Que la Chambre a) reconnaisse que le gouvernement doit agir pour combler l’écart de rémunération inacceptable qui existe entre les hommes et les femmes et qui contribue à l’inégalité de revenu et est discriminatoire à l’égard des femmes; b) reconnaisse que l’équité salariale est un droit; c) demande au gouvernement de mettre en œuvre les recommandations du rapport de 2004 du Groupe de travail sur l'équité salariale et restaure le droit à l’équité salariale dans la fonction publique éliminé en 2009 par le gouvernement conservateur précédent; d) constitue un comité spécial chargé de tenir des audiences sur l’équité salariale et de proposer un plan d’adoption d’un régime fédéral proactif sur l’équité salariale, législativement et autrement, et (i) que ce comité soit composé de dix membres, dont six du Parti libéral, trois du Parti conservateur et un du Nouveau Parti démocratique, pourvu que le président appartienne au parti ministériel, (ii) que, en plus du président, le comité soit chapeauté par un vice-président de chaque parti d’opposition reconnu, (iii) que le comité dispose de tous les pouvoirs que le Règlement confère aux comités permanents, en plus du pouvoir de voyager, accompagné du personnel nécessaire, sous réserve de l’autorisation habituelle de la Chambre, (iv) que les membres qui siégeront au comité soient nommés par le whip de chaque parti, qui remettra au Greffier par intérim de la Chambre, au plus tard le 17 février 2016, la liste des membres de son parti siégeant au comité, (v) que le quorum du comité soit conforme à l’article 118 du Règlement, à condition qu’au moins un membre de chaque parti reconnu soit présent, (vi) que les membres du comité puissent, à l’occasion et au besoin, se faire remplacer conformément à l’article 114(2) du Règlement, (vii) que le comité fasse rapport à la Chambre au plus tard le 10 juin 2016.
— Monsieur le Président, je suis la députée de Nanaimo—Ladysmith et la porte-parole du NPD en matière de condition féminine. Aujourd'hui, je partagerai mon temps de parole avec ma collègue la députée de .
Je tiens à souligner aujourd'hui le travail accompli par des générations de femmes et par les personnes qui les ont appuyées, et à les remercier pour les gains qui ont été faits. Je pense à ma tante, Kim Malcolmson, une féministe qui a milité pour la justice sociale et qui a été l'une des premières commissaires à l'équité salariale de l'Ontario. Je crois qu'elle nous regarde aujourd'hui.
Les néo-démocrates sont solidaires des nombreuses féministes qui nous ont permis de marquer d'énormes progrès au fil des générations. Cela dit, l'écart entre les salaires demeure une réalité pour les Canadiennes. À travail égal, salaire égal: c'est un droit humain fondamental. Pourtant, encore aujourd'hui, au Canada, les femmes gagnent beaucoup moins d'argent que leurs collègues masculins.
Hier soir, j'ai appris que les employés des garderies, qui doivent détenir un diplôme qui requiert plusieurs années d'études, gagnent en moyenne 25 000 $ par année et que 97 % d'entre eux sont des femmes. Prenons à titre de comparaison un métier exercé par 97 % d'hommes, celui de camionneur. Les camionneurs suivent aussi une solide formation, mais ils gagnent 45 000 $ par année en moyenne. Lorsqu'on compare les salaires respectifs de ces deux groupes, soit 25 000 $ et 45 000 $, on se rend compte qu'il y a une injustice.
En moyenne, les femmes qui travaillent à plein temps au Canada gagnent seulement 77 % de ce que gagnent leurs collègues masculins. L'écart est encore plus grand pour les femmes autochtones, les femmes de couleur, les femmes transgenres et les femmes qui vivent avec un handicap.
Le Canada est l'un des pires pays du monde pour ce qui est de l'écart entre les sexes, se classant 30e sur 34 pays de l'OCDE à ce chapitre. C'est inacceptable. Cela contribue à l'inégalité du revenu et c'est une forme de discrimination envers les femmes.
Mon amie June Ross, de Nanaimo, me racontait en fin de semaine son expérience, d'abord comme chef de famille monoparentale aux études, puis, après avoir obtenu son diplôme, comme aide-enseignante. Elle était rémunérée 8 $ l'heure alors que ses collègues, concierges en milieu scolaire, gagnaient de 11 à 15 $ l'heure. Ce n'était pas juste. Depuis, elle consacre une grande partie de sa vie à lutter pour l'équité salariale. Elle est très découragée de constater les réductions salariales et l'absence de progrès. Voir des femmes âgées vivre dans la pauvreté dans notre circonscription la trouble profondément. Ce n'est pas juste.
Il est temps de prendre des mesures concrètes pour atteindre véritablement l'égalité pour les femmes. Voilà pourquoi les néo-démocrates demandent au Parlement de reconnaître l'équité salariale en tant que droit, car les droits des femmes sont des droits de la personne.
Le Canada peut s'appuyer sur d'excellentes lignes directrices nationales et internationales pour y parvenir. En 1976, il a ratifié le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels des Nations unies, qui prévoit un salaire équitable et une rémunération égale pour un travail de valeur égale.
En 1977, la Loi canadienne sur les droits de la personne a été modifiée comme suit:
Constitue un acte discriminatoire le fait pour l’employeur d’instaurer ou de pratiquer la disparité salariale entre les hommes et les femmes qui exécutent, dans le même établissement, des fonctions équivalentes.
En 1981, le Canada a ratifié la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, qui prévoit le droit à l'égalité de rémunération et à l'égalité de traitement pour un travail d'égale valeur.
Le Canada s'est engagé il y a 40 ans à respecter ces trois documents fondamentaux, mais la situation n'est toujours pas ce qu'elle devrait être. Toutefois, il y a lieu de souligner que ces trois engagements novateurs en matière d'équité salariale ont tous été pris par le gouvernement de Pierre Trudeau.
Dans l'intérêt de notre génération, j'exhorte le actuel et son gouvernement à terminer le travail amorcé par le premier premier ministre Trudeau et à légiférer en vue de la parité salariale.
Étant donné que les gouvernements précédents ont laissé passer ces occasions cruciales pour combler l'écart salarial, notre deuxième recommandation est de demander au gouvernement de mettre en oeuvre les recommandations énoncées dans le rapport de 2004 du Groupe de travail sur l'équité salariale, créé en 2000 par le gouvernement libéral d'alors. En 2004, le groupe de travail a recommandé une législation proactive distincte en matière d'équité, législation que les libéraux de l'époque n'ont pas réussi à faire adopter.
En 2009, les conservateurs ont mis à mal l'équité salariale dans la fonction publique, ce qui nous amène à notre troisième recommandation: que le gouvernement restaure le droit à l'équité salariale dans la fonction publique, droit éliminé par les conservateurs.
La Loi sur l'équité dans la rémunération du secteur public de 2009 était une autre mesure législative qui fait exactement le contraire de ce que son titre laisse entendre. En effet, cette loi rendait plus difficile la rémunération équitable des femmes du secteur public. Elle transformait l'équité salariale en une source de problème pour les négociations collectives, au lieu d'en faire un droit de la personne. Elle forçait les femmes à déposer des plaintes à titre personnel, au lieu de permettre aux syndicats de les appuyer. Elle imposait une amende de 50 000 $ à tout syndicat aidant ses membres à déposer une plainte en matière d'équité salariale et elle interdisait l'accès à la Commission canadienne des droits de la personne. Cette mesure législative avait été intégrée à un projet de loi d'exécution du budget que les libéraux ont appuyé alors que le gouvernement était minoritaire.
Afin de réparer ces dégâts et de poursuivre le travail que l'ancien gouvernement n'a pas terminé, nous demandons instamment aux parlementaires d'adopter notre quatrième recommandation, c'est-à-dire de constituer un comité spécial chargé de tenir des audiences sur l'équité salariale et de proposer un plan d'adoption d'un régime proactif sur l'équité salariale.
Nous espérons que les députés conviendront que ce doit être une priorité en 2016. En plus d'être la bonne chose à faire, cette mesure est sensée sur le plan économique. Il est avantageux pour l'économie locale que les femmes disposent d'un plus grand pouvoir d'achat. C'est ce que concluent de nombreuses études. Il est coûteux pour la société de laisser les femmes sombrer dans la pauvreté. Le tiers des femmes âgées seules vivent actuellement dans la pauvreté. C'est inacceptable. Il est grand temps que le gouvernement fédéral agisse, qu'il fasse ce qui s'impose et qu'il s'attaque à l'écart de rémunération.
Absolument rien ne justifie que les Canadiennes continuent d'avoir un salaire nettement inférieur à celui des Canadiens. Nous sommes prêts et disposés à collaborer avec le gouvernement libéral afin d'adopter une mesure législative proactive qui instaurera enfin l'équité salariale entre les hommes et les femmes. Oui, faisons-le.
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Monsieur le Président, j'ai l'honneur de me lever à la Chambre, aujourd'hui, pour participer à notre première journée de l'opposition. Malgré tout, je ressens une certaine déception. Comme chacun le sait, la motion que nous débattons aujourd'hui porte sur l'équité salariale. C'est une déception, parce que ce sujet aurait dû être réglé depuis belle lurette. En préparant mon discours, j'ai été frappée par le fait que ce même Parlement a voté, il y a 38 ans, la Loi canadienne sur les droits de la personne. Il y a 38 ans, c'était l'année de ma naissance, et aujourd'hui, je suis à la Chambre pour débattre de ce sujet, encore une fois.
Depuis toutes ces années, nous parlons de régler le problème entourant l'équité salariale. Comment expliquer que nous n'ayons pas été en mesure de pallier cette discrimination, alors qu'il existe une loi rendant illégale la discrimination à l'endroit des femmes en milieu de travail?
Voici la réalité telle qu'elle est encore aujourd'hui: les Canadiennes sont payées en moyenne 23 % de moins que leurs collègues masculins. Cet écart de salaire est pire pour les femmes des Premières Nations, des minorités visibles et des femmes qui ont une mobilité réduite. Pour une même profession, le salaire est différent. Ce n'est pas normal, et ce n'est tout simplement pas acceptable. Il n'y a aucune raison pour que les femmes au Canada gagnent moins que les hommes. Cette discrimination contribue au problème grandissant des inégalités économiques. Alors que je décris ce problème, je lève les yeux vers le nouveau gouvernement, et j'espère qu'il sera à la hauteur de nos attentes.
Le gouvernement a l'occasion de poser un geste concret pour aider les femmes à faire reconnaître ce qui, finalement, n'est qu'un droit fondamental.
Mes collègues masculins accepteraient-ils d'être payés 23 % de moins que leurs collègues de sexe féminin? Personnellement, je crois que non. La question aurait été réglée depuis longtemps. J'oserais même dire qu'on ne parlerait même plus du problème aujourd'hui, et que ce dernier n'aurait pas perduré 38 ans.
N'oublions pas que l'inégalité des sexes est une manière de signifier qu'on oublie la contribution importante des femmes à notre économie. Que le travail soit fait par un homme ou par une femme, il n'a pas de genre et il n'a pas de sexe. Arrêtons de faire traîner le problème en longueur, alors que nous avons à la fois les raisons et le pouvoir de régler la question. Je n'ai qu'à penser au conflit avec le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, il y a plus de 30 ans. C'est simple et inconcevable de penser qu'il a fallu toutes ces années pour régler un problème alors que des lois étaient déjà en vigueur pour régler la situation.
Trente mille femmes auraient pu être admissibles immédiatement et auraient pu continuer à faire rouler notre économie convenablement. Trente ans plus tard, lorsqu'il y a eu le règlement, ces chèques avaient malheureusement une tombe pour adresse, parce que plusieurs d'entre elles étaient décédées. Pendant toute leur carrière, elles n'ont pu bénéficier de l'égalité salariale.
Le gouvernement libéral ne peut pas se permettre de rester les bras croisés par rapport à cet enjeu. Nous devons adopter des mesures concrètes afin de mettre fin à l'iniquité salariale qui subsiste. De notre côté, au NPD, nous nous battons à cet égard depuis plusieurs années. Soyons honnêtes, le gouvernement précédent a renvoyé le droit des femmes une décennie en arrière.
Je vais maintenant énumérer quelques faits. Ils ont changé les critères qui déterminaient si les postes de valeur égale devaient être inclus dans les forces du marché. Ils ont fait en sorte que l'équité salariale devienne un enjeu de convention collective plutôt qu'un droit de la personne. Ils ont imposé des amendes de 50 000 $ à tout syndicat qui aide une femme à porter plainte au regard de l'équité salariale. C'est inacceptable.
Au début de mon discours, j'ai souligné ma déception. En voici d'autres preuves. En 2000, le gouvernement avait demandé à un groupe de travail de se pencher sur la question que nous débattons aujourd'hui à la Chambre. Ce groupe de travail a procédé à des consultations exhaustives, tant avec des employeurs, des syndicats et des groupes militants qu'avec des femmes, pour se battre pour une plus grande égalité salariale.
Le résultat de ce groupe de travail a été très complet. Il a fait 113 recommandations constructives et concrètes pour mettre un terme à l'iniquité salariale.
Malheureusement, plus de 12 ans après le rapport du Groupe de travail sur la parité salariale, aucune des recommandations n'a été mise en application. Il n'y a pas que le gouvernement conservateur qu'il faut blâmer. Sous le gouvernement Martin, les libéraux n'ont pas bougé le petit doigt non plus. Pourtant, les faits sont connus. En voici quelques-uns pour éclairer la réflexion et souligner l'urgence d'agir sur le sujet.
Tout d'abord, le Canada est à la traîne en matière d'équité salariale; selon le Forum économique mondial, le Canada se classe au 80e rang sur 145 pays. C'est tout simplement inacceptable pour un pays membre du G7. L'iniquité salariale a aussi un coût économique comme le démontre une étude de la RBC, puisque combler l'écart pourrait injecter 4 % dans le PIB d'ici 2032. Nous pourrions avoir une augmentation concrète. Les femmes entre 45 et 54 ans gagnent en moyenne 23 600 $ de moins par année que les hommes du même groupe d'âge.
Le sujet du droit à l'équité n'est pourtant pas nouveau. Nous ne nageons pas ici dans des eaux peu connues. Depuis des années, le Canada a reconnu que l'équité salariale était un problème. Sinon, pourquoi aurions-nous signé une multitude de traités internationaux tels que le Pacte international des Nations unies relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, en 1976, qui prévoit un salaire équitable et une rémunération égale pour un travail de valeur égale, sans distinction aucune? Il y a encore la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, en 1981. C'est écrit noir sur blanc: les femmes ont droit à l'égalité des rémunérations.
Au Canada, plusieurs provinces ont reconnu que l'équité salariale était un problème et qu'il fallait le résoudre. Je souligne, entre autres, le travail du Québec à cet égard.
Nous voici donc en 2016. Cela fait longtemps que le NPD se bat pour cela. Maintenant, il me semble qu'il serait temps de passer à l'action. Nous demandons au gouvernement de mettre en oeuvre les recommandations du Groupe de travail sur l'équité salariale.
Notre proposition concerne tous ceux et celles qui travaillent sous juridiction fédérale dans les secteurs privés et publics. Pratiquement, nous parlons de ces femmes qui travaillent dans les banques, dans les secteurs des communications ou dans les transports. La motion demande au gouvernement de reconnaître l'équité salariale comme un droit, de finalement mettre en oeuvre les recommandations du rapport de 2004 produit par le Groupe de travail sur la parité salariale, de former un comité spécial chargé de tenir des audiences sur l'équité salariale afin de proposer une loi proactive sur l'équité salariale. En terminant, nous demandons au gouvernement d'agir concrètement pour combler l'écart de rémunération inacceptable qui existe entre les hommes et les femmes. Il doit reconnaître que l'équité salariale est un droit fondamental. Nous espérons que le gouvernement appuiera cette motion et que l'équité salariale sera une de nos priorités.
:
Monsieur le Président, c'est avec grand plaisir que je prends la parole aujourd'hui au sujet de l'équité salariale. Je tiens à remercier mes collègues du NPD d'avoir soulevé cette question à la Chambre. Je voudrais aussi rappeler aux députés qu'il ne s'agit pas d'une question partisane. Les députés de tous les partis politiques ont des points de vue très semblables sur la question de l'égalité des femmes. Il ne s'agit pas non plus d'une question qui devrait retenir l'attention seulement des femmes.
[Français]
Cet enjeu important n'affecte pas que les femmes. En fait, cet enjeu nous implique tous.
Par exemple, cela touche les familles. Pensons aux enfants qui ne peuvent pas passer de temps avec leurs parents parce que ceux-ci travaillent à temps plein pour un revenu et demi. Pensons au couple qui doit s'inquiéter de ne pas gagner assez d'argent pour payer les études des enfants. Pensons aux papas qui pensent à l'avenir de leurs filles.
[Traduction]
Étant moi-même père de jumelles, je peux assurer aux députés qu'il n'y a rien que je souhaite plus que de vivre dans un Canada où il n'y a pas de différence entre le salaire que les femmes peuvent espérer gagner par rapport à celui auquel peuvent aspirer leurs collègues masculins, un Canada où Claire et Rose pourront participer pleinement et sans encombre à l'économie et à la société.
Qu'il y ait un écart entre le salaire des femmes et celui des hommes, à l'époque où nous vivons, est carrément inacceptable. Seule la discrimination peut expliquer qu'à travail comparable, une femme soit payée moins qu'un homme. Aux yeux du gouvernement du Canada, le principe voulant que pour un travail de valeur égale, tout le monde devrait toucher un salaire égal, doit être considéré comme un droit de la personne. C'est non négociable, et c'est d'ailleurs pourquoi ce principe a été inscrit dans la Loi canadienne sur les droits de la personne et assorti de garanties constitutionnelles. Sur la scène internationale, l'équité salariale est reconnue depuis des dizaines d'années comme un droit fondamental. En fait, en 1951, l'Organisation internationale du travail, de l'ONU, adoptait la convention no 100, appelée « Convention concernant l'égalité de rémunération entre la main-d'oeuvre masculine et la main-d'oeuvre féminine pour un travail de valeur égale ». Le Canada l'a ratifiée en 1972 afin, entre autres, de donner suite à la Commission royale d'enquête sur la situation de la femme.
Nous n'avons aucunement l'intention de revenir en arrière. Nous croyons au contraire qu'il est temps de regarder vers l'avant, car comme l'a dit le député, nous sommes en 2016. Nous avons compris que le Canada ne se porte jamais mieux que lorsque les talents de femmes sont mis à contribution dans l'ensemble des secteurs de la société et à tous les échelons de l'appareil gouvernemental, de la base jusqu'au sommet de la hiérarchie.
D'aucuns affirment que le fait qu'il y ait plus de femmes au Cabinet et dans les conseils d'administration est bon pour les femmes. Pour avoir déjà fait partie du Cabinet et en être encore membre aujourd'hui, je peux assurer aux députés que, lorsque la diversité s'invite aux réunions du Cabinet, avec ses perspectives, ses expériences de vie et ses antécédents variés, les décisions n'en sont que meilleures et profitent davantage à chacun d'entre nous. Plus nous tâcherons de faire tomber les obstacles et inciterons les jeunes femmes et les filles à s'intéresser à une gamme de métiers aussi vaste que possible, plus fort sera le pays. Et pour ce faire, le ton doit être donné à partir d'en haut.
[Français]
Le s'est engagé à nommer un Cabinet paritaire, et il a rempli sa promesse, preuve de sa conviction que notre pays est plus fort et mieux piloté lorsque son dirigeant reflète la grande diversité du Canada. C'est un moment marquant.
[Traduction]
Non seulement nous avons la parité hommes-femmes au Cabinet, mais les postes occupés par des femmes au Cabinet sont absolument essentiels à la réussite de notre pays. Lorsque le s'est fait demander pourquoi c'était pour lui une priorité, il a répondu: « Parce que nous sommes en 2015. » Cette réponse disait très simplement, non seulement aux Canadiens, mais au monde entier, que l'égalité est une priorité du gouvernement.
Par ailleurs, il devrait aller de soi que nous sommes déterminés à promouvoir l'équité salariale à tous les niveaux, y compris au Cabinet. En 2016, les femmes s'attendent à participer pleinement à la vie économique, sociale et démocratique de notre pays.
Je crois que les gestes posés par le pour promouvoir la parité hommes-femmes auront des répercussions importantes à l'extérieur du gouvernement. Plus tôt, une collègue conservatrice a demandé pourquoi cette motion ne s'appliquerait qu'à la fonction publique, et la députée néo-démocrate lui a répondu. Je dirais que, lorsque le gouvernement prend les devants dans un dossier comme l'équité hommes-femmes, cela a des répercussions importantes au-delà de la fonction publique. Par exemple, j'ai parlé avec des cadres supérieurs du secteur bancaire qui m'ont dit que, dans ce secteur, cela a même changé la nature des discussions que les femmes occupant un poste de cadre supérieur tenaient à propos de leur avenir. Au Canada, je connais un haut dirigeant d'une société qui a envoyé un courriel à des collègues avec qui il siège au sein de plusieurs conseils d'administration de sociétés cotées en bourse afin de leur signaler que cette situation change la donne, et que les dirigeants de sociétés doivent se ressaisir au Canada. Le simple fait de donner l'exemple au Cabinet suscite des attentes plus élevées chez les dirigeants des autres secteurs, y compris au sein des sociétés canadiennes.
Au sein de la fonction publique, presque 55 % des fonctionnaires sont des femmes, comparativement à 42 %, par exemple, en 1983. C'est un changement important. Au niveau de la direction, 46 % des cadres sont des femmes, comparativement à 5 % en 1983. Ce nombre a plus que triplé depuis 1993. Il y a eu des progrès, mais il y a beaucoup de travail à faire. Les femmes prennent de plus en plus la place qui leur revient dans la fonction publique fédérale. Elles occupent des postes supérieurs, et, au fil du temps, nous avons observé une hausse à cet égard dans l'ensemble de la fonction publique.
On a mentionné qu'il y a beaucoup de travail à faire, par exemple à la Chambre des communes. Tous les partis politiques doivent s'engager à adapter davantage la Chambre aux besoins des familles de façon générale, pas seulement pour les femmes, mais pour tous les parents ayant de jeunes enfants, peu importe leur sexe. La Chambre doit être mieux adaptée aux besoins des familles.
Dans des secteurs précis de la fonction publique, de véritables progrès ont été réalisés pour les femmes. À titre d'exemple, elles représentent 57 % du groupe des juristes, 56 % du groupe des économistes et 47 % du groupe des délégués commerciaux. Nous pouvons faire beaucoup plus pour que les paliers supérieurs de gouvernement, y compris les organismes fédéraux, et les nominations reflètent la diversité actuelle. Je peux assurer à tous les députés que le gouvernement du Canada est fermement engagé à ce que la fonction publique reflète la diversité de la société, notamment en respectant la parité hommes-femmes.
C'est pourquoi nous instaurons, dans l'ensemble de la fonction publique, un nouveau processus de nomination ouvert, fondé sur le mérite. Grâce à ce geste important, on devrait voir plus de femmes nommées à des postes de direction. D'ailleurs, la lettre de mandat de la , qui prendra part à ce débat plus tard ce matin, indique très clairement qu'elle doit appuyer le Bureau du Conseil privé dans l’élaboration de processus de surveillance et de production de rapports afin de veiller à ce que les nominations de cadres supérieurs soient fondées sur le mérite et traduisent une parité hommes-femmes.
Il est important d'adopter une approche axée sur les résultats, puis d'évaluer les résultats et les progrès réalisés. On ne peut pas gérer ce qu'on ne mesure pas. Ce dossier est d'une importance prioritaire pour le gouvernement libéral. Nous comptons évaluer les résultats et en faire rapport de façon transparente.
Je suis ravi de souligner que dans mon ministère, le Secrétariat du Conseil du Trésor, le comité de direction compte 55 % de femmes, parmi lesquelles la fonctionnaire à la tête du ministère, la secrétaire du Conseil du Trésor, et la sous-ministre. Dans l'ensemble, les femmes représentent 62 % du SCT, mais on peut encore faire mieux. Le statu quo ne nous satisfait pas.
Le gouvernement libéral compte faire progresser la parité salariale entre hommes et femmes au sein de la fonction publique et partout au pays. Il faut reconnaître qu'il existe toujours des écarts salariaux dans la fonction publique fédérale: les femmes y gagnent, en moyenne, 91 % du salaire des hommes. Cet écart a commencé à diminuer, mais il est inacceptable qu'on constate toujours un écart fondé sur le sexe. Il faut rectifier la situation de façon équilibrée et responsable, afin que les femmes puissent recevoir, pour un travail d'égale valeur, un salaire égal.
Des personnes nous ont dit que, dans sa forme actuelle, la Loi sur l’équité dans la rémunération du secteur public les préoccupait grandement. Comme les députés le savent, la Loi avait pour but d'instaurer un nouveau processus d'équité dans la rémunération à la fonction publique fédérale. Elle a été rédigée pour éliminer le processus fondé sur les plaintes que menait la Commission canadienne des droits de la personne et le remplacer par une approche de l'indemnisation équitable qui intègre l'équité salariale aux négociations collectives. Elle a confié la responsabilité d'assurer le respect de cette équité, jusque là du ressort de la Commission canadienne des droits de la personne, à la Commission des relations de travail dans la fonction publique.
Cependant, la Commission des relations de travail dans la fonction publique manque d'expérience en matière d'équité salariale et n'est pas investie du mandat de vraiment protéger les droits de la personne, alors elle ne possède pas les pouvoirs nécessaires.
À l'époque, le gouvernement affirmait que ces modifications découlaient du rapport de 2004 produit par le Groupe de travail sur la parité salariale. En réalité, ces modifications n'étaient pas tout à fait conformes aux recommandations du rapport, qui comprenaient entre autres la création d'une nouvelle commission de l'équité salariale pour les sociétés d'État de la fonction publique fédérale et toutes les sociétés sous réglementation fédérale.
La Loi sur l’équité dans la rémunération du secteur public a aussi été rédigée pour miser sur les forces du marché, qui n'a pas été une approche efficace pour traiter pareille discrimination.
L'Alliance de la fonction publique du Canada, l'AFPC, et l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada ont soulevé une contestation fondée sur la Charte à l'encontre de la Loi au motif qu'elle violait les droits à l'égalité, à la liberté d'expression et à la liberté d'association.
Cela dit, la Loi sur l’équité dans la rémunération du secteur public n'est jamais entrée en vigueur. Les règlements nécessaires à son application n'ont jamais été finalisés. La Loi n'assure pas un juste équilibre, et l'actuel gouvernement ne la mettra pas en oeuvre parce qu'elle serait inéquitable envers les personnes concernées. Nous devons consulter celles-ci et tenir compte de leurs points de vue.
Nous nous engageons à régler la question de l'équité salariale de manière nuancée et responsable. Voilà pourquoi le gouvernement propose une nouvelle voie et s'apprête à consulter les syndicats et les intervenants sur la question.
Il nous tient à coeur de rétablir une culture de respect envers la fonction publique et au sein de celle-ci. Selon nous, c'est l'un des dossiers où le gouvernement, les fonctionnaires et les syndicats qui les représentent s'entendent à bien des égards.
Nous faisons tout cela parce que l'équité constitue l'un des principes directeurs du mandat du gouvernement. En effet, l'ensemble de notre mandat vise l'équité pour les Canadiens de la classe moyenne. Le premier projet de loi du gouvernement, présenté par le , propose une baisse considérable d'impôt pour la classe moyenne canadienne de manière à rendre notre régime fiscal plus progressiste.
À notre avis, le fractionnement du revenu, tel que l'a conçu le gouvernement précédent, n'était pas juste. Nous estimions qu'il offrait des avantages disproportionnés aux familles canadiennes qui n'en avaient pas le plus besoin, sans en faire assez pour les familles canadiennes qui avaient vraiment besoin d'aide.
Dans le budget, l'Allocation canadienne aux enfants nous permettra de venir en aide aux familles canadiennes avec enfants qui en ont le plus besoin. Je vais donner un exemple aux députés. Les familles canadiennes qui gagnent 45 000 $ par année auront dorénavant 4 000 $ de plus dans leurs poches après impôt. Les familles canadiennes avec deux enfants qui gagnent 90 000 $ par année auront 2 500 $ de plus dans leurs poches. En fait, toutes les familles canadiennes qui gagnent moins de 150 000 $ par année y trouveront leur compte.
Cette politique, la nouvelle Allocation canadienne aux enfants, nous donne la possibilité de sortir 300 000 enfants canadiens de la pauvreté.
J'en parle, car c'est une question d'équité; la parité hommes-femmes et le principe d'un salaire égal pour un travail de valeur égale sont des questions d'équité. Je pense que, peu importe le parti auquel nous appartenons, nous devons tous nous laisser guider par les principes d'équité et d'égalité.
Nous reviendrons également à une politique moderne et inclusive de rémunération équitable dans le cadre des activités d'approvisionnement du gouvernement fédéral. Nous allons restaurer l'intégrité du processus électoral et améliorer l'impartialité des élections pour contribuer à rétablir la confiance des Canadiens dans le gouvernement et la participation citoyenne.
Nous allons aussi rendre l'Agence du revenu du Canada plus équitable, plus utile et plus conviviale, plus centrée sur les clients, pour aider les particuliers, les contribuables canadiens, les entreprises et les petites entreprises à mieux travailler avec l'Agence.
Nous rendrons aussi publiques les mesures dans nombre de ces domaines. Nous établirons un processus transparent. Par exemple, lorsque nous fixerons les objectifs en matière de parité hommes-femmes, nous les mesurerons et en ferons rapport en vue de garantir l'ouverture et la transparence du gouvernement.
Nous tiendrons compte de l'analyse fondée sur l'égalité hommes-femmes dans chaque décision que nous prendrons et nous l'appliquerons. On ne peut pas vraiment gérer quelque chose qu'on n'a pas mesuré; la mesure et une orientation axée sur les résultats sont donc un premier pas en avant.
Nous rétablirons le caractère juste et équilibré des lois sur le travail, afin qu'elles reconnaissent l'importance des syndicats au Canada. L'une des premières choses que j'ai faites en tant que a été de communiquer avec certains syndicats de la fonction publique. J'ai parlé avec Robyn Benson, présidente de l'AFPC, avec Debi Daviau, présidente de l'Institut professionnel de la fonction publique du Canada et avec Ron Cochrane, coprésident du Conseil national mixte, en vue de discuter de certaines questions qui leur tiennent à coeur, et nous avons constaté que nous avions beaucoup de choses en commun.
Nous entamons les négociations avec les syndicats de la fonction publique, et ce, à un moment où la situation financière est difficile. Nous avons hérité non seulement d'un déficit, mais aussi d'une économie à croissance lente. La chute des cours du pétrole a freiné la croissance économique au Canada et compliqué encore davantage notre situation financière. Nous comptons cependant négocier de bonne foi. Nous respecterons le processus de négociation selon le principe directeur qu'est le rétablissement d'une culture du respect pour la fonction publique ainsi qu'au sein de celle-ci.
Les électeurs nous ont confié le mandat progressiste de créer des emplois, de stimuler la croissance et d'investir dans les Canadiens et leurs localités. Pour nous acquitter de notre mandat, il nous faut une fonction publique motivée et dynamique. Mais il faut également que nous soyons réalistes et que nous tenions compte des contraintes financières actuelles dans l'exécution de notre mandat.
Le Conseil national mixte est l'une des premières organisations que j'ai rencontrées. Nous avons eu l'occasion de discuter de l'importance du processus de négociation collective et de confirmer à nouveau notre intention de négocier de bonne foi. Nous avons également eu l'occasion de parler d'un récent rapport du Conseil au sujet de la santé mentale. Si je soulève la question, c'est parce que la santé mentale en milieu de travail est un des domaines d'entente de la fonction publique canadienne et du gouvernement du Canada, tout comme celui de l'égalité des femmes et de la diversité dans le milieu de travail.
La capacité que nous avons de travailler de façon constructive et progressiste dans des domaines où les parties trouvent un terrain d'entente nous permettra d'améliorer le climat des négociations à mesure qu'elles se déroulent. Il y a 27 conventions collectives et 15 unités de négociation, et nous sommes impatients de nous y mettre.
Nous, au gouvernement, travaillerons en collaboration avec les Canadiens. C'est l'une des pierres angulaires de notre programme. Cela fait partie du mandat du gouvernement. Pour nous en acquitter, nous devons entre autres collaborer avec les députés afin de cultiver la courtoisie à la Chambre et favoriser une approche constructive dans tous les dossiers.
Dans ce contexte, il est important de collaborer avec les peuples autochtones en tant que partenaires dans le but de bâtir un Canada meilleur, avec les chefs d'entreprise ainsi qu'avec les gouvernements provinciaux et les administrations municipales. De nouveau, nous devrons adopter des politiques touchant des priorités comme l'équité salariale, l'égalité et la diversité, non pas en tant que gouvernement ou parti politique présent à la Chambre, mais bien en tant que Parlement. Nous pourrons alors être fiers de ce que nous faisons et de notre esprit de collaboration en vue de bâtir un Canada plus juste et meilleur.
:
Monsieur le Président, je suis ravie de prendre la parole à la Chambre aujourd'hui au sujet de l'équité salariale. Je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
Je vais commencer par lire textuellement l'énoncé de politique du Parti conservateur:
Le Parti conservateur du Canada appuie la pleine participation des femmes à la vie sociale, économique et culturelle du Canada. La population active canadienne a évolué de façon telle qu’on y retrouve plus de femmes que jamais. Nous croyons que tous les Canadiens ont le droit d’être libres de toute discrimination en milieu de travail et ont droit à l’égalité des chances. Les personnes ne devraient être jugées qu’en fonction de leurs compétences, de leurs qualifications et de leur mérite. Les femmes doivent avoir droit à la parité salariale pour un travail égal.
Voilà ce en quoi notre parti croit, et c'est aussi ma croyance.
Au cours des dix dernières années, notre parti a pris des mesures pour améliorer la condition féminine au pays. Nous avons nommé la première femme au Cabinet. Nous avons nommé la première femme au Sénat. Nous avons fait élire la première femme ingénieure à la Chambre.
Notre initiative « Conseil d’administration : place aux femmes » a accru de 20 % la représentation des femmes au sein des conseils d'administration à la grandeur du pays en moins de deux ans. Nous avons nommé la première greffière du Conseil privé à la Chambre. Toutes ces femmes ont été rémunérées équitablement.
[Français]
J'appuie donc entièrement la déclaration de l'alinéa a) de cette motion présentée par le NPD dans le cadre de sa journée de l'opposition, qui demande que la Chambre reconnaisse que le gouvernement doit prendre des mesures pour combler l'écart salarial inacceptable entre les hommes et les femmes qui contribue à l'inégalité des revenus et est discriminatoire à l'égard des femmes.
[Traduction]
J'ai été victime d'iniquité salariale tout au long de mes 32 ans de carrière en génie. Dans un cas, on a fait appel à un avocat spécialisé en ressources humaines après des années de plaintes formulées par de nombreuses femmes. À l'instar de bien des femmes qui se trouvaient dans une situation semblable, j'ai obtenu une hausse salariale de 17 % pendant que j'étais en congé de maternité. Quand j'ai demandé si c'était en reconnaissance de l'extraordinaire travail que j'avais accompli durant mon congé ou si je devais m'attendre à un chèque rétroactif pour les années où j'avais été payée de façon inéquitable, je me suis fait répondre que je ferais mieux d'accepter l'augmentation sans trop poser de questions.
Dans le cadre d'une autre fonction, on ne m'a pas donné de prime, une année, même si j'avais obtenu un des meilleurs résultats. On m'a dit que l'entreprise traversait une période difficile, ce qui était vrai. Pourtant, mes collègues masculins ont chacun reçu une prime de 5 à 10 % de leur salaire pour la même période.
Même si des lois ont été adoptées afin que les hommes et les femmes reçoivent un salaire équitable pour le même travail, il existe toujours des moyens de faire preuve de discrimination, notamment en ce qui concerne les délais avant d'avoir une promotion, l'octroi de primes et la disparité à l'intérieur d'une échelle salariale.
J'ai deux filles qui viennent d'entrer sur le marché du travail et je veux faire tout mon possible pour garantir qu'elles seront payées de façon équitable par rapport à leurs homologues.
Dans la partie b) de la motion de l'opposition, on demande de reconnaître « que l'équité salariale est un droit ». Comme le l'a signalé, ce droit fondamental, qu'on appelle aussi la parité salariale pour des fonctions équivalentes, est déjà défini à l'article 11 de la Loi canadienne sur les droits de la personne. Ce qu'il reste notamment à faire, c'est de trouver une méthode permettant de comparer des fonctions différentes afin de déterminer si les postes sont équivalents.
Il faut aussi s'intéresser à l'application de la loi, pour que les bonnes pratiques d'équité salariale que les sociétés canadiennes adoptent soient toujours scrupuleusement respectées.
Le NPD parle du « rapport du 2004 du Groupe de travail sur l'équité salariale » dans la partie c) de la motion. On a donné suite à de nombreuses recommandations de ce rapport, mais il reste beaucoup de choses à faire. Je ne souscris pas à toutes les recommandations de ce rapport, mais je conviens qu'il y a encore du travail à faire.
La motion de l'opposition préconise aussi de « restaure[r] le droit à l'équité salariale ». Ce passage laisse entendre que notre parti a, en quelque sorte, aboli ce droit en 2009. C'est absolument faux. On ne peut pas abolir un droit fondamental qui figure dans la Loi canadienne sur les droits de la personne. L'équité salariale règne dans la fonction publique. J'en veux pour preuve les faits suivants.
En 2013, 55 % des fonctionnaires étaient des femmes. Ce chiffre provient des dossiers sur les activités de dotation et d'embauchage dans le secteur public. Le pourcentage de femmes à des postes de cadre dans la fonction publique est de 46 %, comme il a déjà été mentionné.
La Loi sur l'équité dans la rémunération du secteur public, qu'on peut consulter sur la page Web du gouvernement où elle est affichée en toute transparence, réitère l'obligation de verser des salaires égaux aux hommes et aux femmes pour un travail de valeur égale. Ce qui s'est vraiment passé en 2009, c'est que la Loi sur l'équité dans la rémunération du secteur public a été adoptée. Cette loi prévoyait que les questions d'équité salariale entre les hommes et les femmes de la fonction publique allaient être réglées dans le cadre des négociations collectives et que les plaintes seraient soumises à la Commission des relations de travail dans la fonction publique, qui devait les traiter rapidement. Cela réglait la question des délais de traitement des plaintes, qui étaient auparavant soumises à la Commission des droits de la personne. Selon le Comité sénatorial des droits de la personne, la Commission mettait au moins six ans à traiter les plaintes et, même dans certains cas, jusqu'à 15 ans. Les affaires d'équité salariale, bien qu'elles ne représentent que 8 % des cas, représentaient la moitié des dépenses en frais juridiques de la Commission des droits de la personne.
Si je m'en remets aux faits et aux données probantes, je me vois forcée de rejeter le libellé de la partie c) de la motion, car il ne correspond pas aux faits. Les fonctionnaires ont droit à l'équité salariale et le Parti conservateur ne leur a pas enlevé ce droit.
La partie d) de la motion d'aujourd'hui demande la création d'un comité spécial dont la composition ressemble à celle du comité de la condition féminine. Ce nouveau comité se pencherait sur l'équité salariale, dossier que le comité de la condition féminine a déjà étudié, sauf erreur, et de très bonne manière. Je siège depuis peu à ce comité et j'ai été impressionnée de constater qu'il a travaillé la plupart du temps de façon non partisane au cours de la dernière législature, et que les questions liées à l'égalité entre les sexes ont été examinées minutieusement, avec coeur et intelligence.
En 2015, la Banque de développement du Canada a investi 700 millions de dollars pour aider les femmes entrepreneures. La même année, le Code du travail a été modifié afin d'accorder des congés plus longs aux familles. En outre, la première mission commerciale féminine a été formée.
Le comité de la condition féminine a également étudié le projet de loi , qui visait précisément à accorder aux femmes autochtones habitant dans des réserves des droits de propriété égaux relativement aux biens matrimoniaux, droit que toutes les autres Canadiennes considèrent pratiquement naturel.
Le comité a aussi entrepris une étude sur l'amélioration des perspectives économiques des filles au Canada afin de trouver des moyens d'améliorer la prospérité financière future des femmes et des filles de tous les horizons, y compris celles de groupes marginalisés comme les femmes autochtones et les néo-Canadiennes.
Par ailleurs, je suis contente de pouvoir rappeler une mesure prise lorsque le gouvernement précédent était au pouvoir. Le comité du gouvernement a recommandé que les ministères fassent des analyses comparatives entre les sexes des projets de loi que nous étudions aux Communes.
Un rapport produit en 2010 proposait d'élever les débats à la Chambre des communes afin d'attirer et de maintenir un plus grand nombre de femmes compétentes dans la sphère politique et afin de mieux illustrer le bon travail qui se fait.
Les femmes sont majoritaires actuellement parmi les personnes qui s'inscrivent aux programmes collégiaux. Elles constituent la majorité des étudiants inscrits à temps plein aux programmes universitaires de premier cycle. Une nouvelle génération de femmes diplômées arrive sur le marché du travail. Il faut lui garantir des chances égales et une rémunération égale.
[Français]
Ces efforts ont été déployés par le Comité permanent de la condition féminine de manière impartiale, ouverte et transparente. Dans cet esprit, j'encourage les députés du NPD à se demander pourquoi la motion qu'ils présentent aujourd'hui est un exact chevauchement des tâches effectuées par le Comité permanent de la condition féminine.
Par conséquent, nous n'appuierons pas l'alinéa d) de la motion de l'opposition, puisque cela créerait, avec des coûts supplémentaires, une structure déjà en place qui est en mesure d'atteindre les mêmes objectifs.
[Traduction]
Bien que l'équité salariale et l'égalité des chances pour les hommes et les femmes soient des sujets qui me passionnent, je ne vois rien, dans la motion actuelle, qui puisse bonifier les améliorations que notre parti a déjà apportées. Par conséquent, je voudrais apporter un amendement à la motion. Je propose, avec l'appui de la députée de , que la motion soit amendée par la suppression des alinéas c) et d).
:
Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole à propos de la motion proposée par ma collègue de . Je veux qu'il soit parfaitement clair que la seule position acceptable de la part d'un député est qu'il faut un salaire égal pour un travail égal. Toutes les personnes, indépendamment de leur race, de leur religion ou de leur sexe, doivent avoir l'assurance qu'elles recevront une rémunération égale lorsqu'elles intègrent le marché du travail.
En tant que députés du Parti conservateur, nous avons toujours appuyé cette position. À vrai dire, c'est le Parti conservateur qui a proposé la Loi sur l'équité en matière d'emploi, en 1984. C'est également le Parti conservateur qui a nommé la toute première femme au Cabinet. Nous avons également nommé la toute première femme au Sénat et la toute première femme au poste de greffière du Conseil privé, bien que, d'après ce que j'ai compris, cette dernière vienne malheureusement d'être démise de ses fonctions.
Je sais que bon nombre de mes collègues députées sont intervenues à la Chambre la semaine dernière pour souligner le 100e anniversaire de l'accès des femmes au vote, au Manitoba. Nous continuerons de célébrer la fougue et la détermination qu'il a fallu pour remporter cette victoire et de nous en inspirer. Beaucoup de femmes, moi y compris, ont vécu des situations où elles devaient lutter et travailler plus fort que des collègues masculins, mais pour un salaire moindre. Nous avons tous la responsabilité de réparer ces injustices. Je crois pouvoir affirmer que la plupart des femmes qui siègent actuellement à la Chambre se sont butées à ce genre d'embûches durant leur carrière et qu'elles pourraient en parler longuement.
Nous avons réussi à nous tailler une place malgré ces injustices. Je peux dire avec fierté que, lorsque j'étais mairesse de Surrey, le conseil municipal a été majoritairement féminin pendant plusieurs années. Première mairesse de cette ville, j'ai eu la chance de travailler avec des femmes de différents milieux: des PDG, des propriétaires d'entreprise, des fonctionnaires et des employées du secteur privé. L'équité salariale est l'un des sujets dont nous avons discuté.
J'estime que travailler avec la prochaine génération de jeunes femmes, ainsi que les appuyer et les habiliter, est quelque chose à laquelle nous devons tous souscrire. Cette question a beaucoup d'importance pour plusieurs de mes collègues et moi, qui intervenons sur cette question aujourd'hui. En fait, je dirais que cette question a beaucoup d'importance pour nous tous. Nous appuyons fermement les principes de l'égalité et de l'équité salariale.
J'aimerais intervenir au sujet de l'amendement qui a été proposé par ma collègue et qui n'a pas été accepté. Je vais passer en revue les points de la motion. Le point a) de la motion se lit comme suit:
reconnaisse que le gouvernement doit agir pour combler l’écart de rémunération inacceptable qui existe entre les hommes et les femmes et qui contribue à l’inégalité de revenu et est discriminatoire à l’égard des femmes;
Je suis entièrement d'accord avec le fait que toutes les mesures nécessaires doivent être prises pour faire en sorte que tout écart entre les salaires des hommes et des femmes soit corrigé immédiatement. D'autres députés ont signalé de l'injustice dans divers autres domaines. Qu'il s'agisse du secteur privé ou public, j'estime que l'équité salariale est essentielle pour tous.
Selon le point b) de la motion, il faut reconnaître que l'équité salariale est un droit. Je suis absolument d'accord qu'il s'agit d'un droit fondamental pour tous. Ce point confirme mes commentaires précédents, et, une fois de plus, mes collègues et moi sommes entièrement d'accord avec le principe de l'équité salariale.
C'est au point c) que le bât blesse. Selon la députée qui a proposé l'amendement, les faits mentionnés au point c) sont faux. Je suis d'accord avec la députée de lorsqu'elle propose de supprimer ce passage du texte de la motion. Il est très malheureux que l'amendement ait été rejeté, car l'énoncé est faux et ne peut être appuyé.
La Loi sur l’équité dans la rémunération du secteur public a été adoptée en 2009. Je le répète, cette loi traite des enjeux dont nous sommes saisis aujourd'hui. Le paragraphe 3 (1) de la Loi est ainsi libellé:
L’employeur est tenu de prendre les mesures nécessaires pour offrir, en conformité avec la présente loi, une rémunération équitable à ses employés non syndiqués. À l’égard des employés syndiqués, cette obligation incombe à l’employeur et à l’agent négociateur.
Ces mesures sont en vigueur. En outre, le paragraphe 4 (1) de la Loi indique ceci:
L’évaluation en matière de rémunération équitable prévue par la présente loi permet d’établir, sans parti pris sexiste, la valeur du travail accompli par les employés faisant partie d’un groupe d’emplois ou d’une catégorie d’emplois et de déterminer, compte tenu des facteurs réglementaires, s’il existe une question de rémunération équitable.
Ces éléments sont prévus dans la Loi.
Pourtant, le point d) de la motion de l'opposition demande que l'on:
constitue un comité spécial chargé de tenir des audiences sur l’équité salariale et de proposer un plan d’adoption d’un régime fédéral proactif sur l’équité salariale, législativement et autrement, et...
Le texte se poursuit avec une définition de la structure du comité.
Pour répéter ce que d'autres ont dit avant moi, le comité de la condition féminine a fait un travail extraordinaire. Je suis convaincue qu'il continuera ainsi, parce que cet enjeu transcende les lignes de parti et qu'il est l'endroit tout indiqué où discuter de ces questions. Je rappelle que les discussions doivent toutefois respecter la structure et le cadre établis. Lorsqu'elles dépassent les compétences du comité et qu'elles s'avèrent être des problèmes sérieux de relations de travail, elles devraient être renvoyées à la Commission des relations de travail dans la fonction publique.
Le nous a dit que le gouvernement s'engageait dans une nouvelle voie et entamait un nouveau processus. Je suis extrêmement impatiente de voir la forme que cela prendra. À en croire ce qu'il a dit, la partisanerie sera mise de côté et tous les commentaires entendus aujourd'hui seront pris en compte.
Je rappelle que cette question nous concerne tous. Je pense à mes deux filles, qui viennent tout juste de faire leur entrée sur le marché du travail, ou à mes collègues féminines ici présentes. Je pense à toutes les femmes de la prochaine génération, qui comptent sur nous pour faire en sorte qu'elles soient traitées de manière juste, équitable et respectueuse. Je pense aussi à ces Manitobaines d'exception, qui se sont battues et qui, en franchissant ces importantes premières étapes il y a 100 ans, nous ont aidées à nous rendre là où nous sommes aujourd'hui. Nous devons donc discuter de toutes ces questions et faire le nécessaire pour qu'à travail égal, salaire égal.
Je remercie la députée de d'avoir proposé cette motion. À mon sens, c'est à nous tous de faire en sorte que l'égalité règne parmi les employeurs, qu'ils soient du secteur public ou privé.
:
Monsieur le Président, compte tenu de l'intérêt pour la question qui nous préoccupe aujourd'hui et sur laquelle nous échangeons, bon nombre de députés souhaitent prendre la parole. C'est donc avec plaisir que je partagerai mon temps de parole avec le député de la circonscription .
Prendre la parole sur un sujet aussi important que celui de l'équité salariale afin de défendre ce droit fondamental devrait être un honneur et un privilège. Cependant, tristement, c'est plutôt avec un peu de gêne et avec une certaine honte que je constate les rendez-vous manqués avec l'histoire. J'espère donc que cette fois-ci sera la bonne et que le gouvernement nous permettra à tous de passer de la parole aux actes.
Parler encore aujourd'hui de l'équité salariale au Canada, c'est reconnaître que nous n'avons pas suffisamment avancé sur la question de la reconnaissance des droits de la personne. S'il ne se trouve personne pour remettre en cause l'Article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme, qui veut que tous les êtres humains naissent libres et égaux, il faut bien reconnaître que les revenus que l'on tire du travail constituent un moyen privilégié de permettre aux femmes d'atteindre cette égalité.
Dans ma carrière d'enseignant et d'officier syndical au Québec, j'ai eu l'occasion de participer à la mise en place du régime d'équité salariale. Il m'est difficile de constater qu'après toutes ces années, le Canada n'ait pas suivi la voie déjà toute tracée.
Avec l'élection du gouvernement libéral, nous avons vu quelques lueurs d'espoir poindre à l'horizon, la formation d'un cabinet paritaire en étant probablement le signe le plus concret. Quant aux raisons ayant mené à ce choix, on aurait pu invoquer plusieurs raisons fondamentales, mais notre s'est contenté de résumer les faits et sa pensée en disant que l'on était en 2015.
Bien qu'un peu court comme réponse, j'y ai lu en sous-texte, de la part du quelque chose qui devrait ressembler à: « c'est une évidence, c'est une question que l'on ne devrait même plus se poser ». Alors pourquoi nommer des femmes à titre de ministres d'État avec un salaire inférieur? Bien sûr, je reconnais qu'après un léger embarras public et une petite tempête médiatique, la situation fut corrigée, ce qui nous fut d'ailleurs confirmé ce matin par le .
N'est-il pas le temps d'en faire autant pour l'ensemble des travailleurs de ce pays, pour qu'enfin le Canada passe de la queue du peloton au peloton de tête en matière d'équité salariale, et passe ainsi de la parole aux actes? Malheureusement, le sujet est absent du programme du Parti libéral et ne figure pas non plus dans la lettre de mandat de la .
Je me réjouis donc d'avoir entendu ce matin, en direct à la Chambre, le nous confirmer que c'était dans les priorités de son gouvernement. Là aussi, nous accueillons avec joie le réajustement des politiques libérales, car pourrait-on dire, après tout, on est en 2016.
Or qu'en est-il de la situation de l'équité salariale dans le monde et qu'en est-il de la place du Canada dans cette même situation? Au chapitre de l'OCDE, par exemple, on reconnaît que le Canada occupe la 30e place sur 34 pays. Il n'y a pas de quoi pavoiser.
Selon le Forum économique mondial, le Canada occuperait la 80e place sur 145 pays. Là non plus, il n'y a pas de quoi se réjouir. D'autres législatures ont fait un pas dans la bonne direction, sinon solutionné la question. On peut parler de l'Australie par exemple, qui a une loi qui oblige les employeurs comptant au moins 100 employés à faire rapport sur la rémunération des hommes et des femmes.
On pourrait parler du Royaume-Uni qui a annoncé l'été dernier ses plans pour forcer les grandes entreprises à rendre publics les rapports sur la disparité salariale. On pourrait parler des États-Unis qui ont également annoncé leur plan lors de la déclaration de Barack Obama faite le 29 janvier dernier.
Chez nous, comme je le soulignais précédemment, le Québec, par sa loi de 1997, fait une fois de plus office de leader en la matière. Nous devrions nous inspirer de ses travaux.
Qu'en est-il de notre historique canadien pas si lointain sur la situation? Mis sur pied en 2001, le Groupe de travail sur l'équité salariale a mené des consultations exhaustives auprès des employeurs, des syndicats et des militants pour les droits des femmes. Le groupe a conclu que le régime reposant exclusivement sur la volonté de l'employeur d'instaurer l'équité salariale était inefficace. Le rapport livré par le groupe de travail en 2004 renfermait 113 recommandations qui révisaient en profondeur notre approche de l'équité salariale et sa reconnaissance comme étant un droit fondamental.
Douze ans après les conclusions du rapport, il est temps que le nouveau gouvernement et la Chambre au complet abandonnent la politique des voeux pieux et restaurent le droit à l'équité salariale dans la fonction publique. Pour contribuer à réduire les inégalités de revenus entre les hommes et les femmes, le gouvernement doit reconnaître sa responsabilité en la matière et assumer un rôle de leadership pour progressivement mettre fin à la discrimination salariale à l'égard des femmes. Nous sommes d'ailleurs prêts à offrir notre entière collaboration au gouvernement libéral pour l'aider à mettre fin à la discrimination salariale à l'égard des femmes.
Depuis de nombreuses années, les gouvernements conservateurs et libéraux successifs ont joué parfois à ce qu'on pourrait appeler le jeu de l'autruche. Les injustices actuelles sont, entre autres, une conséquence directe du refus du gouvernement de Paul Martin d'appliquer les recommandations du Groupe de travail sur la parité salariale.
Rappelons que, pour chaque dollar gagné par un homme, une femme ne touche que 73 cents. C'est encore la réalité aujourd'hui et les anciens gouvernements n'ont rien fait pour améliorer la situation des femmes au pays. Le gouvernement libéral de Paul Martin a choisi d'ignorer les recommandations du Groupe de travail, malgré la ratification par le Canada du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, qui établit clairement le principe suivant: il doit y avoir un salaire équitable et une rémunération égale pour un travail d'une valeur égale, sans distinction aucune.
Le plus bel exemple est probablement le Parlement, cette assemblée que nous représentons et dont nous faisons partie. Chacun d'entre nous provient d'un domaine du travail fort différent où, dans le marché, les salaires seraient probablement très différents, compte tenu des compétences et des qualifications de chacun. Or, ici à la Chambre, pour un travail égal, qui est celui de représenter nos concitoyens, le salaire de député est le même pour tous.
Au lieu de rectifier le tir en 2009, le gouvernement conservateur a adopté la Loi sur l'équité dans la rémunération du secteur public pour mettre, en fin de compte, des bâtons dans les roues aux fonctionnaires féminins qui revendiquent l'équité salariale. Les conservateurs ont privé les femmes fonctionnaires de recourir à la Commission canadienne des droits de la personne pour défendre leur droit à un salaire égal à celui des hommes. Pour décourager les femmes de porter plainte pour des raisons d'iniquité salariale, la loi des conservateurs force les femmes à déposer des plaintes individuelles plutôt que d'être appuyées par leur syndicat. Ces attaques orchestrées par les conservateurs remontent au moins à 1998 lorsque le député de Calgary Heritage a déclaré que les lois sur l'équité salariale représentaient le vol de l'argent des contribuables, tout en qualifiant de ridicule la loi sur l'équité salariale.
De 1998 à 2016, les conservateurs sont restés campés sur leur position. Peut-on espérer que le parti maintenant dirigé par une femme démontrera l'ouverture nécessaire au règlement de cette situation inéquitable? J'aime à le croire.
L'ensemble des partis de cette Chambre doivent adhérer à l'idée que l'équité salariale est un droit. J'avoue que je trouve très rafraîchissants les échanges que nous avons depuis le début de la journée puisque, pour une bonne partie, il s'agit davantage d'échanges que de débats et que cela respecte non seulement l'esprit, mais aussi la lettre de la motion que nous avons déposée ce matin.
Au NPD, cette question est au coeur de notre action politique depuis longtemps; au moyen de motions et de projets de loi d'initiative parlementaire, nous avons constamment maintenu la pression et poursuivi la lutte.
Je m'arrête ici, monsieur le Président, puisque le temps file et que vous me regardez avec un sourire d'impatience. Je suis disposé à répondre aux questions et j'invite l'ensemble de mes collègues du Parlement à voter en faveur de la motion du NPD.
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Monsieur le Président, je suis très honoré et cela me fait extrêmement plaisir de prendre la parole à la Chambre afin de discuter de la motion néo-démocrate déposée par ma collègue de .
Cette motion extrêmement importante est au coeur des valeurs qui sont propres aux néo-démocrates depuis toujours. Elle représente parfaitement nos préoccupations d'égalité, d'équité, de solidarité et de soutien, afin qu'il y ait un progrès réel et continu pour tous les groupes de notre société.
Au NPD, nous aimons bien que les bottines suivent les babines. Nous prêchons par l'exemple depuis longtemps en ayant une offre politique qui comprend des plans d'action visant à améliorer la position des femmes dans notre société, leur sécurité, ainsi que leur progrès social, économique et professionnel. Nous essayons aussi de donner l'exemple le plus possible.
Lors des dernières élections de l'automne dernier, le NPD était le parti avec le plus haut pourcentage de femmes. En effet, 43 % de nos candidats étaient des candidates. Cela fait en sorte qu'il y a une plus grande représentation des femmes dans le caucus. Lors de la 41e législature, 40 % des députés néo-démocrates étaient des femmes. Aujourd'hui, 41 % des députés néo-démocrates sont des femmes et, au Québec, cela atteint même 43 %. J'en suis extrêmement fier. On doit continuer sur cette voie.
Lorsque des femmes parlent d'enjeux qui concernent les femmes au Parlement, cela permet à des députées comme celle de , par exemple, de déposer une motion sur l'équité salariale, comme elle l'a fait aujourd'hui. Ce sujet avait été complètement évacué des débats parlementaires des dernières années. À cause de cela, la situation des femmes au pays a malheureusement reculé, ces dernières années, dans à peu près tous les groupes d'âge et tous les secteurs d'activité et secteurs économiques.
Cela met également en lumière un problème de discrimination systémique qui existe depuis fort longtemps. En quelques minutes, je ne peux pas souligner tout le poids historique de la discrimination à l'égard des femmes, mais il est bien présent. Dans la sphère politique dont je viens de parler, il a également été présent uniquement en ce qui concerne le droit de vote.
Par exemple, c'est seulement en 1918 que les femmes ont obtenu le droit de vote au niveau fédéral. Au Québec, les femmes ont eu le droit de vote uniquement en 1940. Cela ne fait pas si longtemps. Alors, pendant des années, dans les milieux de travail, dans les milieux professionnels et dans les universités, les femmes ont été mises à l'écart du débat public ou des endroits où les décisions se prenaient, que ce soit en matière politique, économique ou culturelle.
J'ai récemment appris quelque chose d'abasourdissant. Au XIXe siècle, au niveau fédéral, les femmes avaient eu momentanément le droit de vote, quand elles étaient propriétaires. Le droit de vote avait été accordé à tous ceux et celles qui étaient propriétaires d'un immeuble ou de leur maison. En 1849, le Parlement du Canada-Uni a décidé que la définition de personne propriétaire concernait uniquement les hommes. Les femmes avaient donc perdu leur droit de vote à ce moment-là. C'est important de souligner à quel point nous partons de loin, mais aussi à quel point nous devrions être rendus beaucoup plus près de l'égalité aujourd'hui.
Je donnerai un simple exemple concernant les lieux de travail. En 1967, c'était la dernière grève des fonctionnaires municipaux de la Ville de Montréal. Les travailleurs et les travailleuses contestaient l'existence de trois catégories de salaire pour le même emploi. Il y avait un salaire pour les hommes mariés, un pour les hommes célibataires et un pour les femmes. Ce sont les syndicats qui se sont battus pour mettre fin à ce genre de discrimination. Toutefois, aujourd'hui, nous devons poursuivre cette lutte et aller encore plus loin.
J'ai la chance, avec ma conjointe, d'être le père d'une famille reconstituée. Nous avons deux jeunes adolescentes de 11 ans et de 15 ans. Je veux que le Parlement travaille afin que, lorsqu'elles accéderont au marché du travail et contribueront à la société, elles ne reçoivent pas que les trois quarts du salaire des jeunes hommes qu'elles vont côtoyer dans la société. C'est pour elles qu'on devrait voter en faveur de cette motion et assurer l'équité salariale une bonne fois pour toutes au niveau fédéral dans notre société. Cela serait un progrès important. On a pris trop de retard.
Je signale simplement que, selon le Forum économique mondial, le Canada se classe au 80e rang sur 145 pays en ce qui a trait à l'équité salariale. On a refusé de reconnaître l'équité salariale comme étant un droit fondamental, et cela a des conséquences.
Selon l'OCDE, le Canada se classe 30e sur 34 pays. C'est absolument pitoyable. C'est le résultat de l'inaction des gouvernements libéraux et conservateurs successifs. Durant les dernières années, l'écart salarial a augmenté. C'est pire encore dans le cas des femmes autochtones. Cela devra faire partie des réflexions du comité que le NPD veut mettre sur pied par le biais de la motion, afin d'avoir une loi proactive en ce qui concerne la mise en place de l'équité salariale.
Revenons un peu en arrière et parlons de ce qui aurait pu être fait et des dégâts causés par les précédents gouvernements libéraux et conservateurs, pour démontrer à quel point on accuse du retard aujourd'hui. En 2004, un groupe de travail fort intéressant a mené des consultations très larges et exhaustives partout au pays. Il a rencontré des employeurs, des syndicats, des groupes de femmes et des universitaires. Il a déposé 113 recommandations afin de mettre en avant des mesures réelles en vue de réaliser l'équité salariale. Certains penseront peut-être que l'ancien gouvernement libéral n'a pas pu tout réaliser et qu'environ une soixantaine de recommandations ont été mises en oeuvre. Non! Il n'y en a pas eu 60, ni 25, ni 10 ni 3. Il y en a eu zéro, des pinottes. Il ne s'est rien passé. On a mis le rapport sur une belle tablette et, encore une fois, on a dit aux femmes d'attendre. On leur a dit que leur tour viendrait plus tard.
Puis, le gouvernement conservateur a été élu, et en 2009, il a voté une loi frauduleusement appelée la Loi sur l'équité dans la rémunération du secteur public. Cette loi est un massacre à la tronçonneuse. Elle impose que 70 % des travailleurs sont considérés comme étant nécessaires dans une unité ou un département pour qu'une profession soit dite dominée par les femmes. Ce n'est pas une simple majorité, 70 %. Elle redéfinit les critères utilisés pour déterminer si les postes de valeur égale doivent inclure les forces de marché, ce qui discrimine les femmes. Toutefois, ce n'est pas le plus beau.
Elle fait de l'équité salariale un enjeu de négociation collective uniquement, et non de droit de la personne, ce qui a une conséquence majeure dans les recours possibles. On force les femmes qui oeuvrent dans la fonction publique fédérale à déposer uniquement des plaintes individuelles. La notion de recours collectif est exclue et interdite. Même dans le cas de plaintes individuelles, on interdit aux organisations de ces travailleuses de les aider dans leurs démarches. Si un syndicat est pris en flagrant délit à aider une femme à atteindre l'équité salariale, la loi conservatrice prévoit une amende pouvant aller jusqu'à 50 000 $. Elle interdit également tout recours devant la Commission canadienne des droits de la personne. Ce sont des reculs imposés par le gouvernement conservateur.
Aujourd'hui, nous avons, à la Chambre, l'occasion de réparer les pots cassés, de respecter les femmes et de continuer la grande marche vers l'avant en faveur de l'égalité entre les hommes et les femmes. C'est la raison pour laquelle j'invite tous les députés de la Chambre à appuyer la motion du NPD déposée par ma collègue de . À mon avis, il s'agit d'une question importante et conséquente. Comme l'a fait mon collègue de , je tiens à rappeler que c'est possible de le faire.
En 1997, il y aura donc bientôt 20 ans, l'Assemblée nationale a voté une loi sur l'équité salariale. Il s'agit d'une loi proactive faisant en sorte que, dans les secteurs public ou privé, on a des obligations de démarches et des obligations de résultats en faveur de l'équité salariale. Si une entreprise compte plus de 100 employés, la loi l'oblige à avoir un plan de réalisation d'équité salariale. Il doit y avoir un comité conjoint sur l'équité salariale, composé de manière mixte de représentants du patronat et de représentants des employés. Tout cela pourrait être mis sur pied par le comité parlementaire que le NPD veut mettre sur pied. Celui-ci pourrait étudier tout cela pour que, enfin, on atteigne l'équité salariale et que ce droit fondamental des femmes soit enfin respecté au Canada.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps avec la députée d'.
Je prends la parole pour appuyer la motion du Nouveau Parti démocratique, qui demande au gouvernement de combler l’écart de rémunération inacceptable qui existe entre les hommes et les femmes et qui contribue à l’inégalité de revenu ainsi que de mettre en œuvre les recommandations du rapport de 2004 du Groupe de travail sur l'équité salariale, et de le faire d'abord dans la fonction publique.
La motion est tout à fait justifiable, mais parfois les gens qui entendent ce débat ne savent pas ce qu'est l'équité salariale. Ils peuvent penser que l'équité salariale et l'équité en matière d'emploi sont la même chose. Nous avons l'occasion de souligner aujourd'hui qu'il existe une loi sur l'équité en matière d'emploi interdisant la discrimination à l'endroit des femmes au travail. Cette loi fédérale est entrée en vigueur il y a environ 20 ans.
Cependant, l'équité salariale est un enjeu très différent. L'équité salariale est enracinée dans l'histoire. Par le passé, les femmes travaillaient dans des domaines qui leur étaient traditionnellement réservés, notamment en tant que réceptionnistes ou infirmières. On parlait alors du « ghetto rose ». Elles étaient moins bien payées que les hommes parce qu'elles faisaient du travail dévolu aux femmes. Cette tradition s'est poursuivie au fil des années. Au Canada, la proportion de femmes qui font des études postsecondaires est égale ou supérieure à celle des hommes. Pourtant, elles touchent encore 73 ¢ pour chaque dollar gagné par leurs homologues masculins. Nous devons rectifier cette situation. C'est important. Comme la motion à l'étude aujourd'hui nous demande de corriger la situation, nous allons l'appuyer.
Le Canada a également des obligations internationales envers les Nations unies et des obligations nationales. Nos obligations internationales envers les Nations unies touchent la Convention no 100 de l'Organisation internationale du travail, tandis que nos obligations nationales se rapportent à la Charte canadienne des droits et libertés.
Selon le Forum économique mondial, le Canada se classe maintenant au 19e rang sur le plan de l'équité salariale. Les pays nordiques nous ont devancés en matière d'égalité entre les sexes. Mais ce n'est pas tout. En 2001, le Canada arrivait au premier rang pour tout ce qui concerne l'égalité entre les hommes et les femmes; aujourd'hui, il se classe 30e. C'est donc dire que nous avons beaucoup régressé dans ce domaine. En 2001, lorsque le pays était sous la direction d'un gouvernement libéral, le ministre du Travail et le ministre de la Justice ont demandé à un groupe de travail de faire le point sur la question de l'équité salariale et sur les mesures à prendre pour en garantir l'application à l'avenir. Le rapport a été publié en 2004. C'est celui que le NPD nous demande de mettre en oeuvre. Nous sommes d'accord là-dessus. Toutefois, ce qui n'a pas aidé, c'est que, en 2009, la régression s'est accélérée lorsque le gouvernement conservateur de l'époque a retiré le dossier de l'équité salariale du mandat de la Commission des droits de la personne pour le confier au Conseil canadien des relations du travail, faisant ainsi passer le message que ce dossier relève entièrement des relations de travail. Or, ce n'est pas le cas; il s'agit d'une question de droits de la personne. Je tiens à rappeler que, il y a 20 ans, en 1995, lors de la conférence de Beijing, pour la première fois dans l'histoire du monde, les droits des femmes ont été reconnus comme des droits de la personne. Cette question d'égalité porte donc sur les droits de la personne, et nous devons nous en occuper immédiatement.
Il faut d'abord savoir que les femmes sur le marché du travail ont contribué au PIB à hauteur de 130 milliards de dollars depuis 30 ans. Si on instaurait l'équité salariale et appliquait le principe du salaire égal pour un travail de valeur égale, c'est-à-dire l'équité salariale, cette contribution passerait de 130 milliards de dollars à des billions de dollars au cours de 20 prochaines années. Par conséquent, il serait économiquement avantageux que les femmes puissent participer pleinement à la vie économique du Canada. Les femmes représentent 51 % de la population. Je ne connais aucune entreprise, aucun conseil, aucune usine, ni aucun secteur qui puisse espérer se débrouiller en faisant abstraction de 50 % de sa main-d'oeuvre. C'est ce qui se produit lorsqu'on passe sous silence la question de l'équité salariale.
Maintenant que les façons de faire de Statistique Canada ont été rétablies, on pourrait peut-être mesurer, à partir de données désagrégées, le nombre de femmes qui ne gagnent pas un salaire égal pour un travail de valeur égale, afin d'y voir plus clair, et prendre les mesures nécessaires de suivi et d'évaluation des données pour dresser un bilan. Il faut faire un suivi de ce dossier.
Dans son rapport publié en 2004, le groupe de travail a indiqué qu'il nous fallait une mesure législative tout à fait limpide, qui donne des critères clairs sur ce que signifie l'équité salariale. Quand on parle d'équité salariale, on parle de tâches et de responsabilités semblables, de compétences similaires, d'un accès égal aux avantages sociaux et des mêmes taux de rémunération pour les hommes et les femmes qui font le même travail. Voilà des critères très clairs qu'il faudrait suivre pour l'application d'une mesure législative.
Nous voulons nous pencher sur la grave discrimination salariale qui sévit dans le monde du travail, non seulement contre les femmes, mais aussi contre les Autochtones, les handicapés et les membres des minorités visibles. Reçoivent-ils le même salaire pour un travail d'égale valeur?
Nous voulons également nous assurer de ne pas limiter la portée de la mesure législative aux syndiqués, mais de l'étendre aussi aux non-syndiqués.
Si nous créons une loi, nous voulons suivre de près et maintenir en vigueur une bonne mesure législative et de bonnes politiques en matière d'équité salariale. Nous devons voir comment les employés participent. La moitié des employés qui participent au processus doivent être des femmes.
Nous voulons aussi voir comment nous donnerions suite aux plaintes. Il doit y avoir un mécanisme quelconque permettant de faire le suivi des plaintes.
C'est une question de volonté politique et un engagement en faveur des droits de la personne. C'est pour cette raison que le gouvernement libéral appuie la motion.
Lorsqu'il était chef de l'opposition, Michael Ignatieff a d'ailleurs présenté une motion semblable à celle-ci. Elle n'a pas été adoptée par la Chambre, mais elle réclamait la mise en oeuvre des recommandations sur l'équité salariale formulées en 2004 par le groupe de travail. C'était aussi une façon d'envisager le rôle que le gouvernement fédéral pouvait jouer dans ce dossier.
Dans des pays comme l'Angleterre, par exemple, les lois fédérales et provinciales sont différentes. Nous ne pouvons pas exiger que les lois provinciales et le secteur privé se conforment au principe de l'équité salariale. Cependant, en adoptant des lois et en collaborant avec ces partenaires, nous pouvons définir des critères. Ce serait l'occasion d'envisager la façon dont nous pourrions enfin donner aux femmes la chance de prendre pleinement leur place dans la société et d'ainsi améliorer le rendement économique du Canada et jouer un rôle déterminant au chapitre de la compétitivité dans le nouveau marché mondialisé.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre part aujourd'hui au débat sur l'équité salariale au Canada. Je remercie la députée de d'avoir saisi la Chambre de cette importante question. En 2016, il est inacceptable que les femmes gagnent encore 23 % de moins que les hommes au Canada.
Ce matin, j'ai eu l'honneur de rencontrer un groupe d'élèves de cinquième année de l'école publique Woodroffe située dans ma circonscription, Ottawa-Ouest—Nepean, qui visitait le Parlement. J'ai mentionné aux élèves que je ferais un discours plus tard dans la journée, et ils m'ont demandé quel était le sujet de mon discours. Je leur ai dit que je parlerais de l'équité salariale. Je leur ai expliqué ce que cela signifie: que les hommes et les femmes qui occupent des emplois semblables devraient gagner un salaire semblable. Pour eux, cela devrait aller de soi. Lorsque je leur ai dit que les femmes ne gagnent que 73 ¢ pour chaque dollar gagné par un homme au Canada, ils étaient terriblement déçus et ils m'ont félicitée de parler de cette question à la Chambre aujourd'hui. C'est une question que même les jeunes enfants peuvent comprendre, car c'est un principe d'équité fondamentale.
Au Canada, le visage de la pauvreté est féminin. Il y a 35 % de mères seules qui vivent sous le seuil de la pauvreté, comparativement à 17 % chez les pères seuls. Pour ce qui est des aînés à faible revenu, 71 % sont des femmes, et les chiffres sont encore pires chez les femmes âgées qui vivent seules. Les femmes sont plus susceptibles que les hommes de travailler au salaire minimum, à temps partiel ou par quarts. En Ontario, 58 % des travailleurs rémunérés au salaire minimum sont des femmes.
Au Canada, les femmes ne touchent actuellement que 67 ¢ pour chaque dollar que gagnent les hommes. J'ai entendu des opposants expliquer cet écart en disant que les femmes font des choix de vie différents, y compris celui de s'absenter pour s'occuper d'un proche ou pour réduire leurs heures de travail. Or, même lorsqu'on compare la situation de personnes qui occupent des postes similaires et qui travaillent à temps plein pendant toute l'année, on constate que les femmes ne gagnent que 73 ¢ pour chaque dollar que gagnent les hommes.
Même si les femmes sont maintenant plus instruites que jamais, l'écart se maintient. D'ailleurs, chez les personnes âgées de 25 à 34 ans, il y a maintenant plus de femmes que d'hommes qui ont un baccalauréat, une maîtrise et un diplôme en médecine. C'est donc dire que, s'il y a un écart, ce n'est pas parce que les femmes sont moins instruites ou moins qualifiées.
Au Canada, l'écart salarial existe dans tous les secteurs, que ce soit dans l'industrie des services, dans les milieux scientifiques ou dans le domaine de la gestion. Lorsqu'on se penche sur la situation des femmes autochtones, des minorités visibles, des femmes qui ont immigré récemment, des femmes qui vivent avec un handicap et des transgenres, l'écart salarial est encore plus grand. C'est un exemple flagrant de discrimination fondée sur le sexe à laquelle il faut remédier.
Dans notre société, nous disons à nos enfants que tous les défis et toutes les carrières sont à leur portée. Nous disons aux filles et aux garçons que s'ils étudient bien et travaillent fort, ils réussiront. Pourtant, les dés sont pipés dès le départ. Le marché du travail accorde moins de valeur à nos filles qu'à nos fils, même si elles ont obtenu les mêmes notes et les mêmes diplômes, travaillent aussi fort qu'eux et sont tout aussi compétentes. Ce n'est pas une question de chiffres. C'est une question de justice et de droits de la personne.
L'exemple d'un couple de ma connaissance illustre bien le problème. Appelons-les Jennifer et Steve. Jennifer et Steve ont fait leurs études universitaires ensemble. Jennifer a obtenu sa maîtrise avec distinction, puis elle a pris un emploi peu rémunéré pour aider Steve à obtenir sa maîtrise. Elle est ensuite retournée étudier pour obtenir d'autres titres professionnels, avant de travailler dans une profession à prédominance féminine, à un salaire de 35 000 $ par année.
Dès la fin de ses études, Steve a décroché un poste dans une profession à prédominance masculine. Il gagnait 75 000 $ par année. Après quelques années, ils ont décidé d'avoir un enfant. Jennifer aurait aimé continuer à travailler, mais les frais de garderie étaient presque aussi élevés que son salaire. Comme Steve gagnait davantage, ils ont décidé que Jennifer resterait à la maison jusqu'à ce que leur enfant commence l'école. L'enfant a maintenant neuf ans, et Jennifer gagne moins de 20 000 $ par année pour un travail à temps partiel, tandis que Steve gagne près de 100 000 $.
On pourrait penser que cette situation n'a rien à voir avec l'équité salariale, puisque Jennifer et Steve ne travaillent pas dans le même domaine. Il faut savoir que le premier poste de Jennifer exigeait plus de diplômes et comportait plus de responsabilités que le premier poste de Steve. S'ils avaient eu des salaires semblables à la naissance de leur enfant, Jennifer serait peut-être restée sur le marché du travail et la famille aurait peut-être fait des choix différents.
L'équité salariale ne se rapporte pas seulement à deux personnes qui font le même travail, mais aussi à un cycle de discrimination qui limite les chances de la moitié de la population.
Le Canada accuse également un retard à l'échelle internationale pour ce qui est d'offrir un salaire égal pour un travail de valeur égale. Selon le Forum économique mondial, le Canada se classe au 80e rang parmi 145 pays au chapitre de la parité des salaires pour un même travail.
L'équité salariale est un droit fondamental de la personne qui est inscrit dans des traités internationaux ainsi que dans le cadre canadien des droits de la personne. À titre d'exemple, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels des Nations Unies prévoit un salaire équitable et une rémunération égale pour un travail de valeur égale. La Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes mentionne le droit des femmes à l'égalité de rémunération et de traitement pour un travail d'égale valeur. Le Canada est également signataire de la Convention no 100 sur l'égalité de rémunération de l'Organisation internationale du travail.
L'article 15 de la Charte canadienne des droits et libertés prévoit le droit à l'égalité pour tous les citoyens. Quant à l'article 11 de la Loi canadienne sur les droits de la personne, il aborde précisément la question du salaire égal pour un travail de valeur égale. En 2009, le gouvernement a porté atteinte à ces droits en présentant un projet de loi omnibus d'exécution du budget, le projet de loi . Dans celui-ci, le terme « équité salariale » a été remplacé par le terme « rémunération équitable » et les responsabilités relatives à l'équité salariale, qui incombaient auparavant à la Commission canadienne des droits de la personne, ont été confiées à la Commission des relations de travail dans la fonction publique. Or, celle-ci n'a pas le mandat de protéger les droits de la personne, et elle a mis à l'amende les syndicats pour avoir aidé des gens à présenter une plainte, de même que jumelé l'étude des questions d'équité salariale au processus de négociation collective. En procédant ainsi, on a fait de l'équité salariale un avantage qui peut être négocié, et non un droit fondamental. Une telle mesure va aussi à l'encontre des recommandations faites en 2004 par le Groupe de travail sur l'équité salariale.
En 2004, le Groupe de travail avait réclamé une mesure législative distincte et proactive qui aborderait la question de l'équité salariale et comprendrait un engagement à faire de l'équité salariale un droit de la personne, qui s'appliquerait aux milieux de travail syndiqués et non syndiqués, et dans laquelle il serait question des organismes de surveillance et d'un organisme d'arbitrage indépendant. Le Groupe de travail a formulé diverses recommandations, comme la création d'une commission de l'équité salariale, qui recevrait les plaintes et pourrait rendre des ordonnances exécutoires, réclamer des documents et mener des vérifications. Le Groupe de travail a également recommandé la création d'un tribunal de l'équité salariale. Plusieurs provinces ont déjà instauré un mécanisme de ce type, qui a permis de réduire l'écart salarial.
Je suis fière de compter un grand nombre de fonctionnaires dans ma circonscription, Ottawa-Ouest—Nepean. L'écart salarial entre les hommes et les femmes dans la fonction publique est un peu moins élevé. Il se situe à environ 9 %. Toutefois, cet écart est toujours trop grand. Je me réjouis à l'idée que le s'est engagé, lors d'une entrevue donnée à « Place au débat » organisée par le Regroupement pour les droits des femmes, à combler l'écart salarial entre les hommes et les femmes. Nous entamerons à cet égard des consultations avec des syndicats, des intervenants, ainsi que des fonctionnaires.
Malgré le travail accompli par le groupe de travail il y a plus de 10 ans, une jeune femme terminant ses études universitaires aujourd'hui au Canada gagnera dans son premier emploi environ 8 000 $ de moins que ses collègues de classe de sexe masculin, et elle continuera de gagner moins tout au long de sa carrière, malgré le fait qu'elle pourrait occuper un emploi qui demande les mêmes titres et compétences, comporte les mêmes exigences et exige le même niveau de compétence. Lorsqu'elle aura atteint une cinquantaine d'années, cette femme gagnera près de 23 000 $ de moins et elle sera beaucoup plus susceptible de vivre dans la pauvreté lorsqu'elle sera retraitée. En continuant d'accepter cet écart et en ne prenant aucune mesure pour y remédier, nous nuisons à toutes les femmes au Canada, mais tout particulièrement aux jeunes diplômées intelligentes et ambitieuses qui entrent sur le marché du travail et qui méritent des chances égales de réussite. Au rythme actuel de l'augmentation des salaires, les femmes n'obtiendront la pleine égalité salariale qu'en 2240.
La question ne se limite pas aux seuls droits de la personne. Diverses études montrent que l'équité salariale est économiquement avantageuse et pourrait même faire augmenter sensiblement le PIB. Elle peut aussi contribuer à réduire la pauvreté. Selon une étude américaine, si les mères seules étaient payées autant que leurs collègues masculins, leur niveau de pauvreté sera réduit de moitié. L'équité salariale peut aussi s'avérer avantageuse pour les hommes oeuvrant dans un secteur à prédominance féminine, puisqu'ils auraient alors droit aux mêmes ajustements salariaux que les femmes faisant partie de la même catégorie d'emploi qu'eux.
Nous ne pouvons pas nous permettre de demeurer les bras croisés. L'équité salariale est un droit fondamental, et nous devons aux Canadiens de faire quelque chose.
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Monsieur le Président, j'aimerais indiquer que je vais partager mon temps avec ma collègue d'.
Il y a trois ans, presque jour pour jour, je prononçais un discours sur ce même sujet devant l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe à Strasbourg. Le débat portait sur un rapport publié par une parlementaire qui soulevait les points suivants: des changements profonds de mentalité sont essentiels pour combattre le stéréotype sexiste relié au travail; et la coresponsabilité des partenaires au sein de la famille ainsi que des congés parentaux utilisés autant par les pères que les mères sont certainement des moyens d'amener des changements de mentalité.
Au Canada, tout comme en Europe, lorsqu'un couple décide qui des deux parents prendra le congé parental, la décision est souvent basée sur les salaires respectifs des conjoints. Celui ou celle qui fait le plus bas salaire restera à la maison avec le nouveau-né. Or, des études démontrent sans l'ombre d'un doute qu'il existe un écart entre la rémunération des femmes et des hommes. Le revenu des femmes travaillant à plein temps représente environ 77 % de celui des hommes. Les femmes de 45 ans à 54 ans gagnent 23 600 $ de moins que les hommes du même âge ce qui entraîne des revenus de pension éventuels moindres que ceux des hommes. Plusieurs femmes à la retraite vivent d'ailleurs sous le seuil de la pauvreté.
On voit aussi un écart de salaire entre les jeunes femmes et les jeunes hommes scolarisés. Quant aux femmes autochtones ou immigrantes, l'écart est encore plus grand. Ces écarts flagrants de salaire entre hommes et femmes sont en partie dus à la discrimination systémique fondée sur le sexe. Qu'est-ce que cela veut dire? Il y a quelques décennies, c'était l'homme qui assurait le soutien financier de la plupart des familles. Quelques femmes travaillaient, mais leur salaire était plutôt considéré comme un revenu d'appoint. Résultat: l'évaluation des emplois se fait encore aujourd'hui généralement sur la base de compétences plutôt masculines, comme la force physique, par exemple. Par le fait même, les compétences jugées plutôt féminines sont moins valorisées lorsqu'on évalue les tâches d'un poste. C'est ce qui fait qu'un poste de secrétaire soit moins bien rémunéré qu'un poste de technicien, qu'un garde de parc zoologique reçoive un plus gros salaire que les femmes qui gardent nos enfants. Il semble donc évident que, si l'on veut une pleine et égale participation des femmes au marché du travail, il faut éliminer cette disparité salariale systémique.
Plus de 50 % des humains sont des femmes. Il est prouvé que celles-ci font face à des inégalités de revenus comparativement aux hommes. Voulons-nous vraiment continuer cette discrimination contre 50 % de la population?
Qu'on me permette de faire ici un petit aparté.
Plusieurs pensent que, quand on parle d'équité salariale, on parle de « à travail égal, salaire égal ». Non. Ce problème-là est réglé depuis longtemps. Une infirmière et un infirmier de même niveau font le même salaire. Quand on parle d'équité salariale, on parle de salaire égal pour un travail égal ou équivalent. C'est un concept un peu plus compliqué à comprendre, mais l'exemple de ce qui se fait au Québec va bien l'expliquer.
En 1996, le Québec a adopté la Loi sur l'équité salariale qui s'applique aux travailleuses et travailleurs régis par le Code du travail du Québec. Parmi les éléments importants de cette loi, quatre facteurs d'évaluation des postes ont pour but d'en arriver à un salaire égal pour un travail de valeur égale ou équivalente, peu importe le poste. Ces quatre facteurs sont: les responsabilités inhérentes au poste, les compétences requises, les conditions de travail et l'effort demandé.
Des points sont accordés à chacun de ces facteurs ainsi qu'à des sous-facteurs. Le facteur « effort », par exemple, valorise la concentration tout autant que l'effort physique. Lorsqu'on fait le compte de ces points, si la valeur totale des deux postes différents est équivalente, le salaire doit être égal. Ce processus permet de reconnaître la valeur des emplois occupés traditionnellement ou majoritairement par les femmes en éliminant le plus possible les préjugés.
Un autre élément important de la Loi est le maintien de l'équité. Une réévaluation doit être faite tous les cinq ans pour s'assurer que les hausses de salaire n'ont pas mené à un déséquilibre de l'équité. Enfin, une commission agit comme agent d'information, offre des outils et agit aussi comme tribunal lors de mésententes. Au Québec, toute entreprise de 10 employés ou plus doit entreprendre le processus d'équité salariale. Les exigences diffèrent bien sûr selon la taille de l'entreprise. L'équité salariale est un principe reconnu mondialement, pas seulement au Conseil de l'Europe. Au Royaume-Uni, même le conservateur David Cameron se penche sur le problème de disparité salariale.
Le Canada a lui-même ratifié des traités internationaux qui traitaient entre autres du droit à une rémunération égale pour un travail de valeur égale. Malheureusement, avec les gouvernements libéraux et conservateurs canadiens, les bottines ne suivent pas toujours les babines — pour utiliser une expression de mon chef.
Les libéraux n'ont pas fait une seule mention de l'équité salariale dans leur programme. En 2004, Paul Martin a choisi de ne pas mettre en oeuvre les recommandations d'un groupe fédéral qui étudiait la question. Les conservateurs, quant à eux, ont rendu l'obtention de l'équité salariale dans la fonction publique extrêmement difficile en modifiant les règles en 2009. Ils avaient été appuyés par les libéraux.
Le résultat est que le Canada fait piètre figure en matière d'équité salariale parmi les pays de l'OCDE. Tout à l'heure, j'ai entendu que le Canada occupait le 29e rang. Selon le chiffre que j'avais, le Canada occupait le 30e rang sur 34. C'est vraiment une honte!
Au sein du NPD, plusieurs personnes se battent depuis des années pour corriger cette injustice envers les femmes. Notre ancienne chef, Nycole Turmel, a défendu le principe haut et fort lorsqu'elle était présidente de l'Alliance de la fonction publique du Canada. La collègue avec qui j'ai l'honneur de partager un pupitre, la députée de , a déposé plusieurs projets de loi sur l'équité, repris plus tard par une autre collègue, Françoise Boivin. Ces femmes et bien d'autres, et plusieurs hommes, ont compris qu'assurer aux femmes un salaire décent est une façon de lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale ainsi que de lutter contre les nombreuses inégalités dans notre société.
La motion présentée aujourd'hui par le NPD apporte des solutions très concrètes à ces problèmes. Il faut combattre la discrimination systémique envers les femmes et les inégalités sociales et financières qui s'ensuivent en reconnaissant l'équité salariale comme étant un droit; en mettant en oeuvre les recommandations du rapport de 2004 du Groupe de travail sur l'équité salariale; en rétablissant le droit à l'équité salariale dans la fonction publique, droit miné en 2009 par les conservateurs dans le cadre de la Loi sur l'équité dans la rémunération du secteur public; et en formant un comité spécial pour proposer une loi à la suite de consultations publiques.
En conclusion, la répartition traditionnelle des tâches où la femme assume les responsabilités ménagères et le soin des enfants existe toujours. Bien que de plus en plus d'hommes et de femmes les combattent activement, les stéréotypes sexistes nous hantent malheureusement encore.
L'équité salariale est un outil important pour modifier les habitudes, sensibiliser la population et apporter des changements profonds dans la façon de voir le rôle des femmes et des hommes sur le marché du travail. L'exemple de la province de Québec n'est peut-être pas parfait, mais il démontre que pour arriver à ce résultat éventuel, une loi comportant des paramètres bien définis, des moyens de vérification et un système pour la résolution de conflit sont essentiels.
Le Canada a besoin d'une loi sur l'équité salariale. J'ai espoir que les libéraux et les conservateurs aujourd'hui élus à la Chambre des communes seront plus ouverts à cette réalité que leurs prédécesseurs. D'ailleurs, le dernier discours que j'ai entendu me portait à le croire. Parmi eux, plusieurs femmes siègent à la Chambre et elles auront à voter sur la motion. Quant aux hommes, ils ont des mères, des soeurs, des filles, des conjointes et des amies qui comptent sur eux pour améliorer leur sort. Nous ne pouvons pas laisser tomber 50 % de la population canadienne.
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Monsieur le Président, cela me fait plaisir de parler d'équité à la Chambre, car c'est un sujet qui m'a beaucoup concernée. Les gens ont souvent tendance à confondre égalité et équité, alors je vais prendre le temps d'éclaircir les deux termes.
On parle d'égalité lorsque deux personnes qui font le même travail gagnent le même salaire. Il serait évidemment illégal de payer une infirmière moins qu'un infirmier s'ils font exactement le même travail. Aujourd'hui, on n'a plus à se battre pour ce concept d'égalité. La plupart des conventions collectives protègent les employés à cet égard.
On peut parler d'équité lorsque deux emplois équivalents sont rémunérés semblablement. Ici, le problème, c'est qu'il y a toujours du travail à faire, même s'il y a certains règlements. Par exemple, comparons le cas d'une infirmière qui travaille dans une communauté autochtone à celui d'un policier. On peut dire que ces deux emplois sont comparables en ce qui a trait au niveau d'éducation requis. Au Québec, un diplôme d'études collégiales est requis dans les deux cas. Par ailleurs, ces deux emplois sont exigeants et sont associés à un niveau de responsabilité assez élevé. On peut donc considérer que ces deux emplois sont équivalents.
Toutefois, même si des règlements en matière d'équité rétablissent l'équilibre salarial entre certains emplois, au fil du temps, les négociations et les augmentations salariales finissent parfois par créer un nouveau déséquilibre sur le plan de l'équité. Voilà pourquoi le travail sur l'équité salariale est constant. Il est important de se poser continuellement des questions à ce sujet afin de s'assurer qu'aucune équité n'est perdue au fil du temps, même si on a atteint cette équité pendant une certaine période.
En 2013, l'écart salarial entre les emplois équivalents a atteint son plus haut sommet en 10 ans, notamment à cause de la faible augmentation du salaire horaire moyen chez les femmes, qui était de seulement 0,7 %, par rapport à l'augmentation du salaire horaire moyen chez les hommes, qui était de 2,2 %. Pour chaque heure travaillée, un homme gagnait donc en moyenne 2,91 $ de plus qu'une femme.
Les écarts salariaux subsistent encore, malgré les efforts mis en place pour réduire ce déséquilibre, notamment parce qu'on trouve malheureusement une concentration de femmes dans un petit nombre de groupes d'emplois qui ont tendance à être peu rémunérés. Le fait est que les femmes sont plus susceptibles que les hommes de prendre des dispositions pour concilier le travail rémunéré et les tâches non rémunérées. Les femmes sont souvent perdantes au change, malheureusement.
Il est important de comprendre que la proposition du NPD, qui vise à créer un comité sur cette question, a pour but qu'un travail concret et contraignant soit fait. Lorsqu'un comité est créé, celui-ci doit rendre des comptes sur les travaux effectués au quotidien. Puisque les gens peuvent aller lire les comptes rendus de toutes les rencontres des comités, les membres des comités sont tenus d'effectuer le travail sur lequel on leur a demandé de se pencher.
Aux comités, il y a également l'aspect participatif. Au NPD, nous ne croyons pas que l'étude de la question de l'équité salariale doive être limitée au simple gouvernement et à ses fonctionnaires. Nous croyons que tous les parlementaires de tous les partis politiques doivent être impliqués dans la cause de l'équité salariale et, plus globalement, dans la cause des femmes.
Alors, favorisons le travail d'un comité où tous les partis reconnus auront un siège et où il existera des mécanismes pour permettre aux partis qui ne sont pas reconnus officiellement par la Chambre de participer. Je tiens à rappeler que tout député de la Chambre peut assister aux rencontres des comités, à moins que celles-ci ne soient à huis clos. Mis à part les rencontres de travail, les rencontres d'un tel comité se feront devant le public.
Chaque député peut se présenter et assister à la rencontre au complet sans problème, même s'il n'est pas membre officiellement du comité. Il y a moyen de parler avec les partis pour déposer des documents. Le Règlement de la Chambre prévoit des mécanismes importants pour permettre à tous les députés de participer. C'est un point essentiel.
Maintenant, le comité est participatif aussi parce qu'il rejoint l'ensemble de la population. Les gens qui sont intéressés à témoigner et qui croient qu'ils ont à quelque chose à apporter peuvent contacter les partis politiques et le Président de la Chambre pour leur demander de comparaître comme témoin. Dans l'éventualité où leur témoignage ne pourrait pas être retenu pour diverses raisons, par exemple s'ils ne peuvent témoigner à cause des délais ou parce qu'ils ne peuvent se conformer à l'horaire du comité, ils peuvent décider de déposer un mémoire sur ce qui est en cours.
Le comité se veut donc participatif. Il va solliciter l'ensemble de la population plutôt que faire reposer le travail sur l'équité sur les seules épaules d'une ministre et de ses fonctionnaires, ce qui ne serait pas bénéfique. C'est précisément la raison pour laquelle nous voulons un comité. C'est pour faire en sorte que tout le monde puisse participer et travailler de manière efficace.
Je tiens à rappeler que le Canada se situe malheureusement en queue de peloton des pays développés en matière d'équité salariale. Selon le Forum économique mondial, le Canada se classe au 80e rang parmi 145 pays à cet égard. Donc, si nous nous classons aussi bas, en queue de peloton, un comité sur l'équité salariale est vraiment une solution pour nous faire avancer. On a entendu le dire à Davos qu'il était féministe. En acceptant de voter pour la motion du NPD, au moment du vote demain, montrera qu'il a vraiment à coeur les intérêts féministes. De plus, cela peut montrer qu'il comprend bien la nature inclusive de la motion et que, quand il est question d'améliorer les conditions de vie des femmes, il est important de réunir tout le monde, de travailler en équipe, de ne pas faire preuve de partisanerie et de vraiment mettre de l'avant des solutions. C'est le temps aussi d'agir concrètement. Je crois que nous sommes rendus là. Après tout, nous sommes en 2016. Donc, c'est important de faire en sorte que l'équité salariale soit enfin reconnue comme un droit.
Il faut aussi comprendre que les politiques publiques n'ont pas les mêmes incidences sur les femmes que sur les hommes. Il faut en tenir compte quand nous prenons nos décisions. Il faut parfois faire en sorte de forcer la roue et d'avancer concrètement. Parfois, quand on prône le laisser-aller, on n'arrive pas à des résultats concrets.
Comme on le sait, les femmes composent environ 50 % de la population. Pourtant, il y a constamment des exemples où les femmes n'atteignent pas l'égalité. Quand on parle de représentativité dans les conseils d'administration ou dans plusieurs endroits où il y a des nominations, quand on parle de politique publique, on ne nomme pas de femmes à ces postes. Pourtant, il y a des femmes compétentes. Il faut vraiment se doter de politiques pour réussir à en arriver à une action concrète. Si l'on attend que les choses se placent d'elles-mêmes, on n'y arrive pas. Il faut avoir la volonté politique de changer les choses et mettre des politiques claires en place.
Il est grand temps d'équilibrer les responsabilités professionnelles et la vie familiale des femmes, de faire en sorte d'être beaucoup plus égalitaires et équitables pour la moitié de la population et que les emplois sous juridiction fédérale, qu'ils soient des domaines privé ou public, demeurent intéressants pour les femmes.
On doit pouvoir choisir cet emploi de manière volontaire et s'y consacrer entièrement. Ainsi, la société va évoluer sans qu'on perde de vue la question de l'équité salariale, afin que les gains que l'on fait ne se changent pas en pertes dans quelques années et que l'on ne perde pas les acquis qu'on aura obtenus après beaucoup d'efforts.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps avec la députée de .
Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole aujourd'hui pour participer à ce débat important sur l'équité salariale.
Les députés de ce côté-ci de la Chambre appuient le principe d'un salaire égal pour un travail de valeur égale. Je suis fière de faire partie d'un gouvernement qui reconnaît l'importance de l'équité salariale et qui a proposé des modifications à la Loi canadienne sur les droits de la personne en vue d'inscrire cet important principe dans la loi en 1977.
Nous connaissons une période de changement. Aujourd'hui, les femmes au Canada saisissent les occasions et cherchent à atteindre leurs rêves. Que l'on considère les femmes dans l'enseignement postsecondaire, les femmes dans la profession juridique ou les femmes dans les affaires, dans presque tous les secteurs d'activité, les femmes excellent, apportent leur contribution et atteignent leurs objectifs personnels et leur potentiel. Elles sont plus nombreuses que jamais à le faire. Elles sont créatrices d'emplois, entrepreneures et innovatrices.
Or, les femmes forment toujours la majorité des employés dans de nombreux secteurs où les salaires sont faibles. L'élimination de l'écart salarial entre les hommes et les femmes fait partie des solutions nécessaires.
Il reste encore à nous attaquer à des problèmes persistants dont la surreprésentation des femmes dans l'effectif à temps partiel, la discrimination et la partialité en milieu de travail et le manque de considération accordé aux femmes pour les postes jugés non traditionnels ou peu féminins selon des perceptions dépassées.
Le fait est qu'une plus grande part du travail non rémunéré lié à la garde des enfants et aux soins prodigués aux membres de la famille qui tombent malades revient aux femmes.
Il est important que nous fassions des progrès dans le dossier car l'économie d'aujourd'hui évolue rapidement. Les femmes contribuent 130 milliards de dollars par année à l'économie et constituent près de la moitié de la main-d'oeuvre. De plus, beaucoup d'entre elles sont les premières titulaires de revenus dans leur ménage. Bien des décisions économiques essentielles, notamment à l'égard de la qualité du logement, de la scolarisation des enfants, de la garde d'enfants, du logement et de l'alimentation, dépendent des revenus qu'elles génèrent. Ceux-ci ont un effet à long terme sur la capacité qu'elles ont de mettre de l'argent de côté en prévision de la retraite. Lorsqu'on pénalise les femmes, on nuit à leur stabilité financière personnelle et donc à leur famille.
Les revenus des femmes ont un impact sur d'autres secteurs économiques ainsi que sur les collectivités, car les femmes à faible revenu dépensent moins d'argent dans les commerces locaux et investissent moins dans de nouveaux projets.
C'est pour ces raisons que l'équité salariale est si importante pour le pays, la sécurité économique des familles en général et la croissance de la classe moyenne.
La situation pourrait être améliorée. De nombreuses personnes soutiennent que l'écart salarial est attribuable au fait que les femmes choisissent de faire passer la famille avant leur carrière. La recherche montre que nombre de mères de famille sont pénalisées parce qu'elles restent à la maison pour élever leurs enfants ou à cause d'autres préjugés concernant les mères qui travaillent. Toutefois, les hommes ne semblent pas confrontés aux mêmes difficultés. J'estime que nous devons examiner la question de plus près.
Nous savons également que le niveau de participation des femmes au marché du travail approche de près celui des hommes, mais que le plafond de verre qui empêche l'avancement des femmes dans nombre de domaines demeure toujours en place.
Prenons un moment pour jeter un coup d'oeil à la représentation féminine dans cette Chambre. Le nombre de femmes au Parlement demeure toujours inférieur au niveau de la masse critique de 30 % que l'Organisation des Nations unies considère comme la cible à atteindre pour que les femmes influencent de façon significative le processus décisionnel. En fait, pour ce qui est de la représentation des femmes dans des rôles de chef de file, le Canada se classe actuellement au 30e rang sur 145 selon l'indice mondial d'inégalité entre les sexes établi par le Forum économique mondial.
Ajoutons également que certains groupes de femmes sont surreprésentés parmi les personnes à faible revenu et que cette tendance s'est maintenue au cours de la dernière décennie. Par exemple, si on utilise une mesure en particulier, 36 % des mères célibataires et 30 % des femmes autochtones ont un faible revenu.
En outre, nous savons que les femmes handicapées, les immigrantes et les femmes membres des minorités visibles sont plus susceptibles de toucher un faible revenu. C'est pourquoi une des priorités du gouvernement consiste à accroître la sécurité économique des femmes.
Nous sommes conscients de l'importance d'aider les femmes et les hommes à trouver un juste équilibre entre leurs responsabilités professionnelles et familiales, et aussi d'aider les membres des groupes vulnérables à accroître leur indépendance et leur sécurité économiques. Par conséquent, nous allons adopter un large éventail d'initiatives qui aideront les femmes à se prévaloir des possibilités qui leur sont offertes au Canada. Le gouvernement est résolu à renforcer la sécurité économique des femmes au moyen des mesures suivantes: améliorer leur accès aux services de garde; instaurer la nouvelle Allocation canadienne aux enfants, qui est non imposable et indexée sur le revenu, afin d'aider les personnes qui en ont le plus besoin, y compris les parents célibataires et les familles à faible revenu; faire en sorte que les femmes soient mieux représentées dans les secteurs à forte croissance de l'économie, dans le milieu des affaires et sur la scène politique; enfin, investir dans les soins à domicile et les soins palliatifs.
Le gouvernement a déjà posé un geste historique en assurant la parité hommes-femmes au sein du Cabinet. Il s'agit d'un pas énorme en vue de remplir notre engagement de veiller à ce que les femmes occupent des postes de direction et de décision.
Ces mesures et d'autres initiatives gouvernementales qui favorisent la sécurité économique des femmes donneront de véritables résultats aux femmes et aux filles d'aujourd'hui et de demain. Elles apporteront un changement concret et durable. Elles permettront aux femmes d'avoir plus d'occasions de contribuer pleinement à leurs collectivités et à leur pays et de profiter d'une vie financièrement stable, à l'abri de la pauvreté.
Dans une perspective d'avenir et pour faire en sorte que le Canada continue d'être l'un des pays les plus prospères au monde, nous devons accroître la participation des femmes à la population active et soutenir leurs choix de vie. La croissance économique comporte de nombreux éléments; le plus essentiel, c'est une main-d'oeuvre à rendement élevé. Gagnons la lutte pour l'égalité. Le message qui est ressorti de la quatrième Conférence mondiale des Nations unies sur les femmes, tenue en 1995 à Beijing, il y a plus de 20 ans, n'a rien perdu de sa résonance: les droits des femmes sont des droits de la personne, et il n'y a pas de droits de la personne sans les droits des femmes.
La prospérité future de notre pays est étroitement liée à celle des femmes et de leur famille.
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Monsieur le Président, je suis heureuse d'avoir l'occasion d'intervenir aujourd'hui à la Chambre pour parler de l'équité salariale à la fonction publique fédérale. Je dirai d'entrée de jeu que l'équité salariale est d'une importance capitale pour le gouvernement et que c'est pour cela que nous appuyons cette motion.
[Français]
Le gouvernement estime que les femmes qui travaillent à la fonction publique du Canada — à vrai dire où qu'elles travaillent dans notre pays — devraient recevoir un salaire égal pour un travail de valeur égale.
[Traduction]
Cette question est aussi d'une importance fondamentale pour moi personnellement. Il y a quarante ans, j'ai participé à des rencontres de sensibilisation à l'Université Simon Fraser, en Colombie-Britannique, qui était reconnue pour remettre en question le statu quo. Je profite de l'occasion pour féliciter cette université, qui célèbre cette année son 50e anniversaire, ses 50 ans de croissance et de succès.
En 2016, les femmes veulent participer pleinement à la vie économique, sociale et démocratique du Canada. Voilà pourquoi l'une des premières décisions du a été de nommer un nombre égal d'hommes et de femmes au Cabinet. Le gouvernement est également déterminé à veiller à ce que l'équité salariale s'étende à la table du Cabinet, un signal fort que le gouvernement respecte et valorise la pleine contribution des femmes à notre société.
[Français]
Les femmes sont plutôt bien représentées dans la fonction publique fédérale du Canada, puisqu'elles composent 55 % des effectifs. Les femmes occupent aussi 46 % des postes de direction. Même si ce n'est pas encore tout à fait la parité, c'est un progrès considérable depuis 1983, année où elles comptaient pour moins de 5 % du groupe de la direction.
[Traduction]
Il reste encore beaucoup à faire pour que les nominations aux échelons supérieurs de la fonction publique fédérale ainsi qu'aux sociétés d'État et aux organismes fédéraux reflètent la grande diversité du Canada. Le gouvernement continue de croire en une fonction publique à l'image de la société d'aujourd'hui, et nous travaillerons en ce sens.
Nous voulons une fonction publique diversifiée, accueillante, novatrice et représentative de tous les Canadiens. Nous voulons que les fonctionnaires d'aujourd'hui soient un modèle pour ceux de demain.
[Français]
Pensons aux diplômés qui sortent des collèges et des universités. Nous voulons qu'ils considèrent la fonction publique canadienne non seulement comme un endroit pour se bâtir une belle carrière, mais aussi comme un endroit où l'on peut contribuer à bâtir un meilleur pays. Nous voulons une fonction publique qui soit diverse, novatrice et représentative de l'ensemble du Canada. Nous voulons aussi que les fonctionnaires canadiens soient fiers du travail qu'ils accomplissent et qu'ils sachent que le gouvernement respecte entièrement leur travail et leur rôle.
[Traduction]
Nous avons montré que notre approche sera différente de celle du gouvernement précédent.
Je tiens à mentionner que, dans mes fonctions politiques antérieures de ministre des Services de gestion de la Colombie-Britannique, j'ai eu le privilège d'être responsable de l'Agence de la fonction publique de la Colombie-Britannique, qui s'occupait alors de 28 000 fonctionnaires dans la province. Ce fut une expérience enrichissante de voir le professionnalisme, le dévouement et les compétences de nos fonctionnaires.
L'approche de notre gouvernement en est une de collaboration. Nous croyons fermement que les Canadiens peuvent atteindre de meilleurs résultats en travaillant ensemble plutôt qu'en se divisant en camps idéologiques. Les Canadiens veulent un changement dans la façon dont le gouvernement traite avec ses partenaires dans notre grande fédération. Cela signifie qu'il doit travailler dans la collaboration et le respect avec les syndicats et les autres partenaires.
[Français]
Le gouvernement est résolu à restaurer le respect à l'égard de la fonction publique, ainsi que le respect, la civilité et la bonne foi dans les relations de travail. Le gouvernement est aussi résolu à assurer l'équité salariale dans la fonction publique. Nous miserons sur la collaboration afin que l'employeur et les syndicats règlent ensemble ces questions cruciales de manière productive.
[Traduction]
J'aimerais maintenant rappeler comment la fonction publique traitait la question de l'équité salariale par le passé. Par le passé, le régime d'équité salariale dans la fonction publique fédérale pouvait être réactif, long et coûteux, et mener à des confrontations. On ne réglait les problèmes qu'en cas de plainte.
Il fallait de nombreuses années pour régler les plaintes, ce qui a eu des effets sur les ressources, le climat des relations de travail et les employées. Une nouvelle approche s'impose pour assurer la poursuite du travail sur l'équité salariale de manière équilibrée et responsable et c'est ce que le gouvernement fera.
[Français]
Le Canada est reconnu pour son respect des droits de la personne, qu'il s'agisse de rémunération juste, des heures de travail, des conditions de travail, y compris les congés parentaux, ou de la santé et de la sécurité au travail, et le gouvernement continuera de lutter pour protéger les droits de la personne dans notre pays.
Le gouvernement comprend le rôle que les femmes jouent dans la fonction publique fédérale et le voit comme un moteur de changement positif au Canada et dans le monde.
[Traduction]
Cela fait maintenant 34 ans que la déclaration des droits — la Charte des droits et libertés — a été intégrée à la Constitution du Canada.
Les femmes de la fonction publique contribuent à la prestation de milliers de programmes et de services de haute qualité aux Canadiens et à la promotion des valeurs et des intérêts canadiens sur la scène mondiale. Le gouvernement a aussi déclaré qu'il voulait réduire sensiblement l'écart salarial entre les hommes et les femmes du pays. Au Canada, les femmes gagnent encore 23 % de moins que les hommes et l'écart est encore plus grand chez les Autochtones, les femmes de couleur, les femmes transgenres et les femmes handicapées. Cela ne peut pas continuer.
Les gouvernements précédents ont raté des occasions uniques de remédier à l'écart salarial. Rien ne justifie qu'à des niveaux de scolarité et d'ancienneté équivalents les femmes gagnent moins que les hommes. Nous sommes bien déterminés à combler cet écart.
[Français]
En conclusion, je tiens à réitérer que le gouvernement est résolu à protéger le droit à un salaire égal pour un travail de valeur égale et qu'il cherchera la meilleure façon d'instaurer et de maintenir cette équité.
[Traduction]
Nous nous sommes engagés à consulter les syndicats et les parties intéressées afin d'aborder la question de l'équité salariale de façon équilibrée et responsable, et de garantir le droit des femmes à un salaire égal pour un travail de valeur égale.
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec ma collègue de Salaberry—Suroît.
En 1977, le Canada a adopté sa première loi sur l'équité salariale après avoir ratifié la Convention no 100 de l'Organisation internationale du travail, à savoir la Convention sur l'égalité de rémunération, qui stipule qu'un salaire égal doit être versé aux hommes et aux femmes pour un travail de valeur égale.
Nous sommes en 2016; 39 ans plus tard. Quel est notre bilan en tant que nation pour ce qui est de combler l'écart salarial entre les hommes et les femmes? J'ai le regret de dire que le Canada se classe au 30e rang parmi les 34 pays de l'OCDE. Autrement dit, le Canada figure parmi les pires pays développés au chapitre de l'équité salariale, même si l'article 11 de la Loi canadienne sur les droits de la personne indique qu'il est discriminatoire de donner un salaire différent aux hommes et aux femmes qui font un travail de valeur égale.
À vrai dire, en 2000, un groupe de travail sur l'équité salariale a été mis sur pied. Après avoir mené de vastes consultations en 2004, ce groupe de travail a formulé 113 recommandations. Parmi les principaux domaines où des changements étaient nécessaires figuraient les modifications législatives, les négociations collectives, la surveillance et l'application. Au grand désarroi de nombreux intervenants qui ont consacré du temps et des efforts à ce travail, des défenseurs des droits des femmes aux syndicalistes, en passant par ceux qui croient aux principes fondamentaux d'équité et les féministes — et certains sont morts en se battant pour faire avancer cette cause —, à bien des égards, les efforts du groupe de travail n'ont servi à rien.
Le gouvernement libéral de l'époque, sous la direction de Paul Martin, n'a pas donné suite à la plupart des recommandations. Pire encore, en 2009, le gouvernement conservateur a adopté la Loi sur l'équité dans la rémunération du secteur public. Qu'est-ce que cette loi a accompli? Je regrette de dire que le gouvernement conservateur y a intégré des mesures qui ont compliqué davantage les efforts déployés par les femmes du secteur public pour obtenir l'équité salariale.
L'article 11 de la Loi canadienne sur les droits de la personne a été invalidé d'un seul coup. L'équité salariale ne relève plus des droits de la personne, mais de la négociation collective. On a haussé à 70 % le seuil à franchir pour qu'un groupe de travailleurs soit considéré comme étant à « prédominance féminine ». La « demande sur le marché » a été incluse dans les critères applicables lorsqu'il s'agit de déterminer si les emplois ont une valeur égale. La responsabilité de faire appliquer la loi a été confiée aux plaignants, et l'imposition d'une amende de 50 000 $ a été prévue pour tout syndicat qui offre son soutien aux femmes qui sont aux prises avec cette inégalité.
Fidèles à leur habitude, les conservateurs ont apporté ces modifications en les incluant dans un projet de loi d'exécution du budget. Les libéraux ont alors voté en faveur du projet de loi. Lorsqu'il a été confronté à ce sujet, Michael Ignatieff, alors chef du Parti libéral, a répondu ceci: « Nous avons dit clairement que nous ne poursuivions pas une stratégie d'amendement [...] Il faut parfois se résigner à faire quelque chose qui nous répugne. » Ainsi, il a clairement dit aux Canadiens que ce droit fondamental des femmes ne valait pas la peine d'être défendu. Peu importe si le Canada a ratifié, en 1976, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels des Nations Unies, qui assure « [une] rémunération qui procure, au minimum, à tous les travailleurs [...] [un] salaire équitable et une rémunération égale pour un travail de valeur égale sans distinction aucune. »
Oublions que le Canada a aussi ratifié, en 1981, la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, qui reconnaît que les femmes ont « [le] droit à l’égalité de rémunération, y compris de prestation, à l’égalité de traitement pour un travail d'égale valeur aussi bien qu'à l’égalité de traitement en ce qui concerne l’évaluation de la qualité du travail. »
Supposons un instant que l'article 11 de la Loi canadienne sur les droits de la personne n'existe pas. Selon cet article:
Constitue un acte discriminatoire le fait pour l’employeur d’instaurer ou de pratiquer la disparité salariale entre les hommes et les femmes qui exécutent, dans le même établissement, des fonctions équivalentes.
Imaginons un instant comment nous pourrions nous sentir si on nous disait que la valeur du travail que nous accomplissons est inférieure à celle de nos collègues masculins, uniquement parce que nous sommes des femmes. Je ne parle pas ici d'une situation théorique; c'est une situation bien réelle pour les femmes canadiennes, ce qu'il ne faut pas oublier. La réalité, c'est que les femmes qui travaillent à plein temps tout au long de l'année au Canada gagnent seulement 75 % du salaire des hommes. C'est aussi le cas dans les groupes professionnels à prédominance féminine, comme l'enseignement, les soins infirmiers et l'administration. Les femmes gagnent moins que les hommes, et l'écart salarial est encore plus important pour les femmes autochtones, immigrantes et des minorités raciales qui ont un diplôme universitaire.
Je constate que dans Vancouver-Est, la circonscription que je suis fier de représenter, beaucoup de femmes peinent à joindre les deux bouts. Elles sont nombreuses à vivre dans la pauvreté, bon nombre de leurs enfants vivent eux aussi dans la pauvreté, et à la retraite, elles vivent encore dans la pauvreté. Ce qui est paradoxal, c'est que les économistes estiment qu'en comblant l'écart salarial on ferait augmenter le PIB du Canada.
C'est un enjeu social et économique, certes, mais aussi une question de droits de la personne. C'est un problème lourd de conséquences. Il est tout à fait inacceptable de laisser de telles injustices perdurer. En tant que députés, nous devrions utiliser tous les outils législatifs à notre disposition pour rectifier la situation. L'écart salarial fait obstacle à l'indépendance financière des femmes.
D'après les projections de la Banque Royale du Canada, si on comble l'écart relatif aux taux de participation au cours des deux prochaines décennies, le PIB grimpera de 4 % d'ici 2032.
Les répercussions de l'équité salariale ne touchent pas seulement les femmes: elles ont une incidence sur l'ensemble du pays. La motion d'aujourd'hui nous amène à faire des choix: voulons-nous aller de l'avant et reconnaître que l'équité salariale est un droit, ou resterons-nous les bras ballants pendant qu'une autre génération de femmes subit un traitement injuste et inéquitable? Voulons-nous donner suite au rapport du Groupe de travail sur l'équité salariale, publié en 2004, ou continuer d'enfreindre la Loi canadienne sur les droits de la personne? Préférons-nous rétablir le droit à l'équité salariale dans la fonction publique, éliminé par les conservateurs en 2009, ou rejeter carrément l'idée que les femmes subissent une discrimination économique sur le marché du travail?
Les néo-démocrates défendent fermement l'équité salariale en tant que droit fondamental. Nous luttons depuis longtemps pour ce droit. La motion préconise un investissement en vue de l'égalité entre les hommes et les femmes. Le temps est venu de prendre des mesures concrètes. De beaux discours ou de bonnes intentions ne régleront rien pour les femmes vivant dans des conditions précaires, pour les immigrantes qui commencent une nouvelle vie au Canada, pour les mères seules qui cumulent les emplois à temps partiel mal rémunérés et pour les femmes qui vivent dans des zones urbaines et qui ne peuvent profiter de possibilités d'emplois parce qu'il n'y a pas de services de garde abordables.
J'exhorte tous les députés à appuyer cette motion. Nous devons prendre les mesures nécessaires une fois pour toutes.
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Monsieur le Président, je suis fière de me lever à la Chambre pour livrer un premier discours sur un sujet qui est si crucial pour nous tous, soit l'équité salariale.
Comme c'est la première fois que je me lève pour prononcer un discours dans cette législature, je vais en profiter pour remercier les citoyens de Salaberry—Suroît de m'avoir élue. Je remercie en particulier ceux qui ont travaillé sans relâche pour me permettre d'être à nouveau députée de ce comté que j'adore. Il s'agit de mes précieux bénévoles et de mon équipe: Jean-Marc, Isabelle, Glen et Julie. Je remercie également mes amis et ma famille, ainsi que les deux amours de ma vie, Mathieu et Mila.
Les citoyens ont décidé de me confier le mandat de les représenter à la Chambre des communes pour une deuxième fois. Lorsqu'un ou une députée accepte un tel mandat, il sait qu'il est de sa responsabilité de prendre la parole pour tous les citoyens de sa circonscription. Il s'agit d'une tâche sérieuse et d'un rôle important. Donner une voix à ceux qui n'en ont pas sera ma priorité.
Aujourd'hui, à la Chambre, j'aimerais parler d'équité salariale au nom de toutes les femmes de Salaberry—Suroît. Plusieurs d'entre elles n'ont pas encore accès à l'égalité économique, vivent avec de faibles revenus, et parfois dans la pauvreté. Je parle aussi au nom de toutes les mères monoparentales qui luttent chaque jour pour donner à leurs enfants ce dont ils ont besoin. Aujourd'hui, ce sont des milliers de femmes qui parlent à travers moi.
Certains disent que l'égalité entre les hommes et les femmes est atteinte, que les choses ont changé et que l'on devrait arrêter d'en parler, mais malheureusement, ils se trompent. Alors, je leur demande de bien écouter la suite.
J'aimerais exposer la situation des femmes de ma circonscription au moyen de données tirées d'un portrait économique préparé par l'organisme Relais-femmes pour la CRÉ Vallée-du-Haut-Saint-Laurent. Dans la région, 25 % des familles sont monoparentales. De ces familles, 75 % comprennent une mère monoparentale. De plus, le revenu d'emploi moyen des femmes est de 32 000 $ par année, alors que celui des hommes est de 46 000 $ par année. C'est une différence de 14 000 $, simplement parce qu'elles sont des femmes. Du moins, c'est ce que la société leur dit.
Les femmes de la Vallée-du-Haut-Saint-Laurent gagnent en moyenne 70 % du revenu des hommes, et 12 % des femmes vivent dans la pauvreté, alors que 10 % des hommes vivent dans la pauvreté.
Je ne vais pas assommer mes collègues plus longtemps avec des statistiques, mais celles-ci reflètent bien la situation dans l'ensemble du Canada. Ceux qui disent que l'égalité entre les femmes et les hommes est atteinte font fausse route. Nous avons encore beaucoup de travail à faire.
Chaque jour, les organismes de ma circonscription accueillent des femmes qui sont au bout du rouleau. Ce sont ce que l'on appelle des femmes-orchestre. Elles cumulent plusieurs emplois à temps partiel tout en s'occupant d'amener leurs enfants à l'école, de faire la lessive, de cuisiner, de soigner leurs enfants et de prendre soin de leurs parents âgés. Évidemment, elles peinent à joindre les deux bouts. Quel soutien leur société leur offre-t-elle? En tout cas, elles en reçoivent très peu de la part du gouvernement fédéral.
Depuis 1989, le Centre D'Main de Femmes de Salaberry-de-Valleyfield accompagne des femmes en difficulté et leur offre des services. Jacynthe Dubien, la coordonnatrice, constate que l'appauvrissement des femmes est le résultat d'obstacles systémiques.
Elle dit, et je cite: « Le fait de devoir cumuler plusieurs emplois précaires et à temps partiel pénalise les femmes. Si elles quittent leur emploi pour en accepter un autre qui leur offre plus d'heures de travail, mais qu'en fin de compte, elles se retrouvent au chômage, on leur coupe des prestations d'assurance-emploi, parce qu'elles avaient plusieurs emplois à temps partiel et donc pas suffisamment d'heures accumulées. »
Mme Dubien remarque aussi que l'inégalité commence très tôt dans la vie des jeunes femmes. Le décrochage scolaire des filles est souvent lié aux responsabilités familiales. Avec moins de scolarité viennent aussi les emplois peu rémunérés. Avec une première grossesse, la femme doit se retirer temporairement du marché du travail pour s'occuper de son enfant, et à son retour, son salaire est parfois plus bas. Cela fait des trous, constate Mme Dubien.
Cela est inacceptable, parce que les femmes font ce travail pour donner le meilleur d'elles-mêmes à leur enfant, à la future génération, à la future société. En 2016, il est absurde qu'on leur enlève des sous à leur retour en leur disant que leur travail vaut moins parce qu'elles se sont consacrées à leur vie familiale.
À compétence égale, pourquoi les femmes gagneraient-elles moins que les hommes? Est-ce simplement parce qu'elles sont des femmes? Ce n'est pas un argument.
Nous sommes encore loin de l'équité salariale. Non seulement nous en sommes loin, mais nous avons aussi reculé. Au Canada, la situation des femmes ne s'améliore pas, tout simplement parce que le gouvernement fait obstruction à tout changement. Pourtant, le groupe de travail sur la parité avait formulé 113 recommandations en 2004 pour améliorer l'équité salariale. Il y a 12 ans de cela. Qu'a fait le gouvernement libéral à l'époque? Il n'a mis aucune recommandation en oeuvre. Pire, en 2009, les conservateurs ont adopté la Loi sur l'équité dans la rémunération du secteur public, avec l'appui des libéraux, ce qui a rendu plus difficile encore l'équité dans la fonction publique.
Comment cela a-t-il été rendu plus difficile? En portant à 70 % le niveau nécessaire pour considérer qu'une profession est dominée par les femmes — la loi des 50 % plus 1 ne s'est jamais appliquée ici —, en faisant de l'équité salariale un enjeu uniquement de convention collective et non un droit — le Canada a refusé de l'appliquer comme étant un droit quand il a signé un traité dont je vais parler tout à l'heure —, en forçant les femmes à déposer des plaintes individuelles, en imposant une amende de 50 000 $ à tout syndicat qui aide ses membres à déposer des plaintes et en interdisant même le recours à la Commission canadienne des droits de la personne. Cela s'est fait en 2009, et on dit que nous sommes dans un pays de droit démocratique. On repassera.
C'est révoltant que les femmes en soient encore à ce point, alors que nous sommes dans un Parlement où les femmes sont encouragées à se présenter pour devenir députées, et à l'heure où on parle de conciliation travail-famille, dont le se targue d'être le porte-étendard.
Ce gouvernement dit que l'égalité entre les hommes et les femmes est importante. Le premier ministre se dit justement fier d'avoir formé un Cabinet paritaire. C'est bien. Je salue cette initiative et je suis très heureuse qu'un gouvernement ait enfin compris que les femmes et les hommes travaillent de façon égale au sein d'un Parlement. Cependant, pour que la situation change vraiment de fond en comble et en profondeur, il va falloir plus que de femmes ministres. Il va falloir prendre des décisions et poser des gestes concrets. Ce gouvernement est-il prêt à faire cela et à prendre toutes ces mesures?
La motion de ma collègue de en donne la possibilité. Il est possible au Parlement et au gouvernement d'agir. Vont-ils le faire ou choisiront-ils de continuer à faire obstacle à l'égalité des femmes?
À la CRE Vallée du Haut-Saint-Laurent, on a justement organisé, hier matin, une journée de débat sur l'égalité hommes-femmes. M. Louis-André Lussier, conseiller en égalité, économie sociale et solidarité, constate que, et je le cite, de petits gains ont été faits, mais on est encore loin de l'égalité.
Selon M. Lussier, il faut que les employeurs se penchent sur la discrimination systémique dans les salaires. M. Lussier constate que certaines entreprises se sont penchées sur la différence salariale entre des postes occupés majoritairement par des femmes et ceux majoritairement occupés par des hommes, mais sans consulter les employés. Ce serait donc intéressant d'améliorer cet exercice et, pourquoi pas, de légiférer pour interdire la discrimination raciale.
L'équité salariale n'est pas un luxe, c'est un droit. L'égalité est inscrite dans la Charte canadienne des droits et libertés, mais dans les faits, les femmes ne sont pas encore les égales des hommes. Le Canada se targue pourtant d'être une démocratie et un État de droit et d'avoir des lois pour protéger les droits des femmes, mais le droit le plus fondamental, le droit social et économique des femmes, est bafoué tous les jours.
Le Forum économique mondial classe le Canada au 80e rang en matière d'équité salariale. C'est le 80e de 145 pays, alors que nous sommes un des pays les plus développés et les plus riches au monde. C'est une piètre performance pour un pays de l'OCDE. Pourtant, le Canada a signé le Pacte international des Nations unies relatif aux droits économiques, sociaux et culturels qui prône une rémunération égale pour un travail égal. Il a ratifié en 1981 la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.
Quand ce gouvernement agira-t-il pour que le Canada respecte ses engagements et ses citoyens?
Comme le dit Louis-André Lussier de la CRE, il faut maintenant de la volonté politique pour que l'égalité devienne une priorité. Voici une piste de solutions: arrêter de tenir pour acquis le travail familial et social des femmes.
Jacynthe Dubien, du Centre D'Main de femmes, croit que le gouvernement devrait légiférer pour soutenir les femmes lorsqu'elles prennent soin des enfants ou lorsqu'elles sont aidantes naturelles et faciliter leur intégration au marché du travail après un congé de maternité en créant des programmes fédéraux qui répondent à leurs besoins.
Je termine en disant que j'espère que tous les députés...