propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, je suis ravi de prendre la parole aujourd'hui au sujet de mon projet de loi, le projet de loi . J'aimerais d'abord remercier tous les Canadiens qui m'écrivent des lettres, signent des pétitions et me communiquent de l'information au sujet de l'industrie de l'abattage de chevaux.
Le projet de loi vise à reconnaître le fait que les chevaux sont habituellement des animaux domestiques qu'on possède à des fins de loisirs et de sports équestres et non dans le but de produire de la viande destinée à la consommation humaine, et qu'ils risquent de contenir des substances interdites chez les animaux destinés à l'alimentation.
Le projet de loi interdirait le transport de chevaux en vue de leur abattage, ainsi que la vente de viande chevaline pour consommation humaine. Seuls les chevaux élevés principalement pour la chaîne alimentaire et accompagnés de la liste complète, en ordre chronologique, des traitements médicaux qu’ils ont reçus tout au long de leurs vie feraient exception.
Pour comprendre ce pourquoi une telle distinction est nécessaire, il faut penser à la nature de l'industrie équine, aux médicaments qui sont administrés aux chevaux, aux raisons pour lesquelles ces médicaments sont couramment utilisés, aux risques, pour la santé humaine, que posent les médicaments présents dans la viande chevaline et à la justesse des règlements régissant actuellement l'industrie canadienne de l'abattage de chevaux.
Voici la question à laquelle il faut répondre: sans les dispositions contenues dans le projet de loi , est-il possible de garantir l'innocuité de la viande chevaline provenant de bêtes qui n'ont pas été élevées dans un cadre agricole réglementé et qui n'auraient jamais fait leur entrée dans la chaîne alimentaire humaine si elles n'avait pas été acquises par un acheteur travaillant pour le compte d'un transformateur canadien de viande chevaline?
L'an dernier, 71 961 chevaux ont été abattus pour la boucherie au Canada. Au total, 85 % de la viande ainsi obtenue a été exportée en Europe, et le reste a été vendu ici, au Canada. Plus de la moitié de ces bêtes avaient été importées des États-Unis, un pays qui, je le signale, n'a pas le droit d'exporter de viande chevaline en Europe et où l'abattage des chevaux est interdit depuis 2007. Il est bon de rappeler que, sur la dizaine de millions de chevaux présents au Canada et aux États-Unis, à peine un peu plus de 1 % sont abattus pour leur viande, ce qui veut dire que près de 99 % ne le sont pas.
Quelle que soit la raison pour laquelle on les élève — concours équestres, courses à obstacles, reproduction, loisirs, rodéo, dressage, ou simplement comme animaux de compagnie ou bêtes de trait —, les chevaux qui entrent dans la chaîne alimentaire canadienne proviennent d'une multitude de propriétaires et ont servi à toutes sortes d'usages.
Toute leur vie, les chevaux se font administrer une pléthore de médicaments afin d'être en assez bonne condition pour courir, participer aux concours équestres ou faire ce à quoi ils sont destinés.
« AVERTISSEMENT: Ne pas administrer aux chevaux destinés à la consommation humaine », peut-on lire sur l'étiquette d'une vaste gamme de médicaments d'usage courant pour les chevaux, comme des vermifuges, des vaccins, des analgésiques, des tranquillisants, des bronchodilatateurs, des stéroïdes anabolisants, des médicaments contre les ulcères, des diurétiques, des antibiotiques et des fécondostimulants. La plupart de ces substances figurent à l'annexe E.5, intitulée « Liste des médicaments vétérinaires dont l'utilisation n'est pas autorisée chez les équidés destinés à la consommation humaine », du chapitre 17 du Manuel des méthodes de l'hygiène des viandes. Quand un des médicaments figurant dans cette liste est administré à une bête, la viande qui en est issue devient impropre à la consommation et sa commercialisation est interdite, que la présence du médicament en question puisse ou non être détectée au moyen de tests.
Bruce Wagman, du cabinet d'avocats Schiff Hardin, qui représente la Front Range Equine Rescue et la Humane Society des États-Unis, a fait parvenir une longue lettre d'avis au commissaire européen, Tony Borg. La pièce justificative no 1 jointe à cette lettre était constituée d'une liste de 115 substances interdites et dangereuses qui sont couramment administrées aux chevaux américains dont la viande est exportée en Europe, au mépris de nombreuses lois sur la transparence et la salubrité des aliments.
M. Wagman a également joint 13 déclarations signées à sa lettre. Il s'agit de témoignages sous serment d'un grand nombre de vétérinaires, d'éleveurs, d'entraîneurs et de propriétaires américains attestant de l'administration de ces médicaments à des chevaux qu'ils ont élevés ou soignés. Par exemple, la Dre Holly Colella, une vétérinaire qui soigne plus de 1 200 chevaux par an dans son cabinet, affirme que la majorité des substances de la pièce no 1 sont régulièrement et couramment administrées aux chevaux qu'elle soigne.
Dans son article, publié dans le magazine Newsweek, intitulé « What's In Your Horse Burger? Chemicals That Pose Serious Health Risks », Vickery Eckoff écrit que les chevaux, et plus particulièrement les chevaux de course, sont des pharmacies ambulantes.
Le Dr Nicholas Dodman, l'un des auteurs d'une étude intitulée « Association of Phenylbutazone Usage with Horses Bought for Slaughter: A Public-Health Risk », publiée dans la revue scientifique Food and Chemical Toxicology, a déclaré, lors d'entrevues, que manger de la viande de cheval est aussi bon pour la santé que manger des aliments contaminés par du DDT.
L'étude du Dr Dodman a clairement démontré que les mécanismes visant à retirer de la chaîne alimentaire les chevaux traités à la phénylbutazone, communément appelée « bute », sont, au mieux, inadéquats. Le Dr Dodman a étudié, sur une période de cinq ans, le dossier médical de course des chevaux; il en ressort qu'on avait administré, les jours de course, du « bute » à 18 chevaux de course pur-sang envoyés à l'abattoir. Or, il est interdit d'administrer ce médicament à tout animal destiné à la consommation humaine, parce qu'il a des effets idiosyncrasiques graves et même mortels chez l'humain.
Mindy Lovell, une Canadienne, possède des chevaux depuis plus de 35 ans. Elle a participé à beaucoup de compétitions et a été entraîneuse professionnelle pendant plusieurs années. Elle exploite actuellement une pension pour chevaux et offre un programme de suivi des pur-sang. Ce qu'elle souligne, en se fondant sur son expérience, c'est que tous les chevaux sont soignés de la même façon — ils obtiennent les mêmes soins vétérinaires et on leur administre les mêmes médicaments. Voici ce qu'elle m'a écrit dans sa lettre:
Il suffit d'aller dans n'IMPORTE QUELLE pension ou écurie d'entraînement et d'ouvrir l'armoire à pharmacie pour voir la gamme de médicaments facilement accessibles et communément administrés à ces chevaux. La majorité d'entre eux portent une étiquette sur laquelle il est clairement inscrit qu'il ne faut pas les administrer à des chevaux destinés à la consommation humaine.
Lors du témoignage qu'il a livré en 2012 devant un comité du Congrès formé dans la foulée d'un article paru dans le New York Times sur l'utilisation des médicaments chez les chevaux de course et la corrélation avec l'augmentation du nombre de chevaux qui se sont effondrés sur des pistes de course américaines, entraînant la mort de leur jockey, Arthur B. Hancock III, éleveur de chevaux de quatrième génération, a déclaré ce qui suit:
Aujourd’hui, seulement 5 % de tous les chevaux sont sujets à des hémorragies, mais presque 100 % d’entre eux reçoivent du Lasix le jour de la course. Il n’y a qu’une raison qui explique ça. Le Lasix est un diurétique puissant qui permet à un cheval de course de perdre de 20 à 30 livres au moment de la course, ce qui en fait une drogue visant à augmenter la performance.
Plus loin au cours de son témoignage, il ajoute: « En plus du Lasix, la presque totalité des chevaux de course courent avec du Butazolidine, du Ketofen ou du Banamine, et aussi d’autres “drogues thérapeutiques" dans leur système. »
Durant la même audience devant le Congrès, Kathryn Papp, vétérinaire au Penn National Race Course, à Grantville, en Pennsylvanie, affirme ce qui suit:
La surutilisation et la surconsommation de médicaments sont endémiques sur nos pistes de course et dans nos centres d’entraînement de pur-sang. Cet abus ne se limite pas aux drogues visant à augmenter la performance. Cela comprend toutes les substances qui, selon nos entraîneurs, pourraient améliorer la performance de leur cheval, des traitements valides aux thérapies bidon et possiblement dangereuses. Les médicaments qui font actuellement l’objet d’un usage abusif sur nos pistes de course comprennent, sans s’y limiter, les antibiotiques, les corticostéroïdes, les AINS, les hormones et leurs analogues, les substances calmantes, les substances hypersensibilisantes et les aides respiratoires, parmi tant d’autres. Ces substances ne sont pas seulement utilisées de façon inappropriée dans les moments qui précèdent la course. Le plus souvent, elles sont employées durant l’entraînement et durant la période précédant les courses. Je ne peux pas vous dire le nombre d’écuries que je connais où l’entraînement de chacun des chevaux se fait en ayant recours à la phénylbutazone chaque jour, que les chevaux en aient besoin ou non. Et la phénylbutazone à elle seule comporte de nombreux effets indésirables dont il faut tenir compte, des problèmes gastro-intestinaux aux problèmes rénaux.
Lors de cette audience, le Congrès a également entendu le témoignage de Glenn Thompson, entraîneur de pur-sang depuis 30 ans et auteur du livre The Tradition of Cheating in the Sport of Kings — ou la tradition de la tricherie dans le sport des rois. Il a dit ceci:
À partir du moment où tu commences dans ce domaine, jusqu’à l’obtention de ta licence d’entraîneur, on t’a appris que, si un cheval a un problème, tu fais tout ce qu’il faut pour qu’il soit en santé pour la course. Si c’est un problème de cheville, tu donnes de la phénylbutazone au cheval [...]. Si le cheval saigne, tu lui donnes du Lasix [...]. Si une pouliche est en chaleur, tu lui donnes quelque chose pour qu’elle ne le soit plus.
[Français]
Il est très clair que tous ceux impliqués dans l'industrie de l'abattage des chevaux, y compris les organismes de réglementation canadiens, américains et européens, savent pertinemment qu'il leur est impossible de garantir la salubrité de la viande chevaline.
Enfin, étant donné que les États-Unis n'ont aucun programme de contrôle des produits pharmaceutiques administrés aux chevaux et qu'ils n'ont nullement l'intention d'en avoir un, ils n'ont pas le droit d'exporter de la viande chevaline directement en Europe. Les commentaires contenus dans le rapport d'audit préparé par l'Office alimentaire et vétérinaire de la Commission européenne dévoile noir sur blanc les failles de notre régime réglementaire de l'abattage des chevaux. Voici quelques exemples tirés de l'audit de 2010.
Tout d'abord, le régime de surveillance en place au Canada pour la vérification de l'utilisation de substances pharmaceutiques pour les chevaux destinés à l'abattoir, comme le prévoit la directive du conseil no 96/23/EC, est inadéquat, car il ne prévoit que la vérification officielle de l'identification, des déplacements et du dossier médical d'un nombre restreint de chevaux destinés à l'abattoir.
Les chevaux importés étaient accompagnés de la déclaration signée par le dernier propriétaire — bien souvent un courtier en chevaux — qui indique les traitements médicaux administrés au cours des six derniers mois. Néanmoins, aucune garantie officielle n'est demandée aux autorités des États-Unis quant à la vérification et à la fiabilité des déclarations.
La supervision et la certification ne suffisent pas pour corriger les problèmes notés.
Ensuite, dans des domaines comme l'exportation de la viande chevaline, les normes ne fournissaient pas de garanties adéquates.
La déclaration assermentée concernant les traitements vétérinaires administrés est exigée pour tous les chevaux abattus, peu importe leur origine. Toutefois, il n'existe pas de contrôle officiel pour vérifier l'authenticité ou la fiabilité de cette déclaration.
Les animaux importés sont accompagnés d'une déclaration assermentée des traitements vétérinaires administrés. Toutefois, l'USDA n'assume aucune responsabilité quant à l'origine des animaux, aux contrôles dans les établissements américains ou à l'authenticité de la déclaration certifiée.
On serait tentés de croire qu'étant donné cet audit accablant et le risque grave pour la santé humaine que représentent les médicaments destinés aux chevaux, l'industrie de l'abattage aurait été forcée de réduire considérablement ses activités jusqu'à ce qu'un système de contrôle vérifiable des médicaments soit mis au point et appliqué. Ce n'est pas le cas. Au contraire, l'Union européenne a demandé au Canada de préparer un nouveau plan pour corriger le problème des médicaments dans la viande chevaline. Entretemps, pendant que les autorités canadiennes et européennes cherchent des façons de remanier leur réglementation tout en respectant les traités commerciaux, l'abattage de chevaux américains et canadiens contaminés se poursuit comme si de rien n'était.
Une enquête du Star a découvert que le système canadien d'inspection des aliments comporte de graves lacunes en ce qui concerne le flux régulier de chevaux de course envoyés à l'abattoir chaque année. Au cours de sa vie, comme de nombreux chevaux de compétition, Backstreet Bully a reçu de puissants médicaments destinés à améliorer ses performances. Or ces produits peuvent être mortels dans la viande destinée à la consommation humaine.
Deux de ces produits, la nitrofurazone et la phénylbutazone, avaient été administrés à Backstreet Bully des dizaines de fois, mais, à cause d'une documentation médiocre et d'un contrôle insuffisant de la part de l'organisme canadien de surveillance, on a autorisé sa transformation en viande de consommation humaine, sur un marché qui comprend le Québec, l'Europe et quelques restaurants de Toronto.
« Vous ne pouvez pas tuer ce cheval » se souvient d'avoir déclaré Stacie Clark, qui travaille à la ferme Stronach, à un représentant de l'abattoir. Ce cheval n'avait pas reçu de petites quantités de ces médicaments. En effet, on lui avait donné 21 doses de nitrofurazone, un produit lié au cancer chez l'homme, et au moins 23 doses de phénylbutazone, un produit lié à des maladies de la moelle épinière.
[Traduction]
Dans l'industrie, la considération première des propriétaires est de veiller à ce que les chevaux puissent faire ce qu'on attend d'eux, pas de savoir s'il vont finir dans l'assiette de quelqu'un.
On administre communément, sinon couramment aux chevaux une foule de substances qu'il est interdit d'utiliser ne serait-ce qu'une seule fois si la viande de l'animal est destinée à l'alimentation humaine. Le système de réglementation est extrêmement inadéquat et les lois sont appliquées avec un laxisme sidérant. Alors que les gouvernements de l'Union européenne et des États-Unis ont réalisé diverses études et examiné en détail la question des médicaments administrés aux chevaux abattus à des fins alimentaires, le Parlement canadien n'a pas encore jugé bon leur emboîter le pas.
J'invite donc les députés à appuyer le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture.
Je conclurai par la citation suivante de Peggy Larson, une ancienne vétérinaire ayant déjà travaillé pour le département américain de l'Agriculture. Voici ce qu'elle a dit:
Compte tenu des principes médicaux et scientifiques appliqués depuis longtemps, il est impossible de déclarer que la viande chevaline ne présente aucun danger pour la consommation humaine lorsque les chevaux qui sont abattus à cette fin ont été exposés à un nombre indéterminé, et indéterminable, de médicaments, de traitements et de substances, dans des quantités inconnues et impossibles à mesurer, à différents moments de leur vie.
:
Monsieur le Président, je tiens à confirmer aux députés que le gouvernement attache une grande importance au bien-être des animaux. Les chevaux ont joué un rôle important dans l'histoire du Canada. Nous convenons tous, je crois, que les chevaux, et tous les animaux d'ailleurs, méritent d'être bien traités.
Par contre, de l'avis des conservateurs, la question que nous examinons aujourd'hui ne touche pas la salubrité des aliments, bien que le projet de loi ait été présenté sous cette bannière. Je rappelle aux députés que cette mesure propose de modifier la Loi sur l'inspection des viandes et la Loi sur la salubrité des aliments au Canada. Elle interdirait l'importation et l'exportation de chevaux ou d'autres équidés en vue de leur abattage à des fins de consommation humaine ou de production de produits de viande destinée à une telle consommation, sauf si l'animal a été élevé dans le but premier d'être abattu à des fins de consommation humaine, et qu'il est accompagné d’un dossier médical contenant la liste complète des traitements médicaux qu’il a reçus tout au long de sa vie.
Je tiens à souligner que le projet de loi limite le transport de chevaux non seulement entre le Canada et d'autres pays, mais aussi entre deux provinces canadiennes. Ce n'est pas une question de salubrité des aliments, et encore moins d'import-export. Je suis heureux de pouvoir tirer les choses au clair pour les députés.
[Français]
Voici les faits en question: l'abattage d'équidés est une activité commerciale légitime au Canada. Il y a des Canadiens qui consomment effectivement de la viande de cheval. Notre gouvernement est déterminé à assurer le traitement sans cruauté des animaux.
En ce qui à trait à mon premier point, la production de viande équine est une industrie importante et légitime au Canada. Qu'on me permette de présenter d'autres faits. Plus d'un milliard de personnes dans le monde consomment environ un million de tonnes de viande équine par année. La Chine en consomme à elle seule quelque 400 000 tonnes. En 2012, la valeur estimée de l'industrie canadienne de l'abattage d'équidés s'établissait à 122 millions de dollars. Cette industrie a produit environ 24 millions de kilogrammes de viande équine. La même année, 17,7 millions de kilogrammes de produits équins ont été exportés, ce qui a rapporté environ 90 millions de dollars à l'industrie canadienne de la transformation.
[Traduction]
Il faut savoir que cette industrie joue un rôle important dans l'économie. Les choix individuels ont aussi leur importance. À l'heure actuelle, tous les propriétaires de chevaux du Canada ont le droit de choisir l'option de fin de vie qui leur convient pour leur cheval. Les Canadiens aiment leurs chevaux. Et bien que certaines personnes puissent avoir du mal à accepter qu'un cheval soit abattu, c'est une façon humanitaire de mettre fin à la vie d'un animal. Je tiens à le dire clairement: le gouvernement n'a pas l'intention de limiter les droits des propriétaires de chevaux; c'est une question de principe.
Chaque année, environ 34 000 poulains viennent s'ajouter à la population équine du Canada. Cette croissance est compensée, à 85 %, par l'abattage en fin de vie. Cette méthode joue donc un rôle important dans la gestion de la population; la décision d'avoir recours ou non à l'abattage en fin de vie devrait rester à la discrétion du propriétaire de l'animal. Signalons aussi que l'industrie d'abattage des chevaux emploie au-delà de 600 personnes dans les régions rurales du Canada, des emplois qui seraient en péril si ce projet de loi est adopté. J'encourage le NPD à défendre les travailleurs canadiens au lieu de prendre des moyens détournés pour interdire cette industrie.
[Français]
En ce qui concerne mon deuxième point, il y a effectivement des Canadiens qui mangent de la viande de cheval. En fait, ils en consomment environ 2 000 tonnes par année. La consommation de viande de cheval est monnaie courante au Québec et dans les autres provinces canadiennes. Au Québec, on peut trouver de la viande de cheval au supermarché, à côté du comptoir du boeuf, du poulet et du porc.
Il n'appartient pas au gouvernement d'indiquer aux Canadiens ce qu'ils peuvent ou ne peuvent pas manger. Toutefois, nous avons la responsabilité de vérifier la salubrité des aliments qu'ils choisissent. C'est la raison pour laquelle une réglementation stricte en matière de salubrité alimentaire est déjà en place.
En fait, l'Agence canadienne d'inspection des aliments effectue des inspections quotidiennes dans tous les établissements de transformation des viandes agréés par le fédéral pour vérifier la conformité des produits aux règles de salubrité alimentaire.
[Traduction]
J'aimerais apporter d'autres précisions au sujet des médicaments vétérinaires comme la phénylbutazone.
La phénylbutazone est un anti-inflammatoire fréquemment utilisé pour traiter les chevaux qui boitent. Santé Canada autorise son emploi à cette fin, mais interdit son utilisation chez les animaux destinés à l'alimentation, y compris les équidés destinés à la consommation humaine.
C'est pour cette raison que l'ACIA effectue régulièrement des tests pour dépister la présence de médicaments vétérinaires, y compris la phénylbutazone, dans les viandes équines. Dans la vaste majorité des cas, les tests ne révèlent aucun résidu de médicament. D'ailleurs, le taux de conformité est très élevé, puisqu'il dépasse les 98 %.
Outre les tests, d'autres mesures de précaution sont prises. Depuis juillet 2011, l'ACIA exige que les équidés destinés à l'abattage soient accompagnés d'un registre complet des traitements reçus dans les six mois précédant l'abattage. Notre plus grand marché d'exportation pour les produits équins, l'Union européenne, accepte cette exigence et la juge convenable pour assurer l'absence de résidus de substances interdites.
Aux termes du Manuel des méthodes de l’hygiène des viandes, tous les équidés destinés à l'abattage doivent être accompagnés d'un document d'information équine, ou DIE. Le DIE recense les antécédents médicaux de l'animal sur une période de six mois. La période de six mois dépasse le délai d'attente recommandé pour plusieurs médicaments vétérinaires, y compris la phénylbutazone. Le DIE n'est qu'une seule des multiples composantes intégrées à un vaste système de mesures visant à prévenir la présence de traces de résidus dans l'ensemble des produits de viande.
Il est important de signaler qu'aucun cas de maladie humaine n'a été attribué à la consommation de viande chevaline ou à la présence de résidus de médicaments vétérinaires dans celle-ci en Amérique du Nord ou dans les pays qui sont nos partenaires commerciaux. Comme les députés peuvent donc le constater, le Canada dispose déjà de stricts protocoles pour vérifier la salubrité des produits de viande.
En ce qui a trait à mon troisième point, le gouvernement veut s'assurer que tous les animaux destinés à l'abattage sont traités humainement. Je vais vous donner quelques renseignements sur ce que nous faisons.
Le Programme d'amélioration de l'abattage d'Agriculture et Agroalimentaire Canada a versé jusqu’à 60 millions de dollars pour l’amélioration des abattoirs réglementés par le fédéral, ce qui comprend des investissements dans l’amélioration des pratiques relatives au bien-être des animaux. Nous avons investi jusqu’à 3,4 millions de dollars pour l’élaboration et l’actualisation des codes de pratiques pour les soins des animaux d’élevage.
Les systèmes d’assurance du bien-être des animaux continuent à être admissibles à un financement dans le cadre de Cultivons l'avenir 2. Par exemple, jusqu’à 100 000 $ ont été promis à l’Association nationale des engraisseurs de bovins pour qu’elle puisse élaborer et mettre en œuvre un programme national d’évaluation des soins aux animaux des parcs d’engraissement.
Comme je l'ai dit plus tôt, nous convenons tous que les animaux doivent être traités humainement. C'est pourquoi les inspecteurs de l'Agence canadienne d'inspection des aliments sont présents chaque jour sur les lieux de tous les abattoirs agréés par le gouvernement fédéral pour vérifier que les exigences relatives au bien-être des animaux sont respectées. Toutefois, en cas d'incident, l'ACIA détient le pouvoir d'enquêter sur des préoccupations liées au bien-être des animaux en cas de non-conformité. Elle peut aussi donner suite aux conclusions des enquêtes en appliquant un éventail d'outils d'application de la loi, dont des poursuites pénales. C'est la réalité actuellement, mais je ne peux pas me prononcer sur les conséquences qui découleraient de l'élimination de l'option de fin de vie qui existe actuellement.
D'après Canada Hippique, le projet de loi n'améliorerait pas ou ne bonifierait pas la législation en matière de salubrité des aliments au Canada. En outre, il n'améliorerait pas non plus le bien-être des chevaux au Canada, et il aurait des répercussions graves sur les propriétaires de chevaux canadiens qui assurent le transport interprovincial des chevaux au Canada.
Pour toutes ces raisons, le gouvernement s'oppose au projet de loi .
:
Monsieur le Président, d'entrée de jeu, je tiens à dire que le Parti libéral appuie la mesure législative.
Le projet de loi tente d'établir un équilibre en ce qui concerne la consommation de viande chevaline par de nombreuses personnes dans le monde, pour des raisons culturelles. Que ce soit au Kazakhstan, au Québec, en France ou ailleurs, des gens consomment de la viande chevaline. Puisqu'il s'agit d'une tradition, il importe de bien comprendre cette différence culturelle.
Il faut également savoir que l'industrie de la viande chevaline au Canada est une industrie de 19 millions de dollars surtout axée sur les exportations, qui est payante pour ceux qui en font partie. Cette industrie n'existe que dans cinq régions au Canada, soit deux au Québec, deux en Ontario et une en Colombie-Britannique. Nous ne voulons pas priver ces gens de cette industrie.
Le projet de loi vise à établir un équilibre en tenant compte des raisons valables justifiant qu'on exporte de la viande chevaline dans les pays où les gens mangent de cette viande, tout en reconnaissant également qu'il existe une différence entre un cheval et une vache. Les vaches sont surtout élevées aux fins d'abattage. Lorsque nous commençons à élever des vaches, des moutons, des poules ou tout autre animal dans le but de les abattre, nous savons qu'il importe de veiller à ce que ces animaux ne reçoivent pas d'hormones ou de médicaments dangereux.
Bien souvent, les chevaux qui sont élevés comme animaux de compagnie, pour la course ou pour d'autres raisons ont reçu beaucoup d'injections de toutes sortes, qu'il s'agisse de corticostéroïdes en cas d'arthrite ou de blessures ou encore d'hormones pour renforcer certains muscles.
Les chevaux qui sont élevés comme animaux de compagnie ou pour tirer des voitures, de même que les chevaux élevés pour la course et d'autres sports équestres ont reçu certains médicaments. Si, à la fin de leur vie, ils sont abattus pour produire de la viande destinée à la consommation humaine, les médicaments que l'on retrouve dans la viande ainsi produite pourraient poser un risque pour la santé humaine. Généralement, nous ne donnons pas ces médicaments aux humains ou au bétail élevé pour la consommation humaine.
Le projet de loi indique que si nous tenons à ce qu'il y ait une industrie d'abattage des chevaux, nous devons les élever comme nous élevons les vaches, c'est-à-dire principalement à cette fin, en respectant les mesures de contrôle existantes en ce qui concerne le mode d'élevage, les médicaments administrés et le type de nourriture offert, entre autres, afin de voir à ce que cette viande soit sûre.
Il s'agit d'une mesure importante que le Canada doit prendre.
Les États-Unis ont éliminé leur industrie de la viande chevaline en 2007. À l'heure actuelle, les deux seuls pays qui utilisent des chevaux pour l'abattage en Amérique du Nord sont le Mexique et le Canada.
Le projet de loi exige simplement un équilibre afin de protéger la santé des êtres humains.
Un peu plus tôt, on a souligné que certaines interdictions existaient déjà. Toutefois, lorsqu'un cheval en est à la fin de sa vie utile, c'est-à-dire qu'il ne peut plus servir aux fins pour lesquelles on l'a élevé, il demeure qu'il a peut-être reçu, tout au long de sa vie, des substances dont il avait besoin pour performer ou accomplir ce pourquoi on l'avait élevé. Ainsi, nous ne pouvons pas affirmer que nous allons vérifier après coup la salubrité de la viande de cheval élevé pour des raisons autres que la consommation humaine, puisqu'il n'existe aucun moyen de déterminer si celle-ci est sans danger.
En fait, le projet de loi interdirait l'abattage de la plupart des chevaux pour produire de la viande destinée à la consommation humaine, mais il prévoit une exception pour les bêtes élevées principalement à cette fin et dont tous les antécédents médicaux sont connus.
Bref, nous voulons instaurer des mécanismes de contrôle.
Quant à ceux qui affirment qu'il s'agit d'un enjeu émotionnel, ils ont tort. Il existe des données probantes qui montrent que les chevaux n'ayant pas été élevés pour l'abattage ont dans leur organisme des médicaments risquant véritablement de nuire à la santé des gens. Au Canada, le projet de loi compte parmi ses partisans la coalition canadienne de la défense des chevaux, la société internationale de protection des animaux et la société pour la prévention de la cruauté envers les animaux.
Bref, nous considérons ce projet de loi tout à fait valable. Nous ne souhaitons pas acculer à la faillite les entreprises canadiennes qui opèrent dans ce secteur.
En fait, nous proposons une marche à suivre, qui s'inscrit dans le droit fil des procédures en place pour toutes les viandes destinées à la consommation humaine. Celles-ci consistent à en vérifier la salubrité, à prendre toutes les précautions sanitaires possibles, et à confirmer que les animaux n'ont pas ingéré de médicaments qui se retrouvent emmagasinés dans leurs muscles et leurs tissus adipeux et dont la concentration s'avérerait fatale pour un humain.
Le projet de loi est le prolongement de l'ancien projet de loi C-322, présenté en octobre, qui visait à modifier la Loi sur la santé des animaux. Selon son parrain, l'ancien projet de loi n'allait pas assez loin et ne contenait pas les mécanismes de contrôle qu'il souhaitait. Le projet de loi actuellement à l'étude a été mûrement réfléchi et nous l'appuyons.
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Monsieur le Président, je suis heureux de participer au débat sur le projet de loi présenté par mon collègue et qui porte sur l'abattage des chevaux.
Le Parti libéral souhaite simplement améliorer l'abattage et faire en sorte qu'il soit plus sûr. Or, à toutes fins utiles, le projet de loi mettrait fin à l'abattage au pays.
Cela pourrait être le résultat inattendu de ce projet de loi. Aux termes de celui-ci, les chevaux doivent être élevés en vue de leur abattage et faire l'objet d'un dossier médical; toutefois, au Canada, personne n'élève vraiment de chevaux dans ce but. Certains se trouvent en périphérie, mais ce n'est pas comme dans le cas de l'industrie bovine, qui est entièrement axée sur l'élevage en vue de l'abattage. Certaines personnes font de l'abattage, mais très peu de chevaux sont élevés dans ce but. La plupart sont élevés pour autre chose, que se soit la course ou un usage récréatif. Souvent, des enfants font de l'équitation et, parfois, des adultes s'adonnent aux courses de chevaux plus tard dans leur vie.
Il existe une industrie au Canada. Certaines personnes sont préoccupées, avec raison, au sujet de la phénylbutazone. En fait, l'ACIA prend ces préoccupations très au sérieux, et c'est pourquoi la phénylbutazone figure dans la liste des substances désignées. Elle veille à ce qu'elle soit interdite. Les preuves concernant la phénylbutazone sont claires. Personne ne les conteste. À mon avis, aucun député ne remet ces preuves en question.
Au fond, ce qu'on dit, c'est que les règles doivent être suivies pour éviter que la phénylbutazone soit utilisée. Certaines personnes enfreignent peut-être ces règles, mais, en fin de compte, les autorités et les organes de réglementation sont censés les arrêter. Ils sont censés surveiller l'industrie pour éviter que cela se produise.
Aux États-Unis, le General Accounting Office a réalisé une étude sur la question. Les autorités américaines n'ont pas interdit l'abattage des chevaux. Très souvent, les personnes qui s'opposent à l'abattage des chevaux au Canada affirment que les États-Unis ont banni cette pratique, alors que ce n'est pas le cas. En fait, le Congrès a annulé le financement destiné au département américain de l'Agriculture pour les inspections. Comme l'industrie n'était pas assujettie à un inspecteur fédéral, elle n'a pas pu exporter la viande, une situation semblable à celle qui existe au Canada.
Par conséquent, puisque la viande de cheval d'abattage était surtout destinée au marché d'exportation, et non au marché interne, on a dû fermer les installations. Cette décision n'a pas été prise parce que cette viande était interdite — elle n'est d'ailleurs toujours pas interdite aux États-Unis. Comme il fallait simplement procéder à l'abattage ailleurs, les chevaux ont été transportés au Canada.
Dernièrement, le General Accounting Office des États-Unis a réalisé une étude sur le bien-être des chevaux au pays depuis la fermeture des abattoirs jusqu'à maintenant. Sa conclusion: la situation s'est détériorée. Il y a plus de chevaux qui sont abandonnés. Il y en a plus qui sont simplement maltraités et insuffisamment nourris.
Les chevaux qui sont maintenant abandonnés auraient été envoyés à l'abattoir. Je suis conscient que bien des gens n'aiment pas voir la vie d'un cheval se terminer à l'abattoir, car ce n'est peut-être pas naturel. Je pense qu'il faut comprendre qu'en ce qui concerne les chevaux, il y a quelque chose de cyclique à cette pratique, qui se fait depuis longtemps.
Le parrain et les défenseurs du projet de loi disent que c'est une question de santé et de sécurité. Il va sans dire qu'il existe déjà des dispositions législatives concernant la santé et la sécurité. Nous avons toujours un règlement sur le transport des chevaux, la façon de les abattre, le type de médicaments qu'il est permis ou interdit de leur administrer.
En somme, cette industrie existe au pays, et elle est régie par l'ACIA. Des gens y travaillent. Aux yeux de certains, ce qui s'y passe n'est pas particulièrement beau. À mon avis, si les gens allaient visiter un abattoir, ils sauraient que la majeure partie de ce qui s'y fait n'est pas très beau. Leur sensibilité serait probablement heurtée, à juste titre d'ailleurs. Néanmoins, c'est ainsi: nous abattons des animaux.
L'association équine canadienne est le principal organisme cadre regroupant les propriétaires de chevaux, qu'il s'agisse d'animaux participant à des spectacles, servant à des fins commerciales ou destinés à la course. Cette association s'oppose au projet de loi, et avec raison, selon moi.
Cette association estime que le projet de loi n'améliore ni les dispositions actuelles sur la salubrité des aliments ni les conditions de vie des chevaux au Canada. Selon elle, il a de graves répercussions sur les propriétaires de chevaux qui transportent leurs bêtes d'une province à l'autre. Cette association canadienne regroupant des propriétaires de chevaux et des acteurs de l'industrie affirme carrément que le projet de loi n'est pas utile. Je crois d'ailleurs qu'elle a raison.
Oui, il y a toujours lieu d'améliorer les inspections pour que le dossier des chevaux qui sont mis aux enchères soit en règle et que l'Agence canadienne d'inspection des aliments et ses inspecteurs puissent éviter que d'autres cas comme celui dont les journaux ont parlé se produisent; il y a toujours des cas isolés. Des milliers de chevaux sont achetés et vendus. Il y a toujours des cas isolés, comme celui du cheval qui venait d'être acheté la veille ou quelques jours plus tôt, bien que son propriétaire ait produit un document certifiant qu'il le possédait depuis six mois. Lorsque de tels cas sont découverts, le permis des propriétaires doit être révoqué. Il faut sévir contre les gens qui enfreignent gravement la loi et les règles. Pour ce faire, il existe actuellement des mécanismes.
Quoi qu'on en dise, le projet de loi mettrait carrément fin à l'abattage des chevaux au Canada. Malheureusement, lorsqu'on lit les dispositions restrictives du projet de loi, on constate que les deux conditions doivent s'appliquer. Autrement dit, il doit s'agir de chevaux élevés à des fins de consommation humaine et ces chevaux doivent être accompagnés d'un dossier probant. Les deux conditions doivent s'appliquer. Si le projet de loi acceptait l'une ou l'autre de ces conditions, je ne dis pas, mais ce n'est pas le cas. La plupart des chevaux qui ont servi à quelque activité commerciale ou récréative finiront donc abandonnés, car les gens n'en voudront plus. Si personne ne veut les acheter, ils seront abandonnés.
Les chevaux coûtent cher. De nombreuses personnes qui achètent des chevaux trouvent que ce sont de beaux animaux. C'est vrai. Nous sommes nombreux à les trouver majestueux. On dirait presque qu'ils lisent nos pensées. Avec un cheval, il existe un lien qui n'existe sans doute pas avec un poulet. Néanmoins, il y a de nombreuses années, le maire de ma municipalité était juge lors de concours de poules naines. Il adorait ces poules qui sont de toutes sortes de couleurs. Il adorait ces animaux, bien plus que nombre d'entre nous à la Chambre, ou au pays, ne peuvent se l'imaginer.
L'affection des gens pour les animaux varie considérablement d'un groupe à un autre. Certains aiment les chats ou les chiens domestiques. D'autres aiment les serpents, et d'autres encore, les chevaux. Je peux comprendre l'émotivité qui entoure les chevaux, mais il ne faut pas perdre de vue ce qu'on tente d'accomplir ici. Ce projet de loi aurait pour résultat de mettre fin l'abattage des chevaux. Ce ne serait pas une conséquence imprévue. Cette conséquence serait voulue. Aux États-Unis, le GAO a indiqué que la conséquence imprévue de la fermeture des établissements d'abattage, et non de leur interdiction, a été une dégradation des conditions de vie des chevaux.
À titre de porte-parole en matière d'agriculture pour mon parti, je me trouve personnellement dans une position délicate car je dois être en désaccord avec mon collègue de . Je ne pourrai pas appuyer ce projet de loi à l'étape de la deuxième lecture.
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Monsieur le Président, je remercie le député de d'avoir porté ce dossier à l'attention de la Chambre. Je remercie également les députés qui ont déjà pris la parole à ce sujet ce matin.
D'entrée de jeu, je rappelle que l'abattage d'équidés à des fins de consommation humaine constitue une activité économique légitime au Canada. Les Canadiens tiennent à leurs libertés, notamment la liberté de choix, et il en va de même des propriétaires de chevaux. En fait, le projet de loi briderait le libre-choix. Les Canadiens ne seraient plus libres de manger les aliments salubres de leur choix, et les importateurs et exportateurs ne pourraient plus choisir d'acheter ou de vendre un produit légitime.
J'ai lu le projet de loi à quelques reprises et j'y ai longuement réfléchi. Je sais que certaines personnes ont du mal à admettre qu'on abatte des chevaux pour leur viande. Il va sans dire que les Canadiens se soucient du bien-être des chevaux. En fait, ils tiennent à ce que tous les animaux soient traités humainement. Le gouvernement conservateur en est conscient. Cependant, le projet de loi fait fausse route.
Les propriétaires de chevaux doivent avoir l'entière liberté d'utiliser des procédés sûrs pour mettre fin à la vie de leurs animaux. Il incombe au gouvernement de protéger et non de brimer les droits et le libre-choix des Canadiens. Les Canadiens doivent pouvoir manger ce que bon leur semble, tant qu'il s'agit de nourriture salubre. Il n'incombe pas au gouvernement de dire aux Canadiens ce qu'ils peuvent ou ne peuvent pas manger. Au Québec et dans d'autres provinces, notamment l'Alberta, des Canadiens portent leur choix sur la viande chevaline. D'ailleurs, les supermarchés québécois vendent cette viande dans le même rayon que le boeuf, le poulet et le porc.
Quel est notre rôle? Ce n'est certainement pas de dicter aux Canadiens ce qu'ils peuvent ou ne peuvent pas manger. Notre rôle consiste à veiller à la salubrité des aliments qu'ils choisissent de consommer. Ce projet de loi est présenté comme une mesure concernant la salubrité alimentaire, mais, en réalité, ce n'est pas le cas.
En janvier dernier, j'ai eu le privilège de prononcer une allocution au Forum parlementaire Asie-Pacifique à propos de la salubrité des aliments et de la sécurité alimentaire. Le Canada fait figure d'exemple pour les autres pays en matière de salubrité des aliments. La qualité de notre système de sécurité alimentaire fait notre réputation aux quatre coins du monde. Des débats de ce genre donnent lieu à des sous-entendus qui ne servent absolument aucun intérêt.
Permettez-moi de mentionner à la Chambre ce dont nous, Canadiens, pouvons être si fiers. La viande chevaline est une source sûre et saine de protéines, et le Canada applique une réglementation stricte sur la salubrité des aliments. L'Agence canadienne d'inspection des aliments effectue des inspections quotidiennes dans tous les établissements de traitement de viande agréés par le fédéral pour confirmer que tous les produits sont préparés conformément aux règles fédérales sur la salubrité des aliments.
L'ACIA exige qu'un document d'information équine soit fourni pour tous les équidés présentés à l'abattage. Ce document identifie l'animal et comprend ses antécédents médicaux pour les six derniers mois. L'ACIA fait aussi régulièrement des prélèvements de viande pour vérifier la présence de résidus de médicaments. Nous le faisons déjà. La période de six mois dépasse largement la période de sevrage recommandée pour plusieurs médicaments vétérinaires. Une majorité écrasante d'analyses ne contiennent aucun résidu de médicaments. Les taux de conformité sont très élevés. En fait, ils sont de plus de 98 %.
Le mandat de l'ACIA lui permettrait tout à fait de mettre fin à des pratiques qui mettraient la population en danger, mais ce n'est absolument pas le cas à l'heure actuelle.
Bien que l'abattage d'équidés à des fins de consommation humaine soit légale au Canada, ce projet de loi interdirait indirectement cette activité. J'aimerais poursuivre en abordant l'autre choix que ce projet de loi permettrait, le choix des importateurs et des exportateurs d'acheter ou de vendre un produit légitime.
J'ai dit que certains Canadiens choisissaient de manger de la viande de cheval. Ils en ont le droit et la liberté et nous protégerons leurs droits et leurs libertés.
La production équine occupe une place importante dans l'économie canadienne. En 2012, la valeur de l'industrie canadienne de l'abattage d'équidés était estimée à 122 millions de dollars. Environ 24 millions de kilogrammes de viande ont été produits. La même année, 17,7 millions de kilogrammes de produits chevalins, d'une valeur estimative de 90 millions de dollars pour l'industrie canadienne de la transformation, ont été exportés.
Le projet de loi vise à interdire l'importation ou l'exportation d'équidés en vue de leur abattage ou de la production de viande destinée à la consommation humaine, à moins que l’élevage de l'équidé ait pour objet premier son abattage à des fins de consommation humaine et qu'il soit accompagné d’un dossier médical renfermant les traitements médicaux qu'il a reçus tout au long de sa vie. La mesure législative vise aussi le transport d'équidés d'une province à l'autre ou dans un autre pays. À cause des restrictions qu'imposerait le projet de loi, l'industrie n'aurait plus le droit d'accepter d'équidés en vue de leur abattage, et ce, même si la réglementation fédérale sur la salubrité des aliments et le bien-être des animaux est respectée.
Le projet de loi n'interdirait pas la consommation de viande d'équidés ou leur abattage, mais il ferait cesser le transport d'équidés en vue de leur abattage et de la production de viande. Il s'agit d'une façon détournée d'anéantir une industrie légitime. Le projet de loi ferait en sorte que toute viande d'équidés soit pour ainsi dire interdite au Canada.
L'industrie de l'abattage d'équidés emploie directement bien au-delà de 600 personnes dans les régions rurales du Canada, et ces emplois seraient menacés si pareil projet de loi était adopté. Il faut aussi penser à ces gens et à leurs proches ainsi qu'aux difficultés économiques qui les attendent si le projet de loi est adopté.
Cette mesure législative nuirait grandement à notre capacité d'exporter nos produits chevalins de première qualité qui sont notamment en demande au Japon, en Chine, en France, en Italie, en Mongolie et en Belgique, pour ne nommer que ceux-là. Et qu'en est-il du choix des consommateurs canadiens?
Il faut tenir compte des questions de principe. Le projet de loi retirerait un autre choix, soit celui des propriétaires de chevaux qui souhaitent que leurs animaux terminent ainsi leur vie. À l'heure actuelle, ce sont les propriétaires de chevaux qui décident quelle est la meilleure option de fin de vie pour leurs bêtes. Comme je l'ai dit au début de mon intervention, je comprends que certains aient de la difficulté à accepter que des chevaux soient envoyés à l'abattage, mais l'abattage sans cruauté en vue de la production de viande est une option de fin de vie plus acceptable.
Chaque année, 34 000 poulains s'ajoutent aux troupeaux d'équidés canadiens. Du nombre, 85 % des bêtes sont abattues à la fin de leur vie. En 2012, 26 000 chevaux nés au Canada ont été abattus sans cruauté en vue de la production de viande par leur propriétaire. On retirerait aux propriétaires un important outil de gestion si on restreignait leur liberté de choix; j'estime donc que ce sont les propriétaires qui doivent décider si, de façon logique et éclairée, l'abattage est la meilleure option de fin de vie pour leurs chevaux. Cette option constitue une valeur ajoutée pour les propriétaires de chevaux canadiens qui sont heureux de pouvoir compter sur les revenus engendrés par la vente des équidés dont ils n'ont plus besoin en vue de leur abattage.
Pire encore, je m'inquiète de l'impact négatif du projet de loi sur le bien-être des animaux. Si on interdit cette façon non cruelle de mettre fin à la vie d'un animal, quelle option restera-t-il aux propriétaires d'équidés: l'abandon ou l'euthanasie non supervisée? Nous ne voulons pas exposer les chevaux, ou tout autre animal, à une souffrance indue. C'est pourquoi il est important que l'industrie ait l'option d'abattre les équidés d'une manière qui soit sans cruauté et hygiénique, que les consommateurs aient le droit de consommer des produits de viande chevaline et que les importateurs et exportateurs aient la liberté d'acheter et de vendre ces produits.
Pour terminer, j'aimerais faire part à la Chambre de quelques réflexions personnelles. Mes premiers souvenirs d'enfance à la ferme familiale sont les voyages que je faisais à bord du chariot à foin traîné par l'attelage de chevaux de ma famille. Je sais également que le poulain acheté par mon père pour 12,50 $ quand j'étais enfant était le meilleur cheval à bétail que j'ai jamais monté. Ces chevaux étaient des bêtes de somme, d'excellentes bêtes. Ils faisaient partie de l'entreprise, mais quand j'étais enfant, leurs options de fin de vie m'étaient tout aussi évidentes que celles des poulets, des porcs et des bovins que l'on abattait à la ferme.
Je me souviens comme si c'était hier des jours de vente au Knee Hill Valley 4H Beef Club. Nous choisissions normalement des veaux ordinaires de notre troupeau, mais quand j'avais 10 ans, mon veau et moi nous sommes classés deuxième dans la catégorie de la présentation. L'homme qui a acheté mon bouvillon m'a dit qu'il l'emmènerait peut-être à d'autres expositions puisqu'il était si bien entraîné. Je n'ai jamais oublié comment cela m'a fait sentir. En y repensant, je doute qu'il l'ait fait, mais cela a rendu les adieux un peu moins difficiles. Malgré tout, je ne me faisais pas d'illusions et savais bien que peu de temps après, beaucoup de gens allaient apprécier ma splendide bête.
C'est un grand privilège que nous avons de pouvoir exprimer nos opinions à la Chambre de façon démocratique, et je tiens à remercier le député de d'avoir soulevé la question, mais les conservateurs s'opposeront au projet de loi.