandes.
Le gouvernement révise, depuis l'an dernier, les régimes de responsabilités liés à l'exploitation du pétrole et du gaz naturel. Le projet de loi est un premier pas acceptable pour nous, même si nous voulons que la réglementation aille beaucoup plus loin. Nous voulons protéger l'environnement, puisque nous jugeons que l'écosystème est une valeur non négociable. D'autres pays le font et prospèrent plus que nous.
Or le gouvernement refuse d'y penser et apporte une législation qui peut très bien ne pas servir, si la preuve de faute manque ou s'il décide d'agir en faveur de la société exploitante.
Est-il surprenant que le niveau de confiance du public soit si bas en ces circonstances?
De plus, comme nous devions nous y attendre, ce projet de loi n'est pas le résultat d'une consultation en profondeur des membres constituants de la Confédération ni avec les Premières Nations. C'est encore une incarnation de la science infuse qui se manifeste régulièrement dans l'édifice Langevin.
Je suis fascinée par la vision télescopique du premier ministre, qui perçoit et comprend tout partout au pays, sans effort. Un tel sens de direction est incroyable. C'est surhumain. Tout ce qui manque au pour compléter son personnage, c'est une république d'Asie centrale.
Au bout du compte, ce que les gens veulent, ce sont des réglementations sévères et garanties. Les gens veulent des pipelines extra sécuritaires — pas de loophole, pas de mesure casse-coup — et une gestion responsable, respectueuse de l'environnement et durable.
Ce que les Canadiens veulent, c'est que nous agissions en adultes et non pas en adolescents.
Je peux donc garantir que le meilleur ministre de l'Environnement de l'histoire du Québec ne prendra pas des « si » et des « peut-être » comme barème s'il approuve des pipelines quand il sera premier ministre du Canada.
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Monsieur le Président, je suis heureux de me lever à la Chambre aujourd'hui afin de discuter du projet de loi au nom de mes concitoyens de . C'est un projet de loi qui traite d'enjeux aussi importants que les ressources énergétiques et la protection de notre environnement.
Le projet de loi modifie le régime de responsabilité des pétrolières. Cela consiste donc à établir un principe selon lequel le responsable d'un déversement pétrolier paiera jusqu'à concurrence de 1 milliard de dollars pour des dommages causés. Ce projet de loi fait donc partie d'un examen plus large effectué par le gouvernement sur les régimes de responsabilité qui s'appliquent aux divers volets de l'exploitation du pétrole ainsi que du gaz.
Les Canadiens sont conscients des risques possibles de l'extraction et du transport du pétrole, et ils ont besoin de savoir que leur gouvernement va encadrer adéquatement l'industrie et protéger aussi notre environnement. Les Canadiens n'ont pas à faire le choix entre le développement économique et la protection de l'environnement. Nous devons prendre en considération ces deux aspects en tandem.
Lorsqu'il est question de projets comme Northern Gateway, Keystone XL ou Énergie Est, il est important de prendre des décisions judicieuses qui favorisent le développement économique et l'emploi au Canada, tout en minimisant les risques pour notre environnement. Nous avons besoin d'une nouvelle vision en ce qui concerne l'avenir de nos ressources énergétiques, une vision guidée par trois principes fort simples.
Le premier vise la durabilité, afin de s'assurer que les pollueurs paient la facture de nettoyage liée à un déversement et à la pollution engendrée, plutôt que de léguer la facture aux générations suivantes.
En second lieu, il s'agit du partenariat, afin de nous assurer que les Premières Nations, les provinces et les collectivités profitent véritablement du développement des ressources, et de créer ainsi des emplois fiables et à valeur ajoutée ici, au Canada.
Finalement, il s'agit d'une prospérité à long terme provenant de l'investissement des fruits de nos richesses naturelles dans des technologies modernes et écologiques, afin de garder le Canada à la fine pointe de l'innovation énergétique et de maintenir des tarifs d'énergie abordables pour tous les Canadiens.
Nous sommes déçus que, malgré tous nos appels à l'urgence, les conservateurs aient pris autant de temps pour déposer ce projet de loi. En 2011, le commissaire à l'environnement a souligné que l'Office national de l'énergie n'avait pas réussi à régler plusieurs problèmes connus et à assurer l'entretien adéquat des pipelines. Ainsi, le gouvernement n'a toujours pas mis en place un système de surveillance et d'inspection adéquat.
L'année dernière, le projet de loi a aussi été déposé. Il traitait des responsabilités liées au forage en zone extracôtière et aux déversements éventuels dans l'Arctique et dans l'Atlantique. À cause de cette vision limitée, le gouvernement n'a pas entrepris de consultations sur le régime de responsabilité applicable au transport ferroviaire. Les conservateurs n'ont pris cet enjeu au sérieux que lorsqu'ils ont dû limiter les dégâts ou les conséquences politiques à la suite de la tragédie de Lac-Mégantic.
Le projet de loi que nous étudions actuellement inclut une responsabilité absolue pour tous les pipelines réglementés par l'Office national de l'énergie. En d'autres mots, les compagnies seront responsables des frais et des dommages causés par un déversement de pipeline et, ce, sans égard à la faute, jusqu'à concurrence de 1 milliard de dollars pour les pipelines de grande capacité. Par contre, en cas de faute ou de négligence, la responsabilité sera toutefois illimitée.
J'accueille cette mesure favorablement. C'est un bon début, mais ce montant pourrait être atteint rapidement, puisque le nettoyage de certaines tragédies qui ont eu lieu dans les dernières années ont dépassé largement le seuil de 1 milliard prévu par ce projet de loi.
Le projet de loi limite également le délai que les Canadiens auront pour réclamer la réparation des dommages causés par un accident à la santé ou à l'environnement à long terme. La réclamation doit être établie dans les trois années suivant les dommages ou six ans, tout au plus, après un déversement de pétrole. Cela est discutable, puisqu'il est très probable que l'on s'aperçoive de certains dommages bien après les six années prévues par ce projet de loi.
Le projet de loi donne également à l'Office national de l'énergie le pouvoir d'ordonner le remboursement de tous frais de nettoyage engagés par les gouvernements, les collectivités ou les individus. Il octroie également à l'Office national de l'énergie pouvoir et ressources pour prendre en main n'importe quel incident, dans des circonstances exceptionnelles, si une compagnie ne peut ou ne veut pas le faire. Elle disposerait également de nouveaux outils pour récupérer les coûts de nettoyage, allant même jusqu'à imposer les frais à l'ensemble de l'industrie.
Malheureusement, le gouvernement a laissé ici une certaine latitude avec des décisions qui reposeraient entre les mains du Cabinet et de l'Office national de l'énergie, un organisme qui, à l'occasion, a démontré un certain manque de crédibilité. Au lieu d'établir un régime responsable, avec un cadre strict, le gouvernement laisse ainsi une trop grande marge de manoeuvre aux décisions prises pour des motifs politiques, des décisions prises par le Cabinet, ou à la suite d'ententes secrètes qui ne seraient évidemment pas rendues publiques, entre les exploitants et l'Office national de l'énergie. De toute évidence, nous allons donc questionner le gouvernement à propos de ces mesures tout à fait discrétionnaires. Il est important de rendre le gouvernement imputable face aux Canadiens. Nous sommes donc déçus de la portée du projet de loi, et j'espère que les conservateurs seront ouverts aux amendements qui seront présentés en comité.
Étant donné la portée restreinte du projet de loi, nous sommes inquiets que les pollueurs ne paient pas entièrement les dommages causés et que ce sera finalement les Canadiens qui devront acquitter la facture. Si c'est le cas, cela remet en cause la portée réelle de ce projet de loi. Qu'arrive-t-il si on a de la difficulté à établir la faute ou la négligence? Dans ce genre de situation, est-ce les Canadiens qui vont payer? On parle possiblement de milliards de dollars. C'est fort important et ce n'est pas aux Canadiens à payer ces factures pour des compagnies qui auraient pu être négligentes dans leurs opérations. C'est bien beau de présenter un projet de loi qui se concentre sur l'identification des responsables, mais il faut également agir en amont afin d'empêcher le plus possible que des déversements de pétrole se produisent. C'est ce que ne fait pas ce projet de loi.
Nous devons donc avoir une meilleure réglementation et une surveillance accrue des pipelines. De plus, nous devons remettre en place un processus d'évaluation environnementale rigoureux qui a été démonté par l'actuel gouvernement au cours des dernières années. Étant donné l'importante augmentation de la production et du transport de pétrole brut, il semble évident que la sécurité doit être améliorée, et ce, peu importe le mode de transport utilisé. Pour ce faire, nous devons renforcer les inspections obligatoires, mettre en place des règlements adéquats et nous assurer également de l'application de ces normes. La sécurité du public et la protection de l'environnement doivent compter parmi nos plus grandes priorités dans ce cas-ci.
Mes collègues et moi-même croyons fortement que le Canada doit prendre des mesures pour s'assurer que nous exploitons et transportons nos ressources en toute sécurité. De cette façon, nous serons à même de servir les intérêts de tous les Canadiens. Pour ce faire, tous les projets de pipelines doivent respecter les normes les plus élevées en matière de sécurité et de protection de l'environnement. De cette façon, nous serons cohérents avec les principes de développement durable. Pour s'assurer que les pétrolières et les exploitants de pipelines obéissent aux réglementations, nous devons mettre en place des lois rigoureuses en la matière et établir des mécanismes d'évaluation environnementale crédibles.
De plus, étant donné que le transport touche les provinces, des municipalités et des collectivités, nous devons nous assurer que le gouvernement consulte et établit des partenariats avec celles-ci. Si tout le monde travaille de concert, ce sont les Canadiens qui auront l'assurance que tous ces projets seront mis en place, qu'ils respecteront le principe de développement durable et que les processus d'approbation seront les plus équitables possible, de manière à renforcer l'imputabilité de toutes les personnes impliquées. Les provinces vont continuer à exploiter leurs ressources naturelles. La question est de savoir comment exploiter ces ressources de manière durable, tout en protégeant l'environnement et en favorisant les emplois à valeur ajoutée au Canada.
En conclusion, nous allons appuyer ce projet de loi à l'étape de la deuxième lecture, et nous demandons au gouvernement d'être ouvert aux amendements que nous présenterons lors de son étude en comité.
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Monsieur le Président, avant d'arriver en politique, j'étais un des membres fondateurs du Conseil de bassins versants de la région de Vaudreuil-Soulanges. Cet organisme était chargé du développement d'un plan directeur de l'eau pour ma région.
Pour ceux qui ne connaissent pas bien le concept de bassin versant, il s'agit de l'ensemble du territoire drainé par un cours d'eau principal et par ses tributaires. Les limites sont l'amont et l'aval d'un territoire. Tous les cours d'eau sont liés à un cours d'eau majeur.
Si je mentionne les bassins versants, c'est parce que le territoire du bassin versant gère la qualité de nos eaux, qui est déterminée par la santé d'un bassin versant. Or l'eau est la plus importante des ressources.
C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai décidé de me présenter aux élections en 2011 et de me joindre à l'équipe de Jack Layton, le NPD, un parti progressiste qui prône le droit de vivre dans un milieu sain et durable.
[Traduction]
Dans sept générations, notre réussite ne sera pas mesurée en fonction du PIB, de la croissance économique, du pétrole consommé ou produit, ou de la consommation au pays. Non, notre réussite sera mesurée en fonction de notre capacité à préserver l'équilibre écologique.
Nos ressources doivent être exploitées de façon durable. Il faut mettre en place un régime fondé sur le principe du pollueur-payeur. Il faut réduire notre dépendance extrême aux combustibles fossiles. La vision du NPD, c'est que la croissance économique et la création d'emplois vont de pair avec la durabilité sociale et environnementale.
[Français]
Ma région est en aval d'ici, sur la rivière des Outaouais. Ici, en amont, on prend des décisions qui dérangent les citoyens de ma région. Ils sont inquiets et ils ont raison de l'être. Ma région est la plaque tournante des transports du pays. Le Canadien National, le Canadien Pacifique, la canalisation 9 d'Enbridge et TransCanada passent tous par Vaudreuil-Soulanges.
Pendant 16 ans, la ligne 9B était hors des normes sécuritaires. Ce problème a été ignoré par une députée libérale et par un député du Bloc. C'est seulement quand les citoyens de ma région ont élu un député du NPD qu'on a découvert qu'il y avait un problème concernant la ligne 9B. J'ai soulevé ce problème au sein du Comité permanent des ressources naturelles après avoir lu un article à ce sujet.
Les Canadiens veulent un renforcement des inspections, des règlements adéquats et l'application des normes. La sécurité du public et la protection de l'environnement doivent être deux priorités pour n'importe quel gouvernement. Les conservateurs accusent un retard. Les libéraux, eux, ont eu 13 ans pour régler le problème, mais ils n'ont rien fait. Les risques sont trop grands.
[Traduction]
Par exemple, les libéraux et les conservateurs sont maintenant en faveur du projet Keystone XL.
Lorsque j'ai parlé avec David Suzuki, en 2011, je lui ai dit que les Canadiens sont très préoccupés par les pipelines. Je lui ai demandé quelle devrait être la plus grande crainte des Canadiens. Il a répondu que nous sommes souvent préoccupés par les grands déversements dont nous sommes témoins ou par les déraillements de train. Or, dans le cas des pipelines, il a dit que le plus grand problème vient des microfuites. L'un des députés conservateurs a parlé de la technologie. Il est vrai qu'il y a eu des avancées technologiques. Cependant, dans 2 % des cas, ces microfuites ne peuvent toujours pas être détectées par les instruments employés pour le pipeline Keystone. Ainsi, un déversement de pétrole causé par la corrosion et les microfuites dans un pipeline pourrait demeurer indétectable pendant des jours ou des mois. Ce déversement pourrait contaminer la nappe phréatique sans que nous le sachions, parce que nous serions incapable de le détecter.
Il y a une autre question que nous devons nous poser. Oui, la construction d'un nouveau pipeline nous permettrait d'utiliser ce nouveau procédé servant à détecter les fuites les plus minimes. Mais que fait-on des autres pipelines? Allons-nous équiper tous les pipelines d'Amérique du Nord de ce mécanisme de sécurité? La question se pose, parce que, si cette technologie vaut la peine d'être installée sur un pipeline, pourquoi ne mériterait-elle pas de l'être sur tous les pipelines? Ne devrions-nous pas mettre notre réseau de pipelines à niveau? Voilà les questions que je me pose et que se posent les gens que je représente.
Depuis des années, les gouvernements libéraux et conservateurs ont tellement malmené la politique énergétique canadienne qu'il sera difficile de réparer les pots cassés. Et c'est à cause de leur négligence que tous ces problèmes ont perduré ainsi. Je pourrais prendre n'importe quel journal au hasard, peu importe la date, et je serais certain qu'il y serait question d'au moins cinq projets énergétiques en cours qui éprouvent des problèmes pour lesquels le gouvernement ne fait rien.
Prenons l'exemple des relevés sismiques dans la rivière Clyde, où on a constaté des problèmes avec les narvals. La société responsable des travaux d'exploration veut y faire des relevés sismiques, ce qui revient à faire sauter des explosifs précisément à l'endroit où vivent les narvals. L'affaire est devant les tribunaux de Toronto. Le maire de Clyde River a obtenu une injection interdisant les relevés.
C'est toujours le même scénario qui se répète.
[Français]
On l'a vu aussi dans le cas des bélugas du Saint-Laurent. C'est la même chose.
Plusieurs feux ont été allumés. C'est à nous d'essayer de trouver tous les problèmes et de proposer des solutions.
[Traduction]
Il faut consulter davantage les collectivités et les Premières Nations.
Chickadee Richard, une militante autochtone de Winnipeg, a dit ceci:
Nous, autochtones, utilisons encore les terres. Nous faisons encore la cueillette et la chasse. Nous comptons encore sur les forêts et les cours d'eau. Ce projet de pipeline pourrait donc avoir des conséquences irrémédiables pour nous. Nous sommes maintenant en pleine crise et nous avons une responsabilité envers les générations futures.
Mme Richard fait partie d'une coalition de Winnipeg qui souhaite élargir les consultations de l'Office national de l'énergie. Une autre membre de la coalition, Mary Robinson, de la section de Winnipeg du Conseil des Canadiens, a dit: « Sans [...] le point de vue du peuple, tout examen du projet de pipeline demeurera incomplet et illégitime. »
Ces voix représentent une partie du Canada. J'en parle parce que j'entends la même chose dans ma région et de la part d'autres députés. Les électeurs de leurs circonscriptions ont les mêmes préoccupations. On ne cesse de soulever ces questions et il faut les résoudre.
Je me réjouis qu'un projet de loi soit présenté pour régler le problème, mais j'estime qu'il ne va pas assez loin. Il ne répond pas aux questions et aux préoccupations des électeurs de ma circonscription et d'autres circonscriptions.
Il va sans dire que le Canada regorge de ressources naturelles. Je ne fais pas partie de ceux qui pensent qu'on ne devrait pas les exploiter. Bien au contraire. Nous avons vraiment de la chance de les posséder, car elles sont une véritable bénédiction pour le pays. Nous devons toutefois adopter une autre façon d'en faire l'exploration et l'exploitation. Voilà 40 ou 50 ans que ces ressources sont gérées de manière irresponsable par les gouvernements libéraux et conservateurs qui se sont succédé.
[Français]
La vision du NPD comprend trois éléments. Le premier, c'est la durabilité. Nous voulons nous assurer qu'un modèle de pollueur-payeur est en place, afin que les pollueurs paient la facture pour tout déversement produit et pour la pollution qui en découle au lieu de refiler cet endettement aux générations à venir.
Le deuxième, c'est le partenariat. Nous voulons nous assurer que le développement des ressources profite aux collectivités, aux provinces et aux Premières Nations afin de créer des emplois à valeur ajoutée pour la classe moyenne du Canada.
Le troisième vise une prospérité à long terme, et non pas une prospérité à court terme qui créerait des jobs demain pour les perdre deux semaines plus tard. Nous visons une prospérité à long terme au moyen d'investissements et de technologies modernes pour atteindre l'équilibre entre l'économie et l'écologie.
:
Monsieur le Président, je suis toujours heureuse de pouvoir prendre la parole à la Chambre des communes au nom des électeurs de Newton—Delta-Nord. Au cours des semaines que nous passons dans nos circonscriptions, nous pouvons entendre l'opinion de beaucoup de nos électeurs. Les miens se disent très inquiets de ce qui se passe dans le dossier de l'exploitation de nos ressources naturelles.
Mais avant d'entrer dans le vif du sujet, je voudrais souligner le travail accompli par Kultarjit S. Thiara, qui préside le club Rotary de Surrey-Newton. J'ai été fortement impressionnée par la générosité de la population locale, qui a permis au club de recueillir 50 000 $ au cours de la fin de semaine, afin de bâtir une école aux Philippines. Lorsque nous sommes dans nos circonscriptions, nous avons le grand plaisir de pouvoir assister à des événements et de rencontrer nos concitoyens. Malgré leurs difficultés économiques et la peur de perdre leur emploi, les gens donnent très généreusement à l'invitation des chefs de file locaux qui souhaitent améliorer les choses dans le monde. J'ai assisté à une vingtaine d'autres événements, mais j'en parlerai à un autre moment.
J'ai l'intention d'appuyer le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture pour que nous puissions le renvoyer au comité.
Le projet de loi est loin d'être parfait. En tant qu'enseignante, j'aime bien féliciter les gens lorsqu'ils font du bon travail, et je crois que ce projet de loi est un pas dans la bonne direction, quoique minuscule. Je pense que la réglementation actuelle n'est tout simplement pas adéquate et que le projet de loi prévoit des mesures qui auraient dû être adoptées depuis longtemps pour établir un régime de pollueur-payeur dans le cas des pipelines, au Canada. Je dis qu'il s'agit d'un pas minuscule, car nous savons qu'il y a très loin de la coupe aux lèvres. C'est comme se rendre à la mer, mais se contenter de s'y mouiller les orteils. Il reste beaucoup de travail à faire sur ce projet de loi, et je peux donner à tout le monde l'assurance que nous allons nous retrousser les manches lors des travaux du comité.
Les néo-démocrates sont aussi très fiers du fait que leur chef défend ardemment le principe du pollueur-payeur et qu'il propose des plans très concrets pour favoriser la croissance économique, tout en protégeant l'environnement. Certains diront qu'il faut choisir entre l'environnement et les emplois. Dans ma circonscription, des jeunes brillants me disent que, selon eux, la question n'est pas de choisir entre les deux. Afin de créer des emplois et de stimuler le développement, nous devons protéger la planète et exploiter nos ressources de manière durable.
À maintes reprises, nous avons vu le gouvernement faire passer les intérêts des grandes pétrolières avant ceux des Canadiens qui, même s'ils travaillent fort, ont du mal à joindre les deux bouts. La classe moyenne se sent prise dans un étau, et diverses études nous apprennent que la qualité des emplois et, par conséquent, la qualité de vie en subissent les contrecoups.
Dans ma circonscription, j'entends dire que les membres de la classe moyenne qui triment dur estiment que le NPD est en mesure de relever certains de ces défis. Les décennies d'incurie et d'approbation automatique qui ont marqué le règne des libéraux et la grande proximité entre les conservateurs et les grandes pétrolières ont fait pâtir les membres de la classe moyenne. L'avenir de leurs enfants n'est pas pris en considération comme il se doit.
Le Canada est l'un des pays les plus riches du monde. En plus d'une diversité géographique extraordinaire, nous avons la chance, aux quatre coins du pays, de profiter d'abondantes ressources naturelles. Je le répète, il faut absolument penser autrement et cesser de ne prôner que l'extraction et l'expédition. C'est ce qui se passe dans ma province: on transporte des billes de bois hors du pays en camion — ce qui, en soi, n'est pas très respectueux de l'environnement —, puis ces matériaux reviennent au Canada sous forme de madriers que nous achetons. Lorsqu'il est question d'exploitation des ressources, il faut vraiment, quel que soit le domaine, tenir compte des emplois à valeur ajoutée.
Il faut vraiment commencer à créer des emplois payants pour les prochaines générations et pour les travailleurs de la classe moyenne du Canada. Je peux dire aux députés que le chef néo-démocrate a un plan très concret qui permettrait d'ajouter de la valeur à nos ressources naturelles, de penser autrement qu'en fonction seulement de l'extraction et de l'expédition, et de créer de bons emplois, ici, au Canada.
Voyons ce que contient le projet de loi. Il arrive souvent que ce dont parlent mes collègues d'en face ne corresponde pas vraiment à ce qui se trouve dans le projet de loi.
Il y est question dans une certaine mesure du principe du pollueur-payeur, mais ce qui me dérange, c'est qu'on donne à l'Office national de l'énergie et au Cabinet le pouvoir de prendre certaines décisions. Selon moi, les politiques de ce genre portent souvent à confusion. Il doit plutôt y avoir des lignes directrices très claires, et il ne faut pas laisser au Cabinet ou aux ministres le soin de décider des orientations à prendre et des aspects à mettre en oeuvre. Ces dispositions sont très inquiétantes pour les néo-démocrates.
J'habite dans l'une des provinces les plus belles qui soient. Je suis convaincue que tous les députés disent cela et qu'ils ont tout à fait raison. Toutefois, tout le monde a entendu parler des lacs et du littoral vierges de la Colombie-Britannique. Ce littoral ne fournit pas seulement une quantité incroyable de fruits de mer destinés à la consommation locale; ces produits sont aussi vendus à l'étranger. De plus, il s'agit d'une magnifique attraction touristique. Le tourisme rapporte des milliards de dollars et nous sommes très préoccupés par les répercussions que pourrait avoir un déversement de pétrole, qu'il provienne d'un pipeline ou d'un navire-citerne, sur notre littoral intact.
Je dois féliciter le député de , l'un des députés les plus vaillants de la Chambre des communes. Il est actuellement notre porte-parole en matière de finances, mais la campagne passionnée qu'il a menée pour sauver notre littoral a été une véritable source d'inspiration. Dans l'auditoire, je voyais des gens de 90 ans ou de 14 ans qui étaient complètement galvanisés en l'écoutant dire du fond de son coeur qu'il était important de protéger nos cours d'eau, notre superbe littoral et le mode de vie de la Colombie-Britannique.
Il y a un lien avec la question dont nous sommes saisis, car, comme les députés le savent, le projet Northern Gateway prévoit la construction d'un oléoduc qui traversera de nombreuses rivières importantes. Il traversera quelques-uns de nos plus magnifiques lacs, et il parcourra un vaste territoire truffé d'obstacles très dangereux pour se rendre jusqu'à l'océan. Nous sommes donc très inquiets. Cependant, le lien vient du fait que le projet d'oléoduc Northern Gateway est proposé par Enbridge.
Je vais prendre un instant pour raconter aux députés ce qui est arrivé à la rivière Kalamazoo, au Michigan. Un déversement de pétrole s'est produit le 26 juillet 2010. Ainsi, 843 444 gallons américains de pétrole but se sont échappés d'un pipeline de 30 pouces de diamètre pour se déverser dans de précieuses terres humides. Ce pipeline appartenait à Enbridge. À elles seules, les activités de nettoyage ont coûté 1,2 milliard de dollars, et cela ne couvre pas les autres dommages ni la perte de la valeur de non-usage, dont il faut aussi tenir compte. Or, dans le cas qui nous occupe, il est question d'établir une cible de 1 milliard de dollars. On peut constater que c'est inadéquat, mais cela ne tient pas compte de la perte de la valeur de non-usage et d'autres facteurs.
Par conséquent, nous sommes très préoccupés par tout type de déversement, que le pétrole soit transporté par pipeline ou par pétrolier. Nous sommes absolument favorables au principe du pollueur-payeur, et nous devons commencer à adopter des mesures législatives réalistes qui tiennent compte des véritables coûts associés au nettoyage, au lieu de laisser cela à la discrétion des ministres ou d'autres organismes.
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Monsieur le Président, je suis très contente d'apprendre que l'opposition a eu une révélation.
Dans l'une de mes questions précédentes, j'ai parlé de mon respect pour les ingénieurs canadiens. J'ai grandi dans la maison d'un ingénieur chimiste qui a fait énormément de travail industriel partout au Canada. Les eaux usées étaient l'une des spécialités de mon père. J'ai également un beau-fils qui est très préoccupé par l'environnement et l'approvisionnement énergétique en Afrique. Il possède un doctorat en génie électrique et se trouve actuellement au Ghana pour construire des champs de panneaux solaires afin de fournir de l'énergie électrique à un pays où les besoins sont criants. Je n'ai jamais rencontré de gens plus préoccupés par l'environnement que les ingénieurs du Canada.
En consultant des sites Web et en m'informant sur ce que nos ingénieurs font au Canada pour préserver l'environnement, j'ai consulté le site de l'École de génie Schulich. Cette dernière est active dans la recherche qui touche tous les départements de l'école, notamment le génie civil, chimique, mécanique, géomatique et électrique, et collabore avec tous les départements des sciences de la Terre et des sciences biologiques. L'école dit être une chef de file de l'intégrité, de l'entretien et de la gestion des pipelines.
Une chose est sûre, il arrive que des problèmes surviennent par rapport aux pipelines, mais ils sont minuscules en comparaison avec ceux que causent les stations de pompage. Nous savons que les ingénieurs sont extrêmement diligents dans leur travail afin que les stations de pompage continuent à fonctionner correctement. C'est leur travail.
Un député du NPD a parlé de la pérennisation des emplois au sein de l'économie. La Pipe Line Contractors Association of Canada se compose de propriétaires d'entreprises très fiables et fort respectées au Canada. Ce sont des membres éminents de la société qui ne ménagent aucun effort pour veiller à l'intégrité des pipelines. Ils évoquent des débouchés. Ils cherchent des employés qualifiés et des gens de métier. Ils offrent des emplois dans le domaine des transports, de la logistique, de l'opération d'équipement, de la gestion ainsi que de l'inspection et de la vérification des réserves.
Voyons les débouchés qu'engendrerait à lui seul le pipeline Énergie Est: on parle de plus de 8 300 emplois directs à plein temps et 5 300 emplois indirects, strictement à l'étape du développement. La phase d'exploitation représenterait pour sa part 900 emplois directs à plein temps et des milliers d'emplois indirects. Pour l'essentiel, l'embauche se fera à l'échelle locale.
Nous avons besoin de pipelines. Nous devons veiller à ce que les gens qui ont besoin d'énergie dans leur maison, leur automobile et leur entreprise aient le carburant dont ils ont besoin pour pouvoir continuer. C'est un moteur économique pour le Canada.
Nous avons dit plus tôt que nous avions la chance de posséder d'énormes quantités de ressources. Notre pays possède des ressources comme nul autre. Ces ressources sont censées être le moteur économique de notre pays.
Le projet de loi intégrerait les considérations de sécurité à la gestion de nos pipelines. Ce faisant, il créerait des emplois pour les Canadiens, des emplois pour nos jeunes et pour nos ingénieurs. C'est une bonne chose pour nous tous.