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Monsieur le Président, c’est pour moi un grand honneur de prendre la parole. Notre distingué leader à la Chambre vient tout juste de formuler une proposition concernant l’intervention que je m'apprête à faire en qualité de porte-parole de l’opposition officielle, la première réaction au budget, sans limite de temps. Il me propose de parler pendant 14 heures. Je ne crois pas que nous, les néo-démocrates, allons réellement consacrer tout ce temps de la Chambre pour formuler nos réflexions sur le dernier budget. Toutefois, nous consacrerons beaucoup de temps à parler de certaines choses auxquelles nous tenons et de certaines choses importantes pour les Canadiens qui ne figurent pas dans le document présenté, le soi-disant plan du gouvernement.
Tout d’abord, je dois expliquer à quel titre je prends la parole. Je parlerai en qualité de représentant de Skeena—Bulkley Valley, une circonscription de la grande région du Nord-Ouest de la Colombie-Britannique. Ma circonscription compte pour environ le tiers de la province. Elle constitue le coin nord-ouest de notre pays, sur la côte. C’est un endroit magnifique.
Comme on le dit souvent, c’est également un endroit qui est aux prises avec certains des problèmes les plus pressants et les plus importants auxquels notre pays est confronté. Notre économie repose principalement sur les ressources naturelles. La population de ma circonscription étant composée de 40 à 45 % de membres des Premières Nations, dont les traditions sont parmi les plus anciennes et les plus fortes des peuples autochtones du monde, nous avons dû nous attaquer à des questions parfois difficiles sur la façon de prendre des décisions, non seulement pour aujourd’hui, mais pour les générations futures.
Avant d’entrer en politique, j’appartenais au monde de la petite entreprise. Naturellement, mon lieu d’origine et mon expérience influent sur la façon dont je tente d’aborder chaque débat, comme c'est le cas de beaucoup de collègues de mon parti, à savoir à partir de la compréhension que j’ai des besoins des Canadiens et des espoirs qu’ils mettent dans leur gouvernement.
En ces temps d’insécurité économique, comme les conservateurs l’ont dit, on aurait espéré que le gouvernement nous présente hier une approche équilibrée et équitable, avec quelques mesures ambitieuses. Toutefois, le volumineux budget et les nombreuses affirmations du montrent clairement que le gouvernement était, dès le départ, dépourvu de toute ambition.
Les conservateurs ont parlé davantage du passé et de certaines de leurs réalisations que de l’avenir. En fait, lorsqu’on lui a posé des questions sur son budget, en lui faisant observer que certaines de ses décisions les plus choquantes étaient très coûteuses, le ministre des Finances nous a dit de ne pas nous en faire, qu’on pouvait simplement laisser aux générations futures les problèmes du financement de ses promesses électorales d’aujourd’hui. Si cela ne correspond pas à la définition même de l’irresponsabilité, je me demande bien quelle autre définition on peut lui donner.
On pense souvent à court terme en politique, mais, pour les conservateurs, ce court terme prend des proportions ridicules. Ils savent pertinemment que certaines de leurs mesures sont coûteuses aujourd’hui, et qu’elles le seront encore plus avec les années. Lorsqu’on leur fait remarquer cela, ils nous disent : « Eh bien, nous ne serons probablement plus là. » Ils ne s’en font donc pas avec cela. Tout ce qui les préoccupe, c’est ce qui va advenir au cours des prochains mois et leur salut politique.
Les affaires controversées comme celles qui ont cours au Sénat, les piètres résultats économiques, la présentation scandaleuse et irresponsable d'une mesure législative censée contrer le terrorisme mais qui, au fond, ne sert qu'à contrer la Charte, ont eu des conséquences politiques négatives pour le gouvernement. Par conséquent, plutôt que de songer aux intérêts de l'ensemble des Canadiens, les conservateurs ont ciblé et limité leur message au point où même les budgets, rien de moins, sont devenus des documents politiques, une plateforme électorale, plutôt que de répondre aux besoins économiques.
Jetons d'abord un coup d'oeil au bilan des conservateurs, car c'est la conséquence du budget. Je parle du contexte dans lequel ces mesures seront appliquées. Depuis près d'une décennie maintenant, nous avons une idéologie conservatrice voulant que le plus important soit de réduire les impôts des plus grosses et plus riches sociétés, même en pleine récession. Dans les jours les plus sombres de la récession, nombre de compagnies canadiennes ont eu du mal à dégager des profits et, en l'absence de profits, elles n'ont pas payé d'impôt. Les conservateurs ont pensé que les banques et les sociétés pétrolières, surtout, avaient besoin d'allégements fiscaux de dizaines de milliards de dollars.
Ce programme des conservateurs a déplacé sensiblement le fardeau fiscal au Canada et ce, selon les propres statistiques du ministère fédéral des Finances. Depuis l'arrivée au pouvoir des conservateurs, l'impôt sur le revenu des particuliers a enrichi le Trésor de 15 milliards de dollars. C'est 15 milliards de dollars de plus que les conservateurs perçoivent en impôts sur le revenu des particuliers; pourtant, les grandes sociétés en payent 4,4 milliards de dollars de moins. C'est un choix clair, où les conservateurs ont dit que, pour payer les routes, les hôpitaux et les soins de santé, ils étaient bien contents, que dis-je, enthousiastes, de pouvoir s'en remettre aux contribuables, aux Canadiens, aux personnes seules et aux familles pour assumer une plus grande partie du fardeau tout en réduisant les responsabilités des grandes sociétés. C'est un transfert monumental du fardeau fiscal qu'ont opéré les conservateurs.
Au cours des dernières années, depuis que les conservateurs forment le gouvernement, l'économie a dû traverser la récession mondiale, comme beaucoup d'autres économies occidentales, mais elle n'a pas retrouvé son rythme de croisière par la suite. Lorsqu'on a demandé au gouverneur de la Banque du Canada de se prononcer sur la croissance de l'emploi depuis que les conservateurs sont au pouvoir, il a répondu que la croissance de l'emploi au Canada était épouvantable.
Ceux qui ne sont pas familiers avec le langage des banquiers, en particulier celui des gouverneurs des banques, devraient savoir que ces personnes ont tendance à être plutôt réservées. Les banquiers s'expriment calmement, en langage codé, de manière à véhiculer tranquillement leurs intentions, car chaque mot qu'ils prononcent risque d'être mal interprété et d'avoir des effets fracassants sur les marchés.
Lorsque le gouverneur d'une banque affirme que la performance de l'économie ou du gouvernement est épouvantable, pour ce qui est de la création d'emplois, il y a lieu de tendre l'oreille. Il a raison. La croissance de l'emploi au Canada est estimée à zéro présentement. Je ne sais pas si mes collègues conservateurs s'en inquiètent ou même s'ils en sont conscients, mais le taux de croissance de l'emploi au Canada est actuellement de 0 %.
Je ne sais pas pourquoi les conservateurs qualifient l'année 2014 d'année de la reprise, de bonne année. La population canadienne a augmenté à un rythme presque deux fois plus élevé que l'emploi. Pensons-y un instant. Ce fut une bonne année. C'était avant que les cours du pétrole commencent à baisser. Le baril avait atteint un sommet dépassant les 100 $ et il ne se vend plus maintenant que 50 $ ou 55 $. Voilà ce qu'est censée être une bonne année.
Les conservateurs peuvent bien essayer d'inventer des histoires, mais, en politique, il faut qu'il y ait à l'origine un brin de vérité pour que l'on puisse l'enrober d'une rhétorique imaginative et bâtir de grandes campagnes publicitaires. Or, il n'y a même pas un seul brin de vérité à partir duquel fabriquer la rhétorique. Leurs histoires sont totalement inventées et proviennent d'un mensonge, et non d'une vérité. Les Canadiens sont capables de faire la différence entre un propos destiné à enjoliver la réalité et un propos qui contredit purement et simplement les faits.
Revenons-en aux faits. Depuis que le gouvernement est au pouvoir, plus de 400 000 emplois ont été abolis le secteur canadien de la fabrication. Un jour, le , dont on pourrait supposer qu'il s'occupe de ce secteur, est intervenu à la Chambre pour contredire ce que le NPD affirmait à ce sujet. Il a dit que le NPD inventait n'importe quoi parce qu'il avait lu autre chose dans un magazine. J'imagine que c'est ainsi qu'il s'était informé. Or, le lendemain, il a dû se rétracter parce qu'il s'était rendu compte qu'il avait eu tort.
Par ailleurs, qui paye les pots cassés? Ce sont les familles canadiennes, qui sont incapables de rembourser leur prêt hypothécaire, de payer leur loyer ou de mettre de la nourriture sur la table à la suite de la perte d'un emploi dans les scieries, dans les usines de fabrication d'automobiles ou dans l'industrie aéronautique, partout au pays.
Au fil des ans, nous avons aussi vu les conservateurs creuser la dette du Canada de près de 160 milliards de dollars. Alors qu'ils se vantent d'être des gestionnaires hors pair, les conservateurs ont alourdi la dette de 160 milliards de dollars, ce qui représente environ 4 000 $ pour chaque homme, chaque femme et chaque enfant au pays. Voilà le fardeau dont les conservateurs ont accablé nos concitoyens.
On pourrait demander dans quel but. Si les conservateurs ont emprunté autant d'argent — presque 4 000 $ par habitant —, nous devrions constater des résultats. Or, la croissance de notre économie est anémique; elle a plafonné. Il y a aujourd'hui 130 000 emplois de moins pour les jeunes Canadiens qu'avant la récession. Ce sont 130 000 occasions de moins pour les jeunes d'entrer sur le marché du travail. Dans l'ensemble des secteurs de l'économie, il y a 300 000 emplois de moins qu'avant le début de la récession.
Les conservateurs parlent d'une espèce de reprise imaginaire et disent que tout va merveilleusement bien, mais, je le répète, la propagande fonctionne seulement lorsqu'elle comporte un fond de vérité. Si nous avons perdu 400 000 emplois dans le secteur manufacturier et que la création d'emploi est nulle à l'heure actuelle, comment les conservateurs peuvent-ils se féliciter et se donner de grandes tapes dans le dos aussi souvent? Ils sont totalement déconnectés de la réalité des Canadiens, des gens qui vivent dans le monde réel, des gens pour lesquels nous sommes censés travailler et pour lesquels les conservateurs doivent travailler.
Nous avons proposé une solution très sensée et raisonnable à certaines difficultés auxquelles nous sommes confrontés, notamment en ce qui concerne la pauvreté chez les enfants. Il y a près de 20 ans que la Chambre des communes s'est engagée à éliminer la pauvreté chez les enfants au Canada.
Il y a plusieurs semaines, nous avons proposé une solution pour éliminer une échappatoire qui était entièrement conçue pour les Canadiens les plus riches auxquels nous pouvons penser: ceux qui sont payés en options d'achat d'actions. Je ne sais pas quel genre d'emploi les députés occupaient auparavant, mais ma famille et mes amis n'ont jamais eu l'occasion de se faire payer en options d'achat d'actions. C'est peut-être monnaie courante chez les conservateurs, puisqu'ils ont maintenu une échappatoire qui a d'abord été créée par les libéraux et qui, soit dit en passant, nous coûte cher.
Cette échappatoire coûte au Trésor environ 720 millions de dollars par année. Cela fait en sorte que les PDG et ceux qui travaillent dans les grands bureaux sont imposés à un taux moins élevé lorsqu'ils sont payés en dividendes en actions que lorsqu'ils sont payés comme la plupart des travailleurs canadiens de la classe moyenne, c'est-à-dire en recevant un salaire. Or, le gouvernement voudrait réduire leur impôt de près de trois quarts de milliard de dollars, ce qui représente un immense cadeau pour ceux qui sont déjà très fortunés.
Nous avons dit que nous devrions éliminer cette échappatoire. Ces gens n'ont pas besoin d'une autre Porsche ou Maserati. Éliminons cette échappatoire et aidons plutôt les plus démunis, les gens qui ont du mal à nourrir leur famille et les enfants qui vont à l'école le ventre vide. Cependant, les conservateurs n'ont pas saisi cette occasion et ont refusé d'en tenir compte dans leur budget.
À l'heure actuelle, 1,3 million de Canadiens sont au chômage. En fait, aujourd'hui, pendant la période des questions, nous avons demandé à la ministre de prendre des mesures pour sauver certains emplois sur la côte Est. Elle a répondu que ces gens se réjouiraient d'un allégement fiscal proposé par les conservateurs. Elle n'a donc pas compris le concept: un crédit d'impôt est à peu près inutile pour les gens qui perdent leur emploi, car ils ne paient plus d'impôt.
Sous les conservateurs, seulement 30 % ou 35 % des travailleurs qui paient des cotisations d'assurance-emploi ont droit à l'assurance-emploi. À l'époque où ils formaient le gouvernement, les libéraux ont volé quelque 54 milliards de dollars dans la caisse d'assurance-emploi pour payer toutes sortes de choses. Lorsque les conservateurs sont arrivés au pouvoir, ils ont dit que c'était le début d'une nouvelle ère et qu'ils allaient changer les choses.
Cela dit, les conservateurs ont agi de façon cynique en modifiant les règles d'admissibilité. Ainsi, ils ont resserré les règles, si bien qu'il est maintenant plus difficile pour les travailleurs saisonniers ou temporaires, comme ceux des secteurs du tourisme et de l'agriculture, de recevoir des prestations d'assurance-emploi. Les conservateurs ont mis tous ces travailleurs dans la même catégorie et les ont empêchés d'avoir accès à l'assurance-emploi, mais ils sont heureux de continuer d'exiger des cotisations de ces gens, qui les paient, mais ne reçoivent jamais de prestations. Cela ressemble à un très mauvais régime d'assurance ou à une arnaque: les gens paient des cotisations, mais ils ne reçoivent jamais de prestations.
Voilà qui fait penser au ministère des Anciens Combattants. Dans l'armée, les soldats blessés qui vivent des difficultés ont droit à de l'aide. Lorsque les troupes rentrent d'Afghanistan, d'Irak ou d'un autre endroit incroyablement dangereux, les conservateurs se pètent les bretelles en nous demandent d'appuyer nos militaires comme ils le font eux-mêmes. Les conservateurs sont toujours ravis de poser pour la galerie. Pourtant, lorsque les militaires rentrent au pays et qu'il faut les appuyer de manière sincère et honnête, les conservateurs récupèrent un milliard de dollars auprès des anciens combattants et leur refusent les soins et la couverture auxquels ils ont droit et pour lesquels ils ont combattu avec tant de courage.
Les demandes des anciens combattants ne sont pas énormes. Pourtant, le gouvernement leur réserve un traitement qu'on ne saurait qualifier que de honteux. Sous l'actuel , on cesse de traiter les soldats en héros dès qu'ils ne portent plus l'uniforme. C'est une honte.
J'ai rencontré des familles de ma circonscription qui réclament une certaine forme de justice élémentaire. Des parents sont venus me voir il y a quelques semaines. Leur fils s'est enlevé la vie récemment, après avoir participé à plusieurs missions en Afghanistan. La famille a demandé de l'aide financière au ministère des Anciens Combattants, pour les funérailles et pour que des compagnons d'armes de leur fils en Afghanistan soient présents. Les deux demandes ont été refusées. Les conservateurs préfèrent récupérer de l'argent auprès des anciens combattants plutôt que de venir en aide aux famille des militaires.
Cet homme avait demandé de l'aide parce qu'il souffrait de trouble de stress post-traumatique. À maintes reprises, il s'est adressé à l'actuel gouvernement conservateur, en vain. Aux funérailles, plusieurs de ses amis qui s'étaient déplacés à leurs frais ont raconté qu'il leur avait sauvé la vie, non seulement au combat, mais aussi après leur retour, alors qu'ils avaient des pensées suicidaires semblables aux siennes.
Que dire du Canada lorsque ses anciens combattants sont traités de la sorte, lorsque nous refusons de reconnaître le prix qu'ils ont payé, le sacrifice qu'ils ont fait, et lorsque les conservateurs se glorifient de partir encore en guerre, prétextant la protection de notre identité et la défense de qui sait quoi? Mais quand vient le moment de remercier nos courageux hommes et femmes, les conservateurs préfèrent équilibrer leur budget sur le dos des anciens combattants plutôt que de leur donner l'aide qu'ils méritent et de leur rendre justice.
Le budget révèle d'autres choix tout aussi déconcertants. Le lui-même a fait une promesse sacrée aux Premières Nations. Il y a un écart de financement important dans l'éducation des jeunes au Canada. En effet, il y a un écart de 30 à 32 % dans le financement de l'éducation des enfants des Premières Nations et du reste des enfants. C'est un écart important, qui atteint près de 2,3 milliards de dollars. Le premier ministre a dit vouloir établir de nouveaux rapports avec les Premières Nations, parce que tout le monde sait qu'il n'a pas toujours su comprendre leurs réalités fondamentales. En guise de premier pas visant à combler cet écart et donner aux enfants des Premières Nations les mêmes possibilités que tous les autres, il a pris un engagement de 1,9 milliard de dollars. Y a-t-on donné suite dans le budget? Les conservateurs ont trouvé le moyen de leur offrir 40 millions de dollars. De 1,9 milliard de dollars à 40 millions de dollars, voilà ce qu'ils ont dit.
Le budget maintient le statu quo, il maintient l'écart, et sous les conservateurs, une autre génération d'enfants des Premières Nations n'aura pas les mêmes possibilités que les autres enfants au Canada. La réponse des conservateurs consiste à blâmer les Premières Nations, tout comme l'a fait le ministre dans le dossier des femmes autochtones assassinées ou portées disparues. Qui a-t-il nommé comme grand coupable dans cette affaire? Était-ce le transport et le soutien inadéquats, ou bien le manque d'emplois dans les communautés autochtones? Non, il a rejeté la faute sur les hommes autochtones. Il a dit que c'était avant tout leur responsabilité, que c'était leur faute.
Quand un ministre s'adresse à un parterre de chefs autochtones — ou à n'importe qui, en fait — et qu'il a l'audace de blâmer les victimes pour la crise qu'elles traversent, ou quand le tient des propos désobligeants, voire insultants, parce qu'on cherche des appuis pour réclamer une commission nationale d'enquête afin d'aller au fond des choses, ça me met en rogne. Quand j'entends un ministre perpétuer des stéréotypes racistes, la moutarde monte au nez du Canadien que je suis. Quand on réclame une commission nationale d'enquête, le gouvernement répond la même chose que le : ce n'est pas dans les priorités.
Les conservateurs ont lancé une commission nationale d'enquête, la Commission Cohen, parce que des saumons n'ont pas remonté la rivière Skeena. Une trentaine de millions de dollars, il me semble que ça a coûté. Le saumon était dans une mauvaise passe, et il fallait aller au fond des choses. C'était important, je ne dis pas le contraire, parce que ce poisson est important pour l'économie et notre mode de vie, mais si les conservateurs peuvent trouver de l'argent pour retracer des poissons, mais pas pour retrouver les femmes autochtones qui ont été tuées ou qui sont portées disparues, où sont ses priorités, je me le demande?
Examinons les priorités des conservateurs alors que l'économie plafonne, la croissance de l'emploi est anémique, le taux de chômage est deux fois plus élevé chez les jeunes que la moyenne nationale et le gouvernement met tous ses oeufs dans le même panier. Le pétrole n'allait-il pas toujours rester à 150 $ le baril? C'était le plan. Ils voulaient construire des pipelines partout au pays, d'est en ouest et du nord au sud. Ils voulaient les faire construire de force. Ils voulaient abolir les lois environnementales et vider le processus d'évaluation environnementale de sa substance. Mais voilà, le prix du pétrole fluctue. Quelle surprise. C'est un peu comme les conservateurs.
C'est comme le poisson rouge dans son aquarium qui nage en rond, voit un château et dit: « Tiens, un château. » Il fait un autre tour d'aquarium et il a une si mauvaise mémoire que, quand il revoit le château, il dit: « Tiens, un château. » Le scénario se répète sans cesse. Les conservateurs mettent tous leurs oeufs dans le même panier puis le prix des produits de base s'effondre et ils disent « Ça alors, je n'arrive pas à croire que le prix des produits de base se soit effondré. Je suis abasourdi. C'est le moment de paniquer et de puiser dans le fonds de prévoyance, parce que c'est une catastrophe nationale. » C'est à cela que le fonds était supposément destiné.
En moyenne, au cours des 40 dernières années, le pétrole s'est échangé à 50 $ le baril. Je ne sais pas si un prix de 50 $ le baril constitue une crise nationale pour les conservateurs, mais c'est ce que vaut un baril aujourd'hui. Ils ont architecturé toute l'économie autour du pétrole. Nous avons dû retarder la présentation du budget de quelques mois en raison de la chute du prix du pétrole, ce choc impossible à comprendre. Beaucoup de provinces ont pourtant su composer avec cette réalité et ont présenté un budget, même l'Alberta, quoiqu'il y ait lieu de se demander si le premier ministre actuel de cette province est heureux de la tournure des événements.
Jetons un coup d'oeil aux autres priorités établies dans ce budget. En ce qui concerne les programmes, le poste de dépense le plus important du budget est le fractionnement du revenu, qui représente 2,5 milliards de dollars. Je n'ai pas entendu le ministre des Finances parler de fractionnement du revenu hier. Il a donné beaucoup d'entrevues dans les médias, mais il n'a jamais dit que c'était son article favori du budget — il semble que cette mesure ne se classe même pas au deuxième, troisième ou quatrième rang des mesures dont il est le plus fier. On aurait pu s'attendre à ce qu'il s'accorde un peu plus de mérite pour ces 2,5 milliards de dollars et son silence a de quoi nous laisser perplexes.
De l'Institut C.D. Howe en passant par le Centre canadien de politiques alternatives — deux établissements qui couvrent assez bien, à mon avis, les différentes écoles de pensée en matière d'économie au pays —, tout le monde s'entend pour dire qu'il faut dénoncer cette enveloppe de 2,5 milliards de dollars consacrée au fractionnement du revenu parce que, au bout du compte, elle ne profitera qu'à 15 % des familles canadiennes: 85 % des familles canadiennes n'en retirent rien du tout. Cette mesure favorise 15 % des groupes les plus riches du pays.
Les conservateurs semblent croire que ce sont ces personnes qui ont le plus besoin d'aide, si l'on se fie au contenu du budget: en plus de consacrer 2,5 milliards de dollars au fractionnement du revenu, ils ont haussé le plafond de contribution au compte d'épargne libre d'impôt, aussi appelé CELI. Des millions de personnes possèdent un de ces comptes, mais seulement 11 % d'entre elles ont versé la contribution maximale, qui est de 5 500 $ à l'heure actuelle. Les conservateurs ont tout de même cru qu'il serait pertinent de doubler cette limite et d'autoriser des contributions de 10 000 $.
Ce n'est peut-être que ma perception, mais quand je pense à la classe ouvrière et aux Canadiens de la classe moyenne, dont certains se trouvent au bas de l'échelle économique, je ne les imagine pas en train de se demander quoi faire avec les 10 000 $ supplémentaires qu'ils ont malencontreusement accumulés au cours de l'année. Je doute qu'ils soient très nombreux à se dire: « Nous avons payé le loyer, l'hypothèque et les appareils orthodontiques des enfants, nous avons tout ce qu'il nous faut. Chéri, qu'allons-nous faire de ces 10 000 $ supplémentaires? Il semble que les conservateurs aient la solution. » Ils ont d'autres priorités.
Peut-être que tous les amis des conservateurs sont aux prises chaque année avec l'énorme problème qui consiste à avoir trop d'argent dont ils ne savent que faire et qui ne sert pas à absorber le coût de la vie. Toutefois, les personnes que je représente n'ont vraiment pas ce problème tous les ans. Les conservateurs ont malgré tout décidé de consacrer de l'argent à cette initiative. Ce qui est incroyable, c'est que ce régime destiné aux Canadiens les mieux nantis va coûter au départ à peine quelques millions de dollars au trésor public, mais, au fil du temps, les sommes deviendront faramineuses, soit environ 20 milliards de dollars par année. Ce régime, qui va coûter 20 milliards de dollars, ne profitera qu'aux Canadiens les plus riches.
Lorsqu'on lui a demandé s'il s'agissait d'une initiative responsable, prudente et raisonnable, le ministre des Finances a répondu que ce n'était pas son problème. Je ne comprends pas pourquoi il s'est exprimé ainsi, mais il a dit qu'il appartiendrait à la petite-fille du de régler ce problème. Ce n'est pas à lui de le faire. Ses petits-enfants devront de débrouiller avec cela. Par conséquent, pourquoi lui pose-t-on des questions à ce sujet? Ce n'est pas son problème. Les conservateurs vont tout simplement léguer ce problème à leurs petits-enfants et les laisser se débrouiller pour payer la note. Pour le ministre des Finances, tant mieux si le plan fonctionne au cours des cinq prochains mois, car c'est le délai qu'il s'est fixé.
Bon sang, ces calculs bassement politiques qui portent atteinte aux prochaines générations me font penser à une autre politique conservatrice. Le problème n'est pas seulement d'ordre fiscal; c'est une question environnementale. L'ancien ministre de l'Environnement est bien placé pour le savoir. Les conservateurs agissent comme les membres du Gang de la clef à molette: ils sabotent les engagements internationaux du Canada en matière d'environnement. Les engagements internationaux sont pourtant la seule façon de faire face aux changements climatiques. Il faut agir à la fois localement et sur la scène internationale.
D'autres pays sont passés aux actes. Le Danemark, la Finlande, l'Allemagne, le Royaume-Uni, les États-Unis et la Chine font des promesses et prennent des engagements. Surtout, le secteur privé s'en mêle aussi. L'an dernier, les investissements mondiaux dans les technologies de production d'énergie propre ont dépassé l'ensemble des investissements dans le carbone.
En fait, au Canada, malgré la tendance qu'a le gouvernement à mettre en oeuvre des politiques inutiles qui font obstacle à quiconque prend les mesures qui s'imposent, le coût de l'énergie solaire a diminué de 83 % depuis 2008. La production d'énergie éolienne et solaire, d'hydroélectricité au fil de l'eau et de bioénergie a presque doublé depuis 2009. Tout cela malgré le gouvernement conservateur.
Imaginez ce que ferait un gouvernement néo-démocrate dans le domaine de l'énergie propre. Imaginez les possibilités que nous offririons aux jeunes Canadiens qui cherchent du travail dans le secteur des énergies propres, qui cherchent un emploi de qualité, un emploi qui est souvent plus près de chez eux. Il y a des emplois dans la rénovation domiciliaire entre autres. C'est une façon pour les Canadiens de réduire les coûts de chauffage et d'électricité en consommant moins d'énergie. Les négawatts dont on parle sont le meilleur type d'investissement possible.
Les conservateurs avaient en fait un programme de rénovation domiciliaire. Les députés s'en souviennent-ils? Moi, si. Ils ont créé un programme de rénovation domiciliaire qui a aidé de petites entreprises et qui a contribué à réduire les coûts que doivent assumer les Canadiens. Ce n'est pas mal. Ce programme a permis de créer de nombreux emplois et de réduire notre impact sur la planète. Malheureusement, cette excellente idée a été victime de son succès. Elle était si populaire et donnait de si bons résultats que les conservateurs ont défoncé leur premier budget. Ils ont donc fait ce que font habituellement les conservateurs lorsqu'un programme fonctionne bien. Ils l'ont aboli.
Les petites entreprises, les menuisiers et les gens qui travaillent dans le domaine de la rénovation et des panneaux solaires, ainsi que toutes les entreprises qui commençaient à prospérer et à s'implanter ont réagi brutalement contre les conservateurs, alors ces derniers ont rétabli le programme. Que s'est-il passé? Une fois de plus, le programme n'arrivait plus à répondre à la demande. Il fonctionnait trop bien. Qu'ont fait les conservateurs? Ils l'ont annulé de nouveau, parce que lorsqu'un programme fonctionne aussi bien, il est tellement difficile d'imaginer qu'il serait avantageux pour le Canada que l'économie soit axée sur l'énergie propre et qu'une économie diversifiée serait peut-être une bonne idée.
Il suffit d'en parler aujourd'hui aux Albertains. Certains découvrent cette nouvelle religion et affirment qu'il faut diversifier l'économie. C'est une excellente idée. Il faut diversifier l'économie, parce que le prix de l'un de nos produits les plus importants vient de s'écraser. Quand on cherche où sont les efforts de diversification du gouvernement conservateur, on constate que le budget contient toujours une subvention d'un milliard de dollars pour les sables bitumineux. Il y a aussi un milliard de dollars prévu pour Exxon et Shell. Il ne s'agit pas uniquement des réductions d'impôt dont ces sociétés bénéficient. C'est un milliard de dollars de plus. Quand on cherche les mesures qui concernent l'énergie propre, l'énergie verte et les technologies propres, on constate qu'il n'y en a aucune.
Je me dois cependant de rendre à César ce qui revient à César: après avoir consenti des réductions d'impôts aux grosses et riches entreprises avec les résultats que l'on connaît, notamment une croissance anémique de l'emploi, les conservateurs ont fini par emprunter, voler ou, du moins, adopter le plan que le NPD essaie de lui faire adopter depuis près de 10 ans sans rien exiger en retour et que le chef des néo-démocrates avait soumis au vote de la Chambre il y a quelques mois à peine. Le chef du NPD avait alors dit que les petites entreprises créent huit emplois sur dix au Canada et qu'on pouvait donc réduire leur taux d'imposition de près de 20 % pour le ramener de 11 % à 9 %. Dans le secteur de la fabrication, 400 000 emplois ont été éliminés au pays depuis que les conservateurs sont au pouvoir, alors aidons le secteur de la fabrication. Nous devons innover. Le Canada doit mieux faire au chapitre de la recherche-développement et de l'innovation.
Nous avons soumis ces propositions à la Chambre. Les conservateurs ont voté contre en disant que c'était de la folie. Selon eux, nos propositions relevaient de la pure folie sur le plan économique. Les libéraux, eux, ont voté contre, car ils estimaient que la réduction du taux d'imposition des petites entreprises constitue une évasion fiscale, une échappatoire fiscale, simplement parce qu'un économiste de droite s'est exprimé en ce sens. C'est la raison pour laquelle ils ont voté contre.
Nous avons entendu ce qu'a dit le chef du Parti libéral hier. Lorsqu'on lui a demandé pourquoi il vote contre le budget, il a dit que c'était parce que le budget diminuait le taux d'imposition des petites entreprises. Nous savons tous que, selon le chef du Parti libéral et son équipe d'experts, les petites entreprises pratiquent l'évasion et la fraude fiscales. Donc, si nous réduisons leur taux d'imposition, un tas de riches vont se la couler douce. Les libéraux oublient de nous dire que, lorsqu'ils étaient au pouvoir, ils ont généreusement donné des dizaines de milliards de dollars à de grandes sociétés sans condition en contrepartie. Ils ont créé 650 millions de dollars d'argent mort, selon la Banque du Canada et le ministère des Finances. De l'argent mort est de l'argent donné qui n'est pas réinvesti. Les sociétés ne le réinvestissent pas dans une usine ou pour embaucher du personnel. Elles gardent l'argent ou le remettent sous forme de dividendes aux actionnaires, peu importe où ils se trouvent. Le premier souci du chef du Parti libéral est de s'opposer à la réduction du taux d'imposition des petites entreprises, qui serait une échappatoire fiscale.
Nous avons soumis à la Chambre des communes ces trois idées, pour stimuler le secteur de la fabrication, pour aider les petites entreprises et pour favoriser l'innovation. Nous voulions que la Chambre en débatte et qu'elle vote. Les conservateurs ont qualifié ces idées de pure folie nous menant à la ruine économique parce qu'elles portaient une étiquette orange. Maintenant, ils leur attachent plutôt une étiquette bleue et ils les mettent dans le budget, mais pas tout à fait. Cependant, une photocopie n'est jamais aussi bonne que l'original.
En effet, nos mesures d'allégement fiscal pour les petites entreprises étaient plus énergiques et l'aide que nous proposions pour le secteur manufacturier, plus ambitieuse. Notre vision en matière d'innovation était plus large. Donnons-leur au moins le mérite d'une chose: ils ont reconnu les faits indiquant l'échec de leur politique économique. Pendant des années, nous avons réclamé de l'aide pour les petites entreprises, l'industrie manufacturière et tout le reste, demandes que les conservateurs ont balayées du revers de la main. Comme l'imitation est le plus beau compliment qui soit, je vais considérer la présentation d'hier comme une forme d'assentiment. Même s'ils imitent nos politiques imparfaitement, les conservateurs en ont au moins retenu une partie. Nous allons faire le reste.
Quelles autres mesures ont-ils omis d'ajouter à leurs priorités? Ils n'ont pas ramené l'âge de la retraite de 67 à 65 ans, ce qui concerne directement tous les aînés du pays. Voilà qui représente deux années pendant lesquelles les aînés seront privés de la pension à laquelle ils ont cotisé. En moyenne, cela équivaut à une somme annuelle d'environ 28 000 $ par aîné. Des prestations que les conservateurs leur ont retirées, en disant: « Ne vous en faites pas. Puisque vous gagnez tellement d'argent lorsque vous travaillez, nous vous permettrons de cotiser davantage. » Parmi les aînés aux prises avec cette réalité au pays, un trop grand nombre vivent dans la pauvreté, dont nous comptons bien les sortir.
Les conservateurs auraient pu aider en augmentant les cotisations au Régime de pensions du Canada. Tous les économistes du secteur privé disent que le RPC est l'un des régimes de pension les plus stables et les plus sûrs au monde, et que c'est faire preuve de prudence financière que d'y cotiser et d'y investir. Les conservateurs ne semblent pas les avoir entendus.
Nous avons parlé des changements climatiques. Nous avons parlé de leur bilan déplorable au chapitre des Premières Nations. Les conservateurs ont saccagé les dispositifs de protection côtière au Canada, sur toutes les côtes, que ce soit la Garde côtière, le MPO, la capacité d'intervention en cas d'accidents — et puisque nous sommes humains, il est certain qu'il y aura des accidents. Et pourtant, les conservateurs n'ont rien remplacé.
C'est incroyable, mais dans le budget, les conservateurs annoncent leur intention d'exporter à toutes les autres côtes du Canada le modèle d'intervention en cas de déversement d'hydrocarbures en vigueur en Colombie-Britannique; bien évidemment, car le fait qu'il ait fallu douze heures et demie pour commencer à contenir le pétrole déversé la semaine dernière dans le port de Vancouver, à proximité de l'une de nos plus importantes villes, n'est pas seulement acceptable, mais bien exceptionnel, selon la . Douze heures et demie pour installer des barrages flottants à 400 mètres d'une agglomération de 3,5 millions d'habitants, c'est fantastique. Et pourtant, les conservateurs ont annoncé leur intention de faire en sorte que ce système si peu performant en matière de protection côtière se propage dans l'ensemble du pays comme une infection.
Nous devons examiner de près leur budget et leur projet de loi équilibrés, parce que c'est important. Les conservateurs vont tenter de faire campagne sur cet enjeu jusqu'aux prochaines élections. Il est important de se demander comment nous en sommes arrivés là et quelles sont les décisions qui ont été prises.
Je crois que c'est ma collègue, la députée de , qui a le mieux analysé la situation. C'est comme si les conservateurs étaient allés chercher toute la monnaie qui se trouve entre les coussins du sofa pour ensuite vendre le sofa afin de pouvoir réaliser leur programme politique, car c'est ce qui s'est produit. Ils ont récupéré de l'argent au ministère des Anciens Combattants. Ils ont récupéré de l'argent consacré à tous les types de services et de protections qui permettent d'assurer la sécurité des Canadiens, qu'il soit question de sécurité ferroviaire, d'inspection des aliments, de protection de l'environnement ou de toutes les mesures que les Canadiens attendent de la part de leur gouvernement. Les conservateurs ont éliminé tous ces programmes au lieu de les améliorer.
De plus, ils ont dû se servir du fonds de prévoyance. Voici l'approche prudente. On réserve 3 milliards de dollars parce qu'il y a parfois des catastrophes naturelles qu'on ne peut pas prévoir. Je songe aux inondations à Calgary. Personne n'aurait pu prévoir cela. En fait, les climatologues prédisent ce genre de choses, mais en général, nous ne savons pas où et quand elles se produiront, et c'est pour cela qu'il faut établir un fonds de prévoyance.
Les conservateurs ont réduit ce fonds de prévoyance des deux tiers et indiqué qu'ils en ont besoin maintenant. La crise actuelle est une crise politique. Ce n'est pas une catastrophe naturelle, à moins que l'on qualifie le Parti conservateur de catastrophe naturelle, ce qui n'est pas impossible; quoi qu'il en soit, c'est une crise politique. Les conservateurs doivent sauver leur peau et équilibrer le budget, et c'est pour cette raison qu'ils vont puiser 2 milliards de dollars dans ce fonds. Ils ont retardé la présentation du budget afin de conclure la vente des actions de GM, jusqu'à ce que celle-ci soit conclue, en avril. Ils vont conserver cet argent, et ils vont aussi piller et modifier la caisse d'assurance-emploi. Ce sont les mesures qu'ils ont prises pour atteindre cet objectif, car à l'automne, lorsqu'ils ont annoncé leur plan de fractionnement du revenu de 2,5 milliards de dollars, ils pensaient avoir un excédent d'environ 7 ou 8 milliards de dollars, et ils l'ont dépensé. Ils ont consacré 4,5 milliards à ces mesures et à bien d'autres fins. Ils ont dépensé l'excédent avant même de l'avoir. Ensuite, ils ont paniqué. Ils ont retardé la présentation du budget. Ils ne savaient pas quoi faire, car l'économie n'allait plus aussi bien qu'ils l'avaient espéré. On pourrait penser que c'est la planification, et non la prière, qui guiderait le ministère des Finances, mais ce n'est pas le cas sous la direction des conservateurs.
Le gouvernement proposera un projet de loi sur l'équilibre budgétaire. Selon ce projet de loi, à moins qu'il s'agisse de circonstances extraordinaires ou qu'il y ait une récession, les ministres devront accepter une réduction de salaire. Eh bien, ce sont des mesures plutôt draconiennes, non?
Attendez. Que s'est-il passé au cours des cinq dernières années? Nous n'étions pas en récession, n'est-ce pas? Non, nous ne l'étions pas. En fait, le Canada n'a pas été en récession au cours des cinq dernières années. Les conservateurs pensent que ce projet de loi sur l'équilibre budgétaire est une bonne idée pour le prochain gouvernement, mais pas pour eux. C'est ce qu'on appelle de l'hypocrisie, car c'est bien de cela qu'il s'agit. Si les conservateurs croient bel et bien en cette mesure, et ils ont dit qu'ils y croient, car ils ont promis de présenter ce projet de loi lors des dernières élections, on peut se demander ce qu'ils ont fait depuis ce temps. Ils n'ont pas équilibré le budget. Ils ont accumulé une dette colossale.
Nous avons réussi à calculer ce que doit chaque ministre. Nous leur avons envoyé une lettre à tous afin de calculer la portion de leur salaire qu'ils devaient rendre aux Canadiens. À mon sens, si les conservateurs tiennent au principe de l'équilibre budgétaire au point de pénaliser les membres du Cabinet s'il n'est pas atteint, alors ce serait logique que les membres du Cabinet soient pénalisés s'ils n'ont pas réussi à atteindre l'équilibre budgétaire jusqu'ici, ce qui est en plein le cas des ministres actuellement en poste. Mais voilà, tout ça n'est rien d'autre que de la frime. Un peu de poudre aux yeux pour la base, qui commence à s'inquiéter parce que le Parti conservateur du Canada a creusé la dette nationale de presque 160 milliards de dollars. Je ne savais pas qu'il en avait été question lors de la dernière campagne électorale, en 2011. Après la récession, les conservateurs ont dit qu'ils effaceraient la dette tellement rapidement qu'il en aurait coûté environ 4 000 $ à chacun de nos concitoyens.
Évidemment, pour emprunter 4 000 $, il faut être prêt à en payer davantage. Quiconque a déjà emprunté de l'argent pour acheter une voiture ou a déjà eu un prêt étudiant sait que le montant emprunté ne correspond pas au montant remboursé. Quand nous nous sommes aperçus que les conservateurs faisaient gonfler la dette, nous espérions qu'ils laisseraient à tout le moins l'économie en bonne santé. Mais non, ils en ont été incapables.
En examinant ce budget, nous voyons où sont les priorités du gouvernement. Les mères seules n'en font pas partie. Les quelque 1,3 million de chômeurs canadiens ne font pas partie du groupe cible dont ils parlent si souvent. Ils ne font pas partie de l'univers des conservateurs. Le fractionnement du revenu ne profitera toujours pas aux parents qui gagnent le même salaire. Les conservateurs s'en moquent complètement.
J'aimerais citer une déclaration que je crois importante. Paulette Senior, PDG de YWCA Canada, a dit ceci:
Ce budget échoue à équilibrer la vie des femmes. Les femmes continuent à fournir la majorité des services de garde, malgré le fait qu’elles représentent la moitié de la main-d’œuvre et la majorité des diplômés universitaires. Ce trio est la réalité pour les familles du XXIe siècle, et avoir des services de garde abordables est la meilleure solution. Nous sommes déçues de voir une indifférence constante de la part du gouvernement fédéral de mener sur cette question.
Lorsqu'on se penche sur les facteurs essentiels, on se pose des questions. Comme l'économiste principal de la Banque TD l'a indiqué, bon nombre des mesures prévues dans le budget ne sont pas liées à des facteurs économiques essentiels. Sans blague. Je ne pourrais pas nécessairement dire que c'est le budget le plus équilibré. Est-ce que l'on mise sur la force de l'économie et des revenus? La réponse est non. Comme un chroniqueur l'a souligné, ils répandent une bonne dose de poudre de perlimpinpin et ils obtiennent soudainement un budget conservateur.
Les néo-démocrates croient qu'il faut trouver des solutions. Il ne suffit pas de s'opposer, encore faut-il proposer. Or, nous avons justement proposé des garderies à 15 $. Nous avons proposé d'instaurer un salaire minimum fédéral et de le fixer à 15 $ l'heure. Nous avons proposé de venir en aide aux petites entreprises et à celles du secteur manufacturier afin que nous puissions ajouter de la valeur aux ressources naturelles au lieu de faire comme le préconisent les conservateurs, c'est-à-dire tout expédier hors du pays à l'état brut et laisser les autres ajouter de la valeur pendant que nous nous retrouvons avec la facture. Nous proposons régulièrement des solutions, et nous allons continuer de le faire. Mais pour le moment, ce sont encore les conservateurs qui dictent l'ordre du jour. Or, les Canadiens n'en veulent pas, de cet ordre du jour-là, parce qu'il ne sert pas les intérêts de ceux qui ont besoin d'une place en garderie ou qui cherchent du boulot, peut-être même, qui sait, pour enfin sortir de la pauvreté.
Le budget d'hier manquait d'ambition. Il était à côté de la plaque. L'écart n'a pas cessé de se creuser sous les gouvernements précédents, et il continue de se creuser. Je ne parle pas seulement des revenus, mais également des possibilités d'avenir. Les législateurs que nous sommes n'ont plus la capacité de faire leur travail, à savoir regarder vers l'avenir et faire tout ce qu'ils peuvent pour que, lorsque nous laisserons le monde à la prochaine génération, il soit dans un meilleur état que lorsque nous en avons hérité.
On le comprend bien à entendre les remarques stupides du , peut-être plus révélatrices que les conservateurs l'auraient voulu de leur façon de penser: les conservateurs entendent laisser entièrement le soin aux générations futures de concrétiser leurs promesses mirobolantes et leur refiler les factures salées qui résulteront de leurs largesses, de leur opportunisme et de leur électoralisme de bas étage. Ils s'en fichent.
Tout ce qui les intéresse, c'est ce qui se passera en octobre, lorsque les Canadiens iront aux urnes. C'est quelque chose qui intéresse aussi les Canadiens. L'alternative sera claire: davantage de cadeaux fiscaux pour quelques bien nantis ou, comme le préconise le Nouveau Parti démocratique, une amélioration générale de la qualité de vie des Canadiens. Aucun enfant ne doit être laissé pour compte, qu'il soit ou non Autochtone, qu'il naisse dans la richesse, dans la classe moyenne ou dans la pauvreté.
Nous estimons que le Canada est une terre d'avenir. Il ne faut pas saccager tout ce qu'ont accompli les générations qui nous ont précédés en refilant la note à celles qui nous suivront.
J'ai dit tout ce qu'il y avait à dire, mais il nous reste néanmoins quelque chose d'important à faire.
Je propose:
Que la motion soit modifiée par substitution, aux mots suivant le mot « Que », de ce qui suit:
« la Chambre n’approuve pas la politique budgétaire du gouvernement parce qu’elle:
a) accorde des milliards de dollars en cadeaux à quelques bien nantis grâce au fractionnement du revenu, au doublement du plafond de cotisation au compte d’épargne libre d’impôt et aux échappatoires fiscales pour les PDG;
b) n’aide pas les familles de la classe moyenne en ne créant pas de places en garderie de haute qualité à coût abordable;
c) ne prévoit rien pour rendre la vie plus abordable en ne s’attaquant pas aux frais de guichet automatique injustes ni aux taux d’intérêt élevés sur les cartes de crédit;
d) ne rétablit pas l’âge de la retraite à 65 ans en ne renonçant pas aux coupes dans les prestations de la Sécurité de la vieillesse;
e) ne fait rien pour aider les travailleurs en ne rétablissant pas le salaire minimum fédéral et en ne l’augmentant pas à 15 $ de l’heure;
f) ne lutte pas contre les changements climatiques ou ne stimule pas la croissance économique tout en protégeant l’environnement;
g) repose sur la vente ponctuelle d’actions et sur des acrobaties comptables pour parvenir à l’équilibre. ».
:
Monsieur le Président, je tiens à vous parler au lendemain du dépôt du 10
e et dernier budget du gouvernement conservateur. C'est un budget qui donne le plus de choses aux Canadiens qui en ont le moins besoin. Je ne prétendrai pas que ce document n'est pas important, bien au contraire.
[Traduction]
Il y aura bientôt des élections. Quand viendra le temps de faire campagne, le et ses candidats citeront ce dernier budget pour essayer de convaincre les électeurs de les maintenir au pouvoir. Il est donc très important que les Canadiens sachent en quoi consiste ce budget, ce qu'il contient et ce qu'il ne contient pas.
Par exemple, ce n'est pas un plan pour stimuler la création d'emplois et la croissance dans l'intérêt de la classe moyenne et de ceux qui aspirent à en faire partie. Ce budget est un document politique produit à des fins politiques. Il définit une vision pour une campagne électorale conservatrice, et non une vision pour le Canada.
[Français]
Il y a longtemps, avant que le Canada ne devienne officiellement un pays, une autre campagne était en cours, et lorsque Louis-Hippolyte La Fontaine a parlé à ses concitoyens de Terrebonne, voici ce qu'il a dit:
Le Canada est la terre de nos ancêtres; il est notre patrie, de même qu'il doit être la patrie adoptive des différentes populations qui viennent, des diverses parties du globe, exploiter ses vastes forêts dans la vue de s'y établir et d'y fixer permanemment leur demeure et leurs intérêts. Comme nous, elles doivent désirer, avant toutes choses, le bonheur et la prospérité du Canada. C'est l'héritage qu'elles doivent s'efforcer de transmettre à leurs descendants sur cette terre jeune et hospitalière. Leurs enfants devront être, comme nous, et avant tout, CANADIENS.
À titre d'ancienne gouverneure générale du Canada, Adrienne Clarkson a dit ceci: « Dans ce paragraphe sont énoncés tous les principes fondamentaux qui nous définissent, nous, Canadiens, dans une société d'immigrants ». Je suis d'accord avec cela, mais ce n'est pas tout.
Ce paragraphe exprime une idée fondamentale envers laquelle les Canadiens se sont engagés et qu'ils ont respectée pendant des générations: que leurs enfants et petits-enfants aient une chance égale et une vie meilleure que celle qu'ils ont eue.
Longtemps, ce fut le cas au Canada. Au cours du dernier siècle, notre économie a crû et notre classe moyenne aussi, au point où c'est devenu le fondement d'un avenir économique prospère. Lorsque la classe moyenne grandit et réussit, il en v a de même pour le pays entier. Néanmoins, quelque chose a changé durant la dernière décennie.
[Traduction]
Lorsque le est arrivé au pouvoir pour la première fois, en 2006, il disposait d'un excédent de 13 milliards de dollars, qui lui avait été légué par le gouvernement précédent. À ce moment-là, notre pays était probablement celui qui avait la situation financière la plus solide du monde. Il n'a fallu que trois ans pour que le premier ministre fasse replonger le Canada dans le déficit, et cela s'est produit avant la récession. Après presque 10 ans de mauvaise gestion financière de la part des conservateurs, le Canada se classe aujourd'hui derrière 139 autres pays pour ce qui est de la croissance prévue en 2015, et il en était ainsi avant la baisse des prix du pétrole et avant que le gouvernement repousse la présentation du budget.
Cela dit, les Canadiens n'ont pas besoin d'entendre parler de la situation financière des autres pays pour savoir à quel point les choses vont mal. Au cours des 30 dernières années, le revenu médian après impôt des familles du Canada, des familles de la classe moyenne, a seulement augmenté de 15 %. Malgré cela, les Canadiens continuent de travailler d'arrache-pied et d'apporter une contribution à notre pays et à son avenir. Pourtant, que se passe-t-il lorsque ces travailleurs canadiens sont prêts à prendre leur retraite? Nombreux sont ceux qui ne peuvent pas se le permettre. Ils doivent continuer de travailler simplement pour être capables de survivre.
Des études montrent maintenant que le tiers des Canadiens qui approchent de l'âge de la retraite ne sont pas parvenus à faire des économies en vue de celle-ci. Par le passé, le gouvernement aidait ces gens. Maintenant, c'est de moins en moins vrai. En repoussant l'âge d'admissibilité à la Sécurité de la vieillesse et au Supplément de revenu garanti, le a fait en sorte qu'il sera encore plus difficile pour les Canadiens d'avoir la retraite qu'ils méritent. Il a pris ces mesures pour que le gouvernement puisse doubler la limite de cotisation à un compte d'épargne libre d'impôt. Encore une fois, cette mesure ne favorise que les Canadiens les plus riches. C'est injuste. Le Canada mérite un meilleur plan, qui viserait avant tout à renforcer la classe moyenne.
[Français]
Le aurait pu mettre en oeuvre un plan de croissance; il ne l'a pas fait. En examinant ce budget, nous constatons qu'il ne veut toujours pas le faire. Or, parce que son gouvernement n'a rien fait pour promouvoir la croissance depuis une décennie, notre classe moyenne, cette assise fondamentale de l'économie, a commencé à faiblir.
Moins de la moitié des Canadiens considèrent faire partie de la classe moyenne en comparaison à 67 % en 2002. Pas moins de 57 % des Canadiens pensent que la prochaine génération sera en plus mauvaise posture.
Comment se fait-il qu'une nation comme la nôtre, riche de tellement de façons, en soit arrivée là, et qu'autant de Canadiens aient de la difficulté à joindre les deux bouts jour après jour?
[Traduction]
C'est parce que le gouvernement a négligé l'autre caractéristique essentielle du Canada à laquelle La Fontaine a fait allusion il y a 170 ans: l'équité.
L'équité n'implique pas l'égalité entre tous, mais l'égalité des chances pour tous. Voilà ce que représente le Canada. Quelle que soit son identité ou son origine, toute personne mérite une chance égale. C'est ainsi que nous assurons ensemble notre réussite. Voilà comment nous favorisons notre croissance économique.
Comme nous l'avons vu avec ce nouveau budget, les conservateurs n'ont toujours pas de plan pour la croissance. Voici plutôt en quoi consiste leur plan.
Le et le gouvernement conservateur veulent dépenser 2 milliards de dollars pour un allégement fiscal destiné aux Canadiens les plus riches. Pour financer cette mesure, ils ont vendu de nombreux éléments d'actifs et réduit les investissements dans des secteurs essentiels comme les infrastructures, le soutien à la GRC et à nos services de sécurité ainsi que les soins de santé pour les anciens combattants. Tout cela pour accorder un allégement fiscal à moins de 15 % des Canadiens et faire payer la note aux 85 % qui restent. Cela ne favorisera ni notre croissance économique ni la prospérité de la classe moyenne.
[Français]
C'est injuste. Le et son gouvernement aiment parler des emplois créés depuis la récession, mais en réalité, des centaines de milliers de Canadiens sont toujours sans emploi ou sous-employés. Il y a quelque 200 000 personnes de plus qu'avant la récession qui ne travaillent pas.
En fait, la croissance de l'emploi s'est située à moins de 1 % durant 15 mois consécutifs. C'est la plus longue période en dessous de ce seuil depuis près de 40 ans, excluant les périodes de récession.
Les statistiques sont encore plus sombres lorsqu'on parle des jeunes. Il y a maintenant plus de 165 000 emplois de moins pour les jeunes Canadiens qu'il y en avait avant la récession.
[Traduction]
À quoi ressemble un véritable plan de croissance? Il commence par prévoir des investissement dans les infrastructures. Les conservateurs disent aux Canadiens qu'ils investissent des sommes colossales dans les infrastructures, mais ce n'est pas tout à fait exact. « Trop peu trop tard », voilà qui caractérise bien leur plan d'infrastructures. L'an dernier, le gouvernement a amputé de 87 % le budget du programmes d'infrastructures Chantiers Canada, et les choses ne se sont pas vraiment améliorées cette année. Tous les engagements dans ce dossier ne se concrétiseront que dans des années d'ici.
Un véritable plan de croissance mettrait en place dès aujourd'hui un plan d'infrastructures sérieux, qui permettrait de créer des emplois et préparerait le Canada à tirer son épingle du jeu dans la nouvelle économie mondiale et à lutter contre les changements climatiques, même si, dans ce dernier cas, il faut croire aux changements climatiques pour vouloir s'y attaquer.
[Français]
Pour revenir à l'infrastructure et aux investissements, chaque dollar investi dans les routes, l'eau ou le transport en commun apporte une croissance de 1,20 $. Chaque dollar investi dans le logement abordable génère une croissance de 1,40 $. Un milliard de dollars investi dans l'infrastructure crée 16 000 années-personnes de bons emplois, le genre d'emplois dont les Canadiens ont besoin et qu'ils sont prêts à occuper. Ça, c'est un excellent taux de rendement. Ça, c'est la croissance économique.
La modernisation des infrastructures facilite et accélère le commerce. Cela permet aux Canadiens de se rendre à destination plus rapidement et avec plus de sécurité. Comme je l'ai dit, des investissements intelligents dans l'infrastructure prépareront le Canada aux effets des changements climatiques. Il faut aussi souligner qu'on ne mentionne pas une fois les changements climatiques dans les plus de 500 pages de ce budget, ni comme une réalité de vie ni comme défi économique. Ce manquement en dit long. Lorsqu'on parle de changements climatiques, honnêtement, nous n'avons pas seulement une discussion scientifique, nous discutons de l'économie. C'est une discussion que nous devons avoir en 2015, et de l'ignorer complètement est un échec unique en son genre.
[Traduction]
En quoi consiste plutôt la priorité du , à part, il va sans dire, alléger le fardeau fiscal des Canadiens les plus riches de 2 milliards de dollars? La publicité. Pendant que les Canadiens peinent à joindre les deux bouts, le gouvernement du premier ministre trouve justifié de dépenser 750 millions de dollars pour mousser des mesures qui parfois n'existent même pas.
Pensons-y. Trois quarts de milliard de dollars pour persuader la population à coups d'annonces télévisées et de panneaux-réclame. Ce n'est pas de la prudence financière, c'est du gaspillage, purement et simplement. Je dirais même plus, c'est une insulte. Le ne doit pas avoir une bien haute opinion des Canadiens pour tenter de leur faire gober que le droit de gouverner se gagne à grand renfort de publicités télévisées.
Les députés savent-ils comment les Canadiens font pour savoir que leur gouvernement fait son travail? Un indice: ce n'est pas parce qu'une publicité télévisée le leur dit. Ils savent que leur gouvernement fait son travail quand ils peuvent emprunter de nouvelles routes pour se rendre au travail, quand les ponts qu'ils traversent sont sans danger, quand une nouvelle flotte d'autobus leur permet de se rendre à l'autre bout de la ville en moins de temps qu'avant, quand ils se font proposer un plan pour contrer les changements climatiques ou quand ils occupent un emploi à temps plein bien rémunéré pendant que leurs enfants reçoivent une éducation de qualité.
[Français]
Les Canadiens savent que le gouvernement fonctionne lorsqu'ils ont une vraie chance équitable de réussir. Toutefois, le n'a pas de véritable plan pour quoi que ce soit.
Au lieu de cela, il dépensera un autre montant de 7,5 millions de dollars pour s'assurer que ce budget fasse bonne figure à la télé. Ce n'est pas un plan pour le Canada. C'est de la publicité pour le Parti conservateur. Et, pour payer cette publicité, il utilise l'argent des Canadiens qui travaillent fort. Je l'affirme: c'est injuste.
[Traduction]
Comme l'ont démontré des générations de Canadiens, dans nos interactions avec autrui, ami ou étranger, nous nous efforçons d'être justes. Même des décennies avant la création officielle de notre pays, nous savions que c'était un principe qu'il fallait respecter pour assurer la prospérité de tous, qui qu'ils soient et quelles que soient leurs origines.
Le budget d'un gouvernement ne devrait pas être un outil de marketing. Ce devrait être un document qui, entre autres choses, établit la marche à suivre pour concrétiser la vision que nous avons pour notre pays. Ce n'est pas censé être un message publicitaire. Ce devrait être un plan juste et compatissant, responsable autant du point de vue fiscal que social. Aucune de ces choses ne décrit le budget. Nous ne pouvons l'appuyer.
Je propose donc:
Que l’amendement soit modifié par l’ajout suivant:
h) profite de façon inéquitable aux riches au lieu d’aider les gens de la classe moyenne et ceux qui font tout pour s’y intégrer;
i) ne contient aucun plan visant les emplois et la croissance.
:
Monsieur le Président, j'ai le plaisir, aujourd'hui, d'adresser la parole à la Chambre et aux Canadiens qui nous écoutent.
[Traduction]
Je veux que tous les Canadiens sachent que je suis très fier de ce que le gouvernement a accompli dans son dernier budget et de tout ce qu'il offre aux générations futures. La réduction du fardeau fiscal des Canadiens est la réalisation la plus spectaculaire du gouvernement. Le rapport entre les recettes publiques et le produit intérieur brut est à son niveau le plus bas en plus de 50 ans. J'estime que c'est un grande réussite.
Le promet toutefois de renverser cette tendance. Il veut éliminer les allégements fiscaux que nous avons accordés aux Canadiens. Nous voulons réduire la taille de l'appareil gouvernemental afin que les Canadiens aient plus de liberté. Or, les libéraux, sous la direction de leur chef, aimeraient mieux réduire les chèques de paie versés aux Canadiens et les priver de leurs libertés. Les libéraux se sont montrés très clairs en ce qui concerne leurs priorités: ils ne veulent pas diminuer les impôts des Canadiens, ils veulent plutôt dépenser plus d'argent. Ils veulent dépenser de l'argent pour stimuler l'économie alors que nous ne sommes même pas en récession. Le chef du Parti libéral et ses porte-parole en matière de finances ont refusé à maintes reprises de s'engager, s'ils sont élus, à atteindre l'équilibre budgétaire dans les prochaines années.
Le tient des propos en matière d'économie qui sont plutôt étranges, de l'avis d'un économiste. L'année dernière, alors qu'il parlait du budget présenté par le gouvernement, il a dit qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter du déficit, qu'il valait mieux s'efforcer de stimuler l'économie et que le budget allait ensuite s'équilibrer de lui-même.
Pour le, plus le gouvernement dépense, plus cela stimule l'économie, plus ses recettes augmentent et moins nous devons nous en faire pour le déficit. Pour lui, la prospérité passe par les dépenses. Non, sérieusement, les Canadiens savent que, si nous dépensons tous plus que ce que nous avons, nous ne nous enrichirons pas. C'est ce qu'on appelle vivre au-dessus de ses moyens.
Je pense que nous devons nous demander pourquoi le déficit et la dette ont explosé dans les années 1970, lorsque son père était chef du Parti libéral. Peut-être que les libéraux ne dépensaient pas assez. Ils dépensaient énormément, mais ces dépenses n'ont pas engendré de croissance. Au dernier congrès libéral, ils ont invité un conseiller économique, Larry Summers. Il a dit qu'il était acceptable pour un gouvernement de dépenser parce qu'il nous faut des politiques non conventionnelles pour soutenir l'économie. C'est du jargon économique qui signifie dépenser sans compter. D'après lui, il est acceptable d'accroître la dette lorsque cela sert à stimuler l'économie, alors que nous ne sommes pas en récession.
Nous savons tous qu'augmenter les dépenses et les emprunts ne stimulera pas l'économie, mais risque plutôt de la ralentir. Il y aura moins d'argent pour le secteur privé et seuls les entrepreneurs du secteur privé créent de la richesse.
Le a dit hier qu'il voulait annuler et abolir toutes les réductions d'impôt que nous accordons aux entrepreneurs canadiens. Il l'a dit il y a quelques minutes et il a aussi dit la même chose dans une vidéo l'année dernière.
Le a expliqué que les ménages et les gouvernements provinciaux au Canada sont lourdement endettés alors que le gouvernement fédéral a considérablement abaissé sa dette depuis les années 1990. Selon le chef du Parti libéral, Ottawa est la seule entité qui peut encore s'endetter. Il devrait donc augmenter les dépenses pour stimuler l'économie, à un moment où nous n'avons pas besoin de la stimuler.
Selon moi, cette situation s'apparente à celle d'un couple qui a accumulé une énorme dette sur ses cartes de crédit. Après avoir examiné les factures de leurs trois cartes de crédit, le mari dit ceci à sa femme: « Nous avons atteint la limite sur deux cartes, mais il nous reste encore un peu de crédit sur la troisième. Nous pourrions nous enrichir en utilisant au maximum notre troisième carte de crédit. Allons magasiner. » Peut-on imaginer une politique économique plus absurde?
Le semble avoir oublié que ce sont les mêmes contribuables qui devront rembourser la dette de tous les ordres de gouvernement — municipal, provincial et fédéral —, en plus de la leur. Je suis très fier que le gouvernement ait réussi à maîtriser la dette. Le ratio de la dette au PIB est de 33 %, et notre objectif est de ramener ce ratio à 25 % d'ici deux ans. Avec un ratio de 33 %, le Canada présente le meilleur rendement des pays du G7.
Pour les conservateurs, la dette n'est pas un concept abstrait. Le service de la dette coûte aux contribuables environ 30 milliards de dollars par année. Cette somme équivaut au montant que la TPS rapporte à l'État. Les conservateurs croient que plus on réduit la dette, moins il faut consacrer de ressources au paiement des intérêts et plus on est en mesure de consentir des réductions d'impôt aux Canadiens.
Le et ses conseillers étatsuniens croient encore à l'ancienne théorie canadienne selon laquelle l'État peut créer de la richesse en dépensant plus d'argent. Si l'État injecte de l'argent dans l'économie, d'où vient cet argent? Il ne tombe pas du ciel. En fait, chaque fois que l'État prend 1 $ dans les poches d'une personne, celle-ci a 1 $ de moins à dépenser ou à investir. Lorsque les dépenses de l'État augmentent, les dépenses privées diminuent. Aucune richesse n'est créée.
Les emprunts faits par l'État ont le même effet. C'est comme remplir un seau d'eau dans la partie profonde d'une piscine et le vider dans la partie peu profonde. Il ne se passe rien. C'est ce genre de politique qui a conduit notre économie à la ruine dans les années 1970. Comme nous le savons tous, la prospérité ne vient pas des dépenses de l'État, mais des investissements des entrepreneurs. Pour stimuler l'économie, il nous faut donner aux entrepreneurs les moyens de créer de la richesse. Nous devons établir les meilleures conditions qui soient pour que le secteur privé devienne plus productif, ce qui implique une réduction des dépenses publiques, des allégements fiscaux, une réduction du fardeau de la réglementation et la conclusion d'accords de libre-échange. La croissance et le progrès dépendent de la liberté économique qui découle de la diminution des interventions de l'État dans nos vies quotidiennes.
Augmenter les dépenses publiques ne résoudra pas nos difficultés sociales et économiques. L'objectif, ce n'est pas de réinventer le gouvernement, mais bien de le limiter. Les conservateurs préconisent une réduction de l'appareil gouvernemental, alors que les libéraux prônent une grosse machine car ils accordent plus d'importance au gouvernement qu'aux citoyens. En définitive, nous préconisons un gouvernement de petite taille parce que nous croyons à la liberté individuelle et à la responsabilité personnelle. Nous faisons confiance aux gens. Nous sommes convaincus qu'ils ont la capacité, la dignité et le droit de prendre leurs propres décisions à propos de leur argent et de choisir leur destinée.
Il sera bientôt le temps de faire un choix. Les gens devront décider s'ils veulent revenir à des dépenses, des emprunts et une dette plus élevés, et peut-être être confrontés à une crise constitutionnelle parce que le veut empiéter sur la compétence des provinces en matière d'éducation. Il a dit que l'éducation est un dossier important. Nous le savons, mais l'éducation est un domaine de compétence provinciale. Il veut empiéter sur la compétence des provinces, comme l'a fait son père. Les conservateurs respectent la Constitution et estiment que l'éducation est un enjeu très important pour les Canadiens. C'est pour cela que nous ne nous ingérerons pas dans les compétences des provinces. Ce sont elles qui savent le mieux comment gérer ce dossier.
Dans quelques mois, les Canadiens devront faire un choix. Ils devront choisir entre la stabilité et une main ferme en matière d'économie sous le leadership du , et l'instabilité et une possible crise constitutionnelle avec le . Cette instabilité découlerait de la volonté de dépenser de l'argent que le gouvernement n'a pas pour stimuler l'économie, alors que des mesures de relance ne sont pas nécessaires puisque nous ne sommes pas en récession.
Qu'allons-nous faire? Dans le cadre du dernier budget, nous avons présenté un projet de loi sur l'équilibre budgétaire. Nous voulons assurer à la prochaine génération que personne ne dépensera l'argent que nous n'avons pas pour créer des emplois, puisque nous savons que c'est le secteur privé qui en créera. Ce n'est pas le gouvernement, mais le secteur privé. Nous avons foi dans les entrepreneurs. Voilà pourquoi nous voulons réduire leurs impôts et ceux de l'ensemble des Canadiens.
J'ai été très déçu par la réaction du chef du Parti libéral. Je sais qu'il se fait conseiller par un économiste américain. Compte tenu de ce qui s'est passé aux États-Unis il y a quelques années, je crois qu'ils avaient la mauvaise stratégie. Actuellement, c'est nous qui avons la meilleure stratégie pour l'avenir.
[Français]
Je suis très fier de notre budget. Cela a été difficile d'arriver à l'équilibre budgétaire. Ce n'est pas facile, parce que les budgets ne s'équilibrent pas d'eux-mêmes, comme le dit le chef de l'opposition. Il faut du travail ardu. En 2006, dès la prise du pouvoir par ce gouvernement, nous avons géré le budget du Canada de façon responsable, nous avons créé des surplus, nous avons maîtrisé les dépenses et nous avons attribué de l'argent à la dette publique, soit 33 milliards de dollars.
Nous avons eu une crise financière mondiale qui prenait sa source aux États-Unis et dans d'autres pays. Cela a affecté le Canada, parce que les entrepreneurs exportent leurs produits aux États-Unis et ailleurs dans le monde. Ils le font, parce que leurs produits sont aimés et sont fabriqués d'une façon très productive. Cela les rend concurrentiels sur les marchés étrangers.
Toutefois, lorsqu'il se produit quelque chose dans un autre pays, ces entrepreneurs sont affectés par la bande. Nous avons dû créer un programme de stimulus, parce que nous étions en récession, pour stimuler l'économie. À l'époque, nous avions dit aux Canadiens que ce serait temporaire et que cela servirait à stimuler l'économie, mais aussi, puisque les générations futures vont devoir payer ces dettes présentes, de stimuler l'économie avec des programmes d'infrastructures que les générations futures vont pouvoir utiliser. C'est ce que nous avons fait. Nous avons mis sur pied un programme d'infrastructures où les dépenses étaient importantes pour répondre aux besoins du pays et pour s'assurer que les générations futures pourront en bénéficier aussi, mais c'était un programme de stimulus court dans le temps et très ciblé.
Maintenant, nous revenons à l'équilibre budgétaire. Qu'avons-nous fait pour y revenir? Nous avons contrôlé nos dépenses. Nous avons imposé un gel des dépenses d'opération du gouvernement du Canada. Nous avons imposé ce gel, parce que nous savions que c'était la chose à faire. Pour un politicien, c'est parfois plus facile d'augmenter les taxes pour avoir de l'argent et créer des programmes, mais ce n'est pas la solution adéquate. La solution est de laisser l'argent dans les poches des gens. Ce sont eux qui créent la richesse. Nous avons donc fait en sorte de geler le budget de fonctionnement du gouvernement.
Nous avons aussi lutté contre l'évasion fiscale, parce que le système fiscal doit être juste pour l'ensemble des Canadiens. Nous avons lutté contre l'évasion fiscale et nous avons créé des bonnes politiques. Plusieurs de mes collègues ministres autour de la table ont dû faire des compressions dans leur portefeuille, parce que c'était notre responsabilité et que nous devions revenir à l'équilibre budgétaire, comme nous l'avions promis aux Canadiens.
Nous avons agi de façon contraire au gouvernement libéral précédent, qui a réglé les déficits qui avaient été créés à l'origine par un gouvernement Trudeau, dans les années 1970, et dont le gouvernement Mulroney avait hérité. Toutefois, le gouvernement Mulroney avait tout mis en place pour créer de la richesse avec la signature d'ententes de libre-échange. On se rappellera que les libéraux étaient contre le libre-échange avec les Américains. Cette entente de libre-échange a fait prospérer le Canada.
Nous avons modernisé le système de taxation au Canada. Cela fait en sorte que, lorsque les libéraux de Jean Chrétien sont venus au pouvoir, la table était mise pour que les revenus arrivent à l'État fédéral si on contrôlait les dépenses. Toutefois, au lieu de regarder dans leur propre cour pour régler leur déficit, ils ont pelleté leur déficit dans la cour des provinces. Les Québécois se rappellent les coupes en santé et en programmes sociaux. Le Parti libéral de M. Chrétien a réglé son déficit sur le dos des provinces et des Canadiens. Quant à nous, nous l'avons réglé dans notre propre cour, en prenant les décisions courageuses que nous devions prendre. C'est pourquoi je suis fier de mon gouvernement.
Maintenant que la prospérité est là, il faut s'assurer que les Canadiens peuvent avoir leur argent dans les poches. Qu'avons-nous fait? Comme nous croyons aux familles et aux Canadiens, nous avons diminué les taxes des Canadiens, des familles canadiennes et des aînés. C'est donc un budget équitable. Nous avons instauré une politique de fractionnement du revenu. Pourquoi permettre aux familles de fractionner le revenu? C'est une question d'équité, parce que les couples dans des situations semblables devraient payer le même montant d'impôt.
Par exemple, une famille dont les deux parents travaillent qui gagne 80 000 $ payait moins d'impôt qu'une famille qui gagne le même montant, mais dont un seul parent travaille. L'impôt de ce dernier était plus élevé. Pour un revenu familial similaire, il y avait une discrimination entre deux couples. Nous avons réglé ce problème de discrimination.
Nous avons permis aux aînés de fractionner leur revenu aussi. Ces mesures sont aimées et utilisées. Nous avons aussi permis aux Canadiens d'économiser de l'argent à l'abri de l'impôt, grâce au compte d'épargne libre d'impôt, dont 60 % des utilisateurs gagnent un revenu de moins de 60 000 $. Cela, j'appelle cela la classe moyenne. C'est la classe moyenne! C'est elle qui bénéficie de ces mesures. Grâce à la liberté économique, la classe moyenne peut continuer à créer de la richesse.
C'est la différence entre nous, les libéraux et le NPD: nous croyons aux gens. Si le Canada est beau et grand, c'est grâce aux Canadiens. Ce sont les Canadiens qui font que ce pays est beau et grand. Ce sont les Canadiens qui travaillent fort et qui nous permettent d'avoir le niveau de vie que nous avons actuellement.
Le gouvernement s'assure d'avoir un réseau social et des programmes sociaux pour répondre aux besoins des Canadiens, mais la prospérité provient des Canadiens. C'est la différence entre nous et les partis de l'opposition, qui veulent imposer les Canadiens. Or plus de taxes, plus d'impôt et plus de déficits donnent plus de dettes! Par contre, il va falloir payer ces dettes dans un avenir rapproché. Ce qui est irresponsable, c'est créer des dettes et des déficits en période de prospérité économique.
C'est pour cette raison que nous avons présenté une loi pour permettre d'avoir un budget équilibré au Canada. Un budget équilibré rend responsables les politiciens, ici, à la Chambre des communes. C'est facile pour un politicien de dépenser de l'argent, et comme le disait Milton Friedman, on offre souvent de plus gros cadeaux lorsqu'on dépense l'argent qui ne nous appartient pas.
J'ajoute que les mesures keynésiennes n'enrichissent pas ce pays. Si le pays s'enrichit, c'est grâce aux mesures fiscales qui remettent l'argent dans la poche des gens.
La prospérité économique est bonne pour tous les Canadiens, et je compare cela à la marée montante. John F. Kennedy a tenu des propos forts quand il a comparé la prospérité économique à la marée montante, disant que, lorsqu'un le pays devient prospère et qu'il y a croissance économique, c'est comme la marée montante: tous les bateaux s'élèvent, les petits comme les grands.
C'est ce qu'il faut promouvoir, la prospérité économique, et c'est un budget qui fait la promotion de la prospérité économique. C'est pour cette raison que nous en sommes fiers.
Ce budget répond aussi aux engagements du gouvernement. En tant que député de , devant la population beauceronne, je me suis engagé personnellement à régler le déficit et à faire en sorte que nous retournions à un budget équilibré et que nous diminuions les taxes.
Aujourd'hui, je suis fier de retourner devant les Beaucerons et de pouvoir dire « mission accomplie ». Nous avons réglé le déficit, nous avons équilibré le budget, nous abaissons leurs taxes et leurs impôts et nous allons continuer à le faire dans le futur. Nous le disons dans notre plan.
L'an prochain, le surplus sera de 1,4 milliard de dollars. Ce surplus va aller dans la poche des contribuables avec d'autres diminutions de taxes et d'autres diminutions d'impôts, mais aussi dans celle des générations futures. En effet, nous voulons être responsables, et avec les surplus, nous voulons payer une partie de la dette pour faire en sorte que les générations futures n'aient pas un fardeau trop lourd à porter.
Je suis très fier de me lever aujourd'hui à la Chambre et de démontrer aux Canadiens que ce qu'ils doivent faire dans les prochaines semaines, c'est un choix à faire. Or ce choix sera très clair lors de la prochaine électorale: prospérité ou endettement; baisse de taxes ou augmentation d'impôt; non respect de la Constitution et interférence dans les champs de compétence, tant par le NPD que par les libéraux, ou respect de la Constitution; prospérité économique ou incertitude économique.
Le choix est clair. Le passé est garant de l'avenir. Nous avons très bien géré le budget du gouvernement, et nous allons continuer ainsi.
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Monsieur le Président, je suis heureux de me lever à la Chambre pour parler du budget déposé hier par le . Heureux, parce que cela va me permettre de répondre à plusieurs questions soulevées par nos amis conservateurs, en particulier par le qui vient lui-même de faire un discours. Ce sont des questions que nous entendons régulièrement dans les médias, mais qui ne sont aucunement enracinées dans la vérité.
En ce qui concerne le budget, il faut voir la façon dont les conservateurs se vantent d'avoir atteint l'équilibre budgétaire et d'avoir créé des outils comme le CELI. Nous ne sommes pas opposés au CELI. Le principe est excellent. C'est pour cela que l'argument que lance le à l'effet qu'il y a beaucoup de Canadiens et de Québécois qui investissent dans les CELI est tout à fait démontrable. Les conservateurs n'ont pas créé le CELI dans ce budget; ils ont plutôt augmenté son plafond à 10 000 $.
C'est un exemple parmi tant d'autres dont je je vais essayer de faire état dans mon discours. Ces exemples démontrent clairement que les conservateurs ne sont pas sérieux en matière d'économie, qu'ils ne sont pas sérieux en matière de crédibilité économique et que ce budget est plutôt politique qu'économique.
Prenons par exemple l'affirmation que ce budget atteint finalement l'équilibre budgétaire. Bravo. Les sacrifices qui ont été imposés — les conservateurs se vantent de ces sacrifices —, ce n'est pas eux qui les ont faits. C'est l'ensemble des Québécois et des Canadiens qui ont souffert des nombreuses compressions effectuées au cours des cinq dernières années. Ce ne sont pas des compressions qui ont éliminé le gras qui se trouvait dans l'appareil. Nous nous approchons de la viande et de l'os. Quand on parle de viande et de l'os, on parle de l'élimination de 50 %, ou de la moitié, du budget d'Environnement Canada, dans une période où on parle de l'importance de la lutte contre les changements climatiques, et à l'aube de la conférence de Paris.
L'équilibre budgétaire a aussi été atteint grâce, en grande partie, à des compressions importantes imposées à l'Agence canadienne d'inspection des aliments, à l'inspection des transports ferroviaires et à la Garde côtière canadienne. Ce sont toutes des compressions qui ont nui aux Canadiens et aux Canadiennes. Nous avons des exemples récents de la manière dont ces derniers ont été touchés, par exemple la crise de la listériose ou le récent déversement au large de Vancouver auquel la Garde côtière canadienne n'a pas pu répondre adéquatement. En effet, on avait fermé la base de Kitsilano pour faire des économies de bout de chandelle. Le même sort aurait été réservé au centre de recherche et de sauvetage maritime de Québec qui était menacé de fermeture par les conservateurs pour épargner 1 million de dollars. C'est 1 million de dollars pour assurer la sécurité des usagers dans le golfe et l'estuaire du Saint-Laurent. On aurait mis en péril ces usagers, et particulièrement les usagers francophones.
En ce qui concerne les compressions qui ont réellement atteint la viande et l'os, il y a la fermeture et la réduction du financement d'instituts scientifiques. Dans mon coin de pays, il y a un exemple probant: l'Institut Maurice-Lamontagne. Cet institut de classe mondiale a subi des compressions énormes qui l'empêche maintenant de faire un travail adéquat de surveillance de la qualité du fleuve Saint-Laurent et de recherche sur les espèces qui s'y trouvent et leur mode de vie.
Nous avons assez souvent parler du cas des anciens combattants. Non seulement cela, mais nous avons été témoins d'une autre tactique du gouvernement conservateur, qui est de ne pas dépenser une somme significative de l'argent attribué aux anciens combattants par le Parlement. En ce qui concerne les anciens combattants, ce montant s'élevait à plus de 1 milliard de dollars. Mon collègue de , qui est aussi le porte-parole en matière de développement économique du Canada pour les régions du Québec, a mentionné que la même situation était d'ailleurs survenue concernant l'argent qui devait être investi au Québec par Développement économique Canada: l'argent n'a pas été investi. Depuis 2010 et 2011 seulement, le montant s'élevait à environ 132 millions de dollars. C'est de l'argent dont les régions du Québec, comme le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie, l'Abitibi-Témiscamingue et le Saguenay—Lac-Saint-Jean, ont grandement besoin.
Les sacrifices n'ont pas été faits par les ministres conservateurs. À la façon dont ils rient de nos interventions, il est quand même plus qu'heureux de voir leurs responsabilités diminuer. Ils étaient heureux de pouvoir se laver les mains des conséquences de leurs actions. Au bout du compte, ces sacrifices ont grandement touché l'ensemble de la population, en particulier les travailleurs et la classe moyenne.
Revenons à la question de l'équilibre budgétaire. Oui, les conservateurs l'ont atteint. En effet, le budget prévoit un surplus de 1,4 milliard de dollars l'an prochain. Pour l'atteindre, les conservateurs ont dû faire de grandes contorsions. Ils n'y seraient pas arrivés sans l'utilisation de la réserve pour éventualité, qui est de 2 milliards de dollars, et sans la vente anticipée des actions de General Motors que le gouvernement possédait et qu'il a vendues uniquement pour pouvoir atteindre l'équilibre budgétaire. Il s'agit d'une vente d'environ 3 milliards de dollars.
Toutefois, comme Peter Mansbridge l'a mentionné au , hier soir, à la télévision, à propos du budget, s'il avait attendu à cette semaine pour les vendre, le gouvernement canadien aurait bénéficié, seulement en une semaine, de 100 millions de dollars supplémentaires. La perte estimée du gouvernement fédéral en raison de la vente anticipée pour leur investissement relatif à l'industrie automobile est de 3,5 milliards de dollars. Les conservateurs étaient tellement anxieux d'atteindre un équilibre budgétaire superficiel, qu'ils ont vendu ces actions même s'ils laissaient de côté 3,5 milliards de dollars et même s'ils laissaient de côté les 100 millions de dollars supplémentaires que nous aurions eus s'ils avaient patienté jusqu'à maintenant.
Ce n'est pas tout. Ils ont aussi effectivement utilisé le surplus de la caisse de l'assurance-emploi pour arriver à un équilibre budgétaire. Le surplus anticipé pour la caisse de l'assurance-emploi est de 1,8 milliard de dollars. Le surplus budgétaire anticipé est de 1,4 milliard de dollars. Pourtant, comme je l'ai mentionné dans ma question au , en décembre 2013, l'honorable Jim Flaherty, qui était ministre des Finances à cette époque, avait fait une promesse solennelle devant les médias. Je vais le citer en anglais, parce que c'était dans les médias anglophones. Il avait dit:
[Traduction]
« Nous n'utilisons pas les fonds de l'assurance-emploi pour équilibrer le budget, comme l'ont fait les libéraux. »
[Français]
Ce sont les mots du ministre des Finances de l'époque. Pourtant, c'est exactement ce que le actuel fait avec l'assurance-emploi, et il s'en sert pour se réclamer le budget équilibré pour l'an prochain.
Ce que je vois dans ce budget, c'est un exercice intellectuel qui dénote une certaine flexibilité du point de vue de l'honnêteté. Selon les arguments des conservateurs, ils redonnent de l'argent à tout le monde. Cependant, c'est clair que, vu l'ensemble des analyses de ces mesures, comme le fractionnement du revenu et le rehaussement du plafond du compte d'épargne libre d'impôt, ce sont les mieux nantis qui en bénéficient.
Les comparaisons que font les conservateurs, selon lesquelles ils éliminent de la discrimination, n'ont aucun sens. Prenons l'exemple d'un couple dont les deux conjoints gagnent 30 000 $ chacun. Cela fait 60 000 $. Ils gagnent chacun ce montant, mais pas nécessairement parce qu'ils le veulent. Toutefois, s'ils ont un, deux, trois ou quatre enfants, c'est difficile d'élever ceux-ci avec un seul revenu de 30 000 $. C'est donc évident qu'ils doivent travailler tous les deux afin de joindre les deux bouts.
Pourtant, voici ce qu'ils vont faire. Ils vont s'assurer qu'une personne gagne 60 000 $, alors que l'autre conjoint — bien souvent une femme, d'ailleurs, dans l'état actuel des choses — reste à la maison. Elle va bénéficier du fractionnement du revenu, alors que l'autre couple qui peine à joindre les deux bouts avec leur revenu de 30 000 $ chacun et qui a bien souvent besoin d'avoir recours à une garderie pour permettre à l'autre conjoint de travailler, lui, n'aura rien. Alors, en effet, la mesure a bénéficié largement aux couples ayant des revenus parmi les plus élevés. J'irais même plus loin. C'est un incitatif clair de la part des conservateurs, ce qui ne me surprend nullement en raison de leur idéologie et des tendances dénotées chez certains députés conservateurs, de donner un incitatif pour que les femmes restent à la maison.
Alors qu'il est démontré au Québec que, avec un programme de garderies publiques, non seulement on accroît la productivité et on permet l'accès au marché du travail, mais on peut également stimuler l'économie par les investissements faits dans les communautés où se trouvent ces garderies. Cela a été démontré par des économistes, non pas Américains, comme le reprochait mon honorable collègue, mais par des économistes québécois qui ont étudié l'impact qu'a pu avoir un programme québécois de garderies sur l'économie québécoise. C'est une des raisons pour lesquelles nous voulons exporter ce modèle. Nous voulons permettre à l'ensemble du Canada d'en bénéficier. C'est aussi une des raisons pour lesquelles nous tenons fermement à pouvoir négocier avec les provinces pour établir ce programme pancanadien de garderie à un maximum de 15 $ par jour.
Ce modèle a bien fonctionné au Québec, il peut bien fonctionner au Canada et, évidemment, comme le Québec a déjà son programme, en vertu du fédéralisme asymétrique, il aurait un droit de retrait avec compensation, bien entendu.
J'aurai la chance de compléter mon discours demain. Cependant, il reste clair que le gouvernement conservateur n'a pas déposé, hier, un budget économique qui vient en aide à la classe moyenne et aux travailleurs et qui s'assure que le gouvernement fait sa part quant au bon fonctionnement de l'économie.
Au contraire, ce budget est simplement un pamphlet politique servant à préparer les prochaines élections. J'aurai la chance de démontrer pourquoi ce pamphlet ne convient pas à la réalité des familles canadiennes et québécoises et à celle des travailleurs québécois et canadiens. D'ici les prochaines élections, nous aurons amplement le temps de démontrer que, par ce budget et leurs actions des quatre dernières années, les conservateurs nous emmènent dans un cul-de-sac.