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Monsieur le Président, je suis très heureux de prendre la parole aujourd'hui au sujet de la motion présentée par l'opposition officielle. Cependant, et je pense que cela ne surprendra pas les députés de l'opposition, je m'oppose à leur motion.
De plus, il est très important que les Canadiens comprennent le contexte du présent débat. Le projet de loi sur l'intégrité des élections a été adopté à l'étape de la deuxième lecture et a été renvoyé à un comité. Il s'agit du Comité de la procédure et des affaires de la Chambre, dont je suis membre. Nous avons pu commencer à examiner ce projet de loi lors de notre avant-dernière réunion, mais nous n'avons encore rien étudié. Il n'y a que le ministre d'État à la Réforme démocratique qui a comparu pendant une heure, mais c'est tout.
Depuis, aucun aspect du projet de loi n'a été examiné parce que les députés du NPD, et particulièrement le porte-parole du NPD en matière de réforme démocratique, ont fait de l'obstruction au comité. Pourquoi? Parce que le NPD, appuyé par le Parti libéral, dit qu'il veut que des audiences soient tenues dans tout le pays sur le contenu du projet de loi et qu'il refusera d'entendre des témoins au comité tant et aussi longtemps que le gouvernement ne s'engagera pas à tenir ces consultations.
Il s'agit d'un véritable abus de pouvoir. De toute évidence, selon les règles de procédure, les députés de l'opposition peuvent faire de l'obstruction. Cela s'est déjà produit par le passé. Ce qui est paradoxal, c'est que tous les députés de l'opposition ont dit qu'il s'agit d'une mesure législative très importante, qu'il est essentiel de consulter les Canadiens et qu'il faut entendre des témoins au sujet du contenu du projet de loi, mais ils empêchent tout de même les témoins de comparaître devant le comité, tout simplement parce qu'ils ne sont pas d'accord avec ce que le gouvernement propose, soit entendre les témoins ici, à Ottawa.
Les députés de l'opposition pensent qu'il est essentiel d'entendre des témoignages efficaces et exacts et de tenir des consultations à l'échelle du Canada. Ils pensent que, si le comité ne se rend pas dans toutes les régions du pays, il n'obtiendra pas tous les renseignements requis et ne recueillera pas toutes les observations pertinentes des Canadiens. Je suis tout à fait en désaccord avec cet argument.
Je tiens d'abord à souligner que, pendant le débat aujourd'hui, j'ai entendu des députés de l'opposition dire que le gouvernement essaie d'étouffer le débat et d'empêcher les témoins de comparaître devant le comité. C'est tout à fait faux.
Comme de nombreux députés le savent, je suis l'un des principaux porte-parole du gouvernement dans ce dossier. À plusieurs reprises, j'ai déclaré publiquement que le gouvernement est disposé à entendre le témoignage de tous les Canadiens qui jugent qu'ils ont des renseignements importants à communiquer au comité. Aujourd'hui, la technologie nous permet de faire tout cela très facilement.
Je doute fort, quoi qu'en disent mes collègues d'en face, que les personnes qui souhaitent témoigner devant le comité ne seront pas en mesure de le faire, compte tenu des moyens technologiques qui s'offrent à nous aujourd'hui. Que ce soit par Skype, par conférence téléphonique ou grâce à d'autres outils, pratiquement tous les Canadiens pourront témoigner devant notre comité.
Les députés d'en face ont dit que ce n'est pas vrai. Ils ont dit que beaucoup de gens dans les régions éloignées du pays, les réserves ou les régions rurales du Canada n'ont pas accès à Internet, par exemple, et ne pourraient pas utiliser Skype. Je pense que toute personne qui possède un ordinateur ou a accès à un ordinateur pourrait communiquer avec les membres du comité. Si une personne se trouve à un endroit où il n'est pas possible d'avoir accès à Internet, nous veillerons à ce qu'elle puisse se rendre à l'endroit le plus près de chez elle où il est possible d'y avoir accès afin qu'elle puisse témoigner.
J'ai également déclaré publiquement que le comité serait tout à fait disposé à se réunir 12 ou 13 fois au moins pour entendre les témoignages.
Pour mettre les choses en contexte, je souligne que la plupart des Canadiens ignorent peut-être combien de temps dure normalement l'étude d'un projet de loi. Je peux assurer au Président que les députés savent aussi bien que moi qu'il n'est pas nécessaire de se réunir 12 ou 13 fois pour faire une étude approfondie d'un projet de loi, quel qu'il soit. Même l'étude des projets de loi d'exécution du budget que nous avons présentés n'a pas pris autant de temps.
Pourtant, nous avons pris l'engagement d'entendre des témoignages en comité et d'examiner ce projet de loi dans le cadre de 13 réunions de deux heures chacune, car nous estimons qu'il s'agit d'une mesure législative importante qui mérite un examen attentif. Pour mettre les choses en contexte encore une fois, cela signifie que, si nous nous réunissons à 13 occasions, nous aurons consacré deux, voire trois fois plus de temps à l'étude de cette mesure législative que ce qu'accordent les comités permanents de la Chambre à l'étude d'un projet de loi normal. Nous sommes prêts à le faire.
Les députés de l'opposition prononcent de belles paroles, mais ne semblent pas agir. Ils prétendent que cette mesure législative est extrêmement importante et qu'elle doit être examinée attentivement, mais ils refusent de permettre au comité de faire son travail. Ils refusent de laisser les témoins donner leur point de vue sur le projet de loi. C'est tout ce que nous réclamons. S'ils veulent examiner le projet de loi, c'est extraordinaire. C'est ce que nous voulons aussi.
Pourrions-nous y apporter des améliorations? Peut-être bien. Nous avons fait savoir que nous étions ouverts à tout amendement raisonnable. Contrairement à ce que l'opposition veut faire croire aux Canadiens, nous ne tentons pas de faire adopter ce projet de loi à toute vapeur. Nous nous efforçons de consacrer davantage de temps à l'étude de ce projet de loi qu'à probablement toute autre mesure législative. C'est du jamais vu pour les députés. Je mets au défi quiconque ici aujourd'hui de me dire quelle autre mesure législative a bénéficié d'une étude aussi longue car, honnêtement, il n'y en a pas d'autre. Les députés de l'opposition ne cessent de dire que le gouvernement veut faire adopter ce projet de loi à toute vapeur, mais ce n'est rien d'autre que de la foutaise.
Je ferai également remarquer que les députés de l'opposition ont déclaré publiquement que le projet de loi leur posait deux grands problèmes. Pourquoi ne pas nous pencher sur les dispositions du projet de loi qui leur posent problème? L'un des problèmes concerne la carte d'information de l'électeur. Le projet de loi sur l'intégrité des élections éliminerait celle-ci. L'autre problème a trait au recours à un répondant. Le projet de loi sur l'intégrité des élections ne permettrait plus à des personnes de se porter garantes d'un électeur potentiel qui ne dispose pas des pièces d'identité requises.
Le projet de loi sur l'intégrité des élections éliminerait ces deux dispositions parce que, malheureusement, l'utilisation de la carte d'information de l'électeur et le recours à un répondant offrent trop de possibilités d'abus et de fraude électorale. Si le comité tenait des audiences en ce moment, nous aurions certainement entendu, ou à tout le moins invité à comparaître, des personnes ayant été témoins de fraude lors des dernières élections en raison de ces deux pratiques.
La carte d'information de l'électeur ne prouve pas hors de tout doute l'identité d'un Canadien. Le registre permanent des électeurs fait en sorte que les gens reçoivent une carte par la poste. Toutefois, ce n'est pas une preuve irréfutable que la personne qui a cette carte en sa possession est bel et bien celle qui a le droit de voter.
Bien des députés ont fait valoir au cours des dernières semaines, et même aujourd'hui, que voter est un droit et un privilège. Nous pourrions avoir un débat quant à savoir si c'est un droit ou un privilège. Ce qui est indéniable, c'est que pour voter, la personne doit être habile à voter. Autrement dit, elle doit pouvoir prouver qu'elle est la personne censée voter. Il n'est pas inusité de faire une telle demande ou requête aux Canadiens. Si on ne peut pas établir l'identité de la personne qui veut voter, comment peut-on savoir qu'elle est habile à voter? Le projet de loi sur l'intégrité des élections porte simplement là-dessus.
Certains soutiendront que les dispositions de la Loi sur l'intégrité des élections sont à ce point contraignantes qu'elles priveraient des citoyens de leur droit de vote. Des députés de l'opposition ont mentionné que, lors des dernières élections fédérales, 100 000 personnes ont pu voter parce que quelqu'un s'était porté garant de leur identité; ils ont fait valoir que toutes ces personnes seraient privées de leur droit de vote si le recours à un répondant n'était plus permis. Encore une fois, je ne suis pas d'accord. Je ne connais évidemment pas les 100 000 personnes qui ont eu recours à un répondant lors des dernières élections, mais je sais une chose. Au cours de mes cinq mandats de député, j'ai pu voir comment les élections se déroulent dans ma circonscription. À chaque élection, j'ai vu des gens avoir recours à un répondant. Je sais que, dans bien des cas, les gens en question avaient effectivement le droit de voter. Souvent, s'ils demandent un répondant, ce n'est pas parce qu'ils n'ont pas de pièce d'identité appropriée, mais parce qu'ils l'ont oubliée. Ils se présentent donc au bureau de scrutin et, quand on leur demande une pièce d'identité, ils disent l'avoir oubliée. Ils disent qu'ils ont un permis de conduire, mais qu'ils ne l'ont pas sur eux. C'est alors qu'ils ont recours à un répondant.
Selon une disposition de la Loi électorale du Canada, Élections Canada doit utiliser ses ressources publicitaires considérables pour faire savoir aux Canadiens non seulement quand aller voter et à quel endroit, mais aussi quelles pièces d'identité sont admissibles. Car la question centrale demeure celle-ci: il faut pouvoir confirmer l'identité d'un électeur, pour s'assurer qu'il s'agit bien de la bonne personne.
Des députés de l'opposition ont reconnu qu'il est possible que plusieurs des électeurs qui ont eu recours à un répondant lors d'élections récentes possèdent, en fait, une pièce d'identité valide, qu'ils avaient oublié d'apporter avec eux au bureau de scrutin. Les députés d'en face soutiennent toutefois que beaucoup d'autres gens n'ont pas les pièces d'identité exigées. C'est pourquoi la Loi sur l'intégrité des élections fait passer à 39 le nombre de documents qui peuvent servir à confirmer l'identité d'un électeur. S'il existe une personne, au Canada, qui n'a pas deux de ces 39 pièces d'identité, on peut supposer qu'elle n'avait pas l'intention de voter de toute façon.
On a affirmé que des membres des Premières Nations et des gens dans les réserves n'ont peut-être pas de permis de conduire ni les pièces d'identité courantes que possèdent les Canadiens qui vivent, disons, dans les centres urbains. L'une des dispositions du projet de loi prévoit que les Autochtones peuvent obtenir une attestation de l'un ou l'autre des membres de leur conseil de bande confirmant leur identité et leur adresse dans la réserve. Si une personne n'a pas de permis de conduire ou une autre pièce d'identité courante, elle peut obtenir d'un membre de son conseil de bande une attestation confirmant son lieu de résidence dans la réserve et le fait qu'elle a le droit de voter.
En outre, tout Canadien peut obtenir un certificat de naissance. La plupart des Canadiens ont un compte en banque et possèdent donc une carte de débit ou quelque chose du genre. Les étudiants qui fréquentent l'université, qui n'ont peut-être pas de permis de conduire ou qui ne peuvent pas en présenter un, ont certainement une carte d'étudiant et des relevés de notes délivrés par leur établissement d'enseignement. Tous ces types de document, et bien d'autres, peuvent servir à établir l'identité d'une personne au titre de la Loi sur l'intégrité des élections. Nous n'essayons pas d'empêcher quiconque de voter au Canada, au contraire. Nous voulons toutefois empêcher la fraude, c'est tout ce que nous souhaitons.
Les députés ont également prétendu que, si nous empêchons la tenue de consultations pancanadiennes, nous empêchons ainsi la tenue de toute consultation. Ils ont aussi souligné, à tort, à mon avis, qu'aucune consultation n'a été menée avant la rédaction du projet de loi.
Il convient de souligner le caractère fallacieux de cet argument. Au total, 38 recommandations du directeur général des élections actuel ont été ajoutées à la Loi sur l'intégrité des élections. Il faudrait demander aux députés d'en face comment nous aurions pu obtenir ces 38 recommandations du directeur général des élections si aucune consultation n'avait été menée.
Des consultations ont bien entendu été tenues. Je siège au Comité de la procédure et des affaires de la Chambre depuis 2006, lorsque nous avons accédé au pouvoir pour la première fois. Le directeur général des élections actuel et ses prédécesseurs y ont témoigné à maintes reprises. Nous avons souvent discuté avec eux pour qu'ils nous fassent part des mesures qu'ils souhaiteraient inclure dans la nouvelle loi. L'actuel directeur général des élections a formulé 38 recommandations. Comment l'opposition peut-elle affirmer qu'aucune consultation n'a été menée? C'est insensé.
Je rappelle en outre que, quand on veut consulter les Canadiens et connaître leur point de vue, la première ressource demeure les députés eux-mêmes. Je ne sais pas ce que font les députés de l'opposition, mais en ce qui me concerne, quand mon parti présente une mesure législative aussi importante que celle-ci, je consulte mes électeurs. Je veux savoir ce qu'ils ont à dire à propos de la preuve d'identité par un répondant, les pièces d'identité pouvant être présentées par les électeurs ou les mesures que nous prenons pour que le commissaire aux élections soit indépendant d'Élections Canada. Je les consulte, moi, mes électeurs. C'est mon boulot.
Apparemment, les ministériels sont les seuls à faire leur boulot, parce que les députés de l'opposition n'arrêtent pas de dire que les Canadiens ne sont pas consultés et que nous devons leur demander leur avis. C'est quoi, leur boulot, à leur avis? Ils doivent consulter leurs électeurs et les Canadiens en général et rapporter ce qu'ils ont entendu au comité.
Rien, dans les arguments présentés par l'opposition, ne me convaincra qu'il faut tenir des consultations pancanadiennes. Nous pouvons faire toutes les consultations qu'il faut ici-même. C'est d'ailleurs ce que nous devrions faire à l'heure où on se parle. Mais non, grâce aux manoeuvres dilatoires de l'opposition, nous n'écoutons personne.
J'aimerais entendre le point de vue du directeur général des élections. J'aimerais aussi entendre l'avis de son prédécesseur, lequel, soit dit en passant, a dit que, si le projet de loi avait été un travail de maîtrise, il lui aurait donné un A-. C'est plutôt bon, il me semble.
Y a-t-il moyen d'améliorer le projet de loi? Bien sûr que oui. Je ne pense pas qu'il y ait une seule mesure législative — qu'elle ait été présentée par le gouvernement actuel ou un des gouvernement précédents — qui ne puisse être améliorée d'une quelconque façon. C'est ce à quoi s'emploient les comités. Ils étudient les projets de loi, les amendent et proposent des améliorations. Ils analysent les textes qui leur sont soumis, en discutent, écoutent des témoignages et renvoient le tout à la Chambre pour qu'elle puisse se prononcer à l'issue d'un dernier débat.
Nous ne faisons rien de tout ça dans le moment, puisque l'opposition refuse de débattre du projet de loi. Nous savons pourquoi. Les députés d'en face ont dit qu'ils allaient s'y opposer avant même d'en avoir lu une ligne. Le porte-parole en matière de réforme démocratique, le député de , que j'admire beaucoup — un homme érudit s'il en est — a déclaré publiquement qu'il allait s'opposer à notre mesure législative avant même d'en avoir pris connaissance.
Voilà, à mon sens, qui illustre à merveille la position de l'opposition.
En terminant, je voudrais dire ceci. J'ai lu le projet de loi, et j'attends avec impatience le moment où il sera examiné au comité. Je tiens à féliciter sincèrement le d'avoir présenté un projet de loi qui corrigerait une grande partie des problèmes que nous avons eus au Canada relativement aux votes frauduleux et à l'influence des gros capitaux sur les élections. J'ai hâte que des dispositions soient intégrées dans le projet de loi pour empêcher ces choses de se reproduire.
C'est un projet de loi qui vaut la peine d'être étudié. Je demande seulement à mes collègues d'en face de nous permettre d'examiner le projet de loi comme il se doit.
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Monsieur le Président, j'aimerais dire d'entrée de jeu que je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
J'ai le plaisir de prendre la parole aujourd'hui au sujet de la motion très importante présentée par le NPD. On en est rendu là concernant tout le débat sur le projet de loi .
Il s'agit d'une loi fondamentale dans une démocratie. La Loi électorale du Canada est la plus importante pour le fonctionnement de notre démocratie. C'est une loi considérée comme étant quasi constitutionnelle. On doit examiner les changements proposés dans un grand respect de la démocratie et du Parlement, puisque ce dernier est responsable de cette loi.
La loi a déjà été modifiée dans le passé, mais c'est la première fois, si ma mémoire est bonne, qu'un gouvernement veut la modifier de façon aussi cavalière. Celui-ci ne se donne pas la peine de consulter ou d'approcher les autres partis présents à la Chambre. Pourtant, les autres partis politiques participent à toutes les élections et au processus démocratique.
En plus de ne pas consulter les partis, le gouvernement présente un projet de loi qui change de façon draconienne la Loi électorale du Canada. Je n'entrerai pas dans tous les détails du projet de loi, car je l'ai déjà fait au cours du débat tenu à l'étape de la deuxième lecture.
Je pense toutefois que ce n'est pas de cette façon que le gouvernement aurait dû s'y prendre pour modifier la Loi électorale du Canada. Depuis le début, le gouvernement essaie simplement de faire avancer les choses le plus vite possible. Pourquoi? La raison est très simple: le gouvernement veut cacher des choses. Le projet de loi contient des choses que les conservateurs ne veulent pas discuter longtemps.
En effet, le gouvernement veut qu'on passe à autre chose le plus vite possible, comme c'est le cas pour la plupart des projets de loi qu'il met en avant. En fait, il fait en sorte d'accélérer les choses, afin d'être sûr que ce sera adopté très rapidement, sans que le public n'ait le temps de se rendre compte de ce qui s'est passé. Une fois que la Loi électorale du Canada sera modifiée, on ne pourra pas revenir en arrière, à moins de la changer de nouveau, ce qui entraînerait de longues procédures.
Le sujet me préoccupe évidemment beaucoup. En effet, le projet de loi contient des changements très importants qui pourraient particulièrement toucher certaines parties de la population, notamment les jeunes. C'est ce qu'on a entendu au cours du débat aujourd'hui et auparavant aussi.
À Sherbrooke, il y a deux universités, dont l'une est située dans mon comté. Il y a aussi plusieurs collèges et cégeps. C'est donc un enjeu qui me tient particulièrement à coeur.
En tant que député, il est de mon devoir de présenter les intérêts des Sherbrookois concernant le projet de loi et la motion d'aujourd'hui qui traite particulièrement des consultations.
Le comité devrait tenir des consultations partout au Canada, y compris en Estrie et dans la région de Sherbrooke, qui pourraient être touchées par ce projet de loi. Ce serait le devoir du comité de faire ça.
On nous demande souvent pourquoi la Chambre devrait dicter à un comité ce qu'il devrait faire. Je pense que la raison en est très simple: on a déjà épuisé toutes les ressources à la disposition du comité. La demande a déjà été faite, et les possibilités ont toutes été épuisées. En tant que président d'un comité, je peux affirmer que le comité demeurera le maître de sa destinée et de son programme, et ce, peu importe ce qui arrivera.
Si la Chambre vote en faveur de l'adoption de cette motion, cela mettra de la pression sur les membres du comité en question. Ces derniers seraient pratiquement obligés d'aller de l'avant et de respecter ce que l'ensemble de la Chambre aurait décidé.
Je pense qu'on est rendu là, car le comité a déjà épuisé toutes les autres possibilités. Il a fait des demandes que les conservateurs ont refusées. Cette fois-ci, en faisant voter l'ensemble des députés, on espère que quelques-uns de l'autre côté de la Chambre verront clair et voteront avec nous sur cette motion. On pourrait ainsi finalement faire les consultations qu'on demande depuis la présentation du projet de loi. Les consultations permettraient d'aller voir directement les gens concernés. Je pense que c'est vraiment la clé dans tout ça.
Comme cette loi est très importante pour notre démocratie et qu'elle mérite notre grand respect, c'est la moindre des choses de faire des consultations. Cela a déjà été fait dans plusieurs autres dossiers et concernant plusieurs autres projets de loi. On a fait des consultations partout au Canada pour différentes choses. Tout à l'heure, d'autres députés ont donné des exemples de projets de loi étudiés par des comités parlementaires qui avaient décidé de voyager et de faire des consultations sur ces différents projets de loi.
Aujourd'hui, on a un projet de loi qui vise à modifier la Loi électorale, et le gouvernement refuse toute consultation sur le terrain, au Canada. On se demande quelle importance le gouvernement accorde à la Loi électorale du Canada, quand il n'est pas disposé à accepter une demande aussi simple que le fait de faire des consultations, comme celles faites pour beaucoup d'autres projet de loi dans le passé.
On peut se demander de quoi les conservateurs ont peur. Je me pose cette question quand je vois les conservateurs s'opposer à cette idée d'aller voir les Canadiens. Ils doivent craindre quelque chose. On a déjà entendu le dire en comité que ce serait un cirque, un spectacle ridicule. Je ne me souviens pas exactement de ses mots, mais il semblait ridiculiser le processus de consultation des Canadiens. Le secrétaire parlementaire semblait dire que c'était ridicule, que ça ne servait à rien et qu'on ne devrait pas consulter les citoyens canadiens.
Nous, nous croyons complètement le contraire. Je pense que c'est tout le contraire qui arriverait. Ce serait d'autant plus pertinent pour les membres du comité qui étudieront le projet de loi. En effet, après plusieurs séances de consultation, le comité pourrait étudier le projet de loi article par article, en tenant compte de tout ce qui aurait été dit dans les différentes communautés du Canada, que ce soit dans les réserves autochtones qui, selon nous, seront beaucoup touchées, sur les campus universitaires ou dans les résidences pour personnes âgées. Ce sont des exemples d'endroits où le comité pourrait se rendre pour pouvoir mieux étudier ce projet de loi.
À notre avis, le projet de loi comporte plusieurs failles et la consultation est la meilleure façon de l'améliorer. Je suis peut-être encore naïf, mais même après presque trois ans ici, j'ai foi en la possibilité d'améliorer ce projet de loi. Je me fais peut-être des illusions, mais je crois encore que c'est possible.
La meilleure façon d'améliorer le projet de loi, c'est de consulter les gens qui seront concernés par les modifications à la Loi électorale. Cela apportera peut-être des changements au projet de loi, parce qu'on connaîtra vraiment les répercussions des modifications et la façon de l'améliorer. J'espère que ce sera possible.
Je demande à tous mes collègues de tous les partis de voter en faveur de cette motion visant à consulter tous les Canadiens, partout où ils se trouvent.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de prendre la parole aujourd'hui pour tenter de contribuer à protéger notre démocratie, qui est si précieuse au Canada.
La motion du député de prend tout son sens lorsqu'on constate le travail bâclé des conservateurs en matière de démocratie. Comme le disait plus tôt mon collègue de , il s'agit d'une « déforme » électorale.
Ce qu'on demande n'est pas très compliqué. On veut que les Canadiens et les groupes pertinents puissent se faire entendre concernant les modifications, qui sont ici très importantes, à nos lois électorales. Ici, quand je parle de Canadiens et de groupes pertinents, il s'agit notamment d'Élections Canada, du ministre, bien entendu, des Premières Nations, des organismes anti-pauvreté, des personnes handicapées, des jeunes et des étudiants de toutes les régions du pays, les centres-villes comme les localités rurales et éloignées.
Le comité doit se déplacer. On ne peut pas rester dans notre tour d'ivoire ici, à Ottawa. En effet, Ottawa est une tour d'ivoire, il ne faut pas se le cacher. Quand on est ici, on ne sait pas ce qui se passe dans le reste du Canada.
Plusieurs comités voyagent dans le cadre de leurs fonctions. Il est essentiel d'aller à la rencontre des gens. On n'a pas le choix. Alors, je ne vois pas pourquoi le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre ne le ferait pas dans ce cas-ci. Le gouvernement va nous dire que cela encourt une dépense, et je suis d'accord. Toutefois, certaines dépenses sont essentielles à la démocratie, et c'est le cas lorsqu'il s'agit de consulter le peuple.
Dans cette réforme, je constate que les conservateurs ne se préoccupent pas de la réalité des gens. Je pense qu'ils s'en foutent. Ils ne dépensent pas pour les bonnes choses, à mon avis, et notre démocratie est menacée dramatiquement.
D'ailleurs, puisqu'on parle de démocratie, je vais faire un petit retour en arrière. Le mot « démocratie » veut dire « pouvoir au peuple ». On s'entend là-dessus. Or, à mon avis, le gouvernement a peur du peuple. Les conservateurs savent très bien qu'en raison de leur travail bâclé, consulter les gens qui sont inquiets de ce genre de réforme ne fonctionnerait pas. Ils se feraient remettre à leur place. C'est peut-être ce qui arrivera.
Je n'ai pas eu l'occasion de prendre la parole sur le projet de loi , sur lequel porte notre motion. Alors, j'aimerais en faire un petit résumé afin de démontrer à quel point notre motion d'aujourd'hui est essentielle et à quel point le travail du gouvernement est complètement bâclé.
Tout d'abord, ce projet de loi va retirer à Élections Canada son pouvoir d'enquête. Le commissaire d'Élections Canada fera maintenant partie du directeur des poursuites pénales. C'est l'équivalent de retirer à la GRC sa capacité d'enquêter sur des infractions au Code criminel. Cela n'a absolument aucun sens. C'est une grave modification qui va s'avérer complètement inefficace.
Par ailleurs, on veut aussi retirer au directeur général des élections le pouvoir de faire de l'éducation citoyenne. Or celle-ci est essentielle. Ce n'est vraiment pas cela qui va contribuer à accroître la participation des électeurs. Le DGE ne pourra plus discuter avec les gens des aspects du processus électoral ni faire de la prévention en ce qui concerne la fraude électorale. C'est particulièrement problématique.
Le DGE devra également demander l'autorisation du Conseil du Trésor avant d'engager des experts. C'est une grave ingérence dans le travail d'un haut fonctionnaire. Ce n'est pas très inhabituel, ici, puisqu'on sait que le gouvernement aime faire ce genre de chose. Toutefois, cela réduit l'efficacité de notre système électoral et menace encore une fois notre démocratie.
Le projet de loi va également mettre fin à l'authentification d'un électeur par un répondant. Cela peut sembler mineur, mais c'est très grave. Des gens n'auront plus la chance de voter. Prenons l'exemple d'une dame âgée qui n'a pas de permis de conduire et dont tous les comptes sont au nom de son mari. Elle ne pourra pas aller voter. On pourrait aussi prendre l'exemple d'un étudiant qui a sa carte d'étudiant mais qui n'a pas de permis de conduire. Ce jeune ne pourra peut-être pas aller voter.
Je veux ajouter aussi que les cartes d'information de l'électeur ne pourront plus être utilisées pour confirmer l'identité. On se retrouve donc face au même problème.
Le projet de loi fait également passer le seuil maximal des dons individuels de 1 200 $ à 1 500 $. Dans le processus électoral, on favorise encore et toujours les gens qui ont de l'argent. Pourquoi agit-on ainsi alors que le Québec a fait le contraire? Le Québec a abaissé le montant maximal des dons. Je ne vois donc pas pourquoi nous, nous faisons l'inverse. Cela n'a aucun sens.
Le projet de loi permettra aussi aux candidats d'injecter 5 000 $ dans leur propre campagne. Je vais donner un exemple très concret. Quand je me suis présentée pour mon parti, je n'avais pas d'argent, ou pas beaucoup. Si ce projet de loi avait été en vigueur, je n'aurais pas pu être candidate et je ne serais pas ici en ce moment. Or mes concitoyens me confirment que je suis à la hauteur de leurs attentes. On se priverait donc encore de gens de qualité qui n'auraient pas les moyens d'injecter de l'argent. On remet toujours l'argent au premier plan.
Comme je le disais plus tôt, beaucoup de comités voyagent dans le cadre de leurs études et c'est essentiel. Je ne vois pas pourquoi on se priverait d'aller consulter les Canadiens. Je veux le répéter, je crois que le gouvernement a peur de ce qui pourrait ressortir de ces consultations. Si cela peut rassurer mes collègues, j'ajouterai que je fais souvent des consultations dans ma circonscription, sur tout et rien. J'aime consulter mes concitoyens sur plusieurs sujets et connaître leurs pensées.
Le gouvernement devrait s'y mettre car c'est essentiel, surtout que ce projet de loi touche directement plusieurs tranches de la population qui auraient besoin de donner leurs opinions. On ne pourrait que faire un meilleur travail en consultant ces gens-là et en allant à leur rencontre, et non pas en les faisant venir à Ottawa, bien entendu. C'est vraiment important.
Comme je le disais précédemment, il faut dépenser pour les bonnes choses. Il faut aller de l'avant pour avoir un meilleur système électoral. Une réforme électorale serait une bonne chose, bien sûr, mais pas de cette façon. On n'emprunte pas la bonne voie actuellement. C'est mon avis et celui de tous mes collègues qui sont ici en ce moment. On n'impose pas ainsi des choses aux gens, en leur rentrant des choses dans la gorge et en leur disant que désormais ce sera ainsi. Notre pays ne fonctionne pas ainsi. C'est un pays démocratique où il fait bon vivre, et il faut continuer en ce sens. Or ce n'est pas ce que fait le gouvernement actuellement.
Ce gouvernement menace plusieurs choses actuellement et c'est très problématique. Si les conservateurs acceptaient cette motion, ce serait déjà un bon début, un pas dans la bonne direction pour consulter les gens et pour faire une vraie réforme électorale, avec les citoyens, finalement.
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Monsieur le Président, on pourrait penser que quelqu'un qui siège à la Chambre depuis aussi longtemps que le député connaît les règles.
Le projet de loi fait également en sorte qu'il sera plus difficile d'enfreindre la loi électorale. Il comble les lacunes permettant à l'argent d'avoir une influence indue en politique. Il propose de nouvelles pénalités pour les imposteurs politiques faisant des appels frauduleux et donne aux enquêteurs des pouvoirs accrus, un plus grand rayon d'action et une plus grande marge de manoeuvre.
La Loi sur l'intégrité des élections protège les électeurs contre les appels frauduleux grâce à la consignation des grandes campagnes téléphoniques dans un registre public, et prévoit des peines d'emprisonnement pour les personnes qui se font passer pour des fonctionnaires électoraux ainsi que des peines plus sévères. Elle accroît l'indépendance du commissaire aux élections fédérales, lui permettant de gérer son personnel et ses enquêtes comme il l'entend et de demander des sanctions plus sévères à l'égard d'infractions électorales existantes. En outre, elle établit plus d'une dizaine de nouvelles infractions pour contrer l'influence indue de l'argent ainsi que les appels et les votes frauduleux.
Elle interdirait le recours aux prêts utilisés pour contourner les règles relatives aux dons. Je suis certain que cette mesure résonne chez le député de .
Elle mettrait fin à l'interdiction visant la communication hâtive des résultats des élections, garantissant ainsi la liberté d'expression. Elle améliorerait le service à la clientèle offert aux électeurs et ajouterait un jour de vote par anticipation.
Lorsqu'un différend surviendrait au sujet de comptes de dépenses électorales, le député concerné pourrait s'adresser aux tribunaux, qui rendraient rapidement une décision, avant que le directeur général des élections ne demande la suspension du député.
La mesure législative rendrait les règles électorales claires, prévisibles et plus faciles à suivre.
Elle s'attaquerait à la fraude électorale en interdisant aux électeurs de voter sur la foi d'une déclaration d'un répondant ou en présentant seulement leur carte d'information de l'électeur au lieu d'une pièce d'identité en bonne et due forme. C'est cette disposition, la lutte contre la fraude électorale, qui sera au centre de mes observations aujourd'hui.
Chaque fois que des personnes exercent frauduleusement un droit de vote, elles annulent le vote d'un électeur honnête. Selon les études commandées par Élections Canada, le recours aux répondants a donné lieu à de très nombreuses irrégularités, et il arrive fréquemment que les cartes d'information de l'électeur comportent des erreurs. Les électeurs auront quand même le choix parmi 39 pièces d'identité pour prouver qui ils sont et où ils habitent.
La Loi sur l'intégrité des élections protégerait l'intégrité du scrutin en éliminant les pratiques risquées sujettes aux erreurs et aux irrégularités. Les mesures proposées dans le projet de loi renforceraient notre système électoral grâce à des réformes qui resserreraient la surveillance, la reddition de comptes et l'application de la loi tout en garantissant l'intégrité du vote et offrant davantage de possibilités aux Canadiens de voter.
Entre autres, le projet de loi comprend des mesures pour lutter contre la fraude électorale et accroître la confiance des Canadiens dans le processus électoral.
La disposition qui prévoit le système de répondant lors des élections générales a été appliquée en 2008 et en 2011 ainsi que lors d'élections partielles en 2007. Selon le rapport Neufeld, une étude produite pour le compte d'Élections Canada sur les lacunes administratives observées durant le scrutin de 2011, les procédures d'attestation de l'identité par un répondant sont extrêmement complexes et ont contribué aux irrégularités dans le processus électoral. En fait, lors des dernières élections générales, parmi un échantillon de bureaux de scrutin de la circonscription d'Etobicoke-Centre et lors des élections partielles dans Victoria, Durham et Calgary-Centre, des irrégularités ont été constatées dans 25 % des cas où les électeurs ont eu recours à l'attestation par un répondant. Selon un échantillon à l'échelle nationale basé sur les dernières élections, 42 % des cas où l'on a eu recours à un répondant présentaient des irrégularités.
M. Neufeld a déclaré ce qui suit:
Des erreurs graves, que les tribunaux qualifieraient « d'irrégularités » risquant d'entraîner l'annulation du vote, ont été observées dans 12 % des cas d'inscription le jour du scrutin, et dans 42 % des cas d'utilisation d'un répondant.
Selon le rapport, même en augmentant les mesures d'assurance de la qualité, le problème persisterait.
Voici ce qui est ressorti du rapport Neufeld. Je cite:
Parmi toutes les procédures d’exception administrées aux bureaux de scrutin, l’attestation d’identité par un répondant est incontestablement la plus complexe: elle est entachée d’irrégularités dans 25 % des cas en moyenne. Pendant deux des quatre élections étudiées, des conseillers à la conformité sur place (CCP) ont surveillé le processus, ce qui n’a pas empêché le taux d’irrégularités d’atteindre 21 % dans les cas de répondants. Ainsi, l’amélioration des programmes d’assurance de la qualité ne suffit pas quand une procédure est indûment complexe.
Il s’agit d’une procédure risquée sujette à un niveau élevé d’irrégularités, et augmenter les mesures d'assurance de la qualité ne permettrait pas de résoudre le problème. Voilà pourquoi le gouvernement a pris des mesures dans la Loi sur l'intégrité des élections afin d'éliminer cette pratique.
Outre l'élimination du recours à un répondant, la Loi sur l'intégrité des élections propose d'inclure des mesures visant à mieux communiquer aux électeurs les types de pièces d'identité acceptées aux bureaux de scrutin. Les Canadiens ignorent souvent quelles pièces d'identité sont acceptées pour voter. La Loi sur l'intégrité des élections répond à cette lacune en obligeant le directeur général des élections à communiquer aux Canadiens quels sont les documents d'identité acceptés pour voter.
Selon des études, la plupart des électeurs possèdent des pièces d'identité sur lesquelles figurent leur nom et leur date de naissance. Voici ce qu'a dit à ce sujet la Conférence pour l'harmonisation des lois au Canada:
La plupart des électeurs possèdent des pièces d'identité portant leur date de naissance [...]
La preuve de résidence est le document qu'ont le plus de difficulté à fournir les électeurs [...]
Il ne manque pourtant pas d'options. Les Canadiens ont le choix parmi 39 pièces d'identité sur lesquelles sont inscrits leur nom et leur adresse; ils doivent en présenter deux. La plupart des Canadiens n'ont pas de mal à prouver leur nom. Pour leur adresse, par contre, il peuvent présenter un document officiel délivré par l'autorité responsable d'un refuge, d'une soupe populaire, d'une résidence pour étudiants ou pour personnes âgées ou d'un établissement de soins de longue durée. Il peut s'agir d'une attestation de résidence ou de séjour, d'un formulaire d'admission ou d'un relevé de prestations. Je ne pense pas qu'avec toutes les options offertes, un seul Canadien soit dans l'impossibilité de prouver son identité.
Je ne ferai pas la liste des 39 pièces d'identité admissibles, mais je tiens quand même à nommer les plus courantes, celles que la plupart des Canadiens ont en leur possession: permis de conduire, carte d'assurance-maladie, passeport canadien, certificat de citoyenneté canadienne, acte de naissance, certificat de statut d'Indien, carte d'assurance sociale, carte de la Sécurité de la vieillesse, carte étudiante, carte de bibliothèque, carte de transports en commun, carte d'identité des Forces canadiennes, carte-santé des anciens combattants, bracelet d'hôpital pour les personnes qui habitent dans un établissement de soins de longue durée, lettre d'un tuteur légal, du curateur public, d'un administrateur public ou relevé de carte de crédit.
Je n'ai donné que 16 exemples sur les 39 qui existent. Les députés ont ainsi une bonne idée du nombre de pièces d'identité que les électeurs peuvent présenter.
D'après Élections Canada, environ 120 000 électeurs ont eu recours à un répondant aux dernières élections. Or, ces gens auraient pu prouver leur identité autrement si on leur avait mieux expliqué les exigences de la loi ainsi que les options qui s'offraient à eux. La Loi sur l'intégrité des élections obligerait Élections Canada à indiquer aux citoyens quelles pièces d'identité ils peuvent présenter à leur bureau de scrutin. Cette mesure importante fournira aux électeurs les connaissances dont ils ont besoin pour savoir de quelles pièces d'identité ils doivent se munir avant de prendre le chemin des urnes.
La loi se penche aussi sur le cas de la carte d'information de l'électeur. Il s'agit de la fiche qu'envoie Élections Canada, au début de chaque campagne électorale, à tous ceux dont le nom est inscrit sur la liste électorale. On y trouve l'adresse ainsi que les dates et les heures d'ouverture des bureaux de scrutin et des bureaux de vote par anticipation. Les gens qui s'inscrivent sur la liste électorale pendant la période de révision en reçoivent une eux aussi. La carte d'information de l'électeur est essentielle, car elle informe les citoyens de l'endroit et du moment où ils peuvent aller voter.
Toutefois, ces cartes ne sont pas utilisées comme pièce d'identité ou preuve de résidence dans les bureaux de vote, sauf à l'occasion de quelques projets pilotes réalisés par Élections Canada, et les données recueillies nous indiquent qu'accepter ces cartes comme pièce d'identité augmente les risques de fraude électorale. Il arrive régulièrement que des cartes d'information contenant des erreurs soient envoyées aux électeurs. Ces cartes peuvent être utilisées pour enfreindre la loi électorale en votant plus d'une fois ou en votant dans la mauvaise circonscription.
Selon un rapport d'Élections Canada sur les dernières élections, l'adresse indiquée dans le registre national des électeurs est erronée dans le cas de presque un électeur admissible sur six. C'est l'information provenant du registre qui est reproduite sur les cartes d'information de l'électeur. Autrement dit, une carte sur six contient de l'information erronée. C'est pourquoi la Loi sur l'intégrité des élections interdirait l'utilisation des cartes d'information de l'électeur comme pièce d'identité admissible.
Comme je l'ai démontré, une vaste gamme de pièces d'identité à la fiabilité éprouvée pourraient être présentées dans les bureaux de vote. Il ne serait d'aucune utilité d'ajouter les cartes d'information de l'électeur à la liste des pièces d'identité admissibles, puisque ces cartes ne sont apparemment pas un moyen fiable d'identifier un électeur.
Les Canadiens doivent avoir confiance en notre démocratie et notre processus électoral. Ils doivent savoir comment voter, bien sûr, mais ils veulent avoir l'assurance que les votes légitimes ne sont pas annulés par des votes illégitimes.
Comme j'ai pu vous le montrer aujourd'hui, la Loi sur l'intégrité des élections représente un très bon train de mesures pour que les Canadiens puissent manifester la confiance qu'ils souhaitent et qu'ils méritent à l'égard du processus électoral. Grâce à l'élimination du recours à un répondant et grâce à la communication des nombreux types de pièces d'identité admissibles dans les bureaux de vote, je crois que la fraude électorale serait beaucoup plus rare.
Les nouvelles dispositions sur les élections ont beaucoup amélioré l'identification des électeurs, par rapport à la situation qui existait il y a une dizaine d'années.
Évidemment, l'important débat concernant ce projet de loi va se poursuivre, y compris lors de l'étude par le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Les parties intéressées, divers intervenants et le reste des Canadiens auront l'occasion de faire connaître leur point de vue.
Je fais entièrement confiance au comité, dont je suis membre, pour voir à ce que l'étude du projet de loi et les audiences aient lieu de manière à ce que nous puissions examiner en profondeur les problèmes soulevés.
Je ne crois pas que le comité ait besoin de recevoir des directives de la Chambre pour y arriver.
C'est pourquoi je n'appuierai pas la motion. J'invite une fois de plus les députés à s'opposer à cette motion.
J'espère que demain, au Comité de la procédure et des affaires de la Chambre, l'obstruction cessera, que la liste des témoins sera établie et que nous commencerons à tenir des audiences complètes, rigoureuses et en bonne et due forme sur le projet de loi. Nous avons déjà entendu le ministre. Il a comparu devant le comité, y a passé une heure et a répondu à toutes les questions qui lui ont été adressées. Puis, dès que le ministre a eu terminé, l'obstruction du NPD a commencé. J'espère que demain, au comité, nous ferons le travail pour lequel nous paient les Canadiens, c'est-à-dire étudier rigoureusement et minutieusement le projet de loi et inviter des dizaines de témoins à donner leur avis d'expert sur le projet de loi. J'ai hâte d'entendre le témoignage des Canadiens à la Chambre des communes lorsque le comité reprendra le bon travail qu'il doit faire au nom de tous les Canadiens.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec la députée de . À bien y penser, Louis Saint-Laurent a été premier ministre du Canada.
À écouter le député de expliquer comment il voit les fonctions du comité, les Canadiens qui regardent de près sans faire trop attention finiront par croire à Cendrillon et à la bonne fée, sa marraine.
Le Comité des finances a dû étudier des projets de loi omnibus pour lesquels 3 000 amendements ont été proposés. Nous avons voté pendant 55 heures, et les conservateurs n'ont pas accepté un seul amendement. Ils essaient maintenant de nous faire croire que tout est merveilleux aux comités.
Je suis fier que le député d', la circonscription voisine de la mienne, défende la démocratie telle que nous la comprenons et empêche les gens d'en face d'essayer de nous imposer un projet de loi qui est imparfait, voire mauvais.
J'essaie toujours de voir ce qui est bon dans les gens. Jusqu'à maintenant, cette approche m'a servi dans la vie. Je crois sincèrement qu'un grand nombre de membres du Parti conservateur qui ont brigué les suffrages voulaient vraiment servir les Canadiens, leurs voisins. Je pense également que beaucoup sont venus au Parlement dans le but d'en faire un endroit meilleur, mais je dois maintenant poser une question à ces mêmes bons députés conservateurs partisans de la démocratie: comment en est-on arrivé là?
Le plus gros problème de ce projet de loi, ce n'est pas la partie sur le recours à un répondant. En écoutant les discours successifs des députés ministériels, on pourrait croire que le seul problème que l'opposition a trouvé concerne la preuve d'identité par un répondant. C'est très loin d'être la réalité. Il y a beaucoup d'autres problèmes.
Je dois demander comment ces conservateurs en faveur de la démocratie qui sont au pouvoir en sont arrivés à se sentir assez puissants pour croire qu'ils ont le droit, et qu'il est juste et approprié, d'empêcher des dizaines de milliers de Canadiens de participer au processus démocratique.
L'arrogance de quelques députés d'en face est assez stupéfiante. L'un d'entre eux aurait déclaré récemment que la tenue d'audiences pour les Canadiens revêt à peu près la même importance que le cirque. Ce même député doit estimer que les Canadiens désireux de se présenter devant ce cirque sont des clowns.
Selon le député d', qui siège au Comité de la procédure et des affaires de la Chambre, les conservateurs ont d'abord manifesté un intérêt à l'égard d'éventuelles audiences dans tout le pays. Mais soudainement, ils ont fait volte face. Comme le député d' l'a dit plus tôt aujourd'hui, le couperet est tombé. La question doit maintenant être débattue ici, au niveau le plus élevé du Parlement, afin d'obtenir une réponse du Parlement, et non du Cabinet du .
La motion de l'opposition vise à donner au Parlement l'occasion d'orienter le comité dans une direction qui, selon nous, lui permettrait de bien faire son travail et de se rendre dans toutes les régions pour entendre des témoins qui ne peuvent pas nécessairement venir à Ottawa. Des représentants d'Élections Canada témoigneront devant le comité. Nous espérons que tous les partis politiques s'entendront sur les témoins à convoquer, mais des représentants de Premières Nations, des groupes de lutte contre la pauvreté, des groupes représentant des personnes handicapées, des groupes de défenseurs des jeunes, des étudiants et d'autres ont publiquement exprimé leurs préoccupations.
Entre autres problèmes, mentionnons que ce projet de loi risque de priver de leur droit de vote des dizaines de milliers d'étudiants, de personnes âgées, d'Autochtones, de Canadiens à faible revenu et de sans-abri. Voilà un grave problème que pose ce projet de loi. Nous devons nous présenter à la Chambre et demander au Parlement de permettre la tenue d'un dialogue adéquat sur ce projet de loi qui a une incidence sur notre démocratie.
Les membres des comités responsables du commerce font des voyages pour étudier diverses questions liées au commerce, y compris l'accord avec l'Union européenne. Je n'ai pas de critique à formuler à propos de ces voyages, car ils sont importants.
Encore une fois, je tiens à dire que, lorsque nous songeons à apporter des changements à une loi qui aura des répercussions sur le droit de vote de la population, nous devons faire preuve de prudence. C'est important.
Avant de siéger ici, j'étais commissaire scolaire. L'un des aspects de mon travail que j'aimais beaucoup était la possibilité de discuter avec des jeunes de quatrième et de cinquième année et de répondre à leurs questions sur la démocratie. Depuis que je suis député, je suis retourné dans bon nombre de ces écoles pour m'entretenir avec ces enfants.
Il serait ridicule d'interdire à Élections Canada de renseigner les enfants au sujet de la démocratie ou d'encourager les gens à voter. Il est important qu'Élections Canada mette les Canadiens en garde contre la fraude électorale. Les particuliers doivent savoir quels sont les problèmes qui peuvent survenir afin de pouvoir les signaler, le cas échéant.
À mon avis, le tente d'utiliser des tactiques de suppression de votes, comme cela se fait aux États-Unis, et de laisser l'argent avoir une influence indue sur le processus électoral canadien. Les conservateurs ont mis fin au débat et ils essaient de faire adopter à toute vapeur un projet de loi qui vise à empêcher certaines personnes de voter. Ne s'agirait-il pas de personnes susceptibles de voter pour un autre parti?
Cette mesure législative privera Élections Canada de ses pouvoirs d'enquête.
Il me semble que, si nous nous rendions dans les diverses régions du pays, nous pourrions entendre d'excellents témoignages de gens qui ne sont peut-être pas en mesure de venir ici. Je pense tout de suite aux professeurs dans les universités.
La mesure législative propose de priver le directeur général des élections de l'un de ses pouvoirs, qui consiste à entreprendre des activités de sensibilisation du public. Je reviens là-dessus parce qu'il s'agit d'un aspect fondamental. Le directeur général des élections devrait obtenir l'approbation du Conseil du Trésor pour embaucher des spécialistes techniques. N'a-t-on pas confié la responsabilité de ce dossier à une personne? Pourquoi celle-ci ne serait-elle pas en mesure d'obtenir l'aide de spécialistes techniques? C'est étrange.
Pour ce qui est des cartes d'identité des électeurs, à mon avis, le gouvernement fait de la manipulation pour continuer de mettre l'accent sur le recours à un répondant et les cartes d'identité. De toute évidence, il y a d'autres aspects problématiques.
Le projet de loi propose de modifier les sommes que les gens peuvent se donner eux-mêmes pour financer leur propre campagne en faisant passer ce montant à 5 000 $. Ceux qui se portent candidats à la direction d'un parti pourront quant à eux fournir jusqu'à 25 000 $ pour leur propre campagne. Ainsi, les personnes qui ont beaucoup d'argent auraient un avantage par rapport à celles qui sont moins fortunées. La démocratie consiste à donner à tous la même chance de siéger ici.
Le projet de loi est déplorable en soi, mais en plus il lui manque des éléments.
Je l'ai dit à maintes reprises à la Chambre: la véritable raison d'être des comités, c'est la collaboration. Lorsque le gouvernement présente un projet de loi, je considère que l'opposition a la responsabilité de tenter de l'améliorer. Dans notre comité, nous en sommes rendus au point où nous nous campons trop souvent dans nos positions respectives et où l'amélioration du projet de loi n'est plus possible.
Pour conclure, j'aimerais revenir sur un point fondamental. Les députés bien intentionnés devraient prendre le temps de réfléchir à ce qu'ils s'apprêtent à faire. Nous sommes sur le point de participer à un processus qui limiterait le droit de vote au pays. En effet, le projet de loi limiterait artificiellement la capacité des Canadiens de voter dans des élections fédérales et de choisir un gouvernement.
Pour nous, de ce côté-ci de la Chambre, il est très clair que nous devons commencer à nous préoccuper des gens qui seraient privés de leur droit de vote. C'est déjà le cas de bien des personnes dans la société, pour toutes sortes de raisons. Plusieurs d'entre elles vivent dans la pauvreté. Les Autochtones sont privés de leur droit de représentation. Ce projet de loi viendrait ajouter une entrave supplémentaire, à défaut d'un meilleur terme.
Nous pouvons faire mieux. Les députés devraient vraiment penser à entendre le point de vue des Canadiens. Ils devraient faire confiance au genre de démocratie que les Canadiens méritent.
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Monsieur le Président, je suis très contente de pouvoir parler de cette motion, aujourd'hui. C'est vraiment primordial de se pencher comme il faut sur l'étude du projet de loi . Non seulement notre motion qui demande d'aller tenir des audiences publiques un peu partout au Canada sur le sujet est très raisonnable, mais ces audiences sont absolument essentielles pour mieux comprendre notre démocratie canadienne et pour améliorer au maximum la Loi électorale du Canada, comme elle devrait l'être.
Personnellement, j'ai la chance de siéger au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, comité dont il est question aujourd'hui et auquel on demande d'aller faire ces consultations. En tant que vice-présidente du comité, depuis un peu plus d'un an, j'ai eu la chance de participer à beaucoup de débats. Entre autres, au tout début de cette période, nous avons justement eu à analyser les recommandations du directeur général des élections. Le comité a également eu à produire un rapport sur ce qu'il pensait de ces recommandation et sur les changements à la Loi électorale du Canada qu'il recommandait au gouvernement.
Après les élections de 2008, le directeur général des élections a émis une cinquantaine de recommandations. Certaines étaient mineures, d'autres, très importantes. Elles auraient corrigé les problèmes principaux de la Loi électorale du Canada. Quand cela est arrivé au comité, le processus a été vraiment très long, et nous avons eu un très grand nombre de discussions.
Cependant, l'énorme avantage du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre — un de mes collègues ici présent peut en témoigner —, c'est qu'il s'agit de l'un des comités qui fonctionnent le mieux sur la Colline, selon moi. La plupart du temps, les choses se règlent par consensus et par compréhension mutuelle, et nous réussissons presque toujours à trouver un terrain d'entente qui fait l'affaire de tout le monde. C'est l'avantage d'avoir à traiter de choses qui, normalement, ne devraient pas être partisanes.
Pour ce qui est des recommandations du directeur général des élections, j'ai trouvé à l'époque que c'était une excellente discussion. Finalement, nous avions pu faire un rapport sur lequel la majorité des membres du comité s'entendaient. Ils trouvaient qu'un très grand nombre des recommandations du directeur général des élections étaient intéressantes.
Maintenant, on se retrouve avec ce projet de loi qu'on attend depuis très longtemps. Cela fait très longtemps que ces changements sont demandés. Cela fait longtemps que le comité a déposé son rapport; cela fait longtemps que le NPD, en réponse à de gros problèmes de fraude électorale, a fait adopter unanimement sa motion à la Chambre pour dire quels changements précis étaient demandés à la Loi électorale du Canada et devaient être faits le plus rapidement possible. En effet, il y a urgence. Le directeur général des élections a été très clair. Il faut absolument que les changements soient adoptés le plus rapidement possible pour qu'il puisse les mettre en place à temps pour l'élection de 2015.
Si on ne veut pas se retrouver avec d'autres fraudes massives, comme il y a eu avec les appels robotisés ou différentes choses qu'on a pu voir lors de l'élection de 2011, comme des suppressions de vote, oui, des changements importants doivent absolument être faits le plus vite possible. Or le projet de loi contient un tas de choses qui sortent de nulle part et qui n'apportent de solution à rien. C'est ce qui est problématique.
Par exemple, pour ce qui concerne l'usage de répondant, le directeur général des élections avait émis une excellente recommandation: pour avoir le moins possible de problèmes et d'erreurs administratives, il fallait pouvoir engager à l'avance des travailleurs d'élection. Effectivement, présentement, il n'a pas ce pouvoir. Il demandait donc à pouvoir engager ses travailleurs d'élection plus tôt dans le processus, leur donner une bonne formation qui dure plus longtemps et ne pas être à la dernière minute et dans la précipitation. On aurait alors pu réduire considérablement le nombre d'erreurs administratives qui ont lieu pendant la journée de l'élection. Est-ce dans le projet de loi? Non. On décide plutôt d'éliminer complètement ce système qui permettait à des gens de voter, comme les groupes de jeunes, les personnes vivant en milieux ruraux et d'autres. Ce projet de loi leur enlève complètement ce droit.
Il est donc absolument primordial d'aller entendre l'avis des gens qui seront le plus touchés par ce projet de loi. On parle ici des personnes à mobilité réduite, des personnes âgées, des membres des Premières Nations et des étudiants.
J'aimerais m'attarder sur le groupe des jeunes et des étudiants, car c'est vraiment un sujet qui me tient à coeur. Au printemps dernier, j'ai moi-même déposé au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre une motion pour étudier la participation électorale des jeunes.
On sait que c'est un problème majeur, car les jeunes votent de moins en moins. Les chiffres sont vraiment alarmants. À l'élection de 2011, le groupe de jeunes de 18 à 24 ans était de loin celui avec le plus bas taux de participation, soit 38,8 %. Cela veut dire qu'à peine 38 % des jeunes de 18 à 24 ans sont allés voter la journée de l'élection. Plusieurs de ceux qui l'ont fait ont utilisé la carte d'identité de l'électeur ou ont eu recours à un répondant. La participation des jeunes aux élections est présentement à un niveau très faible et catastrophique. En outre, on dit maintenant que certains d'entre ceux qui ont voté en 2011 n'auraient pas pu le faire si ces mesures avaient été en place.
En plus de cela, le ministre n'arrête pas de répéter que son projet de loi contribuera à améliorer la participation des jeunes aux élections. Le problème, c'est qu'on n'est pas en 1984 et que l'ignorance n'est pas une force. Ce n'est pas parce que le ministre dit que le projet de loi améliorera la participation des jeunes que, par magie, c'est ce qui arrivera. La réalité est que si les conservateurs étaient vraiment intéressés à améliorer la participation électorale des jeunes, pourquoi enlèveraient-ils la carte d'identité de l'électeur comme possibilité d'identification pour aller voter, et pourquoi enlèveraient-ils le recours à un répondant? Ces mesures sont reconnues comme étant une des plus grandes aides possible pour faciliter le vote des jeunes et des étudiants.
Pour revenir au coeur de notre motion, si les conservateurs sont tellement convaincus du bien-fondé de leur mesure, s'ils sont tellement convaincus qu'elle va vraiment aider les jeunes à aller voter davantage, pourquoi n'irait-on pas les consulter? Pourquoi n'irait-on pas, partout au Canada, rencontrer les groupes les plus touchés et leur demander s'ils pensent vraiment que ces mesures contribueront à améliorer la participation des gens à chaque élection?
Quand je constate les réponses des conservateurs, et comment ils n'ont aucune intention ou envie d'aller faire ce genre de consultations, ça m'indique qu'ils savent très bien ce qu'ils sont en train de faire. J'estime qu'ils sont parfaitement conscients que ces mesures nuiront à la participation des jeunes aux élections. C'est cela leur but. C'est cela qu'ils recherchent.
En général, le processus de consultation ou le fait d'aller voir les gens directement pour demander leur avis au sujet de quelque chose d'aussi fondamental que notre démocratie, n'est pas compliqué. En fait, c'est une pratique très répandue dans les comités.
Il y a deux ans, j'ai eu la chance de participer à une mission diplomatique du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international. Je suis allée en Ukraine avec un groupe de députés de tous les partis pour tenir des audiences publiques. Toute la journée, des gens d'un peu partout venaient nous parler de la démocratie en Ukraine, soit comment ça fonctionnait, ce qui pourrait être amélioré, quels étaient les problèmes majeurs et quels étaient les obstacles à la démocratie en Ukraine.
Nous ne sommes pas seulement restés à Kiev. Nous sommes allés un peu partout, dans toutes les régions. Nous sommes allés à Kharkiv dans l'est et à Lviv dans l'ouest. Nous nous sommes promenés. Nous sommes allés voir les gens. On a été ainsi capables d'avoir un vrai tableau de la réalité là-bas. Si on était restés ici, au sous-sol de l'édifice du Centre, et qu'on avait dit aux Ukrainiens de nous appeler sur Skype et de nous expliquer ce qui se passait dans leur pays, je ne pense pas qu'on aurait été capables de comprendre la situation comme on l'a comprise.
Ce fut une occasion extraordinaire. C'est une chose que le Parlement doit faire et c'est génial. Mais pourquoi ne peut-on pas faire la même chose ici, dans notre propre pays? Pourquoi ne peut-on pas dire qu'il y a quelque chose de vraiment important à faire, soit aller dans toutes les régions de notre pays pour voir les gens et leur dire dans quel état est notre démocratie, les changements proposés et leur demander ce qu'ils en pensent, et quelle est la réalité?
Il faut aller au centre-ville de Vancouver où il y a des problèmes de sans-abri. Il faut aller consulter des Autochtones dans le Nord. Il faut aller à tous ces endroits où il y a des problèmes majeurs. Ce n'est pas grand-chose pour essayer d'améliorer au maximum la démocratie dans notre pays, le Canada.
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Monsieur le Président, je tiens à participer au débat. J'ai écouté avec beaucoup d'intérêt les interventions et certaines d'entre elles, pour être honnête, étaient quelque peu surjouées compte tenu de la nature du débat.
Je siège depuis plus d'une décennie au Comité de la procédure et des affaires de la Chambre. Bien des gens me demandent comment je fais pour siéger à un comité si inintéressant et pour ne pas m'y endormir. Or, comme les députés peuvent le constater, plaisir, voyage et grandes envolées théâtrales sont parfois au rendez-vous.
La motion propose que le comité prenne trois mesures dans le cadre de l'étude du projet de loi , Loi modifiant la Loi électorale du Canada.
Tout d'abord, la motion propose que des témoins comparaissent, et elle fournit une liste de témoins que j'estime très raisonnable:
[...] les témoins suivants, mais sans s’y limiter, Élections Canada, les partis politiques au sens de la Loi électorale du Canada, le ministre d’État qui a présenté le projet de loi, des représentants des Premières Nations, des organismes anti-pauvreté, des organismes représentant les personnes handicapées, des organismes représentant les jeunes et les étudiants, ainsi que des organismes particuliers qui ont été actifs au sein de la société dans le dossier des règles électorales [...]
On ne peut rien reprocher à cette liste, et il me vient en tête d'autres témoins que l'on pourrait y ajouter.
Je passe immédiatement à la troisième mesure, qui habiliterait le comité:
[...] à ne procéder à l’étude article par article du projet de loi qu’une fois ces audiences terminées, l’objectif étant de commencer l’étude article par article le jeudi 1er mai 2014.
Il s'agit probablement d'un échéancier plus ou moins raisonnable, et on pourrait ergoter sur la question, mais, dans l'ensemble, je ne pense pas que ce soit déraisonnable.
Voici, enfin, la deuxième mesure de la motion, qui habiliterait le comité:
[...] à se rendre dans toutes les régions du Canada (le Canada atlantique, le Québec, l’Ontario, le Nord de l’Ontario, les Prairies, la Colombie-Britannique et le Nord), ainsi que dans des centres-villes et des localités rurales et éloignées, et que le Comité demande à effectuer ces déplacements en mars et avril 2014 [...]
Je suis membre du comité, et je devrais donc participer à cette tournée. Faisons abstraction du fait que je n'ai jamais pensé que le Nord de l'Ontario était une région de l'envergure du Québec, disons — et rien ne sert d'en débattre —, j'estime que toutes les régions du pays où nous pourrions aller sont bien représentées. Voici le problème: le fait de se déplacer autant ne nous permettrait pas d'entendre davantage de témoins qui ont des observations valables et intelligentes à formuler.
J'ai eu la chance d'être de la dernière tournée du Comité de la procédure et des affaires de la Chambre, il y a une dizaine d'années. Je pense qu'il ne reste que moi au comité qui était du groupe qui a parcouru la planète pour recueillir des idées pour une réforme électorale. Nous avons divisé le comité en deux groupes. Certains d'entre nous sont allés en Australie et en Nouvelle-Zélande tandis que d'autres sont allés en Allemagne et en Écosse pour étudier leur système électoral. Nous examinions des systèmes électoraux différents de celui que le Canada avait à l'époque et a encore aujourd'hui.
J'ai rédigé un article sur mes expériences, dont j'ai, incidemment, une copie ici. Il s'intitule « La voie vers la réforme électorale ». C'est un article que j'ai publié dans la Revue parlementaire canadienne à l'automne 2005, et dans lequel j'ai fait l'observation suivante:
Le 1er février 2005, les membres du Comité (dont moi-même) ont voté un budget de voyage de 289 695 $ pour les missions en Europe et en Océanie. Pendant que le Comité était à l’étranger, [...] [un] membre [du comité] s’est plainte aux médias de l’énormité du budget de voyage.
Ce n'est pas moi qui me suis plaint, mais un membre du comité qui, à l'époque, siégeait pour le Parti libéral et qui siège maintenant comme néo-démocrate. Toutefois, je convenais à l'époque, et je conviens toujours, que nous n'en avons pas eu pour notre argent. Je présume que, cette fois-ci, nous pourrions voyager à moindres frais que lorsque nous sommes allés aux quatre coins du monde.
Tout d'abord, le comité avait insisté pour voyager en classe affaires. Je suis certain que nous pourrions tous accepter de voyager en classe économique, au mieux, et peut-être emprunter d'autres moyens de transport. La dépense a été un peu élevée, en partie parce que, comme tous les comités, nous avions dû faire venir des traducteurs, des greffiers et tout un personnel, pour pouvoir fonctionner comme un comité, où que nous allions. Cependant, cela semble une grosse dépense qui n'a pas donné grand-chose.
Depuis cette époque, je préside le Sous-comité des droits internationaux de la personne. Le sous-comité entend souvent des experts des quatre coins de la planète, qui témoignent par vidéoconférence. La vidéoconférence s'est beaucoup s'améliorée depuis 9 ou 10 ans. La qualité est excellente, que les témoins soient dans un pays industrialisé ou ailleurs. Grâce à cette technologie, on peut entendre le témoignage de gens de partout sans avoir à se déplacer. On peut aussi fournir les services d'interprétation simultanée.
J'aimerais aussi souligner que nous entendons souvent deux témoins pendant la même tranche horaire. Juste avant le dernier congé parlementaire, en fait, nous avons entendu un témoin qui était à Ottawa alors qu'un autre témoignait par vidéo. Nous avons donc obtenu deux témoignages pour le prix d'un pendant l'heure qui nous était allouée. Cette façon de faire est impossible quand on est en déplacement, à moins d'avoir aussi accès à un système de vidéoconférence, ce qui fait grimper les coûts. Je ne vois pas en quoi cela nous rendrait plus efficaces.
En fait, quand il s'agit d'enjeux qui touchent, par exemple, des groupes urbains, des centres-villes ou des régions éloignées, beaucoup d'observations se recoupent, mais il y a aussi des points de divergence. L'idéal, pour bien cerner ces enjeux, c'est de créer des interactions comme celles que permet la vidéoconférence. On peut créer ces interactions plus facilement à partir de nos locaux que lorsqu'on est en déplacement.
Supposons, par exemple, que nous souhaitons examiner une certaine infrastructure. Si on envisage de creuser un tunnel dans les Rocheuses pour y faire passer une voie ferrée, oui, le déplacement peut en valoir la peine. Mais dans d'autres genres de situations, je ne vois pas quel serait l'avantage d'un voyage.
La Cour suprême du Canada a entendu une cause très intéressante il y a environ un an et demi. Un ancien député libéral, Borys Wrzesnewskyj, remettait en question l'élection d'un député actuel de la Chambre, le député d'. Le coeur du litige: il fallait déterminer si certains votes étaient admissibles, plus précisément les votes de pensionnaires d'une résidence à accès protégé hébergeant des personnes très âgées qui bénéficiaient de soins 24 heures sur 24, et qui avaient voté sans qu'aucun répondant ne confirme leur identité.
Fait intéressant, lors de cette élection, les libéraux considéraient que les personnes en question n'auraient pas dû avoir le droit de voter, car on n'avait pas eu de recours à des répondants. C'est aux antipodes de la position qu'ils défendent aujourd'hui.
Toutefois, ce qui est intéressant dans cette affaire, c'est que la Cour suprême du Canada a tenu des audiences à Ottawa; elle a pu le faire sans avoir à se rendre sur place. Il est déjà arrivé, en de très rares occasions, que la Cour suprême et d'autres tribunaux se rendent sur place. Cela arrive parfois, en cas d'enquête sur un meurtre, par exemple. Cependant, cette fois-là, elle n'en a pas senti le besoin, car c'était inutile.
C'est à Ottawa que nous sommes le mieux placés pour nous pencher sur les questions dont nous sommes saisis. En voilà un excellent exemple.
Pendant que je parlais, j'ai entendu un député faire remarquer que la Cour suprême avait rendu une décision partagée. C'est vrai. À vrai dire, il y avait un point de vue majoritaire et un minoritaire. J'ignore en quoi cela concerne la question de savoir si elle devait se déplacer. Ma foi, imaginons tout d'abord que nous ne puissions avoir de décision partagée, que la Chambre ne puisse tenir que des votes unanimes, sans parler de la Cour suprême. Je ne vois donc pas à quoi le député peut bien s'opposer.
Toutefois, personne n'a soulevé d'objection. Personne, à la Cour suprême ou ailleurs, ne s'est opposé à la tenue de ces audiences à Ottawa. C'était le meilleur endroit où écouter les arguments.
À entendre les propos extraordinaires tenus par certains députés dans le cadre du débat, on pourrait croire qu'il est question de violations des droits civils et des droits des électeurs semblables à ce qui se voyait dans le Sud des États-Unis avant les années 1960.
Je regarde une pétition disponible en ligne invitant les gens à écrire au sujet du projet de loi . Elle présente des affirmations inexactes.
Les cartes d’électeurs ne seront dorénavant plus acceptées en vertu du projet de loi C-23. Cela va empêcher des milliers d’étudiants, d’aînés et d’Autochtones de voter.
En fait, aux termes du projet de loi , c'est la carte qui rappelle aux personnes d'aller voter qui ne sera pas acceptée comme pièce d'identité. C'est très différent de ce qu'on insinue, à savoir que les pièces d'identité des gens ne seraient plus acceptées. Bien sûr, ce projet de loi n'empêcherait personne de voter.
Je viens de donner l'exemple de Borys Wrzesnewskyj qui contestait l'élection de l'actuel député d'. En fait, ce qu'il disait, c'est qu'il faut priver du droit de vote les gens qui ne répondent pas à la définition très technique, et très restreinte, de l'article 3 de la Charte. C'est la position qu'a défendue le NPD. On n'a pas tenu compte de la position plus globale voulant qu'on a le droit de voter.
Le NPD utilise ce genre de langage. Voici un autre exemple de la même pétition:
Le projet de loi C-23 rendra plus difficile pour les étudiants, les aînés, les Autochtones et les Canadiens ayant un faible revenu de prouver leur droit de vote, et empêchera des milliers de Canadiens de voter.
Le fait est que beaucoup de personnes ont de la difficulté à aller voter pour diverses raisons, notamment les aînés — car ils ne possèdent pas tous une pièce d'identité que nous prenons pour acquise, comme un permis de conduire —, les étudiants, les Autochtones, sans oublier les personnes handicapées, surtout celles à mobilité réduite.
J'aimerais ajouter d'autres groupes, notamment les personnes ayant déménagé récemment. La motion du NPD ne parle pas des personnes qui vivent dans les banlieues. Je crois que le succès fulgurant que le NPD a remporté dans les banlieues lui a fait oublier jusqu'à leur existence. Les banlieues construites récemment partout au pays n'ont pas été répertoriées correctement. À chaque élection, c'est là que le bât blesse.
Lorsque j'ai été élu pour la première fois, je me rappelle très bien que le quartier de Morgan's Grant, à Kanata, une banlieue d'Ottawa, venait d'être construit. En 2000, c'était un nouveau quartier, mais plus maintenant. Il y avait cinq ou six fois plus d'électeurs qui faisaient la file à l'isoloir réservé aux électeurs de ce quartier qu'à n'importe quel autre isoloir dans ce bureau de vote. En conséquence, après la fermeture du bureau de vote, il a fallu plus d'une heure pour que tout le monde puisse voter, simplement parce qu'Élections Canada n'était pas au courant que tant de gens vivaient dans ce quartier qui, sur ses cartes, était représenté par des champs vides.
Tous ces gens ont de véritables problèmes à surmonter pour exercer leur droit de vote. Ils doivent savoir comment l'exercer. Comment peuvent-ils le savoir? Ils le peuvent si Élections Canada fait des campagnes d'information qui leur permettent d'apprendre, par exemple, comment il leur est possible de voter s'ils viennent de déménager à un endroit et n'ont pas reçu leur carte d'information d'électeur ou encore s'ils ont reçu une carte leur indiquant le mauvais emplacement pour voter. C'est un problème fréquent. Nous avons beaucoup entendu parler des prétendues manoeuvres du Parti conservateur pour envoyer les gens voter au mauvais endroit.
Permettez-moi d'indiquer à la Chambre ce qui s'est passé dans ma circonscription. Lorsque la circonscription de Lanark—Frontenac—Lennox and Addington a été créée, en 2004, les habitants de la municipalité de Perth se sont fait dire d'aller voter au village de Perth Road, ce qui avait l'air logique pour le directeur du scrutin. Ce dernier connaissait mal le comté de Lanark, qui avait été ajouté à la circonscription. Or, le village de Perth Road est sur la route qui relie la municipalité de Perth à la ville de Kingston. Le village de Perth Road est à une heure de route de Perth. Par conséquent, les habitants de cette municipalité devaient aller voter à un endroit où ils étaient littéralement incapables de se rendre.
Que doivent faire les gens lorsqu'Élections Canada leur indique d'aller voter au mauvais endroit? Que doivent-ils faire s'ils se rendent au bureau de vote où ils ont l'habitude d'aller et n'y trouvent pas le formulaire à remplir pour pouvoir voter à un endroit différent? Sont-ils privés de leur droit de vote? Voilà les questions auxquelles les gens devraient obtenir des réponses, mais, bien entendu, on ne leur fournit pas ces réponses.
Actuellement, les campagnes d'information portent sur les raisons pour lesquelles les gens devraient voter. Nous avons tous vu des annonces de ce genre lors des élections. Je me doute qu'elles sont extraordinairement inefficaces pour mobiliser l'électorat. Elles pointent constamment du doigt les électeurs, auxquels on reproche de ne pas aller voter par manque de motivation. Ce serait leur faute, et ils devraient être motivés. S'ils étaient capables de se montrer meilleurs comme êtres humains et s'ils étaient de bons citoyens, il iraient voter. C'est absurde.
La principale raison pour laquelle les gens ne vont pas voter est qu'ils ne savent pas comment.
Le directeur général des élections ne fait pas de porte-à-porte, mais c'est ce que je fais pendant les élections. Je crois que nous l'avons tous fait. Parfois, lorsque nous frappons à la porte, la personne ne vient pas, du moins pas tout de suite. Nous découvrons ensuite que c'est parce que le résidant est un aîné qui ne peut descendre du deuxième étage sans l'aide d'un fils, d'un beau-fils ou de quelqu'un d'autre. La personne peut aussi être en train de changer une couche. Comment ces personnes vont-elles aller voter? Il peut être très utile d'indiquer à ces personnes comment voter autrement, que ce soit par anticipation ou par courrier. C'est ce qui leur est offert.
J'ai parlé des propos exagérés que tiennent ceux qui laissent entendre qu'on prive des gens de leur droit de vote, et qu'il s'agit d'une crise en matière de droits civils comme celle qu'on a vue dans le Sud des États-Unis. Je trouve ces propos très offensants, et j'ai pris le temps d'examiner certains cas d'abus qui ont eu lieu auparavant dans cette région du monde afin de démontrer que cela n'a rien à voir avec la situation au Canada.
J'ai apporté des tests d'aptitude à lire et à écrire administrés dans les années 1950 et 1960 en Louisiane. Ils ont été recueillis par Jeff Schwartz, ancien bénévole du Congrès de l'égalité raciale, un groupe de défense des droits civils. Il a recueilli, archivé et publié en ligne certains formulaires qui étaient utilisés dans divers états du Sud pour empêcher les électeurs afro-américains de voter.
Aux États-Unis, les tribunaux avaient convenu qu'il était raisonnable d'exiger que les gens aient au moins une 5e année ou qu'ils possèdent des aptitudes équivalentes à ce niveau pour pouvoir exercer les droits que confère la citoyenneté. Soit dit en passant, il n'existe aucune règle du genre au Canada. On n'exige pas qu'une personne sache lire et écrire pour pouvoir voter. Il est très important de faire cette distinction.
Toutefois, il était possible de manipuler cette exigence. Les autorités locales pouvaient faire subir un examen à une personne pour déterminer si elle était apte à être inscrite sur la liste électorale. Les autorités administraient les tests d'une manière extrêmement arbitraire, de sorte que tous les Blancs, peu importe s'ils étaient ignorants ou analphabètes, puissent être inscrits sur la liste des électeurs et que tous les Afro-Américains en soient exclus, et ce, peu importe s'ils étaient intelligents, savaient s'exprimer ou étaient instruits.
Après avoir examiné certaines des questions du test, je peux affirmer qu'elles sont loin d'être adaptées à un niveau de 5e année. J'ai étudié dans cinq programmes universitaires, dont deux au niveau du doctorat. J'ai enseigné à l'université et publié deux ouvrages. Pourtant, je ne connais tout simplement pas la réponse à certaines de ces questions.
À titre d'exemple, voici une question posée dans le formulaire de la Louisiane:
Recopiez tous les deux mots de la première ligne et inscrivez en caractères d'imprimerie tous les trois mots figurant sur la même ligne, (l'original doit compter des caractères plus petits et la première ligne doit se terminer par une virgule) mais inscrivez en lettres majuscules le cinquième mot que vous écrivez.
Quelle est la réponse à cette question?
Toujours sur cette même liste, la question 9 dit: « Tracez une ligne traversant les deux lettres ci-dessous qui arrivent à la fin de l'alphabet », après quoi suit toute une série de lettres.
La question 10, elle, se lit ainsi: « Dans le premier cercle ci-dessous, inscrivez la dernière lettre du premier mot commençant par un L », sauf que, sous la question, il n'y a qu'une série de cercles.
Voici un autre exemple, plutôt intéressant: « Biffez les chiffres nécessaires, de manière à rendre le nombre inférieur à 1 000 000. » Veut-on parler du nombre immédiatement inférieur à 1 000 000, c'est-à-dire 999 999, ou doit-on plutôt rayer autant de zéros qu'il faut pour arriver à 1 000 000? Évidemment, le test a été conçu pour que, si je suis Blanc, je vais obtenir la bonne réponse, même si je me trompe, alors que, si je suis Afro-Américain, je vais obligatoirement me tromper, même si j'ai la bonne réponse.
En passant, il est indiqué sur le test que quiconque ne peut pas prouver qu'il a une 5e année doit le passer. Voici aussi ce qu'on peut y lire: « Faites ce qu'on vous demande à chaque numéro, pas plus; pas moins. » Or, cette consigne importante fait nécessairement en sorte qu'au moins une personne va y contrevenir. Je poursuis: « Attention: une seule erreur, et on considérera que vous avez échoué à l'ensemble du test. » Imaginons un instant que pareil seuil soit appliqué aux examens de conduite automobile. Il n'y aurait personne sur les routes canadiennes. On précise tout de suite après que les candidats ont 10 minutes pour faire le test.
Je pourrais continuer longtemps comme ça. En fait, avec le consentement de la Chambre, j'aimerais bien déposer ces documents afin que les députés puissent en prendre connaissance. Au pire, je pourrai fournir l'adresse Internet à ceux que ça intéresse.
Pour résumer, l'histoire regorge d'exemples de véritables entraves à l'exercice du droit de vote. L'exemple que je viens de donner provient des États-Unis, mais nous pourrions en trouver ailleurs, y compris ici.
Aucun des partis ici présents n'a jamais été soupçonné de s'être livré à de telles manigances. Le fait est que nous avons un bon système, et que nous voulons l'améliorer en apportant une série de modifications de forme touchant le déroulement des élections en territoire canadien. Le Canada en sortira gagnant, et la démocratie aussi.
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Monsieur le Président, je suis bien heureuse d'avoir la chance de m'exprimer sur notre motion de l'opposition. Je veux tout d'abord mentionner que je partagerai mon temps de parole avec l'honorable collègue de .
Je suis contente de me lever pour parler au sujet de la motion, parce que j'ai déjà eu la chance de m'exprimer sur le projet de loi . Je pense qu'il est important de ramener la motion dans le contexte particulier de la journée d'aujourd'hui, c'est-à-dire celui d'une motion de l'opposition.
C'est une motion de l'opposition, comme l'a souligné le député de qui m'a précédée, qui concerne des points bien particuliers, compte tenu d'un contexte très particulier du projet de loi . On s'est fait imposer des motions d'attribution de temps pour empêcher les discussions et les débats de continuer. On limite les débats qui auraient permis à beaucoup de nos collègues de s'exprimer sur le sujet, afin d'envoyer le projet de loi plus rapidement en comité.
Selon ce que j'ai entendu aujourd'hui à la Chambre, ce n'est pas nécessairement ce que j'appellerais de la grande démocratie qui est en train de se faire au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre.
Lorsque je suis arrivée au Parlement pour la première fois, en 2004, j'ai eu le grand plaisir comme nouvelle députée de siéger au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. C'était dans un contexte de gouvernement minoritaire, j'en conviens, mais on avait une raison de plus pour travailler tous ensemble.
J'entendais la députée, qui est la vice-présidente du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, nous dire comment ce comité fonctionne normalement de façon assez collégiale. Je pense que c'est important d'en expliquer la raison aux gens à la Chambre.
D'une part, le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, c'est notre comité à nous tous. C'est celui qui s'occupe de s'assurer que notre démocratie se porte bien et qu'elle fonctionne bien. C'est au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre que sont référées les questions de privilège ou les différentes questions sur lesquelles la présidence est appelée à se pencher parfois. Les gens qui siègent à ce comité, normalement et en règle générale, sont conscients de tout le sérieux qu'ils doivent apporter à leur travail pour s'assurer qu'on n'ait pas une fausse démocratie et qu'on ne porte pas atteinte à notre démocratie, ainsi qu'à notre façon de pouvoir nous exprimer à la Chambre. Il y a déjà suffisamment d'éléments permis par nos règles et procédures qui font en sorte que le gouvernement peut décider de jouer serré en ce qui concerne la présentation de ses projets de loi.
D'autre part, on se trouve ici devant un projet de loi qu'il faut ramener dans son contexte. Il ne s'agit pas de refaire un discours comme celui qu'on avait eu sur le projet de loi . Je suis convaincue qu'on avait tous eu le plaisir de lire. C'était toute une brique.
Je suis d'accord avec le député qui m'a précédé. Il a dit que le projet de loi contenait beaucoup d'aspects techniques. Toutefois, il y a aussi beaucoup d'aspects de fonds dans ce projet de loi. J'étais un peu estomaquée de l'entendre nous dire sans broncher que ce n'était que des technicalités. Le fait de voir comment on peut encourager l'exercice du droit de vote, selon moi, n'est certainement pas une technicalité. Le fait de savoir qui s'occupe de policer — c'est une façon de parler — l'exercice du droit de vote des Canadiens, l'exercice de nos élections et ainsi de suite, ce ne sont pas des technicalités. Je pense que c'est important de le faire ressortir.
Au-delà de tout ça, on se retrouve devant une motion qui a été présentée par mon collègue de . En lisant la motion qui commence ainsi, « Qu'une instruction soit donnée au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre portant qu'il soit habileté [...] », je me disais que je ne peux pas croire qu'on soit obligé de revenir à la Chambre pour obtenir ce genre de droit qui, il me semble, aurait dû être sine qua non dans le contexte du projet de loi .
J'ai lu la motion et j'ai vu de quoi il s'agissait. Parfois, lors des discussions qui ont lieu au comité où je siège, j'ai des inquiétudes par rapport à l'exercice quotidien d'une véritable démocratie. Or, quand j'entends des discours comme ceux que j'ai entendus aujourd'hui et qu'il y a un tel manque de discussion, je suis prodigieusement inquiète que cela s'étende jusqu'au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre.
On sait tous combien la consultation est importante. Je veux bien croire que je peux utiliser Skype et consulter les gens à l'aide de mon ordinateur. Toutefois, il n'y a absolument rien qui remplace le fait d'aller les rencontrer. D'ailleurs, c'est faux de prétendre que toute personne intéressée à faire entendre son opinion au sujet de certaines décisions qu'on s'apprête à prendre peut se déplacer ici, à Ottawa, pour la faire valoir.
Mon collègue nous a parlé d'un voyage qu'ont fait les membres du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. D'ailleurs, j'étais probablement la seule membre de ce comité qui avait refusé d'y participer. Est-il correct de faire un voyage en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Angleterre ou en Irlande pour aller étudier les changements qu'ils apportent à leur système électoral, alors que toute cette information est contenue dans un livre de la merveilleuse Commission canadienne de réforme du droit?
Il me semble qu'on devrait plutôt aller voir quel genre de conséquences le projet de loi aura pour certaines communautés au Canada et certains groupes visés par ces mesures. On devrait parler avec différents groupes, non seulement de la question de la suppression du vote, qui est un élément extrêmement important et une grande préoccupation du NPD, mais aussi du fait que ce gouvernement conservateur pense que le taux de participation est seulement dû à l'incurie d'Élections Canada par rapport à son travail de promotion des élections.
La semaine dernière, je suis allée dans ma circonscription et j'ai jasé avec les gens, notamment les jeunes de la polyvalente Nicolas-Gatineau. Il y avait une activité de campagne de financement organisée par Alexandre Guindon, un jeune très allumé de cinquième année du secondaire. On a parlé de ce qui se passe dans la démocratie canadienne et du désintérêt des jeunes.
S'il y a un désintérêt chez les jeunes, ce n'est pas parce qu'Élections Canada ne fait pas son travail. C'est parce que ce genre de dossier est traité de façon cavalière. On se retrouve devant des gens qui ne font pas grand cas des règles qui existent et qui changent d'autres règles par la suite. Cela crée des interrogations. Ainsi, un certain cynisme s'installe chez la population. Je l'ai remarqué non seulement chez les jeunes, mais aussi chez des groupes d'aînés. Ils disent que c'est rendu de plus en plus compliqué de voter, qu'ils ne savent plus ce que cela prend ni ce qu'ils doivent faire et qu'ils n'en ont pas le goût. On devrait tous aller rencontrer ces gens dans les communautés pour se rapprocher d'eux un peu plus.
Si aucun groupe ne demande au comité d'être rencontré, on ne peut pas être contre la vertu et donner cette possibilité. Je suis inquiète de voir que le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre empêche l'ouverture et l'exercice en pleine et bonne forme de ces droits démocratiques par l'intermédiaire de la majorité de ses membres conservateurs.
Je suis prodigieusement inquiète que cela se soit propagé jusqu'à ce comité, car c'est ce même comité qui doit protéger nos privilèges. S'ils ne sont pas capables de protéger les Canadiens, je me demande jusqu'où ils seront capables de protéger les représentants des Canadiens à la Chambre.
Tout le monde devrait prendre deux minutes de réflexion. On se fait dire de lire le projet de loi et on l'a lu. Maintenant, les conservateurs devraient lire la motion et réaliser qu'elle ne mord pas. Elle dit simplement que le Canada, qui donne des leçons de démocratie à d'autres pays sur la façon d'exercer leur droit de vote, devrait commencer par se regarder dans le miroir.